#E106 - Vanessa Mardirossian - Recherches et transmission sur le potentiel des colorants végétaux et de la biotechnologie cover
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ArtEcoVert La voix de la couleur végétale et des plantes tinctoriales

#E106 - Vanessa Mardirossian - Recherches et transmission sur le potentiel des colorants végétaux et de la biotechnologie

#E106 - Vanessa Mardirossian - Recherches et transmission sur le potentiel des colorants végétaux et de la biotechnologie

1h54 |13/03/2025
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1h54 |13/03/2025
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Description


Désolée pour ma voix en mode fête forraine ! Heureusement pour Vanessa Mardirossian le son est impeccable.


Saviez-vous que les teintures synthétiques représentent une menace non seulement pour notre santé, mais aussi pour l'environnement ? Dans cet épisode captivant du podcast ArtEcoVert, Pauline Leroux reçoit Vanessa Mardirossian, designer textile et chercheuse passionnée, pour explorer l'univers fascinant des teintures végétales et des plantes tinctoriales. Ensemble, elles discutent de l'importance cruciale d'intégrer des alternatives durables dans l'industrie de la mode, tout en mettant en lumière l'impact positif des colorants végétaux sur notre planète.


Vanessa partage avec enthousiasme son parcours, de ses débuts en design de mode à sa prise de conscience des dangers des teintures synthétiques. Cette révélation l'a conduite à explorer les merveilles des pigments végétaux comme l'indigo et la garance, qui non seulement embellissent nos textiles, mais enrichissent également la biodiversité et la santé des sols. Dans un monde où la durabilité est devenue une nécessité, cet épisode est une véritable invitation à repenser notre rapport à la couleur et à la mode.


Au cours de cet échange inspirant, Vanessa évoque des projets innovants et des collaborations avec des experts pour promouvoir l'utilisation de colorants biosourcés et de fibres naturelles. Elle insiste sur la nécessité d'une approche multidisciplinaire pour intégrer la couleur végétale dans nos choix vestimentaires. Les tanins et autres éléments naturels sont mis en avant comme des solutions viables pour réduire notre empreinte écologique tout en célébrant la beauté des nuances offertes par la nature.


Ce podcast n'est pas seulement une discussion technique, c'est un véritable voyage au cœur d'un jardin tinctorial, où chaque teinture raconte une histoire et chaque couleur a un sens. En découvrant ces alternatives, vous serez encouragés à faire des choix plus éclairés et plus respectueux envers notre planète.


Rejoignez-nous pour cette conversation enrichissante qui éclaire le chemin vers une mode plus verte et plus consciente. Pour en savoir plus sur les initiatives de l'agriculture tinctoriale et les tendances actuelles, ne manquez pas cet épisode inspirant. Belle écoute !


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🗝️ Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin indigo


Bonne écoute


Pauline



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de Valeur. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans nos vies. Alors c'est parti, bonne écoute ! Bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast à récréer Vanessa Mardirossian. Bonjour Vanessa.

  • Vanessa Mardirossian

    Bonjour Pauline.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc avec vous, on part au Canada, ça c'est chouette, parce qu'il y a beaucoup de francophones qui écoutent notamment le podcast, donc ça fait plaisir. Je vous ai découvert lors des zones grises de la pleuve à travers les prismes de Seine textile. C'était un événement que vous avez organisé qui rassemblait beaucoup de monde de divers endroits et je suis connectée de mes vacances. Et je vous ai découvert à ce moment-là. Et je me suis sentie beaucoup moins seule. Je me suis dit, j'ai fait un... Avant, j'ai déjà pensé, mais il y avait des gens qui cherchaient à me tuer, à garder, à faire parler différents mondes, et qui faisaient énormément de recherches sur l'être en avant de la couleur végétale. Donc, Vanessa, j'aimerais que vous puissiez, en vous présentant aux auditeurs à réconverser, raconter un petit peu ce que vous êtes, votre parcours et comment vous en êtes arrivée finalement à cette valeur végétale dans ce parcours.

  • Vanessa Mardirossian

    Très bien, ben oui avec grand plaisir. Donc ben moi à la base c'est vrai que je vis au Canada, à Montréal depuis 16 ans maintenant. À la base je viens de France, je viens de Nice, du sud de la France et j'ai fait mes études en design de mode. Donc j'ai commencé même par un bac en art appliqué à Antibes puis après je suis montée à la capitale. J'ai fait mes études à l'école Dupéré en design de mode. Et puis j'ai fait mon DSA en mode et environnement. Et ensuite, je me suis rendue compte en fait que j'avais moins d'idées pour tout ce qui était forme des vêtements, mais plus pour tout ce qui était matière. Donc, j'ai souhaité continuer mes études en faisant une maîtrise à la Centrale Saint-Martin à Londres en design textile. Et puis, suite à ça, j'ai commencé à travailler en tant que designer textile indépendant pour la haute couture, le prêt-à-porter, les bureaux tendance. Et j'ai travaillé comme ça pendant dix ans. J'avais mon propre… Atelier boutique à Nice, et je travaillais pour Christian Lacroix, Chanel, Kenzo, Louis Vuitton, pour Nelly Rodi, et dans la prospection, dans les pièces uniques en fait. Je faisais vraiment des panneaux de textile imprimés en pièces uniques, puis là les couturiers coupaient dedans, puis ils faisaient des modèles. Pendant cette période, c'est vrai que j'ai eu quelques problèmes de santé. mais je n'ai jamais fait le lien entre les teintures synthétiques que j'utilisais pour travailler et mes problèmes de santé. Ensuite, je suis partie au Canada, mais ça on va y revenir après. Je suis partie donc au Canada, et là, il me manquait une corde à mon arc. J'ai dit, tiens, je n'ai jamais travaillé dans l'industrie, donc j'ai commencé à travailler dans l'industrie pour la fast fashion à Montréal. Et puis, au bout de six ans, j'avais fait un petit peu le tour et je me suis dit, là, comme je suis assez curieuse à chaque fois, je peux toujours me lancer des nouveaux challenges. Donc, j'ai dit, j'aimerais bien enseigner maintenant. Je pense que j'ai une vision 360 degrés de la mode et du design textile en particulier. Donc, je pense que j'ai envie de transmettre. Donc, j'ai approché l'école supérieure de mode de l'UQAM, l'Université du Québec à Montréal. et là ils m'ont dit écoute Vanessa c'est super t'as tout ce qu'il faut mais ce serait super de faire un doctorat pour atteindre des postes de professeur en fait c'est important d'avoir un doctorat donc j'ai dit un doctorat qu'est-ce que c'est j'y avais jamais pensé et je me suis lancée dans cette nouvelle aventure et là il fallait trouver un sujet, une thématique donc j'ai commencé à regarder un petit peu beaucoup de documentaires sur la mode, sur les textiles et là il y a un documentaire en particulier qui m'a interpellée c'est un rapport de Greenpeace de 2015 qui s'appelait Toxic Threads et qui parlait de l'impact que pouvaient avoir les teintures synthétiques sur la santé. Et c'est là que la prise de conscience s'est faite par rapport à mes propres problèmes de santé, où à l'époque je travaillais avec du polyester, avec des encres dispersives, des techniques de sublimation. et où j'ai eu des problèmes d'infertilité, des problèmes de mutations génétiques avec mon enfant. Donc tout ça, je faisais le lien. Je n'ai pas cherché des réponses forcément, mais en tout cas, ça a eu un impact sur ma pratique de designer. Donc c'est comme ça que j'ai souhaité entreprendre une recherche multidisciplinaire où j'allais allier le design, la santé environnementale et la chimie. Donc, dans le cadre de ma thèse, tout ça, c'était il y a 7 ans, parce que j'ai commencé en 2017. Et en 7 ans, normalement, une thèse, c'est 4 ans. Là, je suis en phase de rédaction de thèse. Mais en 7 ans, j'ai quand même appris de nouveaux métiers, donc celui d'enseignante et celui de chercheur. Parce que j'ai découvert un nouveau monde, en fait, la recherche en design, et comme on l'appelle ici au Québec, la recherche création en particulier. C'est quelque chose que je ne connaissais pas du tout et qui ouvre des portes et des opportunités incroyables pour faire des ponts avec différentes disciplines, mais aussi pour aller en profondeur dans une thématique. Parce que ce que je dis toujours, c'est que quand on est dans l'industrie, dans le monde du travail, tout va trop vite. Bon, en plus quand on est dans la... fast fashion, mais tout va trop vite, de toute façon on n'a pas le temps de réfléchir, il y a des délais, il y a des saisons, il faut sortir des collections. Donc là c'est un moment où on peut avoir cette réflexion un peu plus profonde sur nos pratiques. Et j'ai commencé cette recherche création, où là un peu ce qui est au cœur de ma recherche c'est ce que j'appelle l'éco-littératie textile. Donc qu'est-ce que c'est l'éco-littératie ? C'est un concept qui a été lancé par le pédagogue David Orr, un pédagogue américain en 1990, qui s'était rendu compte en fait que dans nos enseignements traditionnels, il y avait une grande déconnexion avec notre environnement. Donc tout est centré sur l'humain, les besoins de l'humain. Donc là c'était de se dire d'où on vient, de quoi on est fait, de quelles molécules on est fait. On se rend compte qu'on est fait des mêmes molécules que tous les êtres vivants qui nous entourent, les plantes, les animaux, et qu'on n'est pas au-dessus de la hiérarchie du monde des vivants. mais qu'on en fait complètement partie. Et ce que ça apprend aussi, c'est que les matériaux qu'on utilise, ils ne vont pas disparaître dans l'atmosphère. Tout est recyclé, tout revient. Donc quand on crée des molécules synthétiques qui sont persistantes et qu'on n'arrive plus à dégrader, on a une problématique après de recyclage et aussi de déplacement de ces molécules qui deviennent une pollution pour l'environnement. Donc voilà un petit peu le début de mon parcours.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, alors du coup ça c'est le parcours, et alors le lien avec la couleur vegetale ?

