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Argent: parlons cash les filles!

Violences économiques dans le couple: le piège qu'on ne voit pas venir... N°35

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40min |24/11/2025
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Violences économiques dans le couple: le piège qu'on ne voit pas venir... N°35

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40min |24/11/2025
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Description

⚠️Benoît s’oppose à ce que sa femme, Aurélie, ait un compte bancaire personnel 💳.

Ce qu’il dit ? : « Un couple ça partage tout dans le compte commun, pas de secrets entre nous : comme ça, chacun voit ce que gagne et dépense l’autre » 🙄.

⚠️En fait, c’est surtout Benoît qui contrôle ce que dépense Aurélie avec son salaire :

« Eh, c’est quoi ces 40 euros chez Séphora ? T’as pas assez de rouges à lèvres et de vernis💄 ? OK, c’est ton salaire, mais fais gaffe quoi ! Faut que je remplace la bagnole. » 🚗


⚠️Justement, Benoît se sert largement dans le compte commun pour acheter la Clio… qu’il met à son nom 📄.

« Bah oui, c’est moi qui la conduirai le plus souvent ! »

⚠️C’est comme l’appart 🏠. Il est juste à son nom. Pourquoi ?

« Moi j’achète le lourd, toi tu achètes le quotidien : les courses 🛒, les couches de bébé 👶, les vêtements d’enfants 👕. »

Eh oui, ça marche comme ça :

Benoît investit – à son nom – il se construit un patrimoine 📈…

Et Aurélie, elle, remplit le caddie🛒.


⚠️Quand Aurélie a eu son premier enfant, Benoît a insisté pour qu’elle arrête de travailler ❌👩🏻‍💻💼.

Pourquoi ?

« Il est hors de question que mes enfants soient élevés par une nounou et aillent au centre de loisirs le mercredi. Avec des gamins, on peut pas être deux à faire carrière. Et puis tu peux bien arrêter de bosser, je gagne assez pour deux, et ça va faire baisser nos impôts. » 🤦🏻‍♀️


Toute ressemblance avec des couples de votre entourage n’est absolument pas fortuite 👀.

Laquelle d’entre nous n’a jamais subi ou constaté des situations toxiques dans les couples ? Des situations qui sentent le malaise, les non-dits, l’emprise…😰 Ces contraintes imposées par le conjoint, ce sont des violences économiques 👊🏻: des violences insidieuses… ou frontales.

Et elles touchent tous les milieux.


Pour en parler, nous avons accueilli Françoise Brié , experte des violences sexistes, présidente de la fondation Women Without Violence, ex-directrice générale de la Fédération Nationale Solidarité femmes, (le célèbre 3919 ☎️) et Et vice-présidente de l’Escale Solidarité Femmes

📚 Livres cités dans cet épisode :

Le prix à payer : Pourquoi le couple hétéro appauvrit les femmes et nuit à l’amour — Tiffany Cooper & Lucile Quillet

Les bons comptes font les bons amantsHéloïse Bolle & Insaff el Hassini

Le couple et l’argent : Pourquoi les hommes sont plus riches que les femmes — Titiou Lecoq

Étude citée : https://violences-economiques.lesglorieuses.fr/

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Un podcast proposé par Corine Goldberger, journaliste,  et Thierry Ohayon, conseiller patrimonial, co-auteur de Les filles, Osons parler argent et  L'argent au féminin?  Musique et mixage: 🎵🎶🎧: Léo Gully @leo_gulls  Illustration vignette ✏️🎨🖍️ : Sarah Gully @sarah_gully 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Allez, je tire 200.

  • Speaker #1

    Fric, Sune,

  • Speaker #2

    Pognon,

  • Speaker #1

    Oseille,

  • Speaker #2

    La Mola,

  • Speaker #1

    Grisby, Salaire, Honoraire,

  • Speaker #2

    RIM, Pension de retraite, Livret A, Héritage, Assurance vie, Impôts, Déduction, Investir, Bitcoin, Trading. Intérêt SCPI Plan d'épargne action PER

  • Speaker #1

    Travailler Se marier Se paxer Ou vivre en union libre Fonder une famille Monter sa boîte Demander un crédit immobilier Se séparer Se remarier Changer de boulot partir en retraite, hériter, devenir veuve. Autant de grandes étapes de la vie, mais aussi trop souvent, d'occasion de s'appauvrir pour les femmes mal informées. Mais il n'est jamais trop tard pour se poser les bonnes questions sur sa situation financière et son patrimoine ou matrimoine, actuel ou à venir. Et tant qu'il en est encore temps, mettre en place des stratégies d'épargne et d'investissement pour éviter de se réveiller un jour fauché, voire spolié. C'est ce que nous vous proposons chaque mois dans ce podcast avec nos expertes invités. Si vous ne savez pas comment faire, Vous ne savez pas comment vous informer pour mieux vous occuper de votre argent. Si ce que vous racontent les experts de la banque et de l'assurance entre autres vous paraît obscur, complexe, ce podcast est fait pour vous. Notre mission, vous aider à bâtir votre indépendance financière qui est la clé de votre liberté. Et vous aider à peser le pour et le contre avant de prendre une décision qui engueule vos sous. Avec un regard de femme, de conjointe, de mère sur l'argent. Je suis Corinne Colbertier, journaliste et j'aime ce podcast. Benoît s'oppose à ce que sa femme Aurélie ait un compte bancaire personnel. Ce qu'il dit ? Un couple, ça partage tout dans le compte commun. Pas de secret entre nous, comme ça chacun voit ce que gagne et dépense l'autre. En fait, c'est surtout Benoît qui contrôle ce que dépense Aurélie avec son salaire. C'est quoi ces 40 euros chez Sephora ? T'as pas assez de rouge à lèvres et de vernis ? Ok, c'est ton salaire, mais fais gaffe quoi, faut que je remplace sa bagnole. Justement, Benoît se sert largement dans le compte commun pour acheter la clio qu'il a mise à son nom. Ben oui, c'est moi qui la conduirai le plus souvent. C'est comme l'appart. Il est juste à son nom. Pourquoi ? Moi j'achète le lourd, toi tu achètes le quotidien. Les courses, les couches de bébés, les vêtements d'enfants. Et oui, ça marche comme ça. Benoît investit à son nom, il se construit un patrimoine et Aurélie remplit le caddie. Quand Aurélie a eu son premier enfant, Benoît a insisté pour qu'elle arrête de travailler. Pourquoi ? Il est hors de question que mes enfants soient élevés par une nounou et aillent au centre de loisirs le mercredi. Avec des enfants, on ne peut pas être deux à faire carrière. Et puis, tu peux bien arrêter de bosser, je gagne suffisamment pour deux, et puis ça va faire baisser nos impôts. Et du coup, tu aurais plus de temps pour m'aider pour ma boîte, hein chérie ? Si tu pouvais me faire un peu de secrétariat, de facturation. Quoi ? Ah non, je ne vais pas te payer pour ça. Tu n'es pas mon employé, tu es ma femme. Je ne vais pas payer des charges sociales et des impôts pour l'aide de ma femme. Toute ressemblance avec des couples de votre entourage n'est absolument pas fortuite. Laquelle d'entre nous n'a jamais subi ou constaté des situations ? toxiques dans les couples, des situations qui sentent le malaise, les non-dits. Ces contraintes imposées par le conjoint, ce sont des violences économiques, des violences insidieuses ou frontales. À quelques jours de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre, pour parler des violences économiques dans le couple, nous sommes heureux d'accueillir Françoise Brié, experte sur les violences sexistes. Françoise, vous êtes présidente de la fondation Women Without Violence. et ex-directrice générale de la Fédération Nationale Solidarité Femmes. C'est un réseau de 83 associations qui, partout en France, accueillent, accompagnent et hébergent les femmes victimes de violences dans le couple et leurs enfants. La FNSF est connue pour son célèbre numéro, le 3919, la ligne d'écoute destinée aux femmes victimes de violences. Et vous êtes actuellement vice-présidente de l'ESCAL Solidarité Femmes, une association, membre de la FNSF précité. Waouh waouh waouh, quel background ! Bonjour Françoise,

  • Speaker #2

    bonjour Corinne,

  • Speaker #1

    bonjour Thierry,

  • Speaker #0

    bonjour Françoise, bonjour Corinne,

  • Speaker #1

    bonjour Léo à la technique. Merci à notre partenaire Exant, spécialiste de l'investissement dans la silver economy, à découvrir sur exant.fr. Et c'est parti ! Alors, j'ai cité dans ma petite intro quelques exemples classiques de violences économiques dans le couple. Et donc ces violences économiques dans le couple toucheraient 41% des femmes selon une étude IFOP pour le collectif Les Glorieuses. ... C'est Énorme ! Pour aller plus loin, Françoise, comment définir les violences économiques ? Pouvez-vous nous donner d'autres exemples, d'autres formes de violences économiques, des plus flagrantes aux plus assidieuses ? Et on aimerait bien aussi savoir comment est-ce qu'on détecte les signaux faibles, les manifestations précoces de violences économiques ?

  • Speaker #2

    Oui, donc merci pour cette invitation. Juste pour dire qu'il faut quand même différencier les violences économiques telles que vous avez donné quelques exemples, mais aussi telles que le disent les glorieuses. qui sont des actes isolés, je dirais, qui peuvent se répéter, mais qui sont isolés comme le contrôle des finances, le vol d'argent ou la saisie des cartes bancaires, mais qui ne sont pas forcément associés à d'autres formes de violences. Et là, je veux parler des violences conjugales, dans lesquelles il y a une forme de violence qui est la violence économique. Voilà, donc c'est important pour nos auditeurs et auditrices de comprendre qu'il y a cette différence. Pour dire d'abord que ces deux phénomènes, c'est évidemment lié aux inégalités entre les femmes et les hommes. aux stéréotypes sexistes qui sont très prégnants dans la sphère privée, mais aussi dans la sphère publique, et qui existent dans tous les niveaux de la société, de la construction sociale qui débute dès l'enfance, qui traverse le milieu familial, l'éducation, y compris à travers l'orientation professionnelle, les médias, les réseaux sociaux, etc. Les violences conjugales s'inscrivent dans ce contexte et dans les inégalités, à l'accès à l'éducation, aux ressources, dans les prises de décisions, dans la sphère publique, politique, bien sûr, et dans la sphère privée.

  • Speaker #1

    Tout est lié.

  • Speaker #2

    Tout est lié, finalement. et donc c'est Ces violences économiques qui sont celles décrites par les Glorieuses, elles peuvent être préexistantes à des violences économiques dans les violences conjugales et elles peuvent même finalement être les premiers symptômes de ces violences conjugales. Et donc je pense par exemple à vos exemples que vous avez donnés, à l'interdiction de travailler, au captage des ressources de la conjointe, du versement de tout ce qui est allocation familiale sur le compte du monsieur. Et donc, Madame n'a accès finalement à pas de ressources propres et donc à son indépendance financière.

  • Speaker #0

    Il y a le sujet aussi que dans certains couples, Monsieur va mettre toutes les propriétés immobilières à son nom, de sorte d'être maître à bord.

  • Speaker #2

    Tout à fait ce que vous avez indiqué, c'est-à-dire ce qu'appelle Titio Lecoq la théorie du pot de yaourt. A savoir que tous les biens immobiliers ou mobiliers sont achetés au nom du Monsieur et Madame paie les frais. courante, de la vie courante, avec rarement des factures qu'on conserve.

  • Speaker #1

    Et donc,

  • Speaker #2

    quand il y a une séparation, Madame se retrouve finalement sans avoir aucune possibilité de prouver qu'elle a bien participé à l'achat du bien.

  • Speaker #0

    Et une petite précision, les achats immobiliers se font grâce aux rémunérations des deux. Le crédit est construit grâce aux rémunérations du couple de Monsieur et de Madame. Mais à la fin, monsieur s'organise pour que tout soit à son nom. Je ne pourrais pas qu'on pense que madame n'a pas de contribution dans l'investissement.

  • Speaker #1

    Même quand elle contribue,

  • Speaker #0

    elle peut être expoliée. Elle contribue et en plus elle est spoliée.

  • Speaker #2

    Voilà, tout à fait. Donc monsieur construit son patrimoine et madame, pas du tout.

  • Speaker #0

    Elle s'appauvrit.

  • Speaker #2

    Elle s'appauvrit, exactement. Donc j'ai parlé évidemment du versement des allocations familiales ou du salaire sur un seul compte. Heureusement, peut-être madame Rixin a permis de faire évoluer la législation par une obligation. d'ouvrir un compte bancaire sur lequel sera versé les ressources et le salaire de chacun des membres du couple. On a également l'accès au compte bancaire de madame qui va utiliser pour ses besoins propres, finalement, sans autorisation de la conjointe. Et donc, ce que je voulais dire, c'est l'importance, dès le début de la relation, de protéger son patrimoine, de garder confidentiel les accès à ses comptes ou au numéro de sa carte bancaire, même quand il s'agit de son mari, de son concubin. ou compagnons. Et le deuxième point, c'est évidemment de s'intéresser aux questions financières pour les femmes. Essentiel. Voilà, d'avoir une éducation. Je pense qu'on manque d'éducation des filles dans la jeunesse pour apprendre. Il faut écouter notre podcast,

  • Speaker #1

    entre autres.

  • Speaker #2

    Tout à fait. Pour connaître et s'intéresser aux questions financières. Et puis, ça va évidemment de pair, parce que pour s'intéresser aux questions financières, pour travailler sur le patrimoine, il faut du temps, quand même. Et donc, ça veut dire le partage des tâches ménagères et parentales, ce qui donnera le temps aux femmes. aussi de gérer cet aspect.

  • Speaker #1

    Oui, parce que l'éducation financière, c'est du temps quand même. Il faut lire, il faut écouter des podcasts. C'est des rendez-vous. C'est des rendez-vous aussi, avec son notaire, avec sa banque.

  • Speaker #2

    Avec son banquier, avec sa banquière, exactement. Donc, quand surviennent les violences conjugales, ces inégalités économiques déjà préexistantes, elles vont devenir violences économiques, elles vont précariser les femmes, elles vont empêcher le départ du domicile. La question qu'on se pose, c'est où aller lorsqu'on n'a pas de logement, lorsque le logement est au nom de monsieur, euros. qu'on a arrêté de travailler pour s'occuper des enfants, lorsque la question de l'attribution du domicile se pose au moment de la séparation. Voilà, et pour rappeler que les familles les plus pauvres en France, mais peut-être que vous avez aussi parlé dans une autre émission, C'est 80. 1% de femmes, semi-monoparentales, et les femmes sont les plus pauvres, y compris au moment de la retraite. Et puis un autre aspect de ces inégalités, de ce qu'on peut appeler les violences économiques, c'est la diminution rapide de l'activité professionnelle des femmes avec la naissance des enfants, vous l'avez dit. On voit bien que quand il n'y a pas d'enfants, il y a une activité professionnelle à temps plein, et puis le nombre d'enfants... Les enfants arrêtent de travailler.

  • Speaker #1

    Que monsieur peut commencer à faire pression pour qu'elle arrête de travailler. Tout à fait. Ce sont divers prétextes.

  • Speaker #2

    Tout à fait. Et je dirais même que parfois, il y a la pression de monsieur, mais il y a aussi la pression familiale. Donc c'est important aussi, tout à fait, que la famille aussi se rende compte que... Il a raison, ton mari. Arrêter de travailler, derrière, ça veut dire une perte de revenu. Et si le mari, effectivement, l'impose, il peut y avoir... une possibilité d'échange aussi avec l'aide de sa famille si nécessaire.

  • Speaker #0

    Je voudrais juste soulever un point ici. Vous disiez à l'instant que dans les gens pauvres, on constate qu'il y a beaucoup de femmes. Et moi, je voudrais dire une chose qui n'est pas une fatalité. Parce que si on regarde les travailleurs et les travailleuses, probablement que les femmes sont beaucoup plus respectueuses de leur job, de leur travail, et elles font leur travail. Alors que j'ai le sentiment que bien souvent, à le son. acculées, si vous voulez, où elles sont poussées vers la pauvreté. Pour moi, la pauvreté des femmes monoparentales n'est pas une fatalité. Pour moi, il me semble que c'est un phénomène qui fait qu'on les a poussées vers ça, à cause des violences sur l'argent.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que vous en pensez, Françoise ?

  • Speaker #2

    Oui, je pense aussi que c'est l'idée reçue de penser que le salaire des femmes est un salaire toujours d'appoint, finalement. Il y a des gens qui continuent de le penser,

  • Speaker #1

    dès lors que Madame gagne moins.

  • Speaker #2

    Voilà, donc ça veut dire qu'on a un salaire, et donc le temps partiel finalement sert aux besoins, effectivement, quotidiens du ménage, mais on n'imagine pas qu'une femme peut avoir un salaire pour elle, pour investir, pour acheter, voilà. Et donc ça c'est important aussi de lutter contre ces stéréotypes sexistes, dans lesquels s'engouffrent évidemment un certain nombre d'hommes pour appauvrir leur conjointe et manipuler un certain nombre de biens.

  • Speaker #0

    Parce qu'elles acceptent en fait des jobs. dégradées au nom du fait qu'elles ont un deuxième job, celui de s'occuper des enfants. C'est-à-dire qu'elles perdent de vue des jobs avec des responsabilités au nom du fait qu'il faut qu'elles s'occupent de leur famille.

  • Speaker #1

    Tu veux dire qu'elles renoncent à faire carrière ? Elles prennent un job à mi-temps qui leur permet de prendre leur mercredi, des choses comme ça.

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait. Et puis je pense qu'également... Et du coup,

  • Speaker #1

    elles ne pensent pas à la retraite en plus.

  • Speaker #2

    Oui, dans le monde du travail également, on a quand même... Aussi cette idée que les femmes vont avoir des grossesses, que de toute façon elles vont prendre un temps partiel. Et donc rattraper aussi après, y compris en termes de rémunération ou d'évolution professionnelle, c'est beaucoup plus compliqué pour les femmes.

  • Speaker #1

    Moi je suis souvent enragée à l'idée que les femmes sur lesquelles les maris font pression pour qu'elles arrêtent de travailler ou qu'elles prennent un mi-temps n'aient pas le réflexe de répondre. Et ma retraite ? Ils pensent à ma retraite ? Parce que là le mari qui les empêche de travailler s'attaque directement à leur future retraite.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #2

    oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Mais... Dans les grands groupes industriels, quand les femmes font carrière et qu'elles commencent à faire des enfants et qu'elles demandent leur mercredi, la carrière s'arrête nette. C'est-à-dire que leur potentiel d'évolution est extrêmement freiné.

  • Speaker #1

    Moi, je l'ai constaté auprès de certaines collègues. Demander son mercredi, c'est mal vu. Si on entend des choses du genre... Ah, évidemment, elle n'est pas là. avec tout un tas de sous-entendus, on ne peut pas compter sur elle, etc.

  • Speaker #2

    Donc j'en reviens effectivement à la question du partage des charges parentales et le congé parental également, qui n'est pas forcément très positif sur la retraite. Donc il faut aussi que les hommes s'intéressent, et je pense que c'est aussi positif pour eux de pouvoir s'occuper de leurs enfants à un temps donné et partager ces charges qui freinent pour les femmes, en tous les cas, quand elles durent leur évolution professionnelle. Donc ce que je voulais dire aussi... En ce qui concerne les violences conjugales, ce qu'on note également, c'est qu'on peut avoir le chantage économique, par exemple. Oui, le chantage économique. C'était très observé.

  • Speaker #1

    Vous avez des exemples qui vous ont marqué ?

  • Speaker #2

    Oui, c'est par exemple menacer de se venger financièrement si la victime choisit de ne pas répondre à certaines exigences, par exemple, et en conséquence, du chantage sexuel ou des violences sexuelles, ou si elle choisit de rompre la relation.

  • Speaker #1

    Il faudrait être gentil avec moi, des formules comme ça. Il faut être gentil avec moi, sinon... j'achèterais pas ci, j'achèterais pas ça.

  • Speaker #2

    Exactement. Et donc, c'est aussi ce qu'on avait indiqué dans le spot iMoney, dont on parlera un petit peu plus tard, mais qui était très révélateur de cette question. La non-participation aux charges, on s'est refusé de payer les charges communes, le contrôle des dépenses, vous en avez également parlé, surveillance des comptes bancaires et ou administrative de la victime, mais également la critique négative sur sa façon de dépenser l'argent.

  • Speaker #1

    C'est toujours trop.

  • Speaker #2

    et le contrôle exclusif sur les décisions financières du couple. C'est aussi l'interdiction des achats, y compris alimentaires, pour la femme et les enfants, la remise d'un montant restreint de liquidité pour des achats précis et la surveillance des factures. Moi, j'ai vu des femmes qui avaient 20 euros par semaine pour se nourrir avec leurs enfants.

  • Speaker #1

    Comme de l'argent de poche.

  • Speaker #2

    Comme de l'argent de poche, exactement. Données en liquide et n'avaient absolument pas accès. Contrôle également du frigidaire, de ce qu'elles mangeaient. Donc, ça peut aller extrêmement loin pour... limité en tous les cas, toutes dépenses, mais en tous les cas, c'est un phénomène de contrôle et de domination qui est très précis et qui va générer évidemment du stress, parce qu'il faut nourrir les enfants, et qui s'ajoute souvent à d'autres formes de violence, comme je l'ai dit.

  • Speaker #1

    Pensez aussi à la mamise administrative, c'est-à-dire le monsieur a la mamise sur toute la paperasse du couple, la déclaration de revenus,

  • Speaker #0

    il reçoit tous les relevés bancaires au bureau, il reçoit tous ses impôts au bureau, et du coup, il crée comme ça un...

  • Speaker #1

    Il lui fait croire que c'est compliqué, laisse tomber, je m'en occupe. Il lui fait croire que c'est compliqué. Si elle s'occupait aussi de la déclaration de revenus, elle verrait des choses intéressantes. Elle pourrait demander des comptes.

  • Speaker #2

    Tout à fait. Il y a aussi la privation de ressources, c'est-à-dire exiger de l'argent sous la contrainte ou la menace. L'utilisation de la carte crédit sans consentement. Les dépenses depuis le compte conjoint en désaccord avec l'entente du couple. Le transfert d'argent du compte de la victime sans son consentement. Et j'ai parlé des allocations familiales, évidemment. l'usurpation d'identité.

  • Speaker #1

    Ah oui, ça se fait aussi.

  • Speaker #2

    Utiliser les informations administratives de la victime afin de prendre son identité dans le but d'obtenir des cartes de crédit, des crédits bancaires et ainsi créer des dettes à son nom.

  • Speaker #1

    C'est un cauchemar. C'est horrible.

  • Speaker #2

    Et la limitation de l'accès à l'information administrative, c'est-à-dire mentir quant à sa situation financière, vous en avez parlé, ou sur la situation du foyer ou encore dissimuler des revenus personnels, des factures ou des avis importants.

  • Speaker #1

    Et il y a aussi les dettes. Les dettes, le monsieur ne paye pas ses impôts et madame ne le sait pas, mais elle est astrate à la solidarité fiscale. Même divorcée, le fisc peut se retourner contre elle.

  • Speaker #2

    Tout à fait, c'est bien la question aussi de débat et d'évolution de la loi sur le sujet, puisque des femmes qui avaient un patrimoine se sont retrouvées surendettées, obligées de vendre leurs propres revenus pour payer les dettes. Alors qu'elle n'avait absolument pas...

  • Speaker #1

    Le monsieur qui est parfois parti à l'étranger et on ne peut pas mettre la main dessus, donc le fils que se retourne vers madame.

  • Speaker #0

    Il y a une blague fréquente qui est faite chez les expatriés, c'est-à-dire que monsieur et madame sont en expatriation et monsieur va laisser des comptes dans les anciens pays où il a été expatrié. Et quand arrive le moment de la séparation, il va faire la déclaration que du dernier compte qu'il vient d'ouvrir, dans lequel il y a 3 francs 6 sous, alors que par ailleurs... dans les pays. Il a des comptes gardés.

  • Speaker #2

    Et je pense que ça, ça fait partie aussi des questions de ce qu'on appelle le paiement de la contribution à l'entretien et l'éducation de l'enfant, qu'on dit pension alimentaire, d'une façon ou autre. Un certain nombre de conjoints qui ont des moyens financiers ne payent pas cette contribution et abandonnent leur famille. Ça s'appelle l'abandon de famille, alors qu'ils ont des ressources, effectivement, dissimulées un peu partout. laissant madame et les enfants dans une situation économique extrêmement difficile. Il y a aussi la limitation de l'accès à l'information administrative, mentir quant à sa situation financière ou sur la situation du foyer, ou dissimuler, comme vous l'avez dit, des revenus personnels. Et puis le contrôle de la vie personnelle et professionnelle, l'interdiction de travailler et d'étudier. Donc ça, c'est extrêmement fréquent. C'est extrêmement fréquent. Vous l'avez dit en début d'émission, c'est-à-dire que les femmes ne peuvent plus travailler. sont dans l'obligation de prendre un mi-temps,

  • Speaker #1

    diminuent leurs heures de travail et aggravent leur situation et donc leur indépendance financière qui est la clé de leur liberté.

