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Allez ! Le podcast qui parle d'escalade

Naïlé Meignan — Parcours d’une combattante : burnout, blessures et retours gagnants.

Naïlé Meignan — Parcours d’une combattante : burnout, blessures et retours gagnants.

53min |03/02/2024|

3666

Play
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53min |03/02/2024|

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Description

Parcours d’une combattante : burnout, blessures et retours gagnants.


Naïlé Meignan est la cadette d’une fratrie où l’escalade a toujours occupé une place importante. A 8 ans elle grimpait déjà dans le 8e degré, à la faveur des van trips en falaise avec ses 3 grand frères et sa grande soeur.


Cette année, Naïlé a franchi de nouveaux paliers. En falaise avec son premier 8c+. Et tout récemment en équipe de France en décrochant sa place pour participer aux coupes du monde.


Dans cette conversation enregistrée juste avant la fin de l’année 2023 on est revenu sur le parcours de Naïlé en abordant les embûches (décision d’arrêter l’escalade, retour après un an de break, blessures deux saisons de suite) et les succès (quadruple championne d’Europe jeune bloc et championne du monde jeune bloc).


Allez, bonne écoute !


Cet épisode est aussi disponible en vidéo sur Youtube 📺


Instagram ↗️ https://www.instagram.com/allezpodcast/

Youtube ↗️ https://www.youtube.com/@AllezPodcast

Contact ✉️ allez.podcast@gmail.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • David

    Salut et bienvenue sur Allez, le podcast qui parle d'escalade. Que tu sois en train de pédaler, de courir, de conduire ou de t'entraîner, avec cette émission tu vas pouvoir écouter des grimpeuses et des grimpeurs te raconter leur histoire. Le but c'est qu'ils te partagent leurs visions, leurs expériences, leurs difficultés, bref, qu'ils te transmettent leur passion et t'inspirent à repousser tes propres limites. Allez, c'est un rendez-vous hebdomadaire, dispo gratuitement tous les samedis sur les plateformes d'écoute et sur YouTube. Allez, à tout de suite.

  • Näilé

    Allez !

  • David

    Allez ! Allez !

  • Näilé

    Allez ! Allez ! Allez ! Allez ! Allez !

  • David

    Eh ben salut !

  • Näilé

    Ça va, ça va, ça va. Un peu de soleil serait bienvenu.

  • David

    Comment est-ce que tu abordes les fêtes de fin d'année ?

  • Näilé

    J'ai hâte, parce que là, depuis que j'ai repris l'entraînement en février à peu près... En mars, je n'ai pas arrêté de m'entraîner et là, je vais prendre une pause d'escalade pendant ces vacances de Noël. Du coup, j'ai vraiment hâte de souffler un peu, de prendre du recul sur tous les entraînements de l'année jusqu'à maintenant.

  • David

    Ouais, grosse année pour toi. Ça a été un peu une année de reprise, non ?

  • Näilé

    Oui, exactement. J'ai repris l'entraînement, donc ça a été dur. Il a fallu vraiment se donner à fond. J'ai passé tout mon été à m'entraîner. Je n'ai pas profité de mon été. Enfin, profiter. On profite quand même. On est heureux de s'entraîner, mais c'était différent. Et là, j'ai hâte de reposer un peu tout ça pour essayer de faire mon mieux sur la saison 2024 qui commence.

  • David

    Justement en parlant de 2024 quelles sont les bonnes résolutions ? Je pense qu'envie de dire c'est la question obligatoire à cette époque de l'année

  • Näilé

    Les bonnes résolutions je crois que j'en ai jamais prise mais j'aimerais vraiment être épanouie dans l'escalade et dans ma vie en général pouvoir donner le meilleur de moi dans tous les domaines auxquels j'aborde

  • David

    C'est déjà pas mal si tu le veux bien je voulais revenir sur quelque chose que tu as dit récemment là je parle de ton dernier post il me semble sur Instagram tu disais très heureuse de remonter sur les tapis en compète et j'aime ça pour de vrai je crois bien avec un petit smiley avec la larme à l'oeil J'ai l'impression qu'il faut un peu lire entre les lignes pour comprendre ce message. Qu'est-ce que tu voulais dire exactement ?

  • Näilé

    Mon parcours, il est un peu particulier dans le sens où il y a maintenant 3-4 ans, j'avais pris un an de pause d'escalade parce que justement, j'étais devenue un peu en burn-out. Je ne savais plus pourquoi je faisais ça. Je faisais ça depuis que j'étais née presque et c'était devenu une routine. J'avais besoin vraiment de me dire. ben pourquoi tu fais ça ? Qu'est-ce qui te motive ? Trouve vraiment au fond de toi qu'est-ce qui te pousse à faire ça ? Du coup j'avais repris l'entraînement un an après en me disant ça m'avait manqué, j'ai envie de ça et j'ai envie de retrouver cette énergie-là. Et du coup un an après je suis revenue à mon meilleur niveau et j'ai fait la meilleure perf que j'avais jamais fait de ma carrière en étant championne du monde jeune. et trois mois après je me fais les croisés et deux années consécutives et donc là ça a été vraiment de me dire ben un peu ce décalage entre j'ai pris ce temps pour moi et j'ai l'impression que ça m'a apporté énormément de choses énormément de réponses de mon rapport à l'escalade et finalement ces deux blessures consécutives elle vient de me casser dans mon élan et je peux pas exprimer tout ce que j'ai tout ce à quoi j'ai réfléchi tout ce à quoi j'ai pensé ce qui m'a fait grandir au niveau de l'escalade quoi. Du coup là, de re-revenir, ça me remontre encore tout ce que j'ai pu acquérir pendant ces deux années, tout ce que j'ai acquéri pendant l'année de ma pause aussi et que j'ai pas pu mettre en application sur l'année où je suis revenue. Et là de remonter sur les tapis, ouais je sens que je commence à avoir vraiment... un beau sac à dos, un petit peu, je ne sais pas comment dire, mais avec beaucoup d'outils dedans. Et voilà, j'ai vraiment hâte de pouvoir l'exprimer pleinement.

  • David

    C'est assez génial ce que tu dis, parce qu'on a l'impression que tu as vécu des montagnes russes, avec des hauts, des bas. Il y a plein d'éléments sur lesquels j'ai vraiment envie de revenir avec toi, sur ce côté motivation qui est important. sur ce côté aussi routine tu l'as dit et puis sur tous ces événements qui ont été marquants pour toi la compétition, la blessure la pause aussi qui a pu te faire du bien et puis aussi ce que tu disais c'est ton évolution dans le rapport avec l'escalade que tu peux avoir la première chose que je voulais te demander tu l'as un petit peu évoqué c'est que tu as commencé très jeune tu es d'une famille de grimpeurs et de grimpeuses Il y a 5 frères et soeurs dans ta famille, c'est ça, qui sont un peu tous grimpeurs ?

  • Näilé

    Ouais. Ouais, bah du coup, à la base, mon papa, quand on est arrivés, tous les enfants, il était guidé haute montagne, et ma maman, elle faisait du judo à haut niveau. Du coup, on a fait un peu un mix des deux. On a pris l'escalade du côté de mon papa et le sport de haut niveau du côté de ma maman. Et on a tous fait un peu de l'escalade à haut niveau. Voilà, ça a commencé comme ça. Moi du coup oui, je suis la dernière d'une fratrie de 5 et quand je suis arrivée tout le monde grimpait donc voilà moi aussi j'ai grimpé et voilà j'ai tout de suite accroché et j'ai jamais arrêté à part c'est un an en 2019.

  • David

    C'est vrai que quand on commence si jeune, il y a ce risque aussi d'être tellement focalisé sur une seule chose qu'on peut-être se dit je rate d'autres choses. Je m'avance un petit peu, mais peut-être que c'est une des raisons qui ont conduit à ce burn-out plus tard. Est-ce que tu dirais que tu as commencé presque trop tôt ?

  • Näilé

    Non. Proportionnellement, tout ce que ça m'a apporté et le peu que ça m'a desservi c'est… Bien sûr que j'ai bien fait de commencer tôt l'escalade. Je pense que ça m'a apporté énormément de choses déjà dans le début de ma carrière et j'espère dans la suite. Mais non, c'est juste un équilibre à avoir. Et puis, c'est hyper individuel parce qu'en fonction de ton évolution, tu ne le vis pas pareil. je pense qu'il n'y a pas de trop tôt ou trop tard c'est tant que dans ton corps t'es bien et que t'es ok avec ce que tu fais et comment tu le fais et je pense que c'est le plus important d'être au clair avec ce que tu fais et comment tu le fais est-ce

  • David

    que tu peux nous parler de ta pratique de l'escalade en famille puisque c'est bien ça, tout le monde grimpe donc comment ça s'organise chez toi, dans ta famille, entre tes frères et soeurs ton papa aussi, ta maman Quand vous faites des tripes escalade, quand vous allez grimper ?

  • Näilé

    C'était génial quand on était petits parce que pendant l'année scolaire, les cours, on s'entraînait au club Chambéry Escalade. et d'ailleurs je suis toujours dans ce club donc c'est trop bien parce que on voit la continuité et c'est chouette et puis pendant les périodes scolaires on s'entraînait et pendant les vacances, toutes les vacances on partait en camping-car on était 7 dedans et on partait en France dans le sud, en Espagne là on pouvait aller grimper et donc toute la troupe on partait ensemble et voilà, on faisait de la falaise pendant les deux semaines de vacances où les étés un mois, deux mois voilà,

  • David

    tous ensemble incroyable le rêve je pense que c'est le rêve pour beaucoup de parents de parents grimpeurs qui se disent c'est ça qu'on aimerait faire ouais c'était marrant parce que eux ma

  • Näilé

    maman elle grimpe pas du coup et mon papa il grimpe plus trop non plus mais juste l'énergie de nous tous ensemble faisait que ça nous plaisait d'aller faire ça

  • David

    La première trace que j'ai retrouvée de toi sur les internets, c'est ton premier 8a. Je ne sais pas si tu t'en souviens, mais c'était un 8a très précoce. Même au standard actuel où on voit des petits mutants débarquer, faire du 9a à 13 ans, etc. Mais alors oui, 8a à 8 ou 9 ans pour toi, c'était ?

  • Näilé

    Ouais, je crois que c'était 8 ans parce que je m'étais fait cette remarque de me dire qu'à 7 ans j'avais fait mon premier 7A et qu'à 8 ans j'avais fait mon premier 8A. Et du coup je m'en souvenais comme ça, comme mes mots.

  • David

    Super progression. Ensuite, il y a eu le premier 8B qui est arrivé assez vite, je crois que c'était l'année d'après.

  • Näilé

    Ouais, ça je ne me souviens plus exactement.

  • David

    ça devait être par là mais pour toi est-ce que c'est est-ce que c'est palier à l'époque est-ce qu'il te semblait important de quoi l'éconation

  • Näilé

    est-ce qu'il te semblait symbolique par rapport à ta progression par rapport à ton plaisir par rapport à tes frères et sœurs aussi en termes de comparaison non moi en fait c'était vraiment un challenge de trouver des voies qui étaient à mon max de mon niveau mais qui étaient aussi compatibles à 8 ans surtout on est minus quoi c'est super dur de grimper dehors du coup c'était vraiment un challenge Ce truc de dire, punaise, qu'est-ce que je peux faire comme voie la plus dure que je puisse faire, mais que je puisse quand même la faire physiquement. C'était plus un jeu que de me dire, tu ne te rends pas trop compte, tu as 8 ans, 9 ans, 10 ans, des cotations, tu ne sais pas trop ce que ça veut dire, tu sais juste que c'est plus dur que ce que tu as fait la dernière fois.

  • David

    Je pose cette question parce que je n'arrive pas à me rendre compte de ce que ça peut signifier pour un enfant, les cotations.

  • Näilé

    c'est vrai que tu puisses avoir un début de réponse non moi j'ai pas trop de réponse là dessus à part dire que ouais c'était le challenge de trouver ce qui pouvait aller à notre morphologie quoi

  • David

    8C à 12 ans et le premier 8C+, c'était il y a plus de 10 ans en fait Ouais, et c'était chez toi, en Savoie. Ouais. Et ça, c'est une expérience beaucoup plus récente. C'est une voix qui s'appelle Déclaque. Est-ce que tu peux nous parler de cette voix un petit peu ?

  • Näilé

    Ouais, et ben du coup quand j'étais petite, je l'avais déjà essayé cette voie, sauf que physiquement c'était trop dur, ça allait pas, c'est des grands moves dans du toit, dans du physique, donc je m'étais dit bon bah tant pis. Et puis là l'été dernier, comme je disais, j'étais à fond dans l'entraînement, et mon coach Kevin Hart qui m'a dit, mais là t'as le temps, pourquoi genre une ou deux journées par semaine tu irais pas faire de l'extérieur ? J'étais là, mais oui c'est vrai, pourquoi j'y ai pas avancé avant en fait ? Et du coup, fin de l'été, je suis allée dans cette voie. La première partie, c'est un 8B+, c'est des clics. Et je l'ai fait assez rapidement, j'ai dû mettre 5-6 montées. et puis je me suis dit bon bah voilà 8B+, trop bien qu'est-ce que je peux faire peut-être un 8C, quelque chose comme ça et puis mes copains de Chambé ils m'ont dit va voir la suite parce que c'est vraiment la continuité de l'effort et la suite de la voie du coup je suis allée dedans et en 4 montées je l'ai fait du coup voilà mon premier 8C+, j'étais là ouais trop bien c'était trop cool premier 8C+, expliqué ouais ça y est

  • David

    Est-ce que pour toi cette nouvelle cotation que tu atteins elle est révélatrice de changement ou d'évolution chez toi dans ta pratique de l'escalade ces dernières années ?

  • Näilé

    Ouais déjà de dire que ça faisait hyper longtemps que je n'avais pas fait de falaise et de me dire ton corps il s'est encore fait rire et tu aimes trop ça pour de vrai donc j'aimerais vraiment trouver des voies qui me correspondent et pouvoir exprimer aussi mon potentiel là-dedans parce que finalement ça marche quand même Et puis en fait, ça a été aussi sur le plan de l'entraînement, parce que j'avais vraiment le nez dedans, avancer, faire mes séances, machin, et là de prendre un peu de recul et de me dire que sur une voie de diff, alors que je m'entraîne que pour le bloc, j'arrive à faire un 8C+, bon certes, qui me correspondait très bien, mais ça veut dire quand même qu'en termes de physique, j'avais vraiment avancé sur les entraînements jusqu'ici.

  • David

    C'est vrai que tu consacres énormément de temps à l'entraînement et principalement pour la compétition. C'est bien ça ?

  • Näilé

    Oui, exactement.

  • David

    D'ailleurs, l'année prochaine, on aborde une nouvelle année. Est-ce que tu as des objectifs particuliers pour cette année ?

  • Näilé

    J'aimerais bien prendre une place en équipe de France et aller faire les Coupes du Monde. C'est l'objectif.

  • David

    Ouais parce que finalement ces coupes du monde t'as déjà voulu t'y frotter mais c'est cette fameuse blessure qui t'en a empêché. Donc voilà c'est ça le Graal pour toi cette année c'est d'aller chercher une qualification.

  • Näilé

    Ouais, parce qu'en 2019, j'avais fait mes premières Coupes du Monde, mais je n'étais pas, je pense, assez mature et prête dans ma tête. Ce n'était pas possible. Sur le circuit jeune, j'arrivais très bien à m'exprimer, mais sur le circuit senior, c'était trop difficile. Du coup, je n'avais pas réussi à m'exprimer. Et puis après, voilà, la blessure et tout ça, et je n'ai pas pu en refaire depuis.

  • David

    À ce moment-là, tu avais quel âge ?

  • Näilé

    19 ans. Non, attends, là, j'ai 19 ans. Donc c'était ma première année, j'avais 7 ans je pense, oui. Ma première année cadette.

  • David

    je peux comprendre que ça peut être compliqué à 16 ans d'avoir la tête froide et les épaules pour affronter ce genre d'épreuve avec des personnes qui sont sur le circuit depuis plusieurs années qui sont impressionnantes qui ont peut-être été tes modèles ou tes idoles en tout cas tu as eu un parcours sur le circuit jeune qui est assez impressionnant. Je ne sais pas si toi, tu veux en parler ou si tu préfères que j'énumère tout ce que tu as fait.

  • Näilé

    Non, je ne sais pas. Je dirais que sur les années jeunes, j'arrivais vraiment bien à m'exprimer et à montrer justement le meilleur de moi-même sur un moment donné et le moment où on me le demandait. Du coup, c'était vraiment satisfaisant et c'était vraiment incroyable comme expérience.

  • David

    Sur la compétition, est-ce que tu dirais que c'est plus ta maman ou c'est plus ton papa qui t'a poussé sur ce chemin ? Tu disais que ta maman était compétitrice judoka.

  • Näilé

    Je pense que c'est sûr que c'est ma maman qui nous a plus poussé vers le haut niveau. Parce qu'elle a été en équipe de France de judo pendant 10 ans. Donc elle connaissait bien ce milieu de la compétition et du haut niveau. Donc je pense que c'est vraiment elle qui nous a poussé là-dedans.

  • David

    alors jusqu'à présent t'es quadruple championne d'Europe jeune en bloc c'est bien ça ? faut pas que je fasse d'erreur également championne du monde jeune en bloc ouais donc quand même un sacré parcours j'ai envie de te demander dans cette cette Cette courte carrière, quels ont été les moments les plus difficiles pour toi à gérer jusqu'à présent ?

  • Näilé

    Les moments les plus difficiles, je pense que c'est l'année 2019. C'est cette fin d'année où j'ai pris la décision d'arrêter l'escalade à durée indéfinie, mais finalement qui n'aura duré qu'une seule année. Parce que justement, j'allais aux compétitions parce que je faisais de la compète, j'allais aux Coupes d'Europe parce que j'étais en équipe de France. C'était vraiment, je ne savais plus pourquoi je faisais ça, ça ne me plaisait pas de m'entraîner, je n'avais pas envie de faire ça, j'avais envie de grimper. Et du coup, ça a été vraiment toutes les compétitions. Jusqu'à septembre 2019, la dernière compétition c'était les championnats d'Europe. Je les ai gagnés et je ne sais pas comment je l'ai fait parce que franchement, je pense que je n'aurais pas mérité de les gagner vu mon état d'esprit et vraiment comment j'abordais la compétition à ce moment-là. Mais je pense que cette année, ça a été la plus difficile parce que je n'étais pas dedans. J'avais eu des blessures, des douleurs. Je n'étais pas du tout bien dans mon corps et dans ma tête.

  • David

    Est-ce que ça a été une décision difficile à prendre ? Est-ce qu'à ce moment-là, tu te disais que c'est peut-être définitif ?

  • Näilé

    Ça a été une décision dure à prendre, mais inévitable dans le sens où là, j'étais au bout, je ne pouvais plus faire autrement. Donc, je me suis dit que si j'avais eu un choix, j'aurais dû le faire plus tôt. Là, c'était trop tard. Je n'avais plus de choix que d'arrêter et de vraiment me couper de ça parce que c'était... ça en devenait vraiment pas confortable du tout.

  • David

    Et en dehors des compétitions, est-ce que tu as continué à grimper ou est-ce que tu as aussi fait une grosse pause sur ton rythme d'escalade ?

  • Näilé

    Je crois que pendant un mois et demi, deux mois, j'ai arrêté l'escalade complètement, donc je n'ai pas du tout grimpé. Et après, j'ai repris l'escalade pendant toute l'année où j'ai arrêté. Mais c'était vraiment quand j'avais envie de grimper, je grimpais. Si je n'avais pas envie, je ne grimpais pas. Des fois, ça m'arrivait de grimper trois fois par semaine. Des fois, je ne grimpais pas pendant une semaine. C'était vraiment à l'envie, comme j'avais envie d'organiser mon temps.

  • David

    Donc, il y a eu un moment où tu t'es dit, peut-être que j'aurais envie de revenir. sur les tapis de compétition. Est-ce que ça a été un cheminement plutôt qu'un déclic ?

  • Näilé

    Oui, ça a été un cheminement dans le sens où je me suis demandé qu'est-ce qui m'avait déplu sur l'année précédente, pourquoi j'avais envie de revenir sur la compétition et comment j'avais envie de revenir pour que ça soit différent et que je ne retourne pas dans ce système un peu de mal-être. Et du coup voilà, je pense que j'ai eu l'idée en tête... au mois de juillet 2020 et que j'ai repris l'entraînement en septembre avec Kevin 2020.

  • David

    Ce que j'aimerais vraiment comprendre, c'est que tu dis qu'il y a eu ce moment où tu n'avais plus la motivation. Tu trouvais que c'était devenu une routine finalement de t'entraîner pour aller faire des compétitions. J'aimerais savoir aujourd'hui ce qui te motive. quand tu vas aux entraînements, quand tu consacres énormément de ton énergie et de ton temps à t'entraîner, qu'est-ce qui te motive vraiment aujourd'hui ?

  • Näilé

    Je crois que j'aime vraiment le mouvement de l'escalade. J'adore pratiquer l'escalade. Il y a souvent ce décalage avec les gens qui disent moi j'adore l'escalade dans sa généralité, j'adore l'histoire de l'escalade, j'adore toutes les versions de l'escalade un peu. Et moi ce que j'aime vraiment dans l'escalade, c'est le mouvement, c'est le faire. Produire le mouvement pour grimper, je trouve ça trop chouette en fait, j'adore ça. C'est ça qui me motive dans l'escalade je crois. C'est un peu original mais je crois vraiment que c'est... c'est tout ce qui se passe dans mon corps quand je grimpe qui me fait que j'aime ça et que j'ai envie de m'entraîner pour le pousser au maximum

  • David

    Yes, génial alors tu as choisi de t'entraîner avec Kevin Ark comment est-ce que tu décrirais cette relation et puis aussi comment est-ce que ça s'est passé quand tu as dit à Kevin ça fait un an que je n'ai pas fait de compétition j'ai envie de revenir j'ai envie de revenir plus forte et qu'est-ce que lui t'a proposé ?

  • Näilé

    avec Kevin ça fait longtemps qu'il me suit je pense que ça va bientôt faire 10 ans donc ça date un peu et du coup on se connait par coeur c'est assez fusionnel moi je le vois un peu comme mon grand frère et je pense que lui il me voit aussi un peu comme sa petite soeur dans le sens où c'est naturel il n'y a pas de il n'y a pas de voilà enfin c'est très facile quoi comme relation ça a été marrant parce que justement en septembre non en juin 2020 quand je lui ai dit bah voilà j'ai envie de reprendre l'entraînement c'était plus lui qui était sur la retenue de me dire je sais pas si tu te rends compte à quel point genre ce que tu me demandes c'est complètement compliqué et un peu euh et un peu fou il me disait est-ce que tu sais vraiment ce que tu me demandes est-ce que tu en as vraiment envie il était plus là à me questionner si j'étais vraiment sûre de moi que si j'étais sûre de moi il m'a dit je t'emmène au plus haut niveau avec toi avec plaisir et 100% est-ce que tu es vraiment sûre de ce que tu me demandes et de tous les sacrifices que tu vas devoir faire pour trouver ce niveau est-ce que tu penses qu'il avait des doutes par rapport au fait que tu avais fait ce break Non, il n'avait pas de doute parce que quand je lui ai dit je vais arrêter, il m'a dit je comprends et je le ressens. Je pense que lui aussi, il voyait bien que ça n'allait pas, que je ne pouvais pas faire vraiment autrement. Mais c'est plus dans la façon de revenir, je pense qu'il ne s'imaginait pas forcément que j'allais vouloir revenir au plus haut niveau de ce que je pouvais être. Peut-être qu'il aurait imaginé que je reprenne l'entraînement pour me faire plaisir ou pour faire des perfs dehors. Mais je crois pas qu'il s'attendait à ce que je lui demande de continuer pour retrouver le meilleur niveau sur les compétitions.

  • David

    Tu veux dire qu'il pensait presque que c'était pas réaliste de ta part de s'attendre à refaire de la compétition de haut niveau ?

  • Näilé

    Ouais, dans le sens où il avait peur que j'ai pas toutes les... tout ce que j'allais devoir mettre en place et mettre en oeuvre en tête pour réussir et que je sois un peu que je minimalise le travail en fait je pense qu'il était plus dans cette optique là il

  • David

    voulait être sûr que je vois tout ce qu'il y a à faire et que j'en étais ok que tu sois lucide et pas trop naïve par rapport au fait que ça demandait un fort investissement voilà exactement Qui d'autre t'accompagne au quotidien pour t'entraîner ?

  • Näilé

    Je suis un peu en lot solitaire, je m'entraîne pas mal toute seule. Mais après, il y a des partenaires de grimpe comme Maël Grenier, je m'entraîne souvent avec lui. Et puis après, il y a les gens du pôle aussi. Enfin voilà, c'est plein de personnes qui m'accompagnent au quotidien dans mes séances. Mais sinon, je m'entraîne toute seule globalement.

