- Speaker #0
et le les voyageurs et bienvenue sur à ton tour du monde le récit des voyageurs aujourd'hui je vous emmène à la rencontre de nouveaux aventuriers alors préparez vous être transporté au bout du monde bonne écoute Aujourd'hui, je vous emmène à la rencontre des femmes baroudeurs. Comment Baba, ce prêtre hindou, a changé leur vie ? Je ne vous en dis pas plus et vous laisse écouter ma conversation avec Virginie, qui va nous prouver que dans la vie, tout est possible et qu'il faut croire en ses rêves. Salut Virginie, je suis heureuse de te recevoir à ce micro. Alors la première fois, on vous a découvert sur un reportage sur TF1, sur des familles qui allaient faire le tour du monde, et donc vous étiez tout au début des préparatifs. Et le jour où j'ai regardé cet épisode, j'ai dit, il n'y a aucun doute, nous aussi, on va le faire.
- Speaker #1
Ça, c'est chouette. Ça, c'est chouette. Ça fait toujours plaisir à entendre.
- Speaker #0
Est-ce que tu peux nous raconter, parce que du coup, c'était en quelle année le grand départ ?
- Speaker #1
En juillet 2019.
- Speaker #0
Juillet 2019. Ouais, donc on était vraiment partis quasiment, on est partis en même temps. Est-ce que tu peux revenir un peu sur le déclic ? Comment vous avez préparé ça ? Comment ça s'est passé ? Comment ça a mûri dans votre esprit ?
- Speaker #1
Alors, nous, on part en 4-4, en vacances, déjà depuis 2006. Quand Lola, ma fille, est née, on venait de finir de construire notre maison nous-mêmes. Donc pendant trois ans, on n'avait pas eu de vacances. Et j'avais déjà une fille de cinq ans. Et donc ma deuxième, Lola, est née. Et donc à ce moment-là, il a fallu qu'on essaie de se retrouver dans le... couple et on avait besoin d'évasion puisque trois ans sans vacances, c'était pas évident. Et on avait un 4-4. Donc, on cherchait comment faire. On a attendu que Lola ait un an pour partir quand même. On n'est pas parti avec un bébé d'un mois. Et on a rencontré les Vibraxions, qui faisaient des roadbooks en Espagne. On est allés les rencontrer. On avait de la chance parce qu'ils habitaient à 20 minutes de chez nous. Et ils nous montrent qu'ils ont des petits livres. C'est un peu comme une chance au trésor. Case après case, moi je remettais à zéro. Je disais à mon mari, tourne à droite, tourne à gauche. À l'arbre, c'est tout droit. À la ruine, c'est à gauche. Et c'était super. Au début, on avait juste une tente qu'on jetait par terre, une quichua. Et on avait juste une gamelle bleue camping-gasse. On est parti un peu comme ça à l'aventure avec une fille de un an et une autre de six ans. Et on a fait tous les roadbook Vibraxion. Pendant huit semaines, on est parti sur les roadbook Vibraxion. Et on a fait que... Et au fur et à mesure, on s'est équipés. avec un frigo, comme on partait tout seul, on partait pas avec des amis, avec un treuil au cas où on soit bloqué dans la boue, parce que des fois ça nous arrivait. Voilà, on a équipé le 4x4 vraiment, on ne s'en servait que pour les vacances, c'était pas du tout un véhicule pour aller travailler ou partir un week-end, c'était vraiment que pour des vacances.
- Speaker #0
Et les premières destinations du coup des road trips, c'était plutôt en France ou parfois à l'étranger ?
- Speaker #1
Que l'Espagne, on a fait pendant dix ans l'Espagne. Espagne, parce qu'on habite à une heure et demie de l'Espagne, donc on est très chanceux. Au bout d'une heure et demie, on avait déjà un grand ciel bleu, même si des fois, chez nous, il ne faisait pas beau. On passait le tunnel et de l'autre côté, il y avait le grand ciel bleu. Changement de langue, ils vivent différemment de nous puisqu'ils se couchent beaucoup plus tard. On avait vraiment l'impression d'être totalement dépaysés deux heures après être partis de chez nous. Donc ça, c'était vraiment le point positif. Les enfants adoraient ce mode de camping, de découverte. On se laver dans les rivières, dans les lacs. Et donc pendant 10 ans, on a fait ça et on a acheté la tente de toit. À un moment donné, on a eu des amis qui nous ont proposé d'aller en Tunisie. Donc ça, c'était en 2010, donc 4 ans après. En 2010, on nous propose d'aller en Tunisie avec un autre couple, grâce aux vibrations toujours, pour finir un roadbook. Et donc là, on s'équipe et on met une tente de toit parce que, bon, une tente au sol quand même, on s'est dit, avec les scorpions, les bestioles. Bon, on va mettre une tente sur le toit de la voiture pour mon mari et moi. Et les deux filles, mon mari avait fait un aménagement dans la malle. Donc, elles dormaient dans la malle. J'ai des photos, elles boivent le poupou, toutes les deux, quand on ouvrait la malle. Vraiment, il y avait les deux petites qui dormaient là. Je les ai achetées des photos que j'adore. Et dessous, il y avait le garde-manger, les bananes, le Nesquik. Et nous, on dormait en haut et eux, donc, dans la voiture.
- Speaker #0
Et du coup, la voiture, elle a été fermée ? Tu les entendais, si jamais il y avait... Oui,
- Speaker #1
oui. Elle tapait sur le tout. sur le toit s'il y avait besoin de quelque chose. Donc, on descendait par la tente, par l'échelle. Oui, vous avez quelque chose. Mais en général, elle ne tapait pas. Elle se racontait des histoires et en trois minutes, tout le monde dormait.
- Speaker #0
C'est génial. Donc, ce n'est pas venu entre guillemets par hasard.
- Speaker #1
Non, non. On adorait ce mode de vacances. Donc de 2006, à partir de 2006, ma fille est née. Donc à partir de 2007, on a fait ça entre 5 et 8 semaines par an. Au début, on partait que l'été et après on avait tellement le virus que même l'hiver on partait. Même sous la neige, on s'est acheté des bons duvets, on mangeait dehors. Et mes enfants n'ont connu que ça. Et donc on a fait toute l'Espagne, l'Andalousie. Après donc on a fait la Tunisie. Ensuite on a fait la Sardaigne. Corse. Après les vibrations, on s'est allé plus loin, ils ont fait les Balkans, ce qui fait que là, on a fait la Slovénie, la Serbie, la Bosnie, l'Albanie, le Monténégro, et on a fait toute la Grèce. Et c'est à partir de là où moi, j'ai eu quelque chose de passer toutes ces frontières, j'avais qu'une envie, continuer, je m'en souviens, à un moment donné, il y avait une rivière et de l'autre côté, il y avait la Roumanie, un grand fleuve. Et j'avais envie d'aller en Roumanie, on n'avait pas le temps parce que... qu'il fallait rentrer pour le travail. On avait passé toutes ces frontières. On avait fait l'Italie, la Slovénie, la Serbie, la Bosnie, la Croatie, tous en voiture, parce que ça revenait moins cher pour nous que le bateau, pour aller en Grèce. Et là, vraiment, j'ai dit, oh là là, ce passage de frontière, c'est vraiment... c'est fabuleux, quoi. Et bon, moi, après, j'en avais marre de mon boulot. Moi, j'étais pendant 20 ans déléguée pharmaceutique. Donc, c'était 7 000 kilomètres par mois. J'avais trois enfants, parce qu'après, il y a mon petit homme qui est arrivé. quand on a fait la graisse il était là Et mon mari n'est pas là de la semaine, il était chauffeur routier. Donc trois enfants, toutes seules, 7000 km par mois. Je fais un peu un burn-out, je n'en pouvais plus. Et je dis à mes enfants, moi j'aurais besoin de partir un an. Sauf que mes filles ne veulent pas quitter les copains, et mon mari ne veut pas quitter le travail et louer la maison. Sauf que moi dans ma tête, c'était mon seul échappatoire pour pouvoir faire ce voyage, c'était de louer la maison, parce qu'avec ce gain d'argent, on allait pouvoir voyager. Parce qu'on n'avait pas assez d'argent.
- Speaker #0
Si je comprends bien, tu avais le virus, clairement, qui t'avait attrapé. Et après, il a fallu convaincre le reste de la famille.
- Speaker #1
Ils adoraient ça, ils adoraient le faire en vacances, mais ils n'étaient pas prêts à partir en année et à tout laisser. Moi, oui. Donc, je l'acceptais, je ne voulais pas les obliger. Ce qui fait que j'ai acheté tous les livres de voyageurs, comme les six en route, comme Marc Mellet. Je les ai tous dévorés, lus, je mettais du fluo. je prenais toutes les infos au cas où. Sur tous les réseaux sociaux, je prenais des infos, des bivouacs. Voilà, je vivais un peu à travers les autres. Après, je n'avais pas à me plaindre, on partait quand même huit semaines par an. Et puis un jour, en fin d'année, c'était autour de Noël, j'avais une réunion de travail. Il y avait des restructurations, c'est très fréquent dans mon métier, dans les laboratoires pharmaceutiques. Et là, j'avais franchement peur de me faire virer parce que je n'en pouvais plus de ces 7000 km par mois, j'avais beaucoup de problèmes de santé. de la tension, de l'hyperthyroïdie. Je prenais plein de médicaments. Donc, j'avais dit, écoutez, moi, je veux un petit secteur. Maintenant, je ne peux plus 7 000 km par mois. Ça passe ou ça casse. Et je rentre à la maison un peu déçue. Ils ont dit oui à tout. Je pensais qu'ils allaient me virer, me donner des sous. Et donc, avec ces sous, on aurait pu partir voyager, même s'ils n'étaient pas prêts. Au moins, j'avais un PQ. Et là, il y a mon mari et mes gosses qui me disent, ah ouais, c'est dommage, nous aussi, on serait bien partis.
- Speaker #0
Il ne faut pas me le dire d'un fois.
- Speaker #1
Et du coup, j'ai tout fait un branlement de combat. Bon, d'abord, il a fallu chercher. Je n'ai pas tout dit à mon travail de suite. D'abord, j'ai dit à mon mari, bon, il faut un autre véhicule parce qu'on avait un Range Rover pour partir en vacances, mais il y avait trop d'électronique. Du coup, j'ai dit, allez, il faut qu'on aille voir un copain qui n'habite pas loin. On voulait un Defender parce qu'on était très Land Rover. Sauf que c'était hors de prix. On n'avait pas l'argent. On n'avait que 5 000 euros. On avait 5 000 euros, on avait une ruine. Il fallait tout refaire, ce n'était pas possible. Et un ami nous dit, mais de toute façon, un Defender, ça ne va pas pour vous. Vous êtes cinq, plus le chien. Il vous faut un truc plus gros. Et donc, l'équivalent du Defender est le Toyota GDJ80. Et on se lit d'amitié avec lui. Il nous dit, vous allez pouvoir en trouver. Bon, mon mari, après, est mécano. Donc, même s'il y avait des choses à faire, ce n'était pas grave. Et bien, quand ça doit arriver, ça arrive. On l'a rencontré. sur un salon. Un mois après, on partait à Clermont-Ferrand chercher ce Toyota HDJ80. On l'a ramené à la maison et on a mis un an pour le refaire entièrement. Mon mari, il a carrément désossé. Il a refait tout le moteur, les amortisseurs. Il a mis un frigo. En fait, on a tout pris du Range Rover parce qu'on n'était pas riches. On a tout pris du Range Rover pour mettre sur le Toyota à part les choses qui n'étaient pas possibles parce que c'était quand même deux marques différentes comme le moteur, comme les amortisseurs, comme les pneus. Mais bon, Donc tout ce qui était treuil. navigation, tente de toit, frigo, on a tout pris du range pour mettre dans le Toyota.
- Speaker #0
Une chose importante dans ce que tu dis, c'est que déjà... Avec un petit budget, entre guillemets, on peut y arriver ? Parce que tu dis qu'on avait 5 000 euros pour s'équiper. Bon, alors, tu as de la chance que monsieur, en effet, sache bricoler. C'est quand même un plus, mais c'est quand même hyper chouette. Et il y a une phrase que tu as dit que j'aime beaucoup. Tu as dit, quand ça arrive, ça arrive. Je pense qu'en effet, il y a l'alignement des planètes. C'est-à-dire que vous aviez tous décidé. C'était OK. Tu as attendu, tu as été patiente. Tu as mis un an à réussir à les convaincre. Mais ça a été un grand oui. J'espère que vous étiez tous OK. pour voyager et pour le projet.
- Speaker #1
C'est ça. Donc après, on a installé une grande table à dessin que nous avaient donnée nos amis Vibraxion qui faisaient des cartes à l'époque. On l'a mis dans le salon. Et avec toutes les cartes du monde entier, il a fallu décider de l'itinéraire. Donc là, c'était plus les enfants. Vous aimeriez aller où ? Quel pays ? Et alors après, j'avais acheté toutes les cartes pays par pays qui nous plaisaient un peu. Et dès qu'on avait décidé notre itinéraire, dès qu'ils voyaient des fois sur Internet, dans un livre, mon fils il avait pas mal de livres de voyage, ah j'aimerais trop voir ça alors on le cherchait sur la carte et on faisait une croix et donc on s'est fait l'itinéraire vraiment avec les désirs des gosses de ce qu'ils avaient envie de voir, si c'était possible ou pas quoi en fait, et on a créé notre itinéraire donc on avait décidé au départ donc Turquie Géorgie, Arménie, Iran Pakistan, Inde et ensuite on devait remonter par la Mongolie au départ et rentrer donc par l'Europe du Nord. Sauf qu'après, il y a eu le Covid, donc on a complètement changé nos projets.
- Speaker #0
Alors là, c'est quand même un gros chapitre qui me plaît parce que, comme je te disais, on a fait exactement le voyage en même temps, sauf que nous, on est rentrés la veille du confinement et vous, vous êtes restés là-bas. Et vous m'avez vraiment procuré beaucoup d'émotions avec cette étape en Inde et j'ai hâte que tu me racontes parce que je pense que ça a été... Comme tu dis, quelque chose qui n'était pas prévu, mais ça avait l'air d'être tellement fort.
- Speaker #1
Alors, en fait, on arrive en Inde, on rentre en Inde le 26 février. Et oui, c'est ça. Au début, on avait pris un mois de visa pour l'Inde. C'était un pays qui nous faisait peur. Les gens nous avaient dit, il y a beaucoup de monde, vous ne pourrez pas bivouaquer, on ne peut pas faire pipi et caca dehors, tellement il y a de monde, tout le monde nous regarde. Il y avait des filles blondes, faites attention. Donc, on avait quand même cette appréhension. Et même si il faut se faire son avis soi-même, on avait quand même entendu beaucoup de choses, que des choses négatives en fait, c'est vrai sur l'Inde. Alors que c'était un beau pays, mais que ça allait être compliqué. Du coup, on avait prévu un mois et juste de le traverser par le nord parce que nous, ce qu'on voulait vraiment, c'était aller voir le Népal. Et voilà, vraiment l'Himalaya, le Népal, c'était vraiment les enfants, tout le monde voulait y aller. Donc, on devait traverser et aller au Népal. Sauf que juste, on devait aller au Népal, on était à 30 km du Népal, bing, le Covid arrive, impossible, frontière, on en a essayé 5, tout le tour de l'Inde, là, là, là, là, là. Des fois, on était juste à côté, il y avait juste une petite rivière, un pont, je m'en souviens encore, il nous a dit non, c'est pas possible, s'il vous plaît, s'il vous plaît, non, non, oh mon Dieu. On fait marche arrière, on entend qu'il va y avoir un confinement, mais nous on pensait 2-3 jours, du coup on a rempli la remorque. d'eau potable, de riz, de pâtes, de choses comme ça. Et en bon français, quand on avait entendu le Covid, on ne savait pas trop ce que c'était, on a cherché à se cacher dans une jungle. On s'est trinqués dans une jungle. Mais vraiment, on est passés à travers de bonnes branches. Il n'y avait pas de chemin pour ne pas qu'on nous trouve parce qu'on avait peur du Covid. On ne savait pas ce que c'était.
- Speaker #0
Quand tu dis se cacher, en fait, c'était par peur du Covid et parce que tu n'avais pas envie de devoir te confiner aussi dans une maison. Exactement.
- Speaker #1
Nous, on aime ce mode de vie. De toute façon, on n'avait pas les moyens financiers d'agir dans une maison. On avait 1000 euros par mois à 5 pendant deux ans. On avait 1000 euros de loyer qui tombait tous les mois. Donc, impossible d'aller à l'hôtel ou à la maison.
- Speaker #0
Parce qu'au tout début, vous aviez une date de retour. Tu savais que ça allait durer deux ans ?
- Speaker #1
Non, on était partis pour un an et on avait loué la maison pour un an. Heureusement, par contre, on avait quitté nos boulots. Moi, j'avais dit… je ne veux pas y revenir, donc j'ai négocié mon départ. Et mon mari, qui est chauffeur routier, avait carrément démissionné parce qu'il savait qu'en rentrant, en claquant du doigt, il trouverait du boulot et c'est ce qui a été le cas.
- Speaker #0
Donc vous étiez quand même libre comme l'air, mais vous aviez un budget qui était établi pour un an.
- Speaker #1
C'est ça. Et heureusement, la locataire, en plein confinement également, était ravie puisqu'on habite en pleine campagne. Et elle a dit, écoutez, moi ça me va, je veux bien continuer la location. Alors pas pour un an, elle le faisait mois par mois. Et j'écoute, tant que tu veux rester, tu y restes, parce que tant que toi tu restes, nous on reste en voyage. De toute façon, on n'avait pas le choix, parce qu'on a été bloqués en Inde le 23 mars 2020. Il y a eu un confinement qui devait durer au début 3-4 jours. Donc on s'est cachés dans la jungle. Sauf qu'en Inde, on n'est jamais cachés. Il y a des gens... partout. Et donc là, on a passé la soirée à peu près tranquille, mais on voyait déjà des vélos qui tournaient autour, des jeunes qui nous regardaient, mais de loin. Alors on ne faisait pas de bruit, on disait aux gosses et tout, parce qu'on avait peur du Covid, en fait. Et puis parce qu'on sait très bien que les Indiens, quand il y en a un qui nous voit, le lendemain, on se lève, on y avait passé 20 jours. Eh bien, il y en a 300 autour de la voiture. C'est simple. Et alors avec le Covid...
- Speaker #0
Par curiosité.
- Speaker #1
Ils n'ont jamais vu de 4x4, jamais vu de tente de toit. jamais vu de blanc, jamais vu de touriste. Surtout dans ce petit village où on est, il y a des régions où ils n'ont jamais bougé. Ils n'ont que des vélos, donc ils n'ont jamais rien vu. Si ce n'est pas touristique, ils n'ont jamais vu de touriste.
- Speaker #0
La première nuit, elle était un peu stressante quand même.
- Speaker #1
Un peu stressante, on se cachait, tout ça, on a mangé, on est allé au lit. J'avais juste le temps de faire pipi avant que le jour se lève. Je remonte dans la tente et j'entends « Hello, hello » . Mon Dieu, je descends. C'est toujours moi qui descends parce que mon mari est plus sauvage. Oui, il me dit, oui, je suis du village à côté. Mes amis vous ont vu hier, mais comme ils ne parlent pas anglais, qu'ils avaient un peu peur, ils m'ont supplié de venir parce que je suis le seul du village qui parle anglais. Je suis en anglais. Et je lui explique qu'on est une famille et qu'on attend que le confinement soit fini. Et il me dit, écoutez, vous ne pouvez pas rester là, c'est dangereux. Il y a des boas, il y a des tigres, il y a beaucoup d'animaux. Et moi, j'écoute les informations, je fais des études en sciences politiques, je peux vous assurer que ça va être très long. Jamais vous ne pourrez tenir ici, sans eau, sans manger, vous ne pourrez jamais tenir. C'est impossible. Vous devez venir au village. Mon mari, qui est un peu antisocial, il ne voulait surtout pas aller au village, parce qu'il allait avoir du monde, non, ce n'est pas possible. Et puis moi, en tant que maman, le Covid, le machin, j'ai eu confiance en lui. Je ne sais pas pourquoi. Pourquoi ? J'ai dit, écoute, on te suit. On remballe tout. Mon mari a gueulé comme un putois. J'écoute, on va aller boire. On verra bien. Et nous voilà avec le 4x4, la remorque, le chien, les gosses. Ils nous amènent sur la place du temple. Donc la place du temple avec un prêtre qui nous accueille. Tu vois que j'ai une photo ici parce qu'il est avec nous tout le temps.
- Speaker #0
C'était un prêtre hindou.
- Speaker #1
Un prêtre hindou qui nous dit, ne t'inquiète pas, tu peux rester là tant que tu veux. On va prendre soin de vous. Tout le village va m'amener, on cultive notre riz, notre pain et nos légumes. On l'a vu ensemble, il va y avoir le Covid, c'est dangereux, il ne vous faut pas bouger de là. Tous les jours, quelqu'un m'amènera quelque chose et c'est moi au temple qui prendrai soin de vous et qui vous cuisinerez matin, midi et soir. Et vous allez vivre là et on va s'occuper de vous. Mon Dieu, je ne sais pas ce que c'est ça. Et ça a duré quatre mois. Quatre mois, on n'a pas pu bouger la voiture de quatre mois. Et on a mangé, pour des Français c'est très dur, on a mangé ça de riz blanc dans l'assiette, ça de lentilles jaunes qui remplacent la protéine, et ça de légumes verts dans la même assiette, matin, midi et soir, pendant quatre mois.
- Speaker #0
Parce que c'était bon ?
- Speaker #1
Alors au début c'est très bon, mais au bout... tous les 15 jours quand tu sais très bien la tronche que va avoir ton plat t'as envie de vomir, je te le dis en tant que bon français, et tu manges pour pas mourir par contre,
- Speaker #0
t'as suivi ton intuition c'est quand même quelque chose du ciel de tomber sur un prêtre hindou qui prend soin de vous comme ça c'est, franchement on se pose la question en France, est-ce qu'on aurait pu tomber sur quelqu'un comme ça,
- Speaker #1
c'est quand même un et ce monsieur Je lui disais, mais s'il te plaît, prenez des sous pour aller acheter des choses. Il me dit, mais nous, on n'achète rien ici. On se cultive à l'origine.
- Speaker #0
Les sous, en fait, ils sont en autosuffisance. Non,
- Speaker #1
mais je lui dis, mais prenez de l'argent, je ne sais pas, moi, pour les enfants. Non, c'est moi qui te remercie. Vous vous rendez compte, j'ai une famille française bloquée dans mon pays, mais je vais monter de combien d'échelons, moi, par rapport au ciel, d'aider une famille française comme ça ?
- Speaker #0
Mais honnêtement, par rapport aux enfants, qu'est-ce que tu peux leur... Tu ne peux rien leur montrer de plus beau, pour les valeurs que tu voulais transmettre à travers un voyage comme ça, là, tu as eu le Graal.
- Speaker #1
Écoute, rien que de t'en parler, j'ai les frissons partout, j'ai les larmes aux yeux, et en plus le monsieur disait, oui, tout le monde me le dit, vous allez m'oublier, vous êtes des touristes. J'ai dit, mais jusqu'à mon dernier souffle, baba, jusqu'à mon dernier souffle, je penserai à toi. Jamais de ma vie, je ne t'oublierai. Tu as sauvé mes enfants, vous avez partagé votre riz, vous avez partagé vos légumes, ils nous ont remplis d'amour. Mon fils était mowgli, il vivait dans le village avec les indiens, dans les arbres. Il était sale comme un peigne. Je le voyais, il n'a pas été confiné, il était mowgli dans la jungle.
- Speaker #0
J'ai des frissons à écouter ton récit, je le savais. Je suis très bignée d'entendre cette histoire. Rien que par quelques photos, je ressentais ces émotions-là, et donc je ne suis pas déçue, c'est une histoire tellement incroyable. Est-ce que du coup vous avez gardé des liens avec Baba ?
- Speaker #1
Oui, on discute heureusement, tous les jeunes, même en Inde, ils ont tous un téléphone portable, ils ont tous WhatsApp, ils ont tous Facebook, et donc on discute, dès qu'ils vont au temple voir le Baba, on fait un appel vidéo, et donc qu'est-ce que ça fait drôle quand on se retrouve dans notre maison, dans notre confort là. Dans tout ça, et qu'on se rappelle comment on était là-bas et comment eux, ils vivent. Nous, on a vécu pendant quatre mois. Dans le 4-4, après, il y a eu les moussons. Donc, ils faisaient tellement chaud. Il y avait de la boue partout. Donc, ils nous ont mis dans leur maison à eux. On a dormi sur des planches en bois comme eux. Parce qu'eux, ils dorment sur des tables en bois. Et ils mettent juste un peu des habits pour pas que ça fasse mal. Et on a dormi comme eux. Mais même pas, ça nous avait choqués. On était devenus des Indiens. Nous, les femmes, on se lavait au puits. On remplissait notre seau, tout habillé, on se mouillait, on se savonnait avec les habits, on se rinçait à l'eau du puits et après on mettait nos habits à sécher et on remettait le lendemain. On était devenus des indiennes.
- Speaker #0
Par rapport à l'émotion, c'est quoi l'état d'esprit à ce moment-là ? Est-ce que, tu l'as dit, il y a plein plein d'amour ? je pense que tu ne peux même pas penser de plaindre. Mais comment on est ? On a envie de rentrer ? On savoure le moment ? C'est quoi l'état d'esprit à ce moment-là ?
- Speaker #1
Alors, tout est différent. Mon mari n'en pouvait plus. Mon mari ne voulait qu'une chose. Déjà, il est chauffeur routier. Ça ne lui était jamais arrivé de sa vie de ne pas conduire. Il n'a pas conduit pendant quatre mois. Le véhicule a été à l'arrêt. Ensuite, il est habitué à être tout seul dans son camion. Là, il était déjà avec nous, donc c'était déjà difficile de s'accommoder. Mais là, il avait 300 Indiens toujours autour. Parce qu'on vivait dans un village indien.
- Speaker #0
Pour quelqu'un d'antisocial, c'est sûr que c'est un exercice important.
