- Aurore Mayer
Bienvenue à l'émission À part égale, l'émission de réseau parité 1 à 1 du groupe La Poste. Aujourd'hui, j'ai la joie et l'honneur de recevoir parmi nous Candice Prévost. Candice Prévost, bonjour. Alors Candice, vous êtes une ex-joueuse professionnelle de football, une grande joueuse professionnelle, et vous êtes aussi consultante média Sport Égalité. Oui. Je suis ravie Merci d'avoir accepté de terminer Je partage quelque chose que vous avez dit récemment Vous avez dit que Quand on fait du foot On n'est pas forcément un garçon manqué Mais on est plutôt une fille réussie Est-ce que vous pouvez nous en dire plus à ce sujet ?
- Candice Prévost
C'est mon père qui m'avait donné cette espèce de clé De confiance Quand j'ai eu Un fait de jeu En école primaire dans la cour de récréation Quand je jouais au foot Parce que j'étais une une des rares filles à jouer au foot dans la cour de récréation. Il y a eu François-Xavier, un garçon qui vient me voir et qui, je pense, était un peu énervé parce que j'étais peut-être trop forte. Et ça l'a un peu embêté. Il n'avait pas forcément eu l'habitude de ça. Et en fait, il m'a dit de façon agressive, de toute façon, tu es un garçon manqué. Et en fait, je n'ai pas compris cette remarque. J'ai compris l'agressivité qu'il portait et qu'il animait. Et j'en ai parlé à mes parents le soir et mon père m'a dit Tu diras à François-Xavier qu'un garçon manqué, c'est une fille réussie. À prendre avec aussi des pincettes, parce que le sujet de garçon manqué, il est un peu galvaudé, il peut être mal utilisé, mal interprété. Maintenant, il m'a donné juste de la confiance pour me dire que j'ai le droit d'être aussi sur ce terrain-là. Je pense qu'à l'époque, il n'y avait pas de... de visibilité, il n'y avait pas de footballeuse. Donc, j'étais un garçon manqué, parce qu'il n'y avait pas de footballeuse. Et donc, moi, naturellement, j'étais juste une footballeuse. Donc, je n'ai pas compris ce qui se passait à ce moment-là, et je l'ai compris bien plus tard, en fait, cette remarque de garçon manqué et cette idée de confiance que mon père me donnait.
- Aurore Mayer
Ceci dit, moi, je l'entends aussi des fois en entreprise, dans le milieu de l'entreprise, ou quand on est à certains niveaux, ou quand ce sont des femmes qui sont dans des métiers... Plutôt genrés, on a l'habitude d'avoir plutôt des hommes. Souvent, on entend des femmes qui disent Mais moi, de toutes les façons, j'ai jamais senti de différence, etc. parce que je suis un garçon manqué. Et c'est pour ça que ça m'intéresse, parce que moi, je pense aussi que rien que le mot garçon manqué rien que manqué ça renvoie à quelque chose qui n'est pas neutre, en fait.
- Candice Prévost
Oui, mais c'est la norme, en plus. Le garçon, c'est la norme. Et juste, t'es manqué. Parce que tu fais du foot, t'es un peu anticonformiste. T'es une des rares à t'exprimer sur le terrain des garçons. Et d'ailleurs, tous les garçons ne jouent pas au foot en cours de récréation. Il y a des très, très bons travaux de Nicolas Barre sur la conquête de l'espace qui sont à regarder parce que, justement, prendre la place, c'est le sujet des garçons, en tout cas sur le cœur de la cour de récréation. Et donc, essayer de faire le parallèle avec le monde de l'entreprise, et dire partout, il est à dupliquer ce sujet-là. La norme, ce sont les garçons. Le football... On parle de football pour le football masculin et on parle de football féminin pour les femmes parce que la norme, ça reste les garçons. Et donc, il y a beaucoup de choses à déconstruire. C'est vrai.