  • Speaker #2

    Et quand il y a violence conjugale, on passe à un autre contrôle, c'est-à-dire que les femmes sont par exemple enfermées le matin avant d'aller travailler, donc elles multiplient les retards. sur leur travail ou alors du fait des violences physiques ou sexuelles ou autre forme de violence, ont des arrêts maladie fréquents. Et donc, d'où l'importance pour l'employeur de s'intéresser effectivement parfois à ces situations et donc de repérer un certain nombre de signes qui peuvent laisser penser que ces arrêts de travail ou ces absences sont dus à des violences conjugales qui sont multiples.

  • Speaker #0

    Il y a une des violences qu'on n'a pas encore citée, c'est le changement de régime matrimonial. C'est-à-dire que... On va proposer à son compagnon ou à sa compagne de changer de régime matrimonial. C'est un chéri,

  • Speaker #2

    c'est mieux pour nous.

  • Speaker #0

    C'est mieux, voilà, j'ai discuté avec le notaire, c'est super. Et donc en fait, ils étaient en communauté parce qu'ils ont grandi ensemble, ils commencent à avoir un peu de bien et il fait un changement de régime matrimonial, il fait une séparation et à ce moment-là, elle... elle revient à la case zéro patrimoine. Et comme entre-temps, elle a arrêté de travailler, donc elle n'a plus de revenus, elle se retrouve virtuellement en homeless.

  • Speaker #1

    Il y a deux situations dans lesquelles nos auditrices pourraient se retrouver. C'est l'homme qui s'installe chez sa copine, qui ne partage pas les charges, d'une part. Et le contraire, c'est-à-dire qu'un homme est propriétaire et il demande à sa copine, qui s'est installée chez lui, de lui payer un loyer. Pendant que lui, il rembourse son crédit. Donc en fait, sa copine, elle lui rembourse son crédit. Et en plus, comme souvent, elle paye les courses et la consommation du quotidien, lui, il s'est enrichi,

  • Speaker #0

    elle s'appauvrit.

  • Speaker #1

    On retombe dans la célèbre théorie des pots de yaourt vides. Et ça, ça peut arriver quand effectivement on s'installe chez un homme et qu'on lui paye un loyer. J'ai vu des situations comme ça, mais déjà pour demander un loyer à sa compagne... Partager les charges, oui, mais payer un loyer, c'est particulier, je trouve.

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait, et c'est d'autant plus fréquent quand il y a effectivement d'autres formes de violences conjugales.

  • Speaker #1

    Je pensais aussi à autre chose. Il y a être forcé à faire 50-50 dans le compte-joint pour les charges du couple, alors qu'il y a un grand déséquilibre de revenus.

  • Speaker #0

    De revenus et de fiscalité,

  • Speaker #1

    par conséquent. Au lieu de chacun contribuer selon ses ressources, monsieur dit, moi je suis féministe, donc on va contribuer à 50-50. Alors que les revenus sont déséquilibrés.

  • Speaker #2

    Tout à fait, c'est important de calculer en fonction de ces ressources la question aussi de la fiscalité, de la contribution à l'éducation et à l'entretien des enfants. Puisque les femmes déclarent finalement... Finalement, ce qu'on se rend compte, c'est aussi que la société, le système administratif et financier appauvrit les femmes. Donc en fait, pourquoi les femmes doivent déclarer de l'argent qui est utilisé pour... nourrir leurs enfants, leur acheter...

  • Speaker #0

    La pension alimentaire a une fonction et on va fiscaliser cette fonction. À côté de ça, le monsieur va défiscaliser la pension alimentaire.

  • Speaker #2

    Peut-être pour conclure sur cette question, c'est qu'effectivement en ce moment, il y a des propositions justement de modification de la loi pour mettre un terme à cette inégalité criante et qui est complètement aberrante en tous les cas.

  • Speaker #1

    Dans les violences économiques, je cite encore quand même le mari qui est addict au jeu, qui se drogue. Tout ça, c'est de l'argent qui peut être piqué à sa femme. Et j'invite nos auditrices à aller consulter le baromètre des violences économiques sur le site violenceséconomiques.lesglorieuses.fr pour voir où elle se situe, dans la zone verte par exemple où tout va bien, à la zone rouge où votre conjoint vous a mis en état de dépossession totale de vos moyens d'autonomie financière. Donc allez voir, c'est le baromètre des violences économiques des Glorieuses.

  • Speaker #0

    Alors, on a lu que l'interdiction faite à la conjointe de travailler ou de travailler moins est l'une des formes les plus fréquentes de violences économiques dans le couple. Est-ce que c'est ce que vous constatez et est-ce que c'est dans tous les milieux ?

  • Speaker #2

    Oui, je pense que c'est dans tous les milieux socio-économiques. Ce qu'on peut dire, c'est qu'on est évidemment déjà dans un contexte d'inégalité femmes-hommes. Le salaire des femmes est souvent, je l'ai dit tout à l'heure, comme un salaire d'appoint, considéré comme un salaire d'appoint. et donc que certains conjoints considèrent que leur femme n'est pas leur égale et que tout ce qu'elle gagne leur appartient et se servent donc sans aucun scrupule.

  • Speaker #1

    Tout ce qui est à toi est à moi.

  • Speaker #2

    Voilà, donc de toute façon on sait très bien que dans les milieux socio-économiques concernés, ça peut être aussi beaucoup plus pernicieux, puisque l'auteur des violences appuie sur la non-nécessité de travailler au regard de ses revenus, comme parfois la famille, et donc existe là la liberté de se séparer sans risque de précarité. L'indépendance économique et l'égalité salariale au sein du couple est donc un élément qui est un signe d'égalité. Et au contraire, la dépendance économique peut être un facteur déclenchant des violences. Et donc d'où l'importance pour les femmes d'avoir une activité professionnelle leur assurant des revenus stables et suffisants tout au long de leur vie. Et c'est important que les adolescentes et les femmes en soient conscientes dans leur choix et dans leur vie professionnelle. Éducation financière.

  • Speaker #0

    Expérience personnelle. En 2000, quand j'ai écrit mon premier livre. Sur les filles osant parler argent, c'est parce qu'un jour j'ai rencontré un monsieur qui gagnait bien sa vie, qui était dans un grand cadre, et qui m'a expliqué qu'il était prêt à investir, mais ne voulait pas investir avec moi, parce que je refusais que son épouse, la maman de ses enfants, ne soit pas associée à cet investissement.

  • Speaker #1

    Oui, comment ? Si on ne peut plus spolier la mère de ses enfants, où est-ce qu'on va ? Voilà,

  • Speaker #0

    exactement. Et c'est comme ça que j'ai commencé à écrire des livres sur les femmes et l'argent.

  • Speaker #2

    Et je voulais juste dire qu'il y a effectivement tout le travail qu'a fait Les Glorieuses. Et donc avec la FNSF en 2022, à l'époque où j'étais directrice, on avait mené une enquête avec l'IFOP suite au fameux spot I-Money. Et donc cette enquête avait indiqué qu'un homme sur cinq considérait que confisquer les moyens de paiement de sa conjointe n'est pas une violence économique.

  • Speaker #1

    à vous

  • Speaker #2

    26% d'entre eux estimaient que l'empêcher d'avoir accès à ses revenus ou les comptes bancaires ne relèvent pas non plus de violences conjugales. Et donc voilà, on a deux exemples effectivement de ces stéréotypes qui sont très implancrés dans la société.

  • Speaker #1

    À défaut de changer ses hommes, au moins informons les femmes. Alors, je vais vous demander, selon l'étude IFOP, les Glorieuses précitées, une femme a deux fois plus de chances d'être victime de violences économiques conjugales si elle gagne beaucoup moins que son conjoint, ce qui est le cas de la plupart des femmes. Par exemple, 27% des femmes qui ont un conjoint qui gagne beaucoup plus qu'elles ont déjà été victimes d'au moins une violence économique de la part de leur partenaire, contre 14% des femmes qui ont des revenus équivalents à leur conjoint. Donc les inégalités salariales et de revenus sont une cause directe de violence économique ?

  • Speaker #2

    Je pense qu'il y a la question des facteurs aggravants, c'est-à-dire que quand on a effectivement une carrière professionnelle avec un salaire toute la vie, ça veut dire qu'on est déjà aussi dans un couple qui finalement est peut-être plus égalitaire. et qui a réfléchi aussi à cette question de l'égalité femmes-hommes et des stéréotypes, comme on l'a dit. Alors que dans un couple où la femme est moins rémunérée finalement que son conjoint, c'est beaucoup plus facile de lui interdire de travailler ou de voler de l'argent ou tout simplement de lui interdire de travailler. Donc voilà, je pense qu'on est déjà dans un système qui colle finalement aux inégalités. existantes et je dirais que c'est un facteur aggravant quand on a un salaire moins important que celui de son conjoint.

  • Speaker #1

    On peut en déduire que pour prévenir les violences économiques conjugales, la solution c'est une fois de plus, c'est plus que jamais, mettre fin aux inégalités salariales entre femmes et hommes.

  • Speaker #2

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Parce que c'est plus compliqué de dominer une femme qui gagne comme son conjoint et puis une femme qui gagne correctement sa vie, elle a les moyens de partir si le conjoint ne change pas ses mauvaises habitudes, est violent. Tout à fait.

  • Speaker #2

    Je voudrais juste donner quelques chiffres. Les femmes occupent 8 emplois à temps partiel sur 10 en général. des postes peu qualifiés et faiblement rémunérés. Les femmes subissent une baisse de leur niveau de vie de 20% l'année de la séparation, soit presque trois fois plus que les hommes, 7%. Et en 2021, à temps de travail équivalent, les hommes touchent un salaire supérieur de 20% de plus que les femmes. C'est dans ce contexte aussi qu'on se place.

  • Speaker #1

    Mon cher Thierry.

  • Speaker #0

    Alors, on a lu que 20% des appels du

  • Speaker #1

    39-19... Au 39-19.

  • Speaker #0

    Je rappelle que le 39-19 est le numéro national de référence pour les victimes des violences conjugales, et ça fait état de violences économiques. Donc les violences économiques dans le couple sont donc indissociables des violences physiques, ou est-ce que vous avez des exemples qui vous ont marqué sur ces sujets-là ?

  • Speaker #2

    Oui, donc ce que je veux dire, c'est que dans l'observation depuis des années, finalement, du parcours des femmes victimes de violences, on avait inclus cette question des violences économiques dans le cadre des violences conjugales. Ça fait 30 ans, effectivement, qu'on parle de violences économiques, puisqu'on a la lettre. les violences verbales, les violences psychologiques, les violences physiques, sexuelles, les violences économiques et administratives. On a ajouté une dernière forme de violence aujourd'hui qui sont les cyber-violences ou violences en ligne. Et donc, les femmes, lorsqu'elles appellent la ligne d'écoute, elles parlent des violences économiques, souvent très spontanément.

  • Speaker #1

    Mais sans mettre forcément le mot. Et après, c'est... Le terme de violences économiques. Mais ce qu'elles décrivent, on est bien là-dedans. Situation de domination, d'emprise aussi. Tout à fait.

  • Speaker #2

    Donc, elles le décrivent à... presque un quart des appels concernent les violences économiques. Et d'ailleurs, ce qu'on a noté, c'est qu'on a noté un élément important, c'est qu'on a un énorme différentiel, alors là, dans le cadre des violences conjugales, entre les ressources et l'emploi des auteurs de violences et des agresseurs, et des victimes. C'est-à-dire que 58% des victimes seulement ont un emploi pour 72% des auteurs de violences, et c'est 4 fois plus important au 39-19 que dans la population générale. Donc on voit que les violences économiques dans le cadre des violences conjugales sont utilisées par l'agresseur, justement pour les empêcher de partir, pour les contrôler, etc. Et donc on a les mêmes différentiels au regard de l'emploi, enfin en tous les cas dans ce qu'on peut analyser à travers les appels que passent les femmes au 39-19. Donc ça peut être, comme je l'ai dit, une première manifestation de violences conjugales, donc ça peut être un signe de repérage des violences conjugales. Et donc, il convient de s'interroger lorsqu'une femme n'a pas de compte bancaire, lorsque les versements des allocations familiales, on l'a déjà dit, c'est déjà des signaux de repérage qui peuvent permettre de se poser des questions. Moi,

  • Speaker #1

    il n'y a pas longtemps, j'ai entendu un monsieur qui avait l'air très gentil, au micro d'une radio, d'une télé, je ne sais plus, qui faisait une émission sur l'argent des femmes, et il y a un auditeur qui a téléphoné pour dire que, un peu comme je le racontais, c'est lui qui m'a inspiré, d'ailleurs, ma petite histoire, là, dans l'intro. Monsieur et madame, personne n'a de compte personnel, il y a juste un compte commun. Il trouvait ça très bien. Alors lui, le motif c'était en gros, on s'aime, on est un couple fusionnel. Personnellement, j'étais un peu attirée, mais je sentais que l'animatrice de l'émission également. Il y a juste un compte commun et tout ça, c'est au nom de l'administration. Amour visionnel.

  • Speaker #2

    Alors juste pour donner quelques exemples, on a des femmes qui sont surendettées d'avoir quitté le domicile.

  • Speaker #1

    Surendettées par leur mari ?

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait. C'est-à-dire qu'elles doivent payer par exemple leur nouveau logement, mais en même temps, monsieur qui reste dans le logement ne va pas payer le loyer. Et donc, évidemment, on travaille avec les bailleurs pour éviter, pour qu'on ait une désolidarisation du bail. Parce qu'elles sont dans des situations inextricables. Absolument inextricables. Et donc, sur endetté, je vous donne d'autres exemples pour revenir un petit peu à ce que vous avez dit. La voiture a été conservée par monsieur parce que c'est lui qui l'a achetée. Donc, dans la décision de séparation, monsieur garde la voiture, décision du juge. Mais l'assurance et la voiture, monsieur avait laissé l'assurance. tous les papiers de la préfecture au nom de madame.

  • Speaker #1

    Ah oui, parce que comme ça, c'est elle qui paye.

  • Speaker #2

    Voilà,

  • Speaker #0

    et il a multiplié les PV de stationnement. Et donc,

  • Speaker #2

    c'est madame qui se faisait saisir par le trésor public. Et donc, du coup, elle,

  • Speaker #0

    elle perd son permis de conduire. Et lui, il conserve ses points pour éviter de continuer à faire le malin.

  • Speaker #2

    Et donc, il ne payait rien. Elle payait tous les PV de monsieur qui disposait de la voiture. Voilà quelques exemples. Je vous ai parlé de... Du peu d'argent qu'on peut remettre à une femme pour se nourrir chaque semaine. Et l'abandon de famille et l'insolvabilité, on en a parlé.

  • Speaker #1

    Alors, moi je voudrais qu'on parle des entreprises. Je me demandais si les entreprises ont un rôle à jouer, car on en a un petit peu parlé tout à l'heure, parce que ce sont souvent les collègues ou les managers qui se rendent compte qu'il y a quelque chose qui ne va pas chez la collaboratrice ou la voisine de bureau. C'est par exemple la collègue qui n'a jamais d'argent pour un café. Aller au resto chinois du coin avec ses collègues, mettre des sous dans l'enveloppe pour la collègue qui vient d'avoir un bébé, alors qu'elle gagne correctement sa vie. Et justement, j'ai vu que la banque, le Crédit Mutuel Alliance Fédérale, a lancé depuis juillet 2024 une solution simplifiée d'ouverture de compte pour les victimes accompagnées par l'une des associations de la Fédération Nationale Solidarité Femme. C'est un compte en banque à leur seul nom, non connu de leur conjoint, ça c'est bien, et non rattaché au domicile conjugal afin d'assurer leur intégrité physique. et leur protection financière. Donc, j'aimerais que vous me disiez est-ce qu'un jour on verra toutes les banques s'y mettre ? Avant de vous laisser la parole, quelques chiffres intéressants. Près d'un quart des femmes françaises ne disposent pas d'un compte bancaire personnel et près d'un tiers n'ont pas de source de revenus autre que celle de leur conjoint. Donc, en conséquence, 40% des femmes déclarent dans l'étude Crédit Mutuel, Fédération Nationale Solidarité Femme, 40% des femmes déclarent qu'elles ne pourraient pas payer seule un loyer si elles devaient quitter le domicile conjugal. Là, j'attends vos commentaires, Françoise.

  • Speaker #2

    Oui, donc là, on est vraiment dans les situations de violences conjugales et des chiffres que je vous ai donnés auparavant sur les différentiels entre l'emploi des agresseurs et l'emploi des femmes, les ressources des femmes qui sont beaucoup plus importantes que dans la population générale. Et je pense qu'il était essentiel que les banques s'intéressent à cette question parce que les difficultés... que rencontraient les femmes accompagnées par nos structures, c'est qu'elles avaient d'énormes difficultés pour ouvrir un compte bancaire. Après la séparation, il fallait qu'elles prouvent des ressources, il fallait qu'elles prouvent leur bonne foi, il fallait qu'elles étaient finalement dans un méandre administratif avec parfois des refus d'ouverture de compte bancaire. Donc c'est aussi le travail des associations durant des années qui a permis avec évidemment... je dirais, la sensibilisation qu'il y a eu depuis ces années avec MeToo, on parle quand même beaucoup de violences conjugales aujourd'hui, qui ont fait que les banques se sont intéressées à cette question. Et donc, ça permet effectivement d'avoir la sécurité avec la dissimulation de l'adresse ou la domiciliation dans une association, voire ailleurs. Monsieur ne connaît pas du tout cette ouverture de compte bancaire. Et donc, ça permet ensuite de pouvoir y verser la caisse d'allocations familiales, les premières ressources, etc. Donc je pense qu'on a effectivement le crédit mutuel. Il y a aussi des projets avec la banque postale. Il y a le CESUS, je pense, qui est une association que nous avons reçue. Et d'autres banques qui commencent à s'intéresser à cette question. Il y a aussi la formation des conseillers et des conseillères bancaires pour qu'elles aussi repèrent ces questions. Je pense à Paola Vieira qui est une conseillère qui a travaillé dans une banque et qui aujourd'hui a monté sa structure pour justement former tous les conseillers et conseillères bancaires. à avoir des alertes et à respecter la loi tout simplement.

  • Speaker #1

    Mon cher Thierry.

  • Speaker #0

    Alors, où en sommes-nous aujourd'hui, à la fois dans l'identification, la prévention et la prise en charge des femmes victimes de violences économiques ? Il y a une nouvelle campagne comme la campagne de prévention. Il y a cette espèce de truc un peu bizarre, c'est Aizmone, la fausse appli qui permet de contrôler les dépenses des femmes.

  • Speaker #1

    Ah, c'est très bien ça.

  • Speaker #0

    Et qu'elle est dans l'identification, dans la prévention ? le rôle de vos associations.

  • Speaker #1

    Il faudrait peut-être qu'on explique ce que c'est pour les auditrices qui n'ont jamais vu le spot. Françoise, vous pouvez nous rappeler ce que c'est que cette fausse application et le spot publicitaire qui va avec.

  • Speaker #2

    Voilà, donc on peut le retrouver sur Youtube, sur le site...

  • Speaker #0

    Ça s'appelle iMoney.

  • Speaker #2

    iMoney. iMoney. Voilà, donc c'était... Après les constats qu'on faisait depuis des années, les associations n'arrivaient pas à faire passer le message sur les violences économiques dans les violences conjugales. Et donc avec une agence... de communication, on a évidemment imaginé ce spot. Cette agence nous a beaucoup d'ailleurs aidé à la réaliser. Et on a donc fait un petit spot avec différentes thématiques que j'ai citées tout à l'heure sur le contrôle des dépenses, sur le chantage sexuel, sur... Différentes formes de violences conjugales.

  • Speaker #1

    On voit des barils qui sont très très contents. Et qui ont une application. Ils sont très contents, ils ont téléchargé l'application. Qui est bidon.

  • Speaker #0

    De contrôler,

  • Speaker #1

    d'interdire. Enfin, ils peuvent contrôler Madame de Hazel.

  • Speaker #2

    Quand elle veut acheter une pizza, il sait qu'il y a un clic. Donc il sait tout de suite qu'elle a acheté une pizza. Et le pire, c'est qu'on avait quand même eu des messieurs qui pensaient que c'était vrai et qui ont demandé où on pouvait l'acheter.

  • Speaker #1

    Heureusement,

  • Speaker #2

    c'était assez, je dirais, à la marge. Mais quand même, ça montre qu'on a quand même...

  • Speaker #1

    Ça paraît normal.

  • Speaker #2

    Voilà, donc c'est un spot qui a effectivement montré et qui a eu beaucoup de succès. C'était la première campagne sur les bilances économiques. Et puis derrière, on a quand même eu, du coup, une amélioration du repérage. Donc, il y a eu les banques, effectivement, qui ont commencé à s'investir. Il y a l'aide universelle d'urgence, je pense, qui a été mise en place, qui permet aux femmes qui quittent le domicile conjugal dans l'urgence de pouvoir disposer d'un montant, alors qu'il est moindre, mais qui est quand même très utile pour des femmes qui, justement, n'ont pas encore de compte bancaire, aucune ressource pour pouvoir quitter un conjoint violent. Ensuite, évidemment, tout ce travail qu'on avait fait en amont sur la facilitation, sur la désolidarisation du bail, lorsque la séparation est violence conjugale, donc voilà. Petit à petit, on avance sur ces questions de prise en charge de violences économiques, mais voilà, en sachant qu'on doit tenir compte aussi du contexte et que donc les autres inégalités doivent être aussi prises en compte.

  • Speaker #0

    Alors, juste pour partager ici une expérience personnelle, ce que vous avez décrit ici dans les violences conjugales avec l'argent, je veux juste dire que c'est dans toutes les classes sociales. C'est-à-dire que moi, je m'adresse à une catégorie de gens éduqués, qui ont fait des écoles. de commerce, des écoles de médecine, je pense à des médecins, à des pharmaciennes, bref, à des gens qui ont une très bonne éducation. Et voilà des femmes qui subissent des violences économiques de manière aussi brutale que celle qu'on vient de décrire ici.

  • Speaker #1

    Mais c'est plus feutré.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si c'est plus feutré. C'est en tout cas qu'elles n'arrivent pas à se sortir de ces schémas parce qu'en fait... Toute l'organisation est quand même assez bien ficelée.

  • Speaker #1

    Il y a une expression que tu emploies souvent que j'aime bien, c'est la délinquance de l'intime.

  • Speaker #0

    Oui, c'est mon truc à ça. En fait, c'est le troisième livre que j'aurais rêvé d'écrire, la délinquance de l'intime. Et on m'a expliqué, dans mon entourage, ma femme notamment, que ce n'était pas utile de l'écrire, parce que sinon j'allais être vraiment expulsé de tous les cercles d'amis.

  • Speaker #2

    Mais c'est comme les violences conjugales. Ça prouve que c'est dans tous les milieux.

  • Speaker #1

    Tous les milieux sont touchés par ces violences.

  • Speaker #2

    On serait très étonné de voir un certain nombre de conjoints violents qui occupent des postes à grande responsabilité.

  • Speaker #1

    Et c'est la fin de cet épisode sur les violences économiques dans le couple. Merci Françoise Brié d'avoir participé à cet épisode.

  • Speaker #2

    Merci pour votre invitation.

  • Speaker #1

    Et merci à nos auditrices et à nos auditeurs pour leur fidélité. On espère que vous avez appris plein de choses sur les différentes formes que peuvent prendre ces violences économiques dans le couple. et que vous saurez désormais les repérer dans votre couple ou dans votre entourage. Lisez « Le prix à payer, pourquoi le couple hétéro appauvrit les femmes et nuit à l'amour » de Tiffany Cooper et Lucille Kiyé. Lisez aussi « Les bons comptes font les bons amants » d'Éloïse Boll et Insa Falassini, qu'on embrasse. Suivez-les sur les réseaux sociaux, elles font du très bon boulot. Lisez aussi « Le couple et l'argent, pourquoi les hommes sont plus riches que les femmes » de Tissou Lecoq. Merci à notre partenaire Exxon, spécialiste de l'investissement dans la silver economy, à découvrir sur exxon.fr. Et si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager à partir de votre appli Spotify, Apple Podcasts, Deezer ou Youtube. Parlez-en à vos copines, vos collègues, votre sœur, votre mère, votre voisine. Abonnez-vous à notre podcast et à notre newsletter directement sur le podcast pour être informé des mises en ligne des nouveaux épisodes. N'hésitez pas à nous laisser des commentaires et des étoiles. Vous pouvez aussi retrouver les conseils de Thierry dans les livres qu'il a co-écrits. Les filles oseront parler argent chez Duneau et aussi l'argent au féminin aux éditions Ellipse. Vous pouvez également nous contacter via LinkedIn et par notre compte Instagram. Argent, parlons cash les filles et on vous dit à bientôt pour un nouvel épisode.