  • David

    toute seule mais donc souvent avec Kevin ou est-ce que Kevin n'est pas toujours sur ton dos non

  • Näilé

    Kevin n'est jamais sur mon dos principalement parce qu'il est à Nantes et que moi je suis à Chambéry donc vu qu'on est à distance il me suit par vidéo, moi je me filme quand je grimpe et puis après je lui partage mes séances etc et puis on se fait des retours quotidiens je dirais mais du coup non je suis vraiment toute seule Kevin c'est un ancien chambérien ouais en fait à la base il vient de Nantes il est venu sur Chambéry quelques temps puis après il est rentré sur Nantes pour des questions professionnelles on avait déjà parlé de lui alors je ne l'avais pas invité mais j'avais invité quelqu'un que tu dois connaître c'est Hervé Di Domenico ils

  • David

    ont écrit un livre ensemble qui s'appelle Est-ce qu'elle a des performances que tu dois connaître aussi je crois qu'il y a des photos de toi oui je connais bien oui oui parenthèse fermée donc tu reprends l'entraînement ça c'était en 2020 et l'année suivante en 2021 tu deviens donc championne du monde jeune en bloc qui est ta spécialité actuellement est-ce que tu peux nous parler déjà de l'avant comment est-ce que est-ce que tu as ressenti avant d'arriver au championnat du monde que tu avais tes chances déjà

  • Näilé

    C'est compliqué parce que cette année, de reprise, Kevin ne m'avait pas menti. Ça a été vraiment dur de revenir. Et puis surtout, quand on connaît son niveau au max, d'être à 40% de ses capacités et de devoir se donner à fond, c'est vraiment dur ça aussi. Mais du coup, il faut s'imaginer qu'en septembre, j'ai repris l'entraînement et qu'en août d'après, il y avait les championnats du monde. Donc, ce qui me laissait moins d'un an pour revenir à mon meilleur niveau. Et du coup, ça a été vraiment compliqué. Toute la saison parce qu'il fallait s'entraîner, mais il y avait déjà les compétitions qui arrivaient et les résultats n'étaient pas à la hauteur de mes espérances. Dans le sens où... J'ai été obligée de m'entraîner jusqu'à super tard dans la saison pour pouvoir être forte pour les mondes. Mais ça veut dire que toutes les compétitions avant, je n'étais pas prête pour les compétitions d'avant. Et donc toute l'année, je me suis un peu fait ratatiner. Sauf au championnat d'Europe où l'entraînement porte enfin ses fruits et j'arrivais à montrer ce que j'en étais capable. Donc je finis championne d'Europe et là, ça me remonte un peu le moral. Et puis après... Sur les mondes, j'avais vraiment envie d'être sur le podium et je pensais être capable de faire le podium. Mais c'est vraiment sur le tour des qualifications, après les qualifs, que je me suis dit Le titre, je peux aller le chercher. Si je grimpe correctement, je peux aller le chercher. Du coup, là, ça a été vraiment motivant après pour le tour de demi-finale.

  • David

    Donc tu arrives sur les championnats du monde en te disant je me sens bien je vois que j'ai des bonnes sensations et ça peut le faire

  • Näilé

    Ouais ça je l'avais senti avant

  • David

    Est-ce qu'il y a une méthode en particulier à laquelle tu penses que vous avez mis en place avec Kevin ou quelque chose en particulier je sais pas qui fait que vous en êtes arrivé à ce résultat d'être déjà, de se sentir bien pour aller jusqu'à la finale d'une Coupe du Monde un an après avoir fait une pause d'un an ? Pardon, un championnat du monde.

  • Näilé

    C'est un peu bizarre à dire, mais je pense qu'il nous a aidés, c'est qu'on était vraiment dans l'instant T et qu'on avait un objectif précis et qu'on allait chercher cet objectif et que même si c'était dur de se prendre un peu des ratasses sur les compétitions d'avant, on savait que peu importe, l'objectif était les championnats du monde et quoi qu'il arrive, on allait faire le meilleur pour être la plus forte et la plus prête sur tous les points de vue aux championnats du monde. Et que là, je suis aux championnats du monde, donc je suis prête. Donc ça y est, je peux montrer le meilleur de ma grimpe. Je pense que c'était vraiment cette conscience réciproque et de se dire, peu importe, on a un objectif, on y va. Et puis voilà.

  • David

    C'est ça, c'est-à-dire, peu importe les embûches, ce qui compte, c'est vraiment cet objectif-là. Le reste, il faut remettre les compteurs à zéro, il ne s'est rien passé.

  • Näilé

    Oui, voilà.

  • David

    On arrive au championnat du monde, c'est une nouvelle histoire.

  • Näilé

    Voilà, c'est ça. Exactement.

  • David

    T'en gardes quel souvenir de cette compétition ? Comment ça s'est passé ? En fait, ça s'est extrêmement bien passé du début à la fin. J'avais confiance en moi, j'avais hyper envie. J'avais vraiment cette énergie qui était plus forte que moi de me dire, là, tu as tout fait pour être là à ce moment-là, tu y es. Enfin, lâche-toi, fais du mieux que tu peux. Et c'était vraiment plus fort que moi. Je n'avais pas l'impression... Je n'ai pas beaucoup de souvenirs physiques de cette compétition ou quoi que ce soit. C'était vraiment de me dire... J'ai un peu surpassé cet événement dans le sens où... C'est toute l'énergie qu'il y avait à côté qui m'a apporté à ce titre. physiquement, je n'ai pas beaucoup de souvenirs. Je ne me souviens pas des blogs, je ne me souviens pas de comment c'était, etc. C'était juste un peu surnaturel.

  • Näilé

    J'ai envie de te poser une question un peu sur l'envers du décor d'une compétition. Nous qui sommes des spectateurs, on ne voit pas ce qui se passe en isolation pendant les compétitions. Et on se demande toujours, mais à quoi est-ce qu'on peut bien penser avant une finale ? qui est un enjeu quand même important dans une vie de compétiteur, puisque c'est l'aboutissement de beaucoup d'efforts. Toi, qu'est-ce que tu fais quand tu es en isolation en général et qu'est-ce que tu as fait peut-être juste avant la finale de ce championnat du monde ?

  • David

    Ben moi juste avant une finale je découpe un peu mon temps, au début j'essaye à découter de la musique plutôt tranquille qui me pose et qui me permet justement de me recentrer sur moi et de ressentir mes émotions, d'être calme, d'être ok avec ce que je fais et ce que je vais faire. Après je m'échauffe donc ça voilà la partie classique, je grimpe et tout ça et ensuite il y a une partie importante où je mets du son plutôt énergique dans mes oreilles et je commence un peu à... à essayer de ressentir l'énergie de la salle, l'énergie de la compétition, de l'enjeu et tout ça, et de me motiver et de me dire il faut aller attraper toutes les prises finales des blocs et c'est parti. Mais cette phase-là, elle est vraiment assez courte, mais elle est vraiment puissante et je trouve que j'arrive vraiment à me transformer un peu et de me dire c'est parti.

  • Näilé

    Tu fais le switch à un moment où tu te dis ça y est, c'est... j'ai le feu là ça y est j'y vais ouais c'est ça ouais par rapport aux autres compétiteurs qui sont avec toi en isolation est-ce qu'il y a une relation particulière qui est différente en dehors d'une compétition quand on est en isolation parce qu'il y a les autres qui s'échauffent les autres qui montrent un petit peu aussi où ils en sont à l'échauffement qui essayent de montrer qu'ils ont confiance en eux comment est-ce que tu vis ce moment par rapport à ceux qui sont autour de toi

  • David

    Bah moi je trouve que c'est complètement différent d'un entraînement ou quoi que ce soit parce que ben on est là pour performer et enfin je trouve que les autres chacun se met un peu dans sa bulle il y en a qui rentrent un peu plus dans le jeu des autres en essayant de montrer leur niveau de montrer qu'ils sont en forme de montrer qu'ils sont voilà qu'ils ont de la force etc mais je trouve c'est quand même vraiment différent dans le sens où Malgré ce jeu un peu de comment on dit d'intimidation on essaie vraiment tous de se remettre un peu chez soi pour justement prendre du recul sur la situation et essayer de faire notre échauffement correctement, de ne pas se faire déborder et de donner le meilleur de soi-même après.

  • Näilé

    Donc, cette finale, tu l'abordes plutôt sereinement, si j'ai bien compris. Et tu finis première. Tu finis sur la première marche du podium. Comment est-ce que tu... Quel a été le moment le plus fort pour toi émotionnellement ? Est-ce que c'est le moment où tu apprends ton résultat ? Où tu te dis ça y est là c'est pour moi ? Ou est-ce que c'est le moment un peu plus solennel où tu montes sur cette première marche ?

  • David

    Je crois que le moment le plus fort, au fond de moi, ça a été le moment où je ramène sur la dernière prise du dernier bloc, parce que je savais que si je le faisais, peu importe mon nombre d'essais, j'étais championne du monde. Du coup, dès que j'ai ramené, c'était instantané, parce que je le savais directement en grimpant, donc ça c'était vraiment fort. Mais après, le moment où tu étais sur le podium, tu chantes la Marseillaise, et il y a tous tes copains de l'équipe de France devant toi, qui te regardent, la main sur le cœur avec... enfin tu vois avec des étoiles dans les yeux parce qu'ils partagent ça avec toi c'est vraiment un moment qui est vraiment très fort aussi il y avait ta famille qui était là aussi ?

  • Näilé

    Non. Et Kevin, peut-être ?

  • David

    Non, qui n'était pas là non plus, mais pareil, à la maison.

  • Näilé

    À la maison. Deux ans avant toi, sur ce même podium, c'était Luz qui était montée à la première place. Est-ce que c'était quelque chose que tu avais en tête à ce moment-là ?

  • David

    Ouais, parce que la personne qui a repris son titre, c'était moi. Et ça, c'était vraiment aussi quelque chose de fort et qui me tenait à cœur dans le sens où c'est un certain hommage que je lui ai rendu en reprenant ce titre derrière elle. Parce qu'il y avait eu l'année 2021 où il n'y avait pas eu de compétition.

  • Näilé

    Alors là tu m'arrêtes tout de suite si tu veux pas répondre à ma question mais toi et Luz vous vous connaissiez très bien, elle aurait eu 20 ans cette année, est-ce que toi tu veux parler de cette relation que tu as eu avec Luz ?

  • David

    Ben Luz du coup on se connait depuis qu'on est toutes petites. Parce que, ben voilà, on était dans la même catégorie. Donc elle, au début, elle était dans son club au Touvet. Je ne sais plus vers quel âge à peu près, mais je dirais vers ses 9 ans, quelque chose comme ça. Et puis après, elle nous a rejoints au club de Chambéry-Escalade. Et ça a été vraiment fusionnel. Je pense que ça a été une des personnes où, ben tu vois... tu te ressembles et tu te complètes. On se disait un peu qu'on était le ying et le yang, tu vois. On faisait qu'un quand on était ensemble, mais en même temps, on était différentes dans nos points de vue, dans notre façon d'être. Et je pense que c'est ça qui nous rendait vraiment plus fortes et plus folles aussi, toutes les deux. Vraiment, on était... Ouais, c'était une relation vraiment très forte qui ne m'a pas apporté, et comme tout, je ne me rendais pas compte de la puissance et la force de cette relation. Et quand on ne l'a plus, c'est forcément là où on se rend compte et là, c'est vraiment dur. Surtout qu'on était très jeunes et qu'on ne s'y attend pas, on ne comprend pas ce qui se passe. Et voilà, c'est un moment vraiment qui n'est pas facile dans une vie d'adolescente.

  • Näilé

    Oui, parce que vous avez eu des... Une évolution très similaire, elle et toi, vous avez commencé l'escalade jeune, vous avez fait de la compétition, vous étiez dans le même club, vous grimpiez souvent ensemble, vous connaissiez très bien, donc c'est une partie de ta vie qui s'arrête d'un coup.

  • David

    Oui, ça a été vraiment très brutal. Et ouais, il y avait un moment où on faisait tout ensemble, on s'entraînait ensemble, on allait en stage le week-end ensemble, on allait sur les compétitions ensemble, et voilà, on se connaissait par cœur, on avait beaucoup à apporter à l'autre, et l'autre nous apportait beaucoup, donc c'était vraiment une relation importante. Et ce... Par rapport à ce décès, j'en voulais énormément aussi à notre société, dans le sens où le deuil pour nous, c'est vraiment un point qui est trop dur, qu'on ne veut pas parler, qui est tabou, alors que c'est la suite de la vie, la mort, et que je trouve que ce n'est pas juste de nous enfermer et d'enfermer les enfants dans ce secret un peu, parce que quand ça nous tombe dessus... on ne peut pas apprendre à le gérer mais on peut le vivre différemment et j'en voulais un peu à la société de nous avoir un peu caché ça et de nous empêcher d'imaginer que d'un jour à l'autre même une personne qui a ton âge, elle peut partir et que ça rend la mort vraiment taboue ce qui a été difficile c'est que finalement tu n'avais pas les armes

  • Näilé

    pour affronter une épreuve comme ça ?

  • David

    Non, pas du tout. Et ouais, moi, j'ai jamais eu de décès avant l'USS. Donc, ça a été le premier et c'était ma meilleure amie. Donc, forcément, c'est un choc d'autant plus violent que ce qui aurait pu arriver. Je ne savais pas comment aborder, je ne savais pas comment ça se passait. Je ne savais rien, même des choses... basique, on ne nous la porte pas. Et je trouvais ça vraiment dommage dans notre évolution aussi, personnelle.

  • Näilé

    Yes. Merci d'avoir bien voulu répondre à ces questions. Je sais que ce n'est pas évident, forcément. Merci à toi. Merci. Je vais revenir à des questions qui te concernent un peu plus.

  • David

    Oui.

  • Näilé

    On vient de parler de cette finale des championnats du monde en 2021 qui se passe plutôt très bien pour toi. Tu repars avec l'or. Oui. Et donc, tu abordes, si on fait l'histoire chronologiquement, tu abordes 2022 en te disant, maintenant, la prochaine étape, ce sera les Coupes du monde. finalement, ça ne s'est pas passé comme ça.

  • David

    Oui. En fait, ce n'était même pas 2022, c'était décembre 2021. Donc, l'objectif, c'était vraiment de m'entraîner fort pour être à mon meilleur niveau et pour prendre ma place en équipe de France Senior l'année prochaine. Et puis, en décembre... je fais un bloc et puis là je tombe et en tombant j'aperçois un peu derrière moi une ombre enfin quelque chose du coup je me tombe pour l'éviter c'était un petit garçon une petite fille et puis je me casse le genou quoi je me ronds les ligaments croisés intérieurs et le ménisque en fait ta jambe est tombée raide c'est ça ? non en fait je suis tombée en tournant Je pense que ma jambe, elle est restée assez droite et que moi, j'ai essayé de tourner pour l'éviter. Et puis finalement, ça a tout cassé. Ça n'a pas tourné ensemble correctement.

  • Näilé

    Donc ça, c'est ligament croisé et aussi ménisque.

  • David

    Oui. Oui, ça, c'était vraiment un coup dur. J'étais vraiment dans... C'était le moment où j'avais été le plus forte de toute ma vie pour le moment sur le plan de la grimpe. Et j'avais qu'une seule hâte, c'était de pouvoir l'exprimer sur les Coupes du Monde. Et voilà, on m'a coupé l'herbe sous le pied avec cette grosse blessure qui demande beaucoup de temps et de rééducation. Et voilà, c'est vraiment une sacrée blessure quand même.

  • Näilé

    Comment ça s'est passé du coup ? Toute cette période où tu es blessée, où tu ne sais pas comment et quand tu vas pouvoir remonter sur les tapis en compétition, quel a été le diagnostic ? Quelles ont été les étapes pour revenir ?

  • David

    La prise en charge et le diagnostic, ça a été très très vite. le 2 décembre, je me blesse au soir, et le 3 au matin, j'ai déjà passé tous les examens nécessaires, et je sais ce que j'ai et ce que je vais devoir subir comme rééducation, opération, traitement, etc. Donc ça, ça a été très vite, je n'ai pas eu le temps de trop m'imaginer des choses, j'avais les informations très claires, très nettes, très précises tout de suite, donc ça, c'était plutôt un point positif, et puis après, on a dû attendre un peu que le genou désenfe, faire un peu de rééducation préopératoire pour renforcer les muscles autour, pour que l'opération se passe mieux. Et oui, j'avais oublié cette période. Début janvier, je devais me faire opérer, sauf que j'attrape le Covid, donc je ne peux pas me faire opérer. Ça repousse l'opération à six semaines. Et donc là, j'étais là, punaise, un mois et demi en plus, c'est rien, et en même temps, c'est énorme. Juste parce que j'ai le Covid, donc là ça a été encore un petit coup dur. J'ai dû me faire opérer du coup mi-février. Et puis après, mi-février, opération. Voilà. Et dans le mois qui suit, rééducation jusqu'à juillet. Voilà. J'étais allée à Cap-Breton aussi pour essayer de faire une rééducation la meilleure qu'elle soit.

  • Näilé

    Ça ressemble à quoi une rééducation des ligaments croisés ?

  • David

    C'est extrêmement chronophage. Au début, c'est long. Pendant le premier mois et demi, c'est long parce que tu marches avec les béquilles, tu as beaucoup de douleurs, tu n'as pas beaucoup d'amplitude, tu ne fais pas grand-chose. Et puis à partir du deuxième mois, tu commences à pouvoir marcher, à pouvoir faire plus d'exercices. Et donc là, ça commence à être une vraie rééducation. Tu vois des améliorations. Mais au début, c'est très très long. Le premier mois et demi, voire deux mois, c'est vraiment...

  • Näilé

    Oui, c'est long et tu n'es pas certaine de l'issue de la rééducation. Tu ne sais pas combien de temps ça peut durer. Et il y a eu un peu des rebondissements, puisque je crois qu'en août 2022, tu as eu une nouvelle opération. La plastique n'avait pas tenu.

  • David

    Ouais, ça, ça a été le coup dur. Et finalement, je ne me souviens pas très, très bien de ma première blessure, dans le sens où la deuxième a été tellement plus traumatisante et tellement plus dure que je me souviens beaucoup plus de la deuxième. Parce que, du coup, voilà, il y a six mois... À six mois post-op, ma plastie, c'est une autogreffe qu'on prend et qu'on remet à la place de l'ancien ligament. Elle se déchire parce qu'elle n'avait pas bien vascularisé. J'étais en train de faire du vélo, je mets le pied sur le côté pour m'arrêter, et là, mon genou se déboîte, ma plastie saute. Alors que moi, dans ma tête, à six mois, ça commence à être vraiment solide, et on peut recommencer à faire des choses un peu plus... demandante dans le genou et là rien qu'en faisant du vélo je me pète la plastique,

  • Näilé

    c'était lunaire ouais c'était pas extrême ce que tu faisais avec ton genou à ce moment là non pas du tout,

  • David

    à ce moment là pas du tout mais dans ma tête je m'y attendais pas du tout surtout que j'avais passé des examens complémentaires à 5 mois et demi scanner, IRM, la panoplie, et tout allait bien, tout était bon, bonne consolidation, etc. Donc ça a été vraiment le choc.

  • Näilé

    Oui. Le choc, mais finalement, une deuxième opération, et depuis, tout a l'air de tenir.

  • David

    Je touche du bois ? Ouais. Ouais, ouais. Bah du coup, en juillet 2022, donc je me refais les croisés. Et là, j'attends un peu pour me faire opérer parce que ça a été trop dur mentalement et dans ma vie de subir cette deuxième blessure. Du coup, j'ai attendu septembre pour me faire opérer.

  • Näilé

    Ouais, ok.

  • David

    Et donc voilà, j'ai repris l'entraînement en mars 2023.

  • Näilé

    Mars 2023, donc six mois après ?

  • David

    Oui.

  • Näilé

    Avec un peu d'appréhension ?

  • David

    En même temps, oui. En même temps, non. Parce que je me dis, s'il faut que je me les fasse dix fois, c'est croisé, je me les ferai dix fois. Et je m'en fous, je reviendrai. Et en même temps, oui. Parce que j'en ai quand même bien chié. Il n'y a pas d'autres mots. Ça a été galère. C'est surtout... Mentalement, c'est vraiment dur. Donc, je n'avais pas envie de revivre ça. Mais sinon... je m'étais dit s'il faut que je me les refasse c'est comme ça je me les referai je peux pas je vais tout faire pour que ça soit solide et que et que ça se passe bien mais si ça doit se repasser ça se repassera je peux pas lutter

  • Näilé

    bon mais en tout cas comme tu dis pour l'instant tu touches du bois tout va bien cette année on est encore en 2023 donc je peux te dire encore cette année t'as participé à pas mal de compétitions alors aussi des compétitions qui sont pas forcément sur le circuit de l'IFSC c'est un peu des moments aussi qui sont sympas je pense au Toutablock, je pense aussi au Masters of Fire

  • David

    pour toi ça évoque quoi ces compétitions en dehors du circuit où l'ambiance est carrément différente je crois que c'est une des choses de ce pourquoi j'aime l'escalade c'est l'ambiance des grimpeurs de ces contests là de l'énergie de tout le monde qui fait que c'est des moments qui sont vraiment incroyables et j'en avais un peu oublié l'énergie un peu qui est différente, qui est pas moins bien ou... qui est juste différente d'un peu du groupe France et tout ça et je crois que j'ai besoin des deux pour faire que j'aime l'escalade, j'ai besoin un peu de la compète entre guillemets officielle et de ces contests qui m'apportent beaucoup plus de je sais pas, de légèreté peut-être de chaleur de bienveillance

  • Näilé

    Alors question piège entre le Tout à bloc et le Masters of Fire lequel tu préfères ?

  • David

    le Masters of Fire je pense que c'était la première édition sur laquelle j'allais mais c'était vraiment incroyable et ça a été vraiment le moment où je me suis dit ça y est je suis heureux dans la course entre guillemets J'ai un peu retrouvé du niveau, je prends plaisir à grimper, je ressens le besoin d'être avec tous ces grimpeurs et de partager un moment de grimpe et de vie avec eux. Donc ça a été vraiment incroyable comme week-end.

  • Näilé

    C'est les Belges qui font que l'ambiance est aussi folle que ça à ton avis ? C'est les participants ? Qu'est-ce qu'ils font ?

  • David

    Je pense que c'est un mix des deux parce que l'un sans l'autre ça marche pas mais c'est des contests où tout le monde est trop content d'aller et personne n'y est obligé il n'y a pas de contraintes, il n'y a rien tout le monde y va par pur plaisir, par pure passion pour l'escalade et pour la fête aussi parce qu'il y a aussi une fête où on est tous ensemble après et ça aussi ça nous rend plus heureux tout simplement, du coup je pense que c'est vraiment en mix des deux

  • Näilé

    Yes, chouette trop bien, ça fait super plaisir de t'entendre comme ça, parler de parler de ces contests et du fait que ça te rende aussi heureuse, ça fait plaisir à entendre on a dit que tu n'avais pas de bonne résolution pour l'année prochaine je sais que évidemment tu vas faire tout ton possible pour les coupes du monde et je te souhaite de parvenir à tes objectifs est-ce que en dehors de cet objectif qui est quand même hyper déjà hyper important est-ce que tu as des projets pour l'année prochaine ?

  • David

    des projets j'aimerais bien peut-être essayer un FAC qui me corresponde vu que voilà bon j'ai fait 15 ans le 8C+, mais je me dis si je trouve quelque chose qui me correspond et que je peux que je peux vraiment essayer ça peut peut-être le faire donc j'aimerais bien trouver un truc pas trop loin de chez moi ça ça pourrait être cool et sinon on a essayé de chercher mais bon pour l'hiver tout est mouillé autour de chez nous donc ça marche pas et puis pour l'été on sait pas trop on se laisse le temps d'y réfléchir voilà

  • Näilé

    et bien on va suivre ça avec attention l'année prochaine trop bien merci Noël, est-ce que tu voudrais remercier des personnes pour conclure cette petite heure ensemble ?

  • David

    Ben ouais, j'aimerais bien remercier Kévin Arme, du coup mon entraîneur qui continue à me suivre malgré mes péripéties et tout ça malgré mes blessures, malgré mes temps de pause qui n'a jamais rien lâché et qui a toujours créé en moi, donc ça je pense que c'est vraiment un point important, et puis toute ma famille qui me soutient, mes amis la communauté des grimpeurs qui est vraiment très chouette je pense et puis voilà

  • Näilé

    Très bien, merci beaucoup pour ton temps aujourd'hui Merci à toi Je te souhaite de joyeuses fêtes et je te dis à bientôt

  • David

    Oui, à bientôt

  • Näilé

    Et voilà, c'est fini pour cette fois Merci d'avoir écouté cette interview jusqu'au bout J'espère que tu as appris plein de choses Si tu as la moindre remarque, question ou suggestion, tu peux me contacter par email ou sur Instagram Tous les liens sont dans la description de l'émission Allez bonne grimpe et à bientôt !

