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À part Égale

Pourquoi les hommes ont intérêt à s’engager pour la parité avec Jean-Claude Ester

Pourquoi les hommes ont intérêt à s’engager pour la parité avec Jean-Claude Ester

25min |08/01/2025
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À part Égale

Pourquoi les hommes ont intérêt à s’engager pour la parité avec Jean-Claude Ester

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25min |08/01/2025
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Description

Dans cet épisode, Jean-Claude Ester, délégué départemental aux droits des femmes et à l'égalité femmes-hommes dans la Somme, nous parle de son engagement et explique pourquoi les hommes ont intérêt à s’engager aussi en faveur de la parité.


« À part égale » une série de podcast animée par Aurore Mayer, directrice du Réseau Parité Un Une du groupe La Poste qui inspire, fait réfléchir et avancer la parité pour un monde plus juste.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Aurore Mayer

    Bonjour et bienvenue dans l'émission À part égale, l'émission du réseau parité du groupe La Poste. Et j'ai aujourd'hui la joie d'accueillir Jean-Claude Ester. Jean-Claude Ester, bonjour. Bonjour. Vous êtes délégué départemental à l'égalité femmes-hommes dans la Somme, dans les Hauts-de-France. D'ailleurs, c'est un poste, vous avez été longtemps le seul homme, mais je crois que maintenant vous êtes deux.

  • Jean-Claude Ester

    C'est ça. C'est un poste qui est essentiellement porté par les femmes. On voit ce... poser la question pourquoi, mais en tout cas, c'est rare d'avoir un homme délégué départemental aux droits des femmes, c'est vrai.

  • Aurore Mayer

    J'ai envie d'ailleurs de vous poser cette question, qu'on a certainement dû vous poser. Est-ce que l'on peut être un homme et s'engager en faveur de la parité, selon vous ?

  • Jean-Claude Ester

    Ah ben, heureusement, aucun doute. Ça dépend avec quelle casquette vous me demandez ça. Si c'est ma casquette professionnelle de délégué du préfet, oui, évidemment, puisqu'on applique une politique, et la politique, j'ai coutume à dire, devant vous, il n'y a pas un homme, il n'y a pas une femme, mais il y a un fonctionnaire qui applique une politique. Et si c'est à titre plus personnel, parce qu'évidemment, tout ça se croise, évidemment qu'on doit tous et toutes être féministes, C'est-à-dire être conscient qu'il faut se battre pour l'égalité entre les femmes et les hommes. Et pour continuer là-dessus, c'est évidemment un combat qui a son histoire, le combat féministe. Mais dans l'histoire, on en est aujourd'hui à un moment où on se dit que tout ça profite autant aux hommes qu'aux femmes. Et évidemment que le combat féministe est aussi un combat pour les hommes, sans que les hommes substituent au combat des femmes, mais en assumant le fait que... les progrès pour l'égalité profitent à tous. Et puis, on se dégage de toutes les histoires de virilité toxique et de tout ce qu'on peut se priver quand on est un homme au nom des injonctions de la société.

  • Aurore Mayer

    Les sujets d'égalité, nous, à La Poste, c'est vrai qu'on fait très attention à ça. Évidemment, on a 240 000 personnes, des femmes, des hommes. D'ailleurs, on a 52 de femmes, donc on a bien plus de femmes. Mais on sent que les enjeux se situent à tous les niveaux. Et c'est vrai que cette égalité... Vous le dites très justement et je sais que vous, vous avez été très engagé dans le sujet de l'égalité au sens large depuis votre tendre enfance, j'ai envie de dire. Oui, c'est vrai. Expliquez-nous un peu d'où ça vient.

  • Jean-Claude Ester

    Toute ma carrière, finalement, a été marquée par le fil rouge de l'égalité. Et évidemment que ça vient probablement avec le recul, on se le dit, de l'enfance et d'avoir été élevé dans une banlieue populaire qui était déjà avec beaucoup de diversité présente. Et évidemment qu'on prend... le goût de rencontrer l'autre dans ses différences et dans nos points communs et de se dire après qu'on va un peu à l'extérieur et qu'on subit des injustices parce que le copain a telle peau, parce qu'il est coiffé comme ça, parce que la copine n'a pas... et rentre pas dans la norme, on vit ça comme une injustice parce qu'on a vécu dans un monde où on s'acceptait dans nos différences diverses. Je crois que très très tôt, le combat pour l'égalité est venu du fait d'être effectivement avoir eu la chance d'être élevé dans un milieu très divers, ça m'a guidé avec le recul comme une nécessité. Se battre contre cette forme d'injustice qui est celle de nier l'égalité.

  • Aurore Mayer

    Le combat contre l'injustice, c'est vrai que nous, c'est vraiment, moi je prends souvent ce sujet, je dis l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, c'est un sujet d'humanisme, d'humanité, d'égalité, de justice sociale, ce que vous dites, très justement. Et effectivement, souvent on a ces débats, on entend, peut-on être légitime quand on est par exemple une femme blonde pour défendre le racisme ? Et du coup, est-ce qu'on est légitime en tant qu'homme pour s'engager sur la parité ? Il y a beaucoup d'hommes aujourd'hui dans l'entreprise qu'on entend, on entend une petite voix qui dit, il y a un peu la genteur fatigue, on fait tout pour les femmes et nous les hommes, on est laissés de côté. Qu'est-ce que vous avez envie de leur dire à ces hommes et aux femmes sur ces sujets ?

  • Jean-Claude Ester

    Pourquoi faut-il ? incarner les gens pour lesquels on se bat. Par exemple, moi je suis délégué au droit des femmes, et je raconte souvent qu'on ne demande jamais à mes collègues de la jeunesse et les sports d'être jeunes et sportifs. Pourquoi ? Parce que sur la femme, il faudrait l'incarner. Ce qui compte, c'est vrai pour tout. Ce n'est pas d'incarner, c'est quelles actions on mène. Moi, j'ai travaillé beaucoup aussi sur la question de la lutte contre les discriminations, de l'écoute de toutes les diversités. Il n'y a pas besoin de... de ressembler aux personnes. Ce qui compte, c'est la capacité d'écouter et la capacité d'agir concrètement pour transformer les choses. Et sur les questions de parité, c'est ça qui compte, c'est quelles actions on mène pour régler les choses. Et si on est dans une entreprise comme La Poste, ce qui compte, c'est bien d'avoir des affirmations. Mais ce qui compte, c'est effectivement comment on fait. sur l'évolution de salaire, comment on fait sur l'évolution de carrière, comment on recrute différemment, comment on réfléchit au management. Donc ça, je pense que, un, c'est la base. Et deux... C'est vrai qu'au-delà des fonctions qu'on peut avoir les uns et les autres, on est aussi vu et on a notre histoire qu'on porte par mille manières, par nos attitudes, par notre langage corporel, etc. Donc la question, si on est là sur l'égalité femmes-hommes, c'est, moi, c'est clair qu'en tant qu'homme, je me positionne, comme on le dit ailleurs, comme allié. Et surtout quand on est sur une fonction où il y a une dimension de représentation comme la mienne, moi je ne parle pas au nom des femmes, je ne porte pas la cause des femmes. je porte une politique publique et si je prends la parole je fais toujours attention d'être allié des femmes d'être aux côtés des femmes mais ne pas faire un s'appelle le manspinning c'est à dire je parle à la place d'eux et puis d'un seul coup il ya dix femmes et puis on va dire oui mais regardez l'homme aussi les voilà on entend souvent ça oui c'est vrai ça c'est pas mon quotidien mais moi notamment sur des sujets plus graves comme les violences on dit un moment on on va dire, oui mais les hommes, vous savez, 10%, les hommes aussi. Là-dessus, je raconte toujours un peu la même chose, c'est de dire, on est dans une société telle qu'elle est aujourd'hui, où les hommes ont toute leur place partout. Pas d'inquiétude ! Les hommes dominent les directions de toutes les entreprises et des administrations globalement, même si on a eu une femme Premier ministre et on a des ministres, mais voilà, mais dominent dans toute notre société, tout est organisé autour de l'homme. Donc il y a encore énormément d'espace. Donc si on libère des espaces, Et si des espaces sont pris par les femmes pour affirmer toutes leurs paroles et leurs spécificités, un, laissons-leur pleinement, déjà, et deux, n'allons pas porter des combats qui sont sans proportion avec l'état actuel de notre société, qui reste très patriarcal. Ça va. Alors, il y a des moments où les hommes sont en situation de minorité. Ça ne veut pas dire... Clairement, sur les questions de violence, intra-familial, violence conjugale. Évidemment qu'il y a aussi des hommes qui meurent dans ces situations, une dizaine par an. On est à une centaine de femmes, on n'est pas dans les mêmes proportions, il ne s'agit pas de nier des réalités, mais se battre pour l'égalité, c'est un combat qui positionne l'homme autrement. C'est vrai qu'après, on est avec des enjeux où il faut, où les codes bougent, où les lignes bougent. Et ça oblige chacun. à changer de posture. Oui. Et ça, je comprends que ça puisse déstabiliser quand on a eu un modèle familial, voilà, qu'il faut aujourd'hui réinterpeller.

  • Aurore Mayer

    Mais est-ce que vous ne pensez pas aussi, enfin, nous, en tout cas, on a un réseau parité, il y a autant d'hommes que de femmes. Donc, on essaye, en tout cas, et ce sont des hommes comme vous, qui sont engagés, qui disent, on est des alliés, on ne se sent pas en risque, ou en tout cas, à perdre quelque chose, finalement, puisque... C'est quand même la compétence qui prime. Et d'ailleurs, la compétence, vous l'avez dit vous très justement, vous êtes positionnée sur ce poste qui est plutôt occupé par des femmes. Vous avez dit, mais j'ai tout à fait les compétences pour. Tout mon parcours professionnel m'a amenée là. Et finalement, mon histoire, sans même que je m'en rende compte, elle m'a amenée à occuper ce poste. Et c'est ce qu'on essaye de montrer à travers du réseau Parité, c'est qu'on soit un homme ou une femme, si on a les compétences pour et qu'on a envie d'y aller, on doit avoir les mêmes chances d'y aller. C'est un peu ça en tout cas qu'on essaye de montrer.

  • Jean-Claude Ester

    Mais on est un peu dans le vie-ma-vie. C'est-à-dire que moi je suis en situation d'expliquer, vous savez je suis sur ce poste mais c'est parce que je suis compétent. Avouons que ça, c'est pas toujours le quotidien d'un homme qui a été recruté, c'est à coup sûr le quotidien des femmes quand elles atteignent des postes à responsabilité. Il va falloir en petite musique qu'elles expliquent qu'elles sont effectivement compétentes, qu'elles négocient le fait qu'elles sont promues mais pas pour autant en faisant deux ou trois postes. Et puis, effectivement, qu'elles n'ont pas eu besoin d'agir sur leur charme et que ce n'est pas la féminité, ni même les enjeux de parité. C'est des compétents. Bien sûr. Je parle de contrôle, mais je pense que les femmes sont tout le temps en train d'être dans cette justification directe ou avec cette petite musique derrière. Évidemment, quand on a été élevées comme un petit garçon, on nous a toujours appris à prendre notre place et de trouver ça normal. que de progresser, etc. On a cet héritage-là, alors effectivement, ça oblige certainement des deux côtés, les femmes à assumer le fait de prendre les choses sans avoir à se justifier, et puis les hommes, y compris dans leur recrutement, dans la manière de voir arriver quelqu'un dans un encadrement supérieur, de ne pas se polluer par des arguments prétextes qui n'iraient le fait de la compétence. Mais ça oblige à ce que l'organisation soit quand même garante de ça. Oui. C'est-à-dire qu'il faut être sûr que dans le process de recrutement, que c'est bien en fonction des compétences que les choix ont été faits. Si c'est le fait du prince ou de la princesse, ça ne marche pas. D'accord. Voilà. Donc c'est d'abord une confiance en l'organisation. Et puis après, il faut que chacun accepte de se retrouver dans le cadre professionnel sur de la compétence et de la relation professionnelle, rien d'autre.

  • Aurore Mayer

    Jean-Claude, vous avez parlé des stéréotypes, de genre on essaye vraiment de lutter contre ça, en tout cas au réseau parité notamment. On essaye de travailler, de faire prendre conscience aussi, parce qu'on a des stéréotypes inconscients, on en a tous. On a des biais de par notre enfance, comme vous le disiez. Et sur les compétences, on essaye, en tout cas, dans nos appels à candidature, à mettre tous les postes, par exemple, directrice ou directeur, assistant ou assistante, etc. Est-ce que vous, vous avez des bonnes pratiques d'autres entreprises ? Vous êtes très engagé sur ce sujet ou d'inspiration. Vous pourriez nous donner des clés sur lesquelles on pourrait aller plus loin et vraiment permettre cette parité à tous les niveaux ?

  • Jean-Claude Ester

    En fait, sur ces questions-là, je pense qu'il y a différents niveaux. Il y a d'abord comment on met des procédures, voilà, très démarche qualité. qui garantissent l'égalité de traitement. Ça veut dire par exemple, dans un recrutement, comment on objective le recrutement en neutralisant tout ce qui peut être appréciation subjective et est-ce qu'il faut pour telle formation un BTS technique ? Oui, non. Est-ce qu'il faut de l'expérience ? Pourquoi il faut de l'expérience ? Pourquoi on réclame ça ? Est-ce qu'il faut des compétences et des retours ? Et comment on les évalue ? Comment on les note ? Et comment on traduit ça dans une grille, puis dans l'entreprise ? C'est finalement très... très rigoureux, on se centre sur les compétences et sur rien d'autre. Ce qui est intéressant là-dessus, c'est que, en se disant ça, on n'est pas que sur l'égalité femmes-hommes, on est sur l'ensemble des critères de discrimination. Donc, d'abord, les bonnes pratiques, c'est d'abord comment, sur l'ensemble du process, on prévoit des règles. Et après, c'est une question de posture, une question de culture, où finalement, c'est comment on apprend à être dans une posture d'écoute toujours un peu distanciée. L'exemple type, c'est l'humour. Moi, j'aime bien rire, j'aime bien faire des blagues et tout ça, évidemment. Et j'aime bien même faire des compliments. Oui. Voilà. Mais un peu, enfin j'espère. Oui, bien sûr. J'espère un peu. Juste ton... Voilà. Et l'humour, par exemple, et la joie, c'est quand même agréable d'avoir des collègues joyeux, etc. Mais un peu, pour ne donner qu'un exemple, sans ressemblance avec toute personne dans la salle, mais... Ah bah, nous, il y en a deux en plus. Bon, alors... La plaisanterie sur une blonde, ça va. Deux, trois, ça devient quelque chose qui entretient un stéréotype. On arrête là. Et donc, on dit souvent dans les formations, si on fait de l'humour ou si on s'intéresse à l'autre, on va jusqu'à ce que... Ce n'est pas juste se mettre de mon point de vue émetteur. Ce qui compte, c'est comment c'est reçu. Mettre à la place. Voilà. Se méfier de ce qui paraît, de ce qui a toujours été dit, de tout ce qui a toujours été fait, et qui peut avoir... des conséquences quand on en prend conscience. Et ça, c'est la bonne nouvelle. Parce que la bonne nouvelle, moi, ce que je trouve génial sur le job qu'on fait chacun avec des points de vue différents, c'est qu'on progresse toujours. Moi, je m'étonne tout le temps de changer de lunettes, de voir des choses que je ne voyais pas, d'écouter des situations que... Évidemment, je suis donc toujours mieux connecté aux gens que je rencontre parce que je prends la peine de voir des choses que je n'avais pas... pris la peine de voir parce que j'étais conditionné par l'éducation et la société. Bien sûr.

