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Africa Fashion Tour

Akim Soul, fondateur du Forum de la Mode et du Design de Bamako

Akim Soul, fondateur du Forum de la Mode et du Design de Bamako

1h05 |28/11/2024
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Description

La mode africaine est en pleine effervescence, et qui mieux qu'Ibrahim Guindo, connu sous le nom d'Akim Soul, pour nous en parler ? 

Entrepreneur passionné de mode basé au Mali, Akim évolue dans le secteur depuis plus de 10 ans. Il est devenu un véritable pionnier de l’industrie à Bamako. Dans cet épisode, Akim  nous raconte son parcours. Depuis ses étudies en génie civil à la création de son agence de marketing et communication AS Agency. 


Il évoque ses motivations à créer les 3 initiatives dont l’ambition est de  propulser la créativité et le développement des marques de mode au Mali.

  • la Mali Mode Show, 

  • la Mali Mode Academy 

  • le Forum de la mode et du design 


Au fil de la conversation, il souligne l'importance cruciale de la formation pour les jeunes créateurs. Ainsi, depuis le début de sa carrière dans l’événementiel il a toujours intégré des programmes de formations destinés aux entrepreneurs créatifs. 

Quant au  business model de ses événements,  il ne veut pas dépendre de subventions de fonds d’aide au développement. Il prospecte des sponsors désireux de cibler une élite malienne. Il propose également une billetterie et limite l’accès de certaines soirées pour créer des expériences inédites.    


Cette vision audacieuse est essentielle pour construire un écosystème de la mode africaine durable et dynamique. Akim Soul aborde également les défis auxquels sont confrontés les designers africains, notamment le manque de données sur le potentiel du secteur. Ces obstacles, loin de décourager, alimentent sa détermination à transformer le paysage de la mode en Afrique.


Ce dialogue riche et inspirant met en lumière les histoires de créativité qui émergent des capitales de la mode en Afrique. Les entrepreneurs de la mode comme Akim jouent un rôle clé dans la représentation des créateurs africains sur la scène internationale, tout en célébrant le savoir-faire africain et les traditions méconnues qui font la richesse du patrimoine du continent aux 54 pays. Les fashion weeks et défilés de mode deviennent alors des plateformes pour exposer le talent brut des mannequins africains, tout en attirant l'attention des journalistes mode et des amateurs de fashion & beauty.


Les mentions

Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.



A très vite en Afrique ou ailleurs

Ramata Diallo


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Et nous, le Malimaud Academy, c'est pour en fait créer du développement. Ce n'est pas de la charité. Les jeunes qu'on souhaite former, c'est des jeunes en fait qui ont de vrais projets d'entreprise. C'est des jeunes qui ont envie de créer de la valeur, de créer du chiffre, de lancer des entreprises. Et ce n'est pas du pur social. C'est-à-dire que ce n'est pas de la charité qu'on a envie d'apporter à ces jeunes-là. Et c'est là où souvent même en fait... Beaucoup d'événements ou beaucoup d'initiatives en Afrique se retrouvent en fait limite galvaudées parce qu'il fallait obligatoirement rentrer dans les cases un peu du bailleur qui va te dire en fait, moi, pour que je finance ton événement, par exemple au Mali, il faut que tu dédies ça à la culture de la paix ou de la réconciliation. Et ça, c'est quelque chose, par exemple, que j'ai toujours refusé.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique. Et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie d'Ibrahim Gindo, aussi connu sur le nom d'Akim Souli. Entrepreneur dans le secteur de la mode, il organise au Mali différents événements de promotion de la créativité. J'avais déjà invité Akim en 2020. Quatre ans plus tard, il était temps de faire le point sur l'évolution de ses activités. Je vous mettrai en note de cet épisode le lien vers la précédente interview. Hakim est à l'origine de la création de MaliModeShow, de la MaliModeAcademy et du Forum de la mode. Toutes ces initiatives ont pour ambition d'accompagner l'accélération des marques de mode maliennes. Je l'ai invité aujourd'hui pour qu'il puisse nous parler de ses différentes entreprises au service des industries culturelles et créatives africaines. Bonjour Hakim, comment vas-tu ?

  • Speaker #0

    Bonjour Amata, je vais très bien et toi ?

  • Speaker #1

    Ça va très bien, merci. Je suis ravie de te retrouver. Merci à toi aussi. Un épisode 2 en fait, donc ça c'est quelque chose que je prévois de refaire. Je disais tout à l'heure, ça fait 4 ans qu'on s'est parlé entre temps bien sûr, mais en tout cas ça fait 4 ans que la dernière interview est sortie.

  • Speaker #0

    Ça passe vite.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est ça. Donc il est temps de faire le point sur tout ce que ta entreprise a mis en place depuis. Mais avant d'aller dans le détail de tout ce que tu fais, je vais te demander de te présenter.

  • Speaker #0

    Alors, je suis Ibrahim Guindo, dit Hakim, je suis un jeune entrepreneur de 31 ans. Basé à Bamako et je suis manager d'une agence créative dénommée AS Agency et également fondateur de MaliMod Association qui est à l'origine effectivement des initiatives que tu as citées tout à l'heure, à savoir le MaliMod Show, la MaliMod Academy et également le tout nouveau Forum de la mode et du design de Bamako.

  • Speaker #1

    Très bien. Je te remercie pour cette présentation pointue, précise, sharp. On va aller dans le détail de tout ce que tu fais. D'abord, je voudrais que tu nous parles de ton agence créative. Quand est-ce que tu l'as fondée et quelles sont les différentes missions que tu as avec cette agence ?

  • Speaker #0

    Disons que AS Agency a été fondée exactement en 2017. Mais à cette époque-là, c'était vraiment du freelance pour moi. Donc, je participais à l'organisation et à la production. d'événements culturels à Bamako et notamment la Bamako Fashion Week à l'époque en partenariat avec une autre organisation et également le festival du Bazin. Mais disons que l'agence a vraiment véritablement été installée à partir de 2021 où une équipe a été mise en place, une équipe de cinq personnes maintenant. L'agence travaille à accompagner les marques dans leur stratégie de développement, dans leur stratégie de communication, et également de la création de contenus audiovisuels entre autres, et digital. Et nous faisons du coup de la production d'événements. Cœur même en fait de métier de l'agence.

  • Speaker #1

    Très bien. Et cette agence, elle est vraiment spécialisée dans le domaine de la mode ou est-ce que tu interviens aussi pour d'autres entreprises qui seraient dans d'autres secteurs ?

  • Speaker #0

    Disons que notre domaine d'intervention est vraiment large. C'est vrai que c'est la dimension mode que nous mettons beaucoup en avant parce que voilà, c'est quand même, ça a été ma première passion, on va dire. Mais l'agence traite vraiment un peu de tout, mais selon le positionnement un peu. que nous avons pour le futur. Nous ne mettons pas tout en avant, mais par exemple, nous participons à la production d'une émission de télé-réalité qui met en question, par exemple, qui met en concours les jeunes Maliens autour des questions de citoyenneté. Donc au-delà de ça, nous intervenons vraiment dans pratiquement tous les secteurs, parce que l'agence même, je la définis comme une agence d'idées en réalité, compte tenu un peu de notre polyvalence. et aussi de notre ambition surtout de pouvoir créer de la valeur avant de nous cantonner à tel ou tel secteur. Donc, on peut vraiment intervenir partout où il y a besoin d'idées, partout où il y a besoin d'innovation ou de création de valeur.

  • Speaker #1

    Très bien, je te remercie de préciser ce point-là. Ce qui va être intéressant, c'est d'essayer de voir avec toi. Tu dis qu'aujourd'hui, l'agence, il y a cinq personnes. Quels sont les différents profils qu'il y a au sein de ton agence aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Nous avons... Principalement des profils de gestionnaire de projet. C'est notre principale activité en vrai. Des profils qui sont à même, par exemple, de conduire un événement, de conduire tout type de projet. Il y a également un profil com, qui reste aussi un élément assez fondamental de notre activité. Et également un profil d'artiste et créatif. qui va justement apporter toute la petite magie dans tout ce qu'on fait comme projet. Donc on met le cœur vraiment, c'est l'opérationnel, c'est des profils de chef de projet.

  • Speaker #1

    Très bien. Et est-ce que tu pourrais nous partager l'une des dernières campagnes, puisque tu parles d'une agence d'idées, sur laquelle tu as pu travailler et dont tu es particulièrement fière ?

  • Speaker #0

    Je dirais du coup l'émission de télé-réalité que j'ai évoquée tout à l'heure. Le nom même de l'émission, c'est l'Instanté. Donc, c'est une émission de télé-réalité malienne qui met en compétition des grains de jeunes. Les grains, en fait, c'est propre au Mali et propre également à d'autres pays en Afrique de l'Ouest. Il s'agit en fait des groupes de jeunes qui se réunissent soit parce qu'ils viennent de la même rue, soit à la même école. soit du même quartier. Donc l'objectif en fait c'est que chaque grain puisse proposer un projet de développement communautaire pour son quartier et durant les deux mois de mission du coup ils doivent tout mettre en œuvre pour ficeller le projet, mobiliser des ressources financières, des ressources humaines également et pour qu'à la fin les meilleurs projets puissent avoir leurs projets financés par les missions. Donc cette année par exemple c'était un grand challenge parce que habituellement nous menons le projet sur la ville de Bamako, de Kati et également dans la région de Ségou. Mais cette année nous avons rajouté deux nouvelles régions donc l'émission s'est déployée pratiquement sur cinq villes. Donc c'était deux mois intenses avec une équipe de presque une centaine de personnes si on compte vraiment tout le monde, le jury, les... coachs, les techniciens et toute l'équipe. Et là, nous avons pu clôturer en beauté. C'était une réussite et nous sommes en train du coup de financer cinq projets. Et c'est des projets qui sont financés à hauteur de 2 millions jusqu'à 7 millions de francs CFA. Et ça va permettre du coup à ces jeunes-là de pouvoir réhabiliter une salle de classe, pouvoir créer un centre multimédia dans une école, pouvoir également eux. contribuer à un système d'addiction d'eau dans une autre ville. Il y a également des projets plus dans l'entrepreneuriat social, comme par exemple, nous avons eu la chance d'avoir un grain de noms et de malvoyants, par exemple, qui avait pour projet de mettre en place une unité de fabrication et de vente de savon produit par du coup les malvoyants et en tout cas des personnes qui souffrent de déficiences visuelles. Et il y a aussi un des projets qui consiste un peu à créer une marque un peu d'objets de découpe, mais produit à partir de déchets et de... et doivent être recyclés. Donc c'est vraiment des projets super intéressants et le fait de voir des jeunes qui habituellement n'ont pas vraiment été préparés à cela ou il y en a qui n'ont même pas poursuivi de longues études, mais de les voir pendant deux mois en train de monter des dossiers PowerPoint, de faire des présentations, parce qu'il y a également des primes devant un jury, d'aller mobiliser leur population locale, la mairie, les autorités. public, tout ça, pour mobiliser une partie du financement. Et vraiment, ça redonne confiance pour nous, ici, au Mali, compte tenu un peu de tout ce qu'on traverse. Donc, ça montre qu'il y a quand même des jeunes qui en veulent. Et du coup, cette émission a été en partie pilotée par l'agence. Et ça reste une grande fierté.

  • Speaker #1

    Très bien. Et cette émission-là, en fait, qui est le client, en fait ? Qui est-ce qui t'a sollicité pour pouvoir améliorer créer cette émission de téléréalité ?

  • Speaker #0

    Disons que l'émission a été fondée par une association dénommée Culturelle. C'est une association qui a été créée à la base par des opératrices culturelles qui ont amené beaucoup de projets. L'objectif de cette association, c'est de pouvoir participer au développement sur tous les plans, mais à travers la culture. La première saison de l'émission a été créée en 2017. Et à la base, en fait, j'étais du coup un simple community manager à l'époque en 2017, mais de fil en aiguë, du coup, la collaboration a grandi et l'association reste aujourd'hui un des clients importants pour l'agence compte tenu un peu de son cœur d'activité et des projets sociaux qu'on met en place et surtout de cette liberté que l'association nous permet d'avoir dans les campagnes. parce que ce n'est pas forcément évident. Nous, dans les projets qu'on choisit, on aime bien un peu tous ces projets-là avec un peu de grain de folie. C'est pour ça que j'ai toujours évité un peu l'accompagnement institutionnel. C'est comme là en fait qui est plus rigide.

  • Speaker #1

    Très bien. Alors du coup, c'était très intéressant que tu prennes le temps de nous parler de cette émission de télé-réalité, l'Instant T. Est-ce que pour des gens qui sont à Paris, en région parisienne ou de la diaspora, est-ce qu'on peut voir des épisodes ? Est-ce qu'il y a un accès ?

  • Speaker #0

    Tous les épisodes sont disponibles sur la chaîne YouTube de l'émission qui s'appelle l'Instant T. Je pense qu'il y a absolument tous les épisodes depuis 2017 jusqu'à maintenant.

  • Speaker #1

    Très bien. Écoute, je mettrai le lien en note de l'épisode de la chaîne. Martin, ce que j'aurais aimé, c'est que tu nous partages un exemple qui soit plus en lien avec le secteur de la mode, en fait, de projets, de missions sur lesquelles tu aurais pu travailler et dont tu es particulièrement fier.

  • Speaker #0

    Des projets externes, c'est ça ? Pas de production interne ?

  • Speaker #1

    Comme tu veux, interne ou externe, mais en tout cas, des projets sur lesquels tu aurais pu travailler dans le secteur de la mode.

  • Speaker #0

    Bon, je peux par exemple vous citer la semaine du Boubou, qui est un concept que nous avons initié lors de la dernière fête de Tabaski. Donc ça c'était par exemple un projet en partenariat avec la marque Itanouk, avec qui l'agence travaille beaucoup depuis je pense 2016. Donc il s'agit en fait d'une semaine de vente privée, mais dédiée vraiment à la culture du Boubou, à l'univers du Boubou. Donc l'événement a réuni environ une dizaine de créateurs, à savoir deux marques du Sénégal, qui étaient du coup les marques invitées. Donc ça pareil, l'idée de pouvoir bosser sur un événement avec un concept propre, on a pu faire de belles activités avec des dress codes, tout ça. Et la vente a permis quand même à donner un grand élan à la vente, puisque les chiffres étaient... assez intéressants au terme. Et par exemple, il s'agit d'une initiative qu'on envisagerait par exemple de déporter, même dans d'autres capitales africaines.

  • Speaker #1

    Très bien. Donc intéressant de voir du coup, parce que là c'est un univers qui est totalement différent de l'émission de télé-réalité, l'Instanté, la Spanish Boo Boo, et de se dire que ton agence en fait, elle arrive à finalement travailler en collaboration avec différentes entreprises et associations ou marques pour pouvoir les accompagner dans leur... dans leur développement. Et l'idée, c'est qu'on puisse comprendre que ton agence, finalement, ce n'est pas que de l'événementiel, c'est vraiment, comme tu l'as dit, une agence d'idées qui va être au service des marques. Absolument. Moi, j'ai envie de revenir un peu, parce que comme tu l'as dit au départ, je te présente comme un jeune entrepreneur de 31 ans. Et ton agent tu l'as lancé en 2017, quel est ton background en fait ? Au niveau de tes études, au niveau de la formation que tu as pu avoir, de tes premières expériences, quelle est ton expertise en fait au départ ?

  • Speaker #0

    Au départ, mon expertise initiale n'a absolument rien à voir avec ce que j'exerce aujourd'hui parce que j'ai eu un bac. Technique du coup, je suis ici dans le lycée technique en filière génie civil. Donc j'ai eu mon bac du coup totalement scientifique. Et ensuite après le fait, tout au long de mon lycée, j'ai commencé un peu à perdre goût un peu pour cette filière-là. Donc c'était vraiment à partir d'un peu de mon bac que je commençais un peu à découvrir la... comme le marketing, la mode et tout ça. Donc, le centre d'intérêt a commencé à changer un peu. Donc, moi, j'espérais qu'après le bac, que je pouvais à présent me lancer en commerce ou en communication. Mais je me suis ensuite retrouvé encore à faire le concours d'entrée à l'École nationale d'ingénieurs. Honnêtement, un concours que j'espérais rater. Mais malheureusement, j'ai... J'ai opté le concours d'entrée dans cette école-là, donc j'étais de moins en moins passionné par le génie civil. Donc après le BTS, j'ai raccroché avec cette filière-là et c'est là où je me suis inscrit dans une école de commerce, en filière commerce internationale, pour avoir une licence. Ensuite, je me suis spécialisé en com. Donc au final, les études que j'ai suivies, que j'ai poursuivies. ne me prédestinaient pas forcément à la com ou à la mode. Mais disons que ça restait quand même un domaine créatif, puisque l'ingénie civil, c'est également de la création, c'est du design. Mais disons que c'est peut-être le contexte pédagogique, je pense, qui ne m'a pas vraiment encouragé à au moins terminer ma formation d'ingénieur, parce que je suis quand même quelqu'un, j'aime les challenges. Je pense que j'aurais pu vraiment aller au bout, quitte à changer après. Mais le contexte pédagogique faisait que ça demandait beaucoup d'énergie. Je ne trouvais pas forcément le modèle pédagogique light ou efficient. J'ai comme l'impression que c'est encore le même système qu'il y a des années et des années. Et ça, ce n'était pas vraiment ce qui m'animait personnellement. Donc, il m'a fallu vraiment mener une longue bataille en famille pour pouvoir enfin me lancer. dans une filière qui me passionnait. Donc voilà, je suis issu, j'ai eu un bac technique, un passage à l'École nationale d'ingénieurs pour ensuite véritablement me consacrer à la communication.

  • Speaker #1

    Très bien. Et donc tu as fait du coup ce parcours à la fois, on va dire scientifique, technique, et ensuite plus, comment dire, un profil commerce international. Une fois que tu as fait cette école de commerce, Quelles sont les premières expériences professionnelles que tu as eues ? Est-ce que tu as travaillé pour des entreprises ou est-ce que directement tu t'es mis à ton compte ?

  • Speaker #0

    Disons que je n'avais pas trop le choix parce que les études de commerce, du coup, je devais les payer moi-même. Donc immédiatement, il me fallait trouver des petits jobs. Donc c'est à ce moment-là que j'ai commencé un peu à assister des opérateurs culturels, à travailler avec une agence. qui m'a vraiment permis de me lancer, on va dire, ou en tout cas d'appréhender le secteur de la mode. Il y a des années, mais disons que ça a toujours été des expériences par-ci et par-là en tant que freelance. Je n'ai jamais eu vraiment à intégrer une entreprise. Je pense que ma première et seule expérience vraiment en entreprise, c'était tout récent. C'était, on va dire, il y a... Il y a deux ans, ou en parallèle, j'ai dû accepter une mission au sein d'une institution diplomatique à Bamako pendant trois ans. Et là aussi, mon objectif, c'était surtout un peu de voir comment ça fonctionne en entreprise ou en organisation. Parce que je n'avais vraiment pas eu l'occasion de bosser justement dans un cadre bien lisse de 8h à 17h. Donc quand j'ai eu cette opportunité, je me suis dit, tiens. Peut-être que ce serait intéressant de voir à quoi ça ressemble, mais durant tout mon parcours, j'ai toujours été à mon propre compte. en freelance avant que l'agence soit totalement mise en place.

  • Speaker #1

    Très bien. Donc, par rapport à l'agence, je pense qu'on a bien exploré ce que tu fais et comment tu as pu développer ton activité. Maintenant, j'ai envie de passer à la partie association, que tu nous racontes un petit peu comment est venue l'idée de créer cette association et puis, quelles sont les différentes initiatives que tu as développées avec ton association ?

  • Speaker #0

    Donc, Malimode, nous l'avons créé en 2011. Donc, j'étais avec mon meilleur ami et également ma petite sœur. Donc, on formait un peu la petite bande à l'époque. On regardait des déchets et tout ça. Donc, on était tous passionnés par la mode en 2011. Donc, on a commencé à faire des recherches un peu sur ce qui se passait à Bamako à l'époque. Mais on a été, en fait, c'était une désillusion totale parce que... Il n'y avait pratiquement rien. C'est-à-dire que les événements se comptaient un peu par an. Je pense qu'il y avait même, on peut même dire, pratiquement toute une année sans événements mode. Il y avait peu d'acteurs qui étaient réunis ou peu d'acteurs qui étaient visibles. Chacun était vraiment un peu dans son petit coin, mais en fait, il n'y avait aucune visibilité d'une scène mode. Bien qu'il y avait quand même des créateurs, il y avait des marques et tout ça, mais le terrain était quasiment vierge. Donc c'est là où nous nous sommes dit peut-être que ce serait bien de créer une association qui allait du coup avoir cette mission-là d'abord de fédérer des personnes, d'être une plateforme de rencontres qui nous aurait permis du coup un peu d'identifier les uns et les autres un peu par-ci et par-là. C'est comme ça que l'association a été créée en 2011. Notre première activité a été d'organiser une petite formation pour des jeunes mannequins. À l'époque, on faisait ça dans la cour du palais de la culture. On a organisé cette première petite formation en janvier 2012. Au terme de la formation, nous nous sommes dit que ce serait bien que ces jeunes mannequins puissent quand même défiler. Donc c'est là où on a vu qu'il se tenait un festival reggae qui continue toujours d'ailleurs. C'est le premier festival reggae de Bamako. Donc on a approché les organisateurs parce que nous on n'avait pas forcément les moyens pour mobiliser de la logistique ou produire un événement propre à nous. Donc on a proposé du coup à ce festival-là de pouvoir nous donner un petit temps pendant leur soirée de clôture pour qu'on présente. ces mannequins et qu'on organise ce défilé de mode. Donc nous avons réfléchi un peu à des créateurs qui avaient un lien un peu avec la culture reggae ou en tout cas qui travaillaient par exemple le bogolan parce que les reggae-men ont quand même cet intérêt pour le motif bogolan et ce textile-là. Donc il fallait du coup produire un défilé qui ne se... qui se retrouverait un peu en fait dans cet univers. Donc on a mobilisé quatre designers, je pense, qui ont proposé du coup des connexions avec des motifs bongolans. Donc ce qui nous a permis du coup de faire défiler nos jeunes mannequins. Et disons que tout est parti de là. C'était le premier événement à l'époque qu'on a organisé. Et après nous avons commencé à mener des petites formations par-ci et par-là. Et jusqu'en 2013 du coup, où on a créé le concept Pagne-Folie. Donc à l'époque, l'imprimer était hyper hyper tendance et tout le monde ne girait un peu que de ça. Donc nous nous sommes dit qu'on allait peut-être créer un concept autour de ça. Donc on a lancé l'événement Pagne-Folie à l'Institut français de Bamako, qui consistait un peu à créer un univers en fait en Pagne, le temps d'une soirée avec un défilé. Pagne Fouillé, on en a fait trois. On en a fait trois éditions. Et c'est un peu à ce moment qu'on a commencé un peu à se faire connaître. Donc à chaque fois qu'il y avait des défilés ou des événements mode, on me sollicitait. C'est comme ça qu'on a eu à bosser sur la production de Bamako Fashion Week en 2015, ensuite du Festival de Bazin. Et c'est en 2015 également que nous avons lancé notre premier programme de formation qui consistait un peu à identifier trois jeunes talents. donc deux couturiers et un styliste. Donc c'est justement cette formation qui a permis à la marque Jika Dressing, qui est assez connue maintenant, Jean Cassim, c'est ce premier programme de formation qui l'a permis du coup de réaliser sa première petite collection. Et disons que tout est parti de là et de fil en aiguille. On a commencé un peu à faire connaître l'association et à mener des projets de plus grande ampleur.

  • Speaker #1

    Très bien, je te remercie. Donc, dévoquait Jean-Cassime Dembélé de Chica Dressing. Je mettrais en lien des notes de l'épisode à l'article où, en fait, je présente sa marque et je lui avais posé quelques questions. Donc je pourrais effectivement ajouter ces éléments-là. C'est intéressant de voir qu'à l'origine, les premiers éléments qui lui ont permis de se développer, c'est à travers les événements que toi, tu as pu organiser. Aujourd'hui, on peut dire que ton association, quand on arrive au Mali et quand on veut savoir qui sont les acteurs de la mode, quels sont les événements importants, tu es un peu une figure de référence. En tout cas, tu pourrais être la personne à contacter pour être sûre qu'on va savoir tout ce qui se passe au Mali en termes de mode.

  • Speaker #0

    effectivement, on continue d'ailleurs dans la même lancée très bien,

  • Speaker #1

    donc au départ ce que je comprends c'est que l'association elle accompagnait des événements qui existaient déjà et puis ensuite vous avez voulu créer vos propres structures mais ce que j'entends c'est que la formation ça a toujours été quelque chose dès le départ vous avez commencé par faire de la formation effectivement la dimension enseignement,

  • Speaker #0

    pédagogie elle était importante elle était importante parce que euh Au Mali, disons que la mode, même si elle connaît un essor ces dernières années, ça reste quand même un secteur ou un domaine pas très familier du point de vue de l'éducation, de l'ouverture d'esprit et tout ça. Disons que la mode, même pour le Malien lambda, la mode est synonyme de défilé de mode tout simplement. des mannequins qui défilent sur un podium. Et ça, c'est par exemple un exemple qui nous a toujours... En fait, c'est comme ça que ça a toujours été évident pour nous de continuer à former les gens, à participer à cette sensibilisation-là ou à cette vulgarisation-là des métiers de la mode. L'autre dimension, c'est que... Pour nous, la formation, c'est la base de tout, c'est-à-dire que ce soit pour un jeune designer, un mannequin. Avant de vouloir embrasser un métier, en fait, il est indispensable de maîtriser son sujet. Et malheureusement, en fait, il n'y a pas vraiment d'école de mode au Mali ici. Donc, c'est pour ça que nous, nous nous efforçons vraiment à toujours animer cette dimension-là, de pouvoir former des gens, de pouvoir les outiller. et pouvoir les accompagner dans le cadre de leur carrière. Donc, par exemple, sur le plan... Si on prend les créateurs de mode, nous on va dire qu'au bout de deux éditions du Mali Mod Show à l'époque, on avait déjà fait le tour des marques ou des créateurs de mode qui pouvaient se présenter pendant le Mali Mod Show. Donc il fallait dénicher des talents, il fallait former ces talents-là pour qu'en fait... pour participer à rendre dynamique le secteur. Donc la formation est vraiment une partie intégrante de toutes nos activités, de tous nos projets, pour chaque événement, même en dehors des événements. On ne se fatigue jamais à créer des masterclass, ou ne serait-ce que des petites conversations de groupe, pour évoquer des sujets aussi divers, que ce soit la création, la gestion, le marketing. Merci. tous les autres métiers annexes qui restent quand même indispensables à l'entreprise e-mode ou à la carrière dans la mode.

  • Speaker #1

    Très bien, très intéressant cet engagement sur cette notion de pédagogie parce que l'idée c'est qu'effectivement, à partir du moment où les personnes acquièrent des compétences, montent en compétences, on sait que c'est un savoir qui peut leur permettre de se développer par la suite. Donc c'est vraiment une dimension qui est extrêmement importante et qui m'est chère à moi également. Donc on va en venir aux différentes initiatives qui ont été développées par l'association. Là, vous n'avez plus le rôle de travailler avec des événements existants à la production, à la logistique, et on va accompagner la communication. Là, on crée nos propres événements. Donc est-ce que tu peux me parler de cette partie-là ?