Description

Parcours d’une combattante : burnout, blessures et retours gagnants.


Naïlé Meignan est la cadette d’une fratrie où l’escalade a toujours occupé une place importante. A 8 ans elle grimpait déjà dans le 8e degré, à la faveur des van trips en falaise avec ses 3 grand frères et sa grande soeur.


Cette année, Naïlé a franchi de nouveaux paliers. En falaise avec son premier 8c+. Et tout récemment en équipe de France en décrochant sa place pour participer aux coupes du monde.


Dans cette conversation enregistrée juste avant la fin de l’année 2023 on est revenu sur le parcours de Naïlé en abordant les embûches (décision d’arrêter l’escalade, retour après un an de break, blessures deux saisons de suite) et les succès (quadruple championne d’Europe jeune bloc et championne du monde jeune bloc).


Allez, bonne écoute !


Cet épisode est aussi disponible en vidéo sur Youtube 📺


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Transcription

  • David

    Salut et bienvenue sur Allez, le podcast qui parle d'escalade. Que tu sois en train de pédaler, de courir, de conduire ou de t'entraîner, avec cette émission tu vas pouvoir écouter des grimpeuses et des grimpeurs te raconter leur histoire. Le but c'est qu'ils te partagent leurs visions, leurs expériences, leurs difficultés, bref, qu'ils te transmettent leur passion et t'inspirent à repousser tes propres limites. Allez, c'est un rendez-vous hebdomadaire, dispo gratuitement tous les samedis sur les plateformes d'écoute et sur YouTube. Allez, à tout de suite.

  • Näilé

    Allez !

  • David

    Allez ! Allez !

  • Näilé

    Allez ! Allez ! Allez ! Allez ! Allez !

  • David

    Eh ben salut !

  • Näilé

    Ça va, ça va, ça va. Un peu de soleil serait bienvenu.

  • David

    Comment est-ce que tu abordes les fêtes de fin d'année ?

  • Näilé

    J'ai hâte, parce que là, depuis que j'ai repris l'entraînement en février à peu près... En mars, je n'ai pas arrêté de m'entraîner et là, je vais prendre une pause d'escalade pendant ces vacances de Noël. Du coup, j'ai vraiment hâte de souffler un peu, de prendre du recul sur tous les entraînements de l'année jusqu'à maintenant.

  • David

    Ouais, grosse année pour toi. Ça a été un peu une année de reprise, non ?

  • Näilé

    Oui, exactement. J'ai repris l'entraînement, donc ça a été dur. Il a fallu vraiment se donner à fond. J'ai passé tout mon été à m'entraîner. Je n'ai pas profité de mon été. Enfin, profiter. On profite quand même. On est heureux de s'entraîner, mais c'était différent. Et là, j'ai hâte de reposer un peu tout ça pour essayer de faire mon mieux sur la saison 2024 qui commence.

  • David

    Justement en parlant de 2024 quelles sont les bonnes résolutions ? Je pense qu'envie de dire c'est la question obligatoire à cette époque de l'année

  • Näilé

    Les bonnes résolutions je crois que j'en ai jamais prise mais j'aimerais vraiment être épanouie dans l'escalade et dans ma vie en général pouvoir donner le meilleur de moi dans tous les domaines auxquels j'aborde

  • David

    C'est déjà pas mal si tu le veux bien je voulais revenir sur quelque chose que tu as dit récemment là je parle de ton dernier post il me semble sur Instagram tu disais très heureuse de remonter sur les tapis en compète et j'aime ça pour de vrai je crois bien avec un petit smiley avec la larme à l'oeil J'ai l'impression qu'il faut un peu lire entre les lignes pour comprendre ce message. Qu'est-ce que tu voulais dire exactement ?

  • Näilé

    Mon parcours, il est un peu particulier dans le sens où il y a maintenant 3-4 ans, j'avais pris un an de pause d'escalade parce que justement, j'étais devenue un peu en burn-out. Je ne savais plus pourquoi je faisais ça. Je faisais ça depuis que j'étais née presque et c'était devenu une routine. J'avais besoin vraiment de me dire. ben pourquoi tu fais ça ? Qu'est-ce qui te motive ? Trouve vraiment au fond de toi qu'est-ce qui te pousse à faire ça ? Du coup j'avais repris l'entraînement un an après en me disant ça m'avait manqué, j'ai envie de ça et j'ai envie de retrouver cette énergie-là. Et du coup un an après je suis revenue à mon meilleur niveau et j'ai fait la meilleure perf que j'avais jamais fait de ma carrière en étant championne du monde jeune. et trois mois après je me fais les croisés et deux années consécutives et donc là ça a été vraiment de me dire ben un peu ce décalage entre j'ai pris ce temps pour moi et j'ai l'impression que ça m'a apporté énormément de choses énormément de réponses de mon rapport à l'escalade et finalement ces deux blessures consécutives elle vient de me casser dans mon élan et je peux pas exprimer tout ce que j'ai tout ce à quoi j'ai réfléchi tout ce à quoi j'ai pensé ce qui m'a fait grandir au niveau de l'escalade quoi. Du coup là, de re-revenir, ça me remontre encore tout ce que j'ai pu acquérir pendant ces deux années, tout ce que j'ai acquéri pendant l'année de ma pause aussi et que j'ai pas pu mettre en application sur l'année où je suis revenue. Et là de remonter sur les tapis, ouais je sens que je commence à avoir vraiment... un beau sac à dos, un petit peu, je ne sais pas comment dire, mais avec beaucoup d'outils dedans. Et voilà, j'ai vraiment hâte de pouvoir l'exprimer pleinement.

  • David

    C'est assez génial ce que tu dis, parce qu'on a l'impression que tu as vécu des montagnes russes, avec des hauts, des bas. Il y a plein d'éléments sur lesquels j'ai vraiment envie de revenir avec toi, sur ce côté motivation qui est important. sur ce côté aussi routine tu l'as dit et puis sur tous ces événements qui ont été marquants pour toi la compétition, la blessure la pause aussi qui a pu te faire du bien et puis aussi ce que tu disais c'est ton évolution dans le rapport avec l'escalade que tu peux avoir la première chose que je voulais te demander tu l'as un petit peu évoqué c'est que tu as commencé très jeune tu es d'une famille de grimpeurs et de grimpeuses Il y a 5 frères et soeurs dans ta famille, c'est ça, qui sont un peu tous grimpeurs ?

  • Näilé

    Ouais. Ouais, bah du coup, à la base, mon papa, quand on est arrivés, tous les enfants, il était guidé haute montagne, et ma maman, elle faisait du judo à haut niveau. Du coup, on a fait un peu un mix des deux. On a pris l'escalade du côté de mon papa et le sport de haut niveau du côté de ma maman. Et on a tous fait un peu de l'escalade à haut niveau. Voilà, ça a commencé comme ça. Moi du coup oui, je suis la dernière d'une fratrie de 5 et quand je suis arrivée tout le monde grimpait donc voilà moi aussi j'ai grimpé et voilà j'ai tout de suite accroché et j'ai jamais arrêté à part c'est un an en 2019.

  • David

    C'est vrai que quand on commence si jeune, il y a ce risque aussi d'être tellement focalisé sur une seule chose qu'on peut-être se dit je rate d'autres choses. Je m'avance un petit peu, mais peut-être que c'est une des raisons qui ont conduit à ce burn-out plus tard. Est-ce que tu dirais que tu as commencé presque trop tôt ?

  • Näilé

    Non. Proportionnellement, tout ce que ça m'a apporté et le peu que ça m'a desservi c'est… Bien sûr que j'ai bien fait de commencer tôt l'escalade. Je pense que ça m'a apporté énormément de choses déjà dans le début de ma carrière et j'espère dans la suite. Mais non, c'est juste un équilibre à avoir. Et puis, c'est hyper individuel parce qu'en fonction de ton évolution, tu ne le vis pas pareil. je pense qu'il n'y a pas de trop tôt ou trop tard c'est tant que dans ton corps t'es bien et que t'es ok avec ce que tu fais et comment tu le fais et je pense que c'est le plus important d'être au clair avec ce que tu fais et comment tu le fais est-ce

  • David

    que tu peux nous parler de ta pratique de l'escalade en famille puisque c'est bien ça, tout le monde grimpe donc comment ça s'organise chez toi, dans ta famille, entre tes frères et soeurs ton papa aussi, ta maman Quand vous faites des tripes escalade, quand vous allez grimper ?

  • Näilé

    C'était génial quand on était petits parce que pendant l'année scolaire, les cours, on s'entraînait au club Chambéry Escalade. et d'ailleurs je suis toujours dans ce club donc c'est trop bien parce que on voit la continuité et c'est chouette et puis pendant les périodes scolaires on s'entraînait et pendant les vacances, toutes les vacances on partait en camping-car on était 7 dedans et on partait en France dans le sud, en Espagne là on pouvait aller grimper et donc toute la troupe on partait ensemble et voilà, on faisait de la falaise pendant les deux semaines de vacances où les étés un mois, deux mois voilà,

  • David

    tous ensemble incroyable le rêve je pense que c'est le rêve pour beaucoup de parents de parents grimpeurs qui se disent c'est ça qu'on aimerait faire ouais c'était marrant parce que eux ma

  • Näilé

    maman elle grimpe pas du coup et mon papa il grimpe plus trop non plus mais juste l'énergie de nous tous ensemble faisait que ça nous plaisait d'aller faire ça

  • David

    La première trace que j'ai retrouvée de toi sur les internets, c'est ton premier 8a. Je ne sais pas si tu t'en souviens, mais c'était un 8a très précoce. Même au standard actuel où on voit des petits mutants débarquer, faire du 9a à 13 ans, etc. Mais alors oui, 8a à 8 ou 9 ans pour toi, c'était ?

  • Näilé

    Ouais, je crois que c'était 8 ans parce que je m'étais fait cette remarque de me dire qu'à 7 ans j'avais fait mon premier 7A et qu'à 8 ans j'avais fait mon premier 8A. Et du coup je m'en souvenais comme ça, comme mes mots.

  • David

    Super progression. Ensuite, il y a eu le premier 8B qui est arrivé assez vite, je crois que c'était l'année d'après.

  • Näilé

    Ouais, ça je ne me souviens plus exactement.

  • David

    ça devait être par là mais pour toi est-ce que c'est est-ce que c'est palier à l'époque est-ce qu'il te semblait important de quoi l'éconation

  • Näilé

    est-ce qu'il te semblait symbolique par rapport à ta progression par rapport à ton plaisir par rapport à tes frères et sœurs aussi en termes de comparaison non moi en fait c'était vraiment un challenge de trouver des voies qui étaient à mon max de mon niveau mais qui étaient aussi compatibles à 8 ans surtout on est minus quoi c'est super dur de grimper dehors du coup c'était vraiment un challenge Ce truc de dire, punaise, qu'est-ce que je peux faire comme voie la plus dure que je puisse faire, mais que je puisse quand même la faire physiquement. C'était plus un jeu que de me dire, tu ne te rends pas trop compte, tu as 8 ans, 9 ans, 10 ans, des cotations, tu ne sais pas trop ce que ça veut dire, tu sais juste que c'est plus dur que ce que tu as fait la dernière fois.

  • David

    Je pose cette question parce que je n'arrive pas à me rendre compte de ce que ça peut signifier pour un enfant, les cotations.

  • Näilé

    c'est vrai que tu puisses avoir un début de réponse non moi j'ai pas trop de réponse là dessus à part dire que ouais c'était le challenge de trouver ce qui pouvait aller à notre morphologie quoi

  • David

    8C à 12 ans et le premier 8C+, c'était il y a plus de 10 ans en fait Ouais, et c'était chez toi, en Savoie. Ouais. Et ça, c'est une expérience beaucoup plus récente. C'est une voix qui s'appelle Déclaque. Est-ce que tu peux nous parler de cette voix un petit peu ?

  • Näilé

    Ouais, et ben du coup quand j'étais petite, je l'avais déjà essayé cette voie, sauf que physiquement c'était trop dur, ça allait pas, c'est des grands moves dans du toit, dans du physique, donc je m'étais dit bon bah tant pis. Et puis là l'été dernier, comme je disais, j'étais à fond dans l'entraînement, et mon coach Kevin Hart qui m'a dit, mais là t'as le temps, pourquoi genre une ou deux journées par semaine tu irais pas faire de l'extérieur ? J'étais là, mais oui c'est vrai, pourquoi j'y ai pas avancé avant en fait ? Et du coup, fin de l'été, je suis allée dans cette voie. La première partie, c'est un 8B+, c'est des clics. Et je l'ai fait assez rapidement, j'ai dû mettre 5-6 montées. et puis je me suis dit bon bah voilà 8B+, trop bien qu'est-ce que je peux faire peut-être un 8C, quelque chose comme ça et puis mes copains de Chambé ils m'ont dit va voir la suite parce que c'est vraiment la continuité de l'effort et la suite de la voie du coup je suis allée dedans et en 4 montées je l'ai fait du coup voilà mon premier 8C+, j'étais là ouais trop bien c'était trop cool premier 8C+, expliqué ouais ça y est

  • David

    Est-ce que pour toi cette nouvelle cotation que tu atteins elle est révélatrice de changement ou d'évolution chez toi dans ta pratique de l'escalade ces dernières années ?

  • Näilé

    Ouais déjà de dire que ça faisait hyper longtemps que je n'avais pas fait de falaise et de me dire ton corps il s'est encore fait rire et tu aimes trop ça pour de vrai donc j'aimerais vraiment trouver des voies qui me correspondent et pouvoir exprimer aussi mon potentiel là-dedans parce que finalement ça marche quand même Et puis en fait, ça a été aussi sur le plan de l'entraînement, parce que j'avais vraiment le nez dedans, avancer, faire mes séances, machin, et là de prendre un peu de recul et de me dire que sur une voie de diff, alors que je m'entraîne que pour le bloc, j'arrive à faire un 8C+, bon certes, qui me correspondait très bien, mais ça veut dire quand même qu'en termes de physique, j'avais vraiment avancé sur les entraînements jusqu'ici.

  • David

    C'est vrai que tu consacres énormément de temps à l'entraînement et principalement pour la compétition. C'est bien ça ?

  • Näilé

    Oui, exactement.

  • David

    D'ailleurs, l'année prochaine, on aborde une nouvelle année. Est-ce que tu as des objectifs particuliers pour cette année ?

  • Näilé

    J'aimerais bien prendre une place en équipe de France et aller faire les Coupes du Monde. C'est l'objectif.

  • David

    Ouais parce que finalement ces coupes du monde t'as déjà voulu t'y frotter mais c'est cette fameuse blessure qui t'en a empêché. Donc voilà c'est ça le Graal pour toi cette année c'est d'aller chercher une qualification.

  • Näilé

    Ouais, parce qu'en 2019, j'avais fait mes premières Coupes du Monde, mais je n'étais pas, je pense, assez mature et prête dans ma tête. Ce n'était pas possible. Sur le circuit jeune, j'arrivais très bien à m'exprimer, mais sur le circuit senior, c'était trop difficile. Du coup, je n'avais pas réussi à m'exprimer. Et puis après, voilà, la blessure et tout ça, et je n'ai pas pu en refaire depuis.

  • David

    À ce moment-là, tu avais quel âge ?

  • Näilé

    19 ans. Non, attends, là, j'ai 19 ans. Donc c'était ma première année, j'avais 7 ans je pense, oui. Ma première année cadette.

  • David

    je peux comprendre que ça peut être compliqué à 16 ans d'avoir la tête froide et les épaules pour affronter ce genre d'épreuve avec des personnes qui sont sur le circuit depuis plusieurs années qui sont impressionnantes qui ont peut-être été tes modèles ou tes idoles en tout cas tu as eu un parcours sur le circuit jeune qui est assez impressionnant. Je ne sais pas si toi, tu veux en parler ou si tu préfères que j'énumère tout ce que tu as fait.

  • Näilé

    Non, je ne sais pas. Je dirais que sur les années jeunes, j'arrivais vraiment bien à m'exprimer et à montrer justement le meilleur de moi-même sur un moment donné et le moment où on me le demandait. Du coup, c'était vraiment satisfaisant et c'était vraiment incroyable comme expérience.

  • David

    Sur la compétition, est-ce que tu dirais que c'est plus ta maman ou c'est plus ton papa qui t'a poussé sur ce chemin ? Tu disais que ta maman était compétitrice judoka.

  • Näilé

    Je pense que c'est sûr que c'est ma maman qui nous a plus poussé vers le haut niveau. Parce qu'elle a été en équipe de France de judo pendant 10 ans. Donc elle connaissait bien ce milieu de la compétition et du haut niveau. Donc je pense que c'est vraiment elle qui nous a poussé là-dedans.

  • David

    alors jusqu'à présent t'es quadruple championne d'Europe jeune en bloc c'est bien ça ? faut pas que je fasse d'erreur également championne du monde jeune en bloc ouais donc quand même un sacré parcours j'ai envie de te demander dans cette cette Cette courte carrière, quels ont été les moments les plus difficiles pour toi à gérer jusqu'à présent ?

  • Näilé

    Les moments les plus difficiles, je pense que c'est l'année 2019. C'est cette fin d'année où j'ai pris la décision d'arrêter l'escalade à durée indéfinie, mais finalement qui n'aura duré qu'une seule année. Parce que justement, j'allais aux compétitions parce que je faisais de la compète, j'allais aux Coupes d'Europe parce que j'étais en équipe de France. C'était vraiment, je ne savais plus pourquoi je faisais ça, ça ne me plaisait pas de m'entraîner, je n'avais pas envie de faire ça, j'avais envie de grimper. Et du coup, ça a été vraiment toutes les compétitions. Jusqu'à septembre 2019, la dernière compétition c'était les championnats d'Europe. Je les ai gagnés et je ne sais pas comment je l'ai fait parce que franchement, je pense que je n'aurais pas mérité de les gagner vu mon état d'esprit et vraiment comment j'abordais la compétition à ce moment-là. Mais je pense que cette année, ça a été la plus difficile parce que je n'étais pas dedans. J'avais eu des blessures, des douleurs. Je n'étais pas du tout bien dans mon corps et dans ma tête.

  • David

    Est-ce que ça a été une décision difficile à prendre ? Est-ce qu'à ce moment-là, tu te disais que c'est peut-être définitif ?

  • Näilé

    Ça a été une décision dure à prendre, mais inévitable dans le sens où là, j'étais au bout, je ne pouvais plus faire autrement. Donc, je me suis dit que si j'avais eu un choix, j'aurais dû le faire plus tôt. Là, c'était trop tard. Je n'avais plus de choix que d'arrêter et de vraiment me couper de ça parce que c'était... ça en devenait vraiment pas confortable du tout.

  • David

    Et en dehors des compétitions, est-ce que tu as continué à grimper ou est-ce que tu as aussi fait une grosse pause sur ton rythme d'escalade ?

  • Näilé

    Je crois que pendant un mois et demi, deux mois, j'ai arrêté l'escalade complètement, donc je n'ai pas du tout grimpé. Et après, j'ai repris l'escalade pendant toute l'année où j'ai arrêté. Mais c'était vraiment quand j'avais envie de grimper, je grimpais. Si je n'avais pas envie, je ne grimpais pas. Des fois, ça m'arrivait de grimper trois fois par semaine. Des fois, je ne grimpais pas pendant une semaine. C'était vraiment à l'envie, comme j'avais envie d'organiser mon temps.

  • David

    Donc, il y a eu un moment où tu t'es dit, peut-être que j'aurais envie de revenir. sur les tapis de compétition. Est-ce que ça a été un cheminement plutôt qu'un déclic ?

  • Näilé

    Oui, ça a été un cheminement dans le sens où je me suis demandé qu'est-ce qui m'avait déplu sur l'année précédente, pourquoi j'avais envie de revenir sur la compétition et comment j'avais envie de revenir pour que ça soit différent et que je ne retourne pas dans ce système un peu de mal-être. Et du coup voilà, je pense que j'ai eu l'idée en tête... au mois de juillet 2020 et que j'ai repris l'entraînement en septembre avec Kevin 2020.

  • David

    Ce que j'aimerais vraiment comprendre, c'est que tu dis qu'il y a eu ce moment où tu n'avais plus la motivation. Tu trouvais que c'était devenu une routine finalement de t'entraîner pour aller faire des compétitions. J'aimerais savoir aujourd'hui ce qui te motive. quand tu vas aux entraînements, quand tu consacres énormément de ton énergie et de ton temps à t'entraîner, qu'est-ce qui te motive vraiment aujourd'hui ?

  • Näilé

    Je crois que j'aime vraiment le mouvement de l'escalade. J'adore pratiquer l'escalade. Il y a souvent ce décalage avec les gens qui disent moi j'adore l'escalade dans sa généralité, j'adore l'histoire de l'escalade, j'adore toutes les versions de l'escalade un peu. Et moi ce que j'aime vraiment dans l'escalade, c'est le mouvement, c'est le faire. Produire le mouvement pour grimper, je trouve ça trop chouette en fait, j'adore ça. C'est ça qui me motive dans l'escalade je crois. C'est un peu original mais je crois vraiment que c'est... c'est tout ce qui se passe dans mon corps quand je grimpe qui me fait que j'aime ça et que j'ai envie de m'entraîner pour le pousser au maximum

  • David

    Yes, génial alors tu as choisi de t'entraîner avec Kevin Ark comment est-ce que tu décrirais cette relation et puis aussi comment est-ce que ça s'est passé quand tu as dit à Kevin ça fait un an que je n'ai pas fait de compétition j'ai envie de revenir j'ai envie de revenir plus forte et qu'est-ce que lui t'a proposé ?

  • Näilé

    avec Kevin ça fait longtemps qu'il me suit je pense que ça va bientôt faire 10 ans donc ça date un peu et du coup on se connait par coeur c'est assez fusionnel moi je le vois un peu comme mon grand frère et je pense que lui il me voit aussi un peu comme sa petite soeur dans le sens où c'est naturel il n'y a pas de il n'y a pas de voilà enfin c'est très facile quoi comme relation ça a été marrant parce que justement en septembre non en juin 2020 quand je lui ai dit bah voilà j'ai envie de reprendre l'entraînement c'était plus lui qui était sur la retenue de me dire je sais pas si tu te rends compte à quel point genre ce que tu me demandes c'est complètement compliqué et un peu euh et un peu fou il me disait est-ce que tu sais vraiment ce que tu me demandes est-ce que tu en as vraiment envie il était plus là à me questionner si j'étais vraiment sûre de moi que si j'étais sûre de moi il m'a dit je t'emmène au plus haut niveau avec toi avec plaisir et 100% est-ce que tu es vraiment sûre de ce que tu me demandes et de tous les sacrifices que tu vas devoir faire pour trouver ce niveau est-ce que tu penses qu'il avait des doutes par rapport au fait que tu avais fait ce break Non, il n'avait pas de doute parce que quand je lui ai dit je vais arrêter, il m'a dit je comprends et je le ressens. Je pense que lui aussi, il voyait bien que ça n'allait pas, que je ne pouvais pas faire vraiment autrement. Mais c'est plus dans la façon de revenir, je pense qu'il ne s'imaginait pas forcément que j'allais vouloir revenir au plus haut niveau de ce que je pouvais être. Peut-être qu'il aurait imaginé que je reprenne l'entraînement pour me faire plaisir ou pour faire des perfs dehors. Mais je crois pas qu'il s'attendait à ce que je lui demande de continuer pour retrouver le meilleur niveau sur les compétitions.

  • David

    Tu veux dire qu'il pensait presque que c'était pas réaliste de ta part de s'attendre à refaire de la compétition de haut niveau ?

  • Näilé

    Ouais, dans le sens où il avait peur que j'ai pas toutes les... tout ce que j'allais devoir mettre en place et mettre en oeuvre en tête pour réussir et que je sois un peu que je minimalise le travail en fait je pense qu'il était plus dans cette optique là il

  • David

    voulait être sûr que je vois tout ce qu'il y a à faire et que j'en étais ok que tu sois lucide et pas trop naïve par rapport au fait que ça demandait un fort investissement voilà exactement Qui d'autre t'accompagne au quotidien pour t'entraîner ?

  • Näilé

    Je suis un peu en lot solitaire, je m'entraîne pas mal toute seule. Mais après, il y a des partenaires de grimpe comme Maël Grenier, je m'entraîne souvent avec lui. Et puis après, il y a les gens du pôle aussi. Enfin voilà, c'est plein de personnes qui m'accompagnent au quotidien dans mes séances. Mais sinon, je m'entraîne toute seule globalement.

