- Mouad
Alors, en fait, ma marque se définit comme un mélange entre tradition et modernité. C'est entre artisanat et expérimentation. En fait, j'aime trop travailler avec des formes déconstruites que je reconstruis sur la morphologie pour donner à ces formes authentiques une fonction et une esthétique qui peut s'inscrire facilement dans la vie quotidienne.
- Ramata
Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité, trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo. Je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique. Et depuis,
- Mouad
je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine.
- Ramata
Aujourd'hui, je suis en compagnie de Mouad Lab. C'est le fondateur de la marque éponyme Labra. Je l'ai invité aujourd'hui pour qu'il puisse nous parler de son parcours et de sa marque. Bienvenue Mouad, comment vas-tu ?
- Mouad
Bonjour Amata, ça va ?
- Ramata
Ça va très bien, merci et toi ? Je suis ravie que tu aies invité, de t'avoir invité. qui a participé au podcast d'Africa Fashion Tour. Toi, tu es basée à Casablanca, Europe. Et ça va être l'occasion de découvrir ton parcours éternel. On va commencer cette interview comme je le fais toujours. Je vais te demander de te présenter.
- Mouad
D'ailleurs, j'aimerais bien vous... J'aimerais bien te remercier pour cette invitation, pour ce podcast déjà. C'est un très, très bon statut. Alors moi, je m'appelle Moëlle Daudra. Je suis un créateur marocain à l'intersection de l'art et la mode. Mon parcours est en fait assez hybride. J'ai commencé par l'art visuel, aussi par l'archide intérieur et du collage. Et du collage à partir des matériaux recyclés avant d'étendre cette démarche à la mode. Et en fait, j'ai fondé ma marque Ladra comme un projet manifeste d'une manière d'exprimer l'enfant soit pour moi à créer des vêtements à travers un regard plus mature et contemporain. C'était pour moi une question de concrétiser ces petits rêves d'enfant. Après des études dans l'art et dans le design, la vue a commencé à être beaucoup plus mature. sur mon champ. Et du coup, voilà.
- Ramata
Très bien. Écoute, c'est super intéressant que tu partages ce côté assez conceptuel de ta marque. Tu évoques des études au niveau du design et de l'art. Est-ce que tu peux nous dire un petit peu quelles écoles tu as pu faire ?
- Mouad
Alors, j'ai fini un parcours d'art appliqué en lycée, ce qui m'a permis un peu de toucher de différents types d'art, de design. comme le design de communication, le design d'espace, le design d'objets, l'histoire de l'art aussi. Et puis par la suite, je me suis dirigé pour faire l'architecte intérieur à l'école supérieure de design et des arts visuels à Casablanca, où j'ai eu mon diplôme en tant qu'architecte d'intérieur. J'en ai travaillé pas mal en collaboration avec pas mal d'architectes de Maroc, notamment le Grand Théâtre de Casablanca. projets institutionnels, de la mise en scène, des expositions, des projets privés aussi. Et puis par la suite, j'ai vu diriger ma carrière envers tout ce qui est mode, aussi, parce que c'est tout ce que j'avais toujours aimé faire. En fait, aussi, l'archive antérieure et la mode, ça se réunit à envelopper encore dans un espace ou des ports, mais je trouve que c'est un espace où est-ce que Merci. La mode et l'archi se réunissent. Du coup, voilà.
- Ramata
Et aujourd'hui, du coup, ça fait combien de temps que tu as lancé ta marque ?
- Mouad
Alors, j'ai lancé ma marque en 2015 d'une manière absolument immaculée. Et depuis cette date-là, en fait, j'ai commencé à un peu construire ma marque d'une manière beaucoup plus ouverte, disons. Ce n'était pas tout à fait structuré. Je ne savais pas vraiment, en fait, où est-ce que j'allais. j'avais juste cette envie de m'exprimer, d'exprimer mon ennui en tant que créateur de créer des vêtements. Cet enfant, moi, était un peu beaucoup plus débordé que structuré pour dire que j'avais une marque hyper bien définie. Mais avec le temps, tout s'est structuré, tout a pris place et je trouve que c'est un parcours un peu moins institutionnel, moins moi euh euh moi Comment dire ? Moins bien pensé, quoi. Et ce qui m'a permis à me connaître, à connaître ce que j'ai envie de faire et ce que j'ai envie de me faire exprimer dans la même, mais aussi ce qui m'a permis aussi de grandir avec cette situation.
- Ramata
Alors, tu évoques le fait d'avoir lancé ta marque de manière immature. Qu'est-ce que tu veux dire, en fait, par là ?
- Mouad
En fait, je n'avais pas de ligne directive. J'avais juste envie de créer. Je dessinais depuis que j'avais 12 ans et en fait, j'ai dessiné pas mal de collections. Après, au fur et à mesure, quand j'ai commencé à faire mes études, j'ai comprené un peu ce que c'est faire du design, la structuration de collections, la recherche, le développement des produits et tout ça. et du coup, je commençais à appliquer ce que j'apprends à l'école sur mes dessins. Du coup, je commençais à dessiner. toutes des collections de A à Z avec les matières, la DA, le make-up, les cheveux, tout ce qui vient avec. Et par la suite, en fait, quand j'ai commencé à travailler, j'ai commencé à économiser un peu d'argent. En fait, j'avais juste envie de créer et de faire des vêtements. Et j'avais en tête des pièces qui n'entrent pas dans une structure générale, en fait, comme on voit dans des collections. qui sont un peu hyper bien dessinées, des couleurs bien précis, des formes qui suivent une ligne directive. Moi, j'avais juste envie de créer. Je me retrouvais avec des collections de 30 pièces, mais chacune ne ressemble absolument pas à l'autre. Et voilà, ce qui m'a permis aussi de connaître ma ligne créative.
- Ramata
Qui est en fait la cible que tu vises avec ta marque de vendeur ?
- Mouad
On vise un peu les deux genres. Toutes les personnes qui se retrouvent dans la collection peuvent être bien ciblées, mais je cible aussi les gens un peu plus sensibles à l'histoire, un peu plus sensibles à des formes un peu authentiques. Par exemple, ils ne se basent pas sur des coupes ordinaires.
- Ramata
c'est voilà mais ça peut parler à tout le monde et quels sont tes parties prises en fait en termes de concept de pièces iconiques si tu devais décrire la marque en
- Mouad
fait moi moi franchement ce que j'ai appris avec mon parcours c'est que j'aime trop la morphologie elle-même même la façon dont elle se mûre et à chaque Merci. fois, je me mets à observer, je me retrouve à observer les corps, leurs différences, leurs mouvements dans l'espace. Ça me fascine, surtout lorsqu'ils ont le corps interagissant avec des formes. Et dans notre marque, on a pas mal de formes d'articles qui sont créés à base de formes déconstruites qu'on a trouvés dans les déchets et qu'on a travaillé, genre des pièces des formes déconstruites, puis reconstruites pour englober le corps. Et voilà, moi j'aime voir comment ces sculptures vivant avec le corps, comment chaque tissu change le geste, le titre, et voilà. En fait, c'est comme si tu dis que c'est des vrais papillons qui se posent sur des vraies fleurs.
- Ramata
C'est très poétique. Aujourd'hui, ta marque est basée à Casablanca. Ce que tu évoques, c'est que tu cibles, il n'y a pas de limite en termes de genre. Ta clientèle est internationale, est-ce qu'elle est plus locale ?
- Mouad
Elle est beaucoup plus internationale que locale, ça je l'assume. Elle est beaucoup plus internationale, c'est vrai, que locale. mais il y a pas mal de collaborateurs, il y a pas mal de clients aussi au Maroc qui s'intéressent à la marque. Mais même en termes de philosophie de création dans ma marque, je ne crois pas qu'un créateur crée justement pour une cible précise ou une nation précise. Un créateur, quand il crée un designer, il design pour le monde, pour l'humain. Et en fait, ça doit être... ça doit être international de base.
- Ramata
Très bien. Aujourd'hui, ta marque est fondée depuis 2015. En termes de développement aujourd'hui, si on parle du côté un peu distribution, est-ce que tu as un site internet, un atelier, des boutiques ? Quand on veut acquérir une pièce de la collection Ladra, comment ça se passe ?
- Mouad
Ok. Pour l'instant, la marque fonctionne principalement à travers un modèle indépendant. Par exemple, on a des ventes directes sur Instagram et via le site web. On a un site web e-commerce. On participe aussi à des pop-ups. D'ailleurs, moi, en tant que créateur et acteur culturel, on a essayé de créer un pop-up qui s'appelle le Pop-up Art. et aussi et aussi un un Une résidence de mode que j'ai lancée l'année dernière, cette année en fait, avec l'American Art Center, qui a accueilli quatre créateurs, jeunes créateurs marocains, pour développer leur ligne créative. Et ils ont sorti avec leur look signature pour leur marque. Et là, on est en train de préparer la deuxième édition de la résidence. On fait aussi des collaborations avec des concept stores. et des créateurs locaux. Donc, en fait, ce modèle me permet de rester proche à ma communauté et de contrôler la narration autour de ma marque.
- Ramata
Très bien, je comprends. Donc, il y a un parti pris de collaboration et de vraiment préserver l'identité de la marque qui est important pour toi. Donc, c'est important pour toi de ne pas forcément être éparpillé, de ne pas avoir une description, tu vas chercher à être partout, en fait.
- Mouad
Exactement. Pas précisément, c'est juste qu'en fait, il y a aussi le... Le niveau de développement de la marque, on n'est pas encore à une échelle où est-ce qu'on va y aller sur des productions un peu à grande échelle pour une grande distribution. Il y a aussi le showroom dans mes ateliers où je reçois mes clients, où on fait aussi pas mal de surmesures sur des produits soit existants ou soit à l'idée du client qu'on va le suivre, qu'on va le consulter. pour répondre à sa réponse, à sa demande.
- Ramata
Et est-ce qu'à travers ton parcours au niveau du développement de la marque, tu as eu l'occasion de participer à des défilés ?
- Mouad
Exactement. En fait, la plupart des fois, ce sont des défilés que j'organise moi-même, personnellement. En 2021, j'ai participé à FATIMA, le Festival international de la mode africaine. où est-ce que j'ai présenté une collection de 30 ans été 2022. Et maintenant, je me prépare pour présenter ma collection à London Fashion Week en 2026.
- Ramata
Très bien, super bon sujet. Est-ce que tu peux parler un petit peu de la manière dont tu organises la partie ? de l'impact que cela peut avoir pour l'apprentissage de ta marque ?
- Mouad
Ça implique beaucoup de stress, je ne te cache pas. Franchement, c'est la première fois que je fais ce genre de choses. C'est une étape supérieure pour la marque. Ça implique beaucoup de travail. En fait, je travaille sur une nouvelle collection. C'est un titre « Number 9 » . On est en phase de recherche sur beaucoup de matières, sur beaucoup de recyclage aussi de matières locales. Ça implique pas mal d'échanges avec les organisateurs pour être le plus proche à la traduction de ce qu'on veut présenter. Ça implique un peu des allers-retours par rapport à tout ce qui est... RP, éditorial, des contacts avec des magazines, les invités qui vont prescrire pour le défilé. Ça implique aussi la préparation de la collection, la logistique d'envoyer la collection. Ça implique beaucoup de logistique, beaucoup de production, beaucoup de préparation et beaucoup d'éditorial.
- Ramata
Et ensuite, comme tu as déjà participé à d'autres défilés par le passé, quel est l'impact pour la marque de participer à un défilé ? L'après-défilé, c'est quoi pour toi ?
- Mouad
L'après-défilé, pour moi, c'est le retour des professionnels du domaine, c'est-à-dire ceux qui s'intéressent à la meubles, tous ceux qui travaillent dans le domaine et l'industrie de la meubles. Ça implique aussi pas mal de networking, ça implique pas mal d'échanges et aussi pas mal de commandes de chez des clients qui s'intéressent à la marque et à la collection qu'on a présentée et à l'histoire qu'on veut traiter.
- Ramata
Parce qu'aujourd'hui, tu dirais que tu as une communauté, tu as une clientèle Fitech qui s'est développée depuis 2015 que tu as lancé cette marque.
- Mouad
Oui, franchement, on a pas mal de clients. Et c'est d'ailleurs ce qui nous a poussé à un peu approfondir et structurer la marque. Parce qu'au début, c'était vraiment... Je travaillais d'une manière beaucoup plus spontanée, beaucoup plus libre. Il y a pas mal d'autres marques. Et maintenant, on a pas mal de clients qui viennent, qui reviennent, qui donnent du contact à d'autres personnes. On a des gens qui vont venir juste... Oui, on a des gens qui vont venir d'Instagram, mais on a une communauté assez fidèle qui nous suit, qui suit les nouveautés, qui ont besoin et qui ont envie de voir la suite.
- Ramata
Est-ce que les réseaux sociaux font partie intégrante de ta stratégie pour maintenir le lien avec cette communauté ?
- Mouad
Tout à fait. Les réseaux sociaux aujourd'hui sont devenus très primordial pour rester en contact avec les clients déjà. après déjà disponible, leur déjà disponible, les retrouver. Et aussi, les nouveaux clients qui vont découvrir la marque. Et c'est pour ça qu'il faut rester un peu trop fidèle à l'identité de marque, à l'identité créative, à ce que tu veux introduire pour les gens, à ce que tu veux leur dire, leur transmettre ton message. Et c'est les réseaux sociaux comme Instagram, aujourd'hui, le site web, ce sont des outils très... primordial dans la procédure de développement de la marque.
- Ramata
Et du coup, toi, quelle stratégie tu as mis en place sur les réseaux sociaux, justement ? Quelle est ta plateforme familiale ? Est-ce que c'est Instagram ? Est-ce que c'est Facebook ? Et à quelle fréquence est-ce que tu communiques ?
- Mouad
Nous, on est beaucoup plus présents sur Instagram que d'autres plateformes par ailleurs. C'est pour la simple raison qu'Instagram t'offre une plateforme où tu peux introduire ton message d'une manière beaucoup plus fluide et beaucoup plus visible. C'est-à-dire qu'on est fluide et tu peux être beaucoup plus libre et tu peux être beaucoup plus créatif à introduire l'identité de marque de ton projet. On a aussi le site web qui est très important. et qui a produit aussi d'une manière beaucoup plus fluide l'identité de la marque. On n'est pas très présent sur, par exemple, TikTok ni Facebook pour la simple et bonne raison que la fréquence des clients, la manière dans laquelle tu présentes les sujets sur ces plateformes est différente est un peu elle n'est pas stable, elle n'est pas liable à l'image globale de la marque.
- Ramata
Ok, je comprends. Donc, sur Instagram, en termes de contenu proposé, est-ce que toi, tu fais des faces caméra ou est-ce que c'est plutôt des vidéos de tes produits ou de tes clients ? Quels sont les contenus privilégiés que tu mets en avant pour faire découvrir la marque ?
- Mouad
On a beaucoup, en fait, la communication repose beaucoup sur du storytelling visuel. Ça ne montre pas juste les vêtements, en fait, on montre tout l'univers, les inspirations, le processus de création, le lien avec la culture marocaine et en général, la musique aussi, on met un point très lourd sur le recyclage aussi, parce que On s'intéresse beaucoup au recyclage. et voilà je pense que le digital est un outil fort pour raconter l'impression derrière chaque pièce mais aussi pour créer un lien avec les générations qui cherchent du fond dans la meute
- Ramata
Là tu viens d'évoquer en fait deux points que je me sens intéressants de souligner, il y a une partie qui est liée à la culture marocaine le fait que le marocain fait partie du storytelling de ta marque, il y a aussi Merci. est éthique. Est-ce que tu peux nous en parler plus en détail ? Comment tu intègres les savoir-faire marocains dans ta marque ?
- Mouad
Alors, en fait, ma marque est définie comme un mélange entre traduction et modernité. C'est entre artisanat et expérimentation. En fait, j'aime trop travailler avec des formes déconstruites que je reconstruis sur la morphologie pour donner à ces formes à cette des formes authentiques, une fonction et une esthétique qui peut s'inscrire facilement dans la vie quotidienne. C'est un langage urbain et universel, en fait. Et aussi, on travaille avec des tissus, des tissus qui jouent un rôle essentiel sur l'esthétique et aussi sur le recyclage, parce qu'il y a pas mal d'étoffes qu'on recycle au niveau des formes, des contenus. C'est-à-dire, s'il y a des formes en déchets, on les prend, on les retravaille, on les recolle avec ce pétope pour donner une nouvelle coupe et un nouveau article très authentique d'une coupe très originale. On travaille avec de la soie, du coton brut, on travaille aussi avec du textile artisanal. Et aussi au niveau de la technicité marocaine, il faut savoir que le Maroc est riche de techniques de couture traditionnelle. On a des broderies qui s'appellent par exemple Ters ou Napanda. Ce sont des broderies faites à base de fils de toit avec l'aiguille. Et en fait, ce sont des techniques avec lesquelles tu ressembles et tu connectes. les coupes, les pièces de l'article pour les assembler. Et ça, tout simplement juste ça, il y a plusieurs manières et plusieurs techniques en ça. Il y a aussi différents types de produits, différents types de travail avec le film de soie. Et aussi, on travaille sur le recyclage. On développe en autopropré. projets de recyclage de piles de foie parce que la plupart des artisans traditionnels travaillent avec beaucoup de piles de foie mais une fois la pièce est finie il reste en stock chez eux de piles de foie qui ne vont pas très forcément le réutiliser donc c'est un déchet qui reste chez eux donc on le collecte pour le retravailler soit avec du crochet soit avec du macramé soit avec d'autres techniques soit du tissage aussi pour créer pour créer des pièces recyclées à base de fils de soie. Et voilà, je pense que je vais pouvoir répondre à ta question.
- Ramata
Oui, tout à fait. Je te remercie d'avoir pris le temps de détailler avec autant de précision les différentes techniques que tu peux utiliser qui vont mêler à la fois les savoirs d'un européen et une notion de recyclage, de upcycling de matériaux dits là existants.
- Mouad
En fait, avec cette démarche, chaque pièce raconte une histoire entre mémoire et transformation d'identité.
- Ramata
Et on sent que c'est un point qui est très important pour toi dans l'ADN de la marque, en fait.
- Mouad
Moi, je trouve que c'est primordial parce qu'en fait, quand j'étais dans la phase de structuration de ma marque, en fait, je me suis dit qu'il va falloir que je m'intéresse à la tenue marocaine avant que je commence la mode, Vu que le Maroc est en... Mon pays est un territoire riche d'histoires détenues. J'ai vu les passages d'autres cultures sur le terrain, dont les Jépomans, qui ont laissé le Capon, les Marocains, comme les passages de l'Afrique sud-saharienne, qui ont laissé par exemple le Jumelheb. Il y a des étoffes au niveau du Sahara, il y a pas mal de choses comme ça. Et quand j'ai commencé ma recherche, en fait, je me suis retrouvé tout facilement avec un sujet très sensible pour moi, c'est que la tenue marocaine n'a jamais évolué. En fait, la tenue marocaine a été switchée pendant la protectorat marocaine et elle a changé en fait de fonction, comme le capton qui était par exemple, dans une certaine période utilisée. comme la tenue des femmes lettrées dans le palais. qui changent de fonction aujourd'hui pour devenir une tenue de fête. Par exemple, les djellabas aussi, qui ont été des tenues d'hommes masculins, qui sont devenues aussi des tenues de femmes foyers qui sortent faire ses courses ou y aller chez la famille. Et quand je me suis fait face à cette réalité, je me suis dit, franchement, pourquoi pas prendre le relais de faire évoluer un peu la tenue marocaine sans toucher à la tenue traditionnelle. C'est-à-dire, moi, je prends juste les codes de la tenue et la rendre un peu plus fonctionnelle, beaucoup plus moderne et internationale.
- Ramata
Très bien, c'est intéressant de revisiter des classiques, en fait, et puis de les réinterpréter avec un regard nouveau. Ce que tu évoques aujourd'hui, c'est que tu as un parcours entre l'art, le design et la mode. Ce que je voulais te demander, c'est est-ce qu'aujourd'hui, c'est la mode qui a pris le dessus ou est-ce que tu as encore des projets liés à l'architecture et à l'art ?
- Mouad
Franchement, avec toute sincérité, c'est la mode qui prend le dessus jusqu'à maintenant. En fait, la mode, c'est un truc que je voulais toujours faire. Et maintenant, aujourd'hui, ça prend beaucoup plus d'importance dans ma vie que l'archite intérieure. On égale avec l'art ainsi.
- Ramata
D'accord. Et du coup, est-ce qu'il y a des projets justement liés à l'art ou l'architecture sur lesquels tu as travaillé récemment et dont tu pourrais nous parler ?
- Mouad
En fait, comme je t'ai dit au début, moi, je suis un grand fan de la morphologie humaine et je regarde trop la morphologie. et en fait depuis que j'ai commencé à respecter Je dirais, ma mère, que j'avais une très grande question en tête, c'est que je trouve que la façon dans laquelle je présente mes habits pendant les déplis n'est pas cohérente avec ce que je présente. Et en fait, on est en train de travailler sur un projet qui va lier la mode et l'art d'une manière beaucoup plus performative avec un groupe d'artistes. pour présenter la mode en termes de spectacle.
- Ramata
Très bien, super intéressant. Donc, on voit que ce côté créatif, c'est vraiment l'intégrante de ton profil. Et finalement, c'est des dimensions avec lesquelles tu vas travailler, comment dire, tu vas piloter les unes des autres au fur et à mesure de ta carrière. Est-ce qu'en termes de développement, et de stratégie de développement de ta marque. Est-ce que tu as un profil où toi seul, la partie stratégie de ta marque, tu la gères seule ? Ou est-ce que tu travailles avec un associé, des membres de ta famille pour gérer cette partie-là ?
- Mouad
Jusqu'à maintenant, je travaille seul. C'est une indépendance totale.
- Ramata
Et du coup, tu dirais que, parce qu'en général, on a tendance à dire peut-être, alors je dirais à tort ou à raison, tu m'as dit, Quand on a un profil créatif, la partie gestion, la partie comptabilité, la partie stratégie, ce n'est pas forcément évident de la gérer. Est-ce que toi, par rapport à ça, tu te sens à l'aise ? Parce qu'il y en a certains qui sont complètement à l'aise là-dedans. Comment est-ce que tu as appréhendé le côté très business du développement de ta marque ?
- Mouad
En fait, j'ai appris avec le temps. C'est un truc que moi, j'ignorais tout à fait. j'ai appris avec le temps de devoir travailler les deux élans. Pas par volonté, mais par manque de moyens pour pouvoir engager quelqu'un avec moi sur le bateau pour prendre en charge ce côté. Mais en fait, on envisage à un certain moment d'engager des gens qui sont en fait pour ça, qui ont une sensibilité par rapport à la meute, pour pouvoir prendre le relais par rapport à ce côté et développer la chose beaucoup plus professionnellement que je fais.
- Ramata
Effectivement, c'est souvent recommandé de pouvoir avoir des experts dans la partie gestion. Mais c'est vrai qu'au départ, bien souvent, on se lance mal jusqu'à éventuellement trouver idéalement un partenaire investisseur ou alors quelqu'un qui a plutôt la compétence statique.
- Mouad
Mais c'est un volet qui était imposé. C'est un volet qui était imposé et je suppose que c'est la même chose pour d'autres créateurs. Ça t'impose de suivre ce volet parce que de toutes les manières, tu ne peux pas le libérer, tu ne peux pas travailler avec une structure un peu beaucoup plus logistique et tu vas mettre un peu de l'ordre dans le travail. Mais voilà, on attend au lieu de croiser les bras et dire qu'en fait on ne sait pas, on n'a pas, il faut prendre des relis.
- Ramata
Oui, c'est intéressant ce que tu dis parce qu'effectivement, dans la mode, c'est un des secteurs dans lesquels on est obligé d'accueillir des compétences sur des sujets tels que la logistique, telle que la gestion de son site e-commerce, tel que le service client, et puis d'établir des partenariats qui vont être qualitatifs pour la marque. les années sur la DL et sur le storytelling et ce sont des compétences à accueillir et c'est quelque chose qu'on est obligé de faire. Si on veut développer sa marque, ça ne peut pas être quelque chose où on dit on verra plus tard. C'est un métier qui est très exigeant.
- Mouad
C'est un métier très exigeant et en fait, être un créateur de mode, c'est être quelqu'un de 360 en fait. C'est quand tu fais la mode, heureusement, au Maroc. Et jusqu'à maintenant, on a appris que c'est quelque chose qu'on fait à petite échelle. On n'a pas une très grande industrie de mode au niveau de l'Afrique. Et heureusement que ça commence à se développer. C'est quelque chose de très positif. Mais aussi, je me dis, c'est heureusement qu'on n'est pas dans cette échelle internationale parce que franchement, on se retrouve avec tout ce côté non organisé. non organisé du créateur africain pas par volonté mais par ignorance parce que c'est pas ton domaine quand c'est un créateur mais en fait la mode c'est 360, tu as la logistique tu as l'événementiel tu as la lumière, tu as les mannequins tu as la commercialisation, tu as la comptabilité tu as la gestion d'atelier c'est vraiment un métier où est-ce que c'est vraiment pas ça ne blague pas. Du coup, il faut être très bienveillant, il faut être très bien organisé pour savoir prendre le temps pour faire les choses aussi. C'est-à-dire ne pas prendre des décisions comme ça juste parce qu'il faut prendre une décision et il faut prendre le temps de prendre des décisions importantes pour qu'on ne se passe pas dans des situations un peu délicates au niveau de la procédure de développement. le point de la marque. Par exemple, si tu prends juste le site web, il y a pas mal de choses à prendre en considération. Il y a le nombre de domaines, il y a l'hébergement, il y a le design du site web, il y a le shooting, il y a le texte. Et tout ça, ça prend beaucoup de temps et tu ne peux pas le faire d'une manière aussi inconsciente. Du coup, il faut vraiment, c'est un domaine qui prend beaucoup plus de temps. plus d'énergie intellectuelle que de liberté et spontanée.
- Ramata
En tout cas, c'est important de préciser ce point parce qu'il y a parfois les porteurs de projets qui veulent se lancer dans la loi, qui sont très créatifs et qui ne mesurent pas en fait l'importance de toute la partie que j'appellerais gestion, qui englobe énormément de compétences diverses et qui Et puis, je me trouve assez vite confrontée à une forme de frustration. Moi, je me suis lancée dans la pâte pour pouvoir créer. C'est beaucoup de temps à créer. Et finalement, je passe plus de temps à gérer la logistique.
- Mouad
Exactement. Et c'est très frustrant, en fait. Et même, en fait, il y a pas mal de gens qui commencent, par exemple, dans moi, en fait, dans mon parcours. En fait, j'étais dans Greenpad, j'ai commencé d'une manière très spontanée. Je ne me souviens même pas ce que ça prend comme compétence à acquérir pour lancer une marque. Et en fait, maintenant, quand je suis conscient qu'il faut travailler l'ADN de marque, de branding, les valeurs de marque, de positionnement, ce que tu racontes, le storytelling, tout ça pour que ça soit cohérent et que tu puisses introduire une image et une ligne cohérente avec ton ADN et tes créations et ton positionnement et ton objectif. Et ça, par exemple, pas mal de créateurs l'ignorent et en fait commencent Merci. tu commences d'une manière très spontanée, tu perds beaucoup de temps et ça crée une création énorme de te dire que voilà, j'ai investi tant d'argent, tant de temps, tant d'énergie, tant de créativité et d'expression pour que le résultat soit aussi minime que ça. Mais on ne se rend pas compte que tout ce volet-là est très important pour pouvoir dessiner une ligne de suite.
- Ramata
Écoute, c'est en tout cas plein de leçons qui vont être intéressantes pour les porteurs de projets et les jeunes créateurs qui se lancent. Parce que toi, ce que tu manques, c'est toutes les difficultés, mais tu as lancé ta marque.
- Mouad
Mais ce n'est pas une reproche. Moi, j'ai passé de là. C'est pour ça que je le raconte.
- Ramata
Oui, oui. Et moi, je trouvais ça encourageant justement de dire que tu dis tout ça, mais en même temps, aujourd'hui, tu as lancé ta marque en 2015. On est en 2025, c'est dix ans après et tu es toujours là. Donc, c'est plutôt de se dire qu'il faut le savoir. Et comme ça, quand on se lance, on sait à peu près dans quoi on met les pieds.
- Mouad
Exactement. Il faut aussi dire les choses tel qu'elles sont. Ce n'est pas aussi facile que ça. Faire un projet, c'est facile de motiver les gens. C'est facile de dire que oui, c'est beau, c'est magnifique de s'exprimer, de donner de soi, de donner de son. temps pour faire sortir de l'énergie, de l'émotion, de faire influencer les gens avec des pièces extraordinaires, de vouloir voir le monde d'une manière différente, mais ce n'est pas aussi facile que ça. Ça prend tellement d'énergie, ça prend tellement de temps, ça prend tellement de compétences, que vraiment, il faut dire la vérité aux gens, c'est que c'est bien de rêver, mais ce n'est pas facile, il faut tellement bien travailler.
- Ramata
Je pense que c'est un rappel qui est nécessaire. Il faut parler vrai, il faut être authentique. Après, quand on est passionné, on arrive à surpasser ses difficultés. Mais c'est important d'être très réaliste. C'est la réalité de ce que ça peut impliquer de travailler dans le secteur de la mode. Là, ce que j'avais envie de te demander, j'imagine que tu as pu faire peut-être des collaborations avec... Peut-être des célébrités qui ont une portée d'un arc, ou des influenceurs, ou des personnalités que tu as écoutées habiter. Est-ce que ça, ça fait partie de ta stratégie de communication, de travailler avec des personnes un peu connues, comme je disais, faire connaître ta marque ?
- Mouad
C'est quelque chose dont on a essayé pas mal de fois avec des artistes et des créateurs. Et en fait, nous, ce qu'on essaye de faire le plus souvent, c'est... C'est de collaborer avec des articles, des librairies qui sont liés avec nos valeurs. Et en fait, on essaie de travailler le projet d'une manière assez adéquate pour que ça puisse suivre une ligne cohérente entre la marque et le collaborateur. Par exemple, on a travaillé avec Aïsa Mounamour pour appuyer WeBed, la chanteuse. En fait, c'est un groupe de deux personnes, Louis Bette qui est du Maroc et Khalil qui est de Tunis. Ils ont travaillé sur la haïta marocaine et moi, vu que je travaille sur la tenue et l'évolution de la tenue marocaine, ils ont travaillé un peu à révolutionner un peu la haïta sans un peu la déconstruire. en rajoutant pas mal d'instruments électroniques et pas mal de choses très sympas que j'ai envie de tout le monde avoir aussi. Et par exemple, ça, c'est parmi les projets qui nous intéressent à travailler là-dessus en tant que collaborateur. C'est de travailler toujours dans le domaine, dans un palier très étroit avec l'art et la mode. Oui,
- Ramata
c'est intéressant de faire des collaborations qui ont du sens de ne pas être finalement, on travaille un petit peu avec d'être sélectif de manière à s'assurer que la personne qui va porter la pièce a le même message que la marque.
- Mouad
Par exemple, la marque, nous, on défend beaucoup les droits de la femme et les droits de l'homme aussi. Et on a travaillé avec une actrice très active dans ce sens. Je veux dire, il faut... Trouver des gens qui vont être liés avec les valeurs de la marque, avec qui tu peux collaborer, comme ça le message et l'image finale soient beaucoup plus cohérentes que juste collaborer avec des influenceurs ou d'autres personnes juste pour la lumière.
- Ramata
Complètement, ça fait complètement partie de la construction de l'image de marque ou d'être sélectif dans le choix. des personnes qui vont porter la marque, des célébrités, éventuellement des influenceurs. Ce que tu évoquais, c'est le principal projet pour l'année prochaine, c'est la Fashion Week à Réa et Ombre. Est-ce que là, sur la fin d'année, il y a des événements en quête pour la partie ? Ou il y a une collection qui va être pour la fin d'année, pour l'ADRA ?
- Mouad
En fait, depuis l'année dernière, Un an est venu, je n'ai pas fait sortir de collection, parce que vraiment, je me suis dit, je vais prendre mon temps à faire sortir la prochaine collection, parce qu'il y avait pas mal de points sur lesquels j'avais besoin de travailler dans la forme de présenter une collection qui me gênait un peu. Et maintenant, on est en train de travailler en collaboration avec d'autres artistes pour une présentation de collections assez différente, dans un format assez différent. Donc, je pense que ça va prendre beaucoup plus de temps que d'ici l'année, la fin de l'année. Je pense que ça va être un peu beaucoup plus avant que la pêche unique de Londres qui va se dérouler en septembre. Mais non, je pense que ça va être beaucoup plus au milieu de l'année 2026.
- Ramata
Donc, c'est intéressant ce que tu évoques dans le fait d'après dix ans d'existence, d'avoir besoin de... prendre un temps de recul pour pouvoir repenser sa marque et se redonner un second souffle. Et en fait, ce plan que tu as pris, c'est vraiment pour pouvoir relancer encore plus la marque quelque part.
- Mouad
Exactement. En fait, c'est juste pendant mon parcours, c'était un parcours de structuration plus régulier. En fait, on a grandi. J'ai grandi avec cette marque. La marque, elle a grandi avec moi. En fait, on a commencé à prendre chaque... Chacun sait prendre de l'un à l'autre des principes, des critères. Et en fait, je pense que la marque a grandi d'une manière où maintenant on a nos valeurs, on a notre positionnement, on a notre ADN de marque. Mais il manque ce côté de format de présentation de collection sur lequel on est en train de travailler. Et je pense que ça va être un élément... complémentaires pour obtenir l'essence complète d'un premier souffle de la marque.
- Ramata
Écoute, on a hâte en quête de découvrir, on va dire, la vraie nouvelle version en 2026. On arrive à la fin de cette interview. J'ai été ravie de pouvoir être avec toi et d'en savoir plus sur ton version et sur la marque.
- Mouad
Merci beaucoup. Ça m'a fait vraiment plaisir.
- Ramata
Écoute, le plaisir est partagé et comme toujours, je termine avec la forme consacrée. Je te dis à très vite pour l'Afrique ou ailleurs.
- Mouad
Inch'Allah.
- Ramata
Inch'Allah. Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcast ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les 5 étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite, en Afrique ou ailleurs.