  • Vanessa Mardirossian

    Alors, c'est vrai que je suis partie de la couleur synthétique. En tant que designer textile, c'est mon outil de travail, la couleur. Et je l'ai toujours utilisé comme un aspect un peu esthétique. Un beau bleu, un joli rouge, un jaune vibrant, une gamme de couleurs pantone aussi. On doit suivre une tendance. Mais jamais je suis allée voir ce qu'il y avait derrière la couleur. Et quand on va voir un petit peu ce qui est derrière la couleur, on se rend compte que... il y a des risques en fait. Donc là j'en suis, comme je disais dans la rédaction de ma thèse, dans le premier chapitre je fais un petit peu un historique des teintures végétales, un historique des teintures synthétiques, et un historique des teintures biotechnologiques, parce qu'aujourd'hui tout ce qui est dans des approches un peu prospectives de la couleur, on travaille avec le vivant, on travaille avec des... des bactéries, certains designers et chercheurs travaillent avec des bactéries ou des algues donc je me suis un petit peu intéressée à ces trois mondes là grâce à ça et dans le cadre de ma recherche je fais des entrevues, donc c'est pour ça que j'ai rencontré tout un panel d'experts incroyables dont l'historienne, archéologue, ethnographe Dominique Cardon que vous avez aussi reçu sur votre podcast et que j'ai écouté avec grand intérêt donc ces personnes là sont capables, sont gardiennes de ces connaissances, de ces savoirs. Quand je disais à Dominique, ces savoirs perdus, elle dit Mais non Vanessa, ils ne sont pas perdus. Je dis Mais ils ne sont pas perdus pour vous, qui travaillez en tant qu'historienne, mais pour, par exemple, les designers comme moi, qui ont été formés dans les années 90, pourtant dans des écoles de renom à Paris ou à Londres, la teinture, on n'en parlait pas. C'était de la teinture synthétique et on ne s'est jamais posé la question ni de... ce qu'elle comportait, ni de comment elle était fabriquée. Donc c'est intéressant de s'intéresser à l'origine de cette matière-là. Donc quand je m'intéresse en particulier aux teintures synthétiques et qu'on voit comment ça a commencé tout ça, à la base en fait c'était vraiment un résidu. en fait au 19e siècle, milieu du 19e vers 1856, on date un peu à cette époque-là avec la découverte de la mauvaise vie de William Henry Perkin, c'était vraiment de se dire comment je peux valoriser ces déchets, ces rebuts en fait de... des origines pétrochimiques qu'on utilisait pour faire des lumières, pour illuminer les villes. Comment on allait utiliser cette houille, ce résidu, pour faire des médicaments ou d'autres valorisations commerciales. Et c'est là qu'on a commencé à faire des encres et des teintures synthétiques. Donc, dès le départ, on s'est rendu compte pourtant qu'il y avait des problèmes de santé connectés à ces teintures-là. et aussi des problèmes de solidité. Elles n'ont pas été opérationnelles dès le départ, donc il y a eu beaucoup d'investissements et de recherches pour qu'on les améliore, ces teintures-là. Parce que justement, elles étaient moins chères, on n'avait pas besoin de faire pousser des teintures, ça paraissait à la base magique un petit peu. Elles étaient moins chères, et là je mets ça entre parenthèses, d'un certain aspect, mais parce qu'on externalise un petit peu le coût environnemental de cette teinture-là. Donc aujourd'hui, on commence à en parler un petit peu, mais ça devient difficile parce que, ça reste difficile parce que quand même l'industrie de la mode, c'est une industrie où beaucoup de profits, avec ce modèle économique de fast fashion qui est né depuis les années 60 en fait, avec en particulier la marque Zara vers les années 1968. je pense, avec cette idée de se dire on va démocratiser la mode, on va la rendre accessible au plus grand nombre. Ce qui, à la base, n'était pas une mauvaise idée, mais ça a créé ce processus d'accélération de production et aussi d'augmentation de profit qui fait que les coûts de production doivent être de plus en plus bas. Donc on cherche des... des produits qui ne sont vraiment pas chers, et donc ce qui fait que l'impact environnemental grandit finalement, puisque ces molécules sont issues de la pétrochimie. Donc pour revenir, parce que je m'éloigne un petit peu, je pars dans mon historique, pour revenir à pourquoi je m'en suis intéressée aux teintures végétales, c'était parce que dans le cadre de ma recherche, je cherchais des alternatives à ces teintures synthétiques qui ont un impact sur la santé et l'environnement. Et donc... les premières... En fait, au départ, avant de contacter tous ces experts, j'ai commencé, puisque dans le cadre d'une recherche-création, on allie et vraiment de façon très liée la théorie et la pratique. Donc, j'ai commencé par les livres, en lisant un petit peu l'histoire des teintures synthétiques et des teintures végétales. Et tout de suite, je suis partie dans le laboratoire où j'ai commencé à expérimenter. Et ce qui m'intéressait, dans le cadre de ma recherche. Je parlais d'écolittératie, qui est un premier grand concept de ma thèse. Le deuxième, c'est le biomimétisme. C'est comment on va prendre le vivant comme modèle. C'est un concept qui a été popularisé en 1997 par la biologiste américaine Janine Benus, qui, elle, se disait qu'on devrait observer les processus de fabrication du vivant, voir comment... le vivant arrive à fabriquer des matériaux à température ambiante et sans produits chimiques finalement. à l'université où j'étudie, qui est l'université Concordia à Montréal, on a la chance d'avoir ce Speculative Life Biolab où on peut travailler et expérimenter avec l'huivant, comme je disais tout à l'heure, et des algues, avec des bactéries. Donc j'ai commencé à travailler avec ces petites bactéries qui sont capables de produire des teintures sous 48 heures et à température ambiante. Donc j'ai fait toute une série de recherches et une exposition sur... ce processus de bactéries. En parallèle de ça, je m'intéressais aussi à tout l'aspect circularité. Quand on parle du vivant, il y a une circularité, c'est-à-dire le vivant, il a un cycle de vie, donc il y a une naissance, il y a une vie, puis il y a une mort aussi. Et cette mort, en fait, elle nourrit la future génération. Donc ce qui m'intéressait, c'est de se dire, de travailler avec des végétaux. qui, avant de retourner au compost, peuvent produire encore, contiennent des pigments. Donc j'ai commencé à travailler avec les déchets agroalimentaires pour fermer un peu cette boucle-là. Donc en parallèle, je travaille avec les bactéries. Il faut savoir que les bactéries... elles viennent de l'environnement, du vivant, elles peuvent venir du sol, elles peuvent venir de lacs. Chaque bactérie produit, chaque souche bactérienne produit une couleur. On a par exemple l'indigofera qui va produire du bleu, on a la serratia qui va produire du rouge, et comme ça on a tout un panel de couleurs, du rose, du jaune, du violet. Et donc d'un côté je travaillais avec ces matériaux un peu prospectifs, innovants, de bio. technologie, et de l'autre, je travaillais avec mes déchets alimentaires. À un moment, je me suis rendue compte et j'ai voulu élargir la palette de ce que pouvait produire la sérachia, par exemple, qui produit du rouge. Donc, je me suis rendue compte qu'en lui donnant des nutriments un peu plus sucrés, salés... elle réagissait de façon différente. En particulier la bleue, l'indigo férenc, qui était plutôt timide. Donc en lui donnant des nutriments, elle devenait plus prolifique. Et donc j'ai fait plusieurs recherches comme ça, puis je me suis rendu compte que les couleurs pouvaient varier, mais essentiellement parce qu'elles variaient selon le support sur lequel je les imprimais. Parce que, pour ceux qui ne le savent pas, on va préciser qu'on teint avec les teintures naturelles. principalement des fibres naturelles. Dans ce monde-là, on a les fibres végétales, qui sont le coton, le lin, le chanvre, par exemple, et les fibres animales, qui vont être la laine et la soie. Donc les bactéries, comme dans les teintures végétales, réagissaient, devenaient beaucoup plus vives sur des couleurs protéiniques, qui sont les couleurs végétales, qui sont les couleurs animales, que sur les couleurs végétales. Donc j'obtenais, par exemple, si on part de la serrachia, J'obtenais des rouges profonds sur mes laines, des roses vifs sur mes soies et des mauves un peu plus pâles sur mes cotons et mes lins. Donc là, je me suis dit comment je vais pouvoir encore élargir cette palette. Et j'ai commencé à nourrir mes bactéries avec ces déchets végétaux pour croiser ces deux mondes-là. et là il faut dire que ça ne donnait pas non plus énormément de différence ça le donnait dans mon petrediche c'est à dire ma boîte pétrie où la couleur d'une bactérie va devenir par exemple rouge vif quand elle est vivante quand on parle de la servachia il va devenir plutôt mauve ou violette une fois qu'on l'a autoclavé c'est à dire qu'on a utilisé de la vapeur pour la tuer et là elle devient un peu plus mauve Donc je n'obtenais pas une grande palette si variée que ça. Donc j'ai décidé finalement d'utiliser les déchets alimentaires pour teindre et les bactéries pour imprimer. Puisqu'à la base, mon métier, c'est l'impression. Donc je me suis rendu compte que j'arrivais à guider la croissance des bactéries parce qu'elles ont besoin d'oxygène pour pousser. Donc par des jeux de pochoirs, je créais des motifs un petit peu. Et je pourrais partager certains documents. pour les auditeurs, s'ils veulent voir quelques images, quelques liens de l'exposition, pour voir des visuels. Parce que là, parler de la couleur sans la voir, on a besoin un petit peu, donc ça pourrait être appuyé par certains liens que je vous enverrai.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Top. Et Vanessa, j'ai une question. Je vois les boîtes de pétri, pour cultiver les bactéries, etc. Comment vous l'appliquez ? Vous avez dit un système de précoce. Comment vous l'appliquez, cette bactérie ? Elle est sur un support ? Elle se développe ? ou vous la collez dans une boîte de pétri et vous commencez à comprendre parce que j'ai du mal.

  • Vanessa Mardirossian

    Oui, bien sûr. La bactérie, pour se développer, elle a besoin d'un nutriment. Là, on travaille sur de l'agar. L'agar, c'est issu d'une algue. C'est vraiment un processus très classique en microbiologie où on a besoin de ce terrain humide pour que la bactérie se développe. Je développe ma bactérie En fait, j'inocule la bactérie qui à la base est liquide. J'explique aussi que j'utilise la même souche depuis 2017, depuis que j'ai commencé à travailler avec les bactéries, parce que cette bactérie, on peut la mettre en sommeil, ou dans le réfrigérateur, ou on peut la congeler. Et on peut la réveiller. grâce à des nutriments et à de l'oxygène quand on en a besoin. Donc là, je prépare ma boîte de pétri avec mon nutriment à base d'agar. J'inocule ma bactérie qui, à la base, est transparente. Et sous 48 heures, elle va produire son pigment. En l'occurrence, la CRH1, c'était du rouge. Ensuite, il y a toute une idée de mise à l'échelle de cette bactérie. Là, on parle d'une petite assiette de 10 cm de diamètre. Donc là, quand j'ai réalisé mon exposition où j'imprimais un... un manteau entier, j'ai fait une mise à l'échelle. Je suis passée de la boîte de pétri de 10 cm à une taille à 4 environ, et puis une grande boîte finalement de la taille de ma veste. Donc j'inoculais en fait la bactérie toujours sur la gare, et après je venais chercher avec mon vêtement, un peu comme une impression, je venais appliquer et chercher le colorant rouge qui après était mis dans une autoclave. Alors là, on parle d'une technique très expérimentale, mais il y a certaines compagnies comme Pili en France, par exemple, ou Colorifix en Angleterre, qui travaillent avec des bioréacteurs et qui sont en train de développer un processus plus industriel de cette technologie. Donc ça, c'était un petit peu, je voulais me familiariser avec les différentes techniques. Donc d'un côté les bactéries et de l'autre les teintures végétales. Je me suis lancée dans ce monde-là à la base. par instinct, un petit peu, en essayant des choses, sans avoir ces connaissances que j'ai aujourd'hui, que je suis allée chercher après, à travers des entrevues, mais aussi à travers des stages et des formations que j'ai prises avec des experts en teinture végétale.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, justement, j'allais vous demander, je comprends les travaux parallèles entre bactéries et déchets alimentaires, je comprends la recherche de savoir-faire pour les pochoirs, etc. Qui vous avertit de tourner pour l'apprentissage de la teinture légère ? qui vous avez rencontré, est-ce que vous pouvez nous dire un petit peu comment vous vous êtes mis en bouquet de tout ça ? Parce qu'en plus, vous avez l'avantage d'être bilingue. Où est-ce que vous êtes allée ? Moi, je connais un peu bien plus la réponse, mais qu'est-ce que vous pouvez nous citer comme ressources qui vous ont aidé à compléter le savoir et à faire ces bases ?

  • Vanessa Mardirossian

    Au départ, j'ai commencé à ce qu'il y avait près de chez moi, donc à Montréal. Donc, à Montréal, on a le centre d'impression textile, centre de design et d'impression textile. Donc là, il y avait une formation. La première formation que j'ai prise, c'était en 2018 avec Nathalie Tremblay qui enseignait la teinture végétale. Donc ça, on travaillait à partir de pigments végétaux qu'on achetait chez Maiwa. Maiwa, c'est une compagnie dirigée par Charlotte Kwon. qui est située à Vancouver. Donc, les pigments venaient de là-bas. Puis, j'ai découvert ce monde-là, en fait, d'extraits végétaux, de mordansage aussi, parce qu'il y a toute une préparation de la fibre en amont. Donc là, on mordansait avec de la lin, par exemple. et je dois dire que autant Maiwa que aussi j'ai une deuxième source au Canada elle est à Seattle aux Etats-Unis mais elle fournit aussi beaucoup au Canada, c'est Botanical Colors, Cathy Hattori donc toutes les deux en fait, Charlotte comme Cathy elles sont beaucoup dans la transmission des connaissances, donc sur leur site respectif elles partagent gratuitement énormément de ressources pour mordre danser les tissus. Cathy, par exemple, elle organise des Mordanting Mondays. Donc, chaque jour, un petit peu, il y a comme une communauté, en fait, qui se crée autour de la couleur, qui est assez nichée, donc où on se connaît un petit peu tous, finalement, et aussi où rentrer en contact avec ces personnes-là, ces experts. très érudits comme Dominique Cardon aussi, il y a une ouverture, il y a une facilité parce qu'il y a une envie de transmettre, une envie que ces connaissances perdurent et aussi soient utiles aux designers actuels pour vraiment trouver une alternative à ces teintures synthétiques qui quand même teignent, je ne dirais pas 90%, mais la grande majorité de nos textiles aujourd'hui.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, donc d'abord dans le cercle, le reste, enfin, on trouve au Canada, donc oui, le maïwa et le botanical color. même en France on les connait donc j'imagine que c'est des super ressources et donc du coup dans des interviews c'est en fait vous faisiez des échanges des rencontres vous allez les mettre sur place oui alors d'abord la

  • Vanessa Mardirossian

    première formation que j'ai prise avec Nathalie Tremblay au centre d'impression textile j'y suis allée c'est une fin de semaine comme on dit ici c'est un week-end c'est un week-end où là on expérimente toutes ces couleurs j'ai pris aussi un petit peu un cours sur l'indigo, l'indigo qu'on a fait à partir de bananes, parce qu'il faut du fructose pour faire de l'indigo, donc il faut un sucre, donc il y a des indigos à partir de dates, des indigos à partir de... Là, ce jour-là, on avait fait à partir de bananes, donc j'ai découvert tout un nouveau monde. Et donc ça, c'était ma première formation. Ensuite... J'ai pris une formation aussi avec Katia Tori. Elle est à Seattle, donc c'était en ligne, mais c'était vraiment très bien fait. Ce qu'elle offre, c'est un kit de démarrage où il y a un petit peu de différents extraits. Il y a aussi des fleurs, il y a aussi des mordansages, il y a du fer pour après faire de la modulation de couleur post-bain. C'est une deuxième formation que j'ai prise. Et puis après, il y a eu toute la partie aussi d'entrevue qui fait partie de ma thèse finalement. Donc là, quand je faisais... Tout l'aspect théorique de ma thèse, ça m'a donné une espèce de cartographie un petit peu de comment les disciplines s'interconnectaient les unes avec les autres. Et au croisement de ces disciplines, ont émergé certains experts, certains noms d'experts, avant que je les contacte. Par exemple, c'est l'histoire, si je dois parler à quelqu'un, ça va être Dominique Cardon. Si je dois parler à quelqu'un qui fait des extraits végétaux, ça va être... Anne de la Sayette, que vous avez interviewée aussi, ou Patrick Brenac de Greening. Donc, ces noms-là ont émergé. Et donc, j'ai commencé mes entrevues aussi avec des gens que je connaissais. Par exemple, il y a eu la professeure... qui s'appelle Rachel McHenry à Toronto, que j'avais connue lors de ma maîtrise à Londres, qui elle a toujours travaillé, depuis les années 90, elle travaillait avec des communautés en Inde, au Pakistan, des communautés de teinture naturelle. Elle est professeure à l'Université de Toronto et elle enseigne la teinture végétale. Ce que je trouve intéressant aussi, c'est que je me rends compte que la plupart des personnes qui s'intéressent à la teinture végétale reviennent à l'agriculture. Donc, elles repartent du début. Il y a ce lien avec d'où ça vient, comment ça pousse. Donc, par exemple, mon amie Rachel McHenry, elle a lancé un atelier de plantes sectoriales sur le toit de l'université. Donc, comment les étudiants doivent partir à l'origine de... de la couleur finalement. Et je me rends compte que c'est quelque chose qui revient chez toutes les personnes avec qui je travaille. Par exemple, j'ai commencé l'entretien aussi avec Dominique Cardon, qui m'expliquait un petit peu cette histoire des couleurs. En fait, elle est vraiment sur le terrain. Elle étudie des teintures du paléolithique, de l'âge de bronze, où elle se rend compte qu'en fait, c'est... ces garances qu'on utilisait déjà à l'époque, ce rouge garance qui vient d'une racine et d'une solidité incroyable, puisqu'elle date de plus de 2000 ans. Donc, il y a tout cet aspect aussi qui m'intéresse de mettre en avant dans ma thèse, c'est de... de casser un peu ces préjugés qui nuisent au développement des teintures naturelles, où les teintures naturelles, on dit qu'elles ne sont pas solides à la lumière. Mais moi, j'ai envie de contrecarrer ça en disant, pourquoi on aurait besoin que des teintures synthétiques qui doivent durer 100, 200 ans ? Alors que notre envie de changement, tous les six mois avec une nouvelle couleur, on n'a pas besoin qu'une couleur dure des centaines d'années. D'autant plus qu'après ça devient un problème environnemental où ces molécules sont persistantes dans l'environnement et on est incapable de s'en débarrasser et perdurent dans l'eau potable et entrent dans la chaîne alimentaire et dans le corps humain finalement, et dans tous les vivants.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc ce problème qui est un faux problème de solidité de couleur, en fait c'est surtout un problème de mentalité, je dirais. On a besoin d'un changement de mentalité. On a besoin de se dire… on doit faire des fibres de qualité, mais les couleurs, même si peut-être elles vont passer un petit peu, et pas toutes encore, mais certaines sont plus évanescentes, on parle de couleurs grand teint et on parle de couleurs petit teint. Donc les couleurs grand teint comme la garande justement, la gaude, l'indigo, ces couleurs vraiment de base qui sont les trois couleurs primaires avec lesquelles on peut faire toutes les couleurs incroyables. Enfin, moi, j'avais été vraiment épatée quand, avec simplement mes déchets alimentaires, j'arrivais à matcher, comme on dit dans le jargon, les couleurs pantone de la saison 2022-2023. Je travaillais avec mes étudiants, j'arrivais à les matcher complètement, à les assortir, parce que c'est une recette, en fait. La teinture végétale, c'est de la cuisine. Donc on prend son cahier, on prend des notes, on mesure des ingrédients, on mesure des températures, on mesure des bains de pH, et là on arrive à obtenir des reproductibilités. Donc pour expliquer un petit peu ce parcours-là, je m'éloigne un peu peut-être, mais j'ai commencé par faire cette exposition où j'ai exposé dans une vitrine pendant trois mois, sans protection IV, cette veste réalisée en collaboration avec une avec des artisans et des designers locaux qui ont fait le patronage, qui ont fait la couture, qui ont tricoté le jersey aussi des compagnies locales. Et j'ai vu au bout de ces trois mois qu'effectivement, il y avait une certaine sensibilité à la couleur. Les bactéries, en l'occurrence, étaient assez sensibles à la couleur. Donc il faut voir maintenant au niveau de ce qui est possible de faire. C'est pour ça que je trouve vraiment intéressant et important, voire nécessaire, cette collaboration multidisciplinaire dans le domaine de la couleur. mettre ensemble le chimiste, l'expert en analyse du cycle de vie, l'éco-toxicologiste, le designer, le professeur. Donc, comment ensemble, avec nos angles et nos expertises différents, on va arriver à améliorer ces processus-là ?

