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ADN FOOT - Paroles de Supporters !

L'ADN FOOT d'Alexandre Carré, journaliste chez beIN SPORTS (Partie 2)

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46min |07/07/2025|

716

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Description

#2B L’ADN FOOT d'Alexandre Carré, journaliste chez beIN SPORTS !


Deuxième partie de l'entretien avec Alexandre Carré, Journaliste Reporter d'Images expérimenté avec plus de 10 ans de carrière chez beIN SPORTS.


Dans ce second épisode, nous abordons l'expérience du commentaire d'un match seul en cabine, sans être présent au stade. Alexandre nous livre son expérience sur cet aspect du métier, entre la préparation nécessaire pour être à la hauteur de l'attente des téléspectateurs et la difficulté de restituer l'ambiance présente sur le terrain en question, même à distance. Un focus est également apporté sur l'émotion à restituer, pour aboutir à la meilleure expérience possible des supporters devant leur écran de télévision.


Nous revenons également au cours de cet entretien sur la réalisation du reportage "Passion sous pression". Ce documentaire met en avant l'arbitrage professionnel et amateur. Afin que le grand public prenne la mesure des difficultés inhérentes à cette fonction essentielle dans le football.


Les violences subies par certains arbitres, l'arbitrage féminin vu à travers Carla Benedetto, arbitre amateure, la préparation de matchs de Ligue 1 explorée grâce à Benoit Bastien et ses arbitres assistants… Autant d'exemples intéressants pour évaluer au mieux les difficultés rencontrées par ces passionnés du sifflet.


Nous évoquons dans la suite de l'épisode les technologies qui viennent en aide aux arbitres et l'adaptation nécessaire à ces outils pour une expérience optimale (VAR, sonorisation des arbitres, prise de parole en public après une décision de la VAR).


Enfin, Alexandre nous livre quelques anecdotes croustillantes sur les coulisses de son métier, notamment auprès des joueurs côtoyés durant toutes ces années de reportages pour beIN SPORTS.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    C'est la fin ! Eh, il a les cheveux mouillés, alors pas dehors ! Pas dehors ! On essaie de jouer au football ! Vous avez peur de quoi ? Vous avez peur de qui ? Pas chacun son tour, c'est tout le monde ensemble.

  • Speaker #1

    C'est là où l'ADN Foot est puissant. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur le podcast ADN Foot, parole de supporters. Durant chaque épisode, mon invité parlera de son amour pour le foot, de ses souvenirs les plus marquants à sa façon de le vivre aujourd'hui, en simple passionné, voire davantage si son activité professionnelle s'exerce autour de ce sport. C'est Brams au micro et c'est parti pour le deuxième volet de cet épisode d'ADN Foot avec Alexandre Carré, journaliste chez BeinSport. On va basculer sur... Le commentaire en lui-même d'un match de football, si ça te va. Parce que ça m'intéresse beaucoup aussi la façon dont on prépare le commentaire d'un match de foot. Notamment, quand je vous vois, parce que parfois, que ce soit toi ou d'autres, vous publiez un peu sur les réseaux sociaux avant le match, vous annoncez le match. Alors parfois, c'est au stade, mais parfois, c'est en cabine. Et alors ça, ce commentaire en cabine, moi, il m'intrigue beaucoup. Parce qu'il faut avoir le talent du commentateur. Il faut réussir à faire vivre le match alors que toi-même, tu n'es pas au stade. Et ça, ça m'intéresse beaucoup. J'aimerais savoir ce que tu as à me dire là-dessus, en fait.

  • Speaker #0

    Ce qui est très particulier, c'est qu'on me demande souvent comment ça se passe, comment tu vois le match et tout. Et moi, je dis souvent aux gens, en fait, vous, vous le voyez mieux que moi. Parce qu'on n'est pas à plaindre. On a plusieurs écrans. Un avec... avec le retour du match. Parfois, si on est par exemple dans un multiplex, on peut regarder aussi ce qui se passe dans le multiplex pour savoir à quel moment on intervient. Mais grosso modo, on a une télé qui est plus petite que celle que tu peux en général avoir dans ton salon. Et nous, on n'a pas d'autres images que celles qui sont diffusées. Donc, il faut bien savoir que s'il y a des remplaçants qui sont à l'échauffement, et que le réalisateur ne les montre pas, on ne peut pas le savoir. Si toi, tu ne les vois pas, moi, je ne les vois pas non plus. Donc, c'est vrai que c'est particulier parce que c'est une mécanique à avoir pour pouvoir déjà parfois réussir à reconnaître les joueurs quand tu ne les connais pas forcément super bien. C'est réussir à essayer de capter quand, par exemple, sur la Ligue 1, tu vas entendre des consignes de coach. C'est essayer de... de capter avec le son que tu peux avoir, mais grosso modo, on est dans les mêmes conditions que le spectateur lambda qui regarde. Ce qui fait que si tu n'as pas d'image différente, il faut que tu aies des infos qui soient, elles, pour moi, qui apportent un intérêt, plutôt que... Si, en fait, tu peux couper le son et que tu n'apprendras pas plus de choses, pour moi, le commentateur, il ne sert à rien, à part accompagner et crier but quand il y a un but. Pour moi, ça, c'est... C'est la finalisation du travail. Mais pour moi, le plus dur, c'est quand un match est pénible, parce qu'il faut le rendre intéressant. Et en fait, j'ai le souvenir, justement, on parlait de Charles Bietri, qui nous avait dit très vite au début de Bein, alors moi, je n'étais pas encore commentateur, mais j'avais écouté ça avec attention, et il disait aux commentateurs, il faut que vous réduisiez votre temps de parole de 50%. On parle trop à l'antenne. Et en fait, le plus dur, finalement, c'est de se taire. C'est en fait de savoir, d'être capable de gérer le tempo du match. Alors quand il y a évidemment de l'ambiance en tribune, c'est plus facile. Quand tu te tais et qu'il n'y a pas un bruit, c'est vrai que tu te dis que ça va être long. Mais pendant le Covid, c'était terrible la reprise où il n'y avait personne dans le salle. Alors oui, tu entends les consignes, ça c'est bien. Tu entends les consignes de coach, mais par contre, tu ne peux pas t'appuyer sur les deux virages qui se répondent. Ça, tu oublies. Donc c'est vrai que ça, c'est un élément à prendre en compte. quand le match est dynamique Il y a juste à accompagner. On est là pour faire vivre le rythme. On n'a pas le temps de raconter une anecdote sur l'arrière-droit dont le père était défenseur du Milan AC. Ça, c'est mort. Mais par contre, quand le rythme du match est plus lent, c'est aussi à nous de rendre vivant, d'apporter des choses aux gens. J'essaye toujours de chercher des petites anecdotes sur un jour ou l'autre. Des fois, il n'y en a pas et on fait avec. Mais il y a toujours des petites choses à raconter, que ce soit des statistiques sur la forme du moment, sur l'histoire personnelle d'un joueur, pour essayer d'apporter des choses aux gens. Moi, je considère que, et c'est pareil quand je fais un sujet, je considère que si une fois que le match s'est terminé ou que le sujet s'est terminé et qu'en fait, tu n'as rien appris, je pense que je suis passé un peu à côté. C'est que je n'ai pas réussi à transmettre ou à donner les infos qui auraient pu apporter. Porter quelque chose au spectateur. Après, il ne faut pas se mettre au-dessus de ce que l'on est. On est juste, comme je disais, une passerelle. Mais je pense que justement, on est là pour ça aussi, pour donner des clés aux gens, leur permettre de voir un match différemment ou de voir la performance d'un joueur différemment. Et personnellement, en toute modestie, c'est ce que j'essaye de faire. Après, je pars de loin parce que ce n'est pas mon métier premier. Et j'essaye à chaque fois de progresser là-dedans. Et en plus, commentateur, c'est difficile parce que tout le monde a un rapport différent au commentateur. J'en parlais il y a quelques jours avec mon beau-père qui me dit qu'il n'arrête pas de parler, qu'il sort complètement du match. J'aime bien les gens qui racontent des histoires aussi. Et lui, il me dit que je préfère qu'il se taise et qu'il reste à donner le nom des joueurs. Chacun son avis. Je pense que de toute façon, quoi qu'il arrive, quoi qu'on fasse, on ne contentera pas tout le monde. Après, c'est réussir à se créer son propre style et à apporter ce qui nous semble intéressant. Moi, je te dis, c'est de donner, je pense, des infos. Après, peut-être que d'autres diront que c'est d'être excellent dans les 30 derniers mètres pour faire vivre au mieux l'action, ce qui n'est pas incompatible d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Donc là, tu soulignes l'importance de bien préparer son match.

  • Speaker #0

    Quand on a la possibilité de le faire, qu'on est dans les bonnes conditions pour le faire, oui, c'est l'idéal. Après, on dépend aussi de ce qui se passe sur le terrain. Et puis après, il y a plein de choses qui entrent en ligne de compte pour n'importe quel travail. Des fois, on est en forme, des fois, on est moins bien. Voilà, ça aussi, ça joue. Et en plus, nous, c'est particulier parce que tu as la voix. Donc en fait, si tu es un peu fatigué, si tu vas buter sur des mots, quand tu regardes un commentaire et que tu as quelqu'un qui est tout le temps en train de se reprendre, qui se trompe de joueur, c'est pas agréable. Tu te dis, attends, le mec, il est payé pour faire ça. Voilà, donc c'est pas... t'engages aussi personnellement en commentant un match. Donc, t'es à la fois ta caution personnelle et tu représentes ta chaîne aussi. Donc, il faut quand même avoir un certain niveau d'exigence pour pouvoir être à la hauteur.

  • Speaker #1

    Et j'ai presque envie de dire aussi que par rapport aux commentateurs qui ont un consultant à leur côté, c'est presque un autre métier parce que là, il faut être endurant quand même sur tout le match. Alors, tu disais il y a deux minutes qu'il ne faut pas parler pendant tout le match, effectivement, mais... Quand j'écoute un match, quand je regarde un match où le commentateur est unique, j'ai toujours ce côté qui me dit 90 minutes seul à trouver l'inspiration. Alors, ça dépend effectivement du rythme du match. Tu y as répondu d'ailleurs, parce que je voulais te demander comment gérer un match plat, mais tu en as parlé. Donc, c'est presque un autre métier en fait.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai que quand il y a un consultant... Il y a un autre élément qui entre en ligne de compte, c'est que tu as une curiosité naturelle. Je pense que là, tu peux t'appuyer là-dessus. Même quand je suis en bord-terrain, je commande souvent sur la Ligue 2 avec Robert Malm par exemple. Je n'hésite pas à lui demander s'il y a quelque chose que je vois sur le terrain, en direct, de lui dire comment vous vous l'expliquez, d'avoir son ressenti aussi en direct, parce qu'on le fait quand on regarde un match en dehors. Je ne vois pas pourquoi on ne le ferait pas en direct aussi. pour qu'il puisse partager son vécu. Et on a la chance, justement, d'avoir d'anciens joueurs pros qui ont une analyse différente, qui regardent les déplacements, qui regardent des choses où, nous, notre œil n'est pas forcément habitué.

  • Speaker #1

    Et ça apporte une plus-value.

  • Speaker #0

    Et ça, c'est forcément une plus-value. Et après, ne serait-ce que dans le suivi d'un match, quand tu as deux voix, forcément, c'est différent aussi, parce que tu as moins ce côté redondant. d'entendre toujours la même personne et c'est pour ça aussi que c'est intéressant et important de savoir se taire quand t'es tout seul parce que sinon tu vas endormir tout le monde si tu parles, tu parles, tu parles, tu parles, tu parles tout seul au bout d'un moment les gens ils t'entendent plus en fait et le but c'est qu'ils t'entendent quand t'as un truc intéressant à dire

  • Speaker #1

    Alors dans les commentaires il y a un autre aspect qui est très important selon moi, c'est la transmission de l'émotion, on en a déjà un peu parlé tout à l'heure j'ai écouté le résumé d'un match euh... Il me semble que c'était toi qui étais au commentaire du Saint-Brieuc-Nice. Le deuxième but de Saint-Brieuc, parce que pour refaire le match, Nice ouvre le score, et Saint-Brieuc marque à la 88e et gagne à la 93e, il me semble. Et donc, sur le deuxième but de Saint-Brieuc, on sent le commentateur, mais on sent aussi le passionné qui est en train de vivre un super moment.

  • Speaker #0

    Oui, c'est la magie de la Coupe de France. Et là, franchement, on n'a pas vraiment à se forcer pour... Moi, je n'aime pas surjouer de toute façon, mais souvent, ça vient naturellement. Tu te prends au jeu, même quand tu commentes un match obscur. Si tu sais qu'il y a un enjeu pour le maintien, tu te mets à la place des supporters aussi. J'essaye de le vivre comme ça pour rendre un match intéressant jusqu'au bout. Et c'est vrai que là, l'enthousiasme n'était pas fin. C'était vraiment David contre Goliath. Et là, au bout du bout, d'avoir un but comme ça, c'est juste incroyable de pouvoir le transmettre. Et c'est vrai qu'à ce moment-là, ça, c'est le scénario idéal. Parce qu'en fait, tu te laisses porter par tes émotions aussi. Donc, je suis content que toi, tu aies pu le ressentir aussi comme ça. Mais c'est vrai que moi, j'adore la Coupe de France pour ça. Parce que c'est vrai que c'est une évidence. Mais forcément, de voir les exploits comme ça des... des plus petits sans être partisans. Sinis avait mis un magnifique but de 30 mètres, j'aurais gueulé de la même manière. Parce qu'on apprécie la beauté du geste. Mais c'est vrai que là, sur ces moments-là, c'est hyper important et ça ne veut pas dire forcément faire des grandes envolées parce que moi, ma référence, comme beaucoup dans le commentaire, c'est Thierry Gilardi, avec sa voix particulière aussi. Et en fait, c'est vrai que maintenant, en réécoutant des commentaires, je me rends compte qu'en fait, il... Il disait juste « 72ème minute, Paris mène 1-0 » ou « Lens égalise » . Il n'y avait rien d'incroyable. Mais la façon de le dire, la façon d'accompagner le but, vraiment, il ne se plaçait pas en personnage principal. Mais voilà, toujours ce qu'on disait, cette notion de passerelle avec le public pour transmettre ses émotions. Et vraiment, moi, c'est quelque chose que... que j'ai adoré. Après, petit à petit, moi, je me challenge aussi en essayant justement d'éviter de dire juste but, c'est au fond, voilà, d'essayer d'apporter une plume aussi, comme le font beaucoup de commentateurs maintenant. Et bon, pour moi, c'est mon axe de progression. Je ne suis pas assez bon là-dessus encore. Mais je trouve que c'est plaisant aussi quand, voilà, j'aime bien les rimes, voilà, des journalistes qui sont capables d'aller chercher La petite phrase qui va rester, qui va marquer. Et ça, je trouve ça intéressant aussi, à condition que ça accompagne ce qui se passe sur le terrain.

  • Speaker #1

    Thierry Gilardi, la lumière est venue du chevalier blanc.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    C'est flou, en fait. C'est vrai que cette phrase-là, elle est restée. Et puis bien sûr, pas ça, Zinedine, pas ça, pas après tout ce que tu as fait.

  • Speaker #0

    C'est des phrases qui marquent. Et c'est vrai que sur ce commentaire sur l'exclusion de Zidane, c'est typiquement c'est les émotions qui qui qui parle parce que ça, c'est pas un truc... Autant sur un but, parfois, on peut se dire « Tiens, il l'a écrit, il avait prévu de dire ça. » Là, c'est imprévisible. Donc, c'est le talent et les émotions qui parlent et qui retranscrivent ce que des millions de Français pensent à ce moment-là. Et c'est pour ça que ça marque, parce qu'en fait, on s'identifie tous à ce qu'il dit. Et c'est ça que je trouve hyper fort, c'est qu'en fait, presque tout le monde aurait pu le dire. Lui, il a dit comme ça avec le... ton qu'il fallait, la voix qu'il fallait. Après, ça, c'est un don qu'il avait.

  • Speaker #1

    Tu as des retours sur les réseaux sociaux après les matchs ? Ça arrive ou ça reste à la marge ?

  • Speaker #0

    Franchement, pas énormément. Ça dépend des matchs. Après, je ne suis pas un grand fan d'aller voir non plus ce qui se dit sur les réseaux sociaux. Mais en général, pas forcément. Je pense que les commentateurs qui sont plus exposés sur des affiches un peu plus suivies, On s'en doute un peu plus de retour. Après, c'est rare que sur les réseaux sociaux, on voit qu'est-ce qu'il est bon ce commentateur. On va souvent lui tomber dessus. Après, s'il fait 89 minutes excellentes et que la dernière, il balance une saucisse en se trompant de nom de joueur, tu peux être sûr que cette erreur-là, elle va ressortir. Alors qu'il n'y aura personne ou très peu de gens pour dire le reste du temps, il a été excellent. Donc ça ne veut pas dire que les gens ne le pensent pas, mais en tout cas sur les réseaux sociaux, je remarque quand même que globalement il y a plus facilement des critiques pour les commentateurs en tout cas. Par exemple quand on parlait du documentaire et tout, nous on a eu des gens aussi qui étaient capables de dire « j'ai beaucoup aimé » , mais pour les commentateurs je trouve que j'ai l'impression qu'on considère que c'est normal qu'un commentateur commande bien, et par contre il est facilement critiquable à la moindre erreur.

  • Speaker #1

    C'est un peu comme l'arbitre.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Ou le gardien de but.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est des postes exposés on va dire.

  • Speaker #1

    On oublie aussi que la majorité silencieuse n'est pas sur les réseaux sociaux.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est pour ça que je trouve que ce n'est pas forcément révélateur non plus. Et encore une fois, même si quelqu'un va te faire une critique, ça ne veut pas dire que les 9 autres sur 10 pensent la même chose. Donc bon, ce n'est pas évident d'avoir un retour là-dessus. C'est important d'avoir un regard sur l'extérieur et c'est important aussi, je pense, de faire son autocritique, de savoir se réécouter aussi parce qu'on est aussi notre premier public et je pense qu'on peut facilement gommer des petites erreurs en réécoutant ce qu'on a pu dire.

  • Speaker #1

    Alors, on a parlé d'arbitrage là en parallèle. Ça me permet de saisir la perche que tu me tends pour notre dernier sujet, c'est-à-dire qu'on va parler du documentaire relatif à l'arbitrage qui s'appelle Passion sous pression, qui est sorti il y a un an environ, qui met en valeur les arbitres, leur quotidien, leurs difficultés, leurs craintes, tout ce qu'il faut gérer autour de cette profession. Donc déjà, pour commencer... Je voulais savoir comment vous avez eu l'idée d'un tel reportage en fait.

  • Speaker #0

    Alors déjà au départ, c'était avec Guillaume Truyer, donc il suit les Bleus avec moi, comme je te le disais tout à l'heure. On avait envie de se lancer un petit challenge tous les deux et d'essayer de travailler sur un projet de documentaire. Et moi, j'avais déjà eu cette idée parce qu'en fait, déjà c'est parti de... de sujets, reportages qu'on faisait régulièrement, ponctuellement, sur la sonorisation d'un arbitre. On l'avait fait par exemple avec Gaël Angoula, sur un Metz Bordeaux en Ligue 2. C'est un parmi d'autres, mais on en a fait plusieurs, qui avaient été très appréciés. Pour le coup, on parlait de commentaires, il y avait eu beaucoup de commentaires positifs, en disant « Ah, on ne voit jamais ça, ça fait plaisir de voir un arbitre, on n'entend jamais ce qu'ils disent » . Après, il y a toujours des critiques, ou des critiques par rapport à l'arbitre, mais on voyait que ça faisait beaucoup réagir. avec ce thème récurrent qui disait « enfin quelque chose de nouveau » . Et nous, on est partis de là en se disant « qu'est-ce qu'on peut amener de nouveau dans le foot ? » Alors qu'on a déjà suivi des équipes en inside, on a fait des reportages sur des joueurs, on est régulièrement au bord des pelouses pour suivre les uns les autres. On s'est dit « en fait, l'arbitrage, c'est quand même un des rares domaines où finalement il y a beaucoup de zones d'ombre, il y a beaucoup de questionnements et tout. Et il se trouve que moi, je suis un ancien arbitre. J'ai arbitré quand j'étais jeune dans le district de l'Essonne, en région parisienne, avant de commencer en école de journalisme. Et ça m'a énormément appris sur le contact avec les joueurs, la façon de gérer un match, les lois du jeu qui me servent aussi quand je commente une rencontre. Et j'avais envie de montrer aussi la difficulté. d'arbitrer au niveau amateur parce que pour moi, ce n'était pas uniquement l'arbitrage pro, c'était aussi la difficulté de commencer parce que moi, j'ai commencé justement jeune et je me suis dit en fait, c'est un parcours du combattant pour pouvoir arriver jusqu'au top niveau. Et j'avais envie de montrer ça, donc j'en ai parlé avec Guillaume qui lui avait un regard très intéressant aussi sur l'arbitrage pro, mais moi, j'avais ce vécu-là en termes de… d'arbitrage amateur. Et on a très vite progressé là-dessus, sur les questionnements qu'on se posait. On est vraiment parti sur ce qu'on a envie de savoir d'un arbitre et d'essayer au maximum d'avoir des questions naturelles en se disant, si nous on a des questions, je pense que le grand public en aura encore plus. Donc si on arrive déjà à répondre à ces questions-là, on aura peut-être montré quelque chose qu'on voyait assez peu. comme fil rouge la possibilité de mettre un micro sur les arbitres pour pouvoir justement être en immersion totale sur leur match aussi, mais les voir aussi en dehors. Et après, on a fait ça en partenariat aussi, en discussion avec la direction de l'arbitrage qui nous a ouvert pas mal de portes pour pouvoir justement montrer des choses qui n'avaient jamais été montrées, ou très peu. Et c'est pour ça qu'on a vraiment... ça a été un gros gros boulot tout au long de la saison.

  • Speaker #1

    mais ça a été un vrai plaisir de pouvoir se dire enfin on arrive à montrer un truc qu'on ne voit pas ailleurs c'est presque d'utilité publique de voir comment alors j'invite tous ceux ou celles qui ne l'ont pas vu à aller voir sur Youtube, il est disponible ça s'appelle Passion sous pression et effectivement tu parles de l'arbitrage amateur alors sont évoquées les violences malheureusement qu'ont subi certains arbitres dont un qui est vraiment poignant parce qu'on voit que ça a beaucoup marqué l'arbitre en question. Il y a aussi l'arbitrage féminin, Carla Benedetto, on voit toutes les difficultés qu'elle a à l'apprentissage de la profession. Ses arbitres sont guidés dans un premier temps et après, effectivement, ils prennent leur envol. Et c'est très intéressant de voir les difficultés qui peuvent être les leurs sur un match amateur. Tout simplement, une question de crédibilité, une question de...

  • Speaker #0

    Je pense toujours à la gestion des joueurs sur le terrain. Mais en fait, moi, ce qui m'avait marqué, c'est que le plus dur, c'était ce qu'il y avait en dehors. Finalement, quand le SSK l'a confirmé aussi, c'est qu'une fois que le match commence... Bon, évidemment, il y a du travail, mais en fait, c'est du plaisir. Ce qu'il y a autour, avant, après, c'est beaucoup moins plaisant. Parce que c'est vrai qu'en général, moi, quand tu commences à cet âge-là, j'ai commencé à peu près comme Carla quand tu as eu autour d'une vingtaine d'années. Tu te retrouves parfois à arbitrer des adultes aussi. Et en fait, tu arrives, il faut te faire respecter par tout le monde, alors que toi, déjà, tu as du mal à t'affirmer. Et il faut dégager une certaine autorité pour ne pas se faire marcher dessus, auprès des parents qui sont autour, auprès des dirigeants qui essayent tous de grignoter cette part d'autorité, de prendre l'ascendant sur toi, même si ce n'est pas forcément d'une mauvaise intention au départ. Mais voilà, ça arrive régulièrement. Et Carla, en plus, en étant une fille, avait des difficultés supplémentaires par rapport à ce que moi j'ai vécu. Et c'est vrai que quand on en avait discuté avec les dirigeants de l'arbitrage français, on a eu cette volonté commune aussi de pouvoir avoir une personnalité féminine dans le documentaire pour pouvoir avoir un regard différent aussi sur ce qui est vrai déjà pour les jeunes arbitres. Et encore plus quand on est une fille dans un monde de garçons en l'occurrence, puisque Carla était arbitre d'une rencontre masculine.

  • Speaker #1

    Ce qui ressort de ce reportage, moi, ce qui m'a un peu marqué, c'est la difficulté, que ce soit des arbitres amateurs ou des arbitres professionnels, à gérer l'après-match quand parfois, malheureusement, il y a des décisions erronées. Le joueur finit son match, l'arbitre finit son match, mais psychologiquement, il est encore dedans pendant 3-4 jours.

  • Speaker #0

    Moi, c'est ce qui m'avait marqué et ce que j'avais dit à Guillaume. Moi, j'aimerais bien voir comment vit un arbitre après ça. Parce que moi, je me souviens, je ne sais plus, je devais être au lycée ou à la... Non, j'étais à la fac à ce moment-là, en licence. Et je me souviens, dans la semaine, des fois, je repensais à certaines décisions en me disant, avec des mots qui résonnent, je ne vais pas les redire, mais sur soit des insultes, soit des critiques assez vives. Et quand on est jeune, franchement, c'est marquant.

  • Speaker #1

    Il faut l'encaisser.