  • David

    toute seule mais donc souvent avec Kevin ou est-ce que Kevin n'est pas toujours sur ton dos non

  • Näilé

    Kevin n'est jamais sur mon dos principalement parce qu'il est à Nantes et que moi je suis à Chambéry donc vu qu'on est à distance il me suit par vidéo, moi je me filme quand je grimpe et puis après je lui partage mes séances etc et puis on se fait des retours quotidiens je dirais mais du coup non je suis vraiment toute seule Kevin c'est un ancien chambérien ouais en fait à la base il vient de Nantes il est venu sur Chambéry quelques temps puis après il est rentré sur Nantes pour des questions professionnelles on avait déjà parlé de lui alors je ne l'avais pas invité mais j'avais invité quelqu'un que tu dois connaître c'est Hervé Di Domenico ils

  • David

    ont écrit un livre ensemble qui s'appelle Est-ce qu'elle a des performances que tu dois connaître aussi je crois qu'il y a des photos de toi oui je connais bien oui oui parenthèse fermée donc tu reprends l'entraînement ça c'était en 2020 et l'année suivante en 2021 tu deviens donc championne du monde jeune en bloc qui est ta spécialité actuellement est-ce que tu peux nous parler déjà de l'avant comment est-ce que est-ce que tu as ressenti avant d'arriver au championnat du monde que tu avais tes chances déjà

  • Näilé

    C'est compliqué parce que cette année, de reprise, Kevin ne m'avait pas menti. Ça a été vraiment dur de revenir. Et puis surtout, quand on connaît son niveau au max, d'être à 40% de ses capacités et de devoir se donner à fond, c'est vraiment dur ça aussi. Mais du coup, il faut s'imaginer qu'en septembre, j'ai repris l'entraînement et qu'en août d'après, il y avait les championnats du monde. Donc, ce qui me laissait moins d'un an pour revenir à mon meilleur niveau. Et du coup, ça a été vraiment compliqué. Toute la saison parce qu'il fallait s'entraîner, mais il y avait déjà les compétitions qui arrivaient et les résultats n'étaient pas à la hauteur de mes espérances. Dans le sens où... J'ai été obligée de m'entraîner jusqu'à super tard dans la saison pour pouvoir être forte pour les mondes. Mais ça veut dire que toutes les compétitions avant, je n'étais pas prête pour les compétitions d'avant. Et donc toute l'année, je me suis un peu fait ratatiner. Sauf au championnat d'Europe où l'entraînement porte enfin ses fruits et j'arrivais à montrer ce que j'en étais capable. Donc je finis championne d'Europe et là, ça me remonte un peu le moral. Et puis après... Sur les mondes, j'avais vraiment envie d'être sur le podium et je pensais être capable de faire le podium. Mais c'est vraiment sur le tour des qualifications, après les qualifs, que je me suis dit Le titre, je peux aller le chercher. Si je grimpe correctement, je peux aller le chercher. Du coup, là, ça a été vraiment motivant après pour le tour de demi-finale.

  • David

    Donc tu arrives sur les championnats du monde en te disant je me sens bien je vois que j'ai des bonnes sensations et ça peut le faire

  • Näilé

    Ouais ça je l'avais senti avant

  • David

    Est-ce qu'il y a une méthode en particulier à laquelle tu penses que vous avez mis en place avec Kevin ou quelque chose en particulier je sais pas qui fait que vous en êtes arrivé à ce résultat d'être déjà, de se sentir bien pour aller jusqu'à la finale d'une Coupe du Monde un an après avoir fait une pause d'un an ? Pardon, un championnat du monde.

  • Näilé

    C'est un peu bizarre à dire, mais je pense qu'il nous a aidés, c'est qu'on était vraiment dans l'instant T et qu'on avait un objectif précis et qu'on allait chercher cet objectif et que même si c'était dur de se prendre un peu des ratasses sur les compétitions d'avant, on savait que peu importe, l'objectif était les championnats du monde et quoi qu'il arrive, on allait faire le meilleur pour être la plus forte et la plus prête sur tous les points de vue aux championnats du monde. Et que là, je suis aux championnats du monde, donc je suis prête. Donc ça y est, je peux montrer le meilleur de ma grimpe. Je pense que c'était vraiment cette conscience réciproque et de se dire, peu importe, on a un objectif, on y va. Et puis voilà.

  • David

    C'est ça, c'est-à-dire, peu importe les embûches, ce qui compte, c'est vraiment cet objectif-là. Le reste, il faut remettre les compteurs à zéro, il ne s'est rien passé.

  • Näilé

    Oui, voilà.

  • David

    On arrive au championnat du monde, c'est une nouvelle histoire.

  • Näilé

    Voilà, c'est ça. Exactement.

  • David

    T'en gardes quel souvenir de cette compétition ? Comment ça s'est passé ? En fait, ça s'est extrêmement bien passé du début à la fin. J'avais confiance en moi, j'avais hyper envie. J'avais vraiment cette énergie qui était plus forte que moi de me dire, là, tu as tout fait pour être là à ce moment-là, tu y es. Enfin, lâche-toi, fais du mieux que tu peux. Et c'était vraiment plus fort que moi. Je n'avais pas l'impression... Je n'ai pas beaucoup de souvenirs physiques de cette compétition ou quoi que ce soit. C'était vraiment de me dire... J'ai un peu surpassé cet événement dans le sens où... C'est toute l'énergie qu'il y avait à côté qui m'a apporté à ce titre. physiquement, je n'ai pas beaucoup de souvenirs. Je ne me souviens pas des blogs, je ne me souviens pas de comment c'était, etc. C'était juste un peu surnaturel.

  • Näilé

    J'ai envie de te poser une question un peu sur l'envers du décor d'une compétition. Nous qui sommes des spectateurs, on ne voit pas ce qui se passe en isolation pendant les compétitions. Et on se demande toujours, mais à quoi est-ce qu'on peut bien penser avant une finale ? qui est un enjeu quand même important dans une vie de compétiteur, puisque c'est l'aboutissement de beaucoup d'efforts. Toi, qu'est-ce que tu fais quand tu es en isolation en général et qu'est-ce que tu as fait peut-être juste avant la finale de ce championnat du monde ?

  • David

    Ben moi juste avant une finale je découpe un peu mon temps, au début j'essaye à découter de la musique plutôt tranquille qui me pose et qui me permet justement de me recentrer sur moi et de ressentir mes émotions, d'être calme, d'être ok avec ce que je fais et ce que je vais faire. Après je m'échauffe donc ça voilà la partie classique, je grimpe et tout ça et ensuite il y a une partie importante où je mets du son plutôt énergique dans mes oreilles et je commence un peu à... à essayer de ressentir l'énergie de la salle, l'énergie de la compétition, de l'enjeu et tout ça, et de me motiver et de me dire il faut aller attraper toutes les prises finales des blocs et c'est parti. Mais cette phase-là, elle est vraiment assez courte, mais elle est vraiment puissante et je trouve que j'arrive vraiment à me transformer un peu et de me dire c'est parti.

  • Näilé

    Tu fais le switch à un moment où tu te dis ça y est, c'est... j'ai le feu là ça y est j'y vais ouais c'est ça ouais par rapport aux autres compétiteurs qui sont avec toi en isolation est-ce qu'il y a une relation particulière qui est différente en dehors d'une compétition quand on est en isolation parce qu'il y a les autres qui s'échauffent les autres qui montrent un petit peu aussi où ils en sont à l'échauffement qui essayent de montrer qu'ils ont confiance en eux comment est-ce que tu vis ce moment par rapport à ceux qui sont autour de toi

  • David

    Bah moi je trouve que c'est complètement différent d'un entraînement ou quoi que ce soit parce que ben on est là pour performer et enfin je trouve que les autres chacun se met un peu dans sa bulle il y en a qui rentrent un peu plus dans le jeu des autres en essayant de montrer leur niveau de montrer qu'ils sont en forme de montrer qu'ils sont voilà qu'ils ont de la force etc mais je trouve c'est quand même vraiment différent dans le sens où Malgré ce jeu un peu de comment on dit d'intimidation on essaie vraiment tous de se remettre un peu chez soi pour justement prendre du recul sur la situation et essayer de faire notre échauffement correctement, de ne pas se faire déborder et de donner le meilleur de soi-même après.

  • Näilé

    Donc, cette finale, tu l'abordes plutôt sereinement, si j'ai bien compris. Et tu finis première. Tu finis sur la première marche du podium. Comment est-ce que tu... Quel a été le moment le plus fort pour toi émotionnellement ? Est-ce que c'est le moment où tu apprends ton résultat ? Où tu te dis ça y est là c'est pour moi ? Ou est-ce que c'est le moment un peu plus solennel où tu montes sur cette première marche ?

  • David

    Je crois que le moment le plus fort, au fond de moi, ça a été le moment où je ramène sur la dernière prise du dernier bloc, parce que je savais que si je le faisais, peu importe mon nombre d'essais, j'étais championne du monde. Du coup, dès que j'ai ramené, c'était instantané, parce que je le savais directement en grimpant, donc ça c'était vraiment fort. Mais après, le moment où tu étais sur le podium, tu chantes la Marseillaise, et il y a tous tes copains de l'équipe de France devant toi, qui te regardent, la main sur le cœur avec... enfin tu vois avec des étoiles dans les yeux parce qu'ils partagent ça avec toi c'est vraiment un moment qui est vraiment très fort aussi il y avait ta famille qui était là aussi ?

  • Näilé

    Non. Et Kevin, peut-être ?

  • David

    Non, qui n'était pas là non plus, mais pareil, à la maison.

  • Näilé

    À la maison. Deux ans avant toi, sur ce même podium, c'était Luz qui était montée à la première place. Est-ce que c'était quelque chose que tu avais en tête à ce moment-là ?

  • David

    Ouais, parce que la personne qui a repris son titre, c'était moi. Et ça, c'était vraiment aussi quelque chose de fort et qui me tenait à cœur dans le sens où c'est un certain hommage que je lui ai rendu en reprenant ce titre derrière elle. Parce qu'il y avait eu l'année 2021 où il n'y avait pas eu de compétition.

  • Näilé

    Alors là tu m'arrêtes tout de suite si tu veux pas répondre à ma question mais toi et Luz vous vous connaissiez très bien, elle aurait eu 20 ans cette année, est-ce que toi tu veux parler de cette relation que tu as eu avec Luz ?

  • David

    Ben Luz du coup on se connait depuis qu'on est toutes petites. Parce que, ben voilà, on était dans la même catégorie. Donc elle, au début, elle était dans son club au Touvet. Je ne sais plus vers quel âge à peu près, mais je dirais vers ses 9 ans, quelque chose comme ça. Et puis après, elle nous a rejoints au club de Chambéry-Escalade. Et ça a été vraiment fusionnel. Je pense que ça a été une des personnes où, ben tu vois... tu te ressembles et tu te complètes. On se disait un peu qu'on était le ying et le yang, tu vois. On faisait qu'un quand on était ensemble, mais en même temps, on était différentes dans nos points de vue, dans notre façon d'être. Et je pense que c'est ça qui nous rendait vraiment plus fortes et plus folles aussi, toutes les deux. Vraiment, on était... Ouais, c'était une relation vraiment très forte qui ne m'a pas apporté, et comme tout, je ne me rendais pas compte de la puissance et la force de cette relation. Et quand on ne l'a plus, c'est forcément là où on se rend compte et là, c'est vraiment dur. Surtout qu'on était très jeunes et qu'on ne s'y attend pas, on ne comprend pas ce qui se passe. Et voilà, c'est un moment vraiment qui n'est pas facile dans une vie d'adolescente.

  • Näilé

    Oui, parce que vous avez eu des... Une évolution très similaire, elle et toi, vous avez commencé l'escalade jeune, vous avez fait de la compétition, vous étiez dans le même club, vous grimpiez souvent ensemble, vous connaissiez très bien, donc c'est une partie de ta vie qui s'arrête d'un coup.

  • David

    Oui, ça a été vraiment très brutal. Et ouais, il y avait un moment où on faisait tout ensemble, on s'entraînait ensemble, on allait en stage le week-end ensemble, on allait sur les compétitions ensemble, et voilà, on se connaissait par cœur, on avait beaucoup à apporter à l'autre, et l'autre nous apportait beaucoup, donc c'était vraiment une relation importante. Et ce... Par rapport à ce décès, j'en voulais énormément aussi à notre société, dans le sens où le deuil pour nous, c'est vraiment un point qui est trop dur, qu'on ne veut pas parler, qui est tabou, alors que c'est la suite de la vie, la mort, et que je trouve que ce n'est pas juste de nous enfermer et d'enfermer les enfants dans ce secret un peu, parce que quand ça nous tombe dessus... on ne peut pas apprendre à le gérer mais on peut le vivre différemment et j'en voulais un peu à la société de nous avoir un peu caché ça et de nous empêcher d'imaginer que d'un jour à l'autre même une personne qui a ton âge, elle peut partir et que ça rend la mort vraiment taboue ce qui a été difficile c'est que finalement tu n'avais pas les armes

  • Näilé

    pour affronter une épreuve comme ça ?

  • David

    Non, pas du tout. Et ouais, moi, j'ai jamais eu de décès avant l'USS. Donc, ça a été le premier et c'était ma meilleure amie. Donc, forcément, c'est un choc d'autant plus violent que ce qui aurait pu arriver. Je ne savais pas comment aborder, je ne savais pas comment ça se passait. Je ne savais rien, même des choses... basique, on ne nous la porte pas. Et je trouvais ça vraiment dommage dans notre évolution aussi, personnelle.

  • Näilé

    Yes. Merci d'avoir bien voulu répondre à ces questions. Je sais que ce n'est pas évident, forcément. Merci à toi. Merci. Je vais revenir à des questions qui te concernent un peu plus.

  • David

    Oui.

  • Näilé

    On vient de parler de cette finale des championnats du monde en 2021 qui se passe plutôt très bien pour toi. Tu repars avec l'or. Oui. Et donc, tu abordes, si on fait l'histoire chronologiquement, tu abordes 2022 en te disant, maintenant, la prochaine étape, ce sera les Coupes du monde. finalement, ça ne s'est pas passé comme ça.

  • David

    Oui. En fait, ce n'était même pas 2022, c'était décembre 2021. Donc, l'objectif, c'était vraiment de m'entraîner fort pour être à mon meilleur niveau et pour prendre ma place en équipe de France Senior l'année prochaine. Et puis, en décembre... je fais un bloc et puis là je tombe et en tombant j'aperçois un peu derrière moi une ombre enfin quelque chose du coup je me tombe pour l'éviter c'était un petit garçon une petite fille et puis je me casse le genou quoi je me ronds les ligaments croisés intérieurs et le ménisque en fait ta jambe est tombée raide c'est ça ? non en fait je suis tombée en tournant Je pense que ma jambe, elle est restée assez droite et que moi, j'ai essayé de tourner pour l'éviter. Et puis finalement, ça a tout cassé. Ça n'a pas tourné ensemble correctement.

  • Näilé

    Donc ça, c'est ligament croisé et aussi ménisque.

  • David

    Oui. Oui, ça, c'était vraiment un coup dur. J'étais vraiment dans... C'était le moment où j'avais été le plus forte de toute ma vie pour le moment sur le plan de la grimpe. Et j'avais qu'une seule hâte, c'était de pouvoir l'exprimer sur les Coupes du Monde. Et voilà, on m'a coupé l'herbe sous le pied avec cette grosse blessure qui demande beaucoup de temps et de rééducation. Et voilà, c'est vraiment une sacrée blessure quand même.

  • Näilé

    Comment ça s'est passé du coup ? Toute cette période où tu es blessée, où tu ne sais pas comment et quand tu vas pouvoir remonter sur les tapis en compétition, quel a été le diagnostic ? Quelles ont été les étapes pour revenir ?

  • David

    La prise en charge et le diagnostic, ça a été très très vite. le 2 décembre, je me blesse au soir, et le 3 au matin, j'ai déjà passé tous les examens nécessaires, et je sais ce que j'ai et ce que je vais devoir subir comme rééducation, opération, traitement, etc. Donc ça, ça a été très vite, je n'ai pas eu le temps de trop m'imaginer des choses, j'avais les informations très claires, très nettes, très précises tout de suite, donc ça, c'était plutôt un point positif, et puis après, on a dû attendre un peu que le genou désenfe, faire un peu de rééducation préopératoire pour renforcer les muscles autour, pour que l'opération se passe mieux. Et oui, j'avais oublié cette période. Début janvier, je devais me faire opérer, sauf que j'attrape le Covid, donc je ne peux pas me faire opérer. Ça repousse l'opération à six semaines. Et donc là, j'étais là, punaise, un mois et demi en plus, c'est rien, et en même temps, c'est énorme. Juste parce que j'ai le Covid, donc là ça a été encore un petit coup dur. J'ai dû me faire opérer du coup mi-février. Et puis après, mi-février, opération. Voilà. Et dans le mois qui suit, rééducation jusqu'à juillet. Voilà. J'étais allée à Cap-Breton aussi pour essayer de faire une rééducation la meilleure qu'elle soit.

  • Näilé

    Ça ressemble à quoi une rééducation des ligaments croisés ?

  • David

    C'est extrêmement chronophage. Au début, c'est long. Pendant le premier mois et demi, c'est long parce que tu marches avec les béquilles, tu as beaucoup de douleurs, tu n'as pas beaucoup d'amplitude, tu ne fais pas grand-chose. Et puis à partir du deuxième mois, tu commences à pouvoir marcher, à pouvoir faire plus d'exercices. Et donc là, ça commence à être une vraie rééducation. Tu vois des améliorations. Mais au début, c'est très très long. Le premier mois et demi, voire deux mois, c'est vraiment...

  • Näilé

    Oui, c'est long et tu n'es pas certaine de l'issue de la rééducation. Tu ne sais pas combien de temps ça peut durer. Et il y a eu un peu des rebondissements, puisque je crois qu'en août 2022, tu as eu une nouvelle opération. La plastique n'avait pas tenu.

  • David

    Ouais, ça, ça a été le coup dur. Et finalement, je ne me souviens pas très, très bien de ma première blessure, dans le sens où la deuxième a été tellement plus traumatisante et tellement plus dure que je me souviens beaucoup plus de la deuxième. Parce que, du coup, voilà, il y a six mois... À six mois post-op, ma plastie, c'est une autogreffe qu'on prend et qu'on remet à la place de l'ancien ligament. Elle se déchire parce qu'elle n'avait pas bien vascularisé. J'étais en train de faire du vélo, je mets le pied sur le côté pour m'arrêter, et là, mon genou se déboîte, ma plastie saute. Alors que moi, dans ma tête, à six mois, ça commence à être vraiment solide, et on peut recommencer à faire des choses un peu plus... demandante dans le genou et là rien qu'en faisant du vélo je me pète la plastique,

  • Näilé

    c'était lunaire ouais c'était pas extrême ce que tu faisais avec ton genou à ce moment là non pas du tout,

  • David

    à ce moment là pas du tout mais dans ma tête je m'y attendais pas du tout surtout que j'avais passé des examens complémentaires à 5 mois et demi scanner, IRM, la panoplie, et tout allait bien, tout était bon, bonne consolidation, etc. Donc ça a été vraiment le choc.

  • Näilé

    Oui. Le choc, mais finalement, une deuxième opération, et depuis, tout a l'air de tenir.

  • David

    Je touche du bois ? Ouais. Ouais, ouais. Bah du coup, en juillet 2022, donc je me refais les croisés. Et là, j'attends un peu pour me faire opérer parce que ça a été trop dur mentalement et dans ma vie de subir cette deuxième blessure. Du coup, j'ai attendu septembre pour me faire opérer.

  • Näilé

    Ouais, ok.

  • David

    Et donc voilà, j'ai repris l'entraînement en mars 2023.

  • Näilé

    Mars 2023, donc six mois après ?

  • David

    Oui.

  • Näilé

    Avec un peu d'appréhension ?

  • David

    En même temps, oui. En même temps, non. Parce que je me dis, s'il faut que je me les fasse dix fois, c'est croisé, je me les ferai dix fois. Et je m'en fous, je reviendrai. Et en même temps, oui. Parce que j'en ai quand même bien chié. Il n'y a pas d'autres mots. Ça a été galère. C'est surtout... Mentalement, c'est vraiment dur. Donc, je n'avais pas envie de revivre ça. Mais sinon... je m'étais dit s'il faut que je me les refasse c'est comme ça je me les referai je peux pas je vais tout faire pour que ça soit solide et que et que ça se passe bien mais si ça doit se repasser ça se repassera je peux pas lutter

  • Näilé

    bon mais en tout cas comme tu dis pour l'instant tu touches du bois tout va bien cette année on est encore en 2023 donc je peux te dire encore cette année t'as participé à pas mal de compétitions alors aussi des compétitions qui sont pas forcément sur le circuit de l'IFSC c'est un peu des moments aussi qui sont sympas je pense au Toutablock, je pense aussi au Masters of Fire

  • David

    pour toi ça évoque quoi ces compétitions en dehors du circuit où l'ambiance est carrément différente je crois que c'est une des choses de ce pourquoi j'aime l'escalade c'est l'ambiance des grimpeurs de ces contests là de l'énergie de tout le monde qui fait que c'est des moments qui sont vraiment incroyables et j'en avais un peu oublié l'énergie un peu qui est différente, qui est pas moins bien ou... qui est juste différente d'un peu du groupe France et tout ça et je crois que j'ai besoin des deux pour faire que j'aime l'escalade, j'ai besoin un peu de la compète entre guillemets officielle et de ces contests qui m'apportent beaucoup plus de je sais pas, de légèreté peut-être de chaleur de bienveillance

  • Näilé

    Alors question piège entre le Tout à bloc et le Masters of Fire lequel tu préfères ?

  • David

    le Masters of Fire je pense que c'était la première édition sur laquelle j'allais mais c'était vraiment incroyable et ça a été vraiment le moment où je me suis dit ça y est je suis heureux dans la course entre guillemets J'ai un peu retrouvé du niveau, je prends plaisir à grimper, je ressens le besoin d'être avec tous ces grimpeurs et de partager un moment de grimpe et de vie avec eux. Donc ça a été vraiment incroyable comme week-end.

  • Näilé

    C'est les Belges qui font que l'ambiance est aussi folle que ça à ton avis ? C'est les participants ? Qu'est-ce qu'ils font ?

  • David

    Je pense que c'est un mix des deux parce que l'un sans l'autre ça marche pas mais c'est des contests où tout le monde est trop content d'aller et personne n'y est obligé il n'y a pas de contraintes, il n'y a rien tout le monde y va par pur plaisir, par pure passion pour l'escalade et pour la fête aussi parce qu'il y a aussi une fête où on est tous ensemble après et ça aussi ça nous rend plus heureux tout simplement, du coup je pense que c'est vraiment en mix des deux

  • Näilé

    Yes, chouette trop bien, ça fait super plaisir de t'entendre comme ça, parler de parler de ces contests et du fait que ça te rende aussi heureuse, ça fait plaisir à entendre on a dit que tu n'avais pas de bonne résolution pour l'année prochaine je sais que évidemment tu vas faire tout ton possible pour les coupes du monde et je te souhaite de parvenir à tes objectifs est-ce que en dehors de cet objectif qui est quand même hyper déjà hyper important est-ce que tu as des projets pour l'année prochaine ?

  • David

    des projets j'aimerais bien peut-être essayer un FAC qui me corresponde vu que voilà bon j'ai fait 15 ans le 8C+, mais je me dis si je trouve quelque chose qui me correspond et que je peux que je peux vraiment essayer ça peut peut-être le faire donc j'aimerais bien trouver un truc pas trop loin de chez moi ça ça pourrait être cool et sinon on a essayé de chercher mais bon pour l'hiver tout est mouillé autour de chez nous donc ça marche pas et puis pour l'été on sait pas trop on se laisse le temps d'y réfléchir voilà

  • Näilé

    et bien on va suivre ça avec attention l'année prochaine trop bien merci Noël, est-ce que tu voudrais remercier des personnes pour conclure cette petite heure ensemble ?

  • David

    Ben ouais, j'aimerais bien remercier Kévin Arme, du coup mon entraîneur qui continue à me suivre malgré mes péripéties et tout ça malgré mes blessures, malgré mes temps de pause qui n'a jamais rien lâché et qui a toujours créé en moi, donc ça je pense que c'est vraiment un point important, et puis toute ma famille qui me soutient, mes amis la communauté des grimpeurs qui est vraiment très chouette je pense et puis voilà

  • Näilé

    Très bien, merci beaucoup pour ton temps aujourd'hui Merci à toi Je te souhaite de joyeuses fêtes et je te dis à bientôt

  • David

    Oui, à bientôt

  • Näilé

    Et voilà, c'est fini pour cette fois Merci d'avoir écouté cette interview jusqu'au bout J'espère que tu as appris plein de choses Si tu as la moindre remarque, question ou suggestion, tu peux me contacter par email ou sur Instagram Tous les liens sont dans la description de l'émission Allez bonne grimpe et à bientôt !