  • Aurore Mayer

    C'est un peu ce qu'on essaye de faire dans notre réseau, c'est d'être en fait qu'à tous les niveaux, tout le monde s'infuse petit à petit et il faut se décomplexer aussi sur le fait d'avoir des stéréotypes. Je pense que vous en êtes d'accord parce qu'on en a tout le temps.

  • Jean-Claude Ester

    Bien sûr. Et on est le produit de son époque aussi. Et je trouve que c'est intéressant collectivement de se dire comment je mets à distance ces informations. Et puis comment on construit tous ensemble une culture, et aujourd'hui la culture, on sent, elle s'impose à nous. Oui, aujourd'hui, par exemple, le mot féministe était, enfin on a encore ça chez les... était péjoratif.

  • Aurore Mayer

    C'est vrai.

  • Jean-Claude Ester

    Aujourd'hui, il peut être même, par contre, vidé de son sens. Exactement. Moi je trouve qu'il faut assumer, je ne sais pas si c'est comme ça que vous faites dans le réseau parité, mais c'est assumer d'être féministe au sens, on se bat pour l'égalité entre les femmes et les hommes, et on se bat. Ça veut dire que ce n'est pas gagné. Ça veut dire aussi qu'il y a des forces contraires. Il y a des forces contraires chez les femmes.

  • Aurore Mayer

    C'est chez les femmes aussi, bien sûr. Vous avez raison, chez les femmes aussi.

  • Jean-Claude Ester

    Le combat féministe est un combat qui vient de loin, qui concerne tout le monde et qu'il faut assumer.

  • Aurore Mayer

    Merci de le dire comme ça, parce que c'est vrai que déjà, c'est rare d'entendre des hommes encore, et même des femmes, vous avez raison. Effectivement, moi, je rencontre pas mal de monde, et souvent, même quand je rencontre des femmes, le premier... L'objection, le premier sentiment qui est donné, c'est de dire Oh là là, moi je ne suis pas féministe, je ne suis pas concernée. Et quand on parle, en fait... Tout le monde est concerné et tout le monde a y gagné. Est-ce que vous ne pensez pas d'ailleurs qu'à travers ces débats et les jeunes générations qui poussent plus quand même pour prendre conscience de cette parole qui se libère, les hommes peuvent aussi prendre des congés paternités, sont un peu plus décomplexés sur le fait qu'on a le droit de pleurer parce qu'on est sensible, parce qu'un film est un peu plus romantique. Les hommes peuvent se permettre des choses qu'ils n'osaient pas aussi, non ?

  • Jean-Claude Ester

    Bien sûr. Déjà, d'une façon générale, on nous gagne tous dans un monde où... où on est régi par l'égalité, par le respect de l'altérité, c'est quand même ça, le bien vivre ensemble, et j'allais dire, je dirais pour la République. Je veux dire, comment... La fraternité qu'on pourrait revendiquer aussi au nom de la sororité, c'est aussi de dire ça, c'est qu'on prend intérêt à rencontrer l'autre, à l'accepter tel qu'il est ou telle qu'elle est, et ensemble, on peut porter quelque chose de plus fort autour des valeurs de liberté et d'égalité. Enfin, on peut se le dire de... de temps en temps que c'est notre modèle français. Et puis oui, on y gagne tous. Alors ça, quand même, il faut se le dire. Il faut se dire deux choses. Évidemment que les hommes gagnent au combat de l'égalité. Alors, comme ça, c'est à moitié vrai. Parce qu'ils perdent les postes. Un jour ou l'autre, il faut appeler un chat-à-chat. Dans un monde où... Alors, il y a encore...

  • Aurore Mayer

    Le président, il assume ça. Il dit à un moment donné où, bon voilà, on va favoriser peut-être des femmes compétentes.

  • Jean-Claude Ester

    Incompétence égale.

  • Aurore Mayer

    Ou plus compétentes.

  • Jean-Claude Ester

    Ou plus compétentes, exactement. Mais après, on y gagne. Quand même, au nom de toutes ces valeurs, finalement, patriarcales, l'entreprise, etc. Quelle tristesse, toutes ces jeunes pères qui n'ont pas établi la relation à l'enfant au moment de la naissance. C'est quand même beau, cette histoire de congé paternité qui se développe en France. Tout le monde a y gagné. D'avoir des relations dans l'entreprise qui ne soient pas... sur des relations à l'ancienne de séduction, de rapports hommes-femmes importés qui ne rendent pas les relations efficaces. Et puis d'une façon plus générale, quelle bêtise. Et je pense que la jeunesse pousse beaucoup là-dessus, on le voit bien, en disant c'est fini le temps où par une injonction de société je vais me priver d'avoir de l'expression sensible ou le droit à la famille. de faire des choses sous prétexte que ce n'était pas ma case. Oui, tout à fait. Donc, je pense que ça, c'est potentiellement un progrès. Et moi, je crois en la jeunesse là-dessus. Mais n'oublions pas que tout mouvement, on est une forme de révolution.

  • Aurore Mayer

    Exactement.

  • Jean-Claude Ester

    Mais tout mouvement implique aussi ses résistances. Exactement. Ce qu'on appelle le backlash. Oui. Le virilisme, je ne sais pas vous, mais le nombre d'hommes qui deviennent agressifs, qui pensent que leur virilité est en cause, que le système est qu'il faut remettre. la femme à la maison et que chacun...

  • Aurore Mayer

    Et les jeunes aussi.

  • Jean-Claude Ester

    Et oui. Et vous avez eu le dernier rapport du Haut-Compte à l'égalité qui dit qu'il faut revenir à la violence. Eh bien, ça veut dire que, vous disiez à un moment, dans l'entreprise, c'est ce qu'on fait dans l'entreprise, mais aussi en rapport à la société. Ça veut dire qu'on a aussi... Tout ça est politique. On est en train d'accompagner un changement sociétal qui concerne l'entreprise, qui concerne l'ensemble de la société. Et c'est intéressant d'avoir des entreprises comme La Poste qui sont comme ça, qui essayent de faire bouger, qui font avancer les choses pour que ça se diffuse. Mais effectivement, c'est un combat collectif de dire, aujourd'hui, c'est une grande cause. C'était la grande cause nationale depuis deux mandats. Ce n'est pas rien, ce n'est pas juste une affirmation politique ou juste un cap. C'est se dire, collectivement, qu'on soit administration, qu'on soit entreprise, qu'on soit association, qu'on soit politique, qu'on soit citoyen. Quel que soit notre poste, on ne peut plus supporter d'être dans des situations d'inégalité dans l'ensemble de la vie quotidienne. C'est un monde ancien. Il faut qu'on tente vers un monde nouveau. Et ça nous concerne tous. C'est une grande cause nationale. Il faut qu'on y aille. Et des échanges comme on a aujourd'hui, on ne les aurait pas eus il y a dix ans. Là, on est dans ce nouveau mouvement qui nous regarde tous. Et c'est extrêmement important parce qu'on prépare quand même la société de demain. Une société qui doit être... plus juste, plus solidaire, et du coup, qui respecte tout le monde, et notamment la sororité, ça me paraît essentiel.

  • Aurore Mayer

    Nous, on y croit beaucoup à La Poste, et c'est vrai qu'on représente la société, on se dit, voilà, des gens d'issues de toutes origines, qui sont partout présents en France, à l'international, de tous les niveaux, donc on y croit beaucoup, et c'est vrai que l'un des enjeux du réseau parité, c'est celui-ci. Jean-Claude, est-ce que vous êtes optimiste sur la suite ?

  • Jean-Claude Ester

    Oui, pardon, mais j'allais dire... Hum... Je suis optimiste parce que c'est une force en marche, je l'ai dit tout à l'heure. Évidemment, là, on sent des résistances, il y a des questions qui se posent. Mais quand même, quel chemin parcouru quand on reprend l'histoire du droit des femmes. Moi, j'ai mon âge, certes, mais quand je suis né, ma mère n'avait pas le droit d'avoir un... un carnet de chèques. C'est fou. Ma grand-mère est née avant 44 et donc, elle n'a pas le droit de vote. Aujourd'hui, le taux d'emploi des femmes est encore 10 points inférieur à celui des hommes et à plus de 70%, aujourd'hui, les femmes travaillent. Moi, je me rappelle très bien, dans toute la société, quand on était plus jeunes, je me suis dit, bien sûr, je ne suis pas canonique quand même. On se demandait, est-ce que c'est bien que la femme travaille ? Est-ce qu'on considérait que ça devait être un second salaire ? On avait oublié le combat essentiel pour l'autonomie.

  • Aurore Mayer

    D'où cette différence salariale qu'on constate encore aujourd'hui. Alors à la poste, on a fait vraiment des efforts. On arrive maintenant, les hommes et les femmes, il y a même une femme qui gagne un peu plus en moyenne. Après, il faut qu'on regarde, parce que selon les strates, il faut qu'on arrive à avoir des femmes aussi dans les postes les plus importants. Et donc, ça, ça permettra d'avoir une égalité parfaite à tous les niveaux. Mais effectivement, on se traîne cette histoire aussi, comme vous disiez, d'un second salaire, d'un salaire d'appoint, d'un salaire moindre, d'un emploi un peu moins important, même si elles faisaient les mêmes choses.

  • Jean-Claude Ester

    Mais bien sûr, bien sûr. Alors, oui et non, parce que du coup, aujourd'hui, les inégalités de salaire entre les femmes et les hommes, c'est un, le rapport au temps partiel.

  • Aurore Mayer

    Oui.

  • Jean-Claude Ester

    Avec l'idée qu'on est encore dans la représentation que pour élever un enfant, c'est plutôt la femme qui doit se mettre à temps partiel et renoncer à une partie de sa carrière, pourquoi pas si c'est un choix plein et entier ? Mais si c'est en fait parce que collectivement on ne sait pas organiser la prise en compte de l'enfant, c'est peut-être avec des crèches, avec des horaires adaptés, avec des entreprises qui s'adaptent, c'est peut-être pas une bonne chose. Et ça, il y a un enjeu collectif. Je dis souvent, c'est comme le proverbe africain, il faut tout un village pour élever un enfant. Ce n'est pas que l'histoire de la mère ou du père, c'est aussi comment collectivement on s'organise. Donc un, le temps partiel, et deux, le type de filière. C'est-à-dire qu'on a une surreprésentation des femmes dans des carrières du social, de l'humain, de la relation, qui comme par hasard sont celles qui sont moins payées. Donc on a... C'est ce phénomène où tout ça, derrière, c'est la représentation qu'on a de la femme. Et en fait, c'est pour ça que travailler à une grosse échelle comme celle de la poste, je transforme mes stéréotypes, je sors de ça, par les enfants peut-être, des postiers et des postières. C'est aussi se dire, oui, tu peux être aussi sur un poste traditionnellement, tu peux aller dans des carrières scientifiques, tu peux aller dans des carrières qu'on attribue aux hommes, c'est fini stéréotype, et tu peux être un homme et vouloir... t'occuper d'enfants, de personnes âgées, aider dans les ressources humaines. Voilà. Il y a des enjeux collectifs. Et tout ça rend positif parce que oui, c'est une force en marche où les femmes et les hommes gagnent et on a une conscience de dire, je crois collectivement que les enjeux d'égalité entre les femmes et les hommes sont importants. Mais il faut aussi se poser la question à l'échelle du monde.

  • Aurore Mayer

    Ah oui.

  • Jean-Claude Ester

    Quand même, comment ne pas penser aux femmes iraniennes, aux femmes afghanes ?

  • Aurore Mayer

    C'était un très beau reportage, là, récemment, notamment sur les femmes iraniennes, les femmes afghanes, effectivement. Et quand on regarde quand même dans l'histoire, il n'y a pas longtemps, ces femmes-là étaient habillées comme moi, elles allaient à l'école, les petites jeunes femmes.

  • Jean-Claude Ester

    Et qu'est-ce qu'on fait ? Ben oui, on enferme les petites filles, on les prive d'éducation, on les remet dans la sphère privée. Donc ça veut dire aussi que quand on se bat pour dire une femme... est en situation de travail, n'est pas condamné juste à s'occuper des enfants, même si elle y prend du plaisir. Ce n'est pas que sa responsabilité, c'est une responsabilité collective. On a aussi un modèle qui est le nôtre et qu'on doit pousser pour affirmer ce modèle républicain. Je crois que c'est un enjeu du réseau.

  • Aurore Mayer

    Vous parlez du modèle, Jean-Claude. Est-ce que vous, vous avez un rôle modèle qui vous a inspiré ?

  • Jean-Claude Ester

    Je ne sais pas vous, moi... Je le vois dans mes expériences sur le terrain. J'aurais presque envie de dire, quand on fait des expositions, des rencontres, moi je suis toujours bluffé par les femmes qu'on peut rencontrer, comme ça, comme on le fait aujourd'hui, qui commencent toujours, quasiment toujours en disant, vous savez, moi je suis le préfet, monsieur le préfet, je ne suis pas, je ne mérite pas, ce n'est pas si intéressant que ça. Ils vous racontent des histoires d'engagement, de capacité à porter, à se battre contre des difficultés, à être solidaire. qui me bluffent tout le temps. Et je ne veux pas essentialiser, ce serait contraire à tout ce que j'ai dit, les femmes en tant que telles. Mais moi, je suis surpris de toutes ces héroïnes du quotidien qui font bouger les choses de façon incroyable, avec une énergie forte. Et là, il y a le biais féminin, c'est que toujours dans la discrétion, en se mettant en second plan, ça, il faut que ça change, il faut qu'on donne à voir.

