- Speaker #0
Hello les voyageurs et bienvenue sur A ton tour du monde, le récit des voyageurs. Aujourd'hui, je vous emmène à la rencontre de nouveaux aventuriers. Alors préparez-vous à être transportés au bout du monde. Bonne écoute ! Alors je vais juste vous demander de fermer les yeux et d'imaginer ce qui va se passer pour le maintenant. Vous êtes au Nicaragua, la jungle vous entoure, les oiseaux tropicaux chantent, l'air est chaud et coloré. C'est ici qu'elle choisit de vivre Margot. En 2013, elle est diplôme en poche, elle quitte la Belgique avec un rêve, pratiquer l'artiste, thérapie et découvrir l'Amérique latine. Partie pour quelques mois seulement, elle tombe amoureuse du pays, de ses habitants et d'un musicien engagé. Cette rencontre est une histoire hors du commun, un mariage, un enfant et la création d'un lieu culturel en pleine réserve naturelle. Aujourd'hui, volontaires du monde entier viennent y partager la musique, le yoga, la capoeira, tandis que Mano, la marque éthique qu'elle a cofondée, donne du travail aux femmes de la communauté. Margot a troqué la Belgique pour la jungle et c'est ce parcours inspirant qu'on va découvrir ensemble. Est-ce que cette description te convient et est-ce que selon toi il y a des choses à rajouter ?
- Speaker #1
Non, c'est une bonne description. Il y a eu des petits... Maintenant ma marque s'appelle Alma et c'est devenu un atelier de femmes. On est sept femmes dont je suis l'une des sept qui travaillons. Le projet a vachement grandi parce que maintenant ça fait quand même... disant que je le fais. Et sinon, reste, tout est juste. Je voyage beaucoup. Je passe quand même du temps aussi en Belgique où je parle de notre projet et je guide aussi des retraites, de sang-killing, et je fais beaucoup de thérapie aussi en Europe.
- Speaker #0
Avant qu'on revienne sur ton projet au quotidien, moi j'aimerais surtout que tu nous plonges un peu en immersion avec toi dans la jungle. et dans ton lieu de vie. Est-ce que tu peux nous décrire un peu ton quotidien, ta maison, les sons, les couleurs, un petit peu ton environnement, là où tu passes le plus de temps ?
- Speaker #1
Oui, alors il faut que je me transporte là parce que là je suis en train de visiter ma famille en Europe. Alors j'habite vraiment au milieu de la jungle, dans un endroit très très reculé, dans une montagne qui est... Le patrimoine mondial de l'UNESCO est une des dernières forêts primaires du continent. C'est la deuxième forêt la plus grande d'Amérique latine après l'Amazonie. Et elle est en grand, grand danger. Elle est pratiquement presque détruite. Tous les jours, elle est un peu plus détruite. On garde un des derniers nucléus, je ne sais pas comment dire en français, mais de la réserve. Et après, tout autour, c'est vraiment déforesté. pour mettre des vaches, pour miner de l'or et pour le bois. Mais ça, c'est vraiment genre, c'est une troisième raison. C'est super beau, on a énormément de cascades, de rivières, il y a des sources d'eau qui jaillissent en haut de la montagne et qui nourrissent toute la vallée et tout le bas de la région, le reste de la région en fait, donc on est vraiment à la réserve d'eau. Il y a plein d'oiseaux, des toucans, des quetzals, des aigles. Il y avait beaucoup d'animaux, malheureusement, ils ont été très chassés. Il y avait des jaguars, ça fait des années qu'on n'en voit pas. Je sais qu'il y en a un peu plus à l'intérieur des terres. Ils se cachent, les humains, parce que les humains n'ont pas été très gentils avec eux. Et ils le sentent. Et du coup, ils se cachent vraiment. Il y a des pumas, il y a des oslos, il y a plein de sortes de différents types de renards ou de ratons laveurs. Beaucoup d'animaux endémiques de cette région. Les fleurs sont incroyables parce que là où j'habite, c'est un climat montagneux, tropical. Donc tout le reste du pays fait 40 degrés Celsius, mais chez nous, il fait plus frais. Il fait 19 degrés la nuit, la journée entre 20 et 30 degrés, ça dépend de la saison. Il pleut, tous les jours il pleut, il pleut, il pleut. Les gens souvent se disent « je veux trop venir te voir » . en imaginant les tropiques, mais c'est moi, il pleut tous les jours et j'en suis très très contente. Je remercie beaucoup pour la gratitude, pour la pluie, pour l'eau, dans un monde où on en manque beaucoup et du coup ça fait qu'on peut faire pousser tout ce qu'on veut parce qu'il y a du soleil et de la pluie parce que tous les jours, c'est une forêt tropicale pluvieuse. C'est très très beau comme environnement. c'est euh c'est Ce n'est pas facile à vivre parce que ce n'est pas un endroit... Les forêts tropicales sont des endroits pour les arbres et les animaux, pas pour les humains. Mais on a colonisé toute la planète. Donc, ce n'est pas facile. Mais c'est un grand enseignement aussi pour moi, surtout qui vient d'Europe, de Belgique. Ça a été à désapprendre beaucoup de choses.