Description

⚠️Benoît s’oppose à ce que sa femme, Aurélie, ait un compte bancaire personnel 💳.

Ce qu’il dit ? : « Un couple ça partage tout dans le compte commun, pas de secrets entre nous : comme ça, chacun voit ce que gagne et dépense l’autre » 🙄.

⚠️En fait, c’est surtout Benoît qui contrôle ce que dépense Aurélie avec son salaire :

« Eh, c’est quoi ces 40 euros chez Séphora ? T’as pas assez de rouges à lèvres et de vernis💄 ? OK, c’est ton salaire, mais fais gaffe quoi ! Faut que je remplace la bagnole. » 🚗


⚠️Justement, Benoît se sert largement dans le compte commun pour acheter la Clio… qu’il met à son nom 📄.

« Bah oui, c’est moi qui la conduirai le plus souvent ! »

⚠️C’est comme l’appart 🏠. Il est juste à son nom. Pourquoi ?

« Moi j’achète le lourd, toi tu achètes le quotidien : les courses 🛒, les couches de bébé 👶, les vêtements d’enfants 👕. »

Eh oui, ça marche comme ça :

Benoît investit – à son nom – il se construit un patrimoine 📈…

Et Aurélie, elle, remplit le caddie🛒.


⚠️Quand Aurélie a eu son premier enfant, Benoît a insisté pour qu’elle arrête de travailler ❌👩🏻‍💻💼.

Pourquoi ?

« Il est hors de question que mes enfants soient élevés par une nounou et aillent au centre de loisirs le mercredi. Avec des gamins, on peut pas être deux à faire carrière. Et puis tu peux bien arrêter de bosser, je gagne assez pour deux, et ça va faire baisser nos impôts. » 🤦🏻‍♀️


Toute ressemblance avec des couples de votre entourage n’est absolument pas fortuite 👀.

Laquelle d’entre nous n’a jamais subi ou constaté des situations toxiques dans les couples ? Des situations qui sentent le malaise, les non-dits, l’emprise…😰 Ces contraintes imposées par le conjoint, ce sont des violences économiques 👊🏻: des violences insidieuses… ou frontales.

Et elles touchent tous les milieux.


Pour en parler, nous avons accueilli Françoise Brié , experte des violences sexistes, présidente de la fondation Women Without Violence, ex-directrice générale de la Fédération Nationale Solidarité femmes, (le célèbre 3919 ☎️) et Et vice-présidente de l’Escale Solidarité Femmes

📚 Livres cités dans cet épisode :

Le prix à payer : Pourquoi le couple hétéro appauvrit les femmes et nuit à l’amour — Tiffany Cooper & Lucile Quillet

Les bons comptes font les bons amantsHéloïse Bolle & Insaff el Hassini

Le couple et l’argent : Pourquoi les hommes sont plus riches que les femmes — Titiou Lecoq

Étude citée : https://violences-economiques.lesglorieuses.fr/

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Un podcast proposé par Corine Goldberger, journaliste,  et Thierry Ohayon, conseiller patrimonial, co-auteur de Les filles, Osons parler argent et  L'argent au féminin?  Musique et mixage: 🎵🎶🎧: Léo Gully @leo_gulls  Illustration vignette ✏️🎨🖍️ : Sarah Gully @sarah_gully 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Allez, je tire 200.

  • Speaker #1

    Fric, Sune,

  • Speaker #2

    Pognon,

  • Speaker #1

    Oseille,

  • Speaker #2

    La Mola,

  • Speaker #1

    Grisby, Salaire, Honoraire,

  • Speaker #2

    RIM, Pension de retraite, Livret A, Héritage, Assurance vie, Impôts, Déduction, Investir, Bitcoin, Trading. Intérêt SCPI Plan d'épargne action PER

  • Speaker #1

    Travailler Se marier Se paxer Ou vivre en union libre Fonder une famille Monter sa boîte Demander un crédit immobilier Se séparer Se remarier Changer de boulot partir en retraite, hériter, devenir veuve. Autant de grandes étapes de la vie, mais aussi trop souvent, d'occasion de s'appauvrir pour les femmes mal informées. Mais il n'est jamais trop tard pour se poser les bonnes questions sur sa situation financière et son patrimoine ou matrimoine, actuel ou à venir. Et tant qu'il en est encore temps, mettre en place des stratégies d'épargne et d'investissement pour éviter de se réveiller un jour fauché, voire spolié. C'est ce que nous vous proposons chaque mois dans ce podcast avec nos expertes invités. Si vous ne savez pas comment faire, Vous ne savez pas comment vous informer pour mieux vous occuper de votre argent. Si ce que vous racontent les experts de la banque et de l'assurance entre autres vous paraît obscur, complexe, ce podcast est fait pour vous. Notre mission, vous aider à bâtir votre indépendance financière qui est la clé de votre liberté. Et vous aider à peser le pour et le contre avant de prendre une décision qui engueule vos sous. Avec un regard de femme, de conjointe, de mère sur l'argent. Je suis Corinne Colbertier, journaliste et j'aime ce podcast. Benoît s'oppose à ce que sa femme Aurélie ait un compte bancaire personnel. Ce qu'il dit ? Un couple, ça partage tout dans le compte commun. Pas de secret entre nous, comme ça chacun voit ce que gagne et dépense l'autre. En fait, c'est surtout Benoît qui contrôle ce que dépense Aurélie avec son salaire. C'est quoi ces 40 euros chez Sephora ? T'as pas assez de rouge à lèvres et de vernis ? Ok, c'est ton salaire, mais fais gaffe quoi, faut que je remplace sa bagnole. Justement, Benoît se sert largement dans le compte commun pour acheter la clio qu'il a mise à son nom. Ben oui, c'est moi qui la conduirai le plus souvent. C'est comme l'appart. Il est juste à son nom. Pourquoi ? Moi j'achète le lourd, toi tu achètes le quotidien. Les courses, les couches de bébés, les vêtements d'enfants. Et oui, ça marche comme ça. Benoît investit à son nom, il se construit un patrimoine et Aurélie remplit le caddie. Quand Aurélie a eu son premier enfant, Benoît a insisté pour qu'elle arrête de travailler. Pourquoi ? Il est hors de question que mes enfants soient élevés par une nounou et aillent au centre de loisirs le mercredi. Avec des enfants, on ne peut pas être deux à faire carrière. Et puis, tu peux bien arrêter de bosser, je gagne suffisamment pour deux, et puis ça va faire baisser nos impôts. Et du coup, tu aurais plus de temps pour m'aider pour ma boîte, hein chérie ? Si tu pouvais me faire un peu de secrétariat, de facturation. Quoi ? Ah non, je ne vais pas te payer pour ça. Tu n'es pas mon employé, tu es ma femme. Je ne vais pas payer des charges sociales et des impôts pour l'aide de ma femme. Toute ressemblance avec des couples de votre entourage n'est absolument pas fortuite. Laquelle d'entre nous n'a jamais subi ou constaté des situations ? toxiques dans les couples, des situations qui sentent le malaise, les non-dits. Ces contraintes imposées par le conjoint, ce sont des violences économiques, des violences insidieuses ou frontales. À quelques jours de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre, pour parler des violences économiques dans le couple, nous sommes heureux d'accueillir Françoise Brié, experte sur les violences sexistes. Françoise, vous êtes présidente de la fondation Women Without Violence. et ex-directrice générale de la Fédération Nationale Solidarité Femmes. C'est un réseau de 83 associations qui, partout en France, accueillent, accompagnent et hébergent les femmes victimes de violences dans le couple et leurs enfants. La FNSF est connue pour son célèbre numéro, le 3919, la ligne d'écoute destinée aux femmes victimes de violences. Et vous êtes actuellement vice-présidente de l'ESCAL Solidarité Femmes, une association, membre de la FNSF précité. Waouh waouh waouh, quel background ! Bonjour Françoise,

  • Speaker #2

    bonjour Corinne,

  • Speaker #1

    bonjour Thierry,

  • Speaker #0

    bonjour Françoise, bonjour Corinne,

  • Speaker #1

    bonjour Léo à la technique. Merci à notre partenaire Exant, spécialiste de l'investissement dans la silver economy, à découvrir sur exant.fr. Et c'est parti ! Alors, j'ai cité dans ma petite intro quelques exemples classiques de violences économiques dans le couple. Et donc ces violences économiques dans le couple toucheraient 41% des femmes selon une étude IFOP pour le collectif Les Glorieuses. ... C'est Énorme ! Pour aller plus loin, Françoise, comment définir les violences économiques ? Pouvez-vous nous donner d'autres exemples, d'autres formes de violences économiques, des plus flagrantes aux plus assidieuses ? Et on aimerait bien aussi savoir comment est-ce qu'on détecte les signaux faibles, les manifestations précoces de violences économiques ?

  • Speaker #2

    Oui, donc merci pour cette invitation. Juste pour dire qu'il faut quand même différencier les violences économiques telles que vous avez donné quelques exemples, mais aussi telles que le disent les glorieuses. qui sont des actes isolés, je dirais, qui peuvent se répéter, mais qui sont isolés comme le contrôle des finances, le vol d'argent ou la saisie des cartes bancaires, mais qui ne sont pas forcément associés à d'autres formes de violences. Et là, je veux parler des violences conjugales, dans lesquelles il y a une forme de violence qui est la violence économique. Voilà, donc c'est important pour nos auditeurs et auditrices de comprendre qu'il y a cette différence. Pour dire d'abord que ces deux phénomènes, c'est évidemment lié aux inégalités entre les femmes et les hommes. aux stéréotypes sexistes qui sont très prégnants dans la sphère privée, mais aussi dans la sphère publique, et qui existent dans tous les niveaux de la société, de la construction sociale qui débute dès l'enfance, qui traverse le milieu familial, l'éducation, y compris à travers l'orientation professionnelle, les médias, les réseaux sociaux, etc. Les violences conjugales s'inscrivent dans ce contexte et dans les inégalités, à l'accès à l'éducation, aux ressources, dans les prises de décisions, dans la sphère publique, politique, bien sûr, et dans la sphère privée.

  • Speaker #1

    Tout est lié.

  • Speaker #2

    Tout est lié, finalement. et donc c'est Ces violences économiques qui sont celles décrites par les Glorieuses, elles peuvent être préexistantes à des violences économiques dans les violences conjugales et elles peuvent même finalement être les premiers symptômes de ces violences conjugales. Et donc je pense par exemple à vos exemples que vous avez donnés, à l'interdiction de travailler, au captage des ressources de la conjointe, du versement de tout ce qui est allocation familiale sur le compte du monsieur. Et donc, Madame n'a accès finalement à pas de ressources propres et donc à son indépendance financière.

  • Speaker #0

    Il y a le sujet aussi que dans certains couples, Monsieur va mettre toutes les propriétés immobilières à son nom, de sorte d'être maître à bord.

  • Speaker #2

    Tout à fait ce que vous avez indiqué, c'est-à-dire ce qu'appelle Titio Lecoq la théorie du pot de yaourt. A savoir que tous les biens immobiliers ou mobiliers sont achetés au nom du Monsieur et Madame paie les frais. courante, de la vie courante, avec rarement des factures qu'on conserve.

  • Speaker #1

    Et donc,

  • Speaker #2

    quand il y a une séparation, Madame se retrouve finalement sans avoir aucune possibilité de prouver qu'elle a bien participé à l'achat du bien.

  • Speaker #0

    Et une petite précision, les achats immobiliers se font grâce aux rémunérations des deux. Le crédit est construit grâce aux rémunérations du couple de Monsieur et de Madame. Mais à la fin, monsieur s'organise pour que tout soit à son nom. Je ne pourrais pas qu'on pense que madame n'a pas de contribution dans l'investissement.

  • Speaker #1

    Même quand elle contribue,

  • Speaker #0

    elle peut être expoliée. Elle contribue et en plus elle est spoliée.

  • Speaker #2

    Voilà, tout à fait. Donc monsieur construit son patrimoine et madame, pas du tout.

  • Speaker #0

    Elle s'appauvrit.

  • Speaker #2

    Elle s'appauvrit, exactement. Donc j'ai parlé évidemment du versement des allocations familiales ou du salaire sur un seul compte. Heureusement, peut-être madame Rixin a permis de faire évoluer la législation par une obligation. d'ouvrir un compte bancaire sur lequel sera versé les ressources et le salaire de chacun des membres du couple. On a également l'accès au compte bancaire de madame qui va utiliser pour ses besoins propres, finalement, sans autorisation de la conjointe. Et donc, ce que je voulais dire, c'est l'importance, dès le début de la relation, de protéger son patrimoine, de garder confidentiel les accès à ses comptes ou au numéro de sa carte bancaire, même quand il s'agit de son mari, de son concubin. ou compagnons. Et le deuxième point, c'est évidemment de s'intéresser aux questions financières pour les femmes. Essentiel. Voilà, d'avoir une éducation. Je pense qu'on manque d'éducation des filles dans la jeunesse pour apprendre. Il faut écouter notre podcast,

  • Speaker #1

    entre autres.

  • Speaker #2

    Tout à fait. Pour connaître et s'intéresser aux questions financières. Et puis, ça va évidemment de pair, parce que pour s'intéresser aux questions financières, pour travailler sur le patrimoine, il faut du temps, quand même. Et donc, ça veut dire le partage des tâches ménagères et parentales, ce qui donnera le temps aux femmes. aussi de gérer cet aspect.

  • Speaker #1

    Oui, parce que l'éducation financière, c'est du temps quand même. Il faut lire, il faut écouter des podcasts. C'est des rendez-vous. C'est des rendez-vous aussi, avec son notaire, avec sa banque.

  • Speaker #2

    Avec son banquier, avec sa banquière, exactement. Donc, quand surviennent les violences conjugales, ces inégalités économiques déjà préexistantes, elles vont devenir violences économiques, elles vont précariser les femmes, elles vont empêcher le départ du domicile. La question qu'on se pose, c'est où aller lorsqu'on n'a pas de logement, lorsque le logement est au nom de monsieur, euros. qu'on a arrêté de travailler pour s'occuper des enfants, lorsque la question de l'attribution du domicile se pose au moment de la séparation. Voilà, et pour rappeler que les familles les plus pauvres en France, mais peut-être que vous avez aussi parlé dans une autre émission, C'est 80. 1% de femmes, semi-monoparentales, et les femmes sont les plus pauvres, y compris au moment de la retraite. Et puis un autre aspect de ces inégalités, de ce qu'on peut appeler les violences économiques, c'est la diminution rapide de l'activité professionnelle des femmes avec la naissance des enfants, vous l'avez dit. On voit bien que quand il n'y a pas d'enfants, il y a une activité professionnelle à temps plein, et puis le nombre d'enfants... Les enfants arrêtent de travailler.

  • Speaker #1

    Que monsieur peut commencer à faire pression pour qu'elle arrête de travailler. Tout à fait. Ce sont divers prétextes.

  • Speaker #2

    Tout à fait. Et je dirais même que parfois, il y a la pression de monsieur, mais il y a aussi la pression familiale. Donc c'est important aussi, tout à fait, que la famille aussi se rende compte que... Il a raison, ton mari. Arrêter de travailler, derrière, ça veut dire une perte de revenu. Et si le mari, effectivement, l'impose, il peut y avoir... une possibilité d'échange aussi avec l'aide de sa famille si nécessaire.

  • Speaker #0

    Je voudrais juste soulever un point ici. Vous disiez à l'instant que dans les gens pauvres, on constate qu'il y a beaucoup de femmes. Et moi, je voudrais dire une chose qui n'est pas une fatalité. Parce que si on regarde les travailleurs et les travailleuses, probablement que les femmes sont beaucoup plus respectueuses de leur job, de leur travail, et elles font leur travail. Alors que j'ai le sentiment que bien souvent, à le son. acculées, si vous voulez, où elles sont poussées vers la pauvreté. Pour moi, la pauvreté des femmes monoparentales n'est pas une fatalité. Pour moi, il me semble que c'est un phénomène qui fait qu'on les a poussées vers ça, à cause des violences sur l'argent.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que vous en pensez, Françoise ?

  • Speaker #2

    Oui, je pense aussi que c'est l'idée reçue de penser que le salaire des femmes est un salaire toujours d'appoint, finalement. Il y a des gens qui continuent de le penser,

  • Speaker #1

    dès lors que Madame gagne moins.

  • Speaker #2

    Voilà, donc ça veut dire qu'on a un salaire, et donc le temps partiel finalement sert aux besoins, effectivement, quotidiens du ménage, mais on n'imagine pas qu'une femme peut avoir un salaire pour elle, pour investir, pour acheter, voilà. Et donc ça c'est important aussi de lutter contre ces stéréotypes sexistes, dans lesquels s'engouffrent évidemment un certain nombre d'hommes pour appauvrir leur conjointe et manipuler un certain nombre de biens.

  • Speaker #0

    Parce qu'elles acceptent en fait des jobs. dégradées au nom du fait qu'elles ont un deuxième job, celui de s'occuper des enfants. C'est-à-dire qu'elles perdent de vue des jobs avec des responsabilités au nom du fait qu'il faut qu'elles s'occupent de leur famille.

  • Speaker #1

    Tu veux dire qu'elles renoncent à faire carrière ? Elles prennent un job à mi-temps qui leur permet de prendre leur mercredi, des choses comme ça.

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait. Et puis je pense qu'également... Et du coup,

  • Speaker #1

    elles ne pensent pas à la retraite en plus.

  • Speaker #2

    Oui, dans le monde du travail également, on a quand même... Aussi cette idée que les femmes vont avoir des grossesses, que de toute façon elles vont prendre un temps partiel. Et donc rattraper aussi après, y compris en termes de rémunération ou d'évolution professionnelle, c'est beaucoup plus compliqué pour les femmes.

  • Speaker #1

    Moi je suis souvent enragée à l'idée que les femmes sur lesquelles les maris font pression pour qu'elles arrêtent de travailler ou qu'elles prennent un mi-temps n'aient pas le réflexe de répondre. Et ma retraite ? Ils pensent à ma retraite ? Parce que là le mari qui les empêche de travailler s'attaque directement à leur future retraite.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #2

    oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Mais... Dans les grands groupes industriels, quand les femmes font carrière et qu'elles commencent à faire des enfants et qu'elles demandent leur mercredi, la carrière s'arrête nette. C'est-à-dire que leur potentiel d'évolution est extrêmement freiné.

  • Speaker #1

    Moi, je l'ai constaté auprès de certaines collègues. Demander son mercredi, c'est mal vu. Si on entend des choses du genre... Ah, évidemment, elle n'est pas là. avec tout un tas de sous-entendus, on ne peut pas compter sur elle, etc.

  • Speaker #2

    Donc j'en reviens effectivement à la question du partage des charges parentales et le congé parental également, qui n'est pas forcément très positif sur la retraite. Donc il faut aussi que les hommes s'intéressent, et je pense que c'est aussi positif pour eux de pouvoir s'occuper de leurs enfants à un temps donné et partager ces charges qui freinent pour les femmes, en tous les cas, quand elles durent leur évolution professionnelle. Donc ce que je voulais dire aussi... En ce qui concerne les violences conjugales, ce qu'on note également, c'est qu'on peut avoir le chantage économique, par exemple. Oui, le chantage économique. C'était très observé.

  • Speaker #1

    Vous avez des exemples qui vous ont marqué ?

  • Speaker #2

    Oui, c'est par exemple menacer de se venger financièrement si la victime choisit de ne pas répondre à certaines exigences, par exemple, et en conséquence, du chantage sexuel ou des violences sexuelles, ou si elle choisit de rompre la relation.

  • Speaker #1

    Il faudrait être gentil avec moi, des formules comme ça. Il faut être gentil avec moi, sinon... j'achèterais pas ci, j'achèterais pas ça.

  • Speaker #2

    Exactement. Et donc, c'est aussi ce qu'on avait indiqué dans le spot iMoney, dont on parlera un petit peu plus tard, mais qui était très révélateur de cette question. La non-participation aux charges, on s'est refusé de payer les charges communes, le contrôle des dépenses, vous en avez également parlé, surveillance des comptes bancaires et ou administrative de la victime, mais également la critique négative sur sa façon de dépenser l'argent.

  • Speaker #1

    C'est toujours trop.

  • Speaker #2

    et le contrôle exclusif sur les décisions financières du couple. C'est aussi l'interdiction des achats, y compris alimentaires, pour la femme et les enfants, la remise d'un montant restreint de liquidité pour des achats précis et la surveillance des factures. Moi, j'ai vu des femmes qui avaient 20 euros par semaine pour se nourrir avec leurs enfants.

  • Speaker #1

    Comme de l'argent de poche.

  • Speaker #2

    Comme de l'argent de poche, exactement. Données en liquide et n'avaient absolument pas accès. Contrôle également du frigidaire, de ce qu'elles mangeaient. Donc, ça peut aller extrêmement loin pour... limité en tous les cas, toutes dépenses, mais en tous les cas, c'est un phénomène de contrôle et de domination qui est très précis et qui va générer évidemment du stress, parce qu'il faut nourrir les enfants, et qui s'ajoute souvent à d'autres formes de violence, comme je l'ai dit.

  • Speaker #1

    Pensez aussi à la mamise administrative, c'est-à-dire le monsieur a la mamise sur toute la paperasse du couple, la déclaration de revenus,

  • Speaker #0

    il reçoit tous les relevés bancaires au bureau, il reçoit tous ses impôts au bureau, et du coup, il crée comme ça un...

  • Speaker #1

    Il lui fait croire que c'est compliqué, laisse tomber, je m'en occupe. Il lui fait croire que c'est compliqué. Si elle s'occupait aussi de la déclaration de revenus, elle verrait des choses intéressantes. Elle pourrait demander des comptes.

  • Speaker #2

    Tout à fait. Il y a aussi la privation de ressources, c'est-à-dire exiger de l'argent sous la contrainte ou la menace. L'utilisation de la carte crédit sans consentement. Les dépenses depuis le compte conjoint en désaccord avec l'entente du couple. Le transfert d'argent du compte de la victime sans son consentement. Et j'ai parlé des allocations familiales, évidemment. l'usurpation d'identité.

  • Speaker #1

    Ah oui, ça se fait aussi.

  • Speaker #2

    Utiliser les informations administratives de la victime afin de prendre son identité dans le but d'obtenir des cartes de crédit, des crédits bancaires et ainsi créer des dettes à son nom.

  • Speaker #1

    C'est un cauchemar. C'est horrible.

  • Speaker #2

    Et la limitation de l'accès à l'information administrative, c'est-à-dire mentir quant à sa situation financière, vous en avez parlé, ou sur la situation du foyer ou encore dissimuler des revenus personnels, des factures ou des avis importants.

  • Speaker #1

    Et il y a aussi les dettes. Les dettes, le monsieur ne paye pas ses impôts et madame ne le sait pas, mais elle est astrate à la solidarité fiscale. Même divorcée, le fisc peut se retourner contre elle.

  • Speaker #2

    Tout à fait, c'est bien la question aussi de débat et d'évolution de la loi sur le sujet, puisque des femmes qui avaient un patrimoine se sont retrouvées surendettées, obligées de vendre leurs propres revenus pour payer les dettes. Alors qu'elle n'avait absolument pas...

  • Speaker #1

    Le monsieur qui est parfois parti à l'étranger et on ne peut pas mettre la main dessus, donc le fils que se retourne vers madame.

  • Speaker #0

    Il y a une blague fréquente qui est faite chez les expatriés, c'est-à-dire que monsieur et madame sont en expatriation et monsieur va laisser des comptes dans les anciens pays où il a été expatrié. Et quand arrive le moment de la séparation, il va faire la déclaration que du dernier compte qu'il vient d'ouvrir, dans lequel il y a 3 francs 6 sous, alors que par ailleurs... dans les pays. Il a des comptes gardés.

  • Speaker #2

    Et je pense que ça, ça fait partie aussi des questions de ce qu'on appelle le paiement de la contribution à l'entretien et l'éducation de l'enfant, qu'on dit pension alimentaire, d'une façon ou autre. Un certain nombre de conjoints qui ont des moyens financiers ne payent pas cette contribution et abandonnent leur famille. Ça s'appelle l'abandon de famille, alors qu'ils ont des ressources, effectivement, dissimulées un peu partout. laissant madame et les enfants dans une situation économique extrêmement difficile. Il y a aussi la limitation de l'accès à l'information administrative, mentir quant à sa situation financière ou sur la situation du foyer, ou dissimuler, comme vous l'avez dit, des revenus personnels. Et puis le contrôle de la vie personnelle et professionnelle, l'interdiction de travailler et d'étudier. Donc ça, c'est extrêmement fréquent. C'est extrêmement fréquent. Vous l'avez dit en début d'émission, c'est-à-dire que les femmes ne peuvent plus travailler. sont dans l'obligation de prendre un mi-temps,

  • Speaker #1

    diminuent leurs heures de travail et aggravent leur situation et donc leur indépendance financière qui est la clé de leur liberté.

