- Speaker #0
Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur le monstre du loudness, le podcast de l'école acoustique. On espère que vous avez passé une très bonne semaine et aujourd'hui je suis en compagnie de mes deux texons Jean Solo et Elisa. Hello hello, c'est Elisa et sur ce podcast je m'occupe de la partie technique accompagnée de JS. c'est-à-dire l'édit, le mix, prise de voix, et voilà. Ainsi que du rédacteur Enzo. Salut tout le monde,
- Speaker #1
moi c'est Enzo, du coup je suis le rédacteur du podcast,
- Speaker #2
je me suis occupé de toute la partie écriture des textes,
- Speaker #1
donc j'espère que vous passerez un bon moment et que ça vous plaira.
- Speaker #0
Et moi-même, la réelle sur cette émission, Mélanie. Au programme, on va avoir Jean-Claude Charly qui va nous rejoindre. C'est un sound designer, compositeur et intervenant à l'école spécialisé dans le domaine du cinéma et du jeu vidéo. Il va répondre à quelques-unes de nos questions. Juste après, on parlera du sound design légendaire du cri de Chewbacca. Et ensuite, on va enchaîner avec l'écoute et l'analyse d'un petit instrument original, le terrimine. Mais tout d'abord, c'est l'heure du fun fact. Le 31 janvier, nous allons prêter main forte à l'équipe de la Zone à Castry pour un événement en soutien à l'assaut, au programme de groupe Pitch Up & Mellow et les Steadies pour une soirée sur le thème du reggae. La Zone est un espace d'expérimentation culturelle et sociale, un lieu adaptable déployant ses activités autour de trois thèmes, la création, l'expérimentation et la diffusion. L'événement se déroulera au foyer H-Pollet, toutes les infos et les billets sont sur le site de la mairie de Castry, on vous attend nombreux ! Après ce petit fun facton... on passe tout de suite à l'interview de Jean-Claude Charlier. Donc aujourd'hui, on se retrouve avec Jean-Claude Charlier. Bonjour Jean-Claude.
- Speaker #2
Bien le bonjour.
- Speaker #3
Tu vas bien ?
- Speaker #2
Ça va.
- Speaker #0
Ça va.
- Speaker #2
C'est chargé en ce moment, mais...
- Speaker #0
Ouais, gros emploi du temps. Ouais,
- Speaker #2
plutôt, mais on ne se plaint pas. On ne se plaint pas, voilà. Donc, oui, oui.
- Speaker #0
Oui, c'est tant mieux.
- Speaker #2
C'est tant mieux. C'est tant mieux, surtout quand tu as connu les hauts et les bas. Tu préfères les hauts, même s'ils sont chargés. Donc, oui, tu ne peux pas me plaindre. C'est sûr.
- Speaker #0
Alors, petite présentation. Du coup, Jean-Claude, tu es sound designer, compositeur, métrage, série, jeu vidéo, pub, un peu tout. On t'a eu, du coup, en intervenant dans le cadre de notre cours de TMO. Tu nous as parlé un petit peu de ton parcours, qui était super intéressant. Tu as parlé de ta reconversion. Si tu peux revenir un petit peu dessus.
- Speaker #2
Oui.
- Speaker #0
Si, si. Si tu veux,
- Speaker #2
d'accord. On va le laisser. Oui, effectivement. Merci. Si vous avez trouvé ça très intéressant, merci. Oui, j'ai un parcours qui est atypique. Je ne sais pas, en fait. Chacun a son parcours. En tout cas, voilà, ça, c'est le mien. Disons que pour me retrouver là où je suis aujourd'hui, ça a mis du temps. Dans le sens où... où j'ai fait de la musique assez tôt. J'ai fait de la guitare, je crois que j'ai démarré à l'âge de 9 ans. C'était pas la guitare classique, c'était la guitare... Je sais pas comment on pourrait appeler ça, c'était la guitare. J'apprenais des chansons populaires, voilà, avec une association, puisque mon père était cheminot de métier, c'était l'association SNCF. Et dans cette association, il y avait des cours de guitare. Donc j'ai fait des cours de guitare. Puis j'ai eu mon premier groupe aussi à cette époque-là, à l'âge de 15 ans, à peu près 15-16 ans. Premier groupe de rock, vraiment très laborieux tout ça. Et sans vraiment me dire que j'en ferais mon métier, d'ailleurs, à cette époque-là, je me laissais guider par... par la vie, tout simplement, qu'on est ado. Voilà, on se laisse un peu...
- Speaker #0
Oui, on suit un nom et...