- Aurore Mayer
Et effectivement, on parle de football féminin, de tennis ou de tennis féminin. Donc, on a l'impression, est-ce qu'on n'a pas l'impression que c'est un sous-football ou un sous-tennis ? Oui,
- Candice Prévost
c'est ça. C'est le second projet. Quand il y a un club qui a des difficultés financières ou qui a des difficultés au niveau sportif, C'est les femmes et les enfants d'abord, finalement, qui vont être un peu les premiers à être touchés et être impactés. Évidemment que le football est un sport qui a été créé et organisé et joué par les hommes et pour les hommes. Donc, c'est évidemment qu'il y a un temps de retard qui est assez conséquent, puisque c'est limite un siècle de retard. Quand tu vois un peu les Jeux olympiques, on est en plein temps. J'allais dire, les Jeux olympiques et le tournoi hommes est apparu début des années 1900. Chez les femmes, c'est en 1996, le premier tournoi olympique. Donc, évidemment, il y a cet aspect historique qui fait que culturellement, il y a ce retard-là et on ne peut pas, j'allais dire, être prioritaire ou être dans le projet égal aux hommes parce qu'il y a déjà un retard historique.
- Aurore Mayer
C'est vrai,
- Candice Prévost
oui, plus du reste. Oui,
- Aurore Mayer
dans les Jeux Olympiques, on voit effectivement dans les fédérations, la proportion de femmes, c'est-à-dire dans le rugby, le foot, je crois, le tir, enfin je ne sais plus, il y a plusieurs fédérations où les femmes ne sont pas visibles. Il y a une invisibilité de certaines femmes. Oui, oui, oui. Et ce que je trouve intéressant, Candice, c'est que vous avez dit au préambule que vous étiez la plus forte au foot à l'école. Donc, souvent, on nous dit, ah oui, mais moi, j'entends ça dans l'entreprise, dans l'entreprise. Très bien, il y a moins de femmes, mais il faudrait, si des femmes arrivent à des postes de dirigeantes, qu'elles soient... au moins aussi compétentes. Or, bien souvent, toutes les femmes que j'ai rencontrées, elles sont ultra compétentes. Et on remet en cause ça, alors qu'en fait, ce n'est pas le sujet. Qu'est-ce que vous en pensez de ça ?
- Candice Prévost
Tu es obligée de tracer. Il faut justement mettre quelques œillères sur ces sujets-là et puis se dire que de toute façon, je pense qu'il y a de la place. Il y a une place qui est en train d'être prise par justement de nombreuses femmes. Je pense à la télévision, à la radio, il y a plein de femmes aussi qui commencent à prendre ces postes de dirigeantes de haut niveau. Et il n'y a pas ce sujet, je pense, du genre qui rentre dans leurs considérations. Je pense qu'elles tracent et elles ont raison de tracer.
- Aurore Mayer
Est-ce que vous pensez, Candice, qu'on peut faire un parallèle entre le monde du sport et l'entreprise ? Est-ce que le fait d'avoir plus de parité dans le sport... Ça favorise l'égalité entre les femmes et les hommes ? Ou est-ce que justement le sport favorise la parité ? Vous voyez dans quel sens il faut le prendre, peut-être dans les deux ?
- Candice Prévost
Sur la question de l'entreprise et du sport, bien évidemment qu'il y a tellement de parallèles à faire et c'est tellement intéressant parce qu'il y a quelque chose de compétitif. C'est une performance, il faut proposer et remplir certains objectifs. J'ai ressenti aussi ça, c'est-à-dire dans mon parcours de footballeuse. Quand j'étais à Évreux en Normandie et que j'allais au Paris Saint-Germain, j'ai 19 ans à peu près, et là, tu changes de poste.
- Aurore Mayer
C'est sûr.
- Candice Prévost
Tu changes de niveau. Là, j'ai senti que c'était difficile. Tu n'es plus dans un cocon, tu n'es plus dans la facilité, ton niveau de compétence, il est OK. Tu as rempli un peu toutes les compétences. Il y a des preuves. Et là, il faut faire ses preuves. Tu rencontres des nouvelles personnes, faire sa place dans le groupe. faire sa place dans l'équipe. C'était très, très dur parce que ça ne s'est pas très, très bien passé, ma première année au Paris Saint-Germain. Et je pense que si tu n'as pas le côté aussi du mental pour dépasser certaines difficultés, tu quittes le navire, tu t'en vas et tu reviens à Évreux, en Normandie, pour aller jouer en D2. Et en fait, je ressens très, très fort ce lien entre sport et entreprise à différents niveaux, à différents sujets.
- Aurore Mayer
Qu'est-ce que vous pouvez conseiller justement aux femmes qui parfois se découragent ou se disent c'est insurmontable, j'ai pas ma place, je suis toute seule, c'est un milieu plutôt masculin, donc je me reconnais pas Qu'est-ce que vous pourriez leur conseiller concrètement ? Comment on va au-delà, quoi, de ce que vous avez fait ?
- Candice Prévost
De se fixer des objectifs. Moi, j'avais des objectifs très précis, c'était d'atteindre l'équipe de France. Mon premier entraînement de foot à Évereux, en Normandie. J'ai 16 ans, c'est très tard. 16 ans,
- Aurore Mayer
c'est très tard ?
- Candice Prévost
C'est très tard pour commencer la pratique. C'est la pratique du foot. Je fais du tennis à l'époque. Je commence à 16 ans parce que 1998, 1998, merci Zizou et sa bande. C'est vrai. Parce que grâce à eux et grâce à Aimé Jacquet qui ouvre les robinets, entre guillemets, qui alimente justement les sections féminines, c'est lui qui a l'idée de propulser, d'enclencher ce projet féminin. Je démarre le foot à ce moment-là. Et en fait... Après ce premier entraînement, on me dit, tu as toutes les qualités pour atteindre l'équipe de France. Donc, dans ma tête, naît quelque chose, l'objectif, le rêve. Et en fait, c'est ça, c'est de se fixer l'objectif, c'est de se fixer le rêve. Et en fait, quand j'arrive au Paris Saint-Germain, je me dis, OK, j'ai un match, j'ai un fait où ça se passe très, très mal. Mes coéquipières m'incendient dans le vestiaire à la mi-temps. Et je sors, je fonds en larmes. Donc, difficultés, problèmes, équipes dysfonctionnées, enfin, ça dysfonctionne. Pendant cinq matchs, je ne joue pas. Pendant cinq matchs, je pense que je reviens un peu pleurer chez mes parents, je viens un petit peu, je travaille sans rien dire. Je me tais et je reste focalisée sur mes objectifs. Et c'est ça l'idée de dépasser ça. Je reviens cinq matchs après, et j'ai regardé ça il n'y a pas longtemps, je regarde un peu le scénario du match. Je joue le match, on gagne 2-1, je marque à la 92e minute et je me dis ok, la réponse elle est sur le terrain. La réponse elle est sur le terrain, garder ses objectifs en tête et dépasser un peu cette... se mettre les œillères comme ces femmes dirigeantes qui doivent aussi un petit peu rencontrer un maximum de difficultés dans les codires et compagnie parce qu'elles sont sous-effectives. Moi, je pense fort à elles sur plein de thématiques, à plein d'égards, parce qu'elles sont aussi très isolées, parce qu'elles doivent aussi porter le costume parfois des hommes et de cette idée de normes. Et à un moment donné, il faut essayer de tracer, de rester en tête et de garder ses objectifs en tête pour pouvoir dépasser ses difficultés.
- Aurore Mayer
On dit porter le costume, on ne dit pas porter le tailleur à l'arc.
- Candice Prévost
Non, mais c'est vraiment... J'ai vraiment envie de travailler sur cette idée de sororité. Je sais qu'il y a aussi beaucoup d'hommes qui sont très solidaires. Je ne dénonce rien, je dis juste qu'il y a une infériorité numérique qui ne joue pas en notre faveur.
- Aurore Mayer
Nous, Réseau Parité, on compte aussi sur les hommes, les hommes et les femmes. C'est un réseau qui s'appelle 1-1, donc c'est très clair. Et la parité, ça embarque des hommes comme des femmes. D'ailleurs, parfois aussi, on travaille pour... pour qu'il y ait plus d'hommes dans certains types de postes qui sont aussi genrés. Parce que la performance, on le voit bien, c'est quand les équipes sont plutôt mixtes. Et d'ailleurs, Candy, c'est ce que vous pensez, qu'il y a une différence d'approche ? Est-ce qu'il y a plus de compétition, de coopération en fonction du profil des gens ? Est-ce qu'on est complémentaire en fonction de son genre ? Ou pas forcément ? Qu'est-ce que vous en pensez ?