- Speaker #0
Et pour autant, tu te sens chez toi là-bas ?
- Speaker #1
Oui, je me sens chez moi. Ça va faire bientôt autant de temps que j'ai vécu en Belgique, au Nicaragua. Je suis un hybride de toute façon. Je ne suis plus vraiment... Je suis une citoyenne de la planète. Je ne suis plus vraiment d'un endroit ou de l'autre, même si mes racines sont en Belgique. J'essaie de m'enraciner partout où je suis. Donc, je me sens chez moi, mais je me sens chez moi dans plein d'autres endroits aussi. Ça, c'est beau de construire aussi sa maison à l'intérieur de soi. Là-bas, j'ai toute une communauté qu'on a formée. On vit dans un village. En espagnol, c'est communauté, comunidad, parce que c'est plus petit qu'un village. Ce sont toutes des familles qui habitent dans la nature, donc on n'est pas très proches les uns des autres. Mais j'habite là depuis des années. Moi, je suis la seule. Maintenant, il y a une autre amie aussi, mais étrangère, au monde nicaragouien. Oui, j'ai beaucoup... J'ai beaucoup formé de liens avec les gens, ça fait 12 ans que j'habite là-bas. J'ai formé des projets, mais n'empêche que je serai toujours une étrangère, une blanche. Et il y a une grosse, grosse blessure de la colonisation dans toute l'Amérique latine de par les choses atroces que nos ancêtres ont fait. Et donc beaucoup de mon travail a été de justement guérir, guérir en moi et dans mes échanges avec les autres aussi. La blessure, cette blessure énorme de la colonisation, moi étant blanche, qu'on ne me regarde pas dans les yeux, que je suis mieux traitée que d'autres, les gens n'ont pas spécialement confiance en moi parce que je représente une menace, une autorité. Donc ça, ça a été beau de travailler tout ça.
- Speaker #0
Est-ce que tu peux revenir sur la genèse du coup de ce projet ? Comment tu es arrivée là-bas ? Donc à la base, tu as vécu en Belgique ton enfance. Est-ce que tu peux revenir rapidement sur ton enfance et sur ce désir, cette soif de partir en Amérique latine, de faire de l'art-thérapie ? Comment tout ça est arrivé ?