  • Speaker #0

    Oui, donc le premier événement, du coup, en tout cas, On va dire que le premier grand événement, ça a été le Mali Motion 2018. Là, pareil, toujours pour répondre à ce besoin-là de créer une plateforme de promotion et de valorisation au profit des professionnels de la mode, il fallait du coup avoir ce rendez-vous-là, ce rendez-vous qui allait du coup réunir des designers, des mannequins, un peu tous les corps de métier de la filière, le temps d'une soirée. Donc à l'époque, le Mali Motio se tenait vraiment sur une seule soirée, en 2018. Mais en parallèle quand même du Malimot Show, il y avait toujours des ateliers et des masterclass sur une semaine qui devaient passer par la formation des gens. Donc le premier grand projet, ça a été le Malimot Show. On en a fait en 2018, en 2019 également. En 2020, on n'en a pas fait pour des raisons de pandémie. Et c'est entre temps, du coup, vu qu'on ne pouvait pas organiser cet événement-là, vu qu'on ne pouvait pas totalement rassembler du monde, donc il fallait quand même maintenir un peu notre rythme d'activité. C'est ce qui nous a amené à penser à la création de la Malimode Académie. Donc la première session a été lancée en fin 2020-2021 et c'est l'année où il n'y a pas eu de Malimode Show à l'époque. Donc on a initié ce programme-là parce qu'au bout des deux Mali Mod Show également, nous avons constaté le fait qu'il n'y avait pas suffisamment d'offres ou de propositions sur le marché. C'est-à-dire la première édition c'était avec un groupe de designers, la deuxième c'était à peu près avec les mêmes têtes. Et moi personnellement, je trouvais ça dommage qu'il n'y ait pas cette variété-là, qu'il n'y ait pas cette richesse-là. dans les styles ou dans les designers. Et le fait de devoir toujours faire avec les mêmes, en fait, ne me convenait pas trop. Donc, nous avons dit, écoute, on va se taper le boulot. On va lancer des designers. Et c'est comme ça que la Malimor Academy a été créée à l'époque. Donc, le concept, c'est de lancer un appel à candidature, identifier dix jeunes et les former durant six mois. Et c'est vraiment... une formation assez intense où l'objectif c'est vraiment de les amener en fait à connaître un peu la base, à se dire que la mode c'est quoi déjà, qu'est-ce qui rentre en compte dans la mode, comment on devient designer, comment on apprend à couper, à couper, parce qu'il y a deux volets, il y a la dimension théorie et pratique. Donc il y a de la formation en courbe, couture, en broderie, en design textile, en bogolans, en tissage. Et on y associe aussi tous les autres métiers annexes ou toutes les autres matières comme la com, le marketing de la mode. On fait aussi des modules en développement personnel parce que ça reste quand même important pour nous le mindset un peu de ces jeunes-là. Et au bout de la formation, on organise un défilé de restitution qui leur permet du coup de présenter les travaux sur lesquels ils ont travaillé tout au long de six mois. Donc en 2021, on lance la première édition du MaliMod Academy. Et en 2022, du coup, le MaliMod Show revient. Et l'événement est passé d'une soirée à trois. à trois soirées et jusqu'en 2023 où du coup ça a vraiment pris toute cette dimension de festival pendant dix jours.

  • Speaker #1

    Très bien. Alors j'aimerais qu'on revienne d'abord sur la partie Manimode Academy. Est-ce que tu peux nous citer du coup justement des talents, des techniques ? Et grâce à la Mali Mod Academy, qui voilà aujourd'hui, j'imagine sont reconnus au Mali et peut-être en dehors des frontières du Mali.

  • Speaker #0

    Donc le Mali Mod Academy a permis par exemple de lancer la marque Laifi, qui est disponible sur les réseaux sociaux. Il y a également Sarah Design qui est une marque de création d'accessoires à base de perles. Il y a un... Il y a un label textile qui a été lancé également qui s'appelle Mandé Fini. Il y a également la marque Milogo qui est également sur le marché, comme la marque Paris. Disons qu'au bout des deux éditions du Malimora Academy, on peut compter une douzaine de jeunes marques. qui sont pleinement en activité aujourd'hui. Il y en a qui ont défilé à l'étranger, comme par exemple au FIMA, comme au MASA à Abidjan, comme au FIMO à Lomé. C'est vraiment 10 marques qu'on peut dire plus ou moins établies maintenant. Et on continue de les accompagner d'ailleurs, parce qu'on est en train de les réunir en collectif. Ils font souvent des ventes privées ensemble. Ils sont distribués par... par exemple la maison IKALUK. Donc ça nous a vraiment permis de créer un écosystème qui est de plus en plus dynamique, des jeunes talents qui créent et qui vendent surtout. Ça c'est très important pour nous, pour ne pas quand même qu'on se limite un peu à l'aspect festif, bling bling. Donc ça a toujours été en fait l'objectif de pouvoir lancer des créateurs qui avaient cette ambition-là d'être des entrepreneurs mode. et de fonder leurs marques et de pouvoir les distribuer.

  • Speaker #1

    Très bien. Et maintenant, je voudrais revenir du coup sur la dimension liée à l'événement où tu dis aujourd'hui que ça a commencé par une soirée, puis on est passé à trois jours et aujourd'hui c'est un festival de dix jours. Donc comment est-ce que ce qui est aujourd'hui un festival, comment ça a grandi au fur et à mesure et qu'est-ce qui a fait qu'aujourd'hui ça a... a pu devenir un festival qui va s'étendre sur dix jours ?

  • Speaker #0

    Disons que c'est parti de plusieurs constats. Déjà le premier, en tout cas l'ambition première, c'était de ramener la mode à la même dimension, par exemple, que la musique au Mali. Parce qu'au fil des deux ou trois premières éditions, on a remarqué que ça passait très vite. C'est-à-dire que le fait d'avoir un événement sur une soirée ou sur trois jours faisait que tu avais beaucoup de personnes qui découvraient l'événement qu'une fois que c'est passé, d'une part, et que la seule soirée ne permettait pas de promouvoir suffisamment de marques aussi. Parce qu'à un moment donné, nous nous sommes retrouvés contraints parce qu'il commençait à y avoir de plus en plus de demandes. Et vu qu'il n'y avait pas beaucoup d'événements, donc le Malimor Show, était quand même un peu la seule plateforme annuelle qui permettait aux designers de proposer leur collection. Donc en une soirée, ça ne devenait plus possible parce qu'on tient aussi au fait que la soirée ne soit pas trop longue, qu'il n'y ait pas plus de 10 marques et ça, ça frustrait des personnes parce qu'à un moment donné, il y avait... quand même des marques super intéressantes qui voulaient mais il n'y avait pas forcément de place donc il fallait du coup rajouter d'autres soirées et l'autre raison c'est que voilà il y a nous sommes dit que pour que la mode puisse vraiment avoir un impact pour qu'on puisse être pris au sérieux pour qu'on puisse vraiment en fait occuper la scène en fait culturelle ou la scène un peu créative il fallait vraiment marquer le coup et qu'une seule date ne permettait pas justement d'embarquer un plus grand nombre de personnes autour de l'événement. Donc c'est là où on a étalé l'événement sur pratiquement dix jours. Et la dernière raison, elle est économique, parce qu'il fallait développer des mécanismes pour avoir un modèle économique viable et pouvoir intéresser les partenaires et les sponsors. Parce que c'est un peu triste que la mode ne bénéficie pas de sponsoring ou quoi que ce soit, parce que c'est de la mode selon les partenaires à l'époque, ça ne pouvait pas drainer du monde. Donc il fallait développer d'autres concepts d'événements autour de la mode pour pouvoir accéder à ces potentiels sponsors-là, pour ensuite les faire découvrir tout ce que nous faisons. à travers la mode. Donc au final, la mode est restée en fait le sujet et le prétexte pour embarquer un plus grand nombre et aussi des personnes issues de différents milieux professionnels. Et c'est là où on a réfléchi à créer du coup un programme in et un programme off. Donc notre ambition aujourd'hui c'est de... c'est de nous servir un peu du Mali-Morshio pour aussi vendre la destination Bamako. C'est pour ça que dans la programmation, on peut y trouver une exposition d'art. contemporain, ça parce que voilà il fallait attirer cet autre public là vers la mort. Il y a des after work par exemple avec des entreprises totalement dédiées au cadre et aux professionnels mais pendant lequel du coup il y a aussi un défilé de mode où il y a par exemple le défilé Made in Mali qu'on a initié pour les labels et les marques qui ont cette ambition là. Donc il y a le grand show, il y a également un tea time qui a été développé. qui est beaucoup plus ouvert aux familles et tout ça. Mais il y a des événements que nous, nous produisons même en fait dans le cadre du programme INN. Mais il y a ce programme OFF là qu'on établit en partenariat avec des lieux, avec des boutiques qui veulent profiter du coup un peu de l'engouement durant la semaine du Mali Morshow pour proposer un concept original toujours dans le domaine de la mode. En tout cas, l'objectif, c'est de pouvoir embarquer le maximum de personnes et d'univers autour de cet événement mode. C'est comme ça qu'on en est arrivé là.

  • Speaker #1

    Très bien. Du coup, c'est intéressant de voir l'évolution step by step des événements. Et ce qui est intéressant aussi, c'est la longévité. Puisque dans l'événementiel, il y a énormément de personnes qui se lancent. Mais après une édition, on n'entend plus parler de l'événement. Et ce qui est intéressant dans, toi, ta manière d'aborder les choses, c'est vraiment aussi cette dimension de, tu as d'abord travaillé pour d'autres événements, ce qui t'a permis d'acquérir de la compétence et de maîtriser l'objet, de développer un réseau. Et tu as eu d'abord aussi cette approche de, moi, j'ai envie d'apporter quelque chose de différent, de détecter des talents. Et ce que je trouve intéressant aussi, c'est comment tu réfléchis à, OK, j'ai un événement qui est récurrent, mais j'ai envie de le faire grandir. Et donc, je veux me donner les moyens. Je mets bien ton point sur la partie sponsoring et j'aimerais bien revenir dessus. Quels sont du coup aujourd'hui les sponsors qui soutiennent, ou en tout cas qui accompagnent, je ne vais pas dire soutenir, parce que j'ai eu un échange avec Jacques Logo du FIMO qui, sur ce point-là, disait mais nous, on ne cherche pas des soutiens, on cherche des partenaires business qui... vont trouver un avantage à collaborer avec nous, mais on n'est pas dans une forme de charité. Et depuis, je fais attention dans l'utilisation du terme soutien, parce que c'est vrai, ça laisse à penser que c'est une aide. Mais en fait, un sponsor, quand il vient, c'est qui sait qu'il y a un avantage pour lui en réalité.

  • Speaker #0

    Absolument, je partage totalement la même logique. Parce qu'en fait, nous, on va dire que pour le Malimod Academy, on va chercher du coup... des subventions avec des services de coopération et tout ça. Parce que là, quand même, il y a aussi une dimension sociale et tout ça. Mais même en fait, le Malimaud Academy, nous sommes en train de réfléchir à créer en fait une version payante. Parce que justement, moi-même, je n'ai jamais été en fait à l'aise vraiment avec cette démarche-là en fait de toujours dépendre en fait du soutien. ou de subventions, parce que pour moi, en fait, ça met en risque la pérennisation des initiatives. C'est pour ça que, par exemple, pour le Malimode Show, on revendique totalement le fait que ce soit un événement commercial. On revendique que certaines soirées soient en fait limite élitistes, des fois, parce qu'il y a quand même des tickets qui peuvent coûter relativement cher. Parce que nous, derrière, il y a... énormément de charges. C'est pour ça aussi que, par exemple, pour le Mali Mod Show, on travaille toujours à faire de telle sorte que l'événement ne soit pas totalement dépendant même en fait, même du sponsoring. C'est-à-dire les subventions même en fait, on ne les sollicite pas ou en tout cas on garde la main sur en fait la particularité de notre production parce que souvent le risque avec les subventions c'est que tu vas en fait brader ton concept. où tu vas en fait créer un concept pour répondre à l'objectif, par exemple, du bailleur et t'éloigner de ton ambition et de ton objectif. Donc, par exemple, pour le Malimot Show, même pour l'aspect sponsoring même, c'est important pour nous, ça permet de couvrir les charges, mais on travaille toujours à faire de telle sorte que la vente de tickets ou la vente, par exemple, des produits du Malimot Show puissent couvrir l'événement jusqu'à 60 ou 70 Parce qu'on se dit que c'est ce qui peut nous garantir que l'événement puisse continuer à exister et à grandir, parce qu'on n'est pas dépendant du coup de ce sponsoring-là. Et pareil aussi sur le sponsoring. Nous, par exemple, nous sommes accompagnés majoritairement aujourd'hui par une société de téléphonie. Ici, nous avons été, par exemple, le premier événement mode que cette entreprise a sponsorisé parce qu'au départ, il ne trouvait aucun intérêt à la mode à l'époque. Donc, il nous a fallu réfléchir à des événements co-brandés avec cette marque-là pour qu'ils puissent voir un peu que ce secteur... pouvait aussi drainer du monde. Mais en fait, ça reste encore assez modeste dans les finances même de l'événement. Et il est très important pour nous que l'événement ait un vrai modèle économique autonome. Que l'événement soit en fait financé par des gens qui y viennent, par des ventes privées qu'on reproduit en parallèle, par des soirées qu'on mène. ou par des sponsors qui ne viennent pas par pitié, mais qui viennent parce qu'il y a un marché, parce qu'il y a de potentiels acheteurs, parce qu'il y a un public cible en fait qui les intéresse sur le plan économique. C'est-à-dire qu'ils ne viennent pas pour nous soutenir, ils viennent aussi pour faire des affaires. C'est pour ça que nous avons pas mal de soirées pendant le Malimode Show. qui sont devenues en fait de belles occasions de networking pour les marques, pour les gens. On permet en tout cas de connecter du coup les marques à ce public cible-là qui a un certain pouvoir d'achat et qui peuvent être en fait des prospects pour eux.

  • Speaker #1

    C'était important de préciser ce point du business model en fait de l'événementiel et de vraiment préciser le rapport qu'il peut y avoir avec ceux qui subventionnent et ceux qui sponsorisent. Et toi, ce que j'entends, c'est que tu dis à garder une forme de liberté et à garder une enquête d'entrepreneur. Un entrepreneur, ce n'est pas une œuvre de charité où on recherche des dons. C'est qu'on met en place un business model avec des rentrées d'argent d'un côté, des dépenses de l'autre et avec une volonté de faire du bénéfice. Et il n'y a pas de raison qu'on...

  • Speaker #0

    À s'en cacher ou à ne pas être à l'aise avec ça, au final, parce que je me rappelle, même une fois pour le Malinois d'Académie, il y a... On a postulé pour une subvention et quand je présentais le dossier, on m'a limite réproché le fait que le Malimoda Academy n'était pas ouvert par exemple aux jeunes femmes vulnérables, aux jeunes hommes vulnérables, les cas sociaux un peu. Je me suis dit que ce n'était pas la vocation de ce programme-là. Nous, nous sommes certes sensibles à tous ces jeunes-là, à tout ce public-là, mais ce n'est pas notre cœur de métier. Nous estimons qu'il y a des personnes qui œuvrent dans ça. Et nous, le Malimaud Academy, c'est pour en fait créer du développement. Ce n'est pas de la charité. Les jeunes qu'on souhaite former... C'est des jeunes en fait qui ont de vrais projets d'entreprise, c'est des jeunes qui ont envie de créer de la valeur, de créer du chiffre, de lancer des entreprises et ce n'est pas du pur social, c'est-à-dire que ce n'est pas de la charité qu'on a envie d'apporter à ces jeunes-là. Et c'est là où souvent même en fait, beaucoup d'événements ou beaucoup d'initiatives en fait en Afrique se retrouvent en fait limite galvaudées parce qu'il fallait obligatoirement rentrer dans... Dans les cas un peu du bailleur, tu vas te dire en fait, moi, pour que je finance ton événement, par exemple au Mali, il faut que tu dédies ça à la culture de la paix ou de la réconciliation. Et ça, c'est quelque chose, par exemple, que j'ai toujours refusé. Si j'ai envie de produire un événement ou de participer à telle ou telle cause à travers nos initiatives, je sais comment les faire. Mais pour le moment, ce n'est pas notre créneau. Ce n'est pas la finalité des projets qu'on met en place parce que nous, nous nous intéressons au développement économique et ça ne nous gêne pas de le dire.

  • Speaker #1

    Ce qui est intéressant là, c'est qu'il y a certains d'ailleurs qui effectivement vont mettre en avant leur ambition. On a des fonds pour accompagner des populations vulnérables en Afrique et donc on cherche effectivement des associations à accompagner pour pouvoir aller cibler ces populations vulnérables. Mais parfois, quand on fait le point des initiatives qui sont soutenues, il n'y a pas forcément de résultat.

  • Speaker #0

    Non, non.

  • Speaker #1

    Il va forcément dire derrière, ah, tel bailleur a accompagné telle initiative et ça fait cinq ans qu'ils font ça.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas d'impact. C'est ce que je dis. Je dis honnêtement à ces bailleurs-là, si vous souhaitez vraiment lutter contre la pauvreté, contre les crises et tout ça, en tout cas économique, si vous voulez participer au développement, vous savez vers quoi il faut aller injecter de l'argent pour avoir du développement. Honnêtement. Donc souvent, on a ce rapport-là où je n'hésite pas vraiment à dire ça, parce qu'en réalité, un jeune designer passionné qui a envie de créer une entreprise est accompagné. Après, c'est de la valeur qui est créée, c'est des emplois qui sont créés. Maintenant, on ne rejette pas non plus. Toute cette aide-là dirigée vers les populations vulnérables, c'est nécessaire, ça a sa place. Moi, ce qui me dérange, c'est cette pression un peu subtile qu'on essaie souvent de mettre sur les opérateurs culturels pour obligatoirement intégrer cette dimension dans leur production, qu'ils le veuillent ou pas, des fois.

  • Speaker #1

    J'entends, je suis complètement alignée avec ton analyse et je trouve que parfois, et c'est souvent des programmes occidentaux qui arrivent en Afrique avec on sait comment on va vous aider et plutôt que des acteurs locaux qui vont vous dire mais en fait, nous voilà la proposition qu'on vous fait. En fait, ils arrivent avec non mais nous, en fait, on a déjà réfléchi. En fait, on a des consultants qui ont réfléchi, qui ont de l'expertise. Il y a des rapports, on sait quoi. Et en fait, il peut y avoir des difficultés de compréhension, parce qu'il y a des bonnes volontés de chaque côté, mais dans la manière de faire, je trouve qu'on ne donne pas assez la main aux acteurs locaux. Voilà quelle est mon expérience, voilà ce que je propose. Essayons, on n'est pas obligé de prendre toute la subvention disponible, on peut prendre une partie, et on va prouver que c'est aussi un bon moyen de faire en fait.

  • Speaker #0

    Absolument.

  • Speaker #1

    Donc ? Maintenant, on va venir à parler de la prochaine édition, en fait, de ton événement qui a lieu la semaine prochaine. Donc, au moment où on enregistre l'épisode, en fait, on est 18 novembre, 17 novembre. Donc, du coup, on est dix jours avant le démarrage de la prochaine édition. On a réussi à caler cette interview alors que j'étais très, très occupée. C'est vrai. Est-ce que tu peux nous dire un peu de ce qui se passe ? prépare, qu'est-ce qu'on va avoir pour cette prochaine édition ?

  • Speaker #0

    Donc du coup, le prochain événement qui arrive du coup c'est le nouveau en fait forum de la mode et du design qu'on a produit, donc comme grosse information c'est que vu la taille du Mali Mod Show que j'ai présenté tout à l'heure, nous avons jugé nécessaire à en faire une biennale donc le Mali Mod Show se tiendra tous les deux ans dorénavant mais comme interbiennale entre Deux éditions du Mali Mod Show, nous avons quand même tenu à créer ce forum-là qui se définit un peu comme le laboratoire qui va nous permettre de penser le Mali Mod Show, mais de manière beaucoup plus globale, un laboratoire qui va nous permettre de traiter la mode sous l'angle économique, sous l'angle business. Parce qu'au bout de plusieurs éditions, d'organisations, de défilés de mode et tout ça, Il était important pour nous de créer aussi une plateforme à travers laquelle nous allons parler structuration, nous allons parler financement, nous allons parler politique de développement même liée à la mode. Mais trois jours d'activité à travers des ateliers de réflexion, des masterclass et des panels également pour justement parler de la mode autrement. Parce que nous, en fait, on en a besoin ici au Mali, parce qu'encore une fois, pour beaucoup de gens, la mode, en fait, c'est loin de nous. La mode, ce n'est pas forcément nous, ça ne nous concerne pas. Donc l'ambition de ce forum-là, c'est de pouvoir parler des business dans la mode, des métiers dans la mode, et de pouvoir commencer un peu à réfléchir sur des projets de politique un peu, de structuration, de développement. et également d'accompagnement de la filière mode. Ce forum est prévu du 28 au 30 et nous prévoyons de mener des ateliers sur trois jours qui ont pour objectif de réunir le maximum de corps possible et de métiers possibles pour par exemple travailler sur la question de classification, sur la question de nomenclature, sur en fait... établir en tout cas une analyse un peu de la filière et de la chaîne de valeur ici au Mali. Donc, cette première édition, nous avons vraiment tenu à ce que les ateliers qu'on va produire ne traitent que de ça, parce que pour nous, c'est la base qu'on puisse, entre acteurs et professionnels, ou même en fait partenaires un peu de la filière, qu'on puisse s'asseoir et définir, et parler des corps et des métiers, savoir qui fait quoi, qui commence où. comment les métiers sont interconnectés entre eux, pour qu'ensuite on puisse aboutir à un projet de cartographie un peu de la scène, parce que c'est des éléments qu'on estime qui vont nous permettre, sur du long terme, de démontrer le poids, l'apport et l'importance, en fait, de la filière mort ici au Mali. Il y a aussi la nécessité, par exemple, de création de données. Aujourd'hui, nous, pour nos initiatives, un peu, nous portons cette ambition-là de pouvoir... valoriser la mode, de pouvoir un peu changer les manières de penser ou des manières de perception sur la filière. Même en termes de métier, par exemple, malheureusement, les gens vont souvent dans des écoles de coupe et de couture parce qu'ils n'ont pas réussi à faire autre chose, parce qu'en fait, cette filière-là reste quand même victime de beaucoup de perceptions. Donc, nous essayons un peu de traiter la démotion économique. qui pourra être pour nous un instrument assez efficace pour démontrer toute la place de ce domaine-là sur l'économie même du pays. Et c'est à cela que le Forum s'ambitionne de travailler.

  • Speaker #1

    Donc pendant trois jours, ça va être une succession d'ateliers avec différents professionnels du secteur des industries culturelles et créatives ?

  • Speaker #0

    Absolument.

  • Speaker #1

    Un élément qui est ouvert au public ou qui est plutôt restreint aux experts ?

  • Speaker #0

    Disons que les ateliers sont restreints aux experts et aux professionnels quand même expérimentés. Mais par contre, il y a aussi des masterclass qui sont prévus, qui restent toujours pédagogiques pour des jeunes designers. Donc des masterclass qui vont parler de qualité dans la production. qui vont parler également de mode éco-responsable et qui vont parler aussi de modèle économique. Ensuite, il y a les panels qui sont ouverts à tout le monde, à tout le public. Et c'est exactement ce qu'on veut faire, c'est vraiment encore une fois de réunir des professionnels de la mode avec plusieurs métiers du secteur privé et également avec les décideurs un peu politiques pour que nous, nous puissions faire des plaidoyers. et montrer toute la pertinence en fait de ces sujets-là.

  • Speaker #1

    Et quand tu évoquais la notion de données, effectivement je suis complètement encore une fois alignée avec toi sur le fait que la production de data, c'est l'essentiel pour pouvoir discuter avec les différents acteurs et les différentes parties prenantes, qu'il s'agisse des politiques, mais qu'il s'agisse aussi des entreprises et des potentiels sponsors. Quand la discussion commence, ce qu'ils veulent savoir c'est… Ils veulent avoir des datas. Du coup, toi, ton ambition à l'issue de ce forum, c'est de pouvoir produire un rapport ?

  • Speaker #0

    Pour le forum, oui, l'ambition, c'est de produire un rapport. Mais en fait, on n'a pas forcément cette prétention-là, en fait, de pouvoir arriver à cette étape, en fait. Et maintenant, nous, pour cette première édition, on souhaite d'abord analyser un peu les métiers et les différences. encore, mais derrière, ce qu'on aimerait impulser à travers le forum, c'est effectivement la réalisation de cette, la production de ces données-là dans le futur. Porter un projet de cartographie ou un projet de production de données sur la filière, parce que les données qui existent, en fait, je pense, en tout cas concernant le Mali, c'est des données qui datent de plus de 10-15 ans. Aujourd'hui, par exemple, on ne peut pas dire, par exemple, dans telle rue ou dans telle ville, voilà tel nombre d'ateliers de couture qui existent, voilà combien de personnes ils emploient, voilà le chiffre qu'ils génèrent et de manière beaucoup plus large en fait, il n'y a vraiment aucun support qui peut permettre d'avoir cette lecture actuelle un peu de ces données-là. Et nous on sait que c'est également en fait un projet très ambitieux qui demandera quand même beaucoup de moyens, mais nous en faisons à travers ce forum-là l'une de nos priorités pour les prochaines années. Très bien. Ce que je comprends, en tout cas dans ta manière de présenter les choses, c'est qu'en fait, chaque année, tu te lances à un nouveau défi. Exactement. Tu as une volonté d'aller plus loin, de creuser les choses en profondeur, d'apporter une nouvelle dimension. Comment est-ce que tu peux l'expliquer, ça ?

  • Speaker #1

    Bon, disons que c'est un mélange.

  • Speaker #0

    Ça, tu vas nous dire à la fin.

  • Speaker #1

    Bon, oui. D'abord... Mais c'est aussi un mélange un peu de beaucoup de passion, de beaucoup de conviction parce que j'y crois énormément et aussi parce que je considère ça comme une mission. Et moi, personnellement, quand je partirai à la retraite, j'aimerais bien regarder derrière moi et mesurer en fait l'impact que j'aurai laissé. Ou en tout cas, qu'on puisse dire que quand nous, on commençait à... à travailler dans le domaine de la mode, voilà ce qu'on a trouvé et voilà ce qu'on laisse. Et ça, il faut des activités signifiantes, il faut des activités à fort impact et pas forcément nous limiter un peu à la surface, mais également porter de vraies politiques de développement au profit de la filière. Et le reste, c'est parce qu'on est aussi réaliste, on essaie d'avancer vraiment petit à petit. parce que tout ce dont on a parlé aujourd'hui, c'est bien évidemment énormément de charge sur tous les plans. Donc on essaie vraiment d'aller petit à petit, de poser les bases, parce que c'est un peu le rôle qui nous revient. Moi personnellement, je ne suis pas forcément créateur ou mannequin ou photographe. Donc c'est cette mission en fait que j'essaie d'explorer, cette mission en fait de participer à la structuration de la chaîne. et aussi au soutien un peu à la chaîne, en mettant de la lumière sur tous ces besoins-là pour que chaque partie puisse aussi faire sa part, que ce soit les designers, que ce soit les autorités politiques, que ce soit également les acteurs du secteur privé. Donc c'est un mélange de beaucoup. Mais ce qui me porte, c'est le rêve, en vrai.

  • Speaker #0

    Mais le rêve, c'est quoi le rêve ? Tu nous le dis ton rêve ou c'est un tarot ?

  • Speaker #1

    En fait, je ne réfléchis pas trop à comment les choses vont se faire. Je me limite en fait qu'à les rêver et à y croire. C'est-à-dire que quand, si je me mets en fait à me poser beaucoup trop de questions, oui, tu veux par exemple produire des datas ou des données sur la mort, mais... Comment tu vas faire ? Il faut des chercheurs ? Qu'est-ce qu'il faut ? Il faut de l'argent ? Je ne pense pas immédiatement à tous ces aspects-là. Ce que je me dis d'abord, bon écoute, on va en parler. Là aujourd'hui, j'en parle avec Ramata. Dans une semaine, je vais en parler au forum. Je vais en parler par-ci et par-là. Et la force des choses fera que voilà, peut-être dans deux, trois ans, on aura cette belle cartographie-là. Plein de belles données sur la mode ici au Mali.

  • Speaker #0

    Très bien. On souhaite que ton rêve se réalise et on souhaite chacun apporter sa part à la concrétisation de ce que tu parles. On arrive à la fin de cette interview. Moi, j'aime bien finir en posant la question de si tu devais définir la mode africaine ou la mode malienne, qu'est-ce que tu dirais ?

  • Speaker #1

    La mode malienne déjà, comment je peux définir la mode ? Je dirais, concernant la mode malienne, je dirais renouveau. Je dirais renouveau parce que c'est à cela en fait je pense qu'on doit faire converger un peu nos projets et nos objectifs. On y travaille beaucoup sur la question en fait. l'actualisation un peu de la filière ici, des propositions des designers et Renouveau pour pouvoir aussi positionner en tout cas la création malienne un peu partout à l'international. Et voilà, donc je dirais Renouveau.

  • Speaker #0

    Très bien. Écoute, merci beaucoup pour être avec toi. Ce fut un plaisir comme la dernière fois. Merci. De toute façon, au forum auquel j'aurais le plaisir de participer à distance, mais nous avons l'occasion de faire ça en présentiel. Très bien. Oui, oui,

  • Speaker #1

    oui.

  • Speaker #0

    Et puis, écoute, je te dis à très vite en Afrique.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Mata. Merci à toi.

  • Speaker #2

    Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation d'Akim Souli

    00:00

  • Parcours d'Ibrahim Gindo et son rôle dans la mode au Mali

    02:02

  • Présentation de l'agence AS Agency et ses missions

    04:04

  • Discussion sur la MaliModeAcademy et ses impacts

    06:16

  • Initiatives de MaliMode : MaliModeShow et Pagne-Folie

    13:12

  • Lancement du Forum de la mode et ses objectifs

    29:30

  • Conclusion et regard vers l'avenir de la mode malienne

    52:23

Description

La mode africaine est en pleine effervescence, et qui mieux qu'Ibrahim Guindo, connu sous le nom d'Akim Soul, pour nous en parler ? 