  • Aurore Mayer

    Merci beaucoup, Jean-Claude Bessert, c'était vraiment passionnant. Je vous dis à bientôt pour une prochaine... émission de réseau parité 1 à 1 du groupe La Poste.

Description

Dans cet épisode, Jean-Claude Ester, délégué départemental aux droits des femmes et à l'égalité femmes-hommes dans la Somme, nous parle de son engagement et explique pourquoi les hommes ont intérêt à s’engager aussi en faveur de la parité.


« À part égale » une série de podcast animée par Aurore Mayer, directrice du Réseau Parité Un Une du groupe La Poste qui inspire, fait réfléchir et avancer la parité pour un monde plus juste.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Aurore Mayer

    Bonjour et bienvenue dans l'émission À part égale, l'émission du réseau parité du groupe La Poste. Et j'ai aujourd'hui la joie d'accueillir Jean-Claude Ester. Jean-Claude Ester, bonjour. Bonjour. Vous êtes délégué départemental à l'égalité femmes-hommes dans la Somme, dans les Hauts-de-France. D'ailleurs, c'est un poste, vous avez été longtemps le seul homme, mais je crois que maintenant vous êtes deux.

  • Jean-Claude Ester

    C'est ça. C'est un poste qui est essentiellement porté par les femmes. On voit ce... poser la question pourquoi, mais en tout cas, c'est rare d'avoir un homme délégué départemental aux droits des femmes, c'est vrai.

  • Aurore Mayer

    J'ai envie d'ailleurs de vous poser cette question, qu'on a certainement dû vous poser. Est-ce que l'on peut être un homme et s'engager en faveur de la parité, selon vous ?

  • Jean-Claude Ester

    Ah ben, heureusement, aucun doute. Ça dépend avec quelle casquette vous me demandez ça. Si c'est ma casquette professionnelle de délégué du préfet, oui, évidemment, puisqu'on applique une politique, et la politique, j'ai coutume à dire, devant vous, il n'y a pas un homme, il n'y a pas une femme, mais il y a un fonctionnaire qui applique une politique. Et si c'est à titre plus personnel, parce qu'évidemment, tout ça se croise, évidemment qu'on doit tous et toutes être féministes, C'est-à-dire être conscient qu'il faut se battre pour l'égalité entre les femmes et les hommes. Et pour continuer là-dessus, c'est évidemment un combat qui a son histoire, le combat féministe. Mais dans l'histoire, on en est aujourd'hui à un moment où on se dit que tout ça profite autant aux hommes qu'aux femmes. Et évidemment que le combat féministe est aussi un combat pour les hommes, sans que les hommes substituent au combat des femmes, mais en assumant le fait que... les progrès pour l'égalité profitent à tous. Et puis, on se dégage de toutes les histoires de virilité toxique et de tout ce qu'on peut se priver quand on est un homme au nom des injonctions de la société.

  • Aurore Mayer

    Les sujets d'égalité, nous, à La Poste, c'est vrai qu'on fait très attention à ça. Évidemment, on a 240 000 personnes, des femmes, des hommes. D'ailleurs, on a 52 de femmes, donc on a bien plus de femmes. Mais on sent que les enjeux se situent à tous les niveaux. Et c'est vrai que cette égalité... Vous le dites très justement et je sais que vous, vous avez été très engagé dans le sujet de l'égalité au sens large depuis votre tendre enfance, j'ai envie de dire. Oui, c'est vrai. Expliquez-nous un peu d'où ça vient.

  • Jean-Claude Ester

    Toute ma carrière, finalement, a été marquée par le fil rouge de l'égalité. Et évidemment que ça vient probablement avec le recul, on se le dit, de l'enfance et d'avoir été élevé dans une banlieue populaire qui était déjà avec beaucoup de diversité présente. Et évidemment qu'on prend... le goût de rencontrer l'autre dans ses différences et dans nos points communs et de se dire après qu'on va un peu à l'extérieur et qu'on subit des injustices parce que le copain a telle peau, parce qu'il est coiffé comme ça, parce que la copine n'a pas... et rentre pas dans la norme, on vit ça comme une injustice parce qu'on a vécu dans un monde où on s'acceptait dans nos différences diverses. Je crois que très très tôt, le combat pour l'égalité est venu du fait d'être effectivement avoir eu la chance d'être élevé dans un milieu très divers, ça m'a guidé avec le recul comme une nécessité. Se battre contre cette forme d'injustice qui est celle de nier l'égalité.

  • Aurore Mayer

    Le combat contre l'injustice, c'est vrai que nous, c'est vraiment, moi je prends souvent ce sujet, je dis l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, c'est un sujet d'humanisme, d'humanité, d'égalité, de justice sociale, ce que vous dites, très justement. Et effectivement, souvent on a ces débats, on entend, peut-on être légitime quand on est par exemple une femme blonde pour défendre le racisme ? Et du coup, est-ce qu'on est légitime en tant qu'homme pour s'engager sur la parité ? Il y a beaucoup d'hommes aujourd'hui dans l'entreprise qu'on entend, on entend une petite voix qui dit, il y a un peu la genteur fatigue, on fait tout pour les femmes et nous les hommes, on est laissés de côté. Qu'est-ce que vous avez envie de leur dire à ces hommes et aux femmes sur ces sujets ?

  • Jean-Claude Ester

    Pourquoi faut-il ? incarner les gens pour lesquels on se bat. Par exemple, moi je suis délégué au droit des femmes, et je raconte souvent qu'on ne demande jamais à mes collègues de la jeunesse et les sports d'être jeunes et sportifs. Pourquoi ? Parce que sur la femme, il faudrait l'incarner. Ce qui compte, c'est vrai pour tout. Ce n'est pas d'incarner, c'est quelles actions on mène. Moi, j'ai travaillé beaucoup aussi sur la question de la lutte contre les discriminations, de l'écoute de toutes les diversités. Il n'y a pas besoin de... de ressembler aux personnes. Ce qui compte, c'est la capacité d'écouter et la capacité d'agir concrètement pour transformer les choses. Et sur les questions de parité, c'est ça qui compte, c'est quelles actions on mène pour régler les choses. Et si on est dans une entreprise comme La Poste, ce qui compte, c'est bien d'avoir des affirmations. Mais ce qui compte, c'est effectivement comment on fait. sur l'évolution de salaire, comment on fait sur l'évolution de carrière, comment on recrute différemment, comment on réfléchit au management. Donc ça, je pense que, un, c'est la base. Et deux... C'est vrai qu'au-delà des fonctions qu'on peut avoir les uns et les autres, on est aussi vu et on a notre histoire qu'on porte par mille manières, par nos attitudes, par notre langage corporel, etc. Donc la question, si on est là sur l'égalité femmes-hommes, c'est, moi, c'est clair qu'en tant qu'homme, je me positionne, comme on le dit ailleurs, comme allié. Et surtout quand on est sur une fonction où il y a une dimension de représentation comme la mienne, moi je ne parle pas au nom des femmes, je ne porte pas la cause des femmes. je porte une politique publique et si je prends la parole je fais toujours attention d'être allié des femmes d'être aux côtés des femmes mais ne pas faire un s'appelle le manspinning c'est à dire je parle à la place d'eux et puis d'un seul coup il ya dix femmes et puis on va dire oui mais regardez l'homme aussi les voilà on entend souvent ça oui c'est vrai ça c'est pas mon quotidien mais moi notamment sur des sujets plus graves comme les violences on dit un moment on on va dire, oui mais les hommes, vous savez, 10%, les hommes aussi. Là-dessus, je raconte toujours un peu la même chose, c'est de dire, on est dans une société telle qu'elle est aujourd'hui, où les hommes ont toute leur place partout. Pas d'inquiétude ! Les hommes dominent les directions de toutes les entreprises et des administrations globalement, même si on a eu une femme Premier ministre et on a des ministres, mais voilà, mais dominent dans toute notre société, tout est organisé autour de l'homme. Donc il y a encore énormément d'espace. Donc si on libère des espaces, Et si des espaces sont pris par les femmes pour affirmer toutes leurs paroles et leurs spécificités, un, laissons-leur pleinement, déjà, et deux, n'allons pas porter des combats qui sont sans proportion avec l'état actuel de notre société, qui reste très patriarcal. Ça va. Alors, il y a des moments où les hommes sont en situation de minorité. Ça ne veut pas dire... Clairement, sur les questions de violence, intra-familial, violence conjugale. Évidemment qu'il y a aussi des hommes qui meurent dans ces situations, une dizaine par an. On est à une centaine de femmes, on n'est pas dans les mêmes proportions, il ne s'agit pas de nier des réalités, mais se battre pour l'égalité, c'est un combat qui positionne l'homme autrement. C'est vrai qu'après, on est avec des enjeux où il faut, où les codes bougent, où les lignes bougent. Et ça oblige chacun. à changer de posture. Oui. Et ça, je comprends que ça puisse déstabiliser quand on a eu un modèle familial, voilà, qu'il faut aujourd'hui réinterpeller.

  • Aurore Mayer

    Mais est-ce que vous ne pensez pas aussi, enfin, nous, en tout cas, on a un réseau parité, il y a autant d'hommes que de femmes. Donc, on essaye, en tout cas, et ce sont des hommes comme vous, qui sont engagés, qui disent, on est des alliés, on ne se sent pas en risque, ou en tout cas, à perdre quelque chose, finalement, puisque... C'est quand même la compétence qui prime. Et d'ailleurs, la compétence, vous l'avez dit vous très justement, vous êtes positionnée sur ce poste qui est plutôt occupé par des femmes. Vous avez dit, mais j'ai tout à fait les compétences pour. Tout mon parcours professionnel m'a amenée là. Et finalement, mon histoire, sans même que je m'en rende compte, elle m'a amenée à occuper ce poste. Et c'est ce qu'on essaye de montrer à travers du réseau Parité, c'est qu'on soit un homme ou une femme, si on a les compétences pour et qu'on a envie d'y aller, on doit avoir les mêmes chances d'y aller. C'est un peu ça en tout cas qu'on essaye de montrer.

  • Jean-Claude Ester

    Mais on est un peu dans le vie-ma-vie. C'est-à-dire que moi je suis en situation d'expliquer, vous savez je suis sur ce poste mais c'est parce que je suis compétent. Avouons que ça, c'est pas toujours le quotidien d'un homme qui a été recruté, c'est à coup sûr le quotidien des femmes quand elles atteignent des postes à responsabilité. Il va falloir en petite musique qu'elles expliquent qu'elles sont effectivement compétentes, qu'elles négocient le fait qu'elles sont promues mais pas pour autant en faisant deux ou trois postes. Et puis, effectivement, qu'elles n'ont pas eu besoin d'agir sur leur charme et que ce n'est pas la féminité, ni même les enjeux de parité. C'est des compétents. Bien sûr. Je parle de contrôle, mais je pense que les femmes sont tout le temps en train d'être dans cette justification directe ou avec cette petite musique derrière. Évidemment, quand on a été élevées comme un petit garçon, on nous a toujours appris à prendre notre place et de trouver ça normal. que de progresser, etc. On a cet héritage-là, alors effectivement, ça oblige certainement des deux côtés, les femmes à assumer le fait de prendre les choses sans avoir à se justifier, et puis les hommes, y compris dans leur recrutement, dans la manière de voir arriver quelqu'un dans un encadrement supérieur, de ne pas se polluer par des arguments prétextes qui n'iraient le fait de la compétence. Mais ça oblige à ce que l'organisation soit quand même garante de ça. Oui. C'est-à-dire qu'il faut être sûr que dans le process de recrutement, que c'est bien en fonction des compétences que les choix ont été faits. Si c'est le fait du prince ou de la princesse, ça ne marche pas. D'accord. Voilà. Donc c'est d'abord une confiance en l'organisation. Et puis après, il faut que chacun accepte de se retrouver dans le cadre professionnel sur de la compétence et de la relation professionnelle, rien d'autre.

  • Aurore Mayer

    Jean-Claude, vous avez parlé des stéréotypes, de genre on essaye vraiment de lutter contre ça, en tout cas au réseau parité notamment. On essaye de travailler, de faire prendre conscience aussi, parce qu'on a des stéréotypes inconscients, on en a tous. On a des biais de par notre enfance, comme vous le disiez. Et sur les compétences, on essaye, en tout cas, dans nos appels à candidature, à mettre tous les postes, par exemple, directrice ou directeur, assistant ou assistante, etc. Est-ce que vous, vous avez des bonnes pratiques d'autres entreprises ? Vous êtes très engagé sur ce sujet ou d'inspiration. Vous pourriez nous donner des clés sur lesquelles on pourrait aller plus loin et vraiment permettre cette parité à tous les niveaux ?

  • Jean-Claude Ester

    En fait, sur ces questions-là, je pense qu'il y a différents niveaux. Il y a d'abord comment on met des procédures, voilà, très démarche qualité. qui garantissent l'égalité de traitement. Ça veut dire par exemple, dans un recrutement, comment on objective le recrutement en neutralisant tout ce qui peut être appréciation subjective et est-ce qu'il faut pour telle formation un BTS technique ? Oui, non. Est-ce qu'il faut de l'expérience ? Pourquoi il faut de l'expérience ? Pourquoi on réclame ça ? Est-ce qu'il faut des compétences et des retours ? Et comment on les évalue ? Comment on les note ? Et comment on traduit ça dans une grille, puis dans l'entreprise ? C'est finalement très... très rigoureux, on se centre sur les compétences et sur rien d'autre. Ce qui est intéressant là-dessus, c'est que, en se disant ça, on n'est pas que sur l'égalité femmes-hommes, on est sur l'ensemble des critères de discrimination. Donc, d'abord, les bonnes pratiques, c'est d'abord comment, sur l'ensemble du process, on prévoit des règles. Et après, c'est une question de posture, une question de culture, où finalement, c'est comment on apprend à être dans une posture d'écoute toujours un peu distanciée. L'exemple type, c'est l'humour. Moi, j'aime bien rire, j'aime bien faire des blagues et tout ça, évidemment. Et j'aime bien même faire des compliments. Oui. Voilà. Mais un peu, enfin j'espère. Oui, bien sûr. J'espère un peu. Juste ton... Voilà. Et l'humour, par exemple, et la joie, c'est quand même agréable d'avoir des collègues joyeux, etc. Mais un peu, pour ne donner qu'un exemple, sans ressemblance avec toute personne dans la salle, mais... Ah bah, nous, il y en a deux en plus. Bon, alors... La plaisanterie sur une blonde, ça va. Deux, trois, ça devient quelque chose qui entretient un stéréotype. On arrête là. Et donc, on dit souvent dans les formations, si on fait de l'humour ou si on s'intéresse à l'autre, on va jusqu'à ce que... Ce n'est pas juste se mettre de mon point de vue émetteur. Ce qui compte, c'est comment c'est reçu. Mettre à la place. Voilà. Se méfier de ce qui paraît, de ce qui a toujours été dit, de tout ce qui a toujours été fait, et qui peut avoir... des conséquences quand on en prend conscience. Et ça, c'est la bonne nouvelle. Parce que la bonne nouvelle, moi, ce que je trouve génial sur le job qu'on fait chacun avec des points de vue différents, c'est qu'on progresse toujours. Moi, je m'étonne tout le temps de changer de lunettes, de voir des choses que je ne voyais pas, d'écouter des situations que... Évidemment, je suis donc toujours mieux connecté aux gens que je rencontre parce que je prends la peine de voir des choses que je n'avais pas... pris la peine de voir parce que j'étais conditionné par l'éducation et la société. Bien sûr.