- Speaker #1
Alors, en fait, c'est comme si mon destin avait été tracé depuis que je suis née, parce que ma maman... est très très fan de la langue espagnole donc à 19 ans elle est partie en Espagne elle a appris l'espagnol et ensuite à la maison J'ai été élevée par ma maman et par des femmes qui venaient du Pérou et d'Équateur. Donc, depuis toute petite, j'ai entendu en même temps que le français et l'espagnol. Et maman, c'est très important pour elle qu'à la maison, on parle espagnol. Elle avait vraiment cette affinité avec la culture latine. Du coup, j'ai appris le français et l'espagnol en même temps. Et j'ai été bercée par les chansons et les berceuses de Irénée, Norma, les femmes qui... travaillait pour mes parents à la maison et qui passait énormément de temps avec moi. Et la douceur de la langue espagnole, la douceur aussi de cette culture, de ces chansons m'a profondément touchée, m'a marquée et ont marqué toute ma vie en fait. Et c'est pour ça qu'inconsciemment, et je m'en suis rendue compte par après, je suis partie retrouver ces femmes qui m'ont chanté, qui m'ont bercé. qui m'ont pris dans leurs bras, qui m'ont donné leur amour en laissant des fois leur famille derrière elles pour venir travailler pour un futur meilleur en Europe. Après ça, j'ai toujours été artiste, j'ai toujours aimé l'art, la musique, les vêtements, le théâtre, tout ça. Et du coup, j'ai étudié en Angleterre, j'ai étudié le graphisme. Et une fois que j'avais mon diplôme en poche... Je me rapprochais petit à petit de tout ce qui est la guérison, le healing, la thérapie. Vraiment, j'étais attirée vers guérir, réparer nos blessures et utiliser aussi mon background artistique dans ça. Et du coup, mon projet un peu fou avec mon diplôme en poche, c'était de partir sept ans en Amérique latine. pour découvrir chaque pays. J'avais voyagé en Amérique latine beaucoup avec ma maman qui est journaliste culturelle et passionnée de voyages. Elle m'avait emmenée depuis toute petite au Venezuela, au Guatemala, en Argentine, au Brésil, donc je connaissais déjà, mais pas tous les pays et seulement en tant que touriste, ce n'est pas la même chose d'y vivre. Avec mon diplôme en poche, je suis partie avec cette idée folle de passer sept ans à sac à dos et découvrir. couvrir chaque pays et j'avais un point d'ancrage en Équateur où j'allais travailler dans une ONG et pratiquer un petit peu mes recherches en art-thérapie. Je rêvais d'étudier par après l'art-thérapie, mais en fait, j'ai tout de suite mis en œuvre ce que je connaissais de l'art et après, ma passion pour l'éducation et les enfants, qui est une grande passion. Et je l'ai mis en œuvre. Mais j'ai d'abord atterri au Nicaragua. Un peu par coïncidence, je devais prendre un vol. Je suis partie en Californie. Je ne me laissais pas rentrer dans l'avion parce que je n'avais pas de vol de sortie des États-Unis. Le moins cher, c'était Elé Managua. Dans un coin de ma tête, ma mère m'avait dit « Je vais être au Nicaragua en novembre pendant un mois. » Je me suis dit « Pourquoi pas ? » J'ai pris ce vol en sortant de Californie pour commencer mon périple au Nicaragua, rejoindre ma maman. Ensuite, elle est partie. J'ai adoré le pays. Je suis restée. pendant trois mois j'ai travaillé avec plein d'ONG avec les enfants, donnant des cours d'art aux enfants, reconnectant qui on est, qui suis-je avec à travers des techniques artistiques et tout ça. Et finalement je pense qu'après quatre mois j'ai rencontré mon mari qui est une personne incroyable, qui était très engagée avec des des passions communes. moi donc très similaire la musique l'écologie là on s'est rencontrés on a fait un match très rapidement j'ai commencé à travailler avec lui dans l'enregistrement de musique le yoga on organisait des festivals on allait aussi à la rencontre de la population indigène mayagna du nicaragua pour vraiment enregistrer leur musique et leurs langues qui sont en voie d'extinction pour garder la mémoire. de cette langue. En fait, on a enregistré les premières chansons mayagnes qui n'avaient jamais été enregistrées. Et puis, un travail d'écologie, donc je l'ai rejoint dans le centre qu'il avait déjà, qui était tout petit à l'époque, ça fait 12 ans, qui est vraiment, donc la vision, c'est la régénération, la régénération des plantes, des humains, des animaux, pour la protection aussi, pour les protéger. Voilà.
- Speaker #0
Le projet a commencé à deux ?
- Speaker #1
Non, mon mari avait déjà le projet. Ça fait 17 ans que mon mari a fait une promesse qu'il allait protéger cette forêt envers et contre tout dans un pays où la situation politique est très délicate. en ce moment aussi. Il a fait cette promesse et je l'ai rejoint dans la promesse et on a amplifié le projet. J'ai amené mon côté féminin et tout ce qui vient avec ça et ça fait une très belle complémentarité.
- Speaker #0
Tu sais d'où vient cette promesse ?