Entrepreneur passionné de mode basé au Mali, Akim évolue dans le secteur depuis plus de 10 ans. Il est devenu un véritable pionnier de l’industrie à Bamako. Dans cet épisode, Akim  nous raconte son parcours. Depuis ses étudies en génie civil à la création de son agence de marketing et communication AS Agency. 


Il évoque ses motivations à créer les 3 initiatives dont l’ambition est de  propulser la créativité et le développement des marques de mode au Mali.

  • la Mali Mode Show, 

  • la Mali Mode Academy 

  • le Forum de la mode et du design 


Au fil de la conversation, il souligne l'importance cruciale de la formation pour les jeunes créateurs. Ainsi, depuis le début de sa carrière dans l’événementiel il a toujours intégré des programmes de formations destinés aux entrepreneurs créatifs. 

Quant au  business model de ses événements,  il ne veut pas dépendre de subventions de fonds d’aide au développement. Il prospecte des sponsors désireux de cibler une élite malienne. Il propose également une billetterie et limite l’accès de certaines soirées pour créer des expériences inédites.    


Cette vision audacieuse est essentielle pour construire un écosystème de la mode africaine durable et dynamique. Akim Soul aborde également les défis auxquels sont confrontés les designers africains, notamment le manque de données sur le potentiel du secteur. Ces obstacles, loin de décourager, alimentent sa détermination à transformer le paysage de la mode en Afrique.


Ce dialogue riche et inspirant met en lumière les histoires de créativité qui émergent des capitales de la mode en Afrique. Les entrepreneurs de la mode comme Akim jouent un rôle clé dans la représentation des créateurs africains sur la scène internationale, tout en célébrant le savoir-faire africain et les traditions méconnues qui font la richesse du patrimoine du continent aux 54 pays. Les fashion weeks et défilés de mode deviennent alors des plateformes pour exposer le talent brut des mannequins africains, tout en attirant l'attention des journalistes mode et des amateurs de fashion & beauty.


Les mentions

Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.



A très vite en Afrique ou ailleurs

Ramata Diallo


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Et nous, le Malimaud Academy, c'est pour en fait créer du développement. Ce n'est pas de la charité. Les jeunes qu'on souhaite former, c'est des jeunes en fait qui ont de vrais projets d'entreprise. C'est des jeunes qui ont envie de créer de la valeur, de créer du chiffre, de lancer des entreprises. Et ce n'est pas du pur social. C'est-à-dire que ce n'est pas de la charité qu'on a envie d'apporter à ces jeunes-là. Et c'est là où souvent même en fait... Beaucoup d'événements ou beaucoup d'initiatives en Afrique se retrouvent en fait limite galvaudées parce qu'il fallait obligatoirement rentrer dans les cases un peu du bailleur qui va te dire en fait, moi, pour que je finance ton événement, par exemple au Mali, il faut que tu dédies ça à la culture de la paix ou de la réconciliation. Et ça, c'est quelque chose, par exemple, que j'ai toujours refusé.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique. Et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie d'Ibrahim Gindo, aussi connu sur le nom d'Akim Souli. Entrepreneur dans le secteur de la mode, il organise au Mali différents événements de promotion de la créativité. J'avais déjà invité Akim en 2020. Quatre ans plus tard, il était temps de faire le point sur l'évolution de ses activités. Je vous mettrai en note de cet épisode le lien vers la précédente interview. Hakim est à l'origine de la création de MaliModeShow, de la MaliModeAcademy et du Forum de la mode. Toutes ces initiatives ont pour ambition d'accompagner l'accélération des marques de mode maliennes. Je l'ai invité aujourd'hui pour qu'il puisse nous parler de ses différentes entreprises au service des industries culturelles et créatives africaines. Bonjour Hakim, comment vas-tu ?

  • Speaker #0

    Bonjour Amata, je vais très bien et toi ?

  • Speaker #1

    Ça va très bien, merci. Je suis ravie de te retrouver. Merci à toi aussi. Un épisode 2 en fait, donc ça c'est quelque chose que je prévois de refaire. Je disais tout à l'heure, ça fait 4 ans qu'on s'est parlé entre temps bien sûr, mais en tout cas ça fait 4 ans que la dernière interview est sortie.

  • Speaker #0

    Ça passe vite.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est ça. Donc il est temps de faire le point sur tout ce que ta entreprise a mis en place depuis. Mais avant d'aller dans le détail de tout ce que tu fais, je vais te demander de te présenter.

  • Speaker #0

    Alors, je suis Ibrahim Guindo, dit Hakim, je suis un jeune entrepreneur de 31 ans. Basé à Bamako et je suis manager d'une agence créative dénommée AS Agency et également fondateur de MaliMod Association qui est à l'origine effectivement des initiatives que tu as citées tout à l'heure, à savoir le MaliMod Show, la MaliMod Academy et également le tout nouveau Forum de la mode et du design de Bamako.

  • Speaker #1

    Très bien. Je te remercie pour cette présentation pointue, précise, sharp. On va aller dans le détail de tout ce que tu fais. D'abord, je voudrais que tu nous parles de ton agence créative. Quand est-ce que tu l'as fondée et quelles sont les différentes missions que tu as avec cette agence ?

  • Speaker #0

    Disons que AS Agency a été fondée exactement en 2017. Mais à cette époque-là, c'était vraiment du freelance pour moi. Donc, je participais à l'organisation et à la production. d'événements culturels à Bamako et notamment la Bamako Fashion Week à l'époque en partenariat avec une autre organisation et également le festival du Bazin. Mais disons que l'agence a vraiment véritablement été installée à partir de 2021 où une équipe a été mise en place, une équipe de cinq personnes maintenant. L'agence travaille à accompagner les marques dans leur stratégie de développement, dans leur stratégie de communication, et également de la création de contenus audiovisuels entre autres, et digital. Et nous faisons du coup de la production d'événements. Cœur même en fait de métier de l'agence.

  • Speaker #1

    Très bien. Et cette agence, elle est vraiment spécialisée dans le domaine de la mode ou est-ce que tu interviens aussi pour d'autres entreprises qui seraient dans d'autres secteurs ?

  • Speaker #0

    Disons que notre domaine d'intervention est vraiment large. C'est vrai que c'est la dimension mode que nous mettons beaucoup en avant parce que voilà, c'est quand même, ça a été ma première passion, on va dire. Mais l'agence traite vraiment un peu de tout, mais selon le positionnement un peu. que nous avons pour le futur. Nous ne mettons pas tout en avant, mais par exemple, nous participons à la production d'une émission de télé-réalité qui met en question, par exemple, qui met en concours les jeunes Maliens autour des questions de citoyenneté. Donc au-delà de ça, nous intervenons vraiment dans pratiquement tous les secteurs, parce que l'agence même, je la définis comme une agence d'idées en réalité, compte tenu un peu de notre polyvalence. et aussi de notre ambition surtout de pouvoir créer de la valeur avant de nous cantonner à tel ou tel secteur. Donc, on peut vraiment intervenir partout où il y a besoin d'idées, partout où il y a besoin d'innovation ou de création de valeur.

  • Speaker #1

    Très bien, je te remercie de préciser ce point-là. Ce qui va être intéressant, c'est d'essayer de voir avec toi. Tu dis qu'aujourd'hui, l'agence, il y a cinq personnes. Quels sont les différents profils qu'il y a au sein de ton agence aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Nous avons... Principalement des profils de gestionnaire de projet. C'est notre principale activité en vrai. Des profils qui sont à même, par exemple, de conduire un événement, de conduire tout type de projet. Il y a également un profil com, qui reste aussi un élément assez fondamental de notre activité. Et également un profil d'artiste et créatif. qui va justement apporter toute la petite magie dans tout ce qu'on fait comme projet. Donc on met le cœur vraiment, c'est l'opérationnel, c'est des profils de chef de projet.

  • Speaker #1

    Très bien. Et est-ce que tu pourrais nous partager l'une des dernières campagnes, puisque tu parles d'une agence d'idées, sur laquelle tu as pu travailler et dont tu es particulièrement fière ?

  • Speaker #0

    Je dirais du coup l'émission de télé-réalité que j'ai évoquée tout à l'heure. Le nom même de l'émission, c'est l'Instanté. Donc, c'est une émission de télé-réalité malienne qui met en compétition des grains de jeunes. Les grains, en fait, c'est propre au Mali et propre également à d'autres pays en Afrique de l'Ouest. Il s'agit en fait des groupes de jeunes qui se réunissent soit parce qu'ils viennent de la même rue, soit à la même école. soit du même quartier. Donc l'objectif en fait c'est que chaque grain puisse proposer un projet de développement communautaire pour son quartier et durant les deux mois de mission du coup ils doivent tout mettre en œuvre pour ficeller le projet, mobiliser des ressources financières, des ressources humaines également et pour qu'à la fin les meilleurs projets puissent avoir leurs projets financés par les missions. Donc cette année par exemple c'était un grand challenge parce que habituellement nous menons le projet sur la ville de Bamako, de Kati et également dans la région de Ségou. Mais cette année nous avons rajouté deux nouvelles régions donc l'émission s'est déployée pratiquement sur cinq villes. Donc c'était deux mois intenses avec une équipe de presque une centaine de personnes si on compte vraiment tout le monde, le jury, les... coachs, les techniciens et toute l'équipe. Et là, nous avons pu clôturer en beauté. C'était une réussite et nous sommes en train du coup de financer cinq projets. Et c'est des projets qui sont financés à hauteur de 2 millions jusqu'à 7 millions de francs CFA. Et ça va permettre du coup à ces jeunes-là de pouvoir réhabiliter une salle de classe, pouvoir créer un centre multimédia dans une école, pouvoir également eux. contribuer à un système d'addiction d'eau dans une autre ville. Il y a également des projets plus dans l'entrepreneuriat social, comme par exemple, nous avons eu la chance d'avoir un grain de noms et de malvoyants, par exemple, qui avait pour projet de mettre en place une unité de fabrication et de vente de savon produit par du coup les malvoyants et en tout cas des personnes qui souffrent de déficiences visuelles. Et il y a aussi un des projets qui consiste un peu à créer une marque un peu d'objets de découpe, mais produit à partir de déchets et de... et doivent être recyclés. Donc c'est vraiment des projets super intéressants et le fait de voir des jeunes qui habituellement n'ont pas vraiment été préparés à cela ou il y en a qui n'ont même pas poursuivi de longues études, mais de les voir pendant deux mois en train de monter des dossiers PowerPoint, de faire des présentations, parce qu'il y a également des primes devant un jury, d'aller mobiliser leur population locale, la mairie, les autorités. public, tout ça, pour mobiliser une partie du financement. Et vraiment, ça redonne confiance pour nous, ici, au Mali, compte tenu un peu de tout ce qu'on traverse. Donc, ça montre qu'il y a quand même des jeunes qui en veulent. Et du coup, cette émission a été en partie pilotée par l'agence. Et ça reste une grande fierté.

  • Speaker #1

    Très bien. Et cette émission-là, en fait, qui est le client, en fait ? Qui est-ce qui t'a sollicité pour pouvoir améliorer créer cette émission de téléréalité ?

  • Speaker #0

    Disons que l'émission a été fondée par une association dénommée Culturelle. C'est une association qui a été créée à la base par des opératrices culturelles qui ont amené beaucoup de projets. L'objectif de cette association, c'est de pouvoir participer au développement sur tous les plans, mais à travers la culture. La première saison de l'émission a été créée en 2017. Et à la base, en fait, j'étais du coup un simple community manager à l'époque en 2017, mais de fil en aiguë, du coup, la collaboration a grandi et l'association reste aujourd'hui un des clients importants pour l'agence compte tenu un peu de son cœur d'activité et des projets sociaux qu'on met en place et surtout de cette liberté que l'association nous permet d'avoir dans les campagnes. parce que ce n'est pas forcément évident. Nous, dans les projets qu'on choisit, on aime bien un peu tous ces projets-là avec un peu de grain de folie. C'est pour ça que j'ai toujours évité un peu l'accompagnement institutionnel. C'est comme là en fait qui est plus rigide.

  • Speaker #1

    Très bien. Alors du coup, c'était très intéressant que tu prennes le temps de nous parler de cette émission de télé-réalité, l'Instant T. Est-ce que pour des gens qui sont à Paris, en région parisienne ou de la diaspora, est-ce qu'on peut voir des épisodes ? Est-ce qu'il y a un accès ?

  • Speaker #0

    Tous les épisodes sont disponibles sur la chaîne YouTube de l'émission qui s'appelle l'Instant T. Je pense qu'il y a absolument tous les épisodes depuis 2017 jusqu'à maintenant.

  • Speaker #1

    Très bien. Écoute, je mettrai le lien en note de l'épisode de la chaîne. Martin, ce que j'aurais aimé, c'est que tu nous partages un exemple qui soit plus en lien avec le secteur de la mode, en fait, de projets, de missions sur lesquelles tu aurais pu travailler et dont tu es particulièrement fier.

  • Speaker #0

    Des projets externes, c'est ça ? Pas de production interne ?

  • Speaker #1

    Comme tu veux, interne ou externe, mais en tout cas, des projets sur lesquels tu aurais pu travailler dans le secteur de la mode.

  • Speaker #0

    Bon, je peux par exemple vous citer la semaine du Boubou, qui est un concept que nous avons initié lors de la dernière fête de Tabaski. Donc ça c'était par exemple un projet en partenariat avec la marque Itanouk, avec qui l'agence travaille beaucoup depuis je pense 2016. Donc il s'agit en fait d'une semaine de vente privée, mais dédiée vraiment à la culture du Boubou, à l'univers du Boubou. Donc l'événement a réuni environ une dizaine de créateurs, à savoir deux marques du Sénégal, qui étaient du coup les marques invitées. Donc ça pareil, l'idée de pouvoir bosser sur un événement avec un concept propre, on a pu faire de belles activités avec des dress codes, tout ça. Et la vente a permis quand même à donner un grand élan à la vente, puisque les chiffres étaient... assez intéressants au terme. Et par exemple, il s'agit d'une initiative qu'on envisagerait par exemple de déporter, même dans d'autres capitales africaines.

  • Speaker #1

    Très bien. Donc intéressant de voir du coup, parce que là c'est un univers qui est totalement différent de l'émission de télé-réalité, l'Instanté, la Spanish Boo Boo, et de se dire que ton agence en fait, elle arrive à finalement travailler en collaboration avec différentes entreprises et associations ou marques pour pouvoir les accompagner dans leur... dans leur développement. Et l'idée, c'est qu'on puisse comprendre que ton agence, finalement, ce n'est pas que de l'événementiel, c'est vraiment, comme tu l'as dit, une agence d'idées qui va être au service des marques. Absolument. Moi, j'ai envie de revenir un peu, parce que comme tu l'as dit au départ, je te présente comme un jeune entrepreneur de 31 ans. Et ton agent tu l'as lancé en 2017, quel est ton background en fait ? Au niveau de tes études, au niveau de la formation que tu as pu avoir, de tes premières expériences, quelle est ton expertise en fait au départ ?

  • Speaker #0

    Au départ, mon expertise initiale n'a absolument rien à voir avec ce que j'exerce aujourd'hui parce que j'ai eu un bac. Technique du coup, je suis ici dans le lycée technique en filière génie civil. Donc j'ai eu mon bac du coup totalement scientifique. Et ensuite après le fait, tout au long de mon lycée, j'ai commencé un peu à perdre goût un peu pour cette filière-là. Donc c'était vraiment à partir d'un peu de mon bac que je commençais un peu à découvrir la... comme le marketing, la mode et tout ça. Donc, le centre d'intérêt a commencé à changer un peu. Donc, moi, j'espérais qu'après le bac, que je pouvais à présent me lancer en commerce ou en communication. Mais je me suis ensuite retrouvé encore à faire le concours d'entrée à l'École nationale d'ingénieurs. Honnêtement, un concours que j'espérais rater. Mais malheureusement, j'ai... J'ai opté le concours d'entrée dans cette école-là, donc j'étais de moins en moins passionné par le génie civil. Donc après le BTS, j'ai raccroché avec cette filière-là et c'est là où je me suis inscrit dans une école de commerce, en filière commerce internationale, pour avoir une licence. Ensuite, je me suis spécialisé en com. Donc au final, les études que j'ai suivies, que j'ai poursuivies. ne me prédestinaient pas forcément à la com ou à la mode. Mais disons que ça restait quand même un domaine créatif, puisque l'ingénie civil, c'est également de la création, c'est du design. Mais disons que c'est peut-être le contexte pédagogique, je pense, qui ne m'a pas vraiment encouragé à au moins terminer ma formation d'ingénieur, parce que je suis quand même quelqu'un, j'aime les challenges. Je pense que j'aurais pu vraiment aller au bout, quitte à changer après. Mais le contexte pédagogique faisait que ça demandait beaucoup d'énergie. Je ne trouvais pas forcément le modèle pédagogique light ou efficient. J'ai comme l'impression que c'est encore le même système qu'il y a des années et des années. Et ça, ce n'était pas vraiment ce qui m'animait personnellement. Donc, il m'a fallu vraiment mener une longue bataille en famille pour pouvoir enfin me lancer. dans une filière qui me passionnait. Donc voilà, je suis issu, j'ai eu un bac technique, un passage à l'École nationale d'ingénieurs pour ensuite véritablement me consacrer à la communication.

  • Speaker #1

    Très bien. Et donc tu as fait du coup ce parcours à la fois, on va dire scientifique, technique, et ensuite plus, comment dire, un profil commerce international. Une fois que tu as fait cette école de commerce, Quelles sont les premières expériences professionnelles que tu as eues ? Est-ce que tu as travaillé pour des entreprises ou est-ce que directement tu t'es mis à ton compte ?

  • Speaker #0

    Disons que je n'avais pas trop le choix parce que les études de commerce, du coup, je devais les payer moi-même. Donc immédiatement, il me fallait trouver des petits jobs. Donc c'est à ce moment-là que j'ai commencé un peu à assister des opérateurs culturels, à travailler avec une agence. qui m'a vraiment permis de me lancer, on va dire, ou en tout cas d'appréhender le secteur de la mode. Il y a des années, mais disons que ça a toujours été des expériences par-ci et par-là en tant que freelance. Je n'ai jamais eu vraiment à intégrer une entreprise. Je pense que ma première et seule expérience vraiment en entreprise, c'était tout récent. C'était, on va dire, il y a... Il y a deux ans, ou en parallèle, j'ai dû accepter une mission au sein d'une institution diplomatique à Bamako pendant trois ans. Et là aussi, mon objectif, c'était surtout un peu de voir comment ça fonctionne en entreprise ou en organisation. Parce que je n'avais vraiment pas eu l'occasion de bosser justement dans un cadre bien lisse de 8h à 17h. Donc quand j'ai eu cette opportunité, je me suis dit, tiens. Peut-être que ce serait intéressant de voir à quoi ça ressemble, mais durant tout mon parcours, j'ai toujours été à mon propre compte. en freelance avant que l'agence soit totalement mise en place.

  • Speaker #1

    Très bien. Donc, par rapport à l'agence, je pense qu'on a bien exploré ce que tu fais et comment tu as pu développer ton activité. Maintenant, j'ai envie de passer à la partie association, que tu nous racontes un petit peu comment est venue l'idée de créer cette association et puis, quelles sont les différentes initiatives que tu as développées avec ton association ?

  • Speaker #0

    Donc, Malimode, nous l'avons créé en 2011. Donc, j'étais avec mon meilleur ami et également ma petite sœur. Donc, on formait un peu la petite bande à l'époque. On regardait des déchets et tout ça. Donc, on était tous passionnés par la mode en 2011. Donc, on a commencé à faire des recherches un peu sur ce qui se passait à Bamako à l'époque. Mais on a été, en fait, c'était une désillusion totale parce que... Il n'y avait pratiquement rien. C'est-à-dire que les événements se comptaient un peu par an. Je pense qu'il y avait même, on peut même dire, pratiquement toute une année sans événements mode. Il y avait peu d'acteurs qui étaient réunis ou peu d'acteurs qui étaient visibles. Chacun était vraiment un peu dans son petit coin, mais en fait, il n'y avait aucune visibilité d'une scène mode. Bien qu'il y avait quand même des créateurs, il y avait des marques et tout ça, mais le terrain était quasiment vierge. Donc c'est là où nous nous sommes dit peut-être que ce serait bien de créer une association qui allait du coup avoir cette mission-là d'abord de fédérer des personnes, d'être une plateforme de rencontres qui nous aurait permis du coup un peu d'identifier les uns et les autres un peu par-ci et par-là. C'est comme ça que l'association a été créée en 2011. Notre première activité a été d'organiser une petite formation pour des jeunes mannequins. À l'époque, on faisait ça dans la cour du palais de la culture. On a organisé cette première petite formation en janvier 2012. Au terme de la formation, nous nous sommes dit que ce serait bien que ces jeunes mannequins puissent quand même défiler. Donc c'est là où on a vu qu'il se tenait un festival reggae qui continue toujours d'ailleurs. C'est le premier festival reggae de Bamako. Donc on a approché les organisateurs parce que nous on n'avait pas forcément les moyens pour mobiliser de la logistique ou produire un événement propre à nous. Donc on a proposé du coup à ce festival-là de pouvoir nous donner un petit temps pendant leur soirée de clôture pour qu'on présente. ces mannequins et qu'on organise ce défilé de mode. Donc nous avons réfléchi un peu à des créateurs qui avaient un lien un peu avec la culture reggae ou en tout cas qui travaillaient par exemple le bogolan parce que les reggae-men ont quand même cet intérêt pour le motif bogolan et ce textile-là. Donc il fallait du coup produire un défilé qui ne se... qui se retrouverait un peu en fait dans cet univers. Donc on a mobilisé quatre designers, je pense, qui ont proposé du coup des connexions avec des motifs bongolans. Donc ce qui nous a permis du coup de faire défiler nos jeunes mannequins. Et disons que tout est parti de là. C'était le premier événement à l'époque qu'on a organisé. Et après nous avons commencé à mener des petites formations par-ci et par-là. Et jusqu'en 2013 du coup, où on a créé le concept Pagne-Folie. Donc à l'époque, l'imprimer était hyper hyper tendance et tout le monde ne girait un peu que de ça. Donc nous nous sommes dit qu'on allait peut-être créer un concept autour de ça. Donc on a lancé l'événement Pagne-Folie à l'Institut français de Bamako, qui consistait un peu à créer un univers en fait en Pagne, le temps d'une soirée avec un défilé. Pagne Fouillé, on en a fait trois. On en a fait trois éditions. Et c'est un peu à ce moment qu'on a commencé un peu à se faire connaître. Donc à chaque fois qu'il y avait des défilés ou des événements mode, on me sollicitait. C'est comme ça qu'on a eu à bosser sur la production de Bamako Fashion Week en 2015, ensuite du Festival de Bazin. Et c'est en 2015 également que nous avons lancé notre premier programme de formation qui consistait un peu à identifier trois jeunes talents. donc deux couturiers et un styliste. Donc c'est justement cette formation qui a permis à la marque Jika Dressing, qui est assez connue maintenant, Jean Cassim, c'est ce premier programme de formation qui l'a permis du coup de réaliser sa première petite collection. Et disons que tout est parti de là et de fil en aiguille. On a commencé un peu à faire connaître l'association et à mener des projets de plus grande ampleur.

  • Speaker #1

    Très bien, je te remercie. Donc, dévoquait Jean-Cassime Dembélé de Chica Dressing. Je mettrais en lien des notes de l'épisode à l'article où, en fait, je présente sa marque et je lui avais posé quelques questions. Donc je pourrais effectivement ajouter ces éléments-là. C'est intéressant de voir qu'à l'origine, les premiers éléments qui lui ont permis de se développer, c'est à travers les événements que toi, tu as pu organiser. Aujourd'hui, on peut dire que ton association, quand on arrive au Mali et quand on veut savoir qui sont les acteurs de la mode, quels sont les événements importants, tu es un peu une figure de référence. En tout cas, tu pourrais être la personne à contacter pour être sûre qu'on va savoir tout ce qui se passe au Mali en termes de mode.

  • Speaker #0

    effectivement, on continue d'ailleurs dans la même lancée très bien,

  • Speaker #1

    donc au départ ce que je comprends c'est que l'association elle accompagnait des événements qui existaient déjà et puis ensuite vous avez voulu créer vos propres structures mais ce que j'entends c'est que la formation ça a toujours été quelque chose dès le départ vous avez commencé par faire de la formation effectivement la dimension enseignement,

  • Speaker #0

    pédagogie elle était importante elle était importante parce que euh Au Mali, disons que la mode, même si elle connaît un essor ces dernières années, ça reste quand même un secteur ou un domaine pas très familier du point de vue de l'éducation, de l'ouverture d'esprit et tout ça. Disons que la mode, même pour le Malien lambda, la mode est synonyme de défilé de mode tout simplement. des mannequins qui défilent sur un podium. Et ça, c'est par exemple un exemple qui nous a toujours... En fait, c'est comme ça que ça a toujours été évident pour nous de continuer à former les gens, à participer à cette sensibilisation-là ou à cette vulgarisation-là des métiers de la mode. L'autre dimension, c'est que... Pour nous, la formation, c'est la base de tout, c'est-à-dire que ce soit pour un jeune designer, un mannequin. Avant de vouloir embrasser un métier, en fait, il est indispensable de maîtriser son sujet. Et malheureusement, en fait, il n'y a pas vraiment d'école de mode au Mali ici. Donc, c'est pour ça que nous, nous nous efforçons vraiment à toujours animer cette dimension-là, de pouvoir former des gens, de pouvoir les outiller. et pouvoir les accompagner dans le cadre de leur carrière. Donc, par exemple, sur le plan... Si on prend les créateurs de mode, nous on va dire qu'au bout de deux éditions du Mali Mod Show à l'époque, on avait déjà fait le tour des marques ou des créateurs de mode qui pouvaient se présenter pendant le Mali Mod Show. Donc il fallait dénicher des talents, il fallait former ces talents-là pour qu'en fait... pour participer à rendre dynamique le secteur. Donc la formation est vraiment une partie intégrante de toutes nos activités, de tous nos projets, pour chaque événement, même en dehors des événements. On ne se fatigue jamais à créer des masterclass, ou ne serait-ce que des petites conversations de groupe, pour évoquer des sujets aussi divers, que ce soit la création, la gestion, le marketing. Merci. tous les autres métiers annexes qui restent quand même indispensables à l'entreprise e-mode ou à la carrière dans la mode.

  • Speaker #1

    Très bien, très intéressant cet engagement sur cette notion de pédagogie parce que l'idée c'est qu'effectivement, à partir du moment où les personnes acquièrent des compétences, montent en compétences, on sait que c'est un savoir qui peut leur permettre de se développer par la suite. Donc c'est vraiment une dimension qui est extrêmement importante et qui m'est chère à moi également. Donc on va en venir aux différentes initiatives qui ont été développées par l'association. Là, vous n'avez plus le rôle de travailler avec des événements existants à la production, à la logistique, et on va accompagner la communication. Là, on crée nos propres événements. Donc est-ce que tu peux me parler de cette partie-là ?