  • Aurore Mayer

    C'est un peu ce qu'on essaye de faire dans notre réseau, c'est d'être en fait qu'à tous les niveaux, tout le monde s'infuse petit à petit et il faut se décomplexer aussi sur le fait d'avoir des stéréotypes. Je pense que vous en êtes d'accord parce qu'on en a tout le temps.

  • Jean-Claude Ester

    Bien sûr. Et on est le produit de son époque aussi. Et je trouve que c'est intéressant collectivement de se dire comment je mets à distance ces informations. Et puis comment on construit tous ensemble une culture, et aujourd'hui la culture, on sent, elle s'impose à nous. Oui, aujourd'hui, par exemple, le mot féministe était, enfin on a encore ça chez les... était péjoratif.

  • Aurore Mayer

    C'est vrai.

  • Jean-Claude Ester

    Aujourd'hui, il peut être même, par contre, vidé de son sens. Exactement. Moi je trouve qu'il faut assumer, je ne sais pas si c'est comme ça que vous faites dans le réseau parité, mais c'est assumer d'être féministe au sens, on se bat pour l'égalité entre les femmes et les hommes, et on se bat. Ça veut dire que ce n'est pas gagné. Ça veut dire aussi qu'il y a des forces contraires. Il y a des forces contraires chez les femmes.

  • Aurore Mayer

    C'est chez les femmes aussi, bien sûr. Vous avez raison, chez les femmes aussi.

  • Jean-Claude Ester

    Le combat féministe est un combat qui vient de loin, qui concerne tout le monde et qu'il faut assumer.

  • Aurore Mayer

    Merci de le dire comme ça, parce que c'est vrai que déjà, c'est rare d'entendre des hommes encore, et même des femmes, vous avez raison. Effectivement, moi, je rencontre pas mal de monde, et souvent, même quand je rencontre des femmes, le premier... L'objection, le premier sentiment qui est donné, c'est de dire Oh là là, moi je ne suis pas féministe, je ne suis pas concernée. Et quand on parle, en fait... Tout le monde est concerné et tout le monde a y gagné. Est-ce que vous ne pensez pas d'ailleurs qu'à travers ces débats et les jeunes générations qui poussent plus quand même pour prendre conscience de cette parole qui se libère, les hommes peuvent aussi prendre des congés paternités, sont un peu plus décomplexés sur le fait qu'on a le droit de pleurer parce qu'on est sensible, parce qu'un film est un peu plus romantique. Les hommes peuvent se permettre des choses qu'ils n'osaient pas aussi, non ?

  • Jean-Claude Ester

    Bien sûr. Déjà, d'une façon générale, on nous gagne tous dans un monde où... où on est régi par l'égalité, par le respect de l'altérité, c'est quand même ça, le bien vivre ensemble, et j'allais dire, je dirais pour la République. Je veux dire, comment... La fraternité qu'on pourrait revendiquer aussi au nom de la sororité, c'est aussi de dire ça, c'est qu'on prend intérêt à rencontrer l'autre, à l'accepter tel qu'il est ou telle qu'elle est, et ensemble, on peut porter quelque chose de plus fort autour des valeurs de liberté et d'égalité. Enfin, on peut se le dire de... de temps en temps que c'est notre modèle français. Et puis oui, on y gagne tous. Alors ça, quand même, il faut se le dire. Il faut se dire deux choses. Évidemment que les hommes gagnent au combat de l'égalité. Alors, comme ça, c'est à moitié vrai. Parce qu'ils perdent les postes. Un jour ou l'autre, il faut appeler un chat-à-chat. Dans un monde où... Alors, il y a encore...

  • Aurore Mayer

    Le président, il assume ça. Il dit à un moment donné où, bon voilà, on va favoriser peut-être des femmes compétentes.

  • Jean-Claude Ester

    Incompétence égale.

  • Aurore Mayer

    Ou plus compétentes.

  • Jean-Claude Ester

    Ou plus compétentes, exactement. Mais après, on y gagne. Quand même, au nom de toutes ces valeurs, finalement, patriarcales, l'entreprise, etc. Quelle tristesse, toutes ces jeunes pères qui n'ont pas établi la relation à l'enfant au moment de la naissance. C'est quand même beau, cette histoire de congé paternité qui se développe en France. Tout le monde a y gagné. D'avoir des relations dans l'entreprise qui ne soient pas... sur des relations à l'ancienne de séduction, de rapports hommes-femmes importés qui ne rendent pas les relations efficaces. Et puis d'une façon plus générale, quelle bêtise. Et je pense que la jeunesse pousse beaucoup là-dessus, on le voit bien, en disant c'est fini le temps où par une injonction de société je vais me priver d'avoir de l'expression sensible ou le droit à la famille. de faire des choses sous prétexte que ce n'était pas ma case. Oui, tout à fait. Donc, je pense que ça, c'est potentiellement un progrès. Et moi, je crois en la jeunesse là-dessus. Mais n'oublions pas que tout mouvement, on est une forme de révolution.

  • Aurore Mayer

    Exactement.

  • Jean-Claude Ester

    Mais tout mouvement implique aussi ses résistances. Exactement. Ce qu'on appelle le backlash. Oui. Le virilisme, je ne sais pas vous, mais le nombre d'hommes qui deviennent agressifs, qui pensent que leur virilité est en cause, que le système est qu'il faut remettre. la femme à la maison et que chacun...

  • Aurore Mayer

    Et les jeunes aussi.

  • Jean-Claude Ester

    Et oui. Et vous avez eu le dernier rapport du Haut-Compte à l'égalité qui dit qu'il faut revenir à la violence. Eh bien, ça veut dire que, vous disiez à un moment, dans l'entreprise, c'est ce qu'on fait dans l'entreprise, mais aussi en rapport à la société. Ça veut dire qu'on a aussi... Tout ça est politique. On est en train d'accompagner un changement sociétal qui concerne l'entreprise, qui concerne l'ensemble de la société. Et c'est intéressant d'avoir des entreprises comme La Poste qui sont comme ça, qui essayent de faire bouger, qui font avancer les choses pour que ça se diffuse. Mais effectivement, c'est un combat collectif de dire, aujourd'hui, c'est une grande cause. C'était la grande cause nationale depuis deux mandats. Ce n'est pas rien, ce n'est pas juste une affirmation politique ou juste un cap. C'est se dire, collectivement, qu'on soit administration, qu'on soit entreprise, qu'on soit association, qu'on soit politique, qu'on soit citoyen. Quel que soit notre poste, on ne peut plus supporter d'être dans des situations d'inégalité dans l'ensemble de la vie quotidienne. C'est un monde ancien. Il faut qu'on tente vers un monde nouveau. Et ça nous concerne tous. C'est une grande cause nationale. Il faut qu'on y aille. Et des échanges comme on a aujourd'hui, on ne les aurait pas eus il y a dix ans. Là, on est dans ce nouveau mouvement qui nous regarde tous. Et c'est extrêmement important parce qu'on prépare quand même la société de demain. Une société qui doit être... plus juste, plus solidaire, et du coup, qui respecte tout le monde, et notamment la sororité, ça me paraît essentiel.

  • Aurore Mayer

    Nous, on y croit beaucoup à La Poste, et c'est vrai qu'on représente la société, on se dit, voilà, des gens d'issues de toutes origines, qui sont partout présents en France, à l'international, de tous les niveaux, donc on y croit beaucoup, et c'est vrai que l'un des enjeux du réseau parité, c'est celui-ci. Jean-Claude, est-ce que vous êtes optimiste sur la suite ?

  • Jean-Claude Ester

    Oui, pardon, mais j'allais dire... Hum... Je suis optimiste parce que c'est une force en marche, je l'ai dit tout à l'heure. Évidemment, là, on sent des résistances, il y a des questions qui se posent. Mais quand même, quel chemin parcouru quand on reprend l'histoire du droit des femmes. Moi, j'ai mon âge, certes, mais quand je suis né, ma mère n'avait pas le droit d'avoir un... un carnet de chèques. C'est fou. Ma grand-mère est née avant 44 et donc, elle n'a pas le droit de vote. Aujourd'hui, le taux d'emploi des femmes est encore 10 points inférieur à celui des hommes et à plus de 70%, aujourd'hui, les femmes travaillent. Moi, je me rappelle très bien, dans toute la société, quand on était plus jeunes, je me suis dit, bien sûr, je ne suis pas canonique quand même. On se demandait, est-ce que c'est bien que la femme travaille ? Est-ce qu'on considérait que ça devait être un second salaire ? On avait oublié le combat essentiel pour l'autonomie.

  • Aurore Mayer

    D'où cette différence salariale qu'on constate encore aujourd'hui. Alors à la poste, on a fait vraiment des efforts. On arrive maintenant, les hommes et les femmes, il y a même une femme qui gagne un peu plus en moyenne. Après, il faut qu'on regarde, parce que selon les strates, il faut qu'on arrive à avoir des femmes aussi dans les postes les plus importants. Et donc, ça, ça permettra d'avoir une égalité parfaite à tous les niveaux. Mais effectivement, on se traîne cette histoire aussi, comme vous disiez, d'un second salaire, d'un salaire d'appoint, d'un salaire moindre, d'un emploi un peu moins important, même si elles faisaient les mêmes choses.

  • Jean-Claude Ester

    Mais bien sûr, bien sûr. Alors, oui et non, parce que du coup, aujourd'hui, les inégalités de salaire entre les femmes et les hommes, c'est un, le rapport au temps partiel.

  • Aurore Mayer

    Oui.

  • Jean-Claude Ester

    Avec l'idée qu'on est encore dans la représentation que pour élever un enfant, c'est plutôt la femme qui doit se mettre à temps partiel et renoncer à une partie de sa carrière, pourquoi pas si c'est un choix plein et entier ? Mais si c'est en fait parce que collectivement on ne sait pas organiser la prise en compte de l'enfant, c'est peut-être avec des crèches, avec des horaires adaptés, avec des entreprises qui s'adaptent, c'est peut-être pas une bonne chose. Et ça, il y a un enjeu collectif. Je dis souvent, c'est comme le proverbe africain, il faut tout un village pour élever un enfant. Ce n'est pas que l'histoire de la mère ou du père, c'est aussi comment collectivement on s'organise. Donc un, le temps partiel, et deux, le type de filière. C'est-à-dire qu'on a une surreprésentation des femmes dans des carrières du social, de l'humain, de la relation, qui comme par hasard sont celles qui sont moins payées. Donc on a... C'est ce phénomène où tout ça, derrière, c'est la représentation qu'on a de la femme. Et en fait, c'est pour ça que travailler à une grosse échelle comme celle de la poste, je transforme mes stéréotypes, je sors de ça, par les enfants peut-être, des postiers et des postières. C'est aussi se dire, oui, tu peux être aussi sur un poste traditionnellement, tu peux aller dans des carrières scientifiques, tu peux aller dans des carrières qu'on attribue aux hommes, c'est fini stéréotype, et tu peux être un homme et vouloir... t'occuper d'enfants, de personnes âgées, aider dans les ressources humaines. Voilà. Il y a des enjeux collectifs. Et tout ça rend positif parce que oui, c'est une force en marche où les femmes et les hommes gagnent et on a une conscience de dire, je crois collectivement que les enjeux d'égalité entre les femmes et les hommes sont importants. Mais il faut aussi se poser la question à l'échelle du monde.

  • Aurore Mayer

    Ah oui.

  • Jean-Claude Ester

    Quand même, comment ne pas penser aux femmes iraniennes, aux femmes afghanes ?

  • Aurore Mayer

    C'était un très beau reportage, là, récemment, notamment sur les femmes iraniennes, les femmes afghanes, effectivement. Et quand on regarde quand même dans l'histoire, il n'y a pas longtemps, ces femmes-là étaient habillées comme moi, elles allaient à l'école, les petites jeunes femmes.

  • Jean-Claude Ester

    Et qu'est-ce qu'on fait ? Ben oui, on enferme les petites filles, on les prive d'éducation, on les remet dans la sphère privée. Donc ça veut dire aussi que quand on se bat pour dire une femme... est en situation de travail, n'est pas condamné juste à s'occuper des enfants, même si elle y prend du plaisir. Ce n'est pas que sa responsabilité, c'est une responsabilité collective. On a aussi un modèle qui est le nôtre et qu'on doit pousser pour affirmer ce modèle républicain. Je crois que c'est un enjeu du réseau.

  • Aurore Mayer

    Vous parlez du modèle, Jean-Claude. Est-ce que vous, vous avez un rôle modèle qui vous a inspiré ?

  • Jean-Claude Ester

    Je ne sais pas vous, moi... Je le vois dans mes expériences sur le terrain. J'aurais presque envie de dire, quand on fait des expositions, des rencontres, moi je suis toujours bluffé par les femmes qu'on peut rencontrer, comme ça, comme on le fait aujourd'hui, qui commencent toujours, quasiment toujours en disant, vous savez, moi je suis le préfet, monsieur le préfet, je ne suis pas, je ne mérite pas, ce n'est pas si intéressant que ça. Ils vous racontent des histoires d'engagement, de capacité à porter, à se battre contre des difficultés, à être solidaire. qui me bluffent tout le temps. Et je ne veux pas essentialiser, ce serait contraire à tout ce que j'ai dit, les femmes en tant que telles. Mais moi, je suis surpris de toutes ces héroïnes du quotidien qui font bouger les choses de façon incroyable, avec une énergie forte. Et là, il y a le biais féminin, c'est que toujours dans la discrétion, en se mettant en second plan, ça, il faut que ça change, il faut qu'on donne à voir.