  • Vanessa Mardirossian

    Alors, Vanessa, avant que vous continuiez dans votre processus de découvert, vous parlez des préjugés de la couleur végétale. donc c'est vraiment quelque chose que je suis vite tombée dessus au fur et à mesure des podcasts ici en France et en fait je me suis dit je vais aller chercher des gens qui pourront témoigner et lever ces préjugés donc on en a globalement une quinzaine franchement c'est toujours les mêmes qui reviennent il y en a des prioritaires et d'autres et en fait je me suis dit même si on fait intervenir une historienne Dominique Cardon qui témoigne d'un tuer il y a plus de 100 000 ans et qui et bien en fait ça ne convainc pas les gens et donc je me suis dit qu'il faudrait mettre des preuves scientifiques et en fait avoir un genre de quelque chose de certifié par le monde scientifique il y a des couleurs éphémères, des couleurs quand elles sont solides, voilà ce que ça donne voire en fait sur pas préjugés quasiment une moitié scientifique parce que j'ai l'impression que soit c'est les lomis en face qui font qu'on balaye du doigt la couleur régénérale et qui pervertent ces préjugés, soit c'est les consommateurs comme nous qui avons des doutes, et ces doutes restent, et peut-être que des preuves scientifiques pourraient aider à changer la perception.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ok, alors il y a peut-être ça, il y a peut-être les preuves scientifiques. Moi, je pense qu'on est aussi dans une pratique de la recherche, empirique, comme le dit souvent Dominique Ardon, et elle, ce qu'elle regrette un petit peu, c'est que les personnes ne portent pas ces couleurs-là. Donc, elle, elle est toujours la première à les porter, à être capable de dire moi, je sais d'où vient la couleur que je porte, elle a poussé dans mon jardin, je l'ai transformée Donc, on reviendra un petit peu tout à l'heure, il y a une des questions, ça concerne Fyber Shed aussi, Fyber Shed, en fait, Rebecca Bourges, c'est un qui a lancé ce mouvement en Californie dans les années 2010, ça a commencé par un challenge qu'elle s'est lancé. Elle s'est dit moi, dans un an, je ne m'habille qu'avec des vêtements qui ont poussé, qui ont été teints, qui ont été fabriqués dans un rayon de 200 kilomètres autour de chez moi. Donc je pense que cette démarche-là, elle est intéressante. C'est de se dire… par moi-même, je vais tester, je vais porter, je vais laver. Et c'est comme ça que, en fait, on n'a pas besoin d'être convaincu, on a besoin de le vivre, en fait. Parce que c'est quelque chose de vivant. Donc, je pense qu'il faut passer à l'acte aussi au niveau des designers locaux pour pouvoir vendre ces couleurs-là, les vivre. Moi, c'est un challenge que ça fait partie un petit peu de ma to-do list, de me dire, attends, j'en parle, mais il faut que je le fasse aussi. Je me dis, moi, je suis capable de vous dire que ces couleurs-là, j'en ai teint certains. Par exemple, ma belle-mère, elle porte les chemises que j'ai teintes avec mes déchets d'avocat, avec mes déchets d'oignon. On les teint, on les porte. C'est vrai que l'avocat, c'est un rose magnifique. Il est toujours rose. Là, c'était il y a cinq ans que je l'ai teint, il est toujours rose. Donc peut-être au bout d'un moment, on va avoir besoin d'une surteinture de ces bains-là. et c'est là aussi que j'ai envie quand je parlais tout à l'heure d'un changement de mentalité, d'un changement de modèle un peu, c'est de se dire on n'a pas besoin d'avoir quelque chose qu'on va jeter mais peut-être quelque chose qu'on va entretenir, dont on va prendre soin peut-être au lieu de produire moins parce qu'il y a aussi cette notion de décroissance au lieu de produire moins on va pouvoir, ces capitaux qu'on économise en fait on peut les réinvestir dans un modèle d'affaires et il en existe un à Montréal d'ailleurs, c'est les laines ça va de soi Donc, c'est des laines qui viennent principalement de… de Mongolie, elles viennent d'assez loin, c'est des laines très fines, de très très belle qualité, mais en parallèle, dans leur modèle d'affaires, ils ont créé un spa pour les laines, un spa pour les vêtements, qui s'appelle Savabain, parce qu'au Québec, on dit Savabain pour dire ça va bien, mais Savabain comme un bain, B-A-I-N. Donc en fait, un peu comme un toilettage pour chiens, d'animaux, on va ramener son pull de qualité, et il peut être réparé, il peut être surtint, Donc il y a cette notion de prendre soin un petit peu de ce qu'on a. Et il y a une autre compagnie aux États-Unis, c'est Ellen Fisher, qui fait ça aussi, qui a plusieurs capsules de collections, dont une qui s'appelle Renew et une qui s'appelle Reworn. Donc dans Renew, par exemple, elle va récupérer des vêtements qui ont quelques années. et elle va pouvoir les raviver par des surteintures, tout ça. Donc, je pense qu'il faut le vivre, oui.

  • Vanessa Mardirossian

    Alors, je suis complètement d'accord avec être ambassadeur de la couleur végétale, c'est-à-dire porter les vélos, etc. C'est exactement à quoi je suis arrivée après tout ça. En me disant, Pauline, tu en parles un an, tu n'as toujours pas un pull en teinture végétale. Et en fait, quand je suis renseignée auprès de plusieurs autorités, qui, certaines, picotent, d'autres, sont fondées par des concours, en fait, c'est assez quand même conquis de trouver la bonne taille, le bon modèle, la bonne valeur, sans se déplacer, ou si on a un truc serré. Ça, c'est mon déconciliation. Après, là, c'est le verbe. Je ne sais pas si vous connaissez le français.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non.

  • Vanessa Mardirossian

    C'est donc des couleurs Garance. C'est des couleurs Garance. C'est des cosmétiques à la Garance. Et donc voilà, j'en fais un peu le but, mais moi j'essaie de porter ce que je peux porter. Et pareil, moi je teinte pour reproduire, comme on dit, mes inquiétudes, pour continuer à comprendre. Je veux dire, je me lance dans des chaussettes, je me lance pas dans un but ou dans un jean, j'ai donc une oxytite. C'est là où il y a un petit problème aussi de disponibilité de nos offres. Je mets sur le podcast en avant-avant des co-déclinateurs, ma marque de vêtements. Et je veux dire, c'est quand même pas très accessible. C'est-à-dire, moi, je veux bien porter du végétal. Ça serait vraiment inélogique, incroyable. Sauf qu'aujourd'hui, je trouve que c'est quand même piqué.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, c'est vrai parce que je pense qu'on en est au balbutiement de la teinture végétale, mais surtout qu'on en parle à l'école, qu'on en parle aux jeunes designers, que cette petite graine qu'on plante, elle pousse finalement, puisque toute la génération des designers de mon âge, qui ont été formés dans les années 90, encore une fois, on ne parlait pas de ça. Même mon ami… Rachel McHenry dont je parlais tout à l'heure qui était pro teinture végétale déjà à l'avance dans les années 90 elle ne pouvait pas faire de teinture végétale à la centrale de Saint-Martin c'était les teintures synthétiques sinon les teintures végétales ça allait salir l'atelier donc

  • Vanessa Mardirossian

    on en était là un petit peu mais c'est ça que j'allais poser comme question selon vous, avec votre expérience au Canada oui Qu'est-ce qu'il faudrait faire pour que la couleur végétale revienne dans les cursus de formation ? parce que là aujourd'hui tous les profs que j'ai eu qui ont témoigné sur le podcast c'est la même chose soit c'est pas abordé dans le cursus soit c'est abordé mais que de manière théorique et peu pratique soit c'est abordé et

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    énormément pratique en fait en fait parce que ça prend pas deux secondes non c'est ça et puis ce qui est vraiment intéressant avec ces nouvelles formations qui sont actuellement mise en place, mais je vous dis, c'est assez récent, c'est qu'il y a ce lien avec la terre. Donc, on sort de la théorie, comme je parlais de l'Université de Toronto, où il y a le jardin sur le toit. Ici, donc, vous me parlez un petit peu de la teinture végétale au Canada, où elle en est. Par exemple, on a la designer de mode, Nadia Bounian, qui, elle, a monté ça en OBNL, avec Arc... arc arc growing pardon Growing Art. Elle fait pousser ses semis depuis 3-4 ans maintenant. Là, je suis allée visiter les petits bébés qui sont sur les toits de l'Université du Québec à Montréal et elle est en train de les mettre en terre au parc Jean Drapeau. Ce sont des lieux qui sont autant d'expérimentation mais aussi de transmission de connaissances. Elle organise le week-end prochain d'ailleurs des ateliers. où les jeunes, où les familles vont pouvoir teindre, pratiquer. On regarde d'où vient la couleur, on voit d'où. Ce qui est intéressant aussi, c'est de se dire, on ne veut pas que la couleur végétale soit cantonnée à l'artisanat. On veut vraiment ce pas entre l'artisanat et l'industrie. Donc, Cathy Hattori, par exemple, Botanical Colors, elle est vraiment sur ce secteur-là, de rendre ça plus… à plus grande échelle, finalement. Et ce qui est intéressant aujourd'hui, c'est en fait le frein qu'il y avait, c'est de se dire, quand on doit faire des décoctions de plantes, c'est compliqué, et on le voit peut-être avec le dernier livre de Dominique Cardon, Les 157 couleurs de Colgou où elle met des photos aussi où on voit ces gros chaudrons immenses. Donc on parle de décoction, on parle de plantes qui doivent macérer ou qui doivent cuire pendant des heures à 90 degrés. Donc c'est assez intense comme processus. Donc aujourd'hui, ce qui est intéressant, c'est d'arriver avec ces extraits végétaux comme fabrique couleur de plante, de la saillette. Greening, Patrick Brenac. Donc, c'est de se dire, on arrive à des produits qui peuvent être utilisés dans les teintureries traditionnelles entre guillemets, où on peut teindre avec les mêmes machines que les teintures synthétiques. Donc, ça fait que les teinturiers, les teintureries, n'ont pas à investir énormément d'argent pour changer toutes leurs machines, mais peuvent utiliser le même format, c'est-à-dire des poudres. propres, qu'on va peser pour la reproductibilité, qu'on va mélanger pour obtenir nos couleurs. Donc là déjà, on arrive à quelque chose qui peut être mis à l'échelle un peu plus facilement.

