- Marie
C'est-à-dire vraiment l'urgence de comprendre comment se structurer, comment parler aux investisseurs pour les entrepreneurs. L'urgence aussi de créer des alliances, d'arrêter de faire des petites choses chacun dans son coin, mais de travailler à plusieurs sur des plus gros projets, de faire des plus grosses sociétés, parce que c'est ça vraiment qui va attirer l'investissement. Donc c'est vraiment... L'un des sujets que je pousse, je pousse vraiment ces idées d'alliances, que ce soit des joint ventures, que ce soit des mergers, mais vraiment de créer des champions locaux. Et pour ça, il faut laisser un peu l'ego retomber, ce qui n'est pas toujours le cas. Enfin, c'est toujours un peu compliqué chez les créatifs.
- Ramata
Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo. Je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique. Et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine.
- Marie
Aujourd'hui,
- Ramata
je suis en compagnie de Marie-Laura Mongaï. Marie est une experte des industries culturelles et créatives africaines. Elle a également une expertise dans le domaine du sport, toujours en Afrique. Elle est entrepreneur, auteure, conférencière, investisseuse et consultante. Je l'ai invitée aujourd'hui pour qu'elle puisse nous parler de son parcours et surtout pour qu'elle nous parle du business des industries culturelles et créatives en Afrique. Bienvenue Marie, comment vas-tu ?
- Marie
Ça va très bien, merci de m'avoir invitée, je suis ravie d'être là.
- Ramata
C'est moi qui suis ravie que tu aies accepté mon invitation. Je vais commencer cette interview comme je le fais toujours, je vais te demander de te présenter.
- Marie
Tu viens de me présenter de manière succincte, mais qu'est-ce que je peux rajouter ? Je suis française à l'origine, bien que j'ai quitté la France il y a maintenant plus de 20 ans. Pour le faire court sur mon parcours, j'ai fait mes études en France et je suis ensuite partie aux Etats-Unis. Mon premier job, c'était en tant que journaliste chez CNN à New York. Et après deux ans, j'ai décidé d'aller sur le terrain, là où j'allais avoir l'opportunité de raconter des vraies histoires. Et je suis partie au Kenya. Et c'est comme ça que j'ai atterri en Afrique. Et donc, j'ai commencé là-bas en tant que journaliste aussi pendant quelques années. Et puis ensuite, je suis devenue entrepreneur. J'ai lancé plusieurs business dans les médias, dans la tech, la vidéo à la demande, dans le management des talents. jusqu'à arriver il y a environ dix ans au lancement de mon business actuel qui est donc ma boîte de conseil stratégique dans les industries culturelles et créatives et le sport. Voilà, j'ai fait très très très court. On peut aller plus dans le détail en faisant de tes questions.
- Ramata
Exactement. De toute façon, on a une heure pour discuter ensemble, donc on va avoir le temps de creuser les points. Ce que j'entends dans ton parcours... avant de créer ta structure pour t'intéresser vraiment de manière spécifique aux industries culturelles et créatives, c'est que tu as fait plein de choses dans des domaines qui sont assez variés. Et quand on est en France, c'est vrai qu'on a tendance à... On fait des études dans un domaine, on est journaliste, on va avoir une carrière de journaliste toute sa vie. Toi, ça n'a pas été ton cas. Maintenant, tu as un background où ce que tu viens de dire, c'est que tu as d'abord travaillé aux États-Unis chez CNN. Comment t'expliques cette première partie de ta carrière où en fait, tu as... Je me permets de dire, tu as été peut-être un peu touche-à-tout. En tout cas, tu as exploré des périmètres assez différents et assez larges, en fait, par rapport aux différents postes que tu as pu occuper.
- Marie
Alors, ça peut donner cette impression. Moi, je considère en fait que c'est une ligne droite très logique. Et ça fait vraiment 20 ans que je suis dans les domaines des industries créatives, puisque même en tant que journaliste, c'est des médias, c'est de la création. Je faisais du journalisme télé. donc je... Je filmais, je montais moi-même. Donc, en fait, moi, je considère vraiment que ça fait 20 ans que je fais la même chose. C'est juste que ça a pris ensuite des formes un petit peu différentes, mais je suis quand même restée dans le même domaine. Donc, ça me donne une expertise très, très approfondie. Mais alors, pour peut-être clarifier les différents échelons, il y a eu la partie, oui, journalisme. Déjà, je n'ai pas fait d'école de journalisme. Pour moi, il n'y a pas eu de suite particulièrement logique entre mes études et cette première étape-là. J'ai fait Sciences Po, j'ai fait l'EACP, mais avec des spécialités en marketing, Sciences Po, j'ai fait un petit peu de tout. Déjà, je n'étais pas axée au journalisme dès le départ, mais j'ai eu cette opportunité de commencer chez CNN. C'est une très bonne formation, le journalisme, en tout cas, je dirais, pour tous les secteurs, y compris, ça me sert aujourd'hui. Maintenant, je suis beaucoup plus axée financement et investissement. Et le fait de pouvoir cerner les contours d'une histoire assez rapidement, en savoir plus. faire des recherches et faire une espèce d'évaluation la plus objective possible d'une chose. Ça peut être un business, ça peut être une histoire, ça peut être un pays. Ça sert énormément dans plein d'autres secteurs, donc je recommande aux gens d'avoir ça dans leur poche, une formation de journaliste. Mais l'intérêt de ça, c'est que c'est ça qui m'a amenée à l'Afrique au départ. Et ensuite, oui, j'ai fait plusieurs business, mais c'était toujours dans les industries créatives. Donc, encore une fois, le même secteur. La première boîte que j'ai lancée, c'est une boîte de production qui existe encore au Kenya, qui s'est développée très vite, puisque j'ai lancé avec mon cofondateur en 2009 une version locale des guignols de l'info, qui s'appelle The X-Ways E-Show, qui a été un énorme, énorme succès. localement avec une audience de plus de 10 millions de personnes. On a gagné des prix, on est dans tous les magazines. On a fait au total 14 saisons. Donc ça, c'était une très, très grosse aventure. On a aussi lancé une émission similaire au Nigeria, ce qui m'a amenée au Nigeria pour la première fois il y a environ 13 ans. Et le Nigeria est aujourd'hui mon plus gros marché. Donc voilà, il y a eu la partie création de contenu, boîte de production. On a fait de l'animation aussi à travers cette boîte. On a fait des émissions radio, on a fait du merchandising, on a fait beaucoup de choses. Mon deuxième business, ça a été une plateforme de vidéos à la demande sur mobile, donc un peu comme un Netflix pour l'Afrique, mais sur mobile. Donc ça, c'était en 2011-2012, très, très, très tôt pour le marché africain. Donc voilà, j'ai développé cette plateforme jusqu'au... Donc elle était à l'époque la plateforme, la deuxième plateforme en Afrique. Et puis elle a été achetée par Trace, le groupe Trace musical en 2016. Et mon troisième business que je menais en parallèle, c'était une agence de management de talent. Donc avec mon équipe, on représentait certains des plus gros talents, donc du film, de la télévision. sur toute l'Afrique, notamment des acteurs, des réalisateurs. Donc j'ai aussi fait ça. Et puis c'est ce qui a mené en fait pour moi de façon logique à la création de mon business actuel. Parce qu'après avoir fait tout ça, je me suis rendu compte que j'avais vraiment une expertise très approfondie, très concrète, très pratique. dans une grande variété de secteurs. J'avais aussi beaucoup voyagé sur toute l'Afrique, environ 27 pays. Donc, j'ai pris en fait toute cette expérience et j'ai décidé de la mettre au service de deux types de clients principaux. Donc, mes clients aujourd'hui, dans l'activité que je fais aujourd'hui, c'est soit des grands groupes. Par exemple, j'ai pu travailler pour Warner Brothers, pour Netflix, pour Twitter, pour RAS. soit des grands groupes qui cherchent à s'étendre en Afrique, soit des gros investisseurs, des gros bailleurs de fonds, des agences financières de développement, comme l'Agence française de développement de Poparco, la Banque mondiale et d'autres, ainsi que des investisseurs privés qui, eux, cherchent des façons de pouvoir investir dans les industries créatives et le sport. Et donc, pour eux, ce que je fais, c'est que Je fais beaucoup de marketing intelligence, beaucoup de recherche de rapports, mais aussi du développement de stratégies d'investissement et de construction d'outils financiers pour qu'ils puissent investir dans le secteur. Et puis aussi du deal sourcing, du diligence et tout ce qui va avec.