  • Speaker #0

    Oui, donc le premier événement, du coup, en tout cas, On va dire que le premier grand événement, ça a été le Mali Motion 2018. Là, pareil, toujours pour répondre à ce besoin-là de créer une plateforme de promotion et de valorisation au profit des professionnels de la mode, il fallait du coup avoir ce rendez-vous-là, ce rendez-vous qui allait du coup réunir des designers, des mannequins, un peu tous les corps de métier de la filière, le temps d'une soirée. Donc à l'époque, le Mali Motio se tenait vraiment sur une seule soirée, en 2018. Mais en parallèle quand même du Malimot Show, il y avait toujours des ateliers et des masterclass sur une semaine qui devaient passer par la formation des gens. Donc le premier grand projet, ça a été le Malimot Show. On en a fait en 2018, en 2019 également. En 2020, on n'en a pas fait pour des raisons de pandémie. Et c'est entre temps, du coup, vu qu'on ne pouvait pas organiser cet événement-là, vu qu'on ne pouvait pas totalement rassembler du monde, donc il fallait quand même maintenir un peu notre rythme d'activité. C'est ce qui nous a amené à penser à la création de la Malimode Académie. Donc la première session a été lancée en fin 2020-2021 et c'est l'année où il n'y a pas eu de Malimode Show à l'époque. Donc on a initié ce programme-là parce qu'au bout des deux Mali Mod Show également, nous avons constaté le fait qu'il n'y avait pas suffisamment d'offres ou de propositions sur le marché. C'est-à-dire la première édition c'était avec un groupe de designers, la deuxième c'était à peu près avec les mêmes têtes. Et moi personnellement, je trouvais ça dommage qu'il n'y ait pas cette variété-là, qu'il n'y ait pas cette richesse-là. dans les styles ou dans les designers. Et le fait de devoir toujours faire avec les mêmes, en fait, ne me convenait pas trop. Donc, nous avons dit, écoute, on va se taper le boulot. On va lancer des designers. Et c'est comme ça que la Malimor Academy a été créée à l'époque. Donc, le concept, c'est de lancer un appel à candidature, identifier dix jeunes et les former durant six mois. Et c'est vraiment... une formation assez intense où l'objectif c'est vraiment de les amener en fait à connaître un peu la base, à se dire que la mode c'est quoi déjà, qu'est-ce qui rentre en compte dans la mode, comment on devient designer, comment on apprend à couper, à couper, parce qu'il y a deux volets, il y a la dimension théorie et pratique. Donc il y a de la formation en courbe, couture, en broderie, en design textile, en bogolans, en tissage. Et on y associe aussi tous les autres métiers annexes ou toutes les autres matières comme la com, le marketing de la mode. On fait aussi des modules en développement personnel parce que ça reste quand même important pour nous le mindset un peu de ces jeunes-là. Et au bout de la formation, on organise un défilé de restitution qui leur permet du coup de présenter les travaux sur lesquels ils ont travaillé tout au long de six mois. Donc en 2021, on lance la première édition du MaliMod Academy. Et en 2022, du coup, le MaliMod Show revient. Et l'événement est passé d'une soirée à trois. à trois soirées et jusqu'en 2023 où du coup ça a vraiment pris toute cette dimension de festival pendant dix jours.

  • Speaker #1

    Très bien. Alors j'aimerais qu'on revienne d'abord sur la partie Manimode Academy. Est-ce que tu peux nous citer du coup justement des talents, des techniques ? Et grâce à la Mali Mod Academy, qui voilà aujourd'hui, j'imagine sont reconnus au Mali et peut-être en dehors des frontières du Mali.

  • Speaker #0

    Donc le Mali Mod Academy a permis par exemple de lancer la marque Laifi, qui est disponible sur les réseaux sociaux. Il y a également Sarah Design qui est une marque de création d'accessoires à base de perles. Il y a un... Il y a un label textile qui a été lancé également qui s'appelle Mandé Fini. Il y a également la marque Milogo qui est également sur le marché, comme la marque Paris. Disons qu'au bout des deux éditions du Malimora Academy, on peut compter une douzaine de jeunes marques. qui sont pleinement en activité aujourd'hui. Il y en a qui ont défilé à l'étranger, comme par exemple au FIMA, comme au MASA à Abidjan, comme au FIMO à Lomé. C'est vraiment 10 marques qu'on peut dire plus ou moins établies maintenant. Et on continue de les accompagner d'ailleurs, parce qu'on est en train de les réunir en collectif. Ils font souvent des ventes privées ensemble. Ils sont distribués par... par exemple la maison IKALUK. Donc ça nous a vraiment permis de créer un écosystème qui est de plus en plus dynamique, des jeunes talents qui créent et qui vendent surtout. Ça c'est très important pour nous, pour ne pas quand même qu'on se limite un peu à l'aspect festif, bling bling. Donc ça a toujours été en fait l'objectif de pouvoir lancer des créateurs qui avaient cette ambition-là d'être des entrepreneurs mode. et de fonder leurs marques et de pouvoir les distribuer.

  • Speaker #1

    Très bien. Et maintenant, je voudrais revenir du coup sur la dimension liée à l'événement où tu dis aujourd'hui que ça a commencé par une soirée, puis on est passé à trois jours et aujourd'hui c'est un festival de dix jours. Donc comment est-ce que ce qui est aujourd'hui un festival, comment ça a grandi au fur et à mesure et qu'est-ce qui a fait qu'aujourd'hui ça a... a pu devenir un festival qui va s'étendre sur dix jours ?

  • Speaker #0

    Disons que c'est parti de plusieurs constats. Déjà le premier, en tout cas l'ambition première, c'était de ramener la mode à la même dimension, par exemple, que la musique au Mali. Parce qu'au fil des deux ou trois premières éditions, on a remarqué que ça passait très vite. C'est-à-dire que le fait d'avoir un événement sur une soirée ou sur trois jours faisait que tu avais beaucoup de personnes qui découvraient l'événement qu'une fois que c'est passé, d'une part, et que la seule soirée ne permettait pas de promouvoir suffisamment de marques aussi. Parce qu'à un moment donné, nous nous sommes retrouvés contraints parce qu'il commençait à y avoir de plus en plus de demandes. Et vu qu'il n'y avait pas beaucoup d'événements, donc le Malimor Show, était quand même un peu la seule plateforme annuelle qui permettait aux designers de proposer leur collection. Donc en une soirée, ça ne devenait plus possible parce qu'on tient aussi au fait que la soirée ne soit pas trop longue, qu'il n'y ait pas plus de 10 marques et ça, ça frustrait des personnes parce qu'à un moment donné, il y avait... quand même des marques super intéressantes qui voulaient mais il n'y avait pas forcément de place donc il fallait du coup rajouter d'autres soirées et l'autre raison c'est que voilà il y a nous sommes dit que pour que la mode puisse vraiment avoir un impact pour qu'on puisse être pris au sérieux pour qu'on puisse vraiment en fait occuper la scène en fait culturelle ou la scène un peu créative il fallait vraiment marquer le coup et qu'une seule date ne permettait pas justement d'embarquer un plus grand nombre de personnes autour de l'événement. Donc c'est là où on a étalé l'événement sur pratiquement dix jours. Et la dernière raison, elle est économique, parce qu'il fallait développer des mécanismes pour avoir un modèle économique viable et pouvoir intéresser les partenaires et les sponsors. Parce que c'est un peu triste que la mode ne bénéficie pas de sponsoring ou quoi que ce soit, parce que c'est de la mode selon les partenaires à l'époque, ça ne pouvait pas drainer du monde. Donc il fallait développer d'autres concepts d'événements autour de la mode pour pouvoir accéder à ces potentiels sponsors-là, pour ensuite les faire découvrir tout ce que nous faisons. à travers la mode. Donc au final, la mode est restée en fait le sujet et le prétexte pour embarquer un plus grand nombre et aussi des personnes issues de différents milieux professionnels. Et c'est là où on a réfléchi à créer du coup un programme in et un programme off. Donc notre ambition aujourd'hui c'est de... c'est de nous servir un peu du Mali-Morshio pour aussi vendre la destination Bamako. C'est pour ça que dans la programmation, on peut y trouver une exposition d'art. contemporain, ça parce que voilà il fallait attirer cet autre public là vers la mort. Il y a des after work par exemple avec des entreprises totalement dédiées au cadre et aux professionnels mais pendant lequel du coup il y a aussi un défilé de mode où il y a par exemple le défilé Made in Mali qu'on a initié pour les labels et les marques qui ont cette ambition là. Donc il y a le grand show, il y a également un tea time qui a été développé. qui est beaucoup plus ouvert aux familles et tout ça. Mais il y a des événements que nous, nous produisons même en fait dans le cadre du programme INN. Mais il y a ce programme OFF là qu'on établit en partenariat avec des lieux, avec des boutiques qui veulent profiter du coup un peu de l'engouement durant la semaine du Mali Morshow pour proposer un concept original toujours dans le domaine de la mode. En tout cas, l'objectif, c'est de pouvoir embarquer le maximum de personnes et d'univers autour de cet événement mode. C'est comme ça qu'on en est arrivé là.

  • Speaker #1

    Très bien. Du coup, c'est intéressant de voir l'évolution step by step des événements. Et ce qui est intéressant aussi, c'est la longévité. Puisque dans l'événementiel, il y a énormément de personnes qui se lancent. Mais après une édition, on n'entend plus parler de l'événement. Et ce qui est intéressant dans, toi, ta manière d'aborder les choses, c'est vraiment aussi cette dimension de, tu as d'abord travaillé pour d'autres événements, ce qui t'a permis d'acquérir de la compétence et de maîtriser l'objet, de développer un réseau. Et tu as eu d'abord aussi cette approche de, moi, j'ai envie d'apporter quelque chose de différent, de détecter des talents. Et ce que je trouve intéressant aussi, c'est comment tu réfléchis à, OK, j'ai un événement qui est récurrent, mais j'ai envie de le faire grandir. Et donc, je veux me donner les moyens. Je mets bien ton point sur la partie sponsoring et j'aimerais bien revenir dessus. Quels sont du coup aujourd'hui les sponsors qui soutiennent, ou en tout cas qui accompagnent, je ne vais pas dire soutenir, parce que j'ai eu un échange avec Jacques Logo du FIMO qui, sur ce point-là, disait mais nous, on ne cherche pas des soutiens, on cherche des partenaires business qui... vont trouver un avantage à collaborer avec nous, mais on n'est pas dans une forme de charité. Et depuis, je fais attention dans l'utilisation du terme soutien, parce que c'est vrai, ça laisse à penser que c'est une aide. Mais en fait, un sponsor, quand il vient, c'est qui sait qu'il y a un avantage pour lui en réalité.

  • Speaker #0

    Absolument, je partage totalement la même logique. Parce qu'en fait, nous, on va dire que pour le Malimod Academy, on va chercher du coup... des subventions avec des services de coopération et tout ça. Parce que là, quand même, il y a aussi une dimension sociale et tout ça. Mais même en fait, le Malimaud Academy, nous sommes en train de réfléchir à créer en fait une version payante. Parce que justement, moi-même, je n'ai jamais été en fait à l'aise vraiment avec cette démarche-là en fait de toujours dépendre en fait du soutien. ou de subventions, parce que pour moi, en fait, ça met en risque la pérennisation des initiatives. C'est pour ça que, par exemple, pour le Malimode Show, on revendique totalement le fait que ce soit un événement commercial. On revendique que certaines soirées soient en fait limite élitistes, des fois, parce qu'il y a quand même des tickets qui peuvent coûter relativement cher. Parce que nous, derrière, il y a... énormément de charges. C'est pour ça aussi que, par exemple, pour le Mali Mod Show, on travaille toujours à faire de telle sorte que l'événement ne soit pas totalement dépendant même en fait, même du sponsoring. C'est-à-dire les subventions même en fait, on ne les sollicite pas ou en tout cas on garde la main sur en fait la particularité de notre production parce que souvent le risque avec les subventions c'est que tu vas en fait brader ton concept. où tu vas en fait créer un concept pour répondre à l'objectif, par exemple, du bailleur et t'éloigner de ton ambition et de ton objectif. Donc, par exemple, pour le Malimot Show, même pour l'aspect sponsoring même, c'est important pour nous, ça permet de couvrir les charges, mais on travaille toujours à faire de telle sorte que la vente de tickets ou la vente, par exemple, des produits du Malimot Show puissent couvrir l'événement jusqu'à 60 ou 70 Parce qu'on se dit que c'est ce qui peut nous garantir que l'événement puisse continuer à exister et à grandir, parce qu'on n'est pas dépendant du coup de ce sponsoring-là. Et pareil aussi sur le sponsoring. Nous, par exemple, nous sommes accompagnés majoritairement aujourd'hui par une société de téléphonie. Ici, nous avons été, par exemple, le premier événement mode que cette entreprise a sponsorisé parce qu'au départ, il ne trouvait aucun intérêt à la mode à l'époque. Donc, il nous a fallu réfléchir à des événements co-brandés avec cette marque-là pour qu'ils puissent voir un peu que ce secteur... pouvait aussi drainer du monde. Mais en fait, ça reste encore assez modeste dans les finances même de l'événement. Et il est très important pour nous que l'événement ait un vrai modèle économique autonome. Que l'événement soit en fait financé par des gens qui y viennent, par des ventes privées qu'on reproduit en parallèle, par des soirées qu'on mène. ou par des sponsors qui ne viennent pas par pitié, mais qui viennent parce qu'il y a un marché, parce qu'il y a de potentiels acheteurs, parce qu'il y a un public cible en fait qui les intéresse sur le plan économique. C'est-à-dire qu'ils ne viennent pas pour nous soutenir, ils viennent aussi pour faire des affaires. C'est pour ça que nous avons pas mal de soirées pendant le Malimode Show. qui sont devenues en fait de belles occasions de networking pour les marques, pour les gens. On permet en tout cas de connecter du coup les marques à ce public cible-là qui a un certain pouvoir d'achat et qui peuvent être en fait des prospects pour eux.

  • Speaker #1

    C'était important de préciser ce point du business model en fait de l'événementiel et de vraiment préciser le rapport qu'il peut y avoir avec ceux qui subventionnent et ceux qui sponsorisent. Et toi, ce que j'entends, c'est que tu dis à garder une forme de liberté et à garder une enquête d'entrepreneur. Un entrepreneur, ce n'est pas une œuvre de charité où on recherche des dons. C'est qu'on met en place un business model avec des rentrées d'argent d'un côté, des dépenses de l'autre et avec une volonté de faire du bénéfice. Et il n'y a pas de raison qu'on...

  • Speaker #0

    À s'en cacher ou à ne pas être à l'aise avec ça, au final, parce que je me rappelle, même une fois pour le Malinois d'Académie, il y a... On a postulé pour une subvention et quand je présentais le dossier, on m'a limite réproché le fait que le Malimoda Academy n'était pas ouvert par exemple aux jeunes femmes vulnérables, aux jeunes hommes vulnérables, les cas sociaux un peu. Je me suis dit que ce n'était pas la vocation de ce programme-là. Nous, nous sommes certes sensibles à tous ces jeunes-là, à tout ce public-là, mais ce n'est pas notre cœur de métier. Nous estimons qu'il y a des personnes qui œuvrent dans ça. Et nous, le Malimaud Academy, c'est pour en fait créer du développement. Ce n'est pas de la charité. Les jeunes qu'on souhaite former... C'est des jeunes en fait qui ont de vrais projets d'entreprise, c'est des jeunes qui ont envie de créer de la valeur, de créer du chiffre, de lancer des entreprises et ce n'est pas du pur social, c'est-à-dire que ce n'est pas de la charité qu'on a envie d'apporter à ces jeunes-là. Et c'est là où souvent même en fait, beaucoup d'événements ou beaucoup d'initiatives en fait en Afrique se retrouvent en fait limite galvaudées parce qu'il fallait obligatoirement rentrer dans... Dans les cas un peu du bailleur, tu vas te dire en fait, moi, pour que je finance ton événement, par exemple au Mali, il faut que tu dédies ça à la culture de la paix ou de la réconciliation. Et ça, c'est quelque chose, par exemple, que j'ai toujours refusé. Si j'ai envie de produire un événement ou de participer à telle ou telle cause à travers nos initiatives, je sais comment les faire. Mais pour le moment, ce n'est pas notre créneau. Ce n'est pas la finalité des projets qu'on met en place parce que nous, nous nous intéressons au développement économique et ça ne nous gêne pas de le dire.

  • Speaker #1

    Ce qui est intéressant là, c'est qu'il y a certains d'ailleurs qui effectivement vont mettre en avant leur ambition. On a des fonds pour accompagner des populations vulnérables en Afrique et donc on cherche effectivement des associations à accompagner pour pouvoir aller cibler ces populations vulnérables. Mais parfois, quand on fait le point des initiatives qui sont soutenues, il n'y a pas forcément de résultat.

  • Speaker #0

    Non, non.

  • Speaker #1

    Il va forcément dire derrière, ah, tel bailleur a accompagné telle initiative et ça fait cinq ans qu'ils font ça.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas d'impact. C'est ce que je dis. Je dis honnêtement à ces bailleurs-là, si vous souhaitez vraiment lutter contre la pauvreté, contre les crises et tout ça, en tout cas économique, si vous voulez participer au développement, vous savez vers quoi il faut aller injecter de l'argent pour avoir du développement. Honnêtement. Donc souvent, on a ce rapport-là où je n'hésite pas vraiment à dire ça, parce qu'en réalité, un jeune designer passionné qui a envie de créer une entreprise est accompagné. Après, c'est de la valeur qui est créée, c'est des emplois qui sont créés. Maintenant, on ne rejette pas non plus. Toute cette aide-là dirigée vers les populations vulnérables, c'est nécessaire, ça a sa place. Moi, ce qui me dérange, c'est cette pression un peu subtile qu'on essaie souvent de mettre sur les opérateurs culturels pour obligatoirement intégrer cette dimension dans leur production, qu'ils le veuillent ou pas, des fois.

  • Speaker #1

    J'entends, je suis complètement alignée avec ton analyse et je trouve que parfois, et c'est souvent des programmes occidentaux qui arrivent en Afrique avec on sait comment on va vous aider et plutôt que des acteurs locaux qui vont vous dire mais en fait, nous voilà la proposition qu'on vous fait. En fait, ils arrivent avec non mais nous, en fait, on a déjà réfléchi. En fait, on a des consultants qui ont réfléchi, qui ont de l'expertise. Il y a des rapports, on sait quoi. Et en fait, il peut y avoir des difficultés de compréhension, parce qu'il y a des bonnes volontés de chaque côté, mais dans la manière de faire, je trouve qu'on ne donne pas assez la main aux acteurs locaux. Voilà quelle est mon expérience, voilà ce que je propose. Essayons, on n'est pas obligé de prendre toute la subvention disponible, on peut prendre une partie, et on va prouver que c'est aussi un bon moyen de faire en fait.

  • Speaker #0

    Absolument.

  • Speaker #1

    Donc ? Maintenant, on va venir à parler de la prochaine édition, en fait, de ton événement qui a lieu la semaine prochaine. Donc, au moment où on enregistre l'épisode, en fait, on est 18 novembre, 17 novembre. Donc, du coup, on est dix jours avant le démarrage de la prochaine édition. On a réussi à caler cette interview alors que j'étais très, très occupée. C'est vrai. Est-ce que tu peux nous dire un peu de ce qui se passe ? prépare, qu'est-ce qu'on va avoir pour cette prochaine édition ?

  • Speaker #0

    Donc du coup, le prochain événement qui arrive du coup c'est le nouveau en fait forum de la mode et du design qu'on a produit, donc comme grosse information c'est que vu la taille du Mali Mod Show que j'ai présenté tout à l'heure, nous avons jugé nécessaire à en faire une biennale donc le Mali Mod Show se tiendra tous les deux ans dorénavant mais comme interbiennale entre Deux éditions du Mali Mod Show, nous avons quand même tenu à créer ce forum-là qui se définit un peu comme le laboratoire qui va nous permettre de penser le Mali Mod Show, mais de manière beaucoup plus globale, un laboratoire qui va nous permettre de traiter la mode sous l'angle économique, sous l'angle business. Parce qu'au bout de plusieurs éditions, d'organisations, de défilés de mode et tout ça, Il était important pour nous de créer aussi une plateforme à travers laquelle nous allons parler structuration, nous allons parler financement, nous allons parler politique de développement même liée à la mode. Mais trois jours d'activité à travers des ateliers de réflexion, des masterclass et des panels également pour justement parler de la mode autrement. Parce que nous, en fait, on en a besoin ici au Mali, parce qu'encore une fois, pour beaucoup de gens, la mode, en fait, c'est loin de nous. La mode, ce n'est pas forcément nous, ça ne nous concerne pas. Donc l'ambition de ce forum-là, c'est de pouvoir parler des business dans la mode, des métiers dans la mode, et de pouvoir commencer un peu à réfléchir sur des projets de politique un peu, de structuration, de développement. et également d'accompagnement de la filière mode. Ce forum est prévu du 28 au 30 et nous prévoyons de mener des ateliers sur trois jours qui ont pour objectif de réunir le maximum de corps possible et de métiers possibles pour par exemple travailler sur la question de classification, sur la question de nomenclature, sur en fait... établir en tout cas une analyse un peu de la filière et de la chaîne de valeur ici au Mali. Donc, cette première édition, nous avons vraiment tenu à ce que les ateliers qu'on va produire ne traitent que de ça, parce que pour nous, c'est la base qu'on puisse, entre acteurs et professionnels, ou même en fait partenaires un peu de la filière, qu'on puisse s'asseoir et définir, et parler des corps et des métiers, savoir qui fait quoi, qui commence où. comment les métiers sont interconnectés entre eux, pour qu'ensuite on puisse aboutir à un projet de cartographie un peu de la scène, parce que c'est des éléments qu'on estime qui vont nous permettre, sur du long terme, de démontrer le poids, l'apport et l'importance, en fait, de la filière mort ici au Mali. Il y a aussi la nécessité, par exemple, de création de données. Aujourd'hui, nous, pour nos initiatives, un peu, nous portons cette ambition-là de pouvoir... valoriser la mode, de pouvoir un peu changer les manières de penser ou des manières de perception sur la filière. Même en termes de métier, par exemple, malheureusement, les gens vont souvent dans des écoles de coupe et de couture parce qu'ils n'ont pas réussi à faire autre chose, parce qu'en fait, cette filière-là reste quand même victime de beaucoup de perceptions. Donc, nous essayons un peu de traiter la démotion économique. qui pourra être pour nous un instrument assez efficace pour démontrer toute la place de ce domaine-là sur l'économie même du pays. Et c'est à cela que le Forum s'ambitionne de travailler.

  • Speaker #1

    Donc pendant trois jours, ça va être une succession d'ateliers avec différents professionnels du secteur des industries culturelles et créatives ?

  • Speaker #0

    Absolument.

  • Speaker #1

    Un élément qui est ouvert au public ou qui est plutôt restreint aux experts ?

  • Speaker #0

    Disons que les ateliers sont restreints aux experts et aux professionnels quand même expérimentés. Mais par contre, il y a aussi des masterclass qui sont prévus, qui restent toujours pédagogiques pour des jeunes designers. Donc des masterclass qui vont parler de qualité dans la production. qui vont parler également de mode éco-responsable et qui vont parler aussi de modèle économique. Ensuite, il y a les panels qui sont ouverts à tout le monde, à tout le public. Et c'est exactement ce qu'on veut faire, c'est vraiment encore une fois de réunir des professionnels de la mode avec plusieurs métiers du secteur privé et également avec les décideurs un peu politiques pour que nous, nous puissions faire des plaidoyers. et montrer toute la pertinence en fait de ces sujets-là.

  • Speaker #1

    Et quand tu évoquais la notion de données, effectivement je suis complètement encore une fois alignée avec toi sur le fait que la production de data, c'est l'essentiel pour pouvoir discuter avec les différents acteurs et les différentes parties prenantes, qu'il s'agisse des politiques, mais qu'il s'agisse aussi des entreprises et des potentiels sponsors. Quand la discussion commence, ce qu'ils veulent savoir c'est… Ils veulent avoir des datas. Du coup, toi, ton ambition à l'issue de ce forum, c'est de pouvoir produire un rapport ?

  • Speaker #0

    Pour le forum, oui, l'ambition, c'est de produire un rapport. Mais en fait, on n'a pas forcément cette prétention-là, en fait, de pouvoir arriver à cette étape, en fait. Et maintenant, nous, pour cette première édition, on souhaite d'abord analyser un peu les métiers et les différences. encore, mais derrière, ce qu'on aimerait impulser à travers le forum, c'est effectivement la réalisation de cette, la production de ces données-là dans le futur. Porter un projet de cartographie ou un projet de production de données sur la filière, parce que les données qui existent, en fait, je pense, en tout cas concernant le Mali, c'est des données qui datent de plus de 10-15 ans. Aujourd'hui, par exemple, on ne peut pas dire, par exemple, dans telle rue ou dans telle ville, voilà tel nombre d'ateliers de couture qui existent, voilà combien de personnes ils emploient, voilà le chiffre qu'ils génèrent et de manière beaucoup plus large en fait, il n'y a vraiment aucun support qui peut permettre d'avoir cette lecture actuelle un peu de ces données-là. Et nous on sait que c'est également en fait un projet très ambitieux qui demandera quand même beaucoup de moyens, mais nous en faisons à travers ce forum-là l'une de nos priorités pour les prochaines années. Très bien. Ce que je comprends, en tout cas dans ta manière de présenter les choses, c'est qu'en fait, chaque année, tu te lances à un nouveau défi. Exactement. Tu as une volonté d'aller plus loin, de creuser les choses en profondeur, d'apporter une nouvelle dimension. Comment est-ce que tu peux l'expliquer, ça ?

  • Speaker #1

    Bon, disons que c'est un mélange.

  • Speaker #0

    Ça, tu vas nous dire à la fin.

  • Speaker #1

    Bon, oui. D'abord... Mais c'est aussi un mélange un peu de beaucoup de passion, de beaucoup de conviction parce que j'y crois énormément et aussi parce que je considère ça comme une mission. Et moi, personnellement, quand je partirai à la retraite, j'aimerais bien regarder derrière moi et mesurer en fait l'impact que j'aurai laissé. Ou en tout cas, qu'on puisse dire que quand nous, on commençait à... à travailler dans le domaine de la mode, voilà ce qu'on a trouvé et voilà ce qu'on laisse. Et ça, il faut des activités signifiantes, il faut des activités à fort impact et pas forcément nous limiter un peu à la surface, mais également porter de vraies politiques de développement au profit de la filière. Et le reste, c'est parce qu'on est aussi réaliste, on essaie d'avancer vraiment petit à petit. parce que tout ce dont on a parlé aujourd'hui, c'est bien évidemment énormément de charge sur tous les plans. Donc on essaie vraiment d'aller petit à petit, de poser les bases, parce que c'est un peu le rôle qui nous revient. Moi personnellement, je ne suis pas forcément créateur ou mannequin ou photographe. Donc c'est cette mission en fait que j'essaie d'explorer, cette mission en fait de participer à la structuration de la chaîne. et aussi au soutien un peu à la chaîne, en mettant de la lumière sur tous ces besoins-là pour que chaque partie puisse aussi faire sa part, que ce soit les designers, que ce soit les autorités politiques, que ce soit également les acteurs du secteur privé. Donc c'est un mélange de beaucoup. Mais ce qui me porte, c'est le rêve, en vrai.

  • Speaker #0

    Mais le rêve, c'est quoi le rêve ? Tu nous le dis ton rêve ou c'est un tarot ?

  • Speaker #1

    En fait, je ne réfléchis pas trop à comment les choses vont se faire. Je me limite en fait qu'à les rêver et à y croire. C'est-à-dire que quand, si je me mets en fait à me poser beaucoup trop de questions, oui, tu veux par exemple produire des datas ou des données sur la mort, mais... Comment tu vas faire ? Il faut des chercheurs ? Qu'est-ce qu'il faut ? Il faut de l'argent ? Je ne pense pas immédiatement à tous ces aspects-là. Ce que je me dis d'abord, bon écoute, on va en parler. Là aujourd'hui, j'en parle avec Ramata. Dans une semaine, je vais en parler au forum. Je vais en parler par-ci et par-là. Et la force des choses fera que voilà, peut-être dans deux, trois ans, on aura cette belle cartographie-là. Plein de belles données sur la mode ici au Mali.

  • Speaker #0

    Très bien. On souhaite que ton rêve se réalise et on souhaite chacun apporter sa part à la concrétisation de ce que tu parles. On arrive à la fin de cette interview. Moi, j'aime bien finir en posant la question de si tu devais définir la mode africaine ou la mode malienne, qu'est-ce que tu dirais ?

  • Speaker #1

    La mode malienne déjà, comment je peux définir la mode ? Je dirais, concernant la mode malienne, je dirais renouveau. Je dirais renouveau parce que c'est à cela en fait je pense qu'on doit faire converger un peu nos projets et nos objectifs. On y travaille beaucoup sur la question en fait. l'actualisation un peu de la filière ici, des propositions des designers et Renouveau pour pouvoir aussi positionner en tout cas la création malienne un peu partout à l'international. Et voilà, donc je dirais Renouveau.

  • Speaker #0

    Très bien. Écoute, merci beaucoup pour être avec toi. Ce fut un plaisir comme la dernière fois. Merci. De toute façon, au forum auquel j'aurais le plaisir de participer à distance, mais nous avons l'occasion de faire ça en présentiel. Très bien. Oui, oui,

  • Speaker #1

    oui.

  • Speaker #0

    Et puis, écoute, je te dis à très vite en Afrique.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Mata. Merci à toi.

  • Speaker #2

    Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation d'Akim Souli

    00:00

  • Parcours d'Ibrahim Gindo et son rôle dans la mode au Mali

    02:02

  • Présentation de l'agence AS Agency et ses missions

    04:04

  • Discussion sur la MaliModeAcademy et ses impacts

    06:16

  • Initiatives de MaliMode : MaliModeShow et Pagne-Folie

    13:12

  • Lancement du Forum de la mode et ses objectifs

    29:30

  • Conclusion et regard vers l'avenir de la mode malienne

    52:23

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Description

La mode africaine est en pleine effervescence, et qui mieux qu'Ibrahim Guindo, connu sous le nom d'Akim Soul, pour nous en parler ? 