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Description

Parcours d’une combattante : burnout, blessures et retours gagnants.


Naïlé Meignan est la cadette d’une fratrie où l’escalade a toujours occupé une place importante. A 8 ans elle grimpait déjà dans le 8e degré, à la faveur des van trips en falaise avec ses 3 grand frères et sa grande soeur.


Cette année, Naïlé a franchi de nouveaux paliers. En falaise avec son premier 8c+. Et tout récemment en équipe de France en décrochant sa place pour participer aux coupes du monde.


Dans cette conversation enregistrée juste avant la fin de l’année 2023 on est revenu sur le parcours de Naïlé en abordant les embûches (décision d’arrêter l’escalade, retour après un an de break, blessures deux saisons de suite) et les succès (quadruple championne d’Europe jeune bloc et championne du monde jeune bloc).


Allez, bonne écoute !


Cet épisode est aussi disponible en vidéo sur Youtube 📺


Instagram ↗️ https://www.instagram.com/allezpodcast/

Youtube ↗️ https://www.youtube.com/@AllezPodcast

Contact ✉️ allez.podcast@gmail.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • David

    Salut et bienvenue sur Allez, le podcast qui parle d'escalade. Que tu sois en train de pédaler, de courir, de conduire ou de t'entraîner, avec cette émission tu vas pouvoir écouter des grimpeuses et des grimpeurs te raconter leur histoire. Le but c'est qu'ils te partagent leurs visions, leurs expériences, leurs difficultés, bref, qu'ils te transmettent leur passion et t'inspirent à repousser tes propres limites. Allez, c'est un rendez-vous hebdomadaire, dispo gratuitement tous les samedis sur les plateformes d'écoute et sur YouTube. Allez, à tout de suite.

  • Näilé

    Allez !

  • David

    Allez ! Allez !

  • Näilé

    Allez ! Allez ! Allez ! Allez ! Allez !

  • David

    Eh ben salut !

  • Näilé

    Ça va, ça va, ça va. Un peu de soleil serait bienvenu.

  • David

    Comment est-ce que tu abordes les fêtes de fin d'année ?

  • Näilé

    J'ai hâte, parce que là, depuis que j'ai repris l'entraînement en février à peu près... En mars, je n'ai pas arrêté de m'entraîner et là, je vais prendre une pause d'escalade pendant ces vacances de Noël. Du coup, j'ai vraiment hâte de souffler un peu, de prendre du recul sur tous les entraînements de l'année jusqu'à maintenant.

  • David

    Ouais, grosse année pour toi. Ça a été un peu une année de reprise, non ?

  • Näilé

    Oui, exactement. J'ai repris l'entraînement, donc ça a été dur. Il a fallu vraiment se donner à fond. J'ai passé tout mon été à m'entraîner. Je n'ai pas profité de mon été. Enfin, profiter. On profite quand même. On est heureux de s'entraîner, mais c'était différent. Et là, j'ai hâte de reposer un peu tout ça pour essayer de faire mon mieux sur la saison 2024 qui commence.

  • David

    Justement en parlant de 2024 quelles sont les bonnes résolutions ? Je pense qu'envie de dire c'est la question obligatoire à cette époque de l'année

  • Näilé

    Les bonnes résolutions je crois que j'en ai jamais prise mais j'aimerais vraiment être épanouie dans l'escalade et dans ma vie en général pouvoir donner le meilleur de moi dans tous les domaines auxquels j'aborde

  • David

    C'est déjà pas mal si tu le veux bien je voulais revenir sur quelque chose que tu as dit récemment là je parle de ton dernier post il me semble sur Instagram tu disais très heureuse de remonter sur les tapis en compète et j'aime ça pour de vrai je crois bien avec un petit smiley avec la larme à l'oeil J'ai l'impression qu'il faut un peu lire entre les lignes pour comprendre ce message. Qu'est-ce que tu voulais dire exactement ?

  • Näilé

    Mon parcours, il est un peu particulier dans le sens où il y a maintenant 3-4 ans, j'avais pris un an de pause d'escalade parce que justement, j'étais devenue un peu en burn-out. Je ne savais plus pourquoi je faisais ça. Je faisais ça depuis que j'étais née presque et c'était devenu une routine. J'avais besoin vraiment de me dire. ben pourquoi tu fais ça ? Qu'est-ce qui te motive ? Trouve vraiment au fond de toi qu'est-ce qui te pousse à faire ça ? Du coup j'avais repris l'entraînement un an après en me disant ça m'avait manqué, j'ai envie de ça et j'ai envie de retrouver cette énergie-là. Et du coup un an après je suis revenue à mon meilleur niveau et j'ai fait la meilleure perf que j'avais jamais fait de ma carrière en étant championne du monde jeune. et trois mois après je me fais les croisés et deux années consécutives et donc là ça a été vraiment de me dire ben un peu ce décalage entre j'ai pris ce temps pour moi et j'ai l'impression que ça m'a apporté énormément de choses énormément de réponses de mon rapport à l'escalade et finalement ces deux blessures consécutives elle vient de me casser dans mon élan et je peux pas exprimer tout ce que j'ai tout ce à quoi j'ai réfléchi tout ce à quoi j'ai pensé ce qui m'a fait grandir au niveau de l'escalade quoi. Du coup là, de re-revenir, ça me remontre encore tout ce que j'ai pu acquérir pendant ces deux années, tout ce que j'ai acquéri pendant l'année de ma pause aussi et que j'ai pas pu mettre en application sur l'année où je suis revenue. Et là de remonter sur les tapis, ouais je sens que je commence à avoir vraiment... un beau sac à dos, un petit peu, je ne sais pas comment dire, mais avec beaucoup d'outils dedans. Et voilà, j'ai vraiment hâte de pouvoir l'exprimer pleinement.

  • David

    C'est assez génial ce que tu dis, parce qu'on a l'impression que tu as vécu des montagnes russes, avec des hauts, des bas. Il y a plein d'éléments sur lesquels j'ai vraiment envie de revenir avec toi, sur ce côté motivation qui est important. sur ce côté aussi routine tu l'as dit et puis sur tous ces événements qui ont été marquants pour toi la compétition, la blessure la pause aussi qui a pu te faire du bien et puis aussi ce que tu disais c'est ton évolution dans le rapport avec l'escalade que tu peux avoir la première chose que je voulais te demander tu l'as un petit peu évoqué c'est que tu as commencé très jeune tu es d'une famille de grimpeurs et de grimpeuses Il y a 5 frères et soeurs dans ta famille, c'est ça, qui sont un peu tous grimpeurs ?

  • Näilé

    Ouais. Ouais, bah du coup, à la base, mon papa, quand on est arrivés, tous les enfants, il était guidé haute montagne, et ma maman, elle faisait du judo à haut niveau. Du coup, on a fait un peu un mix des deux. On a pris l'escalade du côté de mon papa et le sport de haut niveau du côté de ma maman. Et on a tous fait un peu de l'escalade à haut niveau. Voilà, ça a commencé comme ça. Moi du coup oui, je suis la dernière d'une fratrie de 5 et quand je suis arrivée tout le monde grimpait donc voilà moi aussi j'ai grimpé et voilà j'ai tout de suite accroché et j'ai jamais arrêté à part c'est un an en 2019.

  • David

    C'est vrai que quand on commence si jeune, il y a ce risque aussi d'être tellement focalisé sur une seule chose qu'on peut-être se dit je rate d'autres choses. Je m'avance un petit peu, mais peut-être que c'est une des raisons qui ont conduit à ce burn-out plus tard. Est-ce que tu dirais que tu as commencé presque trop tôt ?

  • Näilé

    Non. Proportionnellement, tout ce que ça m'a apporté et le peu que ça m'a desservi c'est… Bien sûr que j'ai bien fait de commencer tôt l'escalade. Je pense que ça m'a apporté énormément de choses déjà dans le début de ma carrière et j'espère dans la suite. Mais non, c'est juste un équilibre à avoir. Et puis, c'est hyper individuel parce qu'en fonction de ton évolution, tu ne le vis pas pareil. je pense qu'il n'y a pas de trop tôt ou trop tard c'est tant que dans ton corps t'es bien et que t'es ok avec ce que tu fais et comment tu le fais et je pense que c'est le plus important d'être au clair avec ce que tu fais et comment tu le fais est-ce

  • David

    que tu peux nous parler de ta pratique de l'escalade en famille puisque c'est bien ça, tout le monde grimpe donc comment ça s'organise chez toi, dans ta famille, entre tes frères et soeurs ton papa aussi, ta maman Quand vous faites des tripes escalade, quand vous allez grimper ?

  • Näilé

    C'était génial quand on était petits parce que pendant l'année scolaire, les cours, on s'entraînait au club Chambéry Escalade. et d'ailleurs je suis toujours dans ce club donc c'est trop bien parce que on voit la continuité et c'est chouette et puis pendant les périodes scolaires on s'entraînait et pendant les vacances, toutes les vacances on partait en camping-car on était 7 dedans et on partait en France dans le sud, en Espagne là on pouvait aller grimper et donc toute la troupe on partait ensemble et voilà, on faisait de la falaise pendant les deux semaines de vacances où les étés un mois, deux mois voilà,

  • David

    tous ensemble incroyable le rêve je pense que c'est le rêve pour beaucoup de parents de parents grimpeurs qui se disent c'est ça qu'on aimerait faire ouais c'était marrant parce que eux ma

  • Näilé

    maman elle grimpe pas du coup et mon papa il grimpe plus trop non plus mais juste l'énergie de nous tous ensemble faisait que ça nous plaisait d'aller faire ça

  • David

    La première trace que j'ai retrouvée de toi sur les internets, c'est ton premier 8a. Je ne sais pas si tu t'en souviens, mais c'était un 8a très précoce. Même au standard actuel où on voit des petits mutants débarquer, faire du 9a à 13 ans, etc. Mais alors oui, 8a à 8 ou 9 ans pour toi, c'était ?

  • Näilé

    Ouais, je crois que c'était 8 ans parce que je m'étais fait cette remarque de me dire qu'à 7 ans j'avais fait mon premier 7A et qu'à 8 ans j'avais fait mon premier 8A. Et du coup je m'en souvenais comme ça, comme mes mots.

  • David

    Super progression. Ensuite, il y a eu le premier 8B qui est arrivé assez vite, je crois que c'était l'année d'après.

  • Näilé

    Ouais, ça je ne me souviens plus exactement.

  • David

    ça devait être par là mais pour toi est-ce que c'est est-ce que c'est palier à l'époque est-ce qu'il te semblait important de quoi l'éconation

  • Näilé

    est-ce qu'il te semblait symbolique par rapport à ta progression par rapport à ton plaisir par rapport à tes frères et sœurs aussi en termes de comparaison non moi en fait c'était vraiment un challenge de trouver des voies qui étaient à mon max de mon niveau mais qui étaient aussi compatibles à 8 ans surtout on est minus quoi c'est super dur de grimper dehors du coup c'était vraiment un challenge Ce truc de dire, punaise, qu'est-ce que je peux faire comme voie la plus dure que je puisse faire, mais que je puisse quand même la faire physiquement. C'était plus un jeu que de me dire, tu ne te rends pas trop compte, tu as 8 ans, 9 ans, 10 ans, des cotations, tu ne sais pas trop ce que ça veut dire, tu sais juste que c'est plus dur que ce que tu as fait la dernière fois.

  • David

    Je pose cette question parce que je n'arrive pas à me rendre compte de ce que ça peut signifier pour un enfant, les cotations.

  • Näilé

    c'est vrai que tu puisses avoir un début de réponse non moi j'ai pas trop de réponse là dessus à part dire que ouais c'était le challenge de trouver ce qui pouvait aller à notre morphologie quoi

  • David

    8C à 12 ans et le premier 8C+, c'était il y a plus de 10 ans en fait Ouais, et c'était chez toi, en Savoie. Ouais. Et ça, c'est une expérience beaucoup plus récente. C'est une voix qui s'appelle Déclaque. Est-ce que tu peux nous parler de cette voix un petit peu ?

  • Näilé

    Ouais, et ben du coup quand j'étais petite, je l'avais déjà essayé cette voie, sauf que physiquement c'était trop dur, ça allait pas, c'est des grands moves dans du toit, dans du physique, donc je m'étais dit bon bah tant pis. Et puis là l'été dernier, comme je disais, j'étais à fond dans l'entraînement, et mon coach Kevin Hart qui m'a dit, mais là t'as le temps, pourquoi genre une ou deux journées par semaine tu irais pas faire de l'extérieur ? J'étais là, mais oui c'est vrai, pourquoi j'y ai pas avancé avant en fait ? Et du coup, fin de l'été, je suis allée dans cette voie. La première partie, c'est un 8B+, c'est des clics. Et je l'ai fait assez rapidement, j'ai dû mettre 5-6 montées. et puis je me suis dit bon bah voilà 8B+, trop bien qu'est-ce que je peux faire peut-être un 8C, quelque chose comme ça et puis mes copains de Chambé ils m'ont dit va voir la suite parce que c'est vraiment la continuité de l'effort et la suite de la voie du coup je suis allée dedans et en 4 montées je l'ai fait du coup voilà mon premier 8C+, j'étais là ouais trop bien c'était trop cool premier 8C+, expliqué ouais ça y est

  • David

    Est-ce que pour toi cette nouvelle cotation que tu atteins elle est révélatrice de changement ou d'évolution chez toi dans ta pratique de l'escalade ces dernières années ?

  • Näilé

    Ouais déjà de dire que ça faisait hyper longtemps que je n'avais pas fait de falaise et de me dire ton corps il s'est encore fait rire et tu aimes trop ça pour de vrai donc j'aimerais vraiment trouver des voies qui me correspondent et pouvoir exprimer aussi mon potentiel là-dedans parce que finalement ça marche quand même Et puis en fait, ça a été aussi sur le plan de l'entraînement, parce que j'avais vraiment le nez dedans, avancer, faire mes séances, machin, et là de prendre un peu de recul et de me dire que sur une voie de diff, alors que je m'entraîne que pour le bloc, j'arrive à faire un 8C+, bon certes, qui me correspondait très bien, mais ça veut dire quand même qu'en termes de physique, j'avais vraiment avancé sur les entraînements jusqu'ici.

  • David

    C'est vrai que tu consacres énormément de temps à l'entraînement et principalement pour la compétition. C'est bien ça ?

  • Näilé

    Oui, exactement.

  • David

    D'ailleurs, l'année prochaine, on aborde une nouvelle année. Est-ce que tu as des objectifs particuliers pour cette année ?

  • Näilé

    J'aimerais bien prendre une place en équipe de France et aller faire les Coupes du Monde. C'est l'objectif.

  • David

    Ouais parce que finalement ces coupes du monde t'as déjà voulu t'y frotter mais c'est cette fameuse blessure qui t'en a empêché. Donc voilà c'est ça le Graal pour toi cette année c'est d'aller chercher une qualification.

  • Näilé

    Ouais, parce qu'en 2019, j'avais fait mes premières Coupes du Monde, mais je n'étais pas, je pense, assez mature et prête dans ma tête. Ce n'était pas possible. Sur le circuit jeune, j'arrivais très bien à m'exprimer, mais sur le circuit senior, c'était trop difficile. Du coup, je n'avais pas réussi à m'exprimer. Et puis après, voilà, la blessure et tout ça, et je n'ai pas pu en refaire depuis.

  • David

    À ce moment-là, tu avais quel âge ?

  • Näilé

    19 ans. Non, attends, là, j'ai 19 ans. Donc c'était ma première année, j'avais 7 ans je pense, oui. Ma première année cadette.

  • David

    je peux comprendre que ça peut être compliqué à 16 ans d'avoir la tête froide et les épaules pour affronter ce genre d'épreuve avec des personnes qui sont sur le circuit depuis plusieurs années qui sont impressionnantes qui ont peut-être été tes modèles ou tes idoles en tout cas tu as eu un parcours sur le circuit jeune qui est assez impressionnant. Je ne sais pas si toi, tu veux en parler ou si tu préfères que j'énumère tout ce que tu as fait.

  • Näilé

    Non, je ne sais pas. Je dirais que sur les années jeunes, j'arrivais vraiment bien à m'exprimer et à montrer justement le meilleur de moi-même sur un moment donné et le moment où on me le demandait. Du coup, c'était vraiment satisfaisant et c'était vraiment incroyable comme expérience.

  • David

    Sur la compétition, est-ce que tu dirais que c'est plus ta maman ou c'est plus ton papa qui t'a poussé sur ce chemin ? Tu disais que ta maman était compétitrice judoka.

  • Näilé

    Je pense que c'est sûr que c'est ma maman qui nous a plus poussé vers le haut niveau. Parce qu'elle a été en équipe de France de judo pendant 10 ans. Donc elle connaissait bien ce milieu de la compétition et du haut niveau. Donc je pense que c'est vraiment elle qui nous a poussé là-dedans.

  • David

    alors jusqu'à présent t'es quadruple championne d'Europe jeune en bloc c'est bien ça ? faut pas que je fasse d'erreur également championne du monde jeune en bloc ouais donc quand même un sacré parcours j'ai envie de te demander dans cette cette Cette courte carrière, quels ont été les moments les plus difficiles pour toi à gérer jusqu'à présent ?

  • Näilé

    Les moments les plus difficiles, je pense que c'est l'année 2019. C'est cette fin d'année où j'ai pris la décision d'arrêter l'escalade à durée indéfinie, mais finalement qui n'aura duré qu'une seule année. Parce que justement, j'allais aux compétitions parce que je faisais de la compète, j'allais aux Coupes d'Europe parce que j'étais en équipe de France. C'était vraiment, je ne savais plus pourquoi je faisais ça, ça ne me plaisait pas de m'entraîner, je n'avais pas envie de faire ça, j'avais envie de grimper. Et du coup, ça a été vraiment toutes les compétitions. Jusqu'à septembre 2019, la dernière compétition c'était les championnats d'Europe. Je les ai gagnés et je ne sais pas comment je l'ai fait parce que franchement, je pense que je n'aurais pas mérité de les gagner vu mon état d'esprit et vraiment comment j'abordais la compétition à ce moment-là. Mais je pense que cette année, ça a été la plus difficile parce que je n'étais pas dedans. J'avais eu des blessures, des douleurs. Je n'étais pas du tout bien dans mon corps et dans ma tête.

  • David

    Est-ce que ça a été une décision difficile à prendre ? Est-ce qu'à ce moment-là, tu te disais que c'est peut-être définitif ?

  • Näilé

    Ça a été une décision dure à prendre, mais inévitable dans le sens où là, j'étais au bout, je ne pouvais plus faire autrement. Donc, je me suis dit que si j'avais eu un choix, j'aurais dû le faire plus tôt. Là, c'était trop tard. Je n'avais plus de choix que d'arrêter et de vraiment me couper de ça parce que c'était... ça en devenait vraiment pas confortable du tout.

  • David

    Et en dehors des compétitions, est-ce que tu as continué à grimper ou est-ce que tu as aussi fait une grosse pause sur ton rythme d'escalade ?

  • Näilé

    Je crois que pendant un mois et demi, deux mois, j'ai arrêté l'escalade complètement, donc je n'ai pas du tout grimpé. Et après, j'ai repris l'escalade pendant toute l'année où j'ai arrêté. Mais c'était vraiment quand j'avais envie de grimper, je grimpais. Si je n'avais pas envie, je ne grimpais pas. Des fois, ça m'arrivait de grimper trois fois par semaine. Des fois, je ne grimpais pas pendant une semaine. C'était vraiment à l'envie, comme j'avais envie d'organiser mon temps.

  • David

    Donc, il y a eu un moment où tu t'es dit, peut-être que j'aurais envie de revenir. sur les tapis de compétition. Est-ce que ça a été un cheminement plutôt qu'un déclic ?

  • Näilé

    Oui, ça a été un cheminement dans le sens où je me suis demandé qu'est-ce qui m'avait déplu sur l'année précédente, pourquoi j'avais envie de revenir sur la compétition et comment j'avais envie de revenir pour que ça soit différent et que je ne retourne pas dans ce système un peu de mal-être. Et du coup voilà, je pense que j'ai eu l'idée en tête... au mois de juillet 2020 et que j'ai repris l'entraînement en septembre avec Kevin 2020.

  • David

    Ce que j'aimerais vraiment comprendre, c'est que tu dis qu'il y a eu ce moment où tu n'avais plus la motivation. Tu trouvais que c'était devenu une routine finalement de t'entraîner pour aller faire des compétitions. J'aimerais savoir aujourd'hui ce qui te motive. quand tu vas aux entraînements, quand tu consacres énormément de ton énergie et de ton temps à t'entraîner, qu'est-ce qui te motive vraiment aujourd'hui ?

  • Näilé

    Je crois que j'aime vraiment le mouvement de l'escalade. J'adore pratiquer l'escalade. Il y a souvent ce décalage avec les gens qui disent moi j'adore l'escalade dans sa généralité, j'adore l'histoire de l'escalade, j'adore toutes les versions de l'escalade un peu. Et moi ce que j'aime vraiment dans l'escalade, c'est le mouvement, c'est le faire. Produire le mouvement pour grimper, je trouve ça trop chouette en fait, j'adore ça. C'est ça qui me motive dans l'escalade je crois. C'est un peu original mais je crois vraiment que c'est... c'est tout ce qui se passe dans mon corps quand je grimpe qui me fait que j'aime ça et que j'ai envie de m'entraîner pour le pousser au maximum

  • David

    Yes, génial alors tu as choisi de t'entraîner avec Kevin Ark comment est-ce que tu décrirais cette relation et puis aussi comment est-ce que ça s'est passé quand tu as dit à Kevin ça fait un an que je n'ai pas fait de compétition j'ai envie de revenir j'ai envie de revenir plus forte et qu'est-ce que lui t'a proposé ?

  • Näilé

    avec Kevin ça fait longtemps qu'il me suit je pense que ça va bientôt faire 10 ans donc ça date un peu et du coup on se connait par coeur c'est assez fusionnel moi je le vois un peu comme mon grand frère et je pense que lui il me voit aussi un peu comme sa petite soeur dans le sens où c'est naturel il n'y a pas de il n'y a pas de voilà enfin c'est très facile quoi comme relation ça a été marrant parce que justement en septembre non en juin 2020 quand je lui ai dit bah voilà j'ai envie de reprendre l'entraînement c'était plus lui qui était sur la retenue de me dire je sais pas si tu te rends compte à quel point genre ce que tu me demandes c'est complètement compliqué et un peu euh et un peu fou il me disait est-ce que tu sais vraiment ce que tu me demandes est-ce que tu en as vraiment envie il était plus là à me questionner si j'étais vraiment sûre de moi que si j'étais sûre de moi il m'a dit je t'emmène au plus haut niveau avec toi avec plaisir et 100% est-ce que tu es vraiment sûre de ce que tu me demandes et de tous les sacrifices que tu vas devoir faire pour trouver ce niveau est-ce que tu penses qu'il avait des doutes par rapport au fait que tu avais fait ce break Non, il n'avait pas de doute parce que quand je lui ai dit je vais arrêter, il m'a dit je comprends et je le ressens. Je pense que lui aussi, il voyait bien que ça n'allait pas, que je ne pouvais pas faire vraiment autrement. Mais c'est plus dans la façon de revenir, je pense qu'il ne s'imaginait pas forcément que j'allais vouloir revenir au plus haut niveau de ce que je pouvais être. Peut-être qu'il aurait imaginé que je reprenne l'entraînement pour me faire plaisir ou pour faire des perfs dehors. Mais je crois pas qu'il s'attendait à ce que je lui demande de continuer pour retrouver le meilleur niveau sur les compétitions.

  • David

    Tu veux dire qu'il pensait presque que c'était pas réaliste de ta part de s'attendre à refaire de la compétition de haut niveau ?

  • Näilé

    Ouais, dans le sens où il avait peur que j'ai pas toutes les... tout ce que j'allais devoir mettre en place et mettre en oeuvre en tête pour réussir et que je sois un peu que je minimalise le travail en fait je pense qu'il était plus dans cette optique là il

  • David

    voulait être sûr que je vois tout ce qu'il y a à faire et que j'en étais ok que tu sois lucide et pas trop naïve par rapport au fait que ça demandait un fort investissement voilà exactement Qui d'autre t'accompagne au quotidien pour t'entraîner ?

  • Näilé

    Je suis un peu en lot solitaire, je m'entraîne pas mal toute seule. Mais après, il y a des partenaires de grimpe comme Maël Grenier, je m'entraîne souvent avec lui. Et puis après, il y a les gens du pôle aussi. Enfin voilà, c'est plein de personnes qui m'accompagnent au quotidien dans mes séances. Mais sinon, je m'entraîne toute seule globalement.