- Ramata
Très bien, c'est très clair en fait, cette expertise que tu as développée des industries culturelles et créatives et du sport en Afrique. Quant à cette opportunité chez CineHelen des États-Unis, aller au Kenya, tu avais déjà un intérêt pour l'Afrique, tu avais déjà voyagé en Afrique, puisqu'après tu y es restée, ou en tout cas tu as fait toute ta carrière, tu as développé en tout cas toute une expertise avec le continent africain. C'était quelque chose qui était prévu, il y avait déjà peut-être une envie, ou ça a été une opportunité que tu as saisie et puis finalement tu y es restée.
- Marie
Ce n'était pas du tout une opportunité que CNN m'a donnée. C'est moi qui ai décidé d'y aller. Donc, j'ai quitté CNN pour y aller. Donc, je suis allée toute seule, sans avoir de job, sans connaître personne au Kenya, sans avoir rien du tout. Donc, ce n'est pas du tout une opportunité que j'ai eue. J'avais fait environ deux ans chez CNN et ça avait été déjà super. J'avais fait plein de choses. Ça passait des breaking news à couvrir l'ONU, à couvrir Fashion Week. Vraiment, là pour le coup, j'ai vraiment touché à tout pendant ma période chez CNN. Mais j'étais très très jeune. Et en fait, quand tu es au bureau de New York et que tu es très jeune, il faut attendre quand même beaucoup d'années pour potentiellement monter les échelons et couvrir des grosses histoires. Et j'étais un petit peu impatiente et j'avais envie d'aller vraiment plus sur le terrain. Et je savais que je n'allais pas être envoyée par CNN sur le terrain avant peut-être 5-10 ans, mais que je pouvais y aller moi-même. Donc, c'est l'idée que j'avais eue à l'époque. Et j'ai plusieurs amis journalistes qui m'ont dit que c'était une très bonne idée. Ça se faisait beaucoup à l'époque. Je ne sais pas si ça se fait maintenant, puisque je ne suis plus journaliste depuis longtemps, mais ça se faisait beaucoup pour les jeunes journalistes d'aller s'établir dans un pays, de devenir le ou la correspondante régionale. pour tous les gros médias basés dans le pays. Et donc, ça se faisait beaucoup d'aller... Voilà, on est en dépendance, c'est à bien, c'est ce que j'ai fait. Donc, j'ai prévenu CNN quand même, que je partais m'installer au Kenya. À l'époque, ils n'avaient pas de bureau là-bas, ils n'avaient aucune infrastructure. Donc, c'était juste pour leur dire, si jamais il se passe quelque chose et que vous avez besoin d'un correspondant à la base d'Israël. Et puis, j'ai fait un petit peu la même chose. Je suis repassée en France, je suis allée me présenter à tous les médias. Il se trouve qu'à l'époque, l'AFP lançait sa... son département vidéo qui cherchait un correspondant en Afrique de l'Est. Donc, je me suis portée volontaire. Et puis, je suis arrivée au Kenya. Je me suis installée un peu toute seule. Je suis aussi allée voir tous les médias là-bas. Et très rapidement, vraiment dans les jours après mon arrivée, j'ai commencé à travailler en tant que correspondante pour l'AFP, en tant que productrice et writer pour Reuters, et en tant que correspondante aussi pour CNN. Donc, en fait, quelques semaines après mon arrivée, il y a eu un immeuble qui s'est écroulé dans Nairobi en face de certaines caméras. Donc, il y avait des images assez impressionnantes. Et si elle m'a appelée, deux ou trois semaines après mon arrivée, j'étais à l'antenne. C'est comme ça que ça s'est passé. Donc, ce n'était pas du tout une opportunité qui s'est offerte. C'est une opportunité que j'ai prise, enfin que j'ai créée, je veux dire. Et puis, je me suis dit... en y allant, que si ça ne me plaisait vraiment pas, j'allais quand même rester un an. Et puis, au final, au Kenya, je suis restée dix ans et je suis restée en Afrique toujours. Donc, même si aujourd'hui j'habite à Lisbonne, mon travail est 100% en Afrique.
- Ramata
Et du coup, ce choix, cette opportunité que tu t'es créée, que tu as provoquée, tu t'étais fait une liste de pays qui t'intéressaient et il y avait le Kenya parmi cette liste. Comment est-ce que tu as choisi le Kenya, en fait ?
- Marie
Alors non, je n'avais pas de liste. En fait, j'avais envie d'aller en Afrique tout simplement parce que j'avais des compétences linguistiques. Donc, je suis bilingue, français, anglais. Je travaille exclusivement en anglais d'ailleurs, sauf quand il faut que je parle des français. Et j'ai fait vraiment toute ma carrière dans des pays anglophones. J'étais allée dans une école bilingue à Paris, ce qui faisait que mes amis étaient déjà des gens de tous les pays. donc je n'avais pas de... d'idées préconçues sur quelques régions. Tout m'intéressait potentiellement, mais là où j'ai été pratique, c'est que vraiment mes deux langues de travail potentielles, c'était donc l'anglais et le français. Et que quand tu regardes la carte du monde, l'Afrique est un territoire immense où ces deux langues te permettent de faire beaucoup, beaucoup de choses. Par exemple, si j'avais été bilingue, français et espagnol, j'aurais peut-être choisi l'Amérique latine, mais ce n'était pas le cas. Donc je me suis dit, voilà, si je vais en Afrique, je vais pouvoir travailler dans beaucoup de pays. Donc, mon bilinguisme va être très utile. Et donc, je commençais à regarder l'Afrique, mais je ne savais pas du tout, je ne savais pas par où commencer. Et c'est juste parce que j'avais des amis dans la communauté journaliste de New York qui m'ont recommandé le Kenya, qui m'ont dit que c'était vraiment un pays... En fait, le Kenya s'est connu comme étant un hub de journalisme pour toute une grande région. Et c'est aussi l'une des capitales Nairobi de l'ONU. Donc, il y a vraiment beaucoup de monde. C'est vraiment un hub très international et ça fait vraiment sens de commencer là-bas. Et à l'époque, il n'y avait pas beaucoup de gens. Donc, voilà. Et donc, j'ai commencé à regarder le Kenya et après, il y a eu un petit peu la sérénité. Je ne sais pas si on dit ça en français, mais j'étais dans les bureaux de CNN à New York et je suis tombée sur l'une des présentatrices. Je savais être kenyane, alors elle est d'origine indienne, mire. Elle était née à Nairobi, elle était donc Kenyane. Elle était normalement basée à Atlanta, mais alors pendant deux jours, elle venait remplacer quelqu'un à New York et je tombe sur elle dans les couloirs et je lui ai dit « Excusez-moi, est-ce que je peux vous parler ? J'ai cette idée d'aller à Nairobi, est-ce que vous pensez que c'est une bonne idée ? » Et elle, qui était une grande, grande star à l'époque, moi je n'étais rien du tout, m'a dit « C'est une excellente idée, ça va vraiment booster ta carrière. Voilà le nom d'un ami d'enfance à moi qui a une… » boîte de production qui pourra te prêter un caméraman et une caméra, et vas-y, et tu me diras comment ça se passe. Et dans un beau retour des choses, donc je t'ai dit qu'il y a trois mois, trois semaines environ après mon arrivée, CNN m'a appelée pour faire un live, et c'était elle en fait de l'autre côté qui a fait mon interview, donc ça s'est très bien passé. Donc voilà, voilà comment je suis arrivée au Kenya sans rien connaître du Kenya du tout, et au final j'y ai passé dix ans.