- Speaker #1
Je n'étais pas là quand il a fait cette promesse mais il m'a raconté qu'il est monté la montagne parce que c'est une grande montagne en pierre blanche. avec des chamanes mayas, un groupe, je ne sais plus exactement quel était, pourquoi est-ce qu'ils sont partis faire ça, mais ils étaient tout en haut, ils ont fait un feu, et il y a eu quelque chose de très fort qui s'est passé, et il a juré qu'il allait protéger le mieux qu'il pouvait durant sa période de vie, cette montagne. C'est un endroit vraiment important pour le pays, surtout face au changement climatique, c'est un endroit... plus frais, il fait très très chaud, où il y a encore de l'eau. C'est comme un réservoir de vie. Et c'est aussi un réservoir de plantes. C'est comme une pharmacie naturelle où beaucoup de plantes qui ont disparu dans le reste du pays sont encore là-bas aussi. Des espèces animales. C'est très très important pour le pays. Et de là aussi, sa promesse, il devait partir. Il est un musicien vraiment très bon. Il a été nominé au Grammy's Award et il a décidé de tout faire. pour protéger cette montagne. Donc, quitter genre une carrière fulgurante. Alors maintenant, on se remet dans la musique et tout, donc ce n'est pas fini. Mais ça a été quand même un moment où on était vraiment dédiés 100% à cette montagne.
- Speaker #0
C'est comme s'il avait été appelé par les esprits un petit peu de la montagne.
- Speaker #1
Oui, alors cette montagne, elle a des esprits très forts parce qu'on s'y connecte beaucoup. Au Pérou, on dit les Apus. pour les montagnes. Au Nicaragua, il n'y a pas de nom, mais c'est un esprit très fort. C'est une montagne de confrontation vraiment et de retour à soi-même. Beaucoup de gens nous visitent et viennent avec des fois une idée différente que ce qu'ils reçoivent de la montagne, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de distraction. On est immergé dans la nature, loin de tout. Il n'y a pas de magasin, il n'y a pas de café, il n'y a pas de supermarché, il n'y a rien. Il n'y avait pas d'Internet et il n'y avait même pas de réseau téléphone. Maintenant, on a Internet. Tout est arrivé avec le temps. Et c'est un endroit où tout ce qu'on a voulu un peu cacher sous le tapis revient faire surface pour qu'on puisse le travailler, l'accepter, le guérir. Donc, beaucoup de gens viennent dans cette intention de soigner, de reconnecter avec soi-même, de ralentir.
- Speaker #0
Donc, la mission, entre guillemets, que vous avez auprès des voyageurs, auprès des gens qui viennent vous voir, c'est vraiment ça ? C'est de les reconnecter et de passer un message ?
- Speaker #1
Oui, exactement. On peut le dire, nous, en parole, mais le lieu fait son effet, en fait, seul aussi. C'est vraiment un lieu de reconnexion avec la nature. Et donc, je parlais des sons au début, c'est très fort, les sons là-bas. Il y a énormément d'insectes. En fait, si je te fais un audio quand je suis là-bas, tu vas me dire « Wow, c'est super fort derrière, un concert de milliers d'insectes » . Pour nous, quand on travaille la guérison par le son, le sound killing, c'est vraiment la guérison par les sons de la nature, une présence très forte, luxuriante de plantes. Vraiment le retour à notre nature originale quand il n'y avait pas de ville, quand on vivait vraiment dans la nature. Et ça, c'est l'intention, c'est pouvoir se reconnecter avec la nature parce qu'on est aussi écologistes engagés. Mon mari, on est très concernés par ce qu'on a fait à la nature en tant que race humaine. et qu'on s'est complètement déconnectés. Nous, l'eau, on la voit comme un être vivant, tout comme nous, comme les animaux. Et on travaille beaucoup à la reconnexion avec l'eau pour ne plus voir les animaux, les plantes, les éléments comme des outils qu'on peut utiliser ou des commodities, mais les voir vraiment à l'égal que nous-mêmes, des êtres avec qui on partage cette planète.
- Speaker #0
Tu parles beaucoup de guérison, les gens qui viennent te voir. En règle générale, c'est quoi, une guérison mentale et physique ou c'est juste une déconnexion qu'ils viennent chercher ?
