- Andrianina
Aujourd'hui, quand j'entends des entreprises qui me parlent de levée de fonds, alors qu'elles n'ont même pas encore commencé, de ce type de plan, on va dire, de business plan, nous, c'était quelque chose de très artisanalement pensé. Et c'était vraiment une activité secondaire qu'on a menée et qui a grandi vraiment au fur et à mesure, organiquement, finalement. C'était un projet qui venait de nos tripes, mais qui n'était pas forcément à l'époque très bien maturé. C'était vraiment sur un coup de tête où on s'est dit why not ? Avec de très petits moyens. Il faut dire qu'à Madagascar, à l'époque, le paysage créatif, il y avait pas mal d'initiatives créatives. Mais digital, il n'y en avait pas encore. Et on a fait partie de ces marques, finalement, qui ont commencé avec rien du tout et qui ont commencé à nourrir le paysage créatif digital malgache. Et c'est comme ça qu'on a commencé, en fait, finalement.
- Ramata
Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi. à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité. trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine.
- Speaker #2
Aujourd'hui, je suis en compagnie d'Andjiane, la cofondatrice de la marque PopPok. PopPok est une marque dont l'ambition est de promouvoir le savoir-faire artisanal de Madagascar à travers des collections de sacs faits à la main en raffia. Je l'ai invitée aujourd'hui pour qu'elle puisse nous raconter son parcours d'entrepreneur dans la mode en Afrique. Bienvenue Andjiane, comment vas-tu ?
- Ramata
Merci Ramada pour cette superbe invitation. Je vais bien, je suis basée à Madagascar, ici le soleil brille. Donc, écoute, tout va bien sous le soleil.
- Speaker #2
Pour le coup, je suis dans une journée de novembre où il fait froid, mais c'est ensoleillé. Donc, j'imagine que c'est parce que j'ai programmé la réunion avec toi aujourd'hui. Il y a du soleil à Paris.
- Ramata
Madagascar t'a envoyé du soleil.
- Speaker #2
Exactement, exactement. Donc, du coup, je vais commencer cette interview comme je le fais à chacun des échanges. Je vais te demander de te présenter.
- Ramata
Très bien, alors moi c'est Andiane, tu l'as très bien prononcé d'ailleurs. Je viens donc d'un pays qui est situé en Afrique. C'est un pays formidable qui regorge de richesses naturelles et de savoir-faire d'exception incroyable. J'ai fait donc toute ma scolarité ici à Madagascar, puis mes études supérieures en France, sur Paris, en commerce. Et je suis rentrée, il y a maintenant une dizaine d'années, pour travailler dans l'entreprise familiale, qui est dans l'expertise maritime et dans la distribution de matériaux de construction. J'ai donc vogué avec la famille quelques années, et puis un beau jour, je me suis dit, pourquoi pas moi, dans le milieu entrepreneurial ? avec mon propre message, mon propre univers, on va dire. Et c'est comme ça qu'avec mon associé, on s'est lancé dans cette aventure qui a maintenant quelques années et qu'on nourrit chaque jour.
- Speaker #2
Écoute, moi, ce que j'ai envie de te demander un petit peu, c'est... Par rapport à ce que tu viens d'évoquer, tu dis que tu as d'abord travaillé dans l'entreprise familiale. Du coup, tu es issue d'une famille d'entrepreneurs, de personnes qui ont différents profils d'entrepreneurs dans ta famille ?
- Ramata
Alors, c'est vrai qu'à Madagascar particulièrement, il y a énormément d'entrepreneurs, déjà d'une. Et effectivement, je viens d'une famille d'entrepreneurs depuis trois générations, depuis deux générations plutôt. Et donc, mes parents sont dans l'entrepreneuriat depuis le début de leur carrière. Et c'est comme ça que... J'ai donc abordé ce prisme-là tout au long de ma carrière professionnelle.
- Speaker #2
Très bien. Et toi, tu avais une expérience dans le secteur de la mode, la maroquinerie, avant de te lancer dans la création de PocPoc ?
- Ramata
Alors, pas du tout. Vraiment pas du tout. Moi, on va dire que la sensibilité que j'avais avec la mode… m'a amenée à travailler dans la mode pour cette marque qu'on a créée. Mais je n'ai aucun bagage dans la mode ni dans le design. J'ai été complètement autodidacte dans ce secteur. On va dire que mon plus gros héritage concernant la mode, c'est ma mère qui m'a transmis cet amour de... on va dire, des choses, des belles choses, on va dire. Voilà, des choses qui ont du caractère, des objets qui ont, voilà, une signature, on va dire.
- Speaker #2
Très intéressant. Du coup, ce que je voulais savoir, c'est est-ce qu'au moment de créer ton entreprise, tu avais, dès le départ, l'idée de créer une marque dans le secteur de la mode ou est-ce que, du coup, de créer dans l'univers des sacs ? Ou alors, est-ce que tu as testé plusieurs différents produits, différentes idées, avant d'en arriver à PocPoc ?
- Ramata
Alors, on va dire que c'était un rêve qu'on a partagé, mon associé et moi, depuis qu'on est toutes petites. Donc, depuis toutes petites, c'est vrai qu'on rêvait d'avoir une marque de mode, mais vraiment dans l'innocence à l'état pur. C'était quelque chose qu'on émettait finalement à l'univers de façon inconsciente et puis qui a fini par arriver sur notre chemin. Maintenant, ça n'a pas forcément été une activité principale tout de suite. Ça a été, on va dire, plutôt un test puisque j'ai continué à travailler pour l'entreprise familiale pendant quelques années encore. Et on va dire que ça fait maintenant cinq ans qu'on est à 90% de notre temps sur PocPoc.
