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Africa Fashion Tour

Maïmouna Kanté-Quentrec, fondatrice de Maison Kanthé

Maïmouna Kanté-Quentrec, fondatrice de Maison Kanthé

1h01 |27/11/2025
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Maïmouna Kanté-Quentrec, fondatrice de Maison Kanthé

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Description

Comment imposer le thé africain sur la scène mondiale ? 


J'ai eu le plaisir de recevoir Maïmouna Kanté-Quentrec, fondatrice de Maison Kanthé, dans le nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour.


Son parcours est une leçon d'entrepreneuriat avec un démarrage précoce et une soif d’indépendance qui la guidée dans ses entreprises successives;


3 leçons à tirer de son audace stratégique :

  1. L'héritage comme différenciateur : Loin de s'aligner sur les clichés liés au thés, Maïmouna Kanté-Quentrec a rebaptisé sa marque Maison Kanthé, un hommage guinéen pour légitimer la place de l'Afrique dans l’industrice du  thé. Dans notre échange, elle rappelle que  l'Afrique est le troisième producteur mondial de thé (Kenya, Rwanda...).

  2. Transformer la tradition en lien social :  Elle a eu l'idée pionnière de proposer des ateliers d'Attaya en entreprise pour le teambuilding. L'Attaya, est une véritable cérémonie du thé d'Afrique de l'Ouest un moment de partage qui permet d’entretenir les échanges au sein des familles et de la communauté. 

  3. L'engagement comme manifeste : Le lancement de la collection "Queen of Africa" est un hommage aux figures féminines puissantes africaines. La réussite de sa campagne Ulule a permis de concrétiser la montée de gamme de maison Kanthé.  


Son prochain défi  est de concrétiser la présence de Maison Kanthé sur le continent, en ciblant le Sénégal pour commencer, et créer des lieux qui sont un véritable "tour du continent africain" par le thé.


Si vous êtes entrepreneur, cette masterclasse sur la transformation de la tradition en un business éthique et mondial est faite pour vous.


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


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A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Maĩmouna

    Alors en fait, ça faisait plusieurs années que je, quand j'ai lancé Quente, je voulais aussi proposer ce service de Hataya et tout bêtement, j'avais peur. J'avais peur, je me suis dit mais c'est ridicule, les gens ne vont pas venir, ils ne vont pas s'y intéresser. Et en 2023, j'en parle avec une amie qui m'accompagnait à l'époque et elle me dit mais c'est une bonne idée, fais-le. Je me dis, mais est-ce que les gens vont aimer ? Est-ce qu'ils vont venir ? On a des a priori souvent des peurs qui n'ont pas lieu d'être, mais bon, qui sont là.

  • Ramata

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique.

  • Maĩmouna

    Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Maïmouna Kanté-Quintrec. Maïmouna est la fondatrice de Kanté,

  • Ramata

    une maison de thé et d'infusion d'Afrique. Elle vient de clôturer une campagne de crowdfunding et je l'ai invitée aujourd'hui pour qu'elle puisse nous parler de son parcours et de sa marque. Bienvenue Maïmouna, comment vas-tu ?

  • Maĩmouna

    Je vais très bien, merci et toi ?

  • Ramata

    Ça va très bien, merci. Je suis ravie de te retrouver pour cette interview. Ça fait un moment qu'on se suit sur les réseaux sociaux, notamment sur LinkedIn. Et j'ai trouvé opportun ce moment où toi tu as lancé une campagne de crowdfunding sur le mois d'octobre de pouvoir... échanger pour avoir un petit peu des informations sur l'évolution du développement de ta marque. Mais avant de rentrer dans ce détail, je vais commencer cette interview comme je le fais toujours. Je vais te demander de te présenter.

  • Maĩmouna

    Parfait. Donc moi, je suis Maïmouna Kanté-Kantek. Je suis effectivement la fondatrice de la maison Kanté, d'origine guinéenne, et puis maman et épouse.

  • Ramata

    Très bien. Écoute, je ne savais pas que tu étais guinéenne. Je suis guinéenne aussi, donc je suis ravie. Ah, moi aussi. J'avais dit que j'étais contente de t'avoir, mais là, encore plus.

  • Maĩmouna

    Super.

  • Ramata

    Parce que j'ai pas assez de Guinéens à inviter. Mais en même temps, je me dis, il ne faut pas être trop chauvin, il faut que j'invite un peu tout le monde, mais je trouve que je n'en ai pas assez. Donc,

  • Maĩmouna

    voilà. Ça y est, là, c'est une bonne surprise.

  • Ramata

    Exactement, exactement. Donc, On va parler un petit peu de ton parcours avant de parler de ta marque. Donc, j'aurais voulu que tu nous parles un petit peu de ton parcours en termes d'études et un petit peu par quel type de métier tu as commencé ta carrière professionnelle.

  • Maĩmouna

    Ok. Alors, en termes d'études et de carrière, les deux se sont suivis parce que moi, j'ai commencé à travailler très, très jeune. Après mon bac... Même au collège déjà, j'étais un peu mannequin, je faisais des petits boulots d'hôtesse d'accueil. Et puis après mon bac, j'ai fait une première année en droit que je n'ai pas forcément aimé sur le coup. Et donc j'ai changé pour aller faire un BTS en marketing. Et à côté, toujours mannequin, hôtesse d'accueil. Et finalement, le boulot a un peu pris le dessus à un moment donné. que j'étais beaucoup sollicité et je trouvais que celles qui nous employaient à l'époque nous arnaquaient. Donc j'ai décidé de créer ma structure. J'avais 17 ans. On m'a dit à l'époque qu'il fallait atteindre 18 ans, donc j'ai triché sur mon âge en disant non, ils se sont trompés de date, mais je suis née à telle année et donc j'ai 18 ans. Et donc du coup, j'ai pu créer ma structure et du coup, ça me permettait d'embaucher mes copines quand j'avais des contrats. pour des séminaires, des forums et autres. Je fournissais des hôtesses d'accueil, ainsi de suite. Et donc, c'est comme ça que j'ai commencé mon aventure entrepreneurial parce que j'en avais marre de voir comment on était traité et mal payé. Donc j'ai continué cette activité qui s'est élargie un peu par des prestations autres de services et un peu l'imprimerie parce que toute ma famille paternelle était dans l'imprimerie. Donc j'avais une branche où je sous-traitais des commandes d'imprimerie auprès de notre structure familiale, on va dire. Et après, je suis arrivée en France pour poursuivre mes études. Je suis passionnée par la cosmétique, le bien-être et tout ça. Et donc, j'ai fait une formation en esthétique. Et une fois diplômée, j'ai voulu me spécialiser en option corps. Et l'idée, c'était avant d'ouvrir un institut de beauté. Mais bon, finalement, je ne l'ai pas fait. J'ai travaillé pendant quelques années comme animatrice et formatrice en cosmétique et parfum. Et puis bon, le thé était toujours à côté. parce que En Guinée, on préparait du thé tous les jours. Et donc ici, quand j'ai repris mes études, j'ai commencé à m'intéresser au thé, à me former, à me documenter tout doucement. Et puis ça m'a amenée où je suis aujourd'hui.

  • Ramata

    Très bien, c'est intéressant ton parcours et comment tu as démarré quand tu as identifié une problématique en tant qu'hôtesse d'accueil et tu t'es dit, la solution, ça va être de moi-même créer une structure. et... Ça part aussi d'une forme de frustration parce que j'identifie une vraie problématique de « je n'aime pas la manière dont on est traité et moi je veux changer les choses » et il y a un côté assez ambitieux et indépendant. Toi, comment est-ce que tu expliques qu'assez tôt comme ça, Je suis à Pesquou. Je pense que ça peut arriver à beaucoup de jeunes femmes et de jeunes personnes de se retrouver dans des situations où ils n'apprécient pas forcément la manière dont ils sont traités par leur employeur, mais ils ne se disent pas forcément, du coup, je vais créer ma propre structure. Toi, est-ce que c'est du fait qu'il y avait des entrepreneurs dans ta famille, que tu avais cette fibre entrepreneuriale ? Comment tu expliques en fait ça ?

  • Maĩmouna

    Alors, peut-être un peu du côté paternel. Mon père était entrepreneur. Il a entrepris pas mal de choses. Mais il y a aussi une question de personnalité. J'ai, adolescente, je pense que j'ai gagné une maturité précoce très rapidement. Et j'aimais l'autonomie. Je ne sais pas pourquoi, mais j'avais envie de faire les choses par moi-même. Et quand je voyais comment on nous traitait, je me suis dit non, ce n'est pas possible. Moi, je veux qu'on nous respecte. Je veux qu'on nous paye comme il faut. Et donc d'ailleurs, quand j'ai créé ma structure, j'avais les meilleurs profils parce qu'ils savaient que je les payais mieux.

  • Ramata

    Donc tu avais analysé ton marché et tu t'es dit, déjà en termes d'éthique et la manière dont tu veux traiter tes employés, tu avais une ambition qui était très claire. Et aussi, tu avais identifié qu'en termes de rémunération, ton positionnement allait te permettre d'avoir... à des personnes qui allaient, même si ta structure était nouvelle, tu allais rapidement trouver des équipes qui allaient vouloir travailler pour toi. Donc, il y avait une stratégie, en fait, quelque part. Le fait que j'analyse mon marché et je propose une offre irrésistible, tu avais déjà ce mindset-là, en fait.

  • Maĩmouna

    Oui, c'est vrai. À t'entendre, je me dis oui. Mais sur le coup, je n'ai pas pensé à tout ça. J'étais dans l'action, j'essayais de faire les choses autrement. Mais oui, effectivement.

  • Ramata

    C'est toujours pareil, quand il y a un œil extérieur qui regarde, forcément, il y a toujours des choses que moi je vais pointer, que toi tu vas te dire que ça s'est fait complètement spontanément. Et du coup, cette structure-là, tu l'as gardée, tu l'as fermée, comment est-ce que ça a évolué pour qu'à un moment donné, tu te dises, je vais passer à autre chose ?

  • Maĩmouna

    Alors, la structure, oui, je l'ai gardée. Alors, elle s'appelait MyPrestation. Et donc, du coup... C'était en 2008, 2007-2008, j'ai commencé. Et puis en 2009, j'ai décidé de l'engouander un peu parce que j'étais souvent sollicitée par des entreprises pour la partie événementielle. Et du coup, j'ai commencé à leur proposer d'autres prestations. J'avais monté une petite équipe qui faisait des ménages dans des présidences. ou dans des entreprises. Et puis après est venue l'idée de rajouter la partie imprimerie, donc je démarchais toujours des entreprises, notamment des sociétés minières. qui me donnaient des contrats pour réaliser leurs bons de commande, les cartes de visite ou sinon les calendriers pour les fins d'année. Et moi, j'allais sous-traiter ces contrats auprès d'imprimeurs. D'abord, c'était dans ma famille, mais après, j'ai compris que ça ne marchait pas parce que là aussi, on me prenait pour la petite fille qu'ils ont vu grandir. Et donc, on faisait passer mon contrat après ceux des autres clients. Donc rapidement, là aussi j'ai laissé ma famille et je suis partie sous traité travailler avec d'autres personnes. Ça m'a d'ailleurs créé de sérieux problèmes en famille parce qu'on s'est dit, tu te crois grande, on t'a vu naître et maintenant tu vas travailler avec nos concurrents. Je dis non, vos concurrents me respectent, vous ne le faites pas. Et donc moi je vais où je peux travailler et où je suis considérée. Et donc ça, ça m'a créé de sérieux problèmes en famille.

  • Ramata

    Et tu as, comment dire, avec le temps, est-ce que quand tu évoques tes sérieux problèmes en famille, avec le temps, est-ce que finalement ça s'est résolu ? Ça a évolué comment ? Parce que c'est vrai qu'effectivement, quand on se lance dans l'entrepreneuriat, il peut y avoir soit des querelles de famille, soit d'amitié, mais il peut y avoir des mésententes et ça fait partie de la réalité du business. On n'est vraiment pas dans... le monde des bisounours, il peut y avoir des vraies difficultés. Toi, comment est-ce que tu as réussi à dépasser ces problématiques-là ?

  • Maĩmouna

    Je n'écoutais pas forcément ce qu'on disait. Sur le coup, je suis un peu butée. Pour moi, c'était comment je peux avancer, comment bien faire mon travail, livrer mes clients à temps. Et puis la famille, oui, je vous respecte, on se respecte et on n'est pas obligé de travailler ensemble pour rester une famille. Donc oui, on se parlait, même si on savait que souvent il y en a qui n'étaient pas contents de moi. Mais la seule fois où j'ai été vraiment triste, c'est quand j'ai croisé mon père. Et c'était la dernière fois qu'on a échangé. Je le vois au centre-ville, je viens dire bonjour papa. Il me dit non, je ne suis pas content de toi. Il paraît que tu as eu le contrat que ton oncle avait depuis très longtemps. Donc ne me parle pas, viens me trouver à la maison. Et moi, je me suis dit, écoute, tu attendras un peu. Donc, je me suis dit ça sans lui dire. Et donc, j'ai attendu deux bonnes semaines. Après, j'ai appelé pour venir le voir. Ce jour-là, il avait fait une crise cardiaque. Et le lendemain, il est décédé. Donc, ça, ça m'a beaucoup marqué. Ça m'a marqué parce que la dernière fois que j'ai parlé à mon papa, quand il était en vie, ça s'est passé comme ça. Donc, ça, ça m'a marqué. Et après, je suis partie. Je suis venue en France pour reprendre des études ici. Et donc, j'ai laissé ce boulot. Et comme ça, il n'y avait plus d'histoire.

  • Ramata

    Très bien. Je te remercie de partager avec nous ce moment, effectivement, que j'imagine a dû être assez délicat pour toi. Et c'est vrai qu'on essaie toujours de... On se dit toujours de quitter sa famille dans les meilleures conditions, mais on ne sait jamais ce que la vie nous réserve en réalité. Donc... Donc effectivement, du coup, toi, cette boîte-là, tu la laisses, tu décides de venir en France pour poursuivre tes études et c'est le début d'une nouvelle aventure. Donc tout à l'heure, tu parlais d'un intérêt pour le bien-être, les cosmétiques, la beauté, et puis en parallèle, toujours l'intérêt pour le thé. Est-ce que tu peux nous parler du coup de cette étape-là, l'intérêt pour le bien-être, les cosmétiques ? Ça a été plutôt... à travers des études, mais tu n'en as pas forcément développé un business finalement.

  • Maĩmouna

    Oui, alors je voulais vraiment, en fait, aujourd'hui en apprenant un peu à me connaître, ce qui me guide vraiment mon fil conducteur, c'est la relation à l'autre. Arriver à accueillir l'autre, à servir l'autre. Quand je fais un résumé de mes expériences qui m'ont marqué, où j'ai eu autant de plaisir à donner qu'à recevoir, C'est quand j'étais en face de l'autre. Que ce soit dans mes études de cosmétique et d'esthétique, quand je prenais soin des autres, j'avais autant de plaisir que la personne qui était en face de moi. Et puis, dans le thé, l'échange, le partage, tout ça. Et donc, quand j'ai fini ma formation en esthétique, je voulais ouvrir un institut de beauté, mais je n'avais pas les moyens. Donc, du coup, je me suis dit, ce n'est pas grave, je vais continuer. à travailler, à apprendre. Et là aussi, rapidement, j'ai compris que je n'étais pas forcément à ma place tout le temps. Et c'est pourquoi j'ai décidé de me mettre en freelance et de travailler comme animatrice et formatrice en freelance. Comme ça, je n'ai pas de patron, je ne rentre pas dans des cases, je ne souris pas à une collègue hypocrite. Parce qu'il faut sourire. Moi, j'aime dire les choses dans la bienveillance, mais je n'ai pas besoin d'hypocrisie. Et souvent, dans le monde du travail, on a beaucoup ce côté où on te voit, on te sourit, mais derrière, il y a autre chose. Je ne sais pas faire de... Il n'y a pas de filtre chez moi. J'aime donner et recevoir, mais je n'aime pas ce côté où il faut jouer. Pour moi, ça demande beaucoup d'énergie. donc du coup Quand j'ai fini cette partie-là, et puis le thé, j'ai commencé tout doucement à lire, à découvrir des thés, parce que quand je suis arrivée en France, je connaissais le Lipton, oui, et notre Kinké-Liba, qui était notre boisquier, d'ailleurs encore la boisson nationale, un Guinée qu'on boit tout le temps. Et donc ici, j'arrive, je découvre le thé blanc, le thé fumé, je découvre même des thés grands crus, des thés jaunes, qui sont très peu connus. Et donc, je vais, je me souviens quand j'ai eu mon premier salaire, j'ai été m'acheter un thé grand cru qui coûtait à l'époque 50 euros les 50 grammes. Et donc, c'est un thé que je buvais uniquement les week-ends. Quand je ne courais pas et que j'étais à la maison tranquillement, je me servais ce thé-là. Et donc, je me suis dit, en apprenant aussi sur le thé, quand j'allais dans des restaurants ou des bars d'hôtels, on te sert un thé à 10 euros. Le serveur est incapable de te renseigner sur ton thé, sur la température de ton thé, sur depuis combien de temps, madame, j'ai mis votre sachet de thé. Rien. Ça me frustrait. Donc je me suis dit, bon, moi je vais créer mon marque de thé, je vais ouvrir un salon de thé littéraire, et puis je vais former les gens à comprendre le thé, à mieux servir le thé. L'idée est partie de là, en 2016. Et donc du coup, en 2016, finalement, je crée ma marque. La première, c'était comptoir des thés rares. Et donc, je me spécialise dans les thés grands crus d'Asie, où je vais vendre les thés, le prix moyen variait. Je pense que le moins cher était à 20 euros. On allait jusqu'à 70, 100 euros la boîte de thé. Et donc, je lance ce thé, je commence un peu à proposer à certains hôtels, en leur proposant une formation à la clé sur le service du thé. Et puis très rapidement, la maternité s'est invitée dans mon parcours la même année. Il y a eu beaucoup de surprises à ce niveau. Et donc je me suis retrouvée après amener ma grossesse, la fin de ma grossesse seule. Et entre boulot, entreprise et l'autre entreprise que je suis en train de mettre en route, donc mon enfant, je me suis recentrée sur une seule chose. donc j'ai délaissé un peu le temps thé à ce moment-là. Et en 2017, je reprends doucement, doucement. Et en reprenant, j'avais toujours ce côté, quand je faisais des animations, on me disait, pourquoi une Africaine parle des thés d'Asie ? Ça me frustrait. Je disais, mais pourquoi pas ? Et puis, finalement, je me suis dit, bon, écoute, OK. Et puis, mon parcours, j'ai eu beaucoup, j'ai été confrontée très souvent à Et pendant longtemps, moi aussi, je pense, ce n'est même pas je pense, je le sais, j'essayais par tous les moyens de rentrer dans les cases, de me faire accepter, de faire comprendre que je suis très bien intégrée, un peu, ah, tu n'es pas comme les autres. Je le prenais à l'époque comme un compliment. Et à un moment donné, il était temps de faire connaissance, un peu plus connaissance avec moi-même. de me dire, qui tu es, en fait, l'Africaine, tu le seras tout le temps, toute ta vie, parce que tu l'es. Donc, apprends à être fier de qui tu es. Peut-être que tu n'auras à offrir que ta singularité, ce que tu es réellement. Et ça, je l'ai vécu aussi dans ma maternité. Je me suis dit, bon, écoute, je vais continuer le thé, parce qu'à chaque fois que je disais, demain, je vais me débarrasser de tout mon stock de thé. parce que j'en avais des centaines de kilos, quelqu'un passait une commande. Je disais, mon Dieu, ok, donc je vais devoir livrer encore cette personne. Ça, c'était en 2017 et 2018. À chaque fois que je voulais tout arrêter, ça pouvait trouver que pendant trois semaines, je n'ai eu aucune commande. Mais à chaque fois que je disais ça, que je pensais très fort, eh bien, quelqu'un commandait. Je disais, ok, bon, je ne jette pas, je vais livrer. Et puis, j'ai fini quand même par jeter ce stock de thé et passer à autre chose, mais je n'arrivais pas. Et donc, en 2018-2019, je me dis, bon, je vais... reprendre mon activité de thé, mais cette fois, je veux aller voir ce qui se passe en Afrique. Et là, je reçois d'abord en 2017 un premier échantillon du Rwanda avec des thés de qualité exceptionnelle. Donc je me dis, ok, je reprends mon activité, mais je vais rajouter un peu de thé africain. Et tout doucement, doucement, je me dis non. Je ne vais vraiment proposer que des thés africains. Pour le coup, l'Africaine va parler d'été africain. Et donc, la question du nom se pose. Est-ce que je garde au comptoir d'été rare ? Est-ce que je change de nom ? Je voulais vraiment un nom qui évoque l'Afrique. Qui, quand tu l'entends, tu sais que tu es tout de suite en Afrique. Et donc, on m'a proposé plusieurs noms. J'en ai parlé avec plusieurs personnes autour de moi. Et puis, je vais un jour chez un ami, créateur, photographe, pour qui j'ai posé plusieurs fois parce que j'ai été mannequin pendant quelques années. Et donc, j'arrive chez lui en Normandie avec ma fille. Et là, je vois Renoma partout. C'était Maurice Renoma, qui a été une des figures dans la mode française. Et donc là, il y a partout, je me dis, mais il a tout compris. Et là, je me dis, et si j'appelais ma marque Kanté ? C'est venu de là. C'est venu de là. Et donc, du coup, j'ai réfléchi, j'ai laissé cette idée mûrir. Je me suis dit, ben oui, finalement, pourquoi pas Kanté ? Kanté comme ma fille, Kanté comme moi, et puis cette marque va s'appeler Kanté, en fin de compte. Et je vais faire en sorte de travailler avec rigueur et respect pour que demain, tout Africain qui croisera cette marque, de près ou de loin, qu'il en soit fier. Parce que c'est mon nom de famille, c'est le nom que porte ma fille, et c'est le nom qui porte des milliers de Kantés à travers le monde. Et c'est venu comme ça. Donc j'ai dit, ok, moi je vais appeler ma nouvelle marque à Kanté. Les gens m'ont dit, mais non, c'est pas bon, ça fait trop Africain. Je dis oui, africain comme je suis. Donc on y va et on va faire une maison de thé 100% africain. C'est comme ça que Kanté, elle est.

  • Ramata

    Et c'est intéressant de préciser que dans le nom de ta marque, en fait, tu reprends vraiment ton nom de famille Kanté, mais au niveau de l'orthographe, il me semble que c'est K-A-N-T-H-E comme le thé en fait.

  • Maĩmouna

    Comme le thé, tout à fait. Donc je rajoute le H pour souligner le mot thé.

  • Ramata

    Très bien, mais en fait, ça paraît tellement naturel que c'est presque difficile de comprendre qu'il y ait des gens qui t'aient dit « ben non, ça n'a aucun sens » , alors que c'est tellement, finalement, quelque part évident. Donc, ce qui est intéressant, c'est que dans ton cheminement, tu évoques le fait qu'effectivement, la tradition du thé, elle va être associée à l'Asie, elle va être associée à l'Inde, mais que par rapport à l'Afrique, même si effectivement quand on est Guinéen, on consomme le quinqualibat et on connaît cette tradition du thé, on peut même penser à une tradition du thé oriental avec cette façon de servir, et même au Sénégal, de servir la taïa. Et du coup, ce sont des traditions qui sont méconnues, donc on va avoir un espèce d'apriori qui est, le thé, c'est l'Inde, le thé, c'est l'Asie, c'est la Chine ou le Japon, mais ce n'est pas l'Afrique. Et en fait, quand on creuse un peu, on se rend compte que l'Afrique a complètement sa place dans cette culture. culture du thé et que ça fait vraiment partie de rituels traditionnels en fait africains que de consommer du thé. Donc toi, est-ce que tu as fait des recherches dans ce sens-là pour vraiment travailler le storytelling de ta marque ?

  • Maĩmouna

    Alors oui, déjà on ne le sait pas assez, mais l'Afrique est le troisième producteur mondial de thé. Pour en être là, il faut en produire énormément et Et... Donc déjà, on est grand producteur de thé. On pense tout de suite à l'Asie parce que l'Asie a commencé bien avant et l'histoire du thé, c'est la Chine, après le Japon, vient l'Inde. Sauf que quand la culture de thé a été introduite en Inde, ça a quasiment été en même temps en Afrique. le thé a longtemps été monnet d'échange et À un moment donné, les Européens, les Anglais, ont voulu comprendre la culture du thé, comment le thé est cultivé, parce que les Asiatiques faisaient comprendre qu'un thé noir et un thé vert ne provenaient pas du même arbuste. Et donc, du coup, les Anglais ont envoyé une espèce de détective pour aller comprendre, sillonner, aller fouiller, aller chercher à vraiment comprendre. Et une fois ils ont réalisé cela, ils se sont dit, ok, on a des pays qui, géographiquement parlant, peuvent aussi produire du thé. Et c'est comme ça qu'ils ont testé la culture du thé en Inde, puis en Afrique. Et donc là, il était question de voir, de produire, mais la production a mieux pris en Inde qu'en Afrique à l'époque. Et après, l'Afrique est venue tout doucement, doucement. Les premières productions qui sont repertoriées datent d'avant 1925, mais on n'en parle pas beaucoup. Et donc, les Anglais ont essayé le thé en Afrique du Sud, au Malawi, au Rwanda. Les Allemands ont essayé la culture du thé sur le mont Cameroun. Chacun est venu essayer un peu. Et les productions étaient minimes à l'époque. Mais après, tout doucement, doucement, ça a pris de l'ampleur. Et ce qui est dommage encore, c'est qu'aujourd'hui, moins de 10% de la culture de thé africain est consommée sur le sol africain. Quand les thés sont cultivés, notamment au Kenya, au Rwanda, tout se retrouve à Mombasa où il y a des ventes aux enchères et la plus grande partie est exportée. Une fois exporté, on ne parle plus du thé africain. Il perd de son identité et souvent revient même en Afrique, mais sous un nouveau drapeau. Ça, c'est dommage. Et la culture, enfin, la cérémonie de Hataya, qui fait partie intégrante de nos cultures en Afrique de l'Ouest et en Afrique du Nord, est arrivée avec le nomadisme, les berbères, les commerçants berbères qui ont ramené tout doucement du Maghreb. La cérémonie, cette façon de préparer le thé, notamment en Mauritanie, au Mali, au niveau des Touaregs. Et tout doucement, doucement, c'est arrivé au Sénégal, au Guinée. Moi, j'ai été élevée avec le Hataya. Tous les jours, on avait le Hataya. Tous les jours, on préparait du Hataya. Et dans d'autres pays africains comme le Kenya et tout ça, ils ont la culture du thé là-bas encore. mais différemment. Là, on va parler beaucoup plus de thé noir et autres. Et donc, à travers Quintet, ce que j'essaie aujourd'hui de faire comprendre et partager, c'est que déjà l'Afrique est le troisième producteur mondial de thé. Ça mérite d'être connu et reconnu, mais on a une culture de thé. Et moi, j'anime depuis deux ans et demi maintenant des cérémonies de Hataya. Tous les mois, j'ai un atelier de Hataya, que ce soit pour des particuliers, mais aussi en entreprise, en team building. Et là, l'idée, c'est de montrer un peu ce que représente le Hataya. Ce moment de partage, ce moment où on tisse des liens, c'est vraiment le lien social avant tout. Et c'est ce qui est intéressant à partager autour du thé africain.

  • Ramata

    Alors, c'est intéressant ce que tu évoques, parce que dans la manière dont tu as décidé de créer cette marque, qu'on sent qu'il y a un vrai travail de... de personal branding parce que dans le nom, on sent vraiment que tu es 100% impliqué. Même quand tu racontes la genèse de cette entreprise, on sent que c'est vraiment quelque chose de très personnel. Et en même temps, il y a un travail sur revenir à une tradition, à une connaissance et à remettre l'église ou la mosquée au milieu du village. Mais voilà, tu insistes bien sur des données. clairs et factuels qui sont l'Afrique est le troisième pays producteur de thé. Donc l'Afrique a toute sa légitimité à être considérée au même titre que l'Inde, au même titre que la Chine ou le Japon par rapport à ces traditions-là. Et donc ton travail avec ta marque, quelque part, c'est de déconstruire les clichés, les a priori qui peuvent exister par rapport au thé qui serait associé. plusieurs régions du monde et pas forcément à l'Afrique, mais à Tors. Donc, toi, cette idée d'atelier que tu évoquais, comment est-ce que tu en es venue à créer ces ateliers ? Tu évoques du team building au sein des entreprises. Comment est-ce que ça t'est venu, cette idée ?

  • Maĩmouna

    Alors, en fait, ça faisait plusieurs années que je... Quand j'ai lancé Quinte, je voulais aussi proposer ce service de Ataya et Tout bêtement, j'avais peur. J'avais peur, je me suis dit mais c'est ridicule, les gens ne vont pas venir, ils ne vont pas s'y intéresser. Et en 2023, j'en parle avec une amie qui m'accompagnait à l'époque et elle me dit mais c'est une bonne idée, fais-le. Je dis mais est-ce que les gens vont aimer, est-ce qu'ils vont venir ? On a des a priori souvent des peurs qui n'ont pas lieu d'être mais bon qui sont là. Et donc finalement, elle me motive et elle me dit mais... Tente le coup, regarde, rejoins Weekendoo si tu veux. Ils proposent beaucoup d'expériences. Les gens qui sont à la recherche de choses authentiques, ils vont sur Weekendoo pour trouver des activités. Propose, tu n'as rien à perdre. Et là, reboosté, je contacte tout de suite Weekendoo avant de retomber encore dans la peur et de repousser au lendemain. Donc, je m'inscris. Et puis, au bout de, je ne sais pas, trois semaines, un mois, on me répond. Donc, je dis, OK, j'y vais, je teste, je lance cette cérémonie de Hathaïa. Parce qu'on parle beaucoup, quand on parle de cérémonie de thé, tout de suite, c'est l'Asie. Pourquoi ? Parce que les Asiatiques sont fiers de leur culture et de leur tradition. Ils arrivent à le partager avec les autres. Et pour qu'on connaisse ce qui se passe en Afrique, il faut que nous, Africains, nous soyons déjà fiers de ce qu'on a. et qu'on ait envie de le partager et de le faire découvrir. Donc je me suis dit, ok, je vais commencer le Ataya. Et est venue l'idée, est-ce que je le fais à table, est-ce que je le fais par terre, à même le sol, comment on le fait ? Et donc là aussi, je me suis posé la question, je me suis dit, c'est ridicule d'aller préparer ton Ataya à table. Donc, tu le proposes de façon authentique. Et donc j'ai commencé comme ça, et tout doucement, doucement, j'avais les retours des clients. Ce qui est marrant, c'est que quand je reçois 8-10 personnes qui ne se connaissent pas forcément, ils repartent en échangeant de contacts, en sympathisant. Les gens viennent, au début ils sont repliés sur eux et à la fin du attaillant, on entend des éclats de rire partout. Les gens parlent entre eux, se racontent des histoires et je me dis ok. Et en fait, effectivement... comme en Afrique, le Ataya, même en Europe, peut être un fil conducteur, peut être un trait d'union pour venir un peu vivre déjà l'instant présent. Parce que quand on y est, vraiment, rien n'a d'importance sauf ce qu'on est en train de partager. Donc le moment présent, et c'est important. On a tendance à courir, moi la première, et à ne pas profiter de l'instant présent. à laisser un peu le temps Faire les choses. Donc, le Ataya en team building, c'est vraiment le fil conducteur, c'est le lien, le lien entre collègues. Arriver à tisser le lien, à parler d'autres choses sur le moment que le boulot. Apprendre à se découvrir autrement parce que c'est ce qu'on fait en Afrique. Quand on se met autour du Ataya après le boulot, on parle de... on se décompresse. Mais on apprend aussi à connaître l'autre à travers nos échanges et c'est ce qui est sympa. Donc j'essaye, j'ai souvent des Asiatiques qui viennent, quelques rares fois des Africains, ça arrive, et je vois que ça plaît et surtout les gens viennent parce qu'ils ne connaissent pas et ils repartent avec des kits en les invitant à reproduire, à refaire du Ataya chez eux.

  • Ramata

    Très bien, c'est très intéressant que tu évoques le fait que c'est une amie qui t'a donné confiance, qui t'a vraiment incité à aller au bout de cette idée. Et tu évoques Weekendoo, est-ce que tu peux expliquer en fait ce que c'est que cette plateforme ?

  • Maĩmouna

    Weekendoo, c'est une plateforme qui oppose des ateliers, que ce soit en France ou en Belgique. C'est une plateforme qui recense des centaines et des centaines d'artisans qui proposent leurs services en forme d'atelier. Et donc, une fois inscrite sur Weekendoo, tu as plusieurs offres. Et quand le client arrive sur Weekendoo, ça peut être des ateliers pour créer ta tablette de chocolat, des ateliers pour aller peindre, des ateliers pour fabriquer un bijou. des ateliers de Ataya pour venir découvrir le Ataya. Il y a plusieurs sortes de la céramique. C'est vraiment une plateforme qui est assez sympa parce que quand tu y vas dessus, tu ne t'ennuies pas. Et donc certains... profitent de cette plateforme pour aller dénicher des choses qu'ils ne connaissent pas. Et c'est comme ça que beaucoup découvrent la cérémonie à Thaïa. Et quand ils viennent, ils disent, ah, j'adore le thé, je voulais offrir ce cadeau parce que, bon, ma sœur aime bien le thé et on ne connaît pas le thé africain. Donc, dès qu'on a vu l'atelier, on s'est dit, bah tiens, on va venir découvrir le thé africain.

  • Ramata

    Très bien, super intéressant comme concept parce que ça permet de valider une idée. Et toi, dès que tu t'es inscrite sur cette plateforme et que tu as commencé à avoir des personnes adhérées au projet, ça n'a fait que te conforter dans ton projet. Et toi, l'idée, c'est que tu as d'un côté la marque, tu as cet atelier et il me semble que tu as également un salon de thé.

  • Maĩmouna

    Oui. Donc, le salon de thé était une location éphémère. Là, je l'ai fermé actuellement. Et je suis en train honnêtement de me demander si l'année prochaine, je ne pars pas sur l'ouverture de la première adresse fixe pour la maison Kanté. C'est en réflexion, mais on verra.

  • Ramata

    OK. Et du coup, est-ce que tu peux, quand tu parles de, voilà, c'était éphémère, est-ce que tu peux expliquer ? Quelle a été l'idée derrière cette volonté de créer un salon de thé ?

  • Maĩmouna

    Toujours dans l'idée du partage. Pour moi, ce qui m'intéresse, notamment dans un salon de thé ou la boutique, l'idée pour moi, c'était de faire un concept boutique-salon de thé. Qu'on arrive, qu'on puisse acheter son thé, repartir avec, oui. Mais je voulais aussi donner la possibilité aux clients de se poser, de déguster leur thé sur place. de découvrir, par exemple, de boire un Ataya sur place et d'autres types de thé. Et tout ça dans l'idée vraiment de rencontrer les gens, d'échanger, d'avoir qu'ils viennent se canter, comme pour rechercher une petite parenthèse de douceur et de partage. Et donc j'ai eu la possibilité d'avoir ce lieu magnifique, qui faisait d'ailleurs 150 mètres carrés, assez assez sympathique et énorme, pour en faire un lieu de vie, donc boutique et salon de thé, éphémère, pour tester un peu le concept. Et puis je me suis dit, bon, je verrai si je reprends plus tard l'idée, mais cette fois de façon stable. Et bon, quand je vois la conjoncture, les coûts, ça me freine un peu, mais bon, on verra. C'est en réflexion.

  • Ramata

    Et du coup, cet espace, j'imagine qu'en termes de décoration, de merchandising, tu as eu l'opportunité, même si c'était un espace éphémère, de pouvoir apporter ta pâte, de le personnaliser. Toi, tu avais déjà des idées de quel aspect tu voulais qu'il ait ce salon de thé ?

  • Maĩmouna

    Oui, oui, tout à fait, oui. Là-bas, je n'ai pas été jusqu'au bout de mes idées parce que comme c'était un lieu éphémère, Mais l'idée, c'était d'avoir vraiment un côté naturel, brut un peu, mais avec des petites touches de green, donc de verdure, aussi tournées vers l'Afrique, avec des visuels, des photos qui évoquent l'Afrique, des accessoires, ainsi de suite. J'allais chercher soit au Sénégal, en Guinée, pour vraiment amener une touche africaine. Et aujourd'hui, l'idée à travers Kanté, c'est vraiment d'arriver, en tout cas, à dépasser ce côté, même juste guinéenne que je suis. On est une maison de thé d'Afrique et j'ai envie qu'en venant chez Kanté, on découvre l'Afrique. Donc, ça m'amène aussi, moi, à être beaucoup plus ouverte, à être un peu plus curieuse, à aller chercher ce qui se passe du côté de l'Afrique du Nord, du côté de l'Afrique de l'Est, l'Afrique du Sud, ainsi de suite. Aujourd'hui, je travaille avec plusieurs pays, que ce soit le Rwanda, le Malawi, le Kenya, le Togo, le Maroc, la Côte d'Ivoire. Et à partir de janvier, on va travailler aussi avec l'Ouganda et la Tanzanie. Et donc plus tard, en tout cas, si on ouvre un lieu, c'est vraiment un lieu qui va changer de visage de temps à autre pour en faire un petit tour du continent africain.

  • Ramata

    On retrouve un peu cette notion d'Africatour qui m'échappe, parce que ça traduit vraiment le fait que, quand on parle d'Afrique, c'est un mot raccourci qu'il est important de mettre en avant, mais derrière, il y a 54 pays avec des identités, des spécificités qui sont vraiment importantes à souligner. C'est pour ça que c'est important de vraiment préciser les choses et l'idée d'un tour. c'est vraiment important pour pour gagner en connaissance sur ce qui peut exister, se passer sur le continent. Maintenant, j'ai envie d'en venir à... Donc, on sent en tout cas que dans ta manière de développer ta marque, il y a vraiment cette idée de... Donc, j'ai cette idée de thé. Au départ, c'est assez, on va dire, général. Et puis après, il y a cette volonté de se concentrer sur l'Afrique. Il y a toujours des projets dans le projet, en fait. Après, il y a l'histoire des ateliers. Puis après, il y a le salon de thé éphémère avec éventuellement un projet de lieu fixe, de l'adresse fixe. Et puis, il y a aussi cette volonté d'enrichir la collection de thé en allant toujours être présent, en travaillant en tout cas avec différents pays d'Afrique. Donc, tu viens de clôturer une campagne de... Crowdfunding via la plateforme Ulule. Je voulais que tu nous parles un petit peu de cette étape du développement de ta marque.

  • Maĩmouna

    Oui, c'était un challenge. C'était un challenge cette campagne, mais elle s'est bien clôturée, donc ça c'est bien. Et je rends grâce à Dieu pour cela, mais aussi ça m'a confortée dans l'idée que ce projet avait pleinement sa place. parce que En allant faire cette campagne, je me remettais un peu en déséquilibre en disant, bon, je vais aller voir qui me suit. Est-ce que cette marque est finalement soutenue ? Est-ce qu'elle a sa place, même si ça fait cinq ans qu'on existe ? Mais là, on remettait un peu le compteur à zéro et moi, je ressentais ce besoin, le besoin d'évoluer. Donc, c'était en septembre qu'on a célébré les cinq ans de la marque. Et je me suis dit, bon, cinq ans, il est temps de changer. Il est temps de passer à la vitesse supérieure. Je voulais vraiment apporter quelque chose de nouveau à la marque Kanté. Donc, en changeant de packaging, en créant une nouvelle gamme, notamment de thé en sachet qui n'existait pas chez Kanté et qui était beaucoup demandé. et qui est en tout cas jusqu'à aujourd'hui planté et autofinancé. Et donc je me suis dit, au lieu d'aller courir après de potentiels investisseurs et autres, je vais lancer une campagne et aller demander à la communauté et à tous ceux qui adhéreront à ce projet de me rejoindre pour ensemble passer à la vitesse supérieure. Et donc là aussi, c'était une façon de venir célébrer ces cinq ans qui sont passés. Et donc, j'ai eu l'idée de créer une collection qui s'appelle Queen of Africa. Parce que pour moi, 2025 a aussi été un peu une année de renaissance. Et il faut rendre grâce pour tout ce qu'on arrive à faire. Donc, Queen of Africa, je me suis dit la puissance féminine à travers cette création. et donc aller chercher des figures fortes féminines sur tout le continent africain, que ce soit au Maroc, donc l'Afrique du Nord, en Afrique de l'Est, l'Afrique centrale, l'Afrique de l'Ouest avec la Queen Yenenga, l'Afrique du Sud avec la Queen Mouyadi. Au-delà du thé, je voulais aussi raconter une histoire. Quand on demande souvent à des jeunes femmes africaines quelles sont vos figures féminines ou vos modèles. On a tendance à aller très rapidement aux États-Unis ou ailleurs, mais il y a eu des femmes puissantes en Afrique, et donc souvent oubliées. Et donc à travers cette collection, je voulais aussi faire un clin d'œil à ces figures féminines fortes, comme une invitation à celles qui recevront une boîte de Queen Mojaji, ou de Queen Yenenga, ou Queen Poku, à aller chercher derrière qui elle était, son parcours, qu'est-ce qu'elle a pu faire, ainsi de suite. Et donc du coup, on lance cette campagne pour aller chercher une enveloppe de 10 000 euros. pour créer la gamme de thé en sachets. Parce que je voulais lancer du thé en sachets, mais je ne voulais pas lancer n'importe quel sachet. Chez Quintet, j'ai toujours eu à cœur d'avoir une démarche environnementale et aussi sociétale. Donc nos premières boîtes étaient issues de papier recyclé, biodégradables, elles étaient rechargeables. Et là, je voulais aussi des sachets qui répondent un peu à ces normes. Donc j'ai opté pour des sachets biodégradables et compostables qui n'ont pas été faciles à trouver, à mettre en place. Et donc je me suis dit, ok, on va lancer cette campagne et profiter de l'occasion pour aussi changer nos packagings actuels. Passer à la vitesse supérieure, affirmer notre positionnement haut de gamme totalement et donc amener des boîtes métalliques avec la couleur un peu gold, un peu dorée. Le jaune canté qui évoque le soleil pour moi et qui évoque aussi l'or, la richesse africaine. Et donc, je me suis dit, tiens, on va changer. Mais pour ça, j'avais besoin qu'on me rejoigne et le faire ensemble. Donc, j'ai décidé de lancer la campagne pour partager cette vision. Et par la grâce de Dieu, ça a été accepté. Et donc, on a validé la campagne à 100%. Maintenant, on est en production. pour cette nouvelle gamme.

  • Ramata

    Félicitations pour la récite de ta campagne de crowdfunding. Et puis, ce que j'ai envie de te demander là, c'est, en fait, on sent qu'il y a une réflexion de fond sur, après cinq ans, des nouveaux objectifs que tu te fixes pour pouvoir faire évoluer la marque. Et du coup, est-ce que ces réflexions-là, tu les fais seules ou est-ce que tu travailles avec... Voilà, est-ce que... Tu as des personnes dans ton équipe avec lesquelles tu réfléchis à passer à une étape, on veut affirmer un positionnement haut de gamme. Le crowdfunding, c'est le bon levier à actionner à ce moment-là. Est-ce que c'est toi qui cherches les infos seul et qui mets en place, qui mets en œuvre ? Ou est-ce que tu as des conseils, des membres de ton équipe qui t'accompagnent ? et de l'extrême. travaillent avec toi sur les décisions stratégiques, en fait, et puis ensuite leur mise en œuvre.

  • Maĩmouna

    Alors, en général, c'est moi qui lance. Je viens, je déballe mes idées. Et puis, ensemble, on essaye d'affiner, de voir un peu comment on peut le faire. Donc oui, j'ai des conseils. Je m'entoure de personnes avec lesquelles j'essaie d'évoquer et de mettre un peu au clair mes idées. Et ça, ça m'a beaucoup aidée, notamment pour cette campagne, parce que moi, j'avais une idée qui était là, brute. Il a fallu l'affiner et le réaliser ensemble. Donc là, cette campagne, c'était vraiment un travail d'équipe, totalement.

  • Ramata

    Toi, aujourd'hui, justement, au niveau de cette équipe, tu as quel type de profil ? Tu travailles avec combien de personnes ? Et comment est-ce que ça s'articule ? Est-ce que c'est plutôt des commerciaux ? Est-ce que c'est plutôt des gens au marketing ?

  • Maĩmouna

    Alors, marketing, beaucoup. Commerciaux, j'en ai eu. Et là, je vais en recruter prochainement. Mais plus dans la communication. La communication et puis, bon, une partie un peu finance pour aller ficeler tout ça. C'est beaucoup axé sur la communication en ce moment. On travaille beaucoup plus là-dessus, donc des personnes qui m'accompagnent sur la stratégie, mais aussi je me fais entourer de photographes, de vidéastes, qui viennent donner un peu vie à ces projets, à ces idées-là, parce que je suis assez... je sais ce que je veux, et j'essaie d'amener, en tout cas mon équipe, à me suivre dans ces idées-là. J'ai vraiment décidé de faire confiance à mes intuitions. C'est comme pour cette gamme-là. Je ressentais quelque chose, pour moi c'était vital. Il fallait le faire. Et donc on m'a dit non, non, non. J'ai dit non, il faut y aller, il faut y aller. Maintenant, comment ? C'est ce qu'on doit voir ensemble, mais je sais qu'il faut y aller. Et après, je suis ouverte au conseil, mais mon idée est là. On essaye de voir comment on peut l'améliorer, en tirer le meilleur. Mais il est hors de question d'arrêter. Il faut qu'on continue. Donc, du coup, une fois cette partie dite, maintenant, on essaye de trouver les bonnes solutions. Mais je n'ai plus envie de douter. Je doute beaucoup. Je me remets énormément en question. Mais j'essaye d'écouter cette petite voix. Ce n'est pas toujours, ça n'a pas toujours été le cas. Mais j'essaye vraiment de m'écouter et après d'aller l'affiner.

  • Ramata

    Dans ce que tu dis, on sent que parfois, les idées que tu peux avoir, tu peux avoir des personnes de ton équipe ou des personnes à qui tu en parles qui n'adhèrent pas forcément parce que tu peux avoir peut-être une tendance à penser, l'expression en anglais, outside the box, c'est-à-dire ne pas faire comme les autres, faire des choses différentes. aller pousser vraiment au-delà des idées qu'on peut voir habituellement. Et donc, du coup, en face, tu peux avoir des gens qui sont un peu réticents, qui disent, bon, là, c'est peut-être que tu vas un peu trop loin. Et est-ce que c'est ça que tu vis ou est-ce que c'est autre chose ?

  • Maĩmouna

    Oui, parce que souvent, moi, j'ai tendance à vouloir aller tout de suite à l'essentiel. Et comme pour la campagne, par exemple, j'avais une idée en tête, c'était très clair. Mais pour moi, ça allait être un peu plus brut. Et donc, on m'a dit non, si on doit le faire, OK, il faut faire ci, ça, ci, ça. L'idée est bonne, mais la façon dont tu veux l'amener est un peu directe et ça manque de cadre. Donc, ça, souvent, il y a besoin de recadrer, de modifier un peu, en tout cas, la façon de faire. Et ça, je suis totalement ouverte à l'amélioration de mes idées. Une fois qu'on les fait, c'est ce qui m'importe moins. Le reste, je peux accepter qu'on le change, qu'on le modifie. On a les mêmes objectifs, c'est d'arriver à nos fins, de valider des choses. Donc, j'écoute et je suis la cadence.

  • Ramata

    Très bien, donc voilà, tu as tes idées. Mais après, l'idée, c'est qu'effectivement, il faut travailler en bonne intelligence, comme tu le dis, pour atteindre le même objectif. Donc là, ce que tu évoquais, c'est que la campagne de crowdfunding a été un succès. Tu as pu récolter les fonds. Et là, j'imagine que tu es dans la période de préparation des commandes qui ont été passées par les différents contributeurs.

  • Maĩmouna

    Oui.

  • Ramata

    Et l'objectif en termes de livraison, c'est pour les fêtes, c'est début 2026 ?

  • Maĩmouna

    Non, c'est pour les fêtes. Là, l'idée, c'est de livrer tout un chacun avant le 10 décembre.

  • Ramata

    D'accord. Donc on est vraiment dans une logique, tu as travaillé la campagne pour qu'elle puisse être envisagée un petit peu comme cadeau de Noël et que vraiment les contributeurs puissent partager un moment festif à l'occasion des fêtes de fin d'année.

  • Maĩmouna

    Oui, l'idée c'était qu'ils reçoivent leur coffret ou boîte de thé avant les fins d'année, qu'ils aient aussi la possibilité d'offrir cette nouvelle collection en fin d'année. Et donc, on a mis en place plusieurs types de coffrets. L'idée pour moi, c'était de dire, anticipez vos cadeaux de fin d'année. Et là, vous serez les premiers aussi à recevoir ces produits, cette nouvelle collection, et de pouvoir l'offrir ou de vous l'offrir.

  • Ramata

    Très bien. Toi, c'est malin, en tout cas en termes d'organisation, de se dire, on profite d'un moment où de toute façon, le consommateur, il peut potentiellement être intéressé. Toi, depuis le début du développement de la marque au niveau du thé, tu as identifié des périodes comme ça, charnières, qui sont des périodes pendant lesquelles les ventes de thé sont plus importantes que d'autres ? Ou est-ce que c'est plutôt régulier tout au long de l'année ?

  • Maĩmouna

    Non. Déjà, il y a la saisonnalité. Quand il fait froid, on consomme plus de thé. C'est-à-dire que même ceux qui ne sont pas grands consommateurs s'y mettent. Et donc l'été, c'est assez calme. Ça, je le vois. L'été, le thé chaud, les ventes baissent. L'hiver, ça reprend. Et les fins d'année, comme pour beaucoup d'activités, novembre, décembre, janvier, c'est la grande période. C'est où on double, on triple les ventes. Et puis, le long de l'année, ça se lisse un peu. Mais il y a une réelle saisonnalité dans la consommation et dans les ventes de thé, oui.

  • Ramata

    Donc j'imagine que la campagne de crowdfunding a vraiment été pensée pour être à la période la plus stratégique pour la vente de thé.

  • Maĩmouna

    Oui, surtout avec un délai où on devait livrer pour décembre. C'était mieux de le faire ainsi. C'était aussi un challenge parce que septembre, c'est le mois où les gens ont sorti beaucoup d'argent, sont déjà rentrés de vacances, ont eu à payer les fournitures pour la rentrée. C'était un peu tendu. mais là aussi je n'avais pas d'autres options si j'écoutais, on l'aurait fait après mais j'ai dit non, non, non il faut y aller parce que si on veut livrer en décembre pour moi c'était que les gens aient ça comme des cadeaux de fin d'année attendre En novembre, pour le lancer, on ne pourra pas honorer notre engagement. Et donc, pour moi, ça ne servait pas à grand-chose. De dire, commandez, vous serez livrés en janvier, ce n'est pas bon. Et donc, on a pris le risque de lancer en septembre, fin septembre, pour clôturer fin octobre. Même si on sait que septembre, c'est un mois où il ne faut pas trop solliciter les gens parce qu'on a fait beaucoup de dépenses. mais C'était important pour nous de le lancer à ce moment-là. Donc, on a été.

  • Ramata

    Très bien. Non, non, mais c'est clair que c'est tout l'enjeu et c'est bien d'insister. Avec une campagne de crowdfunding, il y a tout un enjeu de, pendant une période donnée, réussir à convaincre des contributeurs de participer, de faire des précommandes. Et puis, donc, il y a toute cette période-là de campagne. Et puis après, il y a la... Une période où il faut tenir ses promesses, c'est-à-dire livrer à temps. Et donc, c'est vraiment stratégique de choisir la date à laquelle on lance sa campagne, la date à laquelle la campagne se termine, et puis être sûr qu'une fois qu'elle est terminée, on va avoir suffisamment de temps pour livrer à la date promis au consommateur. Et surtout toi, quand tu sais qu'il y a une problématique de saisonnalité, c'est vraiment ambitieux. Toi, cette période-là, comment tu l'as vécue ? Est-ce que ça a été un stress, je ne vais pas dire permanent, mais en tout cas pour avoir accompagné des marques sur des projets de campagne de crowdfunding, je sais que c'est en général un gros challenge et c'est du stress jusqu'à ce que la campagne soit fin, avant que la campagne soit lancée et jusqu'à ce que la campagne soit terminée.

  • Maĩmouna

    Ah oui, beaucoup. C'était un yo-yo émotionnel, vraiment. C'est wow. C'était beaucoup de pression, beaucoup de stress, parce qu'encore une campagne pour une marque qui teste son marché, j'ai envie de dire ça va. Si ta marque n'est pas lancée, tu fais une campagne pour lancer une gamme, c'est stressant, mais je peux dire que c'est encore acceptable. Mais Kanté existe déjà depuis cinq ans. On est distribué aux Galeries Lafayette, on est au BHV et dans d'autres enseignes, dans des boutiques de musées. Ce n'est pas une nouvelle marque qui veut juste tester un produit. Donc valider cette campagne pour nous était importante. Il fallait la valider parce que ça renvoyait un message derrière. Et donc pour moi, c'était assez stressant quand je voyais des jours où ça se calmait. Wow ! Ça jouait avec mes émotions. Tantôt, je suis contente parce qu'il y a eu de beaux paniers et le lendemain, ça se calme comme si personne ne voit ce qu'on fait. C'était un sport et ça m'a appris beaucoup de choses. Donc oui, derrière les posts, les vidéos où je souriais, oui, mais j'étais remplie de... ça bouillonnait autour de moi. Et un mois, donc, c'est un vrai sport. Ce n'est pas banal une campagne. Ça demande assez d'énergie et il faut tenir. En fait, ça se fait sur la durée. Il faut tenir parce qu'il y a des moments où on a envie de baisser les bras. Et c'est surtout pas... Il ne faut pas le faire. Il faut aller, il faut continuer. Même quand c'est dur, il faut continuer à avancer. Donc, finalement, avant la fin, on a pu le faire. Et on a été chercher encore plus loin. Ça, c'était bien.

  • Ramata

    Encore bravo, parce que c'est vrai que c'est, comment dire, la campagne de crowdfunding, c'est un enjeu assez important. Et là, en fait, dans ta réponse, tu as répondu à une question que j'allais te poser, c'était justement, où est-ce qu'on peut trouver les Técanthés ? Donc, tu évoquais les Galeries Lafayette.

  • Maĩmouna

    Oui. Aujourd'hui, les thé Canté sont sur notre boutique en ligne, www.canté.paris. Mais on peut les retrouver au Galerie Lafayette Gourmet, que ce soit en physique ou sur leur site internet. On les a aussi au BHV dans le Marais, en ligne chez Nature et Découverte, ou sinon au Quai Branly et bientôt dans d'autres boutiques de musées. dans des épiceries fines et concept stores, que ce soit en Ile-de-France ou à Paris. On les cite d'ailleurs sur la page web. Nos points de distribution sont cités. Et là, je rentre de Dakar hier, où j'ai été faire pas mal de prospections pour aussi essayer de commencer à distribuer Kanté en Afrique.

  • Ramata

    Ok, très bien, parce que l'idée c'est qu'aujourd'hui la marque n'est pas encore distribuée en Afrique, c'est ça ?

  • Maĩmouna

    Non, elle a été distribuée au Burkina pendant un moment, mais on n'a pas continué le partenariat. Et là maintenant, avec cette nouvelle gamme, je pense que c'est un produit qui répond totalement à la demande. Et j'ai opté pour le Sénégal comme premier pays pour introduire les thé cantés en Afrique.

  • Ramata

    Très bien. Écoute, on a hâte de voir l'évolution de la marque avec une perspective sur l'Afrique pour en 2026, on peut imaginer.

  • Maĩmouna

    C'est ça,

  • Ramata

    oui. Écoute, on arrive à la fin de cette interview. Moi, j'ai été ravie de pouvoir échanger avec toi et d'en savoir davantage sur ton parcours entrepreneurial. et sur la maison Kanté. Moi, je te dis, écoute, à très vite, en Afrique ou ailleurs.

  • Maĩmouna

    Eh oui, à très vite, oui. Merci à toi, j'ai été ravie de partager ce moment.

  • Ramata

    Un plaisir partagé. Écoute, on se voit très bientôt pour un thé, j'ai envie de te dire.

  • Maĩmouna

    Avec grand plaisir. Un ataya.

  • Ramata

    Exactement. Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation de Maïmouna

    00:00

  • Parcours de Maïmouna et création de la maison Kanté

    01:45

  • Éducation et premiers pas dans l'entrepreneuriat

    03:18

  • Réflexions sur la création d'entreprise et l'éthique professionnelle

    06:09

  • Lancement de la marque de thé et identification des défis

    16:50

  • Lancement de la campagne de crowdfunding et ses enjeux

    29:44

  • Retour sur la campagne de crowdfunding et le développement de la marque

    40:56

  • Distribution des thés Kanté et plans d'avenir

    58:31

Description

Comment imposer le thé africain sur la scène mondiale ? 


J'ai eu le plaisir de recevoir Maïmouna Kanté-Quentrec, fondatrice de Maison Kanthé, dans le nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour.


Son parcours est une leçon d'entrepreneuriat avec un démarrage précoce et une soif d’indépendance qui la guidée dans ses entreprises successives;


3 leçons à tirer de son audace stratégique :

  1. L'héritage comme différenciateur : Loin de s'aligner sur les clichés liés au thés, Maïmouna Kanté-Quentrec a rebaptisé sa marque Maison Kanthé, un hommage guinéen pour légitimer la place de l'Afrique dans l’industrice du  thé. Dans notre échange, elle rappelle que  l'Afrique est le troisième producteur mondial de thé (Kenya, Rwanda...).

  2. Transformer la tradition en lien social :  Elle a eu l'idée pionnière de proposer des ateliers d'Attaya en entreprise pour le teambuilding. L'Attaya, est une véritable cérémonie du thé d'Afrique de l'Ouest un moment de partage qui permet d’entretenir les échanges au sein des familles et de la communauté. 

  3. L'engagement comme manifeste : Le lancement de la collection "Queen of Africa" est un hommage aux figures féminines puissantes africaines. La réussite de sa campagne Ulule a permis de concrétiser la montée de gamme de maison Kanthé.  


Son prochain défi  est de concrétiser la présence de Maison Kanthé sur le continent, en ciblant le Sénégal pour commencer, et créer des lieux qui sont un véritable "tour du continent africain" par le thé.


Si vous êtes entrepreneur, cette masterclasse sur la transformation de la tradition en un business éthique et mondial est faite pour vous.


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


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A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Maĩmouna

    Alors en fait, ça faisait plusieurs années que je, quand j'ai lancé Quente, je voulais aussi proposer ce service de Hataya et tout bêtement, j'avais peur. J'avais peur, je me suis dit mais c'est ridicule, les gens ne vont pas venir, ils ne vont pas s'y intéresser. Et en 2023, j'en parle avec une amie qui m'accompagnait à l'époque et elle me dit mais c'est une bonne idée, fais-le. Je me dis, mais est-ce que les gens vont aimer ? Est-ce qu'ils vont venir ? On a des a priori souvent des peurs qui n'ont pas lieu d'être, mais bon, qui sont là.

  • Ramata

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique.

  • Maĩmouna

    Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Maïmouna Kanté-Quintrec. Maïmouna est la fondatrice de Kanté,

  • Ramata

    une maison de thé et d'infusion d'Afrique. Elle vient de clôturer une campagne de crowdfunding et je l'ai invitée aujourd'hui pour qu'elle puisse nous parler de son parcours et de sa marque. Bienvenue Maïmouna, comment vas-tu ?

  • Maĩmouna

    Je vais très bien, merci et toi ?

  • Ramata

    Ça va très bien, merci. Je suis ravie de te retrouver pour cette interview. Ça fait un moment qu'on se suit sur les réseaux sociaux, notamment sur LinkedIn. Et j'ai trouvé opportun ce moment où toi tu as lancé une campagne de crowdfunding sur le mois d'octobre de pouvoir... échanger pour avoir un petit peu des informations sur l'évolution du développement de ta marque. Mais avant de rentrer dans ce détail, je vais commencer cette interview comme je le fais toujours. Je vais te demander de te présenter.

  • Maĩmouna

    Parfait. Donc moi, je suis Maïmouna Kanté-Kantek. Je suis effectivement la fondatrice de la maison Kanté, d'origine guinéenne, et puis maman et épouse.

  • Ramata

    Très bien. Écoute, je ne savais pas que tu étais guinéenne. Je suis guinéenne aussi, donc je suis ravie. Ah, moi aussi. J'avais dit que j'étais contente de t'avoir, mais là, encore plus.

  • Maĩmouna

    Super.

  • Ramata

    Parce que j'ai pas assez de Guinéens à inviter. Mais en même temps, je me dis, il ne faut pas être trop chauvin, il faut que j'invite un peu tout le monde, mais je trouve que je n'en ai pas assez. Donc,

  • Maĩmouna

    voilà. Ça y est, là, c'est une bonne surprise.

  • Ramata

    Exactement, exactement. Donc, On va parler un petit peu de ton parcours avant de parler de ta marque. Donc, j'aurais voulu que tu nous parles un petit peu de ton parcours en termes d'études et un petit peu par quel type de métier tu as commencé ta carrière professionnelle.

  • Maĩmouna

    Ok. Alors, en termes d'études et de carrière, les deux se sont suivis parce que moi, j'ai commencé à travailler très, très jeune. Après mon bac... Même au collège déjà, j'étais un peu mannequin, je faisais des petits boulots d'hôtesse d'accueil. Et puis après mon bac, j'ai fait une première année en droit que je n'ai pas forcément aimé sur le coup. Et donc j'ai changé pour aller faire un BTS en marketing. Et à côté, toujours mannequin, hôtesse d'accueil. Et finalement, le boulot a un peu pris le dessus à un moment donné. que j'étais beaucoup sollicité et je trouvais que celles qui nous employaient à l'époque nous arnaquaient. Donc j'ai décidé de créer ma structure. J'avais 17 ans. On m'a dit à l'époque qu'il fallait atteindre 18 ans, donc j'ai triché sur mon âge en disant non, ils se sont trompés de date, mais je suis née à telle année et donc j'ai 18 ans. Et donc du coup, j'ai pu créer ma structure et du coup, ça me permettait d'embaucher mes copines quand j'avais des contrats. pour des séminaires, des forums et autres. Je fournissais des hôtesses d'accueil, ainsi de suite. Et donc, c'est comme ça que j'ai commencé mon aventure entrepreneurial parce que j'en avais marre de voir comment on était traité et mal payé. Donc j'ai continué cette activité qui s'est élargie un peu par des prestations autres de services et un peu l'imprimerie parce que toute ma famille paternelle était dans l'imprimerie. Donc j'avais une branche où je sous-traitais des commandes d'imprimerie auprès de notre structure familiale, on va dire. Et après, je suis arrivée en France pour poursuivre mes études. Je suis passionnée par la cosmétique, le bien-être et tout ça. Et donc, j'ai fait une formation en esthétique. Et une fois diplômée, j'ai voulu me spécialiser en option corps. Et l'idée, c'était avant d'ouvrir un institut de beauté. Mais bon, finalement, je ne l'ai pas fait. J'ai travaillé pendant quelques années comme animatrice et formatrice en cosmétique et parfum. Et puis bon, le thé était toujours à côté. parce que En Guinée, on préparait du thé tous les jours. Et donc ici, quand j'ai repris mes études, j'ai commencé à m'intéresser au thé, à me former, à me documenter tout doucement. Et puis ça m'a amenée où je suis aujourd'hui.

  • Ramata

    Très bien, c'est intéressant ton parcours et comment tu as démarré quand tu as identifié une problématique en tant qu'hôtesse d'accueil et tu t'es dit, la solution, ça va être de moi-même créer une structure. et... Ça part aussi d'une forme de frustration parce que j'identifie une vraie problématique de « je n'aime pas la manière dont on est traité et moi je veux changer les choses » et il y a un côté assez ambitieux et indépendant. Toi, comment est-ce que tu expliques qu'assez tôt comme ça, Je suis à Pesquou. Je pense que ça peut arriver à beaucoup de jeunes femmes et de jeunes personnes de se retrouver dans des situations où ils n'apprécient pas forcément la manière dont ils sont traités par leur employeur, mais ils ne se disent pas forcément, du coup, je vais créer ma propre structure. Toi, est-ce que c'est du fait qu'il y avait des entrepreneurs dans ta famille, que tu avais cette fibre entrepreneuriale ? Comment tu expliques en fait ça ?

  • Maĩmouna

    Alors, peut-être un peu du côté paternel. Mon père était entrepreneur. Il a entrepris pas mal de choses. Mais il y a aussi une question de personnalité. J'ai, adolescente, je pense que j'ai gagné une maturité précoce très rapidement. Et j'aimais l'autonomie. Je ne sais pas pourquoi, mais j'avais envie de faire les choses par moi-même. Et quand je voyais comment on nous traitait, je me suis dit non, ce n'est pas possible. Moi, je veux qu'on nous respecte. Je veux qu'on nous paye comme il faut. Et donc d'ailleurs, quand j'ai créé ma structure, j'avais les meilleurs profils parce qu'ils savaient que je les payais mieux.

  • Ramata

    Donc tu avais analysé ton marché et tu t'es dit, déjà en termes d'éthique et la manière dont tu veux traiter tes employés, tu avais une ambition qui était très claire. Et aussi, tu avais identifié qu'en termes de rémunération, ton positionnement allait te permettre d'avoir... à des personnes qui allaient, même si ta structure était nouvelle, tu allais rapidement trouver des équipes qui allaient vouloir travailler pour toi. Donc, il y avait une stratégie, en fait, quelque part. Le fait que j'analyse mon marché et je propose une offre irrésistible, tu avais déjà ce mindset-là, en fait.

  • Maĩmouna

    Oui, c'est vrai. À t'entendre, je me dis oui. Mais sur le coup, je n'ai pas pensé à tout ça. J'étais dans l'action, j'essayais de faire les choses autrement. Mais oui, effectivement.

  • Ramata

    C'est toujours pareil, quand il y a un œil extérieur qui regarde, forcément, il y a toujours des choses que moi je vais pointer, que toi tu vas te dire que ça s'est fait complètement spontanément. Et du coup, cette structure-là, tu l'as gardée, tu l'as fermée, comment est-ce que ça a évolué pour qu'à un moment donné, tu te dises, je vais passer à autre chose ?

  • Maĩmouna

    Alors, la structure, oui, je l'ai gardée. Alors, elle s'appelait MyPrestation. Et donc, du coup... C'était en 2008, 2007-2008, j'ai commencé. Et puis en 2009, j'ai décidé de l'engouander un peu parce que j'étais souvent sollicitée par des entreprises pour la partie événementielle. Et du coup, j'ai commencé à leur proposer d'autres prestations. J'avais monté une petite équipe qui faisait des ménages dans des présidences. ou dans des entreprises. Et puis après est venue l'idée de rajouter la partie imprimerie, donc je démarchais toujours des entreprises, notamment des sociétés minières. qui me donnaient des contrats pour réaliser leurs bons de commande, les cartes de visite ou sinon les calendriers pour les fins d'année. Et moi, j'allais sous-traiter ces contrats auprès d'imprimeurs. D'abord, c'était dans ma famille, mais après, j'ai compris que ça ne marchait pas parce que là aussi, on me prenait pour la petite fille qu'ils ont vu grandir. Et donc, on faisait passer mon contrat après ceux des autres clients. Donc rapidement, là aussi j'ai laissé ma famille et je suis partie sous traité travailler avec d'autres personnes. Ça m'a d'ailleurs créé de sérieux problèmes en famille parce qu'on s'est dit, tu te crois grande, on t'a vu naître et maintenant tu vas travailler avec nos concurrents. Je dis non, vos concurrents me respectent, vous ne le faites pas. Et donc moi je vais où je peux travailler et où je suis considérée. Et donc ça, ça m'a créé de sérieux problèmes en famille.

  • Ramata

    Et tu as, comment dire, avec le temps, est-ce que quand tu évoques tes sérieux problèmes en famille, avec le temps, est-ce que finalement ça s'est résolu ? Ça a évolué comment ? Parce que c'est vrai qu'effectivement, quand on se lance dans l'entrepreneuriat, il peut y avoir soit des querelles de famille, soit d'amitié, mais il peut y avoir des mésententes et ça fait partie de la réalité du business. On n'est vraiment pas dans... le monde des bisounours, il peut y avoir des vraies difficultés. Toi, comment est-ce que tu as réussi à dépasser ces problématiques-là ?

  • Maĩmouna

    Je n'écoutais pas forcément ce qu'on disait. Sur le coup, je suis un peu butée. Pour moi, c'était comment je peux avancer, comment bien faire mon travail, livrer mes clients à temps. Et puis la famille, oui, je vous respecte, on se respecte et on n'est pas obligé de travailler ensemble pour rester une famille. Donc oui, on se parlait, même si on savait que souvent il y en a qui n'étaient pas contents de moi. Mais la seule fois où j'ai été vraiment triste, c'est quand j'ai croisé mon père. Et c'était la dernière fois qu'on a échangé. Je le vois au centre-ville, je viens dire bonjour papa. Il me dit non, je ne suis pas content de toi. Il paraît que tu as eu le contrat que ton oncle avait depuis très longtemps. Donc ne me parle pas, viens me trouver à la maison. Et moi, je me suis dit, écoute, tu attendras un peu. Donc, je me suis dit ça sans lui dire. Et donc, j'ai attendu deux bonnes semaines. Après, j'ai appelé pour venir le voir. Ce jour-là, il avait fait une crise cardiaque. Et le lendemain, il est décédé. Donc, ça, ça m'a beaucoup marqué. Ça m'a marqué parce que la dernière fois que j'ai parlé à mon papa, quand il était en vie, ça s'est passé comme ça. Donc, ça, ça m'a marqué. Et après, je suis partie. Je suis venue en France pour reprendre des études ici. Et donc, j'ai laissé ce boulot. Et comme ça, il n'y avait plus d'histoire.

  • Ramata

    Très bien. Je te remercie de partager avec nous ce moment, effectivement, que j'imagine a dû être assez délicat pour toi. Et c'est vrai qu'on essaie toujours de... On se dit toujours de quitter sa famille dans les meilleures conditions, mais on ne sait jamais ce que la vie nous réserve en réalité. Donc... Donc effectivement, du coup, toi, cette boîte-là, tu la laisses, tu décides de venir en France pour poursuivre tes études et c'est le début d'une nouvelle aventure. Donc tout à l'heure, tu parlais d'un intérêt pour le bien-être, les cosmétiques, la beauté, et puis en parallèle, toujours l'intérêt pour le thé. Est-ce que tu peux nous parler du coup de cette étape-là, l'intérêt pour le bien-être, les cosmétiques ? Ça a été plutôt... à travers des études, mais tu n'en as pas forcément développé un business finalement.

  • Maĩmouna

    Oui, alors je voulais vraiment, en fait, aujourd'hui en apprenant un peu à me connaître, ce qui me guide vraiment mon fil conducteur, c'est la relation à l'autre. Arriver à accueillir l'autre, à servir l'autre. Quand je fais un résumé de mes expériences qui m'ont marqué, où j'ai eu autant de plaisir à donner qu'à recevoir, C'est quand j'étais en face de l'autre. Que ce soit dans mes études de cosmétique et d'esthétique, quand je prenais soin des autres, j'avais autant de plaisir que la personne qui était en face de moi. Et puis, dans le thé, l'échange, le partage, tout ça. Et donc, quand j'ai fini ma formation en esthétique, je voulais ouvrir un institut de beauté, mais je n'avais pas les moyens. Donc, du coup, je me suis dit, ce n'est pas grave, je vais continuer. à travailler, à apprendre. Et là aussi, rapidement, j'ai compris que je n'étais pas forcément à ma place tout le temps. Et c'est pourquoi j'ai décidé de me mettre en freelance et de travailler comme animatrice et formatrice en freelance. Comme ça, je n'ai pas de patron, je ne rentre pas dans des cases, je ne souris pas à une collègue hypocrite. Parce qu'il faut sourire. Moi, j'aime dire les choses dans la bienveillance, mais je n'ai pas besoin d'hypocrisie. Et souvent, dans le monde du travail, on a beaucoup ce côté où on te voit, on te sourit, mais derrière, il y a autre chose. Je ne sais pas faire de... Il n'y a pas de filtre chez moi. J'aime donner et recevoir, mais je n'aime pas ce côté où il faut jouer. Pour moi, ça demande beaucoup d'énergie. donc du coup Quand j'ai fini cette partie-là, et puis le thé, j'ai commencé tout doucement à lire, à découvrir des thés, parce que quand je suis arrivée en France, je connaissais le Lipton, oui, et notre Kinké-Liba, qui était notre boisquier, d'ailleurs encore la boisson nationale, un Guinée qu'on boit tout le temps. Et donc ici, j'arrive, je découvre le thé blanc, le thé fumé, je découvre même des thés grands crus, des thés jaunes, qui sont très peu connus. Et donc, je vais, je me souviens quand j'ai eu mon premier salaire, j'ai été m'acheter un thé grand cru qui coûtait à l'époque 50 euros les 50 grammes. Et donc, c'est un thé que je buvais uniquement les week-ends. Quand je ne courais pas et que j'étais à la maison tranquillement, je me servais ce thé-là. Et donc, je me suis dit, en apprenant aussi sur le thé, quand j'allais dans des restaurants ou des bars d'hôtels, on te sert un thé à 10 euros. Le serveur est incapable de te renseigner sur ton thé, sur la température de ton thé, sur depuis combien de temps, madame, j'ai mis votre sachet de thé. Rien. Ça me frustrait. Donc je me suis dit, bon, moi je vais créer mon marque de thé, je vais ouvrir un salon de thé littéraire, et puis je vais former les gens à comprendre le thé, à mieux servir le thé. L'idée est partie de là, en 2016. Et donc du coup, en 2016, finalement, je crée ma marque. La première, c'était comptoir des thés rares. Et donc, je me spécialise dans les thés grands crus d'Asie, où je vais vendre les thés, le prix moyen variait. Je pense que le moins cher était à 20 euros. On allait jusqu'à 70, 100 euros la boîte de thé. Et donc, je lance ce thé, je commence un peu à proposer à certains hôtels, en leur proposant une formation à la clé sur le service du thé. Et puis très rapidement, la maternité s'est invitée dans mon parcours la même année. Il y a eu beaucoup de surprises à ce niveau. Et donc je me suis retrouvée après amener ma grossesse, la fin de ma grossesse seule. Et entre boulot, entreprise et l'autre entreprise que je suis en train de mettre en route, donc mon enfant, je me suis recentrée sur une seule chose. donc j'ai délaissé un peu le temps thé à ce moment-là. Et en 2017, je reprends doucement, doucement. Et en reprenant, j'avais toujours ce côté, quand je faisais des animations, on me disait, pourquoi une Africaine parle des thés d'Asie ? Ça me frustrait. Je disais, mais pourquoi pas ? Et puis, finalement, je me suis dit, bon, écoute, OK. Et puis, mon parcours, j'ai eu beaucoup, j'ai été confrontée très souvent à Et pendant longtemps, moi aussi, je pense, ce n'est même pas je pense, je le sais, j'essayais par tous les moyens de rentrer dans les cases, de me faire accepter, de faire comprendre que je suis très bien intégrée, un peu, ah, tu n'es pas comme les autres. Je le prenais à l'époque comme un compliment. Et à un moment donné, il était temps de faire connaissance, un peu plus connaissance avec moi-même. de me dire, qui tu es, en fait, l'Africaine, tu le seras tout le temps, toute ta vie, parce que tu l'es. Donc, apprends à être fier de qui tu es. Peut-être que tu n'auras à offrir que ta singularité, ce que tu es réellement. Et ça, je l'ai vécu aussi dans ma maternité. Je me suis dit, bon, écoute, je vais continuer le thé, parce qu'à chaque fois que je disais, demain, je vais me débarrasser de tout mon stock de thé. parce que j'en avais des centaines de kilos, quelqu'un passait une commande. Je disais, mon Dieu, ok, donc je vais devoir livrer encore cette personne. Ça, c'était en 2017 et 2018. À chaque fois que je voulais tout arrêter, ça pouvait trouver que pendant trois semaines, je n'ai eu aucune commande. Mais à chaque fois que je disais ça, que je pensais très fort, eh bien, quelqu'un commandait. Je disais, ok, bon, je ne jette pas, je vais livrer. Et puis, j'ai fini quand même par jeter ce stock de thé et passer à autre chose, mais je n'arrivais pas. Et donc, en 2018-2019, je me dis, bon, je vais... reprendre mon activité de thé, mais cette fois, je veux aller voir ce qui se passe en Afrique. Et là, je reçois d'abord en 2017 un premier échantillon du Rwanda avec des thés de qualité exceptionnelle. Donc je me dis, ok, je reprends mon activité, mais je vais rajouter un peu de thé africain. Et tout doucement, doucement, je me dis non. Je ne vais vraiment proposer que des thés africains. Pour le coup, l'Africaine va parler d'été africain. Et donc, la question du nom se pose. Est-ce que je garde au comptoir d'été rare ? Est-ce que je change de nom ? Je voulais vraiment un nom qui évoque l'Afrique. Qui, quand tu l'entends, tu sais que tu es tout de suite en Afrique. Et donc, on m'a proposé plusieurs noms. J'en ai parlé avec plusieurs personnes autour de moi. Et puis, je vais un jour chez un ami, créateur, photographe, pour qui j'ai posé plusieurs fois parce que j'ai été mannequin pendant quelques années. Et donc, j'arrive chez lui en Normandie avec ma fille. Et là, je vois Renoma partout. C'était Maurice Renoma, qui a été une des figures dans la mode française. Et donc là, il y a partout, je me dis, mais il a tout compris. Et là, je me dis, et si j'appelais ma marque Kanté ? C'est venu de là. C'est venu de là. Et donc, du coup, j'ai réfléchi, j'ai laissé cette idée mûrir. Je me suis dit, ben oui, finalement, pourquoi pas Kanté ? Kanté comme ma fille, Kanté comme moi, et puis cette marque va s'appeler Kanté, en fin de compte. Et je vais faire en sorte de travailler avec rigueur et respect pour que demain, tout Africain qui croisera cette marque, de près ou de loin, qu'il en soit fier. Parce que c'est mon nom de famille, c'est le nom que porte ma fille, et c'est le nom qui porte des milliers de Kantés à travers le monde. Et c'est venu comme ça. Donc j'ai dit, ok, moi je vais appeler ma nouvelle marque à Kanté. Les gens m'ont dit, mais non, c'est pas bon, ça fait trop Africain. Je dis oui, africain comme je suis. Donc on y va et on va faire une maison de thé 100% africain. C'est comme ça que Kanté, elle est.

  • Ramata

    Et c'est intéressant de préciser que dans le nom de ta marque, en fait, tu reprends vraiment ton nom de famille Kanté, mais au niveau de l'orthographe, il me semble que c'est K-A-N-T-H-E comme le thé en fait.

  • Maĩmouna

    Comme le thé, tout à fait. Donc je rajoute le H pour souligner le mot thé.

  • Ramata

    Très bien, mais en fait, ça paraît tellement naturel que c'est presque difficile de comprendre qu'il y ait des gens qui t'aient dit « ben non, ça n'a aucun sens » , alors que c'est tellement, finalement, quelque part évident. Donc, ce qui est intéressant, c'est que dans ton cheminement, tu évoques le fait qu'effectivement, la tradition du thé, elle va être associée à l'Asie, elle va être associée à l'Inde, mais que par rapport à l'Afrique, même si effectivement quand on est Guinéen, on consomme le quinqualibat et on connaît cette tradition du thé, on peut même penser à une tradition du thé oriental avec cette façon de servir, et même au Sénégal, de servir la taïa. Et du coup, ce sont des traditions qui sont méconnues, donc on va avoir un espèce d'apriori qui est, le thé, c'est l'Inde, le thé, c'est l'Asie, c'est la Chine ou le Japon, mais ce n'est pas l'Afrique. Et en fait, quand on creuse un peu, on se rend compte que l'Afrique a complètement sa place dans cette culture. culture du thé et que ça fait vraiment partie de rituels traditionnels en fait africains que de consommer du thé. Donc toi, est-ce que tu as fait des recherches dans ce sens-là pour vraiment travailler le storytelling de ta marque ?

  • Maĩmouna

    Alors oui, déjà on ne le sait pas assez, mais l'Afrique est le troisième producteur mondial de thé. Pour en être là, il faut en produire énormément et Et... Donc déjà, on est grand producteur de thé. On pense tout de suite à l'Asie parce que l'Asie a commencé bien avant et l'histoire du thé, c'est la Chine, après le Japon, vient l'Inde. Sauf que quand la culture de thé a été introduite en Inde, ça a quasiment été en même temps en Afrique. le thé a longtemps été monnet d'échange et À un moment donné, les Européens, les Anglais, ont voulu comprendre la culture du thé, comment le thé est cultivé, parce que les Asiatiques faisaient comprendre qu'un thé noir et un thé vert ne provenaient pas du même arbuste. Et donc, du coup, les Anglais ont envoyé une espèce de détective pour aller comprendre, sillonner, aller fouiller, aller chercher à vraiment comprendre. Et une fois ils ont réalisé cela, ils se sont dit, ok, on a des pays qui, géographiquement parlant, peuvent aussi produire du thé. Et c'est comme ça qu'ils ont testé la culture du thé en Inde, puis en Afrique. Et donc là, il était question de voir, de produire, mais la production a mieux pris en Inde qu'en Afrique à l'époque. Et après, l'Afrique est venue tout doucement, doucement. Les premières productions qui sont repertoriées datent d'avant 1925, mais on n'en parle pas beaucoup. Et donc, les Anglais ont essayé le thé en Afrique du Sud, au Malawi, au Rwanda. Les Allemands ont essayé la culture du thé sur le mont Cameroun. Chacun est venu essayer un peu. Et les productions étaient minimes à l'époque. Mais après, tout doucement, doucement, ça a pris de l'ampleur. Et ce qui est dommage encore, c'est qu'aujourd'hui, moins de 10% de la culture de thé africain est consommée sur le sol africain. Quand les thés sont cultivés, notamment au Kenya, au Rwanda, tout se retrouve à Mombasa où il y a des ventes aux enchères et la plus grande partie est exportée. Une fois exporté, on ne parle plus du thé africain. Il perd de son identité et souvent revient même en Afrique, mais sous un nouveau drapeau. Ça, c'est dommage. Et la culture, enfin, la cérémonie de Hataya, qui fait partie intégrante de nos cultures en Afrique de l'Ouest et en Afrique du Nord, est arrivée avec le nomadisme, les berbères, les commerçants berbères qui ont ramené tout doucement du Maghreb. La cérémonie, cette façon de préparer le thé, notamment en Mauritanie, au Mali, au niveau des Touaregs. Et tout doucement, doucement, c'est arrivé au Sénégal, au Guinée. Moi, j'ai été élevée avec le Hataya. Tous les jours, on avait le Hataya. Tous les jours, on préparait du Hataya. Et dans d'autres pays africains comme le Kenya et tout ça, ils ont la culture du thé là-bas encore. mais différemment. Là, on va parler beaucoup plus de thé noir et autres. Et donc, à travers Quintet, ce que j'essaie aujourd'hui de faire comprendre et partager, c'est que déjà l'Afrique est le troisième producteur mondial de thé. Ça mérite d'être connu et reconnu, mais on a une culture de thé. Et moi, j'anime depuis deux ans et demi maintenant des cérémonies de Hataya. Tous les mois, j'ai un atelier de Hataya, que ce soit pour des particuliers, mais aussi en entreprise, en team building. Et là, l'idée, c'est de montrer un peu ce que représente le Hataya. Ce moment de partage, ce moment où on tisse des liens, c'est vraiment le lien social avant tout. Et c'est ce qui est intéressant à partager autour du thé africain.

  • Ramata

    Alors, c'est intéressant ce que tu évoques, parce que dans la manière dont tu as décidé de créer cette marque, qu'on sent qu'il y a un vrai travail de... de personal branding parce que dans le nom, on sent vraiment que tu es 100% impliqué. Même quand tu racontes la genèse de cette entreprise, on sent que c'est vraiment quelque chose de très personnel. Et en même temps, il y a un travail sur revenir à une tradition, à une connaissance et à remettre l'église ou la mosquée au milieu du village. Mais voilà, tu insistes bien sur des données. clairs et factuels qui sont l'Afrique est le troisième pays producteur de thé. Donc l'Afrique a toute sa légitimité à être considérée au même titre que l'Inde, au même titre que la Chine ou le Japon par rapport à ces traditions-là. Et donc ton travail avec ta marque, quelque part, c'est de déconstruire les clichés, les a priori qui peuvent exister par rapport au thé qui serait associé. plusieurs régions du monde et pas forcément à l'Afrique, mais à Tors. Donc, toi, cette idée d'atelier que tu évoquais, comment est-ce que tu en es venue à créer ces ateliers ? Tu évoques du team building au sein des entreprises. Comment est-ce que ça t'est venu, cette idée ?

  • Maĩmouna

    Alors, en fait, ça faisait plusieurs années que je... Quand j'ai lancé Quinte, je voulais aussi proposer ce service de Ataya et Tout bêtement, j'avais peur. J'avais peur, je me suis dit mais c'est ridicule, les gens ne vont pas venir, ils ne vont pas s'y intéresser. Et en 2023, j'en parle avec une amie qui m'accompagnait à l'époque et elle me dit mais c'est une bonne idée, fais-le. Je dis mais est-ce que les gens vont aimer, est-ce qu'ils vont venir ? On a des a priori souvent des peurs qui n'ont pas lieu d'être mais bon qui sont là. Et donc finalement, elle me motive et elle me dit mais... Tente le coup, regarde, rejoins Weekendoo si tu veux. Ils proposent beaucoup d'expériences. Les gens qui sont à la recherche de choses authentiques, ils vont sur Weekendoo pour trouver des activités. Propose, tu n'as rien à perdre. Et là, reboosté, je contacte tout de suite Weekendoo avant de retomber encore dans la peur et de repousser au lendemain. Donc, je m'inscris. Et puis, au bout de, je ne sais pas, trois semaines, un mois, on me répond. Donc, je dis, OK, j'y vais, je teste, je lance cette cérémonie de Hathaïa. Parce qu'on parle beaucoup, quand on parle de cérémonie de thé, tout de suite, c'est l'Asie. Pourquoi ? Parce que les Asiatiques sont fiers de leur culture et de leur tradition. Ils arrivent à le partager avec les autres. Et pour qu'on connaisse ce qui se passe en Afrique, il faut que nous, Africains, nous soyons déjà fiers de ce qu'on a. et qu'on ait envie de le partager et de le faire découvrir. Donc je me suis dit, ok, je vais commencer le Ataya. Et est venue l'idée, est-ce que je le fais à table, est-ce que je le fais par terre, à même le sol, comment on le fait ? Et donc là aussi, je me suis posé la question, je me suis dit, c'est ridicule d'aller préparer ton Ataya à table. Donc, tu le proposes de façon authentique. Et donc j'ai commencé comme ça, et tout doucement, doucement, j'avais les retours des clients. Ce qui est marrant, c'est que quand je reçois 8-10 personnes qui ne se connaissent pas forcément, ils repartent en échangeant de contacts, en sympathisant. Les gens viennent, au début ils sont repliés sur eux et à la fin du attaillant, on entend des éclats de rire partout. Les gens parlent entre eux, se racontent des histoires et je me dis ok. Et en fait, effectivement... comme en Afrique, le Ataya, même en Europe, peut être un fil conducteur, peut être un trait d'union pour venir un peu vivre déjà l'instant présent. Parce que quand on y est, vraiment, rien n'a d'importance sauf ce qu'on est en train de partager. Donc le moment présent, et c'est important. On a tendance à courir, moi la première, et à ne pas profiter de l'instant présent. à laisser un peu le temps Faire les choses. Donc, le Ataya en team building, c'est vraiment le fil conducteur, c'est le lien, le lien entre collègues. Arriver à tisser le lien, à parler d'autres choses sur le moment que le boulot. Apprendre à se découvrir autrement parce que c'est ce qu'on fait en Afrique. Quand on se met autour du Ataya après le boulot, on parle de... on se décompresse. Mais on apprend aussi à connaître l'autre à travers nos échanges et c'est ce qui est sympa. Donc j'essaye, j'ai souvent des Asiatiques qui viennent, quelques rares fois des Africains, ça arrive, et je vois que ça plaît et surtout les gens viennent parce qu'ils ne connaissent pas et ils repartent avec des kits en les invitant à reproduire, à refaire du Ataya chez eux.

  • Ramata

    Très bien, c'est très intéressant que tu évoques le fait que c'est une amie qui t'a donné confiance, qui t'a vraiment incité à aller au bout de cette idée. Et tu évoques Weekendoo, est-ce que tu peux expliquer en fait ce que c'est que cette plateforme ?

  • Maĩmouna

    Weekendoo, c'est une plateforme qui oppose des ateliers, que ce soit en France ou en Belgique. C'est une plateforme qui recense des centaines et des centaines d'artisans qui proposent leurs services en forme d'atelier. Et donc, une fois inscrite sur Weekendoo, tu as plusieurs offres. Et quand le client arrive sur Weekendoo, ça peut être des ateliers pour créer ta tablette de chocolat, des ateliers pour aller peindre, des ateliers pour fabriquer un bijou. des ateliers de Ataya pour venir découvrir le Ataya. Il y a plusieurs sortes de la céramique. C'est vraiment une plateforme qui est assez sympa parce que quand tu y vas dessus, tu ne t'ennuies pas. Et donc certains... profitent de cette plateforme pour aller dénicher des choses qu'ils ne connaissent pas. Et c'est comme ça que beaucoup découvrent la cérémonie à Thaïa. Et quand ils viennent, ils disent, ah, j'adore le thé, je voulais offrir ce cadeau parce que, bon, ma sœur aime bien le thé et on ne connaît pas le thé africain. Donc, dès qu'on a vu l'atelier, on s'est dit, bah tiens, on va venir découvrir le thé africain.

  • Ramata

    Très bien, super intéressant comme concept parce que ça permet de valider une idée. Et toi, dès que tu t'es inscrite sur cette plateforme et que tu as commencé à avoir des personnes adhérées au projet, ça n'a fait que te conforter dans ton projet. Et toi, l'idée, c'est que tu as d'un côté la marque, tu as cet atelier et il me semble que tu as également un salon de thé.

  • Maĩmouna

    Oui. Donc, le salon de thé était une location éphémère. Là, je l'ai fermé actuellement. Et je suis en train honnêtement de me demander si l'année prochaine, je ne pars pas sur l'ouverture de la première adresse fixe pour la maison Kanté. C'est en réflexion, mais on verra.

  • Ramata

    OK. Et du coup, est-ce que tu peux, quand tu parles de, voilà, c'était éphémère, est-ce que tu peux expliquer ? Quelle a été l'idée derrière cette volonté de créer un salon de thé ?

  • Maĩmouna

    Toujours dans l'idée du partage. Pour moi, ce qui m'intéresse, notamment dans un salon de thé ou la boutique, l'idée pour moi, c'était de faire un concept boutique-salon de thé. Qu'on arrive, qu'on puisse acheter son thé, repartir avec, oui. Mais je voulais aussi donner la possibilité aux clients de se poser, de déguster leur thé sur place. de découvrir, par exemple, de boire un Ataya sur place et d'autres types de thé. Et tout ça dans l'idée vraiment de rencontrer les gens, d'échanger, d'avoir qu'ils viennent se canter, comme pour rechercher une petite parenthèse de douceur et de partage. Et donc j'ai eu la possibilité d'avoir ce lieu magnifique, qui faisait d'ailleurs 150 mètres carrés, assez assez sympathique et énorme, pour en faire un lieu de vie, donc boutique et salon de thé, éphémère, pour tester un peu le concept. Et puis je me suis dit, bon, je verrai si je reprends plus tard l'idée, mais cette fois de façon stable. Et bon, quand je vois la conjoncture, les coûts, ça me freine un peu, mais bon, on verra. C'est en réflexion.

  • Ramata

    Et du coup, cet espace, j'imagine qu'en termes de décoration, de merchandising, tu as eu l'opportunité, même si c'était un espace éphémère, de pouvoir apporter ta pâte, de le personnaliser. Toi, tu avais déjà des idées de quel aspect tu voulais qu'il ait ce salon de thé ?

  • Maĩmouna

    Oui, oui, tout à fait, oui. Là-bas, je n'ai pas été jusqu'au bout de mes idées parce que comme c'était un lieu éphémère, Mais l'idée, c'était d'avoir vraiment un côté naturel, brut un peu, mais avec des petites touches de green, donc de verdure, aussi tournées vers l'Afrique, avec des visuels, des photos qui évoquent l'Afrique, des accessoires, ainsi de suite. J'allais chercher soit au Sénégal, en Guinée, pour vraiment amener une touche africaine. Et aujourd'hui, l'idée à travers Kanté, c'est vraiment d'arriver, en tout cas, à dépasser ce côté, même juste guinéenne que je suis. On est une maison de thé d'Afrique et j'ai envie qu'en venant chez Kanté, on découvre l'Afrique. Donc, ça m'amène aussi, moi, à être beaucoup plus ouverte, à être un peu plus curieuse, à aller chercher ce qui se passe du côté de l'Afrique du Nord, du côté de l'Afrique de l'Est, l'Afrique du Sud, ainsi de suite. Aujourd'hui, je travaille avec plusieurs pays, que ce soit le Rwanda, le Malawi, le Kenya, le Togo, le Maroc, la Côte d'Ivoire. Et à partir de janvier, on va travailler aussi avec l'Ouganda et la Tanzanie. Et donc plus tard, en tout cas, si on ouvre un lieu, c'est vraiment un lieu qui va changer de visage de temps à autre pour en faire un petit tour du continent africain.

  • Ramata

    On retrouve un peu cette notion d'Africatour qui m'échappe, parce que ça traduit vraiment le fait que, quand on parle d'Afrique, c'est un mot raccourci qu'il est important de mettre en avant, mais derrière, il y a 54 pays avec des identités, des spécificités qui sont vraiment importantes à souligner. C'est pour ça que c'est important de vraiment préciser les choses et l'idée d'un tour. c'est vraiment important pour pour gagner en connaissance sur ce qui peut exister, se passer sur le continent. Maintenant, j'ai envie d'en venir à... Donc, on sent en tout cas que dans ta manière de développer ta marque, il y a vraiment cette idée de... Donc, j'ai cette idée de thé. Au départ, c'est assez, on va dire, général. Et puis après, il y a cette volonté de se concentrer sur l'Afrique. Il y a toujours des projets dans le projet, en fait. Après, il y a l'histoire des ateliers. Puis après, il y a le salon de thé éphémère avec éventuellement un projet de lieu fixe, de l'adresse fixe. Et puis, il y a aussi cette volonté d'enrichir la collection de thé en allant toujours être présent, en travaillant en tout cas avec différents pays d'Afrique. Donc, tu viens de clôturer une campagne de... Crowdfunding via la plateforme Ulule. Je voulais que tu nous parles un petit peu de cette étape du développement de ta marque.

  • Maĩmouna

    Oui, c'était un challenge. C'était un challenge cette campagne, mais elle s'est bien clôturée, donc ça c'est bien. Et je rends grâce à Dieu pour cela, mais aussi ça m'a confortée dans l'idée que ce projet avait pleinement sa place. parce que En allant faire cette campagne, je me remettais un peu en déséquilibre en disant, bon, je vais aller voir qui me suit. Est-ce que cette marque est finalement soutenue ? Est-ce qu'elle a sa place, même si ça fait cinq ans qu'on existe ? Mais là, on remettait un peu le compteur à zéro et moi, je ressentais ce besoin, le besoin d'évoluer. Donc, c'était en septembre qu'on a célébré les cinq ans de la marque. Et je me suis dit, bon, cinq ans, il est temps de changer. Il est temps de passer à la vitesse supérieure. Je voulais vraiment apporter quelque chose de nouveau à la marque Kanté. Donc, en changeant de packaging, en créant une nouvelle gamme, notamment de thé en sachet qui n'existait pas chez Kanté et qui était beaucoup demandé. et qui est en tout cas jusqu'à aujourd'hui planté et autofinancé. Et donc je me suis dit, au lieu d'aller courir après de potentiels investisseurs et autres, je vais lancer une campagne et aller demander à la communauté et à tous ceux qui adhéreront à ce projet de me rejoindre pour ensemble passer à la vitesse supérieure. Et donc là aussi, c'était une façon de venir célébrer ces cinq ans qui sont passés. Et donc, j'ai eu l'idée de créer une collection qui s'appelle Queen of Africa. Parce que pour moi, 2025 a aussi été un peu une année de renaissance. Et il faut rendre grâce pour tout ce qu'on arrive à faire. Donc, Queen of Africa, je me suis dit la puissance féminine à travers cette création. et donc aller chercher des figures fortes féminines sur tout le continent africain, que ce soit au Maroc, donc l'Afrique du Nord, en Afrique de l'Est, l'Afrique centrale, l'Afrique de l'Ouest avec la Queen Yenenga, l'Afrique du Sud avec la Queen Mouyadi. Au-delà du thé, je voulais aussi raconter une histoire. Quand on demande souvent à des jeunes femmes africaines quelles sont vos figures féminines ou vos modèles. On a tendance à aller très rapidement aux États-Unis ou ailleurs, mais il y a eu des femmes puissantes en Afrique, et donc souvent oubliées. Et donc à travers cette collection, je voulais aussi faire un clin d'œil à ces figures féminines fortes, comme une invitation à celles qui recevront une boîte de Queen Mojaji, ou de Queen Yenenga, ou Queen Poku, à aller chercher derrière qui elle était, son parcours, qu'est-ce qu'elle a pu faire, ainsi de suite. Et donc du coup, on lance cette campagne pour aller chercher une enveloppe de 10 000 euros. pour créer la gamme de thé en sachets. Parce que je voulais lancer du thé en sachets, mais je ne voulais pas lancer n'importe quel sachet. Chez Quintet, j'ai toujours eu à cœur d'avoir une démarche environnementale et aussi sociétale. Donc nos premières boîtes étaient issues de papier recyclé, biodégradables, elles étaient rechargeables. Et là, je voulais aussi des sachets qui répondent un peu à ces normes. Donc j'ai opté pour des sachets biodégradables et compostables qui n'ont pas été faciles à trouver, à mettre en place. Et donc je me suis dit, ok, on va lancer cette campagne et profiter de l'occasion pour aussi changer nos packagings actuels. Passer à la vitesse supérieure, affirmer notre positionnement haut de gamme totalement et donc amener des boîtes métalliques avec la couleur un peu gold, un peu dorée. Le jaune canté qui évoque le soleil pour moi et qui évoque aussi l'or, la richesse africaine. Et donc, je me suis dit, tiens, on va changer. Mais pour ça, j'avais besoin qu'on me rejoigne et le faire ensemble. Donc, j'ai décidé de lancer la campagne pour partager cette vision. Et par la grâce de Dieu, ça a été accepté. Et donc, on a validé la campagne à 100%. Maintenant, on est en production. pour cette nouvelle gamme.

  • Ramata

    Félicitations pour la récite de ta campagne de crowdfunding. Et puis, ce que j'ai envie de te demander là, c'est, en fait, on sent qu'il y a une réflexion de fond sur, après cinq ans, des nouveaux objectifs que tu te fixes pour pouvoir faire évoluer la marque. Et du coup, est-ce que ces réflexions-là, tu les fais seules ou est-ce que tu travailles avec... Voilà, est-ce que... Tu as des personnes dans ton équipe avec lesquelles tu réfléchis à passer à une étape, on veut affirmer un positionnement haut de gamme. Le crowdfunding, c'est le bon levier à actionner à ce moment-là. Est-ce que c'est toi qui cherches les infos seul et qui mets en place, qui mets en œuvre ? Ou est-ce que tu as des conseils, des membres de ton équipe qui t'accompagnent ? et de l'extrême. travaillent avec toi sur les décisions stratégiques, en fait, et puis ensuite leur mise en œuvre.

  • Maĩmouna

    Alors, en général, c'est moi qui lance. Je viens, je déballe mes idées. Et puis, ensemble, on essaye d'affiner, de voir un peu comment on peut le faire. Donc oui, j'ai des conseils. Je m'entoure de personnes avec lesquelles j'essaie d'évoquer et de mettre un peu au clair mes idées. Et ça, ça m'a beaucoup aidée, notamment pour cette campagne, parce que moi, j'avais une idée qui était là, brute. Il a fallu l'affiner et le réaliser ensemble. Donc là, cette campagne, c'était vraiment un travail d'équipe, totalement.

  • Ramata

    Toi, aujourd'hui, justement, au niveau de cette équipe, tu as quel type de profil ? Tu travailles avec combien de personnes ? Et comment est-ce que ça s'articule ? Est-ce que c'est plutôt des commerciaux ? Est-ce que c'est plutôt des gens au marketing ?

  • Maĩmouna

    Alors, marketing, beaucoup. Commerciaux, j'en ai eu. Et là, je vais en recruter prochainement. Mais plus dans la communication. La communication et puis, bon, une partie un peu finance pour aller ficeler tout ça. C'est beaucoup axé sur la communication en ce moment. On travaille beaucoup plus là-dessus, donc des personnes qui m'accompagnent sur la stratégie, mais aussi je me fais entourer de photographes, de vidéastes, qui viennent donner un peu vie à ces projets, à ces idées-là, parce que je suis assez... je sais ce que je veux, et j'essaie d'amener, en tout cas mon équipe, à me suivre dans ces idées-là. J'ai vraiment décidé de faire confiance à mes intuitions. C'est comme pour cette gamme-là. Je ressentais quelque chose, pour moi c'était vital. Il fallait le faire. Et donc on m'a dit non, non, non. J'ai dit non, il faut y aller, il faut y aller. Maintenant, comment ? C'est ce qu'on doit voir ensemble, mais je sais qu'il faut y aller. Et après, je suis ouverte au conseil, mais mon idée est là. On essaye de voir comment on peut l'améliorer, en tirer le meilleur. Mais il est hors de question d'arrêter. Il faut qu'on continue. Donc, du coup, une fois cette partie dite, maintenant, on essaye de trouver les bonnes solutions. Mais je n'ai plus envie de douter. Je doute beaucoup. Je me remets énormément en question. Mais j'essaye d'écouter cette petite voix. Ce n'est pas toujours, ça n'a pas toujours été le cas. Mais j'essaye vraiment de m'écouter et après d'aller l'affiner.

  • Ramata

    Dans ce que tu dis, on sent que parfois, les idées que tu peux avoir, tu peux avoir des personnes de ton équipe ou des personnes à qui tu en parles qui n'adhèrent pas forcément parce que tu peux avoir peut-être une tendance à penser, l'expression en anglais, outside the box, c'est-à-dire ne pas faire comme les autres, faire des choses différentes. aller pousser vraiment au-delà des idées qu'on peut voir habituellement. Et donc, du coup, en face, tu peux avoir des gens qui sont un peu réticents, qui disent, bon, là, c'est peut-être que tu vas un peu trop loin. Et est-ce que c'est ça que tu vis ou est-ce que c'est autre chose ?

  • Maĩmouna

    Oui, parce que souvent, moi, j'ai tendance à vouloir aller tout de suite à l'essentiel. Et comme pour la campagne, par exemple, j'avais une idée en tête, c'était très clair. Mais pour moi, ça allait être un peu plus brut. Et donc, on m'a dit non, si on doit le faire, OK, il faut faire ci, ça, ci, ça. L'idée est bonne, mais la façon dont tu veux l'amener est un peu directe et ça manque de cadre. Donc, ça, souvent, il y a besoin de recadrer, de modifier un peu, en tout cas, la façon de faire. Et ça, je suis totalement ouverte à l'amélioration de mes idées. Une fois qu'on les fait, c'est ce qui m'importe moins. Le reste, je peux accepter qu'on le change, qu'on le modifie. On a les mêmes objectifs, c'est d'arriver à nos fins, de valider des choses. Donc, j'écoute et je suis la cadence.

  • Ramata

    Très bien, donc voilà, tu as tes idées. Mais après, l'idée, c'est qu'effectivement, il faut travailler en bonne intelligence, comme tu le dis, pour atteindre le même objectif. Donc là, ce que tu évoquais, c'est que la campagne de crowdfunding a été un succès. Tu as pu récolter les fonds. Et là, j'imagine que tu es dans la période de préparation des commandes qui ont été passées par les différents contributeurs.

  • Maĩmouna

    Oui.

  • Ramata

    Et l'objectif en termes de livraison, c'est pour les fêtes, c'est début 2026 ?

  • Maĩmouna

    Non, c'est pour les fêtes. Là, l'idée, c'est de livrer tout un chacun avant le 10 décembre.

  • Ramata

    D'accord. Donc on est vraiment dans une logique, tu as travaillé la campagne pour qu'elle puisse être envisagée un petit peu comme cadeau de Noël et que vraiment les contributeurs puissent partager un moment festif à l'occasion des fêtes de fin d'année.

  • Maĩmouna

    Oui, l'idée c'était qu'ils reçoivent leur coffret ou boîte de thé avant les fins d'année, qu'ils aient aussi la possibilité d'offrir cette nouvelle collection en fin d'année. Et donc, on a mis en place plusieurs types de coffrets. L'idée pour moi, c'était de dire, anticipez vos cadeaux de fin d'année. Et là, vous serez les premiers aussi à recevoir ces produits, cette nouvelle collection, et de pouvoir l'offrir ou de vous l'offrir.

  • Ramata

    Très bien. Toi, c'est malin, en tout cas en termes d'organisation, de se dire, on profite d'un moment où de toute façon, le consommateur, il peut potentiellement être intéressé. Toi, depuis le début du développement de la marque au niveau du thé, tu as identifié des périodes comme ça, charnières, qui sont des périodes pendant lesquelles les ventes de thé sont plus importantes que d'autres ? Ou est-ce que c'est plutôt régulier tout au long de l'année ?

  • Maĩmouna

    Non. Déjà, il y a la saisonnalité. Quand il fait froid, on consomme plus de thé. C'est-à-dire que même ceux qui ne sont pas grands consommateurs s'y mettent. Et donc l'été, c'est assez calme. Ça, je le vois. L'été, le thé chaud, les ventes baissent. L'hiver, ça reprend. Et les fins d'année, comme pour beaucoup d'activités, novembre, décembre, janvier, c'est la grande période. C'est où on double, on triple les ventes. Et puis, le long de l'année, ça se lisse un peu. Mais il y a une réelle saisonnalité dans la consommation et dans les ventes de thé, oui.

  • Ramata

    Donc j'imagine que la campagne de crowdfunding a vraiment été pensée pour être à la période la plus stratégique pour la vente de thé.

  • Maĩmouna

    Oui, surtout avec un délai où on devait livrer pour décembre. C'était mieux de le faire ainsi. C'était aussi un challenge parce que septembre, c'est le mois où les gens ont sorti beaucoup d'argent, sont déjà rentrés de vacances, ont eu à payer les fournitures pour la rentrée. C'était un peu tendu. mais là aussi je n'avais pas d'autres options si j'écoutais, on l'aurait fait après mais j'ai dit non, non, non il faut y aller parce que si on veut livrer en décembre pour moi c'était que les gens aient ça comme des cadeaux de fin d'année attendre En novembre, pour le lancer, on ne pourra pas honorer notre engagement. Et donc, pour moi, ça ne servait pas à grand-chose. De dire, commandez, vous serez livrés en janvier, ce n'est pas bon. Et donc, on a pris le risque de lancer en septembre, fin septembre, pour clôturer fin octobre. Même si on sait que septembre, c'est un mois où il ne faut pas trop solliciter les gens parce qu'on a fait beaucoup de dépenses. mais C'était important pour nous de le lancer à ce moment-là. Donc, on a été.

  • Ramata

    Très bien. Non, non, mais c'est clair que c'est tout l'enjeu et c'est bien d'insister. Avec une campagne de crowdfunding, il y a tout un enjeu de, pendant une période donnée, réussir à convaincre des contributeurs de participer, de faire des précommandes. Et puis, donc, il y a toute cette période-là de campagne. Et puis après, il y a la... Une période où il faut tenir ses promesses, c'est-à-dire livrer à temps. Et donc, c'est vraiment stratégique de choisir la date à laquelle on lance sa campagne, la date à laquelle la campagne se termine, et puis être sûr qu'une fois qu'elle est terminée, on va avoir suffisamment de temps pour livrer à la date promis au consommateur. Et surtout toi, quand tu sais qu'il y a une problématique de saisonnalité, c'est vraiment ambitieux. Toi, cette période-là, comment tu l'as vécue ? Est-ce que ça a été un stress, je ne vais pas dire permanent, mais en tout cas pour avoir accompagné des marques sur des projets de campagne de crowdfunding, je sais que c'est en général un gros challenge et c'est du stress jusqu'à ce que la campagne soit fin, avant que la campagne soit lancée et jusqu'à ce que la campagne soit terminée.

  • Maĩmouna

    Ah oui, beaucoup. C'était un yo-yo émotionnel, vraiment. C'est wow. C'était beaucoup de pression, beaucoup de stress, parce qu'encore une campagne pour une marque qui teste son marché, j'ai envie de dire ça va. Si ta marque n'est pas lancée, tu fais une campagne pour lancer une gamme, c'est stressant, mais je peux dire que c'est encore acceptable. Mais Kanté existe déjà depuis cinq ans. On est distribué aux Galeries Lafayette, on est au BHV et dans d'autres enseignes, dans des boutiques de musées. Ce n'est pas une nouvelle marque qui veut juste tester un produit. Donc valider cette campagne pour nous était importante. Il fallait la valider parce que ça renvoyait un message derrière. Et donc pour moi, c'était assez stressant quand je voyais des jours où ça se calmait. Wow ! Ça jouait avec mes émotions. Tantôt, je suis contente parce qu'il y a eu de beaux paniers et le lendemain, ça se calme comme si personne ne voit ce qu'on fait. C'était un sport et ça m'a appris beaucoup de choses. Donc oui, derrière les posts, les vidéos où je souriais, oui, mais j'étais remplie de... ça bouillonnait autour de moi. Et un mois, donc, c'est un vrai sport. Ce n'est pas banal une campagne. Ça demande assez d'énergie et il faut tenir. En fait, ça se fait sur la durée. Il faut tenir parce qu'il y a des moments où on a envie de baisser les bras. Et c'est surtout pas... Il ne faut pas le faire. Il faut aller, il faut continuer. Même quand c'est dur, il faut continuer à avancer. Donc, finalement, avant la fin, on a pu le faire. Et on a été chercher encore plus loin. Ça, c'était bien.

  • Ramata

    Encore bravo, parce que c'est vrai que c'est, comment dire, la campagne de crowdfunding, c'est un enjeu assez important. Et là, en fait, dans ta réponse, tu as répondu à une question que j'allais te poser, c'était justement, où est-ce qu'on peut trouver les Técanthés ? Donc, tu évoquais les Galeries Lafayette.

  • Maĩmouna

    Oui. Aujourd'hui, les thé Canté sont sur notre boutique en ligne, www.canté.paris. Mais on peut les retrouver au Galerie Lafayette Gourmet, que ce soit en physique ou sur leur site internet. On les a aussi au BHV dans le Marais, en ligne chez Nature et Découverte, ou sinon au Quai Branly et bientôt dans d'autres boutiques de musées. dans des épiceries fines et concept stores, que ce soit en Ile-de-France ou à Paris. On les cite d'ailleurs sur la page web. Nos points de distribution sont cités. Et là, je rentre de Dakar hier, où j'ai été faire pas mal de prospections pour aussi essayer de commencer à distribuer Kanté en Afrique.

  • Ramata

    Ok, très bien, parce que l'idée c'est qu'aujourd'hui la marque n'est pas encore distribuée en Afrique, c'est ça ?

  • Maĩmouna

    Non, elle a été distribuée au Burkina pendant un moment, mais on n'a pas continué le partenariat. Et là maintenant, avec cette nouvelle gamme, je pense que c'est un produit qui répond totalement à la demande. Et j'ai opté pour le Sénégal comme premier pays pour introduire les thé cantés en Afrique.

  • Ramata

    Très bien. Écoute, on a hâte de voir l'évolution de la marque avec une perspective sur l'Afrique pour en 2026, on peut imaginer.

  • Maĩmouna

    C'est ça,

  • Ramata

    oui. Écoute, on arrive à la fin de cette interview. Moi, j'ai été ravie de pouvoir échanger avec toi et d'en savoir davantage sur ton parcours entrepreneurial. et sur la maison Kanté. Moi, je te dis, écoute, à très vite, en Afrique ou ailleurs.

  • Maĩmouna

    Eh oui, à très vite, oui. Merci à toi, j'ai été ravie de partager ce moment.

  • Ramata

    Un plaisir partagé. Écoute, on se voit très bientôt pour un thé, j'ai envie de te dire.

  • Maĩmouna

    Avec grand plaisir. Un ataya.

  • Ramata

    Exactement. Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation de Maïmouna

    00:00

  • Parcours de Maïmouna et création de la maison Kanté

    01:45

  • Éducation et premiers pas dans l'entrepreneuriat

    03:18

  • Réflexions sur la création d'entreprise et l'éthique professionnelle

    06:09

  • Lancement de la marque de thé et identification des défis

    16:50

  • Lancement de la campagne de crowdfunding et ses enjeux

    29:44

  • Retour sur la campagne de crowdfunding et le développement de la marque

    40:56

  • Distribution des thés Kanté et plans d'avenir

    58:31

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Description

Comment imposer le thé africain sur la scène mondiale ? 


J'ai eu le plaisir de recevoir Maïmouna Kanté-Quentrec, fondatrice de Maison Kanthé, dans le nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour.


Son parcours est une leçon d'entrepreneuriat avec un démarrage précoce et une soif d’indépendance qui la guidée dans ses entreprises successives;


3 leçons à tirer de son audace stratégique :

  1. L'héritage comme différenciateur : Loin de s'aligner sur les clichés liés au thés, Maïmouna Kanté-Quentrec a rebaptisé sa marque Maison Kanthé, un hommage guinéen pour légitimer la place de l'Afrique dans l’industrice du  thé. Dans notre échange, elle rappelle que  l'Afrique est le troisième producteur mondial de thé (Kenya, Rwanda...).

  2. Transformer la tradition en lien social :  Elle a eu l'idée pionnière de proposer des ateliers d'Attaya en entreprise pour le teambuilding. L'Attaya, est une véritable cérémonie du thé d'Afrique de l'Ouest un moment de partage qui permet d’entretenir les échanges au sein des familles et de la communauté. 

  3. L'engagement comme manifeste : Le lancement de la collection "Queen of Africa" est un hommage aux figures féminines puissantes africaines. La réussite de sa campagne Ulule a permis de concrétiser la montée de gamme de maison Kanthé.  


Son prochain défi  est de concrétiser la présence de Maison Kanthé sur le continent, en ciblant le Sénégal pour commencer, et créer des lieux qui sont un véritable "tour du continent africain" par le thé.


Si vous êtes entrepreneur, cette masterclasse sur la transformation de la tradition en un business éthique et mondial est faite pour vous.


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


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A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Maĩmouna

    Alors en fait, ça faisait plusieurs années que je, quand j'ai lancé Quente, je voulais aussi proposer ce service de Hataya et tout bêtement, j'avais peur. J'avais peur, je me suis dit mais c'est ridicule, les gens ne vont pas venir, ils ne vont pas s'y intéresser. Et en 2023, j'en parle avec une amie qui m'accompagnait à l'époque et elle me dit mais c'est une bonne idée, fais-le. Je me dis, mais est-ce que les gens vont aimer ? Est-ce qu'ils vont venir ? On a des a priori souvent des peurs qui n'ont pas lieu d'être, mais bon, qui sont là.

  • Ramata

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique.

  • Maĩmouna

    Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Maïmouna Kanté-Quintrec. Maïmouna est la fondatrice de Kanté,

  • Ramata

    une maison de thé et d'infusion d'Afrique. Elle vient de clôturer une campagne de crowdfunding et je l'ai invitée aujourd'hui pour qu'elle puisse nous parler de son parcours et de sa marque. Bienvenue Maïmouna, comment vas-tu ?

  • Maĩmouna

    Je vais très bien, merci et toi ?

  • Ramata

    Ça va très bien, merci. Je suis ravie de te retrouver pour cette interview. Ça fait un moment qu'on se suit sur les réseaux sociaux, notamment sur LinkedIn. Et j'ai trouvé opportun ce moment où toi tu as lancé une campagne de crowdfunding sur le mois d'octobre de pouvoir... échanger pour avoir un petit peu des informations sur l'évolution du développement de ta marque. Mais avant de rentrer dans ce détail, je vais commencer cette interview comme je le fais toujours. Je vais te demander de te présenter.

  • Maĩmouna

    Parfait. Donc moi, je suis Maïmouna Kanté-Kantek. Je suis effectivement la fondatrice de la maison Kanté, d'origine guinéenne, et puis maman et épouse.

  • Ramata

    Très bien. Écoute, je ne savais pas que tu étais guinéenne. Je suis guinéenne aussi, donc je suis ravie. Ah, moi aussi. J'avais dit que j'étais contente de t'avoir, mais là, encore plus.

  • Maĩmouna

    Super.

  • Ramata

    Parce que j'ai pas assez de Guinéens à inviter. Mais en même temps, je me dis, il ne faut pas être trop chauvin, il faut que j'invite un peu tout le monde, mais je trouve que je n'en ai pas assez. Donc,

  • Maĩmouna

    voilà. Ça y est, là, c'est une bonne surprise.

  • Ramata

    Exactement, exactement. Donc, On va parler un petit peu de ton parcours avant de parler de ta marque. Donc, j'aurais voulu que tu nous parles un petit peu de ton parcours en termes d'études et un petit peu par quel type de métier tu as commencé ta carrière professionnelle.

  • Maĩmouna

    Ok. Alors, en termes d'études et de carrière, les deux se sont suivis parce que moi, j'ai commencé à travailler très, très jeune. Après mon bac... Même au collège déjà, j'étais un peu mannequin, je faisais des petits boulots d'hôtesse d'accueil. Et puis après mon bac, j'ai fait une première année en droit que je n'ai pas forcément aimé sur le coup. Et donc j'ai changé pour aller faire un BTS en marketing. Et à côté, toujours mannequin, hôtesse d'accueil. Et finalement, le boulot a un peu pris le dessus à un moment donné. que j'étais beaucoup sollicité et je trouvais que celles qui nous employaient à l'époque nous arnaquaient. Donc j'ai décidé de créer ma structure. J'avais 17 ans. On m'a dit à l'époque qu'il fallait atteindre 18 ans, donc j'ai triché sur mon âge en disant non, ils se sont trompés de date, mais je suis née à telle année et donc j'ai 18 ans. Et donc du coup, j'ai pu créer ma structure et du coup, ça me permettait d'embaucher mes copines quand j'avais des contrats. pour des séminaires, des forums et autres. Je fournissais des hôtesses d'accueil, ainsi de suite. Et donc, c'est comme ça que j'ai commencé mon aventure entrepreneurial parce que j'en avais marre de voir comment on était traité et mal payé. Donc j'ai continué cette activité qui s'est élargie un peu par des prestations autres de services et un peu l'imprimerie parce que toute ma famille paternelle était dans l'imprimerie. Donc j'avais une branche où je sous-traitais des commandes d'imprimerie auprès de notre structure familiale, on va dire. Et après, je suis arrivée en France pour poursuivre mes études. Je suis passionnée par la cosmétique, le bien-être et tout ça. Et donc, j'ai fait une formation en esthétique. Et une fois diplômée, j'ai voulu me spécialiser en option corps. Et l'idée, c'était avant d'ouvrir un institut de beauté. Mais bon, finalement, je ne l'ai pas fait. J'ai travaillé pendant quelques années comme animatrice et formatrice en cosmétique et parfum. Et puis bon, le thé était toujours à côté. parce que En Guinée, on préparait du thé tous les jours. Et donc ici, quand j'ai repris mes études, j'ai commencé à m'intéresser au thé, à me former, à me documenter tout doucement. Et puis ça m'a amenée où je suis aujourd'hui.

  • Ramata

    Très bien, c'est intéressant ton parcours et comment tu as démarré quand tu as identifié une problématique en tant qu'hôtesse d'accueil et tu t'es dit, la solution, ça va être de moi-même créer une structure. et... Ça part aussi d'une forme de frustration parce que j'identifie une vraie problématique de « je n'aime pas la manière dont on est traité et moi je veux changer les choses » et il y a un côté assez ambitieux et indépendant. Toi, comment est-ce que tu expliques qu'assez tôt comme ça, Je suis à Pesquou. Je pense que ça peut arriver à beaucoup de jeunes femmes et de jeunes personnes de se retrouver dans des situations où ils n'apprécient pas forcément la manière dont ils sont traités par leur employeur, mais ils ne se disent pas forcément, du coup, je vais créer ma propre structure. Toi, est-ce que c'est du fait qu'il y avait des entrepreneurs dans ta famille, que tu avais cette fibre entrepreneuriale ? Comment tu expliques en fait ça ?

  • Maĩmouna

    Alors, peut-être un peu du côté paternel. Mon père était entrepreneur. Il a entrepris pas mal de choses. Mais il y a aussi une question de personnalité. J'ai, adolescente, je pense que j'ai gagné une maturité précoce très rapidement. Et j'aimais l'autonomie. Je ne sais pas pourquoi, mais j'avais envie de faire les choses par moi-même. Et quand je voyais comment on nous traitait, je me suis dit non, ce n'est pas possible. Moi, je veux qu'on nous respecte. Je veux qu'on nous paye comme il faut. Et donc d'ailleurs, quand j'ai créé ma structure, j'avais les meilleurs profils parce qu'ils savaient que je les payais mieux.

  • Ramata

    Donc tu avais analysé ton marché et tu t'es dit, déjà en termes d'éthique et la manière dont tu veux traiter tes employés, tu avais une ambition qui était très claire. Et aussi, tu avais identifié qu'en termes de rémunération, ton positionnement allait te permettre d'avoir... à des personnes qui allaient, même si ta structure était nouvelle, tu allais rapidement trouver des équipes qui allaient vouloir travailler pour toi. Donc, il y avait une stratégie, en fait, quelque part. Le fait que j'analyse mon marché et je propose une offre irrésistible, tu avais déjà ce mindset-là, en fait.

  • Maĩmouna

    Oui, c'est vrai. À t'entendre, je me dis oui. Mais sur le coup, je n'ai pas pensé à tout ça. J'étais dans l'action, j'essayais de faire les choses autrement. Mais oui, effectivement.

  • Ramata

    C'est toujours pareil, quand il y a un œil extérieur qui regarde, forcément, il y a toujours des choses que moi je vais pointer, que toi tu vas te dire que ça s'est fait complètement spontanément. Et du coup, cette structure-là, tu l'as gardée, tu l'as fermée, comment est-ce que ça a évolué pour qu'à un moment donné, tu te dises, je vais passer à autre chose ?

  • Maĩmouna

    Alors, la structure, oui, je l'ai gardée. Alors, elle s'appelait MyPrestation. Et donc, du coup... C'était en 2008, 2007-2008, j'ai commencé. Et puis en 2009, j'ai décidé de l'engouander un peu parce que j'étais souvent sollicitée par des entreprises pour la partie événementielle. Et du coup, j'ai commencé à leur proposer d'autres prestations. J'avais monté une petite équipe qui faisait des ménages dans des présidences. ou dans des entreprises. Et puis après est venue l'idée de rajouter la partie imprimerie, donc je démarchais toujours des entreprises, notamment des sociétés minières. qui me donnaient des contrats pour réaliser leurs bons de commande, les cartes de visite ou sinon les calendriers pour les fins d'année. Et moi, j'allais sous-traiter ces contrats auprès d'imprimeurs. D'abord, c'était dans ma famille, mais après, j'ai compris que ça ne marchait pas parce que là aussi, on me prenait pour la petite fille qu'ils ont vu grandir. Et donc, on faisait passer mon contrat après ceux des autres clients. Donc rapidement, là aussi j'ai laissé ma famille et je suis partie sous traité travailler avec d'autres personnes. Ça m'a d'ailleurs créé de sérieux problèmes en famille parce qu'on s'est dit, tu te crois grande, on t'a vu naître et maintenant tu vas travailler avec nos concurrents. Je dis non, vos concurrents me respectent, vous ne le faites pas. Et donc moi je vais où je peux travailler et où je suis considérée. Et donc ça, ça m'a créé de sérieux problèmes en famille.

  • Ramata

    Et tu as, comment dire, avec le temps, est-ce que quand tu évoques tes sérieux problèmes en famille, avec le temps, est-ce que finalement ça s'est résolu ? Ça a évolué comment ? Parce que c'est vrai qu'effectivement, quand on se lance dans l'entrepreneuriat, il peut y avoir soit des querelles de famille, soit d'amitié, mais il peut y avoir des mésententes et ça fait partie de la réalité du business. On n'est vraiment pas dans... le monde des bisounours, il peut y avoir des vraies difficultés. Toi, comment est-ce que tu as réussi à dépasser ces problématiques-là ?

  • Maĩmouna

    Je n'écoutais pas forcément ce qu'on disait. Sur le coup, je suis un peu butée. Pour moi, c'était comment je peux avancer, comment bien faire mon travail, livrer mes clients à temps. Et puis la famille, oui, je vous respecte, on se respecte et on n'est pas obligé de travailler ensemble pour rester une famille. Donc oui, on se parlait, même si on savait que souvent il y en a qui n'étaient pas contents de moi. Mais la seule fois où j'ai été vraiment triste, c'est quand j'ai croisé mon père. Et c'était la dernière fois qu'on a échangé. Je le vois au centre-ville, je viens dire bonjour papa. Il me dit non, je ne suis pas content de toi. Il paraît que tu as eu le contrat que ton oncle avait depuis très longtemps. Donc ne me parle pas, viens me trouver à la maison. Et moi, je me suis dit, écoute, tu attendras un peu. Donc, je me suis dit ça sans lui dire. Et donc, j'ai attendu deux bonnes semaines. Après, j'ai appelé pour venir le voir. Ce jour-là, il avait fait une crise cardiaque. Et le lendemain, il est décédé. Donc, ça, ça m'a beaucoup marqué. Ça m'a marqué parce que la dernière fois que j'ai parlé à mon papa, quand il était en vie, ça s'est passé comme ça. Donc, ça, ça m'a marqué. Et après, je suis partie. Je suis venue en France pour reprendre des études ici. Et donc, j'ai laissé ce boulot. Et comme ça, il n'y avait plus d'histoire.

  • Ramata

    Très bien. Je te remercie de partager avec nous ce moment, effectivement, que j'imagine a dû être assez délicat pour toi. Et c'est vrai qu'on essaie toujours de... On se dit toujours de quitter sa famille dans les meilleures conditions, mais on ne sait jamais ce que la vie nous réserve en réalité. Donc... Donc effectivement, du coup, toi, cette boîte-là, tu la laisses, tu décides de venir en France pour poursuivre tes études et c'est le début d'une nouvelle aventure. Donc tout à l'heure, tu parlais d'un intérêt pour le bien-être, les cosmétiques, la beauté, et puis en parallèle, toujours l'intérêt pour le thé. Est-ce que tu peux nous parler du coup de cette étape-là, l'intérêt pour le bien-être, les cosmétiques ? Ça a été plutôt... à travers des études, mais tu n'en as pas forcément développé un business finalement.

  • Maĩmouna

    Oui, alors je voulais vraiment, en fait, aujourd'hui en apprenant un peu à me connaître, ce qui me guide vraiment mon fil conducteur, c'est la relation à l'autre. Arriver à accueillir l'autre, à servir l'autre. Quand je fais un résumé de mes expériences qui m'ont marqué, où j'ai eu autant de plaisir à donner qu'à recevoir, C'est quand j'étais en face de l'autre. Que ce soit dans mes études de cosmétique et d'esthétique, quand je prenais soin des autres, j'avais autant de plaisir que la personne qui était en face de moi. Et puis, dans le thé, l'échange, le partage, tout ça. Et donc, quand j'ai fini ma formation en esthétique, je voulais ouvrir un institut de beauté, mais je n'avais pas les moyens. Donc, du coup, je me suis dit, ce n'est pas grave, je vais continuer. à travailler, à apprendre. Et là aussi, rapidement, j'ai compris que je n'étais pas forcément à ma place tout le temps. Et c'est pourquoi j'ai décidé de me mettre en freelance et de travailler comme animatrice et formatrice en freelance. Comme ça, je n'ai pas de patron, je ne rentre pas dans des cases, je ne souris pas à une collègue hypocrite. Parce qu'il faut sourire. Moi, j'aime dire les choses dans la bienveillance, mais je n'ai pas besoin d'hypocrisie. Et souvent, dans le monde du travail, on a beaucoup ce côté où on te voit, on te sourit, mais derrière, il y a autre chose. Je ne sais pas faire de... Il n'y a pas de filtre chez moi. J'aime donner et recevoir, mais je n'aime pas ce côté où il faut jouer. Pour moi, ça demande beaucoup d'énergie. donc du coup Quand j'ai fini cette partie-là, et puis le thé, j'ai commencé tout doucement à lire, à découvrir des thés, parce que quand je suis arrivée en France, je connaissais le Lipton, oui, et notre Kinké-Liba, qui était notre boisquier, d'ailleurs encore la boisson nationale, un Guinée qu'on boit tout le temps. Et donc ici, j'arrive, je découvre le thé blanc, le thé fumé, je découvre même des thés grands crus, des thés jaunes, qui sont très peu connus. Et donc, je vais, je me souviens quand j'ai eu mon premier salaire, j'ai été m'acheter un thé grand cru qui coûtait à l'époque 50 euros les 50 grammes. Et donc, c'est un thé que je buvais uniquement les week-ends. Quand je ne courais pas et que j'étais à la maison tranquillement, je me servais ce thé-là. Et donc, je me suis dit, en apprenant aussi sur le thé, quand j'allais dans des restaurants ou des bars d'hôtels, on te sert un thé à 10 euros. Le serveur est incapable de te renseigner sur ton thé, sur la température de ton thé, sur depuis combien de temps, madame, j'ai mis votre sachet de thé. Rien. Ça me frustrait. Donc je me suis dit, bon, moi je vais créer mon marque de thé, je vais ouvrir un salon de thé littéraire, et puis je vais former les gens à comprendre le thé, à mieux servir le thé. L'idée est partie de là, en 2016. Et donc du coup, en 2016, finalement, je crée ma marque. La première, c'était comptoir des thés rares. Et donc, je me spécialise dans les thés grands crus d'Asie, où je vais vendre les thés, le prix moyen variait. Je pense que le moins cher était à 20 euros. On allait jusqu'à 70, 100 euros la boîte de thé. Et donc, je lance ce thé, je commence un peu à proposer à certains hôtels, en leur proposant une formation à la clé sur le service du thé. Et puis très rapidement, la maternité s'est invitée dans mon parcours la même année. Il y a eu beaucoup de surprises à ce niveau. Et donc je me suis retrouvée après amener ma grossesse, la fin de ma grossesse seule. Et entre boulot, entreprise et l'autre entreprise que je suis en train de mettre en route, donc mon enfant, je me suis recentrée sur une seule chose. donc j'ai délaissé un peu le temps thé à ce moment-là. Et en 2017, je reprends doucement, doucement. Et en reprenant, j'avais toujours ce côté, quand je faisais des animations, on me disait, pourquoi une Africaine parle des thés d'Asie ? Ça me frustrait. Je disais, mais pourquoi pas ? Et puis, finalement, je me suis dit, bon, écoute, OK. Et puis, mon parcours, j'ai eu beaucoup, j'ai été confrontée très souvent à Et pendant longtemps, moi aussi, je pense, ce n'est même pas je pense, je le sais, j'essayais par tous les moyens de rentrer dans les cases, de me faire accepter, de faire comprendre que je suis très bien intégrée, un peu, ah, tu n'es pas comme les autres. Je le prenais à l'époque comme un compliment. Et à un moment donné, il était temps de faire connaissance, un peu plus connaissance avec moi-même. de me dire, qui tu es, en fait, l'Africaine, tu le seras tout le temps, toute ta vie, parce que tu l'es. Donc, apprends à être fier de qui tu es. Peut-être que tu n'auras à offrir que ta singularité, ce que tu es réellement. Et ça, je l'ai vécu aussi dans ma maternité. Je me suis dit, bon, écoute, je vais continuer le thé, parce qu'à chaque fois que je disais, demain, je vais me débarrasser de tout mon stock de thé. parce que j'en avais des centaines de kilos, quelqu'un passait une commande. Je disais, mon Dieu, ok, donc je vais devoir livrer encore cette personne. Ça, c'était en 2017 et 2018. À chaque fois que je voulais tout arrêter, ça pouvait trouver que pendant trois semaines, je n'ai eu aucune commande. Mais à chaque fois que je disais ça, que je pensais très fort, eh bien, quelqu'un commandait. Je disais, ok, bon, je ne jette pas, je vais livrer. Et puis, j'ai fini quand même par jeter ce stock de thé et passer à autre chose, mais je n'arrivais pas. Et donc, en 2018-2019, je me dis, bon, je vais... reprendre mon activité de thé, mais cette fois, je veux aller voir ce qui se passe en Afrique. Et là, je reçois d'abord en 2017 un premier échantillon du Rwanda avec des thés de qualité exceptionnelle. Donc je me dis, ok, je reprends mon activité, mais je vais rajouter un peu de thé africain. Et tout doucement, doucement, je me dis non. Je ne vais vraiment proposer que des thés africains. Pour le coup, l'Africaine va parler d'été africain. Et donc, la question du nom se pose. Est-ce que je garde au comptoir d'été rare ? Est-ce que je change de nom ? Je voulais vraiment un nom qui évoque l'Afrique. Qui, quand tu l'entends, tu sais que tu es tout de suite en Afrique. Et donc, on m'a proposé plusieurs noms. J'en ai parlé avec plusieurs personnes autour de moi. Et puis, je vais un jour chez un ami, créateur, photographe, pour qui j'ai posé plusieurs fois parce que j'ai été mannequin pendant quelques années. Et donc, j'arrive chez lui en Normandie avec ma fille. Et là, je vois Renoma partout. C'était Maurice Renoma, qui a été une des figures dans la mode française. Et donc là, il y a partout, je me dis, mais il a tout compris. Et là, je me dis, et si j'appelais ma marque Kanté ? C'est venu de là. C'est venu de là. Et donc, du coup, j'ai réfléchi, j'ai laissé cette idée mûrir. Je me suis dit, ben oui, finalement, pourquoi pas Kanté ? Kanté comme ma fille, Kanté comme moi, et puis cette marque va s'appeler Kanté, en fin de compte. Et je vais faire en sorte de travailler avec rigueur et respect pour que demain, tout Africain qui croisera cette marque, de près ou de loin, qu'il en soit fier. Parce que c'est mon nom de famille, c'est le nom que porte ma fille, et c'est le nom qui porte des milliers de Kantés à travers le monde. Et c'est venu comme ça. Donc j'ai dit, ok, moi je vais appeler ma nouvelle marque à Kanté. Les gens m'ont dit, mais non, c'est pas bon, ça fait trop Africain. Je dis oui, africain comme je suis. Donc on y va et on va faire une maison de thé 100% africain. C'est comme ça que Kanté, elle est.

  • Ramata

    Et c'est intéressant de préciser que dans le nom de ta marque, en fait, tu reprends vraiment ton nom de famille Kanté, mais au niveau de l'orthographe, il me semble que c'est K-A-N-T-H-E comme le thé en fait.

  • Maĩmouna

    Comme le thé, tout à fait. Donc je rajoute le H pour souligner le mot thé.

  • Ramata

    Très bien, mais en fait, ça paraît tellement naturel que c'est presque difficile de comprendre qu'il y ait des gens qui t'aient dit « ben non, ça n'a aucun sens » , alors que c'est tellement, finalement, quelque part évident. Donc, ce qui est intéressant, c'est que dans ton cheminement, tu évoques le fait qu'effectivement, la tradition du thé, elle va être associée à l'Asie, elle va être associée à l'Inde, mais que par rapport à l'Afrique, même si effectivement quand on est Guinéen, on consomme le quinqualibat et on connaît cette tradition du thé, on peut même penser à une tradition du thé oriental avec cette façon de servir, et même au Sénégal, de servir la taïa. Et du coup, ce sont des traditions qui sont méconnues, donc on va avoir un espèce d'apriori qui est, le thé, c'est l'Inde, le thé, c'est l'Asie, c'est la Chine ou le Japon, mais ce n'est pas l'Afrique. Et en fait, quand on creuse un peu, on se rend compte que l'Afrique a complètement sa place dans cette culture. culture du thé et que ça fait vraiment partie de rituels traditionnels en fait africains que de consommer du thé. Donc toi, est-ce que tu as fait des recherches dans ce sens-là pour vraiment travailler le storytelling de ta marque ?

  • Maĩmouna

    Alors oui, déjà on ne le sait pas assez, mais l'Afrique est le troisième producteur mondial de thé. Pour en être là, il faut en produire énormément et Et... Donc déjà, on est grand producteur de thé. On pense tout de suite à l'Asie parce que l'Asie a commencé bien avant et l'histoire du thé, c'est la Chine, après le Japon, vient l'Inde. Sauf que quand la culture de thé a été introduite en Inde, ça a quasiment été en même temps en Afrique. le thé a longtemps été monnet d'échange et À un moment donné, les Européens, les Anglais, ont voulu comprendre la culture du thé, comment le thé est cultivé, parce que les Asiatiques faisaient comprendre qu'un thé noir et un thé vert ne provenaient pas du même arbuste. Et donc, du coup, les Anglais ont envoyé une espèce de détective pour aller comprendre, sillonner, aller fouiller, aller chercher à vraiment comprendre. Et une fois ils ont réalisé cela, ils se sont dit, ok, on a des pays qui, géographiquement parlant, peuvent aussi produire du thé. Et c'est comme ça qu'ils ont testé la culture du thé en Inde, puis en Afrique. Et donc là, il était question de voir, de produire, mais la production a mieux pris en Inde qu'en Afrique à l'époque. Et après, l'Afrique est venue tout doucement, doucement. Les premières productions qui sont repertoriées datent d'avant 1925, mais on n'en parle pas beaucoup. Et donc, les Anglais ont essayé le thé en Afrique du Sud, au Malawi, au Rwanda. Les Allemands ont essayé la culture du thé sur le mont Cameroun. Chacun est venu essayer un peu. Et les productions étaient minimes à l'époque. Mais après, tout doucement, doucement, ça a pris de l'ampleur. Et ce qui est dommage encore, c'est qu'aujourd'hui, moins de 10% de la culture de thé africain est consommée sur le sol africain. Quand les thés sont cultivés, notamment au Kenya, au Rwanda, tout se retrouve à Mombasa où il y a des ventes aux enchères et la plus grande partie est exportée. Une fois exporté, on ne parle plus du thé africain. Il perd de son identité et souvent revient même en Afrique, mais sous un nouveau drapeau. Ça, c'est dommage. Et la culture, enfin, la cérémonie de Hataya, qui fait partie intégrante de nos cultures en Afrique de l'Ouest et en Afrique du Nord, est arrivée avec le nomadisme, les berbères, les commerçants berbères qui ont ramené tout doucement du Maghreb. La cérémonie, cette façon de préparer le thé, notamment en Mauritanie, au Mali, au niveau des Touaregs. Et tout doucement, doucement, c'est arrivé au Sénégal, au Guinée. Moi, j'ai été élevée avec le Hataya. Tous les jours, on avait le Hataya. Tous les jours, on préparait du Hataya. Et dans d'autres pays africains comme le Kenya et tout ça, ils ont la culture du thé là-bas encore. mais différemment. Là, on va parler beaucoup plus de thé noir et autres. Et donc, à travers Quintet, ce que j'essaie aujourd'hui de faire comprendre et partager, c'est que déjà l'Afrique est le troisième producteur mondial de thé. Ça mérite d'être connu et reconnu, mais on a une culture de thé. Et moi, j'anime depuis deux ans et demi maintenant des cérémonies de Hataya. Tous les mois, j'ai un atelier de Hataya, que ce soit pour des particuliers, mais aussi en entreprise, en team building. Et là, l'idée, c'est de montrer un peu ce que représente le Hataya. Ce moment de partage, ce moment où on tisse des liens, c'est vraiment le lien social avant tout. Et c'est ce qui est intéressant à partager autour du thé africain.

  • Ramata

    Alors, c'est intéressant ce que tu évoques, parce que dans la manière dont tu as décidé de créer cette marque, qu'on sent qu'il y a un vrai travail de... de personal branding parce que dans le nom, on sent vraiment que tu es 100% impliqué. Même quand tu racontes la genèse de cette entreprise, on sent que c'est vraiment quelque chose de très personnel. Et en même temps, il y a un travail sur revenir à une tradition, à une connaissance et à remettre l'église ou la mosquée au milieu du village. Mais voilà, tu insistes bien sur des données. clairs et factuels qui sont l'Afrique est le troisième pays producteur de thé. Donc l'Afrique a toute sa légitimité à être considérée au même titre que l'Inde, au même titre que la Chine ou le Japon par rapport à ces traditions-là. Et donc ton travail avec ta marque, quelque part, c'est de déconstruire les clichés, les a priori qui peuvent exister par rapport au thé qui serait associé. plusieurs régions du monde et pas forcément à l'Afrique, mais à Tors. Donc, toi, cette idée d'atelier que tu évoquais, comment est-ce que tu en es venue à créer ces ateliers ? Tu évoques du team building au sein des entreprises. Comment est-ce que ça t'est venu, cette idée ?

  • Maĩmouna

    Alors, en fait, ça faisait plusieurs années que je... Quand j'ai lancé Quinte, je voulais aussi proposer ce service de Ataya et Tout bêtement, j'avais peur. J'avais peur, je me suis dit mais c'est ridicule, les gens ne vont pas venir, ils ne vont pas s'y intéresser. Et en 2023, j'en parle avec une amie qui m'accompagnait à l'époque et elle me dit mais c'est une bonne idée, fais-le. Je dis mais est-ce que les gens vont aimer, est-ce qu'ils vont venir ? On a des a priori souvent des peurs qui n'ont pas lieu d'être mais bon qui sont là. Et donc finalement, elle me motive et elle me dit mais... Tente le coup, regarde, rejoins Weekendoo si tu veux. Ils proposent beaucoup d'expériences. Les gens qui sont à la recherche de choses authentiques, ils vont sur Weekendoo pour trouver des activités. Propose, tu n'as rien à perdre. Et là, reboosté, je contacte tout de suite Weekendoo avant de retomber encore dans la peur et de repousser au lendemain. Donc, je m'inscris. Et puis, au bout de, je ne sais pas, trois semaines, un mois, on me répond. Donc, je dis, OK, j'y vais, je teste, je lance cette cérémonie de Hathaïa. Parce qu'on parle beaucoup, quand on parle de cérémonie de thé, tout de suite, c'est l'Asie. Pourquoi ? Parce que les Asiatiques sont fiers de leur culture et de leur tradition. Ils arrivent à le partager avec les autres. Et pour qu'on connaisse ce qui se passe en Afrique, il faut que nous, Africains, nous soyons déjà fiers de ce qu'on a. et qu'on ait envie de le partager et de le faire découvrir. Donc je me suis dit, ok, je vais commencer le Ataya. Et est venue l'idée, est-ce que je le fais à table, est-ce que je le fais par terre, à même le sol, comment on le fait ? Et donc là aussi, je me suis posé la question, je me suis dit, c'est ridicule d'aller préparer ton Ataya à table. Donc, tu le proposes de façon authentique. Et donc j'ai commencé comme ça, et tout doucement, doucement, j'avais les retours des clients. Ce qui est marrant, c'est que quand je reçois 8-10 personnes qui ne se connaissent pas forcément, ils repartent en échangeant de contacts, en sympathisant. Les gens viennent, au début ils sont repliés sur eux et à la fin du attaillant, on entend des éclats de rire partout. Les gens parlent entre eux, se racontent des histoires et je me dis ok. Et en fait, effectivement... comme en Afrique, le Ataya, même en Europe, peut être un fil conducteur, peut être un trait d'union pour venir un peu vivre déjà l'instant présent. Parce que quand on y est, vraiment, rien n'a d'importance sauf ce qu'on est en train de partager. Donc le moment présent, et c'est important. On a tendance à courir, moi la première, et à ne pas profiter de l'instant présent. à laisser un peu le temps Faire les choses. Donc, le Ataya en team building, c'est vraiment le fil conducteur, c'est le lien, le lien entre collègues. Arriver à tisser le lien, à parler d'autres choses sur le moment que le boulot. Apprendre à se découvrir autrement parce que c'est ce qu'on fait en Afrique. Quand on se met autour du Ataya après le boulot, on parle de... on se décompresse. Mais on apprend aussi à connaître l'autre à travers nos échanges et c'est ce qui est sympa. Donc j'essaye, j'ai souvent des Asiatiques qui viennent, quelques rares fois des Africains, ça arrive, et je vois que ça plaît et surtout les gens viennent parce qu'ils ne connaissent pas et ils repartent avec des kits en les invitant à reproduire, à refaire du Ataya chez eux.

  • Ramata

    Très bien, c'est très intéressant que tu évoques le fait que c'est une amie qui t'a donné confiance, qui t'a vraiment incité à aller au bout de cette idée. Et tu évoques Weekendoo, est-ce que tu peux expliquer en fait ce que c'est que cette plateforme ?

  • Maĩmouna

    Weekendoo, c'est une plateforme qui oppose des ateliers, que ce soit en France ou en Belgique. C'est une plateforme qui recense des centaines et des centaines d'artisans qui proposent leurs services en forme d'atelier. Et donc, une fois inscrite sur Weekendoo, tu as plusieurs offres. Et quand le client arrive sur Weekendoo, ça peut être des ateliers pour créer ta tablette de chocolat, des ateliers pour aller peindre, des ateliers pour fabriquer un bijou. des ateliers de Ataya pour venir découvrir le Ataya. Il y a plusieurs sortes de la céramique. C'est vraiment une plateforme qui est assez sympa parce que quand tu y vas dessus, tu ne t'ennuies pas. Et donc certains... profitent de cette plateforme pour aller dénicher des choses qu'ils ne connaissent pas. Et c'est comme ça que beaucoup découvrent la cérémonie à Thaïa. Et quand ils viennent, ils disent, ah, j'adore le thé, je voulais offrir ce cadeau parce que, bon, ma sœur aime bien le thé et on ne connaît pas le thé africain. Donc, dès qu'on a vu l'atelier, on s'est dit, bah tiens, on va venir découvrir le thé africain.

  • Ramata

    Très bien, super intéressant comme concept parce que ça permet de valider une idée. Et toi, dès que tu t'es inscrite sur cette plateforme et que tu as commencé à avoir des personnes adhérées au projet, ça n'a fait que te conforter dans ton projet. Et toi, l'idée, c'est que tu as d'un côté la marque, tu as cet atelier et il me semble que tu as également un salon de thé.

  • Maĩmouna

    Oui. Donc, le salon de thé était une location éphémère. Là, je l'ai fermé actuellement. Et je suis en train honnêtement de me demander si l'année prochaine, je ne pars pas sur l'ouverture de la première adresse fixe pour la maison Kanté. C'est en réflexion, mais on verra.

  • Ramata

    OK. Et du coup, est-ce que tu peux, quand tu parles de, voilà, c'était éphémère, est-ce que tu peux expliquer ? Quelle a été l'idée derrière cette volonté de créer un salon de thé ?

  • Maĩmouna

    Toujours dans l'idée du partage. Pour moi, ce qui m'intéresse, notamment dans un salon de thé ou la boutique, l'idée pour moi, c'était de faire un concept boutique-salon de thé. Qu'on arrive, qu'on puisse acheter son thé, repartir avec, oui. Mais je voulais aussi donner la possibilité aux clients de se poser, de déguster leur thé sur place. de découvrir, par exemple, de boire un Ataya sur place et d'autres types de thé. Et tout ça dans l'idée vraiment de rencontrer les gens, d'échanger, d'avoir qu'ils viennent se canter, comme pour rechercher une petite parenthèse de douceur et de partage. Et donc j'ai eu la possibilité d'avoir ce lieu magnifique, qui faisait d'ailleurs 150 mètres carrés, assez assez sympathique et énorme, pour en faire un lieu de vie, donc boutique et salon de thé, éphémère, pour tester un peu le concept. Et puis je me suis dit, bon, je verrai si je reprends plus tard l'idée, mais cette fois de façon stable. Et bon, quand je vois la conjoncture, les coûts, ça me freine un peu, mais bon, on verra. C'est en réflexion.

  • Ramata

    Et du coup, cet espace, j'imagine qu'en termes de décoration, de merchandising, tu as eu l'opportunité, même si c'était un espace éphémère, de pouvoir apporter ta pâte, de le personnaliser. Toi, tu avais déjà des idées de quel aspect tu voulais qu'il ait ce salon de thé ?

  • Maĩmouna

    Oui, oui, tout à fait, oui. Là-bas, je n'ai pas été jusqu'au bout de mes idées parce que comme c'était un lieu éphémère, Mais l'idée, c'était d'avoir vraiment un côté naturel, brut un peu, mais avec des petites touches de green, donc de verdure, aussi tournées vers l'Afrique, avec des visuels, des photos qui évoquent l'Afrique, des accessoires, ainsi de suite. J'allais chercher soit au Sénégal, en Guinée, pour vraiment amener une touche africaine. Et aujourd'hui, l'idée à travers Kanté, c'est vraiment d'arriver, en tout cas, à dépasser ce côté, même juste guinéenne que je suis. On est une maison de thé d'Afrique et j'ai envie qu'en venant chez Kanté, on découvre l'Afrique. Donc, ça m'amène aussi, moi, à être beaucoup plus ouverte, à être un peu plus curieuse, à aller chercher ce qui se passe du côté de l'Afrique du Nord, du côté de l'Afrique de l'Est, l'Afrique du Sud, ainsi de suite. Aujourd'hui, je travaille avec plusieurs pays, que ce soit le Rwanda, le Malawi, le Kenya, le Togo, le Maroc, la Côte d'Ivoire. Et à partir de janvier, on va travailler aussi avec l'Ouganda et la Tanzanie. Et donc plus tard, en tout cas, si on ouvre un lieu, c'est vraiment un lieu qui va changer de visage de temps à autre pour en faire un petit tour du continent africain.

  • Ramata

    On retrouve un peu cette notion d'Africatour qui m'échappe, parce que ça traduit vraiment le fait que, quand on parle d'Afrique, c'est un mot raccourci qu'il est important de mettre en avant, mais derrière, il y a 54 pays avec des identités, des spécificités qui sont vraiment importantes à souligner. C'est pour ça que c'est important de vraiment préciser les choses et l'idée d'un tour. c'est vraiment important pour pour gagner en connaissance sur ce qui peut exister, se passer sur le continent. Maintenant, j'ai envie d'en venir à... Donc, on sent en tout cas que dans ta manière de développer ta marque, il y a vraiment cette idée de... Donc, j'ai cette idée de thé. Au départ, c'est assez, on va dire, général. Et puis après, il y a cette volonté de se concentrer sur l'Afrique. Il y a toujours des projets dans le projet, en fait. Après, il y a l'histoire des ateliers. Puis après, il y a le salon de thé éphémère avec éventuellement un projet de lieu fixe, de l'adresse fixe. Et puis, il y a aussi cette volonté d'enrichir la collection de thé en allant toujours être présent, en travaillant en tout cas avec différents pays d'Afrique. Donc, tu viens de clôturer une campagne de... Crowdfunding via la plateforme Ulule. Je voulais que tu nous parles un petit peu de cette étape du développement de ta marque.

  • Maĩmouna

    Oui, c'était un challenge. C'était un challenge cette campagne, mais elle s'est bien clôturée, donc ça c'est bien. Et je rends grâce à Dieu pour cela, mais aussi ça m'a confortée dans l'idée que ce projet avait pleinement sa place. parce que En allant faire cette campagne, je me remettais un peu en déséquilibre en disant, bon, je vais aller voir qui me suit. Est-ce que cette marque est finalement soutenue ? Est-ce qu'elle a sa place, même si ça fait cinq ans qu'on existe ? Mais là, on remettait un peu le compteur à zéro et moi, je ressentais ce besoin, le besoin d'évoluer. Donc, c'était en septembre qu'on a célébré les cinq ans de la marque. Et je me suis dit, bon, cinq ans, il est temps de changer. Il est temps de passer à la vitesse supérieure. Je voulais vraiment apporter quelque chose de nouveau à la marque Kanté. Donc, en changeant de packaging, en créant une nouvelle gamme, notamment de thé en sachet qui n'existait pas chez Kanté et qui était beaucoup demandé. et qui est en tout cas jusqu'à aujourd'hui planté et autofinancé. Et donc je me suis dit, au lieu d'aller courir après de potentiels investisseurs et autres, je vais lancer une campagne et aller demander à la communauté et à tous ceux qui adhéreront à ce projet de me rejoindre pour ensemble passer à la vitesse supérieure. Et donc là aussi, c'était une façon de venir célébrer ces cinq ans qui sont passés. Et donc, j'ai eu l'idée de créer une collection qui s'appelle Queen of Africa. Parce que pour moi, 2025 a aussi été un peu une année de renaissance. Et il faut rendre grâce pour tout ce qu'on arrive à faire. Donc, Queen of Africa, je me suis dit la puissance féminine à travers cette création. et donc aller chercher des figures fortes féminines sur tout le continent africain, que ce soit au Maroc, donc l'Afrique du Nord, en Afrique de l'Est, l'Afrique centrale, l'Afrique de l'Ouest avec la Queen Yenenga, l'Afrique du Sud avec la Queen Mouyadi. Au-delà du thé, je voulais aussi raconter une histoire. Quand on demande souvent à des jeunes femmes africaines quelles sont vos figures féminines ou vos modèles. On a tendance à aller très rapidement aux États-Unis ou ailleurs, mais il y a eu des femmes puissantes en Afrique, et donc souvent oubliées. Et donc à travers cette collection, je voulais aussi faire un clin d'œil à ces figures féminines fortes, comme une invitation à celles qui recevront une boîte de Queen Mojaji, ou de Queen Yenenga, ou Queen Poku, à aller chercher derrière qui elle était, son parcours, qu'est-ce qu'elle a pu faire, ainsi de suite. Et donc du coup, on lance cette campagne pour aller chercher une enveloppe de 10 000 euros. pour créer la gamme de thé en sachets. Parce que je voulais lancer du thé en sachets, mais je ne voulais pas lancer n'importe quel sachet. Chez Quintet, j'ai toujours eu à cœur d'avoir une démarche environnementale et aussi sociétale. Donc nos premières boîtes étaient issues de papier recyclé, biodégradables, elles étaient rechargeables. Et là, je voulais aussi des sachets qui répondent un peu à ces normes. Donc j'ai opté pour des sachets biodégradables et compostables qui n'ont pas été faciles à trouver, à mettre en place. Et donc je me suis dit, ok, on va lancer cette campagne et profiter de l'occasion pour aussi changer nos packagings actuels. Passer à la vitesse supérieure, affirmer notre positionnement haut de gamme totalement et donc amener des boîtes métalliques avec la couleur un peu gold, un peu dorée. Le jaune canté qui évoque le soleil pour moi et qui évoque aussi l'or, la richesse africaine. Et donc, je me suis dit, tiens, on va changer. Mais pour ça, j'avais besoin qu'on me rejoigne et le faire ensemble. Donc, j'ai décidé de lancer la campagne pour partager cette vision. Et par la grâce de Dieu, ça a été accepté. Et donc, on a validé la campagne à 100%. Maintenant, on est en production. pour cette nouvelle gamme.

  • Ramata

    Félicitations pour la récite de ta campagne de crowdfunding. Et puis, ce que j'ai envie de te demander là, c'est, en fait, on sent qu'il y a une réflexion de fond sur, après cinq ans, des nouveaux objectifs que tu te fixes pour pouvoir faire évoluer la marque. Et du coup, est-ce que ces réflexions-là, tu les fais seules ou est-ce que tu travailles avec... Voilà, est-ce que... Tu as des personnes dans ton équipe avec lesquelles tu réfléchis à passer à une étape, on veut affirmer un positionnement haut de gamme. Le crowdfunding, c'est le bon levier à actionner à ce moment-là. Est-ce que c'est toi qui cherches les infos seul et qui mets en place, qui mets en œuvre ? Ou est-ce que tu as des conseils, des membres de ton équipe qui t'accompagnent ? et de l'extrême. travaillent avec toi sur les décisions stratégiques, en fait, et puis ensuite leur mise en œuvre.

  • Maĩmouna

    Alors, en général, c'est moi qui lance. Je viens, je déballe mes idées. Et puis, ensemble, on essaye d'affiner, de voir un peu comment on peut le faire. Donc oui, j'ai des conseils. Je m'entoure de personnes avec lesquelles j'essaie d'évoquer et de mettre un peu au clair mes idées. Et ça, ça m'a beaucoup aidée, notamment pour cette campagne, parce que moi, j'avais une idée qui était là, brute. Il a fallu l'affiner et le réaliser ensemble. Donc là, cette campagne, c'était vraiment un travail d'équipe, totalement.

  • Ramata

    Toi, aujourd'hui, justement, au niveau de cette équipe, tu as quel type de profil ? Tu travailles avec combien de personnes ? Et comment est-ce que ça s'articule ? Est-ce que c'est plutôt des commerciaux ? Est-ce que c'est plutôt des gens au marketing ?

  • Maĩmouna

    Alors, marketing, beaucoup. Commerciaux, j'en ai eu. Et là, je vais en recruter prochainement. Mais plus dans la communication. La communication et puis, bon, une partie un peu finance pour aller ficeler tout ça. C'est beaucoup axé sur la communication en ce moment. On travaille beaucoup plus là-dessus, donc des personnes qui m'accompagnent sur la stratégie, mais aussi je me fais entourer de photographes, de vidéastes, qui viennent donner un peu vie à ces projets, à ces idées-là, parce que je suis assez... je sais ce que je veux, et j'essaie d'amener, en tout cas mon équipe, à me suivre dans ces idées-là. J'ai vraiment décidé de faire confiance à mes intuitions. C'est comme pour cette gamme-là. Je ressentais quelque chose, pour moi c'était vital. Il fallait le faire. Et donc on m'a dit non, non, non. J'ai dit non, il faut y aller, il faut y aller. Maintenant, comment ? C'est ce qu'on doit voir ensemble, mais je sais qu'il faut y aller. Et après, je suis ouverte au conseil, mais mon idée est là. On essaye de voir comment on peut l'améliorer, en tirer le meilleur. Mais il est hors de question d'arrêter. Il faut qu'on continue. Donc, du coup, une fois cette partie dite, maintenant, on essaye de trouver les bonnes solutions. Mais je n'ai plus envie de douter. Je doute beaucoup. Je me remets énormément en question. Mais j'essaye d'écouter cette petite voix. Ce n'est pas toujours, ça n'a pas toujours été le cas. Mais j'essaye vraiment de m'écouter et après d'aller l'affiner.

  • Ramata

    Dans ce que tu dis, on sent que parfois, les idées que tu peux avoir, tu peux avoir des personnes de ton équipe ou des personnes à qui tu en parles qui n'adhèrent pas forcément parce que tu peux avoir peut-être une tendance à penser, l'expression en anglais, outside the box, c'est-à-dire ne pas faire comme les autres, faire des choses différentes. aller pousser vraiment au-delà des idées qu'on peut voir habituellement. Et donc, du coup, en face, tu peux avoir des gens qui sont un peu réticents, qui disent, bon, là, c'est peut-être que tu vas un peu trop loin. Et est-ce que c'est ça que tu vis ou est-ce que c'est autre chose ?

  • Maĩmouna

    Oui, parce que souvent, moi, j'ai tendance à vouloir aller tout de suite à l'essentiel. Et comme pour la campagne, par exemple, j'avais une idée en tête, c'était très clair. Mais pour moi, ça allait être un peu plus brut. Et donc, on m'a dit non, si on doit le faire, OK, il faut faire ci, ça, ci, ça. L'idée est bonne, mais la façon dont tu veux l'amener est un peu directe et ça manque de cadre. Donc, ça, souvent, il y a besoin de recadrer, de modifier un peu, en tout cas, la façon de faire. Et ça, je suis totalement ouverte à l'amélioration de mes idées. Une fois qu'on les fait, c'est ce qui m'importe moins. Le reste, je peux accepter qu'on le change, qu'on le modifie. On a les mêmes objectifs, c'est d'arriver à nos fins, de valider des choses. Donc, j'écoute et je suis la cadence.

  • Ramata

    Très bien, donc voilà, tu as tes idées. Mais après, l'idée, c'est qu'effectivement, il faut travailler en bonne intelligence, comme tu le dis, pour atteindre le même objectif. Donc là, ce que tu évoquais, c'est que la campagne de crowdfunding a été un succès. Tu as pu récolter les fonds. Et là, j'imagine que tu es dans la période de préparation des commandes qui ont été passées par les différents contributeurs.

  • Maĩmouna

    Oui.

  • Ramata

    Et l'objectif en termes de livraison, c'est pour les fêtes, c'est début 2026 ?

  • Maĩmouna

    Non, c'est pour les fêtes. Là, l'idée, c'est de livrer tout un chacun avant le 10 décembre.

  • Ramata

    D'accord. Donc on est vraiment dans une logique, tu as travaillé la campagne pour qu'elle puisse être envisagée un petit peu comme cadeau de Noël et que vraiment les contributeurs puissent partager un moment festif à l'occasion des fêtes de fin d'année.

  • Maĩmouna

    Oui, l'idée c'était qu'ils reçoivent leur coffret ou boîte de thé avant les fins d'année, qu'ils aient aussi la possibilité d'offrir cette nouvelle collection en fin d'année. Et donc, on a mis en place plusieurs types de coffrets. L'idée pour moi, c'était de dire, anticipez vos cadeaux de fin d'année. Et là, vous serez les premiers aussi à recevoir ces produits, cette nouvelle collection, et de pouvoir l'offrir ou de vous l'offrir.

  • Ramata

    Très bien. Toi, c'est malin, en tout cas en termes d'organisation, de se dire, on profite d'un moment où de toute façon, le consommateur, il peut potentiellement être intéressé. Toi, depuis le début du développement de la marque au niveau du thé, tu as identifié des périodes comme ça, charnières, qui sont des périodes pendant lesquelles les ventes de thé sont plus importantes que d'autres ? Ou est-ce que c'est plutôt régulier tout au long de l'année ?

  • Maĩmouna

    Non. Déjà, il y a la saisonnalité. Quand il fait froid, on consomme plus de thé. C'est-à-dire que même ceux qui ne sont pas grands consommateurs s'y mettent. Et donc l'été, c'est assez calme. Ça, je le vois. L'été, le thé chaud, les ventes baissent. L'hiver, ça reprend. Et les fins d'année, comme pour beaucoup d'activités, novembre, décembre, janvier, c'est la grande période. C'est où on double, on triple les ventes. Et puis, le long de l'année, ça se lisse un peu. Mais il y a une réelle saisonnalité dans la consommation et dans les ventes de thé, oui.

  • Ramata

    Donc j'imagine que la campagne de crowdfunding a vraiment été pensée pour être à la période la plus stratégique pour la vente de thé.

  • Maĩmouna

    Oui, surtout avec un délai où on devait livrer pour décembre. C'était mieux de le faire ainsi. C'était aussi un challenge parce que septembre, c'est le mois où les gens ont sorti beaucoup d'argent, sont déjà rentrés de vacances, ont eu à payer les fournitures pour la rentrée. C'était un peu tendu. mais là aussi je n'avais pas d'autres options si j'écoutais, on l'aurait fait après mais j'ai dit non, non, non il faut y aller parce que si on veut livrer en décembre pour moi c'était que les gens aient ça comme des cadeaux de fin d'année attendre En novembre, pour le lancer, on ne pourra pas honorer notre engagement. Et donc, pour moi, ça ne servait pas à grand-chose. De dire, commandez, vous serez livrés en janvier, ce n'est pas bon. Et donc, on a pris le risque de lancer en septembre, fin septembre, pour clôturer fin octobre. Même si on sait que septembre, c'est un mois où il ne faut pas trop solliciter les gens parce qu'on a fait beaucoup de dépenses. mais C'était important pour nous de le lancer à ce moment-là. Donc, on a été.

  • Ramata

    Très bien. Non, non, mais c'est clair que c'est tout l'enjeu et c'est bien d'insister. Avec une campagne de crowdfunding, il y a tout un enjeu de, pendant une période donnée, réussir à convaincre des contributeurs de participer, de faire des précommandes. Et puis, donc, il y a toute cette période-là de campagne. Et puis après, il y a la... Une période où il faut tenir ses promesses, c'est-à-dire livrer à temps. Et donc, c'est vraiment stratégique de choisir la date à laquelle on lance sa campagne, la date à laquelle la campagne se termine, et puis être sûr qu'une fois qu'elle est terminée, on va avoir suffisamment de temps pour livrer à la date promis au consommateur. Et surtout toi, quand tu sais qu'il y a une problématique de saisonnalité, c'est vraiment ambitieux. Toi, cette période-là, comment tu l'as vécue ? Est-ce que ça a été un stress, je ne vais pas dire permanent, mais en tout cas pour avoir accompagné des marques sur des projets de campagne de crowdfunding, je sais que c'est en général un gros challenge et c'est du stress jusqu'à ce que la campagne soit fin, avant que la campagne soit lancée et jusqu'à ce que la campagne soit terminée.

  • Maĩmouna

    Ah oui, beaucoup. C'était un yo-yo émotionnel, vraiment. C'est wow. C'était beaucoup de pression, beaucoup de stress, parce qu'encore une campagne pour une marque qui teste son marché, j'ai envie de dire ça va. Si ta marque n'est pas lancée, tu fais une campagne pour lancer une gamme, c'est stressant, mais je peux dire que c'est encore acceptable. Mais Kanté existe déjà depuis cinq ans. On est distribué aux Galeries Lafayette, on est au BHV et dans d'autres enseignes, dans des boutiques de musées. Ce n'est pas une nouvelle marque qui veut juste tester un produit. Donc valider cette campagne pour nous était importante. Il fallait la valider parce que ça renvoyait un message derrière. Et donc pour moi, c'était assez stressant quand je voyais des jours où ça se calmait. Wow ! Ça jouait avec mes émotions. Tantôt, je suis contente parce qu'il y a eu de beaux paniers et le lendemain, ça se calme comme si personne ne voit ce qu'on fait. C'était un sport et ça m'a appris beaucoup de choses. Donc oui, derrière les posts, les vidéos où je souriais, oui, mais j'étais remplie de... ça bouillonnait autour de moi. Et un mois, donc, c'est un vrai sport. Ce n'est pas banal une campagne. Ça demande assez d'énergie et il faut tenir. En fait, ça se fait sur la durée. Il faut tenir parce qu'il y a des moments où on a envie de baisser les bras. Et c'est surtout pas... Il ne faut pas le faire. Il faut aller, il faut continuer. Même quand c'est dur, il faut continuer à avancer. Donc, finalement, avant la fin, on a pu le faire. Et on a été chercher encore plus loin. Ça, c'était bien.

  • Ramata

    Encore bravo, parce que c'est vrai que c'est, comment dire, la campagne de crowdfunding, c'est un enjeu assez important. Et là, en fait, dans ta réponse, tu as répondu à une question que j'allais te poser, c'était justement, où est-ce qu'on peut trouver les Técanthés ? Donc, tu évoquais les Galeries Lafayette.

  • Maĩmouna

    Oui. Aujourd'hui, les thé Canté sont sur notre boutique en ligne, www.canté.paris. Mais on peut les retrouver au Galerie Lafayette Gourmet, que ce soit en physique ou sur leur site internet. On les a aussi au BHV dans le Marais, en ligne chez Nature et Découverte, ou sinon au Quai Branly et bientôt dans d'autres boutiques de musées. dans des épiceries fines et concept stores, que ce soit en Ile-de-France ou à Paris. On les cite d'ailleurs sur la page web. Nos points de distribution sont cités. Et là, je rentre de Dakar hier, où j'ai été faire pas mal de prospections pour aussi essayer de commencer à distribuer Kanté en Afrique.

  • Ramata

    Ok, très bien, parce que l'idée c'est qu'aujourd'hui la marque n'est pas encore distribuée en Afrique, c'est ça ?

  • Maĩmouna

    Non, elle a été distribuée au Burkina pendant un moment, mais on n'a pas continué le partenariat. Et là maintenant, avec cette nouvelle gamme, je pense que c'est un produit qui répond totalement à la demande. Et j'ai opté pour le Sénégal comme premier pays pour introduire les thé cantés en Afrique.

  • Ramata

    Très bien. Écoute, on a hâte de voir l'évolution de la marque avec une perspective sur l'Afrique pour en 2026, on peut imaginer.

  • Maĩmouna

    C'est ça,

  • Ramata

    oui. Écoute, on arrive à la fin de cette interview. Moi, j'ai été ravie de pouvoir échanger avec toi et d'en savoir davantage sur ton parcours entrepreneurial. et sur la maison Kanté. Moi, je te dis, écoute, à très vite, en Afrique ou ailleurs.

  • Maĩmouna

    Eh oui, à très vite, oui. Merci à toi, j'ai été ravie de partager ce moment.

  • Ramata

    Un plaisir partagé. Écoute, on se voit très bientôt pour un thé, j'ai envie de te dire.

  • Maĩmouna

    Avec grand plaisir. Un ataya.

  • Ramata

    Exactement. Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation de Maïmouna

    00:00

  • Parcours de Maïmouna et création de la maison Kanté

    01:45

  • Éducation et premiers pas dans l'entrepreneuriat

    03:18

  • Réflexions sur la création d'entreprise et l'éthique professionnelle

    06:09

  • Lancement de la marque de thé et identification des défis

    16:50

  • Lancement de la campagne de crowdfunding et ses enjeux

    29:44

  • Retour sur la campagne de crowdfunding et le développement de la marque

    40:56

  • Distribution des thés Kanté et plans d'avenir

    58:31

Description

Comment imposer le thé africain sur la scène mondiale ? 


J'ai eu le plaisir de recevoir Maïmouna Kanté-Quentrec, fondatrice de Maison Kanthé, dans le nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour.


Son parcours est une leçon d'entrepreneuriat avec un démarrage précoce et une soif d’indépendance qui la guidée dans ses entreprises successives;


3 leçons à tirer de son audace stratégique :

  1. L'héritage comme différenciateur : Loin de s'aligner sur les clichés liés au thés, Maïmouna Kanté-Quentrec a rebaptisé sa marque Maison Kanthé, un hommage guinéen pour légitimer la place de l'Afrique dans l’industrice du  thé. Dans notre échange, elle rappelle que  l'Afrique est le troisième producteur mondial de thé (Kenya, Rwanda...).

  2. Transformer la tradition en lien social :  Elle a eu l'idée pionnière de proposer des ateliers d'Attaya en entreprise pour le teambuilding. L'Attaya, est une véritable cérémonie du thé d'Afrique de l'Ouest un moment de partage qui permet d’entretenir les échanges au sein des familles et de la communauté. 

  3. L'engagement comme manifeste : Le lancement de la collection "Queen of Africa" est un hommage aux figures féminines puissantes africaines. La réussite de sa campagne Ulule a permis de concrétiser la montée de gamme de maison Kanthé.  


Son prochain défi  est de concrétiser la présence de Maison Kanthé sur le continent, en ciblant le Sénégal pour commencer, et créer des lieux qui sont un véritable "tour du continent africain" par le thé.


Si vous êtes entrepreneur, cette masterclasse sur la transformation de la tradition en un business éthique et mondial est faite pour vous.


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


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A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Maĩmouna

    Alors en fait, ça faisait plusieurs années que je, quand j'ai lancé Quente, je voulais aussi proposer ce service de Hataya et tout bêtement, j'avais peur. J'avais peur, je me suis dit mais c'est ridicule, les gens ne vont pas venir, ils ne vont pas s'y intéresser. Et en 2023, j'en parle avec une amie qui m'accompagnait à l'époque et elle me dit mais c'est une bonne idée, fais-le. Je me dis, mais est-ce que les gens vont aimer ? Est-ce qu'ils vont venir ? On a des a priori souvent des peurs qui n'ont pas lieu d'être, mais bon, qui sont là.

  • Ramata

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique.

  • Maĩmouna

    Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Maïmouna Kanté-Quintrec. Maïmouna est la fondatrice de Kanté,

  • Ramata

    une maison de thé et d'infusion d'Afrique. Elle vient de clôturer une campagne de crowdfunding et je l'ai invitée aujourd'hui pour qu'elle puisse nous parler de son parcours et de sa marque. Bienvenue Maïmouna, comment vas-tu ?

  • Maĩmouna

    Je vais très bien, merci et toi ?

  • Ramata

    Ça va très bien, merci. Je suis ravie de te retrouver pour cette interview. Ça fait un moment qu'on se suit sur les réseaux sociaux, notamment sur LinkedIn. Et j'ai trouvé opportun ce moment où toi tu as lancé une campagne de crowdfunding sur le mois d'octobre de pouvoir... échanger pour avoir un petit peu des informations sur l'évolution du développement de ta marque. Mais avant de rentrer dans ce détail, je vais commencer cette interview comme je le fais toujours. Je vais te demander de te présenter.

  • Maĩmouna

    Parfait. Donc moi, je suis Maïmouna Kanté-Kantek. Je suis effectivement la fondatrice de la maison Kanté, d'origine guinéenne, et puis maman et épouse.

  • Ramata

    Très bien. Écoute, je ne savais pas que tu étais guinéenne. Je suis guinéenne aussi, donc je suis ravie. Ah, moi aussi. J'avais dit que j'étais contente de t'avoir, mais là, encore plus.

  • Maĩmouna

    Super.

  • Ramata

    Parce que j'ai pas assez de Guinéens à inviter. Mais en même temps, je me dis, il ne faut pas être trop chauvin, il faut que j'invite un peu tout le monde, mais je trouve que je n'en ai pas assez. Donc,

  • Maĩmouna

    voilà. Ça y est, là, c'est une bonne surprise.

  • Ramata

    Exactement, exactement. Donc, On va parler un petit peu de ton parcours avant de parler de ta marque. Donc, j'aurais voulu que tu nous parles un petit peu de ton parcours en termes d'études et un petit peu par quel type de métier tu as commencé ta carrière professionnelle.

  • Maĩmouna

    Ok. Alors, en termes d'études et de carrière, les deux se sont suivis parce que moi, j'ai commencé à travailler très, très jeune. Après mon bac... Même au collège déjà, j'étais un peu mannequin, je faisais des petits boulots d'hôtesse d'accueil. Et puis après mon bac, j'ai fait une première année en droit que je n'ai pas forcément aimé sur le coup. Et donc j'ai changé pour aller faire un BTS en marketing. Et à côté, toujours mannequin, hôtesse d'accueil. Et finalement, le boulot a un peu pris le dessus à un moment donné. que j'étais beaucoup sollicité et je trouvais que celles qui nous employaient à l'époque nous arnaquaient. Donc j'ai décidé de créer ma structure. J'avais 17 ans. On m'a dit à l'époque qu'il fallait atteindre 18 ans, donc j'ai triché sur mon âge en disant non, ils se sont trompés de date, mais je suis née à telle année et donc j'ai 18 ans. Et donc du coup, j'ai pu créer ma structure et du coup, ça me permettait d'embaucher mes copines quand j'avais des contrats. pour des séminaires, des forums et autres. Je fournissais des hôtesses d'accueil, ainsi de suite. Et donc, c'est comme ça que j'ai commencé mon aventure entrepreneurial parce que j'en avais marre de voir comment on était traité et mal payé. Donc j'ai continué cette activité qui s'est élargie un peu par des prestations autres de services et un peu l'imprimerie parce que toute ma famille paternelle était dans l'imprimerie. Donc j'avais une branche où je sous-traitais des commandes d'imprimerie auprès de notre structure familiale, on va dire. Et après, je suis arrivée en France pour poursuivre mes études. Je suis passionnée par la cosmétique, le bien-être et tout ça. Et donc, j'ai fait une formation en esthétique. Et une fois diplômée, j'ai voulu me spécialiser en option corps. Et l'idée, c'était avant d'ouvrir un institut de beauté. Mais bon, finalement, je ne l'ai pas fait. J'ai travaillé pendant quelques années comme animatrice et formatrice en cosmétique et parfum. Et puis bon, le thé était toujours à côté. parce que En Guinée, on préparait du thé tous les jours. Et donc ici, quand j'ai repris mes études, j'ai commencé à m'intéresser au thé, à me former, à me documenter tout doucement. Et puis ça m'a amenée où je suis aujourd'hui.

  • Ramata

    Très bien, c'est intéressant ton parcours et comment tu as démarré quand tu as identifié une problématique en tant qu'hôtesse d'accueil et tu t'es dit, la solution, ça va être de moi-même créer une structure. et... Ça part aussi d'une forme de frustration parce que j'identifie une vraie problématique de « je n'aime pas la manière dont on est traité et moi je veux changer les choses » et il y a un côté assez ambitieux et indépendant. Toi, comment est-ce que tu expliques qu'assez tôt comme ça, Je suis à Pesquou. Je pense que ça peut arriver à beaucoup de jeunes femmes et de jeunes personnes de se retrouver dans des situations où ils n'apprécient pas forcément la manière dont ils sont traités par leur employeur, mais ils ne se disent pas forcément, du coup, je vais créer ma propre structure. Toi, est-ce que c'est du fait qu'il y avait des entrepreneurs dans ta famille, que tu avais cette fibre entrepreneuriale ? Comment tu expliques en fait ça ?

  • Maĩmouna

    Alors, peut-être un peu du côté paternel. Mon père était entrepreneur. Il a entrepris pas mal de choses. Mais il y a aussi une question de personnalité. J'ai, adolescente, je pense que j'ai gagné une maturité précoce très rapidement. Et j'aimais l'autonomie. Je ne sais pas pourquoi, mais j'avais envie de faire les choses par moi-même. Et quand je voyais comment on nous traitait, je me suis dit non, ce n'est pas possible. Moi, je veux qu'on nous respecte. Je veux qu'on nous paye comme il faut. Et donc d'ailleurs, quand j'ai créé ma structure, j'avais les meilleurs profils parce qu'ils savaient que je les payais mieux.

  • Ramata

    Donc tu avais analysé ton marché et tu t'es dit, déjà en termes d'éthique et la manière dont tu veux traiter tes employés, tu avais une ambition qui était très claire. Et aussi, tu avais identifié qu'en termes de rémunération, ton positionnement allait te permettre d'avoir... à des personnes qui allaient, même si ta structure était nouvelle, tu allais rapidement trouver des équipes qui allaient vouloir travailler pour toi. Donc, il y avait une stratégie, en fait, quelque part. Le fait que j'analyse mon marché et je propose une offre irrésistible, tu avais déjà ce mindset-là, en fait.

  • Maĩmouna

    Oui, c'est vrai. À t'entendre, je me dis oui. Mais sur le coup, je n'ai pas pensé à tout ça. J'étais dans l'action, j'essayais de faire les choses autrement. Mais oui, effectivement.

  • Ramata

    C'est toujours pareil, quand il y a un œil extérieur qui regarde, forcément, il y a toujours des choses que moi je vais pointer, que toi tu vas te dire que ça s'est fait complètement spontanément. Et du coup, cette structure-là, tu l'as gardée, tu l'as fermée, comment est-ce que ça a évolué pour qu'à un moment donné, tu te dises, je vais passer à autre chose ?

  • Maĩmouna

    Alors, la structure, oui, je l'ai gardée. Alors, elle s'appelait MyPrestation. Et donc, du coup... C'était en 2008, 2007-2008, j'ai commencé. Et puis en 2009, j'ai décidé de l'engouander un peu parce que j'étais souvent sollicitée par des entreprises pour la partie événementielle. Et du coup, j'ai commencé à leur proposer d'autres prestations. J'avais monté une petite équipe qui faisait des ménages dans des présidences. ou dans des entreprises. Et puis après est venue l'idée de rajouter la partie imprimerie, donc je démarchais toujours des entreprises, notamment des sociétés minières. qui me donnaient des contrats pour réaliser leurs bons de commande, les cartes de visite ou sinon les calendriers pour les fins d'année. Et moi, j'allais sous-traiter ces contrats auprès d'imprimeurs. D'abord, c'était dans ma famille, mais après, j'ai compris que ça ne marchait pas parce que là aussi, on me prenait pour la petite fille qu'ils ont vu grandir. Et donc, on faisait passer mon contrat après ceux des autres clients. Donc rapidement, là aussi j'ai laissé ma famille et je suis partie sous traité travailler avec d'autres personnes. Ça m'a d'ailleurs créé de sérieux problèmes en famille parce qu'on s'est dit, tu te crois grande, on t'a vu naître et maintenant tu vas travailler avec nos concurrents. Je dis non, vos concurrents me respectent, vous ne le faites pas. Et donc moi je vais où je peux travailler et où je suis considérée. Et donc ça, ça m'a créé de sérieux problèmes en famille.

  • Ramata

    Et tu as, comment dire, avec le temps, est-ce que quand tu évoques tes sérieux problèmes en famille, avec le temps, est-ce que finalement ça s'est résolu ? Ça a évolué comment ? Parce que c'est vrai qu'effectivement, quand on se lance dans l'entrepreneuriat, il peut y avoir soit des querelles de famille, soit d'amitié, mais il peut y avoir des mésententes et ça fait partie de la réalité du business. On n'est vraiment pas dans... le monde des bisounours, il peut y avoir des vraies difficultés. Toi, comment est-ce que tu as réussi à dépasser ces problématiques-là ?

  • Maĩmouna

    Je n'écoutais pas forcément ce qu'on disait. Sur le coup, je suis un peu butée. Pour moi, c'était comment je peux avancer, comment bien faire mon travail, livrer mes clients à temps. Et puis la famille, oui, je vous respecte, on se respecte et on n'est pas obligé de travailler ensemble pour rester une famille. Donc oui, on se parlait, même si on savait que souvent il y en a qui n'étaient pas contents de moi. Mais la seule fois où j'ai été vraiment triste, c'est quand j'ai croisé mon père. Et c'était la dernière fois qu'on a échangé. Je le vois au centre-ville, je viens dire bonjour papa. Il me dit non, je ne suis pas content de toi. Il paraît que tu as eu le contrat que ton oncle avait depuis très longtemps. Donc ne me parle pas, viens me trouver à la maison. Et moi, je me suis dit, écoute, tu attendras un peu. Donc, je me suis dit ça sans lui dire. Et donc, j'ai attendu deux bonnes semaines. Après, j'ai appelé pour venir le voir. Ce jour-là, il avait fait une crise cardiaque. Et le lendemain, il est décédé. Donc, ça, ça m'a beaucoup marqué. Ça m'a marqué parce que la dernière fois que j'ai parlé à mon papa, quand il était en vie, ça s'est passé comme ça. Donc, ça, ça m'a marqué. Et après, je suis partie. Je suis venue en France pour reprendre des études ici. Et donc, j'ai laissé ce boulot. Et comme ça, il n'y avait plus d'histoire.

  • Ramata

    Très bien. Je te remercie de partager avec nous ce moment, effectivement, que j'imagine a dû être assez délicat pour toi. Et c'est vrai qu'on essaie toujours de... On se dit toujours de quitter sa famille dans les meilleures conditions, mais on ne sait jamais ce que la vie nous réserve en réalité. Donc... Donc effectivement, du coup, toi, cette boîte-là, tu la laisses, tu décides de venir en France pour poursuivre tes études et c'est le début d'une nouvelle aventure. Donc tout à l'heure, tu parlais d'un intérêt pour le bien-être, les cosmétiques, la beauté, et puis en parallèle, toujours l'intérêt pour le thé. Est-ce que tu peux nous parler du coup de cette étape-là, l'intérêt pour le bien-être, les cosmétiques ? Ça a été plutôt... à travers des études, mais tu n'en as pas forcément développé un business finalement.

  • Maĩmouna

    Oui, alors je voulais vraiment, en fait, aujourd'hui en apprenant un peu à me connaître, ce qui me guide vraiment mon fil conducteur, c'est la relation à l'autre. Arriver à accueillir l'autre, à servir l'autre. Quand je fais un résumé de mes expériences qui m'ont marqué, où j'ai eu autant de plaisir à donner qu'à recevoir, C'est quand j'étais en face de l'autre. Que ce soit dans mes études de cosmétique et d'esthétique, quand je prenais soin des autres, j'avais autant de plaisir que la personne qui était en face de moi. Et puis, dans le thé, l'échange, le partage, tout ça. Et donc, quand j'ai fini ma formation en esthétique, je voulais ouvrir un institut de beauté, mais je n'avais pas les moyens. Donc, du coup, je me suis dit, ce n'est pas grave, je vais continuer. à travailler, à apprendre. Et là aussi, rapidement, j'ai compris que je n'étais pas forcément à ma place tout le temps. Et c'est pourquoi j'ai décidé de me mettre en freelance et de travailler comme animatrice et formatrice en freelance. Comme ça, je n'ai pas de patron, je ne rentre pas dans des cases, je ne souris pas à une collègue hypocrite. Parce qu'il faut sourire. Moi, j'aime dire les choses dans la bienveillance, mais je n'ai pas besoin d'hypocrisie. Et souvent, dans le monde du travail, on a beaucoup ce côté où on te voit, on te sourit, mais derrière, il y a autre chose. Je ne sais pas faire de... Il n'y a pas de filtre chez moi. J'aime donner et recevoir, mais je n'aime pas ce côté où il faut jouer. Pour moi, ça demande beaucoup d'énergie. donc du coup Quand j'ai fini cette partie-là, et puis le thé, j'ai commencé tout doucement à lire, à découvrir des thés, parce que quand je suis arrivée en France, je connaissais le Lipton, oui, et notre Kinké-Liba, qui était notre boisquier, d'ailleurs encore la boisson nationale, un Guinée qu'on boit tout le temps. Et donc ici, j'arrive, je découvre le thé blanc, le thé fumé, je découvre même des thés grands crus, des thés jaunes, qui sont très peu connus. Et donc, je vais, je me souviens quand j'ai eu mon premier salaire, j'ai été m'acheter un thé grand cru qui coûtait à l'époque 50 euros les 50 grammes. Et donc, c'est un thé que je buvais uniquement les week-ends. Quand je ne courais pas et que j'étais à la maison tranquillement, je me servais ce thé-là. Et donc, je me suis dit, en apprenant aussi sur le thé, quand j'allais dans des restaurants ou des bars d'hôtels, on te sert un thé à 10 euros. Le serveur est incapable de te renseigner sur ton thé, sur la température de ton thé, sur depuis combien de temps, madame, j'ai mis votre sachet de thé. Rien. Ça me frustrait. Donc je me suis dit, bon, moi je vais créer mon marque de thé, je vais ouvrir un salon de thé littéraire, et puis je vais former les gens à comprendre le thé, à mieux servir le thé. L'idée est partie de là, en 2016. Et donc du coup, en 2016, finalement, je crée ma marque. La première, c'était comptoir des thés rares. Et donc, je me spécialise dans les thés grands crus d'Asie, où je vais vendre les thés, le prix moyen variait. Je pense que le moins cher était à 20 euros. On allait jusqu'à 70, 100 euros la boîte de thé. Et donc, je lance ce thé, je commence un peu à proposer à certains hôtels, en leur proposant une formation à la clé sur le service du thé. Et puis très rapidement, la maternité s'est invitée dans mon parcours la même année. Il y a eu beaucoup de surprises à ce niveau. Et donc je me suis retrouvée après amener ma grossesse, la fin de ma grossesse seule. Et entre boulot, entreprise et l'autre entreprise que je suis en train de mettre en route, donc mon enfant, je me suis recentrée sur une seule chose. donc j'ai délaissé un peu le temps thé à ce moment-là. Et en 2017, je reprends doucement, doucement. Et en reprenant, j'avais toujours ce côté, quand je faisais des animations, on me disait, pourquoi une Africaine parle des thés d'Asie ? Ça me frustrait. Je disais, mais pourquoi pas ? Et puis, finalement, je me suis dit, bon, écoute, OK. Et puis, mon parcours, j'ai eu beaucoup, j'ai été confrontée très souvent à Et pendant longtemps, moi aussi, je pense, ce n'est même pas je pense, je le sais, j'essayais par tous les moyens de rentrer dans les cases, de me faire accepter, de faire comprendre que je suis très bien intégrée, un peu, ah, tu n'es pas comme les autres. Je le prenais à l'époque comme un compliment. Et à un moment donné, il était temps de faire connaissance, un peu plus connaissance avec moi-même. de me dire, qui tu es, en fait, l'Africaine, tu le seras tout le temps, toute ta vie, parce que tu l'es. Donc, apprends à être fier de qui tu es. Peut-être que tu n'auras à offrir que ta singularité, ce que tu es réellement. Et ça, je l'ai vécu aussi dans ma maternité. Je me suis dit, bon, écoute, je vais continuer le thé, parce qu'à chaque fois que je disais, demain, je vais me débarrasser de tout mon stock de thé. parce que j'en avais des centaines de kilos, quelqu'un passait une commande. Je disais, mon Dieu, ok, donc je vais devoir livrer encore cette personne. Ça, c'était en 2017 et 2018. À chaque fois que je voulais tout arrêter, ça pouvait trouver que pendant trois semaines, je n'ai eu aucune commande. Mais à chaque fois que je disais ça, que je pensais très fort, eh bien, quelqu'un commandait. Je disais, ok, bon, je ne jette pas, je vais livrer. Et puis, j'ai fini quand même par jeter ce stock de thé et passer à autre chose, mais je n'arrivais pas. Et donc, en 2018-2019, je me dis, bon, je vais... reprendre mon activité de thé, mais cette fois, je veux aller voir ce qui se passe en Afrique. Et là, je reçois d'abord en 2017 un premier échantillon du Rwanda avec des thés de qualité exceptionnelle. Donc je me dis, ok, je reprends mon activité, mais je vais rajouter un peu de thé africain. Et tout doucement, doucement, je me dis non. Je ne vais vraiment proposer que des thés africains. Pour le coup, l'Africaine va parler d'été africain. Et donc, la question du nom se pose. Est-ce que je garde au comptoir d'été rare ? Est-ce que je change de nom ? Je voulais vraiment un nom qui évoque l'Afrique. Qui, quand tu l'entends, tu sais que tu es tout de suite en Afrique. Et donc, on m'a proposé plusieurs noms. J'en ai parlé avec plusieurs personnes autour de moi. Et puis, je vais un jour chez un ami, créateur, photographe, pour qui j'ai posé plusieurs fois parce que j'ai été mannequin pendant quelques années. Et donc, j'arrive chez lui en Normandie avec ma fille. Et là, je vois Renoma partout. C'était Maurice Renoma, qui a été une des figures dans la mode française. Et donc là, il y a partout, je me dis, mais il a tout compris. Et là, je me dis, et si j'appelais ma marque Kanté ? C'est venu de là. C'est venu de là. Et donc, du coup, j'ai réfléchi, j'ai laissé cette idée mûrir. Je me suis dit, ben oui, finalement, pourquoi pas Kanté ? Kanté comme ma fille, Kanté comme moi, et puis cette marque va s'appeler Kanté, en fin de compte. Et je vais faire en sorte de travailler avec rigueur et respect pour que demain, tout Africain qui croisera cette marque, de près ou de loin, qu'il en soit fier. Parce que c'est mon nom de famille, c'est le nom que porte ma fille, et c'est le nom qui porte des milliers de Kantés à travers le monde. Et c'est venu comme ça. Donc j'ai dit, ok, moi je vais appeler ma nouvelle marque à Kanté. Les gens m'ont dit, mais non, c'est pas bon, ça fait trop Africain. Je dis oui, africain comme je suis. Donc on y va et on va faire une maison de thé 100% africain. C'est comme ça que Kanté, elle est.

  • Ramata

    Et c'est intéressant de préciser que dans le nom de ta marque, en fait, tu reprends vraiment ton nom de famille Kanté, mais au niveau de l'orthographe, il me semble que c'est K-A-N-T-H-E comme le thé en fait.

  • Maĩmouna

    Comme le thé, tout à fait. Donc je rajoute le H pour souligner le mot thé.

  • Ramata

    Très bien, mais en fait, ça paraît tellement naturel que c'est presque difficile de comprendre qu'il y ait des gens qui t'aient dit « ben non, ça n'a aucun sens » , alors que c'est tellement, finalement, quelque part évident. Donc, ce qui est intéressant, c'est que dans ton cheminement, tu évoques le fait qu'effectivement, la tradition du thé, elle va être associée à l'Asie, elle va être associée à l'Inde, mais que par rapport à l'Afrique, même si effectivement quand on est Guinéen, on consomme le quinqualibat et on connaît cette tradition du thé, on peut même penser à une tradition du thé oriental avec cette façon de servir, et même au Sénégal, de servir la taïa. Et du coup, ce sont des traditions qui sont méconnues, donc on va avoir un espèce d'apriori qui est, le thé, c'est l'Inde, le thé, c'est l'Asie, c'est la Chine ou le Japon, mais ce n'est pas l'Afrique. Et en fait, quand on creuse un peu, on se rend compte que l'Afrique a complètement sa place dans cette culture. culture du thé et que ça fait vraiment partie de rituels traditionnels en fait africains que de consommer du thé. Donc toi, est-ce que tu as fait des recherches dans ce sens-là pour vraiment travailler le storytelling de ta marque ?

  • Maĩmouna

    Alors oui, déjà on ne le sait pas assez, mais l'Afrique est le troisième producteur mondial de thé. Pour en être là, il faut en produire énormément et Et... Donc déjà, on est grand producteur de thé. On pense tout de suite à l'Asie parce que l'Asie a commencé bien avant et l'histoire du thé, c'est la Chine, après le Japon, vient l'Inde. Sauf que quand la culture de thé a été introduite en Inde, ça a quasiment été en même temps en Afrique. le thé a longtemps été monnet d'échange et À un moment donné, les Européens, les Anglais, ont voulu comprendre la culture du thé, comment le thé est cultivé, parce que les Asiatiques faisaient comprendre qu'un thé noir et un thé vert ne provenaient pas du même arbuste. Et donc, du coup, les Anglais ont envoyé une espèce de détective pour aller comprendre, sillonner, aller fouiller, aller chercher à vraiment comprendre. Et une fois ils ont réalisé cela, ils se sont dit, ok, on a des pays qui, géographiquement parlant, peuvent aussi produire du thé. Et c'est comme ça qu'ils ont testé la culture du thé en Inde, puis en Afrique. Et donc là, il était question de voir, de produire, mais la production a mieux pris en Inde qu'en Afrique à l'époque. Et après, l'Afrique est venue tout doucement, doucement. Les premières productions qui sont repertoriées datent d'avant 1925, mais on n'en parle pas beaucoup. Et donc, les Anglais ont essayé le thé en Afrique du Sud, au Malawi, au Rwanda. Les Allemands ont essayé la culture du thé sur le mont Cameroun. Chacun est venu essayer un peu. Et les productions étaient minimes à l'époque. Mais après, tout doucement, doucement, ça a pris de l'ampleur. Et ce qui est dommage encore, c'est qu'aujourd'hui, moins de 10% de la culture de thé africain est consommée sur le sol africain. Quand les thés sont cultivés, notamment au Kenya, au Rwanda, tout se retrouve à Mombasa où il y a des ventes aux enchères et la plus grande partie est exportée. Une fois exporté, on ne parle plus du thé africain. Il perd de son identité et souvent revient même en Afrique, mais sous un nouveau drapeau. Ça, c'est dommage. Et la culture, enfin, la cérémonie de Hataya, qui fait partie intégrante de nos cultures en Afrique de l'Ouest et en Afrique du Nord, est arrivée avec le nomadisme, les berbères, les commerçants berbères qui ont ramené tout doucement du Maghreb. La cérémonie, cette façon de préparer le thé, notamment en Mauritanie, au Mali, au niveau des Touaregs. Et tout doucement, doucement, c'est arrivé au Sénégal, au Guinée. Moi, j'ai été élevée avec le Hataya. Tous les jours, on avait le Hataya. Tous les jours, on préparait du Hataya. Et dans d'autres pays africains comme le Kenya et tout ça, ils ont la culture du thé là-bas encore. mais différemment. Là, on va parler beaucoup plus de thé noir et autres. Et donc, à travers Quintet, ce que j'essaie aujourd'hui de faire comprendre et partager, c'est que déjà l'Afrique est le troisième producteur mondial de thé. Ça mérite d'être connu et reconnu, mais on a une culture de thé. Et moi, j'anime depuis deux ans et demi maintenant des cérémonies de Hataya. Tous les mois, j'ai un atelier de Hataya, que ce soit pour des particuliers, mais aussi en entreprise, en team building. Et là, l'idée, c'est de montrer un peu ce que représente le Hataya. Ce moment de partage, ce moment où on tisse des liens, c'est vraiment le lien social avant tout. Et c'est ce qui est intéressant à partager autour du thé africain.

  • Ramata

    Alors, c'est intéressant ce que tu évoques, parce que dans la manière dont tu as décidé de créer cette marque, qu'on sent qu'il y a un vrai travail de... de personal branding parce que dans le nom, on sent vraiment que tu es 100% impliqué. Même quand tu racontes la genèse de cette entreprise, on sent que c'est vraiment quelque chose de très personnel. Et en même temps, il y a un travail sur revenir à une tradition, à une connaissance et à remettre l'église ou la mosquée au milieu du village. Mais voilà, tu insistes bien sur des données. clairs et factuels qui sont l'Afrique est le troisième pays producteur de thé. Donc l'Afrique a toute sa légitimité à être considérée au même titre que l'Inde, au même titre que la Chine ou le Japon par rapport à ces traditions-là. Et donc ton travail avec ta marque, quelque part, c'est de déconstruire les clichés, les a priori qui peuvent exister par rapport au thé qui serait associé. plusieurs régions du monde et pas forcément à l'Afrique, mais à Tors. Donc, toi, cette idée d'atelier que tu évoquais, comment est-ce que tu en es venue à créer ces ateliers ? Tu évoques du team building au sein des entreprises. Comment est-ce que ça t'est venu, cette idée ?

  • Maĩmouna

    Alors, en fait, ça faisait plusieurs années que je... Quand j'ai lancé Quinte, je voulais aussi proposer ce service de Ataya et Tout bêtement, j'avais peur. J'avais peur, je me suis dit mais c'est ridicule, les gens ne vont pas venir, ils ne vont pas s'y intéresser. Et en 2023, j'en parle avec une amie qui m'accompagnait à l'époque et elle me dit mais c'est une bonne idée, fais-le. Je dis mais est-ce que les gens vont aimer, est-ce qu'ils vont venir ? On a des a priori souvent des peurs qui n'ont pas lieu d'être mais bon qui sont là. Et donc finalement, elle me motive et elle me dit mais... Tente le coup, regarde, rejoins Weekendoo si tu veux. Ils proposent beaucoup d'expériences. Les gens qui sont à la recherche de choses authentiques, ils vont sur Weekendoo pour trouver des activités. Propose, tu n'as rien à perdre. Et là, reboosté, je contacte tout de suite Weekendoo avant de retomber encore dans la peur et de repousser au lendemain. Donc, je m'inscris. Et puis, au bout de, je ne sais pas, trois semaines, un mois, on me répond. Donc, je dis, OK, j'y vais, je teste, je lance cette cérémonie de Hathaïa. Parce qu'on parle beaucoup, quand on parle de cérémonie de thé, tout de suite, c'est l'Asie. Pourquoi ? Parce que les Asiatiques sont fiers de leur culture et de leur tradition. Ils arrivent à le partager avec les autres. Et pour qu'on connaisse ce qui se passe en Afrique, il faut que nous, Africains, nous soyons déjà fiers de ce qu'on a. et qu'on ait envie de le partager et de le faire découvrir. Donc je me suis dit, ok, je vais commencer le Ataya. Et est venue l'idée, est-ce que je le fais à table, est-ce que je le fais par terre, à même le sol, comment on le fait ? Et donc là aussi, je me suis posé la question, je me suis dit, c'est ridicule d'aller préparer ton Ataya à table. Donc, tu le proposes de façon authentique. Et donc j'ai commencé comme ça, et tout doucement, doucement, j'avais les retours des clients. Ce qui est marrant, c'est que quand je reçois 8-10 personnes qui ne se connaissent pas forcément, ils repartent en échangeant de contacts, en sympathisant. Les gens viennent, au début ils sont repliés sur eux et à la fin du attaillant, on entend des éclats de rire partout. Les gens parlent entre eux, se racontent des histoires et je me dis ok. Et en fait, effectivement... comme en Afrique, le Ataya, même en Europe, peut être un fil conducteur, peut être un trait d'union pour venir un peu vivre déjà l'instant présent. Parce que quand on y est, vraiment, rien n'a d'importance sauf ce qu'on est en train de partager. Donc le moment présent, et c'est important. On a tendance à courir, moi la première, et à ne pas profiter de l'instant présent. à laisser un peu le temps Faire les choses. Donc, le Ataya en team building, c'est vraiment le fil conducteur, c'est le lien, le lien entre collègues. Arriver à tisser le lien, à parler d'autres choses sur le moment que le boulot. Apprendre à se découvrir autrement parce que c'est ce qu'on fait en Afrique. Quand on se met autour du Ataya après le boulot, on parle de... on se décompresse. Mais on apprend aussi à connaître l'autre à travers nos échanges et c'est ce qui est sympa. Donc j'essaye, j'ai souvent des Asiatiques qui viennent, quelques rares fois des Africains, ça arrive, et je vois que ça plaît et surtout les gens viennent parce qu'ils ne connaissent pas et ils repartent avec des kits en les invitant à reproduire, à refaire du Ataya chez eux.

  • Ramata

    Très bien, c'est très intéressant que tu évoques le fait que c'est une amie qui t'a donné confiance, qui t'a vraiment incité à aller au bout de cette idée. Et tu évoques Weekendoo, est-ce que tu peux expliquer en fait ce que c'est que cette plateforme ?

  • Maĩmouna

    Weekendoo, c'est une plateforme qui oppose des ateliers, que ce soit en France ou en Belgique. C'est une plateforme qui recense des centaines et des centaines d'artisans qui proposent leurs services en forme d'atelier. Et donc, une fois inscrite sur Weekendoo, tu as plusieurs offres. Et quand le client arrive sur Weekendoo, ça peut être des ateliers pour créer ta tablette de chocolat, des ateliers pour aller peindre, des ateliers pour fabriquer un bijou. des ateliers de Ataya pour venir découvrir le Ataya. Il y a plusieurs sortes de la céramique. C'est vraiment une plateforme qui est assez sympa parce que quand tu y vas dessus, tu ne t'ennuies pas. Et donc certains... profitent de cette plateforme pour aller dénicher des choses qu'ils ne connaissent pas. Et c'est comme ça que beaucoup découvrent la cérémonie à Thaïa. Et quand ils viennent, ils disent, ah, j'adore le thé, je voulais offrir ce cadeau parce que, bon, ma sœur aime bien le thé et on ne connaît pas le thé africain. Donc, dès qu'on a vu l'atelier, on s'est dit, bah tiens, on va venir découvrir le thé africain.

  • Ramata

    Très bien, super intéressant comme concept parce que ça permet de valider une idée. Et toi, dès que tu t'es inscrite sur cette plateforme et que tu as commencé à avoir des personnes adhérées au projet, ça n'a fait que te conforter dans ton projet. Et toi, l'idée, c'est que tu as d'un côté la marque, tu as cet atelier et il me semble que tu as également un salon de thé.

  • Maĩmouna

    Oui. Donc, le salon de thé était une location éphémère. Là, je l'ai fermé actuellement. Et je suis en train honnêtement de me demander si l'année prochaine, je ne pars pas sur l'ouverture de la première adresse fixe pour la maison Kanté. C'est en réflexion, mais on verra.

  • Ramata

    OK. Et du coup, est-ce que tu peux, quand tu parles de, voilà, c'était éphémère, est-ce que tu peux expliquer ? Quelle a été l'idée derrière cette volonté de créer un salon de thé ?

  • Maĩmouna

    Toujours dans l'idée du partage. Pour moi, ce qui m'intéresse, notamment dans un salon de thé ou la boutique, l'idée pour moi, c'était de faire un concept boutique-salon de thé. Qu'on arrive, qu'on puisse acheter son thé, repartir avec, oui. Mais je voulais aussi donner la possibilité aux clients de se poser, de déguster leur thé sur place. de découvrir, par exemple, de boire un Ataya sur place et d'autres types de thé. Et tout ça dans l'idée vraiment de rencontrer les gens, d'échanger, d'avoir qu'ils viennent se canter, comme pour rechercher une petite parenthèse de douceur et de partage. Et donc j'ai eu la possibilité d'avoir ce lieu magnifique, qui faisait d'ailleurs 150 mètres carrés, assez assez sympathique et énorme, pour en faire un lieu de vie, donc boutique et salon de thé, éphémère, pour tester un peu le concept. Et puis je me suis dit, bon, je verrai si je reprends plus tard l'idée, mais cette fois de façon stable. Et bon, quand je vois la conjoncture, les coûts, ça me freine un peu, mais bon, on verra. C'est en réflexion.

  • Ramata

    Et du coup, cet espace, j'imagine qu'en termes de décoration, de merchandising, tu as eu l'opportunité, même si c'était un espace éphémère, de pouvoir apporter ta pâte, de le personnaliser. Toi, tu avais déjà des idées de quel aspect tu voulais qu'il ait ce salon de thé ?

  • Maĩmouna

    Oui, oui, tout à fait, oui. Là-bas, je n'ai pas été jusqu'au bout de mes idées parce que comme c'était un lieu éphémère, Mais l'idée, c'était d'avoir vraiment un côté naturel, brut un peu, mais avec des petites touches de green, donc de verdure, aussi tournées vers l'Afrique, avec des visuels, des photos qui évoquent l'Afrique, des accessoires, ainsi de suite. J'allais chercher soit au Sénégal, en Guinée, pour vraiment amener une touche africaine. Et aujourd'hui, l'idée à travers Kanté, c'est vraiment d'arriver, en tout cas, à dépasser ce côté, même juste guinéenne que je suis. On est une maison de thé d'Afrique et j'ai envie qu'en venant chez Kanté, on découvre l'Afrique. Donc, ça m'amène aussi, moi, à être beaucoup plus ouverte, à être un peu plus curieuse, à aller chercher ce qui se passe du côté de l'Afrique du Nord, du côté de l'Afrique de l'Est, l'Afrique du Sud, ainsi de suite. Aujourd'hui, je travaille avec plusieurs pays, que ce soit le Rwanda, le Malawi, le Kenya, le Togo, le Maroc, la Côte d'Ivoire. Et à partir de janvier, on va travailler aussi avec l'Ouganda et la Tanzanie. Et donc plus tard, en tout cas, si on ouvre un lieu, c'est vraiment un lieu qui va changer de visage de temps à autre pour en faire un petit tour du continent africain.

  • Ramata

    On retrouve un peu cette notion d'Africatour qui m'échappe, parce que ça traduit vraiment le fait que, quand on parle d'Afrique, c'est un mot raccourci qu'il est important de mettre en avant, mais derrière, il y a 54 pays avec des identités, des spécificités qui sont vraiment importantes à souligner. C'est pour ça que c'est important de vraiment préciser les choses et l'idée d'un tour. c'est vraiment important pour pour gagner en connaissance sur ce qui peut exister, se passer sur le continent. Maintenant, j'ai envie d'en venir à... Donc, on sent en tout cas que dans ta manière de développer ta marque, il y a vraiment cette idée de... Donc, j'ai cette idée de thé. Au départ, c'est assez, on va dire, général. Et puis après, il y a cette volonté de se concentrer sur l'Afrique. Il y a toujours des projets dans le projet, en fait. Après, il y a l'histoire des ateliers. Puis après, il y a le salon de thé éphémère avec éventuellement un projet de lieu fixe, de l'adresse fixe. Et puis, il y a aussi cette volonté d'enrichir la collection de thé en allant toujours être présent, en travaillant en tout cas avec différents pays d'Afrique. Donc, tu viens de clôturer une campagne de... Crowdfunding via la plateforme Ulule. Je voulais que tu nous parles un petit peu de cette étape du développement de ta marque.

  • Maĩmouna

    Oui, c'était un challenge. C'était un challenge cette campagne, mais elle s'est bien clôturée, donc ça c'est bien. Et je rends grâce à Dieu pour cela, mais aussi ça m'a confortée dans l'idée que ce projet avait pleinement sa place. parce que En allant faire cette campagne, je me remettais un peu en déséquilibre en disant, bon, je vais aller voir qui me suit. Est-ce que cette marque est finalement soutenue ? Est-ce qu'elle a sa place, même si ça fait cinq ans qu'on existe ? Mais là, on remettait un peu le compteur à zéro et moi, je ressentais ce besoin, le besoin d'évoluer. Donc, c'était en septembre qu'on a célébré les cinq ans de la marque. Et je me suis dit, bon, cinq ans, il est temps de changer. Il est temps de passer à la vitesse supérieure. Je voulais vraiment apporter quelque chose de nouveau à la marque Kanté. Donc, en changeant de packaging, en créant une nouvelle gamme, notamment de thé en sachet qui n'existait pas chez Kanté et qui était beaucoup demandé. et qui est en tout cas jusqu'à aujourd'hui planté et autofinancé. Et donc je me suis dit, au lieu d'aller courir après de potentiels investisseurs et autres, je vais lancer une campagne et aller demander à la communauté et à tous ceux qui adhéreront à ce projet de me rejoindre pour ensemble passer à la vitesse supérieure. Et donc là aussi, c'était une façon de venir célébrer ces cinq ans qui sont passés. Et donc, j'ai eu l'idée de créer une collection qui s'appelle Queen of Africa. Parce que pour moi, 2025 a aussi été un peu une année de renaissance. Et il faut rendre grâce pour tout ce qu'on arrive à faire. Donc, Queen of Africa, je me suis dit la puissance féminine à travers cette création. et donc aller chercher des figures fortes féminines sur tout le continent africain, que ce soit au Maroc, donc l'Afrique du Nord, en Afrique de l'Est, l'Afrique centrale, l'Afrique de l'Ouest avec la Queen Yenenga, l'Afrique du Sud avec la Queen Mouyadi. Au-delà du thé, je voulais aussi raconter une histoire. Quand on demande souvent à des jeunes femmes africaines quelles sont vos figures féminines ou vos modèles. On a tendance à aller très rapidement aux États-Unis ou ailleurs, mais il y a eu des femmes puissantes en Afrique, et donc souvent oubliées. Et donc à travers cette collection, je voulais aussi faire un clin d'œil à ces figures féminines fortes, comme une invitation à celles qui recevront une boîte de Queen Mojaji, ou de Queen Yenenga, ou Queen Poku, à aller chercher derrière qui elle était, son parcours, qu'est-ce qu'elle a pu faire, ainsi de suite. Et donc du coup, on lance cette campagne pour aller chercher une enveloppe de 10 000 euros. pour créer la gamme de thé en sachets. Parce que je voulais lancer du thé en sachets, mais je ne voulais pas lancer n'importe quel sachet. Chez Quintet, j'ai toujours eu à cœur d'avoir une démarche environnementale et aussi sociétale. Donc nos premières boîtes étaient issues de papier recyclé, biodégradables, elles étaient rechargeables. Et là, je voulais aussi des sachets qui répondent un peu à ces normes. Donc j'ai opté pour des sachets biodégradables et compostables qui n'ont pas été faciles à trouver, à mettre en place. Et donc je me suis dit, ok, on va lancer cette campagne et profiter de l'occasion pour aussi changer nos packagings actuels. Passer à la vitesse supérieure, affirmer notre positionnement haut de gamme totalement et donc amener des boîtes métalliques avec la couleur un peu gold, un peu dorée. Le jaune canté qui évoque le soleil pour moi et qui évoque aussi l'or, la richesse africaine. Et donc, je me suis dit, tiens, on va changer. Mais pour ça, j'avais besoin qu'on me rejoigne et le faire ensemble. Donc, j'ai décidé de lancer la campagne pour partager cette vision. Et par la grâce de Dieu, ça a été accepté. Et donc, on a validé la campagne à 100%. Maintenant, on est en production. pour cette nouvelle gamme.

  • Ramata

    Félicitations pour la récite de ta campagne de crowdfunding. Et puis, ce que j'ai envie de te demander là, c'est, en fait, on sent qu'il y a une réflexion de fond sur, après cinq ans, des nouveaux objectifs que tu te fixes pour pouvoir faire évoluer la marque. Et du coup, est-ce que ces réflexions-là, tu les fais seules ou est-ce que tu travailles avec... Voilà, est-ce que... Tu as des personnes dans ton équipe avec lesquelles tu réfléchis à passer à une étape, on veut affirmer un positionnement haut de gamme. Le crowdfunding, c'est le bon levier à actionner à ce moment-là. Est-ce que c'est toi qui cherches les infos seul et qui mets en place, qui mets en œuvre ? Ou est-ce que tu as des conseils, des membres de ton équipe qui t'accompagnent ? et de l'extrême. travaillent avec toi sur les décisions stratégiques, en fait, et puis ensuite leur mise en œuvre.

  • Maĩmouna

    Alors, en général, c'est moi qui lance. Je viens, je déballe mes idées. Et puis, ensemble, on essaye d'affiner, de voir un peu comment on peut le faire. Donc oui, j'ai des conseils. Je m'entoure de personnes avec lesquelles j'essaie d'évoquer et de mettre un peu au clair mes idées. Et ça, ça m'a beaucoup aidée, notamment pour cette campagne, parce que moi, j'avais une idée qui était là, brute. Il a fallu l'affiner et le réaliser ensemble. Donc là, cette campagne, c'était vraiment un travail d'équipe, totalement.

  • Ramata

    Toi, aujourd'hui, justement, au niveau de cette équipe, tu as quel type de profil ? Tu travailles avec combien de personnes ? Et comment est-ce que ça s'articule ? Est-ce que c'est plutôt des commerciaux ? Est-ce que c'est plutôt des gens au marketing ?

  • Maĩmouna

    Alors, marketing, beaucoup. Commerciaux, j'en ai eu. Et là, je vais en recruter prochainement. Mais plus dans la communication. La communication et puis, bon, une partie un peu finance pour aller ficeler tout ça. C'est beaucoup axé sur la communication en ce moment. On travaille beaucoup plus là-dessus, donc des personnes qui m'accompagnent sur la stratégie, mais aussi je me fais entourer de photographes, de vidéastes, qui viennent donner un peu vie à ces projets, à ces idées-là, parce que je suis assez... je sais ce que je veux, et j'essaie d'amener, en tout cas mon équipe, à me suivre dans ces idées-là. J'ai vraiment décidé de faire confiance à mes intuitions. C'est comme pour cette gamme-là. Je ressentais quelque chose, pour moi c'était vital. Il fallait le faire. Et donc on m'a dit non, non, non. J'ai dit non, il faut y aller, il faut y aller. Maintenant, comment ? C'est ce qu'on doit voir ensemble, mais je sais qu'il faut y aller. Et après, je suis ouverte au conseil, mais mon idée est là. On essaye de voir comment on peut l'améliorer, en tirer le meilleur. Mais il est hors de question d'arrêter. Il faut qu'on continue. Donc, du coup, une fois cette partie dite, maintenant, on essaye de trouver les bonnes solutions. Mais je n'ai plus envie de douter. Je doute beaucoup. Je me remets énormément en question. Mais j'essaye d'écouter cette petite voix. Ce n'est pas toujours, ça n'a pas toujours été le cas. Mais j'essaye vraiment de m'écouter et après d'aller l'affiner.

  • Ramata

    Dans ce que tu dis, on sent que parfois, les idées que tu peux avoir, tu peux avoir des personnes de ton équipe ou des personnes à qui tu en parles qui n'adhèrent pas forcément parce que tu peux avoir peut-être une tendance à penser, l'expression en anglais, outside the box, c'est-à-dire ne pas faire comme les autres, faire des choses différentes. aller pousser vraiment au-delà des idées qu'on peut voir habituellement. Et donc, du coup, en face, tu peux avoir des gens qui sont un peu réticents, qui disent, bon, là, c'est peut-être que tu vas un peu trop loin. Et est-ce que c'est ça que tu vis ou est-ce que c'est autre chose ?

  • Maĩmouna

    Oui, parce que souvent, moi, j'ai tendance à vouloir aller tout de suite à l'essentiel. Et comme pour la campagne, par exemple, j'avais une idée en tête, c'était très clair. Mais pour moi, ça allait être un peu plus brut. Et donc, on m'a dit non, si on doit le faire, OK, il faut faire ci, ça, ci, ça. L'idée est bonne, mais la façon dont tu veux l'amener est un peu directe et ça manque de cadre. Donc, ça, souvent, il y a besoin de recadrer, de modifier un peu, en tout cas, la façon de faire. Et ça, je suis totalement ouverte à l'amélioration de mes idées. Une fois qu'on les fait, c'est ce qui m'importe moins. Le reste, je peux accepter qu'on le change, qu'on le modifie. On a les mêmes objectifs, c'est d'arriver à nos fins, de valider des choses. Donc, j'écoute et je suis la cadence.

  • Ramata

    Très bien, donc voilà, tu as tes idées. Mais après, l'idée, c'est qu'effectivement, il faut travailler en bonne intelligence, comme tu le dis, pour atteindre le même objectif. Donc là, ce que tu évoquais, c'est que la campagne de crowdfunding a été un succès. Tu as pu récolter les fonds. Et là, j'imagine que tu es dans la période de préparation des commandes qui ont été passées par les différents contributeurs.

  • Maĩmouna

    Oui.

  • Ramata

    Et l'objectif en termes de livraison, c'est pour les fêtes, c'est début 2026 ?

  • Maĩmouna

    Non, c'est pour les fêtes. Là, l'idée, c'est de livrer tout un chacun avant le 10 décembre.

  • Ramata

    D'accord. Donc on est vraiment dans une logique, tu as travaillé la campagne pour qu'elle puisse être envisagée un petit peu comme cadeau de Noël et que vraiment les contributeurs puissent partager un moment festif à l'occasion des fêtes de fin d'année.

  • Maĩmouna

    Oui, l'idée c'était qu'ils reçoivent leur coffret ou boîte de thé avant les fins d'année, qu'ils aient aussi la possibilité d'offrir cette nouvelle collection en fin d'année. Et donc, on a mis en place plusieurs types de coffrets. L'idée pour moi, c'était de dire, anticipez vos cadeaux de fin d'année. Et là, vous serez les premiers aussi à recevoir ces produits, cette nouvelle collection, et de pouvoir l'offrir ou de vous l'offrir.

  • Ramata

    Très bien. Toi, c'est malin, en tout cas en termes d'organisation, de se dire, on profite d'un moment où de toute façon, le consommateur, il peut potentiellement être intéressé. Toi, depuis le début du développement de la marque au niveau du thé, tu as identifié des périodes comme ça, charnières, qui sont des périodes pendant lesquelles les ventes de thé sont plus importantes que d'autres ? Ou est-ce que c'est plutôt régulier tout au long de l'année ?

  • Maĩmouna

    Non. Déjà, il y a la saisonnalité. Quand il fait froid, on consomme plus de thé. C'est-à-dire que même ceux qui ne sont pas grands consommateurs s'y mettent. Et donc l'été, c'est assez calme. Ça, je le vois. L'été, le thé chaud, les ventes baissent. L'hiver, ça reprend. Et les fins d'année, comme pour beaucoup d'activités, novembre, décembre, janvier, c'est la grande période. C'est où on double, on triple les ventes. Et puis, le long de l'année, ça se lisse un peu. Mais il y a une réelle saisonnalité dans la consommation et dans les ventes de thé, oui.

  • Ramata

    Donc j'imagine que la campagne de crowdfunding a vraiment été pensée pour être à la période la plus stratégique pour la vente de thé.

  • Maĩmouna

    Oui, surtout avec un délai où on devait livrer pour décembre. C'était mieux de le faire ainsi. C'était aussi un challenge parce que septembre, c'est le mois où les gens ont sorti beaucoup d'argent, sont déjà rentrés de vacances, ont eu à payer les fournitures pour la rentrée. C'était un peu tendu. mais là aussi je n'avais pas d'autres options si j'écoutais, on l'aurait fait après mais j'ai dit non, non, non il faut y aller parce que si on veut livrer en décembre pour moi c'était que les gens aient ça comme des cadeaux de fin d'année attendre En novembre, pour le lancer, on ne pourra pas honorer notre engagement. Et donc, pour moi, ça ne servait pas à grand-chose. De dire, commandez, vous serez livrés en janvier, ce n'est pas bon. Et donc, on a pris le risque de lancer en septembre, fin septembre, pour clôturer fin octobre. Même si on sait que septembre, c'est un mois où il ne faut pas trop solliciter les gens parce qu'on a fait beaucoup de dépenses. mais C'était important pour nous de le lancer à ce moment-là. Donc, on a été.

  • Ramata

    Très bien. Non, non, mais c'est clair que c'est tout l'enjeu et c'est bien d'insister. Avec une campagne de crowdfunding, il y a tout un enjeu de, pendant une période donnée, réussir à convaincre des contributeurs de participer, de faire des précommandes. Et puis, donc, il y a toute cette période-là de campagne. Et puis après, il y a la... Une période où il faut tenir ses promesses, c'est-à-dire livrer à temps. Et donc, c'est vraiment stratégique de choisir la date à laquelle on lance sa campagne, la date à laquelle la campagne se termine, et puis être sûr qu'une fois qu'elle est terminée, on va avoir suffisamment de temps pour livrer à la date promis au consommateur. Et surtout toi, quand tu sais qu'il y a une problématique de saisonnalité, c'est vraiment ambitieux. Toi, cette période-là, comment tu l'as vécue ? Est-ce que ça a été un stress, je ne vais pas dire permanent, mais en tout cas pour avoir accompagné des marques sur des projets de campagne de crowdfunding, je sais que c'est en général un gros challenge et c'est du stress jusqu'à ce que la campagne soit fin, avant que la campagne soit lancée et jusqu'à ce que la campagne soit terminée.

  • Maĩmouna

    Ah oui, beaucoup. C'était un yo-yo émotionnel, vraiment. C'est wow. C'était beaucoup de pression, beaucoup de stress, parce qu'encore une campagne pour une marque qui teste son marché, j'ai envie de dire ça va. Si ta marque n'est pas lancée, tu fais une campagne pour lancer une gamme, c'est stressant, mais je peux dire que c'est encore acceptable. Mais Kanté existe déjà depuis cinq ans. On est distribué aux Galeries Lafayette, on est au BHV et dans d'autres enseignes, dans des boutiques de musées. Ce n'est pas une nouvelle marque qui veut juste tester un produit. Donc valider cette campagne pour nous était importante. Il fallait la valider parce que ça renvoyait un message derrière. Et donc pour moi, c'était assez stressant quand je voyais des jours où ça se calmait. Wow ! Ça jouait avec mes émotions. Tantôt, je suis contente parce qu'il y a eu de beaux paniers et le lendemain, ça se calme comme si personne ne voit ce qu'on fait. C'était un sport et ça m'a appris beaucoup de choses. Donc oui, derrière les posts, les vidéos où je souriais, oui, mais j'étais remplie de... ça bouillonnait autour de moi. Et un mois, donc, c'est un vrai sport. Ce n'est pas banal une campagne. Ça demande assez d'énergie et il faut tenir. En fait, ça se fait sur la durée. Il faut tenir parce qu'il y a des moments où on a envie de baisser les bras. Et c'est surtout pas... Il ne faut pas le faire. Il faut aller, il faut continuer. Même quand c'est dur, il faut continuer à avancer. Donc, finalement, avant la fin, on a pu le faire. Et on a été chercher encore plus loin. Ça, c'était bien.

  • Ramata

    Encore bravo, parce que c'est vrai que c'est, comment dire, la campagne de crowdfunding, c'est un enjeu assez important. Et là, en fait, dans ta réponse, tu as répondu à une question que j'allais te poser, c'était justement, où est-ce qu'on peut trouver les Técanthés ? Donc, tu évoquais les Galeries Lafayette.

  • Maĩmouna

    Oui. Aujourd'hui, les thé Canté sont sur notre boutique en ligne, www.canté.paris. Mais on peut les retrouver au Galerie Lafayette Gourmet, que ce soit en physique ou sur leur site internet. On les a aussi au BHV dans le Marais, en ligne chez Nature et Découverte, ou sinon au Quai Branly et bientôt dans d'autres boutiques de musées. dans des épiceries fines et concept stores, que ce soit en Ile-de-France ou à Paris. On les cite d'ailleurs sur la page web. Nos points de distribution sont cités. Et là, je rentre de Dakar hier, où j'ai été faire pas mal de prospections pour aussi essayer de commencer à distribuer Kanté en Afrique.

  • Ramata

    Ok, très bien, parce que l'idée c'est qu'aujourd'hui la marque n'est pas encore distribuée en Afrique, c'est ça ?

  • Maĩmouna

    Non, elle a été distribuée au Burkina pendant un moment, mais on n'a pas continué le partenariat. Et là maintenant, avec cette nouvelle gamme, je pense que c'est un produit qui répond totalement à la demande. Et j'ai opté pour le Sénégal comme premier pays pour introduire les thé cantés en Afrique.

  • Ramata

    Très bien. Écoute, on a hâte de voir l'évolution de la marque avec une perspective sur l'Afrique pour en 2026, on peut imaginer.

  • Maĩmouna

    C'est ça,

  • Ramata

    oui. Écoute, on arrive à la fin de cette interview. Moi, j'ai été ravie de pouvoir échanger avec toi et d'en savoir davantage sur ton parcours entrepreneurial. et sur la maison Kanté. Moi, je te dis, écoute, à très vite, en Afrique ou ailleurs.

  • Maĩmouna

    Eh oui, à très vite, oui. Merci à toi, j'ai été ravie de partager ce moment.

  • Ramata

    Un plaisir partagé. Écoute, on se voit très bientôt pour un thé, j'ai envie de te dire.

  • Maĩmouna

    Avec grand plaisir. Un ataya.

  • Ramata

    Exactement. Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation de Maïmouna

    00:00

  • Parcours de Maïmouna et création de la maison Kanté

    01:45

  • Éducation et premiers pas dans l'entrepreneuriat

    03:18

  • Réflexions sur la création d'entreprise et l'éthique professionnelle

    06:09

  • Lancement de la marque de thé et identification des défis

    16:50

  • Lancement de la campagne de crowdfunding et ses enjeux

    29:44

  • Retour sur la campagne de crowdfunding et le développement de la marque

    40:56

  • Distribution des thés Kanté et plans d'avenir

    58:31

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