  • Vanessa Mardirossian

    Et ça, vous avez eu des témoignages de Tarturier, parce que moi ce que j'entends, c'est que oui, on peut utiliser les machines d'écriture avec des extraits végétaux, sauf que ça peut, entre guillemets, encrasser. la machine de ceinture et que c'est du coup pas optimal. Et c'est pour ça qu'il y a en France, on se connaît David Codino d'Alliance Machine Textile, qui a lancé une machine qui fait la taille d'une machine à laver, pour faire simple, et qui a un genre de rivière qui coule sur le tissu avec la matéria colorante. Et donc lui, il y a plusieurs objectifs. C'est ne pas faire des bains pleins pour utiliser les patrons, mais un système un peu plus ergotique pour aider les peinturières végétales à faire des jolis nids. des longs métrages, de la teinture pièce, enfin, vraiment essayer de s'imprégner le quotidien. On est vraiment entre le tisana et l'industrie, la semi-industrie. Et moi, ma question, c'est chouette que vous l'abordiez, c'est comment on fait pour poster ces industriels ? Est-ce que vous avez des témoignages d'industriels qui veulent bosser sur le végétal ? Et est-ce qu'ils vous ont dit, je ne sais pas si vous avez eu des retours là-dessus, ce qui pose problème ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non, alors deux choses. Déjà, cette machine, oui, je suis allée la voir de mes propres yeux dans l'atelier de Sandrine Rosier parce que je suis allée en novembre... Quand je suis allée voir ma famille à Nice, je suis allée déjà à Arles voir Axel Gissraud de l'atelier Luma, qui eux aussi se lancent dans leur jardin teintorial et font beaucoup d'expérimentations avec des extraits végétaux, mais aussi des plantes effasives, des nuisibles, tout ça. Donc on est vraiment dans cette circularité. Dominique Cardon et Sandrine Rosier et j'ai visité l'atelier de Sandrine Rosier et qui m'a montré cette machine. Donc, je trouve ça vraiment chouette. Récemment, j'ai vu qu'elle était présentée sur un salon avec Patrick Brenac. Donc, c'est vraiment un gros progrès à ce niveau-là. Quand je parle avec Axel Gisraud, on parle de micro-teinturerie, en fait, de teinturerie à petite échelle entre l'artisanat et l'industriel parce qu'on a besoin ça ne peut pas être un changement drastique. C'est-à-dire qu'on a besoin de montrer que ça a son potentiel, même si les convaincus le savent. Mais pour que les plus grosses compagnies, les plus grosses industrielles se lancent et suivent le pas, il faut qu'on monte cette échelle intermédiaire. Donc, c'est vrai qu'il y a très peu de teinturiers. À Montréal, il n'y en a plus qu'un. qui est dans donc il est débordé donc en fait oui ils sont débordés donc c'est très dur de se dire je suis débordé je continue mes commandes mais en parallèle je fais de la recherche et développement donc c'est à nous je pense d'apporter, de faciliter la transition je veux dire en fait cette équipe cette nouvelle équipe qui est là pour supporter cette transition ce changement vers l'artisanat, parce que c'est vrai, si on veut teindre ses chaussettes ou son t-shirt, il y a plein de tutoriels en ligne, mais on veut passer à une autre échelle.

  • Vanessa Mardirossian

    D'accord, donc plutôt travailler l'étape qu'on appelle semi-industrielle,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    vous,

  • Vanessa Mardirossian

    c'est micro-teinturerie, pour inciter les grandes grammes et les industriels à se poser la réflexion. Donc ça doit vraiment venir de nous à poser des solutions. Ça, c'est hyper intéressant. Alors, j'ai une autre question. On dévie, mais en fait, tellement... Vous avez parlé dans votre début de parcours, vous aviez travaillé avec des maisons de couture et des renom des grandes marques. On a eu quelques invités qui ont travaillé dans la haute couture, etc. Et je leur pose à chaque fois la question, ce qui pourrait aider la peinture végétale et la teinture végétale, ce serait qu'une grande marque de l'an éprouve. et suscitent l'intérêt aussi autour des couleurs de jardin. Et ma question, c'est, est-ce que vous trouvez qu'il y a une maison de couture ou une marque qui soit s'intéresse ou se répète et qui aille montrer l'exemple ? Est-ce que vous en connaissez qui sont déjà bien dans la vente et qui travaillent le sujet ? Est-ce que vous avez des choses, bien sûr, non non non anciennes, mais est-ce que vous savez un petit peu là-dessus, si la nature et la hauteur se boostent là-dessus ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors la première qui me vient à l'esprit c'est Stella McCartney, puisque elle c'est vraiment une pionnière depuis les années 90, depuis le début en fait elle a toujours été très très… axée vers l'éco-responsabilité. À la COP28, d'ailleurs, récemment, elle présentait un panel de technologies, de teintures, de textiles, qui étaient éco-responsables. Donc, ça va même jusqu'à calculer l'empreinte énergétique de ces boutiques. Donc, à plein de niveaux, elle est vraiment... pionnière dans ce domaine-là. Je pense qu'elle a travaillé déjà aussi avec Colorifix pour les bactéries. Elle essaye de mettre en avant, de donner de la visibilité à cette nouvelle technologie et teinture végétale. Après, j'avais récemment une discussion avec Anne de La Sayette qui disait qu'il y a une quinzaine d'années déjà, ils avaient fait des des tests incroyables en impression pour les foulards Hermès, avec des grandes solidités, parce qu'il faut dire que quand la molécule est encapsulée comme elle l'est dans le cadre d'impression, qui est différent de la teinture, elle est beaucoup plus solide encore à la lumière. Mais apparemment, il y a 15 ans, ça ne faisait pas encore partie de la couleur végétale. Ce n'était pas assez fancy, peut-être, pour le luxe. Maintenant, aujourd'hui, je vois que les grands groupes de luxe, comme Kering, par exemple, LVMH, s'associent à des écoles comme la Centrale Saint-Martin à Londres pour… mettre en avant l'aspect régénératif du design. Donc comment, parce qu'il y a cet aspect-là, si on parlait de la terre, mais comment finalement on n'est plus à se dire je vais faire moins… je vais faire moins mal, mais je vais faire mieux, je vais faire magnifique. Donc le regenerative design, c'est aussi mettre en avant que quand on fait pousser une garance, on ne prend pas le sol à la culture alimentaire, mais au contraire, on va régénérer le sol, parce que la garance, justement, elle va apporter de la santé dans le sol, puis en plus, la culture de plantes tectoriales, c'est de... c'est une culture rotative, donc elle améliore la santé du sol, elle participe, elle contribue à la biodiversité. Donc c'est tout ça aussi qu'il est intéressant de faire. Et quand je parle avec l'experte Cécile Bull en analyse du cycle de vie à l'UQAM à Montréal, c'est de se dire, et là, ce manque, en fait, il est aussi soulevé par Dominique Cardon, par plusieurs experts du domaine, c'est de se dire, on manque de d'analyse de cycle de vie comparative entre les teintures synthétiques, les teintures végétales, les teintures biotechnologiques, quel est finalement le véritable pouls, le véritable frein, quels sont les bénéfices et quelles sont les problématiques sur la santé, positives ou négatives de l'un et de l'autre, pour faire basculer un petit peu. Et puis, ce qu'il y a aussi, c'est que… Il y a beaucoup d'investissements dans les nouvelles technologies, mais il manque beaucoup, et ça le soulevait Dominique Ardon encore une fois, beaucoup d'investissements pour de la recherche dans les teintures végétales, parce que quand on voit toute l'énergie et l'argent qui a été mis pour améliorer les teintures synthétiques, qui au départ rendaient malades, il y avait beaucoup de cas de cancer de la vessie, parmi les travailleurs qui travaillaient avec ces nouvelles teintures synthétiques, donc on a voulu… améliorer, il y a eu beaucoup de recherches et d'investissements pour l'améliorer. Donc s'il y avait autant de recherches et d'investissements pour améliorer aujourd'hui la solidité des campeurs, on avancerait beaucoup plus vite. Donc déjà, il faut que les... les preneurs de décision, puis les subventions, voient l'intérêt pour l'environnement, la santé, et parce que ça a un impact aussi sur le changement climatique. Quand on utilise autant de produits issus de la pétrochimie, il y a un impact sur la terre qui devient moins meuble, qui devient dur comme de la pierre. où on a de plus en plus besoin de pesticides, alors que si on fait une culture qui est plus permaculture ou biologique, ou avec des plantes qui vont favoriser la biodiversité, comme les plantes tectoriales par exemple, le bénéfice est grand pour l'environnement et pour la santé.

  • Vanessa Mardirossian

    Oui, carrément. En fait, il y a plein de petits liens qui pourraient être améliorés. Le pilier de l'eau, notamment dans la agriculture, le pilier de la biodiversité. J'ai organisé une quinzaine d'électructures pictoriales avec une quinzaine d'expériences. Et en fait, il y a une des agri-agricultrices qui nous a amené à l'apprendre tous les nouveaux instincts qui étaient venus dans son penchant. Et c'était incroyable, des insectes connus dans le connu-bord. Et en fait, elle expliquait qu'elle avait le temps de prendre des photos pour montrer, pour témoigner de ces biodiversités. J'ai trouvé ça super intéressant. Le sol, il faut en parler. Le fait qu'il y ait beaucoup moins d'eau indigène dans le sol, des problèmes de dénace, etc. Et alors ça, c'est la part de la fin. Moi, j'essaie de mettre en oeuvre les agriculteurs ici en sciences. Franchement, il y en a pas mal, c'est beaucoup de femmes d'ailleurs, c'est étonnant, mais il y a beaucoup de femmes. Et je voulais vous poser une question toujours sur cette nature, on va dire qu'il y a la terre à châssis, qu'on peut rendre végétale, ou même avec la métropie et d'autres sources, les bactéries, vous les avez citées. Ce que je voulais dire aussi, c'est que dans la nature, il y a forcément des états de mordantage. Et en fait, on a reçu un invité, vous devez connaître, Céline de Philippe, qui travaille les mordants. Donc en fait, elle a réglé un montre-laisser métallique, et elle s'est dit, tiens, n'essaierai-tu pas de s'en abstenir ? Et elle a fait des recherches, et elle a travaillé avec des plantes, donc genre le Norlopode, le Symphocos, et je ne sais plus, le Troisième. qui viennent d'assez loin, mais qui sont cultivées de manière responsable. Et en fait, en parlant autour de moi avec les invités, il y a Gérard Cey qui a dit qu'il y a des biomordants, on en a tout simplement, par exemple, dans les pommiers et les pommiers sauvages. Ma question, c'est, est-ce que vous avez étendu un peu cette histoire de procéder des pommiers bio ? à la phase de vendant d'âge et à la phase d'après. Parce que forcément, vous avez dû, sous ce tout, et comme vous êtes vraiment sur une cartographie, vous avez dû forcément tourner les domaines à bon ou à mal. est-ce que vous pouvez nous raconter un petit peu ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bien sûr, alors les bio-mordants je les ai essayés aussi j'en ai discuté des lycopodes et des simplocos, j'ai essayé est-ce qu'on se rend compte avec simplocos ? bon déjà c'est vrai que ça vient de très loin et puis aussi c'est qu'il en faut énormément par exemple on travaille beaucoup en pourcentage de poids d'afibre donc si par exemple on va être à 10 ou 15% pour de la lin et bien on va être à presque 100% pour du simple au cos, il en faut vraiment beaucoup. L'autre chose aussi, avec les lycopodes, par exemple, c'est que, et donc, c'est pas pour dénigrer parce que c'est des avenues vraiment importantes, moi-même je les teste, mais c'est pour ça aussi l'analyse de cycle de vie, c'est important, c'est de se dire combien il m'en faut et d'où ça vient. donc est-ce que je peux en avoir dans mon environnement immédiat comme le précise Michel Garcia donc les lycopodes en fait ils sont en extinction donc ils sont en risque d'extinction donc il faut faire vraiment attention et ça Dominique Cardon dans son livre Le monde des teintures naturelles elle le mentionne dès le départ elle dit attention de ne pas prendre plus que ce que la terre peut se renouveler en fait 10% par saison pour que ça ait le temps de se régénérer. Donc, c'est vraiment important de se dire combien il m'en faut et de ne pas en prendre trop. J'ai essayé aussi, en parlant de bio-mordant, les tannins. Donc le tannin, par exemple, quand j'étais avec mes déchets alimentaires, les pelures de grenade, de poma grenaté, oui, de grenade, donc ça c'est des tannins, mais ce tannin-là, par exemple la lin, bon la lin, c'est un mordant que j'achète moi dans un magasin alimentaire en vrac, c'est pour faire les pickles, donc c'est comme un sel un petit peu, donc la lin, l'avantage. c'est qu'il est transparent, alors que les tannins, ils vont amener un petit côté jaunâtre. Par exemple, la grenade, ça va amener un peu de jaune, le tannin, la noix de galle aussi. Donc des fois, ça peut être intéressant pour certaines couleurs, mais pour d'autres, on ne va pas avoir besoin de ce jaune qui peut avoir un impact sur mon bleu et le verdir, ou sur mon rouge et le rendre trop orange. Donc ça, c'est un aspect. Et c'est vrai que Patrick Brenac aussi me parlait de ça. des pépins de raisin, des pépins de raisin qui sont des tanins puissants. Donc moi, en fait, tout ce qui m'intéresse, et donc je serais contente de discuter, de rencontrer Céline Philippe, je trouve ça vraiment intéressant. de s'intéresser aux biomordants. Mais après, il faut voir combien il m'en faut et il faut voir est-ce que j'en ai en quantité. Et idéalement, pouvoir sortir ces biomordants, les prendre en fait de déchets, idéalement. Alors, dans cet aspect-là, je m'étais dit, tiens, j'avais parlé à un scientifique du Jardin botanique de Montréal qui fait de la phytorémédiation. Donc lui, il utilise les plantes pour dépolluer les sols des métaux lourds. Donc je m'étais dit, mais ça c'est… J'ai fait le lien en fait avec ce que disait Dominique Cardon dans son livre, où les plantes sont naturellement accumulatrices d'aluminium. Parce que comme le dit Patrick Brenac très bien, puis Dominique Cardon aussi, les deux minéraux les plus présents dans la croûte terrestre, c'est l'aluminium et le fer. Donc en les utilisant en quantité minimale pour les teintures, on ne fait pas de mal à la nature puisqu'on les ramène à la nature. On va éviter les mordants agressifs comme le chrome, les teints, le cuivre qui sont vraiment toxiques. Mais donc, dans ma tête, je me suis dit, attends, elle parle de plantes naturellement chargées en aluminium. Là, c'est Michel Labrecq, son nom, il travaille avec des plantes pour dépolluer le sol. Moi, je travaille avec des déchets. Pourquoi je ne récupérerais pas ces déchets chargés en aluminium ? en métaux pour faire mon mordant sage des ferme-bouillard. Donc, ça lui a plu. Il a trouvé ça intéressant, l'idée. Il m'a donné ses... ces déchets pour que je fasse des tests. Mais le problème, c'est que lui, il ne va pas enlever l'aluminium ni le fer de la terre. Lui, il va dépolluer des terres de cuivre, par exemple, des métaux vraiment lourds. Donc, c'est là que je me suis dit, encore une fois, je les ai, ces échantillons. Je n'ai pas testé parce que je me dis, est-ce que c'est quelque chose de toxique ? Donc ça, il faudrait que je travaille avec un chimiste pour analyser. Est-ce qu'on enlève le cuivre du sol, mais on vient de dire que le cuivre, c'est un peu toxique quand même. Donc, quel est l'impact ? Alors là, après, il faut faire des tests LCMS, en liquid chromatography, pour voir en fait ce qui reste dans mon textile teint. Et est-ce que... ça a un impact sur ma teinture ? Est-ce que ça a amélioré la solidité de ma teinture ? Et est-ce que ça a un impact sur ma santé ? Donc, il faut poser le pour et le contre. Mais en tout cas, c'est des processus de pensée intéressants où on fait le lien entre différentes choses, suivant l'expertise de chacun. Moi, j'ai fait le lien entre ce que disait l'historienne et ce que me disait le chimiste. J'ai dit, pourquoi pas aller creuser cet aspect-là ? Donc, beaucoup de recherches encore à faire.

  • Vanessa Mardirossian

    Donc biomortem, on en a parlé, l'atteinte pure, on en a parlé avec les solutions végétales et autres, donc je ne sais pas comment on peut les appeler, biotechnologiques, c'est ça que vous aviez dit ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Moi, je les ai appelées biotechnologiques parce qu'on parle des fois de modification d'anéane. Alors, il y a les pour et il y a les contre. Il y a les pour, c'est de se dire, on peut produire beaucoup en laboratoire avec très peu parce que la bactérie, elle produit énormément. Il y a les contres qui se disent mais en fait c'est peut-être dangereux, on ne sait toujours pas d'où vient le Covid Des fois on dit qu'il y a une molécule, une bactérie qui s'est échappée du laboratoire. Donc il faut travailler avec les bactéries. Je ne conseille pas de faire ça dans sa cuisine. Il y a tout un protocole. On a des formations pour travailler avec le vivant. Pour s'en débarrasser, on ne va pas jeter la bactérie dans le laboratoire. Il faut la désactiver. Pour la désactiver, on utilise soit de la chaleur ou du chlore. Et puis après, on met tout ça dans des poubelles spéciales de bio-safety. Donc... Ce n'est pas anodin de travailler avec le vivant parce qu'on peut faire des modifications involontaires, avoir un impact de modifications génétiques involontaires sur le vivant. Après, biotechnologie, parce que ces nouvelles compagnies-là, elles travaillent en modifiant l'ADN et les gènes. Donc, une fois qu'on a modifié l'ADN, ça a un impact sur toutes les générations futures. un risque avec ça. Donc, les personnes qui ont peur de ça, c'est aussi Rebecca Bourges, d'ailleurs, qui dans son livre que j'ai là sous les yeux, Fibre Shed il y a tout un… Il y a tout un chapitre sur les craintes par rapport à ces biotechnologies-là, de s'amuser avec l'ADN qui est encore très très nouveau, parce qu'une fois qu'on a modifié l'ADN, et on l'a vu avec le coton BT en Inde, qui avait impacté toutes les cultures aux alentours, et que finalement ça faisait des fibres de coton trop courtes qui… et puis chaque fois il faut racheter la graine de coton il y a toute une problématique donc je pense que chaque solution il faut y aller avec prudence parce que les impacts on peut les voir sur plusieurs années

  • Vanessa Mardirossian

    D'accord. Et donc, je voulais aussi vous parler des abrées. Donc, moi, je ne suis pas du tout du monde du textile. Moi, je suis ingénieure à Bournon, donc rien à voir. Je ne connais rien, franchement. Et donc, j'ai découvert qu'il y avait plusieurs étapes. Il y avait les abrées qui permettaient de donner de la technicité, on va dire, au textile. Et on va se sentir que c'est la partie où il y a quand même le plus d'endroits où les choses soient super simples pour donner des possibilités interméabilisantes. un coup de feu, tout ça. J'ai eu une entreprise en Angleterre qui s'appelle Tapine Croft, qui travaille sur des arbres plus naturels, notamment avec des cires, etc. Est-ce que vous avez aussi touché cette partie des arbres avec des solutions un peu plus naturelles ? Est-ce que vous avez débordé un peu sur ce que j'ai là ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors, les apprêts, c'est vrai que c'est une grosse problématique, surtout les PFA, PFAS, qui sont très problématiques parce qu'ils sont persistants. Mais en fait, on se rend compte que les textiles ont besoin de tous ces apprêts, parce que c'est des textiles issus... pas tous, pas pour le coton, mais pour le polyester, par exemple, c'est des textiles issus de la pétrochimie. Pour le coton, en essayant de les améliorer, bon, oui, il y a tout l'aspect de cire, de cire d'abeille, tout ça, mais je ne sais pas, je ne suis pas allée là-dedans parce que ça ne concerne pas la couleur. En fait, ça, je l'ai juste abordé quand je ferme mes emballages pour éviter d'utiliser le film étirable. Donc, les emballages de coton enduits de cire pour qu'ils soient lavables. Mais sinon, si on utilise par exemple des textiles, puis là j'entendais le podcast de Clément qui parlait de la laine, qui lui adore la laine, mais la laine, elle a des qualités incroyables. Justement, elle n'a pas besoin d'être… Voilà, elle, d'elle-même… Moi, je porte des pulls en laine, je n'ai pas besoin de les laver. de tout l'hiver en fait. Ils ont une aération naturelle, ils sont repellants de l'eau naturellement. Donc le potentiel des fibres naturelles est vraiment à exploiter un peu plus en avant. C'est vrai qu'il y a ce problème, on en parle ici parce que je ne sais pas à quel moment on va parler de Fibershed, j'ai commencé à en parler, est-ce qu'on va y revenir ou pas ?

  • Vanessa Mardirossian

    Oui, on va y revenir,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    pas de souci. Bon, on va faire que... Parce que dans... En fait, quand je parlais tout à l'heure du modèle Fibershed qui est né aux Etats-Unis, donc elle s'est donné ce challenge, elle s'est dit qui est capable de faire pousser les fibres dans un rayon de 200 km ? Qui est capable de les teindre, de les filer, de les tricoter, de les tisser dans un rayon de... de 200 kilomètres. Finalement, au bout d'un an, elle en a fait un livre. Au bout d'un an. Je ne sais pas, mais le livre est sorti en 2019. Donc, au bout d'une dizaine d'années, finalement, elle a sorti ce livre qui est maintenant un modèle reproductible. Elle s'est écoutez, c'est un modèle de biorégion. Donc, l'idée, c'est de se dire, chacun dans sa région peut faire cet exercice-là, de se dire, quels sont les acteurs autour de moi qui sont capables de produire ? Donc, aujourd'hui, Fibershed, C'est 71 Fibersheds dans le monde. Donc on a par exemple même Five Bushes de Toronto, et depuis 2022 on a Five Bushes de Québec, qui est née à l'initiative de Marie F. Faust, qui était la directrice de l'école supérieure de mode de l'UQAM où j'enseigne. Et donc là, j'ai embarqué dans ce projet avec elle depuis 2022, où là d'abord on a commencé par se dire, qui sont ces acteurs ? Quels sont nos industriels ? Et qu'est-ce qu'ils sont capables de faire aujourd'hui au Québec ? Quels sont nos matériaux ? Donc on voit... Et ça aussi, quand je parle avec Axel Gissrot, qui a fait un peu ce travail de cartographie dans la région de Camargue, on se rend compte que le savoir-faire, on l'a beaucoup perdu. On a perdu aussi les machines, on a perdu le matériel. Donc c'est de se dire, aujourd'hui, au Québec par exemple, on ne peut pas faire pousser de coton, ça c'est sûr. On est en train de raviver le lin. Le lin, mais une fois ravivé, il n'y a pas vraiment les machines non plus à faire une production industrielle, mais il y a cet intérêt de se dire qu'on ne continue pas avec des œillères. Aujourd'hui, on est dans l'action. Donc, c'est pour moi très important d'aller à la rencontre à travers ces entrevues de personnes qui sont dans l'action, qui font vraiment… Et un documentaire qui m'avait vraiment beaucoup inspirée, c'était Demain le film de Cyril Dion et Mélanie Laurent, où là, ils partent, et on en a marre d'entendre dire que tout va mal, ils partent dans le monde à la recherche de petites initiatives qui peuvent devenir grandes, en fait. Et comment le récit va inspirer. d'autres histoires et donc ça, ça me parle beaucoup

  • Vanessa Mardirossian

    c'est vrai que non mais c'est ça qu'il faut faire au lieu de pointer sur ce qui va pas c'est venir mettre en l'écran les gens qui font différemment et qui vont avancer en tout cas c'est ce que j'essaye de faire avec les podcast c'est de venir montrer les alternatives les gens qui travaillent autre chose et qui se mobilisent mais le chemin est long mais c'est hyper intéressant d'entendre les témoignages et chaque fois de dire ça y est ça avance c'est génial il faut il faut

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    et moi je trouve que je me suis mis dans une triple position finalement j'ai la position de designer que j'ai fait pendant plus de 20 ans et la position de professeur, enseignante qui là est vraiment stratégique pour sensibiliser les futurs designers qui sont en demande il dit on parle pas assez de développement durable à l'école de mode, on a besoin de pour être préparé pour après qu'ils lancent leur marque ou qu'ils travaillent dans des grandes entreprises pour qu'ils puissent apporter leur regard sur ce qui est possible ce qui est pertinent de faire ce qu'il vaut mieux éviter parce que par exemple quand je dans la fast fashion ben ceux qui avaient vraiment le pouvoir c'était pas les designers c'était vraiment les acheteurs parce que les acheteurs ils avaient l'enveloppe la petite enveloppe et ils devaient l'avoir fructifiée à la fin de la saison. Donc, quand on leur disait Tiens, ce tissu est intéressant, ce tissu… Ben non, c'est lequel le moins cher, finalement ? C'est ça qu'il faut changer au niveau de la mentalité. Ce n'est pas aller vers le moins cher en apparence, parce qu'encore une fois, le coût expérimental, et ça, Daniel Goleman, dans Intelligence écologique en parle très bien, c'est l'impact externalisé, le coût externalisé de…

  • Vanessa Mardirossian

    de ce qu'on fabrique et de ce qu'on achète puisqu'on se dit je vais en acheter deux pour le prix d'un je fais une affaire mais non et c'est là où on manque comme vous le disiez tout à l'heure l'analyse de cycle de vie franchement j'ai posé la question à quasiment tous les sociétés est-ce que vous avez accès, est-ce que vous avez pu et en fait le problème le seul qui a répondu c'était des gars mais qui avaient fait une analyse de cycle de vie sur sur Un type de tissu sur un de... Je crois que c'était un t-shirt. Et sur un processus particulier. Et en fait, il en faudrait autant qu'il y a de tissus, couleurs, processus. C'est détonnant. Après je me dis, un appel à l'APLG, je n'en sais rien du monde européen, plusieurs mondes européens, ce mobile européen, je ne connais pas largement, je ne connais que ce type. Je veux dire que ce serait hyper intéressant de fisser ces analyses de cycle de vie pour nourrir le monde, mais j'ai encore l'impression que c'est le fait qui est de se mutualiser sur des gros sujets comme ça, parce que je pense que je suis le premier qui va sortir une analyse de cycle de vie.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    clairement il y a la preuve de la différence et je pense que ça va aborder les autres c'est sûr parce que quand je parle avec Cécile Bull experte analyse du cycle de vie elle dit mais l'impact il est pas où on le voit j'en parlais à une chimiste la semaine dernière j'étais en laboratoire on faisait un test de différentes garances et de avec mon chimiste organicien justement parce que c'est vraiment important de parler aussi de l'inclure dans la discussion donc on a fait une synthèse d'alizarine parce que je voulais voir de quoi ça part en fait pour comprendre de quoi ça part et puis comment on arrive à la couleur puis après pouvoir faire une analyse chromatographique de la garance et de l'alizarine et voir un petit peu ce qu'il y a à l'intérieur bon ben on était trois dans le labo puis on commençait à parler justement d'analyse de cycle de vie puis On parlait du polystyrène. Le polystyrène, c'est toxique. Dans les années 60, par exemple, Victor Papanek, qui est pour moi une inspiration immense, parce que déjà en 1969, pour lui, l'équipe de design idéale, c'était le designer avec le chimiste, l'écotoxicologiste, le politicien. enfin vraiment l'aspect multidisciplinaire déjà en 1969 parce qu'on ne peut pas avec une seule vision une seule discipline répond à la complexité de cette thématique. Donc, elle me disait, au départ, et lui aussi, il disait, où je travaillais, il y avait une machine à pop-corn. Je disais, on devrait utiliser les pop-corn pour mettre dans les boîtes pour les transports. Mais après, quand ils ont fait une analyse du cycle de vie, ils se sont rendus compte qu'il fallait tellement d'eau pour faire pousser le maïs pour produire le pop-corn que ça ne valait pas la peine. Donc, l'analyse du cycle de vie va vraiment faire émerger des idées ou des voies qu'on pensait insoupçonnées et qui va pouvoir mettre en avant certaines choses et en éliminer d'autres. Donc, c'est vraiment important. Donc, peut-être dans le cadre de doctorat ou de post-doc, mettre des étudiants là-dessus. Mais moi, c'est quelque chose qui m'intéresse, en tout cas, dans le cadre de la recherche.

  • Vanessa Mardirossian

    J'avais des questions sur l'écosystème. Vous avez parlé que vous aviez fait des formations, que vous aviez fait des interviews, des entrevues. Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de vos partenaires de travail ? Qui vous êtes allé chercher ? Comment vous avez structuré votre recherche d'invités ? Comment on va dire ? Un échange ? Comment vous avez structuré tout ça ? Est-ce qu'il faut parler un petit peu des types de personnes que vous êtes allées voir ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui. Alors, quand j'ai fait la fameuse cartographie dont je vous parlais, en fait, moi, on parlait aussi des... projet futur, mais j'ai vraiment le projet de monter une chaire de recherche Design, Santé et Société. Donc, c'était les trois mots-clés. Design, Santé et Société. Et autour de ces trois mots-clés, se sont connectées différentes disciplines. Quand on parle de santé, on parle de quoi ? On parle de santé environnementale, on parle d'éco-toxicologie, on parle de... Je ne l'ai pas sous les yeux, dommage, j'aurais pu... tout la lire, mais donc design, santé, société. Donc là, a émergé ces différents profils-là. Et j'ai commencé par interviewer, par exemple, Dominique Cardon, l'historienne, et puis j'ai interviewé le chimiste Patrick Brenac, et j'ai interviewé la professeure pour savoir qu'est-ce qu'elle mettait en place, justement. Donc, mais au tout départ aussi, suite à mon exposition, je me suis dit comment je vais faire une mise à l'échelle de ce que j'ai fait dans mon laboratoire. Par exemple, si je décide de travailler des déchets alimentaires, à qui je dois m'adresser pour avoir des déchets à l'échelle industrielle au Québec ? Donc, là, j'ai contacté par e-mail, en plus en pleine pandémie, donc on était beaucoup derrière nos ordinateurs, facile d'accès finalement, puisque les gens… Donc, j'ai commencé à contacter… Bon. Je vais expliquer un petit peu là ce qui se passe à Montréal. Pour vous dire, je suis obligée d'expliquer un petit peu comme ça. Donc, on a Montréal la ville et on a les actions. Comment on fait pour améliorer la ville de Montréal ? Donc, il y a différentes initiatives. Parmi les initiatives, il y a Concertation Montréal. Concertation Montréal, qu'est-ce que c'est ? C'est, comme son nom l'indique, on est en concertation avec les industriels, les preneurs de décision, les citoyens. pour voir de quoi on a besoin à Montréal pour être bien dans la ville. Et sous cet axe-là, il y a différentes grappes. Il y en a dix, je pense. Et une des grappes, c'est la grappe métropolitaine de mode. Donc sous cette grappe-là... Il y a des personnes qui travaillent à se dire comment je vais allier l'économie, l'économie qui est de la mode en fait et du textile, avec aussi l'environnement. Donc comment on va améliorer ça ? Sur Concertation Montréal aussi. ils ont monté la grappe, la grappe, non pas la grappe, la communauté de pratique. Communauté de pratique, donc qui sont les acteurs locaux dans notre entourage qui travaillent le textile ? Comment ils font ? Donc il y a des réunions comme ça, où on se retrouve ensemble et où on échange comment on avance, de quoi on a besoin, quels sont les manques, qu'est-ce qui se fait ailleurs, comment chacun va apporter et moi-même des fois je vais intervenir là avec ma recherche un petit peu qui est un peu en parallèle tout ça je suis un peu à côté pour l'instant parce que je suis dans cette phase de recherche où on est un moment très précieux et luxueux je dirais, où on a le temps de gratter un petit peu et de chercher où est la problématique et à qui je dois parler pour tout ça donc ça c'est un aspect et quand on a lancé Five Horseshead Québec, on a demandé à la grappe métropolitaine de faire cette analyse justement des acteurs qui sont les industriels, quels sont les matériaux quels sont les savoir-faire, qui sont les personnes, pour pouvoir s'adresser aux bonnes personnes, puis identifier les manques, et puis travailler sur ces manques, former les gens peut-être, s'il nous manque certaines connaissances. Donc ça, c'est vraiment intéressant. Et puis aussi, je souhaitais, donc je parlais d'avoir cet accès à des... les déchets industriels. Et là, en parlant à cette personne-là, la Grappe Métropolitaine, Concertation Montréal, telle personne, tu devrais parler à telle personne qui devrait parler à telle personne. Donc comme ça, ça crée tout un réseau. Et là, je suis arrivée à parler à Sintec, à Saint-Hyacinthe, c'est à une heure de Montréal, où eux, c'est un centre de recherche et de technologie qui, leur mission, c'est de valoriser les déchets alimentaires, les déchets agroalimentaires. donc ça les intéresse évidemment les teintures parce que pour l'instant ils travaillent beaucoup avec l'alimentaire ou les matériaux mais avec qui sont les acteurs avec qui je dois parler pour faire une mise à l'échelle de mes processus et à côté de ça aussi j'ai parlé au centre de technologie le CTT de Saint-Hyacinthe qui récemment en 2022 aussi a lancé sa chaire de recherche en design éco-responsable Donc comment les chimistes, les étudiants, les scientifiques travaillent à améliorer les processus de solidité de couleur, de mordançage, de colorant. Donc voilà, vraiment important de se faire un carnet d'adresses de personnes pour pouvoir collaborer. Et puis après, évidemment, vous parliez de comment j'étais dans la transmission. Je fais beaucoup de séminaires, de colloques et de conférences où là, je dis toujours que j'ai trois cibles. à qui je m'adresse, à qui s'adresse ma recherche. Il y a le grand public. Donc là, le grand public, c'est plus à travers les expositions, les ateliers où on peut venir en famille, comprendre. J'ai vraiment ce souci d'avoir ce langage vulgarisé de la recherche puisque moi, à la base, je ne viens pas de ce monde académique, je viens vraiment de l'industrie. Donc, je passe par ce monde académique, mais j'ai vraiment le soin et le souci que ce soit utile à l'industrie, que ça revienne à l'industrie. il y a ce langage de se dire je veux que le maximum de personnes puissent le comprendre donc d'ailleurs dans le cadre de ma thèse j'ai participé à des concours comme ma thèse en 3 minutes par exemple, comment en 3 minutes je vais expliquer une thèse, une recherche de 6 ans, on parle du fameux pitch de l'ascenseur donc tout ça, ça m'a amenée à appliquer à un autre concours qui s'appelle Public Scholar en français c'est chercheur engagé, donc là je sors à peine de la mission d'un an où il fallait vraiment rendre la recherche publique et accessible au grand public. Donc c'est comment je vais publier dans des journaux comme Le Devoir par exemple, ou The Conversation, qui est accessible au grand public. Et tout ce que j'avance, en fait, The Conversation, c'est un média qui ne publie que des recherches. des recherches universitaires, mais sous le ton journalistique. Donc, tout ce que je vais avancer, il y a un lien avec la référence ou l'article scientifique ou des références sérieuses de ce que j'avance. Donc, je vous donnerai le lien aussi de conversation. Le devoir, et c'est dans ce cadre-là que j'ai fait l'événement où vous m'avez découvert les zones grises de la couleur à travers le prisme du design. Donc là, c'était une mission. ça s'appelle un Spotlight Event. À Concordia, il y a ce lieu justement qu'ils mettent à notre disposition où ils nous soutiennent dans tout l'aspect technologique, son, lumière, visuel. C'était incroyable. Voilà. De quoi tu as besoin Vanessa ? J'ai besoin d'une caméra au-dessus de la table pour pouvoir filmer ce qui est en train de se tramer. Donc c'était un peu ambitieux mon projet. J'ai essayé de faire une cartographie en trois heures, mais comme... la question que vous posiez, c'était où c'est qu'on peut avoir accès aux résultats ? Ce sera dans la thèse. Les résultats sont dans la thèse parce qu'il y a un retour sur tout ce qui s'est dit. Il y a un croisement entre les entrevues parce que toutes ces personnes-là, les invités, il y avait 12 experts invités. C'est des personnes que j'avais invitées. Voilà. Et donc, j'avais déjà un petit peu un état des lieux de ce qu'elles travaillaient. C'est pour ça que ce jour-là, c'était assez facile de faire les liens entre leurs différentes expertises et de garder le fil de la discussion. sur les zones grises de la couleur, que j'avais trouvé bien choisi comme titre, parce qu'il y a de l'ombre dans ce monde-là. Oui, voilà, je parlais de mes trois cibles. Je parlais de ma cible, les trois cibles. Il y avait la cible grand public, donc ça c'est à travers les expositions, les ateliers. Et il y a la cible des futurs designers, donc ça c'est à travers les formations. je donne à l'école supérieure de mode, mais aussi, idéalement, la chaire que j'aimerais monter pour travailler avec... Une chaire Ah, pardon. Une chaire de recherche, en fait, c'est un lieu, un laboratoire où on va faire travailler des étudiants sur plusieurs projets. Par exemple, ça pourrait dire, on va travailler sur une analyse du cycle de vie, des teintures, dans le cadre d'un doctorat, dans le cadre d'un post-doc, dans le cadre d'une maîtrise. et puis on réfléchit sur cette thématique, on va publier on va faire des demandes de subventions au nom de la chaire et on va faire des publications dans les magazines scientifiques pour donner accès donc magazine scientifique d'une part il y en a un qui va sortir ce mois-ci d'ailleurs dans le magazine Science du Design numéro 19 et la thématique c'était le designer et son médium donc c'est l'interaction donc moi ça me parlait parce que justement mon médium de la couleur a eu tendance à impacter ma santé et comment le médium couleur peut aussi être bénéfique à la santé. C'est un article qui est co-écrit avec la chercheuse Delphine Talbot de l'Université de Toulouse et qui, elle, travaille sur color and care. Donc, comment elle travaille avec la pharmacologie, comment elle travaille sur l'aspect médicinal des teintures.

  • Vanessa Mardirossian

    Ouais c'est incroyable, et là ça a un monde super réjouissant.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, mais il y a matière.

  • Vanessa Mardirossian

    C'est incroyable. Ça me fascine. Toutes ces propriétés. En plus de colorer les propriétés des plantes, ça pourrait apporter et porter des vêtements comme médicaments. C'est hyper intéressant. Je vais recevoir des histoires d'Aido. Ça va bien. C'est passionnant. En tout cas, n'hésitez pas, vous avez des publications comme ça.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    moi vous me les envoyez je vais les envoyer ici au TFECONSOS avec grand plaisir plus on avance mieux c'est mais je vais envoyer tout ça j'ai envoyé tout ça juste là pour dire l'aspect médicaments c'est quand je parle avec les chimistes c'est apprendre avec modération aussi parce que c'est dire Vanessa déjà au départ on se dit bah tiens tout ce qui est chimique mais Vanessa tout est chimique tout est chimique est-ce que c'est toxique et c'est non toxique parce que même ta plante elle a une activité biologique qui peut être nuisible donc c'est pas parce que c'est naturel que ça va être bon Donc c'est pour ça qu'encore une fois, on travaille avec le pharmacien, le pharmacologue, de se dire Ok, quelles sont les propriétés actives qui sont dans les plantes et qui vont rester dans mes teintures ? Donc ça, elle est en train. elle en parlera très bien Delphine donc voilà toute cette communauté finalement on a un océan qui nous sépare mais je veux dire la motivation est la même l'intérêt est le même et je pense qu'on avance et dans la troisième, donc là j'ai parlé du grand public, des futurs designers mais il y a aussi les preneurs de décision donc les preneurs de décision c'est les industriels, les politiciens et là grâce à cette année passée à être public scolaire j'ai J'ai pu mettre le doigt parce qu'on avait des formations sur justement comment on transforme une problématique en projet de loi. Et là, j'étais très contente de voir qu'en France a été votée la loi anti-fast fashion ou anti-ultra-fast fashion. Donc ça aussi, je l'ai relayée sur mes réseaux sociaux. Donc en fait, j'ai appris à partir d'une problématique à aller voir le politicien de mon quartier. Donc ici, moi c'est le quartier Ville-Saint-Laurent par exemple, qui est la personne en charge. Donc avancer cette problématique et comment cette personne, donc être convaincante déjà à mon étape, puis après comment cette personne va s'approprier la problématique et va la porter à la Chambre des communes pour en faire un projet de loi. Donc il y a vraiment un gros potentiel là. pour faire avancer les choses aussi. Il y en a qui se disent que ça va venir du consommateur. Je vote avec mon argent. Mais moi, je pense qu'il faut prendre ça comme de tous les côtés.

  • Vanessa Mardirossian

    On est tôt.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    On est là-haut, on atteint le politique, l'industriel. Dans mes entrevues, j'ai questionné des industriels qui ont plus de 6 000 employés avec des milliers de boutiques. C'est-à-dire, quelle est votre vision sur 5 ans ? Ma vision, c'est d'ouvrir encore une énième boutique. Peut-être qu'aujourd'hui, si vous abordez la décélération, vous allez peut-être être le leader de demain. Parce que justement, comment on peut décélérer en produisant moins ? C'est déjà, vous allez économiser, puis pouvoir investir dans des méthodes. comme on parlait peut-être tout à l'heure, d'améliorer la longévité des vêtements ou d'améliorer, de raviver les teintures de mes vêtements. Donc, il y a tout un monde.

  • Vanessa Mardirossian

    C'est génial, Vanessa. Franchement, je suis hyper contente de vous avoir et de vous entendre parce que franchement, je vous assure que je suis moins seule. C'est horrible, mais j'ai l'impression que cette approche en étoile dont vous venez de parler, c'est exactement ça. Il n'y a pas une solution. Vous parlez de la couleur des gens, il y en a plein. Il faut toutes les actes jaguées pour que ça bouge. Je voulais vous faire reprendre sur une autre question.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc vous avez parlé du retour à la terre, de l'agriculture territorial, j'ai rencontré Davia Milon que vous aviez invité aux zones grises de la couleur à travers le prisme des années 2000. Je vous l'ai dit dans le podcast, je donne beaucoup la parole aux agriculteurs, de par ma formation aussi, c'est un des sujets qui m'intéresse, mais je pense que c'est la base de tout. Quels sont vos souhaits pour cette filière territorial ? Comment vous envisagez les choses ? Vous savez, c'est des exemples de Jean-Luc, on a conscience qu'on n'est pas suffisant si on veut répondre à des gros acteurs. Comment vous la voyez ? Comment vous la percevez aujourd'hui, cette vie d'artisanat ?

  • Vanessa Mardirossian

    C'est vrai que le lien à la terre est très important et aussi le lien à la santé de la terre, à l'amélioration de la santé de la terre. Là, on le voit en France, je suis les nouvelles tous les jours, le nombre d'inondations qu'il y a parce que justement la terre n'est pas capable. Il y a une grande sécheresse. Donc quand on travaille la terre avec des plantes teintoriales, la terre, on le disait tout à l'heure, elle redevient meuble, donc elle est plus capable de garder l'eau. Donc ça, c'est une des problématiques, il n'y a pas que celle-là, mais ça contribue à améliorer la santé des sols. Tout à l'heure, je parlais du documentaire Demain de Cyril Dion, dans une des idées, c'était de se dire, je vais prendre tout l'espace public abandonné, il y a plein de terrains vagues. abandonnées, sales, je veux pouvoir cultiver des choses qui sont disponibles pour le grand public. Donc, on le voit, je ne sais pas si on le voit en France, mais ici à Montréal, par exemple, sur les trottoirs, il y a des jardins où on peut se servir. Donc, on apprend à se servir avec parcimonie aussi. On peut se servir du basilic, du persil, des tomates avec parcimonie. Donc, il y a une espèce, moi je dis, c'est très important de responsabiliser le citoyen parce qu'on parle toujours de consommateur. on nous a mis dans une case consommateur. Donc, qu'est-ce qu'il fait le consommateur ? Il consomme. Je pense qu'il faut sortir de cette dénomination de consommateur. Le choix des mots est important. On est des citoyens responsables. Et la terre sur laquelle on vit aujourd'hui, on nous l'a prêtée. On doit en prendre soin pour la génération future. Donc ça, c'est beaucoup le discours des écologistes, finalement. Parce que moi, c'est très ancré dans l'écologie. Quand je parle de... design éco-responsable ou que je parle d'éco-littératie, il y a vraiment une connaissance, enfin, j'ai même pas fini, je crois, sur l'éco-littératie textile tout à l'heure, c'est de se dire, qu'est-ce qu'on est, de quoi on est fait, et quel est l'impact de ce que je produis sur le vivant ? Donc, en produisant des plantes autour de nous, donc il y a plusieurs personnes qui font ça, quand je parlais tout à l'heure du documentaire Demain, c'était de se dire, il y a des jardins, des... inhabitants, qu'on n'utilise pas, où on peut faire pousser des choses. Et à Montréal, il y a Abie Abie, Myriam Rochon, qui elle s'est lancée en 2015, en fait elle avait une formation en design graphique, et elle trouvait ça assez polluant tout ça, donc elle a fait une deuxième formation en horticulture, et là elle s'est formée aux plantes teintoriales, et elle va demander aux personnes, aux propriétaires des terrains vagues, est-ce que je peux utiliser votre terrain pour faire pousser des plantes tectoriales ? Donc, comment, en faisant pousser des plantes tectoriales dans la ville, on va aussi faire du bien aux pollinisateurs, aux abeilles, parce qu'on a parlé du sol, mais tout ça, là, on en est, je ne sais pas, on voit des choses dramatiques, on voit les, je ne sais plus, je ne sais pas si c'est en Chine ou quoi, les Chinois qui pollinisent à la main les fleurs, parce que les abeilles, elles sont en train de mourir. Il faut prendre soin du vivant, et il faut remettre il y a un petit dessin que je vous enverrai d'ailleurs il y a égo égo versus écho et on voit l'homme, l'humain au-dessus de la hiérarchie et l'humain parmi le monde du vivant donc c'est ça qu'il faut travailler, donc je dirais moi pour le teintorial en particulier c'est d'avoir une approche citoyenne de la couleur parce que la couleur elle irradie elle a un impact beaucoup plus grand que le... que le joli bleu ou le joli jaune qu'on va porter, mais sur l'impact de la santé, de l'environnement, et donc de la planète, et par extension des changements climatiques aussi.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et du coup, Vanessa, si on devait imaginer une production teintoriale plus importante pour répondre à des besoins en teinture, en cosmétiques, dans d'autres applications, ça passerait ? par la culture, ça passerait par la valorisation des déchets, ça passerait par la valorisation des déchets alimentaires en frise, qu'on voit directement à la métallisation, alors qu'on pourrait en faire quelque chose. Vous voyez le source industrielle entre guillemets ?

  • Vanessa Mardirossian

    Non, en fait, justement, elle n'est pas unique. Elle n'est pas unique parce que, comme on voit en écologie, on a un impact, nous, humains, À partir du moment où on est et qu'on respire, il y a un impact. Donc, quoi qu'on fasse, si on le fait à petite échelle, petit impact, grande échelle, grand impact. Moi, je pense qu'il faut diversifier les sources. Donc, tout ce que vous venez de citer, l'agriculture, la valorisation de déchets, les bactéries, pourquoi pas. Mais tout le monde a sa place à petite échelle, parce qu'à grande échelle, l'impact est vraiment très très grand. C'est très très grand. C'est comme les teintures synthétiques. Je ne dis pas qu'elles n'ont pas leur place. On parle de chimie verte. Donc comment la chimie verte va pouvoir aider à sélectionner ça ? Donc on voit par exemple Rich ou EPA qui font la sélection un petit peu, mais on voit que c'est très complexe parce qu'il y a des milliers de molécules, comme l'explique... mon chimiste organisé avec qui je travaille, il me dit tu changes une mini chose, c'est une nouvelle molécule. Donc c'est très dur de pouvoir valider l'inocuité ou la toxicité d'une molécule, surtout que des fois, elle paraît inoffensive en isolation, mais quand elle est en interaction avec d'autres, comme on parle et qu'on vit aujourd'hui dans un cocktail, une soupe chimique, comme dit Daniel Goleman, un cocktail, on est exposé de façon chronique et mini-dosée à un cocktail de molécules dont on est incapable de dire l'impact qu'il a aujourd'hui et qu'il aura demain sur notre santé et sur celle de nos générations. Parce qu'on voit que les femmes enceintes, en fait, et les femmes en âge de procréer, le cerveau de leurs enfants est fortement impacté par toute la toxicité ambiante. Et les teintures y contribuent. grandement alors j'aime bien aussi l'idée du colibri de Pierre Rabhi et Cyril Dion qui avait monté l'association Colibri, vous connaissez l'histoire du petit colibri ? l'histoire du petit colibri c'est il y a un incendie immense dans une forêt et le petit colibri il arrive avec son petit bec il va chercher l'eau à la rivière et il éteint il les jette sur les flammes, il revient il fait des retours, une dizaine puis tous les animaux de la forêt ils commencent à se moquer de lui en disant, ben là, tu crois que tu vas éteindre ton feu avec ton petit bec et tout ? Il dit, non, mais au moins, moi, je fais ma part. Donc si toi, le gros éléphant, tu vas, avec ta grosse trompe, contribuer à éteindre le feu, tu iras beaucoup plus vite, c'est sûr. Mais le tout, c'est que chacun fasse sa part. Donc ça, ça m'a aussi beaucoup inspirée. Donc moi, je fais ma part à mon niveau de designer, de designer textile. quand vous m'avez demandé qu'est-ce qui était important, et voilà, je parlais que les teintures synthétiques aussi, elles ont leur place, mais à échelle minime. Là, elles ont trop, trop de place, donc trop, trop d'impact. Et aussi, voilà, ces molécules qui, quand elles sont testées en isolation, elles paraissent, ben non, ça va, cette molécule-là, c'est pas problématique. Mais, et dans le cas des colorants azoïques les plus utilisés en teinture, eh ben, leur dangerosité, c'est quand elles se dégradent. parce que quand elle se dégrade lors du lavage, dans les eaux, tout ça, elle dégage des amines aromatiques qui sont cancérigènes. Donc ça aussi, c'est une problématique qu'on a du mal à évaluer. Et donc, le cycle de vie permettrait de mettre en avant. Donc oui, les teintures synthétiques, on leur place, par exemple, pour tout ce qui est… le sportswear, le plein air, encore que vous savez que les bactéries sont capables de teindre le polyester. Les bactéries sont capables de teindre le polyester. Donc, il y a eu d'ailleurs une collection capsule, il y a quelques années, entre Living Colors, le collectif Living Colors, et la marque Puma, qui avait créé cette collection, Design to Fade, et qui justement ouvre la discussion et permet aux couleurs justement de devenir plus fades pour pouvoir peut-être, de collection après collection, et là, il y a un business pour ceux qui veulent faire du profit, de se dire, je peux reteindre, surteindre. Ce n'est pas un problème. La couleur, elle est vivante, comme vous, comme moi, comme les plantes qui m'entourent. Donc, elle a le droit de vieillir, elle aussi. Et si la fibre est belle, on peut pouvoir en changer la couleur et juste en la reviver.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je sais pourquoi je voulais vous le dire tout à l'heure, c'était sur la santé. J'ai reçu une chercheuse du CNRS qui a écrit un livre qui s'appelle Audrey Nier, qui a écrit le livre noir de la mode. Je crois que c'est l'épisode 15 du podcast. Non, c'est pas l'épisode 15. C'est l'épisode... Je vous retrouverai l'épisode. Et en fait, j'ai pris une part parce que le monde du textile, je le connaissais. Je savais qu'il avait un impact, mais je ne savais pas qu'il avait tant d'impact. Et en fait, il y avait tous les impacts du textile, et notamment sur la part de la santé. Et je me suis dit, moi qui ai suivi, côté alimentaire, des gros sujets de société comme le goût jaune, l'animal, des trucs qui sont d'un excès au niveau planétaire. Je me suis dit que le boulot de chambre de pandémie, c'est sûr. Parce que si on commence à sortir des preuves comme ça, et elle, elle dépendait un texte, un texte, et un, et un, sur l'impact des textes sur l'incinèrement des mamans. J'ai lu un texte que j'ai, je pourrais vous le passer, quand j'ai vu cet impact-là, je me suis dit, mais pourquoi personne n'en parle ? Alors, il y a quelque chose qui est sorti sur les pires espaces, dont vous en parliez tout à l'heure, qui reste en permanence. ça touche un peu ce sujet-là. Les gens parlent vraiment de la main-d'oeuvre sur la santé. Et je me suis dit, dès que quelqu'un va s'investir, des reportages, des chiffres, des infos là-dessus, c'est sûr que d'un coup, on va se trouver sur d'autres solutions. Et que là, la couleur végétale, la teinture végétale, etc., elle va pouvoir avoir un peu de place et un prix inférieur. Mais pendant que personne ne sort de dossiers, il se fait... C'est pas moi et moi avec le podcast qui va révolutionner le truc. Je veux dire, je pense que le prochain groupe en l'air, c'est l'impact de la VRT sur la santé, l'eau, l'environnement, le sol. On en parle depuis le début de notre échange. Dès que ça, ça va se faire. je pense que ça va vraiment avoir des grosses répercussions.

  • Vanessa Mardirossian

    C'est clair, oui, il y a beaucoup de livres. Et puis moi, je dis, moi, j'en suis le témoin numéro un, puisque je l'ai vécu. L'impact sur la santé, je peux en parler un tout petit peu. C'est que quand je travaillais dans mon atelier, je travaillais donc avec de la sublimation. Donc, j'avais une grosse machine industrielle pour imprimer à 200 degrés, donc des formats de 2,10 m par 1,10 m. Et donc, je travaillais avec ces encres dispersives. et j'avais jamais fait le lien avec ces problématiques-là avec la couleur, donc il n'y a pas vraiment d'extracteur approprié, puis j'ai imprimé des grands métrages, et puis ça fait de la fumée, parce qu'en fait c'est un processus, on part d'une teinture qui est sur un papier, et qui par la chaleur va pénétrer le textile par technique gazeuse. Et donc, ça sort vraiment dans l'air. Et puis, ma chercheuse en santé environnementale m'a dit, Vanessa, il y a trois voies de pénétration dans le corps. La plus grande, la plus importante, c'est l'inhalation. Après, il y a le contact cutané, puis il y a l'ingestion. Et donc, moi, je respirais toutes ces molécules-là, puis c'est impossible d'avoir mon deuxième enfant pendant quatre ans, dans une période d'infertilité de quatre ans. et puis tout un travail pour travailler l'insémination, on ne fait rien, rien, rien. Et finalement, après, une hystérosalpingographie, c'est-à-dire un examen qui fait un karcher dans les troncs. Le mois d'après, j'étais enceinte, mais mon enfant a une mutation génétique très importante. Donc quand on parle de colorants avec des troubles d'apprentissage et tout ça, c'est pour ça que des livres comme Only One Chance de Philippe Grandjean qui parle de l'impact des polluants sur le cerveau parce qu'il y a vraiment un moment de la formation du cerveau, je crois que c'est la huitième semaine ou je ne sais pas si il y a des molécules chimiques, synthétiques qui rentrent en contact avec le placenta ou quoi, ça a un impact pour la vie sur l'enfant et donc quand je vois que mon enfant a une importante modification génétique et avec tous ces troubles d'apprentissage, et qu'on voit que les molécules colorantes synthétiques, on les appelle cancérigènes, mais aussi mutagéniques, reprotoxiques et neurotoxiques, c'est sûr qu'il y a un impact sur les générations futures. Et en fait, le prix qu'on pense ne pas être cher aujourd'hui, c'est le prix que va payer la société dans 10, 15, 20 ans, quand on voit que de plus en plus d'enfants ont des troubles d'apprentissage, de l'autisme. Un enfant sur 68, les chiffres sont sortis aux États-Unis, qui ont un trouble du spectre de l'autisme. Donc c'est énormément d'impact.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    à lanterne ça on parle ça au sujet de l'impact sur l'autisme des gens qui sont en contact avec les polluants de la teinture c'est incroyable vraiment donc j'invite à lire ce livre de la Onchance et

  • Vanessa Mardirossian

    ce le livre Noir Bonheur d'Amour pour ceux qui ont envie vraiment d'avoir un rappel des faits parce que c'est vraiment il y en a un nouveau qui est sorti il y en a un nouveau qui est sorti là c'est To Die For To Die comme la comme la teinture, c'est D-Y-E, To Die For. Donc, le To Die For qui est sorti en 2023, c'est de Alden Wicker, A-L-D-E-N Wicker, W-I-C-K-E-R. Et un livre aussi qui m'a beaucoup inspirée pour tout l'aspect historique des colorants et de l'impact des colorants synthétiques, c'est Fashion Victims qui est donc de Alison Matthew David. mais je vais vous envoyer tous ces liens donc là ça explique vraiment les débuts de la teinture synthétique les problématiques de toxicité qui se sont révélées dès le début et les problèmes de santé mais malgré tout en fait parce que c'était facile parce que c'était pas cher parce qu'on pouvait en produire beaucoup parce que ça faisait plein de couleurs merveilleuses et bien on a poussé la recherche et il y a eu beaucoup de financement

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ok, super donc ça, ça sera pour la partie livre je voudrais arriver sur des questions un peu plus rapides d'échange pour aujourd'hui, quelles sont les personnes inspirantes sur cette histoire de la couleur végétale avec votre vision du monde à qui vous pensez ?