- Speaker #1
C'est ça. Et puis, il adore la viande. On n'a pas eu de viande pendant quatre mois. Ils sont végétariens. On était sur la place du temple nourri par le baba. Pas de viande, pas d'alcool. Le même plat, on ne conduit pas. Et on vit à l'Indienne. Donc, très, très précaire. Et ce que je n'arrive pas à comprendre, moi et les enfants, ou les enfants et moi, on était dans une bulle de coton. comme une grosse barbe à papa. Tous les matins, on était réveillés par les prières du baba. On se levait avec la banane, alors qu'il faisait nuit. On allait prier avec eux, même si on n'y comprenait rien. Ils allaient nous expliquer. Des fois, il y avait le petit jeune qui parlait anglais et qui nous faisait les traductions. Tous les matins, tous les soirs, c'était la prière avec le baba. Il nous nourrissait, c'était la moindre des choses de l'écouter, ce pauvre baba. Après, on se baladait toute la journée. On allait cuisiner avec les Indiennes, les enfants. Ils avaient tous trouvé des copains de leur âge. Et alors même ma mère, je m'en souviens, ma mère, mais vous vous annuyez pas. Alors c'est vrai, moi qui adore bouger, je dis ben non, je sais pas pourquoi, ben non, je ne m'annuie pas.
- Speaker #0
Tu parles bien anglais Virginie, à la base ?
- Speaker #1
À la base, non, normalement, mais bon. À la fin, dans ce village, on parlait plus indien qu'anglais, il n'y avait qu'une personne. Donc on a appris tous les mots, kana, sona, manger, dormir, boire, vraiment à la base. Kana Ausha, ça veut dire j'ai assez mangé. « Barhout, j'en ai trop, vraiment, j'ai chaud, j'ai froid à la base » pour discuter avec eux parce que, voilà, de toute façon, on n'avait pas le choix. Mon fils, il parlait carrément couramment indien, lui, parce qu'il avait 9 ans. Et des fois, il me disait « Mais maman, t'as pas compris ? Elle te demande si tu veux du riz ou si tu préfères du pain. » Mais non, j'avais pas compris. Lui, il comprenait tout.
- Speaker #0
C'est incroyable. Une capacité d'adaptation tellement forte. Les enfants sont fous pour ça. mais pas que, parce que toi aussi tu t'es mis vraiment, alors ton mari vous connait un peu mais il l'a fait quand même et toi tu t'es mis au rythme indien et t'as pas trouvé ça long le temps est complètement mis à l'arrêt suspendu c'est vraiment une parenthèse avec le temps suspendu j'ai l'impression qu'on faisait un peu le rinage dans un espèce de truc tibétain,
- Speaker #1
un peu bizarre c'était vraiment hors du temps et c'était toujours le même rythme mais finalement on voyait toujours des gens différents parce qu'en Inde il y a beaucoup beaucoup c'est surpeuplé, mais on était aussi à l'écart au ras d'une jungle. Donc je ne sais pas, c'était vraiment parfait que des gens gentils, que des gens prévenants. Il y avait des gens qui venaient des fois, même s'ils n'avaient pas le droit, parce qu'ils n'avaient pas le droit de rouler, qui venaient de 100 kilomètres à pied ou en vélo pour nous rencontrer parce qu'il y avait toutes les radios indiennes. Et après la télé qui est venue, la BBC et tout. Donc après il y avait toute l'Inde qui savait qu'on était bloqués à ce village. Et qui venaient, mais avaient des cadeaux, avaient des chips, avaient des gâteaux. On était contents, on avait trop marre de bouffer le riz et de nouer le dalle. Mais on avait honte aussi, parce qu'en fait, ils nous donnaient tout le riz et nous, on faisait nos gâtés pourris avec les gâteaux. Du coup, on les partageait avec les gens du village. Les pauvres, ils n'avaient jamais vu de gâteau, ils n'avaient jamais vu de chips. ils n'avaient pas vu tout ça. Et à partir de quand la télé est venue, en fait, alors mon mari était énervé, il ne voulait surtout pas que je fasse d'interviews, parce qu'il était énervé contre l'Inde, parce qu'il y avait du monde, il me dit, avec le Covid, ils vont tous venir, ils vont tous venir nous voir, ils vont nous ramener le Covid. Si tu dis qu'on est bloqué là, j'y écoute, Patrice. Là, moi, il faut que je nourrisse mes enfants. Et en fait, le deal était, je vous donne toutes les informations que je veux, on joue ce que vous voulez, on fait la vérité. Vous pouvez nous filmer dans notre environnement, je vous explique. Mais en contrepartie, moi, je vous fais une liste et vous m'amenez tout. Donc, des choses pour les filles, les tampons, des médicaments que je n'avais plus, des croquettes pour le pauvre chien qui était devenu végétarien. Mais oui, mais oui.
- Speaker #0
Lui, il faut quand même prendre en compte du chien. Ça, je crois que je n'ai jamais vu des tours du monde qui prennent leur chien. Mais oui,
- Speaker #1
donc le pauvre chien, il mangeait du riz blanc. Au début, il n'a pas mangé d'un moment. En plus, il n'est pas bien épais. J'ai dit, il va crever, ce chien. Et puis, il a fait comme lui, il a bouffé le riz. Comme quoi !
- Speaker #0
Est-ce que si c'était à refaire, parce que le Covid personne ne l'a choisi et clairement ça a quand même perturbé beaucoup d'itinéraires, mais toi je trouve que ton expérience est tellement folle, est-ce que si c'était à refaire tu cocherais avec ou sans Covid ?
- Speaker #1
Avec Covid pour vivre ça c'était ma plus belle histoire !
- Speaker #0
Je pense que tu as raison, c'est ta plus belle histoire. On vient tous chercher un peu ça dans le tour du monde. Mais là, vous avez une rencontre qui est tellement forte. Je ne vais même pas poser la question que je pose souvent à la fin des podcasts, c'est-à-dire quelle a été votre plus belle rencontre ? Je pense que c'est juste une évidence.
- Speaker #1
Le petit village de Colua, qui nous a hébergés pendant quatre mois et qui est une famille... On a des familles de cœur dans tous les pays qu'on a traversés, parce qu'en général, nous, on ne fait pas que les traverser, on en a toujours fait tout le tour. Tous les pays qu'on a fait, c'est notre grande force. Il y en a beaucoup qui traversent pour faire de pays en pays. Nous, on a fait toutes nos traces. On a fait tous nos bivouacs. S'il y a des voyageurs, on vend nos traces à des voyageurs. Ils ont tous les points où on a dormi et tous nos points touristiques. C'est-à-dire toutes nos belles photos. Ma fille, elle a fait un travail de titan pour les trouver. Il y a des fois, on a fait des kilomètres. On a fait de ces chemins pour les trouver incroyables. On a tout mis sur l'informatique grâce à VibraXion qui nous a beaucoup aidé à nous dire comment on crée des roadbooks finalement. Et on a tout sur informatique, donc pays par pays, que ce soit la Turquie, la Géorgie, l'Arménie, l'Iran, l'Oman, les Émirats arabes, le Pakistan et l'Inde. Donc, huit pays, huit pays traversés de long en large et en travers. Et même l'Inde, puisque du coup, au lieu d'être parti en un an, on est parti deux. Donc, 15 mois en Inde. On a passé 15 mois en Inde. On a fait 110 000 kilomètres en deux ans, donc 50 000 en Inde.
- Speaker #0
Et du coup, là, de ce que tu dis, tu vends tes roadbooks ?
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
c'est pour les gens qui veulent le faire.
- Speaker #1
En fait, il y a un papy qui est venu me voir sur un salon. Il me dit, mais c'est super, c'est le club bête des roadbooks. Moi, j'amène mes petits-enfants. Je loue un 4x4 avec la tante de Troyes parce qu'ils adorent ça, les gamins, ils trouvent ça génial. Mais j'ai un peu peur, je ne sais pas où dormir, je ne sais pas si j'ai droit, je ne sais pas si ça va être bien. Mais avez-vous, il m'a acheté l'Oman. Ils ont pris l'avion avec les petits-enfants. Il a loué le 4x4 avec la tante de Troyes. et il a fait tout l'itinéraire que j'ai fait, c'est-à-dire tout le tour de l'aumône, et il a dormi autant dans le désert. que sur la plage, qu'au bord des Wadi. Et il a vu toutes les belles choses qu'il y a à voir parce que ma fille, qui a aujourd'hui 21 ans, est passionnée de tourisme. Et d'ailleurs, aujourd'hui, elle est dans une école d'audiovisuel et elle nous a fait des photos et des vidéos. C'est elle qui a tout fait de malade. D'ailleurs, on vend aussi les photos, toutes les photos qu'elle a faites du voyage, on les a fait imprimer en tableau et on les vend au profit de l'association pour pouvoir repartir. Donc, on vend nos traces, pays par pays, avec Point Touristique, nos bivouacs. Pour les gens qui ont peur et qui ne savent pas où dormir, c'est quand même une grosse sécurité. Et en Inde, nous, chaque fois, on cherchait à se cacher parce que nous, on ne dort jamais en ville, on ne dort jamais au bord des villages. On dort toujours forcément le plus joli possible, mais surtout le plus isolé possible. Et c'est pour ça qu'en deux ans, on n'a jamais eu d'insécurité, on n'a jamais eu peur. Tout s'est toujours très, très bien passé. Il ne faut pas dormir en ville.