- Speaker #1
De tout. Il y a des gens qui viennent en burn-out. Il y a énormément de burn-out en Europe. Je crois qu'en Belgique, c'est une personne sur deux qui fait un burn-out, des pressions. Tout ça, ça vient de la déconnexion. En tout cas, moi, ce que je pense, c'est que ça vient de la déconnexion à la nature, à la terre, à qui on est vraiment, en fait. Donc, voilà, il y a aussi des maladies physiques, des cancers, il y a énormément de cancers. Là, je suis retournée en Belgique et il y a énormément de gens autour de moi, de mon âge, qui sont touchés par le cancer. Et le cancer, c'est extrêmement lié au stress. Et tout ça, c'est la même chose. Donc, quand je parle de guérison... Je parle de guérison physique, mais de guérison mentale, de guérison émotionnelle. Les problèmes qu'on a aussi à niveau sociétaire, la pression qu'on sent, les jeunes, le couple, les divorces, tout ça. Donc guérison de tout ça, pouvoir accepter, pouvoir se sentir en paix avec soi-même. Les antidépresseurs, je crois que c'est les substances les plus utilisées en Europe. Donc même si on n'en parle pas toujours, on est tous un petit peu malades et c'est ça qu'on vient un peu guérir. On veut guérir pour être bien avec soi-même, pour être heureux, en paix avec ce qu'on vit, peu importe ce qui nous arrive.
- Speaker #0
Du coup, tu organises des stages d'une semaine, 15 jours, en déconnexion, immersion totale, et de rapprochement à la nature, du yoga, de la musique.
- Speaker #1
Oui, on fait ça. On a pas mal de retraites de yoga. On a maintenant des retraites de silence. Beaucoup de sound healing. On enseigne comment utiliser les bols tibétains. Mon mari est musicien professionnel, donc il enseigne aussi la guitare, la percussion, l'accordion, donc beaucoup d'instruments. On travaille aussi avec la médecine ancestrale du témascal, qui est le sweat lodge, qui vient d'Amérique du Nord et ensuite du Mexique, où les gens vont, on réchauffe un sauna avec des pierres volcaniques ou on verse de l'eau. Et c'est toute une cérémonie de renaissance, parce que c'est rond, donc on rentre dans le... le ventre de sa maman. Et puis, il y a quatre étapes où on passe par la naissance, l'enfance, l'adolescence, l'âge adulte. L'enfance et la naissance, c'est ensemble. Et la dernière étape, c'est l'âge avant de mourir et être grand-parent, être plus âgé, ancêtre. Et donc, on travaille beaucoup ça aussi. C'est une médecine ancestrale incroyable. Et puis, qu'est-ce qu'on fait d'autre ? On fait des jeunes dans la nature. Donc jeunes d'eau, jeunes de nourriture, des choses comme ça.
- Speaker #0
Tu as deux enfants qui ont quel âge ?
- Speaker #1
Le grand a 10 ans dans une semaine et le petit a 16 mois.
- Speaker #0
Moi je suis curieuse de savoir comment ils évoluent, eux, entre ces deux mondes. l'Europe où tu reviens de temps en temps et puis leur vie là-bas. Comment tu arrives justement à les élever dans ces deux schémas si différents ?
- Speaker #1
Oui, c'est intéressant. Mon grand, le petit, il a un an et demi, donc on verra. Pour le moment, il est heureux d'être sur Terre. Mais le grand qui a 10 ans, ce serait intéressant de lui poser la question. J'en parlais d'ailleurs avec lui cette semaine. Lui, il se sent profondément nicaragouien. Après, on a vécu la plupart du temps là-bas, mais il a quand même été à l'école en Belgique parce qu'on venait de temps en temps quelques mois par an. Il a de la chance d'avoir une super école qui l'accueille. C'est important pour moi qu'il ait aussi cette partie-là de sa culture. Il adore le Nicaragua. Il se sent vraiment de là-bas. Il n'aime pas dire qu'il est né en Belgique parce qu'il est né en Belgique. Je suis venue parce que je voulais être avec ma maman et ma famille pour donner la vie. Mais après, on est directement au Nicaragua, donc il se sent nicaragouien. Et il adore vivre dans la forêt. Et moi, j'ai toujours peur qu'il s'ennuie, qu'il n'aime pas, mais il a une petite école là-bas où il a tous ses amis. Ce qu'il me dit, lui, c'est que... Alors, il adore voir ses grands-parents en Belgique, mais pour lui, c'est trop... En tout cas, pour le moment. Plus grand, à mon avis, il va changer d'avis. Pour le moment, pour lui, c'est trop cadré, l'Europe. Il y a trop de règles, trop de choses pour les enfants. Indy Je me sens en cas, je ne peux pas faire ça, pas faire ça, pas faire ça, il n'y a que des règles. Là-bas, je peux faire ce que je veux, personne ne m'embête. Il a beaucoup d'autonomie là où on habite, il peut partir. Des fois, je ne sais pas où il est, peut-être en trois heures, mais je sais qu'il est en face dans la forêt ou chez le voisin un peu plus loin, il n'y a aucun danger. Donc, il a cette liberté qui est très importante, je pense, quand on est enfant, de sentir qu'on a quand même... un peu d'indépendance, même si on dépend de nos parents pour forger sa personnalité et pas être en laisse tenue par moi. Alors, quand il est ici, il est tout le temps avec nous, avec moi ou avec ses grands-parents. Il n'a pas ce moment de solitude avec lui-même dans la nature et c'est ça qui est très important pour lui. C'est ce qu'il me dit.
- Speaker #0
Moi, j'aimerais bien savoir aussi la vision de ta maman par rapport à la vie que tu mènes aujourd'hui, parce qu'elle a priori joué un rôle très important dans tes choix et dans quelque chose qui est devenu bizarrement à t'écouter. Ça a l'air de manière très naturelle, comme si c'était ta mission de vie que tu avais accueillie si naturellement. Donc, j'aimerais bien savoir ce qu'elle pense aujourd'hui de ton parcours.
- Speaker #1
Elle serait trop contente. D'ailleurs, si elle entend cette épisode, elle va être trop contente. C'est très important pour elle. Et je pense que son rêve, en fait, elle me dit souvent que j'ai réalisé le rêve qu'elle avait. C'était de vivre dans un pays où on parle espagnol, d'avoir une famille latino. Elle a sa famille latine maintenant, grâce à moi. Et maman, c'est quelqu'un qui m'a toujours soutenue dans tout. Donc, elle est ravie, elle est très contente. Elle m'a toujours soutenue, même si ce n'est pas facile tous les jours, parce qu'on n'a pas les commodités qu'on a en Europe. c'est totalement différent. Elle me soutient, elle est trop contente et elle sent vraiment que c'est grâce à elle, entre autres, que je suis là. Alors moi, j'aime bien des fois me défendre et me dire que j'ai aussi ma part de responsabilité, mais c'est vrai qu'entre autres, c'est en grande partie grâce à elle. Et puis moi, je suis quelqu'un qui est très, je crois beaucoup dans le destin, j'ai confiance dans l'univers. Je suis quelqu'un qui me laisse beaucoup guider par les choses. Et j'ai l'impression que souvent, ce n'est pas moi qui prends les décisions, mais c'est la vie qui les prend pour moi. Donc, je n'ai jamais vraiment pris la décision d'aller vivre là-bas, de faire ça. Mais tout m'est arrivé et j'accueille avec vraiment beaucoup d'amour, de plaisir et de gratitude ce qui m'arrive aussi.
- Speaker #0
Je suis forcément obligée de rebondir là-dessus. Qu'est-ce que tu pourrais donner de conseil à tous ces jeunes qui rêvent d'ailleurs, mais qui ne savent pas trop où aller ou qui ne savent pas trop ce qu'ils doivent faire ? Qu'est-ce que tu pourrais donner comme conseil pour justement accueillir et se dire, il faut à tout prix prendre une décision, de dire, vous devez choisir aujourd'hui ce que vous voulez faire. Cette mentalité que tu as acquis, ce mindset de dire, j'y vais au fur et à mesure, comment tu pourrais les aider, ceux-là ?