  • Vanessa Mardirossian

    Je pense vraiment, comme je disais tout à l'heure aux personnes qui sont dans l'action et qui sont sur le terrain Donc, évidemment, moi, j'ai mis Dominique Cardon. Sandrine Rosier, je suis allée visiter son atelier. Je trouve exceptionnel ce qu'elle fait au niveau grande échelle aussi. On a parlé, elle a travaillé avec Léman aussi, je crois, pour le film… Astérix. Astérix. Anne de La Sayette… Anne de la Sayette, Patrick Brenac pour le lien qu'ils font entre l'agriculture et l'extraction de colorants. Michel Garcia pour toute la connaissance et la transmission. En fait, je suis vraiment très admirative des personnes qui sont dans la transmission. Beaucoup, donc je montre, j'agis, je transmets et je fais connaître. Donc, Maïwa et... botanical colors pour moi aussi elles sont très très inspirante, évidemment. Dalia Milon aussi, je suis allée visiter son champ à Kamouraska. Mille plants d'indigo, beaucoup, beaucoup, beaucoup de fleurs, énormément de potentiel. Voilà, Abi Abi, Myriam Rochon, qui arrive comme ça à prendre ces espaces perdus. En fait, j'aime la valorisation de ce qu'on pense inintéressant. Voilà, on ne le regarde pas, on pense que ça n'a pas de valeur. mais ça a un potentiel énorme. Ça rejoint un peu une des questions que vous m'avez posées, si j'étais une plante tinctoriale laquelle j'aimerais être, mais moi j'aimerais être une source colorante à valoriser. En fait, quelque chose qu'on pense inutile, mais qui a un potentiel énorme à produire avant compostage. Donc Dominique, d'ailleurs, me parlait d'un ami qu'elle a aux Philippines qui a développé une belle teinture vieureuse à partir de la coquille externe des noix de coco, qu'on n'utilise pas pour la peau, autrement ou alors encore Michel Garcia qui avait fait cette recherche sur un beau jaune à partir de feuilles d'artichaut donc voilà comment la région produit des déchets qu'on va pouvoir valoriser donc moi j'aimerais être une de ces molécules colorantes là quelque chose qu'on pense insignifiant mais au grand pot au ciel qui renferme un trésor

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Top. Je voulais savoir, est-ce que vous avez écouté des épisodes de podcast Arrivé en Vert ? Est-ce que vous me suivez ? Est-ce que vous pouvez nous dire qui vous appartient à faire mon marché ?

  • Vanessa Mardirossian

    Oui, bien sûr, j'adore. Quand vous m'avez contactée, moi, j'étais déjà fan. Oui, oui, oui, oui. Et même mon chimiste aussi, il écoute et me dit écoute celui-là, écoute celui-là. Il me donne des conseils et tout. Donc vraiment, c'est une belle initiative que j'encouragerai, je partagerai dans... dans mes réseaux. J'aime beaucoup celui avec Dominique Cardon et Sandrine Rosier, quand elles parlent de leurs ateliers, parce qu'on a beau lire le livre, on a beau leur parler en vrai, il y a toujours des anecdotes. C'est ça qui est bien dans le podcast, c'est qu'on n'est pas figé à un texte et que la discussion est organique. Et donc, elles expliquaient, elles donnaient des petites anecdotes. En fait, quand elles racontaient, par exemple, en fait, on n'en savait pas plus que nos participants. On embarquait sur un bateau avec eux. et on partait à la découverte et c'est ça qui est beau, rester humble et curieux malgré tout c'est ça qui va faire qu'on va pouvoir faire des nouvelles découvertes encore parce que comme dit Dominique Ardon il y a tellement de plantes encore qu'on n'a pas découvertes et qui disparaissent à vitesse grand V ça

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    me fait penser à l'épisode avec Henri-José de Guadeloupe Pareil, il dit que régulièrement, il y a des sources territoriales, il envoie le nom des plantes, qu'elles ne connaissaient pas, ils ont des propriétés. Ce n'est pas terminé, il y a encore des sources. On a parlé il y a les plantes en vaillant. J'étais en stade, j'étais chez Anne Garcellet, et il me dit qu'il y a un sac du dos, qui est des 100 plantes en vaillant. elle donne un jaune magique et donc je suis en train de chez moi j'ai reçu ce jaune extraordinaire et je me suis dit dans les semblances j'ai regardé les semblances envahissantes j'ai regardé dans le détail je sais qu'il n'y a déjà pas de la peinture donc ça peut être en plus de magnifier des fibres naturelles ça peut en plus être une solution pour réduire l'impact de tout ça vraiment utiliser les plans au meilleur moi ça me résout oui j'aimerais vraiment qu'on ait déjà des soutiens des projets de recherche des initiatives et à l'histoire et mettre un peu la rue par rapport même un quart de ce qui est donné pour les politiques je suis sûre je suis sûre qu'on ferait des magnifiques et qu'on avancerait franchement ça c'est un peu pieux j'avais une question Vanessa je pense que c'est la dernière merci Qui vous aimeriez ? C'est votre micro.

  • Vanessa Mardirossian

    qui vous pensez intéressant une approche particulière pour le podcast c'est vrai la personne à qui je pensais c'était Rachel McHenry elle parle un peu français mais je ne sais pas où je la trouve admirable parce que déjà comme je disais je l'ai connue en 96 quand on faisait la maîtrise à Londres et déjà elle était très très enthousiaste et à soutenir les communautés. Elle travaille avec le Népal à l'époque. Là, elle travaille beaucoup avec le Pakistan. Elle travaille beaucoup avec les communautés en Inde. Donc, ils soutiennent les familles parce que les teintures naturelles, c'est aussi beaucoup de communautés. Et donc, elle, moi, je pense à elle, Rachel McHenry, qui est, non seulement elle est designer textile, elle est professeure à l'école de design de Toronto. et elle est aussi entrepreneur parce qu'elle travaille avec ses communautés et puis elle monte des collections en travaillant avec eux donc c'est elle que je pense

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Qu'est-ce que vous souhaitez pour la suite et votre projet ? Qu'est-ce qui va découler de votre projet ?

  • Vanessa Mardirossian

    Je pense aussi, excusez-moi mais en deuxième non mais je pense aussi à Myriam Rochon Myriam Rochon qui est de Habi Habi parce qu'elle C'est intéressant son parcours, sa prise de conscience, de dire mais tiens, c'est toxique et d'aller en horticulture pour revenir au textile. Donc ça, c'est intéressant. Et puis Nadia Bounian aussi, qui était parmi les invités, qui est designer textile et qui elle aussi, c'est très important pour elle, la traçabilité, elle est très proactive. C'est elle qui fait pousser des champs de plantes sectorielles au parc Jean Drapeau, au parc de Boucherville, à Montréal, et qui en même temps est designer de mode. Donc...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Top.

  • Vanessa Mardirossian

    Voilà, c'est ça. La dernière question, c'était ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Votre projet, c'est quoi la suite en fait ? Là, vous faites votre thèse, donc vous allez publier votre travail. Qu'est-ce que vous souhaitez ? Alors, vous avez publié une chaire d'objets.

  • Vanessa Mardirossian

    Oui.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Quels sont vos souhaits pour continuer dans cette thématique ?

  • Vanessa Mardirossian

    Alors, idéalement, moi, c'est un poste de professeur. à l'école supérieure de mode, c'est mon domaine la mode, j'ai commencé par un BEP, j'avais 15 ans, et aujourd'hui voilà, à mon âge que je ne dirai point, donc je suis toujours intéressée par, et curieuse, et dans la transmission, donc idéalement dans le cadre de l'école de mode, mais en fait ce doctorat m'a ouvert énormément de perspectives, donc ça pourrait être dans plein de domaines. de recherche autour de la couleur, mais évidemment le lien avec le design, donc l'école de design, l'école de mode, pour être à la place stratégique, pour sensibiliser les futurs designers, les former. Et aussi, quand je parlais de cette chaire de recherche, avoir l'opportunité d'avoir des demandes de subventions, de publier, de chercher, de faire des analyses de cycles de vie, et d'expérimenter encore avec la couleur non toxique. je dis non toxique parce qu'elle est peut-être végétale mais elle est peut-être autre chose on sait pas super,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    merci pour ce super témoignage j'ai adoré j'espère qu'on n'a rien si vous avez d'autres choses à ajouter non,

  • Vanessa Mardirossian

    je pense que on a bien fait le tour là c'était vraiment intéressant je vais vous envoyer des références de livres et des liens aussi vers des articles que j'ai écrits en public merci et voilà le prochain à suivre aussi je vous dirai scientifique voilà merci beaucoup pour l'invitation, honorée de faire partie de cette belle communauté d'échange, merci beaucoup pour votre travail de visibilité parce qu'on en a beaucoup besoin donc voilà,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    on est tous des petits colibris merci je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ArtEcoVert A-R-T-E-C-O-V-E-R-T pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix. C'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous ! Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale indigo tendance innovation

Description


Désolée pour ma voix en mode fête forraine ! Heureusement pour Vanessa Mardirossian le son est impeccable.


Saviez-vous que les teintures synthétiques représentent une menace non seulement pour notre santé, mais aussi pour l'environnement ? Dans cet épisode captivant du podcast ArtEcoVert, Pauline Leroux reçoit Vanessa Mardirossian, designer textile et chercheuse passionnée, pour explorer l'univers fascinant des teintures végétales et des plantes tinctoriales. Ensemble, elles discutent de l'importance cruciale d'intégrer des alternatives durables dans l'industrie de la mode, tout en mettant en lumière l'impact positif des colorants végétaux sur notre planète.


Vanessa partage avec enthousiasme son parcours, de ses débuts en design de mode à sa prise de conscience des dangers des teintures synthétiques. Cette révélation l'a conduite à explorer les merveilles des pigments végétaux comme l'indigo et la garance, qui non seulement embellissent nos textiles, mais enrichissent également la biodiversité et la santé des sols. Dans un monde où la durabilité est devenue une nécessité, cet épisode est une véritable invitation à repenser notre rapport à la couleur et à la mode.


Au cours de cet échange inspirant, Vanessa évoque des projets innovants et des collaborations avec des experts pour promouvoir l'utilisation de colorants biosourcés et de fibres naturelles. Elle insiste sur la nécessité d'une approche multidisciplinaire pour intégrer la couleur végétale dans nos choix vestimentaires. Les tanins et autres éléments naturels sont mis en avant comme des solutions viables pour réduire notre empreinte écologique tout en célébrant la beauté des nuances offertes par la nature.


Ce podcast n'est pas seulement une discussion technique, c'est un véritable voyage au cœur d'un jardin tinctorial, où chaque teinture raconte une histoire et chaque couleur a un sens. En découvrant ces alternatives, vous serez encouragés à faire des choix plus éclairés et plus respectueux envers notre planète.


Rejoignez-nous pour cette conversation enrichissante qui éclaire le chemin vers une mode plus verte et plus consciente. Pour en savoir plus sur les initiatives de l'agriculture tinctoriale et les tendances actuelles, ne manquez pas cet épisode inspirant. Belle écoute !


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Bonne écoute


Pauline



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de Valeur. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans nos vies. Alors c'est parti, bonne écoute ! Bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast à récréer Vanessa Mardirossian. Bonjour Vanessa.

  • Vanessa Mardirossian

    Bonjour Pauline.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc avec vous, on part au Canada, ça c'est chouette, parce qu'il y a beaucoup de francophones qui écoutent notamment le podcast, donc ça fait plaisir. Je vous ai découvert lors des zones grises de la pleuve à travers les prismes de Seine textile. C'était un événement que vous avez organisé qui rassemblait beaucoup de monde de divers endroits et je suis connectée de mes vacances. Et je vous ai découvert à ce moment-là. Et je me suis sentie beaucoup moins seule. Je me suis dit, j'ai fait un... Avant, j'ai déjà pensé, mais il y avait des gens qui cherchaient à me tuer, à garder, à faire parler différents mondes, et qui faisaient énormément de recherches sur l'être en avant de la couleur végétale. Donc, Vanessa, j'aimerais que vous puissiez, en vous présentant aux auditeurs à réconverser, raconter un petit peu ce que vous êtes, votre parcours et comment vous en êtes arrivée finalement à cette valeur végétale dans ce parcours.

  • Vanessa Mardirossian

    Très bien, ben oui avec grand plaisir. Donc ben moi à la base c'est vrai que je vis au Canada, à Montréal depuis 16 ans maintenant. À la base je viens de France, je viens de Nice, du sud de la France et j'ai fait mes études en design de mode. Donc j'ai commencé même par un bac en art appliqué à Antibes puis après je suis montée à la capitale. J'ai fait mes études à l'école Dupéré en design de mode. Et puis j'ai fait mon DSA en mode et environnement. Et ensuite, je me suis rendue compte en fait que j'avais moins d'idées pour tout ce qui était forme des vêtements, mais plus pour tout ce qui était matière. Donc, j'ai souhaité continuer mes études en faisant une maîtrise à la Centrale Saint-Martin à Londres en design textile. Et puis, suite à ça, j'ai commencé à travailler en tant que designer textile indépendant pour la haute couture, le prêt-à-porter, les bureaux tendance. Et j'ai travaillé comme ça pendant dix ans. J'avais mon propre… