- Violaine
En entreprenant sur le continent africain, je m'attendais à avoir un peu les clichés de l'Afrique, des janteurs, du manque de réactivité ou des finitions de moindre qualité et ça n'a pas du tout été le cas. Donc ça franchement, je rends hommage à notre super continent.
- Ramata
Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar... ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité, trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode. parisienne et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Violaine Bessania. Elle est designer et a fondé la marque Atelier 22B. Elle imagine des pièces de décoration uniques qu'elle fait fabriquer en édition limitée en Afrique de l'Ouest avec des artisans locaux. Elle a récemment présenté sa dernière collection à Paris lors de l'ACAFER, la Foire d'art contemporain africain en France. Je l'ai invitée aujourd'hui pour qu'elle puisse nous parler de son processus créatif, de sa marque et de ses ambitions pour l'avenir. Bienvenue Violaine. Comment vas-tu ?
- Violaine
Bonjour Amata, ça va très bien, merci beaucoup, merci de me recevoir.
- Ramata
Écoute, je suis ravie de pouvoir échanger avec toi. On s'est rencontré à la foire d'un contemporain il y a quelques semaines de ça et puis on s'est organisé pour enregistrer cet épisode. Donc l'idée c'est que tu puisses nous raconter un petit peu ton parcours. Moi j'aime bien commencer par qu'est-ce que tu as étudié, comment est-ce que tu as fait, T'es venue cette idée de marque et puis après, on avance sur quelles sont les évolutions et les perspectives d'avenir avec toujours ce voyage entre Paris et l'Afrique qu'il me semble, toi, tu fais régulièrement. Donc, ça va être intéressant de pouvoir échanger avec toi aujourd'hui.
- Violaine
Mais volontiers.
- Ramata
Je vais te demander de te présenter.
- Violaine
Alors, moi, comme tu l'as dit, je suis Violaine Bessagna, je suis designer. Ce qui me caractérise, c'est que je suis franco-sénégalaise. Et... Tu l'as aussi évoqué, je suis mariée à un Ivoirien, donc j'ai un lien très fort avec la Côte d'Ivoire depuis de nombreuses dizaines d'années, depuis 18 ans. Je m'y rends très régulièrement et j'aime à parler de l'Afrique de l'Ouest dans son ensemble, donc j'ai un lien très fort avec l'Afrique de l'Ouest que j'ai bâti et entretenu depuis très jeune. Ce qui me caractérise aussi, c'est que j'ai eu une première cranche de vie. exclusivement au service d'entreprise du CAC 40. Pendant 12 ans, j'étais uniquement dans des multinationales, dont les 7 dernières années en tant que manager chez KPMG. Et puis, j'ai vraiment eu envie de revenir à mes racines créatives et africaines. Et donc, j'ai fondé Atelier 22B. Et donc, oui, c'est vraiment une entreprise qui répond à mes valeurs et mes aspirations. Et pour la petite histoire, moi, dès la primaire, j'étais en option menuiserie. J'ai toujours eu cette fibre. créatifs et j'ai des cahiers pleins de designs qui prennent vie au fil de mes voyages et des liens que je tisse avec les artisans même dans ma vie d'avant. Atelier 22B, c'est un formidable terrain de jeu pour explorer tous ces designs et les lancer et les donner à voir au monde et pas uniquement à mon cercle privé.
- Ramata
Très bien, merci pour cette présentation super claire. Du coup, j'ai plein de questions qui me viennent, donc ça va être super intéressant. Ce que j'aimerais, c'est revenir sur le fait que tu dis que toi, tu as d'abord travaillé pour des multinationales du CAC 40. De ce que je comprends, tu as toujours eu un côté créatif qui était présent. À partir de quel moment est-ce que tu fais une transition ? Parce que j'imagine que tu es dans des sphères, dans des milieux qui sont totalement différents aujourd'hui avec la création d'Atelier 22B.
- Violaine
Oui, absolument. Le grand saut, il a eu lieu en 2021. Moi, comme beaucoup, après le Covid, après la trentaine, après avoir eu des enfants, je me posais la question du sens et de l'impact que j'avais, au service de quoi je mettais mon énergie et mes compétences, parce que c'est des métiers où on donne de toute sa personne, que ce soit en termes de temps, d'énergie. Et donc, je me posais la question au service de quoi je mettais tout ça. Et donc, j'ai pris une grosse année pour réfléchir. Je suis allée dans des ateliers, j'ai beaucoup de copains artistes aussi, donc j'ai beaucoup peint des toiles que vous ne verrez jamais. Mais en fait, au terme de cette année, est vraiment apparu comme une évidence le fait que j'avais cette... Au-delà de l'aspect créatif, j'aimais créer un projet, au sens vraiment gérer un projet avec pas mal de parties prenantes et une partie un peu plus... complexe que simplement moi face à ma toile qui me dévoilait un peu trop. Il y avait un côté très intime que je ne m'explique pas mais en tout cas moi je me reconnais beaucoup plus dans cette gestion de projet où en fait j'embarque des groupements d'artisanes de réfléchir autour de la posture que j'adopte avec elles. On a mis en place une mutuelle, un projet avec plein de ramifications qui est aussi assez complexe on va dire la vérité sur la partie logistique, packaging et toute la partie marketing derrière. mais qui pour moi correspond au mécanisme de travail que j'ai bâti jusqu'à présent.
- Ramata
Très bien. Si on revient un petit peu à l'enfance, tu évoquais le fait que toi tu avais fait option menuiserie, je ne sais pas si tu l'as formulé comme ça, donc le côté créatif ça a toujours fait partie de toi. Est-ce que tu peux nous parler un petit peu de ça en fait ? tout au long de ta vie, toujours garder un côté, je crée des choses, je peins, j'ai une fibre artistique.
- Violaine
Oui, alors ça fait lien aussi avec... Quand tu disais j'ai fait un grand saut, j'ai fait deux sauts. En fait, j'ai fait le saut dans la sphère créative et aussi dans la sphère africaine. Et je pense que ça, c'est deux choses qui sont des parties très importantes de mon identité, mais que j'ai un peu laissé de côté, en tout cas, on va dire d'un point de vue officiel, sur LinkedIn. pour le dire de façon simple, dans cette première trompe de vie, alors que vraiment, dès la petite enfance, c'est des valeurs très fortes qui m'ont été inculquées, que ce soit d'ailleurs aussi sur la partie engagement, créativité ou Afrique, qui nous ont été transmises très fortement dans le cadre de notre éducation. Donc moi, mon père est Sénégalais, on a des liens très forts avec le Sénégal, on s'attache à y aller régulièrement et à garder des liens très forts avec la famille. Pareil sur la partie artistique. Je sais que c'est tous les week-ends, mais vraiment systématiquement, et c'est vraiment un automatisme que j'ai gardé, que j'essaye de transmettre aussi à mes enfants. On va voir des expositions, rencontrer des artistes, comprendre des démarches créatives, et je pense que ça forge une identité, ça ouvre beaucoup sur le monde. Je crois aussi que c'est prouvé par des études très sérieuses. Pour changer le narratif autour d'une région, ça passe par la langue, mais aussi par la culture. Quand on parle de software, Power, c'est ça. Souvent, il y a beaucoup d'argent qui est mis sur la table pour les armes et d'autres choses beaucoup plus hard, mais en fait, on sait que sur le long terme, ce qui impacte, c'est vraiment la langue et la culture. Et donc, je crois aujourd'hui que pour changer le narratif autour de l'Afrique, ça passe très fortement par la culture. Et ça, c'est quelque chose que je construis avec Atelier 22B, mais qui a toujours fait partie de mon ADN et qui, moi, m'a aussi beaucoup impactée dans ma vision que j'ai de l'Afrique. à travers sa culture et les offres d'industries créatives qu'elle propose. Donc voilà, amenez vos enfants au musée.
- Ramata
Alors j'ai envie de revenir sur cette notion de changer le narratif, qui est de soft power. Qu'est-ce que ça signifie exactement pour toi ? Pourquoi est-ce que pour toi, cette dimension-là, elle est importante ?
- Violaine
Je pense qu'en étant enfant... Donc moi, je suis née, j'ai grandi en France. Comme je dis, je suis issue de la diaspora et j'ai quand même eu cet ancrage très fort dans l'éducation d'où on vient. On m'a beaucoup inculqué les valeurs, on est beaucoup retourné au pays et c'est une part très importante de mon identité. Et je vois bien dans les médias la façon dont le narratif autour de l'Afrique évolue. Je pense qu'on est à un moment assez charnière de l'histoire. En tant que Sénégalaise aussi, je pense que sur la scène géopolitique... En Afrique de l'Ouest, de façon générale, il y a plein de choses qui changent actuellement. Et je pense qu'en étant enfant issu de la diaspora, on a tous notre partition à jouer dans cette bascule, pour le meilleur, bien sûr. Comment je peux te dire ça ? Je ne sais même pas comment répondre, parce que pour moi, c'est vraiment une évidence. Il y a une expression canadienne qui dit mettre l'épaule à la roue Ça veut dire vraiment que tout le monde doit un peu ajouter sa contribution pour que ça avance dans le bon sens. Je pense que c'est le moment où on doit contribuer. On voit aussi tous les changements qui se passent en Occident. Et je pense que c'est hyper important que chacun contribue à sa hauteur, à cette bascule qui est en train d'opérer l'Afrique de l'Ouest.
- Ramata
Très bien. Maintenant, tu décides de créer Atelier 22B et tu évoques un peu l'après-Covid, un moment un peu charnière de la trentaine. L'après-Covid, je décide de me lancer. Est-ce que tout de suite, tu as l'idée de créer une marque et tu as des idées de t'affirmer en tant que designer ? ou est-ce qu'il y a un cheminement ? Alors tu évoquais, tu as pris le temps d'y réfléchir. Comment se fait ? Qu'est-ce qui se passe pendant cette période où tu réfléchis à la conception de cette marque ?
- Violaine
Je pense que la conception de cette marque, c'est le fruit d'une mûre réflexion qui était un peu sous-jacente, comme je l'évoquais avant, autour de la réflexion du sens et de l'impact que je donnais à mon activité, on va dire, de la journée, mon activité professionnelle. Mais... Du moment où j'ai décidé de lancer, je trouve que ça allait remarquablement vite et de façon très fluide, malgré les warnings que peuvent mettre dans la tête la société, le fait que je sois une femme, que je sois considérée comme blanche parce que je suis métisse, que je sois considérée comme très jeune parce que je suis toujours considérée comme très jeune dans des sociétés qui restent quand même relativement patriarcales. Et finalement... En mai 2023, lors d'un voyage au Sénégal, mais comme je le fais habituellement, je suis allée voir mes artisans, sauf que cette fois, j'avais ma petite idée derrière la tête. J'ai lancé plein de prototypes et j'ai tout de suite vu. Et donc, j'ai fait un genre de speed dating, on va dire. C'était hyper efficace, hyper optimisé. Les gens me disaient, non, mais en fait, en trois jours, tu vas réussir à rien faire. Et en fait, sur trois jours, j'ai rencontré énormément d'artisans. Et je vois aussi la force du lien, de la rencontre en speed dating, en présentiel. J'avais mes fameux calepins noirs avec tous mes designs et je leur disais, Ok, toi tu as telle technique, tu vas faire ça. Non, mais en fait ça c'est pas possible, parce que oui, l'un des enjeux d'Atelier 22B, c'est vraiment de détourner pour mieux célébrer. Et ce qu'on dit, c'est qu'on fait des pièces qui sont innovantes, élégantes et responsables. On pourra revenir sur la partie responsable. En tout cas, innovante, ça veut dire que je ne vais pas acheter des choses pour les revendre. C'est vraiment le fruit d'une co-construction. Donc moi, je leur montre à partir de la technique qu'eux maîtrisent, qui est souvent une technique ancestrale. un design qui va vraiment changer. Donc déjà, je capte si la personne est encline à développer quelque chose de nouveau, si elle est ouverte à travailler sur des nouveaux produits, des nouvelles façons de faire et une autre vision. Et donc voilà, j'ai rencontré tous des artisans et des artisanes, je travaille surtout avec des femmes, en leur expliquant très clairement quelle était ma vision à date. Évidemment, cette vision doit être amenée à évoluer, mais en tout cas, je leur ai dit en transparence ce que je voulais faire. j'ai lancé les prototypes et en fait ceux avec qui ça a fonctionné, c'était parti. Et ça a été hyper fluide et la qualité était vraiment au rendez-vous. Et donc voilà, de là, j'ai lancé une première collection qui est un peu la collection test pour tester la chaîne de valeur. C'est-à-dire que, eux déjà de savoir si la qualité, je savais qu'elle était au rendez-vous sur les prototypes, mais est-ce qu'elle l'était jusqu'à la satisfaction client en bout de chaîne quand il y avait 50, 100 produits qui étaient commandés ? Et également toute la partie logistique, packaging et jusqu'à la satisfaction client. Donc en fait, c'est allé hyper vite parce que de cette décision de mai 2023, j'ai lancé quelques prototypes. En septembre 2023, on a lancé la collection. Et avec ça, tout le branding et la stratégie, c'était parti. Et ça a très bien fonctionné, puisqu'en fait, quelques mois plus tard, on a fait un pop-up au Gare de la Fayette. On est déjà présent dans une dizaine de... de concept store à Paris, mais aussi à Brooklyn, à Ibiza, et on a plein de demandes et j'en suis ravie.
- Ramata
Ok, bravo pour cette réussite, en fait, après un lancement qui est assez récent. Toi, est-ce que tu as fait des études, en fait, de design, de stylisme, de créa ?
- Violaine
Alors, moi, comme je disais, depuis toute jeune, je crée beaucoup, donc j'ai beaucoup d'amis créatifs, et donc au quotidien. Systématiquement, dans mon temps libre, je suis dans des ateliers, etc. Mais je dirais que sur tout ce qui m'a forgée, ça va être au quotidien de vraiment entretenir cette créativité par différents biais et on pourra y revenir. Et ensuite, j'ai fait une formation, moi, plutôt en design circulaire, qui est une particularité de... C'est vrai qu'on n'a pas trop parlé du côté responsable pour l'instant, mais ça, c'est vraiment quelque chose qui me tient à cœur. Et donc, la particularité du design circulaire, c'est que dès... La conception, on va réfléchir à l'ensemble de cycles de vie du produit, c'est-à-dire le choix de la matière première, réfléchir à un produit qui soit durable, qui ne soit pas juste saisonnier et tendance sur le moment, mais qui puisse évoluer sur des années et qu'on puisse l'entretenir de façon rapide, etc. Et jusqu'à la fin de vie du produit, pour que le matériau soit à la fois séparable et ou recyclable. Donc plutôt une formation en design circulaire.
- Ramata
Et toi en background, tu disais que tu avais travaillé pour des multinationales. Toi tu as des notions d'administration, de finance. C'était quoi ton background ? Ou c'était plutôt marketing ?
- Violaine
Oui, en fait moi j'ai fait une école de commerce assez classique. Et derrière j'ai intégré, oui, multinationales c'est un grand mot, mais en fait j'ai bossé pour Technip FMC qui est dans le... pétrole et le gaz, dans lequel j'ai exercé différentes fonctions à la RH, notamment la rémunération et les avantages sociaux, la gestion des carrières, les plannings de succession, etc. du top management. Et ensuite, j'ai intégré KPMG. KPMG, c'est une entreprise de consulting où moi, j'étais dans l'équipe People and Strategy. Toujours des termes un peu galvaudés, mais très concrètement, ça veut dire qu'on intervenait quand il y avait des grosses transformations, un type. Une entreprise qui fusionne, une entreprise qui en rachète une autre, une entreprise qui se sépare, ou un énorme changement de logiciel qui est le socle de l'activité pour faire que la transition soit la plus fluide possible. Et donc très concrètement, on sait que le consulting c'est beaucoup d'Excel et de PowerPoint, mais moi la partie qui m'animait c'était de bâtir des ateliers de co-construction avec les sachants, donc vraiment les métiers. Ça peut être une branche marketing, une branche finance ou achat. On intervenait sur différentes typologies de métiers en faisant intervenir des experts pour leur dire c'est quoi le futur de cette fonction, comment votre métier va évoluer et au regard de vos évolutions en interne, comment on se construit, quelle va être l'équipe de demain en termes d'objectifs, quelle est la vision à 5 ans et comment on se met en ordre de bataille pour arriver à cet objectif au niveau... de la RH, donc là ça va être des plans de formation, des plans de recrutement, mais aussi des plans de départ parfois malheureusement, au niveau opérationnel, donc quels sont les process qu'on met en place et comment on harmonise les process collectivement, parce que c'est eux les sachants, mais souvent chacun fait un peu sa tambourille, quelle est la meilleure façon d'y arriver, et on écrit de façon très pragmatique les process, on les partage, ensuite il y a tout un volet conduit du changement, et puis en termes de gouvernance, qu'est-ce que ça veut dire, qui va décider de quoi, voilà. On arrive à un niveau de granulat. En fait, on part de l'ambition, quelque chose d'assez macro et un peu de l'ordre du rêve pour atterrir à des choses qui sont hyper pragmatiques et actionnables.
- Ramata
Très bien. Donc, du coup, c'est plutôt un domaine totalement éloigné de la partie créa.
- Violaine
Oui, complètement. Mais c'est pour ça que moi, je dis, j'aime bien dire que c'est un genre de coming out sur LinkedIn. Au début, en fait, quand on est dans le secteur entrepreneurial, il y a un peu... ce truc de dire oui, on va faire un crowdfunding ou quelque chose. Et voilà, dans les milieux que je fréquente, les incubateurs, etc. Et je me dis, non mais moi, pas du tout. En fait, mon vivier LinkedIn ne va pas comprendre la transition de me voir au milieu de femmes. Parce que vraiment, les femmes avec lesquelles je travaille, elles sont dans des milieux hyper ruraux. On a des relations très proches. Donc même sur les photos, ça se voit qu'on est très proches. physiquement et puis évidemment la chaleur est dans, je suis en débardeur versus les tailleurs de la défense sans piterner le tailleur de la défense donc ouais non je disais non en fait moi je peux pas balancer comme ça sur linkedin faut que je fasse une transition les gens vont pas comprendre et tout et puis finalement en fait trop chouette je pense que les gens ont besoin d'exotisme, ont besoin de storytelling et ça a bien fonctionné mais c'était mes craintes perso tu sais les un peu les frayeurs, comment on dit, les blocages ou je sais pas quoi mais en fait, la transition, c'est très bien fait. Et je crois que les gens ressentent vraiment quand quelqu'un est aligné. Et j'ai vraiment plaisir à recevoir tous mes collègues et mes anciens boss sur mes événements. C'est toujours un plaisir et c'est rigolo pour eux.
- Ramata
D'accord. Donc, en fait, c'est une transition qui s'est faite assez naturellement, même si on pourrait, en fait,
- Violaine
a priori,
- Ramata
opposer tes deux vies, ta vie d'avant à tous les deux. Atelier 22B et ta vie de maintenant.
- Violaine
Ouais, je suis assez d'accord. Comme je te dis, c'était l'une de mes... En fait, que j'ai découvert, évidemment. Mais au moment d'appuyer sur le bouton, j'ai découvert un peu cette crainte en me disant, attends, mais là, c'est pas lisible. Parce que moi, j'avais un peu deux vies, entre guillemets. Il y avait la vie pro, mais souvent, c'est comme ça. Et puis, à la fin, j'étais quand même responsable d'une équipe de 17 personnes. Donc, en fait, il y a quand même ce truc de... Quand tu mets ta veste de tailleur... tu enfiles un peu ton costume de super-héros. Et ensuite, il y avait la vie à la maison, ou la vie en Afrique, la vie des voyages. Et là, j'ai un peu décloisonné les deux, j'ai l'impression, dans un espèce d'alignement. Et je pense que ça se ressent. Donc oui, la transition est fluide, mais il a fallu un peu enlever cette armure et dévoiler la vraie violette.
- Ramata
Je pense que la vraie, elle était déjà là aussi, mais c'était plus un... En tout cas, que la partie créative qui a toujours été là, mais qui était plutôt peut-être plus discrète, qu'elle prenne davantage de place dans ta vie professionnelle. Du coup, parce qu'en fait, le succès de la marque, on t'évoque le fait qu'aujourd'hui, elle est présente dans différentes boutiques, différents concept stores. Est-ce que le fait que tu as un background d'école de commerce et que tu as une certaine expertise, est-ce que tu penses que ça a contribué au développement de ton activité, indépendamment de ta créativité et la qualité des produits que tu proposes ? Sur la partie vraiment business model, est-ce que tu penses que ton background, il contribue et il aide à faire que ce soit un succès ?
- Violaine
Bien sûr. Moi, je pense que cette première tranche de vie, elle a été essentielle pour cranter des automatismes, notamment en termes de rigueur. Et ça, c'est quelque chose au quotidien qui accélère beaucoup les choses parce que je suis très valaise sur toute la partie business, Excel et compagnie. Je pense que pour faire le pont avec l'Afrique, vraiment ce qui me surprend toujours, mais vraiment dans le bon sens, moi, je suis assez... optimiste vis-à-vis de l'Afrique, je suis partie des African optimistes. Ce que j'adore en Afrique, de l'Ouest notamment, parce que je sais que ton podcast est plus large, et donc je voudrais ressembler, c'est la région que je connais le plus, c'est que quand tu as des gens en face de toi, quel que soit leur niveau, je parle de mes petites dames qui ne savent pas forcément écrire et lire, mais qui sont ultra pragmatiques, jusqu'à des gens dans des institutions... plus étatiques ou tu vois des gens plus officiels, quand tu serres la main, que tu regardes les gens dans les yeux et que tu leur dis que tu vas faire quelque chose et que derrière tu délivres et que tu sur-délivres, ça fonctionne et ça passe à l'étape d'après et ça peut passer à l'étape d'après assez rapidement. Versus, je pense, en Europe, où on est sur des processus un peu plus ankylosés, visqueux, où en fait, quand tu prends contact avec quelqu'un, il faut aller le revoir dans une semaine et puis ensuite tu fais un catch-up et tout. Je trouve qu'il y a cette vélocité en Afrique, en tout cas quand. t'es digne de confiance et que tu prouves en fait que t'es rigoureux je trouve qu'on te fait confiance et que ça va hyper vite donc dans ce sens là carrément je trouve que ça a été un accélérateur moi pour m'organiser à titre perso parce que on sait que aussi l'entrepreneuriat c'est des challenges et voilà aussi pour ma vie d'avoir un équilibre vie pro vie perso mais aussi d'accélérer dans le business c'est un super accélérateur d'avoir eu cette première partie de carrière où j'ai vraiment appris des méthodologies assez militaires. Et aussi, je pense, dans le regard des gens, ça crée la confiance, en fait, d'avoir cette rigueur et ce pragmatisme un peu chiffré et de pouvoir tenir ça sur le long terme.
- Ramata
Très bien, c'est intéressant d'évoquer cette partie-là parce que sur la partie créative, bien souvent, il y a des profils qui n'ont pas forcément ton background et c'est ce qui peut pêcher dans le développement. de certaines marques, de certaines idées créatives, c'est quand on n'a pas ce background très structuré, parce que les deux vont ensemble. Alors, toi, à la limite, tu réunis les deux compétences. Il y en a parfois, ils vont avoir un associé avec une personne qui est plus créative et une personne qui est plus sur la partie finance. Mais c'est vrai que c'est un élément clé. Maintenant, ce que je voudrais qu'on puisse évoquer, c'est... Atelier 22B, c'est des créations de pièces où tu vas travailler avec différents artisans. Et donc, tu as vraiment cette volonté d'aller trouver le meilleur atelier pour pouvoir produire un produit, pour pouvoir en tout cas aller créer une pièce bien spécifique. Est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu ton processus créatif ?
- Violaine
Je suis ravie de pouvoir évoquer cette partie-là, parce que c'est celle qui m'anime et qui me passionne. parler des artisanes avec lesquelles je travaille. Donc, en termes de processus créatif, moi, je dessine toutes les pièces ici à Paris, parce que je suis à Paris à l'année. Et ensuite, les pièces, elles prennent vie au Sénégal, grâce à des femmes. Donc, l'idée, c'est que j'ai des cahiers pleins de design et de croquis, etc. À la genèse d'Atelier 22B, je suis vraiment allée à la recherche pour sourcer des artisans d'excellence. Parce qu'à la base de tout, il y a quand même l'excellence du geste et la maîtrise du geste. Et sur cette base-là, on va dire que c'est des artisans qui disent des choses qu'on a l'habitude de voir sur les marchés traditionnels du continent, même s'il les est très bien. Moi, mon enjeu, c'était de les amener un peu ailleurs. Et donc, avec mes dessins, on est allé travailler sur des choses qui changent. Par exemple, les femmes qui sont expertes dans la vannerie, qui font des paniers habituellement, des paniers à linge ou autre. On est venu détourner ce savoir-faire pour en faire des luminaires. que tu as pu voir, notamment à la Foire d'art contemporain. Et donc, l'idée, c'est que ça les challenge systématiquement. Et donc, ces dames, moi, au-delà de l'aspect créatif, on a aussi travaillé sur la façon dont on allait travailler. Et là, j'ai un peu repris ma casquette avec la PMG, tu vois, les ateliers que j'évoquais juste avant, où on s'est vraiment assis. Et je pense qu'il y avait un vrai enjeu de posture aussi, parce que souvent, qu'on le veuille ou non, mais quand on est issu d'écoles de commerce et de multinationales, et même avec beaucoup de bonne volonté, même si tout le monde n'en a pas, mais même avec beaucoup de bonne volonté, on peut avoir une posture qui est un peu colonialiste ou un peu supérieure à racisme sur les bords ou que sais-je. Et donc l'idée, c'était vraiment de débunker ça. Je suis aussi accompagnée par l'Université africaine des savoirs de Feldwinsar. qui travaillent sur ces problématiques-là, et donc qui font un peu de recherche-action, on est un peu les cobayes. Mais donc l'idée, c'était vraiment de s'asseoir avec ces femmes, qu'elles connaissent ma vie, que je connaisse la leur, je connais leurs enfants, leur mari, etc. Et ne serait-ce que ça, déjà en Afrique, de se poser et de se connaître, c'est un premier pas vers une création qui est de qualité et qui est pérenne. Et deuxième pas, c'est qu'on a réfléchi ensemble sur la façon dont on voulait travailler, et... et notamment la propriété intellectuelle, le niveau de qualité, etc. et la rémunération, évidemment, le nerf de la guerre. Et autour de cette rémunération, on a décidé de mettre en place une mutuelle santé dans un pays comme le Sénégal où plus de 95% des gens n'en ont pas et donc ça fait une vraie différence pour elle et pour moi et pour notre relation de savoir à la fois que... en fait, elles sont très sereines parce que la tête de leurs enfants et de leur foyer sont assurées. De mon côté, je trouve que c'est un modèle assez vertueux parce qu'en tant que salariée française, moi, c'est quelque chose dont j'ai toujours bénéficié et presque que c'est de l'ordre du normal. Et donc, ça me fait très plaisir, mais aussi de façon très pragmatique. C'est quelque chose qui nous lie sur le long terme et on s'est vraiment tapé dans la main. Comme je disais, dès le début, je leur expliquais un peu ma vision pour Atelier Lindeby, etc. Mais il y a aussi cette modalité qui a un peu scellé notre alliance et se dire Ok, on se tape dans la main pour un bon bout de chemin parce que ça intègre des éléments de réassurance pour toute la famille autour de ces artisanes.
- Ramata
Donc là, ce que tu as évoqué, c'est que tu vas identifier des savoir-faire locaux auprès d'artisans en Afrique de l'Ouest et tu vas chercher à trouver des... des possibilités de collaboration à partir des idées que tu as dans tes cahiers. Donc, tu parlais d'étourner une expertise de vannerie où on fabrique plutôt des paniers, on va faire des luminaires. Est-ce que tu as d'autres exemples comme ça à partager ? En note de bas de l'épisode, je mettrai des photos et même avec l'article, je mettrai des liens vers des photos pour qu'on puisse voir ce que ça représente.
- Violaine
Oui, j'ai d'autres partenaires et au cœur de chaque création aussi, moi, quelque chose qui me tient vraiment à cœur, c'est de célébrer. la culture et les valeurs locales. Donc on lance deux collections par an, printemps-été-automne-hiver. Bien sûr, les collections de printemps-été sont plus solaires et vitaminées et les collections automne-hiver sont un peu plus dans les teintes automnales, neutres et feutrées, donc typiquement des noirs, alors on est sur des terracotta, verts foncés, etc. Quand en été, on n'est plus sur des jaunes, beige, qui pètent, blancs, etc. Et en fait, autour de ces collections, il y a vraiment le thème de... de la vie locale, de la célébrer. Donc typiquement, moi, j'ai fait des bougies en cale basse parce que c'est vraiment un objet hyper populaire qui sert à la fois de caisse de résonance de certains instruments de musique, d'outils de cuisine. C'est vraiment quelque chose qui fait partie du paysage populaire au sens positif du terme. On les a détournés pour en faire des bougies avec une cire coco-soja bio qui sont dorées à l'intérieur, ornées de pétales de fleurs. On a fait un parfum exclusif pour Atelier Lindebe en Pays de Grâce, etc. Donc vraiment donner des lettres de noblesse et encore une fois détourner pour célébrer cet objet du quotidien de l'Afrique de l'Ouest. On travaille également avec un collectif, enfin ce n'est pas un collectif d'ailleurs, c'est une association. de céramistes. Donc en fait, l'idée, c'est que c'est l'association des Colombains à Wacame. C'est un quartier à Dakar que je vous invite tous à aller visiter parce qu'ils sont adorables. Et donc, c'est une association qui a été fondée il y a une trentaine d'années par un potier de profession qui a eu l'ingénieuse idée de recueillir des jeunes sourmuets. Parce que souvent, en fait, ou en loin, de façon générale, quand on a un handicap, même mineur, On est vite marginalisés, voire à la rue, et pour le moins déscolarisés. Et donc ce potier a eu l'idée de recueillir ces jeunes pour leur apprendre un métier qui est noble, qui est celui de la céramique, pour qu'à leur tour ils puissent créer leurs propres ateliers et vivre du fruit de leur métier. Et donc c'est un atelier qui aujourd'hui fonctionne très bien, ils ont 20 postes de formation, et donc moi je travaille avec eux. D'habitude ils font des choses un peu plus basiques, des bols, des... des choses un peu plus basiques. Et moi, encore une fois, j'essaie de les amener ailleurs. Donc, on a par exemple notre vase emblématique, le vase Sérénité africaine, pour vous donner à voir un peu de façon sensorielle ce que c'est par le son. Notre vase Sérénité africaine, il est blanc parce que le blanc, ça symbolise la sérénité. Les grandes oreilles, ça va être la sagesse, l'écoute. De façon générale, il a une expression, donc c'est un masque africain qui est une expression faciale très... Très digne et paisible et sereine, donc il évoque vraiment quelque chose de serein, je ne sais pas comment le dire autrement. Il y a aussi d'autres symboliques comme la coiffure qui va venir symboliser la dignité, la couronne que chaque femme porte sur sa tête. Et puis on connaît la valeur symbolique des cheveux, de toute façon dans toutes les cultures. Ou encore les ornements, donc c'est un masque africain qui est paré de différentes... ornements au niveau du front, mais aussi des loups, il y a des colliers, etc. Et ça, c'est la transmission. Ça symbolise vraiment la transmission, ce qui se transmet de génération en génération de façon consciente ou inconsciente. Donc ça peut être les bisous de famille, on peut dire on transmet des bisous de famille, dans certaines ethnies, ça va être des scarifications qui sont faites au moment du passage à l'âge adulte, ou encore les valeurs tout simplement immatérielles, le patrimoine immatériel qu'on va transmettre de génération en génération. En fait, vous l'aurez compris, c'est plein d'images, plein de belles histoires autour de ces pièces. Et chaque pièce a vraiment une identité propre et une histoire qui évoque. En tout cas, on essaie à chaque fois d'être à la fois innovants, élégants et responsables.
- Ramata
Très bien. On pourrait écouter parler pendant des heures de décrire précisément chacun des éléments. qui constituent tes pièces, où on n'est pas juste, c'est un vase, là, dans tout ce que tu nous racontes, on sent que chacun des détails est réfléchi et pensé en profondeur. Moi, ce qui m'intéressait, c'est que tu puisses évoquer un peu l'étendue du périmètre à date d'Atelier 22B, parce que ce que je comprends,
- Violaine
c'est que,
- Ramata
en fait, ce sont des pièces qui sont... Ton périmètre, il est assez large, en fait. Tu as parlé de luminaire, tu as parlé de vase. Quelles sont les autres pièces ? Est-ce que l'on peut retrouver dans la marque Atelier 22B ?
- Violaine
Je te remercie de me poser la question, Ramata, hyper importante. On se lance dans le mobilier. Et donc ça, c'est quand même une bascule assez importante pour Atelier 22B parce qu'on est sur des volumes différents. Et donc c'est du mobilier qui a aussi une histoire, bien évidemment, parce que c'est dans l'ADN d'Atelier 22B. Donc c'est du plastique 100% recyclé. Donc dans cette dernière collection que tu as pu apercevoir à Aka, On a la chaise Espérance, qui est dans un vert très soutenu et très affirmé. C'est un vrai parti pris, qui est dans la collection qui rend hommage aux années 70, avec des codes un peu architecturaux des années 70, avec des arches, etc. qui est magnifique et qui est aussi belle que confortable, parce que ça, c'est vraiment quelque chose qui me tient à cœur. Comme je te disais, dans le design circulaire, un truc qui est important, c'est que ce soit confortable et facilement entretenable. En tout cas, on peut l'entretenir facilement avec un cru d'éponge. C'est un truc même qui peut vivre en indoor, à l'intérieur comme à l'extérieur. Donc, on a notre super chaise Espérance et un fauteuil qui s'appelle Golden Hour. Comme la collection s'appelle Golden Hour, la belle époque, c'est aussi un hommage aux apéros à l'heure du crépuscule, qui est aussi en plastique 100% recyclé. Donc, très concrètement, c'est fait avec des paillettes de plastique 100% recyclé. qui sont triés hyper finement à la main et ça permet d'arriver à des gammes de coloris très pures. En fait, ces paillettes, elles viennent être agrégées de façon industrielle avec une presse qui vient presser avec beaucoup de poids, des tonnes et des tonnes, et de la chaleur. Ça vient les conglomérer, on va dire, en planches. Et ensuite, on vient les travailler comme du bois, en fait, en menuiserie. Et donc, les polir de façon très très fine pour que vraiment, à la fois au toucher et à la vue, on arrive sur des surfaces très lisses et très agréables. Donc, plastique recyclé et mobilier, c'est la nouvelle gamme. Et petit à petit, on est amené à enrichir nos fournisseurs au fil des collections, d'entretenir des nouveaux partenariats. C'est quand même des partenariats qui sont longs à mettre en place, parce que, comme je t'explique, il y a beaucoup d'histoires derrière. Il y a vraiment le sujet d'être assez sans compromis sur l'aspect, en tout cas nos engagements à la fois sociétal et environnemental. Et... Et donc, on est ravis de pouvoir faire rentrer des nouveaux partenaires. Mais vraiment, le plastique recyclé, moi, j'y crois très, très, très fort parce que c'est une matière super intéressante à travailler. En termes de rendu, c'est hyper chouette. Et en gamme de coloris aussi, on peut vraiment s'amuser. Donc, je pense qu'on le déclinera au fil des collections. Puis aussi, on fait plein de surmesures. Donc aussi, on est ravis de pouvoir proposer ça aux clients en surmesure.
- Ramata
Très bien. Tu es auquel aspect sur mesure à l'instant ? Est-ce que cette dimension sur mesure a toujours fait partie des propositions d'Atelier 22B ?
- Violaine
En fait, comme beaucoup dans l'entrepreneuriat, ça s'est fait de façon un peu opportuniste. C'est-à-dire qu'assez rapidement, il y a des restaurants qui se reconnaissaient dans la proposition de valeur d'Atelier 22B, mais qui voulaient... un peu plus XXL, un peu plus petit, un peu plus vert, alors que la collection, elle était sur des gammes de jaune, je dis n'importe quoi. Et souvent, les chefs, parce qu'en l'occurrence, on parle des restaurants, mais on fait aussi des hôtels, des instituts, sièges d'entreprise, écoles et compagnie, autant que pour les particuliers, mais beaucoup pour les professionnels. Et donc, l'idée, c'est d'avoir quelque chose qui colle vraiment à l'identité de la personne. Aujourd'hui, toi, l'experte en marketing, tu le sais mieux que moi, mais les gens, ils apprécient vraiment la personnalisation. Moi... C'est quelque chose qui m'anime aussi beaucoup, la créativité, la création. J'adore ce côté, on s'assoit, on dessine ensemble, quelque chose qui va vraiment répondre aux besoins. Et derrière, comme la force de frappe et les artisans, ça c'est aussi quelque chose qui est hyper chouette, c'est d'avoir la main sur l'ensemble de la chaîne de valeur. Et depuis le dessin jusqu'au client, de pouvoir dire comment on fait les choses, sur quel tempo, etc. Et donc, c'est plus qu'une corde à l'arc d'atelier 22B, c'est une... C'est un vrai cap stratégique de proposer du sur-mesure.
- Ramata
Très bien, mais de ce que j'entends, c'est du sur-mesure en B2B, donc c'est du sur-mesure plutôt peut-être en volume, qui peut être intéressant aussi d'un point de vue à la fois créatif et à la fois business.
- Violaine
Et ouais, complètement. Ouais, bien sûr, parce que là où un particulier va prendre une pièce, et c'est aussi vraiment ça qui donne le boost, d'avoir la communauté sur Instagram et les gens qui adorent et qui envoient plein de messages. Et je pense que B2C... ne sera jamais complètement éliminé du modèle parce que c'est aussi ça qui anime au quotidien et qui donne du rythme. Les ventes en B2B, c'est vraiment ce sur quoi on s'oriente et ce sur quoi on se concentre parce que c'est des partenariats privilégiés et oui, au niveau business, c'est quelque chose qui est plus intéressant. Quand un restaurant va prendre... Quand un particulier va offrir pour sa fille un luminaire, et puis ça va être une vraie discussion, on va vraiment réfléchir autour des dimensions, etc. Et une finesse, c'est une vente. Et j'en suis ravie, mais c'est une vente. Pour la même discussion, on va vendre 15, 20 crans luminaire pour un restaurant.
- Ramata
Du coup, il y a des restaurants dont tu peux nous parler, ou des hôtels où on peut aller découvrir tes collections ?
- Violaine
Et ouais, avec plaisir ! Alors, il y a des hôtels à Dakar. Le continent africain est assez confidentiel, donc je crois qu'ils ne veulent pas forcément que je l'évoque, mais moi, je suis hyper ravie de pouvoir faire des choses sur le continent africain. En tout cas, la cible, vraiment, elle se focalise sur la cible marketing. Je parle vraiment à Ramatha, la prof de marketing. Notre cible marketing, nos canaux de distribution, ils sont Focus Europe-États-Unis. en Europe et aux Etats-Unis. On a la chance d'être dans un resto qui est super, qui est au Goenio à Puto, donc en région parisienne, qu'on vient de terminer là, qui s'appelle Au Petit Continent Africain, que je vous invite aussi à aller, parce que gustativement, on est sur des saveurs très très très très intéressantes, un peu une cuisine figeant africaine assez léchée et une ambiance très conviviale, où en fait le chef Raoul m'a convoqué et voulait des luminaires verts. Et donc, non, moi tu vois, spontanément je suis en mode, non, non, bon. Et lui, en fait, il a vraiment un regard sur l'artisanat africain. Il a un regard artistique hyper intéressant. Donc, on a beaucoup discuté et on a abouti à la scénographie. Je crois qu'en tout, il y a une vingtaine de luminaires. Donc, il y a une vraie, vraie pâte Atelier 22B dans son restaurant. On a aussi été mandaté par le Wasai Café, qui est du côté de Lyon. Là, je parle volontairement, vraiment des Black-owned business coup de cœur. Le Wasai Café à Lyon, qui est un café... un salon de thé africain qui a une super proposition aussi gustativement qui a une carte hyper léchée qui a ouvert et en termes de déco qui a des choses ultra intéressantes et qui nous a pris aussi tout un lot de vases nous pourrons trouver nos vases sérénité africaine au Wasai Café dans le centre-ville de Lyon et après de façon un peu plus excentrée on est à Ibiza dans le restaurant Sankore qui a aussi un ADN qui a voulu avoir une pâte africaine et une déa très africaine qui nous a donné un peu de carte blanche pour son resto. Qu'est-ce que je peux évoquer aussi en trucs un peu fancy ? On avait un pop-up au Grève, je l'ai dit, mais ça c'est finito. C'était éphémère à Brooklyn. On a été dans un restaurant de façon éphémère mais c'était hyper chouette et d'ailleurs... marketingment parlant, il faudrait que je communique davantage dessus avec des visuels. Mais voilà un peu les deux que je recommande les coups de coeur c'est Wassai Café Lyon et Opetit Club Africain à Piteaux pour ceux qui sont francophones en tout cas à Paris. Très bien,
- Ramata
super intéressant d'arriver à s'imaginer finalement. Alors après moi je ne sais pas quand toi tu crées, si tu arrives dès le départ un peu de projeter en te disant bah en fait ça va être dans des restaurants, dans des hôtels. ou plutôt si tu les imagines chez des particuliers. Mais en tout cas, c'est une belle consécration de pouvoir travailler en collaboration avec des lieux et de pouvoir après déployer la marque dans des environnements que tu n'avais peut-être pas imaginés au départ, mais avec lesquels ça se marie bien. Comment elles sont arrivées à toi, ces opportunités ? Est-ce que toi, tu fais de la prospection ? Est-ce que c'est ton réseau ? Qu'est-ce qui fait qu'à un moment donné, on appelle Atelier 22B, que ce soit parce qu'on a envie d'un luminaire chez soi en tant que particulier ou parce qu'on est chef et qu'on a un restaurant ?
- Violaine
Alors, moi, j'ai Instagram. On essaye de le développer, mais comme tu sais, c'est pas... Enfin, non, les méandres d'Instagram sont pas saisissables. Donc on tâtonne un peu sur Instagram, mais je pense que la puissance individuelle est très importante. Là aussi, où je vois quelque chose d'hyper important, c'est vraiment les rencontres physiques. Tu vois, sur des foires comme ACA, Also known as Africa, sur laquelle on s'est rencontrés, ou encore d'autres, je pense qu'il y a vraiment quelque chose d'humain qui se passe, où les gens, déjà sensoriellement... Il y a beaucoup d'émotions, je pense, dans les pièces Atelier 22B. Et donc, on peut les voir. Si je reprends l'exemple du vase, je sais que systématiquement, les gens qui suivent sur Instagram disent Ah, waouh ! En fait, je n'imaginais pas aussi imposant. Il y a vraiment cet effet waouh quand les gens voient, et puis aussi voient les finitions, etc. Donc, je pense que les événements, c'est quelque chose de très important et on est ravis de pouvoir, à chaque fois qu'on est sollicité. Alors là, du coup, c'est des choses qui... assez entrantes qui viennent. Par exemple, hier, il y a un podcast qui a été enregistré, enfin, c'est même pas un podcast, c'est une émission, pardon, RFI, qui a été enregistrée dans un très bel endroit à Paris, et donc, s'ils voulaient une pièce Atelier 22B, bon, bah, boum, on leur fournit, on fait de l'allocation aussi, et en fait, derrière, ça fait souvent des petits... Il y a souvent ce truc vraiment sensoriel de la présence. Il y a aussi, je pense, l'énergie que je dégage et l'authenticité où on... En fait, quand je rencontre les gens, ils se disent Ok, c'est bon, on a compris, ce n'est pas du pipo parce qu'il y a toujours un peu ce vernis greenwashing, ou même africain, où les gens peuvent dire Oui, je fais des choses africaines mais ils ne sont pas allés un peu au cœur des choses et ils n'ont pas cette démarche, on va dire, authentique d'aller creuser autour des... de la culture, de vraiment mettre en avant à la fois les artisans, mais aussi la culture, l'héritage, etc. Et d'aller jusqu'au bout. Et je pense que quand on rencontre les gens, ils se rendent compte que oui, oui, en fait, on se prend vraiment la tête à chaque embranchement de décision, de savoir est-ce que c'est la décision qui est la plus responsable, qui est la plus authentique, etc. Et après, assez traditionnellement, on a un site web. sur lequel on fait un formulaire et les gens nous sollicitent pour derrière aller se rencontrer, faire un call ou une rencontre pour creuser. Et hyper important aussi, on a tout un réseau d'archives d'intérieur qui sont aussi des super prescripteurs et qui ajoutent dans leur modélisation 3D nos pièces ou qui nous sollicitent pour dire ok, moi j'ai besoin de telle chaise, de tel luminaire, est-ce que c'est possible, dans quel délai, etc. pour s'assurer qu'on soit dans les bons délais. Et eux, ensuite, ils vont faire le relais. Donc ça, c'est aussi un vecteur marketing qui est très intéressant.
- Ramata
On sent vraiment qu'il y a une dimension à la fois business et créatif qui sont extrêmement bien pensées.
- Violaine
Est-ce que toi,
- Ramata
tu as des gens qui viennent à toi ? Est-ce que toi, tu as des targets ? Est-ce que toi, tu as vraiment des collabs rêvés ? Alors, en fait, tu n'es pas obligé. dévoilé, mais est-ce que tu vois, il y a des trucs où tu te dis, non mais là, franchement, on va, j'aimerais bien qu'il soit là, j'aimerais bien bosser avec tel partenaire. Est-ce qu'il y a des choses qui se sont faites, parce que c'était vraiment de ton initiative, ou qui sont en cours ?
- Violaine
Oui, alors je t'avoue qu'en 2024, il y avait trois trucs sur la bucket list, et ces trois trucs, là, on est le 8 novembre, sont réalisés, donc c'est trop trop chouette. Je m'étais dit, j'aimerais bien... qu'on soit représenté dans un grand magasin. Donc quand je dis grand magasin, c'est ce que les Parisiens entendent comme le bon marché, Guerre-Gafayette, printemps et compagnie. Et on a eu la chance de faire un pop-up au Guerre-Gafayette en juin. Et ça, c'était vraiment ultra chouette de faire la foire d'art. Le deuxième truc, c'était la foire d'art contemporain de Paris, also known as Africa. Et pareil, on a été sollicité. Alors on était un peu le... En anglais, on dit out of the league. au sens où autour de nous, c'était des galeries. Nous, on était en gamme de prix le plus bas et aussi on était la seule proposition de design. Mais ça nous allait très bien et c'était un vrai point de passage et d'ancrage. Aussi, comme on avait des fauteuils assez confortables, je le reprécise parce que c'est assez important pour être dit. Aussi, on avait plein de fauteuils dans l'espace VIP. Mais du coup, on était un peu un point de passage où les gens passaient et écoutaient un peu. L'histoire d'Atelier Vendobé, rencontrer les équipes. Et on a été ultra ravis. C'était un très, très, très, très, très bel événement. Ça, c'était un vrai achievement. Et là, c'est la Biennale de Dakar. On est dans une expo qui s'appelle... Donc, qui a été créée par les commissaires de la Biennale. Donc, ça fait partie du IN. Et c'est dans l'ancien palais de justice de Dakar. Et ça s'appelle Quand la Terre... On s'arrêtera quand la terre rugira. C'est une expo afro-féministe, ultra dans notre ADN. On a été convoqués parce qu'en fait c'est un collectif d'architectes sud-africains qui a fait une expo autour de Betty Head, qui est une figure emblématique, pas tellement connue, mais assez emblématique, et qu'ils ont voulu mettre en avant de la lutte contre l'apartheid. Et cette grande dame était une poétesse qui avait créé dans son intérieur une safe space et accueillait les différents activistes, artistes, etc. du moment dans les années 60. Et en fait, pour recréer cette safe space et le salon de Betty Head, ils se sont dit mais en fait, on ne va pas aller chercher du Ikea, on ne va pas aller chercher du Orca. On a besoin d'avoir quelque chose qui a du sens et qui est engagé. Et boum, Atelier Lindeby a été appelé pour ça, pour avoir des pièces qui ont aussi une histoire. Et donc... Vraiment, moi je suis vraiment ravie et je remercie les commissaires de l'exposition de nous avoir sollicité pour avoir garni toute la pièce avec les pièces d'atelier d'Arme de Baie. C'est un super bel événement, la Biennale de Dakar, c'est la plus ancienne et la plus grosse foire d'art contemporain africain. Donc une trop trop belle achievement, en fond d'un bon français, c'est vraiment une bucket list, on est garni. demain ce qu'on aimerait faire c'est vraiment déployer le mobile un peu en L'ambition d'employer le mobilier à l'échelle des hôtels et des restaurants, comme je te disais, beaucoup plus fort en termes de volume, parce qu'on est dans les deux sens du terme. Parce que là, on est sur des petites choses comme des luminaires et des vases, etc. Et demain, d'avoir des choses qui sont plus imposantes, comme les chaises, les fauteuils, etc. Et dans des proportions plus importantes, parce qu'en intégrant la dimension industrielle dans les chaises et les fauteuils, on a aussi une force de frappe encore plus importante. avec des finitions aussi artisanales, mais d'avoir plus de volume dans des établissements reconnus. Et j'espère pouvoir partager ces fiertés bientôt.
- Ramata
Très bien, mais écoute, bravo. C'est des belles réussites pour une jeune marque, avec ce qui est intéressant, un positionnement créatif où on n'est pas dans... On a une pièce iconique et c'est tout le temps la même, mais on est finalement assez rapidement, tu as pu explorer différents univers pour avoir une proposition qui est assez large et qui puisse inspirer différents partenaires potentiels.
- Violaine
Toi,
- Ramata
dans ton parcours d'entrepreneur, comme il est assez récent, entrepreneur créatif, quelles ont été les éventuelles difficultés, challenges que tu as pu rencontrer ?
- Violaine
Alors déjà, je tiens à souligner que les difficultés rencontrées ne sont absolument pas celles auxquelles je m'attendais. Comme je disais, en entreprenant sur le continent africain, je m'attendais à avoir un peu les clichés de l'Afrique, des lenteurs, du manque de réactivité ou des finitions de moindre qualité. Et ça n'a pas du tout été le cas. Donc ça, franchement, je rends hommage à notre super continent. En revanche, là où je pense que... J'ai rencontré des difficultés, c'est sur la partie communication. En fait, moi, je n'étais pas du tout dans un métier où je communiquais. Moi-même, je ne suis pas trop sur les réseaux. Et là, en fait, je me rends compte que la force de l'image est ultra importante. Lors de mes premiers voyages, je ne documentais pas du tout ma relation avec les artisans. Et en fait, ça, ça a été un vrai truc de créer des images de qualité. Parce qu'en fait, assez naturellement...... Tu ne vas pas te mettre en mode selfie quand tu essaies d'avoir une relation ultra authentique avec une personne. Or, c'est ce qui va aussi créer le débouché. Et pour que les gens comprennent et aient des images en tête, ça, c'est un vrai challenge, en fait, de réussir à transcrire ce que tu vis et aussi la beauté des produits en images. Ça, ça a été un peu un premier casse-tête. Deuxième casse-tête, un peu encore moins glamour, ça a été la partie logistique. parce qu'en ayant des engagements, d'une part la partie logistique tout court, et d'autre part en ayant des engagements environnementaux et sociétaux, il faut faire les choses de façon réfléchie, et donc ça a été un beau Tetris à mettre en place, ce truc-là. Donc voilà, on a essayé plusieurs routes logistiques. Pareil, le fait d'expédier de la céramique, c'est des objets qui sont très volumineux, très fragiles, et donc... J'ai appris, ce n'est pas juste du papier bulle et un joli carton. En fait, il faut aussi avoir tout un armada derrière pour sécuriser l'envoi et qu'il arrive dans les meilleures conditions chez le client. Parce que malheureusement, en termes d'expérience client, et c'était aussi l'objet de la première collection, c'était de tester ça. Et merci Love Money, comme on dit, les premiers cousins, cousines, les frères et sœurs qui ont commandé pour qu'on puisse faire les premiers envois et s'apercevoir que... Ah ouais, non, crash test, échoué. Donc on y est allé aussi un peu au compte-goût, comme ça, en faisant des expériences d'apprentice avant sur la partie logistique. Et autre difficulté, je dirais, c'est de se concentrer sur les tâches qu'on aime moins. En toute transparence, moi, j'aime vraiment bien la partie créative. Si je pouvais ne faire que ça, ce serait que ça, et je me dédierais beaucoup moins aux débouchés commerciaux. Et malheureusement, à un moment donné, il faut y aller aussi. C'est moins rigolo, c'est moins coloré comme univers, mais il faut aussi y aller et s'astreindre à cette rigueur-là.
- Ramata
Très bien, merci pour ton partage en toute transparence. En termes d'équipe, aujourd'hui, tu travailles de combien de personnes est composée ton équipe ? Avec quel type de profil tu travailles, sachant que je sais qu'il y a les artisans qui sont en Afrique de l'Ouest ?
- Violaine
Ils font vraiment partie de l'équipe pour le coup, parce que WhatsApp tourne à plein régime. Et puis, on essaye aussi de se voir physiquement aussi souvent que possible. Parce que franchement, WhatsApp et puis même les applications de paiement à distance, etc. Vraiment, le réseau digital fait que si on voulait naître qu'à distance, ça fonctionnerait très bien. Mais la puissance de la rencontre est aussi importante, donc j'essaie d'y aller. aussi souvent que possible pour entretenir ce bien qui m'est cher. Donc ça, c'est l'équipe, on va dire, africaine, et qui est à distance, mais qui compte le plus, parce que c'est aussi mon moteur. En vrai, je crée des débouchés et des emplois là-bas, mais c'est aussi ça qui est très important pour moi et qui est mon moteur au quotidien, quand je vois la photo des dames ou qu'elles m'envoient des messages. Alors, aujourd'hui, il y a quoi faire et tout ? Donc voilà. Et c'est aussi une pression sur les épaules, que je ne cache pas. Et par ailleurs, de façon plus occidentale, on va dire, là, dans l'équipe cœur, on est quatre au quotidien, vraiment en temps full-time, qui vont être plutôt sur la partie marketing, design pour les modélisations 3D, etc. et toute la partie réseaux sociaux et compagnie. Et ensuite, j'ai une équipe un peu plus élargie. Je dirais qu'en équipe cœur, on est une dizaine, même si on est... 4 à plein temps, 10 à plein temps aussi, mais en freelance et des part-time et compagnie. Mais on va dire que le groupe WhatsApp, il est de 10 personnes, les gens avec lesquels j'échange au quotidien. Et derrière aussi, il y a toute une ribambelle de fournisseurs, de logisticiens, de packaging. Moi, je suis dans pas mal de réseaux de femmes entrepreneurs, de diaspora. dans un incubateur aussi où j'ai des coachs. Et ça, c'est des gens aussi avec qui j'ai des liens au quotidien et qui m'animent beaucoup. En fait, qui donnent vraiment le rythme de l'entreprise au quotidien.
- Ramata
Du coup, c'est assez clair. On sent que tu as vraiment une forme de toute une tribu autour de toi.
- Violaine
Ah ouais, vraiment, l'écosystème, c'est super important. Oui, c'est le moteur d'Atelier 22B, l'écosystème. Et toi aujourd'hui,
- Ramata
est-ce que c'est dans tes projets d'avoir une galerie, d'avoir un lieu dans lequel on pourrait retrouver tes collections ? Et du coup, c'est peut-être déjà en cours, en réflexion, est-ce que ce sera à Paris, est-ce que ce sera en Afrique, est-ce que ce sera les deux ?
- Violaine
Écoute, c'est une très bonne question parce qu'on se la pose régulièrement. Mais je t'avoue que, étant sur l'ensemble de la chaîne de valeur, pour le coup, comme je dessine, et puis c'est aussi super important pour moi de voir les gens, et j'aime ces moments de qualité, on est amené à vraiment créer des moments de qualité avec les gens, mais pas sur le long terme. C'est-à-dire que, pour moi, c'est important que les gens voient les produits, et donc pour ça, on s'assure d'être à la fois dans des concept stores, des magasins de décoration, et aussi de créer des rendez-vous. Page pub. On fait un pop-up du 13 au 15 décembre à Paris dans le Marais et ce sera aussi une super occasion de se rencontrer à nouveau, de faire une super soirée et on est trop trop content à chaque fois de rencontrer les gens. En revanche, il y a aussi l'aspect comme je le disais vraiment émotionnel, des objets que les gens ont besoin de voir, de toucher et parfois de sentir parce qu'il y a des petites odeurs trop cool que j'adore, notamment de nos bougies avec un parfum qui est divin mais aussi... nos luminaires, en fait, qui sont en fibre naturelle et qui émanent une odeur hyper douce, mais qui sent le naturel. Les végétaux séchés, qui sont aussi ultra agréables et qui peuvent aussi parfois provoquer le coup de cœur. Donc, pour ça, on crée des occasions que les gens voient les produits et nous rencontrent. En revanche, sur le long terme, d'avoir une boutique, c'est pas encore dans les tuyaux, parce que... Comme je te disais, moi, j'ai une vie familiale bien remplie avec des enfants et que le client est extrêmement exigeant. Et donc, évidemment, il faudrait avoir des horaires du soir au matin et aussi les week-ends. Je considère aussi que c'est un métier à part entière, l'accueil de clients, et que ça ne fait pas forcément partie des cordes que je veux développer à mon arc, sachant qu'il y en a déjà un certain nombre à assurer avec qualité au quotidien. Et donc, c'est déjà bien suffisant. Je laisse ça au super pop-up et au super... magasins qui nous représentent.
- Ramata
Très bien, c'est intéressant comme point de vue et c'est intéressant de le signaler aussi parce que c'est vrai que ça peut paraître être la suite logique pour tout le monde mais finalement, tu peux aussi choisir d'autres voies et réussir à parfaitement bien développer ton business sans forcément avoir une adresse quelque part.
- Violaine
Et puis aussi, il y a le truc de, comme je sais que toi, tu as le prisme marketing, très concrètement, en fait, c'est des gens qui vont driver systématiquement du flux dans leur magasin. Moi, quand je suis en discussion avec un, je ne sais pas, pour tous ces événements, ça demande aussi beaucoup d'énergie. Quand je fais du sur-mesure, ça demande aussi d'être physiquement présent et de créer une relation avec les gens. C'est autant de moments où je ne serais pas présente sur le magasin. ou alors c'est d'avoir des équipes qui délèguent. Mais en fait, finalement, d'avoir des pop, des concept stores qui ont leur identité, qui sont bien ancrés dans le paysage, que les gens ont à cœur de venir visiter régulièrement parce qu'ils savent que ce soit Atelier 22B ou d'autres marques, il y a des sélections, il y a toujours des nouveautés. Et quand je pousse cette porte-là, il y a toujours des choses chouettes. Moi, ça me va bien, en fait, de créer le corner Atelier 22B et de me dire, en fait, il y aura toujours du monde et même des gens que moi-même, dans mon... dans mon flux marketing, je ne serais pas amenée à driver, qui vont découvrir les pièces Atelier 22B dans leur corner et dans leur intensité. Les pièces sont bien mises en valeur dans un environnement qui change et qui apporte de la nouveauté et du flux pour des clients exigeants.
- Ramata
Très bien. Écoute, on arrive à la fin de cette interview. Moi, en général, j'aime bien finir en posant des questions sur un petit peu, toi, c'est quoi ta vision, tu vois, quand on parle de... l'art contemporain africain à la cote ou un intérêt un peu soudain pour la mode africaine. Toi, c'est des choses que tu as évoquées un petit peu au début, ce lien que tu as avec la culture africaine et cette volonté d'être, en tout cas, ce prisme et cette perspective qui est optimiste. Est-ce que, du coup, tu peux nous partager un petit peu plus de cette dimension-là africaine qui est chère pour toi ?
- Violaine
Au niveau des industries créatives, tu veux dire de l'art uniquement ou l'Afrique au sens plus large, géopolitique ?
- Ramata
Au niveau des industries créatives et culturelles.
- Violaine
Au niveau des industries créatives, j'ai l'impression qu'il y a vraiment quelque chose qui se passe au sens où les gens en local prennent leur destin en main, au sens où en termes d'offres, déjà on est en train de se mettre en ordre de bataille pour créer une offre qui est aussi variée que l'Afrique, parce que l'Afrique c'est vraiment vaste et même... Par exemple, si je reviens sur l'artisanat, dans chaque sous-région, dans chaque région, on va avoir, je ne sais pas, si je prends l'exemple très concret de la vannerie, il y a une façon de tracer très différente d'une région à l'autre. Donc, il y a vraiment énormément de choses à explorer. Les artistes aussi s'autorisent à sortir des clichés, à sortir du... Là, je parle vraiment d'art au sens stricto sensu, les toiles, on va dire. Les artistes s'autorisent à sortir un peu des clichés, des codes. Et du figuratif même, on part beaucoup dans l'art abstrait et dans l'art contemporain. On ne va pas raconter une Afrique qui est ancestrale et qui est dans les clichés, etc. On est vraiment sur une créativité qui est ancrée dans le présent et dans les réalités que vivent les artistes, des choses très actuelles que dénoncent les artistes ou que vivent les artistes. Et ça, je trouve ça immensément riche. Donc ça, c'est du côté de l'œuvre, où je pense que l'œuvre, elle est... ultra diversifié. Pareil pour l'IA. Enfin, je veux dire, je ne sais pas, ici en Europe, les étudiants font les beaux-arts et puis ensuite, ils vont faire une autre formation. Et puis voilà, c'est un peu très codé même. Je ne sais pas, quand je vois au Sénégal ou à Lagos, en fait, ou même au Ghana, c'est extraordinaire ce qu'ils font. En fait, ils vont hacker un logiciel et boum, ça part. Et en fait, ça part dans tous les sens. Il y a vraiment un foisonnement de l'offre que je trouve ultra riche. Et par ailleurs, aussi au niveau des galeries, les jeunes s'emparent de la question économique et vont créer des galeries, en tout cas des systèmes économiques qui sont viables à leur niveau et ne vont pas être que dans l'offre créative, mais vont aussi créer des business models qui sont viables. Et ça, c'est vraiment pour le meilleur et je suis ravie de ça. Et en face, il y a une demande qui s'organise avec une espèce de nouvelle classe sociale où en fait, les Africains, quand ils commencent à avoir des moyens... Ils veulent consommer local, consommer engagé. Et ça, je trouve ça aussi formidable. Et j'espère que ça va perdurer cette tendance de fond.
- Ramata
Très bien. Écoute, ce sera le mot de la fin. J'aime bien le fait que tu aies divisé le point en deux en parlant d'une part de l'offre, mais aussi de la demande et en te concentrant sur la demande africaine. C'est-à-dire qu'on crée en Afrique et on a un public africain qui est prêt à consommer. Et après, on est bien sûr tout à fait ouvert à ce que... Toutes les personnes intéressées puissent acquérir, mais il y a vraiment ce côté, on n'est pas que orienté vers un public extérieur à l'Afrique, en fait, dans ce qu'on présente aujourd'hui, donc c'est assez intéressant.
- Violaine
Et ça reboucle avec la toute première question, je pense que le narratif autour de l'Afrique, il y a un vrai soft power qui se joue là, autour de l'industrie créative, et je pense qu'on s'en saisit de plus en plus, et que c'est aussi ça qui fera bouger les choses, en changeant le narratif autour de l'Afrique grâce à la culture. On le voit aussi en rentrant dans les maisons, avec des objets qui ont du sens, qui ont des valeurs et qui ont une histoire. en fait, cranter des choses dans l'esprit des gens autour de l'Afrique et de ce qu'elle est à même d'apporter.
- Ramata
Très bien, ce sera le mot de la fin. Merci beaucoup pour ton temps et puis pour tout ce que tu fais. On peut te retrouver sur la page Instagram Atelier 22B.
- Violaine
Oui, merci à toi, Famata, oui, bien sûr. On peut nous retrouver sur Instagram, aussi sur notre site atelier-22b.com et dans tous nos événements. Donc, n'hésitez pas à vous inscrire. sur notre newsletter pour qu'on puisse résumer votre vie parce qu'on adore les événements.
- Ramata
Très bien. Écoute, merci beaucoup. Je te dis à très vite en Afrique ou ailleurs.
- Violaine
Merci Ramatha. À bientôt.
- Ramata
À bientôt.
- Speaker #2
Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les 5 étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.