- Candice Prévost
Tout est possible, en fait, dans l'idée d'avoir... un autre regard, que ce soit d'intégrer davantage de femmes à des postes de dirigeantes. Je parle par exemple à la Fédération Française de Foot où elles sont sous-représentées. Que ce soit dans un club de foot aussi, d'avoir des équipes de jeunes filles, des équipes seniors, qui est un mélange, que tout le monde se voit parce que ça va être des idées différentes, parce que ça va être un regard différent. Moi je pense sincèrement à la complémentarité. des profils. Et en fait, parfois, deux femmes vont avoir aussi des idées différentes. Parfois, c'est l'idée de l'histoire et du vécu, de l'expérience et puis de la tolérance, de laisser rentrer. De laisser rentrer un peu les idées, de laisser parler, s'exprimer un peu les personnes. Finalement, peut-être de travailler moins de façon descendante, mais plus en transversalité. Moi qui me parle, plutôt que l'idée de... Voilà. Plutôt que l'idée de... femme, homme. Je pense qu'il faut qu'on arrive à dépasser ce sujet parce que il faut qu'on trace vers l'action. Et en fait, le sujet de l'action, il est important et qu'on soit ensemble, en fait.
- Aurore Mayer
Nous, dans le réseau, on y croit beaucoup parce que d'ailleurs, la femme, quand on fait des présentations, on dit ensemble, soyons un et une. Et en fait, c'est vraiment ça, c'est permettre à chacune et à chacun d'être à sa place, à la bonne place, d'être alignée, d'être là où il a envie d'être. avec ses objectifs, comme vous le disiez très justement, et pour les atteindre, et qu'on les aide. Est-ce que l'entreprise a un rôle à jouer aussi de facilitatrice au-delà de l'individu ? Est-ce que l'entreprise en tant que telle institution a un rôle à jouer,
- Candice Prévost
selon vous ? Oui. Évidemment, pour moi, l'institution pose un peu un cadre, comme vous. Vous le faites travailler sur une politique de développement, un plan d'action, je ne sais pas comment on l'appelle, mais qui est donner des orientations, porter une vision. Ça va être le cas de l'institution qui nous emmène à l'endroit où elle pose un peu son cadre. Parfois, le cadre peut être un peu restrictif. Parfois, voilà, si on n'a pas à travailler dans ce sens. Moi, j'aimerais bien savoir ce que vous faites justement sur ces sujets du cadre. Quelle est la vision de La Poste sur ces sujets ? Parce qu'effectivement, d'embarquer un peu ensemble ces collaborateurs et collaboratrices, c'est essentiel.
- Aurore Mayer
On a 52 de femmes dans le groupe, 240 000 collaboratrices et collaborateurs. Donc, on représente vraiment la société. On a des personnes de toutes origines. de toute région, des personnes internationales, de tout niveau, de tout métier. Donc, je pense qu'on est assez représentatif de la société. Et c'est pour ça que, pour nous, on se sent investi aussi de ce rôle de représentativité et de faire en sorte que, si dans un grand groupe, on arrive à faire de la parité à tous les niveaux, eh bien, ça prouve que c'est possible. On a des métiers aussi plus logistiques, on a des métiers du numérique, donc on a des métiers où on a moins de femmes. Et on œuvre au quotidien. En tout cas, on y croit beaucoup. pour favoriser ça. Et je sais que vous êtes engagée aussi dans votre association,
- Candice Prévost
Little Miss Soccer.
- Aurore Mayer
Parce que je sais que vous êtes très engagée sur ces sujets. Ce que vous faites concrètement, vous allez chercher aussi les jeunes. C'est important, les jeunes.
