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A Poil et Sans Filet

Et si l’argent était le pire ennemi de l’entrepreneur ? - Jean de La Rochebrochard (Kima)

Et si l’argent était le pire ennemi de l’entrepreneur ? - Jean de La Rochebrochard (Kima)

1h32 |30/09/2025
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Description

J’ai demandé à Jean de La Rochebrochard s'il conseillerait à ses enfants de lever s'ils lancent une boîte. Il m’a répondu sans hésiter : “Je leur recommanderais le bootstrap.”

C’est marrant.

Parce que Jean finance 2 à 3 startups par semaine.

Plus de 1000 deals en 10 ans, dont Alan, Payfit ou Zenly.

Des décisions prises en 20 minutes chrono, avec une lucidité glaçante.

Mais quand il parle entrepreneuriat à ses enfants, il les invite à :

- construire dans le dur.

- rester pauvre longtemps pour garder son agilité.

- garder une discipline financière.

Et il m’a lâché cette phrase : “Avec l’argent vient le vice.”

En gros trop de fondateurs ouvrent leur capital pour frimer :

Pour “se payer un runway”

Pour obtenir leur article dans Les Échos

Pour briller dans les dîners où personne ne comprend ce qu’ils font

Mais le capital ne résout pas les problèmes de fond.

Il les déguise.

Et c’est souvent quand tu as levé que tu perds le contrôle.

C’est pour ça que j’ai lancé le Club Bootstrap en 2021 :

+130 dirigeants de startups et PME

Tous profitables

Tous indépendants ( 80% du capital aux fondateurs)

Pas pour jouer les rebelles anti VC.

Mais pour remettre le cap sur le produit, le client, le cash.

Alors j'attendais ce débat avec Jean depuis longtemps.

Parce qu’on a parlé du vrai sujet : Pourquoi entreprendre ?

Et on s’est demandé si, au fond, l’argent n’était pas le pire ennemi de l’entrepreneur.

Hâte d’avoir vos retours sur l’épisode d’A Poil et Sans Filet.

PS : on a aussi parlé de l’homme derrière la machine : ses doutes, ses pires erreurs (d’invest), son syndrome de l’imposteur.

----------------------

⏱️ Timeline de l'épisode ⏱️

00:00 | Introduction

01:03 | Aix : un hub d’entrepreneurs

03:25 | Qui est Jean derrière la human machine ?

05:14 | Est-ce que le ROI justifie tous les sacrifices ?

07:28 | Leçons de la plus grosse plantade de Kima (10M€)

09:33 | D’où est venue la crise de la tech de 2021 ?

12:40 | Le débat : Bootstrap vs Levées

18:02 | L’art de vivre : notre atout en France

22:00 | Le problème de l’enchaînement des tours de levées

27:09 | Que conseillerait-il à ses enfants : bootstrap ou lever ?

33:15 | Le vrai entrepreneuriat : défendre sa vision du monde

38:20 | Le secret de l’investisseur qui réussit : l’indépendance

39:22 | La dernière fois que Jean s’est senti à poil et sans filet

41:29 | Ce qui rend Jean inconfortable

43:40 | Les enfants et la gestion des émotions

48:19 | Vibre dans le futur : force et angoisse de l’entrepreneur

54:20 | Est-ce que Jean est fier de lui ?

56:20 | Pourquoi Xavier Niel en veut toujours plus

59:30 | Ce que préfère Jean dans son métier

1:02:30 | La peur du conflit

1:05:10 | Comment Jean a résolu un conflit d’associé

1:10:28 | L’opposition salarié vs patron

1:13:08 | Sa relation avec Xavier Niel

1:14:50 | Notre lien à TheFamily

1:17:53 | Faut-il que je continue mon podcast ?

1:19:37 | Le plus grand regret de Jean

1:21:13 | Sa définition d’un con


Ma chaîne Youtube (épisodes en vidéo) : @MatthieuLaulan
Pour être sponsor de l'émission : matthieulaulan01@gmail.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les gens disent sur All In More qu'ils ne regrettent pas ce qu'ils ont fait, ils regrettent ce qu'ils n'ont pas fait.

  • Speaker #1

    A la tête de Kim Aventure, le fonds d'amorçage de Xavier Niel, tu as signé plus de 1000 deals.

  • Speaker #0

    Avec l'argent vient le vice, ce n'est pas la meilleure source d'apprentissage. L'apprentissage il est dans le dur, il n'est jamais dans le confort. Cette boîte-là, c'était un investissement énorme et là, tu n'arrêtes pas de ruminer tout ce que tu aurais pu faire pour changer la trajectoire d'une boîte qui avait levé 200 millions d'euros.

  • Speaker #1

    Les levées de fonds, c'est comme les antibiotiques, ce n'est pas automatique.

  • Speaker #0

    J'aime beaucoup. Si tu donnes de l'argent à quelqu'un qui n'a pas appris à le gérer, c'est sûr que ça va mal se passer. On essaie de faire passer pour des américains. Et en fait on est pas des américains, on est des killers sur cette art de vivre. Pourquoi est-ce qu'on défend pas notre artisanat ?

  • Speaker #1

    Pourquoi tu deviens pas investisseur dans l'art de vivre alors ? C'est quoi ta définition d'un con ?

  • Speaker #0

    T'as fait HSC, t'es très articulé sur ton pitch, et t'es un investi comme ça, il s'excite et boum il lui jette de l'argent quoi. Et comme il lui jette de l'argent, tous les copains qui étaient à côté qui ont un peu jeté de l'argent, Il faut qu'on jette de l'argent Xavier il rachète pas des boîtes telco pour l'argent Il rachète des boîtes telco parce que que putain ça l'excite tu vois. Faut apprendre à profiter du moment présent. C'est ne pas subir la pression extérieure, te rappeler que le monde tourne sans toi, que à chaque fois que t'avais des problèmes, en fait les problèmes se solvent.

  • Speaker #1

    Bon écoute Jean, ravi de te revoir, la dernière fois c'était en 2015.

  • Speaker #0

    10 ans, j'imagine.

  • Speaker #1

    Mais tu n'as pas beaucoup changé.

  • Speaker #0

    Écoute, j'espère même avoir essayé de rajeunir.

  • Speaker #1

    Bah c'est un peu le projet quand même, Human Machine, c'est... Est-ce que c'est un peu comme...

  • Speaker #0

    Brian Johnson ?

  • Speaker #1

    Brian Johnson ou...

  • Speaker #0

    Non, pas du tout. C'est assez morbide quand même. Le mec en fait donne son corps à la science. Mais du coup il en oublie sa vie, c'est dommage.

  • Speaker #1

    C'est un peu le délire de la Silicon Valley quand même. Le transhumanisme parfois va un petit peu trop loin, on oublie que c'est la mort qui donne le sel de la vie.

  • Speaker #0

    Tout va un peu trop loin là-bas de toute manière.

  • Speaker #1

    Alors aujourd'hui tu es rentré de week-end ? On a la chance d'avoir ta femme en studio, on peut le dire, qui nous écoute tranquillement.

  • Speaker #0

    Exactement. On devait arriver samedi pour l'anniversaire de sa sœur. Et puis en fait la semaine a été quand même très très très longue parce que lundi il a fallu que j'aille à Toulouse, mardi j'avais 100 pitchs d'entrepreneur, mardi soir je rentrais, jeudi matin je repartais à Paris, jeudi soir je redescendais à Aix-en-Provence, vendredi on avait une séance complète avec Emmanuel Seguet, mon associé chez Cassius de Midané, ensuite je retournais dans le sud et puis je remontais à Paris le samedi. Ça faisait trop, du coup on a décalé du samedi au dimanche, on est arrivé hier, on est là pour la semaine à Paris et ensuite on repart.

  • Speaker #1

    Alors qu'est-ce qui se passe à Aix-en-Provence ? Parce qu'en effet, t'es devenu un hub de start-upeurs, enfin plutôt d'entrepreneurs matures je dirais, mais je connais beaucoup d'entrepreneurs à succès qui vivent à Aix ou qui ont bougé à Aix.

  • Speaker #0

    Aix, bon déjà t'es à 3h de Paris en train, c'est très pratique, t'as du soleil toute l'année, il fait beau, t'as une super école internationale pour les enfants. Et tu as l'aéroport de Marseille qui n'est pas loin. Et si vraiment tu as besoin d'aller à l'international, tu as Nice aussi qui n'est pas trop loin. Alors que pour tous ceux qui veulent aller à Nice ou ailleurs, à Nice, le train, c'est beaucoup plus long pour aller à Paris. Tu es obligé de prendre l'avion. C'est beaucoup plus gros aussi. Donc même en termes de trafic et tout, ce n'est pas très pratique. Voilà, Aix, c'est un hub un peu idéal. Après, il ne faut pas se tromper. Oui, tu as des entrepreneurs matures qui habitent à Aix. Oui, Aix a une qualité de vie extraordinaire. Bisous Comme tu dis, c'est bon pour des gens matures qui savent travailler. Parce que sinon, je ne suis pas sûr que ça te donne vraiment de bons exemples pour le quotidien.

  • Speaker #1

    Ok. Bon. Écoute, je vais en profiter du coup pour te présenter.

  • Speaker #0

    Yes.

  • Speaker #1

    Voilà. Je commence par le classique que tout le monde connaît. À la tête de Kim Aventure, le fonds d'amorçage de Xavier Niel, tu as signé plus de 1000 deals en 10 ans. Deux à trois startups financées chaque semaine avec une équipe de trois personnes et un stagiaire. J'ai failli faire partie d'ailleurs. C'est en 2015 quand on s'est vu. Je sais pas si tu te souviens, mais j'avais passé le process avec Alexis et toi. Voilà, il s'en souvient pas du tout mais c'est normal, il a un stagiaire tous les six mois depuis dix ans.

  • Speaker #0

    D'ailleurs que des killers, ils ont tous fait des trucs super et tout, c'est vraiment sympa de les voir évoluer. Il y a pas longtemps ils se sont fait une espèce de réunion entre stagiaires, ils nous ont envoyé une photo à Alex et moi, c'était trop sympa de les voir tous réunis comme ça.

  • Speaker #1

    Tous les stagiaires depuis dix ans ? Tous,

  • Speaker #0

    mais tous depuis quatre ans ouais.

  • Speaker #1

    Tous depuis quatre ans.

  • Speaker #0

    Tu vois, bon après il y en a qui sont restés un an donc en fait j'en ai pas un tous les six mois. J'en ai qui sont restés un peu plus longtemps Ok,

  • Speaker #1

    écoute moi j'avais quasiment fini le process avec vous Et j'avais eu The Family Qui était un peu mon job de rêve, j'étais parti à Berlin Je sais pas si j'ai fait le bon choix à posteriori Mais c'était intense Il n'y a pas de mauvais choix,

  • Speaker #0

    il n'y a que de bons apprentissages

  • Speaker #1

    Oui c'est ça, je connais la théorie Alors tes choix ont propulsé P-Fit, Alan, Zenly, Biril Tu décides d'investir en 20 minutes chrono Tu as 3 enfants, tu bosses comme un fou Et tu cours même des Ironman le dimanche Mais alors quelles sont les failles Derrière la human... machine. Le stress de devoir toujours être au top, le temps qui manque tout le temps, les relations d'associés qui peuvent déraper sur New Wave, le désir secret peut-être d'être un entrepreneur bootstrap, la discipline forcée d'un homme qui se dit bordélique de nature. C'est tout ce que j'ai envie d'aborder avec toi et surtout à l'heure de l'IA. est-ce que le L'héroïne justifie de devenir une human machine. Alors dans cet épisode d'Apoil et sans filet, tu enlèves la carapace et ça c'est peut-être ton investissement le plus risqué.

  • Speaker #0

    Ouais, tout ce que t'as dit plus haut c'est peut-être un peu tout ça à la fois, donc ça va être intéressant.

  • Speaker #1

    Est-ce que t'as une première réponse ?

  • Speaker #0

    Oh là là, ça dépend à quelles questions tu veux qu'on réponde, je m'en rappelle même plus.

  • Speaker #1

    La plus grosse, c'est ce que le héroïne justifie de devenir une human machine.

  • Speaker #0

    Moi j'aime bien revenir sur les basiques. Qu'est-ce que le ROI ? C'est le retour sur investissement. Le retour sur investissement, c'est tirer profit de quelque chose que tu as réalisé. Donc c'est sûr que, et tu peux commencer sur un truc basique, c'est quand tu fais un plat de pâtes, tu vois, est-ce qu'investir dans le fait de mettre un chrono de 11 minutes sur tes pâtes de 11 minutes, c'est un bon investissement ? Ouais, c'est un bon investissement, parce que tes pâtes trop cuites, à moins que tu adores ça comme ça, c'est pas bon quoi. Ou les pâtes pas cuites, c'est horrible, parce qu'il faut que tu fasses recourchouffer de l'eau, parce que ton os est parti dans l'évier. Et voilà, donc oui. Le ROI, tu vois, justifie l'effort parce que c'est ça qui nous grise, tu vois. C'est de travailler et tu sais quoi ? Non, c'est pas ça. C'est que se dire que tu as fait l'effort, fais comme même si tu n'y arrives pas. Même s'il n'y a pas le ROI escompté, tu ne regrettes pas parce qu'au moins tu as fait l'effort nécessaire qui tu penses te permettait d'aller à ce résultat, tu vois. Le problème, c'est le regret de ne pas avoir fait ce qu'il fallait. C'est terrible, ça.

  • Speaker #1

    Ton moteur, c'est d'éviter au maximum les regrets ?

  • Speaker #0

    Les gens disent sur Alimor qu'ils ne regrettent pas ce qu'ils ont fait, ils regrettent ce qu'ils n'ont pas fait. Donc je pense qu'en fait on ne regrette jamais ce qu'on a fait en réalité. D'abord parce que ça nous rassure. Et que si on commence à regretter toutes les erreurs qu'on avait faites, moi je peux dire que j'en ai une longue, longue, longue liste de conneries. Je ne sais pas si j'ai envie de me la marquer au-dessus de mon bureau. Et ensuite parce que la vie elle est faite pour être vécue. Et vivre ça veut dire faire des bêtises, ça veut dire faire des erreurs, ça veut dire apprendre. Et donc on ne peut pas vivre de regrets, c'est horrible.

  • Speaker #1

    C'est le principe même de l'investissement en tout cas. En tout cas, early stage, c'est de beaucoup échouer pour avoir 20% de succès. Oui,

  • Speaker #0

    et d'ailleurs dans l'investissement early stage, quand on a une boîte qui plante ou qu'il y a une erreur, ou qu'on a fait un deal qu'on n'aurait pas dû faire, à posteriori, on se demande s'il y avait les éléments au démarrage pour pouvoir prendre une autre décision. Et en fait, c'est juste ça qu'on essaye de tirer comme enseignement pour l'investissement suivant. Mais après, on ne regrette pas d'avoir... Les vrais regrets, c'est sûr, tu vois, on parlait de ROI. Il n'y a pas longtemps, j'ai une boîte qui a planté. C'est une plantée de 10 millions d'euros pour nous. C'est énormissime.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire que vous avez investi 10 millions ?

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Ah bon, je pensais que vous investissiez en moyenne quand même beaucoup moins.

  • Speaker #0

    On a fait quelques plus gros deals, tu vois, PFI, T-Band First, Alan et d'autres. Et donc cette boîte-là en question, on a entre guillemets quasiment perdu notre mise. J'ai eu de la chance que la semaine suivante, j'ai un entrepreneur qui m'a expliqué qu'il était en train de vendre sa boîte et qu'il allait nous faire un chèque de 5. Donc je me dis tiens, l'erreur est divisée par deux. Mais en vérité, c'est horrible parce que cette boîte-là, c'était un investissement énorme. Et là, tu n'arrêtes pas de ruminer, de te poser l'élection de tout ce que tu aurais pu faire pour changer la trajectoire d'une boîte qui avait levé 200 millions d'euros. Tu dis c'était... impossible que ça plante. Les investisseurs qui étaient au bord de cette boîte-là étaient des investisseurs qui étaient sophistiqués, qui avaient mis beaucoup plus d'argent que nous, et donc qui n'auraient jamais dû laisser le truc planter. Et donc, cet enseignement, aujourd'hui, il fait très très mal à l'ego, il fait mal au moral, il fait mal au portefeuille, mais c'est un apprentissage qui, j'espère, va nous permettre de rebondir et de justement capitaliser sur cette erreur pour ne pas la faire la prochaine fois.

  • Speaker #1

    Et c'était quoi, alors, la plus grosse erreur à posteriori ?

  • Speaker #0

    C'était une gouvernance qui était... une mauvaise gouvernance. En fait, à un moment donné, il fallait faire des choix un peu drastiques, être un peu plus exigeant sur la tenue de la boîte. Mais personne ne l'a vraiment fait.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire, tu veux dire, le CEO n'était pas la bonne personne ? Ou les associés ne s'entendaient pas ?

  • Speaker #0

    Le CEO, à un moment donné, n'était probablement plus la bonne personne. En ce cas, pas à ce poste-là. Je pense qu'il n'y avait pas assez de rigueur financière. Et en fait, la rigueur financière en 2020, 2021, 2022, c'est un truc qu'on a tous beaucoup oublié.

  • Speaker #1

    Ah ouais, c'est clair, ouais.

  • Speaker #0

    Et en fait, c'est quelque chose qu'il ne faut jamais oublier, tu vois, dans la vie, il y a des first principles. La rigueur financière ne devrait pas être un principe qu'on oublie. Après, pour moi, c'est difficile à dire parce que je suis assez dépensier de nature et pas très organisé financièrement, mais bon.

  • Speaker #1

    Est-ce que le problème, surtout dans cette période, c'est que les investisseurs comme les entrepreneurs n'ont pas voulu voir ? Tu vois, c'est-à-dire qu'il y avait une telle... Un tel flot d'argent après le Covid, tout le monde se relançait. On se disait, il y a le retour au physique, on se revoit. Il y avait cette énergie folle du retour à la vie. Et c'est comme ça que ça a créé un peu une bulle, en fait. Tu vois, et que les valos se sont envolés en 2021 et qu'ensuite, ça a tout pété.

  • Speaker #0

    Ouais, j'écris le terme en anglais, mais dilutionnol. Et d'ailleurs, si tu reprends la base du venture capital, c'est 95% des retours vont être générés par 5% des boîtes. Ce que ça veut dire, c'est que sur 100 boîtes, t'en as de toute manière 95 qui vont aller au tapis ou ne pas rapporter assez d'argent pour les investisseurs. Et en 2021, 2020 à 2022, et même avant ça, t'avais l'impression que tous les investisseurs se démerdaient plutôt pas mal. Mais si tu te rappelais la règle de base, c'était une anomalie. Et donc si t'arrives à spotter l'anomalie... tu arrives ensuite à aller creuser le problème c'est comme j'aime beaucoup ce film sur les sub prime qui s'appelle j'ai oublié le nom zut à the big short the big short voilà et donc dans the big short tu as tu as ce hedge fund manager qui en fait michael douglas je crois l'époque non non c'est un autre c'est christian bell qui lui en fait voit qu'il ya un truc sur le housing market Et donc, il commence à regarder les datas. Et en fait, une fois que tu le vois, tu ne peux plus ne pas le voir. C'est un peu comme la matrice. Et bien, ton quotidien, c'est de temps en temps d'essuyer tes petites lunettes roses, d'enlever tes barrésies et puis te dire, putain, attends, est-ce que je regarde le monde clairement ? Et d'ailleurs, notre job, en tant qu'investisseur, et j'aime bien cette phrase, un partenaire de Benchmark qui disait ça, il dit, notre job, ce n'est pas de prédire le futur, c'est de voir le présent clairement. Et bien là, en 2020, 2022, on a... pas vu le présent très clairement et on s'est un peu laissé prendre par par l'euphorie générale mais l'euphorie générale elle te rend riche sur le court terme elle tapons vous rite détruit sur le long terme donc celui qui fait un aller-retour rapide comme ceux qui l'ont fait au monde et ce prime et qui ont été très malins là dessus super mais celui qui disent bah tiens ça va durer éternellement je vais investir comme si dans cinq ans la situation sera similaire des morts et donc les gens qui ont été très bons entre 2020 et 2022 c'est ce qu'on fait de la liquidité Parce qu'ils ont vu le truc arriver.

  • Speaker #1

    Ah bah ouais, moi j'ai un bon copain qui s'appelle Hugo Manoukian de MoveOne. Bien sûr. Qui a fait un énorme exit, il est passé au micro il y a pas longtemps, pour parler du vide. Justement le sentiment de vide après l'exit, tu vois. Qui lui a duré trois ans et demi.

  • Speaker #0

    Un copain qui était ex lui.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est pour ça que je te dis ça, il y en a quand même beaucoup. Et Hugo maintenant il en parle assez librement, maintenant qu'il se relance, je pense qu'il a vraiment un projet dans les tripes sur la fertilité. mais voilà, il a effectivement profité de cet engouement où il a été racheté en 4 mois ce qui est exceptionnel par deux acteurs qui avaient levé énormément et qui voulaient juste reprendre plus des parts de marché et ça s'est fait très vite. Mais j'ai longtemps rêvé d'avoir cette discussion avec toi parce que tu sais, pendant plus de quatre ans, j'avais un club d'entrepreneurs, le club Bootstrap. Donc la thématique c'était effectivement les levées de fonds, c'est comme les antibiotiques, c'est pas automatique.

  • Speaker #0

    J'aime beaucoup, c'est une très bonne cash line.

  • Speaker #1

    Voilà. Et l'idée c'était d'essayer de changer le rapport au succès dans l'écosystème qui était un petit peu trop devenu Pour réussir, pour avoir réussi, le critère principal c'était d'avoir levé des fonds. Ça devenait le coup de tampon qui disait c'est bon je suis un entrepreneur aguerri, je suis smart, je suis dans les codes. Et plutôt redonner de la visibilité au temps long, à la capacité à créer de la rentabilité, à créer une aventure qui ressemble vraiment au fondateur. Ou parfois, j'ai eu le sentiment, on était plusieurs à le sentir, que le fait d'être dans des tours d'investissement... Ça formate ta boîte, ça la formate pour la performance déjà, puisqu'il faut un héroïste justement. Et quand c'est très tôt, ça peut aussi empêcher les fondateurs d'avoir une bonne gestion de l'argent.

  • Speaker #0

    Totalement. Qu'est-ce que tu en penses ?

  • Speaker #1

    Les amis, deux secondes.

  • Speaker #2

    Il y a des clubs d'entrepreneurs qui se lancent tous les jours ou presque sur LinkedIn. Mais ceux qui durent depuis plus de dix ans, ce sont ceux qui sont incarnés. C'est le cas du Kite & Connect, incarné par mon ami Laurent Witt. qui est un entrepreneur passionné par le kite et la foil, qui réunit tous les entrepreneurs présents dans son club, le Kite & Connect, mais aussi un entrepreneur un peu fou, parce qu'il est capable de créer des événements incroyables, comme le B2B Kite Summit, qui se déroule fin septembre à Darla, au Maroc, avec plus de 300 participants, dirigeants et dirigeantes, qui vont faire du kite et faire du business en même temps. Il a inventé notamment la Sunrise Party. Imaginez-vous à 5h du matin, grimper une montagne, tout en haut... Vous allez faire la teuf avec un DJ set, vue sur la mer, attendre le lever du soleil jusqu'à 7h, faire une prière tous ensemble pour ensuite démarrer sa journée. Donc allez-y. Et surtout, le club d'entrepreneurs Kite & Connect, c'est plus de 500 membres actifs, 50 événements par an. Donc si vous avez besoin de soutien entre pairs et à faire du business, il y a plus de 250 millions d'euros générés entre les membres. Donc foncez, allez voir Laurent Witt et le Kite & Connect.

  • Speaker #0

    Il y a plein d'éléments dans tout ce que tu as dit. mais l'élément numéro 1 C'est que si tu donnes de l'argent à quelqu'un qui n'a pas appris à C'est sûr que ça va mal se passer. C'est pour ça que les gagnants du loto sont accompagnés par la Française des Jeux pour gérer leur argent après. Si tu leur donnes leur argent, tu reviens les voir, c'est un complétain, il n'y a plus d'argent. Et si tu regardes s'ils ont capitalisé quelque chose, probablement pas grand-chose, tu vois. Et je ne sais plus, j'avais écouté une interview d'un mec qui avait gagné le loto, et il t'explique qu'il avait ses 8 voitures de sport dans son garage. Je ne suis pas sûr que c'était le conseil de la Française des Jeux au moment où il a gagné, quoi. Premier sujet, c'est que t'es mis dans une situation exceptionnelle qui n'est pas la situation dans laquelle tu es arrivé si t'avais appris au fur et à mesure à générer de l'argent, à le dépenser, etc. Et donc, en fait, t'es mal équipé. Et donc, un entrepreneur à qui tu donnes beaucoup d'argent, soit il est extrêmement mature, il l'a déjà fait, il a déjà été entrepreneur et il va gérer ça correctement, ou alors il l'a jamais fait et il faut à un moment donné essayer de l'accompagner. Je pense que le... Le truc qu'on a en France, c'est qu'on essaie de se faire passer pour des Américains. Et en fait, on n'est pas des Américains. On est moins consumériste, on est moins capitaliste, on est moins rentre-dedans, marche-sur-tout, on veut faire des trucs énormes. Et à un moment donné, je me demande si on assume vraiment notre vraie nature. Moi, j'encontre beaucoup d'entrepreneurs français qui, je trouve, sont extrêmement talentueux. Ingénieurs, entrepreneurs, sales.

  • Speaker #1

    Et pas ambitieux.

  • Speaker #0

    Et dans ces entrepreneurs... Il y en a certains qui sont très ambitieux et ceux-là en fait je les invite à lever de l'argent, à faire quelque chose de gros, pourquoi pas aller conquérir les US, à revenir en Europe après etc. Mais bon déjà il n'existe pas de marché européen, c'est une vue de l'esprit. C'est clair.

  • Speaker #1

    The Family a prouvé que malheureusement ça ne marchait pas très bien.

  • Speaker #0

    Voilà, pour d'autres raisons aussi. Mais bon. Bien sûr. Mais donc tu as les latinos et dans les latinos tu vois tu as en gros enfin les latins, les français, les espagnols, les italiens, excuse-moi on se ressemble, on ne se ressemble pas quoi. ... D'ailleurs, t'as les Germaniques, tu te demandes même ce qu'ils font là, tu vois, où tu te dis où est l'anomalie, est-ce que c'est chez nous, est-ce que c'est chez eux ? C'est presque bizarre d'avoir deux pays aussi proches, aussi différents. Puis après, t'as les Anglo-Saxons, enfin bref, c'est un bordel. Et puis ensuite, t'as les Nordiques. Donc déjà, t'as quatre groupes et au sein de quatre groupes, t'as des pays qui sont des pays différents. Donc c'est un énorme bordel. Donc on n'est pas des Américains, on ne sera jamais des Américains. Et donc nos entrepreneurs les plus ambitieux, les plus talentueux, c'est qu'il veut vraiment bouffer le monde genre il va bouffer le monde quelque part où il y a un terrain de jeu où tu peux On peut effectivement bouffer le monde. Pas à San

  • Speaker #1

    Francisco. Oui,

  • Speaker #0

    San Francisco. Peut-être à New York, mais plutôt à San Francisco. Donc ça, il y a ce point-là. L'autre truc, vendredi, on faisait notre One Day of Sight avec Emmanuel. On fait le même avec l'équipe de Kima, le 19 juillet. Donc Emmanuel,

  • Speaker #1

    c'est ton associé. Cassius.

  • Speaker #0

    Il y a Emmanuel chez Cassius, il y a Alexis chez Kima.

  • Speaker #1

    Ça m'intéressera, je vais faire un petit teaser, mais ça m'intéressera de comprendre. Comment tu peux avoir deux jobs aussi en métier en même temps ? Et dans quelle mesure ça ne s'est pas conclu en ce moment ?

  • Speaker #0

    On s'est déjà éclaté depuis 2015, mais on en reparlera. Et donc on se retrouve la veille dans un petit restaurant à Aix, qui a une étoile, qui est la table de Pierre Reboul. Donc je dis ça parce que j'arrive là-bas et je vois qu'il y a quand même 3-4 tables qui sont vides. Moi ça m'étonne, on a installé la table du chef, puis on est à la table du chef en face de nous, il y a un jeune. qui doit avoir... Il est hyper jeune. Je me dis, lui, il n'a même pas la majorité, c'est pas possible. Il est en train de faire ses petites préparations et tout, c'est exceptionnel à regarder. Et je lui dis, mais t'as quel âge, toi ? Il me dit, mais j'ai 16 ans. Je lui dis, mais c'est quoi ton histoire pour qu'à 16 ans, tu sois là, en train de faire tes petites préparations comme tu vois après, il y a tous les... Il y a des tracteurs qui vont te dire que ce n'est pas une belle image, mais comme quand tu vois un Pogacar monter un grand col pendant le Tour de France. Et donc, tu vois chez lui, tout de suite, il a 16 ans, tu sais qu'il a du talent, tu sais qu'il a détermination, tu sais qu'il a du focus, tu sais qu'il est passionné, tu le vois. Ce garçon va réussir. Je ne sais pas si c'est en restant 10 ans chez Pierre Reboul ou à un moment donné en lançant son resto, mais je ne sais pas que là, j'ai presque envie d'avoir son numéro de téléphone et tous les 6 mois faire un check-in pour savoir où il en est.

  • Speaker #1

    Et où je vais bouffer.

  • Speaker #0

    Et il est exceptionnel. Donc il fait ça, et il me raconte son histoire, qu'il est allé dîner dans le restaurant précédent de Pierre Reboule, et qu'il l'a pris quelques jours, qu'après quelques jours il l'a pris quelques semaines, et puis quelques mois, et puis maintenant il bosse avec lui, c'est sa passion, et il bosse H24 en cuisine. Et on se regarde avec Emmanuel, et on se dit, mais en fait, ça, c'est intouchable. En fait, ce qu'on a eu ce soir-là à dîner, c'était intouchable. Personne ne va venir nous l'enlever. Il n'y a pas un Allemand, un Italien, un Espagnol, un Anglo-Saxon, un Américain, n'importe qui qui va venir nous piquer ça. On est des killers sur cette art de vivre, sur cette artisanat, sur ce craft. Et on est là à se buter, à vouloir faire des licornes. Certes, mais pourquoi est-ce qu'on ne défend pas notre artisanat en fait ? Pourquoi est-ce que ces mecs-là continuent de payer des taxes ? Pourquoi l'année dernière, il y a 8% des étoilés français qui ont mis la clé sous la porte ? Tu vois, c'est quoi le problème ?

  • Speaker #1

    On a vu si mauvais endroit peut-être. En gros, ce que tu me dis là, c'est que quasiment...

  • Speaker #0

    Non, on ne regarde que là où ça brille. On ne regarde que là où l'herbe semble la plus verte. En fait, on ne se concentre pas sur quelle est l'unicité d'un pays comme la France sur lequel il faut qu'on accélère. On sait bien que dans le tourisme, on est des killers. On sait bien qu'on a un des plus beaux pays du monde. Et on continue, en fait, de faire comme si c'était un acquis. En fait, justement, quand on a cet acquis-là, il faut le nourrir, il faut en faire quelque chose, il faut investir. Heureusement qu'on a tous ces maires de France qui, à un moment donné, se disent « Ma petite ville, il faut que je la tire le chaland, parce qu'en fait, ça ne vient pas de là-haut. » Et ça m'a beaucoup marqué, parce que je me suis dit « Tiens, on est là, on finance des entrepreneurs qui veulent jouer aux Américains, alors qu'en fait, il y a tout un pan de l'économie. » qui sont des artisans qu'aucune AI ne va jamais remplacer c'est à dire qu'à l'heure de l'AI on t'explique que ton job va être remplacé putain mais pas ceux-là ce mec-là non et il y en a des centaines de milliers en France mais pourquoi pourquoi est-ce qu'on fait pas justement un plan où on met la gouache sur l'AI super mais aussi on met la gouache sur toutes les boîtes qui justement l'AI ne va jamais disrupter ou pas avant 50 ans ou 100 ans et c'est reconnu dans le monde Super fort déjà !

  • Speaker #1

    Ouais, ouais. Pourquoi tu ne deviens pas investisseur dans l'art de vivre alors ?

  • Speaker #0

    Non mais je te parle d'une réflexion qui a eu lieu jeudi soir au resto. Et peut-être qu'un jour on fera ça, je ne sais pas. Peut-être que c'est l'objet de notre prochaine discussion avec Xavier. C'est comment est-ce que tu finances sans artisans ou comment est-ce que tu passes le mot aux autorités compétentes pour qu'ils arrêtent d'abattre à coup de taxes ces artisans. 8% des étoiliers qui ont fermé l'année dernière.

  • Speaker #1

    C'est vrai que c'est vraiment triste. Mais pour revenir à la tech, tu vois... Euh... Moi, un des trucs que je déplore le plus, c'est quand même que la plupart des boîtes qui partent dans une logique de levée et de tour de financement, Syrah, Syribe, SyriC, etc., vont finir inévitablement par être achetées par des Américains. Et donc, effectivement, toute la valeur que tu as créée en France, parce qu'en effet, tu l'as bien dit, on a des ingénieurs de talent, on a des développeurs de talent, on a des entrepreneurs de talent de manière générale, mais finissent toujours par créer de la valeur aux US, en fait. parce qu'on n'a pas... Effectivement, on n'a pas les investisseurs suffisamment solides pour accompagner une énorme croissance. Parce qu'au bout d'un moment, on n'a pas, j'imagine, l'écosystème assez ambitieux pour dire à un gars, en fait, refuse le chèque, tu vas faire un truc de dingue et va IPO et va conquérir le monde. Est-ce qu'il y a un moyen de lutter contre ça ? Ou est-ce qu'en fait, on est inévitablement obligé de faire un peu comme ce que tu fais ? Tu vas commencer à faire des tours, tu vas quand même gagner de l'argent forcément parce que tu vas choisir des entrepreneurs à succès. Mais à la fin, ça ne va plus rester en France.

  • Speaker #0

    Honnêtement, je n'ai pas la réponse à ça et moi je ne me suis jamais posé la question d'une opposition entre les Américains et les Européens. Moi, mon obsession, c'est juste de me dire qu'il faut que nos entrepreneurs francophones apprennent à être des gens responsables et très ambitieux. Et donc, on les nourrit en apportant... On va prendre plutôt un schéma plus simple. Aux US, il y a trois choses qu'on n'a pas en Europe, qu'on n'a pas en France. La première chose, c'est le goût du risque. Bon aux US on te parle du coût du risque, en fait c'est l'obligation du risque. T'as pas le chômage, c'est un marché qui est extrêmement cher, très consumériste, qui est beaucoup à crédit, etc. Donc le risque fait partie inhérente de leur culture. Ça, tu le reprendras jamais. Ils vont de toute manière te mettre dix fois plus que toi en termes de capacité de prendre des risques. Donc déjà là-dessus, on n'ira pas. En revanche, un entrepreneur francophone qui prend sa famille ou qui quitte tout ce qu'il fait pour partir vivre aux Etats-Unis, il se met dans cette position où en fait, il accepte le risque, il y va. La deuxième chose, c'est le capital. Marché hyper capitaliste, hyper consumériste a 10 fois plus de capital, au moins, qu'en France et en Europe. Donc, ça veut dire que les idées ont 10 fois plus de chances d'émerger parce qu'en fait, elles ont beaucoup plus de capital pour être poussées en avant. Et la troisième chose, c'est les talents. La Silicon Valley, le venture capital, ça fait 50 ans que ça existe. Les talents sont en masse là-bas, mais en masse. Donc si tu veux jouer sur le game risk, capital, talent, t'es mort. De toute manière, les US te bouffent. Donc la question c'est, qu'est-ce qu'on a en France qu'ils n'ont pas, sur lesquels on a vraiment du talent ? D'abord, on a des super ingénieurs, on a des super artisans qui font que, et en fait, un peu de manière inhérente dans notre culture, je pense qu'on est bon pour crafter du produit, au sens large. Et tu vois des boîtes comme Weezings, mais tu le vois aussi sur des boîtes consumer comme Zenly à l'époque. Mais Beryl ou là, AMO, la nouvelle boîte d'Antoine Martin, tu vois, on a un talent particulier pour ça. Et puis, on est des gens très efficaces. Un jour, il y a une délégation américaine qui débarque en France. pour regarder une usine de porc. C'est pas très intéressant, c'est une usine de porc. Ils arrivent dans l'est de la France, ils regardent cette usine énorme et tout, le truc qui tourne, puis ils se pointent un après-midi, je sais pas quelle heure il est, et y'a personne. Le truc qui tourne et tout, y'a personne, le mec est en train de boire l'apéro à côté. On se dit que c'est un jour particulier, ils doivent fêter quelque chose, c'est comme le 4 juillet aux US ou le 14 ici. Puis ils reviennent le lendemain, et à la même heure, les mecs sont encore à l'apéro. C'est dingue ! Et le truc tourne ! tournent, mais c'est indécent à quel point ça marche. Et en fait, ils font un long rapport sur cette usine pour SIN pour expliquer pourquoi ça marche. Et la conclusion, c'est heureusement que les Français sont des fainéants, parce que putain, qu'est-ce qu'ils sont efficaces. Tu vois, et en gros, la conclusion, c'était s'ils bossaient autant que nous avec la même efficacité, ils nous éclateraient. Et j'aime bien, tu vois, on a des particularités. Donc en fait, ce qu'il faut, c'est nourrir ces singularités, en faire quelque chose, mais Ce qui me fatigue, c'est quand un entrepreneur me dit « Oh, j'arrive pas à lever de l'argent en France, les gens ne me comprennent pas, je vais aller aux Etats-Unis, ils vont comprendre. » Tu te charges des excuses, là, tu vois.

  • Speaker #1

    Mais j'aime bien, j'aime bien l'exemple. Mais en tout cas, c'est vrai que peut-être une des particularités françaises, c'est justement cette force d'indépendance, cette voix indépendante, tu vois. C'est pour ça que le bootstrap m'a touché comme message. J'ai rencontré des boîtes, je pense à Wilfried de Superprof par exemple, qui a monté cette... Cette boîte incroyable jusqu'à aujourd'hui, je pense 40 millions près de chiffre d'affaires. Ou il rachète maintenant des boîtes en Europe, en Chine même. C'est vraiment le conquistador. Ou Gilles Sadege de Lucas, qui est un des maintenant, qui commence à être concurrent même de Payfit. Et qui doit approcher les 50 millions d'ARR. Qui n'a pas levé pendant 20 ans. Pendant 20 ans, il a fait son produit. Il était là artisanalement. Je pense qu'au bout de 15, il devait être encore peut-être 20 ou 30 dans l'entreprise. Il a levé 65 millions après 20 ans. Résultat, il a eu un deal aussi qui était extraordinaire parce que du coup il s'est dilué très peu et il a encore les mains sur sa boîte.

  • Speaker #0

    Comme s'il aille avec Silver Lake.

  • Speaker #1

    Oui, exactement. Est-ce que ce n'est pas le chemin ? Je te poserai même une question peut-être plus personnelle. Imaginons, tes enfants veulent faire de l'entrepreneuriat. Est-ce que tu leur conseilles la voie du bootstrap ou est-ce que tu leur conseilles la voie du...

  • Speaker #0

    Moi je leur conseille toujours la voie du bootstrap. Et d'ailleurs, une des questions récurrentes qu'on pose aux entrepreneurs qu'on finance et qu'on rencontre avec Xavier, Alexis, tout le monde, c'est pourquoi tu lèves ? c'est pas qu'on veut le pas qui lève, non on veut mettre de l'argent chez eux ça nous fait plaisir, mais c'est juste qu'on sait qu'avec l'argent vient le vice tu vois, et en fait c'est pas la meilleure source d'apprentissage l'apprentissage est dans le dur avec l'argent vient le vice, j'adore l'apprentissage il est dans le dur, il est jamais dans le confort personne ne s'est jamais réveillé un matin en disant putain cette compétition vraiment je l'ai réussi, je suis premier, j'étais vraiment fort surtout ce que je me souviens c'est à quel point l'entraînement été facile. C'était vraiment bien, c'était vraiment une bonne... Non ! Tu vois en réalité c'est terrible mais le plaisir en fait il est né de l'effort tu vois, il est né de la difficulté et d'ailleurs un jour en 2020 je crois, ouais c'est ça, 2021, j'ai un copain qui m'appelle et qui me dit tiens il y a un truc qui s'appelle Axie Infinity dans les cryptos, c'est comme ça, il y a plein de fonds qui veulent mettre de l'argent, il faut que tu regardes et tout. Moi je regarde le token de ce truc là, je ne comprends pas grand chose. Mais exactement comme ce que je t'ai dit à l'époque 2020-2022, je me dis, il y a peut-être un petit aller-retour à faire là-dessus. Bon, je mets un petit peu d'argent comme ça pour voir. Et trois semaines plus tard, je vois que j'ai fait cinq fois la mise. Je me dis, putain, cinq fois la mise, pourtant le truc pour moi ressemble à un pont de Ziskim, tu vois, genre je ne vois pas le truc. Du coup, je retire ma mise, je prends mes cinq fois la mise. Bah cet argent, il n'avait aucune, aucune, aucune saveur. C'était terrible et je l'ai dépensé extrêmement vite. Je ne savais pas comment faire. Je...

  • Speaker #1

    P- En fait, ce que tu dis par là, c'est que pour gagner de l'argent, il faut une forme de fierté.

  • Speaker #0

    Y a pas de plaisir facile. Personne n'a de plaisir facile. Même celui qui gagne au loto. Je dis pas que j'ai pas envie de gagner au loto, j'ai failli gagner au loto, mais j'avais 6€ sur 7.

  • Speaker #1

    P- T'as pas besoin de ça, Jean. Merde.

  • Speaker #0

    Non, je la raconte, c'est évident, parce qu'elle me fait quand même toujours rire. J'avais joué un peu au hasard un jour en prenant le train, en voyant la pub, il y Puis je joue, puis j'oublie le truc. Dix jours plus tard, quelqu'un me dit « Mais quelqu'un a joué à l'EuroMillion la semaine dernière, il y a 240 barres à gagner. » Je dis « Ah ouais, j'ai joué, j'ouvre mon application, j'avais gagné 4000 euros, j'étais comme un ouf. » Je me dis « J'ai dû avoir 4-5 numéros. » En fait, j'en avais 6 sur 7, il m'en manquait 1. C'était le jour d'anniversaire du deuxième mari de ma mère. En fait, je n'avais pas mis les pièces rapportées, je n'avais pas mis ma belle-mère côté de mon père et mon beau-père côté de ma mère parce que la grille était trop chère du coup.

  • Speaker #1

    6 sur 7, il se passe quoi ? T'as rien du tout ?

  • Speaker #0

    4000.

  • Speaker #1

    4000 euros ? Ça va ?

  • Speaker #0

    C'est le prix de la frustration.

  • Speaker #1

    6 sur 7, c'est beaucoup.

  • Speaker #0

    La proba d'avoir les 7 sur 7, je ne sais pas ce que c'est,

  • Speaker #1

    mais c'est beaucoup plus… Tu vois, pour ceux qui gagnent au loto, tu travailles le matin,

  • Speaker #0

    tu n'es pas plus heureux que la veille. À quoi je sers ?

  • Speaker #1

    À quoi je sers ? Tu te poses plus de questions que de réponses.

  • Speaker #0

    J'aime bien une phrase de Kersauson, ce n'est pas exactement sur l'argent, c'est sur le travail. Il me dit « Un travail n'est pas fait pour gagner de l'argent, mais pour gagner de l'honneur » .

  • Speaker #1

    J'aime bien, très belle image.

  • Speaker #0

    Elle est jolie celle-là. Alors du coup pour finir ce sujet, c'est quoi les bonnes raisons de lever de l'argent tôt ? J'aimerais bien comprendre.

  • Speaker #1

    Alors les bonnes raisons de lever de l'argent tôt, c'est que tu es quelqu'un qui a déjà de l'expérience. Et donc tu sais qu'en levant de l'argent, tu vas pouvoir accélérer sur certaines choses. Alors que dans un cas où tu aurais été un first time entrepreneur, tu n'aurais pas accéléré, tu aurais brûlé de l'argent sur certaines choses. Là tu vas les accélérer. Tu vas accélérer des recrutements, accélérer des développements. En fait tu vas rentrer dans ce fameux game très ambitieux, un peu plus à l'américaine, mais tu as les creds. Tu l'as déjà fait. Donc ça, c'est une première bonne raison. La deuxième raison, c'est que tu as trouvé le product market fit, tu as un début de traction, tu as besoin d'accélérer, et en fait, tu sais que ton payback est plutôt bon. Tu sais que si tu recrutes tant de personnes en sales, si tu lances un ou deux produits supplémentaires, etc., tu sais que tu vas avoir un bon payback. Donc l'histoire, c'est gagner du temps. En fait, dans ces deux premières options, c'est que tu gagnes du temps. Mais pour ça, il faut... Donc, tu es éprouvé des choses. Donc, soit tu es un repeat entrepreneur, soit tu as déjà fait des premières choses dans ta boîte qui font que ça marche. Et ensuite, c'est un sujet de pression compétitive. Il y a des marchés sur lesquels tu as une pression compétitive énorme. Et donc, à un moment donné, gagner de l'argent fait partie du game. Lever de l'argent fait partie du game. C'est ce qui te permet d'exploser la concurrence, de les écraser. Après, tu as plein d'excès liés à ça. Tu vois le quick commerce, par exemple, dans les années 2020-2022, où le mec enlevait 100, 200, 300 bar. pour te livrer un Mars en 15 minutes en bas de chez toi.

  • Speaker #0

    Les gorillas, je ne sais plus comment ils s'appellent les autres, mais ils sont morts d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Oui, ça n'avait aucun sens. Mais c'est après son compétitif qu'il les a forcés à lever de l'argent.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, le gars qui a gagné sur ce marché, c'est de la belle vie. C'est ça que j'adore. Ça revient sur ce sujet d'entrepreneuriat français. C'est le mec qui vient de Saint-Denis ou je ne sais plus quoi, de la banlieue. Dont on investissait. Dont vous êtes investisseur. Voilà, Paul Lay.

  • Speaker #1

    Paul Lay, d'accord.

  • Speaker #0

    Et qui du coup a tout compris à la livraison. parce que c'est l'histoire de sa famille. Il capte le truc et il a levé beaucoup d'argent après. Au début, je crois qu'il était boostable.

  • Speaker #1

    Il n'a pas levé trop d'argent. Et puis, quand il a racheté Frishti, par exemple, qui, pour le coup, avait levé beaucoup d'argent, il n'a pas levé beaucoup d'argent pour acheter Frishti. On lui a remis un petit chèque. C'est quelqu'un qui force l'admiration. Et donc, en fait, cette pression compétitive te dit il faut que je lève beaucoup d'argent. Ou bien, il faut que tu rentres sur un play qui est parallélisé, qui n'a rien à voir. Donc, la belle vie dans le quick commerce. Each pour la partie VTC. et il y en a d'autres, tu vois, mais sur chaque vertical, sur chaque marché. Tu peux avoir un outsider bootstrap qui fonctionne différemment, qui existe.

  • Speaker #0

    Et qui va gagner à la fin.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas s'il gagne à la fin, mais je pense que ça n'a pas beaucoup d'importance. En tout cas, tu parlais d'honneur. En ce cas, dont il sait que le travail qu'il a fourni et l'attention qu'il a portée à offrir le bon service ou le bon produit à ses clients, ses clients lui rendent avec leur satisfaction. Et ça, c'est honorable.

  • Speaker #0

    Ouais, et puis en fait, surtout, moi, j'ai le sentiment que je trouve que la base de l'entrepreneuriat, quand même, c'est de poser une vision du monde et d'essayer de faire une boîte qui est le prolongement de soi. Oussama, qui pourtant n'est pas très bootstrap, qui disait que le bon entrepreneuriat, c'est la rencontre entre une personnalité et un marché.

  • Speaker #1

    Totalement.

  • Speaker #0

    Et j'ai le sentiment, moi, qu'il y a quand même beaucoup de boîtes, beaucoup de boîtes qui ont planté justement une espèce d'euphorie cupide des années 2021-2022, qui est lié à... Au fond, tu vois des profils grande école, conseils, qui sont très smarts, très analytiques, qui vont être capables de lire des études de marché, McKinsey, qui vont capter un besoin, un sentiment, et qui vont tout investir dessus, mais qui n'ont pas le drive. C'est-à-dire que ce n'est pas essentiel pour eux de réussir cette boîte. Et donc parfois, quand il y a beaucoup d'argent, ça peut marcher, et puis... Mais en fin de compte, ça ne fera rien de très honorable, ni de très grand sur le long terme. Est-ce que tous les entrepreneurs qui réussissent... n'ont pas fondamentalement quelque chose qui est de l'ordre de l'essentiel et qui n'est pas de l'ordre de l'étude de marché.

  • Speaker #1

    C'est sûr qu'on jette beaucoup d'argent à des entrepreneurs très articulés. Donc tu as fait HEC, tu es très articulé sur ton pitch, et tu as un VC comme ça, il s'excite et boum, il lui jette de l'argent. Et comme il lui jette de l'argent, tous les copains qui étaient à côté, qui n'ont pas jeté de l'argent, ils disent « putain, il faut qu'on jette de l'argent » . Tu sais quoi, ça me fait penser à un truc. C'est... Il y a... Donc... L'acteur dans le monde pornographique le mieux payé au monde, c'est un mec qui est français qui s'appelle Manuel Ferrar.

  • Speaker #0

    J'adore !

  • Speaker #1

    Donc ce mec-là, ça fait des décennies qu'il fait le métier, il fait aussi du gaming, il a une chaîne Twitch, machin et tout. Ce gars-là, un jour, va à la conférence sur les jeux vidéo à Paris ou je sais pas où et tout. Puis t'as des gens qui le reconnaissent, tu vois, et qui lui disent, vas-y, je prends un autographe, une photo, machin et tout. puis après t'as des des petits jeunes qui ont 13, 14, 15 ans qui ne savent pas qui c'est. Mais comme des gens demandent des autographes, ils vont demander un autographe et une photo. Et lui, un peu emmerdé, va voir les parents et leur dit « Non, mais moi, je ne peux pas prendre une photo avec votre fille ou votre fils de 15 ans. Je suis acteur pornographique. En tout cas, je suis producteur, c'est ça mon job principal. Je suis désolé. » Et donc, tu vois, les parents disent à leurs enfants « Je suis désolé, non, on ne peut pas prendre de photo avec cette personne-là. Ils ne savent pas pourquoi. » Ils se disent « Mais quel enfoiré, lui, de ne pas vouloir prendre un autographe. » Eh ben... Le mec d'HEC, tout ce que tu veux je dis HEC en fait, de grande école, en tout cas le mec articulé, tu vois à un moment donné t'as un investisseur comme ça qui s'excite, qui lui jette 5 barres, et t'as 10 investisseurs à côté qui disent « Ah moi aussi je veux te donner de l'argent ! » tu vois ? Et c'est exactement la même chose, ils savent pas pourquoi, ils savent juste que le truc il est chaud quoi. Et donc t'as un peu ce mimétisme dans l'écosystème qui est un peu débile, où tout d'un coup tout le monde se chauffe sur la même boîte, sans aucune raison. Et moi, c'est horrible parce que notre job chez Kima, c'est une fois de temps en temps... répondre à cette euphorie, mettre aussi un petit ticket just in case.

  • Speaker #0

    Parfois ça marche, je veux dire par exemple Moubech, que je connais très bien parce qu'il a été dans le club Boutrape dès le début Guillaume. Guillaume, il a cette capacité à générer du FOMO comme on dit Fear of Missing Out, pour ceux qui ne connaissent pas. Exceptionnel. Il a même storytellé le truc en disant je refuse un investisseur, il l'avait fait en public je ne sais pas si tu te souviens, il avait fait ce post LinkedIn où il avait dit je ne prendrai pas l'argent des investisseurs et je pense deux mois après Il a fait cette opération de cash out, il a dit, après tout le monde s'est foutu de sa gueule, sur internet tout le monde a dit mais c'est qui ce espèce d'énorme mytho qui voilà. En fait il a fait du cash out, c'est à dire il a pris de l'argent en perso pour lui et pas pour la boîte, donc c'est un peu différent, il n'a pas relevé depuis d'ailleurs. Mais voilà, et lui quand il m'expliquait sa levée il disait mais voilà j'ai envoyé des pitchs, j'ai quasiment dit dès le début il n'y a plus de place quoi, et tout le monde s'est précipité. Alors il se trouve que l'M list c'est un... Très beau succès et je pense que ça va continuer. De temps en temps, j'imagine que ça marche de mettre là où le vent va. Mais il ne faut pas que ce soit l'essentiel.

  • Speaker #1

    En tout cas, c'est très humain. C'est très classique de faire ça. On suit la foule, ça nous rassure. Moi, ce que j'adore, c'est qu'il faut faire le game du péage. Maintenant, tu as le thé, donc tu passes là où tu passes avec ton thé. Mais à l'époque on n'avait pas le thé, moi mon game c'était de choper la file du péage où j'avais passé avant les autres, j'adorais ça. Et par exemple, je remarque que quand je vais dans un endroit, souvent je vais y arriver peut-être 10 ou 15 minutes avant que la queue double de taille. Et en fait un bon investisseur ce n'est pas quelqu'un qui fait les mêmes deals que les autres, parce qu'il s'avère que les meilleurs deals au monde sont les deals qui ne sont pas issus du consensus. Donc il faut être capable à un moment donné de se positionner avec conviction et... contre le consensus sur des boîtes dans lesquelles les genres n'auraient pas misé un copac au démarrage.

  • Speaker #0

    Petit risque, petite récompense. Grand risque, grande récompense. Grand fail aussi.

  • Speaker #1

    Ouais. Et après, là, c'est même pas une question de risque, c'est plutôt une question d'indépendance.

  • Speaker #0

    Si tu vas pas là où tout le monde va, c'est plus risqué que suivre le flow, quoi.

  • Speaker #1

    Ouais. Je sais plus pourquoi est-ce qu'on parlait de ça, mais il y a deux garçons, Alexandre Flammarion et Mathieu Chabran, qui ont... Antoine Flammarion et Mathieu Chabran, qui ont une grande institution financière qui s'appelle TKO, qui gère plus de 50 milliards. Et en sortant de rendez-vous avec eux une fois, on se disait avec Emmanuel justement, eux ils ont vraiment ce côté « independent thinker » . Ils réfléchissent indépendamment des autres. Ils ont commencé il y a plus de 20 ans avec 4 millions d'euros, aujourd'hui ils gèrent plus de 50 milliards. et tu vois la manière dont... Tu réfléchis aujourd'hui, tu ressens que c'est avec la même discipline, intégrité, indépendance d'esprit qu'il y a plus de 20 ans. Ils se laissent pas prendre par la marée. Bien sûr, t'as des traînes, bien sûr, il faut les étudier, il faut en suivre certains, etc. Mais il faut pas tomber dans le conformisme du consensus. C'est le meilleur moyen de faire de la merde, quoi.

  • Speaker #0

    C'est... ça me... j'ai pas de transition. mais je vais te poser la question que je t'ai pas posée au début parce que tu vas pas t'en sortir comme ça qui est la question que je n'ai pas posée au début et que je pose à tous mes invités Donc c'est quand la dernière fois que tu t'es senti à poil et sans filet ?

  • Speaker #1

    D'abord, la raison pour laquelle tu ne m'as pas posé, c'est parce que tu me l'as demandé il y a quelques semaines par email, que ça m'a un peu travaillé et que je n'avais pas de vraie réponse pour toi. Et je ne l'ai pas parce que je pense que les réponses que j'ai pour toi sont des réponses qui sont extrêmement personnelles et qui sont beaucoup plus difficiles à... dont il est difficile de parler publiquement par rapport à ces faits-là. Il n'y en a pas qu'un, tu vois, à poil et sans filet, ça m'est arrivé plusieurs fois. Mais je pense que c'est surtout comment tu te sens, tu vois, quand tu es à poil et sans filet.

  • Speaker #0

    Et alors toi, comment tu te sens quand tu es à poil et sans filet ?

  • Speaker #1

    D'abord, je pense qu'il faut arriver à être à l'aise dans l'inconfort. Dans ton quotidien, dans ta vie en général, je pense que tu ne vas bien que lorsque tu arrives à être à l'aise dans l'inconfort. L'inconfort, c'est l'inconfort de situation avec des gens qui te sont proches, l'inconfort de situation avec des gens qui ne te sont pas proches, l'inconfort dans un entraînement, l'inconfort dans une difficulté au travail. Et en fait, il faut se nourrir absolument de ça. Et cet inconfort, il sert à te regarder dans la glace, à te poser des questions sur toi-même, à te remettre en question, à accepter le fait que la vie continue, que le monde continue de tourner sans toi. Et que, bah oui, t'aimerais bien que... En fait, on fantasme du fait que les choses soient sans problème, qu'il n'y ait pas de difficultés au quotidien, que tout tourne. En réalité, personne n'a jamais été heureux dans ce cadre-là, et ce cadre-là n'existe pas. Donc, puisque la vie est faite d'inconforts, il faut apprendre à palper et à en faire quelque chose, cet inconfort. Et cet inconfort, c'est soit des éléments extérieurs, soit même des éléments par rapport à toi. Tu vois, tu peux être inconfortable. Par rapport à là maintenant, tu gères certaines situations.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui te rend encore inconfortable toi aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Ce qui me rend inconfortable par exemple, c'est quand je suis excédé par un comportement d'un de mes enfants et que je vais élever la voix. Ça, ça me rend inconfortable. Ça, ça m'énerve. Je m'énerve moi-même.

  • Speaker #0

    Tu culpabilises d'élever la voix contre tes enfants ?