  • Speaker #2

    Et quand il y a violence conjugale, on passe à un autre contrôle, c'est-à-dire que les femmes sont par exemple enfermées le matin avant d'aller travailler, donc elles multiplient les retards. sur leur travail ou alors du fait des violences physiques ou sexuelles ou autre forme de violence, ont des arrêts maladie fréquents. Et donc, d'où l'importance pour l'employeur de s'intéresser effectivement parfois à ces situations et donc de repérer un certain nombre de signes qui peuvent laisser penser que ces arrêts de travail ou ces absences sont dus à des violences conjugales qui sont multiples.

  • Speaker #0

    Il y a une des violences qu'on n'a pas encore citée, c'est le changement de régime matrimonial. C'est-à-dire que... On va proposer à son compagnon ou à sa compagne de changer de régime matrimonial. C'est un chéri,

  • Speaker #2

    c'est mieux pour nous.

  • Speaker #0

    C'est mieux, voilà, j'ai discuté avec le notaire, c'est super. Et donc en fait, ils étaient en communauté parce qu'ils ont grandi ensemble, ils commencent à avoir un peu de bien et il fait un changement de régime matrimonial, il fait une séparation et à ce moment-là, elle... elle revient à la case zéro patrimoine. Et comme entre-temps, elle a arrêté de travailler, donc elle n'a plus de revenus, elle se retrouve virtuellement en homeless.

  • Speaker #1

    Il y a deux situations dans lesquelles nos auditrices pourraient se retrouver. C'est l'homme qui s'installe chez sa copine, qui ne partage pas les charges, d'une part. Et le contraire, c'est-à-dire qu'un homme est propriétaire et il demande à sa copine, qui s'est installée chez lui, de lui payer un loyer. Pendant que lui, il rembourse son crédit. Donc en fait, sa copine, elle lui rembourse son crédit. Et en plus, comme souvent, elle paye les courses et la consommation du quotidien, lui, il s'est enrichi,

  • Speaker #0

    elle s'appauvrit.

  • Speaker #1

    On retombe dans la célèbre théorie des pots de yaourt vides. Et ça, ça peut arriver quand effectivement on s'installe chez un homme et qu'on lui paye un loyer. J'ai vu des situations comme ça, mais déjà pour demander un loyer à sa compagne... Partager les charges, oui, mais payer un loyer, c'est particulier, je trouve.

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait, et c'est d'autant plus fréquent quand il y a effectivement d'autres formes de violences conjugales.

  • Speaker #1

    Je pensais aussi à autre chose. Il y a être forcé à faire 50-50 dans le compte-joint pour les charges du couple, alors qu'il y a un grand déséquilibre de revenus.

  • Speaker #0

    De revenus et de fiscalité,

  • Speaker #1

    par conséquent. Au lieu de chacun contribuer selon ses ressources, monsieur dit, moi je suis féministe, donc on va contribuer à 50-50. Alors que les revenus sont déséquilibrés.

  • Speaker #2

    Tout à fait, c'est important de calculer en fonction de ces ressources la question aussi de la fiscalité, de la contribution à l'éducation et à l'entretien des enfants. Puisque les femmes déclarent finalement... Finalement, ce qu'on se rend compte, c'est aussi que la société, le système administratif et financier appauvrit les femmes. Donc en fait, pourquoi les femmes doivent déclarer de l'argent qui est utilisé pour... nourrir leurs enfants, leur acheter...

  • Speaker #0

    La pension alimentaire a une fonction et on va fiscaliser cette fonction. À côté de ça, le monsieur va défiscaliser la pension alimentaire.

  • Speaker #2

    Peut-être pour conclure sur cette question, c'est qu'effectivement en ce moment, il y a des propositions justement de modification de la loi pour mettre un terme à cette inégalité criante et qui est complètement aberrante en tous les cas.

  • Speaker #1

    Dans les violences économiques, je cite encore quand même le mari qui est addict au jeu, qui se drogue. Tout ça, c'est de l'argent qui peut être piqué à sa femme. Et j'invite nos auditrices à aller consulter le baromètre des violences économiques sur le site violenceséconomiques.lesglorieuses.fr pour voir où elle se situe, dans la zone verte par exemple où tout va bien, à la zone rouge où votre conjoint vous a mis en état de dépossession totale de vos moyens d'autonomie financière. Donc allez voir, c'est le baromètre des violences économiques des Glorieuses.

  • Speaker #0

    Alors, on a lu que l'interdiction faite à la conjointe de travailler ou de travailler moins est l'une des formes les plus fréquentes de violences économiques dans le couple. Est-ce que c'est ce que vous constatez et est-ce que c'est dans tous les milieux ?

  • Speaker #2

    Oui, je pense que c'est dans tous les milieux socio-économiques. Ce qu'on peut dire, c'est qu'on est évidemment déjà dans un contexte d'inégalité femmes-hommes. Le salaire des femmes est souvent, je l'ai dit tout à l'heure, comme un salaire d'appoint, considéré comme un salaire d'appoint. et donc que certains conjoints considèrent que leur femme n'est pas leur égale et que tout ce qu'elle gagne leur appartient et se servent donc sans aucun scrupule.

  • Speaker #1

    Tout ce qui est à toi est à moi.

  • Speaker #2

    Voilà, donc de toute façon on sait très bien que dans les milieux socio-économiques concernés, ça peut être aussi beaucoup plus pernicieux, puisque l'auteur des violences appuie sur la non-nécessité de travailler au regard de ses revenus, comme parfois la famille, et donc existe là la liberté de se séparer sans risque de précarité. L'indépendance économique et l'égalité salariale au sein du couple est donc un élément qui est un signe d'égalité. Et au contraire, la dépendance économique peut être un facteur déclenchant des violences. Et donc d'où l'importance pour les femmes d'avoir une activité professionnelle leur assurant des revenus stables et suffisants tout au long de leur vie. Et c'est important que les adolescentes et les femmes en soient conscientes dans leur choix et dans leur vie professionnelle. Éducation financière.

  • Speaker #0

    Expérience personnelle. En 2000, quand j'ai écrit mon premier livre. Sur les filles osant parler argent, c'est parce qu'un jour j'ai rencontré un monsieur qui gagnait bien sa vie, qui était dans un grand cadre, et qui m'a expliqué qu'il était prêt à investir, mais ne voulait pas investir avec moi, parce que je refusais que son épouse, la maman de ses enfants, ne soit pas associée à cet investissement.

  • Speaker #1

    Oui, comment ? Si on ne peut plus spolier la mère de ses enfants, où est-ce qu'on va ? Voilà,

  • Speaker #0

    exactement. Et c'est comme ça que j'ai commencé à écrire des livres sur les femmes et l'argent.

  • Speaker #2

    Et je voulais juste dire qu'il y a effectivement tout le travail qu'a fait Les Glorieuses. Et donc avec la FNSF en 2022, à l'époque où j'étais directrice, on avait mené une enquête avec l'IFOP suite au fameux spot I-Money. Et donc cette enquête avait indiqué qu'un homme sur cinq considérait que confisquer les moyens de paiement de sa conjointe n'est pas une violence économique.

  • Speaker #1

    à vous

  • Speaker #2

    26% d'entre eux estimaient que l'empêcher d'avoir accès à ses revenus ou les comptes bancaires ne relèvent pas non plus de violences conjugales. Et donc voilà, on a deux exemples effectivement de ces stéréotypes qui sont très implancrés dans la société.

  • Speaker #1

    À défaut de changer ses hommes, au moins informons les femmes. Alors, je vais vous demander, selon l'étude IFOP, les Glorieuses précitées, une femme a deux fois plus de chances d'être victime de violences économiques conjugales si elle gagne beaucoup moins que son conjoint, ce qui est le cas de la plupart des femmes. Par exemple, 27% des femmes qui ont un conjoint qui gagne beaucoup plus qu'elles ont déjà été victimes d'au moins une violence économique de la part de leur partenaire, contre 14% des femmes qui ont des revenus équivalents à leur conjoint. Donc les inégalités salariales et de revenus sont une cause directe de violence économique ?

  • Speaker #2

    Je pense qu'il y a la question des facteurs aggravants, c'est-à-dire que quand on a effectivement une carrière professionnelle avec un salaire toute la vie, ça veut dire qu'on est déjà aussi dans un couple qui finalement est peut-être plus égalitaire. et qui a réfléchi aussi à cette question de l'égalité femmes-hommes et des stéréotypes, comme on l'a dit. Alors que dans un couple où la femme est moins rémunérée finalement que son conjoint, c'est beaucoup plus facile de lui interdire de travailler ou de voler de l'argent ou tout simplement de lui interdire de travailler. Donc voilà, je pense qu'on est déjà dans un système qui colle finalement aux inégalités. existantes et je dirais que c'est un facteur aggravant quand on a un salaire moins important que celui de son conjoint.

  • Speaker #1

    On peut en déduire que pour prévenir les violences économiques conjugales, la solution c'est une fois de plus, c'est plus que jamais, mettre fin aux inégalités salariales entre femmes et hommes.

  • Speaker #2

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Parce que c'est plus compliqué de dominer une femme qui gagne comme son conjoint et puis une femme qui gagne correctement sa vie, elle a les moyens de partir si le conjoint ne change pas ses mauvaises habitudes, est violent. Tout à fait.

  • Speaker #2

    Je voudrais juste donner quelques chiffres. Les femmes occupent 8 emplois à temps partiel sur 10 en général. des postes peu qualifiés et faiblement rémunérés. Les femmes subissent une baisse de leur niveau de vie de 20% l'année de la séparation, soit presque trois fois plus que les hommes, 7%. Et en 2021, à temps de travail équivalent, les hommes touchent un salaire supérieur de 20% de plus que les femmes. C'est dans ce contexte aussi qu'on se place.

  • Speaker #1

    Mon cher Thierry.

  • Speaker #0

    Alors, on a lu que 20% des appels du

  • Speaker #1

    39-19... Au 39-19.

  • Speaker #0

    Je rappelle que le 39-19 est le numéro national de référence pour les victimes des violences conjugales, et ça fait état de violences économiques. Donc les violences économiques dans le couple sont donc indissociables des violences physiques, ou est-ce que vous avez des exemples qui vous ont marqué sur ces sujets-là ?

  • Speaker #2

    Oui, donc ce que je veux dire, c'est que dans l'observation depuis des années, finalement, du parcours des femmes victimes de violences, on avait inclus cette question des violences économiques dans le cadre des violences conjugales. Ça fait 30 ans, effectivement, qu'on parle de violences économiques, puisqu'on a la lettre. les violences verbales, les violences psychologiques, les violences physiques, sexuelles, les violences économiques et administratives. On a ajouté une dernière forme de violence aujourd'hui qui sont les cyber-violences ou violences en ligne. Et donc, les femmes, lorsqu'elles appellent la ligne d'écoute, elles parlent des violences économiques, souvent très spontanément.

  • Speaker #1

    Mais sans mettre forcément le mot. Et après, c'est... Le terme de violences économiques. Mais ce qu'elles décrivent, on est bien là-dedans. Situation de domination, d'emprise aussi. Tout à fait.

  • Speaker #2

    Donc, elles le décrivent à... presque un quart des appels concernent les violences économiques. Et d'ailleurs, ce qu'on a noté, c'est qu'on a noté un élément important, c'est qu'on a un énorme différentiel, alors là, dans le cadre des violences conjugales, entre les ressources et l'emploi des auteurs de violences et des agresseurs, et des victimes. C'est-à-dire que 58% des victimes seulement ont un emploi pour 72% des auteurs de violences, et c'est 4 fois plus important au 39-19 que dans la population générale. Donc on voit que les violences économiques dans le cadre des violences conjugales sont utilisées par l'agresseur, justement pour les empêcher de partir, pour les contrôler, etc. Et donc on a les mêmes différentiels au regard de l'emploi, enfin en tous les cas dans ce qu'on peut analyser à travers les appels que passent les femmes au 39-19. Donc ça peut être, comme je l'ai dit, une première manifestation de violences conjugales, donc ça peut être un signe de repérage des violences conjugales. Et donc, il convient de s'interroger lorsqu'une femme n'a pas de compte bancaire, lorsque les versements des allocations familiales, on l'a déjà dit, c'est déjà des signaux de repérage qui peuvent permettre de se poser des questions. Moi,

  • Speaker #1

    il n'y a pas longtemps, j'ai entendu un monsieur qui avait l'air très gentil, au micro d'une radio, d'une télé, je ne sais plus, qui faisait une émission sur l'argent des femmes, et il y a un auditeur qui a téléphoné pour dire que, un peu comme je le racontais, c'est lui qui m'a inspiré, d'ailleurs, ma petite histoire, là, dans l'intro. Monsieur et madame, personne n'a de compte personnel, il y a juste un compte commun. Il trouvait ça très bien. Alors lui, le motif c'était en gros, on s'aime, on est un couple fusionnel. Personnellement, j'étais un peu attirée, mais je sentais que l'animatrice de l'émission également. Il y a juste un compte commun et tout ça, c'est au nom de l'administration. Amour visionnel.

  • Speaker #2

    Alors juste pour donner quelques exemples, on a des femmes qui sont surendettées d'avoir quitté le domicile.

  • Speaker #1

    Surendettées par leur mari ?

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait. C'est-à-dire qu'elles doivent payer par exemple leur nouveau logement, mais en même temps, monsieur qui reste dans le logement ne va pas payer le loyer. Et donc, évidemment, on travaille avec les bailleurs pour éviter, pour qu'on ait une désolidarisation du bail. Parce qu'elles sont dans des situations inextricables. Absolument inextricables. Et donc, sur endetté, je vous donne d'autres exemples pour revenir un petit peu à ce que vous avez dit. La voiture a été conservée par monsieur parce que c'est lui qui l'a achetée. Donc, dans la décision de séparation, monsieur garde la voiture, décision du juge. Mais l'assurance et la voiture, monsieur avait laissé l'assurance. tous les papiers de la préfecture au nom de madame.

  • Speaker #1

    Ah oui, parce que comme ça, c'est elle qui paye.

  • Speaker #2

    Voilà,

  • Speaker #0

    et il a multiplié les PV de stationnement. Et donc,

  • Speaker #2

    c'est madame qui se faisait saisir par le trésor public. Et donc, du coup, elle,

  • Speaker #0

    elle perd son permis de conduire. Et lui, il conserve ses points pour éviter de continuer à faire le malin.

  • Speaker #2

    Et donc, il ne payait rien. Elle payait tous les PV de monsieur qui disposait de la voiture. Voilà quelques exemples. Je vous ai parlé de... Du peu d'argent qu'on peut remettre à une femme pour se nourrir chaque semaine. Et l'abandon de famille et l'insolvabilité, on en a parlé.

  • Speaker #1

    Alors, moi je voudrais qu'on parle des entreprises. Je me demandais si les entreprises ont un rôle à jouer, car on en a un petit peu parlé tout à l'heure, parce que ce sont souvent les collègues ou les managers qui se rendent compte qu'il y a quelque chose qui ne va pas chez la collaboratrice ou la voisine de bureau. C'est par exemple la collègue qui n'a jamais d'argent pour un café. Aller au resto chinois du coin avec ses collègues, mettre des sous dans l'enveloppe pour la collègue qui vient d'avoir un bébé, alors qu'elle gagne correctement sa vie. Et justement, j'ai vu que la banque, le Crédit Mutuel Alliance Fédérale, a lancé depuis juillet 2024 une solution simplifiée d'ouverture de compte pour les victimes accompagnées par l'une des associations de la Fédération Nationale Solidarité Femme. C'est un compte en banque à leur seul nom, non connu de leur conjoint, ça c'est bien, et non rattaché au domicile conjugal afin d'assurer leur intégrité physique. et leur protection financière. Donc, j'aimerais que vous me disiez est-ce qu'un jour on verra toutes les banques s'y mettre ? Avant de vous laisser la parole, quelques chiffres intéressants. Près d'un quart des femmes françaises ne disposent pas d'un compte bancaire personnel et près d'un tiers n'ont pas de source de revenus autre que celle de leur conjoint. Donc, en conséquence, 40% des femmes déclarent dans l'étude Crédit Mutuel, Fédération Nationale Solidarité Femme, 40% des femmes déclarent qu'elles ne pourraient pas payer seule un loyer si elles devaient quitter le domicile conjugal. Là, j'attends vos commentaires, Françoise.

  • Speaker #2

    Oui, donc là, on est vraiment dans les situations de violences conjugales et des chiffres que je vous ai donnés auparavant sur les différentiels entre l'emploi des agresseurs et l'emploi des femmes, les ressources des femmes qui sont beaucoup plus importantes que dans la population générale. Et je pense qu'il était essentiel que les banques s'intéressent à cette question parce que les difficultés... que rencontraient les femmes accompagnées par nos structures, c'est qu'elles avaient d'énormes difficultés pour ouvrir un compte bancaire. Après la séparation, il fallait qu'elles prouvent des ressources, il fallait qu'elles prouvent leur bonne foi, il fallait qu'elles étaient finalement dans un méandre administratif avec parfois des refus d'ouverture de compte bancaire. Donc c'est aussi le travail des associations durant des années qui a permis avec évidemment... je dirais, la sensibilisation qu'il y a eu depuis ces années avec MeToo, on parle quand même beaucoup de violences conjugales aujourd'hui, qui ont fait que les banques se sont intéressées à cette question. Et donc, ça permet effectivement d'avoir la sécurité avec la dissimulation de l'adresse ou la domiciliation dans une association, voire ailleurs. Monsieur ne connaît pas du tout cette ouverture de compte bancaire. Et donc, ça permet ensuite de pouvoir y verser la caisse d'allocations familiales, les premières ressources, etc. Donc je pense qu'on a effectivement le crédit mutuel. Il y a aussi des projets avec la banque postale. Il y a le CESUS, je pense, qui est une association que nous avons reçue. Et d'autres banques qui commencent à s'intéresser à cette question. Il y a aussi la formation des conseillers et des conseillères bancaires pour qu'elles aussi repèrent ces questions. Je pense à Paola Vieira qui est une conseillère qui a travaillé dans une banque et qui aujourd'hui a monté sa structure pour justement former tous les conseillers et conseillères bancaires. à avoir des alertes et à respecter la loi tout simplement.

  • Speaker #1

    Mon cher Thierry.

  • Speaker #0

    Alors, où en sommes-nous aujourd'hui, à la fois dans l'identification, la prévention et la prise en charge des femmes victimes de violences économiques ? Il y a une nouvelle campagne comme la campagne de prévention. Il y a cette espèce de truc un peu bizarre, c'est Aizmone, la fausse appli qui permet de contrôler les dépenses des femmes.

  • Speaker #1

    Ah, c'est très bien ça.

  • Speaker #0

    Et qu'elle est dans l'identification, dans la prévention ? le rôle de vos associations.

  • Speaker #1

    Il faudrait peut-être qu'on explique ce que c'est pour les auditrices qui n'ont jamais vu le spot. Françoise, vous pouvez nous rappeler ce que c'est que cette fausse application et le spot publicitaire qui va avec.

  • Speaker #2

    Voilà, donc on peut le retrouver sur Youtube, sur le site...

  • Speaker #0

    Ça s'appelle iMoney.

  • Speaker #2

    iMoney. iMoney. Voilà, donc c'était... Après les constats qu'on faisait depuis des années, les associations n'arrivaient pas à faire passer le message sur les violences économiques dans les violences conjugales. Et donc avec une agence... de communication, on a évidemment imaginé ce spot. Cette agence nous a beaucoup d'ailleurs aidé à la réaliser. Et on a donc fait un petit spot avec différentes thématiques que j'ai citées tout à l'heure sur le contrôle des dépenses, sur le chantage sexuel, sur... Différentes formes de violences conjugales.

  • Speaker #1

    On voit des barils qui sont très très contents. Et qui ont une application. Ils sont très contents, ils ont téléchargé l'application. Qui est bidon.

  • Speaker #0

    De contrôler,

  • Speaker #1

    d'interdire. Enfin, ils peuvent contrôler Madame de Hazel.

  • Speaker #2

    Quand elle veut acheter une pizza, il sait qu'il y a un clic. Donc il sait tout de suite qu'elle a acheté une pizza. Et le pire, c'est qu'on avait quand même eu des messieurs qui pensaient que c'était vrai et qui ont demandé où on pouvait l'acheter.

  • Speaker #1

    Heureusement,

  • Speaker #2

    c'était assez, je dirais, à la marge. Mais quand même, ça montre qu'on a quand même...

  • Speaker #1

    Ça paraît normal.

  • Speaker #2

    Voilà, donc c'est un spot qui a effectivement montré et qui a eu beaucoup de succès. C'était la première campagne sur les bilances économiques. Et puis derrière, on a quand même eu, du coup, une amélioration du repérage. Donc, il y a eu les banques, effectivement, qui ont commencé à s'investir. Il y a l'aide universelle d'urgence, je pense, qui a été mise en place, qui permet aux femmes qui quittent le domicile conjugal dans l'urgence de pouvoir disposer d'un montant, alors qu'il est moindre, mais qui est quand même très utile pour des femmes qui, justement, n'ont pas encore de compte bancaire, aucune ressource pour pouvoir quitter un conjoint violent. Ensuite, évidemment, tout ce travail qu'on avait fait en amont sur la facilitation, sur la désolidarisation du bail, lorsque la séparation est violence conjugale, donc voilà. Petit à petit, on avance sur ces questions de prise en charge de violences économiques, mais voilà, en sachant qu'on doit tenir compte aussi du contexte et que donc les autres inégalités doivent être aussi prises en compte.

  • Speaker #0

    Alors, juste pour partager ici une expérience personnelle, ce que vous avez décrit ici dans les violences conjugales avec l'argent, je veux juste dire que c'est dans toutes les classes sociales. C'est-à-dire que moi, je m'adresse à une catégorie de gens éduqués, qui ont fait des écoles. de commerce, des écoles de médecine, je pense à des médecins, à des pharmaciennes, bref, à des gens qui ont une très bonne éducation. Et voilà des femmes qui subissent des violences économiques de manière aussi brutale que celle qu'on vient de décrire ici.

  • Speaker #1

    Mais c'est plus feutré.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si c'est plus feutré. C'est en tout cas qu'elles n'arrivent pas à se sortir de ces schémas parce qu'en fait... Toute l'organisation est quand même assez bien ficelée.

  • Speaker #1

    Il y a une expression que tu emploies souvent que j'aime bien, c'est la délinquance de l'intime.

  • Speaker #0

    Oui, c'est mon truc à ça. En fait, c'est le troisième livre que j'aurais rêvé d'écrire, la délinquance de l'intime. Et on m'a expliqué, dans mon entourage, ma femme notamment, que ce n'était pas utile de l'écrire, parce que sinon j'allais être vraiment expulsé de tous les cercles d'amis.

  • Speaker #2

    Mais c'est comme les violences conjugales. Ça prouve que c'est dans tous les milieux.

  • Speaker #1

    Tous les milieux sont touchés par ces violences.

  • Speaker #2

    On serait très étonné de voir un certain nombre de conjoints violents qui occupent des postes à grande responsabilité.

  • Speaker #1

    Et c'est la fin de cet épisode sur les violences économiques dans le couple. Merci Françoise Brié d'avoir participé à cet épisode.

  • Speaker #2

    Merci pour votre invitation.

  • Speaker #1

    Et merci à nos auditrices et à nos auditeurs pour leur fidélité. On espère que vous avez appris plein de choses sur les différentes formes que peuvent prendre ces violences économiques dans le couple. et que vous saurez désormais les repérer dans votre couple ou dans votre entourage. Lisez « Le prix à payer, pourquoi le couple hétéro appauvrit les femmes et nuit à l'amour » de Tiffany Cooper et Lucille Kiyé. Lisez aussi « Les bons comptes font les bons amants » d'Éloïse Boll et Insa Falassini, qu'on embrasse. Suivez-les sur les réseaux sociaux, elles font du très bon boulot. Lisez aussi « Le couple et l'argent, pourquoi les hommes sont plus riches que les femmes » de Tissou Lecoq. Merci à notre partenaire Exxon, spécialiste de l'investissement dans la silver economy, à découvrir sur exxon.fr. Et si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager à partir de votre appli Spotify, Apple Podcasts, Deezer ou Youtube. Parlez-en à vos copines, vos collègues, votre sœur, votre mère, votre voisine. Abonnez-vous à notre podcast et à notre newsletter directement sur le podcast pour être informé des mises en ligne des nouveaux épisodes. N'hésitez pas à nous laisser des commentaires et des étoiles. Vous pouvez aussi retrouver les conseils de Thierry dans les livres qu'il a co-écrits. Les filles oseront parler argent chez Duneau et aussi l'argent au féminin aux éditions Ellipse. Vous pouvez également nous contacter via LinkedIn et par notre compte Instagram. Argent, parlons cash les filles et on vous dit à bientôt pour un nouvel épisode.