  • Aurore Mayer

    Merci beaucoup, Jean-Claude Bessert, c'était vraiment passionnant. Je vous dis à bientôt pour une prochaine... émission de réseau parité 1 à 1 du groupe La Poste.

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Description

Dans cet épisode, Jean-Claude Ester, délégué départemental aux droits des femmes et à l'égalité femmes-hommes dans la Somme, nous parle de son engagement et explique pourquoi les hommes ont intérêt à s’engager aussi en faveur de la parité.


« À part égale » une série de podcast animée par Aurore Mayer, directrice du Réseau Parité Un Une du groupe La Poste qui inspire, fait réfléchir et avancer la parité pour un monde plus juste.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Aurore Mayer

    Bonjour et bienvenue dans l'émission À part égale, l'émission du réseau parité du groupe La Poste. Et j'ai aujourd'hui la joie d'accueillir Jean-Claude Ester. Jean-Claude Ester, bonjour. Bonjour. Vous êtes délégué départemental à l'égalité femmes-hommes dans la Somme, dans les Hauts-de-France. D'ailleurs, c'est un poste, vous avez été longtemps le seul homme, mais je crois que maintenant vous êtes deux.

  • Jean-Claude Ester

    C'est ça. C'est un poste qui est essentiellement porté par les femmes. On voit ce... poser la question pourquoi, mais en tout cas, c'est rare d'avoir un homme délégué départemental aux droits des femmes, c'est vrai.

  • Aurore Mayer

    J'ai envie d'ailleurs de vous poser cette question, qu'on a certainement dû vous poser. Est-ce que l'on peut être un homme et s'engager en faveur de la parité, selon vous ?

  • Jean-Claude Ester

    Ah ben, heureusement, aucun doute. Ça dépend avec quelle casquette vous me demandez ça. Si c'est ma casquette professionnelle de délégué du préfet, oui, évidemment, puisqu'on applique une politique, et la politique, j'ai coutume à dire, devant vous, il n'y a pas un homme, il n'y a pas une femme, mais il y a un fonctionnaire qui applique une politique. Et si c'est à titre plus personnel, parce qu'évidemment, tout ça se croise, évidemment qu'on doit tous et toutes être féministes, C'est-à-dire être conscient qu'il faut se battre pour l'égalité entre les femmes et les hommes. Et pour continuer là-dessus, c'est évidemment un combat qui a son histoire, le combat féministe. Mais dans l'histoire, on en est aujourd'hui à un moment où on se dit que tout ça profite autant aux hommes qu'aux femmes. Et évidemment que le combat féministe est aussi un combat pour les hommes, sans que les hommes substituent au combat des femmes, mais en assumant le fait que... les progrès pour l'égalité profitent à tous. Et puis, on se dégage de toutes les histoires de virilité toxique et de tout ce qu'on peut se priver quand on est un homme au nom des injonctions de la société.

  • Aurore Mayer

    Les sujets d'égalité, nous, à La Poste, c'est vrai qu'on fait très attention à ça. Évidemment, on a 240 000 personnes, des femmes, des hommes. D'ailleurs, on a 52 de femmes, donc on a bien plus de femmes. Mais on sent que les enjeux se situent à tous les niveaux. Et c'est vrai que cette égalité... Vous le dites très justement et je sais que vous, vous avez été très engagé dans le sujet de l'égalité au sens large depuis votre tendre enfance, j'ai envie de dire. Oui, c'est vrai. Expliquez-nous un peu d'où ça vient.

  • Jean-Claude Ester

    Toute ma carrière, finalement, a été marquée par le fil rouge de l'égalité. Et évidemment que ça vient probablement avec le recul, on se le dit, de l'enfance et d'avoir été élevé dans une banlieue populaire qui était déjà avec beaucoup de diversité présente. Et évidemment qu'on prend... le goût de rencontrer l'autre dans ses différences et dans nos points communs et de se dire après qu'on va un peu à l'extérieur et qu'on subit des injustices parce que le copain a telle peau, parce qu'il est coiffé comme ça, parce que la copine n'a pas... et rentre pas dans la norme, on vit ça comme une injustice parce qu'on a vécu dans un monde où on s'acceptait dans nos différences diverses. Je crois que très très tôt, le combat pour l'égalité est venu du fait d'être effectivement avoir eu la chance d'être élevé dans un milieu très divers, ça m'a guidé avec le recul comme une nécessité. Se battre contre cette forme d'injustice qui est celle de nier l'égalité.

  • Aurore Mayer

    Le combat contre l'injustice, c'est vrai que nous, c'est vraiment, moi je prends souvent ce sujet, je dis l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, c'est un sujet d'humanisme, d'humanité, d'égalité, de justice sociale, ce que vous dites, très justement. Et effectivement, souvent on a ces débats, on entend, peut-on être légitime quand on est par exemple une femme blonde pour défendre le racisme ? Et du coup, est-ce qu'on est légitime en tant qu'homme pour s'engager sur la parité ? Il y a beaucoup d'hommes aujourd'hui dans l'entreprise qu'on entend, on entend une petite voix qui dit, il y a un peu la genteur fatigue, on fait tout pour les femmes et nous les hommes, on est laissés de côté. Qu'est-ce que vous avez envie de leur dire à ces hommes et aux femmes sur ces sujets ?

  • Jean-Claude Ester

    Pourquoi faut-il ? incarner les gens pour lesquels on se bat. Par exemple, moi je suis délégué au droit des femmes, et je raconte souvent qu'on ne demande jamais à mes collègues de la jeunesse et les sports d'être jeunes et sportifs. Pourquoi ? Parce que sur la femme, il faudrait l'incarner. Ce qui compte, c'est vrai pour tout. Ce n'est pas d'incarner, c'est quelles actions on mène. Moi, j'ai travaillé beaucoup aussi sur la question de la lutte contre les discriminations, de l'écoute de toutes les diversités. Il n'y a pas besoin de... de ressembler aux personnes. Ce qui compte, c'est la capacité d'écouter et la capacité d'agir concrètement pour transformer les choses. Et sur les questions de parité, c'est ça qui compte, c'est quelles actions on mène pour régler les choses. Et si on est dans une entreprise comme La Poste, ce qui compte, c'est bien d'avoir des affirmations. Mais ce qui compte, c'est effectivement comment on fait. sur l'évolution de salaire, comment on fait sur l'évolution de carrière, comment on recrute différemment, comment on réfléchit au management. Donc ça, je pense que, un, c'est la base. Et deux... C'est vrai qu'au-delà des fonctions qu'on peut avoir les uns et les autres, on est aussi vu et on a notre histoire qu'on porte par mille manières, par nos attitudes, par notre langage corporel, etc. Donc la question, si on est là sur l'égalité femmes-hommes, c'est, moi, c'est clair qu'en tant qu'homme, je me positionne, comme on le dit ailleurs, comme allié. Et surtout quand on est sur une fonction où il y a une dimension de représentation comme la mienne, moi je ne parle pas au nom des femmes, je ne porte pas la cause des femmes. je porte une politique publique et si je prends la parole je fais toujours attention d'être allié des femmes d'être aux côtés des femmes mais ne pas faire un s'appelle le manspinning c'est à dire je parle à la place d'eux et puis d'un seul coup il ya dix femmes et puis on va dire oui mais regardez l'homme aussi les voilà on entend souvent ça oui c'est vrai ça c'est pas mon quotidien mais moi notamment sur des sujets plus graves comme les violences on dit un moment on on va dire, oui mais les hommes, vous savez, 10%, les hommes aussi. Là-dessus, je raconte toujours un peu la même chose, c'est de dire, on est dans une société telle qu'elle est aujourd'hui, où les hommes ont toute leur place partout. Pas d'inquiétude ! Les hommes dominent les directions de toutes les entreprises et des administrations globalement, même si on a eu une femme Premier ministre et on a des ministres, mais voilà, mais dominent dans toute notre société, tout est organisé autour de l'homme. Donc il y a encore énormément d'espace. Donc si on libère des espaces, Et si des espaces sont pris par les femmes pour affirmer toutes leurs paroles et leurs spécificités, un, laissons-leur pleinement, déjà, et deux, n'allons pas porter des combats qui sont sans proportion avec l'état actuel de notre société, qui reste très patriarcal. Ça va. Alors, il y a des moments où les hommes sont en situation de minorité. Ça ne veut pas dire... Clairement, sur les questions de violence, intra-familial, violence conjugale. Évidemment qu'il y a aussi des hommes qui meurent dans ces situations, une dizaine par an. On est à une centaine de femmes, on n'est pas dans les mêmes proportions, il ne s'agit pas de nier des réalités, mais se battre pour l'égalité, c'est un combat qui positionne l'homme autrement. C'est vrai qu'après, on est avec des enjeux où il faut, où les codes bougent, où les lignes bougent. Et ça oblige chacun. à changer de posture. Oui. Et ça, je comprends que ça puisse déstabiliser quand on a eu un modèle familial, voilà, qu'il faut aujourd'hui réinterpeller.

  • Aurore Mayer

    Mais est-ce que vous ne pensez pas aussi, enfin, nous, en tout cas, on a un réseau parité, il y a autant d'hommes que de femmes. Donc, on essaye, en tout cas, et ce sont des hommes comme vous, qui sont engagés, qui disent, on est des alliés, on ne se sent pas en risque, ou en tout cas, à perdre quelque chose, finalement, puisque... C'est quand même la compétence qui prime. Et d'ailleurs, la compétence, vous l'avez dit vous très justement, vous êtes positionnée sur ce poste qui est plutôt occupé par des femmes. Vous avez dit, mais j'ai tout à fait les compétences pour. Tout mon parcours professionnel m'a amenée là. Et finalement, mon histoire, sans même que je m'en rende compte, elle m'a amenée à occuper ce poste. Et c'est ce qu'on essaye de montrer à travers du réseau Parité, c'est qu'on soit un homme ou une femme, si on a les compétences pour et qu'on a envie d'y aller, on doit avoir les mêmes chances d'y aller. C'est un peu ça en tout cas qu'on essaye de montrer.

  • Jean-Claude Ester

    Mais on est un peu dans le vie-ma-vie. C'est-à-dire que moi je suis en situation d'expliquer, vous savez je suis sur ce poste mais c'est parce que je suis compétent. Avouons que ça, c'est pas toujours le quotidien d'un homme qui a été recruté, c'est à coup sûr le quotidien des femmes quand elles atteignent des postes à responsabilité. Il va falloir en petite musique qu'elles expliquent qu'elles sont effectivement compétentes, qu'elles négocient le fait qu'elles sont promues mais pas pour autant en faisant deux ou trois postes. Et puis, effectivement, qu'elles n'ont pas eu besoin d'agir sur leur charme et que ce n'est pas la féminité, ni même les enjeux de parité. C'est des compétents. Bien sûr. Je parle de contrôle, mais je pense que les femmes sont tout le temps en train d'être dans cette justification directe ou avec cette petite musique derrière. Évidemment, quand on a été élevées comme un petit garçon, on nous a toujours appris à prendre notre place et de trouver ça normal. que de progresser, etc. On a cet héritage-là, alors effectivement, ça oblige certainement des deux côtés, les femmes à assumer le fait de prendre les choses sans avoir à se justifier, et puis les hommes, y compris dans leur recrutement, dans la manière de voir arriver quelqu'un dans un encadrement supérieur, de ne pas se polluer par des arguments prétextes qui n'iraient le fait de la compétence. Mais ça oblige à ce que l'organisation soit quand même garante de ça. Oui. C'est-à-dire qu'il faut être sûr que dans le process de recrutement, que c'est bien en fonction des compétences que les choix ont été faits. Si c'est le fait du prince ou de la princesse, ça ne marche pas. D'accord. Voilà. Donc c'est d'abord une confiance en l'organisation. Et puis après, il faut que chacun accepte de se retrouver dans le cadre professionnel sur de la compétence et de la relation professionnelle, rien d'autre.

  • Aurore Mayer

    Jean-Claude, vous avez parlé des stéréotypes, de genre on essaye vraiment de lutter contre ça, en tout cas au réseau parité notamment. On essaye de travailler, de faire prendre conscience aussi, parce qu'on a des stéréotypes inconscients, on en a tous. On a des biais de par notre enfance, comme vous le disiez. Et sur les compétences, on essaye, en tout cas, dans nos appels à candidature, à mettre tous les postes, par exemple, directrice ou directeur, assistant ou assistante, etc. Est-ce que vous, vous avez des bonnes pratiques d'autres entreprises ? Vous êtes très engagé sur ce sujet ou d'inspiration. Vous pourriez nous donner des clés sur lesquelles on pourrait aller plus loin et vraiment permettre cette parité à tous les niveaux ?

  • Jean-Claude Ester

    En fait, sur ces questions-là, je pense qu'il y a différents niveaux. Il y a d'abord comment on met des procédures, voilà, très démarche qualité. qui garantissent l'égalité de traitement. Ça veut dire par exemple, dans un recrutement, comment on objective le recrutement en neutralisant tout ce qui peut être appréciation subjective et est-ce qu'il faut pour telle formation un BTS technique ? Oui, non. Est-ce qu'il faut de l'expérience ? Pourquoi il faut de l'expérience ? Pourquoi on réclame ça ? Est-ce qu'il faut des compétences et des retours ? Et comment on les évalue ? Comment on les note ? Et comment on traduit ça dans une grille, puis dans l'entreprise ? C'est finalement très... très rigoureux, on se centre sur les compétences et sur rien d'autre. Ce qui est intéressant là-dessus, c'est que, en se disant ça, on n'est pas que sur l'égalité femmes-hommes, on est sur l'ensemble des critères de discrimination. Donc, d'abord, les bonnes pratiques, c'est d'abord comment, sur l'ensemble du process, on prévoit des règles. Et après, c'est une question de posture, une question de culture, où finalement, c'est comment on apprend à être dans une posture d'écoute toujours un peu distanciée. L'exemple type, c'est l'humour. Moi, j'aime bien rire, j'aime bien faire des blagues et tout ça, évidemment. Et j'aime bien même faire des compliments. Oui. Voilà. Mais un peu, enfin j'espère. Oui, bien sûr. J'espère un peu. Juste ton... Voilà. Et l'humour, par exemple, et la joie, c'est quand même agréable d'avoir des collègues joyeux, etc. Mais un peu, pour ne donner qu'un exemple, sans ressemblance avec toute personne dans la salle, mais... Ah bah, nous, il y en a deux en plus. Bon, alors... La plaisanterie sur une blonde, ça va. Deux, trois, ça devient quelque chose qui entretient un stéréotype. On arrête là. Et donc, on dit souvent dans les formations, si on fait de l'humour ou si on s'intéresse à l'autre, on va jusqu'à ce que... Ce n'est pas juste se mettre de mon point de vue émetteur. Ce qui compte, c'est comment c'est reçu. Mettre à la place. Voilà. Se méfier de ce qui paraît, de ce qui a toujours été dit, de tout ce qui a toujours été fait, et qui peut avoir... des conséquences quand on en prend conscience. Et ça, c'est la bonne nouvelle. Parce que la bonne nouvelle, moi, ce que je trouve génial sur le job qu'on fait chacun avec des points de vue différents, c'est qu'on progresse toujours. Moi, je m'étonne tout le temps de changer de lunettes, de voir des choses que je ne voyais pas, d'écouter des situations que... Évidemment, je suis donc toujours mieux connecté aux gens que je rencontre parce que je prends la peine de voir des choses que je n'avais pas... pris la peine de voir parce que j'étais conditionné par l'éducation et la société. Bien sûr.