  • Speaker #1

    À fond. Tu vois, demande à un enfant de 5 ans de mettre ses chaussures. C'est quelque chose d'universel. Il va falloir que tu lui demandes dix fois. Et la dixième fois, tu sais ce qu'il va falloir que tu fasses ? Que tu te baisses, que tu me prennes la chaussure et que tu lui mettes la chaussure. Parce qu'il ne va pas la mettre la chaussure. Et tu peux lui dire tous les jours, pendant un an, deux ans, je ne sais pas combien de temps, il ne la mettra pas sa putain de chaussure. Donc ça ne sert à rien de t'énerver contre le gosse et sa chaussure quand il a cinq ans. De toute manière, il ne le fera pas. C'est comme un ado. il y a quelque chose de chewing-gum-esque chez lui genre Ou genre il oublie des trucs, il est un peu à l'ouest, il répond avec des onomatopées et des acronymes dont tu comprends rien parce que toi t'es trop vieux. En fait, ça sert à rien de t'énerver contre ce phlegme qui t'énerve au plus haut point. De toute manière, tu ne me feras rien, c'est des phases à passer. Et en fait, de temps en temps, quelque chose va me... Trigger. Ouais, me trigger. ça m'énervait et en fait je vais élever la voix je me dis merde la même situation sans élever la voix tu triggers pas les mots tu triggers pas en fait un espèce de blocage émotionnel chez l'autre ce qu'on sait ce qui se passe quand tu es la voix tu regardes la situation avec beaucoup plus de de relativisme tu vois genre oui c'est chiant quand on gosse pour la dixième fois ne met pas son assiette dans la machine. mais plutôt dans les vies alors que tu lui avais déjà dit qu'il fallait la mettre dans la machine. Mais au fond de quoi on parle ? On parle d'une putain d'assiette dans une machine, il faut se calmer. Et donc il y a plein de trucs comme ça. Je parlais avec

  • Speaker #0

    Mounirka que tu connais, j'ai eu cette bonne discussion avec elle il y a quelques jours en plus, exactement sur ce sujet, parce qu'elle me disait avant, dès que mes enfants faisaient leur vie d'enfant, et que ça me déclenchait de la colère. J'avais de la culpabilité pendant des heures, voire des jours après. Ça me rongeait en fait. Et me disait en fait, ce que j'ai réussi à faire, c'est comprendre que la colère, qui est une des émotions les plus réprimées dans la société, alors particulièrement chez les femmes je pense, parce que c'est pas beau chez une femme d'être énervée, d'être hystérique, etc. Plus acceptée chez les hommes, parce que c'est un peu la violence générationnelle qui peut s'exprimer.

  • Speaker #1

    C'est grave.

  • Speaker #0

    Mais c'est quand même assez réprimé. Et elle dit, j'ai compris que la colère, elle doit pas être la chef de la coloc. Tu vois, la coloc, ce que tu as dans la tête, c'est les émotions. Ça ne peut pas être la chef de la coloc, mais tu ne peux pas la virer de la coloc.

  • Speaker #1

    Totalement.

  • Speaker #0

    Et donc, il faut accepter qu'elle est là. Et une fois que j'ai compris que la colère, elle était là, c'est une facette de moi comme j'en ai d'autres. J'ai essayé de me débarrasser de deux sentiments qui, pour elle, sont les plus inutiles, c'est-à-dire la culpabilité et la honte. On a dit la culpabilité, ça peut être utile parce que si tu fais quelque chose de vraiment mal, il faut quand même que tu aies un retour sur toi. même si on est tous des enfants polis en général en tout cas ceux qui passent dans mon podcast

  • Speaker #1

    Et la honte ?

  • Speaker #0

    Mais la honte, le problème, c'est que c'est une remise en question de soi.

  • Speaker #1

    Totalement.

  • Speaker #0

    C'est que tu vas dire, je suis le problème en fait. Je suis un mauvais parent.

  • Speaker #1

    Tu es en train de casser ton estime de toi.

  • Speaker #0

    Je suis un mauvais parent, parce que j'ai crié.

  • Speaker #1

    J'aime bien cette image, la différence entre la culpabilité et la honte. Je pense qu'on se sent tous coupables à plein de fois, à plein d'égards. Effectivement, la honte, c'est différent. Et juste pour revenir sur cette histoire de colère, effectivement, il faut l'expeller, parfois il faut la faire ressortir. Mais il y a plein de moyens de faire ressortir sa colère. Et en fait, il y a une différence entre être irrité et être colérique, tu vois. Tu peux être irrité, ça peut créer de la tension, mais la tension, ça n'a pas besoin nécessairement de s'exprimer en colère. Tu vois, tout est un vase communiquant. C'est comme, je ne sais pas, tu fais des trucs chimiques, les choses réagissent. En fait, tu as une tension. Si la tension s'exprime par la colère, alors que tu aurais pu faire 10% de colère, 90% de course à pied, tu vois. Bon bah courir, je sais pas mais...

  • Speaker #0

    Donc toi, une de tes manières de l'exprimer, c'est d'aller courir ?

  • Speaker #1

    Oui, mais même une fois, je me rappelle, j'avais été vraiment excédé par un truc. Et donc, ma femme me dit, putain t'as nagé vite aujourd'hui ! Ouais j'ai nagé vite en fait parce que j'avais besoin de relâcher cette tension-là. Et donc j'ai nagé Et d'ailleurs ça se ressentait la manière dont je nageais Je nageais plus comme un mec énervé Qu'un mec calme

  • Speaker #0

    De te voir dans la piscine on devait s'écarter

  • Speaker #1

    Donc voilà Je trouve que c'est important de quand même

  • Speaker #0

    C'est un truc Moi j'ai le même réflexe que toi Je vais aller faire du tennis ou je vais aller courir Mais le problème de ça C'est un peu comme si Par exemple quand t'es énervé tu vas te mettre un podcast et tu vas te mettre à courir C'est Clotilde Dousselier qui m'a dit ça de Change ma vie Il m'a dit le problème c'est que tu fuis l'émotion, inconsciemment tu la fuis parce que tu vas te mettre quelque chose sur les oreilles, tu vas te concentrer sur autre chose et tu vas essayer de tout faire pour ne pas vivre ce que tu veux pas vivre.

  • Speaker #1

    Moi je crie quand je cours.

  • Speaker #0

    Tu cries quand tu cours ?

  • Speaker #1

    Ouais ça m'arrive souvent.

  • Speaker #0

    Ah ok.

  • Speaker #1

    Quand je vais courir une heure tu vas entendre crier au moins 3, 4, 5 fois sur une montée, sur un truc et tout et à un moment donné je sors quelque chose. Et c'est parce que c'est dans l'effort. Mais tu vois il n'y a pas de... je refoule pas. mes émotions, ce que je ressens et tout.

  • Speaker #0

    Tu cries quand tu crois, ça doit être drôle de te croiser du coup. Ouais,

  • Speaker #1

    comme tu vas peut-être me croiser en train de courir, en train de sourire ou d'être plus content que dix minutes avant. Et le truc sans filer, je trouve difficile, c'est dans le cadre du boulot. Tu vois, moi, on a tous beaucoup ce syndrome de l'imposture. Et donc, quotidien, quand tu as l'impression de ne pas avoir été à la hauteur, de ne pas être revenu assez tôt vers un entrepreneur, de... Pas avoir assez traité tes emails, de pas avoir fait ci, pas avoir fait ça, d'être un peu à la bourre et tout. Moi, ça me ronge, quoi.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui te ronge ? C'est que tu as l'impression de ne pas être à la hauteur ?

  • Speaker #1

    J'aime même sortir en harmonie entre mes obligations, mes devoirs, ce que je dois faire, et mes kiffs, mon plaisir, mon sport et tout. Et je ne peux pas faire l'un sans l'autre. Donc, je ne peux bien bosser ou être bien dans mon élément que si à côté de ça, j'ai des soupapes. De la même manière, je ne peux profiter du moment présent que si de l'autre côté, j'ai bien bossé. Donc c'est toujours un équilibre assez fin à trouver.

  • Speaker #0

    Justement, c'est une bonne question, le moment présent. Parce que moi, c'est mon problème, mais c'est surtout, je trouve, un point commun chez énormément d'entrepreneurs. Le principe du métier d'entrepreneur, c'est d'essayer de prédire l'avenir quand même. C'est d'essayer, en tout cas, de se projeter sur le prochain move, de se projeter sur la prochaine solution. Donc c'est quand même un exercice qui est plutôt d'être dans le futur. Pas trop dans le passé, en tout cas les entrepreneurs que je connais sont assez peu dans le passé, ils sont tout le temps dans le futur, tu vois. Et du coup ils sont très peu dans le présent aussi. Toi dans quelle mesure tu arrives à être vraiment dans le présent, avec un métier qui est aussi intense, rapide, voilà. Et est-ce que tu trouves que c'est une bonne chose, nécessaire d'être dans le futur pour réussir dans ces métiers ?

  • Speaker #1

    C'est pas facile comme question ça.

  • Speaker #0

    Oui, j'adore les questions difficiles.

  • Speaker #1

    Je pense qu'on visualise le futur qu'on a envie de bâtir et que cette visualisation, elle ne doit pas te paralyser. Donc un bon entrepreneur ou même un bon investisseur va voir là où il veut aller, mais ça ne doit pas être un élément déterminant du quotidien. Au quotidien, c'est la consistance de ce que tu fais, de la manière dont tu le fais, les principes que tu appliques, qui ont des effets composés à terme et qui font que tu arrives à réaliser cette vision. Et d'ailleurs, c'était dans une lettre annuelle de Jeff Bezos qui disait « On surestime ce qu'on peut faire en un an et on sous-estime ce qu'on peut faire en dix. » Et donc l'entrepreneur, à force de regarder devant, en fait, se bloque l'esprit sur ce qu'il faut faire présentement pour y arriver. Et d'ailleurs, souvent, un exercice qu'on demande en board meeting avec nos entrepreneurs, c'est « prends la vision à 10 ans, fige-la. Prends la vision à un an, fige-la. Et ensuite, on va travailler en arrière pour voir ce que ça veut dire aujourd'hui. Et après, il faut que tu arrêtes de la regarder. On la regardera de nouveau dans 3 mois, dans 6 mois, dans 9 mois, dans 12 mois. Parce que tant que tu n'as pas les effets de ce que tu vas faire aujourd'hui, Ça sert à rien de te reprojeter dans un an, tu vois, 5 ans, 10 ans, quoi. Voilà. Et après, je pense que c'est aussi une question de tempérament. Moi, je vis à fond dans le présent. J'adore le présent. Parce que je sais pas si ça sert à quelque chose de regarder demain. Demain, je serai peut-être mort. Et j'en ai aucune idée, tu vois. Et t'entends des histoires d'horreur et de maladies tous les jours. Et tu peux pas te dire que toi t'es immunisé par rapport à ça quoi. Ça peut t'arriver. Donc ça sert à rien de regretter le fait de vivre présentement quelque chose d'agréable, donc même si t'as des choses derrière qui sont plus désagréables, qui sont difficiles et tout. Je comprends pas les gens qui se flagellent dans leur quotidien, de kiffer le moment présent, alors que tu vois, il y a des choses difficiles à côté. Donc il faut apprendre à profiter du moment présent. Et profiter du moment présent, c'est ne pas subir la pression extérieure, te rappeler que le monde... tourne sans toi, que à chaque fois qu'il t'est arrivé d'être à la bourre, que t'étais un peu surchargé, que t'avais des problèmes, en fait, les problèmes se solvent, les problèmes s'effacent, les tâches s'exécutent. En fait, le monde tourne. Et ton monde tourne aussi. Et toi, tu tournes. Faut pas t'inquiéter, quoi. Évidemment, c'est mieux d'être organisé, c'est mieux d'être efficace, c'est mieux de pas passer des heures sur des choses inutiles pour pouvoir être utile sur d'autres choses par ailleurs. Mais en réalité,

  • Speaker #0

    c'est qu'un long fleuve tranquille.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si c'est tranquille, mais en tout cas, j'aime bien dire que la vie est bien faite.

  • Speaker #0

    C'est quoi le moment ou les moments qui, selon toi, expliquent le plus là où tu en es aujourd'hui ? Des événements dans ta vie qui expliquent le fait que tu es aujourd'hui devenu investisseur, que tu t'es organisé comme ça ?

  • Speaker #1

    Bon déjà j'arrive pas à répondre à ta question exactement de où j'en suis aujourd'hui parce que c'est par là qu'il faut commencer quoi. Pourquoi ? Parce que je me suis jamais posé la question. Donc là tu me poses la question, tu me dis, tu vois, est-ce que tu regardes le passé, qu'est-ce qu'il fait, là où t'en es aujourd'hui, par rapport à là où t'en es aujourd'hui ? Bah où j'en suis aujourd'hui ? Aujourd'hui je suis dans le même esprit de conquête que celui d'il y a dix ans quand j'ai rejoint Xavier. Je pense même que c'est un esprit de conquête qui est renouvelé. qui est mieux organisée, qui grandit avec la maturité. Et donc moi, j'ai hâte des dix prochaines années, parce que je pense qu'elles vont être très différentes, parce que je fais les choses différemment aussi. Donc il y a ça. Je pense que j'aurais aimé être plus loin sur certaines réussites par rapport à des deals que j'ai faits, etc., et que j'y suis pas encore, et que ça, ça me pose la question de... Est-ce que je suis assez bon dans ce que je fais, quoi ? Et en même temps, il y a plein de choses et j'ai plein de retours d'entrepreneurs toutes les semaines qui sont heureux de nos échanges, des feedbacks que je leur donne, de ce qu'on a fait ensemble, etc. Donc j'ai quand même l'impression qu'on fait le travail. Il y a un truc qui est une notion qui est la notion d'ikigai chez les japonais.

  • Speaker #0

    J'adore.

  • Speaker #1

    Ce que tu fais bien. ce que tu aimes et ce pourquoi tu es utile au monde. En fait, c'est la composition des trois qui forme cette espèce de cœur.

  • Speaker #0

    C'est le rond, c'est l'intersection en fait.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est l'intersection. Moi, je suis en plein dedans. Et ça fait dix ans que je suis en plein dedans, dans cette ikigai. Et donc, en fait, j'ai quand même un équilibre, tu vois, intrapersonnel qui est très fort. Parce que je me sens aligné avec ce que je fais dans mon quotidien. Et voilà, mes chahuts internes, c'est des chahuts internes autour de... qui sont mon avis, tu vois, est-ce que je l'ai fait assez bien ? Est-ce que je l'ai fait avec assez d'ambition ? Avec assez de force ? Est-ce que je suis à la hauteur ? T'arrives quand même,

  • Speaker #0

    je trouve qu'il y a beaucoup d'entrepreneurs, en tout cas de manière générale, les gens qui sont performants, ont parfois du mal avec la satisfaction, la fierté, tu vois, le sentiment de fierté. En fait,

  • Speaker #1

    le problème de la satisfaction, c'est qu'elle s'évapore à une vitesse folle. Quand on a... Quand tu accompagnes une boîte pendant des années et qu'un jour elle se vend, tu te sens extrêmement vide le lendemain. C'est terrible. En fait, parce que ce qui était important, c'était la journée, tu vois, la concrétisation de la vente, l'argent, le machin et tout. Fondamentalement, ça ne te nourrit pas trop. Et d'ailleurs, c'est pour ça qu'il y a des entrepreneurs...

  • Speaker #0

    Ça nourrit ton CV, quoi.

  • Speaker #1

    Ouais, ton compte en banque et ton CV.

  • Speaker #0

    J'aurais pu penser quand même en premier.

  • Speaker #1

    Non mais tu vois, nourrir ton compte en banque et ton CV, c'est quand même pas ça qui te fait avancer le lendemain malheureusement. Le lendemain en fait c'est la prochaine histoire sur laquelle tu vas te battre. C'est pour ça qu'il y a quelque chose d'un peu boulimique chez les gens qui gagnent beaucoup d'argent, parce qu'en fait plus ils en gagnent, plus ils en gagnent, mais parce qu'en fait ils sont juste nourris par ces espèces de quêtes, les unes à la suite des autres, derrière lesquelles ils courent. Xavier, il ne rachète pas des boîtes telco pour l'argent, tu vois, avec ce qui pèse, c'est pas ça le sujet. rachète des boîtes telco parce que putain ça l'excite tu vois alors de racheter une boîte telco, de venir avec ses équipes, de couper dans les coups inutiles, d'amener tout ce qu'il sait faire là-dedans pour en faire une belle pépite. Et en fait, il fait une pépite après l'autre. C'est comme un chercheur d'or ou dans une mine de diamants, je ne sais pas quoi. En fait, tu ne cherches pas le gros. Évidemment, ta tête, tu as cette espèce d'imaginaire de « je cherche le gros lingot » . Mais en réalité, toute ta vie ne sera faite que de plein de petits lingots et c'est ça qui te fait kiffer. Et si un jour tu trouves le gros lingot, chuuut

  • Speaker #0

    suis pas sûr que tu serais agressé tu vas vouloir essayer de chercher encore un plus gros lingot tu vois ça va pas marcher justement c'est intéressant que tu en parles parce que c'est une question que je voulais te poser effectivement quand tu es investisseur tu cherches toujours le prochain deal le prochain bon avest la prochaine belle perf et et c'est vrai que je suis d'accord avec toi le problème de l'argent c'est la cupidité c'est quand tu quand tu viens à être en permanence insatisfait de ce que tu as déjà d'ailleurs on dit je sais plus ce que c'est l'étude mais c'est qu'il dit que Au-delà de, je ne sais plus ce que c'est, mais du style 80 000 euros par an de revenus, tu es marginalement plus heureux. Le gain marginal de bonheur. Le gain marginal de bonheur, le gain de bonheur est marginal. Et du coup, c'est vrai que ça dépend si tu cherches le bonheur, donc la satisfaction qui est plutôt le fait d'aimer ce que tu as déjà, ou est-ce que tu cherches l'excitation. Mais du coup, la question c'est comment tu travailles ton rapport à l'argent, toi, pour éviter ce côté cupidité. Et peut-être que Zéminel, tu as une réponse pour lui aussi. De courir toujours après plus. Et en même temps, d'être là, de continuer à être performant, d'accomplir des choses qui ont du sens pour toi. Comment tu navigues là-dedans ?

  • Speaker #1

    Déjà, pour l'anglicisme, je pense qu'il y a des choses qui sont outward facing et des choses qui sont inward facing. Outward facing, c'est justement la réussite des boîtes, le succès, l'argent, tout ce que ça va générer, etc. Quand tu fais ton métier et que tu cherches à générer du chiffre d'affaires, faire grossir ta boîte, devenir gros, devenir rentable, chercher ce succès un peu matériel, matérialiste. En réalité, pendant que tu fais ça, tu es aussi en train de nourrir la manière dont tu le fais et ce qui te grise dans la manière dont tu le fais. Et donc, moi, mon objectif personnel, c'est dans peut-être 10 ans, peut-être 15 ans, peut-être 20 ans, je ne sais pas quand, mais c'est d'arriver à ne plus chercher cette performance extérieure. Ou plutôt chercher le résultat, tu vois, la performance, mais plutôt me reconcentrer uniquement sur qu'est-ce que j'aime faire au quotidien et ce qui me nourrit déjà dans mes interactions avec les entrepreneurs. Donc prenons ce jeune artisan-là, ce jeune cuisinier chez Pierre Reboule. Et je parle de Pierre Reboule parce que ça me fait chier qu'il ait trois tables vides quand j'y étais l'autre soir. Il devrait être plein, il devrait avoir l'accueil, il devrait avoir des mois d'avance chez Pierre Reboule parce que c'est extraordinaire ce qu'il fait. Et je pense à ce... à ce jeune. Aujourd'hui, ce n'est pas mon quotidien de passer du temps avec ce jeune-là. Un, peut-être, oui, mais pas dix ou quinze. Peut-être que dans dix ans, ce qui va me griser, c'est exactement ce que tu as dit. Ça va être d'accompagner des artisans, en fait des gens à une échelle beaucoup plus petite, mais qui vont continuer de me nourrir parce que je vais faire exactement la même chose que je faisais avec les autres entrepreneurs, c'est-à-dire les aider à se réaliser. Moi, mon job, il est d'y croire, enfin d'écouter d'abord, première chose. Ensuite, une fois que tu as écouté, c'est poser des questions simples, mais qui permettent aux entrepreneurs de réaliser certaines choses. Oui,

  • Speaker #0

    tu as dit une phrase, il n'y a pas longtemps que j'ai oublié de m'utiliser, il y a un pouvoir incroyable dans les questions stupides.

  • Speaker #1

    Oui, et stupide, c'est pour un peu mettre l'accent sur le truc, mais en fait, c'est dans les questions simples. Donc, d'y croire, poser des questions simples. Non, écouter, poser des questions simples, y croire, et ensuite... donner confiance et permettre aux gens de se réaliser et en fait moi c'est ça mon quotidien

  • Speaker #0

    Et c'est ce que je kiffe faire.

  • Speaker #1

    Ce qui t'excite le plus, en tout cas je sens les paillettes dans les yeux, c'est surtout le fait d'aider des entrepreneurs à se réaliser plus que la performance en fait.

  • Speaker #0

    Totalement, et la performance c'est le résultat naturel d'aider des entrepreneurs à se réaliser. Aujourd'hui j'aide des entrepreneurs à se réaliser en faisant du venture capital, avec des moyens importants, sur des ambitions démesurées, et c'est très excitant. Mais je te dis pas que dans 15 ans en fait mon kiff ce sera plutôt d'aider des dizaines d'artisans à devenir des artisans exceptionnels à un scale beaucoup plus petit mais ça me rendra tout aussi fier.

  • Speaker #1

    Pourquoi tu commences pas maintenant si ça te fait vibrer déjà ?

  • Speaker #0

    Parce que en fait quand tu fais quelque chose quand tu regardes le futur, tu as la vision de ce que tu veux accomplir et Et dans cette vision de ce que tu veux accomplir, tu as le résultat final de ta boîte et tu as aussi le sentiment d'accomplissement personnel. Et moi, je ne l'ai pas atteint. Je ne pense pas avoir atteint ce cadre-là et je pense qu'il va me falloir encore 10-15 ans. Je pense que ça prend un peu de temps. Et si je faisais autre chose tout de suite, sans avoir finalisé cette première étape, je me sentirais... tu vois, incomplet, ou en tout cas j'aurais l'impression d'avoir fui quelque chose pour autre chose, tu vois. Et j'ai pas envie. Et d'ailleurs j'ai un investisseur que je connais bien qui monte sa boîte, et avant de monter sa boîte, il a accompagné deux de ses portfolio compagnie à lever des gros tours de financement, et en fait il a construit son portefeuille, et il me dit tu vois, je quitte ce fonds avec la satisfaction d'avoir fait mon travail jusqu'au bout. Moi, tant que... Je n'ai pas généré deux fois minimum cash on cash, en cash pur, ce que Xavier m'a permis d'investir depuis dix ans, et donc bientôt pendant quinze ans ou vingt ans, je ne serai pas satisfait. C'est marrant parce que l'objectif est précis. L'objectif est précis, je te dis ça, ça peut être un peu moins, ça peut être un peu plus, c'est juste que la mesure de la performance dans le métier, c'est le cash que je rapporte. Aujourd'hui, je n'ai pas encore rapporté. Je n'ai pas rapporté plus de cash que ce que j'ai investi. Et ça, je vais y arriver.

  • Speaker #1

    En même temps, c'est des plaies à 10 ans. C'est logique. J'imagine que c'est ce qu'attend aussi Xavier Niel. Il n'investit pas de l'argent dans les startups pour juste la journée.

  • Speaker #0

    Je me vois mal un jour aller voir Xavier et dire « Viens, on fait un kima de l'artisanat. Puis on laisse tourner le portefeuille à côté. » On verra ce qui se passe dans 5 ou 10 ans, si ce portefeuille génère effectivement le cash qu'il est censé générer par rapport à sa perf latente. Non, j'ai plutôt envie de lui dire, depuis 10 ans, j'ai énormément appris. En fait, cet apprentissage, je vais le mettre au service des 10 prochaines années pour des résultats décuplés, plutôt que redescendre d'un cran, tu vois.

  • Speaker #1

    Pour finir, j'aimerais bien qu'on parle de ton rapport au conflit.

  • Speaker #0

    Ouh là !

  • Speaker #1

    Ouh là là, direct ! Je trouve ça intéressant parce que, déjà, tu as un métier... qui suppose de dire beaucoup non, j'imagine.

  • Speaker #0

    Tout le temps.

  • Speaker #1

    Tout le temps, voilà. 90% du temps, j'imagine. Et puis, il y a plusieurs sujets que j'aimerais bien aborder avec toi. Alors, le premier, c'est déjà comment toi, tu es confortable avec le fait de dire non. Très confortable. Et est-ce que tu te sens confortable avec le conflit ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense que l'idée que je m'en fais est la réalité. Je pense que j'ai l'impression d'être très confortable avec le conflit. Parce que je dis souvent non et que j'ai pas peur de la confrontation, mais je pense que j'aime pas le conflit. Et donc c'est deux choses différentes. Moi j'avais tendance à mélanger les deux. A dire non mais moi le conflit ça me dérange pas parce qu'en fait la confrontation me dérangeait pas. Mais en fait c'est deux choses différentes. En fait moi j'aime pas le conflit.

  • Speaker #1

    C'est quoi la différence pour toi ?

  • Speaker #0

    On peut pas dire la confrontation parce que c'est la partie la plus facile. La confrontation c'est se mettre en face de quelqu'un. Et en tout cas, je pense qu'une bonne et belle confrontation, c'est une confrontation où on s'écoute, où on n'est pas d'accord, on se le dit, mais on se le dit avec de bonnes intentions, tu vois. Et à la fin, au bout de cette confrontation, on arrive à quelque chose où chacun a sorti son sac, on a réussi à se comprendre, et comme on s'est compris qu'on a sorti son sac, etc., on arrive quelque part, qui même c'est pas parfait, au moins, tu vois, les choses ont été... Tout est sorti avec les bonnes intentions. Et en fait, je trouve ça très... Je trouve quelque chose d'assez agréable dans la confrontation. Parce que, en fait, oui, la vie est faite de tensions, tu vois. Donc c'est important que ces tensions, elles s'expriment. Et après, la manière de bien se confronter, quoi. Le conflit... Il y a des gens qui sont conflictuels par nature. C'est-à-dire qu'à chaque fois qu'il y a quelque chose, ils vont chercher la petite bête, ils vont faire un petit peu chier, ils vont tuer, genre... Ils vont chercher le fight. Moi, je suis plutôt de nature à me poser ma question initiale, dès que je vois un début de couvrir un truc, c'est comment est-ce que j'évite le fight ? Parce qu'en fait, moi je veux kiffer, je veux pas me faire chier.

  • Speaker #1

    Ça te saoule de mettre de l'énergie dans un fight ?

  • Speaker #0

    99% des cas, tu vois. Quand le truc te bouffe intérieurement, bien sûr, t'y vas parce qu'en fait... tu as besoin de le confronter mais quand ce truc ne te bouffe pas intérieurement et que c'est un truc matériel ou petit ou tu vois qui ne change rien tu vois à ton quotidien à la face du monde ou je ne sais quoi putain en fait je préfère l'éviter quoi il fait chier d'y aller toi

  • Speaker #1

    tu as vécu du coup un conflit d'associés on peut le dire sur New Wave tu vois exactement comment tu le vois qui est un sujet que plein d'entrepreneurs vivent moi-même je l'ai vécu tu vois récemment donc je te pose la question euh... pas par voyeurisme, parce que ça peut aider je pense aussi des gens, tu vois. Comment tu as vécu cette période-là ? Et surtout, quelle est la plus grande leçon que tu en as tirée ?

  • Speaker #0

    Bon, ça a été très, très difficile.

  • Speaker #1

    Donc, pour le remettre du contexte, c'était un fonds New Wave dans lequel tu étais associé avec quelqu'un.

  • Speaker #0

    On s'est associé avec quelqu'un, on s'est séparé et cette séparation a été difficile. Très difficile. On va revenir directement aux conclusions. D'abord parce que moi je fais la paix avec ce conflit. J'ai fait la paix avec ce conflit parce que ce qui est important c'est qu'on avance. La première c'est que dans le conflit il y a un aspect matériel et un aspect émotionnel. L'aspect émotionnel sera toujours beaucoup moins prédictible, beaucoup plus important et fait ressortir les choses les plus profondes chez les gens par rapport à l'aspect matériel. Donc en fait il faut aborder l'aspect émotionnel en... tout tout tout tout tout premier lieu le sujet n'est pas matériel dans un conflit entre associés il est émotionnel il est sur comment tu me perçois quelle image tu renvoies aux autres qu'est-ce que ça va faire sur ma réputation, sur mon estime de moi, dans la là, en fait c'est tr��s complexe quoi, et l'émotion ce n'est jamais quelque chose qui se traite dans l'instant moi c'est très difficile pour moi parce que je suis une garçon très efficace par nature, j'aime que les choses aillent très vite,

  • Speaker #1

    et là c'est lent faut le temps d'absorber c'est même pas lent,

  • Speaker #0

    c'est naturel et en fait les émotions, les sentiments et tout ça de manière naturelle ça prend du temps. Donc il faut accepter ce temps quoi. Et ce temps ça veut dire que tu vas dire quelque chose à quelqu'un à un instant donné et que tu n'en verras les résultats que dans quelques jours, quelques semaines, quelques mois et qu'en plus c'est pas qu'une fois c'est deux fois, trois fois, dix fois en fait c'est un espèce de fil rouge à suivre quoi. Donc il faut prendre de l'avance. Un bon conflit c'est pas un conflit qui se... Les gens pensent qu'un bon conflit c'est c'est un conflit qui se traite vite. C'est pas vrai. Un bon conflit, c'est un conflit qui se traite avec le temps. Le temps que les choses se digèrent, se nourrissent, que les échanges se fassent, que tu prépares les choses à la fois émotionnellement, matériellement, etc. Donc un bon conflit entre associés, c'est un conflit qui doit prendre du temps. Donc prenez votre temps. Prenez votre temps d'abord de comprendre quelle est la situation, de comprendre comment vous vous ressentez, pourquoi vous vous ressentez comme ça, d'essayer de comprendre comment l'autre se ressent. Parce qu'en fait, il y a toujours deux côtés de l'histoire. Moi, dans le cadre de notre conflit... On peut dire qu'on était deux personnes avec des tempéraments différents à plein d'égards, et que ces tempéraments pouvaient créer des frictions qui étaient désagréables pour l'un comme pour l'autre. Après, il y a plein d'autres aspects dans le conflit, mais ça, c'était important. Et donc, il faut que tu comprennes comment l'autre se ressent.

  • Speaker #1

    Tu as réussi à le faire tout seul, ou est-ce que vous vous êtes fait aider par un médiateur ou par ce genre de choses ? tellement une solution qui est peu utilisée et utilisée trop tard au moment où les émotions sont tellement vives que c'est là où ça devient un conflit en réalité parfois quand ça bloque un peu si tu fais une médiation ça peut vite te boucler il y a eu un médiateur qui aurait pu rentrer dans la boucle à un moment donné,

  • Speaker #0

    c'était déjà trop trop trop tard une bonne médiation ça se fait très tôt, c'est certain, et dans tous nos conflits d'associés d'ailleurs, maintenant systématiquement je leur conseille de prendre un médiateur immédiatement Immédiatement, c'est ce médiateur qui a l'habitude justement de permettre à l'un et l'autre de comprendre les situations, les émotions, les sentiments, etc. Et donc de créer un terrain de synchronisation pour pouvoir avancer sereinement après. Un bon conflit, c'est un conflit qui ne se traite pas rapidement, qui se traite un peu lentement, au rythme des émotions et pas des aspects matériels qui s'en suivent. Et une fois qu'on a traité la partie émotionnelle, on peut traiter la partie matérielle.

  • Speaker #1

    Je pense en tout cas que c'est de se séparer, de se serrer la main sous la pluie. C'est ça, j'aime bien l'image. Oui,

  • Speaker #0

    j'aime bien, c'est joli. Après, le problème, c'est que souvent, quand on est face à une séparation ou un conflit, c'est souvent la première fois. Ça nous arrive peu dans la vie. Et donc, on apprend. Il n'y a pas longtemps, j'étais dans une situation conflictuelle, pas conflictuelle, mais qui aurait pu potentiellement être conflictuelle avec quelqu'un. Putain mais en fait je me suis rappelé toute l'expérience des 12 dividendes du mois, je peux dire que ça se passe nickel. Ça se passe nickel parce que je savais qu'il fallait que je fasse attention dans ce cadre-là.

  • Speaker #1

    Et tu arrives à ne pas, par peur de reproduire ou de revivre ce que tu as vécu, à ne pas transiger ou faire des compromis sur toi, tes besoins ? Parce que parfois tu vois c'est ce qui peut arriver. C'est que tu te dis en fait bon du coup fuck j'ai déjà vécu un truc et donc du coup je vais laisser tomber ce que je veux.

  • Speaker #0

    Moi je me sens beaucoup.

  • Speaker #1

    Il y a plus de mal à ne pas laisser le truc ?

  • Speaker #0

    Je pense que j'ai l'impression que je suis responsable de tout tout le temps. C'est déjà un struggle, un conflit intérieur à gérer chez moi.

  • Speaker #1

    Ton problème, c'est plus la peur de ne pas être aimé ?

  • Speaker #0

    Bien sûr,

  • Speaker #1

    100%. Peur du rejet ? Oui,

  • Speaker #0

    manque de reconnaissance, être inutile.

  • Speaker #1

    Être inutile ? J'avais demandé à ça au fondateur de Tiga, d'une fois je lui ai dit « Est-ce que tu préfères que tes salariés te disent qu'ils ont aimé travailler avec toi ou qu'ils ont grandi avec toi ? » Je me dis franchement, ça ne me fait pas plaisir de dire ça, mais je préfère que les gens aient aimé.

  • Speaker #0

    Pas facile. Les gens sont souvent ingrats. Tu as beaucoup de gens que tu as aidés à faire grandir, qui ne te diront pas que tu les as fait grandir. Et d'ailleurs, juste, c'est pas très sympa, mais dans l'entreprise, les patrons ont du mal à comprendre ce que ressentent leurs employés. Et l'inverse est vrai aussi, les employés ne comprennent pas ce que ressentent les patrons. Il y aura toujours une dichotomie là-dessus entre patron et employé. Le patron, il met ses tripes, il joue sa life, il a une prison quotidienne énorme et l'employé va dire qu'il n'est pas assez valorisé. qu'il est un élément important et que le patron n'a pas conscience de tous les efforts qu'il fait pour que son patron s'enrichisse. Et en fait, ce truc-là est universel et durera éternellement et ce n'est pas grave. Mais donc, ça veut dire que ça demande, si tu sors de là, de créer un environnement de travail où les gens, en tout cas, sont fiers, se sentent valorisés, ont l'impression de grandir et tout.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu crois avec cet événement de l'IA, des IA agents, etc., tout ce qu'on dit là-dessus ? C'est la fin du salariat, tu vois. C'est l'avènement dans la tech, je parle un plus tout particulièrement, tu vois, mais c'est l'avènement de ce que Sam Altman peut dire les prochaines boîtes à un milliard avec 20 personnes, tu vois.

  • Speaker #0

    Alors je sais pas, j'ai du mal à prendre en compte la notion de salariat. Mais je pense qu'il y a beaucoup de gens qui ont besoin d'être managés, d'être dans un environnement encadré. Ça les rassure. Ils préfèrent se lever le matin, pas en se disant j'ai la responsabilité de ce que je vais faire aujourd'hui, mais quelqu'un m'a donné des tâches à accomplir, dont les missions sont claires, sur lesquelles mon champ de compétences est clair aussi. Et à la fin de la semaine, à la fin du mois, je suis payé, je suis payé pour ça et ça me rassure. C'est important. Et ça, ça ne changera jamais. Il y a des gens qui veulent être des indépendants, il y a des gens qui veulent être salariés, il y a des gens qui ont besoin d'un cadre, d'autres qui le détestent. Et il y a des gens d'ailleurs qui devraient être salariés mais qui détestent le cadre et inversement.

  • Speaker #1

    Toi tu détestes le cadre, tu le dis, et pourtant t'es salarié.

  • Speaker #0

    Moi je suis pas vraiment salarié.

  • Speaker #1

    Comment tu considères son statut ?

  • Speaker #0

    Bah si tu demandes à... tu peux le demander à Xavier. Mais en fait, Xavier d'abord il fait confiance aux gens avec qui il bosse. Il leur demande... En fait Xavier il est impatient dans l'action, impatient dans les résultats. Donc il demande que tu sois là, que tu fasses le taf et je pense qu'il a besoin de ressentir que tu ne te satisfais pas de là où tu es et que tu continues de faire les efforts pour aller là où tu dois aller. Donc ce truc-là est important. Et tant que tu fais ça avec de l'éthique de travail, avec du talent, tout en continuant d'apprendre, il continuera de te faire confiance. Et après, la difficulté c'est que Xavier a mis l'activité en parallèle. Et donc, toi, en tant qu'une petite partie de ses activités, à quel moment tu le sollicites ? Pourquoi ? Comment ?

  • Speaker #1

    T'as encore peur de le solliciter, Xavier Niel ?

  • Speaker #0

    Tout le temps, depuis toujours. J'ai toujours peur de le déranger. Parce qu'en fait, comme Xavier, il est toujours sympa, et toujours avec nous, il travaille avec lui. Il est toujours moteur, il dit toujours oui et tout. De temps en temps, je me dis, mais merde, en fait, si je lui prends une heure ou deux sur un truc, alors qu'en fait, le jour J, ça va l'emmerder parce qu'il a peut-être d'autres trucs qui le tracassent. Je suis un peu embêté, tu vois. Donc, ouais, ouais, j'ai... Et moi, je le sollicite. peu ou le moins possible parce que j'ai peur de le déranger.

  • Speaker #1

    C'est pas facile parce qu'en plus, je trouve que ça fait quoi ? 11 ans maintenant que tu es chez Kimana ?

  • Speaker #0

    10 ans, ouais.

  • Speaker #1

    10 ans, ouais. Donc, tu as commencé au démarrage de... Tu es parti de dire que tu étais partenaire chez The Family à l'époque, je me souviens. Tu as quitté ce monde qui était déjà très excitant à l'époque, parce que The Family, c'était le cœur de l'écosystème à ce moment-là.

  • Speaker #0

    C'est grâce à The Family que j'ai eu mon job chez Xavier.

  • Speaker #1

    Ah ouais ?

  • Speaker #0

    Bien sûr. Il m'a permis d'être visible, de communiquer, et d'avoir une image à laquelle Xavier a pu se référer le jour où il s'est posé la question qui je vais mettre à la tête de qui m'a. Donc je serai toujours éternellement reconnaissant de cette expérience. Puis j'étais là au bon moment. C'est super.

  • Speaker #1

    Comment tu analyses d'ailleurs le conflit The Family ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il n'y a pas trop d'analyses à avoir. Ce qui est dommage, c'est l'ampleur que ça a pris, comme toujours, souvent. Et puis, c'était un joli jouet qui a été cassé. Et qui a été cassé parce que... Et d'ailleurs, on en revient à ce qu'on se disait avant. Quand tu es bootstrap, tu apprends de ton expérience. Et en fait, tu es face à toi-même et tu n'as pas l'argent extérieur, etc. Chez ce family, c'était quand même la même problématique que tous les incubateurs et que tous les accélérateurs du monde, c'est comment est-ce qu'on gagne de l'argent tout en accompagnant des boîtes dont on sait que les retours ne vont arriver que dans 10 ans. Donc, une espèce d'organisation bicéphale où d'un côté, tu accompagnes des entrepreneurs et de l'autre, tu as des activités pour gagner de l'argent maintenant. Et c'est hyper, hyper, hyper dur.

  • Speaker #1

    Il y en a qui réussissent. D'ailleurs, récemment, j'ai passé... pas mal de moments avec Pierre Paris, The Quest.

  • Speaker #0

    Ah oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    The Quest, pour faire le pitch, c'est cinq associés. D'ailleurs, c'est très étonnant que cinq associés, ça marche. Je ne sais pas trop comment ils fonctionnent, mais d'ailleurs, il m'a fait une réponse là-dessus. Il m'a dit qu'en fait, ils n'ont pas peur du conflit. En tout cas, ils n'ont pas peur du désaccord. Et donc, ils se rendent dedans les uns les autres.

  • Speaker #0

    Quand je ne suis pas d'accord avec Max sur un truc, je lui fais un mail, je lui dis, mais direct, je rentre dedans. Il n'y a jamais aucun problème. Il revient vers moi de manière hyper circonstanciée. là tu suis d'accord là tu suis pas d'accord tadada c'est hyper agréable non mais ils sont vraiment très bons

  • Speaker #1

    Et donc eux, ils accompagnent des très jeunes entrepreneurs à monter des boîtes plutôt très tech, très disruptives, comme on dit. Et pourquoi je te dis ça ? Et en fait, ils ont Maxime qui va plutôt se concentrer sur le très long terme, la capacité potentielle à faire un milliard, on va dire. Et Pierre qui, lui, se concentre sur comment je fais rentrer du cash maintenant. Et donc effectivement, dans ce type de modèle, il faut absolument que tu aies du cash qui rentre pour financer la vie. et puis que tu en aies un qui bosse sur le futur. Ce que The Family aurait pu réussir à faire, d'ailleurs avec un modèle comme Pathfinder, je me souviens, où ils faisaient du conseil sur les entrepreneurs et qui rapportaient un peu d'argent, mais je ne sais pas pourquoi. En fait, je pense qu'à un moment donné,

  • Speaker #0

    ils s'en oubliaient là-dedans. L'idée de Pathfinder, c'était du conseil au grand groupe. Donner du conseil au grand groupe, alors que de l'autre côté, tu conseilles les boîtes qui vont les disrupter. Tu peux donner le truc en long, en large, en travers. Ce n'est pas facile. Le truc qui marchait bien, je pense que là où The Familiar aurait pu killer le game en plus c'était la bonne période c'était 2015 C'était le contenu. On aurait dû, en fait, tu vois, Alice était exceptionnelle en termes d'énergie déployée pour que ce contenu existe. Oussama pour l'animer. Et Nicolas pour le crédibiliser. Et en fait, cet ensemble-là fait qu'ils auraient pu lancer X podcast, X truc, tout. Sur le contenu, on aurait dû juste mettre la gouache et ne faire que du contenu. C'est très facile à dire a posteriori, mais...

  • Speaker #1

    Oui, le contenu, ça rapporte de l'argent.

  • Speaker #0

    Mais le contenu... bien exécuté, c'est énorme.

  • Speaker #1

    Oui, c'est un rapport du cash, c'est clair. MrBeast est le premier YouTuber humilier.

  • Speaker #0

    Voilà, regarde la rapidité à laquelle un legend média a fait sa place en France.

  • Speaker #1

    C'est ouf. Tu penses que le podcast c'est un business en crise ou c'est un business de... Comme ça, je vais savoir si je continue ou pas très longtemps.

  • Speaker #0

    C'est un business de pour-haut, comme le VC, il n'y a que le top 1% qui va générer 99% de l'argent. Donc, il faut être dans les meilleurs.

  • Speaker #1

    Il faut être dans le top 1%.

  • Speaker #0

    Si t'es pas dans le top 1%, dis-toi que tu fais ça par passion. Pas pour autre chose.

  • Speaker #1

    C'est pour ça que je le fais pour l'instant. Effectivement, je connais bien Mathieu Stéphanie qui était dans le club au début. Il incarne bien ça. Parce que lui, avec son podcast, il fait plus d'un million de revenus en sponsoring. Sur des échelles de coût.

  • Speaker #0

    Mathieu est dans le 1% du 1%.

  • Speaker #1

    Oui, il est dans le 1% du 1%. Mais je pense qu'en plus, comme il a une cible B2B... Il monétise son audience beaucoup plus cher que d'autres podcasts qui font même parfois plus d'audience, mais qui sont metoussis.

  • Speaker #0

    Il est très bon, c'est un des grands exemples.

  • Speaker #1

    Deux dernières questions pour terminer. Quel est ton plus grand regret ?

  • Speaker #0

    Professionnel ou personnel ?

  • Speaker #1

    Tu choisis.

  • Speaker #0

    Écoute, on va rester sur le cadre pour mon plus grand regret. Pro, c'est de ne pas avoir été là pour une de nos boîtes lorsqu'il s'agissait de structurer la gouvernance beaucoup mieux pour qu'elle réussisse. Et que le gain potentiel de cette boîte par rapport à la perte que ça a généré est monstrueux.

  • Speaker #1

    Et tu as le sentiment que si tu avais été présent pour les aider à...

  • Speaker #0

    Si ça avait été aujourd'hui, par rapport à il y a 5 ans, j'aurais géré la situation différemment. Et l'output aurait été probablement différent.

  • Speaker #1

    Ça me fait penser à une petite question subsidiaire qui est que tu as dit récemment aussi que tu n'as pas investi dans une boîte parce que tu considérais que le fondateur était un con. Et que c'était potentiellement un manque à gagner d'aujourd'hui 50 millions.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    Tu regrettes une décision comme ça ?

  • Speaker #0

    Je pense que la raison pour laquelle je regrette, c'est parce que... t'aimer un jugement de valeur sur quelqu'un en réalité t'as plein de gens que tu finances que tu penses qu'ils sont bien et en fait c'est des cons aussi donc en fait au moins lui c'était clair il n'y avait pas de choix et ensuite ça reste une belle boîte et donc je suis un peu je m'en veux un petit peu d'avoir été pris par le... il y avait 3 éléments, c'était pas le seul élément il y avait 3 éléments différents dans la boîte mais c'était un des 3 Voilà Peut-être que j'aurais dû être beaucoup plus trivial dans ma façon de penser et pas trop réfléchir à ce deal-là.

  • Speaker #1

    Et c'est quoi ta définition d'un con ?

  • Speaker #0

    Quelqu'un qui... Enfin d'ailleurs, je ne sais pas un con, mais c'est un connard. Un connard, c'est quelqu'un qui n'a pas de... Ah ! Il faut que je trouve le bon mot.

  • Speaker #1

    Empathie ?

  • Speaker #0

    Non, je ne crois pas beaucoup en l'empathie, moi. Je crois en la compassion rationnelle. L'empathie c'est un truc qui fait mal, c'est pas bon, ça peut te bouffer quelqu'un, quelqu'un qui a trop d'empathie, ça va le bouffer au quotidien, c'est dangereux. La compassion c'est important, et la compassion rationnelle c'est ce qui te permet de faire la part des choses. Donc je crois plus en la compassion qu'en l'empathie, et ce mec là, il est un connard, c'est quelqu'un qui ne se pose pas la question. de ce que les gens ressentent quand ils leur parlent, quand ils agissent, quand ils font les choses, tu vois. Ils ne se rendent pas compte. Tu peux rendre quelqu'un de très malheureux dans ton style de management ou de leadership au quotidien, et toi, ça te fait ni chaud ni froid. Je pense que c'est un manque d'empathie quand même. C'est les gens qui ont en fait un niveau d'empathie, genre, tu vois, qui est un peu plus bas que la moyenne, premièrement, et qui, deux, sont un peu sans filtre. Et en fait ce combo là il est dangereux parce que ça fait des gens qui... Tu vois ça détruit des personnalités quoi.

  • Speaker #1

    Ah bah bien sûr. Mais tu sais j'écoutais sur Legend justement un psychiatre de psychopathe tu vois. Ouais. Et il disait...

  • Speaker #0

    C'est le père de Alice Daguiri.

  • Speaker #1

    Ah d'accord mais t'as raison il s'appelle Alice Daguiri. Ouais ouais. Ah oui c'est très drôle. Alors là il disait ça, c'était super intéressant. Il disait est-ce que tu sais quel est le top 3 des professions où il y a le plus de psychopathes ? Essaye vas-y.

  • Speaker #0

    Bah je sais pas mais j'imagine que du coup tu verras les entrepreneurs. Non c'était quoi le truc ?

  • Speaker #1

    Les entrepreneurs non.

  • Speaker #0

    Non c'était quoi ?

  • Speaker #1

    Alors numéro 1 c'est les politiques.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Numéro 2 c'est les chefs d'entreprise.

  • Speaker #0

    Bon chefs d'entreprise pardon ok.

  • Speaker #1

    Ouais parce que je pense que c'est plus chefs de grandes entreprises que entrepreneurs tu vois.

  • Speaker #0

    D'accord je comprends ce que tu dis.

  • Speaker #1

    Et numéro 3 c'est les chirurgiens.

  • Speaker #0

    Ouah c'est dingue !

  • Speaker #1

    Ouais parce que les chirurgiens en fait il faut absolument que tu manques... Si tu te mets à stresser, à avoir peur de faire du mal à l'autre, évidemment que ta main tremble.

  • Speaker #0

    Et peut-être aussi que tu as le niveau d'empathie, mais qu'à mesure que tu avances dans ta carrière, comme tu as besoin d'Annie, il est ça pour pouvoir faire ton métier, c'est comme les gens qui font face à la mort tous les jours.

  • Speaker #1

    Et c'est la deuxième leçon que j'ai trouvé assez fascinante, c'est que la sociopathie n'est pas innée, elle est acquise souvent. Et ça c'est quand même fou. Ça veut dire que c'est un environnement dans lequel tu vis. La confrontation à la mort, ça peut être ça, mais ça peut être la violence managériale, ça peut être la violence, la guerre, tu vois. Qui vont faire que tu vas bloquer à un moment donné ton canal empathique. Et chez les politiques, c'est un peu ça. C'est-à-dire qu'en fait, Macron, tous les psys, les psys adorent analyser les hommes politiques, ils te disent qu'en fait, le gars, il a... Et c'est ça qui crée, je pense, une telle distance avec les gens et qui font qu'aujourd'hui, il est détesté. C'est qu'en fait, il a coupé son canal empathique, en réalité. Il est très rationnel, tu vois.

  • Speaker #0

    Pour se protéger, parce que c'est quelqu'un qui a l'air d'être assez hypersensible. Je ne le connais pas, mais il est très sensible. Je pense qu'à un moment donné, si tu es dans ce monde politique qui est assez violent, tu t'en protèges comme ça. C'est ouf.

  • Speaker #1

    C'est ça. Donc voilà, faut faire gaffe à ça. Mais je pense avoir des enfants t'inquiète, ça te protège pas mal de ça. En tout cas moi c'est ce que je me dis pour moi avec la mère.

  • Speaker #0

    Pour te rassurer ?

  • Speaker #1

    Ouais pour me rassurer exactement. Dernière question, pour qui tu as le plus de gratitude aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Euh... Waouh ! Ecoute instinctivement j'allais répondre pour Xavier. Et après il y a la personne pour qui j'ai le plus de gratitude, c'est ma mère. Aujourd'hui c'est les gens qui sur la plus longue durée ont eu un impact sur moi. Et après j'ai deux autres personnes en tête mais je les garderai pour moi. Ok. Bon.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Jean d'être livré dans un poil et sans filet.

  • Speaker #0

    Avec plaisir.

  • Speaker #1

    Et puis je te souhaite un bon retour ex.

  • Speaker #0

    Une bonne semaine surtout, on n'est que lundi mon vieux, maintenant il va falloir enchaîner.

  • Speaker #1

    Ah tu restes à Paris là ?

  • Speaker #0

    Ah ouais ouais ouais. Ah d'accord. Il faut aller bosser.

  • Speaker #1

    Il faut aller bosser. Allons bosser.

  • Speaker #0

    Merci Jean. A bientôt.

  • Speaker #1

    Ton problème, c'est plus la peur de ne pas être aimé ?

  • Speaker #0

    Bien sûr,

  • Speaker #1

    100%. Peur du rejet, quoi ?

  • Speaker #0

    Oui, manque de reconnaissance, être inutile.

  • Speaker #1

    Être inutile ? J'avais demandé à ça au fondateur de Tiga, est-ce que tu préfères que tes salariés te disent qu'ils ont aimé travailler avec toi ou qu'ils ont grandi avec toi ? Je me dis franchement, en vrai, ça ne me fait pas plaisir de dire ça, mais je préfère que les gens aient aimé.

  • Speaker #0

    Pas facile. Les gens sont souvent ingrats. Tu as beaucoup de gens que tu as aidés à faire grandir, qui ne te diront pas que tu les as fait grandir. Et d'ailleurs, c'est pas très sympa, mais dans l'entreprise, les patrons ont du mal à comprendre ce que ressentent leurs employés. Et l'inverse est vrai aussi, les employés ne comprennent pas ce que ressentent les patrons. Il y aura toujours une dichotomie là-dessus. Le patron est employé. Le patron, il met ses tripes, il joue sa life, il a une prison quotidienne énorme. Et l'employé va dire qu'il n'est pas assez valorisé, qu'il est un élément important et que le patron n'a pas conscience de tous les efforts qu'il fait pour que son patron s'enrichisse. Et en fait, ce truc-là est universel et durera éternellement et ce n'est pas grave. Mais donc, ça veut dire que ça demande, si tu sors de là... de créer un environnement de travail où les gens en tout cas sont fiers, se sentent valorisés, ont l'impression de grandir et tout.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu crois qu'avec cet événement de l'IA, des IA agents, etc., tout ce qu'on dit là-dessus, c'est la fin du salariat ? C'est l'événement dans la tech, je parle plutôt particulièrement, tu vois, mais c'est l'événement de ce que Sam Altman peut dire, les prochaines boîtes à un milliard avec 20 personnes, tu vois.

  • Speaker #0

    Alors je sais pas, j'ai du mal à... Tu vas prendre en compte la notion de salariat. Je pense qu'il y a beaucoup de gens qui ont besoin d'être managés, d'être dans un environnement cadré. Ça les rassure. Ils préfèrent se lever le matin, pas en se disant j'ai la responsabilité de ce que je vais faire aujourd'hui, mais quelqu'un m'a donné des tâches à accomplir, dont les missions sont claires, sur lesquelles mon champ de compétences est clair aussi. Et à la fin de la semaine ou à la fin du mois, je suis payé, je suis payé pour ça et ça me rassure, c'est important. Ça, ça ne changera jamais. Il y a des gens qui veulent être des indépendants, il y a des gens qui veulent être salariés, il y a des gens qui ont besoin d'un cadre, d'autres qui le détestent. Et il y a des gens d'ailleurs qui devraient être salariés mais qui détestent le cadre et inversement.

  • Speaker #1

    Toi, tu détestes le cadre, tu le dis, et pourtant tu es salarié.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas vraiment salarié.

  • Speaker #1

    Comment tu considères ton statut ?

  • Speaker #0

    Si tu demandes à... Tu peux le demander à Xavier, mais en fait... Xavier d'abord il fait confiance aux gens avec qui il bosse. Il leur demande... En fait Xavier il est impatient dans l'action, impatient dans les résultats. Donc il demande que tu sois là, que tu fasses le taf. Et je pense qu'il a besoin de ressentir que tu ne te satisfais pas de là où tu es. Et que tu continues de faire les efforts pour aller là où tu dois aller tu vois. Donc ce truc là est important. Et tant que tu fais ça avec... de l'éthique de travail, avec du talent, tout en continuant d'apprendre et il continuera de te faire confiance. Et après, la difficulté c'est que Xavier a mis l'activité en parallèle. Et donc, toi, en tant qu'une petite partie de ses activités, à quel moment tu le sollicites ? Pourquoi ? Comment ?

  • Speaker #1

    T'as encore peur de le solliciter Xavier Lignel ?

  • Speaker #0

    Tout le temps, depuis toujours. J'ai toujours peur de le déranger. Parce qu'en fait, comme Xavier, il est toujours sympa, et toujours avec nous, en fait, avec nous qui travaillons avec lui, il est toujours moteur, il dit toujours oui et tout. De temps en temps, je me dis, mais merde, en fait, si je lui prends une heure ou deux sur un truc, alors qu'en fait, le jour J, en fait, ça va l'emmerder parce qu'il a peut-être d'autres trucs qui le tracassent. Je suis un peu embêté, tu vois. Donc, ouais, ouais, j'ai... Moi, je le sollicite peu ou le moins possible parce que j'ai peur de le déranger.

  • Speaker #1

    c'est pas facile parce qu'en plus je trouve que Ça fait quoi ? 11 ans maintenant que tu es chez Kiman ? 10 ans, oui. 10 ans, oui. Donc tu as commencé au démarrage de... Tu es parti de dire que tu étais partenaire chez The Family à l'époque, je me souviens. Tu as quitté ce monde qui était déjà très excitant à l'époque, parce que The Family, c'était le cœur de l'écosystème à ce moment-là.

  • Speaker #0

    C'est grâce à The Family que j'ai eu mon job chez Xavier.

  • Speaker #1

    Ah oui ?

  • Speaker #0

    Bien sûr. Il m'a permis d'être visible. de communiquer et qu'en fait d'avoir une image à laquelle Xavier a pu se référer le jour où il s'est posé la question qui je vais mettre à la tête de Kimar donc je serai toujours éternellement reconnaissant de cette expérience puis j'étais là au bon moment c'est super

Chapters

  • Intro

    00:00

  • 01:03 | Aix : un hub d’entrepreneurs

    00:00

  • Qui est Jean derrière la human machine ?

    03:25

  • Est-ce que le ROI justifie tous les sacrifices ?

    05:14

  • Leçons de la plus grosse plantade de Kima (10M€)

    07:28

  • D’où est venue la crise de la tech de 2021 ?

    09:30

  • Le débat : Bootstrap vs Levées

    12:40

  • L’art de vivre : notre atout en France

    18:02

  • Le problème de l’enchaînement des tours de levées

    22:00

  • Que conseillerait-il à ses enfants : bootstrap ou lever ?

    27:09

  • Le vrai entrepreneuriat : défendre sa vision du monde

    33:15

  • Le secret de l’investisseur qui réussit : l’indépendance

    38:20

  • La dernière fois que Jean s’est senti à poil et sans filet

    39:22

  • Ce qui rend Jean inconfortable

    41:29

  • Les enfants et la gestion des émotions

    43:40

  • Vibre dans le futur : force et angoisse de l’entrepreneur

    48:19

  • Est-ce que Jean est fier de lui ?