Entrepreneur passionné de mode basé au Mali, Akim évolue dans le secteur depuis plus de 10 ans. Il est devenu un véritable pionnier de l’industrie à Bamako. Dans cet épisode, Akim  nous raconte son parcours. Depuis ses étudies en génie civil à la création de son agence de marketing et communication AS Agency. 


Il évoque ses motivations à créer les 3 initiatives dont l’ambition est de  propulser la créativité et le développement des marques de mode au Mali.

  • la Mali Mode Show, 

  • la Mali Mode Academy 

  • le Forum de la mode et du design 


Au fil de la conversation, il souligne l'importance cruciale de la formation pour les jeunes créateurs. Ainsi, depuis le début de sa carrière dans l’événementiel il a toujours intégré des programmes de formations destinés aux entrepreneurs créatifs. 

Quant au  business model de ses événements,  il ne veut pas dépendre de subventions de fonds d’aide au développement. Il prospecte des sponsors désireux de cibler une élite malienne. Il propose également une billetterie et limite l’accès de certaines soirées pour créer des expériences inédites.    


Cette vision audacieuse est essentielle pour construire un écosystème de la mode africaine durable et dynamique. Akim Soul aborde également les défis auxquels sont confrontés les designers africains, notamment le manque de données sur le potentiel du secteur. Ces obstacles, loin de décourager, alimentent sa détermination à transformer le paysage de la mode en Afrique.


Ce dialogue riche et inspirant met en lumière les histoires de créativité qui émergent des capitales de la mode en Afrique. Les entrepreneurs de la mode comme Akim jouent un rôle clé dans la représentation des créateurs africains sur la scène internationale, tout en célébrant le savoir-faire africain et les traditions méconnues qui font la richesse du patrimoine du continent aux 54 pays. Les fashion weeks et défilés de mode deviennent alors des plateformes pour exposer le talent brut des mannequins africains, tout en attirant l'attention des journalistes mode et des amateurs de fashion & beauty.


Les mentions

Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.



A très vite en Afrique ou ailleurs

Ramata Diallo


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Et nous, le Malimaud Academy, c'est pour en fait créer du développement. Ce n'est pas de la charité. Les jeunes qu'on souhaite former, c'est des jeunes en fait qui ont de vrais projets d'entreprise. C'est des jeunes qui ont envie de créer de la valeur, de créer du chiffre, de lancer des entreprises. Et ce n'est pas du pur social. C'est-à-dire que ce n'est pas de la charité qu'on a envie d'apporter à ces jeunes-là. Et c'est là où souvent même en fait... Beaucoup d'événements ou beaucoup d'initiatives en Afrique se retrouvent en fait limite galvaudées parce qu'il fallait obligatoirement rentrer dans les cases un peu du bailleur qui va te dire en fait, moi, pour que je finance ton événement, par exemple au Mali, il faut que tu dédies ça à la culture de la paix ou de la réconciliation. Et ça, c'est quelque chose, par exemple, que j'ai toujours refusé.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique. Et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie d'Ibrahim Gindo, aussi connu sur le nom d'Akim Souli. Entrepreneur dans le secteur de la mode, il organise au Mali différents événements de promotion de la créativité. J'avais déjà invité Akim en 2020. Quatre ans plus tard, il était temps de faire le point sur l'évolution de ses activités. Je vous mettrai en note de cet épisode le lien vers la précédente interview. Hakim est à l'origine de la création de MaliModeShow, de la MaliModeAcademy et du Forum de la mode. Toutes ces initiatives ont pour ambition d'accompagner l'accélération des marques de mode maliennes. Je l'ai invité aujourd'hui pour qu'il puisse nous parler de ses différentes entreprises au service des industries culturelles et créatives africaines. Bonjour Hakim, comment vas-tu ?

  • Speaker #0

    Bonjour Amata, je vais très bien et toi ?

  • Speaker #1

    Ça va très bien, merci. Je suis ravie de te retrouver. Merci à toi aussi. Un épisode 2 en fait, donc ça c'est quelque chose que je prévois de refaire. Je disais tout à l'heure, ça fait 4 ans qu'on s'est parlé entre temps bien sûr, mais en tout cas ça fait 4 ans que la dernière interview est sortie.

  • Speaker #0

    Ça passe vite.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est ça. Donc il est temps de faire le point sur tout ce que ta entreprise a mis en place depuis. Mais avant d'aller dans le détail de tout ce que tu fais, je vais te demander de te présenter.

  • Speaker #0

    Alors, je suis Ibrahim Guindo, dit Hakim, je suis un jeune entrepreneur de 31 ans. Basé à Bamako et je suis manager d'une agence créative dénommée AS Agency et également fondateur de MaliMod Association qui est à l'origine effectivement des initiatives que tu as citées tout à l'heure, à savoir le MaliMod Show, la MaliMod Academy et également le tout nouveau Forum de la mode et du design de Bamako.

  • Speaker #1

    Très bien. Je te remercie pour cette présentation pointue, précise, sharp. On va aller dans le détail de tout ce que tu fais. D'abord, je voudrais que tu nous parles de ton agence créative. Quand est-ce que tu l'as fondée et quelles sont les différentes missions que tu as avec cette agence ?

  • Speaker #0

    Disons que AS Agency a été fondée exactement en 2017. Mais à cette époque-là, c'était vraiment du freelance pour moi. Donc, je participais à l'organisation et à la production. d'événements culturels à Bamako et notamment la Bamako Fashion Week à l'époque en partenariat avec une autre organisation et également le festival du Bazin. Mais disons que l'agence a vraiment véritablement été installée à partir de 2021 où une équipe a été mise en place, une équipe de cinq personnes maintenant. L'agence travaille à accompagner les marques dans leur stratégie de développement, dans leur stratégie de communication, et également de la création de contenus audiovisuels entre autres, et digital. Et nous faisons du coup de la production d'événements. Cœur même en fait de métier de l'agence.

  • Speaker #1

    Très bien. Et cette agence, elle est vraiment spécialisée dans le domaine de la mode ou est-ce que tu interviens aussi pour d'autres entreprises qui seraient dans d'autres secteurs ?

  • Speaker #0

    Disons que notre domaine d'intervention est vraiment large. C'est vrai que c'est la dimension mode que nous mettons beaucoup en avant parce que voilà, c'est quand même, ça a été ma première passion, on va dire. Mais l'agence traite vraiment un peu de tout, mais selon le positionnement un peu. que nous avons pour le futur. Nous ne mettons pas tout en avant, mais par exemple, nous participons à la production d'une émission de télé-réalité qui met en question, par exemple, qui met en concours les jeunes Maliens autour des questions de citoyenneté. Donc au-delà de ça, nous intervenons vraiment dans pratiquement tous les secteurs, parce que l'agence même, je la définis comme une agence d'idées en réalité, compte tenu un peu de notre polyvalence. et aussi de notre ambition surtout de pouvoir créer de la valeur avant de nous cantonner à tel ou tel secteur. Donc, on peut vraiment intervenir partout où il y a besoin d'idées, partout où il y a besoin d'innovation ou de création de valeur.

  • Speaker #1

    Très bien, je te remercie de préciser ce point-là. Ce qui va être intéressant, c'est d'essayer de voir avec toi. Tu dis qu'aujourd'hui, l'agence, il y a cinq personnes. Quels sont les différents profils qu'il y a au sein de ton agence aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Nous avons... Principalement des profils de gestionnaire de projet. C'est notre principale activité en vrai. Des profils qui sont à même, par exemple, de conduire un événement, de conduire tout type de projet. Il y a également un profil com, qui reste aussi un élément assez fondamental de notre activité. Et également un profil d'artiste et créatif. qui va justement apporter toute la petite magie dans tout ce qu'on fait comme projet. Donc on met le cœur vraiment, c'est l'opérationnel, c'est des profils de chef de projet.

  • Speaker #1

    Très bien. Et est-ce que tu pourrais nous partager l'une des dernières campagnes, puisque tu parles d'une agence d'idées, sur laquelle tu as pu travailler et dont tu es particulièrement fière ?

  • Speaker #0

    Je dirais du coup l'émission de télé-réalité que j'ai évoquée tout à l'heure. Le nom même de l'émission, c'est l'Instanté. Donc, c'est une émission de télé-réalité malienne qui met en compétition des grains de jeunes. Les grains, en fait, c'est propre au Mali et propre également à d'autres pays en Afrique de l'Ouest. Il s'agit en fait des groupes de jeunes qui se réunissent soit parce qu'ils viennent de la même rue, soit à la même école. soit du même quartier. Donc l'objectif en fait c'est que chaque grain puisse proposer un projet de développement communautaire pour son quartier et durant les deux mois de mission du coup ils doivent tout mettre en œuvre pour ficeller le projet, mobiliser des ressources financières, des ressources humaines également et pour qu'à la fin les meilleurs projets puissent avoir leurs projets financés par les missions. Donc cette année par exemple c'était un grand challenge parce que habituellement nous menons le projet sur la ville de Bamako, de Kati et également dans la région de Ségou. Mais cette année nous avons rajouté deux nouvelles régions donc l'émission s'est déployée pratiquement sur cinq villes. Donc c'était deux mois intenses avec une équipe de presque une centaine de personnes si on compte vraiment tout le monde, le jury, les... coachs, les techniciens et toute l'équipe. Et là, nous avons pu clôturer en beauté. C'était une réussite et nous sommes en train du coup de financer cinq projets. Et c'est des projets qui sont financés à hauteur de 2 millions jusqu'à 7 millions de francs CFA. Et ça va permettre du coup à ces jeunes-là de pouvoir réhabiliter une salle de classe, pouvoir créer un centre multimédia dans une école, pouvoir également eux. contribuer à un système d'addiction d'eau dans une autre ville. Il y a également des projets plus dans l'entrepreneuriat social, comme par exemple, nous avons eu la chance d'avoir un grain de noms et de malvoyants, par exemple, qui avait pour projet de mettre en place une unité de fabrication et de vente de savon produit par du coup les malvoyants et en tout cas des personnes qui souffrent de déficiences visuelles. Et il y a aussi un des projets qui consiste un peu à créer une marque un peu d'objets de découpe, mais produit à partir de déchets et de... et doivent être recyclés. Donc c'est vraiment des projets super intéressants et le fait de voir des jeunes qui habituellement n'ont pas vraiment été préparés à cela ou il y en a qui n'ont même pas poursuivi de longues études, mais de les voir pendant deux mois en train de monter des dossiers PowerPoint, de faire des présentations, parce qu'il y a également des primes devant un jury, d'aller mobiliser leur population locale, la mairie, les autorités. public, tout ça, pour mobiliser une partie du financement. Et vraiment, ça redonne confiance pour nous, ici, au Mali, compte tenu un peu de tout ce qu'on traverse. Donc, ça montre qu'il y a quand même des jeunes qui en veulent. Et du coup, cette émission a été en partie pilotée par l'agence. Et ça reste une grande fierté.

  • Speaker #1

    Très bien. Et cette émission-là, en fait, qui est le client, en fait ? Qui est-ce qui t'a sollicité pour pouvoir améliorer créer cette émission de téléréalité ?

  • Speaker #0

    Disons que l'émission a été fondée par une association dénommée Culturelle. C'est une association qui a été créée à la base par des opératrices culturelles qui ont amené beaucoup de projets. L'objectif de cette association, c'est de pouvoir participer au développement sur tous les plans, mais à travers la culture. La première saison de l'émission a été créée en 2017. Et à la base, en fait, j'étais du coup un simple community manager à l'époque en 2017, mais de fil en aiguë, du coup, la collaboration a grandi et l'association reste aujourd'hui un des clients importants pour l'agence compte tenu un peu de son cœur d'activité et des projets sociaux qu'on met en place et surtout de cette liberté que l'association nous permet d'avoir dans les campagnes. parce que ce n'est pas forcément évident. Nous, dans les projets qu'on choisit, on aime bien un peu tous ces projets-là avec un peu de grain de folie. C'est pour ça que j'ai toujours évité un peu l'accompagnement institutionnel. C'est comme là en fait qui est plus rigide.

  • Speaker #1

    Très bien. Alors du coup, c'était très intéressant que tu prennes le temps de nous parler de cette émission de télé-réalité, l'Instant T. Est-ce que pour des gens qui sont à Paris, en région parisienne ou de la diaspora, est-ce qu'on peut voir des épisodes ? Est-ce qu'il y a un accès ?

  • Speaker #0

    Tous les épisodes sont disponibles sur la chaîne YouTube de l'émission qui s'appelle l'Instant T. Je pense qu'il y a absolument tous les épisodes depuis 2017 jusqu'à maintenant.

  • Speaker #1

    Très bien. Écoute, je mettrai le lien en note de l'épisode de la chaîne. Martin, ce que j'aurais aimé, c'est que tu nous partages un exemple qui soit plus en lien avec le secteur de la mode, en fait, de projets, de missions sur lesquelles tu aurais pu travailler et dont tu es particulièrement fier.

  • Speaker #0

    Des projets externes, c'est ça ? Pas de production interne ?

  • Speaker #1

    Comme tu veux, interne ou externe, mais en tout cas, des projets sur lesquels tu aurais pu travailler dans le secteur de la mode.

  • Speaker #0

    Bon, je peux par exemple vous citer la semaine du Boubou, qui est un concept que nous avons initié lors de la dernière fête de Tabaski. Donc ça c'était par exemple un projet en partenariat avec la marque Itanouk, avec qui l'agence travaille beaucoup depuis je pense 2016. Donc il s'agit en fait d'une semaine de vente privée, mais dédiée vraiment à la culture du Boubou, à l'univers du Boubou. Donc l'événement a réuni environ une dizaine de créateurs, à savoir deux marques du Sénégal, qui étaient du coup les marques invitées. Donc ça pareil, l'idée de pouvoir bosser sur un événement avec un concept propre, on a pu faire de belles activités avec des dress codes, tout ça. Et la vente a permis quand même à donner un grand élan à la vente, puisque les chiffres étaient... assez intéressants au terme. Et par exemple, il s'agit d'une initiative qu'on envisagerait par exemple de déporter, même dans d'autres capitales africaines.

  • Speaker #1

    Très bien. Donc intéressant de voir du coup, parce que là c'est un univers qui est totalement différent de l'émission de télé-réalité, l'Instanté, la Spanish Boo Boo, et de se dire que ton agence en fait, elle arrive à finalement travailler en collaboration avec différentes entreprises et associations ou marques pour pouvoir les accompagner dans leur... dans leur développement. Et l'idée, c'est qu'on puisse comprendre que ton agence, finalement, ce n'est pas que de l'événementiel, c'est vraiment, comme tu l'as dit, une agence d'idées qui va être au service des marques. Absolument. Moi, j'ai envie de revenir un peu, parce que comme tu l'as dit au départ, je te présente comme un jeune entrepreneur de 31 ans. Et ton agent tu l'as lancé en 2017, quel est ton background en fait ? Au niveau de tes études, au niveau de la formation que tu as pu avoir, de tes premières expériences, quelle est ton expertise en fait au départ ?

  • Speaker #0

    Au départ, mon expertise initiale n'a absolument rien à voir avec ce que j'exerce aujourd'hui parce que j'ai eu un bac. Technique du coup, je suis ici dans le lycée technique en filière génie civil. Donc j'ai eu mon bac du coup totalement scientifique. Et ensuite après le fait, tout au long de mon lycée, j'ai commencé un peu à perdre goût un peu pour cette filière-là. Donc c'était vraiment à partir d'un peu de mon bac que je commençais un peu à découvrir la... comme le marketing, la mode et tout ça. Donc, le centre d'intérêt a commencé à changer un peu. Donc, moi, j'espérais qu'après le bac, que je pouvais à présent me lancer en commerce ou en communication. Mais je me suis ensuite retrouvé encore à faire le concours d'entrée à l'École nationale d'ingénieurs. Honnêtement, un concours que j'espérais rater. Mais malheureusement, j'ai... J'ai opté le concours d'entrée dans cette école-là, donc j'étais de moins en moins passionné par le génie civil. Donc après le BTS, j'ai raccroché avec cette filière-là et c'est là où je me suis inscrit dans une école de commerce, en filière commerce internationale, pour avoir une licence. Ensuite, je me suis spécialisé en com. Donc au final, les études que j'ai suivies, que j'ai poursuivies. ne me prédestinaient pas forcément à la com ou à la mode. Mais disons que ça restait quand même un domaine créatif, puisque l'ingénie civil, c'est également de la création, c'est du design. Mais disons que c'est peut-être le contexte pédagogique, je pense, qui ne m'a pas vraiment encouragé à au moins terminer ma formation d'ingénieur, parce que je suis quand même quelqu'un, j'aime les challenges. Je pense que j'aurais pu vraiment aller au bout, quitte à changer après. Mais le contexte pédagogique faisait que ça demandait beaucoup d'énergie. Je ne trouvais pas forcément le modèle pédagogique light ou efficient. J'ai comme l'impression que c'est encore le même système qu'il y a des années et des années. Et ça, ce n'était pas vraiment ce qui m'animait personnellement. Donc, il m'a fallu vraiment mener une longue bataille en famille pour pouvoir enfin me lancer. dans une filière qui me passionnait. Donc voilà, je suis issu, j'ai eu un bac technique, un passage à l'École nationale d'ingénieurs pour ensuite véritablement me consacrer à la communication.

  • Speaker #1

    Très bien. Et donc tu as fait du coup ce parcours à la fois, on va dire scientifique, technique, et ensuite plus, comment dire, un profil commerce international. Une fois que tu as fait cette école de commerce, Quelles sont les premières expériences professionnelles que tu as eues ? Est-ce que tu as travaillé pour des entreprises ou est-ce que directement tu t'es mis à ton compte ?

  • Speaker #0

    Disons que je n'avais pas trop le choix parce que les études de commerce, du coup, je devais les payer moi-même. Donc immédiatement, il me fallait trouver des petits jobs. Donc c'est à ce moment-là que j'ai commencé un peu à assister des opérateurs culturels, à travailler avec une agence. qui m'a vraiment permis de me lancer, on va dire, ou en tout cas d'appréhender le secteur de la mode. Il y a des années, mais disons que ça a toujours été des expériences par-ci et par-là en tant que freelance. Je n'ai jamais eu vraiment à intégrer une entreprise. Je pense que ma première et seule expérience vraiment en entreprise, c'était tout récent. C'était, on va dire, il y a... Il y a deux ans, ou en parallèle, j'ai dû accepter une mission au sein d'une institution diplomatique à Bamako pendant trois ans. Et là aussi, mon objectif, c'était surtout un peu de voir comment ça fonctionne en entreprise ou en organisation. Parce que je n'avais vraiment pas eu l'occasion de bosser justement dans un cadre bien lisse de 8h à 17h. Donc quand j'ai eu cette opportunité, je me suis dit, tiens. Peut-être que ce serait intéressant de voir à quoi ça ressemble, mais durant tout mon parcours, j'ai toujours été à mon propre compte. en freelance avant que l'agence soit totalement mise en place.

  • Speaker #1

    Très bien. Donc, par rapport à l'agence, je pense qu'on a bien exploré ce que tu fais et comment tu as pu développer ton activité. Maintenant, j'ai envie de passer à la partie association, que tu nous racontes un petit peu comment est venue l'idée de créer cette association et puis, quelles sont les différentes initiatives que tu as développées avec ton association ?

  • Speaker #0

    Donc, Malimode, nous l'avons créé en 2011. Donc, j'étais avec mon meilleur ami et également ma petite sœur. Donc, on formait un peu la petite bande à l'époque. On regardait des déchets et tout ça. Donc, on était tous passionnés par la mode en 2011. Donc, on a commencé à faire des recherches un peu sur ce qui se passait à Bamako à l'époque. Mais on a été, en fait, c'était une désillusion totale parce que... Il n'y avait pratiquement rien. C'est-à-dire que les événements se comptaient un peu par an. Je pense qu'il y avait même, on peut même dire, pratiquement toute une année sans événements mode. Il y avait peu d'acteurs qui étaient réunis ou peu d'acteurs qui étaient visibles. Chacun était vraiment un peu dans son petit coin, mais en fait, il n'y avait aucune visibilité d'une scène mode. Bien qu'il y avait quand même des créateurs, il y avait des marques et tout ça, mais le terrain était quasiment vierge. Donc c'est là où nous nous sommes dit peut-être que ce serait bien de créer une association qui allait du coup avoir cette mission-là d'abord de fédérer des personnes, d'être une plateforme de rencontres qui nous aurait permis du coup un peu d'identifier les uns et les autres un peu par-ci et par-là. C'est comme ça que l'association a été créée en 2011. Notre première activité a été d'organiser une petite formation pour des jeunes mannequins. À l'époque, on faisait ça dans la cour du palais de la culture. On a organisé cette première petite formation en janvier 2012. Au terme de la formation, nous nous sommes dit que ce serait bien que ces jeunes mannequins puissent quand même défiler. Donc c'est là où on a vu qu'il se tenait un festival reggae qui continue toujours d'ailleurs. C'est le premier festival reggae de Bamako. Donc on a approché les organisateurs parce que nous on n'avait pas forcément les moyens pour mobiliser de la logistique ou produire un événement propre à nous. Donc on a proposé du coup à ce festival-là de pouvoir nous donner un petit temps pendant leur soirée de clôture pour qu'on présente. ces mannequins et qu'on organise ce défilé de mode. Donc nous avons réfléchi un peu à des créateurs qui avaient un lien un peu avec la culture reggae ou en tout cas qui travaillaient par exemple le bogolan parce que les reggae-men ont quand même cet intérêt pour le motif bogolan et ce textile-là. Donc il fallait du coup produire un défilé qui ne se... qui se retrouverait un peu en fait dans cet univers. Donc on a mobilisé quatre designers, je pense, qui ont proposé du coup des connexions avec des motifs bongolans. Donc ce qui nous a permis du coup de faire défiler nos jeunes mannequins. Et disons que tout est parti de là. C'était le premier événement à l'époque qu'on a organisé. Et après nous avons commencé à mener des petites formations par-ci et par-là. Et jusqu'en 2013 du coup, où on a créé le concept Pagne-Folie. Donc à l'époque, l'imprimer était hyper hyper tendance et tout le monde ne girait un peu que de ça. Donc nous nous sommes dit qu'on allait peut-être créer un concept autour de ça. Donc on a lancé l'événement Pagne-Folie à l'Institut français de Bamako, qui consistait un peu à créer un univers en fait en Pagne, le temps d'une soirée avec un défilé. Pagne Fouillé, on en a fait trois. On en a fait trois éditions. Et c'est un peu à ce moment qu'on a commencé un peu à se faire connaître. Donc à chaque fois qu'il y avait des défilés ou des événements mode, on me sollicitait. C'est comme ça qu'on a eu à bosser sur la production de Bamako Fashion Week en 2015, ensuite du Festival de Bazin. Et c'est en 2015 également que nous avons lancé notre premier programme de formation qui consistait un peu à identifier trois jeunes talents. donc deux couturiers et un styliste. Donc c'est justement cette formation qui a permis à la marque Jika Dressing, qui est assez connue maintenant, Jean Cassim, c'est ce premier programme de formation qui l'a permis du coup de réaliser sa première petite collection. Et disons que tout est parti de là et de fil en aiguille. On a commencé un peu à faire connaître l'association et à mener des projets de plus grande ampleur.

  • Speaker #1

    Très bien, je te remercie. Donc, dévoquait Jean-Cassime Dembélé de Chica Dressing. Je mettrais en lien des notes de l'épisode à l'article où, en fait, je présente sa marque et je lui avais posé quelques questions. Donc je pourrais effectivement ajouter ces éléments-là. C'est intéressant de voir qu'à l'origine, les premiers éléments qui lui ont permis de se développer, c'est à travers les événements que toi, tu as pu organiser. Aujourd'hui, on peut dire que ton association, quand on arrive au Mali et quand on veut savoir qui sont les acteurs de la mode, quels sont les événements importants, tu es un peu une figure de référence. En tout cas, tu pourrais être la personne à contacter pour être sûre qu'on va savoir tout ce qui se passe au Mali en termes de mode.

  • Speaker #0

    effectivement, on continue d'ailleurs dans la même lancée très bien,

  • Speaker #1

    donc au départ ce que je comprends c'est que l'association elle accompagnait des événements qui existaient déjà et puis ensuite vous avez voulu créer vos propres structures mais ce que j'entends c'est que la formation ça a toujours été quelque chose dès le départ vous avez commencé par faire de la formation effectivement la dimension enseignement,

  • Speaker #0

    pédagogie elle était importante elle était importante parce que euh Au Mali, disons que la mode, même si elle connaît un essor ces dernières années, ça reste quand même un secteur ou un domaine pas très familier du point de vue de l'éducation, de l'ouverture d'esprit et tout ça. Disons que la mode, même pour le Malien lambda, la mode est synonyme de défilé de mode tout simplement. des mannequins qui défilent sur un podium. Et ça, c'est par exemple un exemple qui nous a toujours... En fait, c'est comme ça que ça a toujours été évident pour nous de continuer à former les gens, à participer à cette sensibilisation-là ou à cette vulgarisation-là des métiers de la mode. L'autre dimension, c'est que... Pour nous, la formation, c'est la base de tout, c'est-à-dire que ce soit pour un jeune designer, un mannequin. Avant de vouloir embrasser un métier, en fait, il est indispensable de maîtriser son sujet. Et malheureusement, en fait, il n'y a pas vraiment d'école de mode au Mali ici. Donc, c'est pour ça que nous, nous nous efforçons vraiment à toujours animer cette dimension-là, de pouvoir former des gens, de pouvoir les outiller. et pouvoir les accompagner dans le cadre de leur carrière. Donc, par exemple, sur le plan... Si on prend les créateurs de mode, nous on va dire qu'au bout de deux éditions du Mali Mod Show à l'époque, on avait déjà fait le tour des marques ou des créateurs de mode qui pouvaient se présenter pendant le Mali Mod Show. Donc il fallait dénicher des talents, il fallait former ces talents-là pour qu'en fait... pour participer à rendre dynamique le secteur. Donc la formation est vraiment une partie intégrante de toutes nos activités, de tous nos projets, pour chaque événement, même en dehors des événements. On ne se fatigue jamais à créer des masterclass, ou ne serait-ce que des petites conversations de groupe, pour évoquer des sujets aussi divers, que ce soit la création, la gestion, le marketing. Merci. tous les autres métiers annexes qui restent quand même indispensables à l'entreprise e-mode ou à la carrière dans la mode.

  • Speaker #1

    Très bien, très intéressant cet engagement sur cette notion de pédagogie parce que l'idée c'est qu'effectivement, à partir du moment où les personnes acquièrent des compétences, montent en compétences, on sait que c'est un savoir qui peut leur permettre de se développer par la suite. Donc c'est vraiment une dimension qui est extrêmement importante et qui m'est chère à moi également. Donc on va en venir aux différentes initiatives qui ont été développées par l'association. Là, vous n'avez plus le rôle de travailler avec des événements existants à la production, à la logistique, et on va accompagner la communication. Là, on crée nos propres événements. Donc est-ce que tu peux me parler de cette partie-là ?

  • Speaker #0

    Oui, donc le premier événement, du coup, en tout cas, On va dire que le premier grand événement, ça a été le Mali Motion 2018. Là, pareil, toujours pour répondre à ce besoin-là de créer une plateforme de promotion et de valorisation au profit des professionnels de la mode, il fallait du coup avoir ce rendez-vous-là, ce rendez-vous qui allait du coup réunir des designers, des mannequins, un peu tous les corps de métier de la filière, le temps d'une soirée. Donc à l'époque, le Mali Motio se tenait vraiment sur une seule soirée, en 2018. Mais en parallèle quand même du Malimot Show, il y avait toujours des ateliers et des masterclass sur une semaine qui devaient passer par la formation des gens. Donc le premier grand projet, ça a été le Malimot Show. On en a fait en 2018, en 2019 également. En 2020, on n'en a pas fait pour des raisons de pandémie. Et c'est entre temps, du coup, vu qu'on ne pouvait pas organiser cet événement-là, vu qu'on ne pouvait pas totalement rassembler du monde, donc il fallait quand même maintenir un peu notre rythme d'activité. C'est ce qui nous a amené à penser à la création de la Malimode Académie. Donc la première session a été lancée en fin 2020-2021 et c'est l'année où il n'y a pas eu de Malimode Show à l'époque. Donc on a initié ce programme-là parce qu'au bout des deux Mali Mod Show également, nous avons constaté le fait qu'il n'y avait pas suffisamment d'offres ou de propositions sur le marché. C'est-à-dire la première édition c'était avec un groupe de designers, la deuxième c'était à peu près avec les mêmes têtes. Et moi personnellement, je trouvais ça dommage qu'il n'y ait pas cette variété-là, qu'il n'y ait pas cette richesse-là. dans les styles ou dans les designers. Et le fait de devoir toujours faire avec les mêmes, en fait, ne me convenait pas trop. Donc, nous avons dit, écoute, on va se taper le boulot. On va lancer des designers. Et c'est comme ça que la Malimor Academy a été créée à l'époque. Donc, le concept, c'est de lancer un appel à candidature, identifier dix jeunes et les former durant six mois. Et c'est vraiment... une formation assez intense où l'objectif c'est vraiment de les amener en fait à connaître un peu la base, à se dire que la mode c'est quoi déjà, qu'est-ce qui rentre en compte dans la mode, comment on devient designer, comment on apprend à couper, à couper, parce qu'il y a deux volets, il y a la dimension théorie et pratique. Donc il y a de la formation en courbe, couture, en broderie, en design textile, en bogolans, en tissage. Et on y associe aussi tous les autres métiers annexes ou toutes les autres matières comme la com, le marketing de la mode. On fait aussi des modules en développement personnel parce que ça reste quand même important pour nous le mindset un peu de ces jeunes-là. Et au bout de la formation, on organise un défilé de restitution qui leur permet du coup de présenter les travaux sur lesquels ils ont travaillé tout au long de six mois. Donc en 2021, on lance la première édition du MaliMod Academy. Et en 2022, du coup, le MaliMod Show revient. Et l'événement est passé d'une soirée à trois. à trois soirées et jusqu'en 2023 où du coup ça a vraiment pris toute cette dimension de festival pendant dix jours.

  • Speaker #1

    Très bien. Alors j'aimerais qu'on revienne d'abord sur la partie Manimode Academy. Est-ce que tu peux nous citer du coup justement des talents, des techniques ? Et grâce à la Mali Mod Academy, qui voilà aujourd'hui, j'imagine sont reconnus au Mali et peut-être en dehors des frontières du Mali.

  • Speaker #0

    Donc le Mali Mod Academy a permis par exemple de lancer la marque Laifi, qui est disponible sur les réseaux sociaux. Il y a également Sarah Design qui est une marque de création d'accessoires à base de perles. Il y a un... Il y a un label textile qui a été lancé également qui s'appelle Mandé Fini. Il y a également la marque Milogo qui est également sur le marché, comme la marque Paris. Disons qu'au bout des deux éditions du Malimora Academy, on peut compter une douzaine de jeunes marques. qui sont pleinement en activité aujourd'hui. Il y en a qui ont défilé à l'étranger, comme par exemple au FIMA, comme au MASA à Abidjan, comme au FIMO à Lomé. C'est vraiment 10 marques qu'on peut dire plus ou moins établies maintenant. Et on continue de les accompagner d'ailleurs, parce qu'on est en train de les réunir en collectif. Ils font souvent des ventes privées ensemble. Ils sont distribués par... par exemple la maison IKALUK. Donc ça nous a vraiment permis de créer un écosystème qui est de plus en plus dynamique, des jeunes talents qui créent et qui vendent surtout. Ça c'est très important pour nous, pour ne pas quand même qu'on se limite un peu à l'aspect festif, bling bling. Donc ça a toujours été en fait l'objectif de pouvoir lancer des créateurs qui avaient cette ambition-là d'être des entrepreneurs mode. et de fonder leurs marques et de pouvoir les distribuer.

  • Speaker #1

    Très bien. Et maintenant, je voudrais revenir du coup sur la dimension liée à l'événement où tu dis aujourd'hui que ça a commencé par une soirée, puis on est passé à trois jours et aujourd'hui c'est un festival de dix jours. Donc comment est-ce que ce qui est aujourd'hui un festival, comment ça a grandi au fur et à mesure et qu'est-ce qui a fait qu'aujourd'hui ça a... a pu devenir un festival qui va s'étendre sur dix jours ?

  • Speaker #0

    Disons que c'est parti de plusieurs constats. Déjà le premier, en tout cas l'ambition première, c'était de ramener la mode à la même dimension, par exemple, que la musique au Mali. Parce qu'au fil des deux ou trois premières éditions, on a remarqué que ça passait très vite. C'est-à-dire que le fait d'avoir un événement sur une soirée ou sur trois jours faisait que tu avais beaucoup de personnes qui découvraient l'événement qu'une fois que c'est passé, d'une part, et que la seule soirée ne permettait pas de promouvoir suffisamment de marques aussi. Parce qu'à un moment donné, nous nous sommes retrouvés contraints parce qu'il commençait à y avoir de plus en plus de demandes. Et vu qu'il n'y avait pas beaucoup d'événements, donc le Malimor Show, était quand même un peu la seule plateforme annuelle qui permettait aux designers de proposer leur collection. Donc en une soirée, ça ne devenait plus possible parce qu'on tient aussi au fait que la soirée ne soit pas trop longue, qu'il n'y ait pas plus de 10 marques et ça, ça frustrait des personnes parce qu'à un moment donné, il y avait... quand même des marques super intéressantes qui voulaient mais il n'y avait pas forcément de place donc il fallait du coup rajouter d'autres soirées et l'autre raison c'est que voilà il y a nous sommes dit que pour que la mode puisse vraiment avoir un impact pour qu'on puisse être pris au sérieux pour qu'on puisse vraiment en fait occuper la scène en fait culturelle ou la scène un peu créative il fallait vraiment marquer le coup et qu'une seule date ne permettait pas justement d'embarquer un plus grand nombre de personnes autour de l'événement. Donc c'est là où on a étalé l'événement sur pratiquement dix jours. Et la dernière raison, elle est économique, parce qu'il fallait développer des mécanismes pour avoir un modèle économique viable et pouvoir intéresser les partenaires et les sponsors. Parce que c'est un peu triste que la mode ne bénéficie pas de sponsoring ou quoi que ce soit, parce que c'est de la mode selon les partenaires à l'époque, ça ne pouvait pas drainer du monde. Donc il fallait développer d'autres concepts d'événements autour de la mode pour pouvoir accéder à ces potentiels sponsors-là, pour ensuite les faire découvrir tout ce que nous faisons. à travers la mode. Donc au final, la mode est restée en fait le sujet et le prétexte pour embarquer un plus grand nombre et aussi des personnes issues de différents milieux professionnels. Et c'est là où on a réfléchi à créer du coup un programme in et un programme off. Donc notre ambition aujourd'hui c'est de... c'est de nous servir un peu du Mali-Morshio pour aussi vendre la destination Bamako. C'est pour ça que dans la programmation, on peut y trouver une exposition d'art. contemporain, ça parce que voilà il fallait attirer cet autre public là vers la mort. Il y a des after work par exemple avec des entreprises totalement dédiées au cadre et aux professionnels mais pendant lequel du coup il y a aussi un défilé de mode où il y a par exemple le défilé Made in Mali qu'on a initié pour les labels et les marques qui ont cette ambition là. Donc il y a le grand show, il y a également un tea time qui a été développé. qui est beaucoup plus ouvert aux familles et tout ça. Mais il y a des événements que nous, nous produisons même en fait dans le cadre du programme INN. Mais il y a ce programme OFF là qu'on établit en partenariat avec des lieux, avec des boutiques qui veulent profiter du coup un peu de l'engouement durant la semaine du Mali Morshow pour proposer un concept original toujours dans le domaine de la mode. En tout cas, l'objectif, c'est de pouvoir embarquer le maximum de personnes et d'univers autour de cet événement mode. C'est comme ça qu'on en est arrivé là.

  • Speaker #1

    Très bien. Du coup, c'est intéressant de voir l'évolution step by step des événements. Et ce qui est intéressant aussi, c'est la longévité. Puisque dans l'événementiel, il y a énormément de personnes qui se lancent. Mais après une édition, on n'entend plus parler de l'événement. Et ce qui est intéressant dans, toi, ta manière d'aborder les choses, c'est vraiment aussi cette dimension de, tu as d'abord travaillé pour d'autres événements, ce qui t'a permis d'acquérir de la compétence et de maîtriser l'objet, de développer un réseau. Et tu as eu d'abord aussi cette approche de, moi, j'ai envie d'apporter quelque chose de différent, de détecter des talents. Et ce que je trouve intéressant aussi, c'est comment tu réfléchis à, OK, j'ai un événement qui est récurrent, mais j'ai envie de le faire grandir. Et donc, je veux me donner les moyens. Je mets bien ton point sur la partie sponsoring et j'aimerais bien revenir dessus. Quels sont du coup aujourd'hui les sponsors qui soutiennent, ou en tout cas qui accompagnent, je ne vais pas dire soutenir, parce que j'ai eu un échange avec Jacques Logo du FIMO qui, sur ce point-là, disait mais nous, on ne cherche pas des soutiens, on cherche des partenaires business qui... vont trouver un avantage à collaborer avec nous, mais on n'est pas dans une forme de charité. Et depuis, je fais attention dans l'utilisation du terme soutien, parce que c'est vrai, ça laisse à penser que c'est une aide. Mais en fait, un sponsor, quand il vient, c'est qui sait qu'il y a un avantage pour lui en réalité.

  • Speaker #0

    Absolument, je partage totalement la même logique. Parce qu'en fait, nous, on va dire que pour le Malimod Academy, on va chercher du coup... des subventions avec des services de coopération et tout ça. Parce que là, quand même, il y a aussi une dimension sociale et tout ça. Mais même en fait, le Malimaud Academy, nous sommes en train de réfléchir à créer en fait une version payante. Parce que justement, moi-même, je n'ai jamais été en fait à l'aise vraiment avec cette démarche-là en fait de toujours dépendre en fait du soutien. ou de subventions, parce que pour moi, en fait, ça met en risque la pérennisation des initiatives. C'est pour ça que, par exemple, pour le Malimode Show, on revendique totalement le fait que ce soit un événement commercial. On revendique que certaines soirées soient en fait limite élitistes, des fois, parce qu'il y a quand même des tickets qui peuvent coûter relativement cher. Parce que nous, derrière, il y a... énormément de charges. C'est pour ça aussi que, par exemple, pour le Mali Mod Show, on travaille toujours à faire de telle sorte que l'événement ne soit pas totalement dépendant même en fait, même du sponsoring. C'est-à-dire les subventions même en fait, on ne les sollicite pas ou en tout cas on garde la main sur en fait la particularité de notre production parce que souvent le risque avec les subventions c'est que tu vas en fait brader ton concept. où tu vas en fait créer un concept pour répondre à l'objectif, par exemple, du bailleur et t'éloigner de ton ambition et de ton objectif. Donc, par exemple, pour le Malimot Show, même pour l'aspect sponsoring même, c'est important pour nous, ça permet de couvrir les charges, mais on travaille toujours à faire de telle sorte que la vente de tickets ou la vente, par exemple, des produits du Malimot Show puissent couvrir l'événement jusqu'à 60 ou 70 Parce qu'on se dit que c'est ce qui peut nous garantir que l'événement puisse continuer à exister et à grandir, parce qu'on n'est pas dépendant du coup de ce sponsoring-là. Et pareil aussi sur le sponsoring. Nous, par exemple, nous sommes accompagnés majoritairement aujourd'hui par une société de téléphonie. Ici, nous avons été, par exemple, le premier événement mode que cette entreprise a sponsorisé parce qu'au départ, il ne trouvait aucun intérêt à la mode à l'époque. Donc, il nous a fallu réfléchir à des événements co-brandés avec cette marque-là pour qu'ils puissent voir un peu que ce secteur... pouvait aussi drainer du monde. Mais en fait, ça reste encore assez modeste dans les finances même de l'événement. Et il est très important pour nous que l'événement ait un vrai modèle économique autonome. Que l'événement soit en fait financé par des gens qui y viennent, par des ventes privées qu'on reproduit en parallèle, par des soirées qu'on mène. ou par des sponsors qui ne viennent pas par pitié, mais qui viennent parce qu'il y a un marché, parce qu'il y a de potentiels acheteurs, parce qu'il y a un public cible en fait qui les intéresse sur le plan économique. C'est-à-dire qu'ils ne viennent pas pour nous soutenir, ils viennent aussi pour faire des affaires. C'est pour ça que nous avons pas mal de soirées pendant le Malimode Show. qui sont devenues en fait de belles occasions de networking pour les marques, pour les gens. On permet en tout cas de connecter du coup les marques à ce public cible-là qui a un certain pouvoir d'achat et qui peuvent être en fait des prospects pour eux.

  • Speaker #1

    C'était important de préciser ce point du business model en fait de l'événementiel et de vraiment préciser le rapport qu'il peut y avoir avec ceux qui subventionnent et ceux qui sponsorisent. Et toi, ce que j'entends, c'est que tu dis à garder une forme de liberté et à garder une enquête d'entrepreneur. Un entrepreneur, ce n'est pas une œuvre de charité où on recherche des dons. C'est qu'on met en place un business model avec des rentrées d'argent d'un côté, des dépenses de l'autre et avec une volonté de faire du bénéfice. Et il n'y a pas de raison qu'on...

  • Speaker #0

    À s'en cacher ou à ne pas être à l'aise avec ça, au final, parce que je me rappelle, même une fois pour le Malinois d'Académie, il y a... On a postulé pour une subvention et quand je présentais le dossier, on m'a limite réproché le fait que le Malimoda Academy n'était pas ouvert par exemple aux jeunes femmes vulnérables, aux jeunes hommes vulnérables, les cas sociaux un peu. Je me suis dit que ce n'était pas la vocation de ce programme-là. Nous, nous sommes certes sensibles à tous ces jeunes-là, à tout ce public-là, mais ce n'est pas notre cœur de métier. Nous estimons qu'il y a des personnes qui œuvrent dans ça. Et nous, le Malimaud Academy, c'est pour en fait créer du développement. Ce n'est pas de la charité. Les jeunes qu'on souhaite former... C'est des jeunes en fait qui ont de vrais projets d'entreprise, c'est des jeunes qui ont envie de créer de la valeur, de créer du chiffre, de lancer des entreprises et ce n'est pas du pur social, c'est-à-dire que ce n'est pas de la charité qu'on a envie d'apporter à ces jeunes-là. Et c'est là où souvent même en fait, beaucoup d'événements ou beaucoup d'initiatives en fait en Afrique se retrouvent en fait limite galvaudées parce qu'il fallait obligatoirement rentrer dans... Dans les cas un peu du bailleur, tu vas te dire en fait, moi, pour que je finance ton événement, par exemple au Mali, il faut que tu dédies ça à la culture de la paix ou de la réconciliation. Et ça, c'est quelque chose, par exemple, que j'ai toujours refusé. Si j'ai envie de produire un événement ou de participer à telle ou telle cause à travers nos initiatives, je sais comment les faire. Mais pour le moment, ce n'est pas notre créneau. Ce n'est pas la finalité des projets qu'on met en place parce que nous, nous nous intéressons au développement économique et ça ne nous gêne pas de le dire.

  • Speaker #1

    Ce qui est intéressant là, c'est qu'il y a certains d'ailleurs qui effectivement vont mettre en avant leur ambition. On a des fonds pour accompagner des populations vulnérables en Afrique et donc on cherche effectivement des associations à accompagner pour pouvoir aller cibler ces populations vulnérables. Mais parfois, quand on fait le point des initiatives qui sont soutenues, il n'y a pas forcément de résultat.

  • Speaker #0

    Non, non.

  • Speaker #1

    Il va forcément dire derrière, ah, tel bailleur a accompagné telle initiative et ça fait cinq ans qu'ils font ça.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas d'impact. C'est ce que je dis. Je dis honnêtement à ces bailleurs-là, si vous souhaitez vraiment lutter contre la pauvreté, contre les crises et tout ça, en tout cas économique, si vous voulez participer au développement, vous savez vers quoi il faut aller injecter de l'argent pour avoir du développement. Honnêtement. Donc souvent, on a ce rapport-là où je n'hésite pas vraiment à dire ça, parce qu'en réalité, un jeune designer passionné qui a envie de créer une entreprise est accompagné. Après, c'est de la valeur qui est créée, c'est des emplois qui sont créés. Maintenant, on ne rejette pas non plus. Toute cette aide-là dirigée vers les populations vulnérables, c'est nécessaire, ça a sa place. Moi, ce qui me dérange, c'est cette pression un peu subtile qu'on essaie souvent de mettre sur les opérateurs culturels pour obligatoirement intégrer cette dimension dans leur production, qu'ils le veuillent ou pas, des fois.

  • Speaker #1

    J'entends, je suis complètement alignée avec ton analyse et je trouve que parfois, et c'est souvent des programmes occidentaux qui arrivent en Afrique avec on sait comment on va vous aider et plutôt que des acteurs locaux qui vont vous dire mais en fait, nous voilà la proposition qu'on vous fait. En fait, ils arrivent avec non mais nous, en fait, on a déjà réfléchi. En fait, on a des consultants qui ont réfléchi, qui ont de l'expertise. Il y a des rapports, on sait quoi. Et en fait, il peut y avoir des difficultés de compréhension, parce qu'il y a des bonnes volontés de chaque côté, mais dans la manière de faire, je trouve qu'on ne donne pas assez la main aux acteurs locaux. Voilà quelle est mon expérience, voilà ce que je propose. Essayons, on n'est pas obligé de prendre toute la subvention disponible, on peut prendre une partie, et on va prouver que c'est aussi un bon moyen de faire en fait.

  • Speaker #0

    Absolument.

  • Speaker #1

    Donc ? Maintenant, on va venir à parler de la prochaine édition, en fait, de ton événement qui a lieu la semaine prochaine. Donc, au moment où on enregistre l'épisode, en fait, on est 18 novembre, 17 novembre. Donc, du coup, on est dix jours avant le démarrage de la prochaine édition. On a réussi à caler cette interview alors que j'étais très, très occupée. C'est vrai. Est-ce que tu peux nous dire un peu de ce qui se passe ? prépare, qu'est-ce qu'on va avoir pour cette prochaine édition ?

  • Speaker #0

    Donc du coup, le prochain événement qui arrive du coup c'est le nouveau en fait forum de la mode et du design qu'on a produit, donc comme grosse information c'est que vu la taille du Mali Mod Show que j'ai présenté tout à l'heure, nous avons jugé nécessaire à en faire une biennale donc le Mali Mod Show se tiendra tous les deux ans dorénavant mais comme interbiennale entre Deux éditions du Mali Mod Show, nous avons quand même tenu à créer ce forum-là qui se définit un peu comme le laboratoire qui va nous permettre de penser le Mali Mod Show, mais de manière beaucoup plus globale, un laboratoire qui va nous permettre de traiter la mode sous l'angle économique, sous l'angle business. Parce qu'au bout de plusieurs éditions, d'organisations, de défilés de mode et tout ça, Il était important pour nous de créer aussi une plateforme à travers laquelle nous allons parler structuration, nous allons parler financement, nous allons parler politique de développement même liée à la mode. Mais trois jours d'activité à travers des ateliers de réflexion, des masterclass et des panels également pour justement parler de la mode autrement. Parce que nous, en fait, on en a besoin ici au Mali, parce qu'encore une fois, pour beaucoup de gens, la mode, en fait, c'est loin de nous. La mode, ce n'est pas forcément nous, ça ne nous concerne pas. Donc l'ambition de ce forum-là, c'est de pouvoir parler des business dans la mode, des métiers dans la mode, et de pouvoir commencer un peu à réfléchir sur des projets de politique un peu, de structuration, de développement. et également d'accompagnement de la filière mode. Ce forum est prévu du 28 au 30 et nous prévoyons de mener des ateliers sur trois jours qui ont pour objectif de réunir le maximum de corps possible et de métiers possibles pour par exemple travailler sur la question de classification, sur la question de nomenclature, sur en fait... établir en tout cas une analyse un peu de la filière et de la chaîne de valeur ici au Mali. Donc, cette première édition, nous avons vraiment tenu à ce que les ateliers qu'on va produire ne traitent que de ça, parce que pour nous, c'est la base qu'on puisse, entre acteurs et professionnels, ou même en fait partenaires un peu de la filière, qu'on puisse s'asseoir et définir, et parler des corps et des métiers, savoir qui fait quoi, qui commence où. comment les métiers sont interconnectés entre eux, pour qu'ensuite on puisse aboutir à un projet de cartographie un peu de la scène, parce que c'est des éléments qu'on estime qui vont nous permettre, sur du long terme, de démontrer le poids, l'apport et l'importance, en fait, de la filière mort ici au Mali. Il y a aussi la nécessité, par exemple, de création de données. Aujourd'hui, nous, pour nos initiatives, un peu, nous portons cette ambition-là de pouvoir... valoriser la mode, de pouvoir un peu changer les manières de penser ou des manières de perception sur la filière. Même en termes de métier, par exemple, malheureusement, les gens vont souvent dans des écoles de coupe et de couture parce qu'ils n'ont pas réussi à faire autre chose, parce qu'en fait, cette filière-là reste quand même victime de beaucoup de perceptions. Donc, nous essayons un peu de traiter la démotion économique. qui pourra être pour nous un instrument assez efficace pour démontrer toute la place de ce domaine-là sur l'économie même du pays. Et c'est à cela que le Forum s'ambitionne de travailler.

  • Speaker #1

    Donc pendant trois jours, ça va être une succession d'ateliers avec différents professionnels du secteur des industries culturelles et créatives ?

  • Speaker #0

    Absolument.

  • Speaker #1

    Un élément qui est ouvert au public ou qui est plutôt restreint aux experts ?

  • Speaker #0

    Disons que les ateliers sont restreints aux experts et aux professionnels quand même expérimentés. Mais par contre, il y a aussi des masterclass qui sont prévus, qui restent toujours pédagogiques pour des jeunes designers. Donc des masterclass qui vont parler de qualité dans la production. qui vont parler également de mode éco-responsable et qui vont parler aussi de modèle économique. Ensuite, il y a les panels qui sont ouverts à tout le monde, à tout le public. Et c'est exactement ce qu'on veut faire, c'est vraiment encore une fois de réunir des professionnels de la mode avec plusieurs métiers du secteur privé et également avec les décideurs un peu politiques pour que nous, nous puissions faire des plaidoyers. et montrer toute la pertinence en fait de ces sujets-là.

  • Speaker #1

    Et quand tu évoquais la notion de données, effectivement je suis complètement encore une fois alignée avec toi sur le fait que la production de data, c'est l'essentiel pour pouvoir discuter avec les différents acteurs et les différentes parties prenantes, qu'il s'agisse des politiques, mais qu'il s'agisse aussi des entreprises et des potentiels sponsors. Quand la discussion commence, ce qu'ils veulent savoir c'est… Ils veulent avoir des datas. Du coup, toi, ton ambition à l'issue de ce forum, c'est de pouvoir produire un rapport ?

  • Speaker #0

    Pour le forum, oui, l'ambition, c'est de produire un rapport. Mais en fait, on n'a pas forcément cette prétention-là, en fait, de pouvoir arriver à cette étape, en fait. Et maintenant, nous, pour cette première édition, on souhaite d'abord analyser un peu les métiers et les différences. encore, mais derrière, ce qu'on aimerait impulser à travers le forum, c'est effectivement la réalisation de cette, la production de ces données-là dans le futur. Porter un projet de cartographie ou un projet de production de données sur la filière, parce que les données qui existent, en fait, je pense, en tout cas concernant le Mali, c'est des données qui datent de plus de 10-15 ans. Aujourd'hui, par exemple, on ne peut pas dire, par exemple, dans telle rue ou dans telle ville, voilà tel nombre d'ateliers de couture qui existent, voilà combien de personnes ils emploient, voilà le chiffre qu'ils génèrent et de manière beaucoup plus large en fait, il n'y a vraiment aucun support qui peut permettre d'avoir cette lecture actuelle un peu de ces données-là. Et nous on sait que c'est également en fait un projet très ambitieux qui demandera quand même beaucoup de moyens, mais nous en faisons à travers ce forum-là l'une de nos priorités pour les prochaines années. Très bien. Ce que je comprends, en tout cas dans ta manière de présenter les choses, c'est qu'en fait, chaque année, tu te lances à un nouveau défi. Exactement. Tu as une volonté d'aller plus loin, de creuser les choses en profondeur, d'apporter une nouvelle dimension. Comment est-ce que tu peux l'expliquer, ça ?

  • Speaker #1

    Bon, disons que c'est un mélange.

  • Speaker #0

    Ça, tu vas nous dire à la fin.

  • Speaker #1

    Bon, oui. D'abord... Mais c'est aussi un mélange un peu de beaucoup de passion, de beaucoup de conviction parce que j'y crois énormément et aussi parce que je considère ça comme une mission. Et moi, personnellement, quand je partirai à la retraite, j'aimerais bien regarder derrière moi et mesurer en fait l'impact que j'aurai laissé. Ou en tout cas, qu'on puisse dire que quand nous, on commençait à... à travailler dans le domaine de la mode, voilà ce qu'on a trouvé et voilà ce qu'on laisse. Et ça, il faut des activités signifiantes, il faut des activités à fort impact et pas forcément nous limiter un peu à la surface, mais également porter de vraies politiques de développement au profit de la filière. Et le reste, c'est parce qu'on est aussi réaliste, on essaie d'avancer vraiment petit à petit. parce que tout ce dont on a parlé aujourd'hui, c'est bien évidemment énormément de charge sur tous les plans. Donc on essaie vraiment d'aller petit à petit, de poser les bases, parce que c'est un peu le rôle qui nous revient. Moi personnellement, je ne suis pas forcément créateur ou mannequin ou photographe. Donc c'est cette mission en fait que j'essaie d'explorer, cette mission en fait de participer à la structuration de la chaîne. et aussi au soutien un peu à la chaîne, en mettant de la lumière sur tous ces besoins-là pour que chaque partie puisse aussi faire sa part, que ce soit les designers, que ce soit les autorités politiques, que ce soit également les acteurs du secteur privé. Donc c'est un mélange de beaucoup. Mais ce qui me porte, c'est le rêve, en vrai.

  • Speaker #0

    Mais le rêve, c'est quoi le rêve ? Tu nous le dis ton rêve ou c'est un tarot ?

  • Speaker #1

    En fait, je ne réfléchis pas trop à comment les choses vont se faire. Je me limite en fait qu'à les rêver et à y croire. C'est-à-dire que quand, si je me mets en fait à me poser beaucoup trop de questions, oui, tu veux par exemple produire des datas ou des données sur la mort, mais... Comment tu vas faire ? Il faut des chercheurs ? Qu'est-ce qu'il faut ? Il faut de l'argent ? Je ne pense pas immédiatement à tous ces aspects-là. Ce que je me dis d'abord, bon écoute, on va en parler. Là aujourd'hui, j'en parle avec Ramata. Dans une semaine, je vais en parler au forum. Je vais en parler par-ci et par-là. Et la force des choses fera que voilà, peut-être dans deux, trois ans, on aura cette belle cartographie-là. Plein de belles données sur la mode ici au Mali.

  • Speaker #0

    Très bien. On souhaite que ton rêve se réalise et on souhaite chacun apporter sa part à la concrétisation de ce que tu parles. On arrive à la fin de cette interview. Moi, j'aime bien finir en posant la question de si tu devais définir la mode africaine ou la mode malienne, qu'est-ce que tu dirais ?

  • Speaker #1

    La mode malienne déjà, comment je peux définir la mode ? Je dirais, concernant la mode malienne, je dirais renouveau. Je dirais renouveau parce que c'est à cela en fait je pense qu'on doit faire converger un peu nos projets et nos objectifs. On y travaille beaucoup sur la question en fait. l'actualisation un peu de la filière ici, des propositions des designers et Renouveau pour pouvoir aussi positionner en tout cas la création malienne un peu partout à l'international. Et voilà, donc je dirais Renouveau.

  • Speaker #0

    Très bien. Écoute, merci beaucoup pour être avec toi. Ce fut un plaisir comme la dernière fois. Merci. De toute façon, au forum auquel j'aurais le plaisir de participer à distance, mais nous avons l'occasion de faire ça en présentiel. Très bien. Oui, oui,

  • Speaker #1

    oui.

  • Speaker #0

    Et puis, écoute, je te dis à très vite en Afrique.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Mata. Merci à toi.

  • Speaker #2

    Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation d'Akim Souli

    00:00

  • Parcours d'Ibrahim Gindo et son rôle dans la mode au Mali

    02:02

  • Présentation de l'agence AS Agency et ses missions

    04:04

  • Discussion sur la MaliModeAcademy et ses impacts

    06:16

  • Initiatives de MaliMode : MaliModeShow et Pagne-Folie

    13:12

  • Lancement du Forum de la mode et ses objectifs

    29:30

  • Conclusion et regard vers l'avenir de la mode malienne

    52:23

Description

La mode africaine est en pleine effervescence, et qui mieux qu'Ibrahim Guindo, connu sous le nom d'Akim Soul, pour nous en parler ? 