- Candice Prévost
C'est une association qui a été créée avant notre départ en tour du monde avec Mélina Boetti, la cofondatrice de l'Asso. On s'est dit, tiens, si on faisait quelque chose d'un peu innovant, et si on allait faire le tour du monde en allant filmer les femmes qui jouent au foot partout dans le monde. Ça n'a jamais été fait. Moi, j'adore le voyage. J'avais le rêve d'un tour du monde. C'est pas très éco-responsable, mais s'il y a du sens derrière et s'il s'agit après de remplir une mission sociétale, je vais dire que je me protège avec ça. Et en fait, on s'est dit, il y a la Coupe du Monde en France en 2019, allons-y. Faisons quelque chose, il va y avoir de toute façon des besoins. Prenons le temps d'aller faire le tour du monde et de récolter des données et d'aller rencontrer des femmes, des jeunes filles, des hommes qui sont justement au service du développement de la pratique. Et on a fait un documentaire et ce documentaire-là, aujourd'hui, on l'utilise encore dans des établissements, dans l'entreprise pour aller mener des actions de sensibilisation aux stéréotypes de genre, poser des graines, comme j'ai pu en avoir moi par... plein de gens et plein d'hommes aussi, sur l'idée de la confiance, sur l'idée de le foot. est aussi jouée par les femmes. Les difficultés ne sont pas les mêmes partout, mais elles sont présentes partout pour elles. C'est-à-dire que sur les cinq continents, quand on va aux États-Unis, où le soccer est un peu reine, finalement, elles ont quand même des difficultés aussi. Il y a eu des sujets des qualpays. Mais ça reste, j'allais dire, là, pour le coup, le Graal du Graal, en termes de difficultés. En Inde... C'est de l'ordre de la survie. On va, une jeune fille qui naît en Inde, c'est déjà une malédiction parce que ça va coûter beaucoup d'argent à la famille. Donc là, le foot va être un outil au service de la survie parce qu'il y a des jeunes filles qui vont jouer et qui vont être dans une école qui s'appelle Yua. Si tu ne joues pas au football, tu n'intègres pas cette école. Donc, il faut jouer au football. Et donc, le foot le matin, avant d'aller à l'école, la journée scolaire et après. les tâches domestiques, parce que c'est aussi... Voilà, donc on a des jeunes filles, des jeunes indiennes très robustes qui luttent face à la fatalité d'être elles. C'est terrible. Et donc, on utilise ce documentaire comme un outil pédagogique pour, après, derrière, proposer un temps d'échange et un temps de pratique, parce qu'on se dit aussi que c'est important de faire rouler le ballon. C'est un instant un peu de vérité, où on se dit que c'est... Tu shoots dans le ballon, tu shoots dans les préjugés, et on y va. Et puis, on rétablit un peu, j'allais dire, pas la vérité, mais les filles, elles se remettent un peu un petit shoot de confiance, parce qu'il y a encore ces difficultés-là au sein de l'école, au sein des établissements scolaires. Le foot, il y a une représentation qui est un peu... Voilà, le foot c'est pour les garçons, c'est très individualiste, etc. Et les garçons vont dire, ok, c'est intéressant, on fait participer davantage les filles, et on travaille sur les sujets de collaboration en mixité. Ça nous importe beaucoup de se dire qu'il faut qu'on soit ensemble, mais on se dit aussi de plus en plus qu'il faut aller voir les familles et les parents, parce que les enfants, la nouvelle génération commence à être déconstruite. En fait, il faut aussi valoriser toutes les autres actions qui finalement sont un peu autour de l'institution. C'est ça qui est aussi intéressant, l'institution fait son travail. Il y a aussi beaucoup d'associations autour, en périphérie, qui font un travail remarquable. Il y a une multitude d'assos qui vont travailler sur différents sujets. Nous, on est sur cette thématique-là, mais il y a une complémentarité aussi qui existe.
- Aurore Mayer
Alors, au groupe La Poste, nous sommes partenaires de l'arbitrage. C'est des valeurs très importantes. Et effectivement, le sport véhicule des valeurs. Et de ce que vous avez dit, ça me fait aussi penser, parce qu'on entend beaucoup d'autonomie, l'indépendance financière aussi, pour l'émancipation, etc. C'est important. Et c'est vrai qu'à travers vos exemples, on voit qu'à travers le sport, on peut embarquer beaucoup d'autres sujets, finalement. Je pense que vous y croyez. Oui.