  • David

    toute seule mais donc souvent avec Kevin ou est-ce que Kevin n'est pas toujours sur ton dos non

  • Näilé

    Kevin n'est jamais sur mon dos principalement parce qu'il est à Nantes et que moi je suis à Chambéry donc vu qu'on est à distance il me suit par vidéo, moi je me filme quand je grimpe et puis après je lui partage mes séances etc et puis on se fait des retours quotidiens je dirais mais du coup non je suis vraiment toute seule Kevin c'est un ancien chambérien ouais en fait à la base il vient de Nantes il est venu sur Chambéry quelques temps puis après il est rentré sur Nantes pour des questions professionnelles on avait déjà parlé de lui alors je ne l'avais pas invité mais j'avais invité quelqu'un que tu dois connaître c'est Hervé Di Domenico ils

  • David

    ont écrit un livre ensemble qui s'appelle Est-ce qu'elle a des performances que tu dois connaître aussi je crois qu'il y a des photos de toi oui je connais bien oui oui parenthèse fermée donc tu reprends l'entraînement ça c'était en 2020 et l'année suivante en 2021 tu deviens donc championne du monde jeune en bloc qui est ta spécialité actuellement est-ce que tu peux nous parler déjà de l'avant comment est-ce que est-ce que tu as ressenti avant d'arriver au championnat du monde que tu avais tes chances déjà

  • Näilé

    C'est compliqué parce que cette année, de reprise, Kevin ne m'avait pas menti. Ça a été vraiment dur de revenir. Et puis surtout, quand on connaît son niveau au max, d'être à 40% de ses capacités et de devoir se donner à fond, c'est vraiment dur ça aussi. Mais du coup, il faut s'imaginer qu'en septembre, j'ai repris l'entraînement et qu'en août d'après, il y avait les championnats du monde. Donc, ce qui me laissait moins d'un an pour revenir à mon meilleur niveau. Et du coup, ça a été vraiment compliqué. Toute la saison parce qu'il fallait s'entraîner, mais il y avait déjà les compétitions qui arrivaient et les résultats n'étaient pas à la hauteur de mes espérances. Dans le sens où... J'ai été obligée de m'entraîner jusqu'à super tard dans la saison pour pouvoir être forte pour les mondes. Mais ça veut dire que toutes les compétitions avant, je n'étais pas prête pour les compétitions d'avant. Et donc toute l'année, je me suis un peu fait ratatiner. Sauf au championnat d'Europe où l'entraînement porte enfin ses fruits et j'arrivais à montrer ce que j'en étais capable. Donc je finis championne d'Europe et là, ça me remonte un peu le moral. Et puis après... Sur les mondes, j'avais vraiment envie d'être sur le podium et je pensais être capable de faire le podium. Mais c'est vraiment sur le tour des qualifications, après les qualifs, que je me suis dit Le titre, je peux aller le chercher. Si je grimpe correctement, je peux aller le chercher. Du coup, là, ça a été vraiment motivant après pour le tour de demi-finale.

  • David

    Donc tu arrives sur les championnats du monde en te disant je me sens bien je vois que j'ai des bonnes sensations et ça peut le faire

  • Näilé

    Ouais ça je l'avais senti avant

  • David

    Est-ce qu'il y a une méthode en particulier à laquelle tu penses que vous avez mis en place avec Kevin ou quelque chose en particulier je sais pas qui fait que vous en êtes arrivé à ce résultat d'être déjà, de se sentir bien pour aller jusqu'à la finale d'une Coupe du Monde un an après avoir fait une pause d'un an ? Pardon, un championnat du monde.

  • Näilé

    C'est un peu bizarre à dire, mais je pense qu'il nous a aidés, c'est qu'on était vraiment dans l'instant T et qu'on avait un objectif précis et qu'on allait chercher cet objectif et que même si c'était dur de se prendre un peu des ratasses sur les compétitions d'avant, on savait que peu importe, l'objectif était les championnats du monde et quoi qu'il arrive, on allait faire le meilleur pour être la plus forte et la plus prête sur tous les points de vue aux championnats du monde. Et que là, je suis aux championnats du monde, donc je suis prête. Donc ça y est, je peux montrer le meilleur de ma grimpe. Je pense que c'était vraiment cette conscience réciproque et de se dire, peu importe, on a un objectif, on y va. Et puis voilà.

  • David

    C'est ça, c'est-à-dire, peu importe les embûches, ce qui compte, c'est vraiment cet objectif-là. Le reste, il faut remettre les compteurs à zéro, il ne s'est rien passé.

  • Näilé

    Oui, voilà.

  • David

    On arrive au championnat du monde, c'est une nouvelle histoire.

  • Näilé

    Voilà, c'est ça. Exactement.

  • David

    T'en gardes quel souvenir de cette compétition ? Comment ça s'est passé ? En fait, ça s'est extrêmement bien passé du début à la fin. J'avais confiance en moi, j'avais hyper envie. J'avais vraiment cette énergie qui était plus forte que moi de me dire, là, tu as tout fait pour être là à ce moment-là, tu y es. Enfin, lâche-toi, fais du mieux que tu peux. Et c'était vraiment plus fort que moi. Je n'avais pas l'impression... Je n'ai pas beaucoup de souvenirs physiques de cette compétition ou quoi que ce soit. C'était vraiment de me dire... J'ai un peu surpassé cet événement dans le sens où... C'est toute l'énergie qu'il y avait à côté qui m'a apporté à ce titre. physiquement, je n'ai pas beaucoup de souvenirs. Je ne me souviens pas des blogs, je ne me souviens pas de comment c'était, etc. C'était juste un peu surnaturel.

  • Näilé

    J'ai envie de te poser une question un peu sur l'envers du décor d'une compétition. Nous qui sommes des spectateurs, on ne voit pas ce qui se passe en isolation pendant les compétitions. Et on se demande toujours, mais à quoi est-ce qu'on peut bien penser avant une finale ? qui est un enjeu quand même important dans une vie de compétiteur, puisque c'est l'aboutissement de beaucoup d'efforts. Toi, qu'est-ce que tu fais quand tu es en isolation en général et qu'est-ce que tu as fait peut-être juste avant la finale de ce championnat du monde ?

  • David

    Ben moi juste avant une finale je découpe un peu mon temps, au début j'essaye à découter de la musique plutôt tranquille qui me pose et qui me permet justement de me recentrer sur moi et de ressentir mes émotions, d'être calme, d'être ok avec ce que je fais et ce que je vais faire. Après je m'échauffe donc ça voilà la partie classique, je grimpe et tout ça et ensuite il y a une partie importante où je mets du son plutôt énergique dans mes oreilles et je commence un peu à... à essayer de ressentir l'énergie de la salle, l'énergie de la compétition, de l'enjeu et tout ça, et de me motiver et de me dire il faut aller attraper toutes les prises finales des blocs et c'est parti. Mais cette phase-là, elle est vraiment assez courte, mais elle est vraiment puissante et je trouve que j'arrive vraiment à me transformer un peu et de me dire c'est parti.

  • Näilé

    Tu fais le switch à un moment où tu te dis ça y est, c'est... j'ai le feu là ça y est j'y vais ouais c'est ça ouais par rapport aux autres compétiteurs qui sont avec toi en isolation est-ce qu'il y a une relation particulière qui est différente en dehors d'une compétition quand on est en isolation parce qu'il y a les autres qui s'échauffent les autres qui montrent un petit peu aussi où ils en sont à l'échauffement qui essayent de montrer qu'ils ont confiance en eux comment est-ce que tu vis ce moment par rapport à ceux qui sont autour de toi

  • David

    Bah moi je trouve que c'est complètement différent d'un entraînement ou quoi que ce soit parce que ben on est là pour performer et enfin je trouve que les autres chacun se met un peu dans sa bulle il y en a qui rentrent un peu plus dans le jeu des autres en essayant de montrer leur niveau de montrer qu'ils sont en forme de montrer qu'ils sont voilà qu'ils ont de la force etc mais je trouve c'est quand même vraiment différent dans le sens où Malgré ce jeu un peu de comment on dit d'intimidation on essaie vraiment tous de se remettre un peu chez soi pour justement prendre du recul sur la situation et essayer de faire notre échauffement correctement, de ne pas se faire déborder et de donner le meilleur de soi-même après.

  • Näilé

    Donc, cette finale, tu l'abordes plutôt sereinement, si j'ai bien compris. Et tu finis première. Tu finis sur la première marche du podium. Comment est-ce que tu... Quel a été le moment le plus fort pour toi émotionnellement ? Est-ce que c'est le moment où tu apprends ton résultat ? Où tu te dis ça y est là c'est pour moi ? Ou est-ce que c'est le moment un peu plus solennel où tu montes sur cette première marche ?

  • David

    Je crois que le moment le plus fort, au fond de moi, ça a été le moment où je ramène sur la dernière prise du dernier bloc, parce que je savais que si je le faisais, peu importe mon nombre d'essais, j'étais championne du monde. Du coup, dès que j'ai ramené, c'était instantané, parce que je le savais directement en grimpant, donc ça c'était vraiment fort. Mais après, le moment où tu étais sur le podium, tu chantes la Marseillaise, et il y a tous tes copains de l'équipe de France devant toi, qui te regardent, la main sur le cœur avec... enfin tu vois avec des étoiles dans les yeux parce qu'ils partagent ça avec toi c'est vraiment un moment qui est vraiment très fort aussi il y avait ta famille qui était là aussi ?

  • Näilé

    Non. Et Kevin, peut-être ?

  • David

    Non, qui n'était pas là non plus, mais pareil, à la maison.

  • Näilé

    À la maison. Deux ans avant toi, sur ce même podium, c'était Luz qui était montée à la première place. Est-ce que c'était quelque chose que tu avais en tête à ce moment-là ?

  • David

    Ouais, parce que la personne qui a repris son titre, c'était moi. Et ça, c'était vraiment aussi quelque chose de fort et qui me tenait à cœur dans le sens où c'est un certain hommage que je lui ai rendu en reprenant ce titre derrière elle. Parce qu'il y avait eu l'année 2021 où il n'y avait pas eu de compétition.

  • Näilé

    Alors là tu m'arrêtes tout de suite si tu veux pas répondre à ma question mais toi et Luz vous vous connaissiez très bien, elle aurait eu 20 ans cette année, est-ce que toi tu veux parler de cette relation que tu as eu avec Luz ?

  • David

    Ben Luz du coup on se connait depuis qu'on est toutes petites. Parce que, ben voilà, on était dans la même catégorie. Donc elle, au début, elle était dans son club au Touvet. Je ne sais plus vers quel âge à peu près, mais je dirais vers ses 9 ans, quelque chose comme ça. Et puis après, elle nous a rejoints au club de Chambéry-Escalade. Et ça a été vraiment fusionnel. Je pense que ça a été une des personnes où, ben tu vois... tu te ressembles et tu te complètes. On se disait un peu qu'on était le ying et le yang, tu vois. On faisait qu'un quand on était ensemble, mais en même temps, on était différentes dans nos points de vue, dans notre façon d'être. Et je pense que c'est ça qui nous rendait vraiment plus fortes et plus folles aussi, toutes les deux. Vraiment, on était... Ouais, c'était une relation vraiment très forte qui ne m'a pas apporté, et comme tout, je ne me rendais pas compte de la puissance et la force de cette relation. Et quand on ne l'a plus, c'est forcément là où on se rend compte et là, c'est vraiment dur. Surtout qu'on était très jeunes et qu'on ne s'y attend pas, on ne comprend pas ce qui se passe. Et voilà, c'est un moment vraiment qui n'est pas facile dans une vie d'adolescente.

  • Näilé

    Oui, parce que vous avez eu des... Une évolution très similaire, elle et toi, vous avez commencé l'escalade jeune, vous avez fait de la compétition, vous étiez dans le même club, vous grimpiez souvent ensemble, vous connaissiez très bien, donc c'est une partie de ta vie qui s'arrête d'un coup.

  • David

    Oui, ça a été vraiment très brutal. Et ouais, il y avait un moment où on faisait tout ensemble, on s'entraînait ensemble, on allait en stage le week-end ensemble, on allait sur les compétitions ensemble, et voilà, on se connaissait par cœur, on avait beaucoup à apporter à l'autre, et l'autre nous apportait beaucoup, donc c'était vraiment une relation importante. Et ce... Par rapport à ce décès, j'en voulais énormément aussi à notre société, dans le sens où le deuil pour nous, c'est vraiment un point qui est trop dur, qu'on ne veut pas parler, qui est tabou, alors que c'est la suite de la vie, la mort, et que je trouve que ce n'est pas juste de nous enfermer et d'enfermer les enfants dans ce secret un peu, parce que quand ça nous tombe dessus... on ne peut pas apprendre à le gérer mais on peut le vivre différemment et j'en voulais un peu à la société de nous avoir un peu caché ça et de nous empêcher d'imaginer que d'un jour à l'autre même une personne qui a ton âge, elle peut partir et que ça rend la mort vraiment taboue ce qui a été difficile c'est que finalement tu n'avais pas les armes

  • Näilé

    pour affronter une épreuve comme ça ?

  • David

    Non, pas du tout. Et ouais, moi, j'ai jamais eu de décès avant l'USS. Donc, ça a été le premier et c'était ma meilleure amie. Donc, forcément, c'est un choc d'autant plus violent que ce qui aurait pu arriver. Je ne savais pas comment aborder, je ne savais pas comment ça se passait. Je ne savais rien, même des choses... basique, on ne nous la porte pas. Et je trouvais ça vraiment dommage dans notre évolution aussi, personnelle.

  • Näilé

    Yes. Merci d'avoir bien voulu répondre à ces questions. Je sais que ce n'est pas évident, forcément. Merci à toi. Merci. Je vais revenir à des questions qui te concernent un peu plus.

  • David

    Oui.

  • Näilé

    On vient de parler de cette finale des championnats du monde en 2021 qui se passe plutôt très bien pour toi. Tu repars avec l'or. Oui. Et donc, tu abordes, si on fait l'histoire chronologiquement, tu abordes 2022 en te disant, maintenant, la prochaine étape, ce sera les Coupes du monde. finalement, ça ne s'est pas passé comme ça.

  • David

    Oui. En fait, ce n'était même pas 2022, c'était décembre 2021. Donc, l'objectif, c'était vraiment de m'entraîner fort pour être à mon meilleur niveau et pour prendre ma place en équipe de France Senior l'année prochaine. Et puis, en décembre... je fais un bloc et puis là je tombe et en tombant j'aperçois un peu derrière moi une ombre enfin quelque chose du coup je me tombe pour l'éviter c'était un petit garçon une petite fille et puis je me casse le genou quoi je me ronds les ligaments croisés intérieurs et le ménisque en fait ta jambe est tombée raide c'est ça ? non en fait je suis tombée en tournant Je pense que ma jambe, elle est restée assez droite et que moi, j'ai essayé de tourner pour l'éviter. Et puis finalement, ça a tout cassé. Ça n'a pas tourné ensemble correctement.

  • Näilé

    Donc ça, c'est ligament croisé et aussi ménisque.

  • David

    Oui. Oui, ça, c'était vraiment un coup dur. J'étais vraiment dans... C'était le moment où j'avais été le plus forte de toute ma vie pour le moment sur le plan de la grimpe. Et j'avais qu'une seule hâte, c'était de pouvoir l'exprimer sur les Coupes du Monde. Et voilà, on m'a coupé l'herbe sous le pied avec cette grosse blessure qui demande beaucoup de temps et de rééducation. Et voilà, c'est vraiment une sacrée blessure quand même.

  • Näilé

    Comment ça s'est passé du coup ? Toute cette période où tu es blessée, où tu ne sais pas comment et quand tu vas pouvoir remonter sur les tapis en compétition, quel a été le diagnostic ? Quelles ont été les étapes pour revenir ?

  • David

    La prise en charge et le diagnostic, ça a été très très vite. le 2 décembre, je me blesse au soir, et le 3 au matin, j'ai déjà passé tous les examens nécessaires, et je sais ce que j'ai et ce que je vais devoir subir comme rééducation, opération, traitement, etc. Donc ça, ça a été très vite, je n'ai pas eu le temps de trop m'imaginer des choses, j'avais les informations très claires, très nettes, très précises tout de suite, donc ça, c'était plutôt un point positif, et puis après, on a dû attendre un peu que le genou désenfe, faire un peu de rééducation préopératoire pour renforcer les muscles autour, pour que l'opération se passe mieux. Et oui, j'avais oublié cette période. Début janvier, je devais me faire opérer, sauf que j'attrape le Covid, donc je ne peux pas me faire opérer. Ça repousse l'opération à six semaines. Et donc là, j'étais là, punaise, un mois et demi en plus, c'est rien, et en même temps, c'est énorme. Juste parce que j'ai le Covid, donc là ça a été encore un petit coup dur. J'ai dû me faire opérer du coup mi-février. Et puis après, mi-février, opération. Voilà. Et dans le mois qui suit, rééducation jusqu'à juillet. Voilà. J'étais allée à Cap-Breton aussi pour essayer de faire une rééducation la meilleure qu'elle soit.

  • Näilé

    Ça ressemble à quoi une rééducation des ligaments croisés ?

  • David

    C'est extrêmement chronophage. Au début, c'est long. Pendant le premier mois et demi, c'est long parce que tu marches avec les béquilles, tu as beaucoup de douleurs, tu n'as pas beaucoup d'amplitude, tu ne fais pas grand-chose. Et puis à partir du deuxième mois, tu commences à pouvoir marcher, à pouvoir faire plus d'exercices. Et donc là, ça commence à être une vraie rééducation. Tu vois des améliorations. Mais au début, c'est très très long. Le premier mois et demi, voire deux mois, c'est vraiment...

  • Näilé

    Oui, c'est long et tu n'es pas certaine de l'issue de la rééducation. Tu ne sais pas combien de temps ça peut durer. Et il y a eu un peu des rebondissements, puisque je crois qu'en août 2022, tu as eu une nouvelle opération. La plastique n'avait pas tenu.

  • David

    Ouais, ça, ça a été le coup dur. Et finalement, je ne me souviens pas très, très bien de ma première blessure, dans le sens où la deuxième a été tellement plus traumatisante et tellement plus dure que je me souviens beaucoup plus de la deuxième. Parce que, du coup, voilà, il y a six mois... À six mois post-op, ma plastie, c'est une autogreffe qu'on prend et qu'on remet à la place de l'ancien ligament. Elle se déchire parce qu'elle n'avait pas bien vascularisé. J'étais en train de faire du vélo, je mets le pied sur le côté pour m'arrêter, et là, mon genou se déboîte, ma plastie saute. Alors que moi, dans ma tête, à six mois, ça commence à être vraiment solide, et on peut recommencer à faire des choses un peu plus... demandante dans le genou et là rien qu'en faisant du vélo je me pète la plastique,

  • Näilé

    c'était lunaire ouais c'était pas extrême ce que tu faisais avec ton genou à ce moment là non pas du tout,

  • David

    à ce moment là pas du tout mais dans ma tête je m'y attendais pas du tout surtout que j'avais passé des examens complémentaires à 5 mois et demi scanner, IRM, la panoplie, et tout allait bien, tout était bon, bonne consolidation, etc. Donc ça a été vraiment le choc.

  • Näilé

    Oui. Le choc, mais finalement, une deuxième opération, et depuis, tout a l'air de tenir.

  • David

    Je touche du bois ? Ouais. Ouais, ouais. Bah du coup, en juillet 2022, donc je me refais les croisés. Et là, j'attends un peu pour me faire opérer parce que ça a été trop dur mentalement et dans ma vie de subir cette deuxième blessure. Du coup, j'ai attendu septembre pour me faire opérer.

  • Näilé

    Ouais, ok.

  • David

    Et donc voilà, j'ai repris l'entraînement en mars 2023.

  • Näilé

    Mars 2023, donc six mois après ?

  • David

    Oui.

  • Näilé

    Avec un peu d'appréhension ?

  • David

    En même temps, oui. En même temps, non. Parce que je me dis, s'il faut que je me les fasse dix fois, c'est croisé, je me les ferai dix fois. Et je m'en fous, je reviendrai. Et en même temps, oui. Parce que j'en ai quand même bien chié. Il n'y a pas d'autres mots. Ça a été galère. C'est surtout... Mentalement, c'est vraiment dur. Donc, je n'avais pas envie de revivre ça. Mais sinon... je m'étais dit s'il faut que je me les refasse c'est comme ça je me les referai je peux pas je vais tout faire pour que ça soit solide et que et que ça se passe bien mais si ça doit se repasser ça se repassera je peux pas lutter

  • Näilé

    bon mais en tout cas comme tu dis pour l'instant tu touches du bois tout va bien cette année on est encore en 2023 donc je peux te dire encore cette année t'as participé à pas mal de compétitions alors aussi des compétitions qui sont pas forcément sur le circuit de l'IFSC c'est un peu des moments aussi qui sont sympas je pense au Toutablock, je pense aussi au Masters of Fire

  • David

    pour toi ça évoque quoi ces compétitions en dehors du circuit où l'ambiance est carrément différente je crois que c'est une des choses de ce pourquoi j'aime l'escalade c'est l'ambiance des grimpeurs de ces contests là de l'énergie de tout le monde qui fait que c'est des moments qui sont vraiment incroyables et j'en avais un peu oublié l'énergie un peu qui est différente, qui est pas moins bien ou... qui est juste différente d'un peu du groupe France et tout ça et je crois que j'ai besoin des deux pour faire que j'aime l'escalade, j'ai besoin un peu de la compète entre guillemets officielle et de ces contests qui m'apportent beaucoup plus de je sais pas, de légèreté peut-être de chaleur de bienveillance

  • Näilé

    Alors question piège entre le Tout à bloc et le Masters of Fire lequel tu préfères ?

  • David

    le Masters of Fire je pense que c'était la première édition sur laquelle j'allais mais c'était vraiment incroyable et ça a été vraiment le moment où je me suis dit ça y est je suis heureux dans la course entre guillemets J'ai un peu retrouvé du niveau, je prends plaisir à grimper, je ressens le besoin d'être avec tous ces grimpeurs et de partager un moment de grimpe et de vie avec eux. Donc ça a été vraiment incroyable comme week-end.

  • Näilé

    C'est les Belges qui font que l'ambiance est aussi folle que ça à ton avis ? C'est les participants ? Qu'est-ce qu'ils font ?

  • David

    Je pense que c'est un mix des deux parce que l'un sans l'autre ça marche pas mais c'est des contests où tout le monde est trop content d'aller et personne n'y est obligé il n'y a pas de contraintes, il n'y a rien tout le monde y va par pur plaisir, par pure passion pour l'escalade et pour la fête aussi parce qu'il y a aussi une fête où on est tous ensemble après et ça aussi ça nous rend plus heureux tout simplement, du coup je pense que c'est vraiment en mix des deux

  • Näilé

    Yes, chouette trop bien, ça fait super plaisir de t'entendre comme ça, parler de parler de ces contests et du fait que ça te rende aussi heureuse, ça fait plaisir à entendre on a dit que tu n'avais pas de bonne résolution pour l'année prochaine je sais que évidemment tu vas faire tout ton possible pour les coupes du monde et je te souhaite de parvenir à tes objectifs est-ce que en dehors de cet objectif qui est quand même hyper déjà hyper important est-ce que tu as des projets pour l'année prochaine ?

  • David

    des projets j'aimerais bien peut-être essayer un FAC qui me corresponde vu que voilà bon j'ai fait 15 ans le 8C+, mais je me dis si je trouve quelque chose qui me correspond et que je peux que je peux vraiment essayer ça peut peut-être le faire donc j'aimerais bien trouver un truc pas trop loin de chez moi ça ça pourrait être cool et sinon on a essayé de chercher mais bon pour l'hiver tout est mouillé autour de chez nous donc ça marche pas et puis pour l'été on sait pas trop on se laisse le temps d'y réfléchir voilà

  • Näilé

    et bien on va suivre ça avec attention l'année prochaine trop bien merci Noël, est-ce que tu voudrais remercier des personnes pour conclure cette petite heure ensemble ?

  • David

    Ben ouais, j'aimerais bien remercier Kévin Arme, du coup mon entraîneur qui continue à me suivre malgré mes péripéties et tout ça malgré mes blessures, malgré mes temps de pause qui n'a jamais rien lâché et qui a toujours créé en moi, donc ça je pense que c'est vraiment un point important, et puis toute ma famille qui me soutient, mes amis la communauté des grimpeurs qui est vraiment très chouette je pense et puis voilà

  • Näilé

    Très bien, merci beaucoup pour ton temps aujourd'hui Merci à toi Je te souhaite de joyeuses fêtes et je te dis à bientôt

  • David

    Oui, à bientôt

  • Näilé

    Et voilà, c'est fini pour cette fois Merci d'avoir écouté cette interview jusqu'au bout J'espère que tu as appris plein de choses Si tu as la moindre remarque, question ou suggestion, tu peux me contacter par email ou sur Instagram Tous les liens sont dans la description de l'émission Allez bonne grimpe et à bientôt !

Description

Parcours d’une combattante : burnout, blessures et retours gagnants.


Naïlé Meignan est la cadette d’une fratrie où l’escalade a toujours occupé une place importante. A 8 ans elle grimpait déjà dans le 8e degré, à la faveur des van trips en falaise avec ses 3 grand frères et sa grande soeur.


Cette année, Naïlé a franchi de nouveaux paliers. En falaise avec son premier 8c+. Et tout récemment en équipe de France en décrochant sa place pour participer aux coupes du monde.


Dans cette conversation enregistrée juste avant la fin de l’année 2023 on est revenu sur le parcours de Naïlé en abordant les embûches (décision d’arrêter l’escalade, retour après un an de break, blessures deux saisons de suite) et les succès (quadruple championne d’Europe jeune bloc et championne du monde jeune bloc).


Allez, bonne écoute !


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Transcription

  • David

    Salut et bienvenue sur Allez, le podcast qui parle d'escalade. Que tu sois en train de pédaler, de courir, de conduire ou de t'entraîner, avec cette émission tu vas pouvoir écouter des grimpeuses et des grimpeurs te raconter leur histoire. Le but c'est qu'ils te partagent leurs visions, leurs expériences, leurs difficultés, bref, qu'ils te transmettent leur passion et t'inspirent à repousser tes propres limites. Allez, c'est un rendez-vous hebdomadaire, dispo gratuitement tous les samedis sur les plateformes d'écoute et sur YouTube. Allez, à tout de suite.

  • Näilé

    Allez !

  • David

    Allez ! Allez !

  • Näilé

    Allez ! Allez ! Allez ! Allez ! Allez !

  • David

    Eh ben salut !

  • Näilé

    Ça va, ça va, ça va. Un peu de soleil serait bienvenu.

  • David

    Comment est-ce que tu abordes les fêtes de fin d'année ?

  • Näilé

    J'ai hâte, parce que là, depuis que j'ai repris l'entraînement en février à peu près... En mars, je n'ai pas arrêté de m'entraîner et là, je vais prendre une pause d'escalade pendant ces vacances de Noël. Du coup, j'ai vraiment hâte de souffler un peu, de prendre du recul sur tous les entraînements de l'année jusqu'à maintenant.

  • David

    Ouais, grosse année pour toi. Ça a été un peu une année de reprise, non ?

  • Näilé

    Oui, exactement. J'ai repris l'entraînement, donc ça a été dur. Il a fallu vraiment se donner à fond. J'ai passé tout mon été à m'entraîner. Je n'ai pas profité de mon été. Enfin, profiter. On profite quand même. On est heureux de s'entraîner, mais c'était différent. Et là, j'ai hâte de reposer un peu tout ça pour essayer de faire mon mieux sur la saison 2024 qui commence.

  • David

    Justement en parlant de 2024 quelles sont les bonnes résolutions ? Je pense qu'envie de dire c'est la question obligatoire à cette époque de l'année

  • Näilé

    Les bonnes résolutions je crois que j'en ai jamais prise mais j'aimerais vraiment être épanouie dans l'escalade et dans ma vie en général pouvoir donner le meilleur de moi dans tous les domaines auxquels j'aborde

  • David

    C'est déjà pas mal si tu le veux bien je voulais revenir sur quelque chose que tu as dit récemment là je parle de ton dernier post il me semble sur Instagram tu disais très heureuse de remonter sur les tapis en compète et j'aime ça pour de vrai je crois bien avec un petit smiley avec la larme à l'oeil J'ai l'impression qu'il faut un peu lire entre les lignes pour comprendre ce message. Qu'est-ce que tu voulais dire exactement ?

  • Näilé

    Mon parcours, il est un peu particulier dans le sens où il y a maintenant 3-4 ans, j'avais pris un an de pause d'escalade parce que justement, j'étais devenue un peu en burn-out. Je ne savais plus pourquoi je faisais ça. Je faisais ça depuis que j'étais née presque et c'était devenu une routine. J'avais besoin vraiment de me dire. ben pourquoi tu fais ça ? Qu'est-ce qui te motive ? Trouve vraiment au fond de toi qu'est-ce qui te pousse à faire ça ? Du coup j'avais repris l'entraînement un an après en me disant ça m'avait manqué, j'ai envie de ça et j'ai envie de retrouver cette énergie-là. Et du coup un an après je suis revenue à mon meilleur niveau et j'ai fait la meilleure perf que j'avais jamais fait de ma carrière en étant championne du monde jeune. et trois mois après je me fais les croisés et deux années consécutives et donc là ça a été vraiment de me dire ben un peu ce décalage entre j'ai pris ce temps pour moi et j'ai l'impression que ça m'a apporté énormément de choses énormément de réponses de mon rapport à l'escalade et finalement ces deux blessures consécutives elle vient de me casser dans mon élan et je peux pas exprimer tout ce que j'ai tout ce à quoi j'ai réfléchi tout ce à quoi j'ai pensé ce qui m'a fait grandir au niveau de l'escalade quoi. Du coup là, de re-revenir, ça me remontre encore tout ce que j'ai pu acquérir pendant ces deux années, tout ce que j'ai acquéri pendant l'année de ma pause aussi et que j'ai pas pu mettre en application sur l'année où je suis revenue. Et là de remonter sur les tapis, ouais je sens que je commence à avoir vraiment... un beau sac à dos, un petit peu, je ne sais pas comment dire, mais avec beaucoup d'outils dedans. Et voilà, j'ai vraiment hâte de pouvoir l'exprimer pleinement.

  • David

    C'est assez génial ce que tu dis, parce qu'on a l'impression que tu as vécu des montagnes russes, avec des hauts, des bas. Il y a plein d'éléments sur lesquels j'ai vraiment envie de revenir avec toi, sur ce côté motivation qui est important. sur ce côté aussi routine tu l'as dit et puis sur tous ces événements qui ont été marquants pour toi la compétition, la blessure la pause aussi qui a pu te faire du bien et puis aussi ce que tu disais c'est ton évolution dans le rapport avec l'escalade que tu peux avoir la première chose que je voulais te demander tu l'as un petit peu évoqué c'est que tu as commencé très jeune tu es d'une famille de grimpeurs et de grimpeuses Il y a 5 frères et soeurs dans ta famille, c'est ça, qui sont un peu tous grimpeurs ?

  • Näilé

    Ouais. Ouais, bah du coup, à la base, mon papa, quand on est arrivés, tous les enfants, il était guidé haute montagne, et ma maman, elle faisait du judo à haut niveau. Du coup, on a fait un peu un mix des deux. On a pris l'escalade du côté de mon papa et le sport de haut niveau du côté de ma maman. Et on a tous fait un peu de l'escalade à haut niveau. Voilà, ça a commencé comme ça. Moi du coup oui, je suis la dernière d'une fratrie de 5 et quand je suis arrivée tout le monde grimpait donc voilà moi aussi j'ai grimpé et voilà j'ai tout de suite accroché et j'ai jamais arrêté à part c'est un an en 2019.

  • David

    C'est vrai que quand on commence si jeune, il y a ce risque aussi d'être tellement focalisé sur une seule chose qu'on peut-être se dit je rate d'autres choses. Je m'avance un petit peu, mais peut-être que c'est une des raisons qui ont conduit à ce burn-out plus tard. Est-ce que tu dirais que tu as commencé presque trop tôt ?

  • Näilé

    Non. Proportionnellement, tout ce que ça m'a apporté et le peu que ça m'a desservi c'est… Bien sûr que j'ai bien fait de commencer tôt l'escalade. Je pense que ça m'a apporté énormément de choses déjà dans le début de ma carrière et j'espère dans la suite. Mais non, c'est juste un équilibre à avoir. Et puis, c'est hyper individuel parce qu'en fonction de ton évolution, tu ne le vis pas pareil. je pense qu'il n'y a pas de trop tôt ou trop tard c'est tant que dans ton corps t'es bien et que t'es ok avec ce que tu fais et comment tu le fais et je pense que c'est le plus important d'être au clair avec ce que tu fais et comment tu le fais est-ce

  • David

    que tu peux nous parler de ta pratique de l'escalade en famille puisque c'est bien ça, tout le monde grimpe donc comment ça s'organise chez toi, dans ta famille, entre tes frères et soeurs ton papa aussi, ta maman Quand vous faites des tripes escalade, quand vous allez grimper ?

  • Näilé

    C'était génial quand on était petits parce que pendant l'année scolaire, les cours, on s'entraînait au club Chambéry Escalade. et d'ailleurs je suis toujours dans ce club donc c'est trop bien parce que on voit la continuité et c'est chouette et puis pendant les périodes scolaires on s'entraînait et pendant les vacances, toutes les vacances on partait en camping-car on était 7 dedans et on partait en France dans le sud, en Espagne là on pouvait aller grimper et donc toute la troupe on partait ensemble et voilà, on faisait de la falaise pendant les deux semaines de vacances où les étés un mois, deux mois voilà,

  • David

    tous ensemble incroyable le rêve je pense que c'est le rêve pour beaucoup de parents de parents grimpeurs qui se disent c'est ça qu'on aimerait faire ouais c'était marrant parce que eux ma

  • Näilé

    maman elle grimpe pas du coup et mon papa il grimpe plus trop non plus mais juste l'énergie de nous tous ensemble faisait que ça nous plaisait d'aller faire ça

  • David

    La première trace que j'ai retrouvée de toi sur les internets, c'est ton premier 8a. Je ne sais pas si tu t'en souviens, mais c'était un 8a très précoce. Même au standard actuel où on voit des petits mutants débarquer, faire du 9a à 13 ans, etc. Mais alors oui, 8a à 8 ou 9 ans pour toi, c'était ?

  • Näilé

    Ouais, je crois que c'était 8 ans parce que je m'étais fait cette remarque de me dire qu'à 7 ans j'avais fait mon premier 7A et qu'à 8 ans j'avais fait mon premier 8A. Et du coup je m'en souvenais comme ça, comme mes mots.

  • David

    Super progression. Ensuite, il y a eu le premier 8B qui est arrivé assez vite, je crois que c'était l'année d'après.

  • Näilé

    Ouais, ça je ne me souviens plus exactement.

  • David

    ça devait être par là mais pour toi est-ce que c'est est-ce que c'est palier à l'époque est-ce qu'il te semblait important de quoi l'éconation

  • Näilé

    est-ce qu'il te semblait symbolique par rapport à ta progression par rapport à ton plaisir par rapport à tes frères et sœurs aussi en termes de comparaison non moi en fait c'était vraiment un challenge de trouver des voies qui étaient à mon max de mon niveau mais qui étaient aussi compatibles à 8 ans surtout on est minus quoi c'est super dur de grimper dehors du coup c'était vraiment un challenge Ce truc de dire, punaise, qu'est-ce que je peux faire comme voie la plus dure que je puisse faire, mais que je puisse quand même la faire physiquement. C'était plus un jeu que de me dire, tu ne te rends pas trop compte, tu as 8 ans, 9 ans, 10 ans, des cotations, tu ne sais pas trop ce que ça veut dire, tu sais juste que c'est plus dur que ce que tu as fait la dernière fois.

  • David

    Je pose cette question parce que je n'arrive pas à me rendre compte de ce que ça peut signifier pour un enfant, les cotations.

  • Näilé

    c'est vrai que tu puisses avoir un début de réponse non moi j'ai pas trop de réponse là dessus à part dire que ouais c'était le challenge de trouver ce qui pouvait aller à notre morphologie quoi

  • David

    8C à 12 ans et le premier 8C+, c'était il y a plus de 10 ans en fait Ouais, et c'était chez toi, en Savoie. Ouais. Et ça, c'est une expérience beaucoup plus récente. C'est une voix qui s'appelle Déclaque. Est-ce que tu peux nous parler de cette voix un petit peu ?

  • Näilé

    Ouais, et ben du coup quand j'étais petite, je l'avais déjà essayé cette voie, sauf que physiquement c'était trop dur, ça allait pas, c'est des grands moves dans du toit, dans du physique, donc je m'étais dit bon bah tant pis. Et puis là l'été dernier, comme je disais, j'étais à fond dans l'entraînement, et mon coach Kevin Hart qui m'a dit, mais là t'as le temps, pourquoi genre une ou deux journées par semaine tu irais pas faire de l'extérieur ? J'étais là, mais oui c'est vrai, pourquoi j'y ai pas avancé avant en fait ? Et du coup, fin de l'été, je suis allée dans cette voie. La première partie, c'est un 8B+, c'est des clics. Et je l'ai fait assez rapidement, j'ai dû mettre 5-6 montées. et puis je me suis dit bon bah voilà 8B+, trop bien qu'est-ce que je peux faire peut-être un 8C, quelque chose comme ça et puis mes copains de Chambé ils m'ont dit va voir la suite parce que c'est vraiment la continuité de l'effort et la suite de la voie du coup je suis allée dedans et en 4 montées je l'ai fait du coup voilà mon premier 8C+, j'étais là ouais trop bien c'était trop cool premier 8C+, expliqué ouais ça y est

  • David

    Est-ce que pour toi cette nouvelle cotation que tu atteins elle est révélatrice de changement ou d'évolution chez toi dans ta pratique de l'escalade ces dernières années ?

  • Näilé

    Ouais déjà de dire que ça faisait hyper longtemps que je n'avais pas fait de falaise et de me dire ton corps il s'est encore fait rire et tu aimes trop ça pour de vrai donc j'aimerais vraiment trouver des voies qui me correspondent et pouvoir exprimer aussi mon potentiel là-dedans parce que finalement ça marche quand même Et puis en fait, ça a été aussi sur le plan de l'entraînement, parce que j'avais vraiment le nez dedans, avancer, faire mes séances, machin, et là de prendre un peu de recul et de me dire que sur une voie de diff, alors que je m'entraîne que pour le bloc, j'arrive à faire un 8C+, bon certes, qui me correspondait très bien, mais ça veut dire quand même qu'en termes de physique, j'avais vraiment avancé sur les entraînements jusqu'ici.

  • David

    C'est vrai que tu consacres énormément de temps à l'entraînement et principalement pour la compétition. C'est bien ça ?

  • Näilé

    Oui, exactement.

  • David

    D'ailleurs, l'année prochaine, on aborde une nouvelle année. Est-ce que tu as des objectifs particuliers pour cette année ?

  • Näilé

    J'aimerais bien prendre une place en équipe de France et aller faire les Coupes du Monde. C'est l'objectif.

  • David

    Ouais parce que finalement ces coupes du monde t'as déjà voulu t'y frotter mais c'est cette fameuse blessure qui t'en a empêché. Donc voilà c'est ça le Graal pour toi cette année c'est d'aller chercher une qualification.

  • Näilé

    Ouais, parce qu'en 2019, j'avais fait mes premières Coupes du Monde, mais je n'étais pas, je pense, assez mature et prête dans ma tête. Ce n'était pas possible. Sur le circuit jeune, j'arrivais très bien à m'exprimer, mais sur le circuit senior, c'était trop difficile. Du coup, je n'avais pas réussi à m'exprimer. Et puis après, voilà, la blessure et tout ça, et je n'ai pas pu en refaire depuis.

  • David

    À ce moment-là, tu avais quel âge ?

  • Näilé

    19 ans. Non, attends, là, j'ai 19 ans. Donc c'était ma première année, j'avais 7 ans je pense, oui. Ma première année cadette.

  • David

    je peux comprendre que ça peut être compliqué à 16 ans d'avoir la tête froide et les épaules pour affronter ce genre d'épreuve avec des personnes qui sont sur le circuit depuis plusieurs années qui sont impressionnantes qui ont peut-être été tes modèles ou tes idoles en tout cas tu as eu un parcours sur le circuit jeune qui est assez impressionnant. Je ne sais pas si toi, tu veux en parler ou si tu préfères que j'énumère tout ce que tu as fait.

  • Näilé

    Non, je ne sais pas. Je dirais que sur les années jeunes, j'arrivais vraiment bien à m'exprimer et à montrer justement le meilleur de moi-même sur un moment donné et le moment où on me le demandait. Du coup, c'était vraiment satisfaisant et c'était vraiment incroyable comme expérience.

  • David

    Sur la compétition, est-ce que tu dirais que c'est plus ta maman ou c'est plus ton papa qui t'a poussé sur ce chemin ? Tu disais que ta maman était compétitrice judoka.

  • Näilé

    Je pense que c'est sûr que c'est ma maman qui nous a plus poussé vers le haut niveau. Parce qu'elle a été en équipe de France de judo pendant 10 ans. Donc elle connaissait bien ce milieu de la compétition et du haut niveau. Donc je pense que c'est vraiment elle qui nous a poussé là-dedans.

  • David

    alors jusqu'à présent t'es quadruple championne d'Europe jeune en bloc c'est bien ça ? faut pas que je fasse d'erreur également championne du monde jeune en bloc ouais donc quand même un sacré parcours j'ai envie de te demander dans cette cette Cette courte carrière, quels ont été les moments les plus difficiles pour toi à gérer jusqu'à présent ?

  • Näilé

    Les moments les plus difficiles, je pense que c'est l'année 2019. C'est cette fin d'année où j'ai pris la décision d'arrêter l'escalade à durée indéfinie, mais finalement qui n'aura duré qu'une seule année. Parce que justement, j'allais aux compétitions parce que je faisais de la compète, j'allais aux Coupes d'Europe parce que j'étais en équipe de France. C'était vraiment, je ne savais plus pourquoi je faisais ça, ça ne me plaisait pas de m'entraîner, je n'avais pas envie de faire ça, j'avais envie de grimper. Et du coup, ça a été vraiment toutes les compétitions. Jusqu'à septembre 2019, la dernière compétition c'était les championnats d'Europe. Je les ai gagnés et je ne sais pas comment je l'ai fait parce que franchement, je pense que je n'aurais pas mérité de les gagner vu mon état d'esprit et vraiment comment j'abordais la compétition à ce moment-là. Mais je pense que cette année, ça a été la plus difficile parce que je n'étais pas dedans. J'avais eu des blessures, des douleurs. Je n'étais pas du tout bien dans mon corps et dans ma tête.

  • David

    Est-ce que ça a été une décision difficile à prendre ? Est-ce qu'à ce moment-là, tu te disais que c'est peut-être définitif ?

  • Näilé

    Ça a été une décision dure à prendre, mais inévitable dans le sens où là, j'étais au bout, je ne pouvais plus faire autrement. Donc, je me suis dit que si j'avais eu un choix, j'aurais dû le faire plus tôt. Là, c'était trop tard. Je n'avais plus de choix que d'arrêter et de vraiment me couper de ça parce que c'était... ça en devenait vraiment pas confortable du tout.

  • David

    Et en dehors des compétitions, est-ce que tu as continué à grimper ou est-ce que tu as aussi fait une grosse pause sur ton rythme d'escalade ?

  • Näilé

    Je crois que pendant un mois et demi, deux mois, j'ai arrêté l'escalade complètement, donc je n'ai pas du tout grimpé. Et après, j'ai repris l'escalade pendant toute l'année où j'ai arrêté. Mais c'était vraiment quand j'avais envie de grimper, je grimpais. Si je n'avais pas envie, je ne grimpais pas. Des fois, ça m'arrivait de grimper trois fois par semaine. Des fois, je ne grimpais pas pendant une semaine. C'était vraiment à l'envie, comme j'avais envie d'organiser mon temps.

  • David

    Donc, il y a eu un moment où tu t'es dit, peut-être que j'aurais envie de revenir. sur les tapis de compétition. Est-ce que ça a été un cheminement plutôt qu'un déclic ?

  • Näilé

    Oui, ça a été un cheminement dans le sens où je me suis demandé qu'est-ce qui m'avait déplu sur l'année précédente, pourquoi j'avais envie de revenir sur la compétition et comment j'avais envie de revenir pour que ça soit différent et que je ne retourne pas dans ce système un peu de mal-être. Et du coup voilà, je pense que j'ai eu l'idée en tête... au mois de juillet 2020 et que j'ai repris l'entraînement en septembre avec Kevin 2020.

  • David

    Ce que j'aimerais vraiment comprendre, c'est que tu dis qu'il y a eu ce moment où tu n'avais plus la motivation. Tu trouvais que c'était devenu une routine finalement de t'entraîner pour aller faire des compétitions. J'aimerais savoir aujourd'hui ce qui te motive. quand tu vas aux entraînements, quand tu consacres énormément de ton énergie et de ton temps à t'entraîner, qu'est-ce qui te motive vraiment aujourd'hui ?

  • Näilé

    Je crois que j'aime vraiment le mouvement de l'escalade. J'adore pratiquer l'escalade. Il y a souvent ce décalage avec les gens qui disent moi j'adore l'escalade dans sa généralité, j'adore l'histoire de l'escalade, j'adore toutes les versions de l'escalade un peu. Et moi ce que j'aime vraiment dans l'escalade, c'est le mouvement, c'est le faire. Produire le mouvement pour grimper, je trouve ça trop chouette en fait, j'adore ça. C'est ça qui me motive dans l'escalade je crois. C'est un peu original mais je crois vraiment que c'est... c'est tout ce qui se passe dans mon corps quand je grimpe qui me fait que j'aime ça et que j'ai envie de m'entraîner pour le pousser au maximum

  • David

    Yes, génial alors tu as choisi de t'entraîner avec Kevin Ark comment est-ce que tu décrirais cette relation et puis aussi comment est-ce que ça s'est passé quand tu as dit à Kevin ça fait un an que je n'ai pas fait de compétition j'ai envie de revenir j'ai envie de revenir plus forte et qu'est-ce que lui t'a proposé ?

  • Näilé

    avec Kevin ça fait longtemps qu'il me suit je pense que ça va bientôt faire 10 ans donc ça date un peu et du coup on se connait par coeur c'est assez fusionnel moi je le vois un peu comme mon grand frère et je pense que lui il me voit aussi un peu comme sa petite soeur dans le sens où c'est naturel il n'y a pas de il n'y a pas de voilà enfin c'est très facile quoi comme relation ça a été marrant parce que justement en septembre non en juin 2020 quand je lui ai dit bah voilà j'ai envie de reprendre l'entraînement c'était plus lui qui était sur la retenue de me dire je sais pas si tu te rends compte à quel point genre ce que tu me demandes c'est complètement compliqué et un peu euh et un peu fou il me disait est-ce que tu sais vraiment ce que tu me demandes est-ce que tu en as vraiment envie il était plus là à me questionner si j'étais vraiment sûre de moi que si j'étais sûre de moi il m'a dit je t'emmène au plus haut niveau avec toi avec plaisir et 100% est-ce que tu es vraiment sûre de ce que tu me demandes et de tous les sacrifices que tu vas devoir faire pour trouver ce niveau est-ce que tu penses qu'il avait des doutes par rapport au fait que tu avais fait ce break Non, il n'avait pas de doute parce que quand je lui ai dit je vais arrêter, il m'a dit je comprends et je le ressens. Je pense que lui aussi, il voyait bien que ça n'allait pas, que je ne pouvais pas faire vraiment autrement. Mais c'est plus dans la façon de revenir, je pense qu'il ne s'imaginait pas forcément que j'allais vouloir revenir au plus haut niveau de ce que je pouvais être. Peut-être qu'il aurait imaginé que je reprenne l'entraînement pour me faire plaisir ou pour faire des perfs dehors. Mais je crois pas qu'il s'attendait à ce que je lui demande de continuer pour retrouver le meilleur niveau sur les compétitions.

  • David

    Tu veux dire qu'il pensait presque que c'était pas réaliste de ta part de s'attendre à refaire de la compétition de haut niveau ?

  • Näilé

    Ouais, dans le sens où il avait peur que j'ai pas toutes les... tout ce que j'allais devoir mettre en place et mettre en oeuvre en tête pour réussir et que je sois un peu que je minimalise le travail en fait je pense qu'il était plus dans cette optique là il

  • David

    voulait être sûr que je vois tout ce qu'il y a à faire et que j'en étais ok que tu sois lucide et pas trop naïve par rapport au fait que ça demandait un fort investissement voilà exactement Qui d'autre t'accompagne au quotidien pour t'entraîner ?

  • Näilé

    Je suis un peu en lot solitaire, je m'entraîne pas mal toute seule. Mais après, il y a des partenaires de grimpe comme Maël Grenier, je m'entraîne souvent avec lui. Et puis après, il y a les gens du pôle aussi. Enfin voilà, c'est plein de personnes qui m'accompagnent au quotidien dans mes séances. Mais sinon, je m'entraîne toute seule globalement.