  • Speaker #0

    Quand on prend ça pendant toute une rencontre ou qu'on ne se sent pas en sécurité forcément pendant le match, on se dit dans un coin de la tête comment ça va se terminer à l'arrivée. Je me dis déjà au niveau amateur, ce n'est pas évident. Alors quand en plus il y a la télé, les médias, les supporters, les présidents autour, comment ces gens-là arrivent à vivre avec cette pression-là ? Et c'est comme ça qu'est venu le titre aussi, Passion sous pression, parce que c'est une passion au départ. C'est tous des passionnés de foot. C'est un régal de pouvoir parler de foot avec un arbitre et tout. Mais après, il y a une vraie pression quand on est vraiment sur... Peu importe le niveau, c'est des pressions différentes. Mais c'est loin d'être de tout repos. Et là, on parle vraiment du cadre du match. Après, il y a en plus tous les sacrifices qui sont faits autour, qu'on a essayé de montrer aussi, quand on a été marqué par la phrase de Benoît Bastien qui nous dit... tout au long d'une année, on a plus de 200 jours qu'on passe hors de chez nous. On s'est regardé pendant l'interview avec Guillaume, et on l'en a reparlé après, c'est colossal. Nous, en plus, ça résonnait d'autant plus avec ce vécu pour les compétitions internationales. Et quand on se dit qu'un arbitre passe 200 nuits hors de chez lui, c'est vraiment des choses que l'on ne voit pas et qu'on a essayé de retranscrire pour le grand public aussi. Pas forcément pour avoir de l'indulgence.

  • Speaker #1

    Mais au moins pour comprendre tout simplement. Voilà, comme je disais tout à l'heure, il y a une telle exigence et une telle injustice dans les réactions. C'est fou. On en parlait avec David Benesch, c'était mon dernier invité. J'avais abordé le fait que M. Ovrebo, l'arbitre international norvégien, ne s'était jamais remis du Chelsea-Barça en 2009. Effectivement, les arbitres doivent subir de ces pressions. C'est assez incroyable. Dans ce reportage, tu parlais de Benoît Bastien. Il y a deux choses qui m'ont marqué. La première, elle est évidente, mais quand on le voit, on s'en rend compte davantage. C'est l'incroyable condition physique qu'il faut avoir pour tenir un match de haut niveau avec des joueurs professionnels. La deuxième, parce que je n'avais jamais vu l'arbitrage sous cet angle-là, c'est l'analyse des équipes en fonction des joueurs. C'était un Lyon-Strasbourg en Coupe de France. Et il a orienté son arbitrage en fonction du profil des joueurs, du côté où pencherait le jeu, en demandant à ses assistants justement qu'il serait d'un côté particulier, donc de l'autre côté, il faudrait l'assister davantage. C'est presque du management d'équipe.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vraiment ça. Et c'est comme ça qu'ils se définissent d'ailleurs. C'est vraiment un manager d'équipe. Et nous, on parlait de curiosité naturelle. Moi, c'était une des séquences que je voulais absolument pouvoir déjà vivre. et retranscrire dans le documentaire cette préparation des arbitres avant le match, ce briefing. Je l'avais fait une fois au début de B-In et ça m'avait vraiment marqué. Je m'étais dit que j'aimerais bien pouvoir vraiment le revivre. Et c'est vrai que c'est très difficile parce qu'il y a un énorme travail tactique. Benoît Bastien nous disait qu'il passait plus de 12 heures à regarder des matchs pour analyser le jeu des équipes. Et en même temps, tu ne peux pas te conditionner. C'est ce qu'il expliquait, c'est qu'en fait, si tu pars dans l'idée qu'un Verratti, pour reprendre l'exemple qu'il nous donnait, va forcément venir discuter et qu'il va falloir le calmer en lui mettant un carton jaune, tu es déjà conditionné pour lui mettre un carton. Et il dit en fait, il faut savoir anticiper et en même temps ne pas tomber dans la facilité et se dire, ça va forcément se passer comme ça, un tel va être agressif, voilà. et c'est vrai que tactiquement c'était assez intéressant de voir comment ils abordaient le match. Et c'était marrant parce qu'on en a discuté, justement, on parlait des consultants, avec les consultants à BIN, et certains me disaient, mais pour qui il se prend ? Il analyse la tactique ou il juge la tactique d'un entraîneur ? Je dis non, ce n'est pas ça en fait.

  • Speaker #1

    C'est de l'anticipation.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas un jugement pour dire un tel va jouer long ou machin. C'est plus de dire attention à tel point. C'est une équipe qui balance, qui joue de longs ballons, donc ça va aller très vite dans le dos. Il va falloir être capable d'accélérer ou d'avoir un œil sur le hors-jeu en permanence. Et c'est vrai que du coup, ça permet aux assistants aussi de savoir à quoi ils vont devoir s'attendre. Et il y a une vraie collaboration, parce que finalement, on se rend compte qu'il y a 22 joueurs sur le terrain. Eux, ils ne sont que quatre avec le quatrième arbitre. Et il y a cette volonté de réussir à se compléter parfaitement pour pouvoir quadriller le terrain au niveau visuel. Parce que je peux vous dire qu'en étant arbitre sur le terrain, même au niveau amateur, franchement, pour avoir les yeux sur le départ du ballon, sur les joueurs derrière qui s'accrochent, sur la surface de réparation, sur les assistants et tout, franchement, c'est vraiment très, très dur d'avoir le regard partout. Et eux ont en plus cette notion, comme tu le disais, physique, pour avoir une condition incroyable et pouvoir être capable de suivre, d'être placé au mieux. par rapport au ballon. Donc ça fait énormément de paramètres à maîtriser. Et ce n'est pas évident de le retranscrire en une heure, mais c'est ce qu'on a essayé de faire pour montrer justement la complexité au-delà des décisions, parce qu'à aucun moment on dit que l'arbitre prend toujours les bonnes décisions, eux-mêmes le disent d'ailleurs, mais au moins de comprendre ce qui peut amener aussi un arbitre à prendre une mauvaise décision, parce que quand on multiplie les courses, ce qu'on dit dans le documentaire, il court autant qu'un joueur, 11-12 kilomètres, avec beaucoup d'intensité aussi, beaucoup de sprint, c'est d'avoir la fraîcheur pour être capable de prendre la bonne décision au bon moment, c'est vraiment pas évident.

  • Speaker #1

    Alors l'objectif, bien entendu, c'est pas de plaindre les arbitres, c'est d'avoir une vision objective de la situation. Parce que quand on observe, il y a tous les stages de préparation, les moments d'absence dans la vie privée, comme on en parlait pour le journalisme tout à l'heure, il y a tous ces préparatifs, Il y a toute cette pression, tout peut s'écrouler en une décision.

  • Speaker #0

    Bien sûr, c'est exactement ce que dit Benoît Bastien. Il dit que tu peux faire le meilleur match, tu peux construire ton match de manière hyper solide et sur une décision ou sur un moment où tu tournes la tête au mauvais moment, tu peux te faire avoir. Et même avec la VAR, on se rend bien compte que la VAR ne résout pas tous les problèmes. Et on pense souvent que les arbitres, justement, se réfugient derrière ça en se disant « de toute façon, il y a la VAR » . Mais pour les avoir côtoyés pas mal, eux, alors déjà, même sur la Ligue 2, il n'y est pas. Mais il y a une volonté de réussir à se débrouiller au maximum sans l'analyse vidéo aussi derrière, pour pouvoir prendre ces décisions-là. Donc c'est vrai qu'il y a beaucoup de complexité. et eux ce qui m'a marqué c'est qu'en fait Ils ont cette volonté de se faire comprendre parce que, c'est ce qu'ils expliquent tous, c'est qu'en fait, tu peux mieux tolérer quelque chose que tu comprends. Si tu ne comprends pas une décision, que tu ne sais pas pourquoi elle est prise... tu ne peux pas l'accepter ou mieux la comprendre en tout cas. Alors que c'est vrai que le fait d'être sonorisé permet de résoudre un nombre de conflits assez incroyable. Et en fait, on se rend compte qu'en France, tout le monde parle à peu près de la même voix, que ce soit les arbitres comme la direction de l'arbitrage pour accéder à cette sonorisation. Et malheureusement, ça vient d'au-dessus. C'est l'IFAB qui gère, qui dirige les lois du jeu. qui pour l'instant n'a pas ce point de vue-là. Et on était très contents aussi de pouvoir avoir ce point de vue aussi de l'IFAB, justement pour essayer de comprendre un peu les arguments qui font qu'on n'entend pas systématiquement les arbitres en direct. Et après, on l'a fait écouter aussi à Anthony Gauthier, le patron des arbitres français. Et même en l'écoutant, ces arguments-là, lui ne comprenait pas. Mais c'est vrai que nous, on est sortis sans vraiment être convaincus, mais au moins, on avait les arguments de ce côté IFAB.

  • Speaker #1

    Alors moi, je suis plutôt pour une sonorisation, mais je vais me faire l'avocat du diable, entre guillemets. C'est-à-dire que je trouve qu'un des points intéressants de l'argumentaire de l'IFAB, c'est de se dire que finalement, il y aura toujours du mécontentement. Il y aura toujours du mécontentement. Avant l'AVAR, il y avait du mécontentement. Après l'AVAR, il y a du mécontentement. Je pense que si on va plus loin, ça sera très bien. Mais le mécontentement sera encore plus exacerbé, je pense, de la part des gens qui crient à l'injustice. Je trouve qu'on est dans une course contre l'injustice envers les arbitres qui est sans fin, en fait. Je trouve que les gens vont plus loin.

  • Speaker #0

    C'est la nature même de l'arbitrage, c'est de diviser, parce que quand tu as une décision à prendre, si elle est contre ton équipe, tu ne seras jamais content de la décision qui est prise, même si elle est bonne. Donc après, je pense que... le fait d'être sonorisé peut te permettre de savoir pourquoi elle est prise. Ça ne veut pas dire que tu seras d'accord ou que tu seras content de la décision, mais au moins, tu auras un peu plus d'arguments en faveur de la décision ou de savoir un peu plus pourquoi elle est prise. Peut-être qu'en sachant ça, tu te diras, moi, je n'aurais pas pris cette décision-là. Mais je pense que ça permet quand même de savoir un peu mieux ce qu'il en est. Après, c'est vrai que quand... On discutait avec Lucas Brood, qui représente l'IFAB. Lui aussi nous disait qu'il n'avait pas envie que l'arbitre soit le personnage principal de la rencontre. Mais bon, quand c'est lui qui doit décider s'il y a pénalty ou pas,

  • Speaker #1

    il l'est déjà.

  • Speaker #0

    Oui ou non, il l'est déjà. Avec ou sans sonorisation, il l'est. Par contre, en lui donnant la possibilité d'expliquer indirectement, parce que ce n'est même pas forcément au public, c'est... c'est déjà de l'expliquer au joueur. En tout cas, lui le fait, mais qu'on sache ce qu'il dit au joueur, qu'on sache pourquoi il prend telle ou telle décision, déjà, ça t'aide à la comprendre. Après, évidemment, c'est sûr qu'on ne sera jamais 100% d'accord avec la décision d'un arbitre. C'est un peu, de toute façon, l'essence même du supporter. Si un supporter était de bonne foi, ça se saurait.

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, ça, ce n'est pas faux. On s'est tous plaint de décisions arbitrales. On ne va pas faire les anges. mais... Donc ça serait positif, cette sonorisation, parce que de toute façon, les arbitres ne veulent pas que tout le monde soit d'accord avec eux. Eux, ils veulent simplement s'expliquer.

  • Speaker #0

    De toute façon, eux, ils diront les mêmes choses sur le terrain. C'est juste qu'en fait, on sera plus nombreux à les entendre. Et après, nous, franchement, en toute objectivité, on n'a eu aucun problème avec les sonorisations. C'est dans tous les sujets que j'ai fait, même en dehors du documentaire. Il n'y a pas eu de séquence où on s'est dit, là, ça, c'est dur, on ne peut pas le passer. Tu as vu comment il parle, qu'il parle aux joueurs. Et ça prouve aussi que, alors peut-être que, justement, les arbitres font attention aussi à la manière dont ils parlent aux joueurs quand ils ont un micro. Mais justement, ça peut permettre aussi d'apaiser un peu le dialogue. C'est ce qu'on disait avec les consultants aussi, qui nous disaient, franchement, des fois, on a des arbitres qui nous parlaient vraiment mal. Et certains disaient, ça permettrait d'apaiser un petit peu le dialogue, de... en sachant que de toute façon après ils vont être écoutés et les joueurs aussi d'ailleurs voilà c'est ce que j'allais dire ça permettrait aussi à certains joueurs pour le coup on a entendu beaucoup plus de joueurs qui eux dans leur match ont pété les plombs ou ont oublié qu'ils étaient sonorisés et là pour le coup eux

  • Speaker #1

    on les entendait bien il y a un autre point dans le documentaire qui est très intéressant c'est l'entraînement à la sonorisation après la VAR, après une décision VAR parce qu'on sous-estime Mais la difficulté pour un arbitre qui a déjà tout ça à gérer, son match, les décisions, les bancs, les joueurs, s'adresser à tout le stade, ce n'est quand même pas quelque chose d'inné. C'est ce qu'il a géré.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas le cœur de leur métier. Et nous, on le voit déjà quand on... Quand on parle comme ça entre nous et d'un coup on se met devant une caméra, déjà, même pour quelqu'un du métier, il y a un switch à faire pour être capable de parler à une caméra. Et c'est là qu'on se rend compte que c'est vraiment une vraie prise de parole en public. Et là, en plus, il y a à la fois l'image, mais il y a aussi le son, parce que c'est ce qu'on disait, un arbitre court 12 kilomètres par match, il faut être capable d'avoir la bonne décision. de l'exprimer correctement, parce que là, c'est pareil, si un arbitre, on parlait d'un commentateur, mais si un arbitre bute sur un mot, se trompe dans le mot qu'il emploie, là, les 60 000 personnes qui vont le regarder, il va le sentir passer. Et en plus, il va devoir affronter aussi justement la colère du public, dans des conditions pas forcément évidentes. Tout ça, en discutant avec les arbitres, c'est vraiment un truc qui les... Ce n'est pas le moment qu'ils appréciaient le plus dans le fait de s'ouvrir au public. Mais après, ils ont bien conscience que de toute façon, pour justement dans cette volonté de s'ouvrir, d'expliquer les choses, ils sont un petit peu obligés de passer par là. Mais c'est vrai que de le faire dans un stade avec toutes les contraintes qu'il y a autour, ce n'est franchement pas simple. Tout le monde ne s'improvise pas speaker.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Je voulais revenir sur ce documentaire. Je pense qu'on en a bien discuté.

  • Speaker #0

    Le cas est toujours dispo sur la page YouTube de BIN. Voilà,

  • Speaker #1

    parce que parfois, on dit qu'il y a des choses qui ont mal vieilli. Là, le reportage n'a pas du tout mal vieilli un an après parce qu'on sort d'une saison où les polémiques autour de l'arbitrage...

  • Speaker #0

    C'est ce qu'on s'est dit. D'ailleurs, c'est ce qu'on a dit. On en parlait avec Benoît Bastien aussi. Je lui disais, cette saison, on a beaucoup parlé de l'arbitrage. Il me disait, tu l'aurais fait il y a deux ans ou tu le feras dans trois ans, tu pourras me dire la même chose. C'est vrai que c'est un sujet permanent parce que forcément, une décision arbitrale, et j'ai envie de dire surtout dans le foot, ça fait toujours débat. Le documentaire risque de vieillir tranquillement pendant un paquet d'années.

  • Speaker #1

    Exactement. Mais voilà, je voulais mettre en exergue ce reportage parce qu'il était très intéressant.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, c'est gentil.

  • Speaker #1

    On arrive à la fin de notre interview, Alexandre. Alors, si tu as un dernier mot à ajouter, une anecdote, parce que je sais que les auditeurs et auditrices aiment bien les anecdotes, sur tes années being, un ou deux moments qui t'ont marqué sur un ancien joueur, sur un moment de match. Je t'écoute, le micro est ouvert.

  • Speaker #0

    Ouais, moi j'ai des anecdotes, t'imagines bien qu'en 13 ans, c'est vrai que c'est... En plus c'est marrant parce que c'est toujours une question qu'on pose justement aux joueurs, et moi je me dis à chaque fois, mais qu'est-ce que je répondrais ? Parce qu'en fait à Bruteport.com comme ça, de dire à quelqu'un, t'as une anecdote à me raconter, c'est jamais évident. Mais après moi je ferais un petit coucou à Margot Dumont, qui est une amie aussi, qui a quitté BIN pour rejoindre Canal+, et en fait on a connu beaucoup de... de reportage en dehors de la sphère foot avec pas mal de joueurs, où on mettait en valeur, à l'idée de Margot, la passion de certains joueurs complètement différentes du foot. La pêche pour Thomas Mangani, notamment. La culture créole pour Zachary Boucher du côté de Toulouse, je crois, à l'époque. On a vécu des super moments avec des joueurs dans un contexte complètement différent et ça faisait beaucoup de bien de les voir en dehors du rectangle vert. Je me souviens d'un tournage qu'on avait fait à Bastia, où on avait suivi Djibril Sissé. On avait fait une interview au stade, après il nous présentait sa ligne de vêtements. Je me souviens qu'on le suivait derrière sa voiture grosse cylindrée, je pense que tout le monde imagine bien. Et à un moment, on l'a perdu. Finalement, on le retrouve. Et en fait, il s'arrête devant un magasin animalier. Donc là, on ne comprend pas trop. Et on a attendu devant le magasin. Et finalement, il est sorti en nous disant « Je suis allé chercher une litière pour mon chat » . Il y a des fois des trucs, tu te dis « À quel moment je me retrouve à suivre Djibril Sissé qui va chercher de la litière pour son chat ? » Donc voilà, il y a des trucs assez improbables. Mais c'est vrai que moi, mes meilleurs moments, hormis les grandes compétitions, c'est vraiment de... De pouvoir apprendre à connaître les joueurs en dehors de tout ce qu'on voit, on va prendre les matchs les uns après les autres, et de pouvoir les découvrir en dehors, franchement, c'est un vrai plaisir. Et puis après, j'essaye de garder toujours cette petite flamme en se disant, quand j'étais petit, quel joueur j'aurais aimé voir ou qu'est-ce que j'aurais aimé apprendre. C'est aussi essayer de restituer au maximum ce qui, moi, m'a fait vibrer quand j'étais petit.

  • Speaker #1

    On ressent la passion en tout cas à travers tes propos. Et c'est vrai que par rapport à ce que tu dis sur Gibril Cissé, parfois on a tendance à oublier que les joueurs, ce sont des êtres humains. Ils ont leur quotidien, ils ont leur vie.

  • Speaker #0

    C'est génial de suivre ça, parce que des fois, il y en a qui, une fois j'ai suivi un joueur après l'entraînement, il me dit tiens, je vais me prendre un kebab et tout, t'en veux un ? Je dis mais t'as le droit ? Il me dit non, mais bon, de toute façon, je ne suis pas filmé. Il y a des trucs des fois improbables. où tu te dis, voilà, il y a une relation de confiance qui s'installe aussi. J'ai vécu des choses très fortes aussi avec Gaëtan Courtet, par exemple, quand il était à Reims, qui m'avait parlé du cancer qu'il avait affronté aussi. Il y a des moments, et c'est toujours un ami aujourd'hui, donc il y a des choses qui dépassent le foot. On se dit finalement, marquer un but, ce n'est pas grand-chose à côté. Et voilà, de vivre ces moments-là, franchement, c'est... C'est des choses qu'on garde à vie. Et de pouvoir garder des relations avec des joueurs une fois qu'ils arrêtent leur carrière ou même quand on ne se voit pas tous les jours, c'est quand même plaisant de pouvoir avoir un autre regard sur eux.

  • Speaker #1

    C'est qu'ils ont aussi capté la sincérité de ta démarche dans ton métier aussi. Donc c'est aussi une relation de confiance.

  • Speaker #0

    Oui, sûrement, bien sûr. Après, c'est vrai que ça s'entretient aussi. moi je... J'ai heureusement jamais été dans cette course à l'info. On n'a jamais été sous pression à BIN pour sortir une info à tout prix, quitte à briser une relation qu'on peut avoir avec quelqu'un. Et ça, c'est vrai que c'est très plaisant. Ce n'est pas le cas de tous les médias. Ce n'est pas le cas de tous les confrères qui, parfois, ont des pressions de leurs employeurs pour sortir une info. Nous, on n'a jamais été là-dedans. Ce qui fait qu'on peut se regarder dans une glace sereinement, parler sereinement avec les gens. en se disant, voilà, si tu veux me dire quelque chose, tu peux être en confiance, ça ne sortira pas. Et franchement, je n'ai pas énormément d'exemples comme ça qui me viennent. De gens qui auraient trahi cette confiance, ça a dû arriver, parce que Billin n'est pas au-dessus des autres médias non plus. Mais en tout cas, je suis content de bosser pour cette chaîne-là, aussi pour ça, parce qu'on n'est pas dans la recherche du buzz ou de la polémique en permanence. Et du coup, on peut bosser sereinement sans avoir quoi que ce soit caché.

  • Speaker #1

    Petite dernière question, est-ce qu'il y a des aspects du métier que tu n'as pas encore abordé et que tu aimerais bien découvrir dans les années qui viennent ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Là, j'ai plutôt l'impression d'avoir touché à pas mal de choses dans ce que je peux faire. C'est vrai que quand j'ai commencé, le côté présentation me plaisait pas mal, présenter une émission. Alors, je l'ai fait pas mal en... en chroniqueur, c'est-à-dire en journaliste plateau, c'est-à-dire à côté d'un présentateur pour apporter des statistiques. Mais ce n'est pas moi qui présente l'émission. Après, c'est vrai que justement, en ayant ce rôle-là, je me rends compte aussi de la pression que ça représente. Ce n'est pas toujours évident d'être à l'aise avec le leadership sur une émission, toutes les caméras, l'organisation aussi à avoir pour savoir gérer le stress, le direct. avec des fois des éléments qu'on ne maîtrise pas, ce n'est pas forcément évident non plus. Donc voilà, aujourd'hui, c'est peut-être moins prégnant que le désir que je pouvais avoir au départ. Mais je suis très content d'avoir pu toucher un petit peu à tout aussi. Et puis c'est aussi important parce que ce travail de reporter, c'est aussi très physique. On n'en a pas trop parlé, mais c'est vrai que... Pour moi, il y a une dimension physique qui est quand même très importante parce que quand je pars en reportage, j'ai 30 kilos de matériel à travailler. Et forcément, au bout de 13 ans, j'ai une vraie lassitude physique par rapport à ça. Donc, c'est vrai que de pouvoir m'ouvrir à d'autres choses moins pénibles physiquement et qui stimulent en plus ma curiosité et me permettent de me challenger, comme je te le disais. C'est une vraie plus-value aussi pour moi, pour garder une certaine fraîcheur. Parce que c'est vrai que si tout était basé sur les tournages en permanence, ça c'est des choses que les gens ne voient pas forcément. Mais c'est vrai que c'est très fatigant. Et on a beau rencontrer des joueurs qu'on adore, quand on passe toute la journée en partant à 5h du mat' en rentrant à 1h du matin, avec 30 kilos de matériel à trimballer, on a beau rencontrer une immense star, c'est pas toujours évident. Mais bon, après, ça fait partie des contraintes. pour pouvoir profiter aussi à fond.

  • Speaker #1

    Écoute, on a parlé du passé, on a parlé du présent et on a parlé éventuellement de l'avenir. Je pense qu'il n'y avait pas plus belle conclusion. Je te remercie une nouvelle fois d'avoir accepté mon invitation. Ça a été un débat passionnant. On a parlé de beaucoup de choses. On a découvert les facettes du métier. C'est ce que je voulais vraiment mettre en exergue pendant ce podcast. Merci pour tout. Bonne continuation.

  • Speaker #0

    J'ai toujours essayé de répondre aux sollicitations parce que moi, quand j'étais plus jeune, j'étais content qu'on me réponde. Donc, j'essaye de faire pareil aujourd'hui, maintenant que je suis de l'autre côté de la barrière, on va dire.

  • Speaker #1

    C'est une barrière que je découvre à mon tout petit niveau. Je suis déjà très content de pouvoir bien...

  • Speaker #0

    Et c'est bien justement que ça devienne plus une passerelle qu'une barrière. Donc, j'espère que ce genre de moment pourra favoriser cette passerelle-là.

  • Speaker #1

    Eh bien, je te remercie en tout cas et je te souhaite bonne continuation. Et encore une fois, merci pour tout.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci. Cet épisode est maintenant terminé. Si vous l'avez aimé ou apprécié, n'hésitez pas à liker, commenter, ajouter une note de 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. N'oubliez pas également de vous abonner et activer les notifications pour être informé des nouveaux épisodes d'ADN Foot tous les premiers lundis du mois à 20h. Le compte Instagram ADN Foot-8, le podcast Tout Attaché et le profil Facebook Brahms ADN Foot sont également à votre disposition pour suivre l'actualité de ce podcast. Il ne me reste plus qu'à vous remercier d'avoir écouté cet épisode et à vous donner rendez-vous le mois prochain pour de nouvelles aventures sur ADN Foot. D'ici là, portez-vous bien !

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Commenter un match de football seul en cabine

    00:48

  • Le vécu d'un consultant bonifie le commentaire d'un match

    07:44

  • Transmettre l'émotion aux téléspectateurs

    09:00

  • Thierry Gilardi, la simplicité au service de l'efficacité

    10:40

  • Les avis des réseaux sociaux après les matchs

    12:58

  • Passion sous pression : La genèse de ce documentaire sur les arbitres

    14:59

  • Focus sur Carla Benedetto, arbitre de district

    18:50

  • L'arbitre et la difficile gestion des erreurs d'arbitrage post match

    21:24

  • Benoit Bastien : Des heures de vidéos pour préparer un match

    24:21

  • Une mauvaise décision peut précipiter une carrière d'arbitre !

    28:24

  • L'IFAB contre la sonorisation des arbitres

    29:33

  • L'entrainement des arbitres pour s'adresser au public après une décision de la VAR

    34:20

  • Djibril Cissé, Thomas Mangani, des anecdotes marquantes avec Margot Dumont

    37:10

  • Quelle suite de carrière professionnelle ?

    42:13

  • Conclusion

    44:31

Description

#2B L’ADN FOOT d'Alexandre Carré, journaliste chez beIN SPORTS !


Deuxième partie de l'entretien avec Alexandre Carré, Journaliste Reporter d'Images expérimenté avec plus de 10 ans de carrière chez beIN SPORTS.


Dans ce second épisode, nous abordons l'expérience du commentaire d'un match seul en cabine, sans être présent au stade. Alexandre nous livre son expérience sur cet aspect du métier, entre la préparation nécessaire pour être à la hauteur de l'attente des téléspectateurs et la difficulté de restituer l'ambiance présente sur le terrain en question, même à distance. Un focus est également apporté sur l'émotion à restituer, pour aboutir à la meilleure expérience possible des supporters devant leur écran de télévision.


Nous revenons également au cours de cet entretien sur la réalisation du reportage "Passion sous pression". Ce documentaire met en avant l'arbitrage professionnel et amateur. Afin que le grand public prenne la mesure des difficultés inhérentes à cette fonction essentielle dans le football.


Les violences subies par certains arbitres, l'arbitrage féminin vu à travers Carla Benedetto, arbitre amateure, la préparation de matchs de Ligue 1 explorée grâce à Benoit Bastien et ses arbitres assistants… Autant d'exemples intéressants pour évaluer au mieux les difficultés rencontrées par ces passionnés du sifflet.


Nous évoquons dans la suite de l'épisode les technologies qui viennent en aide aux arbitres et l'adaptation nécessaire à ces outils pour une expérience optimale (VAR, sonorisation des arbitres, prise de parole en public après une décision de la VAR).


Enfin, Alexandre nous livre quelques anecdotes croustillantes sur les coulisses de son métier, notamment auprès des joueurs côtoyés durant toutes ces années de reportages pour beIN SPORTS.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    C'est la fin ! Eh, il a les cheveux mouillés, alors pas dehors ! Pas dehors ! On essaie de jouer au football ! Vous avez peur de quoi ? Vous avez peur de qui ? Pas chacun son tour, c'est tout le monde ensemble.

  • Speaker #1

    C'est là où l'ADN Foot est puissant. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur le podcast ADN Foot, parole de supporters. Durant chaque épisode, mon invité parlera de son amour pour le foot, de ses souvenirs les plus marquants à sa façon de le vivre aujourd'hui, en simple passionné, voire davantage si son activité professionnelle s'exerce autour de ce sport. C'est Brams au micro et c'est parti pour le deuxième volet de cet épisode d'ADN Foot avec Alexandre Carré, journaliste chez BeinSport. On va basculer sur... Le commentaire en lui-même d'un match de football, si ça te va. Parce que ça m'intéresse beaucoup aussi la façon dont on prépare le commentaire d'un match de foot. Notamment, quand je vous vois, parce que parfois, que ce soit toi ou d'autres, vous publiez un peu sur les réseaux sociaux avant le match, vous annoncez le match. Alors parfois, c'est au stade, mais parfois, c'est en cabine. Et alors ça, ce commentaire en cabine, moi, il m'intrigue beaucoup. Parce qu'il faut avoir le talent du commentateur. Il faut réussir à faire vivre le match alors que toi-même, tu n'es pas au stade. Et ça, ça m'intéresse beaucoup. J'aimerais savoir ce que tu as à me dire là-dessus, en fait.

  • Speaker #0

    Ce qui est très particulier, c'est qu'on me demande souvent comment ça se passe, comment tu vois le match et tout. Et moi, je dis souvent aux gens, en fait, vous, vous le voyez mieux que moi. Parce qu'on n'est pas à plaindre. On a plusieurs écrans. Un avec... avec le retour du match. Parfois, si on est par exemple dans un multiplex, on peut regarder aussi ce qui se passe dans le multiplex pour savoir à quel moment on intervient. Mais grosso modo, on a une télé qui est plus petite que celle que tu peux en général avoir dans ton salon. Et nous, on n'a pas d'autres images que celles qui sont diffusées. Donc, il faut bien savoir que s'il y a des remplaçants qui sont à l'échauffement, et que le réalisateur ne les montre pas, on ne peut pas le savoir. Si toi, tu ne les vois pas, moi, je ne les vois pas non plus. Donc, c'est vrai que c'est particulier parce que c'est une mécanique à avoir pour pouvoir déjà parfois réussir à reconnaître les joueurs quand tu ne les connais pas forcément super bien. C'est réussir à essayer de capter quand, par exemple, sur la Ligue 1, tu vas entendre des consignes de coach. C'est essayer de... de capter avec le son que tu peux avoir, mais grosso modo, on est dans les mêmes conditions que le spectateur lambda qui regarde. Ce qui fait que si tu n'as pas d'image différente, il faut que tu aies des infos qui soient, elles, pour moi, qui apportent un intérêt, plutôt que... Si, en fait, tu peux couper le son et que tu n'apprendras pas plus de choses, pour moi, le commentateur, il ne sert à rien, à part accompagner et crier but quand il y a un but. Pour moi, ça, c'est... C'est la finalisation du travail. Mais pour moi, le plus dur, c'est quand un match est pénible, parce qu'il faut le rendre intéressant. Et en fait, j'ai le souvenir, justement, on parlait de Charles Bietri, qui nous avait dit très vite au début de Bein, alors moi, je n'étais pas encore commentateur, mais j'avais écouté ça avec attention, et il disait aux commentateurs, il faut que vous réduisiez votre temps de parole de 50%. On parle trop à l'antenne. Et en fait, le plus dur, finalement, c'est de se taire. C'est en fait de savoir, d'être capable de gérer le tempo du match. Alors quand il y a évidemment de l'ambiance en tribune, c'est plus facile. Quand tu te tais et qu'il n'y a pas un bruit, c'est vrai que tu te dis que ça va être long. Mais pendant le Covid, c'était terrible la reprise où il n'y avait personne dans le salle. Alors oui, tu entends les consignes, ça c'est bien. Tu entends les consignes de coach, mais par contre, tu ne peux pas t'appuyer sur les deux virages qui se répondent. Ça, tu oublies. Donc c'est vrai que ça, c'est un élément à prendre en compte. quand le match est dynamique Il y a juste à accompagner. On est là pour faire vivre le rythme. On n'a pas le temps de raconter une anecdote sur l'arrière-droit dont le père était défenseur du Milan AC. Ça, c'est mort. Mais par contre, quand le rythme du match est plus lent, c'est aussi à nous de rendre vivant, d'apporter des choses aux gens. J'essaye toujours de chercher des petites anecdotes sur un jour ou l'autre. Des fois, il n'y en a pas et on fait avec. Mais il y a toujours des petites choses à raconter, que ce soit des statistiques sur la forme du moment, sur l'histoire personnelle d'un joueur, pour essayer d'apporter des choses aux gens. Moi, je considère que, et c'est pareil quand je fais un sujet, je considère que si une fois que le match s'est terminé ou que le sujet s'est terminé et qu'en fait, tu n'as rien appris, je pense que je suis passé un peu à côté. C'est que je n'ai pas réussi à transmettre ou à donner les infos qui auraient pu apporter. Porter quelque chose au spectateur. Après, il ne faut pas se mettre au-dessus de ce que l'on est. On est juste, comme je disais, une passerelle. Mais je pense que justement, on est là pour ça aussi, pour donner des clés aux gens, leur permettre de voir un match différemment ou de voir la performance d'un joueur différemment. Et personnellement, en toute modestie, c'est ce que j'essaye de faire. Après, je pars de loin parce que ce n'est pas mon métier premier. Et j'essaye à chaque fois de progresser là-dedans. Et en plus, commentateur, c'est difficile parce que tout le monde a un rapport différent au commentateur. J'en parlais il y a quelques jours avec mon beau-père qui me dit qu'il n'arrête pas de parler, qu'il sort complètement du match. J'aime bien les gens qui racontent des histoires aussi. Et lui, il me dit que je préfère qu'il se taise et qu'il reste à donner le nom des joueurs. Chacun son avis. Je pense que de toute façon, quoi qu'il arrive, quoi qu'on fasse, on ne contentera pas tout le monde. Après, c'est réussir à se créer son propre style et à apporter ce qui nous semble intéressant. Moi, je te dis, c'est de donner, je pense, des infos. Après, peut-être que d'autres diront que c'est d'être excellent dans les 30 derniers mètres pour faire vivre au mieux l'action, ce qui n'est pas incompatible d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Donc là, tu soulignes l'importance de bien préparer son match.

  • Speaker #0

    Quand on a la possibilité de le faire, qu'on est dans les bonnes conditions pour le faire, oui, c'est l'idéal. Après, on dépend aussi de ce qui se passe sur le terrain. Et puis après, il y a plein de choses qui entrent en ligne de compte pour n'importe quel travail. Des fois, on est en forme, des fois, on est moins bien. Voilà, ça aussi, ça joue. Et en plus, nous, c'est particulier parce que tu as la voix. Donc en fait, si tu es un peu fatigué, si tu vas buter sur des mots, quand tu regardes un commentaire et que tu as quelqu'un qui est tout le temps en train de se reprendre, qui se trompe de joueur, c'est pas agréable. Tu te dis, attends, le mec, il est payé pour faire ça. Voilà, donc c'est pas... t'engages aussi personnellement en commentant un match. Donc, t'es à la fois ta caution personnelle et tu représentes ta chaîne aussi. Donc, il faut quand même avoir un certain niveau d'exigence pour pouvoir être à la hauteur.

  • Speaker #1

    Et j'ai presque envie de dire aussi que par rapport aux commentateurs qui ont un consultant à leur côté, c'est presque un autre métier parce que là, il faut être endurant quand même sur tout le match. Alors, tu disais il y a deux minutes qu'il ne faut pas parler pendant tout le match, effectivement, mais... Quand j'écoute un match, quand je regarde un match où le commentateur est unique, j'ai toujours ce côté qui me dit 90 minutes seul à trouver l'inspiration. Alors, ça dépend effectivement du rythme du match. Tu y as répondu d'ailleurs, parce que je voulais te demander comment gérer un match plat, mais tu en as parlé. Donc, c'est presque un autre métier en fait.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai que quand il y a un consultant... Il y a un autre élément qui entre en ligne de compte, c'est que tu as une curiosité naturelle. Je pense que là, tu peux t'appuyer là-dessus. Même quand je suis en bord-terrain, je commande souvent sur la Ligue 2 avec Robert Malm par exemple. Je n'hésite pas à lui demander s'il y a quelque chose que je vois sur le terrain, en direct, de lui dire comment vous vous l'expliquez, d'avoir son ressenti aussi en direct, parce qu'on le fait quand on regarde un match en dehors. Je ne vois pas pourquoi on ne le ferait pas en direct aussi. pour qu'il puisse partager son vécu. Et on a la chance, justement, d'avoir d'anciens joueurs pros qui ont une analyse différente, qui regardent les déplacements, qui regardent des choses où, nous, notre œil n'est pas forcément habitué.

  • Speaker #1

    Et ça apporte une plus-value.

  • Speaker #0

    Et ça, c'est forcément une plus-value. Et après, ne serait-ce que dans le suivi d'un match, quand tu as deux voix, forcément, c'est différent aussi, parce que tu as moins ce côté redondant. d'entendre toujours la même personne et c'est pour ça aussi que c'est intéressant et important de savoir se taire quand t'es tout seul parce que sinon tu vas endormir tout le monde si tu parles, tu parles, tu parles, tu parles, tu parles tout seul au bout d'un moment les gens ils t'entendent plus en fait et le but c'est qu'ils t'entendent quand t'as un truc intéressant à dire

  • Speaker #1

    Alors dans les commentaires il y a un autre aspect qui est très important selon moi, c'est la transmission de l'émotion, on en a déjà un peu parlé tout à l'heure j'ai écouté le résumé d'un match euh... Il me semble que c'était toi qui étais au commentaire du Saint-Brieuc-Nice. Le deuxième but de Saint-Brieuc, parce que pour refaire le match, Nice ouvre le score, et Saint-Brieuc marque à la 88e et gagne à la 93e, il me semble. Et donc, sur le deuxième but de Saint-Brieuc, on sent le commentateur, mais on sent aussi le passionné qui est en train de vivre un super moment.

  • Speaker #0

    Oui, c'est la magie de la Coupe de France. Et là, franchement, on n'a pas vraiment à se forcer pour... Moi, je n'aime pas surjouer de toute façon, mais souvent, ça vient naturellement. Tu te prends au jeu, même quand tu commentes un match obscur. Si tu sais qu'il y a un enjeu pour le maintien, tu te mets à la place des supporters aussi. J'essaye de le vivre comme ça pour rendre un match intéressant jusqu'au bout. Et c'est vrai que là, l'enthousiasme n'était pas fin. C'était vraiment David contre Goliath. Et là, au bout du bout, d'avoir un but comme ça, c'est juste incroyable de pouvoir le transmettre. Et c'est vrai qu'à ce moment-là, ça, c'est le scénario idéal. Parce qu'en fait, tu te laisses porter par tes émotions aussi. Donc, je suis content que toi, tu aies pu le ressentir aussi comme ça. Mais c'est vrai que moi, j'adore la Coupe de France pour ça. Parce que c'est vrai que c'est une évidence. Mais forcément, de voir les exploits comme ça des... des plus petits sans être partisans. Sinis avait mis un magnifique but de 30 mètres, j'aurais gueulé de la même manière. Parce qu'on apprécie la beauté du geste. Mais c'est vrai que là, sur ces moments-là, c'est hyper important et ça ne veut pas dire forcément faire des grandes envolées parce que moi, ma référence, comme beaucoup dans le commentaire, c'est Thierry Gilardi, avec sa voix particulière aussi. Et en fait, c'est vrai que maintenant, en réécoutant des commentaires, je me rends compte qu'en fait, il... Il disait juste « 72ème minute, Paris mène 1-0 » ou « Lens égalise » . Il n'y avait rien d'incroyable. Mais la façon de le dire, la façon d'accompagner le but, vraiment, il ne se plaçait pas en personnage principal. Mais voilà, toujours ce qu'on disait, cette notion de passerelle avec le public pour transmettre ses émotions. Et vraiment, moi, c'est quelque chose que... que j'ai adoré. Après, petit à petit, moi, je me challenge aussi en essayant justement d'éviter de dire juste but, c'est au fond, voilà, d'essayer d'apporter une plume aussi, comme le font beaucoup de commentateurs maintenant. Et bon, pour moi, c'est mon axe de progression. Je ne suis pas assez bon là-dessus encore. Mais je trouve que c'est plaisant aussi quand, voilà, j'aime bien les rimes, voilà, des journalistes qui sont capables d'aller chercher La petite phrase qui va rester, qui va marquer. Et ça, je trouve ça intéressant aussi, à condition que ça accompagne ce qui se passe sur le terrain.

  • Speaker #1

    Thierry Gilardi, la lumière est venue du chevalier blanc.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    C'est flou, en fait. C'est vrai que cette phrase-là, elle est restée. Et puis bien sûr, pas ça, Zinedine, pas ça, pas après tout ce que tu as fait.

  • Speaker #0

    C'est des phrases qui marquent. Et c'est vrai que sur ce commentaire sur l'exclusion de Zidane, c'est typiquement c'est les émotions qui qui qui parle parce que ça, c'est pas un truc... Autant sur un but, parfois, on peut se dire « Tiens, il l'a écrit, il avait prévu de dire ça. » Là, c'est imprévisible. Donc, c'est le talent et les émotions qui parlent et qui retranscrivent ce que des millions de Français pensent à ce moment-là. Et c'est pour ça que ça marque, parce qu'en fait, on s'identifie tous à ce qu'il dit. Et c'est ça que je trouve hyper fort, c'est qu'en fait, presque tout le monde aurait pu le dire. Lui, il a dit comme ça avec le... ton qu'il fallait, la voix qu'il fallait. Après, ça, c'est un don qu'il avait.

  • Speaker #1

    Tu as des retours sur les réseaux sociaux après les matchs ? Ça arrive ou ça reste à la marge ?

  • Speaker #0

    Franchement, pas énormément. Ça dépend des matchs. Après, je ne suis pas un grand fan d'aller voir non plus ce qui se dit sur les réseaux sociaux. Mais en général, pas forcément. Je pense que les commentateurs qui sont plus exposés sur des affiches un peu plus suivies, On s'en doute un peu plus de retour. Après, c'est rare que sur les réseaux sociaux, on voit qu'est-ce qu'il est bon ce commentateur. On va souvent lui tomber dessus. Après, s'il fait 89 minutes excellentes et que la dernière, il balance une saucisse en se trompant de nom de joueur, tu peux être sûr que cette erreur-là, elle va ressortir. Alors qu'il n'y aura personne ou très peu de gens pour dire le reste du temps, il a été excellent. Donc ça ne veut pas dire que les gens ne le pensent pas, mais en tout cas sur les réseaux sociaux, je remarque quand même que globalement il y a plus facilement des critiques pour les commentateurs en tout cas. Par exemple quand on parlait du documentaire et tout, nous on a eu des gens aussi qui étaient capables de dire « j'ai beaucoup aimé » , mais pour les commentateurs je trouve que j'ai l'impression qu'on considère que c'est normal qu'un commentateur commande bien, et par contre il est facilement critiquable à la moindre erreur.

  • Speaker #1

    C'est un peu comme l'arbitre.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Ou le gardien de but.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est des postes exposés on va dire.

  • Speaker #1

    On oublie aussi que la majorité silencieuse n'est pas sur les réseaux sociaux.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est pour ça que je trouve que ce n'est pas forcément révélateur non plus. Et encore une fois, même si quelqu'un va te faire une critique, ça ne veut pas dire que les 9 autres sur 10 pensent la même chose. Donc bon, ce n'est pas évident d'avoir un retour là-dessus. C'est important d'avoir un regard sur l'extérieur et c'est important aussi, je pense, de faire son autocritique, de savoir se réécouter aussi parce qu'on est aussi notre premier public et je pense qu'on peut facilement gommer des petites erreurs en réécoutant ce qu'on a pu dire.

  • Speaker #1

    Alors, on a parlé d'arbitrage là en parallèle. Ça me permet de saisir la perche que tu me tends pour notre dernier sujet, c'est-à-dire qu'on va parler du documentaire relatif à l'arbitrage qui s'appelle Passion sous pression, qui est sorti il y a un an environ, qui met en valeur les arbitres, leur quotidien, leurs difficultés, leurs craintes, tout ce qu'il faut gérer autour de cette profession. Donc déjà, pour commencer... Je voulais savoir comment vous avez eu l'idée d'un tel reportage en fait.

  • Speaker #0

    Alors déjà au départ, c'était avec Guillaume Truyer, donc il suit les Bleus avec moi, comme je te le disais tout à l'heure. On avait envie de se lancer un petit challenge tous les deux et d'essayer de travailler sur un projet de documentaire. Et moi, j'avais déjà eu cette idée parce qu'en fait, déjà c'est parti de... de sujets, reportages qu'on faisait régulièrement, ponctuellement, sur la sonorisation d'un arbitre. On l'avait fait par exemple avec Gaël Angoula, sur un Metz Bordeaux en Ligue 2. C'est un parmi d'autres, mais on en a fait plusieurs, qui avaient été très appréciés. Pour le coup, on parlait de commentaires, il y avait eu beaucoup de commentaires positifs, en disant « Ah, on ne voit jamais ça, ça fait plaisir de voir un arbitre, on n'entend jamais ce qu'ils disent » . Après, il y a toujours des critiques, ou des critiques par rapport à l'arbitre, mais on voyait que ça faisait beaucoup réagir. avec ce thème récurrent qui disait « enfin quelque chose de nouveau » . Et nous, on est partis de là en se disant « qu'est-ce qu'on peut amener de nouveau dans le foot ? » Alors qu'on a déjà suivi des équipes en inside, on a fait des reportages sur des joueurs, on est régulièrement au bord des pelouses pour suivre les uns les autres. On s'est dit « en fait, l'arbitrage, c'est quand même un des rares domaines où finalement il y a beaucoup de zones d'ombre, il y a beaucoup de questionnements et tout. Et il se trouve que moi, je suis un ancien arbitre. J'ai arbitré quand j'étais jeune dans le district de l'Essonne, en région parisienne, avant de commencer en école de journalisme. Et ça m'a énormément appris sur le contact avec les joueurs, la façon de gérer un match, les lois du jeu qui me servent aussi quand je commente une rencontre. Et j'avais envie de montrer aussi la difficulté. d'arbitrer au niveau amateur parce que pour moi, ce n'était pas uniquement l'arbitrage pro, c'était aussi la difficulté de commencer parce que moi, j'ai commencé justement jeune et je me suis dit en fait, c'est un parcours du combattant pour pouvoir arriver jusqu'au top niveau. Et j'avais envie de montrer ça, donc j'en ai parlé avec Guillaume qui lui avait un regard très intéressant aussi sur l'arbitrage pro, mais moi, j'avais ce vécu-là en termes de… d'arbitrage amateur. Et on a très vite progressé là-dessus, sur les questionnements qu'on se posait. On est vraiment parti sur ce qu'on a envie de savoir d'un arbitre et d'essayer au maximum d'avoir des questions naturelles en se disant, si nous on a des questions, je pense que le grand public en aura encore plus. Donc si on arrive déjà à répondre à ces questions-là, on aura peut-être montré quelque chose qu'on voyait assez peu. comme fil rouge la possibilité de mettre un micro sur les arbitres pour pouvoir justement être en immersion totale sur leur match aussi, mais les voir aussi en dehors. Et après, on a fait ça en partenariat aussi, en discussion avec la direction de l'arbitrage qui nous a ouvert pas mal de portes pour pouvoir justement montrer des choses qui n'avaient jamais été montrées, ou très peu. Et c'est pour ça qu'on a vraiment... ça a été un gros gros boulot tout au long de la saison.

  • Speaker #1

    mais ça a été un vrai plaisir de pouvoir se dire enfin on arrive à montrer un truc qu'on ne voit pas ailleurs c'est presque d'utilité publique de voir comment alors j'invite tous ceux ou celles qui ne l'ont pas vu à aller voir sur Youtube, il est disponible ça s'appelle Passion sous pression et effectivement tu parles de l'arbitrage amateur alors sont évoquées les violences malheureusement qu'ont subi certains arbitres dont un qui est vraiment poignant parce qu'on voit que ça a beaucoup marqué l'arbitre en question. Il y a aussi l'arbitrage féminin, Carla Benedetto, on voit toutes les difficultés qu'elle a à l'apprentissage de la profession. Ses arbitres sont guidés dans un premier temps et après, effectivement, ils prennent leur envol. Et c'est très intéressant de voir les difficultés qui peuvent être les leurs sur un match amateur. Tout simplement, une question de crédibilité, une question de...

  • Speaker #0

    Je pense toujours à la gestion des joueurs sur le terrain. Mais en fait, moi, ce qui m'avait marqué, c'est que le plus dur, c'était ce qu'il y avait en dehors. Finalement, quand le SSK l'a confirmé aussi, c'est qu'une fois que le match commence... Bon, évidemment, il y a du travail, mais en fait, c'est du plaisir. Ce qu'il y a autour, avant, après, c'est beaucoup moins plaisant. Parce que c'est vrai qu'en général, moi, quand tu commences à cet âge-là, j'ai commencé à peu près comme Carla quand tu as eu autour d'une vingtaine d'années. Tu te retrouves parfois à arbitrer des adultes aussi. Et en fait, tu arrives, il faut te faire respecter par tout le monde, alors que toi, déjà, tu as du mal à t'affirmer. Et il faut dégager une certaine autorité pour ne pas se faire marcher dessus, auprès des parents qui sont autour, auprès des dirigeants qui essayent tous de grignoter cette part d'autorité, de prendre l'ascendant sur toi, même si ce n'est pas forcément d'une mauvaise intention au départ. Mais voilà, ça arrive régulièrement. Et Carla, en plus, en étant une fille, avait des difficultés supplémentaires par rapport à ce que moi j'ai vécu. Et c'est vrai que quand on en avait discuté avec les dirigeants de l'arbitrage français, on a eu cette volonté commune aussi de pouvoir avoir une personnalité féminine dans le documentaire pour pouvoir avoir un regard différent aussi sur ce qui est vrai déjà pour les jeunes arbitres. Et encore plus quand on est une fille dans un monde de garçons en l'occurrence, puisque Carla était arbitre d'une rencontre masculine.

  • Speaker #1

    Ce qui ressort de ce reportage, moi, ce qui m'a un peu marqué, c'est la difficulté, que ce soit des arbitres amateurs ou des arbitres professionnels, à gérer l'après-match quand parfois, malheureusement, il y a des décisions erronées. Le joueur finit son match, l'arbitre finit son match, mais psychologiquement, il est encore dedans pendant 3-4 jours.

  • Speaker #0

    Moi, c'est ce qui m'avait marqué et ce que j'avais dit à Guillaume. Moi, j'aimerais bien voir comment vit un arbitre après ça. Parce que moi, je me souviens, je ne sais plus, je devais être au lycée ou à la... Non, j'étais à la fac à ce moment-là, en licence. Et je me souviens, dans la semaine, des fois, je repensais à certaines décisions en me disant, avec des mots qui résonnent, je ne vais pas les redire, mais sur soit des insultes, soit des critiques assez vives. Et quand on est jeune, franchement, c'est marquant.

  • Speaker #1

    Il faut l'encaisser.

  • Speaker #0

    Quand on prend ça pendant toute une rencontre ou qu'on ne se sent pas en sécurité forcément pendant le match, on se dit dans un coin de la tête comment ça va se terminer à l'arrivée. Je me dis déjà au niveau amateur, ce n'est pas évident. Alors quand en plus il y a la télé, les médias, les supporters, les présidents autour, comment ces gens-là arrivent à vivre avec cette pression-là ? Et c'est comme ça qu'est venu le titre aussi, Passion sous pression, parce que c'est une passion au départ. C'est tous des passionnés de foot. C'est un régal de pouvoir parler de foot avec un arbitre et tout. Mais après, il y a une vraie pression quand on est vraiment sur... Peu importe le niveau, c'est des pressions différentes. Mais c'est loin d'être de tout repos. Et là, on parle vraiment du cadre du match. Après, il y a en plus tous les sacrifices qui sont faits autour, qu'on a essayé de montrer aussi, quand on a été marqué par la phrase de Benoît Bastien qui nous dit... tout au long d'une année, on a plus de 200 jours qu'on passe hors de chez nous. On s'est regardé pendant l'interview avec Guillaume, et on l'en a reparlé après, c'est colossal. Nous, en plus, ça résonnait d'autant plus avec ce vécu pour les compétitions internationales. Et quand on se dit qu'un arbitre passe 200 nuits hors de chez lui, c'est vraiment des choses que l'on ne voit pas et qu'on a essayé de retranscrire pour le grand public aussi. Pas forcément pour avoir de l'indulgence.

  • Speaker #1

    Mais au moins pour comprendre tout simplement. Voilà, comme je disais tout à l'heure, il y a une telle exigence et une telle injustice dans les réactions. C'est fou. On en parlait avec David Benesch, c'était mon dernier invité. J'avais abordé le fait que M. Ovrebo, l'arbitre international norvégien, ne s'était jamais remis du Chelsea-Barça en 2009. Effectivement, les arbitres doivent subir de ces pressions. C'est assez incroyable. Dans ce reportage, tu parlais de Benoît Bastien. Il y a deux choses qui m'ont marqué. La première, elle est évidente, mais quand on le voit, on s'en rend compte davantage. C'est l'incroyable condition physique qu'il faut avoir pour tenir un match de haut niveau avec des joueurs professionnels. La deuxième, parce que je n'avais jamais vu l'arbitrage sous cet angle-là, c'est l'analyse des équipes en fonction des joueurs. C'était un Lyon-Strasbourg en Coupe de France. Et il a orienté son arbitrage en fonction du profil des joueurs, du côté où pencherait le jeu, en demandant à ses assistants justement qu'il serait d'un côté particulier, donc de l'autre côté, il faudrait l'assister davantage. C'est presque du management d'équipe.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vraiment ça. Et c'est comme ça qu'ils se définissent d'ailleurs. C'est vraiment un manager d'équipe. Et nous, on parlait de curiosité naturelle. Moi, c'était une des séquences que je voulais absolument pouvoir déjà vivre. et retranscrire dans le documentaire cette préparation des arbitres avant le match, ce briefing. Je l'avais fait une fois au début de B-In et ça m'avait vraiment marqué. Je m'étais dit que j'aimerais bien pouvoir vraiment le revivre. Et c'est vrai que c'est très difficile parce qu'il y a un énorme travail tactique. Benoît Bastien nous disait qu'il passait plus de 12 heures à regarder des matchs pour analyser le jeu des équipes. Et en même temps, tu ne peux pas te conditionner. C'est ce qu'il expliquait, c'est qu'en fait, si tu pars dans l'idée qu'un Verratti, pour reprendre l'exemple qu'il nous donnait, va forcément venir discuter et qu'il va falloir le calmer en lui mettant un carton jaune, tu es déjà conditionné pour lui mettre un carton. Et il dit en fait, il faut savoir anticiper et en même temps ne pas tomber dans la facilité et se dire, ça va forcément se passer comme ça, un tel va être agressif, voilà. et c'est vrai que tactiquement c'était assez intéressant de voir comment ils abordaient le match. Et c'était marrant parce qu'on en a discuté, justement, on parlait des consultants, avec les consultants à BIN, et certains me disaient, mais pour qui il se prend ? Il analyse la tactique ou il juge la tactique d'un entraîneur ? Je dis non, ce n'est pas ça en fait.

  • Speaker #1

    C'est de l'anticipation.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas un jugement pour dire un tel va jouer long ou machin. C'est plus de dire attention à tel point. C'est une équipe qui balance, qui joue de longs ballons, donc ça va aller très vite dans le dos. Il va falloir être capable d'accélérer ou d'avoir un œil sur le hors-jeu en permanence. Et c'est vrai que du coup, ça permet aux assistants aussi de savoir à quoi ils vont devoir s'attendre. Et il y a une vraie collaboration, parce que finalement, on se rend compte qu'il y a 22 joueurs sur le terrain. Eux, ils ne sont que quatre avec le quatrième arbitre. Et il y a cette volonté de réussir à se compléter parfaitement pour pouvoir quadriller le terrain au niveau visuel. Parce que je peux vous dire qu'en étant arbitre sur le terrain, même au niveau amateur, franchement, pour avoir les yeux sur le départ du ballon, sur les joueurs derrière qui s'accrochent, sur la surface de réparation, sur les assistants et tout, franchement, c'est vraiment très, très dur d'avoir le regard partout. Et eux ont en plus cette notion, comme tu le disais, physique, pour avoir une condition incroyable et pouvoir être capable de suivre, d'être placé au mieux. par rapport au ballon. Donc ça fait énormément de paramètres à maîtriser. Et ce n'est pas évident de le retranscrire en une heure, mais c'est ce qu'on a essayé de faire pour montrer justement la complexité au-delà des décisions, parce qu'à aucun moment on dit que l'arbitre prend toujours les bonnes décisions, eux-mêmes le disent d'ailleurs, mais au moins de comprendre ce qui peut amener aussi un arbitre à prendre une mauvaise décision, parce que quand on multiplie les courses, ce qu'on dit dans le documentaire, il court autant qu'un joueur, 11-12 kilomètres, avec beaucoup d'intensité aussi, beaucoup de sprint, c'est d'avoir la fraîcheur pour être capable de prendre la bonne décision au bon moment, c'est vraiment pas évident.

  • Speaker #1

    Alors l'objectif, bien entendu, c'est pas de plaindre les arbitres, c'est d'avoir une vision objective de la situation. Parce que quand on observe, il y a tous les stages de préparation, les moments d'absence dans la vie privée, comme on en parlait pour le journalisme tout à l'heure, il y a tous ces préparatifs, Il y a toute cette pression, tout peut s'écrouler en une décision.

  • Speaker #0

    Bien sûr, c'est exactement ce que dit Benoît Bastien. Il dit que tu peux faire le meilleur match, tu peux construire ton match de manière hyper solide et sur une décision ou sur un moment où tu tournes la tête au mauvais moment, tu peux te faire avoir. Et même avec la VAR, on se rend bien compte que la VAR ne résout pas tous les problèmes. Et on pense souvent que les arbitres, justement, se réfugient derrière ça en se disant « de toute façon, il y a la VAR » . Mais pour les avoir côtoyés pas mal, eux, alors déjà, même sur la Ligue 2, il n'y est pas. Mais il y a une volonté de réussir à se débrouiller au maximum sans l'analyse vidéo aussi derrière, pour pouvoir prendre ces décisions-là. Donc c'est vrai qu'il y a beaucoup de complexité. et eux ce qui m'a marqué c'est qu'en fait Ils ont cette volonté de se faire comprendre parce que, c'est ce qu'ils expliquent tous, c'est qu'en fait, tu peux mieux tolérer quelque chose que tu comprends. Si tu ne comprends pas une décision, que tu ne sais pas pourquoi elle est prise... tu ne peux pas l'accepter ou mieux la comprendre en tout cas. Alors que c'est vrai que le fait d'être sonorisé permet de résoudre un nombre de conflits assez incroyable. Et en fait, on se rend compte qu'en France, tout le monde parle à peu près de la même voix, que ce soit les arbitres comme la direction de l'arbitrage pour accéder à cette sonorisation. Et malheureusement, ça vient d'au-dessus. C'est l'IFAB qui gère, qui dirige les lois du jeu. qui pour l'instant n'a pas ce point de vue-là. Et on était très contents aussi de pouvoir avoir ce point de vue aussi de l'IFAB, justement pour essayer de comprendre un peu les arguments qui font qu'on n'entend pas systématiquement les arbitres en direct. Et après, on l'a fait écouter aussi à Anthony Gauthier, le patron des arbitres français. Et même en l'écoutant, ces arguments-là, lui ne comprenait pas. Mais c'est vrai que nous, on est sortis sans vraiment être convaincus, mais au moins, on avait les arguments de ce côté IFAB.

  • Speaker #1

    Alors moi, je suis plutôt pour une sonorisation, mais je vais me faire l'avocat du diable, entre guillemets. C'est-à-dire que je trouve qu'un des points intéressants de l'argumentaire de l'IFAB, c'est de se dire que finalement, il y aura toujours du mécontentement. Il y aura toujours du mécontentement. Avant l'AVAR, il y avait du mécontentement. Après l'AVAR, il y a du mécontentement. Je pense que si on va plus loin, ça sera très bien. Mais le mécontentement sera encore plus exacerbé, je pense, de la part des gens qui crient à l'injustice. Je trouve qu'on est dans une course contre l'injustice envers les arbitres qui est sans fin, en fait. Je trouve que les gens vont plus loin.

  • Speaker #0

    C'est la nature même de l'arbitrage, c'est de diviser, parce que quand tu as une décision à prendre, si elle est contre ton équipe, tu ne seras jamais content de la décision qui est prise, même si elle est bonne. Donc après, je pense que... le fait d'être sonorisé peut te permettre de savoir pourquoi elle est prise. Ça ne veut pas dire que tu seras d'accord ou que tu seras content de la décision, mais au moins, tu auras un peu plus d'arguments en faveur de la décision ou de savoir un peu plus pourquoi elle est prise. Peut-être qu'en sachant ça, tu te diras, moi, je n'aurais pas pris cette décision-là. Mais je pense que ça permet quand même de savoir un peu mieux ce qu'il en est. Après, c'est vrai que quand... On discutait avec Lucas Brood, qui représente l'IFAB. Lui aussi nous disait qu'il n'avait pas envie que l'arbitre soit le personnage principal de la rencontre. Mais bon, quand c'est lui qui doit décider s'il y a pénalty ou pas,

  • Speaker #1

    il l'est déjà.

  • Speaker #0

    Oui ou non, il l'est déjà. Avec ou sans sonorisation, il l'est. Par contre, en lui donnant la possibilité d'expliquer indirectement, parce que ce n'est même pas forcément au public, c'est... c'est déjà de l'expliquer au joueur. En tout cas, lui le fait, mais qu'on sache ce qu'il dit au joueur, qu'on sache pourquoi il prend telle ou telle décision, déjà, ça t'aide à la comprendre. Après, évidemment, c'est sûr qu'on ne sera jamais 100% d'accord avec la décision d'un arbitre. C'est un peu, de toute façon, l'essence même du supporter. Si un supporter était de bonne foi, ça se saurait.

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, ça, ce n'est pas faux. On s'est tous plaint de décisions arbitrales. On ne va pas faire les anges. mais... Donc ça serait positif, cette sonorisation, parce que de toute façon, les arbitres ne veulent pas que tout le monde soit d'accord avec eux. Eux, ils veulent simplement s'expliquer.

  • Speaker #0

    De toute façon, eux, ils diront les mêmes choses sur le terrain. C'est juste qu'en fait, on sera plus nombreux à les entendre. Et après, nous, franchement, en toute objectivité, on n'a eu aucun problème avec les sonorisations. C'est dans tous les sujets que j'ai fait, même en dehors du documentaire. Il n'y a pas eu de séquence où on s'est dit, là, ça, c'est dur, on ne peut pas le passer. Tu as vu comment il parle, qu'il parle aux joueurs. Et ça prouve aussi que, alors peut-être que, justement, les arbitres font attention aussi à la manière dont ils parlent aux joueurs quand ils ont un micro. Mais justement, ça peut permettre aussi d'apaiser un peu le dialogue. C'est ce qu'on disait avec les consultants aussi, qui nous disaient, franchement, des fois, on a des arbitres qui nous parlaient vraiment mal. Et certains disaient, ça permettrait d'apaiser un petit peu le dialogue, de... en sachant que de toute façon après ils vont être écoutés et les joueurs aussi d'ailleurs voilà c'est ce que j'allais dire ça permettrait aussi à certains joueurs pour le coup on a entendu beaucoup plus de joueurs qui eux dans leur match ont pété les plombs ou ont oublié qu'ils étaient sonorisés et là pour le coup eux

  • Speaker #1

    on les entendait bien il y a un autre point dans le documentaire qui est très intéressant c'est l'entraînement à la sonorisation après la VAR, après une décision VAR parce qu'on sous-estime Mais la difficulté pour un arbitre qui a déjà tout ça à gérer, son match, les décisions, les bancs, les joueurs, s'adresser à tout le stade, ce n'est quand même pas quelque chose d'inné. C'est ce qu'il a géré.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas le cœur de leur métier. Et nous, on le voit déjà quand on... Quand on parle comme ça entre nous et d'un coup on se met devant une caméra, déjà, même pour quelqu'un du métier, il y a un switch à faire pour être capable de parler à une caméra. Et c'est là qu'on se rend compte que c'est vraiment une vraie prise de parole en public. Et là, en plus, il y a à la fois l'image, mais il y a aussi le son, parce que c'est ce qu'on disait, un arbitre court 12 kilomètres par match, il faut être capable d'avoir la bonne décision. de l'exprimer correctement, parce que là, c'est pareil, si un arbitre, on parlait d'un commentateur, mais si un arbitre bute sur un mot, se trompe dans le mot qu'il emploie, là, les 60 000 personnes qui vont le regarder, il va le sentir passer. Et en plus, il va devoir affronter aussi justement la colère du public, dans des conditions pas forcément évidentes. Tout ça, en discutant avec les arbitres, c'est vraiment un truc qui les... Ce n'est pas le moment qu'ils appréciaient le plus dans le fait de s'ouvrir au public. Mais après, ils ont bien conscience que de toute façon, pour justement dans cette volonté de s'ouvrir, d'expliquer les choses, ils sont un petit peu obligés de passer par là. Mais c'est vrai que de le faire dans un stade avec toutes les contraintes qu'il y a autour, ce n'est franchement pas simple. Tout le monde ne s'improvise pas speaker.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Je voulais revenir sur ce documentaire. Je pense qu'on en a bien discuté.

  • Speaker #0

    Le cas est toujours dispo sur la page YouTube de BIN. Voilà,

  • Speaker #1

    parce que parfois, on dit qu'il y a des choses qui ont mal vieilli. Là, le reportage n'a pas du tout mal vieilli un an après parce qu'on sort d'une saison où les polémiques autour de l'arbitrage...

  • Speaker #0

    C'est ce qu'on s'est dit. D'ailleurs, c'est ce qu'on a dit. On en parlait avec Benoît Bastien aussi. Je lui disais, cette saison, on a beaucoup parlé de l'arbitrage. Il me disait, tu l'aurais fait il y a deux ans ou tu le feras dans trois ans, tu pourras me dire la même chose. C'est vrai que c'est un sujet permanent parce que forcément, une décision arbitrale, et j'ai envie de dire surtout dans le foot, ça fait toujours débat. Le documentaire risque de vieillir tranquillement pendant un paquet d'années.

  • Speaker #1

    Exactement. Mais voilà, je voulais mettre en exergue ce reportage parce qu'il était très intéressant.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, c'est gentil.

  • Speaker #1

    On arrive à la fin de notre interview, Alexandre. Alors, si tu as un dernier mot à ajouter, une anecdote, parce que je sais que les auditeurs et auditrices aiment bien les anecdotes, sur tes années being, un ou deux moments qui t'ont marqué sur un ancien joueur, sur un moment de match. Je t'écoute, le micro est ouvert.

  • Speaker #0

    Ouais, moi j'ai des anecdotes, t'imagines bien qu'en 13 ans, c'est vrai que c'est... En plus c'est marrant parce que c'est toujours une question qu'on pose justement aux joueurs, et moi je me dis à chaque fois, mais qu'est-ce que je répondrais ? Parce qu'en fait à Bruteport.com comme ça, de dire à quelqu'un, t'as une anecdote à me raconter, c'est jamais évident. Mais après moi je ferais un petit coucou à Margot Dumont, qui est une amie aussi, qui a quitté BIN pour rejoindre Canal+, et en fait on a connu beaucoup de... de reportage en dehors de la sphère foot avec pas mal de joueurs, où on mettait en valeur, à l'idée de Margot, la passion de certains joueurs complètement différentes du foot. La pêche pour Thomas Mangani, notamment. La culture créole pour Zachary Boucher du côté de Toulouse, je crois, à l'époque. On a vécu des super moments avec des joueurs dans un contexte complètement différent et ça faisait beaucoup de bien de les voir en dehors du rectangle vert. Je me souviens d'un tournage qu'on avait fait à Bastia, où on avait suivi Djibril Sissé. On avait fait une interview au stade, après il nous présentait sa ligne de vêtements. Je me souviens qu'on le suivait derrière sa voiture grosse cylindrée, je pense que tout le monde imagine bien. Et à un moment, on l'a perdu. Finalement, on le retrouve. Et en fait, il s'arrête devant un magasin animalier. Donc là, on ne comprend pas trop. Et on a attendu devant le magasin. Et finalement, il est sorti en nous disant « Je suis allé chercher une litière pour mon chat » . Il y a des fois des trucs, tu te dis « À quel moment je me retrouve à suivre Djibril Sissé qui va chercher de la litière pour son chat ? » Donc voilà, il y a des trucs assez improbables. Mais c'est vrai que moi, mes meilleurs moments, hormis les grandes compétitions, c'est vraiment de... De pouvoir apprendre à connaître les joueurs en dehors de tout ce qu'on voit, on va prendre les matchs les uns après les autres, et de pouvoir les découvrir en dehors, franchement, c'est un vrai plaisir. Et puis après, j'essaye de garder toujours cette petite flamme en se disant, quand j'étais petit, quel joueur j'aurais aimé voir ou qu'est-ce que j'aurais aimé apprendre. C'est aussi essayer de restituer au maximum ce qui, moi, m'a fait vibrer quand j'étais petit.

  • Speaker #1

    On ressent la passion en tout cas à travers tes propos. Et c'est vrai que par rapport à ce que tu dis sur Gibril Cissé, parfois on a tendance à oublier que les joueurs, ce sont des êtres humains. Ils ont leur quotidien, ils ont leur vie.

  • Speaker #0

    C'est génial de suivre ça, parce que des fois, il y en a qui, une fois j'ai suivi un joueur après l'entraînement, il me dit tiens, je vais me prendre un kebab et tout, t'en veux un ? Je dis mais t'as le droit ? Il me dit non, mais bon, de toute façon, je ne suis pas filmé. Il y a des trucs des fois improbables. où tu te dis, voilà, il y a une relation de confiance qui s'installe aussi. J'ai vécu des choses très fortes aussi avec Gaëtan Courtet, par exemple, quand il était à Reims, qui m'avait parlé du cancer qu'il avait affronté aussi. Il y a des moments, et c'est toujours un ami aujourd'hui, donc il y a des choses qui dépassent le foot. On se dit finalement, marquer un but, ce n'est pas grand-chose à côté. Et voilà, de vivre ces moments-là, franchement, c'est... C'est des choses qu'on garde à vie. Et de pouvoir garder des relations avec des joueurs une fois qu'ils arrêtent leur carrière ou même quand on ne se voit pas tous les jours, c'est quand même plaisant de pouvoir avoir un autre regard sur eux.

  • Speaker #1

    C'est qu'ils ont aussi capté la sincérité de ta démarche dans ton métier aussi. Donc c'est aussi une relation de confiance.

  • Speaker #0

    Oui, sûrement, bien sûr. Après, c'est vrai que ça s'entretient aussi. moi je... J'ai heureusement jamais été dans cette course à l'info. On n'a jamais été sous pression à BIN pour sortir une info à tout prix, quitte à briser une relation qu'on peut avoir avec quelqu'un. Et ça, c'est vrai que c'est très plaisant. Ce n'est pas le cas de tous les médias. Ce n'est pas le cas de tous les confrères qui, parfois, ont des pressions de leurs employeurs pour sortir une info. Nous, on n'a jamais été là-dedans. Ce qui fait qu'on peut se regarder dans une glace sereinement, parler sereinement avec les gens. en se disant, voilà, si tu veux me dire quelque chose, tu peux être en confiance, ça ne sortira pas. Et franchement, je n'ai pas énormément d'exemples comme ça qui me viennent. De gens qui auraient trahi cette confiance, ça a dû arriver, parce que Billin n'est pas au-dessus des autres médias non plus. Mais en tout cas, je suis content de bosser pour cette chaîne-là, aussi pour ça, parce qu'on n'est pas dans la recherche du buzz ou de la polémique en permanence. Et du coup, on peut bosser sereinement sans avoir quoi que ce soit caché.

  • Speaker #1

    Petite dernière question, est-ce qu'il y a des aspects du métier que tu n'as pas encore abordé et que tu aimerais bien découvrir dans les années qui viennent ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Là, j'ai plutôt l'impression d'avoir touché à pas mal de choses dans ce que je peux faire. C'est vrai que quand j'ai commencé, le côté présentation me plaisait pas mal, présenter une émission. Alors, je l'ai fait pas mal en... en chroniqueur, c'est-à-dire en journaliste plateau, c'est-à-dire à côté d'un présentateur pour apporter des statistiques. Mais ce n'est pas moi qui présente l'émission. Après, c'est vrai que justement, en ayant ce rôle-là, je me rends compte aussi de la pression que ça représente. Ce n'est pas toujours évident d'être à l'aise avec le leadership sur une émission, toutes les caméras, l'organisation aussi à avoir pour savoir gérer le stress, le direct. avec des fois des éléments qu'on ne maîtrise pas, ce n'est pas forcément évident non plus. Donc voilà, aujourd'hui, c'est peut-être moins prégnant que le désir que je pouvais avoir au départ. Mais je suis très content d'avoir pu toucher un petit peu à tout aussi. Et puis c'est aussi important parce que ce travail de reporter, c'est aussi très physique. On n'en a pas trop parlé, mais c'est vrai que... Pour moi, il y a une dimension physique qui est quand même très importante parce que quand je pars en reportage, j'ai 30 kilos de matériel à travailler. Et forcément, au bout de 13 ans, j'ai une vraie lassitude physique par rapport à ça. Donc, c'est vrai que de pouvoir m'ouvrir à d'autres choses moins pénibles physiquement et qui stimulent en plus ma curiosité et me permettent de me challenger, comme je te le disais. C'est une vraie plus-value aussi pour moi, pour garder une certaine fraîcheur. Parce que c'est vrai que si tout était basé sur les tournages en permanence, ça c'est des choses que les gens ne voient pas forcément. Mais c'est vrai que c'est très fatigant. Et on a beau rencontrer des joueurs qu'on adore, quand on passe toute la journée en partant à 5h du mat' en rentrant à 1h du matin, avec 30 kilos de matériel à trimballer, on a beau rencontrer une immense star, c'est pas toujours évident. Mais bon, après, ça fait partie des contraintes. pour pouvoir profiter aussi à fond.

  • Speaker #1

    Écoute, on a parlé du passé, on a parlé du présent et on a parlé éventuellement de l'avenir. Je pense qu'il n'y avait pas plus belle conclusion. Je te remercie une nouvelle fois d'avoir accepté mon invitation. Ça a été un débat passionnant. On a parlé de beaucoup de choses. On a découvert les facettes du métier. C'est ce que je voulais vraiment mettre en exergue pendant ce podcast. Merci pour tout. Bonne continuation.

  • Speaker #0

    J'ai toujours essayé de répondre aux sollicitations parce que moi, quand j'étais plus jeune, j'étais content qu'on me réponde. Donc, j'essaye de faire pareil aujourd'hui, maintenant que je suis de l'autre côté de la barrière, on va dire.

  • Speaker #1

    C'est une barrière que je découvre à mon tout petit niveau. Je suis déjà très content de pouvoir bien...

  • Speaker #0

    Et c'est bien justement que ça devienne plus une passerelle qu'une barrière. Donc, j'espère que ce genre de moment pourra favoriser cette passerelle-là.

  • Speaker #1

    Eh bien, je te remercie en tout cas et je te souhaite bonne continuation. Et encore une fois, merci pour tout.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci. Cet épisode est maintenant terminé. Si vous l'avez aimé ou apprécié, n'hésitez pas à liker, commenter, ajouter une note de 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. N'oubliez pas également de vous abonner et activer les notifications pour être informé des nouveaux épisodes d'ADN Foot tous les premiers lundis du mois à 20h. Le compte Instagram ADN Foot-8, le podcast Tout Attaché et le profil Facebook Brahms ADN Foot sont également à votre disposition pour suivre l'actualité de ce podcast. Il ne me reste plus qu'à vous remercier d'avoir écouté cet épisode et à vous donner rendez-vous le mois prochain pour de nouvelles aventures sur ADN Foot. D'ici là, portez-vous bien !

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Commenter un match de football seul en cabine

    00:48

  • Le vécu d'un consultant bonifie le commentaire d'un match

    07:44

  • Transmettre l'émotion aux téléspectateurs

    09:00

  • Thierry Gilardi, la simplicité au service de l'efficacité

    10:40

  • Les avis des réseaux sociaux après les matchs

    12:58

  • Passion sous pression : La genèse de ce documentaire sur les arbitres

    14:59

  • Focus sur Carla Benedetto, arbitre de district

    18:50

  • L'arbitre et la difficile gestion des erreurs d'arbitrage post match

    21:24

  • Benoit Bastien : Des heures de vidéos pour préparer un match

    24:21

  • Une mauvaise décision peut précipiter une carrière d'arbitre !

    28:24

  • L'IFAB contre la sonorisation des arbitres

    29:33

  • L'entrainement des arbitres pour s'adresser au public après une décision de la VAR

    34:20

  • Djibril Cissé, Thomas Mangani, des anecdotes marquantes avec Margot Dumont

    37:10

  • Quelle suite de carrière professionnelle ?

    42:13

  • Conclusion

    44:31

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Description

#2B L’ADN FOOT d'Alexandre Carré, journaliste chez beIN SPORTS !


Deuxième partie de l'entretien avec Alexandre Carré, Journaliste Reporter d'Images expérimenté avec plus de 10 ans de carrière chez beIN SPORTS.


Dans ce second épisode, nous abordons l'expérience du commentaire d'un match seul en cabine, sans être présent au stade. Alexandre nous livre son expérience sur cet aspect du métier, entre la préparation nécessaire pour être à la hauteur de l'attente des téléspectateurs et la difficulté de restituer l'ambiance présente sur le terrain en question, même à distance. Un focus est également apporté sur l'émotion à restituer, pour aboutir à la meilleure expérience possible des supporters devant leur écran de télévision.


Nous revenons également au cours de cet entretien sur la réalisation du reportage "Passion sous pression". Ce documentaire met en avant l'arbitrage professionnel et amateur. Afin que le grand public prenne la mesure des difficultés inhérentes à cette fonction essentielle dans le football.


Les violences subies par certains arbitres, l'arbitrage féminin vu à travers Carla Benedetto, arbitre amateure, la préparation de matchs de Ligue 1 explorée grâce à Benoit Bastien et ses arbitres assistants… Autant d'exemples intéressants pour évaluer au mieux les difficultés rencontrées par ces passionnés du sifflet.


Nous évoquons dans la suite de l'épisode les technologies qui viennent en aide aux arbitres et l'adaptation nécessaire à ces outils pour une expérience optimale (VAR, sonorisation des arbitres, prise de parole en public après une décision de la VAR).


Enfin, Alexandre nous livre quelques anecdotes croustillantes sur les coulisses de son métier, notamment auprès des joueurs côtoyés durant toutes ces années de reportages pour beIN SPORTS.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    C'est la fin ! Eh, il a les cheveux mouillés, alors pas dehors ! Pas dehors ! On essaie de jouer au football ! Vous avez peur de quoi ? Vous avez peur de qui ? Pas chacun son tour, c'est tout le monde ensemble.

  • Speaker #1

    C'est là où l'ADN Foot est puissant. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur le podcast ADN Foot, parole de supporters. Durant chaque épisode, mon invité parlera de son amour pour le foot, de ses souvenirs les plus marquants à sa façon de le vivre aujourd'hui, en simple passionné, voire davantage si son activité professionnelle s'exerce autour de ce sport. C'est Brams au micro et c'est parti pour le deuxième volet de cet épisode d'ADN Foot avec Alexandre Carré, journaliste chez BeinSport. On va basculer sur... Le commentaire en lui-même d'un match de football, si ça te va. Parce que ça m'intéresse beaucoup aussi la façon dont on prépare le commentaire d'un match de foot. Notamment, quand je vous vois, parce que parfois, que ce soit toi ou d'autres, vous publiez un peu sur les réseaux sociaux avant le match, vous annoncez le match. Alors parfois, c'est au stade, mais parfois, c'est en cabine. Et alors ça, ce commentaire en cabine, moi, il m'intrigue beaucoup. Parce qu'il faut avoir le talent du commentateur. Il faut réussir à faire vivre le match alors que toi-même, tu n'es pas au stade. Et ça, ça m'intéresse beaucoup. J'aimerais savoir ce que tu as à me dire là-dessus, en fait.

  • Speaker #0

    Ce qui est très particulier, c'est qu'on me demande souvent comment ça se passe, comment tu vois le match et tout. Et moi, je dis souvent aux gens, en fait, vous, vous le voyez mieux que moi. Parce qu'on n'est pas à plaindre. On a plusieurs écrans. Un avec... avec le retour du match. Parfois, si on est par exemple dans un multiplex, on peut regarder aussi ce qui se passe dans le multiplex pour savoir à quel moment on intervient. Mais grosso modo, on a une télé qui est plus petite que celle que tu peux en général avoir dans ton salon. Et nous, on n'a pas d'autres images que celles qui sont diffusées. Donc, il faut bien savoir que s'il y a des remplaçants qui sont à l'échauffement, et que le réalisateur ne les montre pas, on ne peut pas le savoir. Si toi, tu ne les vois pas, moi, je ne les vois pas non plus. Donc, c'est vrai que c'est particulier parce que c'est une mécanique à avoir pour pouvoir déjà parfois réussir à reconnaître les joueurs quand tu ne les connais pas forcément super bien. C'est réussir à essayer de capter quand, par exemple, sur la Ligue 1, tu vas entendre des consignes de coach. C'est essayer de... de capter avec le son que tu peux avoir, mais grosso modo, on est dans les mêmes conditions que le spectateur lambda qui regarde. Ce qui fait que si tu n'as pas d'image différente, il faut que tu aies des infos qui soient, elles, pour moi, qui apportent un intérêt, plutôt que... Si, en fait, tu peux couper le son et que tu n'apprendras pas plus de choses, pour moi, le commentateur, il ne sert à rien, à part accompagner et crier but quand il y a un but. Pour moi, ça, c'est... C'est la finalisation du travail. Mais pour moi, le plus dur, c'est quand un match est pénible, parce qu'il faut le rendre intéressant. Et en fait, j'ai le souvenir, justement, on parlait de Charles Bietri, qui nous avait dit très vite au début de Bein, alors moi, je n'étais pas encore commentateur, mais j'avais écouté ça avec attention, et il disait aux commentateurs, il faut que vous réduisiez votre temps de parole de 50%. On parle trop à l'antenne. Et en fait, le plus dur, finalement, c'est de se taire. C'est en fait de savoir, d'être capable de gérer le tempo du match. Alors quand il y a évidemment de l'ambiance en tribune, c'est plus facile. Quand tu te tais et qu'il n'y a pas un bruit, c'est vrai que tu te dis que ça va être long. Mais pendant le Covid, c'était terrible la reprise où il n'y avait personne dans le salle. Alors oui, tu entends les consignes, ça c'est bien. Tu entends les consignes de coach, mais par contre, tu ne peux pas t'appuyer sur les deux virages qui se répondent. Ça, tu oublies. Donc c'est vrai que ça, c'est un élément à prendre en compte. quand le match est dynamique Il y a juste à accompagner. On est là pour faire vivre le rythme. On n'a pas le temps de raconter une anecdote sur l'arrière-droit dont le père était défenseur du Milan AC. Ça, c'est mort. Mais par contre, quand le rythme du match est plus lent, c'est aussi à nous de rendre vivant, d'apporter des choses aux gens. J'essaye toujours de chercher des petites anecdotes sur un jour ou l'autre. Des fois, il n'y en a pas et on fait avec. Mais il y a toujours des petites choses à raconter, que ce soit des statistiques sur la forme du moment, sur l'histoire personnelle d'un joueur, pour essayer d'apporter des choses aux gens. Moi, je considère que, et c'est pareil quand je fais un sujet, je considère que si une fois que le match s'est terminé ou que le sujet s'est terminé et qu'en fait, tu n'as rien appris, je pense que je suis passé un peu à côté. C'est que je n'ai pas réussi à transmettre ou à donner les infos qui auraient pu apporter. Porter quelque chose au spectateur. Après, il ne faut pas se mettre au-dessus de ce que l'on est. On est juste, comme je disais, une passerelle. Mais je pense que justement, on est là pour ça aussi, pour donner des clés aux gens, leur permettre de voir un match différemment ou de voir la performance d'un joueur différemment. Et personnellement, en toute modestie, c'est ce que j'essaye de faire. Après, je pars de loin parce que ce n'est pas mon métier premier. Et j'essaye à chaque fois de progresser là-dedans. Et en plus, commentateur, c'est difficile parce que tout le monde a un rapport différent au commentateur. J'en parlais il y a quelques jours avec mon beau-père qui me dit qu'il n'arrête pas de parler, qu'il sort complètement du match. J'aime bien les gens qui racontent des histoires aussi. Et lui, il me dit que je préfère qu'il se taise et qu'il reste à donner le nom des joueurs. Chacun son avis. Je pense que de toute façon, quoi qu'il arrive, quoi qu'on fasse, on ne contentera pas tout le monde. Après, c'est réussir à se créer son propre style et à apporter ce qui nous semble intéressant. Moi, je te dis, c'est de donner, je pense, des infos. Après, peut-être que d'autres diront que c'est d'être excellent dans les 30 derniers mètres pour faire vivre au mieux l'action, ce qui n'est pas incompatible d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Donc là, tu soulignes l'importance de bien préparer son match.

  • Speaker #0

    Quand on a la possibilité de le faire, qu'on est dans les bonnes conditions pour le faire, oui, c'est l'idéal. Après, on dépend aussi de ce qui se passe sur le terrain. Et puis après, il y a plein de choses qui entrent en ligne de compte pour n'importe quel travail. Des fois, on est en forme, des fois, on est moins bien. Voilà, ça aussi, ça joue. Et en plus, nous, c'est particulier parce que tu as la voix. Donc en fait, si tu es un peu fatigué, si tu vas buter sur des mots, quand tu regardes un commentaire et que tu as quelqu'un qui est tout le temps en train de se reprendre, qui se trompe de joueur, c'est pas agréable. Tu te dis, attends, le mec, il est payé pour faire ça. Voilà, donc c'est pas... t'engages aussi personnellement en commentant un match. Donc, t'es à la fois ta caution personnelle et tu représentes ta chaîne aussi. Donc, il faut quand même avoir un certain niveau d'exigence pour pouvoir être à la hauteur.

  • Speaker #1

    Et j'ai presque envie de dire aussi que par rapport aux commentateurs qui ont un consultant à leur côté, c'est presque un autre métier parce que là, il faut être endurant quand même sur tout le match. Alors, tu disais il y a deux minutes qu'il ne faut pas parler pendant tout le match, effectivement, mais... Quand j'écoute un match, quand je regarde un match où le commentateur est unique, j'ai toujours ce côté qui me dit 90 minutes seul à trouver l'inspiration. Alors, ça dépend effectivement du rythme du match. Tu y as répondu d'ailleurs, parce que je voulais te demander comment gérer un match plat, mais tu en as parlé. Donc, c'est presque un autre métier en fait.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai que quand il y a un consultant... Il y a un autre élément qui entre en ligne de compte, c'est que tu as une curiosité naturelle. Je pense que là, tu peux t'appuyer là-dessus. Même quand je suis en bord-terrain, je commande souvent sur la Ligue 2 avec Robert Malm par exemple. Je n'hésite pas à lui demander s'il y a quelque chose que je vois sur le terrain, en direct, de lui dire comment vous vous l'expliquez, d'avoir son ressenti aussi en direct, parce qu'on le fait quand on regarde un match en dehors. Je ne vois pas pourquoi on ne le ferait pas en direct aussi. pour qu'il puisse partager son vécu. Et on a la chance, justement, d'avoir d'anciens joueurs pros qui ont une analyse différente, qui regardent les déplacements, qui regardent des choses où, nous, notre œil n'est pas forcément habitué.

  • Speaker #1

    Et ça apporte une plus-value.

  • Speaker #0

    Et ça, c'est forcément une plus-value. Et après, ne serait-ce que dans le suivi d'un match, quand tu as deux voix, forcément, c'est différent aussi, parce que tu as moins ce côté redondant. d'entendre toujours la même personne et c'est pour ça aussi que c'est intéressant et important de savoir se taire quand t'es tout seul parce que sinon tu vas endormir tout le monde si tu parles, tu parles, tu parles, tu parles, tu parles tout seul au bout d'un moment les gens ils t'entendent plus en fait et le but c'est qu'ils t'entendent quand t'as un truc intéressant à dire

  • Speaker #1

    Alors dans les commentaires il y a un autre aspect qui est très important selon moi, c'est la transmission de l'émotion, on en a déjà un peu parlé tout à l'heure j'ai écouté le résumé d'un match euh... Il me semble que c'était toi qui étais au commentaire du Saint-Brieuc-Nice. Le deuxième but de Saint-Brieuc, parce que pour refaire le match, Nice ouvre le score, et Saint-Brieuc marque à la 88e et gagne à la 93e, il me semble. Et donc, sur le deuxième but de Saint-Brieuc, on sent le commentateur, mais on sent aussi le passionné qui est en train de vivre un super moment.

  • Speaker #0

    Oui, c'est la magie de la Coupe de France. Et là, franchement, on n'a pas vraiment à se forcer pour... Moi, je n'aime pas surjouer de toute façon, mais souvent, ça vient naturellement. Tu te prends au jeu, même quand tu commentes un match obscur. Si tu sais qu'il y a un enjeu pour le maintien, tu te mets à la place des supporters aussi. J'essaye de le vivre comme ça pour rendre un match intéressant jusqu'au bout. Et c'est vrai que là, l'enthousiasme n'était pas fin. C'était vraiment David contre Goliath. Et là, au bout du bout, d'avoir un but comme ça, c'est juste incroyable de pouvoir le transmettre. Et c'est vrai qu'à ce moment-là, ça, c'est le scénario idéal. Parce qu'en fait, tu te laisses porter par tes émotions aussi. Donc, je suis content que toi, tu aies pu le ressentir aussi comme ça. Mais c'est vrai que moi, j'adore la Coupe de France pour ça. Parce que c'est vrai que c'est une évidence. Mais forcément, de voir les exploits comme ça des... des plus petits sans être partisans. Sinis avait mis un magnifique but de 30 mètres, j'aurais gueulé de la même manière. Parce qu'on apprécie la beauté du geste. Mais c'est vrai que là, sur ces moments-là, c'est hyper important et ça ne veut pas dire forcément faire des grandes envolées parce que moi, ma référence, comme beaucoup dans le commentaire, c'est Thierry Gilardi, avec sa voix particulière aussi. Et en fait, c'est vrai que maintenant, en réécoutant des commentaires, je me rends compte qu'en fait, il... Il disait juste « 72ème minute, Paris mène 1-0 » ou « Lens égalise » . Il n'y avait rien d'incroyable. Mais la façon de le dire, la façon d'accompagner le but, vraiment, il ne se plaçait pas en personnage principal. Mais voilà, toujours ce qu'on disait, cette notion de passerelle avec le public pour transmettre ses émotions. Et vraiment, moi, c'est quelque chose que... que j'ai adoré. Après, petit à petit, moi, je me challenge aussi en essayant justement d'éviter de dire juste but, c'est au fond, voilà, d'essayer d'apporter une plume aussi, comme le font beaucoup de commentateurs maintenant. Et bon, pour moi, c'est mon axe de progression. Je ne suis pas assez bon là-dessus encore. Mais je trouve que c'est plaisant aussi quand, voilà, j'aime bien les rimes, voilà, des journalistes qui sont capables d'aller chercher La petite phrase qui va rester, qui va marquer. Et ça, je trouve ça intéressant aussi, à condition que ça accompagne ce qui se passe sur le terrain.

  • Speaker #1

    Thierry Gilardi, la lumière est venue du chevalier blanc.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    C'est flou, en fait. C'est vrai que cette phrase-là, elle est restée. Et puis bien sûr, pas ça, Zinedine, pas ça, pas après tout ce que tu as fait.

  • Speaker #0

    C'est des phrases qui marquent. Et c'est vrai que sur ce commentaire sur l'exclusion de Zidane, c'est typiquement c'est les émotions qui qui qui parle parce que ça, c'est pas un truc... Autant sur un but, parfois, on peut se dire « Tiens, il l'a écrit, il avait prévu de dire ça. » Là, c'est imprévisible. Donc, c'est le talent et les émotions qui parlent et qui retranscrivent ce que des millions de Français pensent à ce moment-là. Et c'est pour ça que ça marque, parce qu'en fait, on s'identifie tous à ce qu'il dit. Et c'est ça que je trouve hyper fort, c'est qu'en fait, presque tout le monde aurait pu le dire. Lui, il a dit comme ça avec le... ton qu'il fallait, la voix qu'il fallait. Après, ça, c'est un don qu'il avait.

  • Speaker #1

    Tu as des retours sur les réseaux sociaux après les matchs ? Ça arrive ou ça reste à la marge ?

  • Speaker #0

    Franchement, pas énormément. Ça dépend des matchs. Après, je ne suis pas un grand fan d'aller voir non plus ce qui se dit sur les réseaux sociaux. Mais en général, pas forcément. Je pense que les commentateurs qui sont plus exposés sur des affiches un peu plus suivies, On s'en doute un peu plus de retour. Après, c'est rare que sur les réseaux sociaux, on voit qu'est-ce qu'il est bon ce commentateur. On va souvent lui tomber dessus. Après, s'il fait 89 minutes excellentes et que la dernière, il balance une saucisse en se trompant de nom de joueur, tu peux être sûr que cette erreur-là, elle va ressortir. Alors qu'il n'y aura personne ou très peu de gens pour dire le reste du temps, il a été excellent. Donc ça ne veut pas dire que les gens ne le pensent pas, mais en tout cas sur les réseaux sociaux, je remarque quand même que globalement il y a plus facilement des critiques pour les commentateurs en tout cas. Par exemple quand on parlait du documentaire et tout, nous on a eu des gens aussi qui étaient capables de dire « j'ai beaucoup aimé » , mais pour les commentateurs je trouve que j'ai l'impression qu'on considère que c'est normal qu'un commentateur commande bien, et par contre il est facilement critiquable à la moindre erreur.

  • Speaker #1

    C'est un peu comme l'arbitre.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Ou le gardien de but.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est des postes exposés on va dire.

  • Speaker #1

    On oublie aussi que la majorité silencieuse n'est pas sur les réseaux sociaux.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est pour ça que je trouve que ce n'est pas forcément révélateur non plus. Et encore une fois, même si quelqu'un va te faire une critique, ça ne veut pas dire que les 9 autres sur 10 pensent la même chose. Donc bon, ce n'est pas évident d'avoir un retour là-dessus. C'est important d'avoir un regard sur l'extérieur et c'est important aussi, je pense, de faire son autocritique, de savoir se réécouter aussi parce qu'on est aussi notre premier public et je pense qu'on peut facilement gommer des petites erreurs en réécoutant ce qu'on a pu dire.

  • Speaker #1

    Alors, on a parlé d'arbitrage là en parallèle. Ça me permet de saisir la perche que tu me tends pour notre dernier sujet, c'est-à-dire qu'on va parler du documentaire relatif à l'arbitrage qui s'appelle Passion sous pression, qui est sorti il y a un an environ, qui met en valeur les arbitres, leur quotidien, leurs difficultés, leurs craintes, tout ce qu'il faut gérer autour de cette profession. Donc déjà, pour commencer... Je voulais savoir comment vous avez eu l'idée d'un tel reportage en fait.

  • Speaker #0

    Alors déjà au départ, c'était avec Guillaume Truyer, donc il suit les Bleus avec moi, comme je te le disais tout à l'heure. On avait envie de se lancer un petit challenge tous les deux et d'essayer de travailler sur un projet de documentaire. Et moi, j'avais déjà eu cette idée parce qu'en fait, déjà c'est parti de... de sujets, reportages qu'on faisait régulièrement, ponctuellement, sur la sonorisation d'un arbitre. On l'avait fait par exemple avec Gaël Angoula, sur un Metz Bordeaux en Ligue 2. C'est un parmi d'autres, mais on en a fait plusieurs, qui avaient été très appréciés. Pour le coup, on parlait de commentaires, il y avait eu beaucoup de commentaires positifs, en disant « Ah, on ne voit jamais ça, ça fait plaisir de voir un arbitre, on n'entend jamais ce qu'ils disent » . Après, il y a toujours des critiques, ou des critiques par rapport à l'arbitre, mais on voyait que ça faisait beaucoup réagir. avec ce thème récurrent qui disait « enfin quelque chose de nouveau » . Et nous, on est partis de là en se disant « qu'est-ce qu'on peut amener de nouveau dans le foot ? » Alors qu'on a déjà suivi des équipes en inside, on a fait des reportages sur des joueurs, on est régulièrement au bord des pelouses pour suivre les uns les autres. On s'est dit « en fait, l'arbitrage, c'est quand même un des rares domaines où finalement il y a beaucoup de zones d'ombre, il y a beaucoup de questionnements et tout. Et il se trouve que moi, je suis un ancien arbitre. J'ai arbitré quand j'étais jeune dans le district de l'Essonne, en région parisienne, avant de commencer en école de journalisme. Et ça m'a énormément appris sur le contact avec les joueurs, la façon de gérer un match, les lois du jeu qui me servent aussi quand je commente une rencontre. Et j'avais envie de montrer aussi la difficulté. d'arbitrer au niveau amateur parce que pour moi, ce n'était pas uniquement l'arbitrage pro, c'était aussi la difficulté de commencer parce que moi, j'ai commencé justement jeune et je me suis dit en fait, c'est un parcours du combattant pour pouvoir arriver jusqu'au top niveau. Et j'avais envie de montrer ça, donc j'en ai parlé avec Guillaume qui lui avait un regard très intéressant aussi sur l'arbitrage pro, mais moi, j'avais ce vécu-là en termes de… d'arbitrage amateur. Et on a très vite progressé là-dessus, sur les questionnements qu'on se posait. On est vraiment parti sur ce qu'on a envie de savoir d'un arbitre et d'essayer au maximum d'avoir des questions naturelles en se disant, si nous on a des questions, je pense que le grand public en aura encore plus. Donc si on arrive déjà à répondre à ces questions-là, on aura peut-être montré quelque chose qu'on voyait assez peu. comme fil rouge la possibilité de mettre un micro sur les arbitres pour pouvoir justement être en immersion totale sur leur match aussi, mais les voir aussi en dehors. Et après, on a fait ça en partenariat aussi, en discussion avec la direction de l'arbitrage qui nous a ouvert pas mal de portes pour pouvoir justement montrer des choses qui n'avaient jamais été montrées, ou très peu. Et c'est pour ça qu'on a vraiment... ça a été un gros gros boulot tout au long de la saison.

  • Speaker #1

    mais ça a été un vrai plaisir de pouvoir se dire enfin on arrive à montrer un truc qu'on ne voit pas ailleurs c'est presque d'utilité publique de voir comment alors j'invite tous ceux ou celles qui ne l'ont pas vu à aller voir sur Youtube, il est disponible ça s'appelle Passion sous pression et effectivement tu parles de l'arbitrage amateur alors sont évoquées les violences malheureusement qu'ont subi certains arbitres dont un qui est vraiment poignant parce qu'on voit que ça a beaucoup marqué l'arbitre en question. Il y a aussi l'arbitrage féminin, Carla Benedetto, on voit toutes les difficultés qu'elle a à l'apprentissage de la profession. Ses arbitres sont guidés dans un premier temps et après, effectivement, ils prennent leur envol. Et c'est très intéressant de voir les difficultés qui peuvent être les leurs sur un match amateur. Tout simplement, une question de crédibilité, une question de...

  • Speaker #0

    Je pense toujours à la gestion des joueurs sur le terrain. Mais en fait, moi, ce qui m'avait marqué, c'est que le plus dur, c'était ce qu'il y avait en dehors. Finalement, quand le SSK l'a confirmé aussi, c'est qu'une fois que le match commence... Bon, évidemment, il y a du travail, mais en fait, c'est du plaisir. Ce qu'il y a autour, avant, après, c'est beaucoup moins plaisant. Parce que c'est vrai qu'en général, moi, quand tu commences à cet âge-là, j'ai commencé à peu près comme Carla quand tu as eu autour d'une vingtaine d'années. Tu te retrouves parfois à arbitrer des adultes aussi. Et en fait, tu arrives, il faut te faire respecter par tout le monde, alors que toi, déjà, tu as du mal à t'affirmer. Et il faut dégager une certaine autorité pour ne pas se faire marcher dessus, auprès des parents qui sont autour, auprès des dirigeants qui essayent tous de grignoter cette part d'autorité, de prendre l'ascendant sur toi, même si ce n'est pas forcément d'une mauvaise intention au départ. Mais voilà, ça arrive régulièrement. Et Carla, en plus, en étant une fille, avait des difficultés supplémentaires par rapport à ce que moi j'ai vécu. Et c'est vrai que quand on en avait discuté avec les dirigeants de l'arbitrage français, on a eu cette volonté commune aussi de pouvoir avoir une personnalité féminine dans le documentaire pour pouvoir avoir un regard différent aussi sur ce qui est vrai déjà pour les jeunes arbitres. Et encore plus quand on est une fille dans un monde de garçons en l'occurrence, puisque Carla était arbitre d'une rencontre masculine.

  • Speaker #1

    Ce qui ressort de ce reportage, moi, ce qui m'a un peu marqué, c'est la difficulté, que ce soit des arbitres amateurs ou des arbitres professionnels, à gérer l'après-match quand parfois, malheureusement, il y a des décisions erronées. Le joueur finit son match, l'arbitre finit son match, mais psychologiquement, il est encore dedans pendant 3-4 jours.

  • Speaker #0

    Moi, c'est ce qui m'avait marqué et ce que j'avais dit à Guillaume. Moi, j'aimerais bien voir comment vit un arbitre après ça. Parce que moi, je me souviens, je ne sais plus, je devais être au lycée ou à la... Non, j'étais à la fac à ce moment-là, en licence. Et je me souviens, dans la semaine, des fois, je repensais à certaines décisions en me disant, avec des mots qui résonnent, je ne vais pas les redire, mais sur soit des insultes, soit des critiques assez vives. Et quand on est jeune, franchement, c'est marquant.

  • Speaker #1

    Il faut l'encaisser.

  • Speaker #0

    Quand on prend ça pendant toute une rencontre ou qu'on ne se sent pas en sécurité forcément pendant le match, on se dit dans un coin de la tête comment ça va se terminer à l'arrivée. Je me dis déjà au niveau amateur, ce n'est pas évident. Alors quand en plus il y a la télé, les médias, les supporters, les présidents autour, comment ces gens-là arrivent à vivre avec cette pression-là ? Et c'est comme ça qu'est venu le titre aussi, Passion sous pression, parce que c'est une passion au départ. C'est tous des passionnés de foot. C'est un régal de pouvoir parler de foot avec un arbitre et tout. Mais après, il y a une vraie pression quand on est vraiment sur... Peu importe le niveau, c'est des pressions différentes. Mais c'est loin d'être de tout repos. Et là, on parle vraiment du cadre du match. Après, il y a en plus tous les sacrifices qui sont faits autour, qu'on a essayé de montrer aussi, quand on a été marqué par la phrase de Benoît Bastien qui nous dit... tout au long d'une année, on a plus de 200 jours qu'on passe hors de chez nous. On s'est regardé pendant l'interview avec Guillaume, et on l'en a reparlé après, c'est colossal. Nous, en plus, ça résonnait d'autant plus avec ce vécu pour les compétitions internationales. Et quand on se dit qu'un arbitre passe 200 nuits hors de chez lui, c'est vraiment des choses que l'on ne voit pas et qu'on a essayé de retranscrire pour le grand public aussi. Pas forcément pour avoir de l'indulgence.

  • Speaker #1

    Mais au moins pour comprendre tout simplement. Voilà, comme je disais tout à l'heure, il y a une telle exigence et une telle injustice dans les réactions. C'est fou. On en parlait avec David Benesch, c'était mon dernier invité. J'avais abordé le fait que M. Ovrebo, l'arbitre international norvégien, ne s'était jamais remis du Chelsea-Barça en 2009. Effectivement, les arbitres doivent subir de ces pressions. C'est assez incroyable. Dans ce reportage, tu parlais de Benoît Bastien. Il y a deux choses qui m'ont marqué. La première, elle est évidente, mais quand on le voit, on s'en rend compte davantage. C'est l'incroyable condition physique qu'il faut avoir pour tenir un match de haut niveau avec des joueurs professionnels. La deuxième, parce que je n'avais jamais vu l'arbitrage sous cet angle-là, c'est l'analyse des équipes en fonction des joueurs. C'était un Lyon-Strasbourg en Coupe de France. Et il a orienté son arbitrage en fonction du profil des joueurs, du côté où pencherait le jeu, en demandant à ses assistants justement qu'il serait d'un côté particulier, donc de l'autre côté, il faudrait l'assister davantage. C'est presque du management d'équipe.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vraiment ça. Et c'est comme ça qu'ils se définissent d'ailleurs. C'est vraiment un manager d'équipe. Et nous, on parlait de curiosité naturelle. Moi, c'était une des séquences que je voulais absolument pouvoir déjà vivre. et retranscrire dans le documentaire cette préparation des arbitres avant le match, ce briefing. Je l'avais fait une fois au début de B-In et ça m'avait vraiment marqué. Je m'étais dit que j'aimerais bien pouvoir vraiment le revivre. Et c'est vrai que c'est très difficile parce qu'il y a un énorme travail tactique. Benoît Bastien nous disait qu'il passait plus de 12 heures à regarder des matchs pour analyser le jeu des équipes. Et en même temps, tu ne peux pas te conditionner. C'est ce qu'il expliquait, c'est qu'en fait, si tu pars dans l'idée qu'un Verratti, pour reprendre l'exemple qu'il nous donnait, va forcément venir discuter et qu'il va falloir le calmer en lui mettant un carton jaune, tu es déjà conditionné pour lui mettre un carton. Et il dit en fait, il faut savoir anticiper et en même temps ne pas tomber dans la facilité et se dire, ça va forcément se passer comme ça, un tel va être agressif, voilà. et c'est vrai que tactiquement c'était assez intéressant de voir comment ils abordaient le match. Et c'était marrant parce qu'on en a discuté, justement, on parlait des consultants, avec les consultants à BIN, et certains me disaient, mais pour qui il se prend ? Il analyse la tactique ou il juge la tactique d'un entraîneur ? Je dis non, ce n'est pas ça en fait.

  • Speaker #1

    C'est de l'anticipation.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas un jugement pour dire un tel va jouer long ou machin. C'est plus de dire attention à tel point. C'est une équipe qui balance, qui joue de longs ballons, donc ça va aller très vite dans le dos. Il va falloir être capable d'accélérer ou d'avoir un œil sur le hors-jeu en permanence. Et c'est vrai que du coup, ça permet aux assistants aussi de savoir à quoi ils vont devoir s'attendre. Et il y a une vraie collaboration, parce que finalement, on se rend compte qu'il y a 22 joueurs sur le terrain. Eux, ils ne sont que quatre avec le quatrième arbitre. Et il y a cette volonté de réussir à se compléter parfaitement pour pouvoir quadriller le terrain au niveau visuel. Parce que je peux vous dire qu'en étant arbitre sur le terrain, même au niveau amateur, franchement, pour avoir les yeux sur le départ du ballon, sur les joueurs derrière qui s'accrochent, sur la surface de réparation, sur les assistants et tout, franchement, c'est vraiment très, très dur d'avoir le regard partout. Et eux ont en plus cette notion, comme tu le disais, physique, pour avoir une condition incroyable et pouvoir être capable de suivre, d'être placé au mieux. par rapport au ballon. Donc ça fait énormément de paramètres à maîtriser. Et ce n'est pas évident de le retranscrire en une heure, mais c'est ce qu'on a essayé de faire pour montrer justement la complexité au-delà des décisions, parce qu'à aucun moment on dit que l'arbitre prend toujours les bonnes décisions, eux-mêmes le disent d'ailleurs, mais au moins de comprendre ce qui peut amener aussi un arbitre à prendre une mauvaise décision, parce que quand on multiplie les courses, ce qu'on dit dans le documentaire, il court autant qu'un joueur, 11-12 kilomètres, avec beaucoup d'intensité aussi, beaucoup de sprint, c'est d'avoir la fraîcheur pour être capable de prendre la bonne décision au bon moment, c'est vraiment pas évident.

  • Speaker #1

    Alors l'objectif, bien entendu, c'est pas de plaindre les arbitres, c'est d'avoir une vision objective de la situation. Parce que quand on observe, il y a tous les stages de préparation, les moments d'absence dans la vie privée, comme on en parlait pour le journalisme tout à l'heure, il y a tous ces préparatifs, Il y a toute cette pression, tout peut s'écrouler en une décision.

  • Speaker #0

    Bien sûr, c'est exactement ce que dit Benoît Bastien. Il dit que tu peux faire le meilleur match, tu peux construire ton match de manière hyper solide et sur une décision ou sur un moment où tu tournes la tête au mauvais moment, tu peux te faire avoir. Et même avec la VAR, on se rend bien compte que la VAR ne résout pas tous les problèmes. Et on pense souvent que les arbitres, justement, se réfugient derrière ça en se disant « de toute façon, il y a la VAR » . Mais pour les avoir côtoyés pas mal, eux, alors déjà, même sur la Ligue 2, il n'y est pas. Mais il y a une volonté de réussir à se débrouiller au maximum sans l'analyse vidéo aussi derrière, pour pouvoir prendre ces décisions-là. Donc c'est vrai qu'il y a beaucoup de complexité. et eux ce qui m'a marqué c'est qu'en fait Ils ont cette volonté de se faire comprendre parce que, c'est ce qu'ils expliquent tous, c'est qu'en fait, tu peux mieux tolérer quelque chose que tu comprends. Si tu ne comprends pas une décision, que tu ne sais pas pourquoi elle est prise... tu ne peux pas l'accepter ou mieux la comprendre en tout cas. Alors que c'est vrai que le fait d'être sonorisé permet de résoudre un nombre de conflits assez incroyable. Et en fait, on se rend compte qu'en France, tout le monde parle à peu près de la même voix, que ce soit les arbitres comme la direction de l'arbitrage pour accéder à cette sonorisation. Et malheureusement, ça vient d'au-dessus. C'est l'IFAB qui gère, qui dirige les lois du jeu. qui pour l'instant n'a pas ce point de vue-là. Et on était très contents aussi de pouvoir avoir ce point de vue aussi de l'IFAB, justement pour essayer de comprendre un peu les arguments qui font qu'on n'entend pas systématiquement les arbitres en direct. Et après, on l'a fait écouter aussi à Anthony Gauthier, le patron des arbitres français. Et même en l'écoutant, ces arguments-là, lui ne comprenait pas. Mais c'est vrai que nous, on est sortis sans vraiment être convaincus, mais au moins, on avait les arguments de ce côté IFAB.

  • Speaker #1

    Alors moi, je suis plutôt pour une sonorisation, mais je vais me faire l'avocat du diable, entre guillemets. C'est-à-dire que je trouve qu'un des points intéressants de l'argumentaire de l'IFAB, c'est de se dire que finalement, il y aura toujours du mécontentement. Il y aura toujours du mécontentement. Avant l'AVAR, il y avait du mécontentement. Après l'AVAR, il y a du mécontentement. Je pense que si on va plus loin, ça sera très bien. Mais le mécontentement sera encore plus exacerbé, je pense, de la part des gens qui crient à l'injustice. Je trouve qu'on est dans une course contre l'injustice envers les arbitres qui est sans fin, en fait. Je trouve que les gens vont plus loin.

  • Speaker #0

    C'est la nature même de l'arbitrage, c'est de diviser, parce que quand tu as une décision à prendre, si elle est contre ton équipe, tu ne seras jamais content de la décision qui est prise, même si elle est bonne. Donc après, je pense que... le fait d'être sonorisé peut te permettre de savoir pourquoi elle est prise. Ça ne veut pas dire que tu seras d'accord ou que tu seras content de la décision, mais au moins, tu auras un peu plus d'arguments en faveur de la décision ou de savoir un peu plus pourquoi elle est prise. Peut-être qu'en sachant ça, tu te diras, moi, je n'aurais pas pris cette décision-là. Mais je pense que ça permet quand même de savoir un peu mieux ce qu'il en est. Après, c'est vrai que quand... On discutait avec Lucas Brood, qui représente l'IFAB. Lui aussi nous disait qu'il n'avait pas envie que l'arbitre soit le personnage principal de la rencontre. Mais bon, quand c'est lui qui doit décider s'il y a pénalty ou pas,

  • Speaker #1

    il l'est déjà.

  • Speaker #0

    Oui ou non, il l'est déjà. Avec ou sans sonorisation, il l'est. Par contre, en lui donnant la possibilité d'expliquer indirectement, parce que ce n'est même pas forcément au public, c'est... c'est déjà de l'expliquer au joueur. En tout cas, lui le fait, mais qu'on sache ce qu'il dit au joueur, qu'on sache pourquoi il prend telle ou telle décision, déjà, ça t'aide à la comprendre. Après, évidemment, c'est sûr qu'on ne sera jamais 100% d'accord avec la décision d'un arbitre. C'est un peu, de toute façon, l'essence même du supporter. Si un supporter était de bonne foi, ça se saurait.

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, ça, ce n'est pas faux. On s'est tous plaint de décisions arbitrales. On ne va pas faire les anges. mais... Donc ça serait positif, cette sonorisation, parce que de toute façon, les arbitres ne veulent pas que tout le monde soit d'accord avec eux. Eux, ils veulent simplement s'expliquer.

  • Speaker #0

    De toute façon, eux, ils diront les mêmes choses sur le terrain. C'est juste qu'en fait, on sera plus nombreux à les entendre. Et après, nous, franchement, en toute objectivité, on n'a eu aucun problème avec les sonorisations. C'est dans tous les sujets que j'ai fait, même en dehors du documentaire. Il n'y a pas eu de séquence où on s'est dit, là, ça, c'est dur, on ne peut pas le passer. Tu as vu comment il parle, qu'il parle aux joueurs. Et ça prouve aussi que, alors peut-être que, justement, les arbitres font attention aussi à la manière dont ils parlent aux joueurs quand ils ont un micro. Mais justement, ça peut permettre aussi d'apaiser un peu le dialogue. C'est ce qu'on disait avec les consultants aussi, qui nous disaient, franchement, des fois, on a des arbitres qui nous parlaient vraiment mal. Et certains disaient, ça permettrait d'apaiser un petit peu le dialogue, de... en sachant que de toute façon après ils vont être écoutés et les joueurs aussi d'ailleurs voilà c'est ce que j'allais dire ça permettrait aussi à certains joueurs pour le coup on a entendu beaucoup plus de joueurs qui eux dans leur match ont pété les plombs ou ont oublié qu'ils étaient sonorisés et là pour le coup eux

  • Speaker #1

    on les entendait bien il y a un autre point dans le documentaire qui est très intéressant c'est l'entraînement à la sonorisation après la VAR, après une décision VAR parce qu'on sous-estime Mais la difficulté pour un arbitre qui a déjà tout ça à gérer, son match, les décisions, les bancs, les joueurs, s'adresser à tout le stade, ce n'est quand même pas quelque chose d'inné. C'est ce qu'il a géré.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas le cœur de leur métier. Et nous, on le voit déjà quand on... Quand on parle comme ça entre nous et d'un coup on se met devant une caméra, déjà, même pour quelqu'un du métier, il y a un switch à faire pour être capable de parler à une caméra. Et c'est là qu'on se rend compte que c'est vraiment une vraie prise de parole en public. Et là, en plus, il y a à la fois l'image, mais il y a aussi le son, parce que c'est ce qu'on disait, un arbitre court 12 kilomètres par match, il faut être capable d'avoir la bonne décision. de l'exprimer correctement, parce que là, c'est pareil, si un arbitre, on parlait d'un commentateur, mais si un arbitre bute sur un mot, se trompe dans le mot qu'il emploie, là, les 60 000 personnes qui vont le regarder, il va le sentir passer. Et en plus, il va devoir affronter aussi justement la colère du public, dans des conditions pas forcément évidentes. Tout ça, en discutant avec les arbitres, c'est vraiment un truc qui les... Ce n'est pas le moment qu'ils appréciaient le plus dans le fait de s'ouvrir au public. Mais après, ils ont bien conscience que de toute façon, pour justement dans cette volonté de s'ouvrir, d'expliquer les choses, ils sont un petit peu obligés de passer par là. Mais c'est vrai que de le faire dans un stade avec toutes les contraintes qu'il y a autour, ce n'est franchement pas simple. Tout le monde ne s'improvise pas speaker.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Je voulais revenir sur ce documentaire. Je pense qu'on en a bien discuté.

  • Speaker #0

    Le cas est toujours dispo sur la page YouTube de BIN. Voilà,

  • Speaker #1

    parce que parfois, on dit qu'il y a des choses qui ont mal vieilli. Là, le reportage n'a pas du tout mal vieilli un an après parce qu'on sort d'une saison où les polémiques autour de l'arbitrage...

  • Speaker #0

    C'est ce qu'on s'est dit. D'ailleurs, c'est ce qu'on a dit. On en parlait avec Benoît Bastien aussi. Je lui disais, cette saison, on a beaucoup parlé de l'arbitrage. Il me disait, tu l'aurais fait il y a deux ans ou tu le feras dans trois ans, tu pourras me dire la même chose. C'est vrai que c'est un sujet permanent parce que forcément, une décision arbitrale, et j'ai envie de dire surtout dans le foot, ça fait toujours débat. Le documentaire risque de vieillir tranquillement pendant un paquet d'années.

  • Speaker #1

    Exactement. Mais voilà, je voulais mettre en exergue ce reportage parce qu'il était très intéressant.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, c'est gentil.

  • Speaker #1

    On arrive à la fin de notre interview, Alexandre. Alors, si tu as un dernier mot à ajouter, une anecdote, parce que je sais que les auditeurs et auditrices aiment bien les anecdotes, sur tes années being, un ou deux moments qui t'ont marqué sur un ancien joueur, sur un moment de match. Je t'écoute, le micro est ouvert.

  • Speaker #0

    Ouais, moi j'ai des anecdotes, t'imagines bien qu'en 13 ans, c'est vrai que c'est... En plus c'est marrant parce que c'est toujours une question qu'on pose justement aux joueurs, et moi je me dis à chaque fois, mais qu'est-ce que je répondrais ? Parce qu'en fait à Bruteport.com comme ça, de dire à quelqu'un, t'as une anecdote à me raconter, c'est jamais évident. Mais après moi je ferais un petit coucou à Margot Dumont, qui est une amie aussi, qui a quitté BIN pour rejoindre Canal+, et en fait on a connu beaucoup de... de reportage en dehors de la sphère foot avec pas mal de joueurs, où on mettait en valeur, à l'idée de Margot, la passion de certains joueurs complètement différentes du foot. La pêche pour Thomas Mangani, notamment. La culture créole pour Zachary Boucher du côté de Toulouse, je crois, à l'époque. On a vécu des super moments avec des joueurs dans un contexte complètement différent et ça faisait beaucoup de bien de les voir en dehors du rectangle vert. Je me souviens d'un tournage qu'on avait fait à Bastia, où on avait suivi Djibril Sissé. On avait fait une interview au stade, après il nous présentait sa ligne de vêtements. Je me souviens qu'on le suivait derrière sa voiture grosse cylindrée, je pense que tout le monde imagine bien. Et à un moment, on l'a perdu. Finalement, on le retrouve. Et en fait, il s'arrête devant un magasin animalier. Donc là, on ne comprend pas trop. Et on a attendu devant le magasin. Et finalement, il est sorti en nous disant « Je suis allé chercher une litière pour mon chat » . Il y a des fois des trucs, tu te dis « À quel moment je me retrouve à suivre Djibril Sissé qui va chercher de la litière pour son chat ? » Donc voilà, il y a des trucs assez improbables. Mais c'est vrai que moi, mes meilleurs moments, hormis les grandes compétitions, c'est vraiment de... De pouvoir apprendre à connaître les joueurs en dehors de tout ce qu'on voit, on va prendre les matchs les uns après les autres, et de pouvoir les découvrir en dehors, franchement, c'est un vrai plaisir. Et puis après, j'essaye de garder toujours cette petite flamme en se disant, quand j'étais petit, quel joueur j'aurais aimé voir ou qu'est-ce que j'aurais aimé apprendre. C'est aussi essayer de restituer au maximum ce qui, moi, m'a fait vibrer quand j'étais petit.

  • Speaker #1

    On ressent la passion en tout cas à travers tes propos. Et c'est vrai que par rapport à ce que tu dis sur Gibril Cissé, parfois on a tendance à oublier que les joueurs, ce sont des êtres humains. Ils ont leur quotidien, ils ont leur vie.

  • Speaker #0

    C'est génial de suivre ça, parce que des fois, il y en a qui, une fois j'ai suivi un joueur après l'entraînement, il me dit tiens, je vais me prendre un kebab et tout, t'en veux un ? Je dis mais t'as le droit ? Il me dit non, mais bon, de toute façon, je ne suis pas filmé. Il y a des trucs des fois improbables. où tu te dis, voilà, il y a une relation de confiance qui s'installe aussi. J'ai vécu des choses très fortes aussi avec Gaëtan Courtet, par exemple, quand il était à Reims, qui m'avait parlé du cancer qu'il avait affronté aussi. Il y a des moments, et c'est toujours un ami aujourd'hui, donc il y a des choses qui dépassent le foot. On se dit finalement, marquer un but, ce n'est pas grand-chose à côté. Et voilà, de vivre ces moments-là, franchement, c'est... C'est des choses qu'on garde à vie. Et de pouvoir garder des relations avec des joueurs une fois qu'ils arrêtent leur carrière ou même quand on ne se voit pas tous les jours, c'est quand même plaisant de pouvoir avoir un autre regard sur eux.

  • Speaker #1

    C'est qu'ils ont aussi capté la sincérité de ta démarche dans ton métier aussi. Donc c'est aussi une relation de confiance.

  • Speaker #0

    Oui, sûrement, bien sûr. Après, c'est vrai que ça s'entretient aussi. moi je... J'ai heureusement jamais été dans cette course à l'info. On n'a jamais été sous pression à BIN pour sortir une info à tout prix, quitte à briser une relation qu'on peut avoir avec quelqu'un. Et ça, c'est vrai que c'est très plaisant. Ce n'est pas le cas de tous les médias. Ce n'est pas le cas de tous les confrères qui, parfois, ont des pressions de leurs employeurs pour sortir une info. Nous, on n'a jamais été là-dedans. Ce qui fait qu'on peut se regarder dans une glace sereinement, parler sereinement avec les gens. en se disant, voilà, si tu veux me dire quelque chose, tu peux être en confiance, ça ne sortira pas. Et franchement, je n'ai pas énormément d'exemples comme ça qui me viennent. De gens qui auraient trahi cette confiance, ça a dû arriver, parce que Billin n'est pas au-dessus des autres médias non plus. Mais en tout cas, je suis content de bosser pour cette chaîne-là, aussi pour ça, parce qu'on n'est pas dans la recherche du buzz ou de la polémique en permanence. Et du coup, on peut bosser sereinement sans avoir quoi que ce soit caché.

  • Speaker #1

    Petite dernière question, est-ce qu'il y a des aspects du métier que tu n'as pas encore abordé et que tu aimerais bien découvrir dans les années qui viennent ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Là, j'ai plutôt l'impression d'avoir touché à pas mal de choses dans ce que je peux faire. C'est vrai que quand j'ai commencé, le côté présentation me plaisait pas mal, présenter une émission. Alors, je l'ai fait pas mal en... en chroniqueur, c'est-à-dire en journaliste plateau, c'est-à-dire à côté d'un présentateur pour apporter des statistiques. Mais ce n'est pas moi qui présente l'émission. Après, c'est vrai que justement, en ayant ce rôle-là, je me rends compte aussi de la pression que ça représente. Ce n'est pas toujours évident d'être à l'aise avec le leadership sur une émission, toutes les caméras, l'organisation aussi à avoir pour savoir gérer le stress, le direct. avec des fois des éléments qu'on ne maîtrise pas, ce n'est pas forcément évident non plus. Donc voilà, aujourd'hui, c'est peut-être moins prégnant que le désir que je pouvais avoir au départ. Mais je suis très content d'avoir pu toucher un petit peu à tout aussi. Et puis c'est aussi important parce que ce travail de reporter, c'est aussi très physique. On n'en a pas trop parlé, mais c'est vrai que... Pour moi, il y a une dimension physique qui est quand même très importante parce que quand je pars en reportage, j'ai 30 kilos de matériel à travailler. Et forcément, au bout de 13 ans, j'ai une vraie lassitude physique par rapport à ça. Donc, c'est vrai que de pouvoir m'ouvrir à d'autres choses moins pénibles physiquement et qui stimulent en plus ma curiosité et me permettent de me challenger, comme je te le disais. C'est une vraie plus-value aussi pour moi, pour garder une certaine fraîcheur. Parce que c'est vrai que si tout était basé sur les tournages en permanence, ça c'est des choses que les gens ne voient pas forcément. Mais c'est vrai que c'est très fatigant. Et on a beau rencontrer des joueurs qu'on adore, quand on passe toute la journée en partant à 5h du mat' en rentrant à 1h du matin, avec 30 kilos de matériel à trimballer, on a beau rencontrer une immense star, c'est pas toujours évident. Mais bon, après, ça fait partie des contraintes. pour pouvoir profiter aussi à fond.

  • Speaker #1

    Écoute, on a parlé du passé, on a parlé du présent et on a parlé éventuellement de l'avenir. Je pense qu'il n'y avait pas plus belle conclusion. Je te remercie une nouvelle fois d'avoir accepté mon invitation. Ça a été un débat passionnant. On a parlé de beaucoup de choses. On a découvert les facettes du métier. C'est ce que je voulais vraiment mettre en exergue pendant ce podcast. Merci pour tout. Bonne continuation.

  • Speaker #0

    J'ai toujours essayé de répondre aux sollicitations parce que moi, quand j'étais plus jeune, j'étais content qu'on me réponde. Donc, j'essaye de faire pareil aujourd'hui, maintenant que je suis de l'autre côté de la barrière, on va dire.

  • Speaker #1

    C'est une barrière que je découvre à mon tout petit niveau. Je suis déjà très content de pouvoir bien...

  • Speaker #0

    Et c'est bien justement que ça devienne plus une passerelle qu'une barrière. Donc, j'espère que ce genre de moment pourra favoriser cette passerelle-là.

  • Speaker #1

    Eh bien, je te remercie en tout cas et je te souhaite bonne continuation. Et encore une fois, merci pour tout.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci. Cet épisode est maintenant terminé. Si vous l'avez aimé ou apprécié, n'hésitez pas à liker, commenter, ajouter une note de 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. N'oubliez pas également de vous abonner et activer les notifications pour être informé des nouveaux épisodes d'ADN Foot tous les premiers lundis du mois à 20h. Le compte Instagram ADN Foot-8, le podcast Tout Attaché et le profil Facebook Brahms ADN Foot sont également à votre disposition pour suivre l'actualité de ce podcast. Il ne me reste plus qu'à vous remercier d'avoir écouté cet épisode et à vous donner rendez-vous le mois prochain pour de nouvelles aventures sur ADN Foot. D'ici là, portez-vous bien !

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Commenter un match de football seul en cabine

    00:48

  • Le vécu d'un consultant bonifie le commentaire d'un match

    07:44

  • Transmettre l'émotion aux téléspectateurs

    09:00

  • Thierry Gilardi, la simplicité au service de l'efficacité

    10:40

  • Les avis des réseaux sociaux après les matchs

    12:58

  • Passion sous pression : La genèse de ce documentaire sur les arbitres

    14:59

  • Focus sur Carla Benedetto, arbitre de district

    18:50

  • L'arbitre et la difficile gestion des erreurs d'arbitrage post match

    21:24

  • Benoit Bastien : Des heures de vidéos pour préparer un match

    24:21

  • Une mauvaise décision peut précipiter une carrière d'arbitre !

    28:24

  • L'IFAB contre la sonorisation des arbitres

    29:33

  • L'entrainement des arbitres pour s'adresser au public après une décision de la VAR

    34:20

  • Djibril Cissé, Thomas Mangani, des anecdotes marquantes avec Margot Dumont

    37:10

  • Quelle suite de carrière professionnelle ?

    42:13

  • Conclusion

    44:31

Description

#2B L’ADN FOOT d'Alexandre Carré, journaliste chez beIN SPORTS !


Deuxième partie de l'entretien avec Alexandre Carré, Journaliste Reporter d'Images expérimenté avec plus de 10 ans de carrière chez beIN SPORTS.


Dans ce second épisode, nous abordons l'expérience du commentaire d'un match seul en cabine, sans être présent au stade. Alexandre nous livre son expérience sur cet aspect du métier, entre la préparation nécessaire pour être à la hauteur de l'attente des téléspectateurs et la difficulté de restituer l'ambiance présente sur le terrain en question, même à distance. Un focus est également apporté sur l'émotion à restituer, pour aboutir à la meilleure expérience possible des supporters devant leur écran de télévision.


Nous revenons également au cours de cet entretien sur la réalisation du reportage "Passion sous pression". Ce documentaire met en avant l'arbitrage professionnel et amateur. Afin que le grand public prenne la mesure des difficultés inhérentes à cette fonction essentielle dans le football.


Les violences subies par certains arbitres, l'arbitrage féminin vu à travers Carla Benedetto, arbitre amateure, la préparation de matchs de Ligue 1 explorée grâce à Benoit Bastien et ses arbitres assistants… Autant d'exemples intéressants pour évaluer au mieux les difficultés rencontrées par ces passionnés du sifflet.


Nous évoquons dans la suite de l'épisode les technologies qui viennent en aide aux arbitres et l'adaptation nécessaire à ces outils pour une expérience optimale (VAR, sonorisation des arbitres, prise de parole en public après une décision de la VAR).


Enfin, Alexandre nous livre quelques anecdotes croustillantes sur les coulisses de son métier, notamment auprès des joueurs côtoyés durant toutes ces années de reportages pour beIN SPORTS.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    C'est la fin ! Eh, il a les cheveux mouillés, alors pas dehors ! Pas dehors ! On essaie de jouer au football ! Vous avez peur de quoi ? Vous avez peur de qui ? Pas chacun son tour, c'est tout le monde ensemble.

  • Speaker #1

    C'est là où l'ADN Foot est puissant. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur le podcast ADN Foot, parole de supporters. Durant chaque épisode, mon invité parlera de son amour pour le foot, de ses souvenirs les plus marquants à sa façon de le vivre aujourd'hui, en simple passionné, voire davantage si son activité professionnelle s'exerce autour de ce sport. C'est Brams au micro et c'est parti pour le deuxième volet de cet épisode d'ADN Foot avec Alexandre Carré, journaliste chez BeinSport. On va basculer sur... Le commentaire en lui-même d'un match de football, si ça te va. Parce que ça m'intéresse beaucoup aussi la façon dont on prépare le commentaire d'un match de foot. Notamment, quand je vous vois, parce que parfois, que ce soit toi ou d'autres, vous publiez un peu sur les réseaux sociaux avant le match, vous annoncez le match. Alors parfois, c'est au stade, mais parfois, c'est en cabine. Et alors ça, ce commentaire en cabine, moi, il m'intrigue beaucoup. Parce qu'il faut avoir le talent du commentateur. Il faut réussir à faire vivre le match alors que toi-même, tu n'es pas au stade. Et ça, ça m'intéresse beaucoup. J'aimerais savoir ce que tu as à me dire là-dessus, en fait.

  • Speaker #0

    Ce qui est très particulier, c'est qu'on me demande souvent comment ça se passe, comment tu vois le match et tout. Et moi, je dis souvent aux gens, en fait, vous, vous le voyez mieux que moi. Parce qu'on n'est pas à plaindre. On a plusieurs écrans. Un avec... avec le retour du match. Parfois, si on est par exemple dans un multiplex, on peut regarder aussi ce qui se passe dans le multiplex pour savoir à quel moment on intervient. Mais grosso modo, on a une télé qui est plus petite que celle que tu peux en général avoir dans ton salon. Et nous, on n'a pas d'autres images que celles qui sont diffusées. Donc, il faut bien savoir que s'il y a des remplaçants qui sont à l'échauffement, et que le réalisateur ne les montre pas, on ne peut pas le savoir. Si toi, tu ne les vois pas, moi, je ne les vois pas non plus. Donc, c'est vrai que c'est particulier parce que c'est une mécanique à avoir pour pouvoir déjà parfois réussir à reconnaître les joueurs quand tu ne les connais pas forcément super bien. C'est réussir à essayer de capter quand, par exemple, sur la Ligue 1, tu vas entendre des consignes de coach. C'est essayer de... de capter avec le son que tu peux avoir, mais grosso modo, on est dans les mêmes conditions que le spectateur lambda qui regarde. Ce qui fait que si tu n'as pas d'image différente, il faut que tu aies des infos qui soient, elles, pour moi, qui apportent un intérêt, plutôt que... Si, en fait, tu peux couper le son et que tu n'apprendras pas plus de choses, pour moi, le commentateur, il ne sert à rien, à part accompagner et crier but quand il y a un but. Pour moi, ça, c'est... C'est la finalisation du travail. Mais pour moi, le plus dur, c'est quand un match est pénible, parce qu'il faut le rendre intéressant. Et en fait, j'ai le souvenir, justement, on parlait de Charles Bietri, qui nous avait dit très vite au début de Bein, alors moi, je n'étais pas encore commentateur, mais j'avais écouté ça avec attention, et il disait aux commentateurs, il faut que vous réduisiez votre temps de parole de 50%. On parle trop à l'antenne. Et en fait, le plus dur, finalement, c'est de se taire. C'est en fait de savoir, d'être capable de gérer le tempo du match. Alors quand il y a évidemment de l'ambiance en tribune, c'est plus facile. Quand tu te tais et qu'il n'y a pas un bruit, c'est vrai que tu te dis que ça va être long. Mais pendant le Covid, c'était terrible la reprise où il n'y avait personne dans le salle. Alors oui, tu entends les consignes, ça c'est bien. Tu entends les consignes de coach, mais par contre, tu ne peux pas t'appuyer sur les deux virages qui se répondent. Ça, tu oublies. Donc c'est vrai que ça, c'est un élément à prendre en compte. quand le match est dynamique Il y a juste à accompagner. On est là pour faire vivre le rythme. On n'a pas le temps de raconter une anecdote sur l'arrière-droit dont le père était défenseur du Milan AC. Ça, c'est mort. Mais par contre, quand le rythme du match est plus lent, c'est aussi à nous de rendre vivant, d'apporter des choses aux gens. J'essaye toujours de chercher des petites anecdotes sur un jour ou l'autre. Des fois, il n'y en a pas et on fait avec. Mais il y a toujours des petites choses à raconter, que ce soit des statistiques sur la forme du moment, sur l'histoire personnelle d'un joueur, pour essayer d'apporter des choses aux gens. Moi, je considère que, et c'est pareil quand je fais un sujet, je considère que si une fois que le match s'est terminé ou que le sujet s'est terminé et qu'en fait, tu n'as rien appris, je pense que je suis passé un peu à côté. C'est que je n'ai pas réussi à transmettre ou à donner les infos qui auraient pu apporter. Porter quelque chose au spectateur. Après, il ne faut pas se mettre au-dessus de ce que l'on est. On est juste, comme je disais, une passerelle. Mais je pense que justement, on est là pour ça aussi, pour donner des clés aux gens, leur permettre de voir un match différemment ou de voir la performance d'un joueur différemment. Et personnellement, en toute modestie, c'est ce que j'essaye de faire. Après, je pars de loin parce que ce n'est pas mon métier premier. Et j'essaye à chaque fois de progresser là-dedans. Et en plus, commentateur, c'est difficile parce que tout le monde a un rapport différent au commentateur. J'en parlais il y a quelques jours avec mon beau-père qui me dit qu'il n'arrête pas de parler, qu'il sort complètement du match. J'aime bien les gens qui racontent des histoires aussi. Et lui, il me dit que je préfère qu'il se taise et qu'il reste à donner le nom des joueurs. Chacun son avis. Je pense que de toute façon, quoi qu'il arrive, quoi qu'on fasse, on ne contentera pas tout le monde. Après, c'est réussir à se créer son propre style et à apporter ce qui nous semble intéressant. Moi, je te dis, c'est de donner, je pense, des infos. Après, peut-être que d'autres diront que c'est d'être excellent dans les 30 derniers mètres pour faire vivre au mieux l'action, ce qui n'est pas incompatible d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Donc là, tu soulignes l'importance de bien préparer son match.

  • Speaker #0

    Quand on a la possibilité de le faire, qu'on est dans les bonnes conditions pour le faire, oui, c'est l'idéal. Après, on dépend aussi de ce qui se passe sur le terrain. Et puis après, il y a plein de choses qui entrent en ligne de compte pour n'importe quel travail. Des fois, on est en forme, des fois, on est moins bien. Voilà, ça aussi, ça joue. Et en plus, nous, c'est particulier parce que tu as la voix. Donc en fait, si tu es un peu fatigué, si tu vas buter sur des mots, quand tu regardes un commentaire et que tu as quelqu'un qui est tout le temps en train de se reprendre, qui se trompe de joueur, c'est pas agréable. Tu te dis, attends, le mec, il est payé pour faire ça. Voilà, donc c'est pas... t'engages aussi personnellement en commentant un match. Donc, t'es à la fois ta caution personnelle et tu représentes ta chaîne aussi. Donc, il faut quand même avoir un certain niveau d'exigence pour pouvoir être à la hauteur.

  • Speaker #1

    Et j'ai presque envie de dire aussi que par rapport aux commentateurs qui ont un consultant à leur côté, c'est presque un autre métier parce que là, il faut être endurant quand même sur tout le match. Alors, tu disais il y a deux minutes qu'il ne faut pas parler pendant tout le match, effectivement, mais... Quand j'écoute un match, quand je regarde un match où le commentateur est unique, j'ai toujours ce côté qui me dit 90 minutes seul à trouver l'inspiration. Alors, ça dépend effectivement du rythme du match. Tu y as répondu d'ailleurs, parce que je voulais te demander comment gérer un match plat, mais tu en as parlé. Donc, c'est presque un autre métier en fait.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai que quand il y a un consultant... Il y a un autre élément qui entre en ligne de compte, c'est que tu as une curiosité naturelle. Je pense que là, tu peux t'appuyer là-dessus. Même quand je suis en bord-terrain, je commande souvent sur la Ligue 2 avec Robert Malm par exemple. Je n'hésite pas à lui demander s'il y a quelque chose que je vois sur le terrain, en direct, de lui dire comment vous vous l'expliquez, d'avoir son ressenti aussi en direct, parce qu'on le fait quand on regarde un match en dehors. Je ne vois pas pourquoi on ne le ferait pas en direct aussi. pour qu'il puisse partager son vécu. Et on a la chance, justement, d'avoir d'anciens joueurs pros qui ont une analyse différente, qui regardent les déplacements, qui regardent des choses où, nous, notre œil n'est pas forcément habitué.

  • Speaker #1

    Et ça apporte une plus-value.

  • Speaker #0

    Et ça, c'est forcément une plus-value. Et après, ne serait-ce que dans le suivi d'un match, quand tu as deux voix, forcément, c'est différent aussi, parce que tu as moins ce côté redondant. d'entendre toujours la même personne et c'est pour ça aussi que c'est intéressant et important de savoir se taire quand t'es tout seul parce que sinon tu vas endormir tout le monde si tu parles, tu parles, tu parles, tu parles, tu parles tout seul au bout d'un moment les gens ils t'entendent plus en fait et le but c'est qu'ils t'entendent quand t'as un truc intéressant à dire

  • Speaker #1

    Alors dans les commentaires il y a un autre aspect qui est très important selon moi, c'est la transmission de l'émotion, on en a déjà un peu parlé tout à l'heure j'ai écouté le résumé d'un match euh... Il me semble que c'était toi qui étais au commentaire du Saint-Brieuc-Nice. Le deuxième but de Saint-Brieuc, parce que pour refaire le match, Nice ouvre le score, et Saint-Brieuc marque à la 88e et gagne à la 93e, il me semble. Et donc, sur le deuxième but de Saint-Brieuc, on sent le commentateur, mais on sent aussi le passionné qui est en train de vivre un super moment.

  • Speaker #0

    Oui, c'est la magie de la Coupe de France. Et là, franchement, on n'a pas vraiment à se forcer pour... Moi, je n'aime pas surjouer de toute façon, mais souvent, ça vient naturellement. Tu te prends au jeu, même quand tu commentes un match obscur. Si tu sais qu'il y a un enjeu pour le maintien, tu te mets à la place des supporters aussi. J'essaye de le vivre comme ça pour rendre un match intéressant jusqu'au bout. Et c'est vrai que là, l'enthousiasme n'était pas fin. C'était vraiment David contre Goliath. Et là, au bout du bout, d'avoir un but comme ça, c'est juste incroyable de pouvoir le transmettre. Et c'est vrai qu'à ce moment-là, ça, c'est le scénario idéal. Parce qu'en fait, tu te laisses porter par tes émotions aussi. Donc, je suis content que toi, tu aies pu le ressentir aussi comme ça. Mais c'est vrai que moi, j'adore la Coupe de France pour ça. Parce que c'est vrai que c'est une évidence. Mais forcément, de voir les exploits comme ça des... des plus petits sans être partisans. Sinis avait mis un magnifique but de 30 mètres, j'aurais gueulé de la même manière. Parce qu'on apprécie la beauté du geste. Mais c'est vrai que là, sur ces moments-là, c'est hyper important et ça ne veut pas dire forcément faire des grandes envolées parce que moi, ma référence, comme beaucoup dans le commentaire, c'est Thierry Gilardi, avec sa voix particulière aussi. Et en fait, c'est vrai que maintenant, en réécoutant des commentaires, je me rends compte qu'en fait, il... Il disait juste « 72ème minute, Paris mène 1-0 » ou « Lens égalise » . Il n'y avait rien d'incroyable. Mais la façon de le dire, la façon d'accompagner le but, vraiment, il ne se plaçait pas en personnage principal. Mais voilà, toujours ce qu'on disait, cette notion de passerelle avec le public pour transmettre ses émotions. Et vraiment, moi, c'est quelque chose que... que j'ai adoré. Après, petit à petit, moi, je me challenge aussi en essayant justement d'éviter de dire juste but, c'est au fond, voilà, d'essayer d'apporter une plume aussi, comme le font beaucoup de commentateurs maintenant. Et bon, pour moi, c'est mon axe de progression. Je ne suis pas assez bon là-dessus encore. Mais je trouve que c'est plaisant aussi quand, voilà, j'aime bien les rimes, voilà, des journalistes qui sont capables d'aller chercher La petite phrase qui va rester, qui va marquer. Et ça, je trouve ça intéressant aussi, à condition que ça accompagne ce qui se passe sur le terrain.

  • Speaker #1

    Thierry Gilardi, la lumière est venue du chevalier blanc.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    C'est flou, en fait. C'est vrai que cette phrase-là, elle est restée. Et puis bien sûr, pas ça, Zinedine, pas ça, pas après tout ce que tu as fait.

  • Speaker #0

    C'est des phrases qui marquent. Et c'est vrai que sur ce commentaire sur l'exclusion de Zidane, c'est typiquement c'est les émotions qui qui qui parle parce que ça, c'est pas un truc... Autant sur un but, parfois, on peut se dire « Tiens, il l'a écrit, il avait prévu de dire ça. » Là, c'est imprévisible. Donc, c'est le talent et les émotions qui parlent et qui retranscrivent ce que des millions de Français pensent à ce moment-là. Et c'est pour ça que ça marque, parce qu'en fait, on s'identifie tous à ce qu'il dit. Et c'est ça que je trouve hyper fort, c'est qu'en fait, presque tout le monde aurait pu le dire. Lui, il a dit comme ça avec le... ton qu'il fallait, la voix qu'il fallait. Après, ça, c'est un don qu'il avait.

  • Speaker #1

    Tu as des retours sur les réseaux sociaux après les matchs ? Ça arrive ou ça reste à la marge ?

  • Speaker #0

    Franchement, pas énormément. Ça dépend des matchs. Après, je ne suis pas un grand fan d'aller voir non plus ce qui se dit sur les réseaux sociaux. Mais en général, pas forcément. Je pense que les commentateurs qui sont plus exposés sur des affiches un peu plus suivies, On s'en doute un peu plus de retour. Après, c'est rare que sur les réseaux sociaux, on voit qu'est-ce qu'il est bon ce commentateur. On va souvent lui tomber dessus. Après, s'il fait 89 minutes excellentes et que la dernière, il balance une saucisse en se trompant de nom de joueur, tu peux être sûr que cette erreur-là, elle va ressortir. Alors qu'il n'y aura personne ou très peu de gens pour dire le reste du temps, il a été excellent. Donc ça ne veut pas dire que les gens ne le pensent pas, mais en tout cas sur les réseaux sociaux, je remarque quand même que globalement il y a plus facilement des critiques pour les commentateurs en tout cas. Par exemple quand on parlait du documentaire et tout, nous on a eu des gens aussi qui étaient capables de dire « j'ai beaucoup aimé » , mais pour les commentateurs je trouve que j'ai l'impression qu'on considère que c'est normal qu'un commentateur commande bien, et par contre il est facilement critiquable à la moindre erreur.

  • Speaker #1

    C'est un peu comme l'arbitre.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Ou le gardien de but.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est des postes exposés on va dire.

  • Speaker #1

    On oublie aussi que la majorité silencieuse n'est pas sur les réseaux sociaux.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est pour ça que je trouve que ce n'est pas forcément révélateur non plus. Et encore une fois, même si quelqu'un va te faire une critique, ça ne veut pas dire que les 9 autres sur 10 pensent la même chose. Donc bon, ce n'est pas évident d'avoir un retour là-dessus. C'est important d'avoir un regard sur l'extérieur et c'est important aussi, je pense, de faire son autocritique, de savoir se réécouter aussi parce qu'on est aussi notre premier public et je pense qu'on peut facilement gommer des petites erreurs en réécoutant ce qu'on a pu dire.

  • Speaker #1

    Alors, on a parlé d'arbitrage là en parallèle. Ça me permet de saisir la perche que tu me tends pour notre dernier sujet, c'est-à-dire qu'on va parler du documentaire relatif à l'arbitrage qui s'appelle Passion sous pression, qui est sorti il y a un an environ, qui met en valeur les arbitres, leur quotidien, leurs difficultés, leurs craintes, tout ce qu'il faut gérer autour de cette profession. Donc déjà, pour commencer... Je voulais savoir comment vous avez eu l'idée d'un tel reportage en fait.

  • Speaker #0

    Alors déjà au départ, c'était avec Guillaume Truyer, donc il suit les Bleus avec moi, comme je te le disais tout à l'heure. On avait envie de se lancer un petit challenge tous les deux et d'essayer de travailler sur un projet de documentaire. Et moi, j'avais déjà eu cette idée parce qu'en fait, déjà c'est parti de... de sujets, reportages qu'on faisait régulièrement, ponctuellement, sur la sonorisation d'un arbitre. On l'avait fait par exemple avec Gaël Angoula, sur un Metz Bordeaux en Ligue 2. C'est un parmi d'autres, mais on en a fait plusieurs, qui avaient été très appréciés. Pour le coup, on parlait de commentaires, il y avait eu beaucoup de commentaires positifs, en disant « Ah, on ne voit jamais ça, ça fait plaisir de voir un arbitre, on n'entend jamais ce qu'ils disent » . Après, il y a toujours des critiques, ou des critiques par rapport à l'arbitre, mais on voyait que ça faisait beaucoup réagir. avec ce thème récurrent qui disait « enfin quelque chose de nouveau » . Et nous, on est partis de là en se disant « qu'est-ce qu'on peut amener de nouveau dans le foot ? » Alors qu'on a déjà suivi des équipes en inside, on a fait des reportages sur des joueurs, on est régulièrement au bord des pelouses pour suivre les uns les autres. On s'est dit « en fait, l'arbitrage, c'est quand même un des rares domaines où finalement il y a beaucoup de zones d'ombre, il y a beaucoup de questionnements et tout. Et il se trouve que moi, je suis un ancien arbitre. J'ai arbitré quand j'étais jeune dans le district de l'Essonne, en région parisienne, avant de commencer en école de journalisme. Et ça m'a énormément appris sur le contact avec les joueurs, la façon de gérer un match, les lois du jeu qui me servent aussi quand je commente une rencontre. Et j'avais envie de montrer aussi la difficulté. d'arbitrer au niveau amateur parce que pour moi, ce n'était pas uniquement l'arbitrage pro, c'était aussi la difficulté de commencer parce que moi, j'ai commencé justement jeune et je me suis dit en fait, c'est un parcours du combattant pour pouvoir arriver jusqu'au top niveau. Et j'avais envie de montrer ça, donc j'en ai parlé avec Guillaume qui lui avait un regard très intéressant aussi sur l'arbitrage pro, mais moi, j'avais ce vécu-là en termes de… d'arbitrage amateur. Et on a très vite progressé là-dessus, sur les questionnements qu'on se posait. On est vraiment parti sur ce qu'on a envie de savoir d'un arbitre et d'essayer au maximum d'avoir des questions naturelles en se disant, si nous on a des questions, je pense que le grand public en aura encore plus. Donc si on arrive déjà à répondre à ces questions-là, on aura peut-être montré quelque chose qu'on voyait assez peu. comme fil rouge la possibilité de mettre un micro sur les arbitres pour pouvoir justement être en immersion totale sur leur match aussi, mais les voir aussi en dehors. Et après, on a fait ça en partenariat aussi, en discussion avec la direction de l'arbitrage qui nous a ouvert pas mal de portes pour pouvoir justement montrer des choses qui n'avaient jamais été montrées, ou très peu. Et c'est pour ça qu'on a vraiment... ça a été un gros gros boulot tout au long de la saison.

  • Speaker #1

    mais ça a été un vrai plaisir de pouvoir se dire enfin on arrive à montrer un truc qu'on ne voit pas ailleurs c'est presque d'utilité publique de voir comment alors j'invite tous ceux ou celles qui ne l'ont pas vu à aller voir sur Youtube, il est disponible ça s'appelle Passion sous pression et effectivement tu parles de l'arbitrage amateur alors sont évoquées les violences malheureusement qu'ont subi certains arbitres dont un qui est vraiment poignant parce qu'on voit que ça a beaucoup marqué l'arbitre en question. Il y a aussi l'arbitrage féminin, Carla Benedetto, on voit toutes les difficultés qu'elle a à l'apprentissage de la profession. Ses arbitres sont guidés dans un premier temps et après, effectivement, ils prennent leur envol. Et c'est très intéressant de voir les difficultés qui peuvent être les leurs sur un match amateur. Tout simplement, une question de crédibilité, une question de...

  • Speaker #0

    Je pense toujours à la gestion des joueurs sur le terrain. Mais en fait, moi, ce qui m'avait marqué, c'est que le plus dur, c'était ce qu'il y avait en dehors. Finalement, quand le SSK l'a confirmé aussi, c'est qu'une fois que le match commence... Bon, évidemment, il y a du travail, mais en fait, c'est du plaisir. Ce qu'il y a autour, avant, après, c'est beaucoup moins plaisant. Parce que c'est vrai qu'en général, moi, quand tu commences à cet âge-là, j'ai commencé à peu près comme Carla quand tu as eu autour d'une vingtaine d'années. Tu te retrouves parfois à arbitrer des adultes aussi. Et en fait, tu arrives, il faut te faire respecter par tout le monde, alors que toi, déjà, tu as du mal à t'affirmer. Et il faut dégager une certaine autorité pour ne pas se faire marcher dessus, auprès des parents qui sont autour, auprès des dirigeants qui essayent tous de grignoter cette part d'autorité, de prendre l'ascendant sur toi, même si ce n'est pas forcément d'une mauvaise intention au départ. Mais voilà, ça arrive régulièrement. Et Carla, en plus, en étant une fille, avait des difficultés supplémentaires par rapport à ce que moi j'ai vécu. Et c'est vrai que quand on en avait discuté avec les dirigeants de l'arbitrage français, on a eu cette volonté commune aussi de pouvoir avoir une personnalité féminine dans le documentaire pour pouvoir avoir un regard différent aussi sur ce qui est vrai déjà pour les jeunes arbitres. Et encore plus quand on est une fille dans un monde de garçons en l'occurrence, puisque Carla était arbitre d'une rencontre masculine.

  • Speaker #1

    Ce qui ressort de ce reportage, moi, ce qui m'a un peu marqué, c'est la difficulté, que ce soit des arbitres amateurs ou des arbitres professionnels, à gérer l'après-match quand parfois, malheureusement, il y a des décisions erronées. Le joueur finit son match, l'arbitre finit son match, mais psychologiquement, il est encore dedans pendant 3-4 jours.

  • Speaker #0

    Moi, c'est ce qui m'avait marqué et ce que j'avais dit à Guillaume. Moi, j'aimerais bien voir comment vit un arbitre après ça. Parce que moi, je me souviens, je ne sais plus, je devais être au lycée ou à la... Non, j'étais à la fac à ce moment-là, en licence. Et je me souviens, dans la semaine, des fois, je repensais à certaines décisions en me disant, avec des mots qui résonnent, je ne vais pas les redire, mais sur soit des insultes, soit des critiques assez vives. Et quand on est jeune, franchement, c'est marquant.

  • Speaker #1

    Il faut l'encaisser.

  • Speaker #0

    Quand on prend ça pendant toute une rencontre ou qu'on ne se sent pas en sécurité forcément pendant le match, on se dit dans un coin de la tête comment ça va se terminer à l'arrivée. Je me dis déjà au niveau amateur, ce n'est pas évident. Alors quand en plus il y a la télé, les médias, les supporters, les présidents autour, comment ces gens-là arrivent à vivre avec cette pression-là ? Et c'est comme ça qu'est venu le titre aussi, Passion sous pression, parce que c'est une passion au départ. C'est tous des passionnés de foot. C'est un régal de pouvoir parler de foot avec un arbitre et tout. Mais après, il y a une vraie pression quand on est vraiment sur... Peu importe le niveau, c'est des pressions différentes. Mais c'est loin d'être de tout repos. Et là, on parle vraiment du cadre du match. Après, il y a en plus tous les sacrifices qui sont faits autour, qu'on a essayé de montrer aussi, quand on a été marqué par la phrase de Benoît Bastien qui nous dit... tout au long d'une année, on a plus de 200 jours qu'on passe hors de chez nous. On s'est regardé pendant l'interview avec Guillaume, et on l'en a reparlé après, c'est colossal. Nous, en plus, ça résonnait d'autant plus avec ce vécu pour les compétitions internationales. Et quand on se dit qu'un arbitre passe 200 nuits hors de chez lui, c'est vraiment des choses que l'on ne voit pas et qu'on a essayé de retranscrire pour le grand public aussi. Pas forcément pour avoir de l'indulgence.

  • Speaker #1

    Mais au moins pour comprendre tout simplement. Voilà, comme je disais tout à l'heure, il y a une telle exigence et une telle injustice dans les réactions. C'est fou. On en parlait avec David Benesch, c'était mon dernier invité. J'avais abordé le fait que M. Ovrebo, l'arbitre international norvégien, ne s'était jamais remis du Chelsea-Barça en 2009. Effectivement, les arbitres doivent subir de ces pressions. C'est assez incroyable. Dans ce reportage, tu parlais de Benoît Bastien. Il y a deux choses qui m'ont marqué. La première, elle est évidente, mais quand on le voit, on s'en rend compte davantage. C'est l'incroyable condition physique qu'il faut avoir pour tenir un match de haut niveau avec des joueurs professionnels. La deuxième, parce que je n'avais jamais vu l'arbitrage sous cet angle-là, c'est l'analyse des équipes en fonction des joueurs. C'était un Lyon-Strasbourg en Coupe de France. Et il a orienté son arbitrage en fonction du profil des joueurs, du côté où pencherait le jeu, en demandant à ses assistants justement qu'il serait d'un côté particulier, donc de l'autre côté, il faudrait l'assister davantage. C'est presque du management d'équipe.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vraiment ça. Et c'est comme ça qu'ils se définissent d'ailleurs. C'est vraiment un manager d'équipe. Et nous, on parlait de curiosité naturelle. Moi, c'était une des séquences que je voulais absolument pouvoir déjà vivre. et retranscrire dans le documentaire cette préparation des arbitres avant le match, ce briefing. Je l'avais fait une fois au début de B-In et ça m'avait vraiment marqué. Je m'étais dit que j'aimerais bien pouvoir vraiment le revivre. Et c'est vrai que c'est très difficile parce qu'il y a un énorme travail tactique. Benoît Bastien nous disait qu'il passait plus de 12 heures à regarder des matchs pour analyser le jeu des équipes. Et en même temps, tu ne peux pas te conditionner. C'est ce qu'il expliquait, c'est qu'en fait, si tu pars dans l'idée qu'un Verratti, pour reprendre l'exemple qu'il nous donnait, va forcément venir discuter et qu'il va falloir le calmer en lui mettant un carton jaune, tu es déjà conditionné pour lui mettre un carton. Et il dit en fait, il faut savoir anticiper et en même temps ne pas tomber dans la facilité et se dire, ça va forcément se passer comme ça, un tel va être agressif, voilà. et c'est vrai que tactiquement c'était assez intéressant de voir comment ils abordaient le match. Et c'était marrant parce qu'on en a discuté, justement, on parlait des consultants, avec les consultants à BIN, et certains me disaient, mais pour qui il se prend ? Il analyse la tactique ou il juge la tactique d'un entraîneur ? Je dis non, ce n'est pas ça en fait.

  • Speaker #1

    C'est de l'anticipation.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas un jugement pour dire un tel va jouer long ou machin. C'est plus de dire attention à tel point. C'est une équipe qui balance, qui joue de longs ballons, donc ça va aller très vite dans le dos. Il va falloir être capable d'accélérer ou d'avoir un œil sur le hors-jeu en permanence. Et c'est vrai que du coup, ça permet aux assistants aussi de savoir à quoi ils vont devoir s'attendre. Et il y a une vraie collaboration, parce que finalement, on se rend compte qu'il y a 22 joueurs sur le terrain. Eux, ils ne sont que quatre avec le quatrième arbitre. Et il y a cette volonté de réussir à se compléter parfaitement pour pouvoir quadriller le terrain au niveau visuel. Parce que je peux vous dire qu'en étant arbitre sur le terrain, même au niveau amateur, franchement, pour avoir les yeux sur le départ du ballon, sur les joueurs derrière qui s'accrochent, sur la surface de réparation, sur les assistants et tout, franchement, c'est vraiment très, très dur d'avoir le regard partout. Et eux ont en plus cette notion, comme tu le disais, physique, pour avoir une condition incroyable et pouvoir être capable de suivre, d'être placé au mieux. par rapport au ballon. Donc ça fait énormément de paramètres à maîtriser. Et ce n'est pas évident de le retranscrire en une heure, mais c'est ce qu'on a essayé de faire pour montrer justement la complexité au-delà des décisions, parce qu'à aucun moment on dit que l'arbitre prend toujours les bonnes décisions, eux-mêmes le disent d'ailleurs, mais au moins de comprendre ce qui peut amener aussi un arbitre à prendre une mauvaise décision, parce que quand on multiplie les courses, ce qu'on dit dans le documentaire, il court autant qu'un joueur, 11-12 kilomètres, avec beaucoup d'intensité aussi, beaucoup de sprint, c'est d'avoir la fraîcheur pour être capable de prendre la bonne décision au bon moment, c'est vraiment pas évident.

  • Speaker #1

    Alors l'objectif, bien entendu, c'est pas de plaindre les arbitres, c'est d'avoir une vision objective de la situation. Parce que quand on observe, il y a tous les stages de préparation, les moments d'absence dans la vie privée, comme on en parlait pour le journalisme tout à l'heure, il y a tous ces préparatifs, Il y a toute cette pression, tout peut s'écrouler en une décision.

  • Speaker #0

    Bien sûr, c'est exactement ce que dit Benoît Bastien. Il dit que tu peux faire le meilleur match, tu peux construire ton match de manière hyper solide et sur une décision ou sur un moment où tu tournes la tête au mauvais moment, tu peux te faire avoir. Et même avec la VAR, on se rend bien compte que la VAR ne résout pas tous les problèmes. Et on pense souvent que les arbitres, justement, se réfugient derrière ça en se disant « de toute façon, il y a la VAR » . Mais pour les avoir côtoyés pas mal, eux, alors déjà, même sur la Ligue 2, il n'y est pas. Mais il y a une volonté de réussir à se débrouiller au maximum sans l'analyse vidéo aussi derrière, pour pouvoir prendre ces décisions-là. Donc c'est vrai qu'il y a beaucoup de complexité. et eux ce qui m'a marqué c'est qu'en fait Ils ont cette volonté de se faire comprendre parce que, c'est ce qu'ils expliquent tous, c'est qu'en fait, tu peux mieux tolérer quelque chose que tu comprends. Si tu ne comprends pas une décision, que tu ne sais pas pourquoi elle est prise... tu ne peux pas l'accepter ou mieux la comprendre en tout cas. Alors que c'est vrai que le fait d'être sonorisé permet de résoudre un nombre de conflits assez incroyable. Et en fait, on se rend compte qu'en France, tout le monde parle à peu près de la même voix, que ce soit les arbitres comme la direction de l'arbitrage pour accéder à cette sonorisation. Et malheureusement, ça vient d'au-dessus. C'est l'IFAB qui gère, qui dirige les lois du jeu. qui pour l'instant n'a pas ce point de vue-là. Et on était très contents aussi de pouvoir avoir ce point de vue aussi de l'IFAB, justement pour essayer de comprendre un peu les arguments qui font qu'on n'entend pas systématiquement les arbitres en direct. Et après, on l'a fait écouter aussi à Anthony Gauthier, le patron des arbitres français. Et même en l'écoutant, ces arguments-là, lui ne comprenait pas. Mais c'est vrai que nous, on est sortis sans vraiment être convaincus, mais au moins, on avait les arguments de ce côté IFAB.

  • Speaker #1

    Alors moi, je suis plutôt pour une sonorisation, mais je vais me faire l'avocat du diable, entre guillemets. C'est-à-dire que je trouve qu'un des points intéressants de l'argumentaire de l'IFAB, c'est de se dire que finalement, il y aura toujours du mécontentement. Il y aura toujours du mécontentement. Avant l'AVAR, il y avait du mécontentement. Après l'AVAR, il y a du mécontentement. Je pense que si on va plus loin, ça sera très bien. Mais le mécontentement sera encore plus exacerbé, je pense, de la part des gens qui crient à l'injustice. Je trouve qu'on est dans une course contre l'injustice envers les arbitres qui est sans fin, en fait. Je trouve que les gens vont plus loin.

  • Speaker #0

    C'est la nature même de l'arbitrage, c'est de diviser, parce que quand tu as une décision à prendre, si elle est contre ton équipe, tu ne seras jamais content de la décision qui est prise, même si elle est bonne. Donc après, je pense que... le fait d'être sonorisé peut te permettre de savoir pourquoi elle est prise. Ça ne veut pas dire que tu seras d'accord ou que tu seras content de la décision, mais au moins, tu auras un peu plus d'arguments en faveur de la décision ou de savoir un peu plus pourquoi elle est prise. Peut-être qu'en sachant ça, tu te diras, moi, je n'aurais pas pris cette décision-là. Mais je pense que ça permet quand même de savoir un peu mieux ce qu'il en est. Après, c'est vrai que quand... On discutait avec Lucas Brood, qui représente l'IFAB. Lui aussi nous disait qu'il n'avait pas envie que l'arbitre soit le personnage principal de la rencontre. Mais bon, quand c'est lui qui doit décider s'il y a pénalty ou pas,

  • Speaker #1

    il l'est déjà.

  • Speaker #0

    Oui ou non, il l'est déjà. Avec ou sans sonorisation, il l'est. Par contre, en lui donnant la possibilité d'expliquer indirectement, parce que ce n'est même pas forcément au public, c'est... c'est déjà de l'expliquer au joueur. En tout cas, lui le fait, mais qu'on sache ce qu'il dit au joueur, qu'on sache pourquoi il prend telle ou telle décision, déjà, ça t'aide à la comprendre. Après, évidemment, c'est sûr qu'on ne sera jamais 100% d'accord avec la décision d'un arbitre. C'est un peu, de toute façon, l'essence même du supporter. Si un supporter était de bonne foi, ça se saurait.

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, ça, ce n'est pas faux. On s'est tous plaint de décisions arbitrales. On ne va pas faire les anges. mais... Donc ça serait positif, cette sonorisation, parce que de toute façon, les arbitres ne veulent pas que tout le monde soit d'accord avec eux. Eux, ils veulent simplement s'expliquer.

  • Speaker #0

    De toute façon, eux, ils diront les mêmes choses sur le terrain. C'est juste qu'en fait, on sera plus nombreux à les entendre. Et après, nous, franchement, en toute objectivité, on n'a eu aucun problème avec les sonorisations. C'est dans tous les sujets que j'ai fait, même en dehors du documentaire. Il n'y a pas eu de séquence où on s'est dit, là, ça, c'est dur, on ne peut pas le passer. Tu as vu comment il parle, qu'il parle aux joueurs. Et ça prouve aussi que, alors peut-être que, justement, les arbitres font attention aussi à la manière dont ils parlent aux joueurs quand ils ont un micro. Mais justement, ça peut permettre aussi d'apaiser un peu le dialogue. C'est ce qu'on disait avec les consultants aussi, qui nous disaient, franchement, des fois, on a des arbitres qui nous parlaient vraiment mal. Et certains disaient, ça permettrait d'apaiser un petit peu le dialogue, de... en sachant que de toute façon après ils vont être écoutés et les joueurs aussi d'ailleurs voilà c'est ce que j'allais dire ça permettrait aussi à certains joueurs pour le coup on a entendu beaucoup plus de joueurs qui eux dans leur match ont pété les plombs ou ont oublié qu'ils étaient sonorisés et là pour le coup eux

  • Speaker #1

    on les entendait bien il y a un autre point dans le documentaire qui est très intéressant c'est l'entraînement à la sonorisation après la VAR, après une décision VAR parce qu'on sous-estime Mais la difficulté pour un arbitre qui a déjà tout ça à gérer, son match, les décisions, les bancs, les joueurs, s'adresser à tout le stade, ce n'est quand même pas quelque chose d'inné. C'est ce qu'il a géré.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas le cœur de leur métier. Et nous, on le voit déjà quand on... Quand on parle comme ça entre nous et d'un coup on se met devant une caméra, déjà, même pour quelqu'un du métier, il y a un switch à faire pour être capable de parler à une caméra. Et c'est là qu'on se rend compte que c'est vraiment une vraie prise de parole en public. Et là, en plus, il y a à la fois l'image, mais il y a aussi le son, parce que c'est ce qu'on disait, un arbitre court 12 kilomètres par match, il faut être capable d'avoir la bonne décision. de l'exprimer correctement, parce que là, c'est pareil, si un arbitre, on parlait d'un commentateur, mais si un arbitre bute sur un mot, se trompe dans le mot qu'il emploie, là, les 60 000 personnes qui vont le regarder, il va le sentir passer. Et en plus, il va devoir affronter aussi justement la colère du public, dans des conditions pas forcément évidentes. Tout ça, en discutant avec les arbitres, c'est vraiment un truc qui les... Ce n'est pas le moment qu'ils appréciaient le plus dans le fait de s'ouvrir au public. Mais après, ils ont bien conscience que de toute façon, pour justement dans cette volonté de s'ouvrir, d'expliquer les choses, ils sont un petit peu obligés de passer par là. Mais c'est vrai que de le faire dans un stade avec toutes les contraintes qu'il y a autour, ce n'est franchement pas simple. Tout le monde ne s'improvise pas speaker.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Je voulais revenir sur ce documentaire. Je pense qu'on en a bien discuté.

  • Speaker #0

    Le cas est toujours dispo sur la page YouTube de BIN. Voilà,

  • Speaker #1

    parce que parfois, on dit qu'il y a des choses qui ont mal vieilli. Là, le reportage n'a pas du tout mal vieilli un an après parce qu'on sort d'une saison où les polémiques autour de l'arbitrage...

  • Speaker #0

    C'est ce qu'on s'est dit. D'ailleurs, c'est ce qu'on a dit. On en parlait avec Benoît Bastien aussi. Je lui disais, cette saison, on a beaucoup parlé de l'arbitrage. Il me disait, tu l'aurais fait il y a deux ans ou tu le feras dans trois ans, tu pourras me dire la même chose. C'est vrai que c'est un sujet permanent parce que forcément, une décision arbitrale, et j'ai envie de dire surtout dans le foot, ça fait toujours débat. Le documentaire risque de vieillir tranquillement pendant un paquet d'années.

  • Speaker #1

    Exactement. Mais voilà, je voulais mettre en exergue ce reportage parce qu'il était très intéressant.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, c'est gentil.

  • Speaker #1

    On arrive à la fin de notre interview, Alexandre. Alors, si tu as un dernier mot à ajouter, une anecdote, parce que je sais que les auditeurs et auditrices aiment bien les anecdotes, sur tes années being, un ou deux moments qui t'ont marqué sur un ancien joueur, sur un moment de match. Je t'écoute, le micro est ouvert.

  • Speaker #0

    Ouais, moi j'ai des anecdotes, t'imagines bien qu'en 13 ans, c'est vrai que c'est... En plus c'est marrant parce que c'est toujours une question qu'on pose justement aux joueurs, et moi je me dis à chaque fois, mais qu'est-ce que je répondrais ? Parce qu'en fait à Bruteport.com comme ça, de dire à quelqu'un, t'as une anecdote à me raconter, c'est jamais évident. Mais après moi je ferais un petit coucou à Margot Dumont, qui est une amie aussi, qui a quitté BIN pour rejoindre Canal+, et en fait on a connu beaucoup de... de reportage en dehors de la sphère foot avec pas mal de joueurs, où on mettait en valeur, à l'idée de Margot, la passion de certains joueurs complètement différentes du foot. La pêche pour Thomas Mangani, notamment. La culture créole pour Zachary Boucher du côté de Toulouse, je crois, à l'époque. On a vécu des super moments avec des joueurs dans un contexte complètement différent et ça faisait beaucoup de bien de les voir en dehors du rectangle vert. Je me souviens d'un tournage qu'on avait fait à Bastia, où on avait suivi Djibril Sissé. On avait fait une interview au stade, après il nous présentait sa ligne de vêtements. Je me souviens qu'on le suivait derrière sa voiture grosse cylindrée, je pense que tout le monde imagine bien. Et à un moment, on l'a perdu. Finalement, on le retrouve. Et en fait, il s'arrête devant un magasin animalier. Donc là, on ne comprend pas trop. Et on a attendu devant le magasin. Et finalement, il est sorti en nous disant « Je suis allé chercher une litière pour mon chat » . Il y a des fois des trucs, tu te dis « À quel moment je me retrouve à suivre Djibril Sissé qui va chercher de la litière pour son chat ? » Donc voilà, il y a des trucs assez improbables. Mais c'est vrai que moi, mes meilleurs moments, hormis les grandes compétitions, c'est vraiment de... De pouvoir apprendre à connaître les joueurs en dehors de tout ce qu'on voit, on va prendre les matchs les uns après les autres, et de pouvoir les découvrir en dehors, franchement, c'est un vrai plaisir. Et puis après, j'essaye de garder toujours cette petite flamme en se disant, quand j'étais petit, quel joueur j'aurais aimé voir ou qu'est-ce que j'aurais aimé apprendre. C'est aussi essayer de restituer au maximum ce qui, moi, m'a fait vibrer quand j'étais petit.

  • Speaker #1

    On ressent la passion en tout cas à travers tes propos. Et c'est vrai que par rapport à ce que tu dis sur Gibril Cissé, parfois on a tendance à oublier que les joueurs, ce sont des êtres humains. Ils ont leur quotidien, ils ont leur vie.

  • Speaker #0

    C'est génial de suivre ça, parce que des fois, il y en a qui, une fois j'ai suivi un joueur après l'entraînement, il me dit tiens, je vais me prendre un kebab et tout, t'en veux un ? Je dis mais t'as le droit ? Il me dit non, mais bon, de toute façon, je ne suis pas filmé. Il y a des trucs des fois improbables. où tu te dis, voilà, il y a une relation de confiance qui s'installe aussi. J'ai vécu des choses très fortes aussi avec Gaëtan Courtet, par exemple, quand il était à Reims, qui m'avait parlé du cancer qu'il avait affronté aussi. Il y a des moments, et c'est toujours un ami aujourd'hui, donc il y a des choses qui dépassent le foot. On se dit finalement, marquer un but, ce n'est pas grand-chose à côté. Et voilà, de vivre ces moments-là, franchement, c'est... C'est des choses qu'on garde à vie. Et de pouvoir garder des relations avec des joueurs une fois qu'ils arrêtent leur carrière ou même quand on ne se voit pas tous les jours, c'est quand même plaisant de pouvoir avoir un autre regard sur eux.

  • Speaker #1

    C'est qu'ils ont aussi capté la sincérité de ta démarche dans ton métier aussi. Donc c'est aussi une relation de confiance.

  • Speaker #0

    Oui, sûrement, bien sûr. Après, c'est vrai que ça s'entretient aussi. moi je... J'ai heureusement jamais été dans cette course à l'info. On n'a jamais été sous pression à BIN pour sortir une info à tout prix, quitte à briser une relation qu'on peut avoir avec quelqu'un. Et ça, c'est vrai que c'est très plaisant. Ce n'est pas le cas de tous les médias. Ce n'est pas le cas de tous les confrères qui, parfois, ont des pressions de leurs employeurs pour sortir une info. Nous, on n'a jamais été là-dedans. Ce qui fait qu'on peut se regarder dans une glace sereinement, parler sereinement avec les gens. en se disant, voilà, si tu veux me dire quelque chose, tu peux être en confiance, ça ne sortira pas. Et franchement, je n'ai pas énormément d'exemples comme ça qui me viennent. De gens qui auraient trahi cette confiance, ça a dû arriver, parce que Billin n'est pas au-dessus des autres médias non plus. Mais en tout cas, je suis content de bosser pour cette chaîne-là, aussi pour ça, parce qu'on n'est pas dans la recherche du buzz ou de la polémique en permanence. Et du coup, on peut bosser sereinement sans avoir quoi que ce soit caché.

  • Speaker #1

    Petite dernière question, est-ce qu'il y a des aspects du métier que tu n'as pas encore abordé et que tu aimerais bien découvrir dans les années qui viennent ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Là, j'ai plutôt l'impression d'avoir touché à pas mal de choses dans ce que je peux faire. C'est vrai que quand j'ai commencé, le côté présentation me plaisait pas mal, présenter une émission. Alors, je l'ai fait pas mal en... en chroniqueur, c'est-à-dire en journaliste plateau, c'est-à-dire à côté d'un présentateur pour apporter des statistiques. Mais ce n'est pas moi qui présente l'émission. Après, c'est vrai que justement, en ayant ce rôle-là, je me rends compte aussi de la pression que ça représente. Ce n'est pas toujours évident d'être à l'aise avec le leadership sur une émission, toutes les caméras, l'organisation aussi à avoir pour savoir gérer le stress, le direct. avec des fois des éléments qu'on ne maîtrise pas, ce n'est pas forcément évident non plus. Donc voilà, aujourd'hui, c'est peut-être moins prégnant que le désir que je pouvais avoir au départ. Mais je suis très content d'avoir pu toucher un petit peu à tout aussi. Et puis c'est aussi important parce que ce travail de reporter, c'est aussi très physique. On n'en a pas trop parlé, mais c'est vrai que... Pour moi, il y a une dimension physique qui est quand même très importante parce que quand je pars en reportage, j'ai 30 kilos de matériel à travailler. Et forcément, au bout de 13 ans, j'ai une vraie lassitude physique par rapport à ça. Donc, c'est vrai que de pouvoir m'ouvrir à d'autres choses moins pénibles physiquement et qui stimulent en plus ma curiosité et me permettent de me challenger, comme je te le disais. C'est une vraie plus-value aussi pour moi, pour garder une certaine fraîcheur. Parce que c'est vrai que si tout était basé sur les tournages en permanence, ça c'est des choses que les gens ne voient pas forcément. Mais c'est vrai que c'est très fatigant. Et on a beau rencontrer des joueurs qu'on adore, quand on passe toute la journée en partant à 5h du mat' en rentrant à 1h du matin, avec 30 kilos de matériel à trimballer, on a beau rencontrer une immense star, c'est pas toujours évident. Mais bon, après, ça fait partie des contraintes. pour pouvoir profiter aussi à fond.

  • Speaker #1

    Écoute, on a parlé du passé, on a parlé du présent et on a parlé éventuellement de l'avenir. Je pense qu'il n'y avait pas plus belle conclusion. Je te remercie une nouvelle fois d'avoir accepté mon invitation. Ça a été un débat passionnant. On a parlé de beaucoup de choses. On a découvert les facettes du métier. C'est ce que je voulais vraiment mettre en exergue pendant ce podcast. Merci pour tout. Bonne continuation.

  • Speaker #0

    J'ai toujours essayé de répondre aux sollicitations parce que moi, quand j'étais plus jeune, j'étais content qu'on me réponde. Donc, j'essaye de faire pareil aujourd'hui, maintenant que je suis de l'autre côté de la barrière, on va dire.

  • Speaker #1

    C'est une barrière que je découvre à mon tout petit niveau. Je suis déjà très content de pouvoir bien...

  • Speaker #0

    Et c'est bien justement que ça devienne plus une passerelle qu'une barrière. Donc, j'espère que ce genre de moment pourra favoriser cette passerelle-là.

  • Speaker #1

    Eh bien, je te remercie en tout cas et je te souhaite bonne continuation. Et encore une fois, merci pour tout.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci. Cet épisode est maintenant terminé. Si vous l'avez aimé ou apprécié, n'hésitez pas à liker, commenter, ajouter une note de 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. N'oubliez pas également de vous abonner et activer les notifications pour être informé des nouveaux épisodes d'ADN Foot tous les premiers lundis du mois à 20h. Le compte Instagram ADN Foot-8, le podcast Tout Attaché et le profil Facebook Brahms ADN Foot sont également à votre disposition pour suivre l'actualité de ce podcast. Il ne me reste plus qu'à vous remercier d'avoir écouté cet épisode et à vous donner rendez-vous le mois prochain pour de nouvelles aventures sur ADN Foot. D'ici là, portez-vous bien !

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Commenter un match de football seul en cabine

    00:48

  • Le vécu d'un consultant bonifie le commentaire d'un match

    07:44

  • Transmettre l'émotion aux téléspectateurs

    09:00

  • Thierry Gilardi, la simplicité au service de l'efficacité

    10:40

  • Les avis des réseaux sociaux après les matchs

    12:58

  • Passion sous pression : La genèse de ce documentaire sur les arbitres

    14:59

  • Focus sur Carla Benedetto, arbitre de district

    18:50

  • L'arbitre et la difficile gestion des erreurs d'arbitrage post match

    21:24

  • Benoit Bastien : Des heures de vidéos pour préparer un match

    24:21

  • Une mauvaise décision peut précipiter une carrière d'arbitre !

    28:24

  • L'IFAB contre la sonorisation des arbitres

    29:33

  • L'entrainement des arbitres pour s'adresser au public après une décision de la VAR

    34:20

  • Djibril Cissé, Thomas Mangani, des anecdotes marquantes avec Margot Dumont

    37:10

  • Quelle suite de carrière professionnelle ?

    42:13

  • Conclusion

    44:31

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