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Description

⚠️Benoît s’oppose à ce que sa femme, Aurélie, ait un compte bancaire personnel 💳.

Ce qu’il dit ? : « Un couple ça partage tout dans le compte commun, pas de secrets entre nous : comme ça, chacun voit ce que gagne et dépense l’autre » 🙄.

⚠️En fait, c’est surtout Benoît qui contrôle ce que dépense Aurélie avec son salaire :

« Eh, c’est quoi ces 40 euros chez Séphora ? T’as pas assez de rouges à lèvres et de vernis💄 ? OK, c’est ton salaire, mais fais gaffe quoi ! Faut que je remplace la bagnole. » 🚗


⚠️Justement, Benoît se sert largement dans le compte commun pour acheter la Clio… qu’il met à son nom 📄.

« Bah oui, c’est moi qui la conduirai le plus souvent ! »

⚠️C’est comme l’appart 🏠. Il est juste à son nom. Pourquoi ?

« Moi j’achète le lourd, toi tu achètes le quotidien : les courses 🛒, les couches de bébé 👶, les vêtements d’enfants 👕. »

Eh oui, ça marche comme ça :

Benoît investit – à son nom – il se construit un patrimoine 📈…

Et Aurélie, elle, remplit le caddie🛒.


⚠️Quand Aurélie a eu son premier enfant, Benoît a insisté pour qu’elle arrête de travailler ❌👩🏻‍💻💼.

Pourquoi ?

« Il est hors de question que mes enfants soient élevés par une nounou et aillent au centre de loisirs le mercredi. Avec des gamins, on peut pas être deux à faire carrière. Et puis tu peux bien arrêter de bosser, je gagne assez pour deux, et ça va faire baisser nos impôts. » 🤦🏻‍♀️


Toute ressemblance avec des couples de votre entourage n’est absolument pas fortuite 👀.

Laquelle d’entre nous n’a jamais subi ou constaté des situations toxiques dans les couples ? Des situations qui sentent le malaise, les non-dits, l’emprise…😰 Ces contraintes imposées par le conjoint, ce sont des violences économiques 👊🏻: des violences insidieuses… ou frontales.

Et elles touchent tous les milieux.


Pour en parler, nous avons accueilli Françoise Brié , experte des violences sexistes, présidente de la fondation Women Without Violence, ex-directrice générale de la Fédération Nationale Solidarité femmes, (le célèbre 3919 ☎️) et Et vice-présidente de l’Escale Solidarité Femmes

📚 Livres cités dans cet épisode :

Le prix à payer : Pourquoi le couple hétéro appauvrit les femmes et nuit à l’amour — Tiffany Cooper & Lucile Quillet

Les bons comptes font les bons amantsHéloïse Bolle & Insaff el Hassini

Le couple et l’argent : Pourquoi les hommes sont plus riches que les femmes — Titiou Lecoq

Étude citée : https://violences-economiques.lesglorieuses.fr/

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Un podcast proposé par Corine Goldberger, journaliste,  et Thierry Ohayon, conseiller patrimonial, co-auteur de Les filles, Osons parler argent et  L'argent au féminin?  Musique et mixage: 🎵🎶🎧: Léo Gully @leo_gulls  Illustration vignette ✏️🎨🖍️ : Sarah Gully @sarah_gully 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Allez, je tire 200.

  • Speaker #1

    Fric, Sune,

  • Speaker #2

    Pognon,

  • Speaker #1

    Oseille,

  • Speaker #2

    La Mola,

  • Speaker #1

    Grisby, Salaire, Honoraire,

  • Speaker #2

    RIM, Pension de retraite, Livret A, Héritage, Assurance vie, Impôts, Déduction, Investir, Bitcoin, Trading. Intérêt SCPI Plan d'épargne action PER

  • Speaker #1

    Travailler Se marier Se paxer Ou vivre en union libre Fonder une famille Monter sa boîte Demander un crédit immobilier Se séparer Se remarier Changer de boulot partir en retraite, hériter, devenir veuve. Autant de grandes étapes de la vie, mais aussi trop souvent, d'occasion de s'appauvrir pour les femmes mal informées. Mais il n'est jamais trop tard pour se poser les bonnes questions sur sa situation financière et son patrimoine ou matrimoine, actuel ou à venir. Et tant qu'il en est encore temps, mettre en place des stratégies d'épargne et d'investissement pour éviter de se réveiller un jour fauché, voire spolié. C'est ce que nous vous proposons chaque mois dans ce podcast avec nos expertes invités. Si vous ne savez pas comment faire, Vous ne savez pas comment vous informer pour mieux vous occuper de votre argent. Si ce que vous racontent les experts de la banque et de l'assurance entre autres vous paraît obscur, complexe, ce podcast est fait pour vous. Notre mission, vous aider à bâtir votre indépendance financière qui est la clé de votre liberté. Et vous aider à peser le pour et le contre avant de prendre une décision qui engueule vos sous. Avec un regard de femme, de conjointe, de mère sur l'argent. Je suis Corinne Colbertier, journaliste et j'aime ce podcast. Benoît s'oppose à ce que sa femme Aurélie ait un compte bancaire personnel. Ce qu'il dit ? Un couple, ça partage tout dans le compte commun. Pas de secret entre nous, comme ça chacun voit ce que gagne et dépense l'autre. En fait, c'est surtout Benoît qui contrôle ce que dépense Aurélie avec son salaire. C'est quoi ces 40 euros chez Sephora ? T'as pas assez de rouge à lèvres et de vernis ? Ok, c'est ton salaire, mais fais gaffe quoi, faut que je remplace sa bagnole. Justement, Benoît se sert largement dans le compte commun pour acheter la clio qu'il a mise à son nom. Ben oui, c'est moi qui la conduirai le plus souvent. C'est comme l'appart. Il est juste à son nom. Pourquoi ? Moi j'achète le lourd, toi tu achètes le quotidien. Les courses, les couches de bébés, les vêtements d'enfants. Et oui, ça marche comme ça. Benoît investit à son nom, il se construit un patrimoine et Aurélie remplit le caddie. Quand Aurélie a eu son premier enfant, Benoît a insisté pour qu'elle arrête de travailler. Pourquoi ? Il est hors de question que mes enfants soient élevés par une nounou et aillent au centre de loisirs le mercredi. Avec des enfants, on ne peut pas être deux à faire carrière. Et puis, tu peux bien arrêter de bosser, je gagne suffisamment pour deux, et puis ça va faire baisser nos impôts. Et du coup, tu aurais plus de temps pour m'aider pour ma boîte, hein chérie ? Si tu pouvais me faire un peu de secrétariat, de facturation. Quoi ? Ah non, je ne vais pas te payer pour ça. Tu n'es pas mon employé, tu es ma femme. Je ne vais pas payer des charges sociales et des impôts pour l'aide de ma femme. Toute ressemblance avec des couples de votre entourage n'est absolument pas fortuite. Laquelle d'entre nous n'a jamais subi ou constaté des situations ? toxiques dans les couples, des situations qui sentent le malaise, les non-dits. Ces contraintes imposées par le conjoint, ce sont des violences économiques, des violences insidieuses ou frontales. À quelques jours de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre, pour parler des violences économiques dans le couple, nous sommes heureux d'accueillir Françoise Brié, experte sur les violences sexistes. Françoise, vous êtes présidente de la fondation Women Without Violence. et ex-directrice générale de la Fédération Nationale Solidarité Femmes. C'est un réseau de 83 associations qui, partout en France, accueillent, accompagnent et hébergent les femmes victimes de violences dans le couple et leurs enfants. La FNSF est connue pour son célèbre numéro, le 3919, la ligne d'écoute destinée aux femmes victimes de violences. Et vous êtes actuellement vice-présidente de l'ESCAL Solidarité Femmes, une association, membre de la FNSF précité. Waouh waouh waouh, quel background ! Bonjour Françoise,

  • Speaker #2

    bonjour Corinne,

  • Speaker #1

    bonjour Thierry,

  • Speaker #0

    bonjour Françoise, bonjour Corinne,

  • Speaker #1

    bonjour Léo à la technique. Merci à notre partenaire Exant, spécialiste de l'investissement dans la silver economy, à découvrir sur exant.fr. Et c'est parti ! Alors, j'ai cité dans ma petite intro quelques exemples classiques de violences économiques dans le couple. Et donc ces violences économiques dans le couple toucheraient 41% des femmes selon une étude IFOP pour le collectif Les Glorieuses. ... C'est Énorme ! Pour aller plus loin, Françoise, comment définir les violences économiques ? Pouvez-vous nous donner d'autres exemples, d'autres formes de violences économiques, des plus flagrantes aux plus assidieuses ? Et on aimerait bien aussi savoir comment est-ce qu'on détecte les signaux faibles, les manifestations précoces de violences économiques ?

  • Speaker #2

    Oui, donc merci pour cette invitation. Juste pour dire qu'il faut quand même différencier les violences économiques telles que vous avez donné quelques exemples, mais aussi telles que le disent les glorieuses. qui sont des actes isolés, je dirais, qui peuvent se répéter, mais qui sont isolés comme le contrôle des finances, le vol d'argent ou la saisie des cartes bancaires, mais qui ne sont pas forcément associés à d'autres formes de violences. Et là, je veux parler des violences conjugales, dans lesquelles il y a une forme de violence qui est la violence économique. Voilà, donc c'est important pour nos auditeurs et auditrices de comprendre qu'il y a cette différence. Pour dire d'abord que ces deux phénomènes, c'est évidemment lié aux inégalités entre les femmes et les hommes. aux stéréotypes sexistes qui sont très prégnants dans la sphère privée, mais aussi dans la sphère publique, et qui existent dans tous les niveaux de la société, de la construction sociale qui débute dès l'enfance, qui traverse le milieu familial, l'éducation, y compris à travers l'orientation professionnelle, les médias, les réseaux sociaux, etc. Les violences conjugales s'inscrivent dans ce contexte et dans les inégalités, à l'accès à l'éducation, aux ressources, dans les prises de décisions, dans la sphère publique, politique, bien sûr, et dans la sphère privée.

  • Speaker #1

    Tout est lié.

  • Speaker #2

    Tout est lié, finalement. et donc c'est Ces violences économiques qui sont celles décrites par les Glorieuses, elles peuvent être préexistantes à des violences économiques dans les violences conjugales et elles peuvent même finalement être les premiers symptômes de ces violences conjugales. Et donc je pense par exemple à vos exemples que vous avez donnés, à l'interdiction de travailler, au captage des ressources de la conjointe, du versement de tout ce qui est allocation familiale sur le compte du monsieur. Et donc, Madame n'a accès finalement à pas de ressources propres et donc à son indépendance financière.

  • Speaker #0

    Il y a le sujet aussi que dans certains couples, Monsieur va mettre toutes les propriétés immobilières à son nom, de sorte d'être maître à bord.

  • Speaker #2

    Tout à fait ce que vous avez indiqué, c'est-à-dire ce qu'appelle Titio Lecoq la théorie du pot de yaourt. A savoir que tous les biens immobiliers ou mobiliers sont achetés au nom du Monsieur et Madame paie les frais. courante, de la vie courante, avec rarement des factures qu'on conserve.

  • Speaker #1

    Et donc,

  • Speaker #2

    quand il y a une séparation, Madame se retrouve finalement sans avoir aucune possibilité de prouver qu'elle a bien participé à l'achat du bien.

  • Speaker #0

    Et une petite précision, les achats immobiliers se font grâce aux rémunérations des deux. Le crédit est construit grâce aux rémunérations du couple de Monsieur et de Madame. Mais à la fin, monsieur s'organise pour que tout soit à son nom. Je ne pourrais pas qu'on pense que madame n'a pas de contribution dans l'investissement.

  • Speaker #1

    Même quand elle contribue,

  • Speaker #0

    elle peut être expoliée. Elle contribue et en plus elle est spoliée.

  • Speaker #2

    Voilà, tout à fait. Donc monsieur construit son patrimoine et madame, pas du tout.

  • Speaker #0

    Elle s'appauvrit.

  • Speaker #2

    Elle s'appauvrit, exactement. Donc j'ai parlé évidemment du versement des allocations familiales ou du salaire sur un seul compte. Heureusement, peut-être madame Rixin a permis de faire évoluer la législation par une obligation. d'ouvrir un compte bancaire sur lequel sera versé les ressources et le salaire de chacun des membres du couple. On a également l'accès au compte bancaire de madame qui va utiliser pour ses besoins propres, finalement, sans autorisation de la conjointe. Et donc, ce que je voulais dire, c'est l'importance, dès le début de la relation, de protéger son patrimoine, de garder confidentiel les accès à ses comptes ou au numéro de sa carte bancaire, même quand il s'agit de son mari, de son concubin. ou compagnons. Et le deuxième point, c'est évidemment de s'intéresser aux questions financières pour les femmes. Essentiel. Voilà, d'avoir une éducation. Je pense qu'on manque d'éducation des filles dans la jeunesse pour apprendre. Il faut écouter notre podcast,

  • Speaker #1

    entre autres.

  • Speaker #2

    Tout à fait. Pour connaître et s'intéresser aux questions financières. Et puis, ça va évidemment de pair, parce que pour s'intéresser aux questions financières, pour travailler sur le patrimoine, il faut du temps, quand même. Et donc, ça veut dire le partage des tâches ménagères et parentales, ce qui donnera le temps aux femmes. aussi de gérer cet aspect.

  • Speaker #1

    Oui, parce que l'éducation financière, c'est du temps quand même. Il faut lire, il faut écouter des podcasts. C'est des rendez-vous. C'est des rendez-vous aussi, avec son notaire, avec sa banque.

  • Speaker #2

    Avec son banquier, avec sa banquière, exactement. Donc, quand surviennent les violences conjugales, ces inégalités économiques déjà préexistantes, elles vont devenir violences économiques, elles vont précariser les femmes, elles vont empêcher le départ du domicile. La question qu'on se pose, c'est où aller lorsqu'on n'a pas de logement, lorsque le logement est au nom de monsieur, euros. qu'on a arrêté de travailler pour s'occuper des enfants, lorsque la question de l'attribution du domicile se pose au moment de la séparation. Voilà, et pour rappeler que les familles les plus pauvres en France, mais peut-être que vous avez aussi parlé dans une autre émission, C'est 80. 1% de femmes, semi-monoparentales, et les femmes sont les plus pauvres, y compris au moment de la retraite. Et puis un autre aspect de ces inégalités, de ce qu'on peut appeler les violences économiques, c'est la diminution rapide de l'activité professionnelle des femmes avec la naissance des enfants, vous l'avez dit. On voit bien que quand il n'y a pas d'enfants, il y a une activité professionnelle à temps plein, et puis le nombre d'enfants... Les enfants arrêtent de travailler.

  • Speaker #1

    Que monsieur peut commencer à faire pression pour qu'elle arrête de travailler. Tout à fait. Ce sont divers prétextes.

  • Speaker #2

    Tout à fait. Et je dirais même que parfois, il y a la pression de monsieur, mais il y a aussi la pression familiale. Donc c'est important aussi, tout à fait, que la famille aussi se rende compte que... Il a raison, ton mari. Arrêter de travailler, derrière, ça veut dire une perte de revenu. Et si le mari, effectivement, l'impose, il peut y avoir... une possibilité d'échange aussi avec l'aide de sa famille si nécessaire.

  • Speaker #0

    Je voudrais juste soulever un point ici. Vous disiez à l'instant que dans les gens pauvres, on constate qu'il y a beaucoup de femmes. Et moi, je voudrais dire une chose qui n'est pas une fatalité. Parce que si on regarde les travailleurs et les travailleuses, probablement que les femmes sont beaucoup plus respectueuses de leur job, de leur travail, et elles font leur travail. Alors que j'ai le sentiment que bien souvent, à le son. acculées, si vous voulez, où elles sont poussées vers la pauvreté. Pour moi, la pauvreté des femmes monoparentales n'est pas une fatalité. Pour moi, il me semble que c'est un phénomène qui fait qu'on les a poussées vers ça, à cause des violences sur l'argent.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que vous en pensez, Françoise ?

  • Speaker #2

    Oui, je pense aussi que c'est l'idée reçue de penser que le salaire des femmes est un salaire toujours d'appoint, finalement. Il y a des gens qui continuent de le penser,

  • Speaker #1

    dès lors que Madame gagne moins.

  • Speaker #2

    Voilà, donc ça veut dire qu'on a un salaire, et donc le temps partiel finalement sert aux besoins, effectivement, quotidiens du ménage, mais on n'imagine pas qu'une femme peut avoir un salaire pour elle, pour investir, pour acheter, voilà. Et donc ça c'est important aussi de lutter contre ces stéréotypes sexistes, dans lesquels s'engouffrent évidemment un certain nombre d'hommes pour appauvrir leur conjointe et manipuler un certain nombre de biens.

  • Speaker #0

    Parce qu'elles acceptent en fait des jobs. dégradées au nom du fait qu'elles ont un deuxième job, celui de s'occuper des enfants. C'est-à-dire qu'elles perdent de vue des jobs avec des responsabilités au nom du fait qu'il faut qu'elles s'occupent de leur famille.

  • Speaker #1

    Tu veux dire qu'elles renoncent à faire carrière ? Elles prennent un job à mi-temps qui leur permet de prendre leur mercredi, des choses comme ça.

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait. Et puis je pense qu'également... Et du coup,

  • Speaker #1

    elles ne pensent pas à la retraite en plus.

  • Speaker #2

    Oui, dans le monde du travail également, on a quand même... Aussi cette idée que les femmes vont avoir des grossesses, que de toute façon elles vont prendre un temps partiel. Et donc rattraper aussi après, y compris en termes de rémunération ou d'évolution professionnelle, c'est beaucoup plus compliqué pour les femmes.

  • Speaker #1

    Moi je suis souvent enragée à l'idée que les femmes sur lesquelles les maris font pression pour qu'elles arrêtent de travailler ou qu'elles prennent un mi-temps n'aient pas le réflexe de répondre. Et ma retraite ? Ils pensent à ma retraite ? Parce que là le mari qui les empêche de travailler s'attaque directement à leur future retraite.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #2

    oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Mais... Dans les grands groupes industriels, quand les femmes font carrière et qu'elles commencent à faire des enfants et qu'elles demandent leur mercredi, la carrière s'arrête nette. C'est-à-dire que leur potentiel d'évolution est extrêmement freiné.

  • Speaker #1

    Moi, je l'ai constaté auprès de certaines collègues. Demander son mercredi, c'est mal vu. Si on entend des choses du genre... Ah, évidemment, elle n'est pas là. avec tout un tas de sous-entendus, on ne peut pas compter sur elle, etc.

  • Speaker #2

    Donc j'en reviens effectivement à la question du partage des charges parentales et le congé parental également, qui n'est pas forcément très positif sur la retraite. Donc il faut aussi que les hommes s'intéressent, et je pense que c'est aussi positif pour eux de pouvoir s'occuper de leurs enfants à un temps donné et partager ces charges qui freinent pour les femmes, en tous les cas, quand elles durent leur évolution professionnelle. Donc ce que je voulais dire aussi... En ce qui concerne les violences conjugales, ce qu'on note également, c'est qu'on peut avoir le chantage économique, par exemple. Oui, le chantage économique. C'était très observé.

  • Speaker #1

    Vous avez des exemples qui vous ont marqué ?

  • Speaker #2

    Oui, c'est par exemple menacer de se venger financièrement si la victime choisit de ne pas répondre à certaines exigences, par exemple, et en conséquence, du chantage sexuel ou des violences sexuelles, ou si elle choisit de rompre la relation.

  • Speaker #1

    Il faudrait être gentil avec moi, des formules comme ça. Il faut être gentil avec moi, sinon... j'achèterais pas ci, j'achèterais pas ça.

  • Speaker #2

    Exactement. Et donc, c'est aussi ce qu'on avait indiqué dans le spot iMoney, dont on parlera un petit peu plus tard, mais qui était très révélateur de cette question. La non-participation aux charges, on s'est refusé de payer les charges communes, le contrôle des dépenses, vous en avez également parlé, surveillance des comptes bancaires et ou administrative de la victime, mais également la critique négative sur sa façon de dépenser l'argent.

  • Speaker #1

    C'est toujours trop.

  • Speaker #2

    et le contrôle exclusif sur les décisions financières du couple. C'est aussi l'interdiction des achats, y compris alimentaires, pour la femme et les enfants, la remise d'un montant restreint de liquidité pour des achats précis et la surveillance des factures. Moi, j'ai vu des femmes qui avaient 20 euros par semaine pour se nourrir avec leurs enfants.

  • Speaker #1

    Comme de l'argent de poche.

  • Speaker #2

    Comme de l'argent de poche, exactement. Données en liquide et n'avaient absolument pas accès. Contrôle également du frigidaire, de ce qu'elles mangeaient. Donc, ça peut aller extrêmement loin pour... limité en tous les cas, toutes dépenses, mais en tous les cas, c'est un phénomène de contrôle et de domination qui est très précis et qui va générer évidemment du stress, parce qu'il faut nourrir les enfants, et qui s'ajoute souvent à d'autres formes de violence, comme je l'ai dit.

  • Speaker #1

    Pensez aussi à la mamise administrative, c'est-à-dire le monsieur a la mamise sur toute la paperasse du couple, la déclaration de revenus,

  • Speaker #0

    il reçoit tous les relevés bancaires au bureau, il reçoit tous ses impôts au bureau, et du coup, il crée comme ça un...

  • Speaker #1

    Il lui fait croire que c'est compliqué, laisse tomber, je m'en occupe. Il lui fait croire que c'est compliqué. Si elle s'occupait aussi de la déclaration de revenus, elle verrait des choses intéressantes. Elle pourrait demander des comptes.

  • Speaker #2

    Tout à fait. Il y a aussi la privation de ressources, c'est-à-dire exiger de l'argent sous la contrainte ou la menace. L'utilisation de la carte crédit sans consentement. Les dépenses depuis le compte conjoint en désaccord avec l'entente du couple. Le transfert d'argent du compte de la victime sans son consentement. Et j'ai parlé des allocations familiales, évidemment. l'usurpation d'identité.

  • Speaker #1

    Ah oui, ça se fait aussi.

  • Speaker #2

    Utiliser les informations administratives de la victime afin de prendre son identité dans le but d'obtenir des cartes de crédit, des crédits bancaires et ainsi créer des dettes à son nom.

  • Speaker #1

    C'est un cauchemar. C'est horrible.

  • Speaker #2

    Et la limitation de l'accès à l'information administrative, c'est-à-dire mentir quant à sa situation financière, vous en avez parlé, ou sur la situation du foyer ou encore dissimuler des revenus personnels, des factures ou des avis importants.

  • Speaker #1

    Et il y a aussi les dettes. Les dettes, le monsieur ne paye pas ses impôts et madame ne le sait pas, mais elle est astrate à la solidarité fiscale. Même divorcée, le fisc peut se retourner contre elle.

  • Speaker #2

    Tout à fait, c'est bien la question aussi de débat et d'évolution de la loi sur le sujet, puisque des femmes qui avaient un patrimoine se sont retrouvées surendettées, obligées de vendre leurs propres revenus pour payer les dettes. Alors qu'elle n'avait absolument pas...

  • Speaker #1

    Le monsieur qui est parfois parti à l'étranger et on ne peut pas mettre la main dessus, donc le fils que se retourne vers madame.

  • Speaker #0

    Il y a une blague fréquente qui est faite chez les expatriés, c'est-à-dire que monsieur et madame sont en expatriation et monsieur va laisser des comptes dans les anciens pays où il a été expatrié. Et quand arrive le moment de la séparation, il va faire la déclaration que du dernier compte qu'il vient d'ouvrir, dans lequel il y a 3 francs 6 sous, alors que par ailleurs... dans les pays. Il a des comptes gardés.

  • Speaker #2

    Et je pense que ça, ça fait partie aussi des questions de ce qu'on appelle le paiement de la contribution à l'entretien et l'éducation de l'enfant, qu'on dit pension alimentaire, d'une façon ou autre. Un certain nombre de conjoints qui ont des moyens financiers ne payent pas cette contribution et abandonnent leur famille. Ça s'appelle l'abandon de famille, alors qu'ils ont des ressources, effectivement, dissimulées un peu partout. laissant madame et les enfants dans une situation économique extrêmement difficile. Il y a aussi la limitation de l'accès à l'information administrative, mentir quant à sa situation financière ou sur la situation du foyer, ou dissimuler, comme vous l'avez dit, des revenus personnels. Et puis le contrôle de la vie personnelle et professionnelle, l'interdiction de travailler et d'étudier. Donc ça, c'est extrêmement fréquent. C'est extrêmement fréquent. Vous l'avez dit en début d'émission, c'est-à-dire que les femmes ne peuvent plus travailler. sont dans l'obligation de prendre un mi-temps,

  • Speaker #1

    diminuent leurs heures de travail et aggravent leur situation et donc leur indépendance financière qui est la clé de leur liberté.

  • Speaker #2

    Et quand il y a violence conjugale, on passe à un autre contrôle, c'est-à-dire que les femmes sont par exemple enfermées le matin avant d'aller travailler, donc elles multiplient les retards. sur leur travail ou alors du fait des violences physiques ou sexuelles ou autre forme de violence, ont des arrêts maladie fréquents. Et donc, d'où l'importance pour l'employeur de s'intéresser effectivement parfois à ces situations et donc de repérer un certain nombre de signes qui peuvent laisser penser que ces arrêts de travail ou ces absences sont dus à des violences conjugales qui sont multiples.

  • Speaker #0

    Il y a une des violences qu'on n'a pas encore citée, c'est le changement de régime matrimonial. C'est-à-dire que... On va proposer à son compagnon ou à sa compagne de changer de régime matrimonial. C'est un chéri,

  • Speaker #2

    c'est mieux pour nous.

  • Speaker #0

    C'est mieux, voilà, j'ai discuté avec le notaire, c'est super. Et donc en fait, ils étaient en communauté parce qu'ils ont grandi ensemble, ils commencent à avoir un peu de bien et il fait un changement de régime matrimonial, il fait une séparation et à ce moment-là, elle... elle revient à la case zéro patrimoine. Et comme entre-temps, elle a arrêté de travailler, donc elle n'a plus de revenus, elle se retrouve virtuellement en homeless.

  • Speaker #1

    Il y a deux situations dans lesquelles nos auditrices pourraient se retrouver. C'est l'homme qui s'installe chez sa copine, qui ne partage pas les charges, d'une part. Et le contraire, c'est-à-dire qu'un homme est propriétaire et il demande à sa copine, qui s'est installée chez lui, de lui payer un loyer. Pendant que lui, il rembourse son crédit. Donc en fait, sa copine, elle lui rembourse son crédit. Et en plus, comme souvent, elle paye les courses et la consommation du quotidien, lui, il s'est enrichi,

  • Speaker #0

    elle s'appauvrit.

  • Speaker #1

    On retombe dans la célèbre théorie des pots de yaourt vides. Et ça, ça peut arriver quand effectivement on s'installe chez un homme et qu'on lui paye un loyer. J'ai vu des situations comme ça, mais déjà pour demander un loyer à sa compagne... Partager les charges, oui, mais payer un loyer, c'est particulier, je trouve.

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait, et c'est d'autant plus fréquent quand il y a effectivement d'autres formes de violences conjugales.

  • Speaker #1

    Je pensais aussi à autre chose. Il y a être forcé à faire 50-50 dans le compte-joint pour les charges du couple, alors qu'il y a un grand déséquilibre de revenus.

  • Speaker #0

    De revenus et de fiscalité,

  • Speaker #1

    par conséquent. Au lieu de chacun contribuer selon ses ressources, monsieur dit, moi je suis féministe, donc on va contribuer à 50-50. Alors que les revenus sont déséquilibrés.

  • Speaker #2

    Tout à fait, c'est important de calculer en fonction de ces ressources la question aussi de la fiscalité, de la contribution à l'éducation et à l'entretien des enfants. Puisque les femmes déclarent finalement... Finalement, ce qu'on se rend compte, c'est aussi que la société, le système administratif et financier appauvrit les femmes. Donc en fait, pourquoi les femmes doivent déclarer de l'argent qui est utilisé pour... nourrir leurs enfants, leur acheter...

  • Speaker #0

    La pension alimentaire a une fonction et on va fiscaliser cette fonction. À côté de ça, le monsieur va défiscaliser la pension alimentaire.

  • Speaker #2

    Peut-être pour conclure sur cette question, c'est qu'effectivement en ce moment, il y a des propositions justement de modification de la loi pour mettre un terme à cette inégalité criante et qui est complètement aberrante en tous les cas.

  • Speaker #1

    Dans les violences économiques, je cite encore quand même le mari qui est addict au jeu, qui se drogue. Tout ça, c'est de l'argent qui peut être piqué à sa femme. Et j'invite nos auditrices à aller consulter le baromètre des violences économiques sur le site violenceséconomiques.lesglorieuses.fr pour voir où elle se situe, dans la zone verte par exemple où tout va bien, à la zone rouge où votre conjoint vous a mis en état de dépossession totale de vos moyens d'autonomie financière. Donc allez voir, c'est le baromètre des violences économiques des Glorieuses.

  • Speaker #0

    Alors, on a lu que l'interdiction faite à la conjointe de travailler ou de travailler moins est l'une des formes les plus fréquentes de violences économiques dans le couple. Est-ce que c'est ce que vous constatez et est-ce que c'est dans tous les milieux ?

  • Speaker #2

    Oui, je pense que c'est dans tous les milieux socio-économiques. Ce qu'on peut dire, c'est qu'on est évidemment déjà dans un contexte d'inégalité femmes-hommes. Le salaire des femmes est souvent, je l'ai dit tout à l'heure, comme un salaire d'appoint, considéré comme un salaire d'appoint. et donc que certains conjoints considèrent que leur femme n'est pas leur égale et que tout ce qu'elle gagne leur appartient et se servent donc sans aucun scrupule.

  • Speaker #1

    Tout ce qui est à toi est à moi.

  • Speaker #2

    Voilà, donc de toute façon on sait très bien que dans les milieux socio-économiques concernés, ça peut être aussi beaucoup plus pernicieux, puisque l'auteur des violences appuie sur la non-nécessité de travailler au regard de ses revenus, comme parfois la famille, et donc existe là la liberté de se séparer sans risque de précarité. L'indépendance économique et l'égalité salariale au sein du couple est donc un élément qui est un signe d'égalité. Et au contraire, la dépendance économique peut être un facteur déclenchant des violences. Et donc d'où l'importance pour les femmes d'avoir une activité professionnelle leur assurant des revenus stables et suffisants tout au long de leur vie. Et c'est important que les adolescentes et les femmes en soient conscientes dans leur choix et dans leur vie professionnelle. Éducation financière.

  • Speaker #0

    Expérience personnelle. En 2000, quand j'ai écrit mon premier livre. Sur les filles osant parler argent, c'est parce qu'un jour j'ai rencontré un monsieur qui gagnait bien sa vie, qui était dans un grand cadre, et qui m'a expliqué qu'il était prêt à investir, mais ne voulait pas investir avec moi, parce que je refusais que son épouse, la maman de ses enfants, ne soit pas associée à cet investissement.

  • Speaker #1

    Oui, comment ? Si on ne peut plus spolier la mère de ses enfants, où est-ce qu'on va ? Voilà,

  • Speaker #0

    exactement. Et c'est comme ça que j'ai commencé à écrire des livres sur les femmes et l'argent.

  • Speaker #2

    Et je voulais juste dire qu'il y a effectivement tout le travail qu'a fait Les Glorieuses. Et donc avec la FNSF en 2022, à l'époque où j'étais directrice, on avait mené une enquête avec l'IFOP suite au fameux spot I-Money. Et donc cette enquête avait indiqué qu'un homme sur cinq considérait que confisquer les moyens de paiement de sa conjointe n'est pas une violence économique.

  • Speaker #1

    à vous

  • Speaker #2

    26% d'entre eux estimaient que l'empêcher d'avoir accès à ses revenus ou les comptes bancaires ne relèvent pas non plus de violences conjugales. Et donc voilà, on a deux exemples effectivement de ces stéréotypes qui sont très implancrés dans la société.

  • Speaker #1

    À défaut de changer ses hommes, au moins informons les femmes. Alors, je vais vous demander, selon l'étude IFOP, les Glorieuses précitées, une femme a deux fois plus de chances d'être victime de violences économiques conjugales si elle gagne beaucoup moins que son conjoint, ce qui est le cas de la plupart des femmes. Par exemple, 27% des femmes qui ont un conjoint qui gagne beaucoup plus qu'elles ont déjà été victimes d'au moins une violence économique de la part de leur partenaire, contre 14% des femmes qui ont des revenus équivalents à leur conjoint. Donc les inégalités salariales et de revenus sont une cause directe de violence économique ?

  • Speaker #2

    Je pense qu'il y a la question des facteurs aggravants, c'est-à-dire que quand on a effectivement une carrière professionnelle avec un salaire toute la vie, ça veut dire qu'on est déjà aussi dans un couple qui finalement est peut-être plus égalitaire. et qui a réfléchi aussi à cette question de l'égalité femmes-hommes et des stéréotypes, comme on l'a dit. Alors que dans un couple où la femme est moins rémunérée finalement que son conjoint, c'est beaucoup plus facile de lui interdire de travailler ou de voler de l'argent ou tout simplement de lui interdire de travailler. Donc voilà, je pense qu'on est déjà dans un système qui colle finalement aux inégalités. existantes et je dirais que c'est un facteur aggravant quand on a un salaire moins important que celui de son conjoint.

  • Speaker #1

    On peut en déduire que pour prévenir les violences économiques conjugales, la solution c'est une fois de plus, c'est plus que jamais, mettre fin aux inégalités salariales entre femmes et hommes.

  • Speaker #2

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Parce que c'est plus compliqué de dominer une femme qui gagne comme son conjoint et puis une femme qui gagne correctement sa vie, elle a les moyens de partir si le conjoint ne change pas ses mauvaises habitudes, est violent. Tout à fait.

  • Speaker #2

    Je voudrais juste donner quelques chiffres. Les femmes occupent 8 emplois à temps partiel sur 10 en général. des postes peu qualifiés et faiblement rémunérés. Les femmes subissent une baisse de leur niveau de vie de 20% l'année de la séparation, soit presque trois fois plus que les hommes, 7%. Et en 2021, à temps de travail équivalent, les hommes touchent un salaire supérieur de 20% de plus que les femmes. C'est dans ce contexte aussi qu'on se place.

  • Speaker #1

    Mon cher Thierry.

  • Speaker #0

    Alors, on a lu que 20% des appels du

  • Speaker #1

    39-19... Au 39-19.

  • Speaker #0

    Je rappelle que le 39-19 est le numéro national de référence pour les victimes des violences conjugales, et ça fait état de violences économiques. Donc les violences économiques dans le couple sont donc indissociables des violences physiques, ou est-ce que vous avez des exemples qui vous ont marqué sur ces sujets-là ?

  • Speaker #2

    Oui, donc ce que je veux dire, c'est que dans l'observation depuis des années, finalement, du parcours des femmes victimes de violences, on avait inclus cette question des violences économiques dans le cadre des violences conjugales. Ça fait 30 ans, effectivement, qu'on parle de violences économiques, puisqu'on a la lettre. les violences verbales, les violences psychologiques, les violences physiques, sexuelles, les violences économiques et administratives. On a ajouté une dernière forme de violence aujourd'hui qui sont les cyber-violences ou violences en ligne. Et donc, les femmes, lorsqu'elles appellent la ligne d'écoute, elles parlent des violences économiques, souvent très spontanément.

  • Speaker #1

    Mais sans mettre forcément le mot. Et après, c'est... Le terme de violences économiques. Mais ce qu'elles décrivent, on est bien là-dedans. Situation de domination, d'emprise aussi. Tout à fait.

  • Speaker #2

    Donc, elles le décrivent à... presque un quart des appels concernent les violences économiques. Et d'ailleurs, ce qu'on a noté, c'est qu'on a noté un élément important, c'est qu'on a un énorme différentiel, alors là, dans le cadre des violences conjugales, entre les ressources et l'emploi des auteurs de violences et des agresseurs, et des victimes. C'est-à-dire que 58% des victimes seulement ont un emploi pour 72% des auteurs de violences, et c'est 4 fois plus important au 39-19 que dans la population générale. Donc on voit que les violences économiques dans le cadre des violences conjugales sont utilisées par l'agresseur, justement pour les empêcher de partir, pour les contrôler, etc. Et donc on a les mêmes différentiels au regard de l'emploi, enfin en tous les cas dans ce qu'on peut analyser à travers les appels que passent les femmes au 39-19. Donc ça peut être, comme je l'ai dit, une première manifestation de violences conjugales, donc ça peut être un signe de repérage des violences conjugales. Et donc, il convient de s'interroger lorsqu'une femme n'a pas de compte bancaire, lorsque les versements des allocations familiales, on l'a déjà dit, c'est déjà des signaux de repérage qui peuvent permettre de se poser des questions. Moi,

  • Speaker #1

    il n'y a pas longtemps, j'ai entendu un monsieur qui avait l'air très gentil, au micro d'une radio, d'une télé, je ne sais plus, qui faisait une émission sur l'argent des femmes, et il y a un auditeur qui a téléphoné pour dire que, un peu comme je le racontais, c'est lui qui m'a inspiré, d'ailleurs, ma petite histoire, là, dans l'intro. Monsieur et madame, personne n'a de compte personnel, il y a juste un compte commun. Il trouvait ça très bien. Alors lui, le motif c'était en gros, on s'aime, on est un couple fusionnel. Personnellement, j'étais un peu attirée, mais je sentais que l'animatrice de l'émission également. Il y a juste un compte commun et tout ça, c'est au nom de l'administration. Amour visionnel.

  • Speaker #2

    Alors juste pour donner quelques exemples, on a des femmes qui sont surendettées d'avoir quitté le domicile.

  • Speaker #1

    Surendettées par leur mari ?

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait. C'est-à-dire qu'elles doivent payer par exemple leur nouveau logement, mais en même temps, monsieur qui reste dans le logement ne va pas payer le loyer. Et donc, évidemment, on travaille avec les bailleurs pour éviter, pour qu'on ait une désolidarisation du bail. Parce qu'elles sont dans des situations inextricables. Absolument inextricables. Et donc, sur endetté, je vous donne d'autres exemples pour revenir un petit peu à ce que vous avez dit. La voiture a été conservée par monsieur parce que c'est lui qui l'a achetée. Donc, dans la décision de séparation, monsieur garde la voiture, décision du juge. Mais l'assurance et la voiture, monsieur avait laissé l'assurance. tous les papiers de la préfecture au nom de madame.

  • Speaker #1

    Ah oui, parce que comme ça, c'est elle qui paye.

  • Speaker #2

    Voilà,

  • Speaker #0

    et il a multiplié les PV de stationnement. Et donc,

  • Speaker #2

    c'est madame qui se faisait saisir par le trésor public. Et donc, du coup, elle,

  • Speaker #0

    elle perd son permis de conduire. Et lui, il conserve ses points pour éviter de continuer à faire le malin.

  • Speaker #2

    Et donc, il ne payait rien. Elle payait tous les PV de monsieur qui disposait de la voiture. Voilà quelques exemples. Je vous ai parlé de... Du peu d'argent qu'on peut remettre à une femme pour se nourrir chaque semaine. Et l'abandon de famille et l'insolvabilité, on en a parlé.

  • Speaker #1

    Alors, moi je voudrais qu'on parle des entreprises. Je me demandais si les entreprises ont un rôle à jouer, car on en a un petit peu parlé tout à l'heure, parce que ce sont souvent les collègues ou les managers qui se rendent compte qu'il y a quelque chose qui ne va pas chez la collaboratrice ou la voisine de bureau. C'est par exemple la collègue qui n'a jamais d'argent pour un café. Aller au resto chinois du coin avec ses collègues, mettre des sous dans l'enveloppe pour la collègue qui vient d'avoir un bébé, alors qu'elle gagne correctement sa vie. Et justement, j'ai vu que la banque, le Crédit Mutuel Alliance Fédérale, a lancé depuis juillet 2024 une solution simplifiée d'ouverture de compte pour les victimes accompagnées par l'une des associations de la Fédération Nationale Solidarité Femme. C'est un compte en banque à leur seul nom, non connu de leur conjoint, ça c'est bien, et non rattaché au domicile conjugal afin d'assurer leur intégrité physique. et leur protection financière. Donc, j'aimerais que vous me disiez est-ce qu'un jour on verra toutes les banques s'y mettre ? Avant de vous laisser la parole, quelques chiffres intéressants. Près d'un quart des femmes françaises ne disposent pas d'un compte bancaire personnel et près d'un tiers n'ont pas de source de revenus autre que celle de leur conjoint. Donc, en conséquence, 40% des femmes déclarent dans l'étude Crédit Mutuel, Fédération Nationale Solidarité Femme, 40% des femmes déclarent qu'elles ne pourraient pas payer seule un loyer si elles devaient quitter le domicile conjugal. Là, j'attends vos commentaires, Françoise.

  • Speaker #2

    Oui, donc là, on est vraiment dans les situations de violences conjugales et des chiffres que je vous ai donnés auparavant sur les différentiels entre l'emploi des agresseurs et l'emploi des femmes, les ressources des femmes qui sont beaucoup plus importantes que dans la population générale. Et je pense qu'il était essentiel que les banques s'intéressent à cette question parce que les difficultés... que rencontraient les femmes accompagnées par nos structures, c'est qu'elles avaient d'énormes difficultés pour ouvrir un compte bancaire. Après la séparation, il fallait qu'elles prouvent des ressources, il fallait qu'elles prouvent leur bonne foi, il fallait qu'elles étaient finalement dans un méandre administratif avec parfois des refus d'ouverture de compte bancaire. Donc c'est aussi le travail des associations durant des années qui a permis avec évidemment... je dirais, la sensibilisation qu'il y a eu depuis ces années avec MeToo, on parle quand même beaucoup de violences conjugales aujourd'hui, qui ont fait que les banques se sont intéressées à cette question. Et donc, ça permet effectivement d'avoir la sécurité avec la dissimulation de l'adresse ou la domiciliation dans une association, voire ailleurs. Monsieur ne connaît pas du tout cette ouverture de compte bancaire. Et donc, ça permet ensuite de pouvoir y verser la caisse d'allocations familiales, les premières ressources, etc. Donc je pense qu'on a effectivement le crédit mutuel. Il y a aussi des projets avec la banque postale. Il y a le CESUS, je pense, qui est une association que nous avons reçue. Et d'autres banques qui commencent à s'intéresser à cette question. Il y a aussi la formation des conseillers et des conseillères bancaires pour qu'elles aussi repèrent ces questions. Je pense à Paola Vieira qui est une conseillère qui a travaillé dans une banque et qui aujourd'hui a monté sa structure pour justement former tous les conseillers et conseillères bancaires. à avoir des alertes et à respecter la loi tout simplement.

  • Speaker #1

    Mon cher Thierry.

  • Speaker #0

    Alors, où en sommes-nous aujourd'hui, à la fois dans l'identification, la prévention et la prise en charge des femmes victimes de violences économiques ? Il y a une nouvelle campagne comme la campagne de prévention. Il y a cette espèce de truc un peu bizarre, c'est Aizmone, la fausse appli qui permet de contrôler les dépenses des femmes.

  • Speaker #1

    Ah, c'est très bien ça.

  • Speaker #0

    Et qu'elle est dans l'identification, dans la prévention ? le rôle de vos associations.

  • Speaker #1

    Il faudrait peut-être qu'on explique ce que c'est pour les auditrices qui n'ont jamais vu le spot. Françoise, vous pouvez nous rappeler ce que c'est que cette fausse application et le spot publicitaire qui va avec.

  • Speaker #2

    Voilà, donc on peut le retrouver sur Youtube, sur le site...

  • Speaker #0

    Ça s'appelle iMoney.

  • Speaker #2

    iMoney. iMoney. Voilà, donc c'était... Après les constats qu'on faisait depuis des années, les associations n'arrivaient pas à faire passer le message sur les violences économiques dans les violences conjugales. Et donc avec une agence... de communication, on a évidemment imaginé ce spot. Cette agence nous a beaucoup d'ailleurs aidé à la réaliser. Et on a donc fait un petit spot avec différentes thématiques que j'ai citées tout à l'heure sur le contrôle des dépenses, sur le chantage sexuel, sur... Différentes formes de violences conjugales.

  • Speaker #1

    On voit des barils qui sont très très contents. Et qui ont une application. Ils sont très contents, ils ont téléchargé l'application. Qui est bidon.

  • Speaker #0

    De contrôler,

  • Speaker #1

    d'interdire. Enfin, ils peuvent contrôler Madame de Hazel.

  • Speaker #2

    Quand elle veut acheter une pizza, il sait qu'il y a un clic. Donc il sait tout de suite qu'elle a acheté une pizza. Et le pire, c'est qu'on avait quand même eu des messieurs qui pensaient que c'était vrai et qui ont demandé où on pouvait l'acheter.

  • Speaker #1

    Heureusement,

  • Speaker #2

    c'était assez, je dirais, à la marge. Mais quand même, ça montre qu'on a quand même...

  • Speaker #1

    Ça paraît normal.

  • Speaker #2

    Voilà, donc c'est un spot qui a effectivement montré et qui a eu beaucoup de succès. C'était la première campagne sur les bilances économiques. Et puis derrière, on a quand même eu, du coup, une amélioration du repérage. Donc, il y a eu les banques, effectivement, qui ont commencé à s'investir. Il y a l'aide universelle d'urgence, je pense, qui a été mise en place, qui permet aux femmes qui quittent le domicile conjugal dans l'urgence de pouvoir disposer d'un montant, alors qu'il est moindre, mais qui est quand même très utile pour des femmes qui, justement, n'ont pas encore de compte bancaire, aucune ressource pour pouvoir quitter un conjoint violent. Ensuite, évidemment, tout ce travail qu'on avait fait en amont sur la facilitation, sur la désolidarisation du bail, lorsque la séparation est violence conjugale, donc voilà. Petit à petit, on avance sur ces questions de prise en charge de violences économiques, mais voilà, en sachant qu'on doit tenir compte aussi du contexte et que donc les autres inégalités doivent être aussi prises en compte.

  • Speaker #0

    Alors, juste pour partager ici une expérience personnelle, ce que vous avez décrit ici dans les violences conjugales avec l'argent, je veux juste dire que c'est dans toutes les classes sociales. C'est-à-dire que moi, je m'adresse à une catégorie de gens éduqués, qui ont fait des écoles. de commerce, des écoles de médecine, je pense à des médecins, à des pharmaciennes, bref, à des gens qui ont une très bonne éducation. Et voilà des femmes qui subissent des violences économiques de manière aussi brutale que celle qu'on vient de décrire ici.

  • Speaker #1

    Mais c'est plus feutré.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si c'est plus feutré. C'est en tout cas qu'elles n'arrivent pas à se sortir de ces schémas parce qu'en fait... Toute l'organisation est quand même assez bien ficelée.

  • Speaker #1

    Il y a une expression que tu emploies souvent que j'aime bien, c'est la délinquance de l'intime.

  • Speaker #0

    Oui, c'est mon truc à ça. En fait, c'est le troisième livre que j'aurais rêvé d'écrire, la délinquance de l'intime. Et on m'a expliqué, dans mon entourage, ma femme notamment, que ce n'était pas utile de l'écrire, parce que sinon j'allais être vraiment expulsé de tous les cercles d'amis.

  • Speaker #2

    Mais c'est comme les violences conjugales. Ça prouve que c'est dans tous les milieux.

  • Speaker #1

    Tous les milieux sont touchés par ces violences.

  • Speaker #2

    On serait très étonné de voir un certain nombre de conjoints violents qui occupent des postes à grande responsabilité.

  • Speaker #1

    Et c'est la fin de cet épisode sur les violences économiques dans le couple. Merci Françoise Brié d'avoir participé à cet épisode.

  • Speaker #2

    Merci pour votre invitation.

  • Speaker #1

    Et merci à nos auditrices et à nos auditeurs pour leur fidélité. On espère que vous avez appris plein de choses sur les différentes formes que peuvent prendre ces violences économiques dans le couple. et que vous saurez désormais les repérer dans votre couple ou dans votre entourage. Lisez « Le prix à payer, pourquoi le couple hétéro appauvrit les femmes et nuit à l'amour » de Tiffany Cooper et Lucille Kiyé. Lisez aussi « Les bons comptes font les bons amants » d'Éloïse Boll et Insa Falassini, qu'on embrasse. Suivez-les sur les réseaux sociaux, elles font du très bon boulot. Lisez aussi « Le couple et l'argent, pourquoi les hommes sont plus riches que les femmes » de Tissou Lecoq. Merci à notre partenaire Exxon, spécialiste de l'investissement dans la silver economy, à découvrir sur exxon.fr. Et si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager à partir de votre appli Spotify, Apple Podcasts, Deezer ou Youtube. Parlez-en à vos copines, vos collègues, votre sœur, votre mère, votre voisine. Abonnez-vous à notre podcast et à notre newsletter directement sur le podcast pour être informé des mises en ligne des nouveaux épisodes. N'hésitez pas à nous laisser des commentaires et des étoiles. Vous pouvez aussi retrouver les conseils de Thierry dans les livres qu'il a co-écrits. Les filles oseront parler argent chez Duneau et aussi l'argent au féminin aux éditions Ellipse. Vous pouvez également nous contacter via LinkedIn et par notre compte Instagram. Argent, parlons cash les filles et on vous dit à bientôt pour un nouvel épisode.

Description

⚠️Benoît s’oppose à ce que sa femme, Aurélie, ait un compte bancaire personnel 💳.

Ce qu’il dit ? : « Un couple ça partage tout dans le compte commun, pas de secrets entre nous : comme ça, chacun voit ce que gagne et dépense l’autre » 🙄.

⚠️En fait, c’est surtout Benoît qui contrôle ce que dépense Aurélie avec son salaire :

« Eh, c’est quoi ces 40 euros chez Séphora ? T’as pas assez de rouges à lèvres et de vernis💄 ? OK, c’est ton salaire, mais fais gaffe quoi ! Faut que je remplace la bagnole. » 🚗


⚠️Justement, Benoît se sert largement dans le compte commun pour acheter la Clio… qu’il met à son nom 📄.

« Bah oui, c’est moi qui la conduirai le plus souvent ! »

⚠️C’est comme l’appart 🏠. Il est juste à son nom. Pourquoi ?

« Moi j’achète le lourd, toi tu achètes le quotidien : les courses 🛒, les couches de bébé 👶, les vêtements d’enfants 👕. »

Eh oui, ça marche comme ça :

Benoît investit – à son nom – il se construit un patrimoine 📈…

Et Aurélie, elle, remplit le caddie🛒.


⚠️Quand Aurélie a eu son premier enfant, Benoît a insisté pour qu’elle arrête de travailler ❌👩🏻‍💻💼.

Pourquoi ?

« Il est hors de question que mes enfants soient élevés par une nounou et aillent au centre de loisirs le mercredi. Avec des gamins, on peut pas être deux à faire carrière. Et puis tu peux bien arrêter de bosser, je gagne assez pour deux, et ça va faire baisser nos impôts. » 🤦🏻‍♀️


Toute ressemblance avec des couples de votre entourage n’est absolument pas fortuite 👀.

Laquelle d’entre nous n’a jamais subi ou constaté des situations toxiques dans les couples ? Des situations qui sentent le malaise, les non-dits, l’emprise…😰 Ces contraintes imposées par le conjoint, ce sont des violences économiques 👊🏻: des violences insidieuses… ou frontales.

Et elles touchent tous les milieux.


Pour en parler, nous avons accueilli Françoise Brié , experte des violences sexistes, présidente de la fondation Women Without Violence, ex-directrice générale de la Fédération Nationale Solidarité femmes, (le célèbre 3919 ☎️) et Et vice-présidente de l’Escale Solidarité Femmes

📚 Livres cités dans cet épisode :

Le prix à payer : Pourquoi le couple hétéro appauvrit les femmes et nuit à l’amour — Tiffany Cooper & Lucile Quillet

Les bons comptes font les bons amantsHéloïse Bolle & Insaff el Hassini

Le couple et l’argent : Pourquoi les hommes sont plus riches que les femmes — Titiou Lecoq

Étude citée : https://violences-economiques.lesglorieuses.fr/

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Un podcast proposé par Corine Goldberger, journaliste,  et Thierry Ohayon, conseiller patrimonial, co-auteur de Les filles, Osons parler argent et  L'argent au féminin?  Musique et mixage: 🎵🎶🎧: Léo Gully @leo_gulls  Illustration vignette ✏️🎨🖍️ : Sarah Gully @sarah_gully 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Allez, je tire 200.

  • Speaker #1

    Fric, Sune,

  • Speaker #2

    Pognon,

  • Speaker #1

    Oseille,

  • Speaker #2

    La Mola,

  • Speaker #1

    Grisby, Salaire, Honoraire,

  • Speaker #2

    RIM, Pension de retraite, Livret A, Héritage, Assurance vie, Impôts, Déduction, Investir, Bitcoin, Trading. Intérêt SCPI Plan d'épargne action PER

  • Speaker #1

    Travailler Se marier Se paxer Ou vivre en union libre Fonder une famille Monter sa boîte Demander un crédit immobilier Se séparer Se remarier Changer de boulot partir en retraite, hériter, devenir veuve. Autant de grandes étapes de la vie, mais aussi trop souvent, d'occasion de s'appauvrir pour les femmes mal informées. Mais il n'est jamais trop tard pour se poser les bonnes questions sur sa situation financière et son patrimoine ou matrimoine, actuel ou à venir. Et tant qu'il en est encore temps, mettre en place des stratégies d'épargne et d'investissement pour éviter de se réveiller un jour fauché, voire spolié. C'est ce que nous vous proposons chaque mois dans ce podcast avec nos expertes invités. Si vous ne savez pas comment faire, Vous ne savez pas comment vous informer pour mieux vous occuper de votre argent. Si ce que vous racontent les experts de la banque et de l'assurance entre autres vous paraît obscur, complexe, ce podcast est fait pour vous. Notre mission, vous aider à bâtir votre indépendance financière qui est la clé de votre liberté. Et vous aider à peser le pour et le contre avant de prendre une décision qui engueule vos sous. Avec un regard de femme, de conjointe, de mère sur l'argent. Je suis Corinne Colbertier, journaliste et j'aime ce podcast. Benoît s'oppose à ce que sa femme Aurélie ait un compte bancaire personnel. Ce qu'il dit ? Un couple, ça partage tout dans le compte commun. Pas de secret entre nous, comme ça chacun voit ce que gagne et dépense l'autre. En fait, c'est surtout Benoît qui contrôle ce que dépense Aurélie avec son salaire. C'est quoi ces 40 euros chez Sephora ? T'as pas assez de rouge à lèvres et de vernis ? Ok, c'est ton salaire, mais fais gaffe quoi, faut que je remplace sa bagnole. Justement, Benoît se sert largement dans le compte commun pour acheter la clio qu'il a mise à son nom. Ben oui, c'est moi qui la conduirai le plus souvent. C'est comme l'appart. Il est juste à son nom. Pourquoi ? Moi j'achète le lourd, toi tu achètes le quotidien. Les courses, les couches de bébés, les vêtements d'enfants. Et oui, ça marche comme ça. Benoît investit à son nom, il se construit un patrimoine et Aurélie remplit le caddie. Quand Aurélie a eu son premier enfant, Benoît a insisté pour qu'elle arrête de travailler. Pourquoi ? Il est hors de question que mes enfants soient élevés par une nounou et aillent au centre de loisirs le mercredi. Avec des enfants, on ne peut pas être deux à faire carrière. Et puis, tu peux bien arrêter de bosser, je gagne suffisamment pour deux, et puis ça va faire baisser nos impôts. Et du coup, tu aurais plus de temps pour m'aider pour ma boîte, hein chérie ? Si tu pouvais me faire un peu de secrétariat, de facturation. Quoi ? Ah non, je ne vais pas te payer pour ça. Tu n'es pas mon employé, tu es ma femme. Je ne vais pas payer des charges sociales et des impôts pour l'aide de ma femme. Toute ressemblance avec des couples de votre entourage n'est absolument pas fortuite. Laquelle d'entre nous n'a jamais subi ou constaté des situations ? toxiques dans les couples, des situations qui sentent le malaise, les non-dits. Ces contraintes imposées par le conjoint, ce sont des violences économiques, des violences insidieuses ou frontales. À quelques jours de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre, pour parler des violences économiques dans le couple, nous sommes heureux d'accueillir Françoise Brié, experte sur les violences sexistes. Françoise, vous êtes présidente de la fondation Women Without Violence. et ex-directrice générale de la Fédération Nationale Solidarité Femmes. C'est un réseau de 83 associations qui, partout en France, accueillent, accompagnent et hébergent les femmes victimes de violences dans le couple et leurs enfants. La FNSF est connue pour son célèbre numéro, le 3919, la ligne d'écoute destinée aux femmes victimes de violences. Et vous êtes actuellement vice-présidente de l'ESCAL Solidarité Femmes, une association, membre de la FNSF précité. Waouh waouh waouh, quel background ! Bonjour Françoise,

  • Speaker #2

    bonjour Corinne,

  • Speaker #1

    bonjour Thierry,

  • Speaker #0

    bonjour Françoise, bonjour Corinne,

  • Speaker #1

    bonjour Léo à la technique. Merci à notre partenaire Exant, spécialiste de l'investissement dans la silver economy, à découvrir sur exant.fr. Et c'est parti ! Alors, j'ai cité dans ma petite intro quelques exemples classiques de violences économiques dans le couple. Et donc ces violences économiques dans le couple toucheraient 41% des femmes selon une étude IFOP pour le collectif Les Glorieuses. ... C'est Énorme ! Pour aller plus loin, Françoise, comment définir les violences économiques ? Pouvez-vous nous donner d'autres exemples, d'autres formes de violences économiques, des plus flagrantes aux plus assidieuses ? Et on aimerait bien aussi savoir comment est-ce qu'on détecte les signaux faibles, les manifestations précoces de violences économiques ?

  • Speaker #2

    Oui, donc merci pour cette invitation. Juste pour dire qu'il faut quand même différencier les violences économiques telles que vous avez donné quelques exemples, mais aussi telles que le disent les glorieuses. qui sont des actes isolés, je dirais, qui peuvent se répéter, mais qui sont isolés comme le contrôle des finances, le vol d'argent ou la saisie des cartes bancaires, mais qui ne sont pas forcément associés à d'autres formes de violences. Et là, je veux parler des violences conjugales, dans lesquelles il y a une forme de violence qui est la violence économique. Voilà, donc c'est important pour nos auditeurs et auditrices de comprendre qu'il y a cette différence. Pour dire d'abord que ces deux phénomènes, c'est évidemment lié aux inégalités entre les femmes et les hommes. aux stéréotypes sexistes qui sont très prégnants dans la sphère privée, mais aussi dans la sphère publique, et qui existent dans tous les niveaux de la société, de la construction sociale qui débute dès l'enfance, qui traverse le milieu familial, l'éducation, y compris à travers l'orientation professionnelle, les médias, les réseaux sociaux, etc. Les violences conjugales s'inscrivent dans ce contexte et dans les inégalités, à l'accès à l'éducation, aux ressources, dans les prises de décisions, dans la sphère publique, politique, bien sûr, et dans la sphère privée.

  • Speaker #1

    Tout est lié.

  • Speaker #2

    Tout est lié, finalement. et donc c'est Ces violences économiques qui sont celles décrites par les Glorieuses, elles peuvent être préexistantes à des violences économiques dans les violences conjugales et elles peuvent même finalement être les premiers symptômes de ces violences conjugales. Et donc je pense par exemple à vos exemples que vous avez donnés, à l'interdiction de travailler, au captage des ressources de la conjointe, du versement de tout ce qui est allocation familiale sur le compte du monsieur. Et donc, Madame n'a accès finalement à pas de ressources propres et donc à son indépendance financière.

  • Speaker #0

    Il y a le sujet aussi que dans certains couples, Monsieur va mettre toutes les propriétés immobilières à son nom, de sorte d'être maître à bord.

  • Speaker #2

    Tout à fait ce que vous avez indiqué, c'est-à-dire ce qu'appelle Titio Lecoq la théorie du pot de yaourt. A savoir que tous les biens immobiliers ou mobiliers sont achetés au nom du Monsieur et Madame paie les frais. courante, de la vie courante, avec rarement des factures qu'on conserve.

  • Speaker #1

    Et donc,

  • Speaker #2

    quand il y a une séparation, Madame se retrouve finalement sans avoir aucune possibilité de prouver qu'elle a bien participé à l'achat du bien.

  • Speaker #0

    Et une petite précision, les achats immobiliers se font grâce aux rémunérations des deux. Le crédit est construit grâce aux rémunérations du couple de Monsieur et de Madame. Mais à la fin, monsieur s'organise pour que tout soit à son nom. Je ne pourrais pas qu'on pense que madame n'a pas de contribution dans l'investissement.

  • Speaker #1

    Même quand elle contribue,

  • Speaker #0

    elle peut être expoliée. Elle contribue et en plus elle est spoliée.

  • Speaker #2

    Voilà, tout à fait. Donc monsieur construit son patrimoine et madame, pas du tout.

  • Speaker #0

    Elle s'appauvrit.

  • Speaker #2

    Elle s'appauvrit, exactement. Donc j'ai parlé évidemment du versement des allocations familiales ou du salaire sur un seul compte. Heureusement, peut-être madame Rixin a permis de faire évoluer la législation par une obligation. d'ouvrir un compte bancaire sur lequel sera versé les ressources et le salaire de chacun des membres du couple. On a également l'accès au compte bancaire de madame qui va utiliser pour ses besoins propres, finalement, sans autorisation de la conjointe. Et donc, ce que je voulais dire, c'est l'importance, dès le début de la relation, de protéger son patrimoine, de garder confidentiel les accès à ses comptes ou au numéro de sa carte bancaire, même quand il s'agit de son mari, de son concubin. ou compagnons. Et le deuxième point, c'est évidemment de s'intéresser aux questions financières pour les femmes. Essentiel. Voilà, d'avoir une éducation. Je pense qu'on manque d'éducation des filles dans la jeunesse pour apprendre. Il faut écouter notre podcast,

  • Speaker #1

    entre autres.

  • Speaker #2

    Tout à fait. Pour connaître et s'intéresser aux questions financières. Et puis, ça va évidemment de pair, parce que pour s'intéresser aux questions financières, pour travailler sur le patrimoine, il faut du temps, quand même. Et donc, ça veut dire le partage des tâches ménagères et parentales, ce qui donnera le temps aux femmes. aussi de gérer cet aspect.

  • Speaker #1

    Oui, parce que l'éducation financière, c'est du temps quand même. Il faut lire, il faut écouter des podcasts. C'est des rendez-vous. C'est des rendez-vous aussi, avec son notaire, avec sa banque.

  • Speaker #2

    Avec son banquier, avec sa banquière, exactement. Donc, quand surviennent les violences conjugales, ces inégalités économiques déjà préexistantes, elles vont devenir violences économiques, elles vont précariser les femmes, elles vont empêcher le départ du domicile. La question qu'on se pose, c'est où aller lorsqu'on n'a pas de logement, lorsque le logement est au nom de monsieur, euros. qu'on a arrêté de travailler pour s'occuper des enfants, lorsque la question de l'attribution du domicile se pose au moment de la séparation. Voilà, et pour rappeler que les familles les plus pauvres en France, mais peut-être que vous avez aussi parlé dans une autre émission, C'est 80. 1% de femmes, semi-monoparentales, et les femmes sont les plus pauvres, y compris au moment de la retraite. Et puis un autre aspect de ces inégalités, de ce qu'on peut appeler les violences économiques, c'est la diminution rapide de l'activité professionnelle des femmes avec la naissance des enfants, vous l'avez dit. On voit bien que quand il n'y a pas d'enfants, il y a une activité professionnelle à temps plein, et puis le nombre d'enfants... Les enfants arrêtent de travailler.

  • Speaker #1

    Que monsieur peut commencer à faire pression pour qu'elle arrête de travailler. Tout à fait. Ce sont divers prétextes.

  • Speaker #2

    Tout à fait. Et je dirais même que parfois, il y a la pression de monsieur, mais il y a aussi la pression familiale. Donc c'est important aussi, tout à fait, que la famille aussi se rende compte que... Il a raison, ton mari. Arrêter de travailler, derrière, ça veut dire une perte de revenu. Et si le mari, effectivement, l'impose, il peut y avoir... une possibilité d'échange aussi avec l'aide de sa famille si nécessaire.

  • Speaker #0

    Je voudrais juste soulever un point ici. Vous disiez à l'instant que dans les gens pauvres, on constate qu'il y a beaucoup de femmes. Et moi, je voudrais dire une chose qui n'est pas une fatalité. Parce que si on regarde les travailleurs et les travailleuses, probablement que les femmes sont beaucoup plus respectueuses de leur job, de leur travail, et elles font leur travail. Alors que j'ai le sentiment que bien souvent, à le son. acculées, si vous voulez, où elles sont poussées vers la pauvreté. Pour moi, la pauvreté des femmes monoparentales n'est pas une fatalité. Pour moi, il me semble que c'est un phénomène qui fait qu'on les a poussées vers ça, à cause des violences sur l'argent.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que vous en pensez, Françoise ?

  • Speaker #2

    Oui, je pense aussi que c'est l'idée reçue de penser que le salaire des femmes est un salaire toujours d'appoint, finalement. Il y a des gens qui continuent de le penser,

  • Speaker #1

    dès lors que Madame gagne moins.

  • Speaker #2

    Voilà, donc ça veut dire qu'on a un salaire, et donc le temps partiel finalement sert aux besoins, effectivement, quotidiens du ménage, mais on n'imagine pas qu'une femme peut avoir un salaire pour elle, pour investir, pour acheter, voilà. Et donc ça c'est important aussi de lutter contre ces stéréotypes sexistes, dans lesquels s'engouffrent évidemment un certain nombre d'hommes pour appauvrir leur conjointe et manipuler un certain nombre de biens.

  • Speaker #0

    Parce qu'elles acceptent en fait des jobs. dégradées au nom du fait qu'elles ont un deuxième job, celui de s'occuper des enfants. C'est-à-dire qu'elles perdent de vue des jobs avec des responsabilités au nom du fait qu'il faut qu'elles s'occupent de leur famille.

  • Speaker #1

    Tu veux dire qu'elles renoncent à faire carrière ? Elles prennent un job à mi-temps qui leur permet de prendre leur mercredi, des choses comme ça.

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait. Et puis je pense qu'également... Et du coup,

  • Speaker #1

    elles ne pensent pas à la retraite en plus.

  • Speaker #2

    Oui, dans le monde du travail également, on a quand même... Aussi cette idée que les femmes vont avoir des grossesses, que de toute façon elles vont prendre un temps partiel. Et donc rattraper aussi après, y compris en termes de rémunération ou d'évolution professionnelle, c'est beaucoup plus compliqué pour les femmes.

  • Speaker #1

    Moi je suis souvent enragée à l'idée que les femmes sur lesquelles les maris font pression pour qu'elles arrêtent de travailler ou qu'elles prennent un mi-temps n'aient pas le réflexe de répondre. Et ma retraite ? Ils pensent à ma retraite ? Parce que là le mari qui les empêche de travailler s'attaque directement à leur future retraite.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #2

    oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Mais... Dans les grands groupes industriels, quand les femmes font carrière et qu'elles commencent à faire des enfants et qu'elles demandent leur mercredi, la carrière s'arrête nette. C'est-à-dire que leur potentiel d'évolution est extrêmement freiné.

  • Speaker #1

    Moi, je l'ai constaté auprès de certaines collègues. Demander son mercredi, c'est mal vu. Si on entend des choses du genre... Ah, évidemment, elle n'est pas là. avec tout un tas de sous-entendus, on ne peut pas compter sur elle, etc.

  • Speaker #2

    Donc j'en reviens effectivement à la question du partage des charges parentales et le congé parental également, qui n'est pas forcément très positif sur la retraite. Donc il faut aussi que les hommes s'intéressent, et je pense que c'est aussi positif pour eux de pouvoir s'occuper de leurs enfants à un temps donné et partager ces charges qui freinent pour les femmes, en tous les cas, quand elles durent leur évolution professionnelle. Donc ce que je voulais dire aussi... En ce qui concerne les violences conjugales, ce qu'on note également, c'est qu'on peut avoir le chantage économique, par exemple. Oui, le chantage économique. C'était très observé.

  • Speaker #1

    Vous avez des exemples qui vous ont marqué ?

  • Speaker #2

    Oui, c'est par exemple menacer de se venger financièrement si la victime choisit de ne pas répondre à certaines exigences, par exemple, et en conséquence, du chantage sexuel ou des violences sexuelles, ou si elle choisit de rompre la relation.

  • Speaker #1

    Il faudrait être gentil avec moi, des formules comme ça. Il faut être gentil avec moi, sinon... j'achèterais pas ci, j'achèterais pas ça.

  • Speaker #2

    Exactement. Et donc, c'est aussi ce qu'on avait indiqué dans le spot iMoney, dont on parlera un petit peu plus tard, mais qui était très révélateur de cette question. La non-participation aux charges, on s'est refusé de payer les charges communes, le contrôle des dépenses, vous en avez également parlé, surveillance des comptes bancaires et ou administrative de la victime, mais également la critique négative sur sa façon de dépenser l'argent.

  • Speaker #1

    C'est toujours trop.

  • Speaker #2

    et le contrôle exclusif sur les décisions financières du couple. C'est aussi l'interdiction des achats, y compris alimentaires, pour la femme et les enfants, la remise d'un montant restreint de liquidité pour des achats précis et la surveillance des factures. Moi, j'ai vu des femmes qui avaient 20 euros par semaine pour se nourrir avec leurs enfants.

  • Speaker #1

    Comme de l'argent de poche.

  • Speaker #2

    Comme de l'argent de poche, exactement. Données en liquide et n'avaient absolument pas accès. Contrôle également du frigidaire, de ce qu'elles mangeaient. Donc, ça peut aller extrêmement loin pour... limité en tous les cas, toutes dépenses, mais en tous les cas, c'est un phénomène de contrôle et de domination qui est très précis et qui va générer évidemment du stress, parce qu'il faut nourrir les enfants, et qui s'ajoute souvent à d'autres formes de violence, comme je l'ai dit.

  • Speaker #1

    Pensez aussi à la mamise administrative, c'est-à-dire le monsieur a la mamise sur toute la paperasse du couple, la déclaration de revenus,

  • Speaker #0

    il reçoit tous les relevés bancaires au bureau, il reçoit tous ses impôts au bureau, et du coup, il crée comme ça un...

  • Speaker #1

    Il lui fait croire que c'est compliqué, laisse tomber, je m'en occupe. Il lui fait croire que c'est compliqué. Si elle s'occupait aussi de la déclaration de revenus, elle verrait des choses intéressantes. Elle pourrait demander des comptes.

  • Speaker #2

    Tout à fait. Il y a aussi la privation de ressources, c'est-à-dire exiger de l'argent sous la contrainte ou la menace. L'utilisation de la carte crédit sans consentement. Les dépenses depuis le compte conjoint en désaccord avec l'entente du couple. Le transfert d'argent du compte de la victime sans son consentement. Et j'ai parlé des allocations familiales, évidemment. l'usurpation d'identité.

  • Speaker #1

    Ah oui, ça se fait aussi.

  • Speaker #2

    Utiliser les informations administratives de la victime afin de prendre son identité dans le but d'obtenir des cartes de crédit, des crédits bancaires et ainsi créer des dettes à son nom.

  • Speaker #1

    C'est un cauchemar. C'est horrible.

  • Speaker #2

    Et la limitation de l'accès à l'information administrative, c'est-à-dire mentir quant à sa situation financière, vous en avez parlé, ou sur la situation du foyer ou encore dissimuler des revenus personnels, des factures ou des avis importants.

  • Speaker #1

    Et il y a aussi les dettes. Les dettes, le monsieur ne paye pas ses impôts et madame ne le sait pas, mais elle est astrate à la solidarité fiscale. Même divorcée, le fisc peut se retourner contre elle.

  • Speaker #2

    Tout à fait, c'est bien la question aussi de débat et d'évolution de la loi sur le sujet, puisque des femmes qui avaient un patrimoine se sont retrouvées surendettées, obligées de vendre leurs propres revenus pour payer les dettes. Alors qu'elle n'avait absolument pas...

  • Speaker #1

    Le monsieur qui est parfois parti à l'étranger et on ne peut pas mettre la main dessus, donc le fils que se retourne vers madame.

  • Speaker #0

    Il y a une blague fréquente qui est faite chez les expatriés, c'est-à-dire que monsieur et madame sont en expatriation et monsieur va laisser des comptes dans les anciens pays où il a été expatrié. Et quand arrive le moment de la séparation, il va faire la déclaration que du dernier compte qu'il vient d'ouvrir, dans lequel il y a 3 francs 6 sous, alors que par ailleurs... dans les pays. Il a des comptes gardés.

  • Speaker #2

    Et je pense que ça, ça fait partie aussi des questions de ce qu'on appelle le paiement de la contribution à l'entretien et l'éducation de l'enfant, qu'on dit pension alimentaire, d'une façon ou autre. Un certain nombre de conjoints qui ont des moyens financiers ne payent pas cette contribution et abandonnent leur famille. Ça s'appelle l'abandon de famille, alors qu'ils ont des ressources, effectivement, dissimulées un peu partout. laissant madame et les enfants dans une situation économique extrêmement difficile. Il y a aussi la limitation de l'accès à l'information administrative, mentir quant à sa situation financière ou sur la situation du foyer, ou dissimuler, comme vous l'avez dit, des revenus personnels. Et puis le contrôle de la vie personnelle et professionnelle, l'interdiction de travailler et d'étudier. Donc ça, c'est extrêmement fréquent. C'est extrêmement fréquent. Vous l'avez dit en début d'émission, c'est-à-dire que les femmes ne peuvent plus travailler. sont dans l'obligation de prendre un mi-temps,

  • Speaker #1

    diminuent leurs heures de travail et aggravent leur situation et donc leur indépendance financière qui est la clé de leur liberté.