    54:20

  • Pourquoi Xavier Niel en veut toujours plus

    56:20

  • 59:30 | Ce que préfère Jean dans son métier

    59:30

  • La peur du conflit

    01:02:30

  • Comment Jean a résolu un conflit d’associé

    01:05:10

  • L’opposition salarié vs patron

    01:10:28

  • Sa relation avec Xavier Niel

    01:13:08

  • Notre lien à TheFamily

    01:14:50

  • Faut-il que je continue mon podcast ?

    01:17:53

  • Le plus grand regret de Jean

    01:19:37

  • Sa définition d’un con

    01:21:13

Description

J’ai demandé à Jean de La Rochebrochard s'il conseillerait à ses enfants de lever s'ils lancent une boîte. Il m’a répondu sans hésiter : “Je leur recommanderais le bootstrap.”

C’est marrant.

Parce que Jean finance 2 à 3 startups par semaine.

Plus de 1000 deals en 10 ans, dont Alan, Payfit ou Zenly.

Des décisions prises en 20 minutes chrono, avec une lucidité glaçante.

Mais quand il parle entrepreneuriat à ses enfants, il les invite à :

- construire dans le dur.

- rester pauvre longtemps pour garder son agilité.

- garder une discipline financière.

Et il m’a lâché cette phrase : “Avec l’argent vient le vice.”

En gros trop de fondateurs ouvrent leur capital pour frimer :

Pour “se payer un runway”

Pour obtenir leur article dans Les Échos

Pour briller dans les dîners où personne ne comprend ce qu’ils font

Mais le capital ne résout pas les problèmes de fond.

Il les déguise.

Et c’est souvent quand tu as levé que tu perds le contrôle.

C’est pour ça que j’ai lancé le Club Bootstrap en 2021 :

+130 dirigeants de startups et PME

Tous profitables

Tous indépendants ( 80% du capital aux fondateurs)

Pas pour jouer les rebelles anti VC.

Mais pour remettre le cap sur le produit, le client, le cash.

Alors j'attendais ce débat avec Jean depuis longtemps.

Parce qu’on a parlé du vrai sujet : Pourquoi entreprendre ?

Et on s’est demandé si, au fond, l’argent n’était pas le pire ennemi de l’entrepreneur.

Hâte d’avoir vos retours sur l’épisode d’A Poil et Sans Filet.

PS : on a aussi parlé de l’homme derrière la machine : ses doutes, ses pires erreurs (d’invest), son syndrome de l’imposteur.

----------------------

⏱️ Timeline de l'épisode ⏱️

00:00 | Introduction

01:03 | Aix : un hub d’entrepreneurs

03:25 | Qui est Jean derrière la human machine ?

05:14 | Est-ce que le ROI justifie tous les sacrifices ?

07:28 | Leçons de la plus grosse plantade de Kima (10M€)

09:33 | D’où est venue la crise de la tech de 2021 ?

12:40 | Le débat : Bootstrap vs Levées

18:02 | L’art de vivre : notre atout en France

22:00 | Le problème de l’enchaînement des tours de levées

27:09 | Que conseillerait-il à ses enfants : bootstrap ou lever ?

33:15 | Le vrai entrepreneuriat : défendre sa vision du monde

38:20 | Le secret de l’investisseur qui réussit : l’indépendance

39:22 | La dernière fois que Jean s’est senti à poil et sans filet

41:29 | Ce qui rend Jean inconfortable

43:40 | Les enfants et la gestion des émotions

48:19 | Vibre dans le futur : force et angoisse de l’entrepreneur

54:20 | Est-ce que Jean est fier de lui ?

56:20 | Pourquoi Xavier Niel en veut toujours plus

59:30 | Ce que préfère Jean dans son métier

1:02:30 | La peur du conflit

1:05:10 | Comment Jean a résolu un conflit d’associé

1:10:28 | L’opposition salarié vs patron

1:13:08 | Sa relation avec Xavier Niel

1:14:50 | Notre lien à TheFamily

1:17:53 | Faut-il que je continue mon podcast ?

1:19:37 | Le plus grand regret de Jean

1:21:13 | Sa définition d’un con


Ma chaîne Youtube (épisodes en vidéo) : @MatthieuLaulan
Pour être sponsor de l'émission : matthieulaulan01@gmail.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les gens disent sur All In More qu'ils ne regrettent pas ce qu'ils ont fait, ils regrettent ce qu'ils n'ont pas fait.

  • Speaker #1

    A la tête de Kim Aventure, le fonds d'amorçage de Xavier Niel, tu as signé plus de 1000 deals.

  • Speaker #0

    Avec l'argent vient le vice, ce n'est pas la meilleure source d'apprentissage. L'apprentissage il est dans le dur, il n'est jamais dans le confort. Cette boîte-là, c'était un investissement énorme et là, tu n'arrêtes pas de ruminer tout ce que tu aurais pu faire pour changer la trajectoire d'une boîte qui avait levé 200 millions d'euros.

  • Speaker #1

    Les levées de fonds, c'est comme les antibiotiques, ce n'est pas automatique.

  • Speaker #0

    J'aime beaucoup. Si tu donnes de l'argent à quelqu'un qui n'a pas appris à le gérer, c'est sûr que ça va mal se passer. On essaie de faire passer pour des américains. Et en fait on est pas des américains, on est des killers sur cette art de vivre. Pourquoi est-ce qu'on défend pas notre artisanat ?

  • Speaker #1

    Pourquoi tu deviens pas investisseur dans l'art de vivre alors ? C'est quoi ta définition d'un con ?

  • Speaker #0

    T'as fait HSC, t'es très articulé sur ton pitch, et t'es un investi comme ça, il s'excite et boum il lui jette de l'argent quoi. Et comme il lui jette de l'argent, tous les copains qui étaient à côté qui ont un peu jeté de l'argent, Il faut qu'on jette de l'argent Xavier il rachète pas des boîtes telco pour l'argent Il rachète des boîtes telco parce que que putain ça l'excite tu vois. Faut apprendre à profiter du moment présent. C'est ne pas subir la pression extérieure, te rappeler que le monde tourne sans toi, que à chaque fois que t'avais des problèmes, en fait les problèmes se solvent.

  • Speaker #1

    Bon écoute Jean, ravi de te revoir, la dernière fois c'était en 2015.

  • Speaker #0

    10 ans, j'imagine.

  • Speaker #1

    Mais tu n'as pas beaucoup changé.

  • Speaker #0

    Écoute, j'espère même avoir essayé de rajeunir.

  • Speaker #1

    Bah c'est un peu le projet quand même, Human Machine, c'est... Est-ce que c'est un peu comme...

  • Speaker #0

    Brian Johnson ?

  • Speaker #1

    Brian Johnson ou...

  • Speaker #0

    Non, pas du tout. C'est assez morbide quand même. Le mec en fait donne son corps à la science. Mais du coup il en oublie sa vie, c'est dommage.

  • Speaker #1

    C'est un peu le délire de la Silicon Valley quand même. Le transhumanisme parfois va un petit peu trop loin, on oublie que c'est la mort qui donne le sel de la vie.

  • Speaker #0

    Tout va un peu trop loin là-bas de toute manière.

  • Speaker #1

    Alors aujourd'hui tu es rentré de week-end ? On a la chance d'avoir ta femme en studio, on peut le dire, qui nous écoute tranquillement.

  • Speaker #0

    Exactement. On devait arriver samedi pour l'anniversaire de sa sœur. Et puis en fait la semaine a été quand même très très très longue parce que lundi il a fallu que j'aille à Toulouse, mardi j'avais 100 pitchs d'entrepreneur, mardi soir je rentrais, jeudi matin je repartais à Paris, jeudi soir je redescendais à Aix-en-Provence, vendredi on avait une séance complète avec Emmanuel Seguet, mon associé chez Cassius de Midané, ensuite je retournais dans le sud et puis je remontais à Paris le samedi. Ça faisait trop, du coup on a décalé du samedi au dimanche, on est arrivé hier, on est là pour la semaine à Paris et ensuite on repart.

  • Speaker #1

    Alors qu'est-ce qui se passe à Aix-en-Provence ? Parce qu'en effet, t'es devenu un hub de start-upeurs, enfin plutôt d'entrepreneurs matures je dirais, mais je connais beaucoup d'entrepreneurs à succès qui vivent à Aix ou qui ont bougé à Aix.

  • Speaker #0

    Aix, bon déjà t'es à 3h de Paris en train, c'est très pratique, t'as du soleil toute l'année, il fait beau, t'as une super école internationale pour les enfants. Et tu as l'aéroport de Marseille qui n'est pas loin. Et si vraiment tu as besoin d'aller à l'international, tu as Nice aussi qui n'est pas trop loin. Alors que pour tous ceux qui veulent aller à Nice ou ailleurs, à Nice, le train, c'est beaucoup plus long pour aller à Paris. Tu es obligé de prendre l'avion. C'est beaucoup plus gros aussi. Donc même en termes de trafic et tout, ce n'est pas très pratique. Voilà, Aix, c'est un hub un peu idéal. Après, il ne faut pas se tromper. Oui, tu as des entrepreneurs matures qui habitent à Aix. Oui, Aix a une qualité de vie extraordinaire. Bisous Comme tu dis, c'est bon pour des gens matures qui savent travailler. Parce que sinon, je ne suis pas sûr que ça te donne vraiment de bons exemples pour le quotidien.

  • Speaker #1

    Ok. Bon. Écoute, je vais en profiter du coup pour te présenter.

  • Speaker #0

    Yes.

  • Speaker #1

    Voilà. Je commence par le classique que tout le monde connaît. À la tête de Kim Aventure, le fonds d'amorçage de Xavier Niel, tu as signé plus de 1000 deals en 10 ans. Deux à trois startups financées chaque semaine avec une équipe de trois personnes et un stagiaire. J'ai failli faire partie d'ailleurs. C'est en 2015 quand on s'est vu. Je sais pas si tu te souviens, mais j'avais passé le process avec Alexis et toi. Voilà, il s'en souvient pas du tout mais c'est normal, il a un stagiaire tous les six mois depuis dix ans.

  • Speaker #0

    D'ailleurs que des killers, ils ont tous fait des trucs super et tout, c'est vraiment sympa de les voir évoluer. Il y a pas longtemps ils se sont fait une espèce de réunion entre stagiaires, ils nous ont envoyé une photo à Alex et moi, c'était trop sympa de les voir tous réunis comme ça.

  • Speaker #1

    Tous les stagiaires depuis dix ans ? Tous,

  • Speaker #0

    mais tous depuis quatre ans ouais.

  • Speaker #1

    Tous depuis quatre ans.

  • Speaker #0

    Tu vois, bon après il y en a qui sont restés un an donc en fait j'en ai pas un tous les six mois. J'en ai qui sont restés un peu plus longtemps Ok,

  • Speaker #1

    écoute moi j'avais quasiment fini le process avec vous Et j'avais eu The Family Qui était un peu mon job de rêve, j'étais parti à Berlin Je sais pas si j'ai fait le bon choix à posteriori Mais c'était intense Il n'y a pas de mauvais choix,

  • Speaker #0

    il n'y a que de bons apprentissages

  • Speaker #1

    Oui c'est ça, je connais la théorie Alors tes choix ont propulsé P-Fit, Alan, Zenly, Biril Tu décides d'investir en 20 minutes chrono Tu as 3 enfants, tu bosses comme un fou Et tu cours même des Ironman le dimanche Mais alors quelles sont les failles Derrière la human... machine. Le stress de devoir toujours être au top, le temps qui manque tout le temps, les relations d'associés qui peuvent déraper sur New Wave, le désir secret peut-être d'être un entrepreneur bootstrap, la discipline forcée d'un homme qui se dit bordélique de nature. C'est tout ce que j'ai envie d'aborder avec toi et surtout à l'heure de l'IA. est-ce que le L'héroïne justifie de devenir une human machine. Alors dans cet épisode d'Apoil et sans filet, tu enlèves la carapace et ça c'est peut-être ton investissement le plus risqué.

  • Speaker #0

    Ouais, tout ce que t'as dit plus haut c'est peut-être un peu tout ça à la fois, donc ça va être intéressant.

  • Speaker #1

    Est-ce que t'as une première réponse ?

  • Speaker #0

    Oh là là, ça dépend à quelles questions tu veux qu'on réponde, je m'en rappelle même plus.

  • Speaker #1

    La plus grosse, c'est ce que le héroïne justifie de devenir une human machine.

  • Speaker #0

    Moi j'aime bien revenir sur les basiques. Qu'est-ce que le ROI ? C'est le retour sur investissement. Le retour sur investissement, c'est tirer profit de quelque chose que tu as réalisé. Donc c'est sûr que, et tu peux commencer sur un truc basique, c'est quand tu fais un plat de pâtes, tu vois, est-ce qu'investir dans le fait de mettre un chrono de 11 minutes sur tes pâtes de 11 minutes, c'est un bon investissement ? Ouais, c'est un bon investissement, parce que tes pâtes trop cuites, à moins que tu adores ça comme ça, c'est pas bon quoi. Ou les pâtes pas cuites, c'est horrible, parce qu'il faut que tu fasses recourchouffer de l'eau, parce que ton os est parti dans l'évier. Et voilà, donc oui. Le ROI, tu vois, justifie l'effort parce que c'est ça qui nous grise, tu vois. C'est de travailler et tu sais quoi ? Non, c'est pas ça. C'est que se dire que tu as fait l'effort, fais comme même si tu n'y arrives pas. Même s'il n'y a pas le ROI escompté, tu ne regrettes pas parce qu'au moins tu as fait l'effort nécessaire qui tu penses te permettait d'aller à ce résultat, tu vois. Le problème, c'est le regret de ne pas avoir fait ce qu'il fallait. C'est terrible, ça.

  • Speaker #1

    Ton moteur, c'est d'éviter au maximum les regrets ?

  • Speaker #0

    Les gens disent sur Alimor qu'ils ne regrettent pas ce qu'ils ont fait, ils regrettent ce qu'ils n'ont pas fait. Donc je pense qu'en fait on ne regrette jamais ce qu'on a fait en réalité. D'abord parce que ça nous rassure. Et que si on commence à regretter toutes les erreurs qu'on avait faites, moi je peux dire que j'en ai une longue, longue, longue liste de conneries. Je ne sais pas si j'ai envie de me la marquer au-dessus de mon bureau. Et ensuite parce que la vie elle est faite pour être vécue. Et vivre ça veut dire faire des bêtises, ça veut dire faire des erreurs, ça veut dire apprendre. Et donc on ne peut pas vivre de regrets, c'est horrible.

  • Speaker #1

    C'est le principe même de l'investissement en tout cas. En tout cas, early stage, c'est de beaucoup échouer pour avoir 20% de succès. Oui,

  • Speaker #0

    et d'ailleurs dans l'investissement early stage, quand on a une boîte qui plante ou qu'il y a une erreur, ou qu'on a fait un deal qu'on n'aurait pas dû faire, à posteriori, on se demande s'il y avait les éléments au démarrage pour pouvoir prendre une autre décision. Et en fait, c'est juste ça qu'on essaye de tirer comme enseignement pour l'investissement suivant. Mais après, on ne regrette pas d'avoir... Les vrais regrets, c'est sûr, tu vois, on parlait de ROI. Il n'y a pas longtemps, j'ai une boîte qui a planté. C'est une plantée de 10 millions d'euros pour nous. C'est énormissime.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire que vous avez investi 10 millions ?

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Ah bon, je pensais que vous investissiez en moyenne quand même beaucoup moins.

  • Speaker #0

    On a fait quelques plus gros deals, tu vois, PFI, T-Band First, Alan et d'autres. Et donc cette boîte-là en question, on a entre guillemets quasiment perdu notre mise. J'ai eu de la chance que la semaine suivante, j'ai un entrepreneur qui m'a expliqué qu'il était en train de vendre sa boîte et qu'il allait nous faire un chèque de 5. Donc je me dis tiens, l'erreur est divisée par deux. Mais en vérité, c'est horrible parce que cette boîte-là, c'était un investissement énorme. Et là, tu n'arrêtes pas de ruminer, de te poser l'élection de tout ce que tu aurais pu faire pour changer la trajectoire d'une boîte qui avait levé 200 millions d'euros. Tu dis c'était... impossible que ça plante. Les investisseurs qui étaient au bord de cette boîte-là étaient des investisseurs qui étaient sophistiqués, qui avaient mis beaucoup plus d'argent que nous, et donc qui n'auraient jamais dû laisser le truc planter. Et donc, cet enseignement, aujourd'hui, il fait très très mal à l'ego, il fait mal au moral, il fait mal au portefeuille, mais c'est un apprentissage qui, j'espère, va nous permettre de rebondir et de justement capitaliser sur cette erreur pour ne pas la faire la prochaine fois.

  • Speaker #1

    Et c'était quoi, alors, la plus grosse erreur à posteriori ?

  • Speaker #0

    C'était une gouvernance qui était... une mauvaise gouvernance. En fait, à un moment donné, il fallait faire des choix un peu drastiques, être un peu plus exigeant sur la tenue de la boîte. Mais personne ne l'a vraiment fait.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire, tu veux dire, le CEO n'était pas la bonne personne ? Ou les associés ne s'entendaient pas ?

  • Speaker #0

    Le CEO, à un moment donné, n'était probablement plus la bonne personne. En ce cas, pas à ce poste-là. Je pense qu'il n'y avait pas assez de rigueur financière. Et en fait, la rigueur financière en 2020, 2021, 2022, c'est un truc qu'on a tous beaucoup oublié.

  • Speaker #1

    Ah ouais, c'est clair, ouais.

  • Speaker #0

    Et en fait, c'est quelque chose qu'il ne faut jamais oublier, tu vois, dans la vie, il y a des first principles. La rigueur financière ne devrait pas être un principe qu'on oublie. Après, pour moi, c'est difficile à dire parce que je suis assez dépensier de nature et pas très organisé financièrement, mais bon.

  • Speaker #1

    Est-ce que le problème, surtout dans cette période, c'est que les investisseurs comme les entrepreneurs n'ont pas voulu voir ? Tu vois, c'est-à-dire qu'il y avait une telle... Un tel flot d'argent après le Covid, tout le monde se relançait. On se disait, il y a le retour au physique, on se revoit. Il y avait cette énergie folle du retour à la vie. Et c'est comme ça que ça a créé un peu une bulle, en fait. Tu vois, et que les valos se sont envolés en 2021 et qu'ensuite, ça a tout pété.

  • Speaker #0

    Ouais, j'écris le terme en anglais, mais dilutionnol. Et d'ailleurs, si tu reprends la base du venture capital, c'est 95% des retours vont être générés par 5% des boîtes. Ce que ça veut dire, c'est que sur 100 boîtes, t'en as de toute manière 95 qui vont aller au tapis ou ne pas rapporter assez d'argent pour les investisseurs. Et en 2021, 2020 à 2022, et même avant ça, t'avais l'impression que tous les investisseurs se démerdaient plutôt pas mal. Mais si tu te rappelais la règle de base, c'était une anomalie. Et donc si t'arrives à spotter l'anomalie... tu arrives ensuite à aller creuser le problème c'est comme j'aime beaucoup ce film sur les sub prime qui s'appelle j'ai oublié le nom zut à the big short the big short voilà et donc dans the big short tu as tu as ce hedge fund manager qui en fait michael douglas je crois l'époque non non c'est un autre c'est christian bell qui lui en fait voit qu'il ya un truc sur le housing market Et donc, il commence à regarder les datas. Et en fait, une fois que tu le vois, tu ne peux plus ne pas le voir. C'est un peu comme la matrice. Et bien, ton quotidien, c'est de temps en temps d'essuyer tes petites lunettes roses, d'enlever tes barrésies et puis te dire, putain, attends, est-ce que je regarde le monde clairement ? Et d'ailleurs, notre job, en tant qu'investisseur, et j'aime bien cette phrase, un partenaire de Benchmark qui disait ça, il dit, notre job, ce n'est pas de prédire le futur, c'est de voir le présent clairement. Et bien là, en 2020, 2022, on a... pas vu le présent très clairement et on s'est un peu laissé prendre par par l'euphorie générale mais l'euphorie générale elle te rend riche sur le court terme elle tapons vous rite détruit sur le long terme donc celui qui fait un aller-retour rapide comme ceux qui l'ont fait au monde et ce prime et qui ont été très malins là dessus super mais celui qui disent bah tiens ça va durer éternellement je vais investir comme si dans cinq ans la situation sera similaire des morts et donc les gens qui ont été très bons entre 2020 et 2022 c'est ce qu'on fait de la liquidité Parce qu'ils ont vu le truc arriver.

  • Speaker #1

    Ah bah ouais, moi j'ai un bon copain qui s'appelle Hugo Manoukian de MoveOne. Bien sûr. Qui a fait un énorme exit, il est passé au micro il y a pas longtemps, pour parler du vide. Justement le sentiment de vide après l'exit, tu vois. Qui lui a duré trois ans et demi.

  • Speaker #0

    Un copain qui était ex lui.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est pour ça que je te dis ça, il y en a quand même beaucoup. Et Hugo maintenant il en parle assez librement, maintenant qu'il se relance, je pense qu'il a vraiment un projet dans les tripes sur la fertilité. mais voilà, il a effectivement profité de cet engouement où il a été racheté en 4 mois ce qui est exceptionnel par deux acteurs qui avaient levé énormément et qui voulaient juste reprendre plus des parts de marché et ça s'est fait très vite. Mais j'ai longtemps rêvé d'avoir cette discussion avec toi parce que tu sais, pendant plus de quatre ans, j'avais un club d'entrepreneurs, le club Bootstrap. Donc la thématique c'était effectivement les levées de fonds, c'est comme les antibiotiques, c'est pas automatique.

  • Speaker #0

    J'aime beaucoup, c'est une très bonne cash line.

  • Speaker #1

    Voilà. Et l'idée c'était d'essayer de changer le rapport au succès dans l'écosystème qui était un petit peu trop devenu Pour réussir, pour avoir réussi, le critère principal c'était d'avoir levé des fonds. Ça devenait le coup de tampon qui disait c'est bon je suis un entrepreneur aguerri, je suis smart, je suis dans les codes. Et plutôt redonner de la visibilité au temps long, à la capacité à créer de la rentabilité, à créer une aventure qui ressemble vraiment au fondateur. Ou parfois, j'ai eu le sentiment, on était plusieurs à le sentir, que le fait d'être dans des tours d'investissement... Ça formate ta boîte, ça la formate pour la performance déjà, puisqu'il faut un héroïste justement. Et quand c'est très tôt, ça peut aussi empêcher les fondateurs d'avoir une bonne gestion de l'argent.

  • Speaker #0

    Totalement. Qu'est-ce que tu en penses ?

  • Speaker #1

    Les amis, deux secondes.

  • Speaker #2

    Il y a des clubs d'entrepreneurs qui se lancent tous les jours ou presque sur LinkedIn. Mais ceux qui durent depuis plus de dix ans, ce sont ceux qui sont incarnés. C'est le cas du Kite & Connect, incarné par mon ami Laurent Witt. qui est un entrepreneur passionné par le kite et la foil, qui réunit tous les entrepreneurs présents dans son club, le Kite & Connect, mais aussi un entrepreneur un peu fou, parce qu'il est capable de créer des événements incroyables, comme le B2B Kite Summit, qui se déroule fin septembre à Darla, au Maroc, avec plus de 300 participants, dirigeants et dirigeantes, qui vont faire du kite et faire du business en même temps. Il a inventé notamment la Sunrise Party. Imaginez-vous à 5h du matin, grimper une montagne, tout en haut... Vous allez faire la teuf avec un DJ set, vue sur la mer, attendre le lever du soleil jusqu'à 7h, faire une prière tous ensemble pour ensuite démarrer sa journée. Donc allez-y. Et surtout, le club d'entrepreneurs Kite & Connect, c'est plus de 500 membres actifs, 50 événements par an. Donc si vous avez besoin de soutien entre pairs et à faire du business, il y a plus de 250 millions d'euros générés entre les membres. Donc foncez, allez voir Laurent Witt et le Kite & Connect.

  • Speaker #0

    Il y a plein d'éléments dans tout ce que tu as dit. mais l'élément numéro 1 C'est que si tu donnes de l'argent à quelqu'un qui n'a pas appris à C'est sûr que ça va mal se passer. C'est pour ça que les gagnants du loto sont accompagnés par la Française des Jeux pour gérer leur argent après. Si tu leur donnes leur argent, tu reviens les voir, c'est un complétain, il n'y a plus d'argent. Et si tu regardes s'ils ont capitalisé quelque chose, probablement pas grand-chose, tu vois. Et je ne sais plus, j'avais écouté une interview d'un mec qui avait gagné le loto, et il t'explique qu'il avait ses 8 voitures de sport dans son garage. Je ne suis pas sûr que c'était le conseil de la Française des Jeux au moment où il a gagné, quoi. Premier sujet, c'est que t'es mis dans une situation exceptionnelle qui n'est pas la situation dans laquelle tu es arrivé si t'avais appris au fur et à mesure à générer de l'argent, à le dépenser, etc. Et donc, en fait, t'es mal équipé. Et donc, un entrepreneur à qui tu donnes beaucoup d'argent, soit il est extrêmement mature, il l'a déjà fait, il a déjà été entrepreneur et il va gérer ça correctement, ou alors il l'a jamais fait et il faut à un moment donné essayer de l'accompagner. Je pense que le... Le truc qu'on a en France, c'est qu'on essaie de se faire passer pour des Américains. Et en fait, on n'est pas des Américains. On est moins consumériste, on est moins capitaliste, on est moins rentre-dedans, marche-sur-tout, on veut faire des trucs énormes. Et à un moment donné, je me demande si on assume vraiment notre vraie nature. Moi, j'encontre beaucoup d'entrepreneurs français qui, je trouve, sont extrêmement talentueux. Ingénieurs, entrepreneurs, sales.

  • Speaker #1

    Et pas ambitieux.

  • Speaker #0

    Et dans ces entrepreneurs... Il y en a certains qui sont très ambitieux et ceux-là en fait je les invite à lever de l'argent, à faire quelque chose de gros, pourquoi pas aller conquérir les US, à revenir en Europe après etc. Mais bon déjà il n'existe pas de marché européen, c'est une vue de l'esprit. C'est clair.

  • Speaker #1

    The Family a prouvé que malheureusement ça ne marchait pas très bien.

  • Speaker #0

    Voilà, pour d'autres raisons aussi. Mais bon. Bien sûr. Mais donc tu as les latinos et dans les latinos tu vois tu as en gros enfin les latins, les français, les espagnols, les italiens, excuse-moi on se ressemble, on ne se ressemble pas quoi. ... D'ailleurs, t'as les Germaniques, tu te demandes même ce qu'ils font là, tu vois, où tu te dis où est l'anomalie, est-ce que c'est chez nous, est-ce que c'est chez eux ? C'est presque bizarre d'avoir deux pays aussi proches, aussi différents. Puis après, t'as les Anglo-Saxons, enfin bref, c'est un bordel. Et puis ensuite, t'as les Nordiques. Donc déjà, t'as quatre groupes et au sein de quatre groupes, t'as des pays qui sont des pays différents. Donc c'est un énorme bordel. Donc on n'est pas des Américains, on ne sera jamais des Américains. Et donc nos entrepreneurs les plus ambitieux, les plus talentueux, c'est qu'il veut vraiment bouffer le monde genre il va bouffer le monde quelque part où il y a un terrain de jeu où tu peux On peut effectivement bouffer le monde. Pas à San

  • Speaker #1

    Francisco. Oui,

  • Speaker #0

    San Francisco. Peut-être à New York, mais plutôt à San Francisco. Donc ça, il y a ce point-là. L'autre truc, vendredi, on faisait notre One Day of Sight avec Emmanuel. On fait le même avec l'équipe de Kima, le 19 juillet. Donc Emmanuel,

  • Speaker #1

    c'est ton associé. Cassius.

  • Speaker #0

    Il y a Emmanuel chez Cassius, il y a Alexis chez Kima.

  • Speaker #1

    Ça m'intéressera, je vais faire un petit teaser, mais ça m'intéressera de comprendre. Comment tu peux avoir deux jobs aussi en métier en même temps ? Et dans quelle mesure ça ne s'est pas conclu en ce moment ?

  • Speaker #0

    On s'est déjà éclaté depuis 2015, mais on en reparlera. Et donc on se retrouve la veille dans un petit restaurant à Aix, qui a une étoile, qui est la table de Pierre Reboul. Donc je dis ça parce que j'arrive là-bas et je vois qu'il y a quand même 3-4 tables qui sont vides. Moi ça m'étonne, on a installé la table du chef, puis on est à la table du chef en face de nous, il y a un jeune. qui doit avoir... Il est hyper jeune. Je me dis, lui, il n'a même pas la majorité, c'est pas possible. Il est en train de faire ses petites préparations et tout, c'est exceptionnel à regarder. Et je lui dis, mais t'as quel âge, toi ? Il me dit, mais j'ai 16 ans. Je lui dis, mais c'est quoi ton histoire pour qu'à 16 ans, tu sois là, en train de faire tes petites préparations comme tu vois après, il y a tous les... Il y a des tracteurs qui vont te dire que ce n'est pas une belle image, mais comme quand tu vois un Pogacar monter un grand col pendant le Tour de France. Et donc, tu vois chez lui, tout de suite, il a 16 ans, tu sais qu'il a du talent, tu sais qu'il a détermination, tu sais qu'il a du focus, tu sais qu'il est passionné, tu le vois. Ce garçon va réussir. Je ne sais pas si c'est en restant 10 ans chez Pierre Reboul ou à un moment donné en lançant son resto, mais je ne sais pas que là, j'ai presque envie d'avoir son numéro de téléphone et tous les 6 mois faire un check-in pour savoir où il en est.

  • Speaker #1

    Et où je vais bouffer.

  • Speaker #0

    Et il est exceptionnel. Donc il fait ça, et il me raconte son histoire, qu'il est allé dîner dans le restaurant précédent de Pierre Reboule, et qu'il l'a pris quelques jours, qu'après quelques jours il l'a pris quelques semaines, et puis quelques mois, et puis maintenant il bosse avec lui, c'est sa passion, et il bosse H24 en cuisine. Et on se regarde avec Emmanuel, et on se dit, mais en fait, ça, c'est intouchable. En fait, ce qu'on a eu ce soir-là à dîner, c'était intouchable. Personne ne va venir nous l'enlever. Il n'y a pas un Allemand, un Italien, un Espagnol, un Anglo-Saxon, un Américain, n'importe qui qui va venir nous piquer ça. On est des killers sur cette art de vivre, sur cette artisanat, sur ce craft. Et on est là à se buter, à vouloir faire des licornes. Certes, mais pourquoi est-ce qu'on ne défend pas notre artisanat en fait ? Pourquoi est-ce que ces mecs-là continuent de payer des taxes ? Pourquoi l'année dernière, il y a 8% des étoilés français qui ont mis la clé sous la porte ? Tu vois, c'est quoi le problème ?

  • Speaker #1

    On a vu si mauvais endroit peut-être. En gros, ce que tu me dis là, c'est que quasiment...

  • Speaker #0

    Non, on ne regarde que là où ça brille. On ne regarde que là où l'herbe semble la plus verte. En fait, on ne se concentre pas sur quelle est l'unicité d'un pays comme la France sur lequel il faut qu'on accélère. On sait bien que dans le tourisme, on est des killers. On sait bien qu'on a un des plus beaux pays du monde. Et on continue, en fait, de faire comme si c'était un acquis. En fait, justement, quand on a cet acquis-là, il faut le nourrir, il faut en faire quelque chose, il faut investir. Heureusement qu'on a tous ces maires de France qui, à un moment donné, se disent « Ma petite ville, il faut que je la tire le chaland, parce qu'en fait, ça ne vient pas de là-haut. » Et ça m'a beaucoup marqué, parce que je me suis dit « Tiens, on est là, on finance des entrepreneurs qui veulent jouer aux Américains, alors qu'en fait, il y a tout un pan de l'économie. » qui sont des artisans qu'aucune AI ne va jamais remplacer c'est à dire qu'à l'heure de l'AI on t'explique que ton job va être remplacé putain mais pas ceux-là ce mec-là non et il y en a des centaines de milliers en France mais pourquoi pourquoi est-ce qu'on fait pas justement un plan où on met la gouache sur l'AI super mais aussi on met la gouache sur toutes les boîtes qui justement l'AI ne va jamais disrupter ou pas avant 50 ans ou 100 ans et c'est reconnu dans le monde Super fort déjà !

  • Speaker #1

    Ouais, ouais. Pourquoi tu ne deviens pas investisseur dans l'art de vivre alors ?

  • Speaker #0

    Non mais je te parle d'une réflexion qui a eu lieu jeudi soir au resto. Et peut-être qu'un jour on fera ça, je ne sais pas. Peut-être que c'est l'objet de notre prochaine discussion avec Xavier. C'est comment est-ce que tu finances sans artisans ou comment est-ce que tu passes le mot aux autorités compétentes pour qu'ils arrêtent d'abattre à coup de taxes ces artisans. 8% des étoiliers qui ont fermé l'année dernière.

  • Speaker #1

    C'est vrai que c'est vraiment triste. Mais pour revenir à la tech, tu vois... Euh... Moi, un des trucs que je déplore le plus, c'est quand même que la plupart des boîtes qui partent dans une logique de levée et de tour de financement, Syrah, Syribe, SyriC, etc., vont finir inévitablement par être achetées par des Américains. Et donc, effectivement, toute la valeur que tu as créée en France, parce qu'en effet, tu l'as bien dit, on a des ingénieurs de talent, on a des développeurs de talent, on a des entrepreneurs de talent de manière générale, mais finissent toujours par créer de la valeur aux US, en fait. parce qu'on n'a pas... Effectivement, on n'a pas les investisseurs suffisamment solides pour accompagner une énorme croissance. Parce qu'au bout d'un moment, on n'a pas, j'imagine, l'écosystème assez ambitieux pour dire à un gars, en fait, refuse le chèque, tu vas faire un truc de dingue et va IPO et va conquérir le monde. Est-ce qu'il y a un moyen de lutter contre ça ? Ou est-ce qu'en fait, on est inévitablement obligé de faire un peu comme ce que tu fais ? Tu vas commencer à faire des tours, tu vas quand même gagner de l'argent forcément parce que tu vas choisir des entrepreneurs à succès. Mais à la fin, ça ne va plus rester en France.

  • Speaker #0

    Honnêtement, je n'ai pas la réponse à ça et moi je ne me suis jamais posé la question d'une opposition entre les Américains et les Européens. Moi, mon obsession, c'est juste de me dire qu'il faut que nos entrepreneurs francophones apprennent à être des gens responsables et très ambitieux. Et donc, on les nourrit en apportant... On va prendre plutôt un schéma plus simple. Aux US, il y a trois choses qu'on n'a pas en Europe, qu'on n'a pas en France. La première chose, c'est le goût du risque. Bon aux US on te parle du coût du risque, en fait c'est l'obligation du risque. T'as pas le chômage, c'est un marché qui est extrêmement cher, très consumériste, qui est beaucoup à crédit, etc. Donc le risque fait partie inhérente de leur culture. Ça, tu le reprendras jamais. Ils vont de toute manière te mettre dix fois plus que toi en termes de capacité de prendre des risques. Donc déjà là-dessus, on n'ira pas. En revanche, un entrepreneur francophone qui prend sa famille ou qui quitte tout ce qu'il fait pour partir vivre aux Etats-Unis, il se met dans cette position où en fait, il accepte le risque, il y va. La deuxième chose, c'est le capital. Marché hyper capitaliste, hyper consumériste a 10 fois plus de capital, au moins, qu'en France et en Europe. Donc, ça veut dire que les idées ont 10 fois plus de chances d'émerger parce qu'en fait, elles ont beaucoup plus de capital pour être poussées en avant. Et la troisième chose, c'est les talents. La Silicon Valley, le venture capital, ça fait 50 ans que ça existe. Les talents sont en masse là-bas, mais en masse. Donc si tu veux jouer sur le game risk, capital, talent, t'es mort. De toute manière, les US te bouffent. Donc la question c'est, qu'est-ce qu'on a en France qu'ils n'ont pas, sur lesquels on a vraiment du talent ? D'abord, on a des super ingénieurs, on a des super artisans qui font que, et en fait, un peu de manière inhérente dans notre culture, je pense qu'on est bon pour crafter du produit, au sens large. Et tu vois des boîtes comme Weezings, mais tu le vois aussi sur des boîtes consumer comme Zenly à l'époque. Mais Beryl ou là, AMO, la nouvelle boîte d'Antoine Martin, tu vois, on a un talent particulier pour ça. Et puis, on est des gens très efficaces. Un jour, il y a une délégation américaine qui débarque en France. pour regarder une usine de porc. C'est pas très intéressant, c'est une usine de porc. Ils arrivent dans l'est de la France, ils regardent cette usine énorme et tout, le truc qui tourne, puis ils se pointent un après-midi, je sais pas quelle heure il est, et y'a personne. Le truc qui tourne et tout, y'a personne, le mec est en train de boire l'apéro à côté. On se dit que c'est un jour particulier, ils doivent fêter quelque chose, c'est comme le 4 juillet aux US ou le 14 ici. Puis ils reviennent le lendemain, et à la même heure, les mecs sont encore à l'apéro. C'est dingue ! Et le truc tourne ! tournent, mais c'est indécent à quel point ça marche. Et en fait, ils font un long rapport sur cette usine pour SIN pour expliquer pourquoi ça marche. Et la conclusion, c'est heureusement que les Français sont des fainéants, parce que putain, qu'est-ce qu'ils sont efficaces. Tu vois, et en gros, la conclusion, c'était s'ils bossaient autant que nous avec la même efficacité, ils nous éclateraient. Et j'aime bien, tu vois, on a des particularités. Donc en fait, ce qu'il faut, c'est nourrir ces singularités, en faire quelque chose, mais Ce qui me fatigue, c'est quand un entrepreneur me dit « Oh, j'arrive pas à lever de l'argent en France, les gens ne me comprennent pas, je vais aller aux Etats-Unis, ils vont comprendre. » Tu te charges des excuses, là, tu vois.

  • Speaker #1

    Mais j'aime bien, j'aime bien l'exemple. Mais en tout cas, c'est vrai que peut-être une des particularités françaises, c'est justement cette force d'indépendance, cette voix indépendante, tu vois. C'est pour ça que le bootstrap m'a touché comme message. J'ai rencontré des boîtes, je pense à Wilfried de Superprof par exemple, qui a monté cette... Cette boîte incroyable jusqu'à aujourd'hui, je pense 40 millions près de chiffre d'affaires. Ou il rachète maintenant des boîtes en Europe, en Chine même. C'est vraiment le conquistador. Ou Gilles Sadege de Lucas, qui est un des maintenant, qui commence à être concurrent même de Payfit. Et qui doit approcher les 50 millions d'ARR. Qui n'a pas levé pendant 20 ans. Pendant 20 ans, il a fait son produit. Il était là artisanalement. Je pense qu'au bout de 15, il devait être encore peut-être 20 ou 30 dans l'entreprise. Il a levé 65 millions après 20 ans. Résultat, il a eu un deal aussi qui était extraordinaire parce que du coup il s'est dilué très peu et il a encore les mains sur sa boîte.

  • Speaker #0

    Comme s'il aille avec Silver Lake.

  • Speaker #1

    Oui, exactement. Est-ce que ce n'est pas le chemin ? Je te poserai même une question peut-être plus personnelle. Imaginons, tes enfants veulent faire de l'entrepreneuriat. Est-ce que tu leur conseilles la voie du bootstrap ou est-ce que tu leur conseilles la voie du...

  • Speaker #0

    Moi je leur conseille toujours la voie du bootstrap. Et d'ailleurs, une des questions récurrentes qu'on pose aux entrepreneurs qu'on finance et qu'on rencontre avec Xavier, Alexis, tout le monde, c'est pourquoi tu lèves ? c'est pas qu'on veut le pas qui lève, non on veut mettre de l'argent chez eux ça nous fait plaisir, mais c'est juste qu'on sait qu'avec l'argent vient le vice tu vois, et en fait c'est pas la meilleure source d'apprentissage l'apprentissage est dans le dur avec l'argent vient le vice, j'adore l'apprentissage il est dans le dur, il est jamais dans le confort personne ne s'est jamais réveillé un matin en disant putain cette compétition vraiment je l'ai réussi, je suis premier, j'étais vraiment fort surtout ce que je me souviens c'est à quel point l'entraînement été facile. C'était vraiment bien, c'était vraiment une bonne... Non ! Tu vois en réalité c'est terrible mais le plaisir en fait il est né de l'effort tu vois, il est né de la difficulté et d'ailleurs un jour en 2020 je crois, ouais c'est ça, 2021, j'ai un copain qui m'appelle et qui me dit tiens il y a un truc qui s'appelle Axie Infinity dans les cryptos, c'est comme ça, il y a plein de fonds qui veulent mettre de l'argent, il faut que tu regardes et tout. Moi je regarde le token de ce truc là, je ne comprends pas grand chose. Mais exactement comme ce que je t'ai dit à l'époque 2020-2022, je me dis, il y a peut-être un petit aller-retour à faire là-dessus. Bon, je mets un petit peu d'argent comme ça pour voir. Et trois semaines plus tard, je vois que j'ai fait cinq fois la mise. Je me dis, putain, cinq fois la mise, pourtant le truc pour moi ressemble à un pont de Ziskim, tu vois, genre je ne vois pas le truc. Du coup, je retire ma mise, je prends mes cinq fois la mise. Bah cet argent, il n'avait aucune, aucune, aucune saveur. C'était terrible et je l'ai dépensé extrêmement vite. Je ne savais pas comment faire. Je...

  • Speaker #1

    P- En fait, ce que tu dis par là, c'est que pour gagner de l'argent, il faut une forme de fierté.

  • Speaker #0

    Y a pas de plaisir facile. Personne n'a de plaisir facile. Même celui qui gagne au loto. Je dis pas que j'ai pas envie de gagner au loto, j'ai failli gagner au loto, mais j'avais 6€ sur 7.

  • Speaker #1

    P- T'as pas besoin de ça, Jean. Merde.

  • Speaker #0

    Non, je la raconte, c'est évident, parce qu'elle me fait quand même toujours rire. J'avais joué un peu au hasard un jour en prenant le train, en voyant la pub, il y Puis je joue, puis j'oublie le truc. Dix jours plus tard, quelqu'un me dit « Mais quelqu'un a joué à l'EuroMillion la semaine dernière, il y a 240 barres à gagner. » Je dis « Ah ouais, j'ai joué, j'ouvre mon application, j'avais gagné 4000 euros, j'étais comme un ouf. » Je me dis « J'ai dû avoir 4-5 numéros. » En fait, j'en avais 6 sur 7, il m'en manquait 1. C'était le jour d'anniversaire du deuxième mari de ma mère. En fait, je n'avais pas mis les pièces rapportées, je n'avais pas mis ma belle-mère côté de mon père et mon beau-père côté de ma mère parce que la grille était trop chère du coup.

  • Speaker #1

    6 sur 7, il se passe quoi ? T'as rien du tout ?

  • Speaker #0

    4000.

  • Speaker #1

    4000 euros ? Ça va ?

  • Speaker #0

    C'est le prix de la frustration.

  • Speaker #1

    6 sur 7, c'est beaucoup.

  • Speaker #0

    La proba d'avoir les 7 sur 7, je ne sais pas ce que c'est,

  • Speaker #1

    mais c'est beaucoup plus… Tu vois, pour ceux qui gagnent au loto, tu travailles le matin,

  • Speaker #0

    tu n'es pas plus heureux que la veille. À quoi je sers ?

  • Speaker #1

    À quoi je sers ? Tu te poses plus de questions que de réponses.

  • Speaker #0

    J'aime bien une phrase de Kersauson, ce n'est pas exactement sur l'argent, c'est sur le travail. Il me dit « Un travail n'est pas fait pour gagner de l'argent, mais pour gagner de l'honneur » .

  • Speaker #1

    J'aime bien, très belle image.

  • Speaker #0

    Elle est jolie celle-là. Alors du coup pour finir ce sujet, c'est quoi les bonnes raisons de lever de l'argent tôt ? J'aimerais bien comprendre.

  • Speaker #1

    Alors les bonnes raisons de lever de l'argent tôt, c'est que tu es quelqu'un qui a déjà de l'expérience. Et donc tu sais qu'en levant de l'argent, tu vas pouvoir accélérer sur certaines choses. Alors que dans un cas où tu aurais été un first time entrepreneur, tu n'aurais pas accéléré, tu aurais brûlé de l'argent sur certaines choses. Là tu vas les accélérer. Tu vas accélérer des recrutements, accélérer des développements. En fait tu vas rentrer dans ce fameux game très ambitieux, un peu plus à l'américaine, mais tu as les creds. Tu l'as déjà fait. Donc ça, c'est une première bonne raison. La deuxième raison, c'est que tu as trouvé le product market fit, tu as un début de traction, tu as besoin d'accélérer, et en fait, tu sais que ton payback est plutôt bon. Tu sais que si tu recrutes tant de personnes en sales, si tu lances un ou deux produits supplémentaires, etc., tu sais que tu vas avoir un bon payback. Donc l'histoire, c'est gagner du temps. En fait, dans ces deux premières options, c'est que tu gagnes du temps. Mais pour ça, il faut... Donc, tu es éprouvé des choses. Donc, soit tu es un repeat entrepreneur, soit tu as déjà fait des premières choses dans ta boîte qui font que ça marche. Et ensuite, c'est un sujet de pression compétitive. Il y a des marchés sur lesquels tu as une pression compétitive énorme. Et donc, à un moment donné, gagner de l'argent fait partie du game. Lever de l'argent fait partie du game. C'est ce qui te permet d'exploser la concurrence, de les écraser. Après, tu as plein d'excès liés à ça. Tu vois le quick commerce, par exemple, dans les années 2020-2022, où le mec enlevait 100, 200, 300 bar. pour te livrer un Mars en 15 minutes en bas de chez toi.

  • Speaker #0

    Les gorillas, je ne sais plus comment ils s'appellent les autres, mais ils sont morts d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Oui, ça n'avait aucun sens. Mais c'est après son compétitif qu'il les a forcés à lever de l'argent.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, le gars qui a gagné sur ce marché, c'est de la belle vie. C'est ça que j'adore. Ça revient sur ce sujet d'entrepreneuriat français. C'est le mec qui vient de Saint-Denis ou je ne sais plus quoi, de la banlieue. Dont on investissait. Dont vous êtes investisseur. Voilà, Paul Lay.

  • Speaker #1

    Paul Lay, d'accord.

  • Speaker #0

    Et qui du coup a tout compris à la livraison. parce que c'est l'histoire de sa famille. Il capte le truc et il a levé beaucoup d'argent après. Au début, je crois qu'il était boostable.

  • Speaker #1

    Il n'a pas levé trop d'argent. Et puis, quand il a racheté Frishti, par exemple, qui, pour le coup, avait levé beaucoup d'argent, il n'a pas levé beaucoup d'argent pour acheter Frishti. On lui a remis un petit chèque. C'est quelqu'un qui force l'admiration. Et donc, en fait, cette pression compétitive te dit il faut que je lève beaucoup d'argent. Ou bien, il faut que tu rentres sur un play qui est parallélisé, qui n'a rien à voir. Donc, la belle vie dans le quick commerce. Each pour la partie VTC. et il y en a d'autres, tu vois, mais sur chaque vertical, sur chaque marché. Tu peux avoir un outsider bootstrap qui fonctionne différemment, qui existe.

  • Speaker #0

    Et qui va gagner à la fin.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas s'il gagne à la fin, mais je pense que ça n'a pas beaucoup d'importance. En tout cas, tu parlais d'honneur. En ce cas, dont il sait que le travail qu'il a fourni et l'attention qu'il a portée à offrir le bon service ou le bon produit à ses clients, ses clients lui rendent avec leur satisfaction. Et ça, c'est honorable.

  • Speaker #0

    Ouais, et puis en fait, surtout, moi, j'ai le sentiment que je trouve que la base de l'entrepreneuriat, quand même, c'est de poser une vision du monde et d'essayer de faire une boîte qui est le prolongement de soi. Oussama, qui pourtant n'est pas très bootstrap, qui disait que le bon entrepreneuriat, c'est la rencontre entre une personnalité et un marché.

  • Speaker #1

    Totalement.

  • Speaker #0

    Et j'ai le sentiment, moi, qu'il y a quand même beaucoup de boîtes, beaucoup de boîtes qui ont planté justement une espèce d'euphorie cupide des années 2021-2022, qui est lié à... Au fond, tu vois des profils grande école, conseils, qui sont très smarts, très analytiques, qui vont être capables de lire des études de marché, McKinsey, qui vont capter un besoin, un sentiment, et qui vont tout investir dessus, mais qui n'ont pas le drive. C'est-à-dire que ce n'est pas essentiel pour eux de réussir cette boîte. Et donc parfois, quand il y a beaucoup d'argent, ça peut marcher, et puis... Mais en fin de compte, ça ne fera rien de très honorable, ni de très grand sur le long terme. Est-ce que tous les entrepreneurs qui réussissent... n'ont pas fondamentalement quelque chose qui est de l'ordre de l'essentiel et qui n'est pas de l'ordre de l'étude de marché.

  • Speaker #1

    C'est sûr qu'on jette beaucoup d'argent à des entrepreneurs très articulés. Donc tu as fait HEC, tu es très articulé sur ton pitch, et tu as un VC comme ça, il s'excite et boum, il lui jette de l'argent. Et comme il lui jette de l'argent, tous les copains qui étaient à côté, qui n'ont pas jeté de l'argent, ils disent « putain, il faut qu'on jette de l'argent » . Tu sais quoi, ça me fait penser à un truc. C'est... Il y a... Donc... L'acteur dans le monde pornographique le mieux payé au monde, c'est un mec qui est français qui s'appelle Manuel Ferrar.

  • Speaker #0

    J'adore !

  • Speaker #1

    Donc ce mec-là, ça fait des décennies qu'il fait le métier, il fait aussi du gaming, il a une chaîne Twitch, machin et tout. Ce gars-là, un jour, va à la conférence sur les jeux vidéo à Paris ou je sais pas où et tout. Puis t'as des gens qui le reconnaissent, tu vois, et qui lui disent, vas-y, je prends un autographe, une photo, machin et tout. puis après t'as des des petits jeunes qui ont 13, 14, 15 ans qui ne savent pas qui c'est. Mais comme des gens demandent des autographes, ils vont demander un autographe et une photo. Et lui, un peu emmerdé, va voir les parents et leur dit « Non, mais moi, je ne peux pas prendre une photo avec votre fille ou votre fils de 15 ans. Je suis acteur pornographique. En tout cas, je suis producteur, c'est ça mon job principal. Je suis désolé. » Et donc, tu vois, les parents disent à leurs enfants « Je suis désolé, non, on ne peut pas prendre de photo avec cette personne-là. Ils ne savent pas pourquoi. » Ils se disent « Mais quel enfoiré, lui, de ne pas vouloir prendre un autographe. » Eh ben... Le mec d'HEC, tout ce que tu veux je dis HEC en fait, de grande école, en tout cas le mec articulé, tu vois à un moment donné t'as un investisseur comme ça qui s'excite, qui lui jette 5 barres, et t'as 10 investisseurs à côté qui disent « Ah moi aussi je veux te donner de l'argent ! » tu vois ? Et c'est exactement la même chose, ils savent pas pourquoi, ils savent juste que le truc il est chaud quoi. Et donc t'as un peu ce mimétisme dans l'écosystème qui est un peu débile, où tout d'un coup tout le monde se chauffe sur la même boîte, sans aucune raison. Et moi, c'est horrible parce que notre job chez Kima, c'est une fois de temps en temps... répondre à cette euphorie, mettre aussi un petit ticket just in case.

  • Speaker #0

    Parfois ça marche, je veux dire par exemple Moubech, que je connais très bien parce qu'il a été dans le club Boutrape dès le début Guillaume. Guillaume, il a cette capacité à générer du FOMO comme on dit Fear of Missing Out, pour ceux qui ne connaissent pas. Exceptionnel. Il a même storytellé le truc en disant je refuse un investisseur, il l'avait fait en public je ne sais pas si tu te souviens, il avait fait ce post LinkedIn où il avait dit je ne prendrai pas l'argent des investisseurs et je pense deux mois après Il a fait cette opération de cash out, il a dit, après tout le monde s'est foutu de sa gueule, sur internet tout le monde a dit mais c'est qui ce espèce d'énorme mytho qui voilà. En fait il a fait du cash out, c'est à dire il a pris de l'argent en perso pour lui et pas pour la boîte, donc c'est un peu différent, il n'a pas relevé depuis d'ailleurs. Mais voilà, et lui quand il m'expliquait sa levée il disait mais voilà j'ai envoyé des pitchs, j'ai quasiment dit dès le début il n'y a plus de place quoi, et tout le monde s'est précipité. Alors il se trouve que l'M list c'est un... Très beau succès et je pense que ça va continuer. De temps en temps, j'imagine que ça marche de mettre là où le vent va. Mais il ne faut pas que ce soit l'essentiel.

  • Speaker #1

    En tout cas, c'est très humain. C'est très classique de faire ça. On suit la foule, ça nous rassure. Moi, ce que j'adore, c'est qu'il faut faire le game du péage. Maintenant, tu as le thé, donc tu passes là où tu passes avec ton thé. Mais à l'époque on n'avait pas le thé, moi mon game c'était de choper la file du péage où j'avais passé avant les autres, j'adorais ça. Et par exemple, je remarque que quand je vais dans un endroit, souvent je vais y arriver peut-être 10 ou 15 minutes avant que la queue double de taille. Et en fait un bon investisseur ce n'est pas quelqu'un qui fait les mêmes deals que les autres, parce qu'il s'avère que les meilleurs deals au monde sont les deals qui ne sont pas issus du consensus. Donc il faut être capable à un moment donné de se positionner avec conviction et... contre le consensus sur des boîtes dans lesquelles les genres n'auraient pas misé un copac au démarrage.

  • Speaker #0

    Petit risque, petite récompense. Grand risque, grande récompense. Grand fail aussi.

  • Speaker #1

    Ouais. Et après, là, c'est même pas une question de risque, c'est plutôt une question d'indépendance.

  • Speaker #0

    Si tu vas pas là où tout le monde va, c'est plus risqué que suivre le flow, quoi.

  • Speaker #1

    Ouais. Je sais plus pourquoi est-ce qu'on parlait de ça, mais il y a deux garçons, Alexandre Flammarion et Mathieu Chabran, qui ont... Antoine Flammarion et Mathieu Chabran, qui ont une grande institution financière qui s'appelle TKO, qui gère plus de 50 milliards. Et en sortant de rendez-vous avec eux une fois, on se disait avec Emmanuel justement, eux ils ont vraiment ce côté « independent thinker » . Ils réfléchissent indépendamment des autres. Ils ont commencé il y a plus de 20 ans avec 4 millions d'euros, aujourd'hui ils gèrent plus de 50 milliards. et tu vois la manière dont... Tu réfléchis aujourd'hui, tu ressens que c'est avec la même discipline, intégrité, indépendance d'esprit qu'il y a plus de 20 ans. Ils se laissent pas prendre par la marée. Bien sûr, t'as des traînes, bien sûr, il faut les étudier, il faut en suivre certains, etc. Mais il faut pas tomber dans le conformisme du consensus. C'est le meilleur moyen de faire de la merde, quoi.

  • Speaker #0

    C'est... ça me... j'ai pas de transition. mais je vais te poser la question que je t'ai pas posée au début parce que tu vas pas t'en sortir comme ça qui est la question que je n'ai pas posée au début et que je pose à tous mes invités Donc c'est quand la dernière fois que tu t'es senti à poil et sans filet ?

  • Speaker #1

    D'abord, la raison pour laquelle tu ne m'as pas posé, c'est parce que tu me l'as demandé il y a quelques semaines par email, que ça m'a un peu travaillé et que je n'avais pas de vraie réponse pour toi. Et je ne l'ai pas parce que je pense que les réponses que j'ai pour toi sont des réponses qui sont extrêmement personnelles et qui sont beaucoup plus difficiles à... dont il est difficile de parler publiquement par rapport à ces faits-là. Il n'y en a pas qu'un, tu vois, à poil et sans filet, ça m'est arrivé plusieurs fois. Mais je pense que c'est surtout comment tu te sens, tu vois, quand tu es à poil et sans filet.

  • Speaker #0

    Et alors toi, comment tu te sens quand tu es à poil et sans filet ?

  • Speaker #1

    D'abord, je pense qu'il faut arriver à être à l'aise dans l'inconfort. Dans ton quotidien, dans ta vie en général, je pense que tu ne vas bien que lorsque tu arrives à être à l'aise dans l'inconfort. L'inconfort, c'est l'inconfort de situation avec des gens qui te sont proches, l'inconfort de situation avec des gens qui ne te sont pas proches, l'inconfort dans un entraînement, l'inconfort dans une difficulté au travail. Et en fait, il faut se nourrir absolument de ça. Et cet inconfort, il sert à te regarder dans la glace, à te poser des questions sur toi-même, à te remettre en question, à accepter le fait que la vie continue, que le monde continue de tourner sans toi. Et que, bah oui, t'aimerais bien que... En fait, on fantasme du fait que les choses soient sans problème, qu'il n'y ait pas de difficultés au quotidien, que tout tourne. En réalité, personne n'a jamais été heureux dans ce cadre-là, et ce cadre-là n'existe pas. Donc, puisque la vie est faite d'inconforts, il faut apprendre à palper et à en faire quelque chose, cet inconfort. Et cet inconfort, c'est soit des éléments extérieurs, soit même des éléments par rapport à toi. Tu vois, tu peux être inconfortable. Par rapport à là maintenant, tu gères certaines situations.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui te rend encore inconfortable toi aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Ce qui me rend inconfortable par exemple, c'est quand je suis excédé par un comportement d'un de mes enfants et que je vais élever la voix. Ça, ça me rend inconfortable. Ça, ça m'énerve. Je m'énerve moi-même.

  • Speaker #0

    Tu culpabilises d'élever la voix contre tes enfants ?