- Candice Prévost
C'est essentiel. La santé, les sujets des VSS, des violences. Et d'ailleurs, c'est ce qu'on a voulu aussi aller rechercher. C'est très politique. Le sport est politique. Il ne faut pas se cacher derrière ça. Et très social et très sociétal. Nous, on a voulu faire justement ces mosaïques et parler de cette mosaïque un peu de thématiques sociales et sociétales. Et c'est pour ça que, par exemple, on a joué contre des grands-mères en Afrique du Sud pour recréer un peu de lien social. Elles jouent au foot. Oui. Le football, tu mets deux pulls, tu prends un ballon et tu joues au foot dans la rue. Et en fait, le foot, il est... Universel.
- Aurore Mayer
Il est facile pour tout le monde. Et en plus, du coup, il n'y a plus de différence. Tout le monde est habillé pareil, tout le monde est... Enfin, qui est conscient, on peut jouer ensemble. C'est pour ça que c'est chouette.
- Candice Prévost
C'est hyper chouette. Et puis, c'est important ce que vous faites sur le sujet de l'arbitrage. La mission d'arbitre est très difficile. Le costume est lourd à porter, pour le coup. Tout à fait. Et je trouve que justement, il y a aussi des femmes qui s'expriment parfaitement. Je pense à Stéphanie Frappard et Nelly Viennot, qui était une ancienne arbitre qui avait aussi été sur les terrains des hommes. C'est important, elles sont en difficulté parfois. On voit, c'est encore plus dur d'être une femme dans des milieux comme celui-ci. Mais déjà, le milieu de l'arbitrage n'est pas facile. Mais en tout cas... Bravo pour ça, parce qu'il faut les suivre et être fidèles à cet engueul.
- Aurore Mayer
On les accompagne, les jeunes d'ailleurs, les enfants aussi. Et on y croit beaucoup. Qu'en disent-vous s'il y a écrit sur vos dents ?
- Candice Prévost
The future is female.
- Aurore Mayer
Elles sont très belles, je ne sais pas si... J'ai un petit cœur là.
- Candice Prévost
Un petit coucou à Do You Hear Me. Je suis ambassadrice de cette marque. Ce sont des messages engagés. Une copine est fondatrice de cette marque-là et bravo parce que c'est... Voilà, il faut rendre visibles aussi les actions, les entreprises... Bien sûr,
- Aurore Mayer
qui s'engagent, qui font bouger les choses.
- Candice Prévost
sur les sujets un peu inclusifs.
- Aurore Mayer
Moi, je pense qu'on va faire bouger les lignes ensemble. Je pense qu'on en parlera dans quelques temps. Mais je pense qu'il y a un lien de nous très fort et qu'on écoffe finalement sur les mêmes sujets, c'est-à-dire d'aller au plus près du terrain. Moi, j'ai envie d'aller au plus près du terrain, de toucher chaque postière et chaque postier. C'est important que le sujet ne reste pas un sujet réfléchi dans un siège, par une direction, mais vraiment que chacun... comprennent les enjeux qu'il y a derrière, qui sont des enjeux qui dépassent même l'entreprise, les enjeux de société, de vivre ensemble. Donc, c'est important. Candice, je pense que vous êtes un modèle pour pas mal de petites filles. Moi, ma fille adore le foot.
- Candice Prévost
Allez !
- Aurore Mayer
Oui, oui. C'est elle qui m'a embarquée, d'ailleurs, pour regarder le foot et j'y prends beaucoup de plaisir. Contrairement à ce que je peux penser,
- Candice Prévost
on regarde toutes les deux,
- Aurore Mayer
entre filles. Et je prends beaucoup de plaisir. Et vous, est-ce que vous avez un rôle modèle, vous,
- Candice Prévost
Candice ? Oui, c'est... À l'époque, il y en avait peu. Finalement, quand j'ai démarré la pratique, il y avait peu de femmes à la télévision. Donc, ça a été plutôt les hommes, ça a été plutôt l'équipe de France 98 dans son ensemble. Et par rapport à cette idée de performance aussi, les yeux dans les bleus ont permis aussi d'alimenter aussi ce côté-là, de voir un peu en inside ce qui se passait, de les connaître davantage. Après, c'est... Ce sont les Américaines qui ont été pour moi un peu les modèles. En 1999, j'ai vu justement un sujet sur Téléfoot qui était Mia Hamm et ses coéquipières qui remportaient la finale de la Coupe du Monde en 1999 devant un stade plein. C'était le Rosa Ball. Il y avait plus de 91 000 personnes dans le stade. Donc en fait, on rêve de ça. On a envie de ça. C'est-à-dire qu'il y avait France 98, la Coupe du Monde à la maison. la victoire et après derrière les femmes qui font pareil aux États-Unis. Je me dis mais waouh ! Et en fait, c'est parti pour un peu l'aventure. On en est loin parce que les stades ne sont pas remplis aujourd'hui en France, parce que c'est toujours trop lent pour moi. Oui, bien sûr. Parce qu'on voit ce qui s'est passé aussi par ailleurs. Il y a des stades qui sont remplis en Angleterre, il y a des stades qui se remplissent aussi en Espagne. Et on a toujours l'impression que notre culture sportive ici est laborieuse. Je pense qu'on a justement besoin d'un cadre institutionnel qui pousse davantage la culture sportive en France, de travailler davantage dans les écoles primaires, avec les clubs, pourquoi pas. Je pense qu'on a besoin de travailler sur cette culture sportive quand on va accueillir les Jeux là. On espère que ça va impulser quelque chose. Et ça va impulser quelque chose, parce qu'il y a des choses qui se font. Mais je pense qu'on a besoin de mettre un coup d'accélérateur et que finalement, la focale, elle n'est pas trop sur ça. Elle est davantage sur d'autres sujets, malheureusement.
- Aurore Mayer
Oui, c'est sûr. J'ai quand même envie de faire le petit clinique que vous connaissez certainement. Parce que moi, je le sors souvent. Quand on me confronte avec cette vidéo, on voit des joueurs de foot par orange qui jouent. Parce qu'on me l'a dit récemment, il y a des messieurs qui parlaient en foot et je me suis... serré dans la conversation, ils m'ont dit Désolée, on parle foot. Je dis C'est pas grave. Ils m'ont dit Au contraire, avec plaisir. Et on a abordé ce sujet. Ils m'ont dit Mais quand même, c'est pas le même jeu, etc. Et donc, je leur ai évidemment fait suivre cette vidéo où on voit ces joueurs incroyables, etc. Et à la fin, c'est l'IA. Et effectivement, ce sont des joueuses de foot. Comme quoi, on a parfois des préjugés qui nous font... Et donc, ils étaient estomaqués de se dire Mais finalement... C'était des joueuses et c'est assez incroyable. Ils l'ont reconnue. Donc, c'est super ce qu'ils ont fait.
- Candice Prévost
Je trouve que c'est vraiment... C'est important. Et en plus de jouer sur l'intelligence artificielle, c'est un peu dans l'air du temps. J'ai trouvé cette pub et cette vidéo brillante. Et ouais, elle a trompé pas mal de monde, finalement. Mais oui, oui, oui. Et en plus, si on regarde aussi un peu les statistiques... Les hommes regardent les femmes jouer au football. Le foot fait partie des trois sports qui sont les plus regardés. Les femmes vont regarder, mais essentiellement, il y a pas mal d'hommes qui regardent aussi. Je pense que d'ailleurs, moi j'en ai beaucoup qui me disent, qui vont me dire, moi j'adore, maintenant j'adore regarder les femmes jouer au foot. Je préfère même regarder... Et en fait, l'idée n'est pas là.
- Aurore Mayer
d'opposer, de compter ou de comparer.
