Speaker #0Bonjour toi !
Bienvenue dans mon podcast Amowandji, le podcast ta safe place préférée. Retrouve-moi deux fois par mois, les dimanches soirs, pour te partager mes expériences, mes histoires et témoignages autour de divers sujets comme la spiritualité, les faits de société, mon quotidien de femme et de mère et tout ceci dans le Zola, (l'amour) et la bienveillance.
Allez, installe-toi confortablement, ça commence !
Bonjour, bonsoir, comment vas-tu ? Comment est-ce que tu te sens aujourd'hui ? Comment est-ce que tu t'es senti hier ou la semaine dernière ou bien il y a un mois ? Pourquoi j'insiste autant ? Parce qu'on va parler de la santé mentale dans la communauté afro-descendante. La santé mentale est encore un sujet tabou et pourtant elle est au cœur de notre bien-être. Ce sujet n'est pas à négliger. Si il faut en reparler 100 fois pour que les mentalités changent, dans ce cas, on va en reparler 100 fois. Brisons encore le silence, parce qu'on en a vraiment besoin. Et surtout, parce qu'on mérite d'être une communauté en bonne santé. Et avant de commencer, je voudrais d'abord remercier toutes les personnes qui écoutent mes épisodes, qui réagissent à mes publications, qui me soutiennent de près comme de loin. A vous, je vous dis merci, vous allez vous reconnaître. Une pensée aussi à mon père qui m'a transmis cette passion pour les médias. Sachez que je suis ravie qu'on se retrouve ici, dans votre safe place préféré, où l'on explore nos identités, nos blessures, nos forces, mais surtout notre puissance collective. Bon, les remerciements ont terminé, revenons à notre sujet qui est la santé mentale dans la communauté afro-descendante.
2025 apparemment c'est l'année de la révélation on dit tout on balance tout on va s'exprimer on va parler parce que parler c'est la voie de la guérison je pense que de plus en plus de jeunes comme moi prennent conscience que pour être en bonne santé il faut que le corps l'âme et l'esprit soit en osmose plus on en parle et plus la génération future sera informé à ce sujet J'ai voulu moi aussi poser ma pierre à l'édifice et en parler car récemment j'avais vu cette image sur Instagram je crois, comme une petite bande dessinée d'un jeune homme noir qui disait à sa mère, c'était en anglais, « Maman, j'ai besoin d'aller en thérapie » . Notez que ce jeune homme, un adolescent, a eu le courage d'exprimer ce besoin, ce qui n'est pas toujours facile. Et devinez ce que la mère lui a répondu ? On n'en a pas besoin, on va prier. Let's pray. En d'autres termes, les problèmes de santé mentale se règlent par la prière. Alors, je ne critique pas les croyances de chacun, les croyances des autres, mais il est à noter que chez les personnes religieuses, voire ultra religieuses, aller voir un thérapeute ou un psychologue est soit pour les faibles ou soit un manque de foi. D'autres disent que c'est un truc des occidentaux, chez nous les noirs ça n'existe pas, nous sommes forts et fiers. Bon, ok, disons que c'est vrai, mais dans ce cas, pourquoi davantage de jeunes noirs, de jeunes de la communauté, en parlent de plus en plus ? C'est qu'il y a un problème.
D'ailleurs, pourquoi est-ce que c'est tabou ? Alors qu'à ma connaissance, dans nos sociocultures traditionnelles africaines, nous avions nos méthodes pour canaliser et guérir de ces choses. Je ferai sûrement un épisode à ce sujet.
Je vais aussi en profiter pour te raconter mon vécu, qui te servira d'exemple puisque je suis allée voir deux psychologues, des psychologues noirs, un homme et une femme. J'insiste sur le fait qu'il soit noir car tu n'as même pas idée à quel point ça facilite la compréhension et la discussion. Arrêtons de nous mentir. Un médecin ou un psychologue issu de notre communauté sera à même de mieux répondre à nos questions et de nous guider.
Donc, je suis allée voir ces psychologues. Le premier, le psychologue, l'homme noir, c'était à la suite d'un événement tragique. Et puis la deuxième psychologue, la femme, car je ressentais le besoin de parler. J'avais besoin juste de m'exprimer et je voulais avoir un avis objectif, un avis extérieur de mon cercle de famille ou amical. Au début j'avais un peu honte d'ailleurs, mais pourquoi avoir honte de prendre une consultation chez un psychologue ? C'est parce qu'on t'a peut-être dit que ce sont les fous qui y vont. Et puis si on t'a déjà dit ça, sache que le fou ce n'est pas toi, mais ce sont eux, ce sont ces personnes-là qui disent ce genre de choses. Tu te dois de prendre soin de ton esprit et de ta santé en général. C'est ton devoir. Et puis ce type de réflexion, c'est ce qui fait qu'on n'en parle pas assez entre nous.
Mais pourquoi à votre avis ? Pourquoi on n'en parle pas ? Moi je pense qu'il y a des familles par exemple, pour qui c'est un signe de faiblesse. Et tu as sûrement entendu des expressions, des mots comme « Sois fort » , « Ça ira » , « On va prier » , Le must du must : « La dépression c'est pour les blancs » . Ce genre de phrases traduisent en réalité une profonde... incompréhension et un manque d'accès à l'éducation mentale et émotionnelle dans notre communauté. En fait, je dirais même que c'est un domaine qu'on n'arrive plus à maîtriser au fil des années, car dans nos rites traditionnels, tous les aspects de la vie étaient abordés, même le sujet de la santé mentale, des traumatismes, etc. Mais j'ai comme l'impression que nous avons perdu un peu de ce savoir. Et cette invisibilisation de nos souffrances psychiques s'explique aussi par un lourd héritage que tu connais déjà, l'esclavage et la colonisation. L'environnement, oui, l'environnement aussi y est pour beaucoup. Dans un pays qui n'est pas le tien, par exemple, où tu dois t'adapter, apprendre une autre langue peut être une source de stress. Et si tu ajoutes à cela... Les discriminations, le racisme systémique ou encore les micro-agressions du quotidien dans le pays où tu es minoritaire et que tu n'as jamais subi de telles choses dans ton pays d'origine, crois-moi que tu peux vite sombrer. Tous ces traumatismes collectifs et individuels finissent par s'ancrer dans ton corps, dans nos familles et dans nos esprits. Et inconsciemment, nous les transmettons aux futures générations.
Pour illustrer l'ampleur du problème, j'aimerais te partager quelques données importantes. Selon l'OMS, l'Organisation Mondiale de la Santé, les personnes issues des minorités ethniques, dont les afrodescendants, les noirs, ont deux à trois fois plus de risques de développer des troubles psychiques, notamment liés au stress chronique, à l'anxiété et à la dépression. Toujours selon l'OMS, une personne sur quatre. dans le monde risque de souffrir des troubles mentaux au cours de sa vie.
En France, une étude menée par Santé publique France en 2019 a révélé que les jeunes issus de l'immigration subsaharienne se sentent plus exposés à l'anxiété et à la dépression, mais qu'ils consultent en moyenne 40% de moins, 40% moins souvent, les professionnels de santé mentale. Et dans les communautés afrodescendantes, le poids du racisme, des traumatismes transgénérationnels viennent s'ajouter. Une étude américaine faite par l'American Psychological Association en 2022 montre que les afrodescendants ont un taux de stress post-traumatique 20% plus élevé que la population blanche. Il est à noter qu'en France, très peu de gens ont eu des problèmes ds stress post-traumatique. Peu d'études ciblent les afro-descendants et d'autres communautés, ce qui rend en fait leur réalité un peu invisible. D'autant plus qu'en France, faire des études ethniques ou communautaires n'est pas autorisé.
Mais alors, pourquoi tous ces chiffres ? Qu'est-ce qui se passe ? Que se passe-t-il ? Je pense qu'au-delà des préjugés, il y a aussi cette sous-représentation des professionnels de santé noirs. La nouvelle génération est à la recherche de professionnels de santé issus de la communauté. C'est important, cela témoigne d'un besoin urgent de structure d'écoute adaptée. Et il y a des conséquences à cela. Les conséquences du tabou de la santé mentale. Quand on ne parle pas, on intériorise. Quand on intériorise, on se détruit. Et quand on se détruit en silence, on s'effondre et certaines personnes se suicident. Ne pas exprimer sa souffrance peut conduire à de nombreuses conséquences. Isolement, insomnie, troubles alimentaires, addiction, anxiété constante, perte d'estime de soi.
Une communauté malade ne peut prospérer et se développer si ce type de problème n'est pas résolu, si le cri de ce silence autour de la santé mentale persiste. Je voudrais aussi faire cette précision. A la base, pour guérir de ces traumatismes, il est nécessaire de connaître son histoire familiale du côté paternel et du côté maternel. Et je vais citer les propos de Mabaya Lembo, chercheur géographe, membre du réseau africain des jeunes chercheurs en géographie (Rajecster) et cofondateur du magazine Rê-naissance, également traditionnaliste. Vous pouvez le retrouver sur Instagram.
Je cite, j'ouvre les guillemets, "Lorsque l'on connaît son histoire familiale du côté du père et de la mère, ce qui est important c'est de remonter l'histoire de sa lignée, de son clan, car l'histoire africaine débute dans les familles, dans les clans africains. Nous pouvons mieux comprendre nos dons, nos traumatismes en remontant l'histoire familiale car en tant que communauté nous avons vécu une multitude d'événements qui fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui. En remontant l'histoire de sa lignée nous saurons de quels dons j'ai hérité, de quels traumatismes j'ai également hérité. En ce qui concerne les traumatismes, nos familles ont vécu des événements très perturbants, tels que la violence liée à l'esclavage, le viol, etc. Et ceci marque également en partie nos histoires familiales, car avec ces différentes histoires de violence, il y a une omerta qui s'est créée et peu de gens ont ce courage de raconter ce qui s'est passé dans nos cercles familiaux. Et cela crée des conséquences mentales au sein de cette même famille, qui finira par se transmettre aux futures générations, telles que maladies, schémas spirituels néfastes, etc. Les traumatismes sont des énergies négatives, des égrégores, qui nous rongent l'esprit, le corps, et cela finit par causer les problèmes de santé mentale que nous subissons aujourd'hui. Tant que nous n'allons pas guérir de ces schémas négatifs en allant voir des psychologues ou encore de manière plus approfondie à faire des rites de purification, nous allons inexorablement tourner en rond, car le problème de la santé mentale est également spirituel." Je ferme les guillemets. Fin de citation.
De ce fait, comment y remédier ? Comment on brise ce tabou ? Comment on crée un espace ? où nos douleurs ne sont plus honteuses mais légitimes. Comment casser ce tabou, briser ce silence ? Eh bien, il faut parler. Il faut parler. En libérant la parole de notre communauté, dans notre communauté, en créant des espaces, des lieux d'échange, comme ce podcast, par exemple, dans l'aspect traditionnel, faire en sorte de se reconnecter à nos savoirs ancestraux, D'un point de vue médical, crée un annuaire de professionnels de santé issus de la communauté. Au passage, n'y vois rien de raciste ou de discriminant, en fait c'est normal. Encore une fois, on en a besoin. Ça ne veut pas dire que si tu ne trouves personne de la communauté dans le domaine de la psychologie ou de la médecine ou autre, qu'il ne faut pas aller en consulter si tu en as besoin. Faut pas hésiter à aller consulter, franchement, n'hésite pas, n'attends pas. C'est pour ça que je dis qu'aujourd'hui c'est important d'avoir ce type de liste pour les raisons que j'ai évoquées avant. Ensuite, il faut aussi s'autoriser à demander de l'aide, à essayer de sortir de sa zone de confort.
Il existe de plus en plus de thérapeutes noirs ou de thérapeutes formés aux enjeux interculturels. Et leur approche prend en compte notre histoire, nos blessures collectives, nos réalités. On peut aussi passer par d'autres formes de soins, comme les cercles de paroles, l'écriture, la méditation, les rites de purification comme je l'ai dit tantôt par exemple. Tout ce qui reconnecte à soi, tout ce qui apaise l'âme et l'esprit est bon à prendre.
Avant de mettre fin à cet épisode, n'oublie pas que la santé mentale n'est pas un caprice, ce n'est pas une faiblesse, c'est une composante essentielle de notre bien-être. En brisant les tabous, on ne se fragilise pas, on se libère.
Merci du fond du cœur d'avoir écouté cet épisode. Si tu penses qu'il peut aider quelqu'un, partage-le autour de toi. Et surtout, rappelle-toi que tu as le droit d'aller mieux. Tu as le droit de te sentir bien.
On se donne rendez-vous au prochain épisode.
C'était Amowandji, le podcast.
Bye !