- Speaker #1
C'est une bonne question, parce que c'est vrai que moi aussi, j'ai été dans cette situation. J'ai eu de la chance de ne pas avoir ressenti beaucoup de pression de mes parents, qui ont aussi eu confiance en moi. pour ma manière de vivre. Mais je pense que ce qui est le plus important, c'est de ne pas se presser de faire quelque chose pour quelqu'un d'autre, pour les parents, pour la société, pour ce qu'on attend de nous. Bien sûr, il faut survivre, il faut produire de l'argent. On est dans une société où tout coûte très cher. Mais si on a la possibilité de pouvoir encore choisir, si on a ce luxe de vraiment ralentir, de s'asseoir, de... prendre peut-être une année sabbatique ou quelques mois sabbatiques pour être dans la nature, pour aller se promener, pour aller rencontrer d'autres cultures, d'autres pays, des gens qui pensent différemment et recevoir des messages, des enseignements, d'autres personnes qui sont peut-être en dehors de notre cercle d'habitude, de notre famille, qui sont différents de ce qu'on a vécu durant par exemple notre enfance ou notre adolescence, vraiment de pouvoir être exposé à d'autres Merci. à d'autres cultures et à d'autres messages et à d'autres manières de penser pour vraiment ressentir qu'est-ce qui fait battre mon cœur aujourd'hui et oser le faire. Et en fait, je pense qu'une fois qu'on ose faire ce qu'on veut et ce qu'on aime, le reste vient. Alors, c'est facile à dire, mais si on met son cœur dans quelque chose, je crois qu'on peut en vivre, vraiment. Et c'est important qu'on se reconnecte à qui on est, notre essence, qu'est-ce qu'on veut, et pas se dire, ah oui, mais si je suis artiste, je ne vais jamais avoir d'argent, je vais être à la rue. il faut que ce soit avocat, genre businessman, je ne sais pas. On peut être un musicien et businesswoman. On peut, si on le fait avec le cœur, on va arriver à nos fins, on va arriver à... En fait, notre message va porter ce qu'on veut. Donc, je dis aux jeunes d'aujourd'hui, vraiment, reconnectez-vous à vous-mêmes, prenez du temps pour vous-mêmes et surtout, soyez actifs. Donc, c'est-à-dire, genre, faites un travail, faites quelque chose avec vos mains. Il y a tellement d'écrans, tellement de stimulations que je crois que c'est très bien et je sais que le futur va par là, mais il faut vraiment connecter avec les mains et il faut toucher la terre, il faut faire des choses avec ses mains parce que c'est vraiment genre, on est des êtres humains, on a reçu des mains pour faire des choses, on n'est pas seulement assis à un bureau à regarder un écran, on a un corps pour bouger, il faut se reconnecter au corps, aux mains. Et je pense qu'après ça, la réponse viendra, Amen. Pas faire le chemin inverse de dire « Ah, mais je vais commencer ça ou ça, même si je n'ai pas très envie, et puis on verra. » Mais plutôt de, genre, commencer à faire, à travailler, soit travailler avec la terre, ou faire… Quelque chose qui prend notre corps et notre énergie. Se reconnecter, parler avec des gens, voyager si c'est possible, ou même voyager dans son propre pays, ou voyager en rencontrant des gens d'autres pays dans son propre pays, et recevoir beaucoup de messages de différentes personnes.
- Speaker #0
Aussi faire le silence, se reconnecter avec soi-même, avec son corps et avec sa passion. Et surtout, qu'est-ce qui fait battre mon cœur ? Qu'est-ce qui fait battre mon cœur aujourd'hui ? Et honorer ça, ne pas le mettre de côté, vraiment le mettre comme priorité.
- Speaker #1
Tu as créé ta marque de vêtements, justement, est-ce que c'était quelque chose qui était important pour toi ? toi et qui est en train de travailler avec moi là ?
- Speaker #0
Ouais, ça c'est vraiment ma passion. Ma passion c'est travailler avec des femmes, avec les femmes et j'adore le design du tissu en fait. La transformation du tissu en pièces qui peuvent être portées ou en pièces de décoration. Enfin ça j'adore, j'adore, j'adore. Et en fait mon projet est un projet de reprendre son pouvoir au niveau de femme, en tant que femme. justement là je suis en Europe parce que j'ai un événement la semaine prochaine qui célèbre les femmes en action qui veulent faire un changement dans la planète à tous les niveaux que ce soit dans la durabilité, l'écologie ou juste de donner plus la parole aux femmes, aux mères, aux enfants enfin on est les gardiennes de la vie et souvent on est appelé à prendre vraiment un rôle masculin et d'oublier, on doit tous mettre les enfants ailleurs parce qu'il n'y a pas le temps, parce qu'on doit travailler. Mais en fait, non, on est des femmes incroyables. On peut travailler, on peut mettre les enfants à l'honneur aussi et les emmener dans tout ça. Donc, ce que j'ai fait avec le projet au Nicaragua, c'est que j'ai formé des femmes qui n'avaient aucun background, enfin, aucune dimension de couture ou d'artisanat ou de bijouterie. Je leur ai appris, elles ont adoré. Elles avaient évidemment cette affinité à l'intérieur d'elles. Ce n'est pas pour rien qu'elles sont arrivées là, parce qu'elles sont extrêmement talentueuses. Aujourd'hui, elles sont beaucoup plus talentueuses que moi. Elles m'ont dépassée déjà et c'était le but. Et de dire que par l'art et l'artisanat, je reprends mon pouvoir. Et oui, c'est une forme incroyable de gagner sa vie, de pouvoir subvenir les besoins de sa famille. Et de dire que l'art n'est pas quelque chose de côté, mais peut être vraiment... une activité principale dans leur vie et dans ma vie aussi.