  • Speaker #2

    Et quand il y a violence conjugale, on passe à un autre contrôle, c'est-à-dire que les femmes sont par exemple enfermées le matin avant d'aller travailler, donc elles multiplient les retards. sur leur travail ou alors du fait des violences physiques ou sexuelles ou autre forme de violence, ont des arrêts maladie fréquents. Et donc, d'où l'importance pour l'employeur de s'intéresser effectivement parfois à ces situations et donc de repérer un certain nombre de signes qui peuvent laisser penser que ces arrêts de travail ou ces absences sont dus à des violences conjugales qui sont multiples.

  • Speaker #0

    Il y a une des violences qu'on n'a pas encore citée, c'est le changement de régime matrimonial. C'est-à-dire que... On va proposer à son compagnon ou à sa compagne de changer de régime matrimonial. C'est un chéri,

  • Speaker #2

    c'est mieux pour nous.

  • Speaker #0

    C'est mieux, voilà, j'ai discuté avec le notaire, c'est super. Et donc en fait, ils étaient en communauté parce qu'ils ont grandi ensemble, ils commencent à avoir un peu de bien et il fait un changement de régime matrimonial, il fait une séparation et à ce moment-là, elle... elle revient à la case zéro patrimoine. Et comme entre-temps, elle a arrêté de travailler, donc elle n'a plus de revenus, elle se retrouve virtuellement en homeless.

  • Speaker #1

    Il y a deux situations dans lesquelles nos auditrices pourraient se retrouver. C'est l'homme qui s'installe chez sa copine, qui ne partage pas les charges, d'une part. Et le contraire, c'est-à-dire qu'un homme est propriétaire et il demande à sa copine, qui s'est installée chez lui, de lui payer un loyer. Pendant que lui, il rembourse son crédit. Donc en fait, sa copine, elle lui rembourse son crédit. Et en plus, comme souvent, elle paye les courses et la consommation du quotidien, lui, il s'est enrichi,

  • Speaker #0

    elle s'appauvrit.

  • Speaker #1

    On retombe dans la célèbre théorie des pots de yaourt vides. Et ça, ça peut arriver quand effectivement on s'installe chez un homme et qu'on lui paye un loyer. J'ai vu des situations comme ça, mais déjà pour demander un loyer à sa compagne... Partager les charges, oui, mais payer un loyer, c'est particulier, je trouve.

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait, et c'est d'autant plus fréquent quand il y a effectivement d'autres formes de violences conjugales.

  • Speaker #1

    Je pensais aussi à autre chose. Il y a être forcé à faire 50-50 dans le compte-joint pour les charges du couple, alors qu'il y a un grand déséquilibre de revenus.

  • Speaker #0

    De revenus et de fiscalité,

  • Speaker #1

    par conséquent. Au lieu de chacun contribuer selon ses ressources, monsieur dit, moi je suis féministe, donc on va contribuer à 50-50. Alors que les revenus sont déséquilibrés.

  • Speaker #2

    Tout à fait, c'est important de calculer en fonction de ces ressources la question aussi de la fiscalité, de la contribution à l'éducation et à l'entretien des enfants. Puisque les femmes déclarent finalement... Finalement, ce qu'on se rend compte, c'est aussi que la société, le système administratif et financier appauvrit les femmes. Donc en fait, pourquoi les femmes doivent déclarer de l'argent qui est utilisé pour... nourrir leurs enfants, leur acheter...

  • Speaker #0

    La pension alimentaire a une fonction et on va fiscaliser cette fonction. À côté de ça, le monsieur va défiscaliser la pension alimentaire.

  • Speaker #2

    Peut-être pour conclure sur cette question, c'est qu'effectivement en ce moment, il y a des propositions justement de modification de la loi pour mettre un terme à cette inégalité criante et qui est complètement aberrante en tous les cas.

  • Speaker #1

    Dans les violences économiques, je cite encore quand même le mari qui est addict au jeu, qui se drogue. Tout ça, c'est de l'argent qui peut être piqué à sa femme. Et j'invite nos auditrices à aller consulter le baromètre des violences économiques sur le site violenceséconomiques.lesglorieuses.fr pour voir où elle se situe, dans la zone verte par exemple où tout va bien, à la zone rouge où votre conjoint vous a mis en état de dépossession totale de vos moyens d'autonomie financière. Donc allez voir, c'est le baromètre des violences économiques des Glorieuses.

  • Speaker #0

    Alors, on a lu que l'interdiction faite à la conjointe de travailler ou de travailler moins est l'une des formes les plus fréquentes de violences économiques dans le couple. Est-ce que c'est ce que vous constatez et est-ce que c'est dans tous les milieux ?

  • Speaker #2

    Oui, je pense que c'est dans tous les milieux socio-économiques. Ce qu'on peut dire, c'est qu'on est évidemment déjà dans un contexte d'inégalité femmes-hommes. Le salaire des femmes est souvent, je l'ai dit tout à l'heure, comme un salaire d'appoint, considéré comme un salaire d'appoint. et donc que certains conjoints considèrent que leur femme n'est pas leur égale et que tout ce qu'elle gagne leur appartient et se servent donc sans aucun scrupule.

  • Speaker #1

    Tout ce qui est à toi est à moi.

  • Speaker #2

    Voilà, donc de toute façon on sait très bien que dans les milieux socio-économiques concernés, ça peut être aussi beaucoup plus pernicieux, puisque l'auteur des violences appuie sur la non-nécessité de travailler au regard de ses revenus, comme parfois la famille, et donc existe là la liberté de se séparer sans risque de précarité. L'indépendance économique et l'égalité salariale au sein du couple est donc un élément qui est un signe d'égalité. Et au contraire, la dépendance économique peut être un facteur déclenchant des violences. Et donc d'où l'importance pour les femmes d'avoir une activité professionnelle leur assurant des revenus stables et suffisants tout au long de leur vie. Et c'est important que les adolescentes et les femmes en soient conscientes dans leur choix et dans leur vie professionnelle. Éducation financière.

  • Speaker #0

    Expérience personnelle. En 2000, quand j'ai écrit mon premier livre. Sur les filles osant parler argent, c'est parce qu'un jour j'ai rencontré un monsieur qui gagnait bien sa vie, qui était dans un grand cadre, et qui m'a expliqué qu'il était prêt à investir, mais ne voulait pas investir avec moi, parce que je refusais que son épouse, la maman de ses enfants, ne soit pas associée à cet investissement.

  • Speaker #1

    Oui, comment ? Si on ne peut plus spolier la mère de ses enfants, où est-ce qu'on va ? Voilà,

  • Speaker #0

    exactement. Et c'est comme ça que j'ai commencé à écrire des livres sur les femmes et l'argent.

  • Speaker #2

    Et je voulais juste dire qu'il y a effectivement tout le travail qu'a fait Les Glorieuses. Et donc avec la FNSF en 2022, à l'époque où j'étais directrice, on avait mené une enquête avec l'IFOP suite au fameux spot I-Money. Et donc cette enquête avait indiqué qu'un homme sur cinq considérait que confisquer les moyens de paiement de sa conjointe n'est pas une violence économique.

  • Speaker #1

    à vous

  • Speaker #2

    26% d'entre eux estimaient que l'empêcher d'avoir accès à ses revenus ou les comptes bancaires ne relèvent pas non plus de violences conjugales. Et donc voilà, on a deux exemples effectivement de ces stéréotypes qui sont très implancrés dans la société.

  • Speaker #1

    À défaut de changer ses hommes, au moins informons les femmes. Alors, je vais vous demander, selon l'étude IFOP, les Glorieuses précitées, une femme a deux fois plus de chances d'être victime de violences économiques conjugales si elle gagne beaucoup moins que son conjoint, ce qui est le cas de la plupart des femmes. Par exemple, 27% des femmes qui ont un conjoint qui gagne beaucoup plus qu'elles ont déjà été victimes d'au moins une violence économique de la part de leur partenaire, contre 14% des femmes qui ont des revenus équivalents à leur conjoint. Donc les inégalités salariales et de revenus sont une cause directe de violence économique ?

  • Speaker #2

    Je pense qu'il y a la question des facteurs aggravants, c'est-à-dire que quand on a effectivement une carrière professionnelle avec un salaire toute la vie, ça veut dire qu'on est déjà aussi dans un couple qui finalement est peut-être plus égalitaire. et qui a réfléchi aussi à cette question de l'égalité femmes-hommes et des stéréotypes, comme on l'a dit. Alors que dans un couple où la femme est moins rémunérée finalement que son conjoint, c'est beaucoup plus facile de lui interdire de travailler ou de voler de l'argent ou tout simplement de lui interdire de travailler. Donc voilà, je pense qu'on est déjà dans un système qui colle finalement aux inégalités. existantes et je dirais que c'est un facteur aggravant quand on a un salaire moins important que celui de son conjoint.

  • Speaker #1

    On peut en déduire que pour prévenir les violences économiques conjugales, la solution c'est une fois de plus, c'est plus que jamais, mettre fin aux inégalités salariales entre femmes et hommes.

  • Speaker #2

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Parce que c'est plus compliqué de dominer une femme qui gagne comme son conjoint et puis une femme qui gagne correctement sa vie, elle a les moyens de partir si le conjoint ne change pas ses mauvaises habitudes, est violent. Tout à fait.

  • Speaker #2

    Je voudrais juste donner quelques chiffres. Les femmes occupent 8 emplois à temps partiel sur 10 en général. des postes peu qualifiés et faiblement rémunérés. Les femmes subissent une baisse de leur niveau de vie de 20% l'année de la séparation, soit presque trois fois plus que les hommes, 7%. Et en 2021, à temps de travail équivalent, les hommes touchent un salaire supérieur de 20% de plus que les femmes. C'est dans ce contexte aussi qu'on se place.

  • Speaker #1

    Mon cher Thierry.

  • Speaker #0

    Alors, on a lu que 20% des appels du

  • Speaker #1

    39-19... Au 39-19.

  • Speaker #0

    Je rappelle que le 39-19 est le numéro national de référence pour les victimes des violences conjugales, et ça fait état de violences économiques. Donc les violences économiques dans le couple sont donc indissociables des violences physiques, ou est-ce que vous avez des exemples qui vous ont marqué sur ces sujets-là ?

  • Speaker #2

    Oui, donc ce que je veux dire, c'est que dans l'observation depuis des années, finalement, du parcours des femmes victimes de violences, on avait inclus cette question des violences économiques dans le cadre des violences conjugales. Ça fait 30 ans, effectivement, qu'on parle de violences économiques, puisqu'on a la lettre. les violences verbales, les violences psychologiques, les violences physiques, sexuelles, les violences économiques et administratives. On a ajouté une dernière forme de violence aujourd'hui qui sont les cyber-violences ou violences en ligne. Et donc, les femmes, lorsqu'elles appellent la ligne d'écoute, elles parlent des violences économiques, souvent très spontanément.

  • Speaker #1

    Mais sans mettre forcément le mot. Et après, c'est... Le terme de violences économiques. Mais ce qu'elles décrivent, on est bien là-dedans. Situation de domination, d'emprise aussi. Tout à fait.

  • Speaker #2

    Donc, elles le décrivent à... presque un quart des appels concernent les violences économiques. Et d'ailleurs, ce qu'on a noté, c'est qu'on a noté un élément important, c'est qu'on a un énorme différentiel, alors là, dans le cadre des violences conjugales, entre les ressources et l'emploi des auteurs de violences et des agresseurs, et des victimes. C'est-à-dire que 58% des victimes seulement ont un emploi pour 72% des auteurs de violences, et c'est 4 fois plus important au 39-19 que dans la population générale. Donc on voit que les violences économiques dans le cadre des violences conjugales sont utilisées par l'agresseur, justement pour les empêcher de partir, pour les contrôler, etc. Et donc on a les mêmes différentiels au regard de l'emploi, enfin en tous les cas dans ce qu'on peut analyser à travers les appels que passent les femmes au 39-19. Donc ça peut être, comme je l'ai dit, une première manifestation de violences conjugales, donc ça peut être un signe de repérage des violences conjugales. Et donc, il convient de s'interroger lorsqu'une femme n'a pas de compte bancaire, lorsque les versements des allocations familiales, on l'a déjà dit, c'est déjà des signaux de repérage qui peuvent permettre de se poser des questions. Moi,

  • Speaker #1

    il n'y a pas longtemps, j'ai entendu un monsieur qui avait l'air très gentil, au micro d'une radio, d'une télé, je ne sais plus, qui faisait une émission sur l'argent des femmes, et il y a un auditeur qui a téléphoné pour dire que, un peu comme je le racontais, c'est lui qui m'a inspiré, d'ailleurs, ma petite histoire, là, dans l'intro. Monsieur et madame, personne n'a de compte personnel, il y a juste un compte commun. Il trouvait ça très bien. Alors lui, le motif c'était en gros, on s'aime, on est un couple fusionnel. Personnellement, j'étais un peu attirée, mais je sentais que l'animatrice de l'émission également. Il y a juste un compte commun et tout ça, c'est au nom de l'administration. Amour visionnel.

  • Speaker #2

    Alors juste pour donner quelques exemples, on a des femmes qui sont surendettées d'avoir quitté le domicile.

  • Speaker #1

    Surendettées par leur mari ?

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait. C'est-à-dire qu'elles doivent payer par exemple leur nouveau logement, mais en même temps, monsieur qui reste dans le logement ne va pas payer le loyer. Et donc, évidemment, on travaille avec les bailleurs pour éviter, pour qu'on ait une désolidarisation du bail. Parce qu'elles sont dans des situations inextricables. Absolument inextricables. Et donc, sur endetté, je vous donne d'autres exemples pour revenir un petit peu à ce que vous avez dit. La voiture a été conservée par monsieur parce que c'est lui qui l'a achetée. Donc, dans la décision de séparation, monsieur garde la voiture, décision du juge. Mais l'assurance et la voiture, monsieur avait laissé l'assurance. tous les papiers de la préfecture au nom de madame.

  • Speaker #1

    Ah oui, parce que comme ça, c'est elle qui paye.

  • Speaker #2

    Voilà,

  • Speaker #0

    et il a multiplié les PV de stationnement. Et donc,

  • Speaker #2

    c'est madame qui se faisait saisir par le trésor public. Et donc, du coup, elle,

  • Speaker #0

    elle perd son permis de conduire. Et lui, il conserve ses points pour éviter de continuer à faire le malin.

  • Speaker #2

    Et donc, il ne payait rien. Elle payait tous les PV de monsieur qui disposait de la voiture. Voilà quelques exemples. Je vous ai parlé de... Du peu d'argent qu'on peut remettre à une femme pour se nourrir chaque semaine. Et l'abandon de famille et l'insolvabilité, on en a parlé.

  • Speaker #1

    Alors, moi je voudrais qu'on parle des entreprises. Je me demandais si les entreprises ont un rôle à jouer, car on en a un petit peu parlé tout à l'heure, parce que ce sont souvent les collègues ou les managers qui se rendent compte qu'il y a quelque chose qui ne va pas chez la collaboratrice ou la voisine de bureau. C'est par exemple la collègue qui n'a jamais d'argent pour un café. Aller au resto chinois du coin avec ses collègues, mettre des sous dans l'enveloppe pour la collègue qui vient d'avoir un bébé, alors qu'elle gagne correctement sa vie. Et justement, j'ai vu que la banque, le Crédit Mutuel Alliance Fédérale, a lancé depuis juillet 2024 une solution simplifiée d'ouverture de compte pour les victimes accompagnées par l'une des associations de la Fédération Nationale Solidarité Femme. C'est un compte en banque à leur seul nom, non connu de leur conjoint, ça c'est bien, et non rattaché au domicile conjugal afin d'assurer leur intégrité physique. et leur protection financière. Donc, j'aimerais que vous me disiez est-ce qu'un jour on verra toutes les banques s'y mettre ? Avant de vous laisser la parole, quelques chiffres intéressants. Près d'un quart des femmes françaises ne disposent pas d'un compte bancaire personnel et près d'un tiers n'ont pas de source de revenus autre que celle de leur conjoint. Donc, en conséquence, 40% des femmes déclarent dans l'étude Crédit Mutuel, Fédération Nationale Solidarité Femme, 40% des femmes déclarent qu'elles ne pourraient pas payer seule un loyer si elles devaient quitter le domicile conjugal. Là, j'attends vos commentaires, Françoise.

  • Speaker #2

    Oui, donc là, on est vraiment dans les situations de violences conjugales et des chiffres que je vous ai donnés auparavant sur les différentiels entre l'emploi des agresseurs et l'emploi des femmes, les ressources des femmes qui sont beaucoup plus importantes que dans la population générale. Et je pense qu'il était essentiel que les banques s'intéressent à cette question parce que les difficultés... que rencontraient les femmes accompagnées par nos structures, c'est qu'elles avaient d'énormes difficultés pour ouvrir un compte bancaire. Après la séparation, il fallait qu'elles prouvent des ressources, il fallait qu'elles prouvent leur bonne foi, il fallait qu'elles étaient finalement dans un méandre administratif avec parfois des refus d'ouverture de compte bancaire. Donc c'est aussi le travail des associations durant des années qui a permis avec évidemment... je dirais, la sensibilisation qu'il y a eu depuis ces années avec MeToo, on parle quand même beaucoup de violences conjugales aujourd'hui, qui ont fait que les banques se sont intéressées à cette question. Et donc, ça permet effectivement d'avoir la sécurité avec la dissimulation de l'adresse ou la domiciliation dans une association, voire ailleurs. Monsieur ne connaît pas du tout cette ouverture de compte bancaire. Et donc, ça permet ensuite de pouvoir y verser la caisse d'allocations familiales, les premières ressources, etc. Donc je pense qu'on a effectivement le crédit mutuel. Il y a aussi des projets avec la banque postale. Il y a le CESUS, je pense, qui est une association que nous avons reçue. Et d'autres banques qui commencent à s'intéresser à cette question. Il y a aussi la formation des conseillers et des conseillères bancaires pour qu'elles aussi repèrent ces questions. Je pense à Paola Vieira qui est une conseillère qui a travaillé dans une banque et qui aujourd'hui a monté sa structure pour justement former tous les conseillers et conseillères bancaires. à avoir des alertes et à respecter la loi tout simplement.

  • Speaker #1

    Mon cher Thierry.

  • Speaker #0

    Alors, où en sommes-nous aujourd'hui, à la fois dans l'identification, la prévention et la prise en charge des femmes victimes de violences économiques ? Il y a une nouvelle campagne comme la campagne de prévention. Il y a cette espèce de truc un peu bizarre, c'est Aizmone, la fausse appli qui permet de contrôler les dépenses des femmes.

  • Speaker #1

    Ah, c'est très bien ça.

  • Speaker #0

    Et qu'elle est dans l'identification, dans la prévention ? le rôle de vos associations.

  • Speaker #1

    Il faudrait peut-être qu'on explique ce que c'est pour les auditrices qui n'ont jamais vu le spot. Françoise, vous pouvez nous rappeler ce que c'est que cette fausse application et le spot publicitaire qui va avec.

  • Speaker #2

    Voilà, donc on peut le retrouver sur Youtube, sur le site...

  • Speaker #0

    Ça s'appelle iMoney.

  • Speaker #2

    iMoney. iMoney. Voilà, donc c'était... Après les constats qu'on faisait depuis des années, les associations n'arrivaient pas à faire passer le message sur les violences économiques dans les violences conjugales. Et donc avec une agence... de communication, on a évidemment imaginé ce spot. Cette agence nous a beaucoup d'ailleurs aidé à la réaliser. Et on a donc fait un petit spot avec différentes thématiques que j'ai citées tout à l'heure sur le contrôle des dépenses, sur le chantage sexuel, sur... Différentes formes de violences conjugales.

  • Speaker #1

    On voit des barils qui sont très très contents. Et qui ont une application. Ils sont très contents, ils ont téléchargé l'application. Qui est bidon.

  • Speaker #0

    De contrôler,

  • Speaker #1

    d'interdire. Enfin, ils peuvent contrôler Madame de Hazel.

  • Speaker #2

    Quand elle veut acheter une pizza, il sait qu'il y a un clic. Donc il sait tout de suite qu'elle a acheté une pizza. Et le pire, c'est qu'on avait quand même eu des messieurs qui pensaient que c'était vrai et qui ont demandé où on pouvait l'acheter.

  • Speaker #1

    Heureusement,

  • Speaker #2

    c'était assez, je dirais, à la marge. Mais quand même, ça montre qu'on a quand même...

  • Speaker #1

    Ça paraît normal.

  • Speaker #2

    Voilà, donc c'est un spot qui a effectivement montré et qui a eu beaucoup de succès. C'était la première campagne sur les bilances économiques. Et puis derrière, on a quand même eu, du coup, une amélioration du repérage. Donc, il y a eu les banques, effectivement, qui ont commencé à s'investir. Il y a l'aide universelle d'urgence, je pense, qui a été mise en place, qui permet aux femmes qui quittent le domicile conjugal dans l'urgence de pouvoir disposer d'un montant, alors qu'il est moindre, mais qui est quand même très utile pour des femmes qui, justement, n'ont pas encore de compte bancaire, aucune ressource pour pouvoir quitter un conjoint violent. Ensuite, évidemment, tout ce travail qu'on avait fait en amont sur la facilitation, sur la désolidarisation du bail, lorsque la séparation est violence conjugale, donc voilà. Petit à petit, on avance sur ces questions de prise en charge de violences économiques, mais voilà, en sachant qu'on doit tenir compte aussi du contexte et que donc les autres inégalités doivent être aussi prises en compte.

  • Speaker #0

    Alors, juste pour partager ici une expérience personnelle, ce que vous avez décrit ici dans les violences conjugales avec l'argent, je veux juste dire que c'est dans toutes les classes sociales. C'est-à-dire que moi, je m'adresse à une catégorie de gens éduqués, qui ont fait des écoles. de commerce, des écoles de médecine, je pense à des médecins, à des pharmaciennes, bref, à des gens qui ont une très bonne éducation. Et voilà des femmes qui subissent des violences économiques de manière aussi brutale que celle qu'on vient de décrire ici.

  • Speaker #1

    Mais c'est plus feutré.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si c'est plus feutré. C'est en tout cas qu'elles n'arrivent pas à se sortir de ces schémas parce qu'en fait... Toute l'organisation est quand même assez bien ficelée.

  • Speaker #1

    Il y a une expression que tu emploies souvent que j'aime bien, c'est la délinquance de l'intime.

  • Speaker #0

    Oui, c'est mon truc à ça. En fait, c'est le troisième livre que j'aurais rêvé d'écrire, la délinquance de l'intime. Et on m'a expliqué, dans mon entourage, ma femme notamment, que ce n'était pas utile de l'écrire, parce que sinon j'allais être vraiment expulsé de tous les cercles d'amis.

  • Speaker #2

    Mais c'est comme les violences conjugales. Ça prouve que c'est dans tous les milieux.

  • Speaker #1

    Tous les milieux sont touchés par ces violences.

  • Speaker #2

    On serait très étonné de voir un certain nombre de conjoints violents qui occupent des postes à grande responsabilité.

  • Speaker #1

    Et c'est la fin de cet épisode sur les violences économiques dans le couple. Merci Françoise Brié d'avoir participé à cet épisode.

  • Speaker #2

    Merci pour votre invitation.

  • Speaker #1

    Et merci à nos auditrices et à nos auditeurs pour leur fidélité. On espère que vous avez appris plein de choses sur les différentes formes que peuvent prendre ces violences économiques dans le couple. et que vous saurez désormais les repérer dans votre couple ou dans votre entourage. Lisez « Le prix à payer, pourquoi le couple hétéro appauvrit les femmes et nuit à l'amour » de Tiffany Cooper et Lucille Kiyé. Lisez aussi « Les bons comptes font les bons amants » d'Éloïse Boll et Insa Falassini, qu'on embrasse. Suivez-les sur les réseaux sociaux, elles font du très bon boulot. Lisez aussi « Le couple et l'argent, pourquoi les hommes sont plus riches que les femmes » de Tissou Lecoq. Merci à notre partenaire Exxon, spécialiste de l'investissement dans la silver economy, à découvrir sur exxon.fr. Et si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager à partir de votre appli Spotify, Apple Podcasts, Deezer ou Youtube. Parlez-en à vos copines, vos collègues, votre sœur, votre mère, votre voisine. Abonnez-vous à notre podcast et à notre newsletter directement sur le podcast pour être informé des mises en ligne des nouveaux épisodes. N'hésitez pas à nous laisser des commentaires et des étoiles. Vous pouvez aussi retrouver les conseils de Thierry dans les livres qu'il a co-écrits. Les filles oseront parler argent chez Duneau et aussi l'argent au féminin aux éditions Ellipse. Vous pouvez également nous contacter via LinkedIn et par notre compte Instagram. Argent, parlons cash les filles et on vous dit à bientôt pour un nouvel épisode.

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