- Speaker #0
C'est ça, tu réponds à ma future question de savoir si vous avez déjà eu des... Des moments d'angoisse ou des pépins pendant le bivouac ?
- Speaker #1
Alors, une soir, un soir, on se cache vraiment en plein Covid en Inde. Mais vraiment perdu, perdu, perdu. Et chaque fois, on disait aux gosses de ne pas trop faire de bruit, on ne mettait pas trop de lumière, parce que les Indiens, ils nous repèrent à 10 000 kilomètres. Donc, on avait cette habitude de faire attention pour ne pas être embêté la nuit ou le matin, ou que nous embêtent, quoi. Et surtout avec le Covid. Et en fait, une nuit, on va au lit, on commence à entendre du bruit, on voit qu'on est entouré de pieds. Mon mari descend. toujours dans la fureur, entourés de piles, toutes les piles, des piles, tout autour du 4x4.
- Speaker #0
Il y en avait peut-être 21. Ils avaient des lumières ou des portables ou des piles pour nous éclairer. Il y avait 20. Tout autour du 4x4, on avait des gens. Et mon mari descend et commence à...
- Speaker #1
D'accord, pardon, je n'avais pas compris.
- Speaker #0
Des lampes de poach ou des téléphones. Il s'éclairait avec des téléphones. Et du coup, là, mon mari descend. Qu'est-ce qui se passe ? Ne nous encerclez pas, ne nous encerclez pas. Il ne parle pas trop bien anglais, mais il essaie de parler anglais. Et je sens que les gens autour... parlent en indien, mais agressivement. Donc moi, je descends et je dis, moi je parle en indien. Je leur dis, on est une famille, je leur dis que j'ai des enfants, Mata, je suis la maman, Pita, le papa, je leur montre le chien, et je dis que j'ai des enfants, filles, garçons. Je demande à mes enfants de sortir de la tête de la tante de toi, et eux quand même qui ne savaient pas trop, ils se préparaient peut-être un peu à ranger la tante pour partir en catastrophe, ils ne savaient pas trop comment ça allait se débrouiller, parce que tous les indiens... c'était comme une tribu, ils avaient carrément des lances, des frondes enfin ils venaient vraiment tout autour de nous mais on ne les sentait pas forcément pacifistes et mon mari qui gueulait en plus, oh mon dieu, et moi je suis descendue là, et j'ai dit ça, on est une famille et heureusement, j'ai eu l'idée sur le Cap 4, il y a tous nos sponsors et il y a notre page Facebook les 5 baroudeurs, et je leur dis look, look, look, les 5 baroudeurs je leur dis, les 5 baroudeurs, Facebook, Facebook et tous les jeunes ils y vont voir Et ils commencent à regarder, à sourire, à rire, à voir qu'on était dans un village indien, qu'on était passé à la télé. Et tout se détend, l'atmosphère bouffe. Et en fait, ils avaient peur en discutant. Ils avaient juste peur parce qu'il y a beaucoup de gens qui viennent leur prendre les bébés, leur prendre les enfants pour des trafics d'organes. Et ils ne savaient pas qui on était. En gros, quatre, pourquoi on se cachait ? Eux, ils ne campent pas. Pourquoi on se cachait ? Oui, on se cachait, mais pas d'eux. Enfin, si d'eux, mais ce n'était pas pour les attaquer ou quoi que ce soit. Ils ont eu plus peur. que nous, on a eu plus peur d'eux. Et quand ils ont compris qu'on était une famille française, ils sont partis. Le lendemain, ils sont revenus. Ils voulaient des selfies avec nous. Alors là,
- Speaker #1
on m'a dit,
- Speaker #0
non, pas de selfies. Vous nous avez réveillés hier soir. On nous a fait peur. Dégagez, dégagez. Après, nous, par derrière, on leur donnait des petits selfies. Et encore des gens de cet début qui discutent avec mes filles par les réseaux. Ils nous suivent encore, ces gens.
- Speaker #1
Tu as eu un bon réflexe et tu as vite attrapé les codes, en fait, de savoir parler un petit peu indien. Et comme tu dis, vive les réseaux sociaux sur ce coup-là. Eh oui,
- Speaker #0
ils ont vu ça, ils ont vu qu'on était une famille, ils ont vu qui on était et qu'on n'était pas là pour les attaquer. On faisait le tour du monde. Et qu'on était en Inde depuis tant de temps et tout ça. Et du coup, ça s'est très, très bien passé. Et par contre, sur le moment, je t'assure que même moi, j'avais le cœur qui battait l'achat matin.
- Speaker #1
J'imagine, j'imagine. Et du coup, ton mari, lui, dirait quoi ? Il dirait aussi que si c'était à refaire, il ferait le confinement comme ça, bloqué en Inde ? Non,
- Speaker #0
non. Pour être franche avec toi, lui, il nous a carrément dit qu'il n'était pas un baroudeur, qu'il était un voyageur. Que lui, trois mois en Espagne, ça lui suffit. Qu'il ne voulait plus repartir un an. Donc nous, ça nous a choqués parce que pour nous, c'était nos deux meilleures années de notre vie. Et pour lui, c'était un peu les pires. Ça a été un peu compliqué. Et quand on est rentrés en France, au début, il avait ce discours-là. Donc, du coup, on était un peu en désaccord. Nous, c'était génial, c'était génial. Lui, c'était dur, c'était dur, c'était génial. Bon, puis nous, on a dit, écoute, OK, de toute façon, on a la chance d'avoir fait ce grand voyage. Mais si au moins, on peut repartir deux mois par an, tous les ans, juillet, août, c'est déjà cool. On se suffira de ça. Parce que lui, il ne voulait plus du tout repartir, louer la maison et tout ça. C'était trop compliqué pour lui. Il fallait gérer la sécurité, gérer la mécanique, c'était trop de responsabilités. Parce que lui, il était habitué dans son camion, déjà, et il ne gérait pas les enfants, il ne gérait pas tout ça. Et là, il se retrouvait déjà avec nous quatre, alors qu'il était toujours tout seul. Et en plus, à gérer des choses qu'il ne gérait pas. Et pour lui, ça a été trop, trop. Gérer le bivouac, la sécurité. Mais je peux l'entendre, je lui ai dit, je peux l'entendre.
- Speaker #1
Je comprends tout à fait. Puis, je pense que, je l'avais déjà évoqué d'ailleurs avec une précédente famille, on n'est pas là pour tester nos limites non plus. Mais non ! Et en fait, on n'a pas tous les mêmes attentes. Et là, c'est bien de le préciser parce que je pense que les gens, de temps en temps, ils disent « Ah, c'est extraordinaire, c'est comme des vacances, tout est beau. » Non, tout n'est pas beau, ce n'est pas comme des vacances.
- Speaker #0
D'ailleurs, c'est là.
- Speaker #1
On a besoin de vivre ensemble.
- Speaker #0
La grosse différence, elle est là. Mon mari n'a jamais aimé se priver. En vacances, on se fait plaisir, on ne se prive pas. On va au restaurant, on boit l'apéro, c'est les vacances. Là, mon mari était en vacances, juillet-août 2019, on était en Turquie. Et c'était l'apéro tous les soirs. Sauf qu'après, on est rentrés en Géorgie et je lui ai dit, tu sais Patrice, là, il va falloir arrêter l'apéro. Ah bon, et pourquoi ? Et parce qu'on n'a que 1000 euros et si tu ne vas pas boire l'apéro pendant un an, on ne le faisait pas en France, on ne peut pas. Ah bon ? Et donc là, ça a commencé à être dur pour lui parce qu'au restaurant, il voulait ci, il voulait là. j'ai dit attend on peut pas il faut partager on est cinq là il nous reste temps pour vivre Et tout ça, pour lui, c'était compliqué parce que 1 000 euros et deux gros salaires, ça n'a rien à voir. Les vacances, on profite. Le voyage, normalement, pour notre part en tout cas, on avait un petit budget. Et nous, avec les enfants, on préférait se priver mais partir le plus longtemps possible. Sauf que pour mon mari, se priver, c'était… il se sentait en prison. C'était horrible.
- Speaker #1
Ce n'est pas facile pour lui aussi parce que de ce que je comprends, la patronne sur ce coup-là, c'était un peu toi. Oui. Et tu avais le soutien des trois loulous derrière, qui étaient dans la même philosophie. Donc ça faisait un peu quatre contre un, donc pas facile pour lui.
- Speaker #0
Oui, mais d'ailleurs, le petit lui disait, mais papa, prends pas de coca, tu vois bien que c'est cher. Regarde si on prend tous un coca ou un iced tea. Non, non, non, tu prends de l'eau et puis c'est tout, il lui disait.
- Speaker #1
Alors, du coup, une fois que le confinement a été levé, là, vous êtes retournée directement en France.
- Speaker #0
Alors, en fait, on a attendu pendant 15 mois en Inde, espérant qu'une frontière terrestre ouvre. D'accord ?
- Speaker #1
15 mois en Inde ? Parce qu'attends, vous avez fait un mois avant le confinement, et après, vous êtes confinée 15 mois ?
- Speaker #0
Non, on est rentrée un mois en Inde, on a été confinée 4, 5, et pendant 10 mois, on a bougé dans toute l'Inde.
- Speaker #1
Ah d'accord, donc pendant dix mois après, on était revenu sur la partie du monde itinéraire libre.
- Speaker #0
Libre mais on pouvait pas sortir de l'Inde. Du coup on a fait tout le tour de l'Inde qui n'était pas prévu.
- Speaker #1
Donc en fait c'est ça, sinon vous auriez passé la frontière mais là vous n'aviez pas le droit de passer les frontières. Non,
- Speaker #0
donc du coup on a fait tout le tour de l'Inde et dès qu'on était un peu fatigué ou qu'on revenait à notre petit village indien se reposer. C'était notre maison et on repartait. Au début, on faisait des petits itinéraires. Après, quand on est parti au sud, comme c'est très grand l'Inde, là non, on a fait carrément... Le petit village était au nord. Donc, on est descendu tout au sud de l'Inde. On est remonté par Goa. Et là, on a fait tout un grand tour où on n'est pas revenu au village. Mais par contre, toutes les choses à côté du village, on allait au plus loin, vers le Myanmar, et on revenait. On allait vers le Népal et on revenait. On allait vers les patrisses.
- Speaker #1
C'était bien quand même revenir au village.
- Speaker #0
Finalement, c'était quand même une sécurité pour lui parce que là, il pouvait dormir sans chercher le bivouac et il savait qu'on n'allait pas nous embêter. Là, on pouvait carrément dormir chez les habitants. On était chez nous.
- Speaker #1
Parce que la partie folie, c'est vous. Mais en fait, la partie responsable, c'est quand même un peu lui. Donc, c'est vrai que ça peut être une grosse pression quand même pour lui.
- Speaker #0
Comme il dit, je suis le seul homme. Donc, si il y a un problème de sécurité, c'est à moi de le gérer.
- Speaker #1
Quel âge il a, le petit dernier ? Il avait quel âge pendant le voyage ?
- Speaker #0
Merci. Il avait 8 ans, on est rentrés, il en avait 10.
- Speaker #1
Alors maintenant, du coup, forcément, ça m'amène à... J'avais hâte de savoir aussi, parce que quand tu as vécu une telle expérience, je suis obligée de te poser la question de comment se passe le retour.
- Speaker #0
C'est horrible. Grosse bouteille. Moi, je ne fais que pleurer. Je ne pensais qu'à repartir en Inde ou à repartir n'importe où. Donc, on a commencé à... Au début, on n'avait pas la voiture, puisque vu qu'on ne pouvait pas traverser les frontières terrestres, et heureusement que suite à mon licenciement, j'avais touché des sous de côté, on a dû payer 4 000 euros pour mettre la voiture dans un conteneur en Inde pour le faire rentrer en France. Et nous, on est rentrés en avion. C'était notre seule façon de sortir de l'Inde.
- Speaker #1
Donc tu avais quand même prévu un petit pécule, entre guillemets, en cas de galère, auquel tu n'avais pas intérêt dans le budget du voyage.
- Speaker #0
Je n'avais jamais touché à ces dessous-là, et je les ai touchés pour nous payer l'avion de retour et le conteneur. pour le 4x4.
- Speaker #1
Vous avez réussi à respecter votre budget. Oui. Et par contre, on revient un peu à sec, on doit tout recommencer à zéro, retrouver du boulot.
- Speaker #0
C'est ça. En fait, on est rentrés aussi parce que la locataire nous a dit stop et donc on n'a plus de location maison, il fallait rentrer.
- Speaker #1
Donc plus de rentrée de sous et sans indiscrétion, votre maison, elle était payée ou il fallait encore rembourser le crédit ou le loyer ?
- Speaker #0
Vu qu'on était sponsorisés aussi par la banque, ils nous avaient fait... Pendant un an, c'était le sponsor, il nous avait arrêté le crédit et il nous avait fait de toutes petites mensualités par la suite. En fait, en 2023, on avait fini le crédit, comme on était presque à la fin. Pendant un an, en 2019, c'était prévu qu'on ne paye rien du tout. Et en 2020, j'ai recontacté la banque puisqu'on aurait dû rentrer. Et donc là, il nous avait fait moitié mensualité pour qu'on ait quand même quatre sous de côté pour vivre. Et je savais que c'était possible parce que je savais qu'en Inde, de toute façon, on ne vivait de rien. On en avait largement assez avec 600 euros au lieu de 1 000.
- Speaker #1
Et donc, le loyer de la maison, c'est ce qui permettait de faire rentrer les sous pour le budget.
- Speaker #0
C'est pour manger, oui. Pour manger, payer le gazole.
- Speaker #1
Mais c'est génial parce que ça veut dire vraiment que... N'importe qui. Parce que souvent, c'est quand même un frein. De se dire, moi aussi, j'aimerais bien faire un tour du monde, mais on n'a pas les moyens. C'est un peu stressant, parce que c'est sûr que si elle ne paye pas le loyer, c'est un peu stressant. Mais comme quoi, tout est possible.
- Speaker #0
Oui, franchement. Et nous, on n'était pas des riches, on n'avait pas d'argent de côté. Après, je me suis fait licencier et j'ai touché des sous de côté. Et heureusement, finalement, pour ramener la voiture. Mais bon, on n'aurait pas eu le Covid, on serait rentrés. C'est pour ça qu'on... On ne voulait pas y toucher cet argent. On voulait rentrer par la route, nous, pour économiser ses sous. Mais ça n'a pas été possible. Ce n'est pas grave. Et puis voilà, on a fait autrement.
- Speaker #1
Mais tu l'avais bien préparé quand même. En fait, le temps ne convainc tout le monde. Tu l'as déjà bien préparé. Tu as même réussi à avoir des sponsors. Oui, oui, oui. Le banquier sponsor, c'est quand même très fort.
- Speaker #0
Oui, je suis allée voir.
- Speaker #1
Je comprends que tu sois commerciale.
- Speaker #0
Oui. C'est une vraie…
- Speaker #1
Une vraie aisance à pouvoir négocier et à voir ce que tu veux. Bravo.
- Speaker #0
C'est gentil. En fait, je suis tellement passionnée que les gens, quand je parle de ce truc, même encore aujourd'hui, on est rentrés il y a maintenant un an et demi. Et quand je parle de ce voyage, j'ai des épaules à plein les yeux.
- Speaker #1
Ce qu'il y a, c'est que tu vas me dire, mais est-ce que tant qu'on ne l'a pas fait, moi, je suis comme toi, maintenant, je suis carrément picousée et je pourrais en parler des heures. Et c'est pour ça que je fais ce podcast, parce que je veux entendre des récits des uns et des autres, parce que je trouve que c'est tellement fort. Mais les gens, quand tu leur racontes, souvent, ils te posent un peu de questions au départ. Oui,
- Speaker #0
c'est horrible ça. C'est ça. Ma fille, elle me dit... Ma fille, elle me dit, tu dois m'arrêter de leur raconter. Ils nous ont posé des questions et après, ils parlaient d'autres choses. Quelle horreur.
- Speaker #1
Oui, mais en soi, c'est ça. Tu penses que ça intéresse tout le monde, mais ça intéresse surtout les gens qui sont passionnés de tout ça.
- Speaker #0
C'est ça. Et après, quand on a eu rencontré les nomades frauds, qui eux sont partis 14 ans, avec qui j'ai beaucoup parlé avant de partir. J'ai eu de la chance de les rencontrer juste avant notre départ sur un salon. On les a rencontrés en avril, on est partis en juillet. Ils m'ont donné plein d'infos, plein de conseils. Et du coup, quand on est rentrés de ces deux ans, on est allés chez eux. Et quel bonheur de discuter avec eux. On avait le même langage et même eux nous disaient justement ça. Que ça fait du bien, on a dormi chez eux dans notre tente. Et puis les gens habitués. allez donnez-moi votre linge, on va tout laver, machin. C'est les vrais voyageurs et on avait le même langage et on a parlé jusqu'à 6h du matin de voyage, on avait le même langage.
- Speaker #1
Et heureusement, c'est bien, ça nous permet justement d'avoir ces belles discussions, ces belles rencontres parce que aussi pendant le voyage, nous on a rencontré d'autres familles tour du monde, et ça reste des souvenirs incroyables. Alors après, on perd un peu le lien parce que la vie fait que, chacun reprend un petit peu sa routine, mais c'est des très belles rencontres parce que c'est souvent des gens vrais. et qui ont les mêmes attentes de faire des belles rencontres. Ils sont très ouverts. Et je trouve que tu arrives même parfois, tu vas me dire si tu es d'accord avec ça, à aimer la compagnie et à devenir presque amie parfois avec des gens qui sont tellement opposés. Si on s'était rencontrés dans la vie de tous les jours, mais même pas, on reste 10 minutes ensemble parce que tout nous oppose.
- Speaker #0
C'est vrai.
- Speaker #1
Et là, comme on a ce vrai... points communs des mille voyages, on apprécie et on est beaucoup plus à l'écoute les uns des autres. C'est vrai,
- Speaker #0
je suis tout à fait d'accord avec toi.
- Speaker #1
Alors si on reprend deux ans après, maintenant comment on se sent et comment on avance ?
- Speaker #0
Alors il faut avoir des projets. Nous on est rentrés, donc mon problème c'était mon mari qui ne voulait pas repartir. On devait partir en Islande. Au début quand on est rentrés, comme on n'avait pas la voiture, c'est ce que je te disais, on a commencé à acheter une tente de camping par terre pour mettre dans un sac à dos et on est partis faire des treks. On en a tellement fait en Inde, des treks, mais dans l'Himalaya où on n'avait plus d'air. des trucs avec des marches incroyables à travers des sentiers, faire un trek en France, mais c'était trop facile. Du coup, on a pris plaisir à revivre en pleine nature, avec un petit réchaud, des petits week-ends comme ça, des petites vacances comme ça. Dès qu'on a récupéré le 4x4, on est reparti avec le 4x4, le Noël l'année dernière, on est parti une semaine, on est reparti sur les roadbooks espagnols de Vibraxion. Mais quel bonheur, même en Espagne, c'est cette vie dans la nature qui nous plaît. Mon mari était content parce que ce n'était pas... après une longue période, c'était qu'une semaine, 15 jours. Et après, on devait partir en juillet-août en Islande, sauf qu'on s'y est pris trop tard pour louer. La voiture n'était pas prête, il y avait trop de réparations. L'Islande, c'est super cher, donc c'était un gros, gros budget. mais je voulais le faire avec mon argent que j'avais de côté, de mon licenciement, puisqu'on ne l'avait pas utilisé. Mais bon, la voiture n'était pas prête. On devait recevoir une tente de toit, parce que la nôtre, qu'on avait depuis 2013, était complètement moisie suite à deux moussons en Inde. Donc, il fallait la changer. Ils se sont trompés au dernier moment. Ils nous ont commandé que le capuchon et pas la tente. Donc, impossible de partir en 4x4. Gros coup dur, bam ! Qu'est-ce qu'on fait ? Réunion de famille à tous les cinq, comme on est habitué à faire. Et on est parti à l'île Maurice parce que j'ai un ami de cœur que j'adore, que je n'avais pas vu depuis dix ans. Et j'ai dit à mon mari, puisque tu es fatigué de la mécanique, des bivouacs et de tout ça, on va passer de vraies vacances, deux mois, logé, nourri, blanchi chez notre ami. Tous les matins, on prenait sa voiture, on l'amenait au travail, on se baladait avec sa voiture et on allait le chercher le soir. Que du bonheur ! Et on a retrouvé...
- Speaker #1
Il n'y a plus que de partir à l'île Maurice de moi !
- Speaker #0
Du bonheur parce que c'est des Indiens. On a retrouvé les temples. On priait comme on faisait avec le babin. Tout nous a rappelé l'Inde. En plus petit, en moins sauvage, parce qu'il y avait des touristes. Donc voilà, des Indiens parfaits pour mon mari, puisque là-bas, il les trouve un peu trop présents. Mais vraiment, à l'île Maurice, ils sont habitués. Il y a des touristes tout le temps. Voilà, donc c'était vraiment très, très, très bien. On s'est régalés.
- Speaker #1
Donc en fait, tu as l'amour de ta famille, ça c'est évident. Après, tu as l'amour de la nature. Oui. Ça, j'ai l'impression. Et maintenant, tu as l'amour de l'Inde.
- Speaker #0
Oui, ça m'a piqué. Dès que je parle de l'Inde, je suis incroyable. Alors que c'est un pays qui me faisait peur. C'est impressionnant. Comme quoi, il ne faut avoir vraiment aucun a priori. Et même si on vous dit des choses, c'est comme le Pakistan. J'en avais une peur bleue. Je cherchais des bateaux pour l'éviter. Parce que le Pakistan, les terroristes. Moi, j'ai trois enfants. Je suis folle. Ma famille me disait pareil. Sur la carte du gouvernement, c'est en rouge. Même mon mari me dit, oh, t'es taré, toi, le Pakistan, l'Iran, tous ces pays islamistes, t'as peur de rien, mais quand même, avec les filles et tout. Et puis, on a rencontré les nomades srodes qui avaient fait le même parcours. Il m'a dit, mais c'est les Iraniens, c'est les gens les plus gentils qu'on ait rencontrés. Et je confirme, les Iraniens, on ne pouvait pas faire 5 kilomètres sans qu'ils nous arrêtent. S'il vous plaît, venez manger chez nous, je vous en supplie, venez manger chez nous. Mais si on mange chez tout le monde, on n'en peut plus.
- Speaker #1
Donc en fait, on suit quoi ? On suit son intuition ? Oui,
- Speaker #0
il ne faut pas avoir peur. Et il faut discuter avec des voyageurs, ne surtout pas écouter les médias, et discuter avec des voyageurs qui ont voyagé comme vous. Moi, j'ai discuté avec les nomades rhodes, qui avaient deux filles, et qui étaient dans une tente de toit. Du coup, ils ont parlé le même langage. Et ils m'ont dit, alors c'est vrai, en Inde, c'est compliqué pour faire pipi et caca. Il y a des gens partout. Par contre, n'ayez pas peur, nous, on n'a jamais eu peur, tout s'est toujours très bien passé. Et quant au Pakistan, c'est pareil. Moi, ils ont parti 14 ans, le Pakistan, il est dans son top 3 et il veut à tout prix revenir. Eh bien, moi, je dis pareil, le Pakistan, alors on est escorté pendant trois jours, mais c'est vraiment rigolo de le vivre. Ils le font pour nous protéger parce qu'il y a eu un incident, une fois, avec des terroristes, malheureusement, qui venaient de l'Afghanistan et non pas du Pakistan. Et eux, comme ils veulent des touristes et qu'ils veulent les protéger, ils font cette escorte et ils aimeraient tant qu'il y ait des touristes chez eux. parce que ce n'est pas eux les terroristes. Ils nous le disent, c'est l'Afghanistan qui nous attaque. Et donc c'est pour ça que dès qu'on est en frontière de l'Afghanistan, on est escorté et ils regardent toujours vers le côté de l'Afghanistan pendant trois jours. Et après on est lâché dans le Pakistan. C'est juste en frontière de l'Afghanistan où pour notre sécurité, on dort sous escorte et on roule sous escorte, mais après on est lâché et on peut se balader au Pakistan et les Pakistanais sont tous off-mechant.
- Speaker #1
Donc maintenant, vous n'avez clairement plus peur de rien.
- Speaker #0
Non, je crois que, de toute façon, c'est ce que je dis souvent, tous les jours. De toute façon, quand on a fait l'Inde, 15 mois en Inde, on peut tout faire.
- Speaker #1
Là, c'est clair qu'il y a le côté routes. Là, c'est beau. Pareil, dormir sur des planches, tout ça. Je pense que vous l'avez fait en long, en large, en travers. Donc, vous pouvez repartir n'importe où.
- Speaker #0
Je crois.
- Speaker #1
Maintenant, c'est quoi le prochain voyage ?
- Speaker #0
Donc là, on ne sait pas trop. Là, on a rencontré les Untravela, qui sont un couple adorable. On s'est retrouvés avec eux à plusieurs salons de l'aventure et salons de voyageurs. C'est un gentil couple qui font eux aussi des roadbooks. Et en Géorgie, là où on est allés, on a pu échanger sur pas mal de choses. Ils ont fait la Géorgie, l'Arménie et surtout, ils ont fait le Kirghizistan. Ils appellent ça une petite Mongolie. Et nous, on a acheté leur roadbook. Et franchement, moi, ce que je voudrais faire, et les enfants aussi, c'est repartir au Kirzistan dès que possible. Donc c'est pour ça que là, on fait des petits marchés de Noël autour de chez nous, où on vend nos traces, où on vend nos cadres. J'ai écrit un petit livre au nom de l'association, avant qu'on parte, pour expliquer tout ce que je t'ai expliqué, c'est-à-dire... Le virus nous a pris avec la photo, avec mes deux filles qui boivent le coucou dans la malle. Avec L44, on a commencé. Avec L44, on était en Grèce. Comment on a eu l'idée de partir ? Tout ce que je te raconte, je l'ai marqué dans mon petit livre avant le voyage. Et après, j'en ai écrit un autre après le voyage, juste pour nourrir l'association.
- Speaker #1
Tu parles d'association, c'est une association que tu as montée avant ou pendant le voyage ?
- Speaker #0
Avant de partir, en fait. Quand on a fait le salon du voyageur. Au début, on ne savait pas trop comment faire parce qu'on avait une tente 4 places. On rentrait à 5, mais bon, on grossissait de jour en jour. Et puis bon, sur un an, ça allait faire trop serré. Donc on avait dit au pire, une tente par terre. Et si on a trop peur pour les enfants dans certains pays, on dormira avec moi et mon mari par terre, on mettra les enfants en haut. Et en discutant avec les voyageurs, ils nous ont dit non, ce n'est pas possible un an à dormir par terre. Il vous faut une autre solution. Et de là, nous est venue l'idée de la remorque. Et moi. travaillant dans la pharmacie parce qu'on a l'humour qu'on n'en avait pas besoin à part pour poser notre tente. Et j'ai dit, c'est un remords que quand même, moi j'avais le garage plein de choses de pharmacie qui se jettent, parce qu'en France, même si ce n'est pas périmé, on jette. J'en avais des placards pleins, des pansements stériles, de tout. Et j'ai dit, je vais créer mon association humanitaire et on a livré 600 kilos de dons en deux ans. dans tous les pays.
- Speaker #1
C'est extraordinaire. Donc en plus, il y avait un vrai sens dans ce voyage et qu'il y avait une partie humanitaire. Comment elle s'appelle ton association ?
- Speaker #0
Les 5 Barreaux d'Heures.
- Speaker #1
Les 5 Barreaux d'Heures. De toute façon, je mettrai le lien de votre page Instagram et du coup, tu pourras aussi... Ok, à quoi ? Il y a Instagram, Facebook ?
- Speaker #0
C'est ça, Instagram et Facebook, c'est tout.
- Speaker #1
Mais c'est top parce qu'il y avait aussi ce projet du coup.
- Speaker #0
C'est grâce à ça.
- Speaker #1
Ce n'est pas que pour vous et c'est grâce à ça et du coup tu continues à la faire vivre cette association Ça fait quoi ? Des dons aussi ?
- Speaker #0
Alors, jusqu'à présent, il y en a qui ont fait des dons. Mais en général, je vends. Le premier petit livre, avant qu'on parte, les gens donnaient ce qu'ils voulaient. Alors, un petit livre comme ça, où j'avais quatre photos qui m'étaient revenues à 8 euros, je crois, il y a des gens qui m'ont donné 500 euros pour le petit livre. Tu vois ?
- Speaker #1
D'accord, oui, donc il y a quand même des dons. Et toi, du coup, tu n'as pas repris le boulot ?
- Speaker #0
Ah si, si, mais par contre, je ne suis pas réunie en pharmacie. Je suis AESH, j'aide deux petits autistes de 6 ans depuis un an et demi. Je leur ai appris à lire, je leur ai appris à faire du vélo. Grâce à moi, ils sont partis une semaine en sortie scolaire alors qu'ils n'avaient jamais dormi ailleurs qu'avec leurs parents. Pendant les vacances scolaires, je les aime tellement qu'ils viennent dormir à la maison alors qu'encore une fois, ils ne dorment même pas chez leur papi et mamie. Il y a un lien qui s'est créé. Donc,
- Speaker #1
tu as fait un vrai changement de vie comme ça. ou si en fait tu avais tellement reçu que tu disais maintenant c'est à moi de retransmettre ?
- Speaker #0
En fait, je gagnais super bien ma vie, mais à quel prix ? J'avais plein de problèmes de santé. En plein voyage, je m'évanouissais parce qu'en fait je prenais des cachets pour l'attention, sauf que je n'en avais plus besoin. J'ai arrêté tous les médicaments que je prenais pendant 20 ans en pharmacie. Donc à quel prix ?
- Speaker #1
Alors du coup, pendant le voyage, plus aucun symptôme, plus de maladie, plus rien ? Non. Et maintenant que tu es rentrée, que tu fais ce nouveau boulot, comment ça va au niveau de la santé ?
- Speaker #0
Tout va bien. Tout va bien.
- Speaker #1
Bon, là, on ne va pas entamer le chapitre, mais je crois qu'on pourrait en parler pendant des heures. C'est le coup de ton corps, il arrive un moment. C'est ça. C'est fou.
- Speaker #0
Vivre sain dans un corps sain.
- Speaker #1
Oui, mais il a fallu le déclic du voyage pour prendre du recul. Non,
- Speaker #0
je n'aurais pas pu. Jamais, je n'aurais pas pu.
- Speaker #1
Mais c'est bien parce que, tu vois, je... Moi, je me suis dit la même chose depuis qu'on est rentrés. On n'a pas un petit bobo physique. Et je me disais, mon mari, c'est quand même fou. Pendant toute l'année où on a voyagé, on n'a jamais rien eu, mais même pas un petit mot de vie. On leur formait parfois pareil dans les camping-cars, etc. Et là, ça recommence. On peut pas être tout le temps en voyage et tout le temps. Il n'y a pas le choix, c'est la vie. Mais quand même, c'est qu'il y a quand même... En tout cas, ton récit me dit qu'il y a peut-être un alignement à trouver.
- Speaker #0
Il y a quelque chose à trouver. Moi, je te dis, si je n'avais pas fait ce voyage, jamais j'aurais quitté un boulot où je gagnais 4 000 euros par mois. Aujourd'hui, j'en gagne 850. Tu vas te faire des photos. Non, les photos. Oui, mais en fait, quand on a vécu pour 1 000 euros par mois, alors en France, on ne peut pas parce que tout est riche et tout est cher. Mais quand on rentre à la maison, que pendant deux ans, on avait deux shorts, deux pantalons, un pull, un blouson. Donc, cinq culottes, cinq chaussettes et qu'on voit tout ce qu'on a à la maison dans les placards. Mais on se dit, mais on est fous. Pourtant, on est des filles. On ne s'est pas acheté un habit depuis qu'on est revenus.
- Speaker #1
Mais alors, j'admire ça parce que moi, je trouve qu'on revient très, très vite. Justement, on s'adapte très vite en voyage, mais on revient très vite aussi dans les travers de cette société de consommation qu'on a en France. On a très vite repris le mauvais pli, que ce soit nous, les enfants, de retrouver un peu, même si dans la tête, je pense clairement qu'on a changé, mais vite, on retourne un petit peu dans ce mode de conso.
- Speaker #0
Mon mari, oui. Mon mari, ça lui a trop manqué, donc oui. Mais oui, mais oui. Mais les enfants, même les enfants, même l'année dernière, les cadeaux, mais ils ne savent même pas comment demander. On part en voyage, on part en vacances, ils n'ont besoin de rien. Mon fils, voilà, il s'est mis au vélo. Lui, il a retrouvé sa soie. J'avais peur pour lui parce qu'il avait de 8 ans à 10 ans. Il était moubli. J'ai dit, mon Dieu, comment il va faire à revenir à l'école enfermé ? J'avais peur pour ce gosse. Et en fait, avec tous les sous qu'il avait accumulés, des papiers mamie de tous les Noëls et anniversaires pendant les deux ans où il n'y avait rien à acheter, il s'est acheté un vélo. Et depuis, pédale, il a retrouvé la liberté du voyage dans le vélo. Il est rentré en sixième sportive. Il prend le train tous les jours avec son vélo, son sac d'école, son sac de sport. Et il fait 12 heures de vélo par semaine alors qu'il a 11 ans. Et il se lève tous les matins à 6 heures du matin pour prendre son train à 7h29. Et il rentre tous les soirs parce qu'il n'y a pas d'internat.
- Speaker #1
Je pense que vous leur avez transmis des valeurs incroyables pendant ce voyage et que ça les porte encore.
- Speaker #0
Pour l'instant, franchement, c'est vraiment bien parce qu'ils l'ont toujours en eux.
- Speaker #1
J'ai hâte en tout cas de voir la prochaine destination parce que maintenant, j'ai bien sûr la piquouse du voyage, mais je vais avoir aussi la piquouse des cinq baroudeurs parce que c'est vraiment... Je savais que j'allais passer un très bon moment. On va être quasiment à une heure d'enregistrement. J'espère que ça va bien fonctionner. Mais en tout cas, je me suis régalée à t'écouter. Moi pareil. En plus, t'as un rayon de soleil. Tu m'as donné une énergie incroyable. J'aurais pu parler encore pendant des heures. Je suis très heureuse de cet entretien. Je fais ce podcast pour ça, mais j'avoue que là, ça a été intense. Merci, merci.
- Speaker #0
Merci à toi.
- Speaker #2
Et voilà, cet épisode est terminé. J'espère qu'il vous a plu. Si c'est le cas, n'hésitez pas à le partager avec votre entourage. Abonnez-vous pour ne manquer aucun épisode et prenez quelques instants pour laisser un avis ou une note. sur votre plateforme préférée. Vos retours sont précieux et m'aideront énormément. Merci d'avance et à bientôt pour de nouvelles aventures.