- Speaker #1
En tout cas, c'est vraiment une belle mission. Et quand on te regarde à l'écran, on voit à quel point tu le vis. Donc, c'est vraiment intéressant. Comment t'imagines les futures années qui arrivent ? Est-ce qu'il y a d'autres rêves, d'autres projets qui arrivent ?
- Speaker #0
Oui, justement. Là, il y en a un gros qui arrive. C'est chouette que tu me le demandes. Parce que voilà, notre passion commune, en plus de tout, à mon mari et moi, c'est la musique. Du coup, on chante, on fait de la musique. Lui, il est multi-instrumentaliste. Moi, je me limite à utiliser ma voix et je fais un peu de percut. On a un album qu'on va produire cette année et l'année prochaine. Donc, on espère que peut-être il sortira l'année prochaine. On n'a pas encore la date exacte. On s'appelle Familia Harmonia, la famille Harmonie. Et l'idée, c'est que nos chansons racontent cette histoire, racontent l'histoire de la nature, donnent la voix aux animaux, aux plantes. qui ne peuvent pas parler ni chanter. Mais qu'on raconte cette histoire, cette chanson qu'eux nous ont racontée, que nous ont murmurée à l'oreille. Et donc voilà, beaucoup de chansons pour l'eau, beaucoup de chansons pour les oiseaux, pour les arbres. Et nous, un peu comme Adam et Ève au milieu du jardin d'Édèves.
- Speaker #1
En tout cas, je vais te dire, on a vraiment été en immersion totale avec toi et on a très, très envie, évidemment, d'aller sur votre lieu de vie. mais de rentrer dans votre univers et on a hâte aussi d'écouter ces chansons qui nous emmèneront peut-être encore un peu plus dans ce petit paradis.
- Speaker #0
Merci beaucoup de ton attention, de ton temps. Ça me fait plaisir de reparler de tout ça parce qu'au jour le jour, ce n'est pas toujours facile. Ce n'est pas facile de lier le rêve avec la réalité, mais on tient le coup, on tient bon. Et dans les jours difficiles, on se souvient de ça, de ce que je parle avec un grand sourire.
- Speaker #1
les jours sont plus durs c'est ça que j'aime aussi partager je te remercie parce que c'est pas que les gens parfois ils fantasment sur la vie d'ailleurs moi la première mais je pense qu'au quotidien c'est pas toujours aussi simple et tu l'as rappelé plusieurs fois mais tout en gardant quand même ce projet initial cette promesse et ces passions qui vous animent au quotidien et qui font que voilà on les oublie vite les moments difficiles mais c'est ça le plus important en fait et c'est ça que
- Speaker #0
Le message aussi pour les jeunes d'aujourd'hui, c'est se rappeler la promesse qu'on s'est faite quand on était petite ou les rêves qu'on avait quand on était petit. Dans les moments les plus durs, il faut se rappeler ça, parce que c'est ça qui nous relève quand on tombe, quand on est dans des moments super durs, c'est ça, c'est cette mission, cette vision qu'on a, parce qu'on est tous avec un message et un truc à passer pour l'univers. Que ce soit à Paris, on a tous quelque chose à partager.
- Speaker #1
En tout cas, j'espère que tout le monde découvrira sa mission, c'est pas si simple. en tout cas vous l'avez trouvé je partagerai finalement sur l'épisode votre lieu où vous faites vos retraites puis également du coup si tu peux nous donner peut-être le nom de l'album comme ça en tout cas j'ai passé vraiment un moment merveilleux hors du temps avec toi et je te remercie d'avoir partagé tout ça merci à toi,
- Speaker #0
merci beaucoup
- Speaker #2
Et voilà, cet épisode est terminé. J'espère qu'il vous a plu. Si c'est le cas, n'hésitez pas à le partager avec votre entourage. Abonnez-vous pour ne manquer aucun épisode et prenez quelques instants pour laisser un avis ou une note sur votre plateforme préférée. Vos retours sont précieux et m'aideront énormément. Merci d'avance et à bientôt pour de nouvelles aventures.