  • Speaker #1

    À fond. Tu vois, demande à un enfant de 5 ans de mettre ses chaussures. C'est quelque chose d'universel. Il va falloir que tu lui demandes dix fois. Et la dixième fois, tu sais ce qu'il va falloir que tu fasses ? Que tu te baisses, que tu me prennes la chaussure et que tu lui mettes la chaussure. Parce qu'il ne va pas la mettre la chaussure. Et tu peux lui dire tous les jours, pendant un an, deux ans, je ne sais pas combien de temps, il ne la mettra pas sa putain de chaussure. Donc ça ne sert à rien de t'énerver contre le gosse et sa chaussure quand il a cinq ans. De toute manière, il ne le fera pas. C'est comme un ado. il y a quelque chose de chewing-gum-esque chez lui genre Ou genre il oublie des trucs, il est un peu à l'ouest, il répond avec des onomatopées et des acronymes dont tu comprends rien parce que toi t'es trop vieux. En fait, ça sert à rien de t'énerver contre ce phlegme qui t'énerve au plus haut point. De toute manière, tu ne me feras rien, c'est des phases à passer. Et en fait, de temps en temps, quelque chose va me... Trigger. Ouais, me trigger. ça m'énervait et en fait je vais élever la voix je me dis merde la même situation sans élever la voix tu triggers pas les mots tu triggers pas en fait un espèce de blocage émotionnel chez l'autre ce qu'on sait ce qui se passe quand tu es la voix tu regardes la situation avec beaucoup plus de de relativisme tu vois genre oui c'est chiant quand on gosse pour la dixième fois ne met pas son assiette dans la machine. mais plutôt dans les vies alors que tu lui avais déjà dit qu'il fallait la mettre dans la machine. Mais au fond de quoi on parle ? On parle d'une putain d'assiette dans une machine, il faut se calmer. Et donc il y a plein de trucs comme ça. Je parlais avec

  • Speaker #0

    Mounirka que tu connais, j'ai eu cette bonne discussion avec elle il y a quelques jours en plus, exactement sur ce sujet, parce qu'elle me disait avant, dès que mes enfants faisaient leur vie d'enfant, et que ça me déclenchait de la colère. J'avais de la culpabilité pendant des heures, voire des jours après. Ça me rongeait en fait. Et me disait en fait, ce que j'ai réussi à faire, c'est comprendre que la colère, qui est une des émotions les plus réprimées dans la société, alors particulièrement chez les femmes je pense, parce que c'est pas beau chez une femme d'être énervée, d'être hystérique, etc. Plus acceptée chez les hommes, parce que c'est un peu la violence générationnelle qui peut s'exprimer.

  • Speaker #1

    C'est grave.

  • Speaker #0

    Mais c'est quand même assez réprimé. Et elle dit, j'ai compris que la colère, elle doit pas être la chef de la coloc. Tu vois, la coloc, ce que tu as dans la tête, c'est les émotions. Ça ne peut pas être la chef de la coloc, mais tu ne peux pas la virer de la coloc.

  • Speaker #1

    Totalement.

  • Speaker #0

    Et donc, il faut accepter qu'elle est là. Et une fois que j'ai compris que la colère, elle était là, c'est une facette de moi comme j'en ai d'autres. J'ai essayé de me débarrasser de deux sentiments qui, pour elle, sont les plus inutiles, c'est-à-dire la culpabilité et la honte. On a dit la culpabilité, ça peut être utile parce que si tu fais quelque chose de vraiment mal, il faut quand même que tu aies un retour sur toi. même si on est tous des enfants polis en général en tout cas ceux qui passent dans mon podcast

  • Speaker #1

    Et la honte ?

  • Speaker #0

    Mais la honte, le problème, c'est que c'est une remise en question de soi.

  • Speaker #1

    Totalement.

  • Speaker #0

    C'est que tu vas dire, je suis le problème en fait. Je suis un mauvais parent.

  • Speaker #1

    Tu es en train de casser ton estime de toi.

  • Speaker #0

    Je suis un mauvais parent, parce que j'ai crié.

  • Speaker #1

    J'aime bien cette image, la différence entre la culpabilité et la honte. Je pense qu'on se sent tous coupables à plein de fois, à plein d'égards. Effectivement, la honte, c'est différent. Et juste pour revenir sur cette histoire de colère, effectivement, il faut l'expeller, parfois il faut la faire ressortir. Mais il y a plein de moyens de faire ressortir sa colère. Et en fait, il y a une différence entre être irrité et être colérique, tu vois. Tu peux être irrité, ça peut créer de la tension, mais la tension, ça n'a pas besoin nécessairement de s'exprimer en colère. Tu vois, tout est un vase communiquant. C'est comme, je ne sais pas, tu fais des trucs chimiques, les choses réagissent. En fait, tu as une tension. Si la tension s'exprime par la colère, alors que tu aurais pu faire 10% de colère, 90% de course à pied, tu vois. Bon bah courir, je sais pas mais...

  • Speaker #0

    Donc toi, une de tes manières de l'exprimer, c'est d'aller courir ?

  • Speaker #1

    Oui, mais même une fois, je me rappelle, j'avais été vraiment excédé par un truc. Et donc, ma femme me dit, putain t'as nagé vite aujourd'hui ! Ouais j'ai nagé vite en fait parce que j'avais besoin de relâcher cette tension-là. Et donc j'ai nagé Et d'ailleurs ça se ressentait la manière dont je nageais Je nageais plus comme un mec énervé Qu'un mec calme

  • Speaker #0

    De te voir dans la piscine on devait s'écarter

  • Speaker #1

    Donc voilà Je trouve que c'est important de quand même

  • Speaker #0

    C'est un truc Moi j'ai le même réflexe que toi Je vais aller faire du tennis ou je vais aller courir Mais le problème de ça C'est un peu comme si Par exemple quand t'es énervé tu vas te mettre un podcast et tu vas te mettre à courir C'est Clotilde Dousselier qui m'a dit ça de Change ma vie Il m'a dit le problème c'est que tu fuis l'émotion, inconsciemment tu la fuis parce que tu vas te mettre quelque chose sur les oreilles, tu vas te concentrer sur autre chose et tu vas essayer de tout faire pour ne pas vivre ce que tu veux pas vivre.

  • Speaker #1

    Moi je crie quand je cours.

  • Speaker #0

    Tu cries quand tu cours ?

  • Speaker #1

    Ouais ça m'arrive souvent.

  • Speaker #0

    Ah ok.

  • Speaker #1

    Quand je vais courir une heure tu vas entendre crier au moins 3, 4, 5 fois sur une montée, sur un truc et tout et à un moment donné je sors quelque chose. Et c'est parce que c'est dans l'effort. Mais tu vois il n'y a pas de... je refoule pas. mes émotions, ce que je ressens et tout.

  • Speaker #0

    Tu cries quand tu crois, ça doit être drôle de te croiser du coup. Ouais,

  • Speaker #1

    comme tu vas peut-être me croiser en train de courir, en train de sourire ou d'être plus content que dix minutes avant. Et le truc sans filer, je trouve difficile, c'est dans le cadre du boulot. Tu vois, moi, on a tous beaucoup ce syndrome de l'imposture. Et donc, quotidien, quand tu as l'impression de ne pas avoir été à la hauteur, de ne pas être revenu assez tôt vers un entrepreneur, de... Pas avoir assez traité tes emails, de pas avoir fait ci, pas avoir fait ça, d'être un peu à la bourre et tout. Moi, ça me ronge, quoi.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui te ronge ? C'est que tu as l'impression de ne pas être à la hauteur ?

  • Speaker #1

    J'aime même sortir en harmonie entre mes obligations, mes devoirs, ce que je dois faire, et mes kiffs, mon plaisir, mon sport et tout. Et je ne peux pas faire l'un sans l'autre. Donc, je ne peux bien bosser ou être bien dans mon élément que si à côté de ça, j'ai des soupapes. De la même manière, je ne peux profiter du moment présent que si de l'autre côté, j'ai bien bossé. Donc c'est toujours un équilibre assez fin à trouver.

  • Speaker #0

    Justement, c'est une bonne question, le moment présent. Parce que moi, c'est mon problème, mais c'est surtout, je trouve, un point commun chez énormément d'entrepreneurs. Le principe du métier d'entrepreneur, c'est d'essayer de prédire l'avenir quand même. C'est d'essayer, en tout cas, de se projeter sur le prochain move, de se projeter sur la prochaine solution. Donc c'est quand même un exercice qui est plutôt d'être dans le futur. Pas trop dans le passé, en tout cas les entrepreneurs que je connais sont assez peu dans le passé, ils sont tout le temps dans le futur, tu vois. Et du coup ils sont très peu dans le présent aussi. Toi dans quelle mesure tu arrives à être vraiment dans le présent, avec un métier qui est aussi intense, rapide, voilà. Et est-ce que tu trouves que c'est une bonne chose, nécessaire d'être dans le futur pour réussir dans ces métiers ?

  • Speaker #1

    C'est pas facile comme question ça.

  • Speaker #0

    Oui, j'adore les questions difficiles.

  • Speaker #1

    Je pense qu'on visualise le futur qu'on a envie de bâtir et que cette visualisation, elle ne doit pas te paralyser. Donc un bon entrepreneur ou même un bon investisseur va voir là où il veut aller, mais ça ne doit pas être un élément déterminant du quotidien. Au quotidien, c'est la consistance de ce que tu fais, de la manière dont tu le fais, les principes que tu appliques, qui ont des effets composés à terme et qui font que tu arrives à réaliser cette vision. Et d'ailleurs, c'était dans une lettre annuelle de Jeff Bezos qui disait « On surestime ce qu'on peut faire en un an et on sous-estime ce qu'on peut faire en dix. » Et donc l'entrepreneur, à force de regarder devant, en fait, se bloque l'esprit sur ce qu'il faut faire présentement pour y arriver. Et d'ailleurs, souvent, un exercice qu'on demande en board meeting avec nos entrepreneurs, c'est « prends la vision à 10 ans, fige-la. Prends la vision à un an, fige-la. Et ensuite, on va travailler en arrière pour voir ce que ça veut dire aujourd'hui. Et après, il faut que tu arrêtes de la regarder. On la regardera de nouveau dans 3 mois, dans 6 mois, dans 9 mois, dans 12 mois. Parce que tant que tu n'as pas les effets de ce que tu vas faire aujourd'hui, Ça sert à rien de te reprojeter dans un an, tu vois, 5 ans, 10 ans, quoi. Voilà. Et après, je pense que c'est aussi une question de tempérament. Moi, je vis à fond dans le présent. J'adore le présent. Parce que je sais pas si ça sert à quelque chose de regarder demain. Demain, je serai peut-être mort. Et j'en ai aucune idée, tu vois. Et t'entends des histoires d'horreur et de maladies tous les jours. Et tu peux pas te dire que toi t'es immunisé par rapport à ça quoi. Ça peut t'arriver. Donc ça sert à rien de regretter le fait de vivre présentement quelque chose d'agréable, donc même si t'as des choses derrière qui sont plus désagréables, qui sont difficiles et tout. Je comprends pas les gens qui se flagellent dans leur quotidien, de kiffer le moment présent, alors que tu vois, il y a des choses difficiles à côté. Donc il faut apprendre à profiter du moment présent. Et profiter du moment présent, c'est ne pas subir la pression extérieure, te rappeler que le monde... tourne sans toi, que à chaque fois qu'il t'est arrivé d'être à la bourre, que t'étais un peu surchargé, que t'avais des problèmes, en fait, les problèmes se solvent, les problèmes s'effacent, les tâches s'exécutent. En fait, le monde tourne. Et ton monde tourne aussi. Et toi, tu tournes. Faut pas t'inquiéter, quoi. Évidemment, c'est mieux d'être organisé, c'est mieux d'être efficace, c'est mieux de pas passer des heures sur des choses inutiles pour pouvoir être utile sur d'autres choses par ailleurs. Mais en réalité,

  • Speaker #0

    c'est qu'un long fleuve tranquille.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si c'est tranquille, mais en tout cas, j'aime bien dire que la vie est bien faite.

  • Speaker #0

    C'est quoi le moment ou les moments qui, selon toi, expliquent le plus là où tu en es aujourd'hui ? Des événements dans ta vie qui expliquent le fait que tu es aujourd'hui devenu investisseur, que tu t'es organisé comme ça ?

  • Speaker #1

    Bon déjà j'arrive pas à répondre à ta question exactement de où j'en suis aujourd'hui parce que c'est par là qu'il faut commencer quoi. Pourquoi ? Parce que je me suis jamais posé la question. Donc là tu me poses la question, tu me dis, tu vois, est-ce que tu regardes le passé, qu'est-ce qu'il fait, là où t'en es aujourd'hui, par rapport à là où t'en es aujourd'hui ? Bah où j'en suis aujourd'hui ? Aujourd'hui je suis dans le même esprit de conquête que celui d'il y a dix ans quand j'ai rejoint Xavier. Je pense même que c'est un esprit de conquête qui est renouvelé. qui est mieux organisée, qui grandit avec la maturité. Et donc moi, j'ai hâte des dix prochaines années, parce que je pense qu'elles vont être très différentes, parce que je fais les choses différemment aussi. Donc il y a ça. Je pense que j'aurais aimé être plus loin sur certaines réussites par rapport à des deals que j'ai faits, etc., et que j'y suis pas encore, et que ça, ça me pose la question de... Est-ce que je suis assez bon dans ce que je fais, quoi ? Et en même temps, il y a plein de choses et j'ai plein de retours d'entrepreneurs toutes les semaines qui sont heureux de nos échanges, des feedbacks que je leur donne, de ce qu'on a fait ensemble, etc. Donc j'ai quand même l'impression qu'on fait le travail. Il y a un truc qui est une notion qui est la notion d'ikigai chez les japonais.

  • Speaker #0

    J'adore.

  • Speaker #1

    Ce que tu fais bien. ce que tu aimes et ce pourquoi tu es utile au monde. En fait, c'est la composition des trois qui forme cette espèce de cœur.

  • Speaker #0

    C'est le rond, c'est l'intersection en fait.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est l'intersection. Moi, je suis en plein dedans. Et ça fait dix ans que je suis en plein dedans, dans cette ikigai. Et donc, en fait, j'ai quand même un équilibre, tu vois, intrapersonnel qui est très fort. Parce que je me sens aligné avec ce que je fais dans mon quotidien. Et voilà, mes chahuts internes, c'est des chahuts internes autour de... qui sont mon avis, tu vois, est-ce que je l'ai fait assez bien ? Est-ce que je l'ai fait avec assez d'ambition ? Avec assez de force ? Est-ce que je suis à la hauteur ? T'arrives quand même,

  • Speaker #0

    je trouve qu'il y a beaucoup d'entrepreneurs, en tout cas de manière générale, les gens qui sont performants, ont parfois du mal avec la satisfaction, la fierté, tu vois, le sentiment de fierté. En fait,

  • Speaker #1

    le problème de la satisfaction, c'est qu'elle s'évapore à une vitesse folle. Quand on a... Quand tu accompagnes une boîte pendant des années et qu'un jour elle se vend, tu te sens extrêmement vide le lendemain. C'est terrible. En fait, parce que ce qui était important, c'était la journée, tu vois, la concrétisation de la vente, l'argent, le machin et tout. Fondamentalement, ça ne te nourrit pas trop. Et d'ailleurs, c'est pour ça qu'il y a des entrepreneurs...

  • Speaker #0

    Ça nourrit ton CV, quoi.

  • Speaker #1

    Ouais, ton compte en banque et ton CV.

  • Speaker #0

    J'aurais pu penser quand même en premier.

  • Speaker #1

    Non mais tu vois, nourrir ton compte en banque et ton CV, c'est quand même pas ça qui te fait avancer le lendemain malheureusement. Le lendemain en fait c'est la prochaine histoire sur laquelle tu vas te battre. C'est pour ça qu'il y a quelque chose d'un peu boulimique chez les gens qui gagnent beaucoup d'argent, parce qu'en fait plus ils en gagnent, plus ils en gagnent, mais parce qu'en fait ils sont juste nourris par ces espèces de quêtes, les unes à la suite des autres, derrière lesquelles ils courent. Xavier, il ne rachète pas des boîtes telco pour l'argent, tu vois, avec ce qui pèse, c'est pas ça le sujet. rachète des boîtes telco parce que putain ça l'excite tu vois alors de racheter une boîte telco, de venir avec ses équipes, de couper dans les coups inutiles, d'amener tout ce qu'il sait faire là-dedans pour en faire une belle pépite. Et en fait, il fait une pépite après l'autre. C'est comme un chercheur d'or ou dans une mine de diamants, je ne sais pas quoi. En fait, tu ne cherches pas le gros. Évidemment, ta tête, tu as cette espèce d'imaginaire de « je cherche le gros lingot » . Mais en réalité, toute ta vie ne sera faite que de plein de petits lingots et c'est ça qui te fait kiffer. Et si un jour tu trouves le gros lingot, chuuut

  • Speaker #0

    suis pas sûr que tu serais agressé tu vas vouloir essayer de chercher encore un plus gros lingot tu vois ça va pas marcher justement c'est intéressant que tu en parles parce que c'est une question que je voulais te poser effectivement quand tu es investisseur tu cherches toujours le prochain deal le prochain bon avest la prochaine belle perf et et c'est vrai que je suis d'accord avec toi le problème de l'argent c'est la cupidité c'est quand tu quand tu viens à être en permanence insatisfait de ce que tu as déjà d'ailleurs on dit je sais plus ce que c'est l'étude mais c'est qu'il dit que Au-delà de, je ne sais plus ce que c'est, mais du style 80 000 euros par an de revenus, tu es marginalement plus heureux. Le gain marginal de bonheur. Le gain marginal de bonheur, le gain de bonheur est marginal. Et du coup, c'est vrai que ça dépend si tu cherches le bonheur, donc la satisfaction qui est plutôt le fait d'aimer ce que tu as déjà, ou est-ce que tu cherches l'excitation. Mais du coup, la question c'est comment tu travailles ton rapport à l'argent, toi, pour éviter ce côté cupidité. Et peut-être que Zéminel, tu as une réponse pour lui aussi. De courir toujours après plus. Et en même temps, d'être là, de continuer à être performant, d'accomplir des choses qui ont du sens pour toi. Comment tu navigues là-dedans ?

  • Speaker #1

    Déjà, pour l'anglicisme, je pense qu'il y a des choses qui sont outward facing et des choses qui sont inward facing. Outward facing, c'est justement la réussite des boîtes, le succès, l'argent, tout ce que ça va générer, etc. Quand tu fais ton métier et que tu cherches à générer du chiffre d'affaires, faire grossir ta boîte, devenir gros, devenir rentable, chercher ce succès un peu matériel, matérialiste. En réalité, pendant que tu fais ça, tu es aussi en train de nourrir la manière dont tu le fais et ce qui te grise dans la manière dont tu le fais. Et donc, moi, mon objectif personnel, c'est dans peut-être 10 ans, peut-être 15 ans, peut-être 20 ans, je ne sais pas quand, mais c'est d'arriver à ne plus chercher cette performance extérieure. Ou plutôt chercher le résultat, tu vois, la performance, mais plutôt me reconcentrer uniquement sur qu'est-ce que j'aime faire au quotidien et ce qui me nourrit déjà dans mes interactions avec les entrepreneurs. Donc prenons ce jeune artisan-là, ce jeune cuisinier chez Pierre Reboule. Et je parle de Pierre Reboule parce que ça me fait chier qu'il ait trois tables vides quand j'y étais l'autre soir. Il devrait être plein, il devrait avoir l'accueil, il devrait avoir des mois d'avance chez Pierre Reboule parce que c'est extraordinaire ce qu'il fait. Et je pense à ce... à ce jeune. Aujourd'hui, ce n'est pas mon quotidien de passer du temps avec ce jeune-là. Un, peut-être, oui, mais pas dix ou quinze. Peut-être que dans dix ans, ce qui va me griser, c'est exactement ce que tu as dit. Ça va être d'accompagner des artisans, en fait des gens à une échelle beaucoup plus petite, mais qui vont continuer de me nourrir parce que je vais faire exactement la même chose que je faisais avec les autres entrepreneurs, c'est-à-dire les aider à se réaliser. Moi, mon job, il est d'y croire, enfin d'écouter d'abord, première chose. Ensuite, une fois que tu as écouté, c'est poser des questions simples, mais qui permettent aux entrepreneurs de réaliser certaines choses. Oui,

  • Speaker #0

    tu as dit une phrase, il n'y a pas longtemps que j'ai oublié de m'utiliser, il y a un pouvoir incroyable dans les questions stupides.

  • Speaker #1

    Oui, et stupide, c'est pour un peu mettre l'accent sur le truc, mais en fait, c'est dans les questions simples. Donc, d'y croire, poser des questions simples. Non, écouter, poser des questions simples, y croire, et ensuite... donner confiance et permettre aux gens de se réaliser et en fait moi c'est ça mon quotidien

  • Speaker #0

    Et c'est ce que je kiffe faire.

  • Speaker #1

    Ce qui t'excite le plus, en tout cas je sens les paillettes dans les yeux, c'est surtout le fait d'aider des entrepreneurs à se réaliser plus que la performance en fait.

  • Speaker #0

    Totalement, et la performance c'est le résultat naturel d'aider des entrepreneurs à se réaliser. Aujourd'hui j'aide des entrepreneurs à se réaliser en faisant du venture capital, avec des moyens importants, sur des ambitions démesurées, et c'est très excitant. Mais je te dis pas que dans 15 ans en fait mon kiff ce sera plutôt d'aider des dizaines d'artisans à devenir des artisans exceptionnels à un scale beaucoup plus petit mais ça me rendra tout aussi fier.

  • Speaker #1

    Pourquoi tu commences pas maintenant si ça te fait vibrer déjà ?

  • Speaker #0

    Parce que en fait quand tu fais quelque chose quand tu regardes le futur, tu as la vision de ce que tu veux accomplir et Et dans cette vision de ce que tu veux accomplir, tu as le résultat final de ta boîte et tu as aussi le sentiment d'accomplissement personnel. Et moi, je ne l'ai pas atteint. Je ne pense pas avoir atteint ce cadre-là et je pense qu'il va me falloir encore 10-15 ans. Je pense que ça prend un peu de temps. Et si je faisais autre chose tout de suite, sans avoir finalisé cette première étape, je me sentirais... tu vois, incomplet, ou en tout cas j'aurais l'impression d'avoir fui quelque chose pour autre chose, tu vois. Et j'ai pas envie. Et d'ailleurs j'ai un investisseur que je connais bien qui monte sa boîte, et avant de monter sa boîte, il a accompagné deux de ses portfolio compagnie à lever des gros tours de financement, et en fait il a construit son portefeuille, et il me dit tu vois, je quitte ce fonds avec la satisfaction d'avoir fait mon travail jusqu'au bout. Moi, tant que... Je n'ai pas généré deux fois minimum cash on cash, en cash pur, ce que Xavier m'a permis d'investir depuis dix ans, et donc bientôt pendant quinze ans ou vingt ans, je ne serai pas satisfait. C'est marrant parce que l'objectif est précis. L'objectif est précis, je te dis ça, ça peut être un peu moins, ça peut être un peu plus, c'est juste que la mesure de la performance dans le métier, c'est le cash que je rapporte. Aujourd'hui, je n'ai pas encore rapporté. Je n'ai pas rapporté plus de cash que ce que j'ai investi. Et ça, je vais y arriver.

  • Speaker #1

    En même temps, c'est des plaies à 10 ans. C'est logique. J'imagine que c'est ce qu'attend aussi Xavier Niel. Il n'investit pas de l'argent dans les startups pour juste la journée.

  • Speaker #0

    Je me vois mal un jour aller voir Xavier et dire « Viens, on fait un kima de l'artisanat. Puis on laisse tourner le portefeuille à côté. » On verra ce qui se passe dans 5 ou 10 ans, si ce portefeuille génère effectivement le cash qu'il est censé générer par rapport à sa perf latente. Non, j'ai plutôt envie de lui dire, depuis 10 ans, j'ai énormément appris. En fait, cet apprentissage, je vais le mettre au service des 10 prochaines années pour des résultats décuplés, plutôt que redescendre d'un cran, tu vois.

  • Speaker #1

    Pour finir, j'aimerais bien qu'on parle de ton rapport au conflit.

  • Speaker #0

    Ouh là !

  • Speaker #1

    Ouh là là, direct ! Je trouve ça intéressant parce que, déjà, tu as un métier... qui suppose de dire beaucoup non, j'imagine.

  • Speaker #0

    Tout le temps.

  • Speaker #1

    Tout le temps, voilà. 90% du temps, j'imagine. Et puis, il y a plusieurs sujets que j'aimerais bien aborder avec toi. Alors, le premier, c'est déjà comment toi, tu es confortable avec le fait de dire non. Très confortable. Et est-ce que tu te sens confortable avec le conflit ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense que l'idée que je m'en fais est la réalité. Je pense que j'ai l'impression d'être très confortable avec le conflit. Parce que je dis souvent non et que j'ai pas peur de la confrontation, mais je pense que j'aime pas le conflit. Et donc c'est deux choses différentes. Moi j'avais tendance à mélanger les deux. A dire non mais moi le conflit ça me dérange pas parce qu'en fait la confrontation me dérangeait pas. Mais en fait c'est deux choses différentes. En fait moi j'aime pas le conflit.

  • Speaker #1

    C'est quoi la différence pour toi ?

  • Speaker #0

    On peut pas dire la confrontation parce que c'est la partie la plus facile. La confrontation c'est se mettre en face de quelqu'un. Et en tout cas, je pense qu'une bonne et belle confrontation, c'est une confrontation où on s'écoute, où on n'est pas d'accord, on se le dit, mais on se le dit avec de bonnes intentions, tu vois. Et à la fin, au bout de cette confrontation, on arrive à quelque chose où chacun a sorti son sac, on a réussi à se comprendre, et comme on s'est compris qu'on a sorti son sac, etc., on arrive quelque part, qui même c'est pas parfait, au moins, tu vois, les choses ont été... Tout est sorti avec les bonnes intentions. Et en fait, je trouve ça très... Je trouve quelque chose d'assez agréable dans la confrontation. Parce que, en fait, oui, la vie est faite de tensions, tu vois. Donc c'est important que ces tensions, elles s'expriment. Et après, la manière de bien se confronter, quoi. Le conflit... Il y a des gens qui sont conflictuels par nature. C'est-à-dire qu'à chaque fois qu'il y a quelque chose, ils vont chercher la petite bête, ils vont faire un petit peu chier, ils vont tuer, genre... Ils vont chercher le fight. Moi, je suis plutôt de nature à me poser ma question initiale, dès que je vois un début de couvrir un truc, c'est comment est-ce que j'évite le fight ? Parce qu'en fait, moi je veux kiffer, je veux pas me faire chier.

  • Speaker #1

    Ça te saoule de mettre de l'énergie dans un fight ?

  • Speaker #0

    99% des cas, tu vois. Quand le truc te bouffe intérieurement, bien sûr, t'y vas parce qu'en fait... tu as besoin de le confronter mais quand ce truc ne te bouffe pas intérieurement et que c'est un truc matériel ou petit ou tu vois qui ne change rien tu vois à ton quotidien à la face du monde ou je ne sais quoi putain en fait je préfère l'éviter quoi il fait chier d'y aller toi

  • Speaker #1

    tu as vécu du coup un conflit d'associés on peut le dire sur New Wave tu vois exactement comment tu le vois qui est un sujet que plein d'entrepreneurs vivent moi-même je l'ai vécu tu vois récemment donc je te pose la question euh... pas par voyeurisme, parce que ça peut aider je pense aussi des gens, tu vois. Comment tu as vécu cette période-là ? Et surtout, quelle est la plus grande leçon que tu en as tirée ?

  • Speaker #0

    Bon, ça a été très, très difficile.

  • Speaker #1

    Donc, pour le remettre du contexte, c'était un fonds New Wave dans lequel tu étais associé avec quelqu'un.

  • Speaker #0

    On s'est associé avec quelqu'un, on s'est séparé et cette séparation a été difficile. Très difficile. On va revenir directement aux conclusions. D'abord parce que moi je fais la paix avec ce conflit. J'ai fait la paix avec ce conflit parce que ce qui est important c'est qu'on avance. La première c'est que dans le conflit il y a un aspect matériel et un aspect émotionnel. L'aspect émotionnel sera toujours beaucoup moins prédictible, beaucoup plus important et fait ressortir les choses les plus profondes chez les gens par rapport à l'aspect matériel. Donc en fait il faut aborder l'aspect émotionnel en... tout tout tout tout tout premier lieu le sujet n'est pas matériel dans un conflit entre associés il est émotionnel il est sur comment tu me perçois quelle image tu renvoies aux autres qu'est-ce que ça va faire sur ma réputation, sur mon estime de moi, dans la là, en fait c'est tr��s complexe quoi, et l'émotion ce n'est jamais quelque chose qui se traite dans l'instant moi c'est très difficile pour moi parce que je suis une garçon très efficace par nature, j'aime que les choses aillent très vite,

  • Speaker #1

    et là c'est lent faut le temps d'absorber c'est même pas lent,

  • Speaker #0

    c'est naturel et en fait les émotions, les sentiments et tout ça de manière naturelle ça prend du temps. Donc il faut accepter ce temps quoi. Et ce temps ça veut dire que tu vas dire quelque chose à quelqu'un à un instant donné et que tu n'en verras les résultats que dans quelques jours, quelques semaines, quelques mois et qu'en plus c'est pas qu'une fois c'est deux fois, trois fois, dix fois en fait c'est un espèce de fil rouge à suivre quoi. Donc il faut prendre de l'avance. Un bon conflit c'est pas un conflit qui se... Les gens pensent qu'un bon conflit c'est c'est un conflit qui se traite vite. C'est pas vrai. Un bon conflit, c'est un conflit qui se traite avec le temps. Le temps que les choses se digèrent, se nourrissent, que les échanges se fassent, que tu prépares les choses à la fois émotionnellement, matériellement, etc. Donc un bon conflit entre associés, c'est un conflit qui doit prendre du temps. Donc prenez votre temps. Prenez votre temps d'abord de comprendre quelle est la situation, de comprendre comment vous vous ressentez, pourquoi vous vous ressentez comme ça, d'essayer de comprendre comment l'autre se ressent. Parce qu'en fait, il y a toujours deux côtés de l'histoire. Moi, dans le cadre de notre conflit... On peut dire qu'on était deux personnes avec des tempéraments différents à plein d'égards, et que ces tempéraments pouvaient créer des frictions qui étaient désagréables pour l'un comme pour l'autre. Après, il y a plein d'autres aspects dans le conflit, mais ça, c'était important. Et donc, il faut que tu comprennes comment l'autre se ressent.

  • Speaker #1

    Tu as réussi à le faire tout seul, ou est-ce que vous vous êtes fait aider par un médiateur ou par ce genre de choses ? tellement une solution qui est peu utilisée et utilisée trop tard au moment où les émotions sont tellement vives que c'est là où ça devient un conflit en réalité parfois quand ça bloque un peu si tu fais une médiation ça peut vite te boucler il y a eu un médiateur qui aurait pu rentrer dans la boucle à un moment donné,

  • Speaker #0

    c'était déjà trop trop trop tard une bonne médiation ça se fait très tôt, c'est certain, et dans tous nos conflits d'associés d'ailleurs, maintenant systématiquement je leur conseille de prendre un médiateur immédiatement Immédiatement, c'est ce médiateur qui a l'habitude justement de permettre à l'un et l'autre de comprendre les situations, les émotions, les sentiments, etc. Et donc de créer un terrain de synchronisation pour pouvoir avancer sereinement après. Un bon conflit, c'est un conflit qui ne se traite pas rapidement, qui se traite un peu lentement, au rythme des émotions et pas des aspects matériels qui s'en suivent. Et une fois qu'on a traité la partie émotionnelle, on peut traiter la partie matérielle.

  • Speaker #1

    Je pense en tout cas que c'est de se séparer, de se serrer la main sous la pluie. C'est ça, j'aime bien l'image. Oui,

  • Speaker #0

    j'aime bien, c'est joli. Après, le problème, c'est que souvent, quand on est face à une séparation ou un conflit, c'est souvent la première fois. Ça nous arrive peu dans la vie. Et donc, on apprend. Il n'y a pas longtemps, j'étais dans une situation conflictuelle, pas conflictuelle, mais qui aurait pu potentiellement être conflictuelle avec quelqu'un. Putain mais en fait je me suis rappelé toute l'expérience des 12 dividendes du mois, je peux dire que ça se passe nickel. Ça se passe nickel parce que je savais qu'il fallait que je fasse attention dans ce cadre-là.

  • Speaker #1

    Et tu arrives à ne pas, par peur de reproduire ou de revivre ce que tu as vécu, à ne pas transiger ou faire des compromis sur toi, tes besoins ? Parce que parfois tu vois c'est ce qui peut arriver. C'est que tu te dis en fait bon du coup fuck j'ai déjà vécu un truc et donc du coup je vais laisser tomber ce que je veux.

  • Speaker #0

    Moi je me sens beaucoup.

  • Speaker #1

    Il y a plus de mal à ne pas laisser le truc ?

  • Speaker #0

    Je pense que j'ai l'impression que je suis responsable de tout tout le temps. C'est déjà un struggle, un conflit intérieur à gérer chez moi.

  • Speaker #1

    Ton problème, c'est plus la peur de ne pas être aimé ?

  • Speaker #0

    Bien sûr,

  • Speaker #1

    100%. Peur du rejet ? Oui,

  • Speaker #0

    manque de reconnaissance, être inutile.

  • Speaker #1

    Être inutile ? J'avais demandé à ça au fondateur de Tiga, d'une fois je lui ai dit « Est-ce que tu préfères que tes salariés te disent qu'ils ont aimé travailler avec toi ou qu'ils ont grandi avec toi ? » Je me dis franchement, ça ne me fait pas plaisir de dire ça, mais je préfère que les gens aient aimé.

  • Speaker #0

    Pas facile. Les gens sont souvent ingrats. Tu as beaucoup de gens que tu as aidés à faire grandir, qui ne te diront pas que tu les as fait grandir. Et d'ailleurs, juste, c'est pas très sympa, mais dans l'entreprise, les patrons ont du mal à comprendre ce que ressentent leurs employés. Et l'inverse est vrai aussi, les employés ne comprennent pas ce que ressentent les patrons. Il y aura toujours une dichotomie là-dessus entre patron et employé. Le patron, il met ses tripes, il joue sa life, il a une prison quotidienne énorme et l'employé va dire qu'il n'est pas assez valorisé. qu'il est un élément important et que le patron n'a pas conscience de tous les efforts qu'il fait pour que son patron s'enrichisse. Et en fait, ce truc-là est universel et durera éternellement et ce n'est pas grave. Mais donc, ça veut dire que ça demande, si tu sors de là, de créer un environnement de travail où les gens, en tout cas, sont fiers, se sentent valorisés, ont l'impression de grandir et tout.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu crois avec cet événement de l'IA, des IA agents, etc., tout ce qu'on dit là-dessus ? C'est la fin du salariat, tu vois. C'est l'avènement dans la tech, je parle un plus tout particulièrement, tu vois, mais c'est l'avènement de ce que Sam Altman peut dire les prochaines boîtes à un milliard avec 20 personnes, tu vois.

  • Speaker #0

    Alors je sais pas, j'ai du mal à prendre en compte la notion de salariat. Mais je pense qu'il y a beaucoup de gens qui ont besoin d'être managés, d'être dans un environnement encadré. Ça les rassure. Ils préfèrent se lever le matin, pas en se disant j'ai la responsabilité de ce que je vais faire aujourd'hui, mais quelqu'un m'a donné des tâches à accomplir, dont les missions sont claires, sur lesquelles mon champ de compétences est clair aussi. Et à la fin de la semaine, à la fin du mois, je suis payé, je suis payé pour ça et ça me rassure. C'est important. Et ça, ça ne changera jamais. Il y a des gens qui veulent être des indépendants, il y a des gens qui veulent être salariés, il y a des gens qui ont besoin d'un cadre, d'autres qui le détestent. Et il y a des gens d'ailleurs qui devraient être salariés mais qui détestent le cadre et inversement.

  • Speaker #1

    Toi tu détestes le cadre, tu le dis, et pourtant t'es salarié.

  • Speaker #0

    Moi je suis pas vraiment salarié.

  • Speaker #1

    Comment tu considères son statut ?

  • Speaker #0

    Bah si tu demandes à... tu peux le demander à Xavier. Mais en fait, Xavier d'abord il fait confiance aux gens avec qui il bosse. Il leur demande... En fait Xavier il est impatient dans l'action, impatient dans les résultats. Donc il demande que tu sois là, que tu fasses le taf et je pense qu'il a besoin de ressentir que tu ne te satisfais pas de là où tu es et que tu continues de faire les efforts pour aller là où tu dois aller. Donc ce truc-là est important. Et tant que tu fais ça avec de l'éthique de travail, avec du talent, tout en continuant d'apprendre, il continuera de te faire confiance. Et après, la difficulté c'est que Xavier a mis l'activité en parallèle. Et donc, toi, en tant qu'une petite partie de ses activités, à quel moment tu le sollicites ? Pourquoi ? Comment ?

  • Speaker #1

    T'as encore peur de le solliciter, Xavier Niel ?

  • Speaker #0

    Tout le temps, depuis toujours. J'ai toujours peur de le déranger. Parce qu'en fait, comme Xavier, il est toujours sympa, et toujours avec nous, il travaille avec lui. Il est toujours moteur, il dit toujours oui et tout. De temps en temps, je me dis, mais merde, en fait, si je lui prends une heure ou deux sur un truc, alors qu'en fait, le jour J, ça va l'emmerder parce qu'il a peut-être d'autres trucs qui le tracassent. Je suis un peu embêté, tu vois. Donc, ouais, ouais, j'ai... Et moi, je le sollicite. peu ou le moins possible parce que j'ai peur de le déranger.

  • Speaker #1

    C'est pas facile parce qu'en plus, je trouve que ça fait quoi ? 11 ans maintenant que tu es chez Kimana ?

  • Speaker #0

    10 ans, ouais.

  • Speaker #1

    10 ans, ouais. Donc, tu as commencé au démarrage de... Tu es parti de dire que tu étais partenaire chez The Family à l'époque, je me souviens. Tu as quitté ce monde qui était déjà très excitant à l'époque, parce que The Family, c'était le cœur de l'écosystème à ce moment-là.

  • Speaker #0

    C'est grâce à The Family que j'ai eu mon job chez Xavier.

  • Speaker #1

    Ah ouais ?

  • Speaker #0

    Bien sûr. Il m'a permis d'être visible, de communiquer, et d'avoir une image à laquelle Xavier a pu se référer le jour où il s'est posé la question qui je vais mettre à la tête de qui m'a. Donc je serai toujours éternellement reconnaissant de cette expérience. Puis j'étais là au bon moment. C'est super.

  • Speaker #1

    Comment tu analyses d'ailleurs le conflit The Family ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il n'y a pas trop d'analyses à avoir. Ce qui est dommage, c'est l'ampleur que ça a pris, comme toujours, souvent. Et puis, c'était un joli jouet qui a été cassé. Et qui a été cassé parce que... Et d'ailleurs, on en revient à ce qu'on se disait avant. Quand tu es bootstrap, tu apprends de ton expérience. Et en fait, tu es face à toi-même et tu n'as pas l'argent extérieur, etc. Chez ce family, c'était quand même la même problématique que tous les incubateurs et que tous les accélérateurs du monde, c'est comment est-ce qu'on gagne de l'argent tout en accompagnant des boîtes dont on sait que les retours ne vont arriver que dans 10 ans. Donc, une espèce d'organisation bicéphale où d'un côté, tu accompagnes des entrepreneurs et de l'autre, tu as des activités pour gagner de l'argent maintenant. Et c'est hyper, hyper, hyper dur.

  • Speaker #1

    Il y en a qui réussissent. D'ailleurs, récemment, j'ai passé... pas mal de moments avec Pierre Paris, The Quest.

  • Speaker #0

    Ah oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    The Quest, pour faire le pitch, c'est cinq associés. D'ailleurs, c'est très étonnant que cinq associés, ça marche. Je ne sais pas trop comment ils fonctionnent, mais d'ailleurs, il m'a fait une réponse là-dessus. Il m'a dit qu'en fait, ils n'ont pas peur du conflit. En tout cas, ils n'ont pas peur du désaccord. Et donc, ils se rendent dedans les uns les autres.

  • Speaker #0

    Quand je ne suis pas d'accord avec Max sur un truc, je lui fais un mail, je lui dis, mais direct, je rentre dedans. Il n'y a jamais aucun problème. Il revient vers moi de manière hyper circonstanciée. là tu suis d'accord là tu suis pas d'accord tadada c'est hyper agréable non mais ils sont vraiment très bons

  • Speaker #1

    Et donc eux, ils accompagnent des très jeunes entrepreneurs à monter des boîtes plutôt très tech, très disruptives, comme on dit. Et pourquoi je te dis ça ? Et en fait, ils ont Maxime qui va plutôt se concentrer sur le très long terme, la capacité potentielle à faire un milliard, on va dire. Et Pierre qui, lui, se concentre sur comment je fais rentrer du cash maintenant. Et donc effectivement, dans ce type de modèle, il faut absolument que tu aies du cash qui rentre pour financer la vie. et puis que tu en aies un qui bosse sur le futur. Ce que The Family aurait pu réussir à faire, d'ailleurs avec un modèle comme Pathfinder, je me souviens, où ils faisaient du conseil sur les entrepreneurs et qui rapportaient un peu d'argent, mais je ne sais pas pourquoi. En fait, je pense qu'à un moment donné,

  • Speaker #0

    ils s'en oubliaient là-dedans. L'idée de Pathfinder, c'était du conseil au grand groupe. Donner du conseil au grand groupe, alors que de l'autre côté, tu conseilles les boîtes qui vont les disrupter. Tu peux donner le truc en long, en large, en travers. Ce n'est pas facile. Le truc qui marchait bien, je pense que là où The Familiar aurait pu killer le game en plus c'était la bonne période c'était 2015 C'était le contenu. On aurait dû, en fait, tu vois, Alice était exceptionnelle en termes d'énergie déployée pour que ce contenu existe. Oussama pour l'animer. Et Nicolas pour le crédibiliser. Et en fait, cet ensemble-là fait qu'ils auraient pu lancer X podcast, X truc, tout. Sur le contenu, on aurait dû juste mettre la gouache et ne faire que du contenu. C'est très facile à dire a posteriori, mais...

  • Speaker #1

    Oui, le contenu, ça rapporte de l'argent.

  • Speaker #0

    Mais le contenu... bien exécuté, c'est énorme.

  • Speaker #1

    Oui, c'est un rapport du cash, c'est clair. MrBeast est le premier YouTuber humilier.

  • Speaker #0

    Voilà, regarde la rapidité à laquelle un legend média a fait sa place en France.

  • Speaker #1

    C'est ouf. Tu penses que le podcast c'est un business en crise ou c'est un business de... Comme ça, je vais savoir si je continue ou pas très longtemps.

  • Speaker #0

    C'est un business de pour-haut, comme le VC, il n'y a que le top 1% qui va générer 99% de l'argent. Donc, il faut être dans les meilleurs.

  • Speaker #1

    Il faut être dans le top 1%.

  • Speaker #0

    Si t'es pas dans le top 1%, dis-toi que tu fais ça par passion. Pas pour autre chose.

  • Speaker #1

    C'est pour ça que je le fais pour l'instant. Effectivement, je connais bien Mathieu Stéphanie qui était dans le club au début. Il incarne bien ça. Parce que lui, avec son podcast, il fait plus d'un million de revenus en sponsoring. Sur des échelles de coût.

  • Speaker #0

    Mathieu est dans le 1% du 1%.

  • Speaker #1

    Oui, il est dans le 1% du 1%. Mais je pense qu'en plus, comme il a une cible B2B... Il monétise son audience beaucoup plus cher que d'autres podcasts qui font même parfois plus d'audience, mais qui sont metoussis.

  • Speaker #0

    Il est très bon, c'est un des grands exemples.

  • Speaker #1

    Deux dernières questions pour terminer. Quel est ton plus grand regret ?

  • Speaker #0

    Professionnel ou personnel ?

  • Speaker #1

    Tu choisis.

  • Speaker #0

    Écoute, on va rester sur le cadre pour mon plus grand regret. Pro, c'est de ne pas avoir été là pour une de nos boîtes lorsqu'il s'agissait de structurer la gouvernance beaucoup mieux pour qu'elle réussisse. Et que le gain potentiel de cette boîte par rapport à la perte que ça a généré est monstrueux.

  • Speaker #1

    Et tu as le sentiment que si tu avais été présent pour les aider à...

  • Speaker #0

    Si ça avait été aujourd'hui, par rapport à il y a 5 ans, j'aurais géré la situation différemment. Et l'output aurait été probablement différent.

  • Speaker #1

    Ça me fait penser à une petite question subsidiaire qui est que tu as dit récemment aussi que tu n'as pas investi dans une boîte parce que tu considérais que le fondateur était un con. Et que c'était potentiellement un manque à gagner d'aujourd'hui 50 millions.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    Tu regrettes une décision comme ça ?

  • Speaker #0

    Je pense que la raison pour laquelle je regrette, c'est parce que... t'aimer un jugement de valeur sur quelqu'un en réalité t'as plein de gens que tu finances que tu penses qu'ils sont bien et en fait c'est des cons aussi donc en fait au moins lui c'était clair il n'y avait pas de choix et ensuite ça reste une belle boîte et donc je suis un peu je m'en veux un petit peu d'avoir été pris par le... il y avait 3 éléments, c'était pas le seul élément il y avait 3 éléments différents dans la boîte mais c'était un des 3 Voilà Peut-être que j'aurais dû être beaucoup plus trivial dans ma façon de penser et pas trop réfléchir à ce deal-là.

  • Speaker #1

    Et c'est quoi ta définition d'un con ?

  • Speaker #0

    Quelqu'un qui... Enfin d'ailleurs, je ne sais pas un con, mais c'est un connard. Un connard, c'est quelqu'un qui n'a pas de... Ah ! Il faut que je trouve le bon mot.

  • Speaker #1

    Empathie ?

  • Speaker #0

    Non, je ne crois pas beaucoup en l'empathie, moi. Je crois en la compassion rationnelle. L'empathie c'est un truc qui fait mal, c'est pas bon, ça peut te bouffer quelqu'un, quelqu'un qui a trop d'empathie, ça va le bouffer au quotidien, c'est dangereux. La compassion c'est important, et la compassion rationnelle c'est ce qui te permet de faire la part des choses. Donc je crois plus en la compassion qu'en l'empathie, et ce mec là, il est un connard, c'est quelqu'un qui ne se pose pas la question. de ce que les gens ressentent quand ils leur parlent, quand ils agissent, quand ils font les choses, tu vois. Ils ne se rendent pas compte. Tu peux rendre quelqu'un de très malheureux dans ton style de management ou de leadership au quotidien, et toi, ça te fait ni chaud ni froid. Je pense que c'est un manque d'empathie quand même. C'est les gens qui ont en fait un niveau d'empathie, genre, tu vois, qui est un peu plus bas que la moyenne, premièrement, et qui, deux, sont un peu sans filtre. Et en fait ce combo là il est dangereux parce que ça fait des gens qui... Tu vois ça détruit des personnalités quoi.

  • Speaker #1

    Ah bah bien sûr. Mais tu sais j'écoutais sur Legend justement un psychiatre de psychopathe tu vois. Ouais. Et il disait...

  • Speaker #0

    C'est le père de Alice Daguiri.

  • Speaker #1

    Ah d'accord mais t'as raison il s'appelle Alice Daguiri. Ouais ouais. Ah oui c'est très drôle. Alors là il disait ça, c'était super intéressant. Il disait est-ce que tu sais quel est le top 3 des professions où il y a le plus de psychopathes ? Essaye vas-y.

  • Speaker #0

    Bah je sais pas mais j'imagine que du coup tu verras les entrepreneurs. Non c'était quoi le truc ?

  • Speaker #1

    Les entrepreneurs non.

  • Speaker #0

    Non c'était quoi ?

  • Speaker #1

    Alors numéro 1 c'est les politiques.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Numéro 2 c'est les chefs d'entreprise.

  • Speaker #0

    Bon chefs d'entreprise pardon ok.

  • Speaker #1

    Ouais parce que je pense que c'est plus chefs de grandes entreprises que entrepreneurs tu vois.

  • Speaker #0

    D'accord je comprends ce que tu dis.

  • Speaker #1

    Et numéro 3 c'est les chirurgiens.

  • Speaker #0

    Ouah c'est dingue !

  • Speaker #1

    Ouais parce que les chirurgiens en fait il faut absolument que tu manques... Si tu te mets à stresser, à avoir peur de faire du mal à l'autre, évidemment que ta main tremble.

  • Speaker #0

    Et peut-être aussi que tu as le niveau d'empathie, mais qu'à mesure que tu avances dans ta carrière, comme tu as besoin d'Annie, il est ça pour pouvoir faire ton métier, c'est comme les gens qui font face à la mort tous les jours.

  • Speaker #1

    Et c'est la deuxième leçon que j'ai trouvé assez fascinante, c'est que la sociopathie n'est pas innée, elle est acquise souvent. Et ça c'est quand même fou. Ça veut dire que c'est un environnement dans lequel tu vis. La confrontation à la mort, ça peut être ça, mais ça peut être la violence managériale, ça peut être la violence, la guerre, tu vois. Qui vont faire que tu vas bloquer à un moment donné ton canal empathique. Et chez les politiques, c'est un peu ça. C'est-à-dire qu'en fait, Macron, tous les psys, les psys adorent analyser les hommes politiques, ils te disent qu'en fait, le gars, il a... Et c'est ça qui crée, je pense, une telle distance avec les gens et qui font qu'aujourd'hui, il est détesté. C'est qu'en fait, il a coupé son canal empathique, en réalité. Il est très rationnel, tu vois.

  • Speaker #0

    Pour se protéger, parce que c'est quelqu'un qui a l'air d'être assez hypersensible. Je ne le connais pas, mais il est très sensible. Je pense qu'à un moment donné, si tu es dans ce monde politique qui est assez violent, tu t'en protèges comme ça. C'est ouf.

  • Speaker #1

    C'est ça. Donc voilà, faut faire gaffe à ça. Mais je pense avoir des enfants t'inquiète, ça te protège pas mal de ça. En tout cas moi c'est ce que je me dis pour moi avec la mère.

  • Speaker #0

    Pour te rassurer ?

  • Speaker #1

    Ouais pour me rassurer exactement. Dernière question, pour qui tu as le plus de gratitude aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Euh... Waouh ! Ecoute instinctivement j'allais répondre pour Xavier. Et après il y a la personne pour qui j'ai le plus de gratitude, c'est ma mère. Aujourd'hui c'est les gens qui sur la plus longue durée ont eu un impact sur moi. Et après j'ai deux autres personnes en tête mais je les garderai pour moi. Ok. Bon.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Jean d'être livré dans un poil et sans filet.

  • Speaker #0

    Avec plaisir.

  • Speaker #1

    Et puis je te souhaite un bon retour ex.

  • Speaker #0

    Une bonne semaine surtout, on n'est que lundi mon vieux, maintenant il va falloir enchaîner.

  • Speaker #1

    Ah tu restes à Paris là ?

  • Speaker #0

    Ah ouais ouais ouais. Ah d'accord. Il faut aller bosser.

  • Speaker #1

    Il faut aller bosser. Allons bosser.

  • Speaker #0

    Merci Jean. A bientôt.

  • Speaker #1

    Ton problème, c'est plus la peur de ne pas être aimé ?

  • Speaker #0

    Bien sûr,

  • Speaker #1

    100%. Peur du rejet, quoi ?

  • Speaker #0

    Oui, manque de reconnaissance, être inutile.

  • Speaker #1

    Être inutile ? J'avais demandé à ça au fondateur de Tiga, est-ce que tu préfères que tes salariés te disent qu'ils ont aimé travailler avec toi ou qu'ils ont grandi avec toi ? Je me dis franchement, en vrai, ça ne me fait pas plaisir de dire ça, mais je préfère que les gens aient aimé.

  • Speaker #0

    Pas facile. Les gens sont souvent ingrats. Tu as beaucoup de gens que tu as aidés à faire grandir, qui ne te diront pas que tu les as fait grandir. Et d'ailleurs, c'est pas très sympa, mais dans l'entreprise, les patrons ont du mal à comprendre ce que ressentent leurs employés. Et l'inverse est vrai aussi, les employés ne comprennent pas ce que ressentent les patrons. Il y aura toujours une dichotomie là-dessus. Le patron est employé. Le patron, il met ses tripes, il joue sa life, il a une prison quotidienne énorme. Et l'employé va dire qu'il n'est pas assez valorisé, qu'il est un élément important et que le patron n'a pas conscience de tous les efforts qu'il fait pour que son patron s'enrichisse. Et en fait, ce truc-là est universel et durera éternellement et ce n'est pas grave. Mais donc, ça veut dire que ça demande, si tu sors de là... de créer un environnement de travail où les gens en tout cas sont fiers, se sentent valorisés, ont l'impression de grandir et tout.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu crois qu'avec cet événement de l'IA, des IA agents, etc., tout ce qu'on dit là-dessus, c'est la fin du salariat ? C'est l'événement dans la tech, je parle plutôt particulièrement, tu vois, mais c'est l'événement de ce que Sam Altman peut dire, les prochaines boîtes à un milliard avec 20 personnes, tu vois.

  • Speaker #0

    Alors je sais pas, j'ai du mal à... Tu vas prendre en compte la notion de salariat. Je pense qu'il y a beaucoup de gens qui ont besoin d'être managés, d'être dans un environnement cadré. Ça les rassure. Ils préfèrent se lever le matin, pas en se disant j'ai la responsabilité de ce que je vais faire aujourd'hui, mais quelqu'un m'a donné des tâches à accomplir, dont les missions sont claires, sur lesquelles mon champ de compétences est clair aussi. Et à la fin de la semaine ou à la fin du mois, je suis payé, je suis payé pour ça et ça me rassure, c'est important. Ça, ça ne changera jamais. Il y a des gens qui veulent être des indépendants, il y a des gens qui veulent être salariés, il y a des gens qui ont besoin d'un cadre, d'autres qui le détestent. Et il y a des gens d'ailleurs qui devraient être salariés mais qui détestent le cadre et inversement.

  • Speaker #1

    Toi, tu détestes le cadre, tu le dis, et pourtant tu es salarié.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas vraiment salarié.

  • Speaker #1

    Comment tu considères ton statut ?

  • Speaker #0

    Si tu demandes à... Tu peux le demander à Xavier, mais en fait... Xavier d'abord il fait confiance aux gens avec qui il bosse. Il leur demande... En fait Xavier il est impatient dans l'action, impatient dans les résultats. Donc il demande que tu sois là, que tu fasses le taf. Et je pense qu'il a besoin de ressentir que tu ne te satisfais pas de là où tu es. Et que tu continues de faire les efforts pour aller là où tu dois aller tu vois. Donc ce truc là est important. Et tant que tu fais ça avec... de l'éthique de travail, avec du talent, tout en continuant d'apprendre et il continuera de te faire confiance. Et après, la difficulté c'est que Xavier a mis l'activité en parallèle. Et donc, toi, en tant qu'une petite partie de ses activités, à quel moment tu le sollicites ? Pourquoi ? Comment ?

  • Speaker #1

    T'as encore peur de le solliciter Xavier Lignel ?

  • Speaker #0

    Tout le temps, depuis toujours. J'ai toujours peur de le déranger. Parce qu'en fait, comme Xavier, il est toujours sympa, et toujours avec nous, en fait, avec nous qui travaillons avec lui, il est toujours moteur, il dit toujours oui et tout. De temps en temps, je me dis, mais merde, en fait, si je lui prends une heure ou deux sur un truc, alors qu'en fait, le jour J, en fait, ça va l'emmerder parce qu'il a peut-être d'autres trucs qui le tracassent. Je suis un peu embêté, tu vois. Donc, ouais, ouais, j'ai... Moi, je le sollicite peu ou le moins possible parce que j'ai peur de le déranger.

  • Speaker #1

    c'est pas facile parce qu'en plus je trouve que Ça fait quoi ? 11 ans maintenant que tu es chez Kiman ? 10 ans, oui. 10 ans, oui. Donc tu as commencé au démarrage de... Tu es parti de dire que tu étais partenaire chez The Family à l'époque, je me souviens. Tu as quitté ce monde qui était déjà très excitant à l'époque, parce que The Family, c'était le cœur de l'écosystème à ce moment-là.

  • Speaker #0

    C'est grâce à The Family que j'ai eu mon job chez Xavier.

  • Speaker #1

    Ah oui ?

  • Speaker #0

    Bien sûr. Il m'a permis d'être visible. de communiquer et qu'en fait d'avoir une image à laquelle Xavier a pu se référer le jour où il s'est posé la question qui je vais mettre à la tête de Kimar donc je serai toujours éternellement reconnaissant de cette expérience puis j'étais là au bon moment c'est super

Chapters

  • Intro

    00:00

  • 01:03 | Aix : un hub d’entrepreneurs

    00:00

  • Qui est Jean derrière la human machine ?

    03:25

  • Est-ce que le ROI justifie tous les sacrifices ?

    05:14

  • Leçons de la plus grosse plantade de Kima (10M€)

    07:28

  • D’où est venue la crise de la tech de 2021 ?

    09:30

  • Le débat : Bootstrap vs Levées

    12:40

  • L’art de vivre : notre atout en France

    18:02

  • Le problème de l’enchaînement des tours de levées

    22:00

  • Que conseillerait-il à ses enfants : bootstrap ou lever ?

    27:09

  • Le vrai entrepreneuriat : défendre sa vision du monde

    33:15

  • Le secret de l’investisseur qui réussit : l’indépendance

    38:20

  • La dernière fois que Jean s’est senti à poil et sans filet

    39:22

  • Ce qui rend Jean inconfortable

    41:29

  • Les enfants et la gestion des émotions

    43:40

  • Vibre dans le futur : force et angoisse de l’entrepreneur

    48:19

  • Est-ce que Jean est fier de lui ?

    54:20

  • Pourquoi Xavier Niel en veut toujours plus

    56:20

  • 59:30 | Ce que préfère Jean dans son métier

    59:30

  • La peur du conflit

    01:02:30

  • Comment Jean a résolu un conflit d’associé

    01:05:10

  • L’opposition salarié vs patron

    01:10:28

  • Sa relation avec Xavier Niel

    01:13:08

  • Notre lien à TheFamily

    01:14:50

  • Faut-il que je continue mon podcast ?

    01:17:53

  • Le plus grand regret de Jean

    01:19:37

  • Sa définition d’un con

    01:21:13

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Description

J’ai demandé à Jean de La Rochebrochard s'il conseillerait à ses enfants de lever s'ils lancent une boîte. Il m’a répondu sans hésiter : “Je leur recommanderais le bootstrap.”

C’est marrant.

Parce que Jean finance 2 à 3 startups par semaine.

Plus de 1000 deals en 10 ans, dont Alan, Payfit ou Zenly.

Des décisions prises en 20 minutes chrono, avec une lucidité glaçante.

Mais quand il parle entrepreneuriat à ses enfants, il les invite à :

- construire dans le dur.

- rester pauvre longtemps pour garder son agilité.

- garder une discipline financière.

Et il m’a lâché cette phrase : “Avec l’argent vient le vice.”

En gros trop de fondateurs ouvrent leur capital pour frimer :

Pour “se payer un runway”

Pour obtenir leur article dans Les Échos

Pour briller dans les dîners où personne ne comprend ce qu’ils font

Mais le capital ne résout pas les problèmes de fond.

Il les déguise.

Et c’est souvent quand tu as levé que tu perds le contrôle.

C’est pour ça que j’ai lancé le Club Bootstrap en 2021 :

+130 dirigeants de startups et PME

Tous profitables

Tous indépendants ( 80% du capital aux fondateurs)

Pas pour jouer les rebelles anti VC.

Mais pour remettre le cap sur le produit, le client, le cash.

Alors j'attendais ce débat avec Jean depuis longtemps.

Parce qu’on a parlé du vrai sujet : Pourquoi entreprendre ?

Et on s’est demandé si, au fond, l’argent n’était pas le pire ennemi de l’entrepreneur.

Hâte d’avoir vos retours sur l’épisode d’A Poil et Sans Filet.

PS : on a aussi parlé de l’homme derrière la machine : ses doutes, ses pires erreurs (d’invest), son syndrome de l’imposteur.

----------------------

⏱️ Timeline de l'épisode ⏱️

00:00 | Introduction

01:03 | Aix : un hub d’entrepreneurs

03:25 | Qui est Jean derrière la human machine ?

05:14 | Est-ce que le ROI justifie tous les sacrifices ?

07:28 | Leçons de la plus grosse plantade de Kima (10M€)

09:33 | D’où est venue la crise de la tech de 2021 ?

12:40 | Le débat : Bootstrap vs Levées

18:02 | L’art de vivre : notre atout en France

22:00 | Le problème de l’enchaînement des tours de levées

27:09 | Que conseillerait-il à ses enfants : bootstrap ou lever ?

33:15 | Le vrai entrepreneuriat : défendre sa vision du monde

38:20 | Le secret de l’investisseur qui réussit : l’indépendance

39:22 | La dernière fois que Jean s’est senti à poil et sans filet

41:29 | Ce qui rend Jean inconfortable

43:40 | Les enfants et la gestion des émotions

48:19 | Vibre dans le futur : force et angoisse de l’entrepreneur

54:20 | Est-ce que Jean est fier de lui ?

56:20 | Pourquoi Xavier Niel en veut toujours plus

59:30 | Ce que préfère Jean dans son métier

1:02:30 | La peur du conflit

1:05:10 | Comment Jean a résolu un conflit d’associé

1:10:28 | L’opposition salarié vs patron

1:13:08 | Sa relation avec Xavier Niel

1:14:50 | Notre lien à TheFamily

1:17:53 | Faut-il que je continue mon podcast ?

1:19:37 | Le plus grand regret de Jean

1:21:13 | Sa définition d’un con


Ma chaîne Youtube (épisodes en vidéo) : @MatthieuLaulan
Pour être sponsor de l'émission : matthieulaulan01@gmail.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les gens disent sur All In More qu'ils ne regrettent pas ce qu'ils ont fait, ils regrettent ce qu'ils n'ont pas fait.

  • Speaker #1

    A la tête de Kim Aventure, le fonds d'amorçage de Xavier Niel, tu as signé plus de 1000 deals.

  • Speaker #0

    Avec l'argent vient le vice, ce n'est pas la meilleure source d'apprentissage. L'apprentissage il est dans le dur, il n'est jamais dans le confort. Cette boîte-là, c'était un investissement énorme et là, tu n'arrêtes pas de ruminer tout ce que tu aurais pu faire pour changer la trajectoire d'une boîte qui avait levé 200 millions d'euros.

  • Speaker #1

    Les levées de fonds, c'est comme les antibiotiques, ce n'est pas automatique.

  • Speaker #0

    J'aime beaucoup. Si tu donnes de l'argent à quelqu'un qui n'a pas appris à le gérer, c'est sûr que ça va mal se passer. On essaie de faire passer pour des américains. Et en fait on est pas des américains, on est des killers sur cette art de vivre. Pourquoi est-ce qu'on défend pas notre artisanat ?

  • Speaker #1

    Pourquoi tu deviens pas investisseur dans l'art de vivre alors ? C'est quoi ta définition d'un con ?

  • Speaker #0

    T'as fait HSC, t'es très articulé sur ton pitch, et t'es un investi comme ça, il s'excite et boum il lui jette de l'argent quoi. Et comme il lui jette de l'argent, tous les copains qui étaient à côté qui ont un peu jeté de l'argent, Il faut qu'on jette de l'argent Xavier il rachète pas des boîtes telco pour l'argent Il rachète des boîtes telco parce que que putain ça l'excite tu vois. Faut apprendre à profiter du moment présent. C'est ne pas subir la pression extérieure, te rappeler que le monde tourne sans toi, que à chaque fois que t'avais des problèmes, en fait les problèmes se solvent.

  • Speaker #1

    Bon écoute Jean, ravi de te revoir, la dernière fois c'était en 2015.

  • Speaker #0

    10 ans, j'imagine.

  • Speaker #1

    Mais tu n'as pas beaucoup changé.

  • Speaker #0

    Écoute, j'espère même avoir essayé de rajeunir.

  • Speaker #1

    Bah c'est un peu le projet quand même, Human Machine, c'est... Est-ce que c'est un peu comme...

  • Speaker #0

    Brian Johnson ?

  • Speaker #1

    Brian Johnson ou...

  • Speaker #0

    Non, pas du tout. C'est assez morbide quand même. Le mec en fait donne son corps à la science. Mais du coup il en oublie sa vie, c'est dommage.

  • Speaker #1

    C'est un peu le délire de la Silicon Valley quand même. Le transhumanisme parfois va un petit peu trop loin, on oublie que c'est la mort qui donne le sel de la vie.

  • Speaker #0

    Tout va un peu trop loin là-bas de toute manière.

  • Speaker #1

    Alors aujourd'hui tu es rentré de week-end ? On a la chance d'avoir ta femme en studio, on peut le dire, qui nous écoute tranquillement.

  • Speaker #0

    Exactement. On devait arriver samedi pour l'anniversaire de sa sœur. Et puis en fait la semaine a été quand même très très très longue parce que lundi il a fallu que j'aille à Toulouse, mardi j'avais 100 pitchs d'entrepreneur, mardi soir je rentrais, jeudi matin je repartais à Paris, jeudi soir je redescendais à Aix-en-Provence, vendredi on avait une séance complète avec Emmanuel Seguet, mon associé chez Cassius de Midané, ensuite je retournais dans le sud et puis je remontais à Paris le samedi. Ça faisait trop, du coup on a décalé du samedi au dimanche, on est arrivé hier, on est là pour la semaine à Paris et ensuite on repart.

  • Speaker #1

    Alors qu'est-ce qui se passe à Aix-en-Provence ? Parce qu'en effet, t'es devenu un hub de start-upeurs, enfin plutôt d'entrepreneurs matures je dirais, mais je connais beaucoup d'entrepreneurs à succès qui vivent à Aix ou qui ont bougé à Aix.

  • Speaker #0

    Aix, bon déjà t'es à 3h de Paris en train, c'est très pratique, t'as du soleil toute l'année, il fait beau, t'as une super école internationale pour les enfants. Et tu as l'aéroport de Marseille qui n'est pas loin. Et si vraiment tu as besoin d'aller à l'international, tu as Nice aussi qui n'est pas trop loin. Alors que pour tous ceux qui veulent aller à Nice ou ailleurs, à Nice, le train, c'est beaucoup plus long pour aller à Paris. Tu es obligé de prendre l'avion. C'est beaucoup plus gros aussi. Donc même en termes de trafic et tout, ce n'est pas très pratique. Voilà, Aix, c'est un hub un peu idéal. Après, il ne faut pas se tromper. Oui, tu as des entrepreneurs matures qui habitent à Aix. Oui, Aix a une qualité de vie extraordinaire. Bisous Comme tu dis, c'est bon pour des gens matures qui savent travailler. Parce que sinon, je ne suis pas sûr que ça te donne vraiment de bons exemples pour le quotidien.

  • Speaker #1

    Ok. Bon. Écoute, je vais en profiter du coup pour te présenter.

  • Speaker #0

    Yes.

  • Speaker #1

    Voilà. Je commence par le classique que tout le monde connaît. À la tête de Kim Aventure, le fonds d'amorçage de Xavier Niel, tu as signé plus de 1000 deals en 10 ans. Deux à trois startups financées chaque semaine avec une équipe de trois personnes et un stagiaire. J'ai failli faire partie d'ailleurs. C'est en 2015 quand on s'est vu. Je sais pas si tu te souviens, mais j'avais passé le process avec Alexis et toi. Voilà, il s'en souvient pas du tout mais c'est normal, il a un stagiaire tous les six mois depuis dix ans.

  • Speaker #0

    D'ailleurs que des killers, ils ont tous fait des trucs super et tout, c'est vraiment sympa de les voir évoluer. Il y a pas longtemps ils se sont fait une espèce de réunion entre stagiaires, ils nous ont envoyé une photo à Alex et moi, c'était trop sympa de les voir tous réunis comme ça.

  • Speaker #1

    Tous les stagiaires depuis dix ans ? Tous,

  • Speaker #0

    mais tous depuis quatre ans ouais.

  • Speaker #1

    Tous depuis quatre ans.

  • Speaker #0

    Tu vois, bon après il y en a qui sont restés un an donc en fait j'en ai pas un tous les six mois. J'en ai qui sont restés un peu plus longtemps Ok,

  • Speaker #1

    écoute moi j'avais quasiment fini le process avec vous Et j'avais eu The Family Qui était un peu mon job de rêve, j'étais parti à Berlin Je sais pas si j'ai fait le bon choix à posteriori Mais c'était intense Il n'y a pas de mauvais choix,

  • Speaker #0

    il n'y a que de bons apprentissages

  • Speaker #1

    Oui c'est ça, je connais la théorie Alors tes choix ont propulsé P-Fit, Alan, Zenly, Biril Tu décides d'investir en 20 minutes chrono Tu as 3 enfants, tu bosses comme un fou Et tu cours même des Ironman le dimanche Mais alors quelles sont les failles Derrière la human... machine. Le stress de devoir toujours être au top, le temps qui manque tout le temps, les relations d'associés qui peuvent déraper sur New Wave, le désir secret peut-être d'être un entrepreneur bootstrap, la discipline forcée d'un homme qui se dit bordélique de nature. C'est tout ce que j'ai envie d'aborder avec toi et surtout à l'heure de l'IA. est-ce que le L'héroïne justifie de devenir une human machine. Alors dans cet épisode d'Apoil et sans filet, tu enlèves la carapace et ça c'est peut-être ton investissement le plus risqué.

  • Speaker #0

    Ouais, tout ce que t'as dit plus haut c'est peut-être un peu tout ça à la fois, donc ça va être intéressant.

  • Speaker #1

    Est-ce que t'as une première réponse ?

  • Speaker #0

    Oh là là, ça dépend à quelles questions tu veux qu'on réponde, je m'en rappelle même plus.

  • Speaker #1

    La plus grosse, c'est ce que le héroïne justifie de devenir une human machine.

  • Speaker #0

    Moi j'aime bien revenir sur les basiques. Qu'est-ce que le ROI ? C'est le retour sur investissement. Le retour sur investissement, c'est tirer profit de quelque chose que tu as réalisé. Donc c'est sûr que, et tu peux commencer sur un truc basique, c'est quand tu fais un plat de pâtes, tu vois, est-ce qu'investir dans le fait de mettre un chrono de 11 minutes sur tes pâtes de 11 minutes, c'est un bon investissement ? Ouais, c'est un bon investissement, parce que tes pâtes trop cuites, à moins que tu adores ça comme ça, c'est pas bon quoi. Ou les pâtes pas cuites, c'est horrible, parce qu'il faut que tu fasses recourchouffer de l'eau, parce que ton os est parti dans l'évier. Et voilà, donc oui. Le ROI, tu vois, justifie l'effort parce que c'est ça qui nous grise, tu vois. C'est de travailler et tu sais quoi ? Non, c'est pas ça. C'est que se dire que tu as fait l'effort, fais comme même si tu n'y arrives pas. Même s'il n'y a pas le ROI escompté, tu ne regrettes pas parce qu'au moins tu as fait l'effort nécessaire qui tu penses te permettait d'aller à ce résultat, tu vois. Le problème, c'est le regret de ne pas avoir fait ce qu'il fallait. C'est terrible, ça.

  • Speaker #1

    Ton moteur, c'est d'éviter au maximum les regrets ?

  • Speaker #0

    Les gens disent sur Alimor qu'ils ne regrettent pas ce qu'ils ont fait, ils regrettent ce qu'ils n'ont pas fait. Donc je pense qu'en fait on ne regrette jamais ce qu'on a fait en réalité. D'abord parce que ça nous rassure. Et que si on commence à regretter toutes les erreurs qu'on avait faites, moi je peux dire que j'en ai une longue, longue, longue liste de conneries. Je ne sais pas si j'ai envie de me la marquer au-dessus de mon bureau. Et ensuite parce que la vie elle est faite pour être vécue. Et vivre ça veut dire faire des bêtises, ça veut dire faire des erreurs, ça veut dire apprendre. Et donc on ne peut pas vivre de regrets, c'est horrible.

  • Speaker #1

    C'est le principe même de l'investissement en tout cas. En tout cas, early stage, c'est de beaucoup échouer pour avoir 20% de succès. Oui,

  • Speaker #0

    et d'ailleurs dans l'investissement early stage, quand on a une boîte qui plante ou qu'il y a une erreur, ou qu'on a fait un deal qu'on n'aurait pas dû faire, à posteriori, on se demande s'il y avait les éléments au démarrage pour pouvoir prendre une autre décision. Et en fait, c'est juste ça qu'on essaye de tirer comme enseignement pour l'investissement suivant. Mais après, on ne regrette pas d'avoir... Les vrais regrets, c'est sûr, tu vois, on parlait de ROI. Il n'y a pas longtemps, j'ai une boîte qui a planté. C'est une plantée de 10 millions d'euros pour nous. C'est énormissime.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire que vous avez investi 10 millions ?

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Ah bon, je pensais que vous investissiez en moyenne quand même beaucoup moins.

  • Speaker #0

    On a fait quelques plus gros deals, tu vois, PFI, T-Band First, Alan et d'autres. Et donc cette boîte-là en question, on a entre guillemets quasiment perdu notre mise. J'ai eu de la chance que la semaine suivante, j'ai un entrepreneur qui m'a expliqué qu'il était en train de vendre sa boîte et qu'il allait nous faire un chèque de 5. Donc je me dis tiens, l'erreur est divisée par deux. Mais en vérité, c'est horrible parce que cette boîte-là, c'était un investissement énorme. Et là, tu n'arrêtes pas de ruminer, de te poser l'élection de tout ce que tu aurais pu faire pour changer la trajectoire d'une boîte qui avait levé 200 millions d'euros. Tu dis c'était... impossible que ça plante. Les investisseurs qui étaient au bord de cette boîte-là étaient des investisseurs qui étaient sophistiqués, qui avaient mis beaucoup plus d'argent que nous, et donc qui n'auraient jamais dû laisser le truc planter. Et donc, cet enseignement, aujourd'hui, il fait très très mal à l'ego, il fait mal au moral, il fait mal au portefeuille, mais c'est un apprentissage qui, j'espère, va nous permettre de rebondir et de justement capitaliser sur cette erreur pour ne pas la faire la prochaine fois.

  • Speaker #1

    Et c'était quoi, alors, la plus grosse erreur à posteriori ?

  • Speaker #0

    C'était une gouvernance qui était... une mauvaise gouvernance. En fait, à un moment donné, il fallait faire des choix un peu drastiques, être un peu plus exigeant sur la tenue de la boîte. Mais personne ne l'a vraiment fait.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire, tu veux dire, le CEO n'était pas la bonne personne ? Ou les associés ne s'entendaient pas ?

  • Speaker #0

    Le CEO, à un moment donné, n'était probablement plus la bonne personne. En ce cas, pas à ce poste-là. Je pense qu'il n'y avait pas assez de rigueur financière. Et en fait, la rigueur financière en 2020, 2021, 2022, c'est un truc qu'on a tous beaucoup oublié.

  • Speaker #1

    Ah ouais, c'est clair, ouais.

  • Speaker #0

    Et en fait, c'est quelque chose qu'il ne faut jamais oublier, tu vois, dans la vie, il y a des first principles. La rigueur financière ne devrait pas être un principe qu'on oublie. Après, pour moi, c'est difficile à dire parce que je suis assez dépensier de nature et pas très organisé financièrement, mais bon.

  • Speaker #1

    Est-ce que le problème, surtout dans cette période, c'est que les investisseurs comme les entrepreneurs n'ont pas voulu voir ? Tu vois, c'est-à-dire qu'il y avait une telle... Un tel flot d'argent après le Covid, tout le monde se relançait. On se disait, il y a le retour au physique, on se revoit. Il y avait cette énergie folle du retour à la vie. Et c'est comme ça que ça a créé un peu une bulle, en fait. Tu vois, et que les valos se sont envolés en 2021 et qu'ensuite, ça a tout pété.

  • Speaker #0

    Ouais, j'écris le terme en anglais, mais dilutionnol. Et d'ailleurs, si tu reprends la base du venture capital, c'est 95% des retours vont être générés par 5% des boîtes. Ce que ça veut dire, c'est que sur 100 boîtes, t'en as de toute manière 95 qui vont aller au tapis ou ne pas rapporter assez d'argent pour les investisseurs. Et en 2021, 2020 à 2022, et même avant ça, t'avais l'impression que tous les investisseurs se démerdaient plutôt pas mal. Mais si tu te rappelais la règle de base, c'était une anomalie. Et donc si t'arrives à spotter l'anomalie... tu arrives ensuite à aller creuser le problème c'est comme j'aime beaucoup ce film sur les sub prime qui s'appelle j'ai oublié le nom zut à the big short the big short voilà et donc dans the big short tu as tu as ce hedge fund manager qui en fait michael douglas je crois l'époque non non c'est un autre c'est christian bell qui lui en fait voit qu'il ya un truc sur le housing market Et donc, il commence à regarder les datas. Et en fait, une fois que tu le vois, tu ne peux plus ne pas le voir. C'est un peu comme la matrice. Et bien, ton quotidien, c'est de temps en temps d'essuyer tes petites lunettes roses, d'enlever tes barrésies et puis te dire, putain, attends, est-ce que je regarde le monde clairement ? Et d'ailleurs, notre job, en tant qu'investisseur, et j'aime bien cette phrase, un partenaire de Benchmark qui disait ça, il dit, notre job, ce n'est pas de prédire le futur, c'est de voir le présent clairement. Et bien là, en 2020, 2022, on a... pas vu le présent très clairement et on s'est un peu laissé prendre par par l'euphorie générale mais l'euphorie générale elle te rend riche sur le court terme elle tapons vous rite détruit sur le long terme donc celui qui fait un aller-retour rapide comme ceux qui l'ont fait au monde et ce prime et qui ont été très malins là dessus super mais celui qui disent bah tiens ça va durer éternellement je vais investir comme si dans cinq ans la situation sera similaire des morts et donc les gens qui ont été très bons entre 2020 et 2022 c'est ce qu'on fait de la liquidité Parce qu'ils ont vu le truc arriver.

  • Speaker #1

    Ah bah ouais, moi j'ai un bon copain qui s'appelle Hugo Manoukian de MoveOne. Bien sûr. Qui a fait un énorme exit, il est passé au micro il y a pas longtemps, pour parler du vide. Justement le sentiment de vide après l'exit, tu vois. Qui lui a duré trois ans et demi.

  • Speaker #0

    Un copain qui était ex lui.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est pour ça que je te dis ça, il y en a quand même beaucoup. Et Hugo maintenant il en parle assez librement, maintenant qu'il se relance, je pense qu'il a vraiment un projet dans les tripes sur la fertilité. mais voilà, il a effectivement profité de cet engouement où il a été racheté en 4 mois ce qui est exceptionnel par deux acteurs qui avaient levé énormément et qui voulaient juste reprendre plus des parts de marché et ça s'est fait très vite. Mais j'ai longtemps rêvé d'avoir cette discussion avec toi parce que tu sais, pendant plus de quatre ans, j'avais un club d'entrepreneurs, le club Bootstrap. Donc la thématique c'était effectivement les levées de fonds, c'est comme les antibiotiques, c'est pas automatique.

  • Speaker #0

    J'aime beaucoup, c'est une très bonne cash line.

  • Speaker #1

    Voilà. Et l'idée c'était d'essayer de changer le rapport au succès dans l'écosystème qui était un petit peu trop devenu Pour réussir, pour avoir réussi, le critère principal c'était d'avoir levé des fonds. Ça devenait le coup de tampon qui disait c'est bon je suis un entrepreneur aguerri, je suis smart, je suis dans les codes. Et plutôt redonner de la visibilité au temps long, à la capacité à créer de la rentabilité, à créer une aventure qui ressemble vraiment au fondateur. Ou parfois, j'ai eu le sentiment, on était plusieurs à le sentir, que le fait d'être dans des tours d'investissement... Ça formate ta boîte, ça la formate pour la performance déjà, puisqu'il faut un héroïste justement. Et quand c'est très tôt, ça peut aussi empêcher les fondateurs d'avoir une bonne gestion de l'argent.

  • Speaker #0

    Totalement. Qu'est-ce que tu en penses ?

  • Speaker #1

    Les amis, deux secondes.

  • Speaker #2

    Il y a des clubs d'entrepreneurs qui se lancent tous les jours ou presque sur LinkedIn. Mais ceux qui durent depuis plus de dix ans, ce sont ceux qui sont incarnés. C'est le cas du Kite & Connect, incarné par mon ami Laurent Witt. qui est un entrepreneur passionné par le kite et la foil, qui réunit tous les entrepreneurs présents dans son club, le Kite & Connect, mais aussi un entrepreneur un peu fou, parce qu'il est capable de créer des événements incroyables, comme le B2B Kite Summit, qui se déroule fin septembre à Darla, au Maroc, avec plus de 300 participants, dirigeants et dirigeantes, qui vont faire du kite et faire du business en même temps. Il a inventé notamment la Sunrise Party. Imaginez-vous à 5h du matin, grimper une montagne, tout en haut... Vous allez faire la teuf avec un DJ set, vue sur la mer, attendre le lever du soleil jusqu'à 7h, faire une prière tous ensemble pour ensuite démarrer sa journée. Donc allez-y. Et surtout, le club d'entrepreneurs Kite & Connect, c'est plus de 500 membres actifs, 50 événements par an. Donc si vous avez besoin de soutien entre pairs et à faire du business, il y a plus de 250 millions d'euros générés entre les membres. Donc foncez, allez voir Laurent Witt et le Kite & Connect.

  • Speaker #0

    Il y a plein d'éléments dans tout ce que tu as dit. mais l'élément numéro 1 C'est que si tu donnes de l'argent à quelqu'un qui n'a pas appris à C'est sûr que ça va mal se passer. C'est pour ça que les gagnants du loto sont accompagnés par la Française des Jeux pour gérer leur argent après. Si tu leur donnes leur argent, tu reviens les voir, c'est un complétain, il n'y a plus d'argent. Et si tu regardes s'ils ont capitalisé quelque chose, probablement pas grand-chose, tu vois. Et je ne sais plus, j'avais écouté une interview d'un mec qui avait gagné le loto, et il t'explique qu'il avait ses 8 voitures de sport dans son garage. Je ne suis pas sûr que c'était le conseil de la Française des Jeux au moment où il a gagné, quoi. Premier sujet, c'est que t'es mis dans une situation exceptionnelle qui n'est pas la situation dans laquelle tu es arrivé si t'avais appris au fur et à mesure à générer de l'argent, à le dépenser, etc. Et donc, en fait, t'es mal équipé. Et donc, un entrepreneur à qui tu donnes beaucoup d'argent, soit il est extrêmement mature, il l'a déjà fait, il a déjà été entrepreneur et il va gérer ça correctement, ou alors il l'a jamais fait et il faut à un moment donné essayer de l'accompagner. Je pense que le... Le truc qu'on a en France, c'est qu'on essaie de se faire passer pour des Américains. Et en fait, on n'est pas des Américains. On est moins consumériste, on est moins capitaliste, on est moins rentre-dedans, marche-sur-tout, on veut faire des trucs énormes. Et à un moment donné, je me demande si on assume vraiment notre vraie nature. Moi, j'encontre beaucoup d'entrepreneurs français qui, je trouve, sont extrêmement talentueux. Ingénieurs, entrepreneurs, sales.

  • Speaker #1

    Et pas ambitieux.

  • Speaker #0

    Et dans ces entrepreneurs... Il y en a certains qui sont très ambitieux et ceux-là en fait je les invite à lever de l'argent, à faire quelque chose de gros, pourquoi pas aller conquérir les US, à revenir en Europe après etc. Mais bon déjà il n'existe pas de marché européen, c'est une vue de l'esprit. C'est clair.

  • Speaker #1

    The Family a prouvé que malheureusement ça ne marchait pas très bien.

  • Speaker #0

    Voilà, pour d'autres raisons aussi. Mais bon. Bien sûr. Mais donc tu as les latinos et dans les latinos tu vois tu as en gros enfin les latins, les français, les espagnols, les italiens, excuse-moi on se ressemble, on ne se ressemble pas quoi. ... D'ailleurs, t'as les Germaniques, tu te demandes même ce qu'ils font là, tu vois, où tu te dis où est l'anomalie, est-ce que c'est chez nous, est-ce que c'est chez eux ? C'est presque bizarre d'avoir deux pays aussi proches, aussi différents. Puis après, t'as les Anglo-Saxons, enfin bref, c'est un bordel. Et puis ensuite, t'as les Nordiques. Donc déjà, t'as quatre groupes et au sein de quatre groupes, t'as des pays qui sont des pays différents. Donc c'est un énorme bordel. Donc on n'est pas des Américains, on ne sera jamais des Américains. Et donc nos entrepreneurs les plus ambitieux, les plus talentueux, c'est qu'il veut vraiment bouffer le monde genre il va bouffer le monde quelque part où il y a un terrain de jeu où tu peux On peut effectivement bouffer le monde. Pas à San

  • Speaker #1

    Francisco. Oui,

  • Speaker #0

    San Francisco. Peut-être à New York, mais plutôt à San Francisco. Donc ça, il y a ce point-là. L'autre truc, vendredi, on faisait notre One Day of Sight avec Emmanuel. On fait le même avec l'équipe de Kima, le 19 juillet. Donc Emmanuel,

  • Speaker #1

    c'est ton associé. Cassius.

  • Speaker #0

    Il y a Emmanuel chez Cassius, il y a Alexis chez Kima.

  • Speaker #1

    Ça m'intéressera, je vais faire un petit teaser, mais ça m'intéressera de comprendre. Comment tu peux avoir deux jobs aussi en métier en même temps ? Et dans quelle mesure ça ne s'est pas conclu en ce moment ?

  • Speaker #0

    On s'est déjà éclaté depuis 2015, mais on en reparlera. Et donc on se retrouve la veille dans un petit restaurant à Aix, qui a une étoile, qui est la table de Pierre Reboul. Donc je dis ça parce que j'arrive là-bas et je vois qu'il y a quand même 3-4 tables qui sont vides. Moi ça m'étonne, on a installé la table du chef, puis on est à la table du chef en face de nous, il y a un jeune. qui doit avoir... Il est hyper jeune. Je me dis, lui, il n'a même pas la majorité, c'est pas possible. Il est en train de faire ses petites préparations et tout, c'est exceptionnel à regarder. Et je lui dis, mais t'as quel âge, toi ? Il me dit, mais j'ai 16 ans. Je lui dis, mais c'est quoi ton histoire pour qu'à 16 ans, tu sois là, en train de faire tes petites préparations comme tu vois après, il y a tous les... Il y a des tracteurs qui vont te dire que ce n'est pas une belle image, mais comme quand tu vois un Pogacar monter un grand col pendant le Tour de France. Et donc, tu vois chez lui, tout de suite, il a 16 ans, tu sais qu'il a du talent, tu sais qu'il a détermination, tu sais qu'il a du focus, tu sais qu'il est passionné, tu le vois. Ce garçon va réussir. Je ne sais pas si c'est en restant 10 ans chez Pierre Reboul ou à un moment donné en lançant son resto, mais je ne sais pas que là, j'ai presque envie d'avoir son numéro de téléphone et tous les 6 mois faire un check-in pour savoir où il en est.

  • Speaker #1

    Et où je vais bouffer.

  • Speaker #0

    Et il est exceptionnel. Donc il fait ça, et il me raconte son histoire, qu'il est allé dîner dans le restaurant précédent de Pierre Reboule, et qu'il l'a pris quelques jours, qu'après quelques jours il l'a pris quelques semaines, et puis quelques mois, et puis maintenant il bosse avec lui, c'est sa passion, et il bosse H24 en cuisine. Et on se regarde avec Emmanuel, et on se dit, mais en fait, ça, c'est intouchable. En fait, ce qu'on a eu ce soir-là à dîner, c'était intouchable. Personne ne va venir nous l'enlever. Il n'y a pas un Allemand, un Italien, un Espagnol, un Anglo-Saxon, un Américain, n'importe qui qui va venir nous piquer ça. On est des killers sur cette art de vivre, sur cette artisanat, sur ce craft. Et on est là à se buter, à vouloir faire des licornes. Certes, mais pourquoi est-ce qu'on ne défend pas notre artisanat en fait ? Pourquoi est-ce que ces mecs-là continuent de payer des taxes ? Pourquoi l'année dernière, il y a 8% des étoilés français qui ont mis la clé sous la porte ? Tu vois, c'est quoi le problème ?

  • Speaker #1

    On a vu si mauvais endroit peut-être. En gros, ce que tu me dis là, c'est que quasiment...

  • Speaker #0

    Non, on ne regarde que là où ça brille. On ne regarde que là où l'herbe semble la plus verte. En fait, on ne se concentre pas sur quelle est l'unicité d'un pays comme la France sur lequel il faut qu'on accélère. On sait bien que dans le tourisme, on est des killers. On sait bien qu'on a un des plus beaux pays du monde. Et on continue, en fait, de faire comme si c'était un acquis. En fait, justement, quand on a cet acquis-là, il faut le nourrir, il faut en faire quelque chose, il faut investir. Heureusement qu'on a tous ces maires de France qui, à un moment donné, se disent « Ma petite ville, il faut que je la tire le chaland, parce qu'en fait, ça ne vient pas de là-haut. » Et ça m'a beaucoup marqué, parce que je me suis dit « Tiens, on est là, on finance des entrepreneurs qui veulent jouer aux Américains, alors qu'en fait, il y a tout un pan de l'économie. » qui sont des artisans qu'aucune AI ne va jamais remplacer c'est à dire qu'à l'heure de l'AI on t'explique que ton job va être remplacé putain mais pas ceux-là ce mec-là non et il y en a des centaines de milliers en France mais pourquoi pourquoi est-ce qu'on fait pas justement un plan où on met la gouache sur l'AI super mais aussi on met la gouache sur toutes les boîtes qui justement l'AI ne va jamais disrupter ou pas avant 50 ans ou 100 ans et c'est reconnu dans le monde Super fort déjà !

  • Speaker #1

    Ouais, ouais. Pourquoi tu ne deviens pas investisseur dans l'art de vivre alors ?

  • Speaker #0

    Non mais je te parle d'une réflexion qui a eu lieu jeudi soir au resto. Et peut-être qu'un jour on fera ça, je ne sais pas. Peut-être que c'est l'objet de notre prochaine discussion avec Xavier. C'est comment est-ce que tu finances sans artisans ou comment est-ce que tu passes le mot aux autorités compétentes pour qu'ils arrêtent d'abattre à coup de taxes ces artisans. 8% des étoiliers qui ont fermé l'année dernière.

  • Speaker #1

    C'est vrai que c'est vraiment triste. Mais pour revenir à la tech, tu vois... Euh... Moi, un des trucs que je déplore le plus, c'est quand même que la plupart des boîtes qui partent dans une logique de levée et de tour de financement, Syrah, Syribe, SyriC, etc., vont finir inévitablement par être achetées par des Américains. Et donc, effectivement, toute la valeur que tu as créée en France, parce qu'en effet, tu l'as bien dit, on a des ingénieurs de talent, on a des développeurs de talent, on a des entrepreneurs de talent de manière générale, mais finissent toujours par créer de la valeur aux US, en fait. parce qu'on n'a pas... Effectivement, on n'a pas les investisseurs suffisamment solides pour accompagner une énorme croissance. Parce qu'au bout d'un moment, on n'a pas, j'imagine, l'écosystème assez ambitieux pour dire à un gars, en fait, refuse le chèque, tu vas faire un truc de dingue et va IPO et va conquérir le monde. Est-ce qu'il y a un moyen de lutter contre ça ? Ou est-ce qu'en fait, on est inévitablement obligé de faire un peu comme ce que tu fais ? Tu vas commencer à faire des tours, tu vas quand même gagner de l'argent forcément parce que tu vas choisir des entrepreneurs à succès. Mais à la fin, ça ne va plus rester en France.

  • Speaker #0

    Honnêtement, je n'ai pas la réponse à ça et moi je ne me suis jamais posé la question d'une opposition entre les Américains et les Européens. Moi, mon obsession, c'est juste de me dire qu'il faut que nos entrepreneurs francophones apprennent à être des gens responsables et très ambitieux. Et donc, on les nourrit en apportant... On va prendre plutôt un schéma plus simple. Aux US, il y a trois choses qu'on n'a pas en Europe, qu'on n'a pas en France. La première chose, c'est le goût du risque. Bon aux US on te parle du coût du risque, en fait c'est l'obligation du risque. T'as pas le chômage, c'est un marché qui est extrêmement cher, très consumériste, qui est beaucoup à crédit, etc. Donc le risque fait partie inhérente de leur culture. Ça, tu le reprendras jamais. Ils vont de toute manière te mettre dix fois plus que toi en termes de capacité de prendre des risques. Donc déjà là-dessus, on n'ira pas. En revanche, un entrepreneur francophone qui prend sa famille ou qui quitte tout ce qu'il fait pour partir vivre aux Etats-Unis, il se met dans cette position où en fait, il accepte le risque, il y va. La deuxième chose, c'est le capital. Marché hyper capitaliste, hyper consumériste a 10 fois plus de capital, au moins, qu'en France et en Europe. Donc, ça veut dire que les idées ont 10 fois plus de chances d'émerger parce qu'en fait, elles ont beaucoup plus de capital pour être poussées en avant. Et la troisième chose, c'est les talents. La Silicon Valley, le venture capital, ça fait 50 ans que ça existe. Les talents sont en masse là-bas, mais en masse. Donc si tu veux jouer sur le game risk, capital, talent, t'es mort. De toute manière, les US te bouffent. Donc la question c'est, qu'est-ce qu'on a en France qu'ils n'ont pas, sur lesquels on a vraiment du talent ? D'abord, on a des super ingénieurs, on a des super artisans qui font que, et en fait, un peu de manière inhérente dans notre culture, je pense qu'on est bon pour crafter du produit, au sens large. Et tu vois des boîtes comme Weezings, mais tu le vois aussi sur des boîtes consumer comme Zenly à l'époque. Mais Beryl ou là, AMO, la nouvelle boîte d'Antoine Martin, tu vois, on a un talent particulier pour ça. Et puis, on est des gens très efficaces. Un jour, il y a une délégation américaine qui débarque en France. pour regarder une usine de porc. C'est pas très intéressant, c'est une usine de porc. Ils arrivent dans l'est de la France, ils regardent cette usine énorme et tout, le truc qui tourne, puis ils se pointent un après-midi, je sais pas quelle heure il est, et y'a personne. Le truc qui tourne et tout, y'a personne, le mec est en train de boire l'apéro à côté. On se dit que c'est un jour particulier, ils doivent fêter quelque chose, c'est comme le 4 juillet aux US ou le 14 ici. Puis ils reviennent le lendemain, et à la même heure, les mecs sont encore à l'apéro. C'est dingue ! Et le truc tourne ! tournent, mais c'est indécent à quel point ça marche. Et en fait, ils font un long rapport sur cette usine pour SIN pour expliquer pourquoi ça marche. Et la conclusion, c'est heureusement que les Français sont des fainéants, parce que putain, qu'est-ce qu'ils sont efficaces. Tu vois, et en gros, la conclusion, c'était s'ils bossaient autant que nous avec la même efficacité, ils nous éclateraient. Et j'aime bien, tu vois, on a des particularités. Donc en fait, ce qu'il faut, c'est nourrir ces singularités, en faire quelque chose, mais Ce qui me fatigue, c'est quand un entrepreneur me dit « Oh, j'arrive pas à lever de l'argent en France, les gens ne me comprennent pas, je vais aller aux Etats-Unis, ils vont comprendre. » Tu te charges des excuses, là, tu vois.

  • Speaker #1

    Mais j'aime bien, j'aime bien l'exemple. Mais en tout cas, c'est vrai que peut-être une des particularités françaises, c'est justement cette force d'indépendance, cette voix indépendante, tu vois. C'est pour ça que le bootstrap m'a touché comme message. J'ai rencontré des boîtes, je pense à Wilfried de Superprof par exemple, qui a monté cette... Cette boîte incroyable jusqu'à aujourd'hui, je pense 40 millions près de chiffre d'affaires. Ou il rachète maintenant des boîtes en Europe, en Chine même. C'est vraiment le conquistador. Ou Gilles Sadege de Lucas, qui est un des maintenant, qui commence à être concurrent même de Payfit. Et qui doit approcher les 50 millions d'ARR. Qui n'a pas levé pendant 20 ans. Pendant 20 ans, il a fait son produit. Il était là artisanalement. Je pense qu'au bout de 15, il devait être encore peut-être 20 ou 30 dans l'entreprise. Il a levé 65 millions après 20 ans. Résultat, il a eu un deal aussi qui était extraordinaire parce que du coup il s'est dilué très peu et il a encore les mains sur sa boîte.

  • Speaker #0

    Comme s'il aille avec Silver Lake.

  • Speaker #1

    Oui, exactement. Est-ce que ce n'est pas le chemin ? Je te poserai même une question peut-être plus personnelle. Imaginons, tes enfants veulent faire de l'entrepreneuriat. Est-ce que tu leur conseilles la voie du bootstrap ou est-ce que tu leur conseilles la voie du...

  • Speaker #0

    Moi je leur conseille toujours la voie du bootstrap. Et d'ailleurs, une des questions récurrentes qu'on pose aux entrepreneurs qu'on finance et qu'on rencontre avec Xavier, Alexis, tout le monde, c'est pourquoi tu lèves ? c'est pas qu'on veut le pas qui lève, non on veut mettre de l'argent chez eux ça nous fait plaisir, mais c'est juste qu'on sait qu'avec l'argent vient le vice tu vois, et en fait c'est pas la meilleure source d'apprentissage l'apprentissage est dans le dur avec l'argent vient le vice, j'adore l'apprentissage il est dans le dur, il est jamais dans le confort personne ne s'est jamais réveillé un matin en disant putain cette compétition vraiment je l'ai réussi, je suis premier, j'étais vraiment fort surtout ce que je me souviens c'est à quel point l'entraînement été facile. C'était vraiment bien, c'était vraiment une bonne... Non ! Tu vois en réalité c'est terrible mais le plaisir en fait il est né de l'effort tu vois, il est né de la difficulté et d'ailleurs un jour en 2020 je crois, ouais c'est ça, 2021, j'ai un copain qui m'appelle et qui me dit tiens il y a un truc qui s'appelle Axie Infinity dans les cryptos, c'est comme ça, il y a plein de fonds qui veulent mettre de l'argent, il faut que tu regardes et tout. Moi je regarde le token de ce truc là, je ne comprends pas grand chose. Mais exactement comme ce que je t'ai dit à l'époque 2020-2022, je me dis, il y a peut-être un petit aller-retour à faire là-dessus. Bon, je mets un petit peu d'argent comme ça pour voir. Et trois semaines plus tard, je vois que j'ai fait cinq fois la mise. Je me dis, putain, cinq fois la mise, pourtant le truc pour moi ressemble à un pont de Ziskim, tu vois, genre je ne vois pas le truc. Du coup, je retire ma mise, je prends mes cinq fois la mise. Bah cet argent, il n'avait aucune, aucune, aucune saveur. C'était terrible et je l'ai dépensé extrêmement vite. Je ne savais pas comment faire. Je...

  • Speaker #1

    P- En fait, ce que tu dis par là, c'est que pour gagner de l'argent, il faut une forme de fierté.

  • Speaker #0

    Y a pas de plaisir facile. Personne n'a de plaisir facile. Même celui qui gagne au loto. Je dis pas que j'ai pas envie de gagner au loto, j'ai failli gagner au loto, mais j'avais 6€ sur 7.

  • Speaker #1

    P- T'as pas besoin de ça, Jean. Merde.

  • Speaker #0

    Non, je la raconte, c'est évident, parce qu'elle me fait quand même toujours rire. J'avais joué un peu au hasard un jour en prenant le train, en voyant la pub, il y Puis je joue, puis j'oublie le truc. Dix jours plus tard, quelqu'un me dit « Mais quelqu'un a joué à l'EuroMillion la semaine dernière, il y a 240 barres à gagner. » Je dis « Ah ouais, j'ai joué, j'ouvre mon application, j'avais gagné 4000 euros, j'étais comme un ouf. » Je me dis « J'ai dû avoir 4-5 numéros. » En fait, j'en avais 6 sur 7, il m'en manquait 1. C'était le jour d'anniversaire du deuxième mari de ma mère. En fait, je n'avais pas mis les pièces rapportées, je n'avais pas mis ma belle-mère côté de mon père et mon beau-père côté de ma mère parce que la grille était trop chère du coup.

  • Speaker #1

    6 sur 7, il se passe quoi ? T'as rien du tout ?

  • Speaker #0

    4000.

  • Speaker #1

    4000 euros ? Ça va ?

  • Speaker #0

    C'est le prix de la frustration.

  • Speaker #1

    6 sur 7, c'est beaucoup.

  • Speaker #0

    La proba d'avoir les 7 sur 7, je ne sais pas ce que c'est,

  • Speaker #1

    mais c'est beaucoup plus… Tu vois, pour ceux qui gagnent au loto, tu travailles le matin,

  • Speaker #0

    tu n'es pas plus heureux que la veille. À quoi je sers ?

  • Speaker #1

    À quoi je sers ? Tu te poses plus de questions que de réponses.

  • Speaker #0

    J'aime bien une phrase de Kersauson, ce n'est pas exactement sur l'argent, c'est sur le travail. Il me dit « Un travail n'est pas fait pour gagner de l'argent, mais pour gagner de l'honneur » .

  • Speaker #1

    J'aime bien, très belle image.

  • Speaker #0

    Elle est jolie celle-là. Alors du coup pour finir ce sujet, c'est quoi les bonnes raisons de lever de l'argent tôt ? J'aimerais bien comprendre.

  • Speaker #1

    Alors les bonnes raisons de lever de l'argent tôt, c'est que tu es quelqu'un qui a déjà de l'expérience. Et donc tu sais qu'en levant de l'argent, tu vas pouvoir accélérer sur certaines choses. Alors que dans un cas où tu aurais été un first time entrepreneur, tu n'aurais pas accéléré, tu aurais brûlé de l'argent sur certaines choses. Là tu vas les accélérer. Tu vas accélérer des recrutements, accélérer des développements. En fait tu vas rentrer dans ce fameux game très ambitieux, un peu plus à l'américaine, mais tu as les creds. Tu l'as déjà fait. Donc ça, c'est une première bonne raison. La deuxième raison, c'est que tu as trouvé le product market fit, tu as un début de traction, tu as besoin d'accélérer, et en fait, tu sais que ton payback est plutôt bon. Tu sais que si tu recrutes tant de personnes en sales, si tu lances un ou deux produits supplémentaires, etc., tu sais que tu vas avoir un bon payback. Donc l'histoire, c'est gagner du temps. En fait, dans ces deux premières options, c'est que tu gagnes du temps. Mais pour ça, il faut... Donc, tu es éprouvé des choses. Donc, soit tu es un repeat entrepreneur, soit tu as déjà fait des premières choses dans ta boîte qui font que ça marche. Et ensuite, c'est un sujet de pression compétitive. Il y a des marchés sur lesquels tu as une pression compétitive énorme. Et donc, à un moment donné, gagner de l'argent fait partie du game. Lever de l'argent fait partie du game. C'est ce qui te permet d'exploser la concurrence, de les écraser. Après, tu as plein d'excès liés à ça. Tu vois le quick commerce, par exemple, dans les années 2020-2022, où le mec enlevait 100, 200, 300 bar. pour te livrer un Mars en 15 minutes en bas de chez toi.

  • Speaker #0

    Les gorillas, je ne sais plus comment ils s'appellent les autres, mais ils sont morts d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Oui, ça n'avait aucun sens. Mais c'est après son compétitif qu'il les a forcés à lever de l'argent.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, le gars qui a gagné sur ce marché, c'est de la belle vie. C'est ça que j'adore. Ça revient sur ce sujet d'entrepreneuriat français. C'est le mec qui vient de Saint-Denis ou je ne sais plus quoi, de la banlieue. Dont on investissait. Dont vous êtes investisseur. Voilà, Paul Lay.

  • Speaker #1

    Paul Lay, d'accord.

  • Speaker #0

    Et qui du coup a tout compris à la livraison. parce que c'est l'histoire de sa famille. Il capte le truc et il a levé beaucoup d'argent après. Au début, je crois qu'il était boostable.

  • Speaker #1

    Il n'a pas levé trop d'argent. Et puis, quand il a racheté Frishti, par exemple, qui, pour le coup, avait levé beaucoup d'argent, il n'a pas levé beaucoup d'argent pour acheter Frishti. On lui a remis un petit chèque. C'est quelqu'un qui force l'admiration. Et donc, en fait, cette pression compétitive te dit il faut que je lève beaucoup d'argent. Ou bien, il faut que tu rentres sur un play qui est parallélisé, qui n'a rien à voir. Donc, la belle vie dans le quick commerce. Each pour la partie VTC. et il y en a d'autres, tu vois, mais sur chaque vertical, sur chaque marché. Tu peux avoir un outsider bootstrap qui fonctionne différemment, qui existe.

  • Speaker #0

    Et qui va gagner à la fin.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas s'il gagne à la fin, mais je pense que ça n'a pas beaucoup d'importance. En tout cas, tu parlais d'honneur. En ce cas, dont il sait que le travail qu'il a fourni et l'attention qu'il a portée à offrir le bon service ou le bon produit à ses clients, ses clients lui rendent avec leur satisfaction. Et ça, c'est honorable.

  • Speaker #0

    Ouais, et puis en fait, surtout, moi, j'ai le sentiment que je trouve que la base de l'entrepreneuriat, quand même, c'est de poser une vision du monde et d'essayer de faire une boîte qui est le prolongement de soi. Oussama, qui pourtant n'est pas très bootstrap, qui disait que le bon entrepreneuriat, c'est la rencontre entre une personnalité et un marché.

  • Speaker #1

    Totalement.

  • Speaker #0

    Et j'ai le sentiment, moi, qu'il y a quand même beaucoup de boîtes, beaucoup de boîtes qui ont planté justement une espèce d'euphorie cupide des années 2021-2022, qui est lié à... Au fond, tu vois des profils grande école, conseils, qui sont très smarts, très analytiques, qui vont être capables de lire des études de marché, McKinsey, qui vont capter un besoin, un sentiment, et qui vont tout investir dessus, mais qui n'ont pas le drive. C'est-à-dire que ce n'est pas essentiel pour eux de réussir cette boîte. Et donc parfois, quand il y a beaucoup d'argent, ça peut marcher, et puis... Mais en fin de compte, ça ne fera rien de très honorable, ni de très grand sur le long terme. Est-ce que tous les entrepreneurs qui réussissent... n'ont pas fondamentalement quelque chose qui est de l'ordre de l'essentiel et qui n'est pas de l'ordre de l'étude de marché.

  • Speaker #1

    C'est sûr qu'on jette beaucoup d'argent à des entrepreneurs très articulés. Donc tu as fait HEC, tu es très articulé sur ton pitch, et tu as un VC comme ça, il s'excite et boum, il lui jette de l'argent. Et comme il lui jette de l'argent, tous les copains qui étaient à côté, qui n'ont pas jeté de l'argent, ils disent « putain, il faut qu'on jette de l'argent » . Tu sais quoi, ça me fait penser à un truc. C'est... Il y a... Donc... L'acteur dans le monde pornographique le mieux payé au monde, c'est un mec qui est français qui s'appelle Manuel Ferrar.

  • Speaker #0

    J'adore !

  • Speaker #1

    Donc ce mec-là, ça fait des décennies qu'il fait le métier, il fait aussi du gaming, il a une chaîne Twitch, machin et tout. Ce gars-là, un jour, va à la conférence sur les jeux vidéo à Paris ou je sais pas où et tout. Puis t'as des gens qui le reconnaissent, tu vois, et qui lui disent, vas-y, je prends un autographe, une photo, machin et tout. puis après t'as des des petits jeunes qui ont 13, 14, 15 ans qui ne savent pas qui c'est. Mais comme des gens demandent des autographes, ils vont demander un autographe et une photo. Et lui, un peu emmerdé, va voir les parents et leur dit « Non, mais moi, je ne peux pas prendre une photo avec votre fille ou votre fils de 15 ans. Je suis acteur pornographique. En tout cas, je suis producteur, c'est ça mon job principal. Je suis désolé. » Et donc, tu vois, les parents disent à leurs enfants « Je suis désolé, non, on ne peut pas prendre de photo avec cette personne-là. Ils ne savent pas pourquoi. » Ils se disent « Mais quel enfoiré, lui, de ne pas vouloir prendre un autographe. » Eh ben... Le mec d'HEC, tout ce que tu veux je dis HEC en fait, de grande école, en tout cas le mec articulé, tu vois à un moment donné t'as un investisseur comme ça qui s'excite, qui lui jette 5 barres, et t'as 10 investisseurs à côté qui disent « Ah moi aussi je veux te donner de l'argent ! » tu vois ? Et c'est exactement la même chose, ils savent pas pourquoi, ils savent juste que le truc il est chaud quoi. Et donc t'as un peu ce mimétisme dans l'écosystème qui est un peu débile, où tout d'un coup tout le monde se chauffe sur la même boîte, sans aucune raison. Et moi, c'est horrible parce que notre job chez Kima, c'est une fois de temps en temps... répondre à cette euphorie, mettre aussi un petit ticket just in case.

  • Speaker #0

    Parfois ça marche, je veux dire par exemple Moubech, que je connais très bien parce qu'il a été dans le club Boutrape dès le début Guillaume. Guillaume, il a cette capacité à générer du FOMO comme on dit Fear of Missing Out, pour ceux qui ne connaissent pas. Exceptionnel. Il a même storytellé le truc en disant je refuse un investisseur, il l'avait fait en public je ne sais pas si tu te souviens, il avait fait ce post LinkedIn où il avait dit je ne prendrai pas l'argent des investisseurs et je pense deux mois après Il a fait cette opération de cash out, il a dit, après tout le monde s'est foutu de sa gueule, sur internet tout le monde a dit mais c'est qui ce espèce d'énorme mytho qui voilà. En fait il a fait du cash out, c'est à dire il a pris de l'argent en perso pour lui et pas pour la boîte, donc c'est un peu différent, il n'a pas relevé depuis d'ailleurs. Mais voilà, et lui quand il m'expliquait sa levée il disait mais voilà j'ai envoyé des pitchs, j'ai quasiment dit dès le début il n'y a plus de place quoi, et tout le monde s'est précipité. Alors il se trouve que l'M list c'est un... Très beau succès et je pense que ça va continuer. De temps en temps, j'imagine que ça marche de mettre là où le vent va. Mais il ne faut pas que ce soit l'essentiel.

  • Speaker #1

    En tout cas, c'est très humain. C'est très classique de faire ça. On suit la foule, ça nous rassure. Moi, ce que j'adore, c'est qu'il faut faire le game du péage. Maintenant, tu as le thé, donc tu passes là où tu passes avec ton thé. Mais à l'époque on n'avait pas le thé, moi mon game c'était de choper la file du péage où j'avais passé avant les autres, j'adorais ça. Et par exemple, je remarque que quand je vais dans un endroit, souvent je vais y arriver peut-être 10 ou 15 minutes avant que la queue double de taille. Et en fait un bon investisseur ce n'est pas quelqu'un qui fait les mêmes deals que les autres, parce qu'il s'avère que les meilleurs deals au monde sont les deals qui ne sont pas issus du consensus. Donc il faut être capable à un moment donné de se positionner avec conviction et... contre le consensus sur des boîtes dans lesquelles les genres n'auraient pas misé un copac au démarrage.

  • Speaker #0

    Petit risque, petite récompense. Grand risque, grande récompense. Grand fail aussi.

  • Speaker #1

    Ouais. Et après, là, c'est même pas une question de risque, c'est plutôt une question d'indépendance.

  • Speaker #0

    Si tu vas pas là où tout le monde va, c'est plus risqué que suivre le flow, quoi.

  • Speaker #1

    Ouais. Je sais plus pourquoi est-ce qu'on parlait de ça, mais il y a deux garçons, Alexandre Flammarion et Mathieu Chabran, qui ont... Antoine Flammarion et Mathieu Chabran, qui ont une grande institution financière qui s'appelle TKO, qui gère plus de 50 milliards. Et en sortant de rendez-vous avec eux une fois, on se disait avec Emmanuel justement, eux ils ont vraiment ce côté « independent thinker » . Ils réfléchissent indépendamment des autres. Ils ont commencé il y a plus de 20 ans avec 4 millions d'euros, aujourd'hui ils gèrent plus de 50 milliards. et tu vois la manière dont... Tu réfléchis aujourd'hui, tu ressens que c'est avec la même discipline, intégrité, indépendance d'esprit qu'il y a plus de 20 ans. Ils se laissent pas prendre par la marée. Bien sûr, t'as des traînes, bien sûr, il faut les étudier, il faut en suivre certains, etc. Mais il faut pas tomber dans le conformisme du consensus. C'est le meilleur moyen de faire de la merde, quoi.

  • Speaker #0

    C'est... ça me... j'ai pas de transition. mais je vais te poser la question que je t'ai pas posée au début parce que tu vas pas t'en sortir comme ça qui est la question que je n'ai pas posée au début et que je pose à tous mes invités Donc c'est quand la dernière fois que tu t'es senti à poil et sans filet ?

  • Speaker #1

    D'abord, la raison pour laquelle tu ne m'as pas posé, c'est parce que tu me l'as demandé il y a quelques semaines par email, que ça m'a un peu travaillé et que je n'avais pas de vraie réponse pour toi. Et je ne l'ai pas parce que je pense que les réponses que j'ai pour toi sont des réponses qui sont extrêmement personnelles et qui sont beaucoup plus difficiles à... dont il est difficile de parler publiquement par rapport à ces faits-là. Il n'y en a pas qu'un, tu vois, à poil et sans filet, ça m'est arrivé plusieurs fois. Mais je pense que c'est surtout comment tu te sens, tu vois, quand tu es à poil et sans filet.

  • Speaker #0

    Et alors toi, comment tu te sens quand tu es à poil et sans filet ?

  • Speaker #1

    D'abord, je pense qu'il faut arriver à être à l'aise dans l'inconfort. Dans ton quotidien, dans ta vie en général, je pense que tu ne vas bien que lorsque tu arrives à être à l'aise dans l'inconfort. L'inconfort, c'est l'inconfort de situation avec des gens qui te sont proches, l'inconfort de situation avec des gens qui ne te sont pas proches, l'inconfort dans un entraînement, l'inconfort dans une difficulté au travail. Et en fait, il faut se nourrir absolument de ça. Et cet inconfort, il sert à te regarder dans la glace, à te poser des questions sur toi-même, à te remettre en question, à accepter le fait que la vie continue, que le monde continue de tourner sans toi. Et que, bah oui, t'aimerais bien que... En fait, on fantasme du fait que les choses soient sans problème, qu'il n'y ait pas de difficultés au quotidien, que tout tourne. En réalité, personne n'a jamais été heureux dans ce cadre-là, et ce cadre-là n'existe pas. Donc, puisque la vie est faite d'inconforts, il faut apprendre à palper et à en faire quelque chose, cet inconfort. Et cet inconfort, c'est soit des éléments extérieurs, soit même des éléments par rapport à toi. Tu vois, tu peux être inconfortable. Par rapport à là maintenant, tu gères certaines situations.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui te rend encore inconfortable toi aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Ce qui me rend inconfortable par exemple, c'est quand je suis excédé par un comportement d'un de mes enfants et que je vais élever la voix. Ça, ça me rend inconfortable. Ça, ça m'énerve. Je m'énerve moi-même.

  • Speaker #0

    Tu culpabilises d'élever la voix contre tes enfants ?