- Ramata
Très bien. Effectivement, Serene Dipity, tu l'évoquais, ça se dit aussi en français. Effectivement, quand tu le racontes, on sent une idée de départ et puis après un enchaînement de circonstances heureuses qui font que ça te conforte dans ton choix. Toi, au départ, du coup, tu parles d'AFP et de Reuters. Donc, tu vas intervenir, j'imagine, dans tes reportages. Il n'y a pas de secteur dédié, il n'y a pas tout de suite les industries culturelles et créatives. donc comment tu viens à te spécialiser à t'intéresser plus particulièrement à ce secteur-là ?
- Marie
Alors, en effet, moi, j'étais journaliste freelance, donc c'est ce qui m'a permis de travailler pour tous ces médias. J'ai aussi travaillé pour la BBC, donc pour tous ces médias en même temps. À l'époque, j'avais énormément de liberté de choisir mes sujets. Encore une fois, il n'y avait pas beaucoup de journalistes sur la région. Donc, ça ne se passe plus comme ça dans le monde du journalisme, mais j'avais vraiment beaucoup de liberté et donc je choisissais en fonction de ce qui m'intéressait. Je proposais beaucoup de missions à l'étranger. Donc, j'étais basée à Nairobi, mais je couvrais une douzaine de pays. Et à chaque fois, je faisais plus des sujets de magazine. De temps en temps, Breaking News, mais pas si souvent que ça. Mais donc, ça me permettait vraiment de choisir ce que je voulais faire. Et typiquement, quand je préparais une mission, un voyage dans un pays, j'essayais de toucher un peu à tout, donc de faire un sujet politique, de faire un sujet économique. Mais je cherchais beaucoup à faire aussi des sujets innovation et culture, parce que je voyais vraiment cette ébullition autour de moi. Donc, pour un peu récapituler, parce que comme ça fait longtemps pour tes auditeurs qui se rendent compte, quand est-ce que c'était tout ça ? Je suis arrivée au Kenya en 2004. Attends, en 2004, oui. Non, en 2006. En 2006, j'ai 24 ans. Donc, c'était bien avant toute l'idée de toute la narrative Africa Rising. C'était vraiment encore à une époque où personne ne s'intéressait à l'Afrique. Il faut aussi le rappeler. Donc, je ne suis pas partie en Afrique au moment où c'était cool. Je suis partie en Afrique au moment où ce n'était pas cool du tout. Et donc, ça intéressait très peu de gens à l'extérieur. Mais moi, en arrivant sur le terrain, je me suis rendue compte que la réalité, ce n'est pas du tout celle qu'on m'avait... contre laquelle on m'avait prévenue en partant de France. Donc, moi, ce que je voyais à Nairobi, c'était qu'il y avait des centres commerciaux ultra-modernes en train d'être construits partout, que le cinéma de Nairobi était bien plus nouveau et moderne que celui où j'allais à Paris, qu'il y avait vraiment une créativité qui explosait. J'étais à Nairobi quand il y a eu le lancement de M-Pesa, par exemple, le premier système de paiement sur mobile qui est devenu ensuite énorme. et un énorme succès. Donc moi, je voyais ça, et donc forcément, j'étais motivée par ces histoires-là. Donc je rajoutais ce type d'histoire dans chacune de mes missions. Ça m'a valu d'ailleurs d'être nommée comme finaliste journaliste business et journaliste de l'année à un certain prix, en reconnaissance de ce choix de sujet. Voilà, et puis encore une fois, pour moi, le journalisme, c'est très très proche des industries créatives. Ce n'est pas un saut énorme. Ce qui a fait que j'ai transitionné vraiment du journalisme à l'entrepreneuriat. Ça a été une rencontre avec mon cofondateur de l'époque, que j'ai rencontré parce que je suis allée l'interviewer. Son nom, c'est Gado. Gado, c'est l'équivalent kényan de Plantu en France. Vraiment le destinateur de presse le plus connu, le plus respecté de toute la région. Donc, pareil, il a gagné plein de prix. Il a voyagé dans plein de pays à travers ses dessins. Et j'allais l'interviewer parce qu'on était quelques jours avant les élections au Kenya de 2007, qui se sont très mal passées. Et on sentait déjà pas mal de tensions dans l'air. Donc, mon sujet, c'était sur les dessinateurs de presse et leur rôle en tant que critique politique. surtout dans un pays où il n'y avait pas forcément beaucoup de tradition de critique politique dans d'autres formats. Aujourd'hui, il y en a beaucoup plus, mais à l'époque, ce n'était pas trop ça. Et donc, je suis allée le rencontrer pour faire une interview. Et après l'interview, je lui ai demandé ce sur quoi il travaillait, à part ses dessins. Et il m'a expliqué qu'après un voyage en France sponsorisé par l'Alliance française, où il avait visité... le plateau des guignols de l'info, il s'était dit qu'il voulait absolument cesser ça au Kenya et que ça faisait des années qu'il essayait de pitcher ça aux chaînes de télé, qu'il essayait de financer deux, trois marionnettes qui coûtaient super cher et qu'il n'arrivait pas à concrétiser ce projet. Et moi, je me suis dit que c'était une super bonne idée. Et donc, c'est resté un petit peu comme ça, me trotter dans la tête. Et environ deux semaines après cette interview, Il y a eu les élections qui sont donc très mal passées parce que l'ancien président de l'époque a refusé de perdre les élections, donc a volé les élections, ce qui a mené à beaucoup de manifestations violentes. Il y a beaucoup de gens qui ont été déplacés, beaucoup de gens qui ont été tués, que moi j'ai couverts en tant que journaliste. Donc ça, ça a duré quand même cette période d'instabilité trois, quatre mois, où vraiment le pays était sur le bord. vraiment sur une ligne très fine de tomber dans du nettoyage ethnique. C'était vraiment très difficile. Et je me suis dit, si une émission telle que les Guignards de l'Info avait été à l'antenne pendant toute cette période, peut-être qu'on aurait pu créer un espace de discours, de conversation sur tous les sujets qui sont des sujets de frustration de la population et qu'on aurait peut-être pu contribuer à faire... faire baisser la température et la tension sur cette période. Donc, ça vaut vraiment le coup de lancer cette émission. Et donc, quand les choses se sont un petit peu calmées, je suis retournée aller voir Gado et je lui ai dit, écoute, moi, je voudrais qu'on s'associe et qu'on lance ce projet ensemble. Je vais trouver l'argent et on va réussir à lancer. Et il n'a posé aucune question. Il a dit, OK. Et donc, on l'a fait. Donc, on s'est associés et Bon, là, c'est encore toute une grande histoire, mais j'ai trouvé, j'ai réussi à trouver l'argent. Et on a lancé l'émission. C'est devenu quelque chose d'énorme, qui a duré environ aussi dix ans.