- Speaker #2
Très bien. Je vois que tu nous parles de ton associé. Donc, j'aimerais bien que tu nous en parles, le fait que ça soit fait à deux comme ça et que tu parles un peu d'un rêve. Est-ce que tu peux nous parler justement de comment est-ce que vous avez... Quel est votre lien au départ et comment, à un moment donné, toutes les deux vous avez dit, ça y est, on se lance, c'est le moment pour nous, on crée notre marque ?
- Ramata
On va dire que ça s'est fait vraiment de façon… C'est une boîte qui a grandi avec nous. Il faut dire qu'il y a 12 ans, on venait de rentrer à Madagascar. C'est ma cousine, donc nos pères sont frères. Nos pères avaient déjà travaillé ensemble. Ils avaient monté à l'époque un café-théâtre ensemble.
- Speaker #3
Et…
- Ramata
C'est vrai qu'on est proches depuis qu'on est toutes petites et on a toujours eu une vibe, on va dire, plutôt similaire sur ce à quoi on aspirait dans la vie. Donc voilà, c'est quelque chose qui est revenu sur la table parce qu'elle a à peu près le même cheminement. Elle est rentrée aussi pour travailler pour l'entreprise familiale. et à un moment donné, voilà, c'était parti de façon très spontanée mais très humblement aussi avec très peu de moyens et ça n'était pas du tout aujourd'hui quand j'entends des entreprises qui me parlent de levée de fonds alors qu'elles n'ont même pas encore commencé de ce type de plan, on va dire, de business plan. Nous, c'était quelque chose de très artisanalement pensé. et c'était vraiment une activité secondaire qu'on a menée et qui a grandi vraiment au fur et à mesure, organiquement finalement. C'était un projet qui venait de nos tripes, mais qui n'était pas forcément, à l'époque, très bien maturé. C'était vraiment sur un coup de tête où on s'est dit, mais why not, pourquoi pas, avec de très petits moyens. Il faut dire qu'à Madagascar, à l'époque, le paysage créatif, il y avait... Pas mal d'initiatives créatives, mais digitales, il n'y en avait pas encore. Et on a fait partie de ces marques, finalement, qui ont commencé avec rien du tout et qui ont commencé à nourrir le paysage créatif digital malgache. Et c'est comme ça qu'on a commencé, en fait, finalement.
- Speaker #2
Ok, donc là, c'est intéressant quand tu évoques le fait que vous êtes un peu une forme de ce qu'on appelle les DNVB, Digital Native Brand, où vous avez commencé directement sur le digital. Donc, c'était en 2012, c'est bien ça ?
- Ramata
C'est ça, exactement.
- Speaker #2
Donc, du coup, est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur les premiers temps où vous êtes à temps partiel, toutes les deux, sur la création de cette marque ? Ça a été quoi vos premiers produits, vos premiers prix ? Comment est-ce que vous vous êtes organisés pour proposer ? première collection.
- Ramata
C'est intéressant comme rétrospective parce que là où je te parle, je suis dans le bureau et j'ai en face de moi un mood board, le mood board principal de notre de la marque en fait et de notre collection actuelle et quand tu me poses cette question, je me dis waouh, on était vraiment très loin de la démarche dans laquelle on est actuellement, dans la proposition en général. Et c'est génial parce que c'est là où on se rend compte qu'on peut commencer vraiment, entre guillemets, avec rien finalement, et arriver à faire maturer un projet. Quand le cœur reste constant dans le projet, finalement, c'est ce qui drive l'aventure. En tout cas, pour répondre à ta question, j'ai shifté un peu. Pour répondre à ta question, on va dire qu'à l'époque, on faisait du pré-tap. On était vraiment sur des designs très simples,
- Speaker #3
qui n'étaient pas forcément mûrement réfléchis.
- Ramata
C'était vraiment au gré de tissus qu'on trouvait. Franchement, on était très timide. dans notre démarche. Il faut dire qu'ici, à Madagascar, en fait, d'où l'envie a été matérialisée, ok, on se lance, c'est parce que finalement, on s'est rendu compte, on s'est dit, mais en fait, à Madagascar, on est les ouvriers du monde. On a des zones franches, ce qu'on appelle ici des zones franches, c'est des zones industrielles, en fait, qui produisent pour le... les grandes marques étrangères, des maisons de luxe, des maisons milieu de gamme. Et en fait, on s'est dit, mais pourquoi pas nous, en fait ? Pourquoi pas le faire nous pour délivrer le vrai visage de Madagascar ? Parce qu'on n'est pas que des sous-traitants, on n'est pas que des ouvriers du monde. Et on peut être... bien plus que ça. Et c'est donc comme ça qu'on a commencé très timidement avec des collections de prêt-à-porter en pièces uniques parce que, justement, on allait récupérer le reste, les chutes. À l'époque, on ne savait même pas qu'on faisait une certaine sorte d'upcycling, finalement, mais on allait récupérer des chutes des zones industrielles qu'ils n'utilisaient pas. Et... On les transformait tout simplement en collection. Ce n'est pas de l'upcycling, en fait, finalement. Mais en tout cas, il nous arrivait d'ailleurs de retrouver des tissus de Zara, des tissus d'autres marques qu'on récupérait et qu'on transformait en collection de prêt-à-porter. Et puis, là où la transition vers le raffia s'est faite, C'est parce que... on s'était rendu compte qu'on voulait utiliser une matière qui venait de Madagascar. Donc encore une fois là, je redis qu'on a grandi avec notre boîte, parce que là encore une fois, on se dit, mais en fait, pourquoi on n'utiliserait pas, pourquoi on ne mettrait pas en avant une matière qui vient d'ici, plutôt que de se contenter entre guillemets de ce que les autres finalement rejettent. Il faut dire que 80% de la production mondiale de raffia provient de Madagascar. Donc c'est comme ça que l'histoire s'est construite. construites de levier de conscience en levier de conscience, on va dire. Et c'est comme ça qu'on est arrivés aujourd'hui au RAFIA.
- Speaker #2
Très bien. C'est intéressant que tu nous partages ton cheminement depuis le début, donc prêt-à-porter puis RAFIA. Et donc, quand vous en arrivez au RAFIA, directement, vous vous dites, on va faire des sacs, puisqu'il y a un savoir-faire artisanal qui est connu et reconnu à Madagascar avec le RAFIA.
- Ramata
Oui, il y a un vrai savoir-faire qui est reconnu. C'est un savoir-faire du patrimoine immatériel de notre pays, puisque c'est un savoir-faire qui est transmis de génération en génération. J'imagine que tu dois le savoir, comme partout en Afrique, on a une culture très orale. Tout se transmet par voie orale. On a, par exemple, dans notre atelier, il arrive qu'on ait des familles d'artisans. Donc, il y a le fils, puis il y a la mère, par exemple, où la fille est la mère. Donc, déjà, il y a deux générations qui, ici, aujourd'hui, s'entrecroisent. Et, par exemple, la mère nous raconte qu'effectivement, ça... Sa mère, elle, était déjà dans le secteur de la vaterie.
- Speaker #3
Et à la base,
- Ramata
le raffia est utilisé pour les corbeilles, tout ce qui est objet de maison, mais aussi pour la construction d'accessoirines de maisons traditionnelles, en paille, en... en fibres végétales naturelles. Et petit à petit, ça s'est transformé en utilisation plutôt de sacs, de corbeilles, d'objets de décoration.
- Speaker #2
Donc vous, très vite, par rapport à ce que tu évoquais tout à l'heure, cette notion de levée de conscience, ayant accès à ce savoir-faire directement... Près de vous, vous vous êtes rapprochée d'un atelier spécialisé dans la vannerie. Est-ce que vous avez pris un sourcing particulier ou est-ce que vous aviez déjà accès dans votre réseau à des fabricants ?
- Ramata
Oui, on avait accès. Étant donné qu'on était parmi les pionnières du digital, on a été très rapidement un peu connus. et effectivement on avait accès à différents partenaires qui nous proposaient leur service et c'est comme ça qu'on a rencontré un partenaire dans le RAFIA et qu'on a commencé nos premiers tests et qu'on a commencé à commercialiser le RAFIA et encore une fois là on a essayé de... je ne dirais pas moderniser, parce que le mot moderne, c'est quelque chose qui peut être challengé, quelque chose qu'on a créé il y a des années, peut être aujourd'hui très moderne. Je ne dirais pas moderne, mais on est arrivé avec quelque chose d'un peu, une proposition encore timide à l'époque. Attention, vraiment, je dis ça en toute humilité. Mais sur le paysage créatif malgache, ça venait un petit peu insuffler. une nouveauté dans le paysage créatif, sachant qu'à l'époque, je parle comme si j'étais hyper vieille, mais c'est vrai qu'à l'époque, rien qu'il y a 12 ans, c'était complètement différent. C'est-à-dire qu'on avait des créateurs, on avait déjà des créateurs à l'époque, mais ils n'étaient pas encore digitalisés. Et là où peut-être qu'on a pris la vague du digital, enfin, là où peut-être qu'on a surfé sur la... Le fait d'avoir surfé plutôt sur la vague du digital nous a permis finalement... de se positionner en tant que marque et pas que en tant que créateur. Parce qu'à l'époque, il y avait des créateurs, mais qui ne commercialisaient pas forcément en quantité. Et c'est vrai qu'on a commencé à commercialiser en une quantité un peu plus importante. Enfin, comment dire ? Pas en pièce unique, en fait. Voilà. Pas en pièce unique, mais en pièce plutôt... Voilà.
- Speaker #2
En série de rôle.
- Ramata
Voilà, et c'est vrai qu'à l'époque, pareil, on ne se rendait pas forcément compte, mais finalement, à l'époque, et comme depuis quelques générations, après la décolonisation, finalement, la colonisation a amené le sujet de… d'exportation en fait de ce qu'il y avait ici et finalement il y a 12 ans on s'est rendu compte que les malgaches ne consommaient pas forcément ce qu'il y avait de meilleur à Madagascar c'est à dire que aujourd'hui notre vanille est exportée, le cacao est exporté Finalement le meilleur de Madagascar voilà nous on le consommait pas forcément en fait et c'était un peu l'idée à la base du raffia c'est à dire que on se disait mais punaise 80% de la production mondiale du raffia c'est à dire que elle vient de Madagascar et pourquoi nous on n'en profiterait pas ? Et à la base, on n'avait même pas de dimension en coiffe internationale. Vraiment pas, on était dans une démarche locale, etc. Mais on avait envie de faire découvrir le meilleur de notre pays, d'abord, dans un premier temps, à notre consommation, à notre audience locale. Et de faire découvrir qu'en fait... on a des super choses et on peut faire de super choses et on peut aussi les consommer, en fait. C'était un peu le why initial aussi avec le Rafia, finalement.
- Speaker #2
C'est intéressant, en fait, que dès le départ, vous ayez eu cette volonté de, finalement, vous adresser à la population locale et pas d'être tout de suite dans une dimension où nous, on veut être reconnus à Paris, où on veut être reconnus à New York, alors qu'il y a beaucoup de marques qui se lancent. sur le continent africain, et notamment en plus tu parles de 2012, donc ce n'est pas si vieux, mais quand même, vous aviez déjà cette volonté stratégique d'aller proposer, de valoriser un Made in Africa et de le valoriser pour une population locale. Ça, tu sais expliquer d'où ça vient, cette volonté ? C'est ce que tu évoquais un peu, ce côté… pourquoi est-ce que le reste du monde en profiterait par rapport à la population locale ? Tu sais expliquer un petit peu ce qui a nourri cette réflexion-là ?
- Ramata
On va dire que, justement, tout à l'heure, ça vient toujours de l'héritage, finalement, de quelque part, la culture familiale. On a toujours été éduqués à valoriser notre propre culture, finalement. Et je pense que... Grâce à nos parents, on a essayé tant bien que mal, parce qu'avec la mondialisation à l'heure actuelle, on est maintenant dans un autre bain. Mais c'est vrai que nos parents, je te partageais tout à l'heure qu'ils avaient un café-théâtre, donc nos pères voyaient défiler des artistes malgaches. Et en fait, on a toujours eu cette sensibilité par rapport à notre culture, que ce soit par rapport au... On va dire surtout par rapport à la musique, je dirais. Par rapport à la musique, on avait une sensibilité assez écrue par rapport à ce qui se jouait ici localement. Et en fait, finalement, on faisait partie de ceux qui certes écoutaient de la musique internationale, mais qui écoutaient... beaucoup de musique locale aussi. Et peut-être qu'inconsciemment, en fait, c'est un schéma qu'on a calqué dans notre consommation de la mode et où on s'est rendu compte qu'en fait, localement, on n'avait pas grand-chose en termes de création locale, en fait. On avait... On était déjà propulsés dans des standards internationaux. On a adulé les marques de la fast fashion, finalement. Donc, en fait, on est arrivé vraiment, j'ai envie de dire, sans forcément recalculer les choses, mais on est arrivé vraiment avec ce qu'on avait dans nos tripes, en fait. Et on a essayé de le véhiculer de la façon la plus sincère possible. Et voilà, c'est arrivé, on va dire, comme ça, de façon très naturelle, finalement.
- Speaker #2
Ok. Là, ce que j'ai envie de te demander, c'est sur la partie business model, parce que je comprends que finalement, cette notion d'ADN, de marque, de storytelling, tu l'as répété souvent, ça vient des tripes. Donc, c'est quelque chose finalement qui n'est pas une réflexion marketing où vous vous êtes dit, on va essayer de cibler un client ou autre. C'est vraiment... quelque chose qui vient de l'intérieur. Maintenant, le fait de se dire, on crée cette marque, on est en 2012, on va être 100% digital. Ça, vous réfléchissez comment en fait ?
- Ramata
J'ai envie de te dire qu'on ne réfléchissait pas. Non, mais c'est vrai parce qu'on avait très peu de moyens à l'époque. Donc nous, le seul moyen qu'on avait, on avait un petit budget pour faire des photos parce qu'on venait aussi de rentrer de... On est rentrés toutes les deux en fin 2011. Et on a eu l'opportunité de voir ce qui se faisait ailleurs, puisqu'on a habité à Paris toutes les deux pendant cinq ans. Et donc, on s'était dit, mais je pense que naturellement, on s'était dit qu'on pouvait faire juste des photos et les publier, et faire un site Internet vitrine. À l'époque, ici, encore aucune... Aucune initiative au niveau de l'e-commerce, c'est arrivé très tard. Et donc à l'époque, c'était des canaux de distribution Facebook où on véhiculait la marque à travers ce canal-là principal. Et puis c'est après qu'on a eu un corner physique, finalement quelques années après, peut-être bien 3-4 ans après. Moi à l'époque, j'habitais en province. la marque a maturé son cheminement sur la capitale, où mon associé était, et on a loué un petit corner en centre-ville, dans la gare principale de la capitale, et au fur et à mesure, on a réussi à créer une petite communauté d'adhérentes, et donc à l'époque, pour répondre à ta question, parce que je me perds un peu,
- Speaker #3
c'est que,
- Ramata
Aucune réelle, on va dire…
- Speaker #2
Ce n'était pas une stratégie de… Non,
- Ramata
ce n'était pas une stratégie, c'est parce qu'on n'avait pas la trésorerie pour investir dans une boutique ou quoi que ce soit. Vraiment pas. Et donc, c'est parti tout naturellement. On s'est dit, on fait avec ce qu'on a. Et puis, c'est au fur et à mesure que ça a pris un petit peu plus d'ampleur.
- Speaker #2
Je ne t'ai pas demandé, mais du coup, le nom de la marque, PocPoc, quelle est la signification et comment vous l'avez choisi ?
- Ramata
Alors, j'ai l'impression de me répéter en même temps, c'est important, parce que ce que nous, on avait vraiment envie de véhiculer, c'était de faire connaître notre pays, finalement. Qui était un peu comme si on devait personnifier notre pays, on était comme une personne qu'on cachait dans le placard, alors qu'on avait... des savoir-faire extraordinaires. Et du coup, on voulait partir sur un fruit qui représentait notre pays, donc un fruit exotique qui faisait écho à cette... Cette diversité, on va dire, de la faune et la flore, de cette diversité justement de ce que la nature nous a donné ici à Madagascar. Et donc, c'est tout naturellement qu'on s'est dirigé vers un fruit de Mada. Alors, je sais qu'il existe aussi dans d'autres pays, mais l'idée, c'était de reprendre en fait... Et à l'époque, on n'a pas été assez voyante, mais on n'était pas assez voyante, mais on ne savait pas qu'après, il y aurait une entité mondiale qui s'appellerait TikTok. Et du coup, à l'heure actuelle, aujourd'hui, on prend du recul sur le nom de la marque. Et en même temps, on se dit, c'est le nom originel qu'on a choisi et on va l'assumer pleinement. Donc voilà, on voulait une touche d'ailleurs, on va dire.
- Andrianina
Pas vraiment d'ailleurs, de chez vous en fait, c'est surtout ça. De chez vous, oui. De chez vous, l'extérieur, c'est d'ailleurs, mais une volonté pour revendiquer Madagascar depuis les produits, les matières jusqu'au nom de la France. Voilà,
- Ramata
exactement.
- Andrianina
Très bien. Donc, vous commencez par le digital. Donc là, on a vraiment essayé de bien comprendre comment ça a commencé l'histoire. Maintenant, on va faire un espèce de fast forward. Alors, il faut que tu nous fasses peut-être quelques étapes. Mais en tout cas, aujourd'hui, PocPoc, c'est comment dire, où vous en êtes en termes de distribution en ligne, distribution au niveau des consommateurs, à ce que j'imagine que vous êtes population locale, mais que vous vendez aussi à l'extérieur. Donc aujourd'hui, en termes de distribution, PocPoc, comment tu peux le présenter ?
- Ramata
Alors... Alors aujourd'hui, POC en termes de distribution, c'est vrai que la consommation locale est encore importante pour nous. Maintenant, c'est vrai que ça fait, on va dire, bien depuis la refonte de la marque, puisqu'on a vécu une étape assez importante en 2019, on a décidé de s'entourer d'experts dans le design. Et c'est comme ça qu'on a décidé de faire une refonte de la proposition globale de la marque, sans pour autant dénaturer, déraciner le why qu'on avait initialement. Et donc, c'est à ce moment-là qu'on a commencé à vraiment penser encore plus nos produits. Et je pense que c'est là où on a réussi à capter la curiosité. encore très timide, même jusqu'à maintenant, c'est encore assez timide, même si on est en chemin, mais on commence à capter la curiosité de boutiques à l'étranger, de partenaires étrangers, et aujourd'hui on est revendu dans une quarantaine de boutiques dans le monde, principalement en Europe. quelques-unes en Afrique, quelques-unes ou une ? Est-ce qu'on est encore ? Non, on n'est plus là-bas. Donc oui, une en Côte d'Ivoire. Et aujourd'hui, voilà, en termes de canal de distribution, après c'est un canal de distribution qu'on doit activer forcément, mais voilà, on est sur une quarantaine de distributeurs.
- Andrianina
Très bien, donc 40 distributeurs plutôt en Europe. Toujours le site Internet, j'imagine. Est-ce que vous avez une boutique, un concept store peut-être à Mada ?
- Ramata
Oui, alors on a un concept store partagé, je dirais, à Mada. C'est un concept store qu'on a initié avec différentes créatrices, notamment Jess, Jessica, Solomon de seconde main, que tu avais créé. J'ai eu l'occasion d'interviewer lors d'un précédent podcast. Donc, on a monté ce concept store ensemble. Et aujourd'hui, on distribue effectivement nos marques dans ce concept store.
- Andrianina
Très bien. Donc, du coup, le côté local, le côté digital et le côté international aussi. En termes de fabrication, aujourd'hui, tu as évoqué la refonte avec le fait de faire appel à des experts. pour faire une refonte de la marque. Aujourd'hui, en termes de production des collections, vous êtes à combien de collections par an ? Et puis, en termes de nombre de pièces dans une collection, est-ce que tu peux nous décrire un petit peu votre processus créatif ?
- Ramata
Alors, on a une collection par an, une collection permanente plutôt, et des capsules sur la structuration de l'offre. qui viennent accessoiriser la collection permanente. On a deux lignes principales et en tout, on a une douzaine de pièces.
- Andrianina
Et en termes de prix de vente, est-ce que tu peux nous donner une idée ? Alors, il faudrait associer peut-être prix de vente avec format pour qu'on puisse se rendre compte, puisqu'on est sur du sac, un sac made in Madagascar, en vannerie, ça coûte ?
- Ramata
Alors, sur des pièces comme des grands cabas, on est aux alentours de 300 euros. Sur des pièces, on va dire… Pardon, qui nécessite forcément moins de temps, on est environ sur 200 euros.
- Andrianina
OK, quand tu dis moins de temps, c'est des plus petits formats peut-être ?
- Ramata
C'est des plus petits formats, voilà.
- Andrianina
OK, peut-être des formats pochettes par exemple ?
- Ramata
Des formats pochettes pour des brunchs d'été ou des dîners d'été du soir. Voilà, des formats où on va avoir l'essentiel. Donc, on pourra mettre sa carte bleue, son téléphone, un mouchoir. Voilà, un format de l'essentiel, en fait.
- Andrianina
Un petit format. Du coup, le raffia, on est vraiment sur une matière et sur des types de produits où on se les imagine très facilement en vente assez importante en été, en fait. Et on s'imaginait que sur les périodes où il fait moins chaud, mais pour le coup, moi, je parle en... comme quelqu'un qui est basé à Paris, forcément. Est-ce que dans la saisonnalité des ventes, vous avez des périodes, j'imagine que vous avez des périodes plus fortes, vous avez davantage de commandes peut-être d'Europe, et puis vous avez peut-être des périodes moins fortes. Est-ce qu'il y a un effet de saisonnalité comme ça du fait de la matière utilisée ?
- Ramata
Oui, complètement. On est vraiment sur un produit saisonnier, puisque le rafia est connoté très été. Finalement, à côté de ça, on essaie quand même de développer toute une démarche pour implémenter nos pièces d'un certain coloris, comme le noir par exemple, pour l'hiver. Mais c'est vrai qu'on hérite de la nature, de la matière, donc on ne peut pas non plus déraciner ça. Et donc, oui, en termes de commandes, on est plutôt sur du mai à janvier. On est sur deux calendriers de commandes. Donc, une première commande entre mai et, on va dire, septembre, même voire fin août. Et ensuite, il y a une reprise, on va dire, fin septembre pour s'arrêter en janvier. Voilà. qui nous laisse le temps de produire. Parce qu'il faut savoir quand même que, par exemple, je vous parlais tout à l'heure du Grand Cabas, il met quand même bien neuf jours à être produit. Donc, pour nous laisser le temps de livrer nos clients, ça nous laisse le temps finalement de produire.
- Andrianina
Ok, donc ce n'est pas forcément un désavantage, ça vous permet plutôt de bien travailler sereinement et de vous concentrer sur une période, sur une saisonnalité très spécifique.
- Ramata
C'est ça, exactement.
- Andrianina
Si on en vient à parler de l'équipe, puisque justement, là, tu évoquais le fait que le Grand Cabas, il met 9 jours à être produit. En termes d'équipe, aujourd'hui, est-ce que tu peux nous parler de, est-ce que vous avez un atelier en propre ou vous travaillez, en fait, avec toujours peut-être le même atelier ? Combien de personnes, en fait, sont derrière la marque PocPoc ? Et puis, quels sont les différents départements, si on peut dire, qui composent la marque aujourd'hui ?
- Ramata
D'accord. Alors, en termes d'équipe, déjà en termes de fonctionnement, c'est vrai qu'au tout début, on n'avait pas d'atelier, on faisait appel, donc on était en partenariat avec un atelier ou plusieurs ateliers. Et depuis 2021, on a donc notre propre atelier et on est à peu près à une vingtaine de personnes à l'heure actuelle. en personnes, on va dire fixes, on est à une vingtaine de personnes.
- Andrianina
Très bien, qui du coup contribuent à la production des collections qui sont distribuées dans les 40 boutiques que tu évoquais et sur le site internet. C'est ça.
- Ramata
C'est ça. Et c'est pour ça que je disais tout à l'heure qu'on était encore dans une démarche de production qui a vraiment envie de passer à l'échelle. Donc, c'est vraiment là l'objectif en 2025 d'augmenter notre capacité de production, de faire en sorte de pouvoir justement vraiment être dans cette démarche. d'inonder le monde de nos sacs en raffia. Et on est dans une transition en ce moment par rapport justement à la question de est-ce qu'on va aller taper aux portes d'un fonds ou est-ce qu'on continue encore ? Parce que finalement, quand on avance en fonds propres et seuls, c'est vraiment toute une autre démarche. Aujourd'hui, le raffia connaît un tel essor. On a vu des boîtes émerger en si peu de temps. temps et c'est vrai qu'on est dans des vrais questionnements à l'heure actuelle par rapport à la marque. Parce qu'on fait aussi de la marque blanche. C'est quelque chose qu'on ne peut pas, comment dire, businessment parlant, c'était inconcevable pour nous finalement d'oublier cette partie-là. Puisque oui, on veut vraiment délivrer le meilleur de Madagascar et à côté de ça, en parallèle, on doit aussi diversifier nos ressources de revenus.
- Andrianina
Ok, je comprends. Et du coup, c'est plutôt malin de pouvoir avoir une partie un peu sous traitant, mais en même temps de développer une marque locale. Ça a été complètement comme ça que la Chine, qu'on considère comme l'atelier du monde, avec beaucoup de défauts, mais en termes de développement, tout simplement... des fabricants. Alors, pour le coup, il y a vraiment ce côté énormément sous-traité jusqu'à aujourd'hui, créer leur propre marque qui vienne concurrencer énormément de marques, en tout cas, si on parle en France de marques françaises, parce qu'en fait, ils ont tout le savoir-faire, toute l'expertise et du coup, c'est une stratégie qui est pertinente à avoir en tête, à se dire, on va maîtriser toute la chaîne. Donc, de la... Mais aussi une marque qui existe, qui a sa notoriété et qui fait qu'il y a aussi la possibilité de développer du chiffre d'affaires. En se disant, j'ai envie d'acheter du raffia made in Madagascar, mais créé par des entrepreneurs de Madagascar.
- Ramata
D'accord.
- Andrianina
Donc, ce que tu évoquais, c'est qu'il y a une vraie réflexion aujourd'hui sur ces notions de recherche d'investissement, éventuellement. fonds, participation ou autre. Quels sont les autres challenges sur lesquels vous êtes en train de réfléchir actuellement ?
- Ramata
À l'heure actuelle, on est en train aussi de refondre. Il y a quelques années, c'était la refonte de design de la marque et maintenant, c'est la refonte, on va dire, depuis un an ou deux, on a refondé. On s'est amélioré sur notre gouvernance. On a été épaulé par la troisième associée qui est dans notre entité. Et elle nous a épaulé sur toute la partie gouvernance. Donc, on a entamé des chantiers sur la structuration de notre entreprise. Et là, à l'heure actuelle, on est sur des prévisions de chantier par rapport à la production. parce qu'on entend chez les investisseurs le besoin d'assurer ce pilier assez stratégique finalement. Donc là, pour l'année 2025, on prévoit vraiment de maîtriser notre production. Ça fait partie des gros défis qu'on se donne pour l'année prochaine.
- Andrianina
Très bien, donc il y a un enjeu prod. un enjeu financement. Et l'idée, je pense que l'enjeu prod, il est aussi, tu l'évoquais, il est aussi lié au financement. C'est qu'il y a potentiellement de plus en plus des financeurs qui cherchent à challenger les créateurs de marques sur est-ce que vous maîtrisez la chaîne du début à la fin, en fait.
- Ramata
C'est ça, exactement. Tu as très bien résumé ce que j'ai dit en quatre phrases. C'est intéressant. Au fur et à mesure qu'on avance, alors c'est vrai qu'on avance à petits pas, qu'on se le dit en même temps, ce qui est super intéressant, c'est qu'on découvre à chaque palier que finalement... Tout est hyper important. Souvent, les créateurs ont cette tendance, enfin, je parle pour nous, à vraiment valoriser la partie créative et finalement à déprioriser un peu le reste, alors que justement, l'idée à l'heure actuelle, c'est de se rendre compte que la partie créative est essentielle et fait partie des fondements d'une démarche. Mais tout le reste est hyper, hyper important, vraiment. Donc, ne rien déprioriser finalement. On l'a compris cinq ans après la refonte, puisqu'il y a cinq ans, on avait mis des budgets assez colossaux pour mettre des pièces en cuir, des empiècements cuir, etc. Et en fait, on s'est rendu compte que... que ce n'était pas une démarche forcément businessment intelligente parce qu'il fallait suivre en trésorerie, etc. Et en fait, on est revenu vraiment avec notre troisième associé au basique, c'est-à-dire qu'est-ce qu'on peut faire avec ce qu'on a à l'heure actuelle. Et c'est comme ça qu'on est passé aussi, designement parlant, on va dire à un autre palier parce qu'on s'est rendu compte. En 2019, on était parti avec… quatre coloris, du cuir, des empiècements hyper innovants et en même temps hyper compliqués. On est arrivé en fait à un moment en 2021 à se dire, OK, aujourd'hui, on n'est pas rentable, qu'est-ce qu'on peut faire ? Donc, ce qu'il faut faire, c'est diminuer les coûts. Donc, on a serré toute notre collection, on a cuté le nombre de pièces. On a décidé de faire en sorte d'utiliser principalement que du raffia. C'est comme ça qu'on s'est enrichi dans notre parti-prix. Aujourd'hui, on retranscrit les tresses de nos régions, de notre pays, sur les sacs. C'est encore une autre façon. On parlait tout à l'heure de ce qui venait de nos tripes. Et tu dois probablement le savoir, puisque on vient du même continent. Mais il y a énormément aussi de sujets sur tout ce qui est conflit entre tribus. Et en fait, nous, l'idée derrière ces tresses, c'était de dire, en fait, il y a différents types de tresses dans différentes régions, mais en fait, on a la même culture. Donc l'idée derrière cette démarche design, c'était de fédérer, encore une fois, un peu... notre communauté à se dire que ceux qui viennent du nord, du sud, de l'est, de l'ouest, du centre, on est tous les mêmes en fait. On a tous plus ou moins la même culture. Et justement, on se réunit à travers POPPOC, à travers les tresses.
- Andrianina
Et du coup, tout ce storytelling, c'est comment vous faites pour le partager ? Là, à travers le podcast, on a la chance de pouvoir avoir l'explication. Donc moi, je vais être très bien sûre. donc en lien des photos, et puis qu'on puisse faire le parallèle entre ce que tu évoques là sur la manière dont les sacs sont pressés et effectivement les coiffes de serres traditionnelles de certaines ethnies, certaines tribus. Comment tu partages ça en fait dans la communication ?
- Ramata
Alors, on essaye de partager des... Comment dire ? Des partages... sur les storings des tresses, on présente sur nos réseaux sociaux, sur le site internet, il y a une vidéo qui vient de sortir toute récente qui explique un peu le positionnement, le design par rapport au fait de retranscrire les tresses de nos régions. Sur les réseaux sociaux, tu verras sur Instagram qu'on met en avant des archives de photos de certains types de 13 d'une certaine époque. Donc, on va dire que le véhicule principal pour partager cette démarche-là, c'est les archives. En fait, on est allé à la Bibliothèque nationale et il se trouve que là-bas, il y avait des archives de magnifiques photos et desquelles, d'ailleurs, on s'est inspiré pour nos designs. Et voilà, c'est partager ces photos d'archives. Finalement, c'est un peu comme dirait une amie, les archives de nos vies.
- Andrianina
Très intéressant en tout cas comme procédé, comme manière de présenter en fait, ce qui est intéressant c'est qu'il y a quelque chose d'assez profond dans le fait que ça commence par une histoire de Sakhan Raffia et ensuite tu nous emploies dans l'histoire de Madagascar, dans une histoire africaine très très spécifique. Et donc en tout cas moi c'est vraiment des sujets qui m'intéressent et qui me passionnent et qui me confortent dans pourquoi je suis passionnée de ces sujets-là, c'est parce que... Chaque fois que je parle avec un entrepreneur, il me raconte des histoires absolument incroyables. Et si tu ne fais pas l'interview, tu vois le sac, tu vois un prix, mais tu ne sais pas forcément ce qu'il y a derrière. Et c'est vrai que moi, c'est ce que je retrouve beaucoup en Afrique et que je ne vois pas forcément partout ailleurs. Pourtant, il y a énormément de gens qui revendiquent le marketing, le storytelling, mais où j'ai le sentiment que nous, c'est un peu la même chose. Et à chaque fois... en Afrique je trouve qu'il y a des histoires absolument incroyables donc merci d'avoir pu nous raconter ça et donc je prendrais bien soin donc moi à chaque fois au niveau des épisodes de podcast je publie un article et je publie l'interview et donc l'article est toujours accompagné de photos de photos de la collection mais aussi toutes les photos qu'on peut mettre à disposition de manière à ce que je puisse moi aussi raconter une partie de l'histoire de la marque avec du visuel d'accord Pour les auditeurs, vous aurez moyen de cliquer pour pouvoir aller voir des photos et pouvoir visualiser ce dont on parle.
- Ramata
Génial, merci beaucoup Ramata en tout cas.
- Andrianina
Merci à toi en fait. Moi, je me fais plaisir avec ces interviews. Une question que j'ai envie de te poser. Habituellement, je pose beaucoup la question de c'est quoi ta définition de la mode africaine ? Mais tu l'as, je trouve, évoquée quand tu parlais de la manière dont toi, dès le départ, tu avais cette envie d'intégrer l'histoire de Madagascar dans la création de ta marque. Ce que je voulais te demander là, c'est c'est quoi la suite pour vous ? Qu'est-ce qu'on peut souhaiter à PocPoc sur les années à venir ?
- Ramata
Alors, dans les années à venir, je dirais est-ce que... Ce à quoi on aspire et qui j'espère se concrétisera, c'est de rester soi-même. Je pense que c'est la chose principale qu'on se souhaite, c'est de rester ancré dans cette mission qu'on s'est donnée et que notre marque puisse délivrer un art de vivre, on va dire. Parce que derrière nos sacs, il y a une culture. Derrière nos sacs, il y a une histoire. Derrière nos sacs, finalement, il y a de la vie. C'est toute une vie. Quand on achète un sac Poc Poc, on achète de la vie, en fait. Et ce qu'on espère, c'est qu'on puisse, à notre petite échelle, réussir à inspirer, à consommer de façon, on va dire, durable. Parce qu'aujourd'hui, on sait que le secteur de la mode est un des plus polluants. Donc, à notre échelle, réussir à déconstruire le mode de consommation. Et ce qu'on peut nous souhaiter, c'est quoi ? C'est le faire le plus possible, donc être distribué dans le monde entier. Ce serait vraiment une chouette aventure, en tout cas, si on y arrivait. Et on est en route, donc on est confiante. On sait qu'on a eu un cheminement assez lent. Et en même temps, on est très confiante sur les perspectives. Et que demain, les personnes ou les femmes qui ont à cœur de consommer d'une autre façon, de consommer autrement, puissent joindre notre communauté puisque nous aujourd'hui on a envie de bâtir une communauté de femmes engagées dans la consommation et dans l'art de vivre tout simplement donc voilà si aujourd'hui on est 18 000 sur Instagram, on espère qu'on sera beaucoup plus nombreuses dans notre communauté.
- Andrianina
Très bien, écoute, c'est tout ce qu'on peut souhaiter à PocPoc. Tout ce que tu viens de dire là, c'est un bel engagement et une belle mission de marque. Ravie de pouvoir échanger avec toi et d'en savoir un peu plus sur la marque PocPoc. Je te dis à très vite en Afrique ou ailleurs.
- Ramata
Merci beaucoup Ramata en tout cas et belle continuation à toi aussi parce que à travers ton podcast tu viens aussi servir justement des marques africaines comme nous qui sommes à l'autre bout du monde et aujourd'hui tu nous donnes la voix et c'est hyper important dans notre cheminement et c'est quelque chose qu'on cristallisera parce que voilà c'est aussi aujourd'hui un moment de partager encore plus notre aventure donc merci à toi
- Andrianina
Je t'en prie. C'était vraiment un plaisir pour moi d'avoir l'opportunité d'entendre l'histoire de PocPoc.
- Ramata
Merci beaucoup.
- Andrianina
À bientôt.
- Ramata
À très bientôt.
- Andrianina
Merci d'avoir écout�� l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les 5 étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.