  • Speaker #1

    À fond. Tu vois, demande à un enfant de 5 ans de mettre ses chaussures. C'est quelque chose d'universel. Il va falloir que tu lui demandes dix fois. Et la dixième fois, tu sais ce qu'il va falloir que tu fasses ? Que tu te baisses, que tu me prennes la chaussure et que tu lui mettes la chaussure. Parce qu'il ne va pas la mettre la chaussure. Et tu peux lui dire tous les jours, pendant un an, deux ans, je ne sais pas combien de temps, il ne la mettra pas sa putain de chaussure. Donc ça ne sert à rien de t'énerver contre le gosse et sa chaussure quand il a cinq ans. De toute manière, il ne le fera pas. C'est comme un ado. il y a quelque chose de chewing-gum-esque chez lui genre Ou genre il oublie des trucs, il est un peu à l'ouest, il répond avec des onomatopées et des acronymes dont tu comprends rien parce que toi t'es trop vieux. En fait, ça sert à rien de t'énerver contre ce phlegme qui t'énerve au plus haut point. De toute manière, tu ne me feras rien, c'est des phases à passer. Et en fait, de temps en temps, quelque chose va me... Trigger. Ouais, me trigger. ça m'énervait et en fait je vais élever la voix je me dis merde la même situation sans élever la voix tu triggers pas les mots tu triggers pas en fait un espèce de blocage émotionnel chez l'autre ce qu'on sait ce qui se passe quand tu es la voix tu regardes la situation avec beaucoup plus de de relativisme tu vois genre oui c'est chiant quand on gosse pour la dixième fois ne met pas son assiette dans la machine. mais plutôt dans les vies alors que tu lui avais déjà dit qu'il fallait la mettre dans la machine. Mais au fond de quoi on parle ? On parle d'une putain d'assiette dans une machine, il faut se calmer. Et donc il y a plein de trucs comme ça. Je parlais avec

  • Speaker #0

    Mounirka que tu connais, j'ai eu cette bonne discussion avec elle il y a quelques jours en plus, exactement sur ce sujet, parce qu'elle me disait avant, dès que mes enfants faisaient leur vie d'enfant, et que ça me déclenchait de la colère. J'avais de la culpabilité pendant des heures, voire des jours après. Ça me rongeait en fait. Et me disait en fait, ce que j'ai réussi à faire, c'est comprendre que la colère, qui est une des émotions les plus réprimées dans la société, alors particulièrement chez les femmes je pense, parce que c'est pas beau chez une femme d'être énervée, d'être hystérique, etc. Plus acceptée chez les hommes, parce que c'est un peu la violence générationnelle qui peut s'exprimer.

  • Speaker #1

    C'est grave.

  • Speaker #0

    Mais c'est quand même assez réprimé. Et elle dit, j'ai compris que la colère, elle doit pas être la chef de la coloc. Tu vois, la coloc, ce que tu as dans la tête, c'est les émotions. Ça ne peut pas être la chef de la coloc, mais tu ne peux pas la virer de la coloc.

  • Speaker #1

    Totalement.

  • Speaker #0

    Et donc, il faut accepter qu'elle est là. Et une fois que j'ai compris que la colère, elle était là, c'est une facette de moi comme j'en ai d'autres. J'ai essayé de me débarrasser de deux sentiments qui, pour elle, sont les plus inutiles, c'est-à-dire la culpabilité et la honte. On a dit la culpabilité, ça peut être utile parce que si tu fais quelque chose de vraiment mal, il faut quand même que tu aies un retour sur toi. même si on est tous des enfants polis en général en tout cas ceux qui passent dans mon podcast

  • Speaker #1

    Et la honte ?

  • Speaker #0

    Mais la honte, le problème, c'est que c'est une remise en question de soi.

  • Speaker #1

    Totalement.

  • Speaker #0

    C'est que tu vas dire, je suis le problème en fait. Je suis un mauvais parent.

  • Speaker #1

    Tu es en train de casser ton estime de toi.

  • Speaker #0

    Je suis un mauvais parent, parce que j'ai crié.

  • Speaker #1

    J'aime bien cette image, la différence entre la culpabilité et la honte. Je pense qu'on se sent tous coupables à plein de fois, à plein d'égards. Effectivement, la honte, c'est différent. Et juste pour revenir sur cette histoire de colère, effectivement, il faut l'expeller, parfois il faut la faire ressortir. Mais il y a plein de moyens de faire ressortir sa colère. Et en fait, il y a une différence entre être irrité et être colérique, tu vois. Tu peux être irrité, ça peut créer de la tension, mais la tension, ça n'a pas besoin nécessairement de s'exprimer en colère. Tu vois, tout est un vase communiquant. C'est comme, je ne sais pas, tu fais des trucs chimiques, les choses réagissent. En fait, tu as une tension. Si la tension s'exprime par la colère, alors que tu aurais pu faire 10% de colère, 90% de course à pied, tu vois. Bon bah courir, je sais pas mais...

  • Speaker #0

    Donc toi, une de tes manières de l'exprimer, c'est d'aller courir ?

  • Speaker #1

    Oui, mais même une fois, je me rappelle, j'avais été vraiment excédé par un truc. Et donc, ma femme me dit, putain t'as nagé vite aujourd'hui ! Ouais j'ai nagé vite en fait parce que j'avais besoin de relâcher cette tension-là. Et donc j'ai nagé Et d'ailleurs ça se ressentait la manière dont je nageais Je nageais plus comme un mec énervé Qu'un mec calme

  • Speaker #0

    De te voir dans la piscine on devait s'écarter

  • Speaker #1

    Donc voilà Je trouve que c'est important de quand même

  • Speaker #0

    C'est un truc Moi j'ai le même réflexe que toi Je vais aller faire du tennis ou je vais aller courir Mais le problème de ça C'est un peu comme si Par exemple quand t'es énervé tu vas te mettre un podcast et tu vas te mettre à courir C'est Clotilde Dousselier qui m'a dit ça de Change ma vie Il m'a dit le problème c'est que tu fuis l'émotion, inconsciemment tu la fuis parce que tu vas te mettre quelque chose sur les oreilles, tu vas te concentrer sur autre chose et tu vas essayer de tout faire pour ne pas vivre ce que tu veux pas vivre.

  • Speaker #1

    Moi je crie quand je cours.

  • Speaker #0

    Tu cries quand tu cours ?

  • Speaker #1

    Ouais ça m'arrive souvent.

  • Speaker #0

    Ah ok.

  • Speaker #1

    Quand je vais courir une heure tu vas entendre crier au moins 3, 4, 5 fois sur une montée, sur un truc et tout et à un moment donné je sors quelque chose. Et c'est parce que c'est dans l'effort. Mais tu vois il n'y a pas de... je refoule pas. mes émotions, ce que je ressens et tout.

  • Speaker #0

    Tu cries quand tu crois, ça doit être drôle de te croiser du coup. Ouais,

  • Speaker #1

    comme tu vas peut-être me croiser en train de courir, en train de sourire ou d'être plus content que dix minutes avant. Et le truc sans filer, je trouve difficile, c'est dans le cadre du boulot. Tu vois, moi, on a tous beaucoup ce syndrome de l'imposture. Et donc, quotidien, quand tu as l'impression de ne pas avoir été à la hauteur, de ne pas être revenu assez tôt vers un entrepreneur, de... Pas avoir assez traité tes emails, de pas avoir fait ci, pas avoir fait ça, d'être un peu à la bourre et tout. Moi, ça me ronge, quoi.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui te ronge ? C'est que tu as l'impression de ne pas être à la hauteur ?

  • Speaker #1

    J'aime même sortir en harmonie entre mes obligations, mes devoirs, ce que je dois faire, et mes kiffs, mon plaisir, mon sport et tout. Et je ne peux pas faire l'un sans l'autre. Donc, je ne peux bien bosser ou être bien dans mon élément que si à côté de ça, j'ai des soupapes. De la même manière, je ne peux profiter du moment présent que si de l'autre côté, j'ai bien bossé. Donc c'est toujours un équilibre assez fin à trouver.

  • Speaker #0

    Justement, c'est une bonne question, le moment présent. Parce que moi, c'est mon problème, mais c'est surtout, je trouve, un point commun chez énormément d'entrepreneurs. Le principe du métier d'entrepreneur, c'est d'essayer de prédire l'avenir quand même. C'est d'essayer, en tout cas, de se projeter sur le prochain move, de se projeter sur la prochaine solution. Donc c'est quand même un exercice qui est plutôt d'être dans le futur. Pas trop dans le passé, en tout cas les entrepreneurs que je connais sont assez peu dans le passé, ils sont tout le temps dans le futur, tu vois. Et du coup ils sont très peu dans le présent aussi. Toi dans quelle mesure tu arrives à être vraiment dans le présent, avec un métier qui est aussi intense, rapide, voilà. Et est-ce que tu trouves que c'est une bonne chose, nécessaire d'être dans le futur pour réussir dans ces métiers ?

  • Speaker #1

    C'est pas facile comme question ça.

  • Speaker #0

    Oui, j'adore les questions difficiles.

  • Speaker #1

    Je pense qu'on visualise le futur qu'on a envie de bâtir et que cette visualisation, elle ne doit pas te paralyser. Donc un bon entrepreneur ou même un bon investisseur va voir là où il veut aller, mais ça ne doit pas être un élément déterminant du quotidien. Au quotidien, c'est la consistance de ce que tu fais, de la manière dont tu le fais, les principes que tu appliques, qui ont des effets composés à terme et qui font que tu arrives à réaliser cette vision. Et d'ailleurs, c'était dans une lettre annuelle de Jeff Bezos qui disait « On surestime ce qu'on peut faire en un an et on sous-estime ce qu'on peut faire en dix. » Et donc l'entrepreneur, à force de regarder devant, en fait, se bloque l'esprit sur ce qu'il faut faire présentement pour y arriver. Et d'ailleurs, souvent, un exercice qu'on demande en board meeting avec nos entrepreneurs, c'est « prends la vision à 10 ans, fige-la. Prends la vision à un an, fige-la. Et ensuite, on va travailler en arrière pour voir ce que ça veut dire aujourd'hui. Et après, il faut que tu arrêtes de la regarder. On la regardera de nouveau dans 3 mois, dans 6 mois, dans 9 mois, dans 12 mois. Parce que tant que tu n'as pas les effets de ce que tu vas faire aujourd'hui, Ça sert à rien de te reprojeter dans un an, tu vois, 5 ans, 10 ans, quoi. Voilà. Et après, je pense que c'est aussi une question de tempérament. Moi, je vis à fond dans le présent. J'adore le présent. Parce que je sais pas si ça sert à quelque chose de regarder demain. Demain, je serai peut-être mort. Et j'en ai aucune idée, tu vois. Et t'entends des histoires d'horreur et de maladies tous les jours. Et tu peux pas te dire que toi t'es immunisé par rapport à ça quoi. Ça peut t'arriver. Donc ça sert à rien de regretter le fait de vivre présentement quelque chose d'agréable, donc même si t'as des choses derrière qui sont plus désagréables, qui sont difficiles et tout. Je comprends pas les gens qui se flagellent dans leur quotidien, de kiffer le moment présent, alors que tu vois, il y a des choses difficiles à côté. Donc il faut apprendre à profiter du moment présent. Et profiter du moment présent, c'est ne pas subir la pression extérieure, te rappeler que le monde... tourne sans toi, que à chaque fois qu'il t'est arrivé d'être à la bourre, que t'étais un peu surchargé, que t'avais des problèmes, en fait, les problèmes se solvent, les problèmes s'effacent, les tâches s'exécutent. En fait, le monde tourne. Et ton monde tourne aussi. Et toi, tu tournes. Faut pas t'inquiéter, quoi. Évidemment, c'est mieux d'être organisé, c'est mieux d'être efficace, c'est mieux de pas passer des heures sur des choses inutiles pour pouvoir être utile sur d'autres choses par ailleurs. Mais en réalité,

  • Speaker #0

    c'est qu'un long fleuve tranquille.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si c'est tranquille, mais en tout cas, j'aime bien dire que la vie est bien faite.

  • Speaker #0

    C'est quoi le moment ou les moments qui, selon toi, expliquent le plus là où tu en es aujourd'hui ? Des événements dans ta vie qui expliquent le fait que tu es aujourd'hui devenu investisseur, que tu t'es organisé comme ça ?

  • Speaker #1

    Bon déjà j'arrive pas à répondre à ta question exactement de où j'en suis aujourd'hui parce que c'est par là qu'il faut commencer quoi. Pourquoi ? Parce que je me suis jamais posé la question. Donc là tu me poses la question, tu me dis, tu vois, est-ce que tu regardes le passé, qu'est-ce qu'il fait, là où t'en es aujourd'hui, par rapport à là où t'en es aujourd'hui ? Bah où j'en suis aujourd'hui ? Aujourd'hui je suis dans le même esprit de conquête que celui d'il y a dix ans quand j'ai rejoint Xavier. Je pense même que c'est un esprit de conquête qui est renouvelé. qui est mieux organisée, qui grandit avec la maturité. Et donc moi, j'ai hâte des dix prochaines années, parce que je pense qu'elles vont être très différentes, parce que je fais les choses différemment aussi. Donc il y a ça. Je pense que j'aurais aimé être plus loin sur certaines réussites par rapport à des deals que j'ai faits, etc., et que j'y suis pas encore, et que ça, ça me pose la question de... Est-ce que je suis assez bon dans ce que je fais, quoi ? Et en même temps, il y a plein de choses et j'ai plein de retours d'entrepreneurs toutes les semaines qui sont heureux de nos échanges, des feedbacks que je leur donne, de ce qu'on a fait ensemble, etc. Donc j'ai quand même l'impression qu'on fait le travail. Il y a un truc qui est une notion qui est la notion d'ikigai chez les japonais.

  • Speaker #0

    J'adore.

  • Speaker #1

    Ce que tu fais bien. ce que tu aimes et ce pourquoi tu es utile au monde. En fait, c'est la composition des trois qui forme cette espèce de cœur.

  • Speaker #0

    C'est le rond, c'est l'intersection en fait.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est l'intersection. Moi, je suis en plein dedans. Et ça fait dix ans que je suis en plein dedans, dans cette ikigai. Et donc, en fait, j'ai quand même un équilibre, tu vois, intrapersonnel qui est très fort. Parce que je me sens aligné avec ce que je fais dans mon quotidien. Et voilà, mes chahuts internes, c'est des chahuts internes autour de... qui sont mon avis, tu vois, est-ce que je l'ai fait assez bien ? Est-ce que je l'ai fait avec assez d'ambition ? Avec assez de force ? Est-ce que je suis à la hauteur ? T'arrives quand même,

  • Speaker #0

    je trouve qu'il y a beaucoup d'entrepreneurs, en tout cas de manière générale, les gens qui sont performants, ont parfois du mal avec la satisfaction, la fierté, tu vois, le sentiment de fierté. En fait,

  • Speaker #1

    le problème de la satisfaction, c'est qu'elle s'évapore à une vitesse folle. Quand on a... Quand tu accompagnes une boîte pendant des années et qu'un jour elle se vend, tu te sens extrêmement vide le lendemain. C'est terrible. En fait, parce que ce qui était important, c'était la journée, tu vois, la concrétisation de la vente, l'argent, le machin et tout. Fondamentalement, ça ne te nourrit pas trop. Et d'ailleurs, c'est pour ça qu'il y a des entrepreneurs...

  • Speaker #0

    Ça nourrit ton CV, quoi.

  • Speaker #1

    Ouais, ton compte en banque et ton CV.

  • Speaker #0

    J'aurais pu penser quand même en premier.

  • Speaker #1

    Non mais tu vois, nourrir ton compte en banque et ton CV, c'est quand même pas ça qui te fait avancer le lendemain malheureusement. Le lendemain en fait c'est la prochaine histoire sur laquelle tu vas te battre. C'est pour ça qu'il y a quelque chose d'un peu boulimique chez les gens qui gagnent beaucoup d'argent, parce qu'en fait plus ils en gagnent, plus ils en gagnent, mais parce qu'en fait ils sont juste nourris par ces espèces de quêtes, les unes à la suite des autres, derrière lesquelles ils courent. Xavier, il ne rachète pas des boîtes telco pour l'argent, tu vois, avec ce qui pèse, c'est pas ça le sujet. rachète des boîtes telco parce que putain ça l'excite tu vois alors de racheter une boîte telco, de venir avec ses équipes, de couper dans les coups inutiles, d'amener tout ce qu'il sait faire là-dedans pour en faire une belle pépite. Et en fait, il fait une pépite après l'autre. C'est comme un chercheur d'or ou dans une mine de diamants, je ne sais pas quoi. En fait, tu ne cherches pas le gros. Évidemment, ta tête, tu as cette espèce d'imaginaire de « je cherche le gros lingot » . Mais en réalité, toute ta vie ne sera faite que de plein de petits lingots et c'est ça qui te fait kiffer. Et si un jour tu trouves le gros lingot, chuuut

  • Speaker #0

    suis pas sûr que tu serais agressé tu vas vouloir essayer de chercher encore un plus gros lingot tu vois ça va pas marcher justement c'est intéressant que tu en parles parce que c'est une question que je voulais te poser effectivement quand tu es investisseur tu cherches toujours le prochain deal le prochain bon avest la prochaine belle perf et et c'est vrai que je suis d'accord avec toi le problème de l'argent c'est la cupidité c'est quand tu quand tu viens à être en permanence insatisfait de ce que tu as déjà d'ailleurs on dit je sais plus ce que c'est l'étude mais c'est qu'il dit que Au-delà de, je ne sais plus ce que c'est, mais du style 80 000 euros par an de revenus, tu es marginalement plus heureux. Le gain marginal de bonheur. Le gain marginal de bonheur, le gain de bonheur est marginal. Et du coup, c'est vrai que ça dépend si tu cherches le bonheur, donc la satisfaction qui est plutôt le fait d'aimer ce que tu as déjà, ou est-ce que tu cherches l'excitation. Mais du coup, la question c'est comment tu travailles ton rapport à l'argent, toi, pour éviter ce côté cupidité. Et peut-être que Zéminel, tu as une réponse pour lui aussi. De courir toujours après plus. Et en même temps, d'être là, de continuer à être performant, d'accomplir des choses qui ont du sens pour toi. Comment tu navigues là-dedans ?

  • Speaker #1

    Déjà, pour l'anglicisme, je pense qu'il y a des choses qui sont outward facing et des choses qui sont inward facing. Outward facing, c'est justement la réussite des boîtes, le succès, l'argent, tout ce que ça va générer, etc. Quand tu fais ton métier et que tu cherches à générer du chiffre d'affaires, faire grossir ta boîte, devenir gros, devenir rentable, chercher ce succès un peu matériel, matérialiste. En réalité, pendant que tu fais ça, tu es aussi en train de nourrir la manière dont tu le fais et ce qui te grise dans la manière dont tu le fais. Et donc, moi, mon objectif personnel, c'est dans peut-être 10 ans, peut-être 15 ans, peut-être 20 ans, je ne sais pas quand, mais c'est d'arriver à ne plus chercher cette performance extérieure. Ou plutôt chercher le résultat, tu vois, la performance, mais plutôt me reconcentrer uniquement sur qu'est-ce que j'aime faire au quotidien et ce qui me nourrit déjà dans mes interactions avec les entrepreneurs. Donc prenons ce jeune artisan-là, ce jeune cuisinier chez Pierre Reboule. Et je parle de Pierre Reboule parce que ça me fait chier qu'il ait trois tables vides quand j'y étais l'autre soir. Il devrait être plein, il devrait avoir l'accueil, il devrait avoir des mois d'avance chez Pierre Reboule parce que c'est extraordinaire ce qu'il fait. Et je pense à ce... à ce jeune. Aujourd'hui, ce n'est pas mon quotidien de passer du temps avec ce jeune-là. Un, peut-être, oui, mais pas dix ou quinze. Peut-être que dans dix ans, ce qui va me griser, c'est exactement ce que tu as dit. Ça va être d'accompagner des artisans, en fait des gens à une échelle beaucoup plus petite, mais qui vont continuer de me nourrir parce que je vais faire exactement la même chose que je faisais avec les autres entrepreneurs, c'est-à-dire les aider à se réaliser. Moi, mon job, il est d'y croire, enfin d'écouter d'abord, première chose. Ensuite, une fois que tu as écouté, c'est poser des questions simples, mais qui permettent aux entrepreneurs de réaliser certaines choses. Oui,

  • Speaker #0

    tu as dit une phrase, il n'y a pas longtemps que j'ai oublié de m'utiliser, il y a un pouvoir incroyable dans les questions stupides.

  • Speaker #1

    Oui, et stupide, c'est pour un peu mettre l'accent sur le truc, mais en fait, c'est dans les questions simples. Donc, d'y croire, poser des questions simples. Non, écouter, poser des questions simples, y croire, et ensuite... donner confiance et permettre aux gens de se réaliser et en fait moi c'est ça mon quotidien

  • Speaker #0

    Et c'est ce que je kiffe faire.

  • Speaker #1

    Ce qui t'excite le plus, en tout cas je sens les paillettes dans les yeux, c'est surtout le fait d'aider des entrepreneurs à se réaliser plus que la performance en fait.

  • Speaker #0

    Totalement, et la performance c'est le résultat naturel d'aider des entrepreneurs à se réaliser. Aujourd'hui j'aide des entrepreneurs à se réaliser en faisant du venture capital, avec des moyens importants, sur des ambitions démesurées, et c'est très excitant. Mais je te dis pas que dans 15 ans en fait mon kiff ce sera plutôt d'aider des dizaines d'artisans à devenir des artisans exceptionnels à un scale beaucoup plus petit mais ça me rendra tout aussi fier.

  • Speaker #1

    Pourquoi tu commences pas maintenant si ça te fait vibrer déjà ?

  • Speaker #0

    Parce que en fait quand tu fais quelque chose quand tu regardes le futur, tu as la vision de ce que tu veux accomplir et Et dans cette vision de ce que tu veux accomplir, tu as le résultat final de ta boîte et tu as aussi le sentiment d'accomplissement personnel. Et moi, je ne l'ai pas atteint. Je ne pense pas avoir atteint ce cadre-là et je pense qu'il va me falloir encore 10-15 ans. Je pense que ça prend un peu de temps. Et si je faisais autre chose tout de suite, sans avoir finalisé cette première étape, je me sentirais... tu vois, incomplet, ou en tout cas j'aurais l'impression d'avoir fui quelque chose pour autre chose, tu vois. Et j'ai pas envie. Et d'ailleurs j'ai un investisseur que je connais bien qui monte sa boîte, et avant de monter sa boîte, il a accompagné deux de ses portfolio compagnie à lever des gros tours de financement, et en fait il a construit son portefeuille, et il me dit tu vois, je quitte ce fonds avec la satisfaction d'avoir fait mon travail jusqu'au bout. Moi, tant que... Je n'ai pas généré deux fois minimum cash on cash, en cash pur, ce que Xavier m'a permis d'investir depuis dix ans, et donc bientôt pendant quinze ans ou vingt ans, je ne serai pas satisfait. C'est marrant parce que l'objectif est précis. L'objectif est précis, je te dis ça, ça peut être un peu moins, ça peut être un peu plus, c'est juste que la mesure de la performance dans le métier, c'est le cash que je rapporte. Aujourd'hui, je n'ai pas encore rapporté. Je n'ai pas rapporté plus de cash que ce que j'ai investi. Et ça, je vais y arriver.

  • Speaker #1

    En même temps, c'est des plaies à 10 ans. C'est logique. J'imagine que c'est ce qu'attend aussi Xavier Niel. Il n'investit pas de l'argent dans les startups pour juste la journée.

  • Speaker #0

    Je me vois mal un jour aller voir Xavier et dire « Viens, on fait un kima de l'artisanat. Puis on laisse tourner le portefeuille à côté. » On verra ce qui se passe dans 5 ou 10 ans, si ce portefeuille génère effectivement le cash qu'il est censé générer par rapport à sa perf latente. Non, j'ai plutôt envie de lui dire, depuis 10 ans, j'ai énormément appris. En fait, cet apprentissage, je vais le mettre au service des 10 prochaines années pour des résultats décuplés, plutôt que redescendre d'un cran, tu vois.

  • Speaker #1

    Pour finir, j'aimerais bien qu'on parle de ton rapport au conflit.

  • Speaker #0

    Ouh là !

  • Speaker #1

    Ouh là là, direct ! Je trouve ça intéressant parce que, déjà, tu as un métier... qui suppose de dire beaucoup non, j'imagine.

  • Speaker #0

    Tout le temps.

  • Speaker #1

    Tout le temps, voilà. 90% du temps, j'imagine. Et puis, il y a plusieurs sujets que j'aimerais bien aborder avec toi. Alors, le premier, c'est déjà comment toi, tu es confortable avec le fait de dire non. Très confortable. Et est-ce que tu te sens confortable avec le conflit ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense que l'idée que je m'en fais est la réalité. Je pense que j'ai l'impression d'être très confortable avec le conflit. Parce que je dis souvent non et que j'ai pas peur de la confrontation, mais je pense que j'aime pas le conflit. Et donc c'est deux choses différentes. Moi j'avais tendance à mélanger les deux. A dire non mais moi le conflit ça me dérange pas parce qu'en fait la confrontation me dérangeait pas. Mais en fait c'est deux choses différentes. En fait moi j'aime pas le conflit.

  • Speaker #1

    C'est quoi la différence pour toi ?

  • Speaker #0

    On peut pas dire la confrontation parce que c'est la partie la plus facile. La confrontation c'est se mettre en face de quelqu'un. Et en tout cas, je pense qu'une bonne et belle confrontation, c'est une confrontation où on s'écoute, où on n'est pas d'accord, on se le dit, mais on se le dit avec de bonnes intentions, tu vois. Et à la fin, au bout de cette confrontation, on arrive à quelque chose où chacun a sorti son sac, on a réussi à se comprendre, et comme on s'est compris qu'on a sorti son sac, etc., on arrive quelque part, qui même c'est pas parfait, au moins, tu vois, les choses ont été... Tout est sorti avec les bonnes intentions. Et en fait, je trouve ça très... Je trouve quelque chose d'assez agréable dans la confrontation. Parce que, en fait, oui, la vie est faite de tensions, tu vois. Donc c'est important que ces tensions, elles s'expriment. Et après, la manière de bien se confronter, quoi. Le conflit... Il y a des gens qui sont conflictuels par nature. C'est-à-dire qu'à chaque fois qu'il y a quelque chose, ils vont chercher la petite bête, ils vont faire un petit peu chier, ils vont tuer, genre... Ils vont chercher le fight. Moi, je suis plutôt de nature à me poser ma question initiale, dès que je vois un début de couvrir un truc, c'est comment est-ce que j'évite le fight ? Parce qu'en fait, moi je veux kiffer, je veux pas me faire chier.

  • Speaker #1

    Ça te saoule de mettre de l'énergie dans un fight ?

  • Speaker #0

    99% des cas, tu vois. Quand le truc te bouffe intérieurement, bien sûr, t'y vas parce qu'en fait... tu as besoin de le confronter mais quand ce truc ne te bouffe pas intérieurement et que c'est un truc matériel ou petit ou tu vois qui ne change rien tu vois à ton quotidien à la face du monde ou je ne sais quoi putain en fait je préfère l'éviter quoi il fait chier d'y aller toi

  • Speaker #1

    tu as vécu du coup un conflit d'associés on peut le dire sur New Wave tu vois exactement comment tu le vois qui est un sujet que plein d'entrepreneurs vivent moi-même je l'ai vécu tu vois récemment donc je te pose la question euh... pas par voyeurisme, parce que ça peut aider je pense aussi des gens, tu vois. Comment tu as vécu cette période-là ? Et surtout, quelle est la plus grande leçon que tu en as tirée ?

  • Speaker #0

    Bon, ça a été très, très difficile.

  • Speaker #1

    Donc, pour le remettre du contexte, c'était un fonds New Wave dans lequel tu étais associé avec quelqu'un.

  • Speaker #0

    On s'est associé avec quelqu'un, on s'est séparé et cette séparation a été difficile. Très difficile. On va revenir directement aux conclusions. D'abord parce que moi je fais la paix avec ce conflit. J'ai fait la paix avec ce conflit parce que ce qui est important c'est qu'on avance. La première c'est que dans le conflit il y a un aspect matériel et un aspect émotionnel. L'aspect émotionnel sera toujours beaucoup moins prédictible, beaucoup plus important et fait ressortir les choses les plus profondes chez les gens par rapport à l'aspect matériel. Donc en fait il faut aborder l'aspect émotionnel en... tout tout tout tout tout premier lieu le sujet n'est pas matériel dans un conflit entre associés il est émotionnel il est sur comment tu me perçois quelle image tu renvoies aux autres qu'est-ce que ça va faire sur ma réputation, sur mon estime de moi, dans la là, en fait c'est tr��s complexe quoi, et l'émotion ce n'est jamais quelque chose qui se traite dans l'instant moi c'est très difficile pour moi parce que je suis une garçon très efficace par nature, j'aime que les choses aillent très vite,

  • Speaker #1

    et là c'est lent faut le temps d'absorber c'est même pas lent,

  • Speaker #0

    c'est naturel et en fait les émotions, les sentiments et tout ça de manière naturelle ça prend du temps. Donc il faut accepter ce temps quoi. Et ce temps ça veut dire que tu vas dire quelque chose à quelqu'un à un instant donné et que tu n'en verras les résultats que dans quelques jours, quelques semaines, quelques mois et qu'en plus c'est pas qu'une fois c'est deux fois, trois fois, dix fois en fait c'est un espèce de fil rouge à suivre quoi. Donc il faut prendre de l'avance. Un bon conflit c'est pas un conflit qui se... Les gens pensent qu'un bon conflit c'est c'est un conflit qui se traite vite. C'est pas vrai. Un bon conflit, c'est un conflit qui se traite avec le temps. Le temps que les choses se digèrent, se nourrissent, que les échanges se fassent, que tu prépares les choses à la fois émotionnellement, matériellement, etc. Donc un bon conflit entre associés, c'est un conflit qui doit prendre du temps. Donc prenez votre temps. Prenez votre temps d'abord de comprendre quelle est la situation, de comprendre comment vous vous ressentez, pourquoi vous vous ressentez comme ça, d'essayer de comprendre comment l'autre se ressent. Parce qu'en fait, il y a toujours deux côtés de l'histoire. Moi, dans le cadre de notre conflit... On peut dire qu'on était deux personnes avec des tempéraments différents à plein d'égards, et que ces tempéraments pouvaient créer des frictions qui étaient désagréables pour l'un comme pour l'autre. Après, il y a plein d'autres aspects dans le conflit, mais ça, c'était important. Et donc, il faut que tu comprennes comment l'autre se ressent.

  • Speaker #1

    Tu as réussi à le faire tout seul, ou est-ce que vous vous êtes fait aider par un médiateur ou par ce genre de choses ? tellement une solution qui est peu utilisée et utilisée trop tard au moment où les émotions sont tellement vives que c'est là où ça devient un conflit en réalité parfois quand ça bloque un peu si tu fais une médiation ça peut vite te boucler il y a eu un médiateur qui aurait pu rentrer dans la boucle à un moment donné,

  • Speaker #0

    c'était déjà trop trop trop tard une bonne médiation ça se fait très tôt, c'est certain, et dans tous nos conflits d'associés d'ailleurs, maintenant systématiquement je leur conseille de prendre un médiateur immédiatement Immédiatement, c'est ce médiateur qui a l'habitude justement de permettre à l'un et l'autre de comprendre les situations, les émotions, les sentiments, etc. Et donc de créer un terrain de synchronisation pour pouvoir avancer sereinement après. Un bon conflit, c'est un conflit qui ne se traite pas rapidement, qui se traite un peu lentement, au rythme des émotions et pas des aspects matériels qui s'en suivent. Et une fois qu'on a traité la partie émotionnelle, on peut traiter la partie matérielle.

  • Speaker #1

    Je pense en tout cas que c'est de se séparer, de se serrer la main sous la pluie. C'est ça, j'aime bien l'image. Oui,

  • Speaker #0

    j'aime bien, c'est joli. Après, le problème, c'est que souvent, quand on est face à une séparation ou un conflit, c'est souvent la première fois. Ça nous arrive peu dans la vie. Et donc, on apprend. Il n'y a pas longtemps, j'étais dans une situation conflictuelle, pas conflictuelle, mais qui aurait pu potentiellement être conflictuelle avec quelqu'un. Putain mais en fait je me suis rappelé toute l'expérience des 12 dividendes du mois, je peux dire que ça se passe nickel. Ça se passe nickel parce que je savais qu'il fallait que je fasse attention dans ce cadre-là.

  • Speaker #1

    Et tu arrives à ne pas, par peur de reproduire ou de revivre ce que tu as vécu, à ne pas transiger ou faire des compromis sur toi, tes besoins ? Parce que parfois tu vois c'est ce qui peut arriver. C'est que tu te dis en fait bon du coup fuck j'ai déjà vécu un truc et donc du coup je vais laisser tomber ce que je veux.

  • Speaker #0

    Moi je me sens beaucoup.

  • Speaker #1

    Il y a plus de mal à ne pas laisser le truc ?

  • Speaker #0

    Je pense que j'ai l'impression que je suis responsable de tout tout le temps. C'est déjà un struggle, un conflit intérieur à gérer chez moi.

  • Speaker #1

    Ton problème, c'est plus la peur de ne pas être aimé ?

  • Speaker #0

    Bien sûr,

  • Speaker #1

    100%. Peur du rejet ? Oui,

  • Speaker #0

    manque de reconnaissance, être inutile.

  • Speaker #1

    Être inutile ? J'avais demandé à ça au fondateur de Tiga, d'une fois je lui ai dit « Est-ce que tu préfères que tes salariés te disent qu'ils ont aimé travailler avec toi ou qu'ils ont grandi avec toi ? » Je me dis franchement, ça ne me fait pas plaisir de dire ça, mais je préfère que les gens aient aimé.

  • Speaker #0

    Pas facile. Les gens sont souvent ingrats. Tu as beaucoup de gens que tu as aidés à faire grandir, qui ne te diront pas que tu les as fait grandir. Et d'ailleurs, juste, c'est pas très sympa, mais dans l'entreprise, les patrons ont du mal à comprendre ce que ressentent leurs employés. Et l'inverse est vrai aussi, les employés ne comprennent pas ce que ressentent les patrons. Il y aura toujours une dichotomie là-dessus entre patron et employé. Le patron, il met ses tripes, il joue sa life, il a une prison quotidienne énorme et l'employé va dire qu'il n'est pas assez valorisé. qu'il est un élément important et que le patron n'a pas conscience de tous les efforts qu'il fait pour que son patron s'enrichisse. Et en fait, ce truc-là est universel et durera éternellement et ce n'est pas grave. Mais donc, ça veut dire que ça demande, si tu sors de là, de créer un environnement de travail où les gens, en tout cas, sont fiers, se sentent valorisés, ont l'impression de grandir et tout.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu crois avec cet événement de l'IA, des IA agents, etc., tout ce qu'on dit là-dessus ? C'est la fin du salariat, tu vois. C'est l'avènement dans la tech, je parle un plus tout particulièrement, tu vois, mais c'est l'avènement de ce que Sam Altman peut dire les prochaines boîtes à un milliard avec 20 personnes, tu vois.

  • Speaker #0

    Alors je sais pas, j'ai du mal à prendre en compte la notion de salariat. Mais je pense qu'il y a beaucoup de gens qui ont besoin d'être managés, d'être dans un environnement encadré. Ça les rassure. Ils préfèrent se lever le matin, pas en se disant j'ai la responsabilité de ce que je vais faire aujourd'hui, mais quelqu'un m'a donné des tâches à accomplir, dont les missions sont claires, sur lesquelles mon champ de compétences est clair aussi. Et à la fin de la semaine, à la fin du mois, je suis payé, je suis payé pour ça et ça me rassure. C'est important. Et ça, ça ne changera jamais. Il y a des gens qui veulent être des indépendants, il y a des gens qui veulent être salariés, il y a des gens qui ont besoin d'un cadre, d'autres qui le détestent. Et il y a des gens d'ailleurs qui devraient être salariés mais qui détestent le cadre et inversement.

  • Speaker #1

    Toi tu détestes le cadre, tu le dis, et pourtant t'es salarié.

  • Speaker #0

    Moi je suis pas vraiment salarié.

  • Speaker #1

    Comment tu considères son statut ?

  • Speaker #0

    Bah si tu demandes à... tu peux le demander à Xavier. Mais en fait, Xavier d'abord il fait confiance aux gens avec qui il bosse. Il leur demande... En fait Xavier il est impatient dans l'action, impatient dans les résultats. Donc il demande que tu sois là, que tu fasses le taf et je pense qu'il a besoin de ressentir que tu ne te satisfais pas de là où tu es et que tu continues de faire les efforts pour aller là où tu dois aller. Donc ce truc-là est important. Et tant que tu fais ça avec de l'éthique de travail, avec du talent, tout en continuant d'apprendre, il continuera de te faire confiance. Et après, la difficulté c'est que Xavier a mis l'activité en parallèle. Et donc, toi, en tant qu'une petite partie de ses activités, à quel moment tu le sollicites ? Pourquoi ? Comment ?

  • Speaker #1

    T'as encore peur de le solliciter, Xavier Niel ?

  • Speaker #0

    Tout le temps, depuis toujours. J'ai toujours peur de le déranger. Parce qu'en fait, comme Xavier, il est toujours sympa, et toujours avec nous, il travaille avec lui. Il est toujours moteur, il dit toujours oui et tout. De temps en temps, je me dis, mais merde, en fait, si je lui prends une heure ou deux sur un truc, alors qu'en fait, le jour J, ça va l'emmerder parce qu'il a peut-être d'autres trucs qui le tracassent. Je suis un peu embêté, tu vois. Donc, ouais, ouais, j'ai... Et moi, je le sollicite. peu ou le moins possible parce que j'ai peur de le déranger.

  • Speaker #1

    C'est pas facile parce qu'en plus, je trouve que ça fait quoi ? 11 ans maintenant que tu es chez Kimana ?

  • Speaker #0

    10 ans, ouais.

  • Speaker #1

    10 ans, ouais. Donc, tu as commencé au démarrage de... Tu es parti de dire que tu étais partenaire chez The Family à l'époque, je me souviens. Tu as quitté ce monde qui était déjà très excitant à l'époque, parce que The Family, c'était le cœur de l'écosystème à ce moment-là.

  • Speaker #0

    C'est grâce à The Family que j'ai eu mon job chez Xavier.

  • Speaker #1

    Ah ouais ?

  • Speaker #0

    Bien sûr. Il m'a permis d'être visible, de communiquer, et d'avoir une image à laquelle Xavier a pu se référer le jour où il s'est posé la question qui je vais mettre à la tête de qui m'a. Donc je serai toujours éternellement reconnaissant de cette expérience. Puis j'étais là au bon moment. C'est super.

  • Speaker #1

    Comment tu analyses d'ailleurs le conflit The Family ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il n'y a pas trop d'analyses à avoir. Ce qui est dommage, c'est l'ampleur que ça a pris, comme toujours, souvent. Et puis, c'était un joli jouet qui a été cassé. Et qui a été cassé parce que... Et d'ailleurs, on en revient à ce qu'on se disait avant. Quand tu es bootstrap, tu apprends de ton expérience. Et en fait, tu es face à toi-même et tu n'as pas l'argent extérieur, etc. Chez ce family, c'était quand même la même problématique que tous les incubateurs et que tous les accélérateurs du monde, c'est comment est-ce qu'on gagne de l'argent tout en accompagnant des boîtes dont on sait que les retours ne vont arriver que dans 10 ans. Donc, une espèce d'organisation bicéphale où d'un côté, tu accompagnes des entrepreneurs et de l'autre, tu as des activités pour gagner de l'argent maintenant. Et c'est hyper, hyper, hyper dur.

  • Speaker #1

    Il y en a qui réussissent. D'ailleurs, récemment, j'ai passé... pas mal de moments avec Pierre Paris, The Quest.

  • Speaker #0

    Ah oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    The Quest, pour faire le pitch, c'est cinq associés. D'ailleurs, c'est très étonnant que cinq associés, ça marche. Je ne sais pas trop comment ils fonctionnent, mais d'ailleurs, il m'a fait une réponse là-dessus. Il m'a dit qu'en fait, ils n'ont pas peur du conflit. En tout cas, ils n'ont pas peur du désaccord. Et donc, ils se rendent dedans les uns les autres.

  • Speaker #0

    Quand je ne suis pas d'accord avec Max sur un truc, je lui fais un mail, je lui dis, mais direct, je rentre dedans. Il n'y a jamais aucun problème. Il revient vers moi de manière hyper circonstanciée. là tu suis d'accord là tu suis pas d'accord tadada c'est hyper agréable non mais ils sont vraiment très bons

  • Speaker #1

    Et donc eux, ils accompagnent des très jeunes entrepreneurs à monter des boîtes plutôt très tech, très disruptives, comme on dit. Et pourquoi je te dis ça ? Et en fait, ils ont Maxime qui va plutôt se concentrer sur le très long terme, la capacité potentielle à faire un milliard, on va dire. Et Pierre qui, lui, se concentre sur comment je fais rentrer du cash maintenant. Et donc effectivement, dans ce type de modèle, il faut absolument que tu aies du cash qui rentre pour financer la vie. et puis que tu en aies un qui bosse sur le futur. Ce que The Family aurait pu réussir à faire, d'ailleurs avec un modèle comme Pathfinder, je me souviens, où ils faisaient du conseil sur les entrepreneurs et qui rapportaient un peu d'argent, mais je ne sais pas pourquoi. En fait, je pense qu'à un moment donné,

  • Speaker #0

    ils s'en oubliaient là-dedans. L'idée de Pathfinder, c'était du conseil au grand groupe. Donner du conseil au grand groupe, alors que de l'autre côté, tu conseilles les boîtes qui vont les disrupter. Tu peux donner le truc en long, en large, en travers. Ce n'est pas facile. Le truc qui marchait bien, je pense que là où The Familiar aurait pu killer le game en plus c'était la bonne période c'était 2015 C'était le contenu. On aurait dû, en fait, tu vois, Alice était exceptionnelle en termes d'énergie déployée pour que ce contenu existe. Oussama pour l'animer. Et Nicolas pour le crédibiliser. Et en fait, cet ensemble-là fait qu'ils auraient pu lancer X podcast, X truc, tout. Sur le contenu, on aurait dû juste mettre la gouache et ne faire que du contenu. C'est très facile à dire a posteriori, mais...

  • Speaker #1

    Oui, le contenu, ça rapporte de l'argent.

  • Speaker #0

    Mais le contenu... bien exécuté, c'est énorme.

  • Speaker #1

    Oui, c'est un rapport du cash, c'est clair. MrBeast est le premier YouTuber humilier.

  • Speaker #0

    Voilà, regarde la rapidité à laquelle un legend média a fait sa place en France.

  • Speaker #1

    C'est ouf. Tu penses que le podcast c'est un business en crise ou c'est un business de... Comme ça, je vais savoir si je continue ou pas très longtemps.

  • Speaker #0

    C'est un business de pour-haut, comme le VC, il n'y a que le top 1% qui va générer 99% de l'argent. Donc, il faut être dans les meilleurs.

  • Speaker #1

    Il faut être dans le top 1%.

  • Speaker #0

    Si t'es pas dans le top 1%, dis-toi que tu fais ça par passion. Pas pour autre chose.

  • Speaker #1

    C'est pour ça que je le fais pour l'instant. Effectivement, je connais bien Mathieu Stéphanie qui était dans le club au début. Il incarne bien ça. Parce que lui, avec son podcast, il fait plus d'un million de revenus en sponsoring. Sur des échelles de coût.

  • Speaker #0

    Mathieu est dans le 1% du 1%.

  • Speaker #1

    Oui, il est dans le 1% du 1%. Mais je pense qu'en plus, comme il a une cible B2B... Il monétise son audience beaucoup plus cher que d'autres podcasts qui font même parfois plus d'audience, mais qui sont metoussis.

  • Speaker #0

    Il est très bon, c'est un des grands exemples.

  • Speaker #1

    Deux dernières questions pour terminer. Quel est ton plus grand regret ?

  • Speaker #0

    Professionnel ou personnel ?

  • Speaker #1

    Tu choisis.

  • Speaker #0

    Écoute, on va rester sur le cadre pour mon plus grand regret. Pro, c'est de ne pas avoir été là pour une de nos boîtes lorsqu'il s'agissait de structurer la gouvernance beaucoup mieux pour qu'elle réussisse. Et que le gain potentiel de cette boîte par rapport à la perte que ça a généré est monstrueux.

  • Speaker #1

    Et tu as le sentiment que si tu avais été présent pour les aider à...

  • Speaker #0

    Si ça avait été aujourd'hui, par rapport à il y a 5 ans, j'aurais géré la situation différemment. Et l'output aurait été probablement différent.

  • Speaker #1

    Ça me fait penser à une petite question subsidiaire qui est que tu as dit récemment aussi que tu n'as pas investi dans une boîte parce que tu considérais que le fondateur était un con. Et que c'était potentiellement un manque à gagner d'aujourd'hui 50 millions.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    Tu regrettes une décision comme ça ?

  • Speaker #0

    Je pense que la raison pour laquelle je regrette, c'est parce que... t'aimer un jugement de valeur sur quelqu'un en réalité t'as plein de gens que tu finances que tu penses qu'ils sont bien et en fait c'est des cons aussi donc en fait au moins lui c'était clair il n'y avait pas de choix et ensuite ça reste une belle boîte et donc je suis un peu je m'en veux un petit peu d'avoir été pris par le... il y avait 3 éléments, c'était pas le seul élément il y avait 3 éléments différents dans la boîte mais c'était un des 3 Voilà Peut-être que j'aurais dû être beaucoup plus trivial dans ma façon de penser et pas trop réfléchir à ce deal-là.

  • Speaker #1

    Et c'est quoi ta définition d'un con ?

  • Speaker #0

    Quelqu'un qui... Enfin d'ailleurs, je ne sais pas un con, mais c'est un connard. Un connard, c'est quelqu'un qui n'a pas de... Ah ! Il faut que je trouve le bon mot.

  • Speaker #1

    Empathie ?

  • Speaker #0

    Non, je ne crois pas beaucoup en l'empathie, moi. Je crois en la compassion rationnelle. L'empathie c'est un truc qui fait mal, c'est pas bon, ça peut te bouffer quelqu'un, quelqu'un qui a trop d'empathie, ça va le bouffer au quotidien, c'est dangereux. La compassion c'est important, et la compassion rationnelle c'est ce qui te permet de faire la part des choses. Donc je crois plus en la compassion qu'en l'empathie, et ce mec là, il est un connard, c'est quelqu'un qui ne se pose pas la question. de ce que les gens ressentent quand ils leur parlent, quand ils agissent, quand ils font les choses, tu vois. Ils ne se rendent pas compte. Tu peux rendre quelqu'un de très malheureux dans ton style de management ou de leadership au quotidien, et toi, ça te fait ni chaud ni froid. Je pense que c'est un manque d'empathie quand même. C'est les gens qui ont en fait un niveau d'empathie, genre, tu vois, qui est un peu plus bas que la moyenne, premièrement, et qui, deux, sont un peu sans filtre. Et en fait ce combo là il est dangereux parce que ça fait des gens qui... Tu vois ça détruit des personnalités quoi.

  • Speaker #1

    Ah bah bien sûr. Mais tu sais j'écoutais sur Legend justement un psychiatre de psychopathe tu vois. Ouais. Et il disait...

  • Speaker #0

    C'est le père de Alice Daguiri.

  • Speaker #1

    Ah d'accord mais t'as raison il s'appelle Alice Daguiri. Ouais ouais. Ah oui c'est très drôle. Alors là il disait ça, c'était super intéressant. Il disait est-ce que tu sais quel est le top 3 des professions où il y a le plus de psychopathes ? Essaye vas-y.

  • Speaker #0

    Bah je sais pas mais j'imagine que du coup tu verras les entrepreneurs. Non c'était quoi le truc ?

  • Speaker #1

    Les entrepreneurs non.

  • Speaker #0

    Non c'était quoi ?

  • Speaker #1

    Alors numéro 1 c'est les politiques.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Numéro 2 c'est les chefs d'entreprise.

  • Speaker #0

    Bon chefs d'entreprise pardon ok.

  • Speaker #1

    Ouais parce que je pense que c'est plus chefs de grandes entreprises que entrepreneurs tu vois.

  • Speaker #0

    D'accord je comprends ce que tu dis.

  • Speaker #1

    Et numéro 3 c'est les chirurgiens.

  • Speaker #0

    Ouah c'est dingue !

  • Speaker #1

    Ouais parce que les chirurgiens en fait il faut absolument que tu manques... Si tu te mets à stresser, à avoir peur de faire du mal à l'autre, évidemment que ta main tremble.

  • Speaker #0

    Et peut-être aussi que tu as le niveau d'empathie, mais qu'à mesure que tu avances dans ta carrière, comme tu as besoin d'Annie, il est ça pour pouvoir faire ton métier, c'est comme les gens qui font face à la mort tous les jours.

  • Speaker #1

    Et c'est la deuxième leçon que j'ai trouvé assez fascinante, c'est que la sociopathie n'est pas innée, elle est acquise souvent. Et ça c'est quand même fou. Ça veut dire que c'est un environnement dans lequel tu vis. La confrontation à la mort, ça peut être ça, mais ça peut être la violence managériale, ça peut être la violence, la guerre, tu vois. Qui vont faire que tu vas bloquer à un moment donné ton canal empathique. Et chez les politiques, c'est un peu ça. C'est-à-dire qu'en fait, Macron, tous les psys, les psys adorent analyser les hommes politiques, ils te disent qu'en fait, le gars, il a... Et c'est ça qui crée, je pense, une telle distance avec les gens et qui font qu'aujourd'hui, il est détesté. C'est qu'en fait, il a coupé son canal empathique, en réalité. Il est très rationnel, tu vois.

  • Speaker #0

    Pour se protéger, parce que c'est quelqu'un qui a l'air d'être assez hypersensible. Je ne le connais pas, mais il est très sensible. Je pense qu'à un moment donné, si tu es dans ce monde politique qui est assez violent, tu t'en protèges comme ça. C'est ouf.

  • Speaker #1

    C'est ça. Donc voilà, faut faire gaffe à ça. Mais je pense avoir des enfants t'inquiète, ça te protège pas mal de ça. En tout cas moi c'est ce que je me dis pour moi avec la mère.

  • Speaker #0

    Pour te rassurer ?

  • Speaker #1

    Ouais pour me rassurer exactement. Dernière question, pour qui tu as le plus de gratitude aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Euh... Waouh ! Ecoute instinctivement j'allais répondre pour Xavier. Et après il y a la personne pour qui j'ai le plus de gratitude, c'est ma mère. Aujourd'hui c'est les gens qui sur la plus longue durée ont eu un impact sur moi. Et après j'ai deux autres personnes en tête mais je les garderai pour moi. Ok. Bon.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Jean d'être livré dans un poil et sans filet.

  • Speaker #0

    Avec plaisir.

  • Speaker #1

    Et puis je te souhaite un bon retour ex.

  • Speaker #0

    Une bonne semaine surtout, on n'est que lundi mon vieux, maintenant il va falloir enchaîner.

  • Speaker #1

    Ah tu restes à Paris là ?

  • Speaker #0

    Ah ouais ouais ouais. Ah d'accord. Il faut aller bosser.

  • Speaker #1

    Il faut aller bosser. Allons bosser.

  • Speaker #0

    Merci Jean. A bientôt.

  • Speaker #1

    Ton problème, c'est plus la peur de ne pas être aimé ?

  • Speaker #0

    Bien sûr,

  • Speaker #1

    100%. Peur du rejet, quoi ?

  • Speaker #0

    Oui, manque de reconnaissance, être inutile.

  • Speaker #1

    Être inutile ? J'avais demandé à ça au fondateur de Tiga, est-ce que tu préfères que tes salariés te disent qu'ils ont aimé travailler avec toi ou qu'ils ont grandi avec toi ? Je me dis franchement, en vrai, ça ne me fait pas plaisir de dire ça, mais je préfère que les gens aient aimé.

  • Speaker #0

    Pas facile. Les gens sont souvent ingrats. Tu as beaucoup de gens que tu as aidés à faire grandir, qui ne te diront pas que tu les as fait grandir. Et d'ailleurs, c'est pas très sympa, mais dans l'entreprise, les patrons ont du mal à comprendre ce que ressentent leurs employés. Et l'inverse est vrai aussi, les employés ne comprennent pas ce que ressentent les patrons. Il y aura toujours une dichotomie là-dessus. Le patron est employé. Le patron, il met ses tripes, il joue sa life, il a une prison quotidienne énorme. Et l'employé va dire qu'il n'est pas assez valorisé, qu'il est un élément important et que le patron n'a pas conscience de tous les efforts qu'il fait pour que son patron s'enrichisse. Et en fait, ce truc-là est universel et durera éternellement et ce n'est pas grave. Mais donc, ça veut dire que ça demande, si tu sors de là... de créer un environnement de travail où les gens en tout cas sont fiers, se sentent valorisés, ont l'impression de grandir et tout.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu crois qu'avec cet événement de l'IA, des IA agents, etc., tout ce qu'on dit là-dessus, c'est la fin du salariat ? C'est l'événement dans la tech, je parle plutôt particulièrement, tu vois, mais c'est l'événement de ce que Sam Altman peut dire, les prochaines boîtes à un milliard avec 20 personnes, tu vois.

  • Speaker #0

    Alors je sais pas, j'ai du mal à... Tu vas prendre en compte la notion de salariat. Je pense qu'il y a beaucoup de gens qui ont besoin d'être managés, d'être dans un environnement cadré. Ça les rassure. Ils préfèrent se lever le matin, pas en se disant j'ai la responsabilité de ce que je vais faire aujourd'hui, mais quelqu'un m'a donné des tâches à accomplir, dont les missions sont claires, sur lesquelles mon champ de compétences est clair aussi. Et à la fin de la semaine ou à la fin du mois, je suis payé, je suis payé pour ça et ça me rassure, c'est important. Ça, ça ne changera jamais. Il y a des gens qui veulent être des indépendants, il y a des gens qui veulent être salariés, il y a des gens qui ont besoin d'un cadre, d'autres qui le détestent. Et il y a des gens d'ailleurs qui devraient être salariés mais qui détestent le cadre et inversement.

  • Speaker #1

    Toi, tu détestes le cadre, tu le dis, et pourtant tu es salarié.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas vraiment salarié.

  • Speaker #1

    Comment tu considères ton statut ?

  • Speaker #0

    Si tu demandes à... Tu peux le demander à Xavier, mais en fait... Xavier d'abord il fait confiance aux gens avec qui il bosse. Il leur demande... En fait Xavier il est impatient dans l'action, impatient dans les résultats. Donc il demande que tu sois là, que tu fasses le taf. Et je pense qu'il a besoin de ressentir que tu ne te satisfais pas de là où tu es. Et que tu continues de faire les efforts pour aller là où tu dois aller tu vois. Donc ce truc là est important. Et tant que tu fais ça avec... de l'éthique de travail, avec du talent, tout en continuant d'apprendre et il continuera de te faire confiance. Et après, la difficulté c'est que Xavier a mis l'activité en parallèle. Et donc, toi, en tant qu'une petite partie de ses activités, à quel moment tu le sollicites ? Pourquoi ? Comment ?

  • Speaker #1

    T'as encore peur de le solliciter Xavier Lignel ?

  • Speaker #0

    Tout le temps, depuis toujours. J'ai toujours peur de le déranger. Parce qu'en fait, comme Xavier, il est toujours sympa, et toujours avec nous, en fait, avec nous qui travaillons avec lui, il est toujours moteur, il dit toujours oui et tout. De temps en temps, je me dis, mais merde, en fait, si je lui prends une heure ou deux sur un truc, alors qu'en fait, le jour J, en fait, ça va l'emmerder parce qu'il a peut-être d'autres trucs qui le tracassent. Je suis un peu embêté, tu vois. Donc, ouais, ouais, j'ai... Moi, je le sollicite peu ou le moins possible parce que j'ai peur de le déranger.

  • Speaker #1

    c'est pas facile parce qu'en plus je trouve que Ça fait quoi ? 11 ans maintenant que tu es chez Kiman ? 10 ans, oui. 10 ans, oui. Donc tu as commencé au démarrage de... Tu es parti de dire que tu étais partenaire chez The Family à l'époque, je me souviens. Tu as quitté ce monde qui était déjà très excitant à l'époque, parce que The Family, c'était le cœur de l'écosystème à ce moment-là.

  • Speaker #0

    C'est grâce à The Family que j'ai eu mon job chez Xavier.

  • Speaker #1

    Ah oui ?

  • Speaker #0

    Bien sûr. Il m'a permis d'être visible. de communiquer et qu'en fait d'avoir une image à laquelle Xavier a pu se référer le jour où il s'est posé la question qui je vais mettre à la tête de Kimar donc je serai toujours éternellement reconnaissant de cette expérience puis j'étais là au bon moment c'est super

Chapters

  • Intro

    00:00

  • 01:03 | Aix : un hub d’entrepreneurs

    00:00

  • Qui est Jean derrière la human machine ?

    03:25

  • Est-ce que le ROI justifie tous les sacrifices ?

    05:14

  • Leçons de la plus grosse plantade de Kima (10M€)

    07:28

  • D’où est venue la crise de la tech de 2021 ?

    09:30

  • Le débat : Bootstrap vs Levées

    12:40

  • L’art de vivre : notre atout en France

    18:02

  • Le problème de l’enchaînement des tours de levées

    22:00

  • Que conseillerait-il à ses enfants : bootstrap ou lever ?

    27:09

  • Le vrai entrepreneuriat : défendre sa vision du monde

    33:15

  • Le secret de l’investisseur qui réussit : l’indépendance

    38:20

  • La dernière fois que Jean s’est senti à poil et sans filet

    39:22

  • Ce qui rend Jean inconfortable

    41:29

  • Les enfants et la gestion des émotions

    43:40

  • Vibre dans le futur : force et angoisse de l’entrepreneur

    48:19

  • Est-ce que Jean est fier de lui ?