  • Aurore Mayer

    C'est un peu ce qu'on essaye de faire dans notre réseau, c'est d'être en fait qu'à tous les niveaux, tout le monde s'infuse petit à petit et il faut se décomplexer aussi sur le fait d'avoir des stéréotypes. Je pense que vous en êtes d'accord parce qu'on en a tout le temps.

  • Jean-Claude Ester

    Bien sûr. Et on est le produit de son époque aussi. Et je trouve que c'est intéressant collectivement de se dire comment je mets à distance ces informations. Et puis comment on construit tous ensemble une culture, et aujourd'hui la culture, on sent, elle s'impose à nous. Oui, aujourd'hui, par exemple, le mot féministe était, enfin on a encore ça chez les... était péjoratif.

  • Aurore Mayer

    C'est vrai.

  • Jean-Claude Ester

    Aujourd'hui, il peut être même, par contre, vidé de son sens. Exactement. Moi je trouve qu'il faut assumer, je ne sais pas si c'est comme ça que vous faites dans le réseau parité, mais c'est assumer d'être féministe au sens, on se bat pour l'égalité entre les femmes et les hommes, et on se bat. Ça veut dire que ce n'est pas gagné. Ça veut dire aussi qu'il y a des forces contraires. Il y a des forces contraires chez les femmes.

  • Aurore Mayer

    C'est chez les femmes aussi, bien sûr. Vous avez raison, chez les femmes aussi.

  • Jean-Claude Ester

    Le combat féministe est un combat qui vient de loin, qui concerne tout le monde et qu'il faut assumer.

  • Aurore Mayer

    Merci de le dire comme ça, parce que c'est vrai que déjà, c'est rare d'entendre des hommes encore, et même des femmes, vous avez raison. Effectivement, moi, je rencontre pas mal de monde, et souvent, même quand je rencontre des femmes, le premier... L'objection, le premier sentiment qui est donné, c'est de dire Oh là là, moi je ne suis pas féministe, je ne suis pas concernée. Et quand on parle, en fait... Tout le monde est concerné et tout le monde a y gagné. Est-ce que vous ne pensez pas d'ailleurs qu'à travers ces débats et les jeunes générations qui poussent plus quand même pour prendre conscience de cette parole qui se libère, les hommes peuvent aussi prendre des congés paternités, sont un peu plus décomplexés sur le fait qu'on a le droit de pleurer parce qu'on est sensible, parce qu'un film est un peu plus romantique. Les hommes peuvent se permettre des choses qu'ils n'osaient pas aussi, non ?

  • Jean-Claude Ester

    Bien sûr. Déjà, d'une façon générale, on nous gagne tous dans un monde où... où on est régi par l'égalité, par le respect de l'altérité, c'est quand même ça, le bien vivre ensemble, et j'allais dire, je dirais pour la République. Je veux dire, comment... La fraternité qu'on pourrait revendiquer aussi au nom de la sororité, c'est aussi de dire ça, c'est qu'on prend intérêt à rencontrer l'autre, à l'accepter tel qu'il est ou telle qu'elle est, et ensemble, on peut porter quelque chose de plus fort autour des valeurs de liberté et d'égalité. Enfin, on peut se le dire de... de temps en temps que c'est notre modèle français. Et puis oui, on y gagne tous. Alors ça, quand même, il faut se le dire. Il faut se dire deux choses. Évidemment que les hommes gagnent au combat de l'égalité. Alors, comme ça, c'est à moitié vrai. Parce qu'ils perdent les postes. Un jour ou l'autre, il faut appeler un chat-à-chat. Dans un monde où... Alors, il y a encore...

  • Aurore Mayer

    Le président, il assume ça. Il dit à un moment donné où, bon voilà, on va favoriser peut-être des femmes compétentes.

  • Jean-Claude Ester

    Incompétence égale.

  • Aurore Mayer

    Ou plus compétentes.

  • Jean-Claude Ester

    Ou plus compétentes, exactement. Mais après, on y gagne. Quand même, au nom de toutes ces valeurs, finalement, patriarcales, l'entreprise, etc. Quelle tristesse, toutes ces jeunes pères qui n'ont pas établi la relation à l'enfant au moment de la naissance. C'est quand même beau, cette histoire de congé paternité qui se développe en France. Tout le monde a y gagné. D'avoir des relations dans l'entreprise qui ne soient pas... sur des relations à l'ancienne de séduction, de rapports hommes-femmes importés qui ne rendent pas les relations efficaces. Et puis d'une façon plus générale, quelle bêtise. Et je pense que la jeunesse pousse beaucoup là-dessus, on le voit bien, en disant c'est fini le temps où par une injonction de société je vais me priver d'avoir de l'expression sensible ou le droit à la famille. de faire des choses sous prétexte que ce n'était pas ma case. Oui, tout à fait. Donc, je pense que ça, c'est potentiellement un progrès. Et moi, je crois en la jeunesse là-dessus. Mais n'oublions pas que tout mouvement, on est une forme de révolution.

  • Aurore Mayer

    Exactement.

  • Jean-Claude Ester

    Mais tout mouvement implique aussi ses résistances. Exactement. Ce qu'on appelle le backlash. Oui. Le virilisme, je ne sais pas vous, mais le nombre d'hommes qui deviennent agressifs, qui pensent que leur virilité est en cause, que le système est qu'il faut remettre. la femme à la maison et que chacun...

  • Aurore Mayer

    Et les jeunes aussi.

  • Jean-Claude Ester

    Et oui. Et vous avez eu le dernier rapport du Haut-Compte à l'égalité qui dit qu'il faut revenir à la violence. Eh bien, ça veut dire que, vous disiez à un moment, dans l'entreprise, c'est ce qu'on fait dans l'entreprise, mais aussi en rapport à la société. Ça veut dire qu'on a aussi... Tout ça est politique. On est en train d'accompagner un changement sociétal qui concerne l'entreprise, qui concerne l'ensemble de la société. Et c'est intéressant d'avoir des entreprises comme La Poste qui sont comme ça, qui essayent de faire bouger, qui font avancer les choses pour que ça se diffuse. Mais effectivement, c'est un combat collectif de dire, aujourd'hui, c'est une grande cause. C'était la grande cause nationale depuis deux mandats. Ce n'est pas rien, ce n'est pas juste une affirmation politique ou juste un cap. C'est se dire, collectivement, qu'on soit administration, qu'on soit entreprise, qu'on soit association, qu'on soit politique, qu'on soit citoyen. Quel que soit notre poste, on ne peut plus supporter d'être dans des situations d'inégalité dans l'ensemble de la vie quotidienne. C'est un monde ancien. Il faut qu'on tente vers un monde nouveau. Et ça nous concerne tous. C'est une grande cause nationale. Il faut qu'on y aille. Et des échanges comme on a aujourd'hui, on ne les aurait pas eus il y a dix ans. Là, on est dans ce nouveau mouvement qui nous regarde tous. Et c'est extrêmement important parce qu'on prépare quand même la société de demain. Une société qui doit être... plus juste, plus solidaire, et du coup, qui respecte tout le monde, et notamment la sororité, ça me paraît essentiel.

  • Aurore Mayer

    Nous, on y croit beaucoup à La Poste, et c'est vrai qu'on représente la société, on se dit, voilà, des gens d'issues de toutes origines, qui sont partout présents en France, à l'international, de tous les niveaux, donc on y croit beaucoup, et c'est vrai que l'un des enjeux du réseau parité, c'est celui-ci. Jean-Claude, est-ce que vous êtes optimiste sur la suite ?

  • Jean-Claude Ester

    Oui, pardon, mais j'allais dire... Hum... Je suis optimiste parce que c'est une force en marche, je l'ai dit tout à l'heure. Évidemment, là, on sent des résistances, il y a des questions qui se posent. Mais quand même, quel chemin parcouru quand on reprend l'histoire du droit des femmes. Moi, j'ai mon âge, certes, mais quand je suis né, ma mère n'avait pas le droit d'avoir un... un carnet de chèques. C'est fou. Ma grand-mère est née avant 44 et donc, elle n'a pas le droit de vote. Aujourd'hui, le taux d'emploi des femmes est encore 10 points inférieur à celui des hommes et à plus de 70%, aujourd'hui, les femmes travaillent. Moi, je me rappelle très bien, dans toute la société, quand on était plus jeunes, je me suis dit, bien sûr, je ne suis pas canonique quand même. On se demandait, est-ce que c'est bien que la femme travaille ? Est-ce qu'on considérait que ça devait être un second salaire ? On avait oublié le combat essentiel pour l'autonomie.

  • Aurore Mayer

    D'où cette différence salariale qu'on constate encore aujourd'hui. Alors à la poste, on a fait vraiment des efforts. On arrive maintenant, les hommes et les femmes, il y a même une femme qui gagne un peu plus en moyenne. Après, il faut qu'on regarde, parce que selon les strates, il faut qu'on arrive à avoir des femmes aussi dans les postes les plus importants. Et donc, ça, ça permettra d'avoir une égalité parfaite à tous les niveaux. Mais effectivement, on se traîne cette histoire aussi, comme vous disiez, d'un second salaire, d'un salaire d'appoint, d'un salaire moindre, d'un emploi un peu moins important, même si elles faisaient les mêmes choses.

  • Jean-Claude Ester

    Mais bien sûr, bien sûr. Alors, oui et non, parce que du coup, aujourd'hui, les inégalités de salaire entre les femmes et les hommes, c'est un, le rapport au temps partiel.

  • Aurore Mayer

    Oui.

  • Jean-Claude Ester

    Avec l'idée qu'on est encore dans la représentation que pour élever un enfant, c'est plutôt la femme qui doit se mettre à temps partiel et renoncer à une partie de sa carrière, pourquoi pas si c'est un choix plein et entier ? Mais si c'est en fait parce que collectivement on ne sait pas organiser la prise en compte de l'enfant, c'est peut-être avec des crèches, avec des horaires adaptés, avec des entreprises qui s'adaptent, c'est peut-être pas une bonne chose. Et ça, il y a un enjeu collectif. Je dis souvent, c'est comme le proverbe africain, il faut tout un village pour élever un enfant. Ce n'est pas que l'histoire de la mère ou du père, c'est aussi comment collectivement on s'organise. Donc un, le temps partiel, et deux, le type de filière. C'est-à-dire qu'on a une surreprésentation des femmes dans des carrières du social, de l'humain, de la relation, qui comme par hasard sont celles qui sont moins payées. Donc on a... C'est ce phénomène où tout ça, derrière, c'est la représentation qu'on a de la femme. Et en fait, c'est pour ça que travailler à une grosse échelle comme celle de la poste, je transforme mes stéréotypes, je sors de ça, par les enfants peut-être, des postiers et des postières. C'est aussi se dire, oui, tu peux être aussi sur un poste traditionnellement, tu peux aller dans des carrières scientifiques, tu peux aller dans des carrières qu'on attribue aux hommes, c'est fini stéréotype, et tu peux être un homme et vouloir... t'occuper d'enfants, de personnes âgées, aider dans les ressources humaines. Voilà. Il y a des enjeux collectifs. Et tout ça rend positif parce que oui, c'est une force en marche où les femmes et les hommes gagnent et on a une conscience de dire, je crois collectivement que les enjeux d'égalité entre les femmes et les hommes sont importants. Mais il faut aussi se poser la question à l'échelle du monde.

  • Aurore Mayer

    Ah oui.

  • Jean-Claude Ester

    Quand même, comment ne pas penser aux femmes iraniennes, aux femmes afghanes ?

  • Aurore Mayer

    C'était un très beau reportage, là, récemment, notamment sur les femmes iraniennes, les femmes afghanes, effectivement. Et quand on regarde quand même dans l'histoire, il n'y a pas longtemps, ces femmes-là étaient habillées comme moi, elles allaient à l'école, les petites jeunes femmes.

  • Jean-Claude Ester

    Et qu'est-ce qu'on fait ? Ben oui, on enferme les petites filles, on les prive d'éducation, on les remet dans la sphère privée. Donc ça veut dire aussi que quand on se bat pour dire une femme... est en situation de travail, n'est pas condamné juste à s'occuper des enfants, même si elle y prend du plaisir. Ce n'est pas que sa responsabilité, c'est une responsabilité collective. On a aussi un modèle qui est le nôtre et qu'on doit pousser pour affirmer ce modèle républicain. Je crois que c'est un enjeu du réseau.

  • Aurore Mayer

    Vous parlez du modèle, Jean-Claude. Est-ce que vous, vous avez un rôle modèle qui vous a inspiré ?

  • Jean-Claude Ester

    Je ne sais pas vous, moi... Je le vois dans mes expériences sur le terrain. J'aurais presque envie de dire, quand on fait des expositions, des rencontres, moi je suis toujours bluffé par les femmes qu'on peut rencontrer, comme ça, comme on le fait aujourd'hui, qui commencent toujours, quasiment toujours en disant, vous savez, moi je suis le préfet, monsieur le préfet, je ne suis pas, je ne mérite pas, ce n'est pas si intéressant que ça. Ils vous racontent des histoires d'engagement, de capacité à porter, à se battre contre des difficultés, à être solidaire. qui me bluffent tout le temps. Et je ne veux pas essentialiser, ce serait contraire à tout ce que j'ai dit, les femmes en tant que telles. Mais moi, je suis surpris de toutes ces héroïnes du quotidien qui font bouger les choses de façon incroyable, avec une énergie forte. Et là, il y a le biais féminin, c'est que toujours dans la discrétion, en se mettant en second plan, ça, il faut que ça change, il faut qu'on donne à voir.

  • Aurore Mayer

    Merci beaucoup, Jean-Claude Bessert, c'était vraiment passionnant. Je vous dis à bientôt pour une prochaine... émission de réseau parité 1 à 1 du groupe La Poste.

Description

Dans cet épisode, Jean-Claude Ester, délégué départemental aux droits des femmes et à l'égalité femmes-hommes dans la Somme, nous parle de son engagement et explique pourquoi les hommes ont intérêt à s’engager aussi en faveur de la parité.


« À part égale » une série de podcast animée par Aurore Mayer, directrice du Réseau Parité Un Une du groupe La Poste qui inspire, fait réfléchir et avancer la parité pour un monde plus juste.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Aurore Mayer

    Bonjour et bienvenue dans l'émission À part égale, l'émission du réseau parité du groupe La Poste. Et j'ai aujourd'hui la joie d'accueillir Jean-Claude Ester. Jean-Claude Ester, bonjour. Bonjour. Vous êtes délégué départemental à l'égalité femmes-hommes dans la Somme, dans les Hauts-de-France. D'ailleurs, c'est un poste, vous avez été longtemps le seul homme, mais je crois que maintenant vous êtes deux.

  • Jean-Claude Ester

    C'est ça. C'est un poste qui est essentiellement porté par les femmes. On voit ce... poser la question pourquoi, mais en tout cas, c'est rare d'avoir un homme délégué départemental aux droits des femmes, c'est vrai.

  • Aurore Mayer

    J'ai envie d'ailleurs de vous poser cette question, qu'on a certainement dû vous poser. Est-ce que l'on peut être un homme et s'engager en faveur de la parité, selon vous ?

  • Jean-Claude Ester

    Ah ben, heureusement, aucun doute. Ça dépend avec quelle casquette vous me demandez ça. Si c'est ma casquette professionnelle de délégué du préfet, oui, évidemment, puisqu'on applique une politique, et la politique, j'ai coutume à dire, devant vous, il n'y a pas un homme, il n'y a pas une femme, mais il y a un fonctionnaire qui applique une politique. Et si c'est à titre plus personnel, parce qu'évidemment, tout ça se croise, évidemment qu'on doit tous et toutes être féministes, C'est-à-dire être conscient qu'il faut se battre pour l'égalité entre les femmes et les hommes. Et pour continuer là-dessus, c'est évidemment un combat qui a son histoire, le combat féministe. Mais dans l'histoire, on en est aujourd'hui à un moment où on se dit que tout ça profite autant aux hommes qu'aux femmes. Et évidemment que le combat féministe est aussi un combat pour les hommes, sans que les hommes substituent au combat des femmes, mais en assumant le fait que... les progrès pour l'égalité profitent à tous. Et puis, on se dégage de toutes les histoires de virilité toxique et de tout ce qu'on peut se priver quand on est un homme au nom des injonctions de la société.

  • Aurore Mayer

    Les sujets d'égalité, nous, à La Poste, c'est vrai qu'on fait très attention à ça. Évidemment, on a 240 000 personnes, des femmes, des hommes. D'ailleurs, on a 52 de femmes, donc on a bien plus de femmes. Mais on sent que les enjeux se situent à tous les niveaux. Et c'est vrai que cette égalité... Vous le dites très justement et je sais que vous, vous avez été très engagé dans le sujet de l'égalité au sens large depuis votre tendre enfance, j'ai envie de dire. Oui, c'est vrai. Expliquez-nous un peu d'où ça vient.

  • Jean-Claude Ester

    Toute ma carrière, finalement, a été marquée par le fil rouge de l'égalité. Et évidemment que ça vient probablement avec le recul, on se le dit, de l'enfance et d'avoir été élevé dans une banlieue populaire qui était déjà avec beaucoup de diversité présente. Et évidemment qu'on prend... le goût de rencontrer l'autre dans ses différences et dans nos points communs et de se dire après qu'on va un peu à l'extérieur et qu'on subit des injustices parce que le copain a telle peau, parce qu'il est coiffé comme ça, parce que la copine n'a pas... et rentre pas dans la norme, on vit ça comme une injustice parce qu'on a vécu dans un monde où on s'acceptait dans nos différences diverses. Je crois que très très tôt, le combat pour l'égalité est venu du fait d'être effectivement avoir eu la chance d'être élevé dans un milieu très divers, ça m'a guidé avec le recul comme une nécessité. Se battre contre cette forme d'injustice qui est celle de nier l'égalité.

  • Aurore Mayer

    Le combat contre l'injustice, c'est vrai que nous, c'est vraiment, moi je prends souvent ce sujet, je dis l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, c'est un sujet d'humanisme, d'humanité, d'égalité, de justice sociale, ce que vous dites, très justement. Et effectivement, souvent on a ces débats, on entend, peut-on être légitime quand on est par exemple une femme blonde pour défendre le racisme ? Et du coup, est-ce qu'on est légitime en tant qu'homme pour s'engager sur la parité ? Il y a beaucoup d'hommes aujourd'hui dans l'entreprise qu'on entend, on entend une petite voix qui dit, il y a un peu la genteur fatigue, on fait tout pour les femmes et nous les hommes, on est laissés de côté. Qu'est-ce que vous avez envie de leur dire à ces hommes et aux femmes sur ces sujets ?

  • Jean-Claude Ester

    Pourquoi faut-il ? incarner les gens pour lesquels on se bat. Par exemple, moi je suis délégué au droit des femmes, et je raconte souvent qu'on ne demande jamais à mes collègues de la jeunesse et les sports d'être jeunes et sportifs. Pourquoi ? Parce que sur la femme, il faudrait l'incarner. Ce qui compte, c'est vrai pour tout. Ce n'est pas d'incarner, c'est quelles actions on mène. Moi, j'ai travaillé beaucoup aussi sur la question de la lutte contre les discriminations, de l'écoute de toutes les diversités. Il n'y a pas besoin de... de ressembler aux personnes. Ce qui compte, c'est la capacité d'écouter et la capacité d'agir concrètement pour transformer les choses. Et sur les questions de parité, c'est ça qui compte, c'est quelles actions on mène pour régler les choses. Et si on est dans une entreprise comme La Poste, ce qui compte, c'est bien d'avoir des affirmations. Mais ce qui compte, c'est effectivement comment on fait. sur l'évolution de salaire, comment on fait sur l'évolution de carrière, comment on recrute différemment, comment on réfléchit au management. Donc ça, je pense que, un, c'est la base. Et deux... C'est vrai qu'au-delà des fonctions qu'on peut avoir les uns et les autres, on est aussi vu et on a notre histoire qu'on porte par mille manières, par nos attitudes, par notre langage corporel, etc. Donc la question, si on est là sur l'égalité femmes-hommes, c'est, moi, c'est clair qu'en tant qu'homme, je me positionne, comme on le dit ailleurs, comme allié. Et surtout quand on est sur une fonction où il y a une dimension de représentation comme la mienne, moi je ne parle pas au nom des femmes, je ne porte pas la cause des femmes. je porte une politique publique et si je prends la parole je fais toujours attention d'être allié des femmes d'être aux côtés des femmes mais ne pas faire un s'appelle le manspinning c'est à dire je parle à la place d'eux et puis d'un seul coup il ya dix femmes et puis on va dire oui mais regardez l'homme aussi les voilà on entend souvent ça oui c'est vrai ça c'est pas mon quotidien mais moi notamment sur des sujets plus graves comme les violences on dit un moment on on va dire, oui mais les hommes, vous savez, 10%, les hommes aussi. Là-dessus, je raconte toujours un peu la même chose, c'est de dire, on est dans une société telle qu'elle est aujourd'hui, où les hommes ont toute leur place partout. Pas d'inquiétude ! Les hommes dominent les directions de toutes les entreprises et des administrations globalement, même si on a eu une femme Premier ministre et on a des ministres, mais voilà, mais dominent dans toute notre société, tout est organisé autour de l'homme. Donc il y a encore énormément d'espace. Donc si on libère des espaces, Et si des espaces sont pris par les femmes pour affirmer toutes leurs paroles et leurs spécificités, un, laissons-leur pleinement, déjà, et deux, n'allons pas porter des combats qui sont sans proportion avec l'état actuel de notre société, qui reste très patriarcal. Ça va. Alors, il y a des moments où les hommes sont en situation de minorité. Ça ne veut pas dire... Clairement, sur les questions de violence, intra-familial, violence conjugale. Évidemment qu'il y a aussi des hommes qui meurent dans ces situations, une dizaine par an. On est à une centaine de femmes, on n'est pas dans les mêmes proportions, il ne s'agit pas de nier des réalités, mais se battre pour l'égalité, c'est un combat qui positionne l'homme autrement. C'est vrai qu'après, on est avec des enjeux où il faut, où les codes bougent, où les lignes bougent. Et ça oblige chacun. à changer de posture. Oui. Et ça, je comprends que ça puisse déstabiliser quand on a eu un modèle familial, voilà, qu'il faut aujourd'hui réinterpeller.

  • Aurore Mayer

    Mais est-ce que vous ne pensez pas aussi, enfin, nous, en tout cas, on a un réseau parité, il y a autant d'hommes que de femmes. Donc, on essaye, en tout cas, et ce sont des hommes comme vous, qui sont engagés, qui disent, on est des alliés, on ne se sent pas en risque, ou en tout cas, à perdre quelque chose, finalement, puisque... C'est quand même la compétence qui prime. Et d'ailleurs, la compétence, vous l'avez dit vous très justement, vous êtes positionnée sur ce poste qui est plutôt occupé par des femmes. Vous avez dit, mais j'ai tout à fait les compétences pour. Tout mon parcours professionnel m'a amenée là. Et finalement, mon histoire, sans même que je m'en rende compte, elle m'a amenée à occuper ce poste. Et c'est ce qu'on essaye de montrer à travers du réseau Parité, c'est qu'on soit un homme ou une femme, si on a les compétences pour et qu'on a envie d'y aller, on doit avoir les mêmes chances d'y aller. C'est un peu ça en tout cas qu'on essaye de montrer.

  • Jean-Claude Ester

    Mais on est un peu dans le vie-ma-vie. C'est-à-dire que moi je suis en situation d'expliquer, vous savez je suis sur ce poste mais c'est parce que je suis compétent. Avouons que ça, c'est pas toujours le quotidien d'un homme qui a été recruté, c'est à coup sûr le quotidien des femmes quand elles atteignent des postes à responsabilité. Il va falloir en petite musique qu'elles expliquent qu'elles sont effectivement compétentes, qu'elles négocient le fait qu'elles sont promues mais pas pour autant en faisant deux ou trois postes. Et puis, effectivement, qu'elles n'ont pas eu besoin d'agir sur leur charme et que ce n'est pas la féminité, ni même les enjeux de parité. C'est des compétents. Bien sûr. Je parle de contrôle, mais je pense que les femmes sont tout le temps en train d'être dans cette justification directe ou avec cette petite musique derrière. Évidemment, quand on a été élevées comme un petit garçon, on nous a toujours appris à prendre notre place et de trouver ça normal. que de progresser, etc. On a cet héritage-là, alors effectivement, ça oblige certainement des deux côtés, les femmes à assumer le fait de prendre les choses sans avoir à se justifier, et puis les hommes, y compris dans leur recrutement, dans la manière de voir arriver quelqu'un dans un encadrement supérieur, de ne pas se polluer par des arguments prétextes qui n'iraient le fait de la compétence. Mais ça oblige à ce que l'organisation soit quand même garante de ça. Oui. C'est-à-dire qu'il faut être sûr que dans le process de recrutement, que c'est bien en fonction des compétences que les choix ont été faits. Si c'est le fait du prince ou de la princesse, ça ne marche pas. D'accord. Voilà. Donc c'est d'abord une confiance en l'organisation. Et puis après, il faut que chacun accepte de se retrouver dans le cadre professionnel sur de la compétence et de la relation professionnelle, rien d'autre.

  • Aurore Mayer

    Jean-Claude, vous avez parlé des stéréotypes, de genre on essaye vraiment de lutter contre ça, en tout cas au réseau parité notamment. On essaye de travailler, de faire prendre conscience aussi, parce qu'on a des stéréotypes inconscients, on en a tous. On a des biais de par notre enfance, comme vous le disiez. Et sur les compétences, on essaye, en tout cas, dans nos appels à candidature, à mettre tous les postes, par exemple, directrice ou directeur, assistant ou assistante, etc. Est-ce que vous, vous avez des bonnes pratiques d'autres entreprises ? Vous êtes très engagé sur ce sujet ou d'inspiration. Vous pourriez nous donner des clés sur lesquelles on pourrait aller plus loin et vraiment permettre cette parité à tous les niveaux ?

  • Jean-Claude Ester

    En fait, sur ces questions-là, je pense qu'il y a différents niveaux. Il y a d'abord comment on met des procédures, voilà, très démarche qualité. qui garantissent l'égalité de traitement. Ça veut dire par exemple, dans un recrutement, comment on objective le recrutement en neutralisant tout ce qui peut être appréciation subjective et est-ce qu'il faut pour telle formation un BTS technique ? Oui, non. Est-ce qu'il faut de l'expérience ? Pourquoi il faut de l'expérience ? Pourquoi on réclame ça ? Est-ce qu'il faut des compétences et des retours ? Et comment on les évalue ? Comment on les note ? Et comment on traduit ça dans une grille, puis dans l'entreprise ? C'est finalement très... très rigoureux, on se centre sur les compétences et sur rien d'autre. Ce qui est intéressant là-dessus, c'est que, en se disant ça, on n'est pas que sur l'égalité femmes-hommes, on est sur l'ensemble des critères de discrimination. Donc, d'abord, les bonnes pratiques, c'est d'abord comment, sur l'ensemble du process, on prévoit des règles. Et après, c'est une question de posture, une question de culture, où finalement, c'est comment on apprend à être dans une posture d'écoute toujours un peu distanciée. L'exemple type, c'est l'humour. Moi, j'aime bien rire, j'aime bien faire des blagues et tout ça, évidemment. Et j'aime bien même faire des compliments. Oui. Voilà. Mais un peu, enfin j'espère. Oui, bien sûr. J'espère un peu. Juste ton... Voilà. Et l'humour, par exemple, et la joie, c'est quand même agréable d'avoir des collègues joyeux, etc. Mais un peu, pour ne donner qu'un exemple, sans ressemblance avec toute personne dans la salle, mais... Ah bah, nous, il y en a deux en plus. Bon, alors... La plaisanterie sur une blonde, ça va. Deux, trois, ça devient quelque chose qui entretient un stéréotype. On arrête là. Et donc, on dit souvent dans les formations, si on fait de l'humour ou si on s'intéresse à l'autre, on va jusqu'à ce que... Ce n'est pas juste se mettre de mon point de vue émetteur. Ce qui compte, c'est comment c'est reçu. Mettre à la place. Voilà. Se méfier de ce qui paraît, de ce qui a toujours été dit, de tout ce qui a toujours été fait, et qui peut avoir... des conséquences quand on en prend conscience. Et ça, c'est la bonne nouvelle. Parce que la bonne nouvelle, moi, ce que je trouve génial sur le job qu'on fait chacun avec des points de vue différents, c'est qu'on progresse toujours. Moi, je m'étonne tout le temps de changer de lunettes, de voir des choses que je ne voyais pas, d'écouter des situations que... Évidemment, je suis donc toujours mieux connecté aux gens que je rencontre parce que je prends la peine de voir des choses que je n'avais pas... pris la peine de voir parce que j'étais conditionné par l'éducation et la société. Bien sûr.

  • Aurore Mayer

    C'est un peu ce qu'on essaye de faire dans notre réseau, c'est d'être en fait qu'à tous les niveaux, tout le monde s'infuse petit à petit et il faut se décomplexer aussi sur le fait d'avoir des stéréotypes. Je pense que vous en êtes d'accord parce qu'on en a tout le temps.

  • Jean-Claude Ester

    Bien sûr. Et on est le produit de son époque aussi. Et je trouve que c'est intéressant collectivement de se dire comment je mets à distance ces informations. Et puis comment on construit tous ensemble une culture, et aujourd'hui la culture, on sent, elle s'impose à nous. Oui, aujourd'hui, par exemple, le mot féministe était, enfin on a encore ça chez les... était péjoratif.

  • Aurore Mayer

    C'est vrai.

  • Jean-Claude Ester

    Aujourd'hui, il peut être même, par contre, vidé de son sens. Exactement. Moi je trouve qu'il faut assumer, je ne sais pas si c'est comme ça que vous faites dans le réseau parité, mais c'est assumer d'être féministe au sens, on se bat pour l'égalité entre les femmes et les hommes, et on se bat. Ça veut dire que ce n'est pas gagné. Ça veut dire aussi qu'il y a des forces contraires. Il y a des forces contraires chez les femmes.

  • Aurore Mayer

    C'est chez les femmes aussi, bien sûr. Vous avez raison, chez les femmes aussi.

  • Jean-Claude Ester

    Le combat féministe est un combat qui vient de loin, qui concerne tout le monde et qu'il faut assumer.

  • Aurore Mayer

    Merci de le dire comme ça, parce que c'est vrai que déjà, c'est rare d'entendre des hommes encore, et même des femmes, vous avez raison. Effectivement, moi, je rencontre pas mal de monde, et souvent, même quand je rencontre des femmes, le premier... L'objection, le premier sentiment qui est donné, c'est de dire Oh là là, moi je ne suis pas féministe, je ne suis pas concernée. Et quand on parle, en fait... Tout le monde est concerné et tout le monde a y gagné. Est-ce que vous ne pensez pas d'ailleurs qu'à travers ces débats et les jeunes générations qui poussent plus quand même pour prendre conscience de cette parole qui se libère, les hommes peuvent aussi prendre des congés paternités, sont un peu plus décomplexés sur le fait qu'on a le droit de pleurer parce qu'on est sensible, parce qu'un film est un peu plus romantique. Les hommes peuvent se permettre des choses qu'ils n'osaient pas aussi, non ?

  • Jean-Claude Ester

    Bien sûr. Déjà, d'une façon générale, on nous gagne tous dans un monde où... où on est régi par l'égalité, par le respect de l'altérité, c'est quand même ça, le bien vivre ensemble, et j'allais dire, je dirais pour la République. Je veux dire, comment... La fraternité qu'on pourrait revendiquer aussi au nom de la sororité, c'est aussi de dire ça, c'est qu'on prend intérêt à rencontrer l'autre, à l'accepter tel qu'il est ou telle qu'elle est, et ensemble, on peut porter quelque chose de plus fort autour des valeurs de liberté et d'égalité. Enfin, on peut se le dire de... de temps en temps que c'est notre modèle français. Et puis oui, on y gagne tous. Alors ça, quand même, il faut se le dire. Il faut se dire deux choses. Évidemment que les hommes gagnent au combat de l'égalité. Alors, comme ça, c'est à moitié vrai. Parce qu'ils perdent les postes. Un jour ou l'autre, il faut appeler un chat-à-chat. Dans un monde où... Alors, il y a encore...

  • Aurore Mayer

    Le président, il assume ça. Il dit à un moment donné où, bon voilà, on va favoriser peut-être des femmes compétentes.

  • Jean-Claude Ester

    Incompétence égale.

  • Aurore Mayer

    Ou plus compétentes.

  • Jean-Claude Ester

    Ou plus compétentes, exactement. Mais après, on y gagne. Quand même, au nom de toutes ces valeurs, finalement, patriarcales, l'entreprise, etc. Quelle tristesse, toutes ces jeunes pères qui n'ont pas établi la relation à l'enfant au moment de la naissance. C'est quand même beau, cette histoire de congé paternité qui se développe en France. Tout le monde a y gagné. D'avoir des relations dans l'entreprise qui ne soient pas... sur des relations à l'ancienne de séduction, de rapports hommes-femmes importés qui ne rendent pas les relations efficaces. Et puis d'une façon plus générale, quelle bêtise. Et je pense que la jeunesse pousse beaucoup là-dessus, on le voit bien, en disant c'est fini le temps où par une injonction de société je vais me priver d'avoir de l'expression sensible ou le droit à la famille. de faire des choses sous prétexte que ce n'était pas ma case. Oui, tout à fait. Donc, je pense que ça, c'est potentiellement un progrès. Et moi, je crois en la jeunesse là-dessus. Mais n'oublions pas que tout mouvement, on est une forme de révolution.

  • Aurore Mayer

    Exactement.

  • Jean-Claude Ester

    Mais tout mouvement implique aussi ses résistances. Exactement. Ce qu'on appelle le backlash. Oui. Le virilisme, je ne sais pas vous, mais le nombre d'hommes qui deviennent agressifs, qui pensent que leur virilité est en cause, que le système est qu'il faut remettre. la femme à la maison et que chacun...

  • Aurore Mayer

    Et les jeunes aussi.

  • Jean-Claude Ester

    Et oui. Et vous avez eu le dernier rapport du Haut-Compte à l'égalité qui dit qu'il faut revenir à la violence. Eh bien, ça veut dire que, vous disiez à un moment, dans l'entreprise, c'est ce qu'on fait dans l'entreprise, mais aussi en rapport à la société. Ça veut dire qu'on a aussi... Tout ça est politique. On est en train d'accompagner un changement sociétal qui concerne l'entreprise, qui concerne l'ensemble de la société. Et c'est intéressant d'avoir des entreprises comme La Poste qui sont comme ça, qui essayent de faire bouger, qui font avancer les choses pour que ça se diffuse. Mais effectivement, c'est un combat collectif de dire, aujourd'hui, c'est une grande cause. C'était la grande cause nationale depuis deux mandats. Ce n'est pas rien, ce n'est pas juste une affirmation politique ou juste un cap. C'est se dire, collectivement, qu'on soit administration, qu'on soit entreprise, qu'on soit association, qu'on soit politique, qu'on soit citoyen. Quel que soit notre poste, on ne peut plus supporter d'être dans des situations d'inégalité dans l'ensemble de la vie quotidienne. C'est un monde ancien. Il faut qu'on tente vers un monde nouveau. Et ça nous concerne tous. C'est une grande cause nationale. Il faut qu'on y aille. Et des échanges comme on a aujourd'hui, on ne les aurait pas eus il y a dix ans. Là, on est dans ce nouveau mouvement qui nous regarde tous. Et c'est extrêmement important parce qu'on prépare quand même la société de demain. Une société qui doit être... plus juste, plus solidaire, et du coup, qui respecte tout le monde, et notamment la sororité, ça me paraît essentiel.

  • Aurore Mayer

    Nous, on y croit beaucoup à La Poste, et c'est vrai qu'on représente la société, on se dit, voilà, des gens d'issues de toutes origines, qui sont partout présents en France, à l'international, de tous les niveaux, donc on y croit beaucoup, et c'est vrai que l'un des enjeux du réseau parité, c'est celui-ci. Jean-Claude, est-ce que vous êtes optimiste sur la suite ?

  • Jean-Claude Ester

    Oui, pardon, mais j'allais dire... Hum... Je suis optimiste parce que c'est une force en marche, je l'ai dit tout à l'heure. Évidemment, là, on sent des résistances, il y a des questions qui se posent. Mais quand même, quel chemin parcouru quand on reprend l'histoire du droit des femmes. Moi, j'ai mon âge, certes, mais quand je suis né, ma mère n'avait pas le droit d'avoir un... un carnet de chèques. C'est fou. Ma grand-mère est née avant 44 et donc, elle n'a pas le droit de vote. Aujourd'hui, le taux d'emploi des femmes est encore 10 points inférieur à celui des hommes et à plus de 70%, aujourd'hui, les femmes travaillent. Moi, je me rappelle très bien, dans toute la société, quand on était plus jeunes, je me suis dit, bien sûr, je ne suis pas canonique quand même. On se demandait, est-ce que c'est bien que la femme travaille ? Est-ce qu'on considérait que ça devait être un second salaire ? On avait oublié le combat essentiel pour l'autonomie.

  • Aurore Mayer

    D'où cette différence salariale qu'on constate encore aujourd'hui. Alors à la poste, on a fait vraiment des efforts. On arrive maintenant, les hommes et les femmes, il y a même une femme qui gagne un peu plus en moyenne. Après, il faut qu'on regarde, parce que selon les strates, il faut qu'on arrive à avoir des femmes aussi dans les postes les plus importants. Et donc, ça, ça permettra d'avoir une égalité parfaite à tous les niveaux. Mais effectivement, on se traîne cette histoire aussi, comme vous disiez, d'un second salaire, d'un salaire d'appoint, d'un salaire moindre, d'un emploi un peu moins important, même si elles faisaient les mêmes choses.

  • Jean-Claude Ester

    Mais bien sûr, bien sûr. Alors, oui et non, parce que du coup, aujourd'hui, les inégalités de salaire entre les femmes et les hommes, c'est un, le rapport au temps partiel.

  • Aurore Mayer

    Oui.

  • Jean-Claude Ester

    Avec l'idée qu'on est encore dans la représentation que pour élever un enfant, c'est plutôt la femme qui doit se mettre à temps partiel et renoncer à une partie de sa carrière, pourquoi pas si c'est un choix plein et entier ? Mais si c'est en fait parce que collectivement on ne sait pas organiser la prise en compte de l'enfant, c'est peut-être avec des crèches, avec des horaires adaptés, avec des entreprises qui s'adaptent, c'est peut-être pas une bonne chose. Et ça, il y a un enjeu collectif. Je dis souvent, c'est comme le proverbe africain, il faut tout un village pour élever un enfant. Ce n'est pas que l'histoire de la mère ou du père, c'est aussi comment collectivement on s'organise. Donc un, le temps partiel, et deux, le type de filière. C'est-à-dire qu'on a une surreprésentation des femmes dans des carrières du social, de l'humain, de la relation, qui comme par hasard sont celles qui sont moins payées. Donc on a... C'est ce phénomène où tout ça, derrière, c'est la représentation qu'on a de la femme. Et en fait, c'est pour ça que travailler à une grosse échelle comme celle de la poste, je transforme mes stéréotypes, je sors de ça, par les enfants peut-être, des postiers et des postières. C'est aussi se dire, oui, tu peux être aussi sur un poste traditionnellement, tu peux aller dans des carrières scientifiques, tu peux aller dans des carrières qu'on attribue aux hommes, c'est fini stéréotype, et tu peux être un homme et vouloir... t'occuper d'enfants, de personnes âgées, aider dans les ressources humaines. Voilà. Il y a des enjeux collectifs. Et tout ça rend positif parce que oui, c'est une force en marche où les femmes et les hommes gagnent et on a une conscience de dire, je crois collectivement que les enjeux d'égalité entre les femmes et les hommes sont importants. Mais il faut aussi se poser la question à l'échelle du monde.

  • Aurore Mayer

    Ah oui.

  • Jean-Claude Ester

    Quand même, comment ne pas penser aux femmes iraniennes, aux femmes afghanes ?

  • Aurore Mayer

    C'était un très beau reportage, là, récemment, notamment sur les femmes iraniennes, les femmes afghanes, effectivement. Et quand on regarde quand même dans l'histoire, il n'y a pas longtemps, ces femmes-là étaient habillées comme moi, elles allaient à l'école, les petites jeunes femmes.

  • Jean-Claude Ester

    Et qu'est-ce qu'on fait ? Ben oui, on enferme les petites filles, on les prive d'éducation, on les remet dans la sphère privée. Donc ça veut dire aussi que quand on se bat pour dire une femme... est en situation de travail, n'est pas condamné juste à s'occuper des enfants, même si elle y prend du plaisir. Ce n'est pas que sa responsabilité, c'est une responsabilité collective. On a aussi un modèle qui est le nôtre et qu'on doit pousser pour affirmer ce modèle républicain. Je crois que c'est un enjeu du réseau.

  • Aurore Mayer

    Vous parlez du modèle, Jean-Claude. Est-ce que vous, vous avez un rôle modèle qui vous a inspiré ?

  • Jean-Claude Ester

    Je ne sais pas vous, moi... Je le vois dans mes expériences sur le terrain. J'aurais presque envie de dire, quand on fait des expositions, des rencontres, moi je suis toujours bluffé par les femmes qu'on peut rencontrer, comme ça, comme on le fait aujourd'hui, qui commencent toujours, quasiment toujours en disant, vous savez, moi je suis le préfet, monsieur le préfet, je ne suis pas, je ne mérite pas, ce n'est pas si intéressant que ça. Ils vous racontent des histoires d'engagement, de capacité à porter, à se battre contre des difficultés, à être solidaire. qui me bluffent tout le temps. Et je ne veux pas essentialiser, ce serait contraire à tout ce que j'ai dit, les femmes en tant que telles. Mais moi, je suis surpris de toutes ces héroïnes du quotidien qui font bouger les choses de façon incroyable, avec une énergie forte. Et là, il y a le biais féminin, c'est que toujours dans la discrétion, en se mettant en second plan, ça, il faut que ça change, il faut qu'on donne à voir.

  • Aurore Mayer

    Merci beaucoup, Jean-Claude Bessert, c'était vraiment passionnant. Je vous dis à bientôt pour une prochaine... émission de réseau parité 1 à 1 du groupe La Poste.

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