  • David

    toute seule mais donc souvent avec Kevin ou est-ce que Kevin n'est pas toujours sur ton dos non

  • Näilé

    Kevin n'est jamais sur mon dos principalement parce qu'il est à Nantes et que moi je suis à Chambéry donc vu qu'on est à distance il me suit par vidéo, moi je me filme quand je grimpe et puis après je lui partage mes séances etc et puis on se fait des retours quotidiens je dirais mais du coup non je suis vraiment toute seule Kevin c'est un ancien chambérien ouais en fait à la base il vient de Nantes il est venu sur Chambéry quelques temps puis après il est rentré sur Nantes pour des questions professionnelles on avait déjà parlé de lui alors je ne l'avais pas invité mais j'avais invité quelqu'un que tu dois connaître c'est Hervé Di Domenico ils

  • David

    ont écrit un livre ensemble qui s'appelle Est-ce qu'elle a des performances que tu dois connaître aussi je crois qu'il y a des photos de toi oui je connais bien oui oui parenthèse fermée donc tu reprends l'entraînement ça c'était en 2020 et l'année suivante en 2021 tu deviens donc championne du monde jeune en bloc qui est ta spécialité actuellement est-ce que tu peux nous parler déjà de l'avant comment est-ce que est-ce que tu as ressenti avant d'arriver au championnat du monde que tu avais tes chances déjà

  • Näilé

    C'est compliqué parce que cette année, de reprise, Kevin ne m'avait pas menti. Ça a été vraiment dur de revenir. Et puis surtout, quand on connaît son niveau au max, d'être à 40% de ses capacités et de devoir se donner à fond, c'est vraiment dur ça aussi. Mais du coup, il faut s'imaginer qu'en septembre, j'ai repris l'entraînement et qu'en août d'après, il y avait les championnats du monde. Donc, ce qui me laissait moins d'un an pour revenir à mon meilleur niveau. Et du coup, ça a été vraiment compliqué. Toute la saison parce qu'il fallait s'entraîner, mais il y avait déjà les compétitions qui arrivaient et les résultats n'étaient pas à la hauteur de mes espérances. Dans le sens où... J'ai été obligée de m'entraîner jusqu'à super tard dans la saison pour pouvoir être forte pour les mondes. Mais ça veut dire que toutes les compétitions avant, je n'étais pas prête pour les compétitions d'avant. Et donc toute l'année, je me suis un peu fait ratatiner. Sauf au championnat d'Europe où l'entraînement porte enfin ses fruits et j'arrivais à montrer ce que j'en étais capable. Donc je finis championne d'Europe et là, ça me remonte un peu le moral. Et puis après... Sur les mondes, j'avais vraiment envie d'être sur le podium et je pensais être capable de faire le podium. Mais c'est vraiment sur le tour des qualifications, après les qualifs, que je me suis dit Le titre, je peux aller le chercher. Si je grimpe correctement, je peux aller le chercher. Du coup, là, ça a été vraiment motivant après pour le tour de demi-finale.

  • David

    Donc tu arrives sur les championnats du monde en te disant je me sens bien je vois que j'ai des bonnes sensations et ça peut le faire

  • Näilé

    Ouais ça je l'avais senti avant

  • David

    Est-ce qu'il y a une méthode en particulier à laquelle tu penses que vous avez mis en place avec Kevin ou quelque chose en particulier je sais pas qui fait que vous en êtes arrivé à ce résultat d'être déjà, de se sentir bien pour aller jusqu'à la finale d'une Coupe du Monde un an après avoir fait une pause d'un an ? Pardon, un championnat du monde.

  • Näilé

    C'est un peu bizarre à dire, mais je pense qu'il nous a aidés, c'est qu'on était vraiment dans l'instant T et qu'on avait un objectif précis et qu'on allait chercher cet objectif et que même si c'était dur de se prendre un peu des ratasses sur les compétitions d'avant, on savait que peu importe, l'objectif était les championnats du monde et quoi qu'il arrive, on allait faire le meilleur pour être la plus forte et la plus prête sur tous les points de vue aux championnats du monde. Et que là, je suis aux championnats du monde, donc je suis prête. Donc ça y est, je peux montrer le meilleur de ma grimpe. Je pense que c'était vraiment cette conscience réciproque et de se dire, peu importe, on a un objectif, on y va. Et puis voilà.

  • David

    C'est ça, c'est-à-dire, peu importe les embûches, ce qui compte, c'est vraiment cet objectif-là. Le reste, il faut remettre les compteurs à zéro, il ne s'est rien passé.

  • Näilé

    Oui, voilà.

  • David

    On arrive au championnat du monde, c'est une nouvelle histoire.

  • Näilé

    Voilà, c'est ça. Exactement.

  • David

    T'en gardes quel souvenir de cette compétition ? Comment ça s'est passé ? En fait, ça s'est extrêmement bien passé du début à la fin. J'avais confiance en moi, j'avais hyper envie. J'avais vraiment cette énergie qui était plus forte que moi de me dire, là, tu as tout fait pour être là à ce moment-là, tu y es. Enfin, lâche-toi, fais du mieux que tu peux. Et c'était vraiment plus fort que moi. Je n'avais pas l'impression... Je n'ai pas beaucoup de souvenirs physiques de cette compétition ou quoi que ce soit. C'était vraiment de me dire... J'ai un peu surpassé cet événement dans le sens où... C'est toute l'énergie qu'il y avait à côté qui m'a apporté à ce titre. physiquement, je n'ai pas beaucoup de souvenirs. Je ne me souviens pas des blogs, je ne me souviens pas de comment c'était, etc. C'était juste un peu surnaturel.

  • Näilé

    J'ai envie de te poser une question un peu sur l'envers du décor d'une compétition. Nous qui sommes des spectateurs, on ne voit pas ce qui se passe en isolation pendant les compétitions. Et on se demande toujours, mais à quoi est-ce qu'on peut bien penser avant une finale ? qui est un enjeu quand même important dans une vie de compétiteur, puisque c'est l'aboutissement de beaucoup d'efforts. Toi, qu'est-ce que tu fais quand tu es en isolation en général et qu'est-ce que tu as fait peut-être juste avant la finale de ce championnat du monde ?

  • David

    Ben moi juste avant une finale je découpe un peu mon temps, au début j'essaye à découter de la musique plutôt tranquille qui me pose et qui me permet justement de me recentrer sur moi et de ressentir mes émotions, d'être calme, d'être ok avec ce que je fais et ce que je vais faire. Après je m'échauffe donc ça voilà la partie classique, je grimpe et tout ça et ensuite il y a une partie importante où je mets du son plutôt énergique dans mes oreilles et je commence un peu à... à essayer de ressentir l'énergie de la salle, l'énergie de la compétition, de l'enjeu et tout ça, et de me motiver et de me dire il faut aller attraper toutes les prises finales des blocs et c'est parti. Mais cette phase-là, elle est vraiment assez courte, mais elle est vraiment puissante et je trouve que j'arrive vraiment à me transformer un peu et de me dire c'est parti.

  • Näilé

    Tu fais le switch à un moment où tu te dis ça y est, c'est... j'ai le feu là ça y est j'y vais ouais c'est ça ouais par rapport aux autres compétiteurs qui sont avec toi en isolation est-ce qu'il y a une relation particulière qui est différente en dehors d'une compétition quand on est en isolation parce qu'il y a les autres qui s'échauffent les autres qui montrent un petit peu aussi où ils en sont à l'échauffement qui essayent de montrer qu'ils ont confiance en eux comment est-ce que tu vis ce moment par rapport à ceux qui sont autour de toi

  • David

    Bah moi je trouve que c'est complètement différent d'un entraînement ou quoi que ce soit parce que ben on est là pour performer et enfin je trouve que les autres chacun se met un peu dans sa bulle il y en a qui rentrent un peu plus dans le jeu des autres en essayant de montrer leur niveau de montrer qu'ils sont en forme de montrer qu'ils sont voilà qu'ils ont de la force etc mais je trouve c'est quand même vraiment différent dans le sens où Malgré ce jeu un peu de comment on dit d'intimidation on essaie vraiment tous de se remettre un peu chez soi pour justement prendre du recul sur la situation et essayer de faire notre échauffement correctement, de ne pas se faire déborder et de donner le meilleur de soi-même après.

  • Näilé

    Donc, cette finale, tu l'abordes plutôt sereinement, si j'ai bien compris. Et tu finis première. Tu finis sur la première marche du podium. Comment est-ce que tu... Quel a été le moment le plus fort pour toi émotionnellement ? Est-ce que c'est le moment où tu apprends ton résultat ? Où tu te dis ça y est là c'est pour moi ? Ou est-ce que c'est le moment un peu plus solennel où tu montes sur cette première marche ?

  • David

    Je crois que le moment le plus fort, au fond de moi, ça a été le moment où je ramène sur la dernière prise du dernier bloc, parce que je savais que si je le faisais, peu importe mon nombre d'essais, j'étais championne du monde. Du coup, dès que j'ai ramené, c'était instantané, parce que je le savais directement en grimpant, donc ça c'était vraiment fort. Mais après, le moment où tu étais sur le podium, tu chantes la Marseillaise, et il y a tous tes copains de l'équipe de France devant toi, qui te regardent, la main sur le cœur avec... enfin tu vois avec des étoiles dans les yeux parce qu'ils partagent ça avec toi c'est vraiment un moment qui est vraiment très fort aussi il y avait ta famille qui était là aussi ?

  • Näilé

    Non. Et Kevin, peut-être ?

  • David

    Non, qui n'était pas là non plus, mais pareil, à la maison.

  • Näilé

    À la maison. Deux ans avant toi, sur ce même podium, c'était Luz qui était montée à la première place. Est-ce que c'était quelque chose que tu avais en tête à ce moment-là ?

  • David

    Ouais, parce que la personne qui a repris son titre, c'était moi. Et ça, c'était vraiment aussi quelque chose de fort et qui me tenait à cœur dans le sens où c'est un certain hommage que je lui ai rendu en reprenant ce titre derrière elle. Parce qu'il y avait eu l'année 2021 où il n'y avait pas eu de compétition.

  • Näilé

    Alors là tu m'arrêtes tout de suite si tu veux pas répondre à ma question mais toi et Luz vous vous connaissiez très bien, elle aurait eu 20 ans cette année, est-ce que toi tu veux parler de cette relation que tu as eu avec Luz ?

  • David

    Ben Luz du coup on se connait depuis qu'on est toutes petites. Parce que, ben voilà, on était dans la même catégorie. Donc elle, au début, elle était dans son club au Touvet. Je ne sais plus vers quel âge à peu près, mais je dirais vers ses 9 ans, quelque chose comme ça. Et puis après, elle nous a rejoints au club de Chambéry-Escalade. Et ça a été vraiment fusionnel. Je pense que ça a été une des personnes où, ben tu vois... tu te ressembles et tu te complètes. On se disait un peu qu'on était le ying et le yang, tu vois. On faisait qu'un quand on était ensemble, mais en même temps, on était différentes dans nos points de vue, dans notre façon d'être. Et je pense que c'est ça qui nous rendait vraiment plus fortes et plus folles aussi, toutes les deux. Vraiment, on était... Ouais, c'était une relation vraiment très forte qui ne m'a pas apporté, et comme tout, je ne me rendais pas compte de la puissance et la force de cette relation. Et quand on ne l'a plus, c'est forcément là où on se rend compte et là, c'est vraiment dur. Surtout qu'on était très jeunes et qu'on ne s'y attend pas, on ne comprend pas ce qui se passe. Et voilà, c'est un moment vraiment qui n'est pas facile dans une vie d'adolescente.

  • Näilé

    Oui, parce que vous avez eu des... Une évolution très similaire, elle et toi, vous avez commencé l'escalade jeune, vous avez fait de la compétition, vous étiez dans le même club, vous grimpiez souvent ensemble, vous connaissiez très bien, donc c'est une partie de ta vie qui s'arrête d'un coup.

  • David

    Oui, ça a été vraiment très brutal. Et ouais, il y avait un moment où on faisait tout ensemble, on s'entraînait ensemble, on allait en stage le week-end ensemble, on allait sur les compétitions ensemble, et voilà, on se connaissait par cœur, on avait beaucoup à apporter à l'autre, et l'autre nous apportait beaucoup, donc c'était vraiment une relation importante. Et ce... Par rapport à ce décès, j'en voulais énormément aussi à notre société, dans le sens où le deuil pour nous, c'est vraiment un point qui est trop dur, qu'on ne veut pas parler, qui est tabou, alors que c'est la suite de la vie, la mort, et que je trouve que ce n'est pas juste de nous enfermer et d'enfermer les enfants dans ce secret un peu, parce que quand ça nous tombe dessus... on ne peut pas apprendre à le gérer mais on peut le vivre différemment et j'en voulais un peu à la société de nous avoir un peu caché ça et de nous empêcher d'imaginer que d'un jour à l'autre même une personne qui a ton âge, elle peut partir et que ça rend la mort vraiment taboue ce qui a été difficile c'est que finalement tu n'avais pas les armes

  • Näilé

    pour affronter une épreuve comme ça ?

  • David

    Non, pas du tout. Et ouais, moi, j'ai jamais eu de décès avant l'USS. Donc, ça a été le premier et c'était ma meilleure amie. Donc, forcément, c'est un choc d'autant plus violent que ce qui aurait pu arriver. Je ne savais pas comment aborder, je ne savais pas comment ça se passait. Je ne savais rien, même des choses... basique, on ne nous la porte pas. Et je trouvais ça vraiment dommage dans notre évolution aussi, personnelle.

  • Näilé

    Yes. Merci d'avoir bien voulu répondre à ces questions. Je sais que ce n'est pas évident, forcément. Merci à toi. Merci. Je vais revenir à des questions qui te concernent un peu plus.

  • David

    Oui.

  • Näilé

    On vient de parler de cette finale des championnats du monde en 2021 qui se passe plutôt très bien pour toi. Tu repars avec l'or. Oui. Et donc, tu abordes, si on fait l'histoire chronologiquement, tu abordes 2022 en te disant, maintenant, la prochaine étape, ce sera les Coupes du monde. finalement, ça ne s'est pas passé comme ça.

  • David

    Oui. En fait, ce n'était même pas 2022, c'était décembre 2021. Donc, l'objectif, c'était vraiment de m'entraîner fort pour être à mon meilleur niveau et pour prendre ma place en équipe de France Senior l'année prochaine. Et puis, en décembre... je fais un bloc et puis là je tombe et en tombant j'aperçois un peu derrière moi une ombre enfin quelque chose du coup je me tombe pour l'éviter c'était un petit garçon une petite fille et puis je me casse le genou quoi je me ronds les ligaments croisés intérieurs et le ménisque en fait ta jambe est tombée raide c'est ça ? non en fait je suis tombée en tournant Je pense que ma jambe, elle est restée assez droite et que moi, j'ai essayé de tourner pour l'éviter. Et puis finalement, ça a tout cassé. Ça n'a pas tourné ensemble correctement.

  • Näilé

    Donc ça, c'est ligament croisé et aussi ménisque.

  • David

    Oui. Oui, ça, c'était vraiment un coup dur. J'étais vraiment dans... C'était le moment où j'avais été le plus forte de toute ma vie pour le moment sur le plan de la grimpe. Et j'avais qu'une seule hâte, c'était de pouvoir l'exprimer sur les Coupes du Monde. Et voilà, on m'a coupé l'herbe sous le pied avec cette grosse blessure qui demande beaucoup de temps et de rééducation. Et voilà, c'est vraiment une sacrée blessure quand même.

  • Näilé

    Comment ça s'est passé du coup ? Toute cette période où tu es blessée, où tu ne sais pas comment et quand tu vas pouvoir remonter sur les tapis en compétition, quel a été le diagnostic ? Quelles ont été les étapes pour revenir ?

  • David

    La prise en charge et le diagnostic, ça a été très très vite. le 2 décembre, je me blesse au soir, et le 3 au matin, j'ai déjà passé tous les examens nécessaires, et je sais ce que j'ai et ce que je vais devoir subir comme rééducation, opération, traitement, etc. Donc ça, ça a été très vite, je n'ai pas eu le temps de trop m'imaginer des choses, j'avais les informations très claires, très nettes, très précises tout de suite, donc ça, c'était plutôt un point positif, et puis après, on a dû attendre un peu que le genou désenfe, faire un peu de rééducation préopératoire pour renforcer les muscles autour, pour que l'opération se passe mieux. Et oui, j'avais oublié cette période. Début janvier, je devais me faire opérer, sauf que j'attrape le Covid, donc je ne peux pas me faire opérer. Ça repousse l'opération à six semaines. Et donc là, j'étais là, punaise, un mois et demi en plus, c'est rien, et en même temps, c'est énorme. Juste parce que j'ai le Covid, donc là ça a été encore un petit coup dur. J'ai dû me faire opérer du coup mi-février. Et puis après, mi-février, opération. Voilà. Et dans le mois qui suit, rééducation jusqu'à juillet. Voilà. J'étais allée à Cap-Breton aussi pour essayer de faire une rééducation la meilleure qu'elle soit.

  • Näilé

    Ça ressemble à quoi une rééducation des ligaments croisés ?

  • David

    C'est extrêmement chronophage. Au début, c'est long. Pendant le premier mois et demi, c'est long parce que tu marches avec les béquilles, tu as beaucoup de douleurs, tu n'as pas beaucoup d'amplitude, tu ne fais pas grand-chose. Et puis à partir du deuxième mois, tu commences à pouvoir marcher, à pouvoir faire plus d'exercices. Et donc là, ça commence à être une vraie rééducation. Tu vois des améliorations. Mais au début, c'est très très long. Le premier mois et demi, voire deux mois, c'est vraiment...

  • Näilé

    Oui, c'est long et tu n'es pas certaine de l'issue de la rééducation. Tu ne sais pas combien de temps ça peut durer. Et il y a eu un peu des rebondissements, puisque je crois qu'en août 2022, tu as eu une nouvelle opération. La plastique n'avait pas tenu.

  • David

    Ouais, ça, ça a été le coup dur. Et finalement, je ne me souviens pas très, très bien de ma première blessure, dans le sens où la deuxième a été tellement plus traumatisante et tellement plus dure que je me souviens beaucoup plus de la deuxième. Parce que, du coup, voilà, il y a six mois... À six mois post-op, ma plastie, c'est une autogreffe qu'on prend et qu'on remet à la place de l'ancien ligament. Elle se déchire parce qu'elle n'avait pas bien vascularisé. J'étais en train de faire du vélo, je mets le pied sur le côté pour m'arrêter, et là, mon genou se déboîte, ma plastie saute. Alors que moi, dans ma tête, à six mois, ça commence à être vraiment solide, et on peut recommencer à faire des choses un peu plus... demandante dans le genou et là rien qu'en faisant du vélo je me pète la plastique,

  • Näilé

    c'était lunaire ouais c'était pas extrême ce que tu faisais avec ton genou à ce moment là non pas du tout,

  • David

    à ce moment là pas du tout mais dans ma tête je m'y attendais pas du tout surtout que j'avais passé des examens complémentaires à 5 mois et demi scanner, IRM, la panoplie, et tout allait bien, tout était bon, bonne consolidation, etc. Donc ça a été vraiment le choc.

  • Näilé

    Oui. Le choc, mais finalement, une deuxième opération, et depuis, tout a l'air de tenir.

  • David

    Je touche du bois ? Ouais. Ouais, ouais. Bah du coup, en juillet 2022, donc je me refais les croisés. Et là, j'attends un peu pour me faire opérer parce que ça a été trop dur mentalement et dans ma vie de subir cette deuxième blessure. Du coup, j'ai attendu septembre pour me faire opérer.

  • Näilé

    Ouais, ok.

  • David

    Et donc voilà, j'ai repris l'entraînement en mars 2023.

  • Näilé

    Mars 2023, donc six mois après ?

  • David

    Oui.

  • Näilé

    Avec un peu d'appréhension ?

  • David

    En même temps, oui. En même temps, non. Parce que je me dis, s'il faut que je me les fasse dix fois, c'est croisé, je me les ferai dix fois. Et je m'en fous, je reviendrai. Et en même temps, oui. Parce que j'en ai quand même bien chié. Il n'y a pas d'autres mots. Ça a été galère. C'est surtout... Mentalement, c'est vraiment dur. Donc, je n'avais pas envie de revivre ça. Mais sinon... je m'étais dit s'il faut que je me les refasse c'est comme ça je me les referai je peux pas je vais tout faire pour que ça soit solide et que et que ça se passe bien mais si ça doit se repasser ça se repassera je peux pas lutter

  • Näilé

    bon mais en tout cas comme tu dis pour l'instant tu touches du bois tout va bien cette année on est encore en 2023 donc je peux te dire encore cette année t'as participé à pas mal de compétitions alors aussi des compétitions qui sont pas forcément sur le circuit de l'IFSC c'est un peu des moments aussi qui sont sympas je pense au Toutablock, je pense aussi au Masters of Fire

  • David

    pour toi ça évoque quoi ces compétitions en dehors du circuit où l'ambiance est carrément différente je crois que c'est une des choses de ce pourquoi j'aime l'escalade c'est l'ambiance des grimpeurs de ces contests là de l'énergie de tout le monde qui fait que c'est des moments qui sont vraiment incroyables et j'en avais un peu oublié l'énergie un peu qui est différente, qui est pas moins bien ou... qui est juste différente d'un peu du groupe France et tout ça et je crois que j'ai besoin des deux pour faire que j'aime l'escalade, j'ai besoin un peu de la compète entre guillemets officielle et de ces contests qui m'apportent beaucoup plus de je sais pas, de légèreté peut-être de chaleur de bienveillance

  • Näilé

    Alors question piège entre le Tout à bloc et le Masters of Fire lequel tu préfères ?

  • David

    le Masters of Fire je pense que c'était la première édition sur laquelle j'allais mais c'était vraiment incroyable et ça a été vraiment le moment où je me suis dit ça y est je suis heureux dans la course entre guillemets J'ai un peu retrouvé du niveau, je prends plaisir à grimper, je ressens le besoin d'être avec tous ces grimpeurs et de partager un moment de grimpe et de vie avec eux. Donc ça a été vraiment incroyable comme week-end.

  • Näilé

    C'est les Belges qui font que l'ambiance est aussi folle que ça à ton avis ? C'est les participants ? Qu'est-ce qu'ils font ?

  • David

    Je pense que c'est un mix des deux parce que l'un sans l'autre ça marche pas mais c'est des contests où tout le monde est trop content d'aller et personne n'y est obligé il n'y a pas de contraintes, il n'y a rien tout le monde y va par pur plaisir, par pure passion pour l'escalade et pour la fête aussi parce qu'il y a aussi une fête où on est tous ensemble après et ça aussi ça nous rend plus heureux tout simplement, du coup je pense que c'est vraiment en mix des deux

  • Näilé

    Yes, chouette trop bien, ça fait super plaisir de t'entendre comme ça, parler de parler de ces contests et du fait que ça te rende aussi heureuse, ça fait plaisir à entendre on a dit que tu n'avais pas de bonne résolution pour l'année prochaine je sais que évidemment tu vas faire tout ton possible pour les coupes du monde et je te souhaite de parvenir à tes objectifs est-ce que en dehors de cet objectif qui est quand même hyper déjà hyper important est-ce que tu as des projets pour l'année prochaine ?

  • David

    des projets j'aimerais bien peut-être essayer un FAC qui me corresponde vu que voilà bon j'ai fait 15 ans le 8C+, mais je me dis si je trouve quelque chose qui me correspond et que je peux que je peux vraiment essayer ça peut peut-être le faire donc j'aimerais bien trouver un truc pas trop loin de chez moi ça ça pourrait être cool et sinon on a essayé de chercher mais bon pour l'hiver tout est mouillé autour de chez nous donc ça marche pas et puis pour l'été on sait pas trop on se laisse le temps d'y réfléchir voilà

  • Näilé

    et bien on va suivre ça avec attention l'année prochaine trop bien merci Noël, est-ce que tu voudrais remercier des personnes pour conclure cette petite heure ensemble ?

  • David

    Ben ouais, j'aimerais bien remercier Kévin Arme, du coup mon entraîneur qui continue à me suivre malgré mes péripéties et tout ça malgré mes blessures, malgré mes temps de pause qui n'a jamais rien lâché et qui a toujours créé en moi, donc ça je pense que c'est vraiment un point important, et puis toute ma famille qui me soutient, mes amis la communauté des grimpeurs qui est vraiment très chouette je pense et puis voilà

  • Näilé

    Très bien, merci beaucoup pour ton temps aujourd'hui Merci à toi Je te souhaite de joyeuses fêtes et je te dis à bientôt

  • David

    Oui, à bientôt

  • Näilé

    Et voilà, c'est fini pour cette fois Merci d'avoir écouté cette interview jusqu'au bout J'espère que tu as appris plein de choses Si tu as la moindre remarque, question ou suggestion, tu peux me contacter par email ou sur Instagram Tous les liens sont dans la description de l'émission Allez bonne grimpe et à bientôt !

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