    54:20

  • Pourquoi Xavier Niel en veut toujours plus

    56:20

  • 59:30 | Ce que préfère Jean dans son métier

    59:30

  • La peur du conflit

    01:02:30

  • Comment Jean a résolu un conflit d’associé

    01:05:10

  • L’opposition salarié vs patron

    01:10:28

  • Sa relation avec Xavier Niel

    01:13:08

  • Notre lien à TheFamily

    01:14:50

  • Faut-il que je continue mon podcast ?

    01:17:53

  • Le plus grand regret de Jean

    01:19:37

  • Sa définition d’un con

    01:21:13

Description

J’ai demandé à Jean de La Rochebrochard s'il conseillerait à ses enfants de lever s'ils lancent une boîte. Il m’a répondu sans hésiter : “Je leur recommanderais le bootstrap.”

C’est marrant.

Parce que Jean finance 2 à 3 startups par semaine.

Plus de 1000 deals en 10 ans, dont Alan, Payfit ou Zenly.

Des décisions prises en 20 minutes chrono, avec une lucidité glaçante.

Mais quand il parle entrepreneuriat à ses enfants, il les invite à :

- construire dans le dur.

- rester pauvre longtemps pour garder son agilité.

- garder une discipline financière.

Et il m’a lâché cette phrase : “Avec l’argent vient le vice.”

En gros trop de fondateurs ouvrent leur capital pour frimer :

Pour “se payer un runway”

Pour obtenir leur article dans Les Échos

Pour briller dans les dîners où personne ne comprend ce qu’ils font

Mais le capital ne résout pas les problèmes de fond.

Il les déguise.

Et c’est souvent quand tu as levé que tu perds le contrôle.

C’est pour ça que j’ai lancé le Club Bootstrap en 2021 :

+130 dirigeants de startups et PME

Tous profitables

Tous indépendants ( 80% du capital aux fondateurs)

Pas pour jouer les rebelles anti VC.

Mais pour remettre le cap sur le produit, le client, le cash.

Alors j'attendais ce débat avec Jean depuis longtemps.

Parce qu’on a parlé du vrai sujet : Pourquoi entreprendre ?

Et on s’est demandé si, au fond, l’argent n’était pas le pire ennemi de l’entrepreneur.

Hâte d’avoir vos retours sur l’épisode d’A Poil et Sans Filet.

PS : on a aussi parlé de l’homme derrière la machine : ses doutes, ses pires erreurs (d’invest), son syndrome de l’imposteur.

----------------------

⏱️ Timeline de l'épisode ⏱️

00:00 | Introduction

01:03 | Aix : un hub d’entrepreneurs

03:25 | Qui est Jean derrière la human machine ?

05:14 | Est-ce que le ROI justifie tous les sacrifices ?

07:28 | Leçons de la plus grosse plantade de Kima (10M€)

09:33 | D’où est venue la crise de la tech de 2021 ?

12:40 | Le débat : Bootstrap vs Levées

18:02 | L’art de vivre : notre atout en France

22:00 | Le problème de l’enchaînement des tours de levées

27:09 | Que conseillerait-il à ses enfants : bootstrap ou lever ?

33:15 | Le vrai entrepreneuriat : défendre sa vision du monde

38:20 | Le secret de l’investisseur qui réussit : l’indépendance

39:22 | La dernière fois que Jean s’est senti à poil et sans filet

41:29 | Ce qui rend Jean inconfortable

43:40 | Les enfants et la gestion des émotions

48:19 | Vibre dans le futur : force et angoisse de l’entrepreneur

54:20 | Est-ce que Jean est fier de lui ?

56:20 | Pourquoi Xavier Niel en veut toujours plus

59:30 | Ce que préfère Jean dans son métier

1:02:30 | La peur du conflit

1:05:10 | Comment Jean a résolu un conflit d’associé

1:10:28 | L’opposition salarié vs patron

1:13:08 | Sa relation avec Xavier Niel

1:14:50 | Notre lien à TheFamily

1:17:53 | Faut-il que je continue mon podcast ?

1:19:37 | Le plus grand regret de Jean

1:21:13 | Sa définition d’un con


Ma chaîne Youtube (épisodes en vidéo) : @MatthieuLaulan
Pour être sponsor de l'émission : matthieulaulan01@gmail.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les gens disent sur All In More qu'ils ne regrettent pas ce qu'ils ont fait, ils regrettent ce qu'ils n'ont pas fait.

  • Speaker #1

    A la tête de Kim Aventure, le fonds d'amorçage de Xavier Niel, tu as signé plus de 1000 deals.

  • Speaker #0

    Avec l'argent vient le vice, ce n'est pas la meilleure source d'apprentissage. L'apprentissage il est dans le dur, il n'est jamais dans le confort. Cette boîte-là, c'était un investissement énorme et là, tu n'arrêtes pas de ruminer tout ce que tu aurais pu faire pour changer la trajectoire d'une boîte qui avait levé 200 millions d'euros.

  • Speaker #1

    Les levées de fonds, c'est comme les antibiotiques, ce n'est pas automatique.

  • Speaker #0

    J'aime beaucoup. Si tu donnes de l'argent à quelqu'un qui n'a pas appris à le gérer, c'est sûr que ça va mal se passer. On essaie de faire passer pour des américains. Et en fait on est pas des américains, on est des killers sur cette art de vivre. Pourquoi est-ce qu'on défend pas notre artisanat ?

  • Speaker #1

    Pourquoi tu deviens pas investisseur dans l'art de vivre alors ? C'est quoi ta définition d'un con ?

  • Speaker #0

    T'as fait HSC, t'es très articulé sur ton pitch, et t'es un investi comme ça, il s'excite et boum il lui jette de l'argent quoi. Et comme il lui jette de l'argent, tous les copains qui étaient à côté qui ont un peu jeté de l'argent, Il faut qu'on jette de l'argent Xavier il rachète pas des boîtes telco pour l'argent Il rachète des boîtes telco parce que que putain ça l'excite tu vois. Faut apprendre à profiter du moment présent. C'est ne pas subir la pression extérieure, te rappeler que le monde tourne sans toi, que à chaque fois que t'avais des problèmes, en fait les problèmes se solvent.

  • Speaker #1

    Bon écoute Jean, ravi de te revoir, la dernière fois c'était en 2015.

  • Speaker #0

    10 ans, j'imagine.

  • Speaker #1

    Mais tu n'as pas beaucoup changé.

  • Speaker #0

    Écoute, j'espère même avoir essayé de rajeunir.

  • Speaker #1

    Bah c'est un peu le projet quand même, Human Machine, c'est... Est-ce que c'est un peu comme...

  • Speaker #0

    Brian Johnson ?

  • Speaker #1

    Brian Johnson ou...

  • Speaker #0

    Non, pas du tout. C'est assez morbide quand même. Le mec en fait donne son corps à la science. Mais du coup il en oublie sa vie, c'est dommage.

  • Speaker #1

    C'est un peu le délire de la Silicon Valley quand même. Le transhumanisme parfois va un petit peu trop loin, on oublie que c'est la mort qui donne le sel de la vie.

  • Speaker #0

    Tout va un peu trop loin là-bas de toute manière.

  • Speaker #1

    Alors aujourd'hui tu es rentré de week-end ? On a la chance d'avoir ta femme en studio, on peut le dire, qui nous écoute tranquillement.

  • Speaker #0

    Exactement. On devait arriver samedi pour l'anniversaire de sa sœur. Et puis en fait la semaine a été quand même très très très longue parce que lundi il a fallu que j'aille à Toulouse, mardi j'avais 100 pitchs d'entrepreneur, mardi soir je rentrais, jeudi matin je repartais à Paris, jeudi soir je redescendais à Aix-en-Provence, vendredi on avait une séance complète avec Emmanuel Seguet, mon associé chez Cassius de Midané, ensuite je retournais dans le sud et puis je remontais à Paris le samedi. Ça faisait trop, du coup on a décalé du samedi au dimanche, on est arrivé hier, on est là pour la semaine à Paris et ensuite on repart.

  • Speaker #1

    Alors qu'est-ce qui se passe à Aix-en-Provence ? Parce qu'en effet, t'es devenu un hub de start-upeurs, enfin plutôt d'entrepreneurs matures je dirais, mais je connais beaucoup d'entrepreneurs à succès qui vivent à Aix ou qui ont bougé à Aix.

  • Speaker #0

    Aix, bon déjà t'es à 3h de Paris en train, c'est très pratique, t'as du soleil toute l'année, il fait beau, t'as une super école internationale pour les enfants. Et tu as l'aéroport de Marseille qui n'est pas loin. Et si vraiment tu as besoin d'aller à l'international, tu as Nice aussi qui n'est pas trop loin. Alors que pour tous ceux qui veulent aller à Nice ou ailleurs, à Nice, le train, c'est beaucoup plus long pour aller à Paris. Tu es obligé de prendre l'avion. C'est beaucoup plus gros aussi. Donc même en termes de trafic et tout, ce n'est pas très pratique. Voilà, Aix, c'est un hub un peu idéal. Après, il ne faut pas se tromper. Oui, tu as des entrepreneurs matures qui habitent à Aix. Oui, Aix a une qualité de vie extraordinaire. Bisous Comme tu dis, c'est bon pour des gens matures qui savent travailler. Parce que sinon, je ne suis pas sûr que ça te donne vraiment de bons exemples pour le quotidien.

  • Speaker #1

    Ok. Bon. Écoute, je vais en profiter du coup pour te présenter.

  • Speaker #0

    Yes.

  • Speaker #1

    Voilà. Je commence par le classique que tout le monde connaît. À la tête de Kim Aventure, le fonds d'amorçage de Xavier Niel, tu as signé plus de 1000 deals en 10 ans. Deux à trois startups financées chaque semaine avec une équipe de trois personnes et un stagiaire. J'ai failli faire partie d'ailleurs. C'est en 2015 quand on s'est vu. Je sais pas si tu te souviens, mais j'avais passé le process avec Alexis et toi. Voilà, il s'en souvient pas du tout mais c'est normal, il a un stagiaire tous les six mois depuis dix ans.

  • Speaker #0

    D'ailleurs que des killers, ils ont tous fait des trucs super et tout, c'est vraiment sympa de les voir évoluer. Il y a pas longtemps ils se sont fait une espèce de réunion entre stagiaires, ils nous ont envoyé une photo à Alex et moi, c'était trop sympa de les voir tous réunis comme ça.

  • Speaker #1

    Tous les stagiaires depuis dix ans ? Tous,

  • Speaker #0

    mais tous depuis quatre ans ouais.

  • Speaker #1

    Tous depuis quatre ans.

  • Speaker #0

    Tu vois, bon après il y en a qui sont restés un an donc en fait j'en ai pas un tous les six mois. J'en ai qui sont restés un peu plus longtemps Ok,

  • Speaker #1

    écoute moi j'avais quasiment fini le process avec vous Et j'avais eu The Family Qui était un peu mon job de rêve, j'étais parti à Berlin Je sais pas si j'ai fait le bon choix à posteriori Mais c'était intense Il n'y a pas de mauvais choix,

  • Speaker #0

    il n'y a que de bons apprentissages

  • Speaker #1

    Oui c'est ça, je connais la théorie Alors tes choix ont propulsé P-Fit, Alan, Zenly, Biril Tu décides d'investir en 20 minutes chrono Tu as 3 enfants, tu bosses comme un fou Et tu cours même des Ironman le dimanche Mais alors quelles sont les failles Derrière la human... machine. Le stress de devoir toujours être au top, le temps qui manque tout le temps, les relations d'associés qui peuvent déraper sur New Wave, le désir secret peut-être d'être un entrepreneur bootstrap, la discipline forcée d'un homme qui se dit bordélique de nature. C'est tout ce que j'ai envie d'aborder avec toi et surtout à l'heure de l'IA. est-ce que le L'héroïne justifie de devenir une human machine. Alors dans cet épisode d'Apoil et sans filet, tu enlèves la carapace et ça c'est peut-être ton investissement le plus risqué.

  • Speaker #0

    Ouais, tout ce que t'as dit plus haut c'est peut-être un peu tout ça à la fois, donc ça va être intéressant.

  • Speaker #1

    Est-ce que t'as une première réponse ?

  • Speaker #0

    Oh là là, ça dépend à quelles questions tu veux qu'on réponde, je m'en rappelle même plus.

  • Speaker #1

    La plus grosse, c'est ce que le héroïne justifie de devenir une human machine.

  • Speaker #0

    Moi j'aime bien revenir sur les basiques. Qu'est-ce que le ROI ? C'est le retour sur investissement. Le retour sur investissement, c'est tirer profit de quelque chose que tu as réalisé. Donc c'est sûr que, et tu peux commencer sur un truc basique, c'est quand tu fais un plat de pâtes, tu vois, est-ce qu'investir dans le fait de mettre un chrono de 11 minutes sur tes pâtes de 11 minutes, c'est un bon investissement ? Ouais, c'est un bon investissement, parce que tes pâtes trop cuites, à moins que tu adores ça comme ça, c'est pas bon quoi. Ou les pâtes pas cuites, c'est horrible, parce qu'il faut que tu fasses recourchouffer de l'eau, parce que ton os est parti dans l'évier. Et voilà, donc oui. Le ROI, tu vois, justifie l'effort parce que c'est ça qui nous grise, tu vois. C'est de travailler et tu sais quoi ? Non, c'est pas ça. C'est que se dire que tu as fait l'effort, fais comme même si tu n'y arrives pas. Même s'il n'y a pas le ROI escompté, tu ne regrettes pas parce qu'au moins tu as fait l'effort nécessaire qui tu penses te permettait d'aller à ce résultat, tu vois. Le problème, c'est le regret de ne pas avoir fait ce qu'il fallait. C'est terrible, ça.

  • Speaker #1

    Ton moteur, c'est d'éviter au maximum les regrets ?

  • Speaker #0

    Les gens disent sur Alimor qu'ils ne regrettent pas ce qu'ils ont fait, ils regrettent ce qu'ils n'ont pas fait. Donc je pense qu'en fait on ne regrette jamais ce qu'on a fait en réalité. D'abord parce que ça nous rassure. Et que si on commence à regretter toutes les erreurs qu'on avait faites, moi je peux dire que j'en ai une longue, longue, longue liste de conneries. Je ne sais pas si j'ai envie de me la marquer au-dessus de mon bureau. Et ensuite parce que la vie elle est faite pour être vécue. Et vivre ça veut dire faire des bêtises, ça veut dire faire des erreurs, ça veut dire apprendre. Et donc on ne peut pas vivre de regrets, c'est horrible.

  • Speaker #1

    C'est le principe même de l'investissement en tout cas. En tout cas, early stage, c'est de beaucoup échouer pour avoir 20% de succès. Oui,

  • Speaker #0

    et d'ailleurs dans l'investissement early stage, quand on a une boîte qui plante ou qu'il y a une erreur, ou qu'on a fait un deal qu'on n'aurait pas dû faire, à posteriori, on se demande s'il y avait les éléments au démarrage pour pouvoir prendre une autre décision. Et en fait, c'est juste ça qu'on essaye de tirer comme enseignement pour l'investissement suivant. Mais après, on ne regrette pas d'avoir... Les vrais regrets, c'est sûr, tu vois, on parlait de ROI. Il n'y a pas longtemps, j'ai une boîte qui a planté. C'est une plantée de 10 millions d'euros pour nous. C'est énormissime.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire que vous avez investi 10 millions ?

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Ah bon, je pensais que vous investissiez en moyenne quand même beaucoup moins.

  • Speaker #0

    On a fait quelques plus gros deals, tu vois, PFI, T-Band First, Alan et d'autres. Et donc cette boîte-là en question, on a entre guillemets quasiment perdu notre mise. J'ai eu de la chance que la semaine suivante, j'ai un entrepreneur qui m'a expliqué qu'il était en train de vendre sa boîte et qu'il allait nous faire un chèque de 5. Donc je me dis tiens, l'erreur est divisée par deux. Mais en vérité, c'est horrible parce que cette boîte-là, c'était un investissement énorme. Et là, tu n'arrêtes pas de ruminer, de te poser l'élection de tout ce que tu aurais pu faire pour changer la trajectoire d'une boîte qui avait levé 200 millions d'euros. Tu dis c'était... impossible que ça plante. Les investisseurs qui étaient au bord de cette boîte-là étaient des investisseurs qui étaient sophistiqués, qui avaient mis beaucoup plus d'argent que nous, et donc qui n'auraient jamais dû laisser le truc planter. Et donc, cet enseignement, aujourd'hui, il fait très très mal à l'ego, il fait mal au moral, il fait mal au portefeuille, mais c'est un apprentissage qui, j'espère, va nous permettre de rebondir et de justement capitaliser sur cette erreur pour ne pas la faire la prochaine fois.

  • Speaker #1

    Et c'était quoi, alors, la plus grosse erreur à posteriori ?

  • Speaker #0

    C'était une gouvernance qui était... une mauvaise gouvernance. En fait, à un moment donné, il fallait faire des choix un peu drastiques, être un peu plus exigeant sur la tenue de la boîte. Mais personne ne l'a vraiment fait.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire, tu veux dire, le CEO n'était pas la bonne personne ? Ou les associés ne s'entendaient pas ?

  • Speaker #0

    Le CEO, à un moment donné, n'était probablement plus la bonne personne. En ce cas, pas à ce poste-là. Je pense qu'il n'y avait pas assez de rigueur financière. Et en fait, la rigueur financière en 2020, 2021, 2022, c'est un truc qu'on a tous beaucoup oublié.

  • Speaker #1

    Ah ouais, c'est clair, ouais.

  • Speaker #0

    Et en fait, c'est quelque chose qu'il ne faut jamais oublier, tu vois, dans la vie, il y a des first principles. La rigueur financière ne devrait pas être un principe qu'on oublie. Après, pour moi, c'est difficile à dire parce que je suis assez dépensier de nature et pas très organisé financièrement, mais bon.

  • Speaker #1

    Est-ce que le problème, surtout dans cette période, c'est que les investisseurs comme les entrepreneurs n'ont pas voulu voir ? Tu vois, c'est-à-dire qu'il y avait une telle... Un tel flot d'argent après le Covid, tout le monde se relançait. On se disait, il y a le retour au physique, on se revoit. Il y avait cette énergie folle du retour à la vie. Et c'est comme ça que ça a créé un peu une bulle, en fait. Tu vois, et que les valos se sont envolés en 2021 et qu'ensuite, ça a tout pété.

  • Speaker #0

    Ouais, j'écris le terme en anglais, mais dilutionnol. Et d'ailleurs, si tu reprends la base du venture capital, c'est 95% des retours vont être générés par 5% des boîtes. Ce que ça veut dire, c'est que sur 100 boîtes, t'en as de toute manière 95 qui vont aller au tapis ou ne pas rapporter assez d'argent pour les investisseurs. Et en 2021, 2020 à 2022, et même avant ça, t'avais l'impression que tous les investisseurs se démerdaient plutôt pas mal. Mais si tu te rappelais la règle de base, c'était une anomalie. Et donc si t'arrives à spotter l'anomalie... tu arrives ensuite à aller creuser le problème c'est comme j'aime beaucoup ce film sur les sub prime qui s'appelle j'ai oublié le nom zut à the big short the big short voilà et donc dans the big short tu as tu as ce hedge fund manager qui en fait michael douglas je crois l'époque non non c'est un autre c'est christian bell qui lui en fait voit qu'il ya un truc sur le housing market Et donc, il commence à regarder les datas. Et en fait, une fois que tu le vois, tu ne peux plus ne pas le voir. C'est un peu comme la matrice. Et bien, ton quotidien, c'est de temps en temps d'essuyer tes petites lunettes roses, d'enlever tes barrésies et puis te dire, putain, attends, est-ce que je regarde le monde clairement ? Et d'ailleurs, notre job, en tant qu'investisseur, et j'aime bien cette phrase, un partenaire de Benchmark qui disait ça, il dit, notre job, ce n'est pas de prédire le futur, c'est de voir le présent clairement. Et bien là, en 2020, 2022, on a... pas vu le présent très clairement et on s'est un peu laissé prendre par par l'euphorie générale mais l'euphorie générale elle te rend riche sur le court terme elle tapons vous rite détruit sur le long terme donc celui qui fait un aller-retour rapide comme ceux qui l'ont fait au monde et ce prime et qui ont été très malins là dessus super mais celui qui disent bah tiens ça va durer éternellement je vais investir comme si dans cinq ans la situation sera similaire des morts et donc les gens qui ont été très bons entre 2020 et 2022 c'est ce qu'on fait de la liquidité Parce qu'ils ont vu le truc arriver.

  • Speaker #1

    Ah bah ouais, moi j'ai un bon copain qui s'appelle Hugo Manoukian de MoveOne. Bien sûr. Qui a fait un énorme exit, il est passé au micro il y a pas longtemps, pour parler du vide. Justement le sentiment de vide après l'exit, tu vois. Qui lui a duré trois ans et demi.

  • Speaker #0

    Un copain qui était ex lui.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est pour ça que je te dis ça, il y en a quand même beaucoup. Et Hugo maintenant il en parle assez librement, maintenant qu'il se relance, je pense qu'il a vraiment un projet dans les tripes sur la fertilité. mais voilà, il a effectivement profité de cet engouement où il a été racheté en 4 mois ce qui est exceptionnel par deux acteurs qui avaient levé énormément et qui voulaient juste reprendre plus des parts de marché et ça s'est fait très vite. Mais j'ai longtemps rêvé d'avoir cette discussion avec toi parce que tu sais, pendant plus de quatre ans, j'avais un club d'entrepreneurs, le club Bootstrap. Donc la thématique c'était effectivement les levées de fonds, c'est comme les antibiotiques, c'est pas automatique.

  • Speaker #0

    J'aime beaucoup, c'est une très bonne cash line.

  • Speaker #1

    Voilà. Et l'idée c'était d'essayer de changer le rapport au succès dans l'écosystème qui était un petit peu trop devenu Pour réussir, pour avoir réussi, le critère principal c'était d'avoir levé des fonds. Ça devenait le coup de tampon qui disait c'est bon je suis un entrepreneur aguerri, je suis smart, je suis dans les codes. Et plutôt redonner de la visibilité au temps long, à la capacité à créer de la rentabilité, à créer une aventure qui ressemble vraiment au fondateur. Ou parfois, j'ai eu le sentiment, on était plusieurs à le sentir, que le fait d'être dans des tours d'investissement... Ça formate ta boîte, ça la formate pour la performance déjà, puisqu'il faut un héroïste justement. Et quand c'est très tôt, ça peut aussi empêcher les fondateurs d'avoir une bonne gestion de l'argent.

  • Speaker #0

    Totalement. Qu'est-ce que tu en penses ?

  • Speaker #1

    Les amis, deux secondes.

  • Speaker #2

    Il y a des clubs d'entrepreneurs qui se lancent tous les jours ou presque sur LinkedIn. Mais ceux qui durent depuis plus de dix ans, ce sont ceux qui sont incarnés. C'est le cas du Kite & Connect, incarné par mon ami Laurent Witt. qui est un entrepreneur passionné par le kite et la foil, qui réunit tous les entrepreneurs présents dans son club, le Kite & Connect, mais aussi un entrepreneur un peu fou, parce qu'il est capable de créer des événements incroyables, comme le B2B Kite Summit, qui se déroule fin septembre à Darla, au Maroc, avec plus de 300 participants, dirigeants et dirigeantes, qui vont faire du kite et faire du business en même temps. Il a inventé notamment la Sunrise Party. Imaginez-vous à 5h du matin, grimper une montagne, tout en haut... Vous allez faire la teuf avec un DJ set, vue sur la mer, attendre le lever du soleil jusqu'à 7h, faire une prière tous ensemble pour ensuite démarrer sa journée. Donc allez-y. Et surtout, le club d'entrepreneurs Kite & Connect, c'est plus de 500 membres actifs, 50 événements par an. Donc si vous avez besoin de soutien entre pairs et à faire du business, il y a plus de 250 millions d'euros générés entre les membres. Donc foncez, allez voir Laurent Witt et le Kite & Connect.

  • Speaker #0

    Il y a plein d'éléments dans tout ce que tu as dit. mais l'élément numéro 1 C'est que si tu donnes de l'argent à quelqu'un qui n'a pas appris à C'est sûr que ça va mal se passer. C'est pour ça que les gagnants du loto sont accompagnés par la Française des Jeux pour gérer leur argent après. Si tu leur donnes leur argent, tu reviens les voir, c'est un complétain, il n'y a plus d'argent. Et si tu regardes s'ils ont capitalisé quelque chose, probablement pas grand-chose, tu vois. Et je ne sais plus, j'avais écouté une interview d'un mec qui avait gagné le loto, et il t'explique qu'il avait ses 8 voitures de sport dans son garage. Je ne suis pas sûr que c'était le conseil de la Française des Jeux au moment où il a gagné, quoi. Premier sujet, c'est que t'es mis dans une situation exceptionnelle qui n'est pas la situation dans laquelle tu es arrivé si t'avais appris au fur et à mesure à générer de l'argent, à le dépenser, etc. Et donc, en fait, t'es mal équipé. Et donc, un entrepreneur à qui tu donnes beaucoup d'argent, soit il est extrêmement mature, il l'a déjà fait, il a déjà été entrepreneur et il va gérer ça correctement, ou alors il l'a jamais fait et il faut à un moment donné essayer de l'accompagner. Je pense que le... Le truc qu'on a en France, c'est qu'on essaie de se faire passer pour des Américains. Et en fait, on n'est pas des Américains. On est moins consumériste, on est moins capitaliste, on est moins rentre-dedans, marche-sur-tout, on veut faire des trucs énormes. Et à un moment donné, je me demande si on assume vraiment notre vraie nature. Moi, j'encontre beaucoup d'entrepreneurs français qui, je trouve, sont extrêmement talentueux. Ingénieurs, entrepreneurs, sales.

  • Speaker #1

    Et pas ambitieux.

  • Speaker #0

    Et dans ces entrepreneurs... Il y en a certains qui sont très ambitieux et ceux-là en fait je les invite à lever de l'argent, à faire quelque chose de gros, pourquoi pas aller conquérir les US, à revenir en Europe après etc. Mais bon déjà il n'existe pas de marché européen, c'est une vue de l'esprit. C'est clair.

  • Speaker #1

    The Family a prouvé que malheureusement ça ne marchait pas très bien.

  • Speaker #0

    Voilà, pour d'autres raisons aussi. Mais bon. Bien sûr. Mais donc tu as les latinos et dans les latinos tu vois tu as en gros enfin les latins, les français, les espagnols, les italiens, excuse-moi on se ressemble, on ne se ressemble pas quoi. ... D'ailleurs, t'as les Germaniques, tu te demandes même ce qu'ils font là, tu vois, où tu te dis où est l'anomalie, est-ce que c'est chez nous, est-ce que c'est chez eux ? C'est presque bizarre d'avoir deux pays aussi proches, aussi différents. Puis après, t'as les Anglo-Saxons, enfin bref, c'est un bordel. Et puis ensuite, t'as les Nordiques. Donc déjà, t'as quatre groupes et au sein de quatre groupes, t'as des pays qui sont des pays différents. Donc c'est un énorme bordel. Donc on n'est pas des Américains, on ne sera jamais des Américains. Et donc nos entrepreneurs les plus ambitieux, les plus talentueux, c'est qu'il veut vraiment bouffer le monde genre il va bouffer le monde quelque part où il y a un terrain de jeu où tu peux On peut effectivement bouffer le monde. Pas à San

  • Speaker #1

    Francisco. Oui,

  • Speaker #0

    San Francisco. Peut-être à New York, mais plutôt à San Francisco. Donc ça, il y a ce point-là. L'autre truc, vendredi, on faisait notre One Day of Sight avec Emmanuel. On fait le même avec l'équipe de Kima, le 19 juillet. Donc Emmanuel,

  • Speaker #1

    c'est ton associé. Cassius.

  • Speaker #0

    Il y a Emmanuel chez Cassius, il y a Alexis chez Kima.

  • Speaker #1

    Ça m'intéressera, je vais faire un petit teaser, mais ça m'intéressera de comprendre. Comment tu peux avoir deux jobs aussi en métier en même temps ? Et dans quelle mesure ça ne s'est pas conclu en ce moment ?

  • Speaker #0

    On s'est déjà éclaté depuis 2015, mais on en reparlera. Et donc on se retrouve la veille dans un petit restaurant à Aix, qui a une étoile, qui est la table de Pierre Reboul. Donc je dis ça parce que j'arrive là-bas et je vois qu'il y a quand même 3-4 tables qui sont vides. Moi ça m'étonne, on a installé la table du chef, puis on est à la table du chef en face de nous, il y a un jeune. qui doit avoir... Il est hyper jeune. Je me dis, lui, il n'a même pas la majorité, c'est pas possible. Il est en train de faire ses petites préparations et tout, c'est exceptionnel à regarder. Et je lui dis, mais t'as quel âge, toi ? Il me dit, mais j'ai 16 ans. Je lui dis, mais c'est quoi ton histoire pour qu'à 16 ans, tu sois là, en train de faire tes petites préparations comme tu vois après, il y a tous les... Il y a des tracteurs qui vont te dire que ce n'est pas une belle image, mais comme quand tu vois un Pogacar monter un grand col pendant le Tour de France. Et donc, tu vois chez lui, tout de suite, il a 16 ans, tu sais qu'il a du talent, tu sais qu'il a détermination, tu sais qu'il a du focus, tu sais qu'il est passionné, tu le vois. Ce garçon va réussir. Je ne sais pas si c'est en restant 10 ans chez Pierre Reboul ou à un moment donné en lançant son resto, mais je ne sais pas que là, j'ai presque envie d'avoir son numéro de téléphone et tous les 6 mois faire un check-in pour savoir où il en est.

  • Speaker #1

    Et où je vais bouffer.

  • Speaker #0

    Et il est exceptionnel. Donc il fait ça, et il me raconte son histoire, qu'il est allé dîner dans le restaurant précédent de Pierre Reboule, et qu'il l'a pris quelques jours, qu'après quelques jours il l'a pris quelques semaines, et puis quelques mois, et puis maintenant il bosse avec lui, c'est sa passion, et il bosse H24 en cuisine. Et on se regarde avec Emmanuel, et on se dit, mais en fait, ça, c'est intouchable. En fait, ce qu'on a eu ce soir-là à dîner, c'était intouchable. Personne ne va venir nous l'enlever. Il n'y a pas un Allemand, un Italien, un Espagnol, un Anglo-Saxon, un Américain, n'importe qui qui va venir nous piquer ça. On est des killers sur cette art de vivre, sur cette artisanat, sur ce craft. Et on est là à se buter, à vouloir faire des licornes. Certes, mais pourquoi est-ce qu'on ne défend pas notre artisanat en fait ? Pourquoi est-ce que ces mecs-là continuent de payer des taxes ? Pourquoi l'année dernière, il y a 8% des étoilés français qui ont mis la clé sous la porte ? Tu vois, c'est quoi le problème ?

  • Speaker #1

    On a vu si mauvais endroit peut-être. En gros, ce que tu me dis là, c'est que quasiment...

  • Speaker #0

    Non, on ne regarde que là où ça brille. On ne regarde que là où l'herbe semble la plus verte. En fait, on ne se concentre pas sur quelle est l'unicité d'un pays comme la France sur lequel il faut qu'on accélère. On sait bien que dans le tourisme, on est des killers. On sait bien qu'on a un des plus beaux pays du monde. Et on continue, en fait, de faire comme si c'était un acquis. En fait, justement, quand on a cet acquis-là, il faut le nourrir, il faut en faire quelque chose, il faut investir. Heureusement qu'on a tous ces maires de France qui, à un moment donné, se disent « Ma petite ville, il faut que je la tire le chaland, parce qu'en fait, ça ne vient pas de là-haut. » Et ça m'a beaucoup marqué, parce que je me suis dit « Tiens, on est là, on finance des entrepreneurs qui veulent jouer aux Américains, alors qu'en fait, il y a tout un pan de l'économie. » qui sont des artisans qu'aucune AI ne va jamais remplacer c'est à dire qu'à l'heure de l'AI on t'explique que ton job va être remplacé putain mais pas ceux-là ce mec-là non et il y en a des centaines de milliers en France mais pourquoi pourquoi est-ce qu'on fait pas justement un plan où on met la gouache sur l'AI super mais aussi on met la gouache sur toutes les boîtes qui justement l'AI ne va jamais disrupter ou pas avant 50 ans ou 100 ans et c'est reconnu dans le monde Super fort déjà !

  • Speaker #1

    Ouais, ouais. Pourquoi tu ne deviens pas investisseur dans l'art de vivre alors ?

  • Speaker #0

    Non mais je te parle d'une réflexion qui a eu lieu jeudi soir au resto. Et peut-être qu'un jour on fera ça, je ne sais pas. Peut-être que c'est l'objet de notre prochaine discussion avec Xavier. C'est comment est-ce que tu finances sans artisans ou comment est-ce que tu passes le mot aux autorités compétentes pour qu'ils arrêtent d'abattre à coup de taxes ces artisans. 8% des étoiliers qui ont fermé l'année dernière.

  • Speaker #1

    C'est vrai que c'est vraiment triste. Mais pour revenir à la tech, tu vois... Euh... Moi, un des trucs que je déplore le plus, c'est quand même que la plupart des boîtes qui partent dans une logique de levée et de tour de financement, Syrah, Syribe, SyriC, etc., vont finir inévitablement par être achetées par des Américains. Et donc, effectivement, toute la valeur que tu as créée en France, parce qu'en effet, tu l'as bien dit, on a des ingénieurs de talent, on a des développeurs de talent, on a des entrepreneurs de talent de manière générale, mais finissent toujours par créer de la valeur aux US, en fait. parce qu'on n'a pas... Effectivement, on n'a pas les investisseurs suffisamment solides pour accompagner une énorme croissance. Parce qu'au bout d'un moment, on n'a pas, j'imagine, l'écosystème assez ambitieux pour dire à un gars, en fait, refuse le chèque, tu vas faire un truc de dingue et va IPO et va conquérir le monde. Est-ce qu'il y a un moyen de lutter contre ça ? Ou est-ce qu'en fait, on est inévitablement obligé de faire un peu comme ce que tu fais ? Tu vas commencer à faire des tours, tu vas quand même gagner de l'argent forcément parce que tu vas choisir des entrepreneurs à succès. Mais à la fin, ça ne va plus rester en France.

  • Speaker #0

    Honnêtement, je n'ai pas la réponse à ça et moi je ne me suis jamais posé la question d'une opposition entre les Américains et les Européens. Moi, mon obsession, c'est juste de me dire qu'il faut que nos entrepreneurs francophones apprennent à être des gens responsables et très ambitieux. Et donc, on les nourrit en apportant... On va prendre plutôt un schéma plus simple. Aux US, il y a trois choses qu'on n'a pas en Europe, qu'on n'a pas en France. La première chose, c'est le goût du risque. Bon aux US on te parle du coût du risque, en fait c'est l'obligation du risque. T'as pas le chômage, c'est un marché qui est extrêmement cher, très consumériste, qui est beaucoup à crédit, etc. Donc le risque fait partie inhérente de leur culture. Ça, tu le reprendras jamais. Ils vont de toute manière te mettre dix fois plus que toi en termes de capacité de prendre des risques. Donc déjà là-dessus, on n'ira pas. En revanche, un entrepreneur francophone qui prend sa famille ou qui quitte tout ce qu'il fait pour partir vivre aux Etats-Unis, il se met dans cette position où en fait, il accepte le risque, il y va. La deuxième chose, c'est le capital. Marché hyper capitaliste, hyper consumériste a 10 fois plus de capital, au moins, qu'en France et en Europe. Donc, ça veut dire que les idées ont 10 fois plus de chances d'émerger parce qu'en fait, elles ont beaucoup plus de capital pour être poussées en avant. Et la troisième chose, c'est les talents. La Silicon Valley, le venture capital, ça fait 50 ans que ça existe. Les talents sont en masse là-bas, mais en masse. Donc si tu veux jouer sur le game risk, capital, talent, t'es mort. De toute manière, les US te bouffent. Donc la question c'est, qu'est-ce qu'on a en France qu'ils n'ont pas, sur lesquels on a vraiment du talent ? D'abord, on a des super ingénieurs, on a des super artisans qui font que, et en fait, un peu de manière inhérente dans notre culture, je pense qu'on est bon pour crafter du produit, au sens large. Et tu vois des boîtes comme Weezings, mais tu le vois aussi sur des boîtes consumer comme Zenly à l'époque. Mais Beryl ou là, AMO, la nouvelle boîte d'Antoine Martin, tu vois, on a un talent particulier pour ça. Et puis, on est des gens très efficaces. Un jour, il y a une délégation américaine qui débarque en France. pour regarder une usine de porc. C'est pas très intéressant, c'est une usine de porc. Ils arrivent dans l'est de la France, ils regardent cette usine énorme et tout, le truc qui tourne, puis ils se pointent un après-midi, je sais pas quelle heure il est, et y'a personne. Le truc qui tourne et tout, y'a personne, le mec est en train de boire l'apéro à côté. On se dit que c'est un jour particulier, ils doivent fêter quelque chose, c'est comme le 4 juillet aux US ou le 14 ici. Puis ils reviennent le lendemain, et à la même heure, les mecs sont encore à l'apéro. C'est dingue ! Et le truc tourne ! tournent, mais c'est indécent à quel point ça marche. Et en fait, ils font un long rapport sur cette usine pour SIN pour expliquer pourquoi ça marche. Et la conclusion, c'est heureusement que les Français sont des fainéants, parce que putain, qu'est-ce qu'ils sont efficaces. Tu vois, et en gros, la conclusion, c'était s'ils bossaient autant que nous avec la même efficacité, ils nous éclateraient. Et j'aime bien, tu vois, on a des particularités. Donc en fait, ce qu'il faut, c'est nourrir ces singularités, en faire quelque chose, mais Ce qui me fatigue, c'est quand un entrepreneur me dit « Oh, j'arrive pas à lever de l'argent en France, les gens ne me comprennent pas, je vais aller aux Etats-Unis, ils vont comprendre. » Tu te charges des excuses, là, tu vois.

  • Speaker #1

    Mais j'aime bien, j'aime bien l'exemple. Mais en tout cas, c'est vrai que peut-être une des particularités françaises, c'est justement cette force d'indépendance, cette voix indépendante, tu vois. C'est pour ça que le bootstrap m'a touché comme message. J'ai rencontré des boîtes, je pense à Wilfried de Superprof par exemple, qui a monté cette... Cette boîte incroyable jusqu'à aujourd'hui, je pense 40 millions près de chiffre d'affaires. Ou il rachète maintenant des boîtes en Europe, en Chine même. C'est vraiment le conquistador. Ou Gilles Sadege de Lucas, qui est un des maintenant, qui commence à être concurrent même de Payfit. Et qui doit approcher les 50 millions d'ARR. Qui n'a pas levé pendant 20 ans. Pendant 20 ans, il a fait son produit. Il était là artisanalement. Je pense qu'au bout de 15, il devait être encore peut-être 20 ou 30 dans l'entreprise. Il a levé 65 millions après 20 ans. Résultat, il a eu un deal aussi qui était extraordinaire parce que du coup il s'est dilué très peu et il a encore les mains sur sa boîte.

  • Speaker #0

    Comme s'il aille avec Silver Lake.

  • Speaker #1

    Oui, exactement. Est-ce que ce n'est pas le chemin ? Je te poserai même une question peut-être plus personnelle. Imaginons, tes enfants veulent faire de l'entrepreneuriat. Est-ce que tu leur conseilles la voie du bootstrap ou est-ce que tu leur conseilles la voie du...

  • Speaker #0

    Moi je leur conseille toujours la voie du bootstrap. Et d'ailleurs, une des questions récurrentes qu'on pose aux entrepreneurs qu'on finance et qu'on rencontre avec Xavier, Alexis, tout le monde, c'est pourquoi tu lèves ? c'est pas qu'on veut le pas qui lève, non on veut mettre de l'argent chez eux ça nous fait plaisir, mais c'est juste qu'on sait qu'avec l'argent vient le vice tu vois, et en fait c'est pas la meilleure source d'apprentissage l'apprentissage est dans le dur avec l'argent vient le vice, j'adore l'apprentissage il est dans le dur, il est jamais dans le confort personne ne s'est jamais réveillé un matin en disant putain cette compétition vraiment je l'ai réussi, je suis premier, j'étais vraiment fort surtout ce que je me souviens c'est à quel point l'entraînement été facile. C'était vraiment bien, c'était vraiment une bonne... Non ! Tu vois en réalité c'est terrible mais le plaisir en fait il est né de l'effort tu vois, il est né de la difficulté et d'ailleurs un jour en 2020 je crois, ouais c'est ça, 2021, j'ai un copain qui m'appelle et qui me dit tiens il y a un truc qui s'appelle Axie Infinity dans les cryptos, c'est comme ça, il y a plein de fonds qui veulent mettre de l'argent, il faut que tu regardes et tout. Moi je regarde le token de ce truc là, je ne comprends pas grand chose. Mais exactement comme ce que je t'ai dit à l'époque 2020-2022, je me dis, il y a peut-être un petit aller-retour à faire là-dessus. Bon, je mets un petit peu d'argent comme ça pour voir. Et trois semaines plus tard, je vois que j'ai fait cinq fois la mise. Je me dis, putain, cinq fois la mise, pourtant le truc pour moi ressemble à un pont de Ziskim, tu vois, genre je ne vois pas le truc. Du coup, je retire ma mise, je prends mes cinq fois la mise. Bah cet argent, il n'avait aucune, aucune, aucune saveur. C'était terrible et je l'ai dépensé extrêmement vite. Je ne savais pas comment faire. Je...

  • Speaker #1

    P- En fait, ce que tu dis par là, c'est que pour gagner de l'argent, il faut une forme de fierté.

  • Speaker #0

    Y a pas de plaisir facile. Personne n'a de plaisir facile. Même celui qui gagne au loto. Je dis pas que j'ai pas envie de gagner au loto, j'ai failli gagner au loto, mais j'avais 6€ sur 7.

  • Speaker #1

    P- T'as pas besoin de ça, Jean. Merde.

  • Speaker #0

    Non, je la raconte, c'est évident, parce qu'elle me fait quand même toujours rire. J'avais joué un peu au hasard un jour en prenant le train, en voyant la pub, il y Puis je joue, puis j'oublie le truc. Dix jours plus tard, quelqu'un me dit « Mais quelqu'un a joué à l'EuroMillion la semaine dernière, il y a 240 barres à gagner. » Je dis « Ah ouais, j'ai joué, j'ouvre mon application, j'avais gagné 4000 euros, j'étais comme un ouf. » Je me dis « J'ai dû avoir 4-5 numéros. » En fait, j'en avais 6 sur 7, il m'en manquait 1. C'était le jour d'anniversaire du deuxième mari de ma mère. En fait, je n'avais pas mis les pièces rapportées, je n'avais pas mis ma belle-mère côté de mon père et mon beau-père côté de ma mère parce que la grille était trop chère du coup.

  • Speaker #1

    6 sur 7, il se passe quoi ? T'as rien du tout ?

  • Speaker #0

    4000.

  • Speaker #1

    4000 euros ? Ça va ?

  • Speaker #0

    C'est le prix de la frustration.

  • Speaker #1

    6 sur 7, c'est beaucoup.

  • Speaker #0

    La proba d'avoir les 7 sur 7, je ne sais pas ce que c'est,

  • Speaker #1

    mais c'est beaucoup plus… Tu vois, pour ceux qui gagnent au loto, tu travailles le matin,

  • Speaker #0

    tu n'es pas plus heureux que la veille. À quoi je sers ?

  • Speaker #1

    À quoi je sers ? Tu te poses plus de questions que de réponses.

  • Speaker #0

    J'aime bien une phrase de Kersauson, ce n'est pas exactement sur l'argent, c'est sur le travail. Il me dit « Un travail n'est pas fait pour gagner de l'argent, mais pour gagner de l'honneur » .

  • Speaker #1

    J'aime bien, très belle image.

  • Speaker #0

    Elle est jolie celle-là. Alors du coup pour finir ce sujet, c'est quoi les bonnes raisons de lever de l'argent tôt ? J'aimerais bien comprendre.

  • Speaker #1

    Alors les bonnes raisons de lever de l'argent tôt, c'est que tu es quelqu'un qui a déjà de l'expérience. Et donc tu sais qu'en levant de l'argent, tu vas pouvoir accélérer sur certaines choses. Alors que dans un cas où tu aurais été un first time entrepreneur, tu n'aurais pas accéléré, tu aurais brûlé de l'argent sur certaines choses. Là tu vas les accélérer. Tu vas accélérer des recrutements, accélérer des développements. En fait tu vas rentrer dans ce fameux game très ambitieux, un peu plus à l'américaine, mais tu as les creds. Tu l'as déjà fait. Donc ça, c'est une première bonne raison. La deuxième raison, c'est que tu as trouvé le product market fit, tu as un début de traction, tu as besoin d'accélérer, et en fait, tu sais que ton payback est plutôt bon. Tu sais que si tu recrutes tant de personnes en sales, si tu lances un ou deux produits supplémentaires, etc., tu sais que tu vas avoir un bon payback. Donc l'histoire, c'est gagner du temps. En fait, dans ces deux premières options, c'est que tu gagnes du temps. Mais pour ça, il faut... Donc, tu es éprouvé des choses. Donc, soit tu es un repeat entrepreneur, soit tu as déjà fait des premières choses dans ta boîte qui font que ça marche. Et ensuite, c'est un sujet de pression compétitive. Il y a des marchés sur lesquels tu as une pression compétitive énorme. Et donc, à un moment donné, gagner de l'argent fait partie du game. Lever de l'argent fait partie du game. C'est ce qui te permet d'exploser la concurrence, de les écraser. Après, tu as plein d'excès liés à ça. Tu vois le quick commerce, par exemple, dans les années 2020-2022, où le mec enlevait 100, 200, 300 bar. pour te livrer un Mars en 15 minutes en bas de chez toi.

  • Speaker #0

    Les gorillas, je ne sais plus comment ils s'appellent les autres, mais ils sont morts d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Oui, ça n'avait aucun sens. Mais c'est après son compétitif qu'il les a forcés à lever de l'argent.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, le gars qui a gagné sur ce marché, c'est de la belle vie. C'est ça que j'adore. Ça revient sur ce sujet d'entrepreneuriat français. C'est le mec qui vient de Saint-Denis ou je ne sais plus quoi, de la banlieue. Dont on investissait. Dont vous êtes investisseur. Voilà, Paul Lay.

  • Speaker #1

    Paul Lay, d'accord.

  • Speaker #0

    Et qui du coup a tout compris à la livraison. parce que c'est l'histoire de sa famille. Il capte le truc et il a levé beaucoup d'argent après. Au début, je crois qu'il était boostable.

  • Speaker #1

    Il n'a pas levé trop d'argent. Et puis, quand il a racheté Frishti, par exemple, qui, pour le coup, avait levé beaucoup d'argent, il n'a pas levé beaucoup d'argent pour acheter Frishti. On lui a remis un petit chèque. C'est quelqu'un qui force l'admiration. Et donc, en fait, cette pression compétitive te dit il faut que je lève beaucoup d'argent. Ou bien, il faut que tu rentres sur un play qui est parallélisé, qui n'a rien à voir. Donc, la belle vie dans le quick commerce. Each pour la partie VTC. et il y en a d'autres, tu vois, mais sur chaque vertical, sur chaque marché. Tu peux avoir un outsider bootstrap qui fonctionne différemment, qui existe.

  • Speaker #0

    Et qui va gagner à la fin.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas s'il gagne à la fin, mais je pense que ça n'a pas beaucoup d'importance. En tout cas, tu parlais d'honneur. En ce cas, dont il sait que le travail qu'il a fourni et l'attention qu'il a portée à offrir le bon service ou le bon produit à ses clients, ses clients lui rendent avec leur satisfaction. Et ça, c'est honorable.

  • Speaker #0

    Ouais, et puis en fait, surtout, moi, j'ai le sentiment que je trouve que la base de l'entrepreneuriat, quand même, c'est de poser une vision du monde et d'essayer de faire une boîte qui est le prolongement de soi. Oussama, qui pourtant n'est pas très bootstrap, qui disait que le bon entrepreneuriat, c'est la rencontre entre une personnalité et un marché.

  • Speaker #1

    Totalement.

  • Speaker #0

    Et j'ai le sentiment, moi, qu'il y a quand même beaucoup de boîtes, beaucoup de boîtes qui ont planté justement une espèce d'euphorie cupide des années 2021-2022, qui est lié à... Au fond, tu vois des profils grande école, conseils, qui sont très smarts, très analytiques, qui vont être capables de lire des études de marché, McKinsey, qui vont capter un besoin, un sentiment, et qui vont tout investir dessus, mais qui n'ont pas le drive. C'est-à-dire que ce n'est pas essentiel pour eux de réussir cette boîte. Et donc parfois, quand il y a beaucoup d'argent, ça peut marcher, et puis... Mais en fin de compte, ça ne fera rien de très honorable, ni de très grand sur le long terme. Est-ce que tous les entrepreneurs qui réussissent... n'ont pas fondamentalement quelque chose qui est de l'ordre de l'essentiel et qui n'est pas de l'ordre de l'étude de marché.

  • Speaker #1

    C'est sûr qu'on jette beaucoup d'argent à des entrepreneurs très articulés. Donc tu as fait HEC, tu es très articulé sur ton pitch, et tu as un VC comme ça, il s'excite et boum, il lui jette de l'argent. Et comme il lui jette de l'argent, tous les copains qui étaient à côté, qui n'ont pas jeté de l'argent, ils disent « putain, il faut qu'on jette de l'argent » . Tu sais quoi, ça me fait penser à un truc. C'est... Il y a... Donc... L'acteur dans le monde pornographique le mieux payé au monde, c'est un mec qui est français qui s'appelle Manuel Ferrar.

  • Speaker #0

    J'adore !

  • Speaker #1

    Donc ce mec-là, ça fait des décennies qu'il fait le métier, il fait aussi du gaming, il a une chaîne Twitch, machin et tout. Ce gars-là, un jour, va à la conférence sur les jeux vidéo à Paris ou je sais pas où et tout. Puis t'as des gens qui le reconnaissent, tu vois, et qui lui disent, vas-y, je prends un autographe, une photo, machin et tout. puis après t'as des des petits jeunes qui ont 13, 14, 15 ans qui ne savent pas qui c'est. Mais comme des gens demandent des autographes, ils vont demander un autographe et une photo. Et lui, un peu emmerdé, va voir les parents et leur dit « Non, mais moi, je ne peux pas prendre une photo avec votre fille ou votre fils de 15 ans. Je suis acteur pornographique. En tout cas, je suis producteur, c'est ça mon job principal. Je suis désolé. » Et donc, tu vois, les parents disent à leurs enfants « Je suis désolé, non, on ne peut pas prendre de photo avec cette personne-là. Ils ne savent pas pourquoi. » Ils se disent « Mais quel enfoiré, lui, de ne pas vouloir prendre un autographe. » Eh ben... Le mec d'HEC, tout ce que tu veux je dis HEC en fait, de grande école, en tout cas le mec articulé, tu vois à un moment donné t'as un investisseur comme ça qui s'excite, qui lui jette 5 barres, et t'as 10 investisseurs à côté qui disent « Ah moi aussi je veux te donner de l'argent ! » tu vois ? Et c'est exactement la même chose, ils savent pas pourquoi, ils savent juste que le truc il est chaud quoi. Et donc t'as un peu ce mimétisme dans l'écosystème qui est un peu débile, où tout d'un coup tout le monde se chauffe sur la même boîte, sans aucune raison. Et moi, c'est horrible parce que notre job chez Kima, c'est une fois de temps en temps... répondre à cette euphorie, mettre aussi un petit ticket just in case.

  • Speaker #0

    Parfois ça marche, je veux dire par exemple Moubech, que je connais très bien parce qu'il a été dans le club Boutrape dès le début Guillaume. Guillaume, il a cette capacité à générer du FOMO comme on dit Fear of Missing Out, pour ceux qui ne connaissent pas. Exceptionnel. Il a même storytellé le truc en disant je refuse un investisseur, il l'avait fait en public je ne sais pas si tu te souviens, il avait fait ce post LinkedIn où il avait dit je ne prendrai pas l'argent des investisseurs et je pense deux mois après Il a fait cette opération de cash out, il a dit, après tout le monde s'est foutu de sa gueule, sur internet tout le monde a dit mais c'est qui ce espèce d'énorme mytho qui voilà. En fait il a fait du cash out, c'est à dire il a pris de l'argent en perso pour lui et pas pour la boîte, donc c'est un peu différent, il n'a pas relevé depuis d'ailleurs. Mais voilà, et lui quand il m'expliquait sa levée il disait mais voilà j'ai envoyé des pitchs, j'ai quasiment dit dès le début il n'y a plus de place quoi, et tout le monde s'est précipité. Alors il se trouve que l'M list c'est un... Très beau succès et je pense que ça va continuer. De temps en temps, j'imagine que ça marche de mettre là où le vent va. Mais il ne faut pas que ce soit l'essentiel.

  • Speaker #1

    En tout cas, c'est très humain. C'est très classique de faire ça. On suit la foule, ça nous rassure. Moi, ce que j'adore, c'est qu'il faut faire le game du péage. Maintenant, tu as le thé, donc tu passes là où tu passes avec ton thé. Mais à l'époque on n'avait pas le thé, moi mon game c'était de choper la file du péage où j'avais passé avant les autres, j'adorais ça. Et par exemple, je remarque que quand je vais dans un endroit, souvent je vais y arriver peut-être 10 ou 15 minutes avant que la queue double de taille. Et en fait un bon investisseur ce n'est pas quelqu'un qui fait les mêmes deals que les autres, parce qu'il s'avère que les meilleurs deals au monde sont les deals qui ne sont pas issus du consensus. Donc il faut être capable à un moment donné de se positionner avec conviction et... contre le consensus sur des boîtes dans lesquelles les genres n'auraient pas misé un copac au démarrage.

  • Speaker #0

    Petit risque, petite récompense. Grand risque, grande récompense. Grand fail aussi.

  • Speaker #1

    Ouais. Et après, là, c'est même pas une question de risque, c'est plutôt une question d'indépendance.

  • Speaker #0

    Si tu vas pas là où tout le monde va, c'est plus risqué que suivre le flow, quoi.

  • Speaker #1

    Ouais. Je sais plus pourquoi est-ce qu'on parlait de ça, mais il y a deux garçons, Alexandre Flammarion et Mathieu Chabran, qui ont... Antoine Flammarion et Mathieu Chabran, qui ont une grande institution financière qui s'appelle TKO, qui gère plus de 50 milliards. Et en sortant de rendez-vous avec eux une fois, on se disait avec Emmanuel justement, eux ils ont vraiment ce côté « independent thinker » . Ils réfléchissent indépendamment des autres. Ils ont commencé il y a plus de 20 ans avec 4 millions d'euros, aujourd'hui ils gèrent plus de 50 milliards. et tu vois la manière dont... Tu réfléchis aujourd'hui, tu ressens que c'est avec la même discipline, intégrité, indépendance d'esprit qu'il y a plus de 20 ans. Ils se laissent pas prendre par la marée. Bien sûr, t'as des traînes, bien sûr, il faut les étudier, il faut en suivre certains, etc. Mais il faut pas tomber dans le conformisme du consensus. C'est le meilleur moyen de faire de la merde, quoi.

  • Speaker #0

    C'est... ça me... j'ai pas de transition. mais je vais te poser la question que je t'ai pas posée au début parce que tu vas pas t'en sortir comme ça qui est la question que je n'ai pas posée au début et que je pose à tous mes invités Donc c'est quand la dernière fois que tu t'es senti à poil et sans filet ?

  • Speaker #1

    D'abord, la raison pour laquelle tu ne m'as pas posé, c'est parce que tu me l'as demandé il y a quelques semaines par email, que ça m'a un peu travaillé et que je n'avais pas de vraie réponse pour toi. Et je ne l'ai pas parce que je pense que les réponses que j'ai pour toi sont des réponses qui sont extrêmement personnelles et qui sont beaucoup plus difficiles à... dont il est difficile de parler publiquement par rapport à ces faits-là. Il n'y en a pas qu'un, tu vois, à poil et sans filet, ça m'est arrivé plusieurs fois. Mais je pense que c'est surtout comment tu te sens, tu vois, quand tu es à poil et sans filet.

  • Speaker #0

    Et alors toi, comment tu te sens quand tu es à poil et sans filet ?

  • Speaker #1

    D'abord, je pense qu'il faut arriver à être à l'aise dans l'inconfort. Dans ton quotidien, dans ta vie en général, je pense que tu ne vas bien que lorsque tu arrives à être à l'aise dans l'inconfort. L'inconfort, c'est l'inconfort de situation avec des gens qui te sont proches, l'inconfort de situation avec des gens qui ne te sont pas proches, l'inconfort dans un entraînement, l'inconfort dans une difficulté au travail. Et en fait, il faut se nourrir absolument de ça. Et cet inconfort, il sert à te regarder dans la glace, à te poser des questions sur toi-même, à te remettre en question, à accepter le fait que la vie continue, que le monde continue de tourner sans toi. Et que, bah oui, t'aimerais bien que... En fait, on fantasme du fait que les choses soient sans problème, qu'il n'y ait pas de difficultés au quotidien, que tout tourne. En réalité, personne n'a jamais été heureux dans ce cadre-là, et ce cadre-là n'existe pas. Donc, puisque la vie est faite d'inconforts, il faut apprendre à palper et à en faire quelque chose, cet inconfort. Et cet inconfort, c'est soit des éléments extérieurs, soit même des éléments par rapport à toi. Tu vois, tu peux être inconfortable. Par rapport à là maintenant, tu gères certaines situations.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui te rend encore inconfortable toi aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Ce qui me rend inconfortable par exemple, c'est quand je suis excédé par un comportement d'un de mes enfants et que je vais élever la voix. Ça, ça me rend inconfortable. Ça, ça m'énerve. Je m'énerve moi-même.