- Candice Prévost
Exactement. En fait, ça va être deux pratiques différentes parce qu'on a parlé d'histoire tout à l'heure et historiquement, on a du retard parce qu'il faut aussi prendre la place, parce qu'on n'a pas les mêmes soucis économiques. On ne fait pas rentrer, oui, mais il n'y a pas d'audace non plus pour alimenter quelque part entre les sujets économiques médiatiques. On a moins de place, il y a 4,5% de sports féminins. qui sont à la télévision, qui sont médiatisées. Les sports féminins sont très peu médiatisés, sous-médiatisés, ce qui ne sera pas le cas des Jeux, là, parce qu'il va y avoir forcément un traitement égalitaire. Mais voilà, c'est pour aussi dire qu'il y a des injustices, il faut le dire. Il n'y a pas trop d'audace, parfois. Mais ne comparons pas non plus, parce que ce n'est pas le sujet de les opposer, parce que c'est l'idée, justement, de se dire, de s'affranchir. de ce modèle, de se dire qu'ils sont là, ok, nous n'essayons pas d'être le second projet, ne les suivons pas. Souvent, on a tendance à vouloir suivre la norme que sont les hommes et réinventons-nous, en fait. Moi, je crois que sincèrement, on a besoin de s'émanciper du modèle masculin et de se dire... Inventons le projet, faisons un pas de côté et créons notre... C'est ce qu'on dit dans Little Me Soccer à la fin, de liberté, égalité, solidarité, mais en même temps de s'affranchir et de s'émanciper et de tracer un peu sa voie.
- Aurore Mayer
Candice, on parle souvent de compétences, mais on voit bien que quand on a la compétence prime, finalement, les femmes sont aussi plus visibles. Par exemple, on voit de plus en plus de journalistes sportives. de femmes sur les plateaux. Et ça, ça a certainement aussi une incidence sur le fait que c'est normal qu'il y ait autant de femmes que d'hommes et que les jeunes aussi se reconnaissent. Qu'est-ce que vous pouvez dire à ce sujet ?
- Candice Prévost
C'est prendre cette place, effectivement, et laisser la place aussi. C'est-à-dire qu'il y a aussi des personnes dans les rédacs qui sont aux manettes, qui prennent aussi conscience qu'ils ont aussi un rôle à jouer. dans cette idée d'installer aussi davantage de femmes à des postes de journalistes sportives. Il y en a encore trop peu, mais ça commence aussi un petit peu à avoir cette prise de conscience pour avoir des binômes exclusivement féminins sur des compétitions. Je vois avec Canal+, Anne-Laure Salvatico, qui est journaliste sportive et qui s'est spécialisée sur le football aussi et de la D1 Arkema. Donc, on a... C'est important aussi, parce que le rôle modèle, il va être à tous les endroits. C'est-à-dire qu'une jeune fille qui va regarder le foot et qui a envie d'être journaliste, elle se dit, OK, c'est possible. Mais juste ça. C'est-à-dire que là, on défonce le plafond de verre et on ouvre les voies. Et c'est en fait le côté, d'abord, de la compétence. On est d'accord que ce n'est pas l'idée du quota. Même s'il a été important et il l'est encore important, parce que malheureusement, on est obligé de passer par cette idée du quota pour s'imposer, malheureusement, parce qu'en fait, on ne crée pas des vocations non plus, parce qu'on ne forme pas, etc. Et parce qu'on se dit au départ que ce n'est pas possible. C'est ça, le truc. Et là, c'est possible. Il y a davantage de femmes sur toutes les chaînes. On entend des journalistes sportives. et qui font leur place aux côtés aussi de rédaction avec les hommes. Et il n'y a pas de sujet. Il n'y a pas de sujet. Il n'y a pas de sujet. Tout va, enfin, je veux dire, ça bosse fort et ça fonctionne. Les voix. Et la voix, c'est important de voir et d'entendre. On a, j'allais dire, que ce soit en radio, partout, il y a besoin d'avoir cette représentativité, cette visibilité des femmes. Tous les endroits.
- Aurore Mayer
Exactement. Merci beaucoup, Candice Prévost.
- Candice Prévost
Merci, Aura.
- Aurore Mayer
Merci pour cet échange. Merci pour tout ce que vous nous avez apporté. Merci pour nous avoir fait partager tout ce qui se passe au niveau du sport, dont on peut très concrètement nous s'inspirer aussi au réseau Parité 1-1 du groupe La Poste. Et je vous retrouve très prochainement pour une nouvelle émission. Au revoir et merci, Candice.
- Candice Prévost
À bientôt. Au revoir.