- Speaker #3
Voilà,
- Speaker #2
on se dit pas... Enfin, peut-être qu'il y en a qui se le disent et tant mieux, s'ils ont déjà une idée prédéfinie, préconçue de là où ils veulent aller, c'était pas forcément mon cas. Malgré tout, quand j'ai eu la vingtaine, il y a eu, puisque je viens de la région marseillaise, donc je viens d'une ville qui s'appelle Miramas, qui a... Tu connais peut-être ?
- Speaker #0
Oui, je connais.
- Speaker #2
Tu connais, très bien. Donc j'ai grandi là-bas. Et puis après, j'ai vécu à Marseille. Mais quand j'étais à Miami, à Hamas, j'avais la vingtaine à peu près. Il y a eu un album d'un groupe de rap qui s'appelle La FF, que vous connaissez peut-être.
- Speaker #0
La Fon qui est familier.
- Speaker #2
Qui a un peu marqué toute la région aussi. Et j'ai commencé à m'intéresser au rap aussi, entre autres en les écoutant. Et j'ai commencé à faire du rap avec un pote. Faire des instru. Moi, j'étais plus instru. J'ai fait un peu de chant, un peu de rap. Mais ce n'était pas du tout mon truc de rapper. Et c'est surtout là, en faisant du rap, que j'ai commencé à m'intéresser à la musique orchestrale. puisque pour ce qui m'intéressait dans le rap que j'écoutais à l'époque, notamment dans la FF, c'était le fait qu'il s'en plaît pas mal de ce que j'ai pu découvrir après, c'était de la musique de film et notamment du New Morricone. Parce que moi ce que j'aimais bien c'était le rap un peu mélancolique comme ça, avec des instrus justement. Du boucle long, du piano. Exactement, c'était exactement ça. Voilà, exactement ça, ce qui ne se fait plus trop aujourd'hui d'ailleurs. Et je me suis, quand tu essaies de refaire la musique qui t'intéresse, donc tu vas te demander, attends, alors c'est quoi ce semble ? D'où il vient ? Est-ce que je n'ai pas quelque chose chez moi que je peux aussi sampler ? Donc déjà, tu t'intéresses au sampler, c'est quoi ? Je l'ai toujours, mon premier sampler, Gemini, chez moi. J'avais 19 ans quand je l'ai acheté.
- Speaker #0
Il fonctionne encore ?
- Speaker #2
Je pense qu'il fonctionne. Ah,
- Speaker #0
je ne le sais pas trop.
- Speaker #2
Oui, ça fait longtemps que je ne l'ai pas utilisé, mais je pense qu'il fonctionne. C'était les vieux samplers. Aujourd'hui, tu fais tout sur l'ordinateur, mais avant, tu appuyais sur un bouton. C'était un sampler où tu avais 12, 9, 6 et 3 secondes. Donc tu avais trois boutons. Tu avais un bouton pour un sample de 3 secondes. Tu appuyais, tu enregistrais 3 secondes. Et un autre de 6, de 12. Et puis, tu avais donc un bouton play. À chaque fois, tu appuyais sur ton sample de 12, tu appuyais sur ton play. Puis après, quand tu voulais passer sur ton sample de 10 secondes, tu appuyais sur ton bouton sample de 6 secondes et tu rappelais sur play, etc.
- Speaker #0
C'est bien plus laborieux.
- Speaker #2
Ça n'a rien à voir, évidemment. Ça n'a rien à voir avec les outils d'aujourd'hui. Mais bon, ça a été formateur. Et du coup, je me suis intéressé aux musiques que ces groupes-là s'emplaient, à savoir la musique de film. Et ça a été mon premier rapport avec la musique de film. Et la coïncidence veut que j'avais chez moi des vieux vinyles qui appartenaient à... Je pense que c'était à mes oncles, certains peut-être à mes parents. C'était de la musique de film, justement des vinyles de New Morricone, de compilation de musique de film. Et j'avais des platines, de vieilles platines aussi, et j'ai commencé à les enregistrer, à les sampler, à faire comme faisaient ces groupes-là. Et puis assez rapidement, j'ai eu, parce que moi j'ai eu très tard un ordinateur, je l'ai eu à l'âge de 22-23 ans, mon premier ordinateur. Et là j'ai vu qu'il y avait des logiciels qui existaient pour faire de la musique, même à cette époque-là. Et j'ai commencé à procurer des logiciels. les ancêtres de ceux qu'on utilise aujourd'hui, même si Pro Tools existait déjà à l'époque, mais je ne le connaissais pas, je bossais sur autre chose. J'ai eu Cubase assez rapidement. J'ai eu un Cubase, j'ai eu beaucoup de choses d'ailleurs, puisqu'on m'avait présenté sur Marseille quelqu'un qui travaillait, qui avait travaillé Kayam à l'époque. Et c'est là que j'installe Cubase, c'est là que j'ai Cubase. Et que je me dis, la musique que je suis en train de sampler, la musique orchestrale, ça m'intéresse. Est-ce que moi je ne peux pas la faire ? J'ai commencé à m'intéresser à la musique de film, j'ai commencé à m'intéresser au solfège. Je ne sais pas. J'en avais pas fait quand je faisais de la guitare. C'est pour ça que je disais que c'était de la guitare, c'était pas classique. Donc j'ai appris tout seul le solfège, j'ai appris tout seul la théorie musicale, l'harmonie. J'avais des bouquins, je m'étais acheté des bouquins d'harmonie que j'apprenais par cœur. Je dis pas qu'il faut le faire, je dis pas que l'apprentissage par cœur, mais en tout cas c'était moins... Moi chacun... Voilà. C'était difficile de trouver des gens pour te former, etc. Puis t'étais... Voilà. Quand t'es à Mirama, si tu connais un peu, c'est pas la ville où il y a le plus de choses, il y a des choses qui se font, mais voilà.
- Speaker #0
Il faut aller à Marseille, à côté.
- Speaker #2
Il faut aller à Marseille, il faut aller à Aix. Je m'étais renseigné parce que j'étais étudiant en même temps à Aix pour prendre des cours. Mais c'était compliqué, c'était cher, j'avais pas beaucoup d'argent, etc. Comme beaucoup d'étudiants.
- Speaker #0
Et c'était moins démocratique. Ouais,
- Speaker #2
complètement. T'avais pas YouTube. Même s'il y a du bon, il y a du moins bon sur YouTube. Mais malgré tout, le bon qu'il y a sur YouTube, c'est que ça peut te donner des pistes qui sont intéressantes sur YouTube. Il y a des gens aujourd'hui, si tu veux t'intéresser à... Moi, pendant des années et des années, je m'intéressais à l'orchestration. Quand tu composes une mélodie, que tu veux la faire jouer pour un orchestre, il faut bien l'orchestrer. C'est-à-dire que cette mélodie-là, il faut bien savoir quel instrument va la jouer, combien d'instruments vont la jouer, quelles combinaisons vont la jouer, et est-ce que ça va être en octave, en unisson, en machin, en contrepoint, etc. Et donc j'ai cherché pendant des années et des années, puis je ne trouvais pas. Et oui,
- Speaker #0
c'était fermé, et du coup, trouver des ressources...
- Speaker #2
Ouais, c'est fermé. Quand tu ne viens pas du tout de ce milieu-là, je n'ai pas de parents qui venaient de ce milieu-là, je n'ai personne qui connaît... totalement étranger à ce milieu. C'est compliqué. Donc, j'ai acheté des bouquins et t'essaies d'apprendre toi-même.
- Speaker #0
Donc, on se retrouve au prochain épisode pour la suite de l'interview. Et on passe tout de suite à la chronique sur le sound design légendaire du cri de Chewbacca. Parmi les icônes sonores les plus reconnaissables du cinéma, le cri de Chewbacca dans Star Wars reste une prouesse du sound design qui fascine encore aujourd'hui. Ce rugissement singulier, à la fois sauvage et émotionnellement riche, a été créé grâce à une approche ingénieuse et une sensibilité sonore hors du commun. Le défi pour Ben Burtt, le légendaire designer sonore de Star Wars, était de donner une voix crédible à ce Wookie de deux mètres. Incapable d'utiliser des sons humains pour exprimer les sentiments complexes du personnage, il se tourne alors vers le règne animal. Le cri de Chewbacca est en fait un mélange de cris de plusieurs animaux. principalement des oups, des lion de mer, des chameaux, des blaireaux et même des morts. Enregistrer ces animaux cependant n'a pas suffi. L'ingénieur du son Ben Burtt a ensuite passé des heures à manipuler, éditer et combiner ces enregistrements pour produire une palette d'émotions distinctes. Par exemple, les ours ont donné les graves profonds et rocs du cri de Chewbacca, les morses ont offert une texture plaintive et expressive, et les lions de mer et leur vocalisation gutturale ont ajouté une articulation nécessaire au dialogue de Chewbacca. Ce qui rend le cri de Chewbacca si réussi, c'est sa capacité à exprimer une gamme d'émotions malgré l'absence de langage clair. Que Chewbacca soit en colère, heureux, frustré ou inquiet, Ben Burt a créé une bibliothèque sonore lui permettant d'adapter ses sons animaux à chaque situation. Pour y parvenir, Burt a souvent joué avec le pitch, donc la hauteur des sons, et la durée des sons enregistrés. Un enregistrement de morse légèrement accéléré pouvait devenir une exclamation de surprise. tandis qu'un son ralenti douce pouvant évoquer une tristesse profonde. L'un des aspects remarquables du sound design de Chewbacca est le choix de laisser les sons bruts relativement intacts. Peu de traitements numériques ont été appliqués après l'enregistrement des animaux. Ça permet de donner une authenticité assez organique au personnage et d'éviter de tomber dans le piège du synthétique. Le montage précis et le talent de Ben Burtt pour le timing des sons suffisent à rendre Chewbacca convaincant. Le cri de Chewbacca est devenu tellement iconique qu'il est aujourd'hui immédiatement reconnaissable dans la culture populaire. Ce simple rugissement évoque instantanément le monde de Star Wars, une preuve indéniable du pouvoir évocateur du sound design bien exécuté. En définitive, le travail sur Chewbacca démontre qu'avec de la créativité, une oreille attentive et une compréhension profonde des émotions, le sound design peut donner vie à des personnages mémorables qui transcendent les barrières linguistiques. Un véritable rugissement d'ingéniosité sonore. Et on passe tout de suite à la prochaine chronique sur le thérémine.
- Speaker #3
Dans les vastes plaines électromagnétiques de la musique, un étrange spécimen surgit au début du XXe siècle, le thérémine. Cet instrument inventé par le scientifique russe Lev Sergeyevitch Thermen, plus connu sous le nom de Léon Thérémine, évolue dans un habitat unique, celui de la science et de l'art fusionnés. Mais ce qui le rend véritablement fascinant, c'est qu'il peut être joué sans jamais être touché. Une prouesse rare, digne des créatures les plus insaisissables de l'univers sonore. Observons-le dans son environnement naturel. Il se dresse fièrement avec ses deux antennes distinctives. L'antenne verticale, haute et élégante, semble tendre un bras invisible vers le ciel, tandis que l'antenne horizontale s'étend comme une branche tendue à la recherche d'interaction. Le thérémine attend patiemment l'arrivée de son compagnon humain. Lorsqu'un interprète s'approche, les mains entrent dans un balai gracieux, la main gauche, flottant au-dessus de l'antenne horizontale, module le volume, tandis que la main droite, orbitant autour de l'antenne verticale, contrôle la hauteur des notes. Ces interactions, bien que délicates, déclenchent une cascade de vibrations sonores envoûtantes.
- Speaker #0
Mais attention,
- Speaker #3
le thérémine est un instrument capricieux, sensible aux moindres changements dans son territoire. Même un mouvement involontaire du corps peut perturber sa fragile harmonie. Tel un animal farouche, il exige une posture immobile et une concentration absolue. Pire encore, lorsqu'un groupe d'humains s'installe dans son habitat, comme un public venu assister à une performance, il devient instable. L'atmosphère électromagnétique change, obligeant le musicien à réaccorder l'instrument avant de débuter pour éviter de fausses notes. désastreuse. Dans la nature musicale du XXe siècle, le thérémine prospère principalement dans les contrées contemporaines et expérimentales. Là, il explore les frontières sonores, souvent en solitaire ou accompagnées d'esprits aventureux. Véritable chimère de la musique et de la physique, le thérémine demeure une créature rare, fascinante et exigeante. Un défi pour quiconque ose s'aventurer dans son domaine.
- Speaker #1
Donc on se retrouve pour vous expliquer comment j'ai fait pour rec ce thérémine. Donc c'est un thérémine de chez Moog, un thérémini, c'est comme ça qu'il s'appelle. Et il possède deux sorties line qui nous ont permis de brancher en jack sur notre Zoom H6 et d'avoir nos deux pistes de sortie qu'on a directement mis sur Pro Tools et un peu édité et un peu mix. Alors il se trouve que celui qu'on a enregistré est beaucoup plus moderne, ce qui fait qu'il y a ces sorties line, sauf que normalement ils n'y sont pas. On est obligé de les enregistrer sur les enceintes avec des micros proches de la membrane.
- Speaker #0
Merci JS pour les explications et un grand merci à Energisson qui nous a fait le plaisir de nous donner l'accès au Térémini. Merci à Théo, Mathis et Arthur du magasin. Il est situé à Moguio si jamais ça vous intéresse. Nous, en tout cas, on s'est régalé. Il est en expo, donc si vous voulez aller essayer le Térémini, je vous en prie. Juste avant de se quitter, on va passer à la question du jour. Les sons mixés par Serban Guenea, dont notamment Blading Lights de The Weeknd, sont-ils mixés in the box ou out of the box ? On répondra à cette question au prochain podcast. L'épisode d'aujourd'hui touche à sa fin. Un grand merci à Jean Solo, Elisa et Enzo d'avoir taffé sur ce podcast. Surtout, un grand merci à vous, à Energy Son. Concernant l'école, on vous attend pour un atelier d'initiation. Attention, les plats sont limités, donc inscrivez-vous vite. Ça se passera le... 17 février. Toutes les infos sont sur ecole-acoustique.com et on espère que vous avez passé un super moment. À bientôt !