  • Speaker #0

    Tu culpabilises d'élever la voix contre tes enfants ?

  • Speaker #1

    À fond. Tu vois, demande à un enfant de 5 ans de mettre ses chaussures. C'est quelque chose d'universel. Il va falloir que tu lui demandes dix fois. Et la dixième fois, tu sais ce qu'il va falloir que tu fasses ? Que tu te baisses, que tu me prennes la chaussure et que tu lui mettes la chaussure. Parce qu'il ne va pas la mettre la chaussure. Et tu peux lui dire tous les jours, pendant un an, deux ans, je ne sais pas combien de temps, il ne la mettra pas sa putain de chaussure. Donc ça ne sert à rien de t'énerver contre le gosse et sa chaussure quand il a cinq ans. De toute manière, il ne le fera pas. C'est comme un ado. il y a quelque chose de chewing-gum-esque chez lui genre Ou genre il oublie des trucs, il est un peu à l'ouest, il répond avec des onomatopées et des acronymes dont tu comprends rien parce que toi t'es trop vieux. En fait, ça sert à rien de t'énerver contre ce phlegme qui t'énerve au plus haut point. De toute manière, tu ne me feras rien, c'est des phases à passer. Et en fait, de temps en temps, quelque chose va me... Trigger. Ouais, me trigger. ça m'énervait et en fait je vais élever la voix je me dis merde la même situation sans élever la voix tu triggers pas les mots tu triggers pas en fait un espèce de blocage émotionnel chez l'autre ce qu'on sait ce qui se passe quand tu es la voix tu regardes la situation avec beaucoup plus de de relativisme tu vois genre oui c'est chiant quand on gosse pour la dixième fois ne met pas son assiette dans la machine. mais plutôt dans les vies alors que tu lui avais déjà dit qu'il fallait la mettre dans la machine. Mais au fond de quoi on parle ? On parle d'une putain d'assiette dans une machine, il faut se calmer. Et donc il y a plein de trucs comme ça. Je parlais avec

  • Speaker #0

    Mounirka que tu connais, j'ai eu cette bonne discussion avec elle il y a quelques jours en plus, exactement sur ce sujet, parce qu'elle me disait avant, dès que mes enfants faisaient leur vie d'enfant, et que ça me déclenchait de la colère. J'avais de la culpabilité pendant des heures, voire des jours après. Ça me rongeait en fait. Et me disait en fait, ce que j'ai réussi à faire, c'est comprendre que la colère, qui est une des émotions les plus réprimées dans la société, alors particulièrement chez les femmes je pense, parce que c'est pas beau chez une femme d'être énervée, d'être hystérique, etc. Plus acceptée chez les hommes, parce que c'est un peu la violence générationnelle qui peut s'exprimer.

  • Speaker #1

    C'est grave.

  • Speaker #0

    Mais c'est quand même assez réprimé. Et elle dit, j'ai compris que la colère, elle doit pas être la chef de la coloc. Tu vois, la coloc, ce que tu as dans la tête, c'est les émotions. Ça ne peut pas être la chef de la coloc, mais tu ne peux pas la virer de la coloc.

  • Speaker #1

    Totalement.

  • Speaker #0

    Et donc, il faut accepter qu'elle est là. Et une fois que j'ai compris que la colère, elle était là, c'est une facette de moi comme j'en ai d'autres. J'ai essayé de me débarrasser de deux sentiments qui, pour elle, sont les plus inutiles, c'est-à-dire la culpabilité et la honte. On a dit la culpabilité, ça peut être utile parce que si tu fais quelque chose de vraiment mal, il faut quand même que tu aies un retour sur toi. même si on est tous des enfants polis en général en tout cas ceux qui passent dans mon podcast

  • Speaker #1

    Et la honte ?

  • Speaker #0

    Mais la honte, le problème, c'est que c'est une remise en question de soi.

  • Speaker #1

    Totalement.

  • Speaker #0

    C'est que tu vas dire, je suis le problème en fait. Je suis un mauvais parent.

  • Speaker #1

    Tu es en train de casser ton estime de toi.

  • Speaker #0

    Je suis un mauvais parent, parce que j'ai crié.

  • Speaker #1

    J'aime bien cette image, la différence entre la culpabilité et la honte. Je pense qu'on se sent tous coupables à plein de fois, à plein d'égards. Effectivement, la honte, c'est différent. Et juste pour revenir sur cette histoire de colère, effectivement, il faut l'expeller, parfois il faut la faire ressortir. Mais il y a plein de moyens de faire ressortir sa colère. Et en fait, il y a une différence entre être irrité et être colérique, tu vois. Tu peux être irrité, ça peut créer de la tension, mais la tension, ça n'a pas besoin nécessairement de s'exprimer en colère. Tu vois, tout est un vase communiquant. C'est comme, je ne sais pas, tu fais des trucs chimiques, les choses réagissent. En fait, tu as une tension. Si la tension s'exprime par la colère, alors que tu aurais pu faire 10% de colère, 90% de course à pied, tu vois. Bon bah courir, je sais pas mais...

  • Speaker #0

    Donc toi, une de tes manières de l'exprimer, c'est d'aller courir ?

  • Speaker #1

    Oui, mais même une fois, je me rappelle, j'avais été vraiment excédé par un truc. Et donc, ma femme me dit, putain t'as nagé vite aujourd'hui ! Ouais j'ai nagé vite en fait parce que j'avais besoin de relâcher cette tension-là. Et donc j'ai nagé Et d'ailleurs ça se ressentait la manière dont je nageais Je nageais plus comme un mec énervé Qu'un mec calme

  • Speaker #0

    De te voir dans la piscine on devait s'écarter

  • Speaker #1

    Donc voilà Je trouve que c'est important de quand même

  • Speaker #0

    C'est un truc Moi j'ai le même réflexe que toi Je vais aller faire du tennis ou je vais aller courir Mais le problème de ça C'est un peu comme si Par exemple quand t'es énervé tu vas te mettre un podcast et tu vas te mettre à courir C'est Clotilde Dousselier qui m'a dit ça de Change ma vie Il m'a dit le problème c'est que tu fuis l'émotion, inconsciemment tu la fuis parce que tu vas te mettre quelque chose sur les oreilles, tu vas te concentrer sur autre chose et tu vas essayer de tout faire pour ne pas vivre ce que tu veux pas vivre.

  • Speaker #1

    Moi je crie quand je cours.

  • Speaker #0

    Tu cries quand tu cours ?

  • Speaker #1

    Ouais ça m'arrive souvent.

  • Speaker #0

    Ah ok.

  • Speaker #1

    Quand je vais courir une heure tu vas entendre crier au moins 3, 4, 5 fois sur une montée, sur un truc et tout et à un moment donné je sors quelque chose. Et c'est parce que c'est dans l'effort. Mais tu vois il n'y a pas de... je refoule pas. mes émotions, ce que je ressens et tout.

  • Speaker #0

    Tu cries quand tu crois, ça doit être drôle de te croiser du coup. Ouais,

  • Speaker #1

    comme tu vas peut-être me croiser en train de courir, en train de sourire ou d'être plus content que dix minutes avant. Et le truc sans filer, je trouve difficile, c'est dans le cadre du boulot. Tu vois, moi, on a tous beaucoup ce syndrome de l'imposture. Et donc, quotidien, quand tu as l'impression de ne pas avoir été à la hauteur, de ne pas être revenu assez tôt vers un entrepreneur, de... Pas avoir assez traité tes emails, de pas avoir fait ci, pas avoir fait ça, d'être un peu à la bourre et tout. Moi, ça me ronge, quoi.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui te ronge ? C'est que tu as l'impression de ne pas être à la hauteur ?

  • Speaker #1

    J'aime même sortir en harmonie entre mes obligations, mes devoirs, ce que je dois faire, et mes kiffs, mon plaisir, mon sport et tout. Et je ne peux pas faire l'un sans l'autre. Donc, je ne peux bien bosser ou être bien dans mon élément que si à côté de ça, j'ai des soupapes. De la même manière, je ne peux profiter du moment présent que si de l'autre côté, j'ai bien bossé. Donc c'est toujours un équilibre assez fin à trouver.

  • Speaker #0

    Justement, c'est une bonne question, le moment présent. Parce que moi, c'est mon problème, mais c'est surtout, je trouve, un point commun chez énormément d'entrepreneurs. Le principe du métier d'entrepreneur, c'est d'essayer de prédire l'avenir quand même. C'est d'essayer, en tout cas, de se projeter sur le prochain move, de se projeter sur la prochaine solution. Donc c'est quand même un exercice qui est plutôt d'être dans le futur. Pas trop dans le passé, en tout cas les entrepreneurs que je connais sont assez peu dans le passé, ils sont tout le temps dans le futur, tu vois. Et du coup ils sont très peu dans le présent aussi. Toi dans quelle mesure tu arrives à être vraiment dans le présent, avec un métier qui est aussi intense, rapide, voilà. Et est-ce que tu trouves que c'est une bonne chose, nécessaire d'être dans le futur pour réussir dans ces métiers ?

  • Speaker #1

    C'est pas facile comme question ça.

  • Speaker #0

    Oui, j'adore les questions difficiles.

  • Speaker #1

    Je pense qu'on visualise le futur qu'on a envie de bâtir et que cette visualisation, elle ne doit pas te paralyser. Donc un bon entrepreneur ou même un bon investisseur va voir là où il veut aller, mais ça ne doit pas être un élément déterminant du quotidien. Au quotidien, c'est la consistance de ce que tu fais, de la manière dont tu le fais, les principes que tu appliques, qui ont des effets composés à terme et qui font que tu arrives à réaliser cette vision. Et d'ailleurs, c'était dans une lettre annuelle de Jeff Bezos qui disait « On surestime ce qu'on peut faire en un an et on sous-estime ce qu'on peut faire en dix. » Et donc l'entrepreneur, à force de regarder devant, en fait, se bloque l'esprit sur ce qu'il faut faire présentement pour y arriver. Et d'ailleurs, souvent, un exercice qu'on demande en board meeting avec nos entrepreneurs, c'est « prends la vision à 10 ans, fige-la. Prends la vision à un an, fige-la. Et ensuite, on va travailler en arrière pour voir ce que ça veut dire aujourd'hui. Et après, il faut que tu arrêtes de la regarder. On la regardera de nouveau dans 3 mois, dans 6 mois, dans 9 mois, dans 12 mois. Parce que tant que tu n'as pas les effets de ce que tu vas faire aujourd'hui, Ça sert à rien de te reprojeter dans un an, tu vois, 5 ans, 10 ans, quoi. Voilà. Et après, je pense que c'est aussi une question de tempérament. Moi, je vis à fond dans le présent. J'adore le présent. Parce que je sais pas si ça sert à quelque chose de regarder demain. Demain, je serai peut-être mort. Et j'en ai aucune idée, tu vois. Et t'entends des histoires d'horreur et de maladies tous les jours. Et tu peux pas te dire que toi t'es immunisé par rapport à ça quoi. Ça peut t'arriver. Donc ça sert à rien de regretter le fait de vivre présentement quelque chose d'agréable, donc même si t'as des choses derrière qui sont plus désagréables, qui sont difficiles et tout. Je comprends pas les gens qui se flagellent dans leur quotidien, de kiffer le moment présent, alors que tu vois, il y a des choses difficiles à côté. Donc il faut apprendre à profiter du moment présent. Et profiter du moment présent, c'est ne pas subir la pression extérieure, te rappeler que le monde... tourne sans toi, que à chaque fois qu'il t'est arrivé d'être à la bourre, que t'étais un peu surchargé, que t'avais des problèmes, en fait, les problèmes se solvent, les problèmes s'effacent, les tâches s'exécutent. En fait, le monde tourne. Et ton monde tourne aussi. Et toi, tu tournes. Faut pas t'inquiéter, quoi. Évidemment, c'est mieux d'être organisé, c'est mieux d'être efficace, c'est mieux de pas passer des heures sur des choses inutiles pour pouvoir être utile sur d'autres choses par ailleurs. Mais en réalité,

  • Speaker #0

    c'est qu'un long fleuve tranquille.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si c'est tranquille, mais en tout cas, j'aime bien dire que la vie est bien faite.

  • Speaker #0

    C'est quoi le moment ou les moments qui, selon toi, expliquent le plus là où tu en es aujourd'hui ? Des événements dans ta vie qui expliquent le fait que tu es aujourd'hui devenu investisseur, que tu t'es organisé comme ça ?

  • Speaker #1

    Bon déjà j'arrive pas à répondre à ta question exactement de où j'en suis aujourd'hui parce que c'est par là qu'il faut commencer quoi. Pourquoi ? Parce que je me suis jamais posé la question. Donc là tu me poses la question, tu me dis, tu vois, est-ce que tu regardes le passé, qu'est-ce qu'il fait, là où t'en es aujourd'hui, par rapport à là où t'en es aujourd'hui ? Bah où j'en suis aujourd'hui ? Aujourd'hui je suis dans le même esprit de conquête que celui d'il y a dix ans quand j'ai rejoint Xavier. Je pense même que c'est un esprit de conquête qui est renouvelé. qui est mieux organisée, qui grandit avec la maturité. Et donc moi, j'ai hâte des dix prochaines années, parce que je pense qu'elles vont être très différentes, parce que je fais les choses différemment aussi. Donc il y a ça. Je pense que j'aurais aimé être plus loin sur certaines réussites par rapport à des deals que j'ai faits, etc., et que j'y suis pas encore, et que ça, ça me pose la question de... Est-ce que je suis assez bon dans ce que je fais, quoi ? Et en même temps, il y a plein de choses et j'ai plein de retours d'entrepreneurs toutes les semaines qui sont heureux de nos échanges, des feedbacks que je leur donne, de ce qu'on a fait ensemble, etc. Donc j'ai quand même l'impression qu'on fait le travail. Il y a un truc qui est une notion qui est la notion d'ikigai chez les japonais.

  • Speaker #0

    J'adore.

  • Speaker #1

    Ce que tu fais bien. ce que tu aimes et ce pourquoi tu es utile au monde. En fait, c'est la composition des trois qui forme cette espèce de cœur.

  • Speaker #0

    C'est le rond, c'est l'intersection en fait.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est l'intersection. Moi, je suis en plein dedans. Et ça fait dix ans que je suis en plein dedans, dans cette ikigai. Et donc, en fait, j'ai quand même un équilibre, tu vois, intrapersonnel qui est très fort. Parce que je me sens aligné avec ce que je fais dans mon quotidien. Et voilà, mes chahuts internes, c'est des chahuts internes autour de... qui sont mon avis, tu vois, est-ce que je l'ai fait assez bien ? Est-ce que je l'ai fait avec assez d'ambition ? Avec assez de force ? Est-ce que je suis à la hauteur ? T'arrives quand même,

  • Speaker #0

    je trouve qu'il y a beaucoup d'entrepreneurs, en tout cas de manière générale, les gens qui sont performants, ont parfois du mal avec la satisfaction, la fierté, tu vois, le sentiment de fierté. En fait,

  • Speaker #1

    le problème de la satisfaction, c'est qu'elle s'évapore à une vitesse folle. Quand on a... Quand tu accompagnes une boîte pendant des années et qu'un jour elle se vend, tu te sens extrêmement vide le lendemain. C'est terrible. En fait, parce que ce qui était important, c'était la journée, tu vois, la concrétisation de la vente, l'argent, le machin et tout. Fondamentalement, ça ne te nourrit pas trop. Et d'ailleurs, c'est pour ça qu'il y a des entrepreneurs...

  • Speaker #0

    Ça nourrit ton CV, quoi.

  • Speaker #1

    Ouais, ton compte en banque et ton CV.

  • Speaker #0

    J'aurais pu penser quand même en premier.

  • Speaker #1

    Non mais tu vois, nourrir ton compte en banque et ton CV, c'est quand même pas ça qui te fait avancer le lendemain malheureusement. Le lendemain en fait c'est la prochaine histoire sur laquelle tu vas te battre. C'est pour ça qu'il y a quelque chose d'un peu boulimique chez les gens qui gagnent beaucoup d'argent, parce qu'en fait plus ils en gagnent, plus ils en gagnent, mais parce qu'en fait ils sont juste nourris par ces espèces de quêtes, les unes à la suite des autres, derrière lesquelles ils courent. Xavier, il ne rachète pas des boîtes telco pour l'argent, tu vois, avec ce qui pèse, c'est pas ça le sujet. rachète des boîtes telco parce que putain ça l'excite tu vois alors de racheter une boîte telco, de venir avec ses équipes, de couper dans les coups inutiles, d'amener tout ce qu'il sait faire là-dedans pour en faire une belle pépite. Et en fait, il fait une pépite après l'autre. C'est comme un chercheur d'or ou dans une mine de diamants, je ne sais pas quoi. En fait, tu ne cherches pas le gros. Évidemment, ta tête, tu as cette espèce d'imaginaire de « je cherche le gros lingot » . Mais en réalité, toute ta vie ne sera faite que de plein de petits lingots et c'est ça qui te fait kiffer. Et si un jour tu trouves le gros lingot, chuuut

  • Speaker #0

    suis pas sûr que tu serais agressé tu vas vouloir essayer de chercher encore un plus gros lingot tu vois ça va pas marcher justement c'est intéressant que tu en parles parce que c'est une question que je voulais te poser effectivement quand tu es investisseur tu cherches toujours le prochain deal le prochain bon avest la prochaine belle perf et et c'est vrai que je suis d'accord avec toi le problème de l'argent c'est la cupidité c'est quand tu quand tu viens à être en permanence insatisfait de ce que tu as déjà d'ailleurs on dit je sais plus ce que c'est l'étude mais c'est qu'il dit que Au-delà de, je ne sais plus ce que c'est, mais du style 80 000 euros par an de revenus, tu es marginalement plus heureux. Le gain marginal de bonheur. Le gain marginal de bonheur, le gain de bonheur est marginal. Et du coup, c'est vrai que ça dépend si tu cherches le bonheur, donc la satisfaction qui est plutôt le fait d'aimer ce que tu as déjà, ou est-ce que tu cherches l'excitation. Mais du coup, la question c'est comment tu travailles ton rapport à l'argent, toi, pour éviter ce côté cupidité. Et peut-être que Zéminel, tu as une réponse pour lui aussi. De courir toujours après plus. Et en même temps, d'être là, de continuer à être performant, d'accomplir des choses qui ont du sens pour toi. Comment tu navigues là-dedans ?

  • Speaker #1

    Déjà, pour l'anglicisme, je pense qu'il y a des choses qui sont outward facing et des choses qui sont inward facing. Outward facing, c'est justement la réussite des boîtes, le succès, l'argent, tout ce que ça va générer, etc. Quand tu fais ton métier et que tu cherches à générer du chiffre d'affaires, faire grossir ta boîte, devenir gros, devenir rentable, chercher ce succès un peu matériel, matérialiste. En réalité, pendant que tu fais ça, tu es aussi en train de nourrir la manière dont tu le fais et ce qui te grise dans la manière dont tu le fais. Et donc, moi, mon objectif personnel, c'est dans peut-être 10 ans, peut-être 15 ans, peut-être 20 ans, je ne sais pas quand, mais c'est d'arriver à ne plus chercher cette performance extérieure. Ou plutôt chercher le résultat, tu vois, la performance, mais plutôt me reconcentrer uniquement sur qu'est-ce que j'aime faire au quotidien et ce qui me nourrit déjà dans mes interactions avec les entrepreneurs. Donc prenons ce jeune artisan-là, ce jeune cuisinier chez Pierre Reboule. Et je parle de Pierre Reboule parce que ça me fait chier qu'il ait trois tables vides quand j'y étais l'autre soir. Il devrait être plein, il devrait avoir l'accueil, il devrait avoir des mois d'avance chez Pierre Reboule parce que c'est extraordinaire ce qu'il fait. Et je pense à ce... à ce jeune. Aujourd'hui, ce n'est pas mon quotidien de passer du temps avec ce jeune-là. Un, peut-être, oui, mais pas dix ou quinze. Peut-être que dans dix ans, ce qui va me griser, c'est exactement ce que tu as dit. Ça va être d'accompagner des artisans, en fait des gens à une échelle beaucoup plus petite, mais qui vont continuer de me nourrir parce que je vais faire exactement la même chose que je faisais avec les autres entrepreneurs, c'est-à-dire les aider à se réaliser. Moi, mon job, il est d'y croire, enfin d'écouter d'abord, première chose. Ensuite, une fois que tu as écouté, c'est poser des questions simples, mais qui permettent aux entrepreneurs de réaliser certaines choses. Oui,

  • Speaker #0

    tu as dit une phrase, il n'y a pas longtemps que j'ai oublié de m'utiliser, il y a un pouvoir incroyable dans les questions stupides.

  • Speaker #1

    Oui, et stupide, c'est pour un peu mettre l'accent sur le truc, mais en fait, c'est dans les questions simples. Donc, d'y croire, poser des questions simples. Non, écouter, poser des questions simples, y croire, et ensuite... donner confiance et permettre aux gens de se réaliser et en fait moi c'est ça mon quotidien

  • Speaker #0

    Et c'est ce que je kiffe faire.

  • Speaker #1

    Ce qui t'excite le plus, en tout cas je sens les paillettes dans les yeux, c'est surtout le fait d'aider des entrepreneurs à se réaliser plus que la performance en fait.

  • Speaker #0

    Totalement, et la performance c'est le résultat naturel d'aider des entrepreneurs à se réaliser. Aujourd'hui j'aide des entrepreneurs à se réaliser en faisant du venture capital, avec des moyens importants, sur des ambitions démesurées, et c'est très excitant. Mais je te dis pas que dans 15 ans en fait mon kiff ce sera plutôt d'aider des dizaines d'artisans à devenir des artisans exceptionnels à un scale beaucoup plus petit mais ça me rendra tout aussi fier.

  • Speaker #1

    Pourquoi tu commences pas maintenant si ça te fait vibrer déjà ?

  • Speaker #0

    Parce que en fait quand tu fais quelque chose quand tu regardes le futur, tu as la vision de ce que tu veux accomplir et Et dans cette vision de ce que tu veux accomplir, tu as le résultat final de ta boîte et tu as aussi le sentiment d'accomplissement personnel. Et moi, je ne l'ai pas atteint. Je ne pense pas avoir atteint ce cadre-là et je pense qu'il va me falloir encore 10-15 ans. Je pense que ça prend un peu de temps. Et si je faisais autre chose tout de suite, sans avoir finalisé cette première étape, je me sentirais... tu vois, incomplet, ou en tout cas j'aurais l'impression d'avoir fui quelque chose pour autre chose, tu vois. Et j'ai pas envie. Et d'ailleurs j'ai un investisseur que je connais bien qui monte sa boîte, et avant de monter sa boîte, il a accompagné deux de ses portfolio compagnie à lever des gros tours de financement, et en fait il a construit son portefeuille, et il me dit tu vois, je quitte ce fonds avec la satisfaction d'avoir fait mon travail jusqu'au bout. Moi, tant que... Je n'ai pas généré deux fois minimum cash on cash, en cash pur, ce que Xavier m'a permis d'investir depuis dix ans, et donc bientôt pendant quinze ans ou vingt ans, je ne serai pas satisfait. C'est marrant parce que l'objectif est précis. L'objectif est précis, je te dis ça, ça peut être un peu moins, ça peut être un peu plus, c'est juste que la mesure de la performance dans le métier, c'est le cash que je rapporte. Aujourd'hui, je n'ai pas encore rapporté. Je n'ai pas rapporté plus de cash que ce que j'ai investi. Et ça, je vais y arriver.

  • Speaker #1

    En même temps, c'est des plaies à 10 ans. C'est logique. J'imagine que c'est ce qu'attend aussi Xavier Niel. Il n'investit pas de l'argent dans les startups pour juste la journée.

  • Speaker #0

    Je me vois mal un jour aller voir Xavier et dire « Viens, on fait un kima de l'artisanat. Puis on laisse tourner le portefeuille à côté. » On verra ce qui se passe dans 5 ou 10 ans, si ce portefeuille génère effectivement le cash qu'il est censé générer par rapport à sa perf latente. Non, j'ai plutôt envie de lui dire, depuis 10 ans, j'ai énormément appris. En fait, cet apprentissage, je vais le mettre au service des 10 prochaines années pour des résultats décuplés, plutôt que redescendre d'un cran, tu vois.

  • Speaker #1

    Pour finir, j'aimerais bien qu'on parle de ton rapport au conflit.

  • Speaker #0

    Ouh là !

  • Speaker #1

    Ouh là là, direct ! Je trouve ça intéressant parce que, déjà, tu as un métier... qui suppose de dire beaucoup non, j'imagine.

  • Speaker #0

    Tout le temps.

  • Speaker #1

    Tout le temps, voilà. 90% du temps, j'imagine. Et puis, il y a plusieurs sujets que j'aimerais bien aborder avec toi. Alors, le premier, c'est déjà comment toi, tu es confortable avec le fait de dire non. Très confortable. Et est-ce que tu te sens confortable avec le conflit ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense que l'idée que je m'en fais est la réalité. Je pense que j'ai l'impression d'être très confortable avec le conflit. Parce que je dis souvent non et que j'ai pas peur de la confrontation, mais je pense que j'aime pas le conflit. Et donc c'est deux choses différentes. Moi j'avais tendance à mélanger les deux. A dire non mais moi le conflit ça me dérange pas parce qu'en fait la confrontation me dérangeait pas. Mais en fait c'est deux choses différentes. En fait moi j'aime pas le conflit.

  • Speaker #1

    C'est quoi la différence pour toi ?

  • Speaker #0

    On peut pas dire la confrontation parce que c'est la partie la plus facile. La confrontation c'est se mettre en face de quelqu'un. Et en tout cas, je pense qu'une bonne et belle confrontation, c'est une confrontation où on s'écoute, où on n'est pas d'accord, on se le dit, mais on se le dit avec de bonnes intentions, tu vois. Et à la fin, au bout de cette confrontation, on arrive à quelque chose où chacun a sorti son sac, on a réussi à se comprendre, et comme on s'est compris qu'on a sorti son sac, etc., on arrive quelque part, qui même c'est pas parfait, au moins, tu vois, les choses ont été... Tout est sorti avec les bonnes intentions. Et en fait, je trouve ça très... Je trouve quelque chose d'assez agréable dans la confrontation. Parce que, en fait, oui, la vie est faite de tensions, tu vois. Donc c'est important que ces tensions, elles s'expriment. Et après, la manière de bien se confronter, quoi. Le conflit... Il y a des gens qui sont conflictuels par nature. C'est-à-dire qu'à chaque fois qu'il y a quelque chose, ils vont chercher la petite bête, ils vont faire un petit peu chier, ils vont tuer, genre... Ils vont chercher le fight. Moi, je suis plutôt de nature à me poser ma question initiale, dès que je vois un début de couvrir un truc, c'est comment est-ce que j'évite le fight ? Parce qu'en fait, moi je veux kiffer, je veux pas me faire chier.

  • Speaker #1

    Ça te saoule de mettre de l'énergie dans un fight ?

  • Speaker #0

    99% des cas, tu vois. Quand le truc te bouffe intérieurement, bien sûr, t'y vas parce qu'en fait... tu as besoin de le confronter mais quand ce truc ne te bouffe pas intérieurement et que c'est un truc matériel ou petit ou tu vois qui ne change rien tu vois à ton quotidien à la face du monde ou je ne sais quoi putain en fait je préfère l'éviter quoi il fait chier d'y aller toi

  • Speaker #1

    tu as vécu du coup un conflit d'associés on peut le dire sur New Wave tu vois exactement comment tu le vois qui est un sujet que plein d'entrepreneurs vivent moi-même je l'ai vécu tu vois récemment donc je te pose la question euh... pas par voyeurisme, parce que ça peut aider je pense aussi des gens, tu vois. Comment tu as vécu cette période-là ? Et surtout, quelle est la plus grande leçon que tu en as tirée ?

  • Speaker #0

    Bon, ça a été très, très difficile.

  • Speaker #1

    Donc, pour le remettre du contexte, c'était un fonds New Wave dans lequel tu étais associé avec quelqu'un.

  • Speaker #0

    On s'est associé avec quelqu'un, on s'est séparé et cette séparation a été difficile. Très difficile. On va revenir directement aux conclusions. D'abord parce que moi je fais la paix avec ce conflit. J'ai fait la paix avec ce conflit parce que ce qui est important c'est qu'on avance. La première c'est que dans le conflit il y a un aspect matériel et un aspect émotionnel. L'aspect émotionnel sera toujours beaucoup moins prédictible, beaucoup plus important et fait ressortir les choses les plus profondes chez les gens par rapport à l'aspect matériel. Donc en fait il faut aborder l'aspect émotionnel en... tout tout tout tout tout premier lieu le sujet n'est pas matériel dans un conflit entre associés il est émotionnel il est sur comment tu me perçois quelle image tu renvoies aux autres qu'est-ce que ça va faire sur ma réputation, sur mon estime de moi, dans la là, en fait c'est tr��s complexe quoi, et l'émotion ce n'est jamais quelque chose qui se traite dans l'instant moi c'est très difficile pour moi parce que je suis une garçon très efficace par nature, j'aime que les choses aillent très vite,

  • Speaker #1

    et là c'est lent faut le temps d'absorber c'est même pas lent,

  • Speaker #0

    c'est naturel et en fait les émotions, les sentiments et tout ça de manière naturelle ça prend du temps. Donc il faut accepter ce temps quoi. Et ce temps ça veut dire que tu vas dire quelque chose à quelqu'un à un instant donné et que tu n'en verras les résultats que dans quelques jours, quelques semaines, quelques mois et qu'en plus c'est pas qu'une fois c'est deux fois, trois fois, dix fois en fait c'est un espèce de fil rouge à suivre quoi. Donc il faut prendre de l'avance. Un bon conflit c'est pas un conflit qui se... Les gens pensent qu'un bon conflit c'est c'est un conflit qui se traite vite. C'est pas vrai. Un bon conflit, c'est un conflit qui se traite avec le temps. Le temps que les choses se digèrent, se nourrissent, que les échanges se fassent, que tu prépares les choses à la fois émotionnellement, matériellement, etc. Donc un bon conflit entre associés, c'est un conflit qui doit prendre du temps. Donc prenez votre temps. Prenez votre temps d'abord de comprendre quelle est la situation, de comprendre comment vous vous ressentez, pourquoi vous vous ressentez comme ça, d'essayer de comprendre comment l'autre se ressent. Parce qu'en fait, il y a toujours deux côtés de l'histoire. Moi, dans le cadre de notre conflit... On peut dire qu'on était deux personnes avec des tempéraments différents à plein d'égards, et que ces tempéraments pouvaient créer des frictions qui étaient désagréables pour l'un comme pour l'autre. Après, il y a plein d'autres aspects dans le conflit, mais ça, c'était important. Et donc, il faut que tu comprennes comment l'autre se ressent.

  • Speaker #1

    Tu as réussi à le faire tout seul, ou est-ce que vous vous êtes fait aider par un médiateur ou par ce genre de choses ? tellement une solution qui est peu utilisée et utilisée trop tard au moment où les émotions sont tellement vives que c'est là où ça devient un conflit en réalité parfois quand ça bloque un peu si tu fais une médiation ça peut vite te boucler il y a eu un médiateur qui aurait pu rentrer dans la boucle à un moment donné,

  • Speaker #0

    c'était déjà trop trop trop tard une bonne médiation ça se fait très tôt, c'est certain, et dans tous nos conflits d'associés d'ailleurs, maintenant systématiquement je leur conseille de prendre un médiateur immédiatement Immédiatement, c'est ce médiateur qui a l'habitude justement de permettre à l'un et l'autre de comprendre les situations, les émotions, les sentiments, etc. Et donc de créer un terrain de synchronisation pour pouvoir avancer sereinement après. Un bon conflit, c'est un conflit qui ne se traite pas rapidement, qui se traite un peu lentement, au rythme des émotions et pas des aspects matériels qui s'en suivent. Et une fois qu'on a traité la partie émotionnelle, on peut traiter la partie matérielle.

  • Speaker #1

    Je pense en tout cas que c'est de se séparer, de se serrer la main sous la pluie. C'est ça, j'aime bien l'image. Oui,

  • Speaker #0

    j'aime bien, c'est joli. Après, le problème, c'est que souvent, quand on est face à une séparation ou un conflit, c'est souvent la première fois. Ça nous arrive peu dans la vie. Et donc, on apprend. Il n'y a pas longtemps, j'étais dans une situation conflictuelle, pas conflictuelle, mais qui aurait pu potentiellement être conflictuelle avec quelqu'un. Putain mais en fait je me suis rappelé toute l'expérience des 12 dividendes du mois, je peux dire que ça se passe nickel. Ça se passe nickel parce que je savais qu'il fallait que je fasse attention dans ce cadre-là.

  • Speaker #1

    Et tu arrives à ne pas, par peur de reproduire ou de revivre ce que tu as vécu, à ne pas transiger ou faire des compromis sur toi, tes besoins ? Parce que parfois tu vois c'est ce qui peut arriver. C'est que tu te dis en fait bon du coup fuck j'ai déjà vécu un truc et donc du coup je vais laisser tomber ce que je veux.

  • Speaker #0

    Moi je me sens beaucoup.

  • Speaker #1

    Il y a plus de mal à ne pas laisser le truc ?

  • Speaker #0

    Je pense que j'ai l'impression que je suis responsable de tout tout le temps. C'est déjà un struggle, un conflit intérieur à gérer chez moi.

  • Speaker #1

    Ton problème, c'est plus la peur de ne pas être aimé ?

  • Speaker #0

    Bien sûr,

  • Speaker #1

    100%. Peur du rejet ? Oui,

  • Speaker #0

    manque de reconnaissance, être inutile.

  • Speaker #1

    Être inutile ? J'avais demandé à ça au fondateur de Tiga, d'une fois je lui ai dit « Est-ce que tu préfères que tes salariés te disent qu'ils ont aimé travailler avec toi ou qu'ils ont grandi avec toi ? » Je me dis franchement, ça ne me fait pas plaisir de dire ça, mais je préfère que les gens aient aimé.

  • Speaker #0

    Pas facile. Les gens sont souvent ingrats. Tu as beaucoup de gens que tu as aidés à faire grandir, qui ne te diront pas que tu les as fait grandir. Et d'ailleurs, juste, c'est pas très sympa, mais dans l'entreprise, les patrons ont du mal à comprendre ce que ressentent leurs employés. Et l'inverse est vrai aussi, les employés ne comprennent pas ce que ressentent les patrons. Il y aura toujours une dichotomie là-dessus entre patron et employé. Le patron, il met ses tripes, il joue sa life, il a une prison quotidienne énorme et l'employé va dire qu'il n'est pas assez valorisé. qu'il est un élément important et que le patron n'a pas conscience de tous les efforts qu'il fait pour que son patron s'enrichisse. Et en fait, ce truc-là est universel et durera éternellement et ce n'est pas grave. Mais donc, ça veut dire que ça demande, si tu sors de là, de créer un environnement de travail où les gens, en tout cas, sont fiers, se sentent valorisés, ont l'impression de grandir et tout.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu crois avec cet événement de l'IA, des IA agents, etc., tout ce qu'on dit là-dessus ? C'est la fin du salariat, tu vois. C'est l'avènement dans la tech, je parle un plus tout particulièrement, tu vois, mais c'est l'avènement de ce que Sam Altman peut dire les prochaines boîtes à un milliard avec 20 personnes, tu vois.

  • Speaker #0

    Alors je sais pas, j'ai du mal à prendre en compte la notion de salariat. Mais je pense qu'il y a beaucoup de gens qui ont besoin d'être managés, d'être dans un environnement encadré. Ça les rassure. Ils préfèrent se lever le matin, pas en se disant j'ai la responsabilité de ce que je vais faire aujourd'hui, mais quelqu'un m'a donné des tâches à accomplir, dont les missions sont claires, sur lesquelles mon champ de compétences est clair aussi. Et à la fin de la semaine, à la fin du mois, je suis payé, je suis payé pour ça et ça me rassure. C'est important. Et ça, ça ne changera jamais. Il y a des gens qui veulent être des indépendants, il y a des gens qui veulent être salariés, il y a des gens qui ont besoin d'un cadre, d'autres qui le détestent. Et il y a des gens d'ailleurs qui devraient être salariés mais qui détestent le cadre et inversement.

  • Speaker #1

    Toi tu détestes le cadre, tu le dis, et pourtant t'es salarié.

  • Speaker #0

    Moi je suis pas vraiment salarié.

  • Speaker #1

    Comment tu considères son statut ?

  • Speaker #0

    Bah si tu demandes à... tu peux le demander à Xavier. Mais en fait, Xavier d'abord il fait confiance aux gens avec qui il bosse. Il leur demande... En fait Xavier il est impatient dans l'action, impatient dans les résultats. Donc il demande que tu sois là, que tu fasses le taf et je pense qu'il a besoin de ressentir que tu ne te satisfais pas de là où tu es et que tu continues de faire les efforts pour aller là où tu dois aller. Donc ce truc-là est important. Et tant que tu fais ça avec de l'éthique de travail, avec du talent, tout en continuant d'apprendre, il continuera de te faire confiance. Et après, la difficulté c'est que Xavier a mis l'activité en parallèle. Et donc, toi, en tant qu'une petite partie de ses activités, à quel moment tu le sollicites ? Pourquoi ? Comment ?

  • Speaker #1

    T'as encore peur de le solliciter, Xavier Niel ?

  • Speaker #0

    Tout le temps, depuis toujours. J'ai toujours peur de le déranger. Parce qu'en fait, comme Xavier, il est toujours sympa, et toujours avec nous, il travaille avec lui. Il est toujours moteur, il dit toujours oui et tout. De temps en temps, je me dis, mais merde, en fait, si je lui prends une heure ou deux sur un truc, alors qu'en fait, le jour J, ça va l'emmerder parce qu'il a peut-être d'autres trucs qui le tracassent. Je suis un peu embêté, tu vois. Donc, ouais, ouais, j'ai... Et moi, je le sollicite. peu ou le moins possible parce que j'ai peur de le déranger.

  • Speaker #1

    C'est pas facile parce qu'en plus, je trouve que ça fait quoi ? 11 ans maintenant que tu es chez Kimana ?

  • Speaker #0

    10 ans, ouais.

  • Speaker #1

    10 ans, ouais. Donc, tu as commencé au démarrage de... Tu es parti de dire que tu étais partenaire chez The Family à l'époque, je me souviens. Tu as quitté ce monde qui était déjà très excitant à l'époque, parce que The Family, c'était le cœur de l'écosystème à ce moment-là.

  • Speaker #0

    C'est grâce à The Family que j'ai eu mon job chez Xavier.

  • Speaker #1

    Ah ouais ?

  • Speaker #0

    Bien sûr. Il m'a permis d'être visible, de communiquer, et d'avoir une image à laquelle Xavier a pu se référer le jour où il s'est posé la question qui je vais mettre à la tête de qui m'a. Donc je serai toujours éternellement reconnaissant de cette expérience. Puis j'étais là au bon moment. C'est super.

  • Speaker #1

    Comment tu analyses d'ailleurs le conflit The Family ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il n'y a pas trop d'analyses à avoir. Ce qui est dommage, c'est l'ampleur que ça a pris, comme toujours, souvent. Et puis, c'était un joli jouet qui a été cassé. Et qui a été cassé parce que... Et d'ailleurs, on en revient à ce qu'on se disait avant. Quand tu es bootstrap, tu apprends de ton expérience. Et en fait, tu es face à toi-même et tu n'as pas l'argent extérieur, etc. Chez ce family, c'était quand même la même problématique que tous les incubateurs et que tous les accélérateurs du monde, c'est comment est-ce qu'on gagne de l'argent tout en accompagnant des boîtes dont on sait que les retours ne vont arriver que dans 10 ans. Donc, une espèce d'organisation bicéphale où d'un côté, tu accompagnes des entrepreneurs et de l'autre, tu as des activités pour gagner de l'argent maintenant. Et c'est hyper, hyper, hyper dur.

  • Speaker #1

    Il y en a qui réussissent. D'ailleurs, récemment, j'ai passé... pas mal de moments avec Pierre Paris, The Quest.

  • Speaker #0

    Ah oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    The Quest, pour faire le pitch, c'est cinq associés. D'ailleurs, c'est très étonnant que cinq associés, ça marche. Je ne sais pas trop comment ils fonctionnent, mais d'ailleurs, il m'a fait une réponse là-dessus. Il m'a dit qu'en fait, ils n'ont pas peur du conflit. En tout cas, ils n'ont pas peur du désaccord. Et donc, ils se rendent dedans les uns les autres.

  • Speaker #0

    Quand je ne suis pas d'accord avec Max sur un truc, je lui fais un mail, je lui dis, mais direct, je rentre dedans. Il n'y a jamais aucun problème. Il revient vers moi de manière hyper circonstanciée. là tu suis d'accord là tu suis pas d'accord tadada c'est hyper agréable non mais ils sont vraiment très bons

  • Speaker #1

    Et donc eux, ils accompagnent des très jeunes entrepreneurs à monter des boîtes plutôt très tech, très disruptives, comme on dit. Et pourquoi je te dis ça ? Et en fait, ils ont Maxime qui va plutôt se concentrer sur le très long terme, la capacité potentielle à faire un milliard, on va dire. Et Pierre qui, lui, se concentre sur comment je fais rentrer du cash maintenant. Et donc effectivement, dans ce type de modèle, il faut absolument que tu aies du cash qui rentre pour financer la vie. et puis que tu en aies un qui bosse sur le futur. Ce que The Family aurait pu réussir à faire, d'ailleurs avec un modèle comme Pathfinder, je me souviens, où ils faisaient du conseil sur les entrepreneurs et qui rapportaient un peu d'argent, mais je ne sais pas pourquoi. En fait, je pense qu'à un moment donné,

  • Speaker #0

    ils s'en oubliaient là-dedans. L'idée de Pathfinder, c'était du conseil au grand groupe. Donner du conseil au grand groupe, alors que de l'autre côté, tu conseilles les boîtes qui vont les disrupter. Tu peux donner le truc en long, en large, en travers. Ce n'est pas facile. Le truc qui marchait bien, je pense que là où The Familiar aurait pu killer le game en plus c'était la bonne période c'était 2015 C'était le contenu. On aurait dû, en fait, tu vois, Alice était exceptionnelle en termes d'énergie déployée pour que ce contenu existe. Oussama pour l'animer. Et Nicolas pour le crédibiliser. Et en fait, cet ensemble-là fait qu'ils auraient pu lancer X podcast, X truc, tout. Sur le contenu, on aurait dû juste mettre la gouache et ne faire que du contenu. C'est très facile à dire a posteriori, mais...

  • Speaker #1

    Oui, le contenu, ça rapporte de l'argent.

  • Speaker #0

    Mais le contenu... bien exécuté, c'est énorme.

  • Speaker #1

    Oui, c'est un rapport du cash, c'est clair. MrBeast est le premier YouTuber humilier.

  • Speaker #0

    Voilà, regarde la rapidité à laquelle un legend média a fait sa place en France.

  • Speaker #1

    C'est ouf. Tu penses que le podcast c'est un business en crise ou c'est un business de... Comme ça, je vais savoir si je continue ou pas très longtemps.

  • Speaker #0

    C'est un business de pour-haut, comme le VC, il n'y a que le top 1% qui va générer 99% de l'argent. Donc, il faut être dans les meilleurs.

  • Speaker #1

    Il faut être dans le top 1%.

  • Speaker #0

    Si t'es pas dans le top 1%, dis-toi que tu fais ça par passion. Pas pour autre chose.

  • Speaker #1

    C'est pour ça que je le fais pour l'instant. Effectivement, je connais bien Mathieu Stéphanie qui était dans le club au début. Il incarne bien ça. Parce que lui, avec son podcast, il fait plus d'un million de revenus en sponsoring. Sur des échelles de coût.

  • Speaker #0

    Mathieu est dans le 1% du 1%.

  • Speaker #1

    Oui, il est dans le 1% du 1%. Mais je pense qu'en plus, comme il a une cible B2B... Il monétise son audience beaucoup plus cher que d'autres podcasts qui font même parfois plus d'audience, mais qui sont metoussis.

  • Speaker #0

    Il est très bon, c'est un des grands exemples.

  • Speaker #1

    Deux dernières questions pour terminer. Quel est ton plus grand regret ?

  • Speaker #0

    Professionnel ou personnel ?

  • Speaker #1

    Tu choisis.

  • Speaker #0

    Écoute, on va rester sur le cadre pour mon plus grand regret. Pro, c'est de ne pas avoir été là pour une de nos boîtes lorsqu'il s'agissait de structurer la gouvernance beaucoup mieux pour qu'elle réussisse. Et que le gain potentiel de cette boîte par rapport à la perte que ça a généré est monstrueux.

  • Speaker #1

    Et tu as le sentiment que si tu avais été présent pour les aider à...

  • Speaker #0

    Si ça avait été aujourd'hui, par rapport à il y a 5 ans, j'aurais géré la situation différemment. Et l'output aurait été probablement différent.

  • Speaker #1

    Ça me fait penser à une petite question subsidiaire qui est que tu as dit récemment aussi que tu n'as pas investi dans une boîte parce que tu considérais que le fondateur était un con. Et que c'était potentiellement un manque à gagner d'aujourd'hui 50 millions.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    Tu regrettes une décision comme ça ?

  • Speaker #0

    Je pense que la raison pour laquelle je regrette, c'est parce que... t'aimer un jugement de valeur sur quelqu'un en réalité t'as plein de gens que tu finances que tu penses qu'ils sont bien et en fait c'est des cons aussi donc en fait au moins lui c'était clair il n'y avait pas de choix et ensuite ça reste une belle boîte et donc je suis un peu je m'en veux un petit peu d'avoir été pris par le... il y avait 3 éléments, c'était pas le seul élément il y avait 3 éléments différents dans la boîte mais c'était un des 3 Voilà Peut-être que j'aurais dû être beaucoup plus trivial dans ma façon de penser et pas trop réfléchir à ce deal-là.

  • Speaker #1

    Et c'est quoi ta définition d'un con ?

  • Speaker #0

    Quelqu'un qui... Enfin d'ailleurs, je ne sais pas un con, mais c'est un connard. Un connard, c'est quelqu'un qui n'a pas de... Ah ! Il faut que je trouve le bon mot.

  • Speaker #1

    Empathie ?

  • Speaker #0

    Non, je ne crois pas beaucoup en l'empathie, moi. Je crois en la compassion rationnelle. L'empathie c'est un truc qui fait mal, c'est pas bon, ça peut te bouffer quelqu'un, quelqu'un qui a trop d'empathie, ça va le bouffer au quotidien, c'est dangereux. La compassion c'est important, et la compassion rationnelle c'est ce qui te permet de faire la part des choses. Donc je crois plus en la compassion qu'en l'empathie, et ce mec là, il est un connard, c'est quelqu'un qui ne se pose pas la question. de ce que les gens ressentent quand ils leur parlent, quand ils agissent, quand ils font les choses, tu vois. Ils ne se rendent pas compte. Tu peux rendre quelqu'un de très malheureux dans ton style de management ou de leadership au quotidien, et toi, ça te fait ni chaud ni froid. Je pense que c'est un manque d'empathie quand même. C'est les gens qui ont en fait un niveau d'empathie, genre, tu vois, qui est un peu plus bas que la moyenne, premièrement, et qui, deux, sont un peu sans filtre. Et en fait ce combo là il est dangereux parce que ça fait des gens qui... Tu vois ça détruit des personnalités quoi.

  • Speaker #1

    Ah bah bien sûr. Mais tu sais j'écoutais sur Legend justement un psychiatre de psychopathe tu vois. Ouais. Et il disait...

  • Speaker #0

    C'est le père de Alice Daguiri.

  • Speaker #1

    Ah d'accord mais t'as raison il s'appelle Alice Daguiri. Ouais ouais. Ah oui c'est très drôle. Alors là il disait ça, c'était super intéressant. Il disait est-ce que tu sais quel est le top 3 des professions où il y a le plus de psychopathes ? Essaye vas-y.

  • Speaker #0

    Bah je sais pas mais j'imagine que du coup tu verras les entrepreneurs. Non c'était quoi le truc ?

  • Speaker #1

    Les entrepreneurs non.

  • Speaker #0

    Non c'était quoi ?

  • Speaker #1

    Alors numéro 1 c'est les politiques.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Numéro 2 c'est les chefs d'entreprise.

  • Speaker #0

    Bon chefs d'entreprise pardon ok.

  • Speaker #1

    Ouais parce que je pense que c'est plus chefs de grandes entreprises que entrepreneurs tu vois.

  • Speaker #0

    D'accord je comprends ce que tu dis.

  • Speaker #1

    Et numéro 3 c'est les chirurgiens.

  • Speaker #0

    Ouah c'est dingue !

  • Speaker #1

    Ouais parce que les chirurgiens en fait il faut absolument que tu manques... Si tu te mets à stresser, à avoir peur de faire du mal à l'autre, évidemment que ta main tremble.

  • Speaker #0

    Et peut-être aussi que tu as le niveau d'empathie, mais qu'à mesure que tu avances dans ta carrière, comme tu as besoin d'Annie, il est ça pour pouvoir faire ton métier, c'est comme les gens qui font face à la mort tous les jours.

  • Speaker #1

    Et c'est la deuxième leçon que j'ai trouvé assez fascinante, c'est que la sociopathie n'est pas innée, elle est acquise souvent. Et ça c'est quand même fou. Ça veut dire que c'est un environnement dans lequel tu vis. La confrontation à la mort, ça peut être ça, mais ça peut être la violence managériale, ça peut être la violence, la guerre, tu vois. Qui vont faire que tu vas bloquer à un moment donné ton canal empathique. Et chez les politiques, c'est un peu ça. C'est-à-dire qu'en fait, Macron, tous les psys, les psys adorent analyser les hommes politiques, ils te disent qu'en fait, le gars, il a... Et c'est ça qui crée, je pense, une telle distance avec les gens et qui font qu'aujourd'hui, il est détesté. C'est qu'en fait, il a coupé son canal empathique, en réalité. Il est très rationnel, tu vois.

  • Speaker #0

    Pour se protéger, parce que c'est quelqu'un qui a l'air d'être assez hypersensible. Je ne le connais pas, mais il est très sensible. Je pense qu'à un moment donné, si tu es dans ce monde politique qui est assez violent, tu t'en protèges comme ça. C'est ouf.

  • Speaker #1

    C'est ça. Donc voilà, faut faire gaffe à ça. Mais je pense avoir des enfants t'inquiète, ça te protège pas mal de ça. En tout cas moi c'est ce que je me dis pour moi avec la mère.

  • Speaker #0

    Pour te rassurer ?

  • Speaker #1

    Ouais pour me rassurer exactement. Dernière question, pour qui tu as le plus de gratitude aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Euh... Waouh ! Ecoute instinctivement j'allais répondre pour Xavier. Et après il y a la personne pour qui j'ai le plus de gratitude, c'est ma mère. Aujourd'hui c'est les gens qui sur la plus longue durée ont eu un impact sur moi. Et après j'ai deux autres personnes en tête mais je les garderai pour moi. Ok. Bon.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Jean d'être livré dans un poil et sans filet.

  • Speaker #0

    Avec plaisir.

  • Speaker #1

    Et puis je te souhaite un bon retour ex.

  • Speaker #0

    Une bonne semaine surtout, on n'est que lundi mon vieux, maintenant il va falloir enchaîner.

  • Speaker #1

    Ah tu restes à Paris là ?

  • Speaker #0

    Ah ouais ouais ouais. Ah d'accord. Il faut aller bosser.

  • Speaker #1

    Il faut aller bosser. Allons bosser.

  • Speaker #0

    Merci Jean. A bientôt.

  • Speaker #1

    Ton problème, c'est plus la peur de ne pas être aimé ?

  • Speaker #0

    Bien sûr,

  • Speaker #1

    100%. Peur du rejet, quoi ?

  • Speaker #0

    Oui, manque de reconnaissance, être inutile.

  • Speaker #1

    Être inutile ? J'avais demandé à ça au fondateur de Tiga, est-ce que tu préfères que tes salariés te disent qu'ils ont aimé travailler avec toi ou qu'ils ont grandi avec toi ? Je me dis franchement, en vrai, ça ne me fait pas plaisir de dire ça, mais je préfère que les gens aient aimé.

  • Speaker #0

    Pas facile. Les gens sont souvent ingrats. Tu as beaucoup de gens que tu as aidés à faire grandir, qui ne te diront pas que tu les as fait grandir. Et d'ailleurs, c'est pas très sympa, mais dans l'entreprise, les patrons ont du mal à comprendre ce que ressentent leurs employés. Et l'inverse est vrai aussi, les employés ne comprennent pas ce que ressentent les patrons. Il y aura toujours une dichotomie là-dessus. Le patron est employé. Le patron, il met ses tripes, il joue sa life, il a une prison quotidienne énorme. Et l'employé va dire qu'il n'est pas assez valorisé, qu'il est un élément important et que le patron n'a pas conscience de tous les efforts qu'il fait pour que son patron s'enrichisse. Et en fait, ce truc-là est universel et durera éternellement et ce n'est pas grave. Mais donc, ça veut dire que ça demande, si tu sors de là... de créer un environnement de travail où les gens en tout cas sont fiers, se sentent valorisés, ont l'impression de grandir et tout.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu crois qu'avec cet événement de l'IA, des IA agents, etc., tout ce qu'on dit là-dessus, c'est la fin du salariat ? C'est l'événement dans la tech, je parle plutôt particulièrement, tu vois, mais c'est l'événement de ce que Sam Altman peut dire, les prochaines boîtes à un milliard avec 20 personnes, tu vois.

  • Speaker #0

    Alors je sais pas, j'ai du mal à... Tu vas prendre en compte la notion de salariat. Je pense qu'il y a beaucoup de gens qui ont besoin d'être managés, d'être dans un environnement cadré. Ça les rassure. Ils préfèrent se lever le matin, pas en se disant j'ai la responsabilité de ce que je vais faire aujourd'hui, mais quelqu'un m'a donné des tâches à accomplir, dont les missions sont claires, sur lesquelles mon champ de compétences est clair aussi. Et à la fin de la semaine ou à la fin du mois, je suis payé, je suis payé pour ça et ça me rassure, c'est important. Ça, ça ne changera jamais. Il y a des gens qui veulent être des indépendants, il y a des gens qui veulent être salariés, il y a des gens qui ont besoin d'un cadre, d'autres qui le détestent. Et il y a des gens d'ailleurs qui devraient être salariés mais qui détestent le cadre et inversement.

  • Speaker #1

    Toi, tu détestes le cadre, tu le dis, et pourtant tu es salarié.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas vraiment salarié.

  • Speaker #1

    Comment tu considères ton statut ?

  • Speaker #0

    Si tu demandes à... Tu peux le demander à Xavier, mais en fait... Xavier d'abord il fait confiance aux gens avec qui il bosse. Il leur demande... En fait Xavier il est impatient dans l'action, impatient dans les résultats. Donc il demande que tu sois là, que tu fasses le taf. Et je pense qu'il a besoin de ressentir que tu ne te satisfais pas de là où tu es. Et que tu continues de faire les efforts pour aller là où tu dois aller tu vois. Donc ce truc là est important. Et tant que tu fais ça avec... de l'éthique de travail, avec du talent, tout en continuant d'apprendre et il continuera de te faire confiance. Et après, la difficulté c'est que Xavier a mis l'activité en parallèle. Et donc, toi, en tant qu'une petite partie de ses activités, à quel moment tu le sollicites ? Pourquoi ? Comment ?

  • Speaker #1

    T'as encore peur de le solliciter Xavier Lignel ?

  • Speaker #0

    Tout le temps, depuis toujours. J'ai toujours peur de le déranger. Parce qu'en fait, comme Xavier, il est toujours sympa, et toujours avec nous, en fait, avec nous qui travaillons avec lui, il est toujours moteur, il dit toujours oui et tout. De temps en temps, je me dis, mais merde, en fait, si je lui prends une heure ou deux sur un truc, alors qu'en fait, le jour J, en fait, ça va l'emmerder parce qu'il a peut-être d'autres trucs qui le tracassent. Je suis un peu embêté, tu vois. Donc, ouais, ouais, j'ai... Moi, je le sollicite peu ou le moins possible parce que j'ai peur de le déranger.

  • Speaker #1

    c'est pas facile parce qu'en plus je trouve que Ça fait quoi ? 11 ans maintenant que tu es chez Kiman ? 10 ans, oui. 10 ans, oui. Donc tu as commencé au démarrage de... Tu es parti de dire que tu étais partenaire chez The Family à l'époque, je me souviens. Tu as quitté ce monde qui était déjà très excitant à l'époque, parce que The Family, c'était le cœur de l'écosystème à ce moment-là.

  • Speaker #0

    C'est grâce à The Family que j'ai eu mon job chez Xavier.

  • Speaker #1

    Ah oui ?

  • Speaker #0

    Bien sûr. Il m'a permis d'être visible. de communiquer et qu'en fait d'avoir une image à laquelle Xavier a pu se référer le jour où il s'est posé la question qui je vais mettre à la tête de Kimar donc je serai toujours éternellement reconnaissant de cette expérience puis j'étais là au bon moment c'est super

Chapters

  • Intro

    00:00

  • 01:03 | Aix : un hub d’entrepreneurs

    00:00

  • Qui est Jean derrière la human machine ?

    03:25

  • Est-ce que le ROI justifie tous les sacrifices ?

    05:14

  • Leçons de la plus grosse plantade de Kima (10M€)

    07:28

  • D’où est venue la crise de la tech de 2021 ?

    09:30

  • Le débat : Bootstrap vs Levées

    12:40

  • L’art de vivre : notre atout en France

    18:02

  • Le problème de l’enchaînement des tours de levées

    22:00

  • Que conseillerait-il à ses enfants : bootstrap ou lever ?

    27:09

  • Le vrai entrepreneuriat : défendre sa vision du monde

    33:15

  • Le secret de l’investisseur qui réussit : l’indépendance

    38:20

  • La dernière fois que Jean s’est senti à poil et sans filet

    39:22

  • Ce qui rend Jean inconfortable

    41:29

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