Entrepreneur passionné de mode basé au Mali, Akim évolue dans le secteur depuis plus de 10 ans. Il est devenu un véritable pionnier de l’industrie à Bamako. Dans cet épisode, Akim  nous raconte son parcours. Depuis ses étudies en génie civil à la création de son agence de marketing et communication AS Agency. 


Il évoque ses motivations à créer les 3 initiatives dont l’ambition est de  propulser la créativité et le développement des marques de mode au Mali.

  • la Mali Mode Show, 

  • la Mali Mode Academy 

  • le Forum de la mode et du design 


Au fil de la conversation, il souligne l'importance cruciale de la formation pour les jeunes créateurs. Ainsi, depuis le début de sa carrière dans l’événementiel il a toujours intégré des programmes de formations destinés aux entrepreneurs créatifs. 

Quant au  business model de ses événements,  il ne veut pas dépendre de subventions de fonds d’aide au développement. Il prospecte des sponsors désireux de cibler une élite malienne. Il propose également une billetterie et limite l’accès de certaines soirées pour créer des expériences inédites.    


Cette vision audacieuse est essentielle pour construire un écosystème de la mode africaine durable et dynamique. Akim Soul aborde également les défis auxquels sont confrontés les designers africains, notamment le manque de données sur le potentiel du secteur. Ces obstacles, loin de décourager, alimentent sa détermination à transformer le paysage de la mode en Afrique.


Ce dialogue riche et inspirant met en lumière les histoires de créativité qui émergent des capitales de la mode en Afrique. Les entrepreneurs de la mode comme Akim jouent un rôle clé dans la représentation des créateurs africains sur la scène internationale, tout en célébrant le savoir-faire africain et les traditions méconnues qui font la richesse du patrimoine du continent aux 54 pays. Les fashion weeks et défilés de mode deviennent alors des plateformes pour exposer le talent brut des mannequins africains, tout en attirant l'attention des journalistes mode et des amateurs de fashion & beauty.


Les mentions

Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.



A très vite en Afrique ou ailleurs

Ramata Diallo


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Et nous, le Malimaud Academy, c'est pour en fait créer du développement. Ce n'est pas de la charité. Les jeunes qu'on souhaite former, c'est des jeunes en fait qui ont de vrais projets d'entreprise. C'est des jeunes qui ont envie de créer de la valeur, de créer du chiffre, de lancer des entreprises. Et ce n'est pas du pur social. C'est-à-dire que ce n'est pas de la charité qu'on a envie d'apporter à ces jeunes-là. Et c'est là où souvent même en fait... Beaucoup d'événements ou beaucoup d'initiatives en Afrique se retrouvent en fait limite galvaudées parce qu'il fallait obligatoirement rentrer dans les cases un peu du bailleur qui va te dire en fait, moi, pour que je finance ton événement, par exemple au Mali, il faut que tu dédies ça à la culture de la paix ou de la réconciliation. Et ça, c'est quelque chose, par exemple, que j'ai toujours refusé.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique. Et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie d'Ibrahim Gindo, aussi connu sur le nom d'Akim Souli. Entrepreneur dans le secteur de la mode, il organise au Mali différents événements de promotion de la créativité. J'avais déjà invité Akim en 2020. Quatre ans plus tard, il était temps de faire le point sur l'évolution de ses activités. Je vous mettrai en note de cet épisode le lien vers la précédente interview. Hakim est à l'origine de la création de MaliModeShow, de la MaliModeAcademy et du Forum de la mode. Toutes ces initiatives ont pour ambition d'accompagner l'accélération des marques de mode maliennes. Je l'ai invité aujourd'hui pour qu'il puisse nous parler de ses différentes entreprises au service des industries culturelles et créatives africaines. Bonjour Hakim, comment vas-tu ?

  • Speaker #0

    Bonjour Amata, je vais très bien et toi ?

  • Speaker #1

    Ça va très bien, merci. Je suis ravie de te retrouver. Merci à toi aussi. Un épisode 2 en fait, donc ça c'est quelque chose que je prévois de refaire. Je disais tout à l'heure, ça fait 4 ans qu'on s'est parlé entre temps bien sûr, mais en tout cas ça fait 4 ans que la dernière interview est sortie.

  • Speaker #0

    Ça passe vite.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est ça. Donc il est temps de faire le point sur tout ce que ta entreprise a mis en place depuis. Mais avant d'aller dans le détail de tout ce que tu fais, je vais te demander de te présenter.

  • Speaker #0

    Alors, je suis Ibrahim Guindo, dit Hakim, je suis un jeune entrepreneur de 31 ans. Basé à Bamako et je suis manager d'une agence créative dénommée AS Agency et également fondateur de MaliMod Association qui est à l'origine effectivement des initiatives que tu as citées tout à l'heure, à savoir le MaliMod Show, la MaliMod Academy et également le tout nouveau Forum de la mode et du design de Bamako.

  • Speaker #1

    Très bien. Je te remercie pour cette présentation pointue, précise, sharp. On va aller dans le détail de tout ce que tu fais. D'abord, je voudrais que tu nous parles de ton agence créative. Quand est-ce que tu l'as fondée et quelles sont les différentes missions que tu as avec cette agence ?

  • Speaker #0

    Disons que AS Agency a été fondée exactement en 2017. Mais à cette époque-là, c'était vraiment du freelance pour moi. Donc, je participais à l'organisation et à la production. d'événements culturels à Bamako et notamment la Bamako Fashion Week à l'époque en partenariat avec une autre organisation et également le festival du Bazin. Mais disons que l'agence a vraiment véritablement été installée à partir de 2021 où une équipe a été mise en place, une équipe de cinq personnes maintenant. L'agence travaille à accompagner les marques dans leur stratégie de développement, dans leur stratégie de communication, et également de la création de contenus audiovisuels entre autres, et digital. Et nous faisons du coup de la production d'événements. Cœur même en fait de métier de l'agence.

  • Speaker #1

    Très bien. Et cette agence, elle est vraiment spécialisée dans le domaine de la mode ou est-ce que tu interviens aussi pour d'autres entreprises qui seraient dans d'autres secteurs ?

  • Speaker #0

    Disons que notre domaine d'intervention est vraiment large. C'est vrai que c'est la dimension mode que nous mettons beaucoup en avant parce que voilà, c'est quand même, ça a été ma première passion, on va dire. Mais l'agence traite vraiment un peu de tout, mais selon le positionnement un peu. que nous avons pour le futur. Nous ne mettons pas tout en avant, mais par exemple, nous participons à la production d'une émission de télé-réalité qui met en question, par exemple, qui met en concours les jeunes Maliens autour des questions de citoyenneté. Donc au-delà de ça, nous intervenons vraiment dans pratiquement tous les secteurs, parce que l'agence même, je la définis comme une agence d'idées en réalité, compte tenu un peu de notre polyvalence. et aussi de notre ambition surtout de pouvoir créer de la valeur avant de nous cantonner à tel ou tel secteur. Donc, on peut vraiment intervenir partout où il y a besoin d'idées, partout où il y a besoin d'innovation ou de création de valeur.

  • Speaker #1

    Très bien, je te remercie de préciser ce point-là. Ce qui va être intéressant, c'est d'essayer de voir avec toi. Tu dis qu'aujourd'hui, l'agence, il y a cinq personnes. Quels sont les différents profils qu'il y a au sein de ton agence aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Nous avons... Principalement des profils de gestionnaire de projet. C'est notre principale activité en vrai. Des profils qui sont à même, par exemple, de conduire un événement, de conduire tout type de projet. Il y a également un profil com, qui reste aussi un élément assez fondamental de notre activité. Et également un profil d'artiste et créatif. qui va justement apporter toute la petite magie dans tout ce qu'on fait comme projet. Donc on met le cœur vraiment, c'est l'opérationnel, c'est des profils de chef de projet.

  • Speaker #1

    Très bien. Et est-ce que tu pourrais nous partager l'une des dernières campagnes, puisque tu parles d'une agence d'idées, sur laquelle tu as pu travailler et dont tu es particulièrement fière ?

  • Speaker #0

    Je dirais du coup l'émission de télé-réalité que j'ai évoquée tout à l'heure. Le nom même de l'émission, c'est l'Instanté. Donc, c'est une émission de télé-réalité malienne qui met en compétition des grains de jeunes. Les grains, en fait, c'est propre au Mali et propre également à d'autres pays en Afrique de l'Ouest. Il s'agit en fait des groupes de jeunes qui se réunissent soit parce qu'ils viennent de la même rue, soit à la même école. soit du même quartier. Donc l'objectif en fait c'est que chaque grain puisse proposer un projet de développement communautaire pour son quartier et durant les deux mois de mission du coup ils doivent tout mettre en œuvre pour ficeller le projet, mobiliser des ressources financières, des ressources humaines également et pour qu'à la fin les meilleurs projets puissent avoir leurs projets financés par les missions. Donc cette année par exemple c'était un grand challenge parce que habituellement nous menons le projet sur la ville de Bamako, de Kati et également dans la région de Ségou. Mais cette année nous avons rajouté deux nouvelles régions donc l'émission s'est déployée pratiquement sur cinq villes. Donc c'était deux mois intenses avec une équipe de presque une centaine de personnes si on compte vraiment tout le monde, le jury, les... coachs, les techniciens et toute l'équipe. Et là, nous avons pu clôturer en beauté. C'était une réussite et nous sommes en train du coup de financer cinq projets. Et c'est des projets qui sont financés à hauteur de 2 millions jusqu'à 7 millions de francs CFA. Et ça va permettre du coup à ces jeunes-là de pouvoir réhabiliter une salle de classe, pouvoir créer un centre multimédia dans une école, pouvoir également eux. contribuer à un système d'addiction d'eau dans une autre ville. Il y a également des projets plus dans l'entrepreneuriat social, comme par exemple, nous avons eu la chance d'avoir un grain de noms et de malvoyants, par exemple, qui avait pour projet de mettre en place une unité de fabrication et de vente de savon produit par du coup les malvoyants et en tout cas des personnes qui souffrent de déficiences visuelles. Et il y a aussi un des projets qui consiste un peu à créer une marque un peu d'objets de découpe, mais produit à partir de déchets et de... et doivent être recyclés. Donc c'est vraiment des projets super intéressants et le fait de voir des jeunes qui habituellement n'ont pas vraiment été préparés à cela ou il y en a qui n'ont même pas poursuivi de longues études, mais de les voir pendant deux mois en train de monter des dossiers PowerPoint, de faire des présentations, parce qu'il y a également des primes devant un jury, d'aller mobiliser leur population locale, la mairie, les autorités. public, tout ça, pour mobiliser une partie du financement. Et vraiment, ça redonne confiance pour nous, ici, au Mali, compte tenu un peu de tout ce qu'on traverse. Donc, ça montre qu'il y a quand même des jeunes qui en veulent. Et du coup, cette émission a été en partie pilotée par l'agence. Et ça reste une grande fierté.

  • Speaker #1

    Très bien. Et cette émission-là, en fait, qui est le client, en fait ? Qui est-ce qui t'a sollicité pour pouvoir améliorer créer cette émission de téléréalité ?

  • Speaker #0

    Disons que l'émission a été fondée par une association dénommée Culturelle. C'est une association qui a été créée à la base par des opératrices culturelles qui ont amené beaucoup de projets. L'objectif de cette association, c'est de pouvoir participer au développement sur tous les plans, mais à travers la culture. La première saison de l'émission a été créée en 2017. Et à la base, en fait, j'étais du coup un simple community manager à l'époque en 2017, mais de fil en aiguë, du coup, la collaboration a grandi et l'association reste aujourd'hui un des clients importants pour l'agence compte tenu un peu de son cœur d'activité et des projets sociaux qu'on met en place et surtout de cette liberté que l'association nous permet d'avoir dans les campagnes. parce que ce n'est pas forcément évident. Nous, dans les projets qu'on choisit, on aime bien un peu tous ces projets-là avec un peu de grain de folie. C'est pour ça que j'ai toujours évité un peu l'accompagnement institutionnel. C'est comme là en fait qui est plus rigide.

  • Speaker #1

    Très bien. Alors du coup, c'était très intéressant que tu prennes le temps de nous parler de cette émission de télé-réalité, l'Instant T. Est-ce que pour des gens qui sont à Paris, en région parisienne ou de la diaspora, est-ce qu'on peut voir des épisodes ? Est-ce qu'il y a un accès ?

  • Speaker #0

    Tous les épisodes sont disponibles sur la chaîne YouTube de l'émission qui s'appelle l'Instant T. Je pense qu'il y a absolument tous les épisodes depuis 2017 jusqu'à maintenant.

  • Speaker #1

    Très bien. Écoute, je mettrai le lien en note de l'épisode de la chaîne. Martin, ce que j'aurais aimé, c'est que tu nous partages un exemple qui soit plus en lien avec le secteur de la mode, en fait, de projets, de missions sur lesquelles tu aurais pu travailler et dont tu es particulièrement fier.

  • Speaker #0

    Des projets externes, c'est ça ? Pas de production interne ?

  • Speaker #1

    Comme tu veux, interne ou externe, mais en tout cas, des projets sur lesquels tu aurais pu travailler dans le secteur de la mode.

  • Speaker #0

    Bon, je peux par exemple vous citer la semaine du Boubou, qui est un concept que nous avons initié lors de la dernière fête de Tabaski. Donc ça c'était par exemple un projet en partenariat avec la marque Itanouk, avec qui l'agence travaille beaucoup depuis je pense 2016. Donc il s'agit en fait d'une semaine de vente privée, mais dédiée vraiment à la culture du Boubou, à l'univers du Boubou. Donc l'événement a réuni environ une dizaine de créateurs, à savoir deux marques du Sénégal, qui étaient du coup les marques invitées. Donc ça pareil, l'idée de pouvoir bosser sur un événement avec un concept propre, on a pu faire de belles activités avec des dress codes, tout ça. Et la vente a permis quand même à donner un grand élan à la vente, puisque les chiffres étaient... assez intéressants au terme. Et par exemple, il s'agit d'une initiative qu'on envisagerait par exemple de déporter, même dans d'autres capitales africaines.

  • Speaker #1

    Très bien. Donc intéressant de voir du coup, parce que là c'est un univers qui est totalement différent de l'émission de télé-réalité, l'Instanté, la Spanish Boo Boo, et de se dire que ton agence en fait, elle arrive à finalement travailler en collaboration avec différentes entreprises et associations ou marques pour pouvoir les accompagner dans leur... dans leur développement. Et l'idée, c'est qu'on puisse comprendre que ton agence, finalement, ce n'est pas que de l'événementiel, c'est vraiment, comme tu l'as dit, une agence d'idées qui va être au service des marques. Absolument. Moi, j'ai envie de revenir un peu, parce que comme tu l'as dit au départ, je te présente comme un jeune entrepreneur de 31 ans. Et ton agent tu l'as lancé en 2017, quel est ton background en fait ? Au niveau de tes études, au niveau de la formation que tu as pu avoir, de tes premières expériences, quelle est ton expertise en fait au départ ?

  • Speaker #0

    Au départ, mon expertise initiale n'a absolument rien à voir avec ce que j'exerce aujourd'hui parce que j'ai eu un bac. Technique du coup, je suis ici dans le lycée technique en filière génie civil. Donc j'ai eu mon bac du coup totalement scientifique. Et ensuite après le fait, tout au long de mon lycée, j'ai commencé un peu à perdre goût un peu pour cette filière-là. Donc c'était vraiment à partir d'un peu de mon bac que je commençais un peu à découvrir la... comme le marketing, la mode et tout ça. Donc, le centre d'intérêt a commencé à changer un peu. Donc, moi, j'espérais qu'après le bac, que je pouvais à présent me lancer en commerce ou en communication. Mais je me suis ensuite retrouvé encore à faire le concours d'entrée à l'École nationale d'ingénieurs. Honnêtement, un concours que j'espérais rater. Mais malheureusement, j'ai... J'ai opté le concours d'entrée dans cette école-là, donc j'étais de moins en moins passionné par le génie civil. Donc après le BTS, j'ai raccroché avec cette filière-là et c'est là où je me suis inscrit dans une école de commerce, en filière commerce internationale, pour avoir une licence. Ensuite, je me suis spécialisé en com. Donc au final, les études que j'ai suivies, que j'ai poursuivies. ne me prédestinaient pas forcément à la com ou à la mode. Mais disons que ça restait quand même un domaine créatif, puisque l'ingénie civil, c'est également de la création, c'est du design. Mais disons que c'est peut-être le contexte pédagogique, je pense, qui ne m'a pas vraiment encouragé à au moins terminer ma formation d'ingénieur, parce que je suis quand même quelqu'un, j'aime les challenges. Je pense que j'aurais pu vraiment aller au bout, quitte à changer après. Mais le contexte pédagogique faisait que ça demandait beaucoup d'énergie. Je ne trouvais pas forcément le modèle pédagogique light ou efficient. J'ai comme l'impression que c'est encore le même système qu'il y a des années et des années. Et ça, ce n'était pas vraiment ce qui m'animait personnellement. Donc, il m'a fallu vraiment mener une longue bataille en famille pour pouvoir enfin me lancer. dans une filière qui me passionnait. Donc voilà, je suis issu, j'ai eu un bac technique, un passage à l'École nationale d'ingénieurs pour ensuite véritablement me consacrer à la communication.

  • Speaker #1

    Très bien. Et donc tu as fait du coup ce parcours à la fois, on va dire scientifique, technique, et ensuite plus, comment dire, un profil commerce international. Une fois que tu as fait cette école de commerce, Quelles sont les premières expériences professionnelles que tu as eues ? Est-ce que tu as travaillé pour des entreprises ou est-ce que directement tu t'es mis à ton compte ?

  • Speaker #0

    Disons que je n'avais pas trop le choix parce que les études de commerce, du coup, je devais les payer moi-même. Donc immédiatement, il me fallait trouver des petits jobs. Donc c'est à ce moment-là que j'ai commencé un peu à assister des opérateurs culturels, à travailler avec une agence. qui m'a vraiment permis de me lancer, on va dire, ou en tout cas d'appréhender le secteur de la mode. Il y a des années, mais disons que ça a toujours été des expériences par-ci et par-là en tant que freelance. Je n'ai jamais eu vraiment à intégrer une entreprise. Je pense que ma première et seule expérience vraiment en entreprise, c'était tout récent. C'était, on va dire, il y a... Il y a deux ans, ou en parallèle, j'ai dû accepter une mission au sein d'une institution diplomatique à Bamako pendant trois ans. Et là aussi, mon objectif, c'était surtout un peu de voir comment ça fonctionne en entreprise ou en organisation. Parce que je n'avais vraiment pas eu l'occasion de bosser justement dans un cadre bien lisse de 8h à 17h. Donc quand j'ai eu cette opportunité, je me suis dit, tiens. Peut-être que ce serait intéressant de voir à quoi ça ressemble, mais durant tout mon parcours, j'ai toujours été à mon propre compte. en freelance avant que l'agence soit totalement mise en place.

  • Speaker #1

    Très bien. Donc, par rapport à l'agence, je pense qu'on a bien exploré ce que tu fais et comment tu as pu développer ton activité. Maintenant, j'ai envie de passer à la partie association, que tu nous racontes un petit peu comment est venue l'idée de créer cette association et puis, quelles sont les différentes initiatives que tu as développées avec ton association ?

  • Speaker #0

    Donc, Malimode, nous l'avons créé en 2011. Donc, j'étais avec mon meilleur ami et également ma petite sœur. Donc, on formait un peu la petite bande à l'époque. On regardait des déchets et tout ça. Donc, on était tous passionnés par la mode en 2011. Donc, on a commencé à faire des recherches un peu sur ce qui se passait à Bamako à l'époque. Mais on a été, en fait, c'était une désillusion totale parce que... Il n'y avait pratiquement rien. C'est-à-dire que les événements se comptaient un peu par an. Je pense qu'il y avait même, on peut même dire, pratiquement toute une année sans événements mode. Il y avait peu d'acteurs qui étaient réunis ou peu d'acteurs qui étaient visibles. Chacun était vraiment un peu dans son petit coin, mais en fait, il n'y avait aucune visibilité d'une scène mode. Bien qu'il y avait quand même des créateurs, il y avait des marques et tout ça, mais le terrain était quasiment vierge. Donc c'est là où nous nous sommes dit peut-être que ce serait bien de créer une association qui allait du coup avoir cette mission-là d'abord de fédérer des personnes, d'être une plateforme de rencontres qui nous aurait permis du coup un peu d'identifier les uns et les autres un peu par-ci et par-là. C'est comme ça que l'association a été créée en 2011. Notre première activité a été d'organiser une petite formation pour des jeunes mannequins. À l'époque, on faisait ça dans la cour du palais de la culture. On a organisé cette première petite formation en janvier 2012. Au terme de la formation, nous nous sommes dit que ce serait bien que ces jeunes mannequins puissent quand même défiler. Donc c'est là où on a vu qu'il se tenait un festival reggae qui continue toujours d'ailleurs. C'est le premier festival reggae de Bamako. Donc on a approché les organisateurs parce que nous on n'avait pas forcément les moyens pour mobiliser de la logistique ou produire un événement propre à nous. Donc on a proposé du coup à ce festival-là de pouvoir nous donner un petit temps pendant leur soirée de clôture pour qu'on présente. ces mannequins et qu'on organise ce défilé de mode. Donc nous avons réfléchi un peu à des créateurs qui avaient un lien un peu avec la culture reggae ou en tout cas qui travaillaient par exemple le bogolan parce que les reggae-men ont quand même cet intérêt pour le motif bogolan et ce textile-là. Donc il fallait du coup produire un défilé qui ne se... qui se retrouverait un peu en fait dans cet univers. Donc on a mobilisé quatre designers, je pense, qui ont proposé du coup des connexions avec des motifs bongolans. Donc ce qui nous a permis du coup de faire défiler nos jeunes mannequins. Et disons que tout est parti de là. C'était le premier événement à l'époque qu'on a organisé. Et après nous avons commencé à mener des petites formations par-ci et par-là. Et jusqu'en 2013 du coup, où on a créé le concept Pagne-Folie. Donc à l'époque, l'imprimer était hyper hyper tendance et tout le monde ne girait un peu que de ça. Donc nous nous sommes dit qu'on allait peut-être créer un concept autour de ça. Donc on a lancé l'événement Pagne-Folie à l'Institut français de Bamako, qui consistait un peu à créer un univers en fait en Pagne, le temps d'une soirée avec un défilé. Pagne Fouillé, on en a fait trois. On en a fait trois éditions. Et c'est un peu à ce moment qu'on a commencé un peu à se faire connaître. Donc à chaque fois qu'il y avait des défilés ou des événements mode, on me sollicitait. C'est comme ça qu'on a eu à bosser sur la production de Bamako Fashion Week en 2015, ensuite du Festival de Bazin. Et c'est en 2015 également que nous avons lancé notre premier programme de formation qui consistait un peu à identifier trois jeunes talents. donc deux couturiers et un styliste. Donc c'est justement cette formation qui a permis à la marque Jika Dressing, qui est assez connue maintenant, Jean Cassim, c'est ce premier programme de formation qui l'a permis du coup de réaliser sa première petite collection. Et disons que tout est parti de là et de fil en aiguille. On a commencé un peu à faire connaître l'association et à mener des projets de plus grande ampleur.

  • Speaker #1

    Très bien, je te remercie. Donc, dévoquait Jean-Cassime Dembélé de Chica Dressing. Je mettrais en lien des notes de l'épisode à l'article où, en fait, je présente sa marque et je lui avais posé quelques questions. Donc je pourrais effectivement ajouter ces éléments-là. C'est intéressant de voir qu'à l'origine, les premiers éléments qui lui ont permis de se développer, c'est à travers les événements que toi, tu as pu organiser. Aujourd'hui, on peut dire que ton association, quand on arrive au Mali et quand on veut savoir qui sont les acteurs de la mode, quels sont les événements importants, tu es un peu une figure de référence. En tout cas, tu pourrais être la personne à contacter pour être sûre qu'on va savoir tout ce qui se passe au Mali en termes de mode.

  • Speaker #0

    effectivement, on continue d'ailleurs dans la même lancée très bien,

  • Speaker #1

    donc au départ ce que je comprends c'est que l'association elle accompagnait des événements qui existaient déjà et puis ensuite vous avez voulu créer vos propres structures mais ce que j'entends c'est que la formation ça a toujours été quelque chose dès le départ vous avez commencé par faire de la formation effectivement la dimension enseignement,

  • Speaker #0

    pédagogie elle était importante elle était importante parce que euh Au Mali, disons que la mode, même si elle connaît un essor ces dernières années, ça reste quand même un secteur ou un domaine pas très familier du point de vue de l'éducation, de l'ouverture d'esprit et tout ça. Disons que la mode, même pour le Malien lambda, la mode est synonyme de défilé de mode tout simplement. des mannequins qui défilent sur un podium. Et ça, c'est par exemple un exemple qui nous a toujours... En fait, c'est comme ça que ça a toujours été évident pour nous de continuer à former les gens, à participer à cette sensibilisation-là ou à cette vulgarisation-là des métiers de la mode. L'autre dimension, c'est que... Pour nous, la formation, c'est la base de tout, c'est-à-dire que ce soit pour un jeune designer, un mannequin. Avant de vouloir embrasser un métier, en fait, il est indispensable de maîtriser son sujet. Et malheureusement, en fait, il n'y a pas vraiment d'école de mode au Mali ici. Donc, c'est pour ça que nous, nous nous efforçons vraiment à toujours animer cette dimension-là, de pouvoir former des gens, de pouvoir les outiller. et pouvoir les accompagner dans le cadre de leur carrière. Donc, par exemple, sur le plan... Si on prend les créateurs de mode, nous on va dire qu'au bout de deux éditions du Mali Mod Show à l'époque, on avait déjà fait le tour des marques ou des créateurs de mode qui pouvaient se présenter pendant le Mali Mod Show. Donc il fallait dénicher des talents, il fallait former ces talents-là pour qu'en fait... pour participer à rendre dynamique le secteur. Donc la formation est vraiment une partie intégrante de toutes nos activités, de tous nos projets, pour chaque événement, même en dehors des événements. On ne se fatigue jamais à créer des masterclass, ou ne serait-ce que des petites conversations de groupe, pour évoquer des sujets aussi divers, que ce soit la création, la gestion, le marketing. Merci. tous les autres métiers annexes qui restent quand même indispensables à l'entreprise e-mode ou à la carrière dans la mode.

  • Speaker #1

    Très bien, très intéressant cet engagement sur cette notion de pédagogie parce que l'idée c'est qu'effectivement, à partir du moment où les personnes acquièrent des compétences, montent en compétences, on sait que c'est un savoir qui peut leur permettre de se développer par la suite. Donc c'est vraiment une dimension qui est extrêmement importante et qui m'est chère à moi également. Donc on va en venir aux différentes initiatives qui ont été développées par l'association. Là, vous n'avez plus le rôle de travailler avec des événements existants à la production, à la logistique, et on va accompagner la communication. Là, on crée nos propres événements. Donc est-ce que tu peux me parler de cette partie-là ?

  • Speaker #0

    Oui, donc le premier événement, du coup, en tout cas, On va dire que le premier grand événement, ça a été le Mali Motion 2018. Là, pareil, toujours pour répondre à ce besoin-là de créer une plateforme de promotion et de valorisation au profit des professionnels de la mode, il fallait du coup avoir ce rendez-vous-là, ce rendez-vous qui allait du coup réunir des designers, des mannequins, un peu tous les corps de métier de la filière, le temps d'une soirée. Donc à l'époque, le Mali Motio se tenait vraiment sur une seule soirée, en 2018. Mais en parallèle quand même du Malimot Show, il y avait toujours des ateliers et des masterclass sur une semaine qui devaient passer par la formation des gens. Donc le premier grand projet, ça a été le Malimot Show. On en a fait en 2018, en 2019 également. En 2020, on n'en a pas fait pour des raisons de pandémie. Et c'est entre temps, du coup, vu qu'on ne pouvait pas organiser cet événement-là, vu qu'on ne pouvait pas totalement rassembler du monde, donc il fallait quand même maintenir un peu notre rythme d'activité. C'est ce qui nous a amené à penser à la création de la Malimode Académie. Donc la première session a été lancée en fin 2020-2021 et c'est l'année où il n'y a pas eu de Malimode Show à l'époque. Donc on a initié ce programme-là parce qu'au bout des deux Mali Mod Show également, nous avons constaté le fait qu'il n'y avait pas suffisamment d'offres ou de propositions sur le marché. C'est-à-dire la première édition c'était avec un groupe de designers, la deuxième c'était à peu près avec les mêmes têtes. Et moi personnellement, je trouvais ça dommage qu'il n'y ait pas cette variété-là, qu'il n'y ait pas cette richesse-là. dans les styles ou dans les designers. Et le fait de devoir toujours faire avec les mêmes, en fait, ne me convenait pas trop. Donc, nous avons dit, écoute, on va se taper le boulot. On va lancer des designers. Et c'est comme ça que la Malimor Academy a été créée à l'époque. Donc, le concept, c'est de lancer un appel à candidature, identifier dix jeunes et les former durant six mois. Et c'est vraiment... une formation assez intense où l'objectif c'est vraiment de les amener en fait à connaître un peu la base, à se dire que la mode c'est quoi déjà, qu'est-ce qui rentre en compte dans la mode, comment on devient designer, comment on apprend à couper, à couper, parce qu'il y a deux volets, il y a la dimension théorie et pratique. Donc il y a de la formation en courbe, couture, en broderie, en design textile, en bogolans, en tissage. Et on y associe aussi tous les autres métiers annexes ou toutes les autres matières comme la com, le marketing de la mode. On fait aussi des modules en développement personnel parce que ça reste quand même important pour nous le mindset un peu de ces jeunes-là. Et au bout de la formation, on organise un défilé de restitution qui leur permet du coup de présenter les travaux sur lesquels ils ont travaillé tout au long de six mois. Donc en 2021, on lance la première édition du MaliMod Academy. Et en 2022, du coup, le MaliMod Show revient. Et l'événement est passé d'une soirée à trois. à trois soirées et jusqu'en 2023 où du coup ça a vraiment pris toute cette dimension de festival pendant dix jours.

  • Speaker #1

    Très bien. Alors j'aimerais qu'on revienne d'abord sur la partie Manimode Academy. Est-ce que tu peux nous citer du coup justement des talents, des techniques ? Et grâce à la Mali Mod Academy, qui voilà aujourd'hui, j'imagine sont reconnus au Mali et peut-être en dehors des frontières du Mali.

  • Speaker #0

    Donc le Mali Mod Academy a permis par exemple de lancer la marque Laifi, qui est disponible sur les réseaux sociaux. Il y a également Sarah Design qui est une marque de création d'accessoires à base de perles. Il y a un... Il y a un label textile qui a été lancé également qui s'appelle Mandé Fini. Il y a également la marque Milogo qui est également sur le marché, comme la marque Paris. Disons qu'au bout des deux éditions du Malimora Academy, on peut compter une douzaine de jeunes marques. qui sont pleinement en activité aujourd'hui. Il y en a qui ont défilé à l'étranger, comme par exemple au FIMA, comme au MASA à Abidjan, comme au FIMO à Lomé. C'est vraiment 10 marques qu'on peut dire plus ou moins établies maintenant. Et on continue de les accompagner d'ailleurs, parce qu'on est en train de les réunir en collectif. Ils font souvent des ventes privées ensemble. Ils sont distribués par... par exemple la maison IKALUK. Donc ça nous a vraiment permis de créer un écosystème qui est de plus en plus dynamique, des jeunes talents qui créent et qui vendent surtout. Ça c'est très important pour nous, pour ne pas quand même qu'on se limite un peu à l'aspect festif, bling bling. Donc ça a toujours été en fait l'objectif de pouvoir lancer des créateurs qui avaient cette ambition-là d'être des entrepreneurs mode. et de fonder leurs marques et de pouvoir les distribuer.

  • Speaker #1

    Très bien. Et maintenant, je voudrais revenir du coup sur la dimension liée à l'événement où tu dis aujourd'hui que ça a commencé par une soirée, puis on est passé à trois jours et aujourd'hui c'est un festival de dix jours. Donc comment est-ce que ce qui est aujourd'hui un festival, comment ça a grandi au fur et à mesure et qu'est-ce qui a fait qu'aujourd'hui ça a... a pu devenir un festival qui va s'étendre sur dix jours ?

  • Speaker #0

    Disons que c'est parti de plusieurs constats. Déjà le premier, en tout cas l'ambition première, c'était de ramener la mode à la même dimension, par exemple, que la musique au Mali. Parce qu'au fil des deux ou trois premières éditions, on a remarqué que ça passait très vite. C'est-à-dire que le fait d'avoir un événement sur une soirée ou sur trois jours faisait que tu avais beaucoup de personnes qui découvraient l'événement qu'une fois que c'est passé, d'une part, et que la seule soirée ne permettait pas de promouvoir suffisamment de marques aussi. Parce qu'à un moment donné, nous nous sommes retrouvés contraints parce qu'il commençait à y avoir de plus en plus de demandes. Et vu qu'il n'y avait pas beaucoup d'événements, donc le Malimor Show, était quand même un peu la seule plateforme annuelle qui permettait aux designers de proposer leur collection. Donc en une soirée, ça ne devenait plus possible parce qu'on tient aussi au fait que la soirée ne soit pas trop longue, qu'il n'y ait pas plus de 10 marques et ça, ça frustrait des personnes parce qu'à un moment donné, il y avait... quand même des marques super intéressantes qui voulaient mais il n'y avait pas forcément de place donc il fallait du coup rajouter d'autres soirées et l'autre raison c'est que voilà il y a nous sommes dit que pour que la mode puisse vraiment avoir un impact pour qu'on puisse être pris au sérieux pour qu'on puisse vraiment en fait occuper la scène en fait culturelle ou la scène un peu créative il fallait vraiment marquer le coup et qu'une seule date ne permettait pas justement d'embarquer un plus grand nombre de personnes autour de l'événement. Donc c'est là où on a étalé l'événement sur pratiquement dix jours. Et la dernière raison, elle est économique, parce qu'il fallait développer des mécanismes pour avoir un modèle économique viable et pouvoir intéresser les partenaires et les sponsors. Parce que c'est un peu triste que la mode ne bénéficie pas de sponsoring ou quoi que ce soit, parce que c'est de la mode selon les partenaires à l'époque, ça ne pouvait pas drainer du monde. Donc il fallait développer d'autres concepts d'événements autour de la mode pour pouvoir accéder à ces potentiels sponsors-là, pour ensuite les faire découvrir tout ce que nous faisons. à travers la mode. Donc au final, la mode est restée en fait le sujet et le prétexte pour embarquer un plus grand nombre et aussi des personnes issues de différents milieux professionnels. Et c'est là où on a réfléchi à créer du coup un programme in et un programme off. Donc notre ambition aujourd'hui c'est de... c'est de nous servir un peu du Mali-Morshio pour aussi vendre la destination Bamako. C'est pour ça que dans la programmation, on peut y trouver une exposition d'art. contemporain, ça parce que voilà il fallait attirer cet autre public là vers la mort. Il y a des after work par exemple avec des entreprises totalement dédiées au cadre et aux professionnels mais pendant lequel du coup il y a aussi un défilé de mode où il y a par exemple le défilé Made in Mali qu'on a initié pour les labels et les marques qui ont cette ambition là. Donc il y a le grand show, il y a également un tea time qui a été développé. qui est beaucoup plus ouvert aux familles et tout ça. Mais il y a des événements que nous, nous produisons même en fait dans le cadre du programme INN. Mais il y a ce programme OFF là qu'on établit en partenariat avec des lieux, avec des boutiques qui veulent profiter du coup un peu de l'engouement durant la semaine du Mali Morshow pour proposer un concept original toujours dans le domaine de la mode. En tout cas, l'objectif, c'est de pouvoir embarquer le maximum de personnes et d'univers autour de cet événement mode. C'est comme ça qu'on en est arrivé là.

  • Speaker #1

    Très bien. Du coup, c'est intéressant de voir l'évolution step by step des événements. Et ce qui est intéressant aussi, c'est la longévité. Puisque dans l'événementiel, il y a énormément de personnes qui se lancent. Mais après une édition, on n'entend plus parler de l'événement. Et ce qui est intéressant dans, toi, ta manière d'aborder les choses, c'est vraiment aussi cette dimension de, tu as d'abord travaillé pour d'autres événements, ce qui t'a permis d'acquérir de la compétence et de maîtriser l'objet, de développer un réseau. Et tu as eu d'abord aussi cette approche de, moi, j'ai envie d'apporter quelque chose de différent, de détecter des talents. Et ce que je trouve intéressant aussi, c'est comment tu réfléchis à, OK, j'ai un événement qui est récurrent, mais j'ai envie de le faire grandir. Et donc, je veux me donner les moyens. Je mets bien ton point sur la partie sponsoring et j'aimerais bien revenir dessus. Quels sont du coup aujourd'hui les sponsors qui soutiennent, ou en tout cas qui accompagnent, je ne vais pas dire soutenir, parce que j'ai eu un échange avec Jacques Logo du FIMO qui, sur ce point-là, disait mais nous, on ne cherche pas des soutiens, on cherche des partenaires business qui... vont trouver un avantage à collaborer avec nous, mais on n'est pas dans une forme de charité. Et depuis, je fais attention dans l'utilisation du terme soutien, parce que c'est vrai, ça laisse à penser que c'est une aide. Mais en fait, un sponsor, quand il vient, c'est qui sait qu'il y a un avantage pour lui en réalité.

  • Speaker #0

    Absolument, je partage totalement la même logique. Parce qu'en fait, nous, on va dire que pour le Malimod Academy, on va chercher du coup... des subventions avec des services de coopération et tout ça. Parce que là, quand même, il y a aussi une dimension sociale et tout ça. Mais même en fait, le Malimaud Academy, nous sommes en train de réfléchir à créer en fait une version payante. Parce que justement, moi-même, je n'ai jamais été en fait à l'aise vraiment avec cette démarche-là en fait de toujours dépendre en fait du soutien. ou de subventions, parce que pour moi, en fait, ça met en risque la pérennisation des initiatives. C'est pour ça que, par exemple, pour le Malimode Show, on revendique totalement le fait que ce soit un événement commercial. On revendique que certaines soirées soient en fait limite élitistes, des fois, parce qu'il y a quand même des tickets qui peuvent coûter relativement cher. Parce que nous, derrière, il y a... énormément de charges. C'est pour ça aussi que, par exemple, pour le Mali Mod Show, on travaille toujours à faire de telle sorte que l'événement ne soit pas totalement dépendant même en fait, même du sponsoring. C'est-à-dire les subventions même en fait, on ne les sollicite pas ou en tout cas on garde la main sur en fait la particularité de notre production parce que souvent le risque avec les subventions c'est que tu vas en fait brader ton concept. où tu vas en fait créer un concept pour répondre à l'objectif, par exemple, du bailleur et t'éloigner de ton ambition et de ton objectif. Donc, par exemple, pour le Malimot Show, même pour l'aspect sponsoring même, c'est important pour nous, ça permet de couvrir les charges, mais on travaille toujours à faire de telle sorte que la vente de tickets ou la vente, par exemple, des produits du Malimot Show puissent couvrir l'événement jusqu'à 60 ou 70 Parce qu'on se dit que c'est ce qui peut nous garantir que l'événement puisse continuer à exister et à grandir, parce qu'on n'est pas dépendant du coup de ce sponsoring-là. Et pareil aussi sur le sponsoring. Nous, par exemple, nous sommes accompagnés majoritairement aujourd'hui par une société de téléphonie. Ici, nous avons été, par exemple, le premier événement mode que cette entreprise a sponsorisé parce qu'au départ, il ne trouvait aucun intérêt à la mode à l'époque. Donc, il nous a fallu réfléchir à des événements co-brandés avec cette marque-là pour qu'ils puissent voir un peu que ce secteur... pouvait aussi drainer du monde. Mais en fait, ça reste encore assez modeste dans les finances même de l'événement. Et il est très important pour nous que l'événement ait un vrai modèle économique autonome. Que l'événement soit en fait financé par des gens qui y viennent, par des ventes privées qu'on reproduit en parallèle, par des soirées qu'on mène. ou par des sponsors qui ne viennent pas par pitié, mais qui viennent parce qu'il y a un marché, parce qu'il y a de potentiels acheteurs, parce qu'il y a un public cible en fait qui les intéresse sur le plan économique. C'est-à-dire qu'ils ne viennent pas pour nous soutenir, ils viennent aussi pour faire des affaires. C'est pour ça que nous avons pas mal de soirées pendant le Malimode Show. qui sont devenues en fait de belles occasions de networking pour les marques, pour les gens. On permet en tout cas de connecter du coup les marques à ce public cible-là qui a un certain pouvoir d'achat et qui peuvent être en fait des prospects pour eux.

  • Speaker #1

    C'était important de préciser ce point du business model en fait de l'événementiel et de vraiment préciser le rapport qu'il peut y avoir avec ceux qui subventionnent et ceux qui sponsorisent. Et toi, ce que j'entends, c'est que tu dis à garder une forme de liberté et à garder une enquête d'entrepreneur. Un entrepreneur, ce n'est pas une œuvre de charité où on recherche des dons. C'est qu'on met en place un business model avec des rentrées d'argent d'un côté, des dépenses de l'autre et avec une volonté de faire du bénéfice. Et il n'y a pas de raison qu'on...

  • Speaker #0

    À s'en cacher ou à ne pas être à l'aise avec ça, au final, parce que je me rappelle, même une fois pour le Malinois d'Académie, il y a... On a postulé pour une subvention et quand je présentais le dossier, on m'a limite réproché le fait que le Malimoda Academy n'était pas ouvert par exemple aux jeunes femmes vulnérables, aux jeunes hommes vulnérables, les cas sociaux un peu. Je me suis dit que ce n'était pas la vocation de ce programme-là. Nous, nous sommes certes sensibles à tous ces jeunes-là, à tout ce public-là, mais ce n'est pas notre cœur de métier. Nous estimons qu'il y a des personnes qui œuvrent dans ça. Et nous, le Malimaud Academy, c'est pour en fait créer du développement. Ce n'est pas de la charité. Les jeunes qu'on souhaite former... C'est des jeunes en fait qui ont de vrais projets d'entreprise, c'est des jeunes qui ont envie de créer de la valeur, de créer du chiffre, de lancer des entreprises et ce n'est pas du pur social, c'est-à-dire que ce n'est pas de la charité qu'on a envie d'apporter à ces jeunes-là. Et c'est là où souvent même en fait, beaucoup d'événements ou beaucoup d'initiatives en fait en Afrique se retrouvent en fait limite galvaudées parce qu'il fallait obligatoirement rentrer dans... Dans les cas un peu du bailleur, tu vas te dire en fait, moi, pour que je finance ton événement, par exemple au Mali, il faut que tu dédies ça à la culture de la paix ou de la réconciliation. Et ça, c'est quelque chose, par exemple, que j'ai toujours refusé. Si j'ai envie de produire un événement ou de participer à telle ou telle cause à travers nos initiatives, je sais comment les faire. Mais pour le moment, ce n'est pas notre créneau. Ce n'est pas la finalité des projets qu'on met en place parce que nous, nous nous intéressons au développement économique et ça ne nous gêne pas de le dire.

  • Speaker #1

    Ce qui est intéressant là, c'est qu'il y a certains d'ailleurs qui effectivement vont mettre en avant leur ambition. On a des fonds pour accompagner des populations vulnérables en Afrique et donc on cherche effectivement des associations à accompagner pour pouvoir aller cibler ces populations vulnérables. Mais parfois, quand on fait le point des initiatives qui sont soutenues, il n'y a pas forcément de résultat.

  • Speaker #0

    Non, non.

  • Speaker #1

    Il va forcément dire derrière, ah, tel bailleur a accompagné telle initiative et ça fait cinq ans qu'ils font ça.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas d'impact. C'est ce que je dis. Je dis honnêtement à ces bailleurs-là, si vous souhaitez vraiment lutter contre la pauvreté, contre les crises et tout ça, en tout cas économique, si vous voulez participer au développement, vous savez vers quoi il faut aller injecter de l'argent pour avoir du développement. Honnêtement. Donc souvent, on a ce rapport-là où je n'hésite pas vraiment à dire ça, parce qu'en réalité, un jeune designer passionné qui a envie de créer une entreprise est accompagné. Après, c'est de la valeur qui est créée, c'est des emplois qui sont créés. Maintenant, on ne rejette pas non plus. Toute cette aide-là dirigée vers les populations vulnérables, c'est nécessaire, ça a sa place. Moi, ce qui me dérange, c'est cette pression un peu subtile qu'on essaie souvent de mettre sur les opérateurs culturels pour obligatoirement intégrer cette dimension dans leur production, qu'ils le veuillent ou pas, des fois.

  • Speaker #1

    J'entends, je suis complètement alignée avec ton analyse et je trouve que parfois, et c'est souvent des programmes occidentaux qui arrivent en Afrique avec on sait comment on va vous aider et plutôt que des acteurs locaux qui vont vous dire mais en fait, nous voilà la proposition qu'on vous fait. En fait, ils arrivent avec non mais nous, en fait, on a déjà réfléchi. En fait, on a des consultants qui ont réfléchi, qui ont de l'expertise. Il y a des rapports, on sait quoi. Et en fait, il peut y avoir des difficultés de compréhension, parce qu'il y a des bonnes volontés de chaque côté, mais dans la manière de faire, je trouve qu'on ne donne pas assez la main aux acteurs locaux. Voilà quelle est mon expérience, voilà ce que je propose. Essayons, on n'est pas obligé de prendre toute la subvention disponible, on peut prendre une partie, et on va prouver que c'est aussi un bon moyen de faire en fait.

  • Speaker #0

    Absolument.

  • Speaker #1

    Donc ? Maintenant, on va venir à parler de la prochaine édition, en fait, de ton événement qui a lieu la semaine prochaine. Donc, au moment où on enregistre l'épisode, en fait, on est 18 novembre, 17 novembre. Donc, du coup, on est dix jours avant le démarrage de la prochaine édition. On a réussi à caler cette interview alors que j'étais très, très occupée. C'est vrai. Est-ce que tu peux nous dire un peu de ce qui se passe ? prépare, qu'est-ce qu'on va avoir pour cette prochaine édition ?

  • Speaker #0

    Donc du coup, le prochain événement qui arrive du coup c'est le nouveau en fait forum de la mode et du design qu'on a produit, donc comme grosse information c'est que vu la taille du Mali Mod Show que j'ai présenté tout à l'heure, nous avons jugé nécessaire à en faire une biennale donc le Mali Mod Show se tiendra tous les deux ans dorénavant mais comme interbiennale entre Deux éditions du Mali Mod Show, nous avons quand même tenu à créer ce forum-là qui se définit un peu comme le laboratoire qui va nous permettre de penser le Mali Mod Show, mais de manière beaucoup plus globale, un laboratoire qui va nous permettre de traiter la mode sous l'angle économique, sous l'angle business. Parce qu'au bout de plusieurs éditions, d'organisations, de défilés de mode et tout ça, Il était important pour nous de créer aussi une plateforme à travers laquelle nous allons parler structuration, nous allons parler financement, nous allons parler politique de développement même liée à la mode. Mais trois jours d'activité à travers des ateliers de réflexion, des masterclass et des panels également pour justement parler de la mode autrement. Parce que nous, en fait, on en a besoin ici au Mali, parce qu'encore une fois, pour beaucoup de gens, la mode, en fait, c'est loin de nous. La mode, ce n'est pas forcément nous, ça ne nous concerne pas. Donc l'ambition de ce forum-là, c'est de pouvoir parler des business dans la mode, des métiers dans la mode, et de pouvoir commencer un peu à réfléchir sur des projets de politique un peu, de structuration, de développement. et également d'accompagnement de la filière mode. Ce forum est prévu du 28 au 30 et nous prévoyons de mener des ateliers sur trois jours qui ont pour objectif de réunir le maximum de corps possible et de métiers possibles pour par exemple travailler sur la question de classification, sur la question de nomenclature, sur en fait... établir en tout cas une analyse un peu de la filière et de la chaîne de valeur ici au Mali. Donc, cette première édition, nous avons vraiment tenu à ce que les ateliers qu'on va produire ne traitent que de ça, parce que pour nous, c'est la base qu'on puisse, entre acteurs et professionnels, ou même en fait partenaires un peu de la filière, qu'on puisse s'asseoir et définir, et parler des corps et des métiers, savoir qui fait quoi, qui commence où. comment les métiers sont interconnectés entre eux, pour qu'ensuite on puisse aboutir à un projet de cartographie un peu de la scène, parce que c'est des éléments qu'on estime qui vont nous permettre, sur du long terme, de démontrer le poids, l'apport et l'importance, en fait, de la filière mort ici au Mali. Il y a aussi la nécessité, par exemple, de création de données. Aujourd'hui, nous, pour nos initiatives, un peu, nous portons cette ambition-là de pouvoir... valoriser la mode, de pouvoir un peu changer les manières de penser ou des manières de perception sur la filière. Même en termes de métier, par exemple, malheureusement, les gens vont souvent dans des écoles de coupe et de couture parce qu'ils n'ont pas réussi à faire autre chose, parce qu'en fait, cette filière-là reste quand même victime de beaucoup de perceptions. Donc, nous essayons un peu de traiter la démotion économique. qui pourra être pour nous un instrument assez efficace pour démontrer toute la place de ce domaine-là sur l'économie même du pays. Et c'est à cela que le Forum s'ambitionne de travailler.

  • Speaker #1

    Donc pendant trois jours, ça va être une succession d'ateliers avec différents professionnels du secteur des industries culturelles et créatives ?

  • Speaker #0

    Absolument.

  • Speaker #1

    Un élément qui est ouvert au public ou qui est plutôt restreint aux experts ?

  • Speaker #0

    Disons que les ateliers sont restreints aux experts et aux professionnels quand même expérimentés. Mais par contre, il y a aussi des masterclass qui sont prévus, qui restent toujours pédagogiques pour des jeunes designers. Donc des masterclass qui vont parler de qualité dans la production. qui vont parler également de mode éco-responsable et qui vont parler aussi de modèle économique. Ensuite, il y a les panels qui sont ouverts à tout le monde, à tout le public. Et c'est exactement ce qu'on veut faire, c'est vraiment encore une fois de réunir des professionnels de la mode avec plusieurs métiers du secteur privé et également avec les décideurs un peu politiques pour que nous, nous puissions faire des plaidoyers. et montrer toute la pertinence en fait de ces sujets-là.

  • Speaker #1

    Et quand tu évoquais la notion de données, effectivement je suis complètement encore une fois alignée avec toi sur le fait que la production de data, c'est l'essentiel pour pouvoir discuter avec les différents acteurs et les différentes parties prenantes, qu'il s'agisse des politiques, mais qu'il s'agisse aussi des entreprises et des potentiels sponsors. Quand la discussion commence, ce qu'ils veulent savoir c'est… Ils veulent avoir des datas. Du coup, toi, ton ambition à l'issue de ce forum, c'est de pouvoir produire un rapport ?

  • Speaker #0

    Pour le forum, oui, l'ambition, c'est de produire un rapport. Mais en fait, on n'a pas forcément cette prétention-là, en fait, de pouvoir arriver à cette étape, en fait. Et maintenant, nous, pour cette première édition, on souhaite d'abord analyser un peu les métiers et les différences. encore, mais derrière, ce qu'on aimerait impulser à travers le forum, c'est effectivement la réalisation de cette, la production de ces données-là dans le futur. Porter un projet de cartographie ou un projet de production de données sur la filière, parce que les données qui existent, en fait, je pense, en tout cas concernant le Mali, c'est des données qui datent de plus de 10-15 ans. Aujourd'hui, par exemple, on ne peut pas dire, par exemple, dans telle rue ou dans telle ville, voilà tel nombre d'ateliers de couture qui existent, voilà combien de personnes ils emploient, voilà le chiffre qu'ils génèrent et de manière beaucoup plus large en fait, il n'y a vraiment aucun support qui peut permettre d'avoir cette lecture actuelle un peu de ces données-là. Et nous on sait que c'est également en fait un projet très ambitieux qui demandera quand même beaucoup de moyens, mais nous en faisons à travers ce forum-là l'une de nos priorités pour les prochaines années. Très bien. Ce que je comprends, en tout cas dans ta manière de présenter les choses, c'est qu'en fait, chaque année, tu te lances à un nouveau défi. Exactement. Tu as une volonté d'aller plus loin, de creuser les choses en profondeur, d'apporter une nouvelle dimension. Comment est-ce que tu peux l'expliquer, ça ?

  • Speaker #1

    Bon, disons que c'est un mélange.

  • Speaker #0

    Ça, tu vas nous dire à la fin.

  • Speaker #1

    Bon, oui. D'abord... Mais c'est aussi un mélange un peu de beaucoup de passion, de beaucoup de conviction parce que j'y crois énormément et aussi parce que je considère ça comme une mission. Et moi, personnellement, quand je partirai à la retraite, j'aimerais bien regarder derrière moi et mesurer en fait l'impact que j'aurai laissé. Ou en tout cas, qu'on puisse dire que quand nous, on commençait à... à travailler dans le domaine de la mode, voilà ce qu'on a trouvé et voilà ce qu'on laisse. Et ça, il faut des activités signifiantes, il faut des activités à fort impact et pas forcément nous limiter un peu à la surface, mais également porter de vraies politiques de développement au profit de la filière. Et le reste, c'est parce qu'on est aussi réaliste, on essaie d'avancer vraiment petit à petit. parce que tout ce dont on a parlé aujourd'hui, c'est bien évidemment énormément de charge sur tous les plans. Donc on essaie vraiment d'aller petit à petit, de poser les bases, parce que c'est un peu le rôle qui nous revient. Moi personnellement, je ne suis pas forcément créateur ou mannequin ou photographe. Donc c'est cette mission en fait que j'essaie d'explorer, cette mission en fait de participer à la structuration de la chaîne. et aussi au soutien un peu à la chaîne, en mettant de la lumière sur tous ces besoins-là pour que chaque partie puisse aussi faire sa part, que ce soit les designers, que ce soit les autorités politiques, que ce soit également les acteurs du secteur privé. Donc c'est un mélange de beaucoup. Mais ce qui me porte, c'est le rêve, en vrai.

  • Speaker #0

    Mais le rêve, c'est quoi le rêve ? Tu nous le dis ton rêve ou c'est un tarot ?

  • Speaker #1

    En fait, je ne réfléchis pas trop à comment les choses vont se faire. Je me limite en fait qu'à les rêver et à y croire. C'est-à-dire que quand, si je me mets en fait à me poser beaucoup trop de questions, oui, tu veux par exemple produire des datas ou des données sur la mort, mais... Comment tu vas faire ? Il faut des chercheurs ? Qu'est-ce qu'il faut ? Il faut de l'argent ? Je ne pense pas immédiatement à tous ces aspects-là. Ce que je me dis d'abord, bon écoute, on va en parler. Là aujourd'hui, j'en parle avec Ramata. Dans une semaine, je vais en parler au forum. Je vais en parler par-ci et par-là. Et la force des choses fera que voilà, peut-être dans deux, trois ans, on aura cette belle cartographie-là. Plein de belles données sur la mode ici au Mali.

  • Speaker #0

    Très bien. On souhaite que ton rêve se réalise et on souhaite chacun apporter sa part à la concrétisation de ce que tu parles. On arrive à la fin de cette interview. Moi, j'aime bien finir en posant la question de si tu devais définir la mode africaine ou la mode malienne, qu'est-ce que tu dirais ?

  • Speaker #1

    La mode malienne déjà, comment je peux définir la mode ? Je dirais, concernant la mode malienne, je dirais renouveau. Je dirais renouveau parce que c'est à cela en fait je pense qu'on doit faire converger un peu nos projets et nos objectifs. On y travaille beaucoup sur la question en fait. l'actualisation un peu de la filière ici, des propositions des designers et Renouveau pour pouvoir aussi positionner en tout cas la création malienne un peu partout à l'international. Et voilà, donc je dirais Renouveau.

  • Speaker #0

    Très bien. Écoute, merci beaucoup pour être avec toi. Ce fut un plaisir comme la dernière fois. Merci. De toute façon, au forum auquel j'aurais le plaisir de participer à distance, mais nous avons l'occasion de faire ça en présentiel. Très bien. Oui, oui,

  • Speaker #1

    oui.

  • Speaker #0

    Et puis, écoute, je te dis à très vite en Afrique.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Mata. Merci à toi.

  • Speaker #2

    Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation d'Akim Souli

    00:00

  • Parcours d'Ibrahim Gindo et son rôle dans la mode au Mali

    02:02

  • Présentation de l'agence AS Agency et ses missions

    04:04

  • Discussion sur la MaliModeAcademy et ses impacts

    06:16

  • Initiatives de MaliMode : MaliModeShow et Pagne-Folie

    13:12

  • Lancement du Forum de la mode et ses objectifs

    29:30

  • Conclusion et regard vers l'avenir de la mode malienne

    52:23

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