- Ramata
Très bien, c'est intéressant de voir, en fait, l'évolution de ton parcours et comment, à un moment donné, tu vas te créer des opportunités, mais en t'appuyant sur... Voilà ce qui se passe, l'environnement dans lequel tu es, en te disant, ce qui a du sens pour moi aujourd'hui, c'est d'aller dans telle direction. Du coup, cette émission, pour expliquer peut-être un petit peu aux auditeurs comment ça se passe, c'est-à-dire que tu as une idée de création d'émission, tu parles de trouver les fonds pour la produire, et puis ensuite, comment ça se passe de signer un contrat avec... une chaîne qui va diffuser cette émission. Est-ce que tu peux nous décrire un petit peu comment ça peut se passer, pour l'expliquer vraiment à un public qui serait non averti de ce fonctionnement-là, de ces business models ?
- Marie
Oui, alors ça ne s'est pas du tout passé comme ça, parce qu'en fait, c'était au Kenya il y a 20 ans. Donc, autant pour dire que la façon dont l'écosystème de la télévision, Déjà, si tes auditeurs sont plutôt français, ça va être difficile de comprendre parce que l'écosystème en Afrique est complètement différent, c'est-à-dire que les chaînes de télévision en créent... de façon majoritaire, ne paye pas pour du contenu. Quand tu es producteur, tu dois payer la chaîne pour mettre ton contenu à l'antenne. Donc, ça a changé dans quelques pays, mais il y a encore beaucoup de pays dont c'est encore le cas aujourd'hui. Au Kenya, en 2009, quand on a lancé l'émission, c'était le cas. Ça s'appelle le système du bartering. Donc, ça veut dire que, en fait, tu peux signer un contrat avec une chaîne, mais ça ne veut pas dire que tu peux financer ton contenu. Ça ne veut pas dire que la chaîne te paye. Au contraire. Donc en fait, ce qui s'est passé, c'est que déjà, nous on avait l'idée, c'était bien, mais déjà il fallait savoir comment on allait le financer, sachant qu'il fallait qu'on finance toute la production nous-mêmes, plus le coût éventuel de le mettre à l'antenne. Donc il fallait qu'on trouve un autre type de financement, et c'est là où Gado avait été coincé pendant des années avant de me rencontrer. Et moi, l'idée que j'ai apportée, c'est de dire, écoute, ce genre d'émission, on va parler énormément de corruption, de bonne gouvernance, de société civile. Et on devrait pouvoir trouver des donneurs qui veulent soutenir ces thèmes-là, qui pourraient nous faire des subventions. Donc, au lieu d'aller chercher des marques, par exemple, on allait chercher des subventions de la part d'un donneur, en leur disant qu'on allait promouvoir ces idées d'antipathie. anti-corruption et bonne gouvernance. Et donc, on est allé voir des gens comme la Fondation Ford, par exemple. Et donc, on a fait vraiment tout le tour. Et encore une fois, là, c'était bien parce que le Kenya, c'est donc, comme je le disais, l'un des pays de headquarters de l'ONU, ce qui veut dire qu'il y a toute une panoplie d'autres organisations internationales aussi à Nairobi. Donc, on est allé voir tout le monde et on est allé les voir. On avait une marionnette que Gado avait réussi à faire faire en France, en fait. par l'équipe des Guignols de l'Info, qui était la marionnette du président qui venait de voler les élections. Donc, on avait cette marionnette avec nous, on a pris la marionnette sous le bras et on a fait le tour de tous ces donneurs, de tous ces potentiels donneurs de subventions à Nairobi avec la marionnette, avec notre projet. Et il faut se rendre compte aussi que c'était une époque où les sujets politiques étaient vraiment, vraiment, vraiment très sensibles. Il y avait quand même eu... à des centaines de milliers de personnes déplacées et des dizaines de milliers de personnes tuées à cause de ce genre de choses. Donc, on était dans cet environnement-là. Et les premières questions que tout le monde nous posait, c'est comment vous allez réussir à être objectif et à ne pas, et donc la politique au Kenya, c'est très tribal, à ne pas favoriser une communauté, une tribu par rapport à une autre. Et nous, on a expliqué que déjà, on avait tous les deux des formations de... journaliste, puisqu'il était dessinateur de presse et moins journaliste, que moi j'étais française, j'avais pas de préféré dans cette histoire, et que Gado en fait était tanzanien, donc il n'avait aussi pas de préféré, et que, voilà, l'objectif c'était vraiment de taper un peu sur tout le monde, de taper sur tout, de mettre en lumière en fait, les mauvais comportements, les malversations de absolument toute la casse politique sans faire de préféré. On a réussi à convaincre un certain nombre de donneurs, On a eu un premier budget pour faire une première saison. Et là, le vrai travail a commencé puisqu'il a quand même fallu faire ces marionnettes. Et ça, c'est encore quelque chose de très, très compliqué puisque ça prend environ trois semaines de faire une marionnette en latex type guignol de l'info. Il faut un équipement particulier. Il faut acheter du produit, de la silicone qui se cuit, en fait, qui se chauffe, qu'on ne trouve pas au Kenya. Donc, il a fallu trouver... où l'acheter, la faire acheminer jusqu'à Nairobi. Il a fallu qu'on fasse construire un four de taille, de grosse taille, pour faire faire, qu'on puisse mettre les maïonnettes qui sont un peu plus grandes que taille humaine, en fait. Dedans, il nous a fallu construire aussi une chambre froide pour garder la silicone fraîche avant de la cuire. Donc, c'était vraiment, vraiment une usine à gaz. Il a fallu former des... Donc les marionnettes, elles sont faites d'abord, ça commence par une sculpture en terre, d'une caricature de la personne. Ça commence par une sculpture, donc il nous fallait des sculpteurs. Donc il a fallu former des sculpteurs. Les sculpteurs au Kenya sont traditionnellement des sculpteurs de pierre. Personne ne sait sculpter la terre. Donc chaque étape, en fait, c'était un challenge. On a fait venir... L'un des masters puppet makers, des fabricateurs de marionnettes de France, des guignols de l'info, qui a accepté de venir gratuitement former notre équipe au Kenya pendant quelques semaines. On avait quand même payé le billet à l'hôtel, mais il est venu gratuitement. Et grâce à lui, on a pu former l'équipe. Voilà, donc on a fait tout ça, tout ça, tout ça. Il n'y avait même pas d'outils pour sculpter la terre au Kenya. Il a fallu qu'on fasse, qu'on crée les outils nous-mêmes. Il n'y avait même pas de... tout le mécanisme pour faire les yeux des marionnettes qui bougent, tu ne peux pas l'acheter, ça il faut le faire à la main. Il a fallu qu'on aille chercher quelqu'un au Kenya qui soit suffisamment génial d'un point de vue ingénierie pour nous construire ce matériel-là. Donc on a trouvé ces gens avec qui on travaille toujours aujourd'hui. Voilà, donc on est passé par tous ces challenges-là. Il a fallu ensuite écrire les scripts. Il n'y a eu personne qui savait écrire des scripts de satire politique pour des marionnettes. au Kenya. Donc, on est allé chercher un mélange de journalistes et de comédiens. On les a fait travailler ensemble. On a tout réécrit les scripts nous-mêmes pour commencer à trouver notre voix. On leur a appris comment étudier les headlines qu'on voyait à la télé, comment lire entre les lignes, comment trouver de l'humour là-dedans. On est allé chercher des acteurs pour faire les voix. Il fallait qu'ils imitent les voix des personnages. Donc, on a dû les former. On a trouvé un super directeur voix qui, ensuite, a formé toute une équipe pour faire toutes les voix. Il a fallu créer les costumes parce que c'est une taille particulière, les marionnettes. Il a fallu trouver les marionnettistes. Miraculeusement, le Kenya a une troupe de marionnettistes mondialement connues, mais ils n'avaient pas l'habitude de faire ce type de marionnettes. Donc, on a dû les former. Donc, on a fait tous ces trucs-là pour ensuite lancer Merci. la première émission, et ça a été un énorme succès. On s'est fait beaucoup taper dessus aussi par des gens qui disaient que c'était nul, que c'était bête. Ça, c'était des gens qui ne comprenaient pas le deuxième degré. Bref, on a eu toutes les critiques de la terre, mais ça a été un succès énorme. Après cette première saison, on s'est amélioré constamment, saison après saison, jusqu'à devenir une grosse machine de 80 personnes et à lancer aussi au Nigeria. Incroyable cette histoire. Et pardon, pour répondre plus clairement à ta question de la chaîne, en fait, une fois qu'on avait eu tout ce système qui marchait, on est allé voir la plus grosse chaîne du Kenya et on leur a dit voilà, on a cette émission-là, prenez-la. Et ils ont dit OK, et on ne va pas vous faire payer pour l'antenne, donc on va la mettre gratuitement à l'antenne. Pour nous, c'était un discount. Et pour eux, en fait, ils ont Ils ont pris le risque parce que c'était une émission de satire politique et ça leur a apporté aussi beaucoup de prestige. Mais voilà, c'est comme ça qu'on s'est retrouvés à la télé.
- Ramata
Incroyable cette histoire. Ça peut faire l'objet d'une série. Toutes les étapes que tu racontes, où on pourrait se dire que c'est dupliquer un programme existant, ça pourrait être assez facile. Et dans ce que tu racontes, on comprend que ça a été des challenges. permanent et continu. Et j'imagine qu'en plus, le satire politique, il y a des moments où on peut se sentir un peu, je ne dirais pas jusqu'à dire menacé, mais en tout cas, pas forcément tranquille quand on tape sur certains profils. Il y a des sujets ou des périodes pendant lesquelles ce type d'émission-là, ça peut être extrêmement, je ne sais pas si dangereux ou risqué, mais en tout cas, est-ce qu'il y a eu des périodes pendant lesquelles vous vous êtes dit bon, là, on va... pas aller trop loin ou cette personne-là, on ne va pas lui taper dessus parce que on risque de se mettre peut-être en danger ou en tout cas... Est-ce que vous avez eu des craintes d'annulation de show à des périodes parce que c'était un petit peu compliqué ?
- Marie
Alors oui et non. Alors ce qui était intéressant, c'est que personne dans notre équipe n'a jamais eu peur. Donc on a quand même réussi à créer... Donc, je disais une équipe de 80 personnes qui allaient des chefs de département jusqu'aux marionnettistes qui habitent dans un but en ville. Mais on était tous complètement alignés sur la mission des missions. On venait tous de vivre une période très traumatique pour le Kenya. C'était vraiment, on sortait de cette période de conflit que le Kenya n'avait pas connue. Et on voulait absolument tous prévenir une répétition. Donc, tout le monde était aligné là-dessus. Et pour nous, on pensait que dire les vraies choses et mettre en lumière la corruption, c'était notre meilleur moyen d'éviter que ça se reproduise. Donc en fait, personne n'a jamais été intimidé. Il y a eu quelques coups de fil passés à la chaîne, mais c'est là où nous, on est assez protégés parce que le patron de la chaîne... Il ne nous rapportait pas forcément toutes les critiques. Il me disait « Ah, mais j'y peux rien, moi, je ne suis pas producteur de l'émission. » Et donc, ça s'arrêtait là. Il y a eu deux, trois fois dans toute l'histoire, parce qu'encore une fois, ça a duré vraiment pas mal d'années, cette aventure où, oui, on s'est retrouvés bloqués d'antenne, puis on a pu reprendre l'antenne. Il y a eu des commentaires de plusieurs politiciens, mais qui... C'était juste, voilà, ils essayaient de nous faire peur, mais ça n'allait nulle part. La seule chose où nous-mêmes, on a été d'accord et on a changé quelque chose dans notre contenu, c'était seulement sur un sujet. Donc, ce président en question, qui s'appelait le président Kibaki, il avait une femme dont on se moquait pas mal, mais il se trouve qu'en fait, elle avait des problèmes de santé mentale. Elle n'était pas stable mentalement. Et on a, pendant certains épisodes, on s'était donc moqués d'elle. Jusqu'à ce qu'on reçoive un coup de fil, on dit, écoutez, c'est un problème de santé mentale, elle est mal alimentale, c'est quand même pas très sympa ce que vous faites. Et on dit, c'est vrai, c'est pas de sa faute. Et puis en plus, elle n'est pas élue. Rien à voir avec cette histoire. Donc, on a arrêté. Voilà, ça. Mais sinon, le reste, non, on a toujours pu dire ce qu'on voulait dire.
- Ramata
Très bien. Donc, c'est une belle histoire, une belle expérience que tu nous as partagée là. Ensuite, je vais en venir à ce que tu fais aujourd'hui et toute la partie liée à ton expertise des industries culturelles et créatives, où aujourd'hui, tu vas être en consultant accompagnateur de différentes entreprises, comme tu l'évoquais un petit peu au début. Et là, c'est un tournant, je pense, dans ta carrière d'entrepreneur. en fait. À partir de quel moment tu te dis, je vais passer peut-être de l'autre côté ou je vais accompagner ? Est-ce qu'il y a eu des sollicitations qu'on fait qu'à un moment donné, on s'est dit, cette personne-là a l'air de connaître bien le terrain. Il y a eu des sollicitations qu'on fait qu'à un moment donné, tu te dis, je vais ouvrir ma boîte de conseils et je vais faire ça. Est-ce que ça s'est passé comme ça ou est-ce que ça a plutôt été vraiment une réflexion, une initiative de sa part en te disant, j'arrive à un moment de ma carrière où j'ai envie de changer, j'ai envie de créer une boîte de conseils ?
- Marie
Non, c'était initié par moi à nouveau. En fait, moi, j'essaie toujours un petit peu tous les deux, trois ans de réajuster ce que je fais en fonction de l'évolution du marché. Et donc, je suis dans un marché que j'ai pris à un niveau extrêmement émergent. Comme je le disais, il n'y avait même pas de... Les chaînes de télé ne payaient même pas les producteurs de contenu. Donc, c'est pour te dire à quel point on venait de loin. Mais les choses ont évolué. ces 15 dernières années extrêmement rapidement. Et j'essaye vraiment de suivre, de pousser, de soutenir, de suivre et de m'adapter à l'évolution de ce secteur-là. Donc là, après quelques années, parce qu'on a sauté des étapes, mais on est obligé, sinon ça va prendre quatre heures, c'est cette histoire. Mais après quelques années, en ayant été moi-même vraiment aux manettes de plusieurs business, là, je dois dire, l'une des erreurs sans doute que j'ai faites, c'est d'en avoir plusieurs à la fois. Donc, d'avoir la boîte de production, d'avoir une agence de management de talent et d'avoir la plateforme de VOD, parce que ça, c'est aussi toute une histoire, d'être dans la tech, de monter toute une plateforme, d'aller chercher des utilisateurs, d'aller chercher du contenu, de faire des deals avec des producteurs partout en Afrique. Donc, après quelques années à faire tout ça en parallèle, J'avais quand même appris beaucoup de choses sur plein de secteurs. J'ai donc vendu la plateforme de vidéos à la demande à trace. J'ai fermé l'agence de management de talent qui ne faisait pas d'argent parce que j'étais encore une fois beaucoup trop tôt sur le marché, mais où j'avais quand même appris beaucoup de choses. Et je me suis dit, bon, l'un des gros challenges auxquels j'ai dû faire face jusqu'à présent, moi-même en tant qu'entrepreneur, C'est... été le challenge de la levée de fonds. C'est-à-dire que pour financer ces activités-là, ça a toujours été la croix et la bannière. Et j'avais été vraiment réussi. C'est-à-dire que pour te donner une idée, sur environ cinq ans, j'avais levé 7 millions de dollars de subventions, que ce soit pour The Expo Easy Show, ou d'autres shows, ou d'autres initiatives. créatives, ce qui à l'époque je ne m'en rendais pas compte, mais qui s'était du jamais vu. Donc j'avais eu quand même cette expertise de lever ce type de fonds à l'époque, mais c'était des subventions et ça me dérangeait de penser que ces projets créatifs que j'avais pu mettre en œuvre qui ont... avait touché des millions et des millions de personnes, qui avait eu énormément de succès, qui avait parfois changé les mentalités, devait être financé par des subventions. Je trouvais que c'était un problème. Et je voulais absolument réveiller la communauté d'investisseurs privés sur le sujet des industries créatives et leur dire qu'il y a de l'argent à se faire dans ce secteur-là, il y a des choses à structurer, mais ça vaut le coup de regarder, c'est pas un petit... Ce n'est pas juste des paillettes et des créatifs et des artistes qui connaissent rien au business. Et donc, je voulais changer cette perception-là. Et donc, c'est ce qui a motivé, un, la création de mon agence de conseil, et deux, cinq ans plus tard, le lancement de ma newsletter qui s'appelle Hustle & Flow. Donc, c'était vraiment l'idée d'aller communiquer auprès des grandes boîtes et auprès des grands investisseurs comment faire du business, du vrai business. en Afrique, en passant par où, en passant par quel secteur, quel pays, quels acteurs et voilà et de vraiment changer cette narrative de pouvoir dire à quelqu'un comme Warner Brothers ou un gros fonds oui il y a des gens auxquels vous pouvez faire confiance au Nigeria, il y a des gens qui font du très très bon business, il y a des gens qui gagnent de l'argent il faut le faire de cette manière là donc voilà c'est à ce moment là où j'ai vraiment packagé toute cette expertise que j'avais eue sur le terrain. J'ai fait des deals avec des telcos, j'ai fait plein de choses qui étaient vraiment très pratiques et très transmissibles. Et donc, j'ai lancé ma boîte de conseils. Et à travers ce business-là, j'ai pu accompagner la transition vraiment des mentalités et du secteur depuis ces dix dernières années. jusqu'au moment où on se retrouve aujourd'hui qui est vraiment très différent de là où on avait commencé. Toi,
- Ramata
du coup, comme tu le dis, tu es arrivée au Kenya en 2004, donc tu as pu suivre l'évolution des industries culturelles et créatives. Et puis, dans l'industrie culturelle et créative, c'est un grand chapeau dans lequel on va avoir le cinéma, on va avoir la mode, on va avoir l'art, tu intègres aussi, toi, en plus le sport. quel est le secteur ou le sujet sur lequel tu as vu l'évolution la plus frappante où tu t'es dit là vraiment il y a quelque chose qui se passe on est à un tournant,
- Marie
il y a vraiment quelque chose de flagrant sur tous ces secteurs en fait mais en fait ça fait partie d'un grand mouvement que j'explique de cette manière donc je pense que tout le monde surtout parmi tes auditeurs personne n'a besoin d'être convaincu ou informé du temps dynamisme de la créativité en Afrique, je pense que tout le monde le sait, depuis très très longtemps, donc ça n'a jamais été le problème, mais ce qui s'est passé ces 15 dernières années, c'est que soudainement, les barrières entre la créativité africaine et le reste du monde sont tombées, grâce notamment à Internet, à l'apparition des réseaux sociaux, d'une première manière, et l'apparition des plateformes de streaming dans un deuxième temps. Donc, ces nouvelles plateformes globales digitales ont permis vraiment à faire tomber les barrières entre la créativité africaine et les audiences globales. Donc aujourd'hui, tu es un créateur africain, que ce soit tu as fait un film, tu fais de la musique, tu es un artiste peintre, n'importe qui dans le monde peut avoir accès à ta créativité, peut te suivre, peut te soutenir. Et c'est vraiment ce qui s'est passé ces 15 dernières années. Donc, Donc, on... On a vu l'explosion plus spécifiquement de certains genres, de certains produits comme l'Afrobeat dans la musique, comme l'Hollywood dans le cinéma. Mais ça s'est vraiment répercuté sur absolument tout. Grâce aux réseaux sociaux, on voit aussi que ce n'est pas une relation qui ne se passe que dans un sens, c'est-à-dire qu'il y a un dialogue entre le reste du monde et l'Afrique sur ces sujets-là. C'est beaucoup plus facile maintenant. maintenant, pour les créateurs africains d'avoir leur voix. Et donc, soudainement, il y a eu cet éveil de l'audience globale à la créativité et à l'art africain, qui a fait qu'il y a eu cette explosion. Donc, c'est vraiment ça que j'ai vu arriver et que j'ai vu se passer. Et donc, quand ça se passe, tu as les flux financiers qui suivent. Donc, forcément, l'explosion de AfroBeats et de Nollywood a attiré l'intérêt de beaucoup, beaucoup d'investisseurs. que ce soit public ou privé, qui ont commencé à regarder les secteurs. Et ce qui s'est passé aussi, c'est qu'il y a environ 5-6 ans, je dirais, tous les gros bailleurs de fonds internationaux, qui sont les institutions financières de développement, se sont rendus compte que les industries créatives étaient en fait un très gros pourvoyeur d'emplois chez les jeunes et les femmes. Et l'Afrique, comme tout le monde, a besoin de beaucoup d'emplois pour... pour employer toutes ces jeunes générations qui arrivent. Et c'est un gros sujet pour ces institutions financières. Et donc, ils ont commencé à s'intéresser au secteur par ce prisme-là de l'emploi et de la contribution de ces secteurs à la croissance du continent. Donc, soudainement, il y avait un intérêt des investisseurs. Voilà. Donc, toutes ces choses-là se sont passées ces 15 dernières années. et on arrive à un moment aujourd'hui. Tu posais la question en tout début de podcast, peut-être de cette idée que beaucoup de personnes n'ont qu'il n'y a pas d'argent dans la créativité, c'est complètement faux en Afrique. Donc, je n'arrête pas de répéter ça parce que je veux que les gens se rendent vraiment compte du changement de l'environnement dans lequel on est, c'est-à-dire qu'il y a 5 ans, peut-être que c'était vrai, mais aujourd'hui, il y a eu environ 3 milliards Voilà. de fonds qui ont été débloqués pour les industries créatives en Afrique de la part de ces gros bailleurs de fonds. 3 milliards, c'est énorme. Et donc, il y a de l'argent. Il y a plein de programmes aujourd'hui qui existent. Il y a plein, j'ai une liste d'environ 100 investisseurs qui sont intéressés dans les industries créatives. Ce n'est pas ça le problème qu'on a aujourd'hui. Donc, moi, personnellement, dans mon travail, je considère que cette première étape qui était de convaincre les investisseurs du potentiel, ça a été réalisé. La deuxième étape, c'est de faire en sorte que les industries créatives et sportives et les entrepreneurs eux-mêmes soient prêts à recevoir cet argent et prêts à recevoir cet argent, c'est-à-dire qu'il faut qu'ils aient des sociétés qui soient investissables, qui soient bancables. Et là, on n'en est pas encore là. C'est-à-dire que la plupart des entreprises créatives sur le continent sont soit à moitié informelles, soit pas du tout préparées avec des équipes bancales. il n'y a pas de compétences business ou financières, donc elles ne sont pas encore attractives pour les investisseurs. Et les entrepreneurs souvent ne se rendent pas compte. Donc mon nouveau cheval de bataille, c'est d'essayer de relever le niveau de compétences business et financières des entrepreneurs, de leur faire comprendre quels sont les standards qu'il faut atteindre pour pouvoir lever de l'argent. Parce que pour beaucoup d'entrepreneurs, ils ont eu cette expérience que j'ai eue moi-même où le seul argent qui était disponible pendant longtemps, c'était des subventions. On te demande plein de choses, il faut faire plein de rapports, mais jamais on ne te demande un business model. Et là, soudainement, l'argent qui est disponible maintenant, c'est de l'argent privé qui veut du retour sur investissement. Et là, c'est une autre histoire. Donc, c'est là où on en est aujourd'hui. Et c'est une évolution, je trouve, extrêmement positive. Mais il faut maintenant que les entrepreneurs se mettent au niveau. Et toi,
- Ramata
du coup, quand tu dis que tu challenges et tu accompagnes les entrepreneurs, c'est-à-dire que ça fait partie des missions qui sont des missions de ton entreprise ? C'est-à-dire qu'on peut venir te solliciter pour, voilà, je sais qu'il y a cette opportunité de financement, mais je ne suis pas sûre d'être prêt. Est-ce que toi, tu accompagnes donc les entrepreneurs ? Ça fait vraiment partie des missions que tu proposes ? Comment ça se concrétise, en fait, cet accompagnement que tu proposes aux entrepreneurs ?
- Marie
Alors, moi, mes clients, c'est vraiment les investisseurs. Ça a été jusqu'à présent les investisseurs qui ont les budgets pour me payer. Les entrepreneurs n'ont pas le budget pour me payer, puisque eux-mêmes ont du mal justement à générer des revenus. C'est tout le lard de la guerre. Donc, à l'heure actuelle, pour moi, je travaille pour les investisseurs. Ceci dit, il y a des opportunités d'accompagnement qui se développent de plus en plus. Et je réfléchis, moi, à mes propres outils. mais le challenge c'est comment J'aimerais trouver une manière d'accompagner un nombre d'entrepreneurs, enfin un grand nombre d'entrepreneurs, donc pas le faire au cas par cas, parce que je n'ai pas suffisamment de temps pour répondre à toutes les demandes. Je reçois beaucoup, beaucoup de demandes, par exemple. Dans des cas extrêmement rares, je fais cet accompagnement si je crois vraiment au potentiel de la boîte, mais j'ai du temps pour trois boîtes en même temps. Et là, je suis complètement complète de ce point de vue-là. donc je cherche moi Il y a des choses sur lesquelles je travaille pour pouvoir faire ça pour beaucoup de gens à la fois. grande échelle, voilà, j'avais le mot scale dans la tête, mais c'est échelle en français, pour vraiment avoir un impact le plus large possible. Donc, je ne peux pas encore t'en parler à l'heure où on se parle, parce que je veux être sûre de ce que je lance, c'est quoi, quelle date et tout ça, je ne veux pas trop m'avancer. Mais voilà, il y aura plusieurs produits, il y aura plusieurs initiatives qui ont pour objectif d'apporter cette compétence, ou en tout cas cette information. à grande échelle dans différents secteurs de l'industrie.
- Ramata
Écoute, ce sera l'occasion d'en reparler, soit dans le cadre d'un article ou d'un podcast. Quand les choses sont prêtes, on en parlera à ce moment-là parce que je pense que ça fait aussi partie d'éléments qui vont intéresser mes auditeurs. Tu posais la question tout à l'heure, je n'ai pas répondu, mais j'ai une partie de mon audience qui est en France et j'ai une autre partie qui est en Afrique, notamment, plutôt Afrique francophone, du coup, Sénégal, Côte d'Ivoire, Bénin. donc donc toute cette audience que je salue et qui me suit depuis les débuts du podcast, avec vraiment toute cette partie qui est plutôt francophone, à la fois africaine. Alors, tu as extrêmement bien répondu, et c'était le point sur lequel tu te bases, c'est ce que tu évoquais, sur de dire, il y a de l'argent maintenant, comment accéder à cet argent ? Il y a besoin d'avoir des projets solides, parce que les investisseurs, effectivement, eux, ils regardent la ligne du bas, quel que soit le projet culturel, quel que soit... D'un point de vue créatif, comment on peut penser être bon ? À un moment donné, il faut aussi être capable de prouver comment on peut être rentable, en fait. Moi, j'entends beaucoup aussi parler, enfin, cette expression, elle est beaucoup reprise, cette notion de soft power, de l'avènement de l'Afrobeat, de Nollywood, le fait que sur Netflix, on voit de plus en plus, en tout cas Netflix, quand on est ici en France, on a de plus en plus accès. à des contenus qui viennent du Nigeria, qui viennent de différents pays. Toi, cette notion-là, qu'est-ce que tu en penses de cette terminologie-là, le fait de parler des industries culturelles et créatives comme d'un soft power ?
- Marie
Oui, c'est tout à fait le cas. Ça a été le cas pour tous les pays qui ont saisi ces secteurs-là à bras-le-corps. On sait très bien que l'image qu'on a tous des États-Unis, elle a été façonnée par Hollywood. D'ailleurs, elle est en train un petit peu de... de pâtir aujourd'hui parce qu'on se rend compte que c'est les Etats-Unis de Hollywood, et les Etats-Unis de la réalité, c'est plus trop ça. Mais pareil pour la France, la France investit énormément d'argent, je dirais que c'est l'un des pays qui vraiment prend ça le plus sérieusement dans sa culture et sa créativité, et elle rayonne dans le monde bien au-delà de sa taille, de la taille de son école et de sa culture, donc c'est totalement vrai. Ça, c'est un sujet... qui est plus du côté des gouvernements. Donc, c'est plus un sujet de politique publique. Je travaille aussi avec des gouvernements. Donc, c'est aussi un sujet qui intervient dans certains des projets sur lesquels je travaille. Et je suis assez contente de voir qu'il y a beaucoup d'évolutions positives aussi dans ce domaine-là. C'est-à-dire qu'il y a plusieurs gouvernements en Afrique qui se sont vraiment saisis de ce sujet, des industries créatives. Ces dernières années, je vais encore mentionner le Nigeria, qui est le pays où je travaille le plus, mais ils ont un nouveau ministère de l'économie créative, des arts, de la culture et du tourisme. Depuis environ un an, ils font un travail, ils ont des annonces de nouveaux projets absolument tous les jours. Ils ont une équipe extrêmement motivée, dans l'équipe des gens. des acteurs du secteur, donc ils savent vraiment de quoi ils parlent. Mais il n'y a pas que le Nigeria, il y a des pays comme le Bénin, il y a le Sénégal, la Côte d'Ivoire, il y a le Rwanda, il y a à un certain niveau le Maroc. Donc il y a pas mal de pays quand même qui font plein d'efforts, qui lancent des grands projets, qui lancent des projets de soutien pour leurs industries créatives. Donc c'est à ce niveau-là que se situe le soft power. Et donc ces pays s'ils se saisissent de ces sujets-là, c'est qu'ils ont bien compris ça. Et en effet, quand on est touché à l'extérieur par une culture de manière positive, donc ce qu'on peut apprendre de l'extérieur, imaginons du Sénégal, à travers sa culture, ses artistes et musiciens notamment, ça donne une image positive du pays, ce qui veut dire que ça peut entraîner. d'autres investissements, d'autres projets dans notre secteur, c'est ça ce qui est le soft power. Donc en effet, ça se passe, c'est dans le mandat des gouvernements, il y en a pas mal qui prennent le sujet très sérieusement, donc je suis très positive sur cette évolution également.
- Ramata
On arrive au bout de cette interview. Moi, ce que j'avais envie de te poser comme question, puisqu'on a beaucoup parlé de l'évolution et du fait de ton expertise du secteur à travers toutes ces années que tu as passées sur le continent et aussi du fait que tu travailles régulièrement avec des entreprises qui sont basées sur place. Tu nous as fait un overview du passé. Comment tu vois l'avenir ? Pour toi, si tu devais citer un ou plusieurs éléments qui te semblent vraiment importants par rapport à l'évolution des industries culturelles et créatives dans les cinq prochaines années, comment tu vois les choses en Afrique ? Après, tu peux choisir le sport ou un domaine en particulier ou être resté général. Mais en tout cas, en termes de perspective, qu'est-ce que tu vois ?
- Marie
Alors, beaucoup de choses. La première chose, c'est dans la continuité de ce que je viens de dire, c'est vraiment l'urgence de comprendre comment se structurer, comment parler aux investisseurs pour les entrepreneurs. L'urgence aussi de créer des alliances, d'arrêter de faire des petites choses chacun dans son coin, mais de travailler à plusieurs sur des plus gros projets, de faire des... Plus grosse société, parce que c'est ça vraiment qui va attirer l'investissement. Donc c'est vraiment l'un des sujets que je pousse, je pousse vraiment ces idées d'alliances, que ce soit des joint ventures, que ce soit des mergers, mais vraiment de créer des champions locaux. Et pour ça, il faut laisser un peu l'ego retomber, ce qui n'est pas toujours le cas. Enfin, c'est toujours un peu compliqué chez les créatifs, mais ça, c'est un gros sujet que j'essaye de pousser. Un autre gros sujet qu'on n'a pas du tout mentionné, mais c'est l'arrivée et l'impact de l'intelligence artificielle sur les industries créatives dans le monde et en Afrique en particulier. C'est-à-dire que, alors qu'on essaye encore de s'établir, de poser des fondations saines, de se construire et d'aller chercher des financements, il y a l'IA qui arrive et qui chamboule tout, et notamment qui chamboule les processus de production, qui chamboule le type d'emploi qu'on peut avoir. Donc l'un des avantages de l'Afrique dans le passé, c'était que peut-être il y avait des endroits où on pouvait produire pour moins que dans notre pays. C'était un avantage concurrentiel, je pense notamment à l'animation. Ce n'est plus du tout le cas avec les outils IA maintenant. Tout le monde est un peu au même niveau et ça fait vraiment baisser les coûts. Et donc là, la compétition va être beaucoup plus au niveau des idées et au niveau de la capacité à adapter ces outils technologiques. Là, je suis un peu inquiète parce que je ne vois pas d'adoption rapide en Afrique de ces sujets-là, mais je dois dire qu'en Europe non plus. Donc, ce n'est pas que l'Afrique, mais l'Afrique doit se saisir de ces sujets ou sinon elle va être encore plus en retard. C'est quelque chose de très urgent. Et puis, peut-être pour terminer, il y a vraiment la... les acteurs internationaux continuent à s'intéresser à l'Afrique, continuent à arriver en Afrique. Donc là, on peut peut-être un peu mentionner le sport, mais il y a eu donc la NBA qui est arrivée en Afrique avec la Basketball Africa League, qui promeut maintenant le basket comme autre gros sport d'Afrique à part le foot. Tous les acteurs du foot sont déjà en Afrique depuis longtemps. Tu as la NFL qui est le football américain qui a maintenant des académies en Afrique. Il y a beaucoup de gros acteurs, tu as Live Nation qui arrive pour faire des concerts, beaucoup de gros, gros acteurs internationaux qui arrivent. C'est bien, ça valide l'intérêt au niveau mondial du marché africain, mais ça veut dire, encore une fois, qu'il faut de l'autre côté des acteurs locaux, des champions locaux qui puissent tirer parti de cet intérêt. Donc voilà, c'est une opportunité, mais à bien gérer. pour l'Afrique.
- Ramata
Très bien. Écoute, je me dis que j'aurais aimé pouvoir discuter avec toi encore plus longtemps. Mais j'espère qu'on aura l'occasion de refaire en tout cas un échange quand on aura sorti tes initiatives, ce dont tu parlais d'accompagnement pour l'entrepreneur. Moi, j'invite les auditeurs qui veulent en savoir plus sur ce que tu fais et sur les industries culturelles et créatives en Afrique à lire ta newsletter qui s'appelle Hustle & Flow, si je ne me trompe pas. Oui, ça va là. et moi je mettrais de toute façon en note de bas de l'épisode le lien pour l'accès à la newsletter de manière à avoir des updates réguliers sur ce qui se passe en Afrique en termes des industries culturelles et créatives. Je te remercie beaucoup pour ta disponibilité et pour le niveau de détail que tu as partagé avec nous sur ce qui peut se passer aujourd'hui sur ce secteur-là et aussi sur un overview de où on était et où on est aujourd'hui et puis je te dis à très vite en Afrique ou ailleurs.
- Marie
Merci beaucoup. À très vite, Renata.
- Ramata
Au revoir.
- Marie
Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique.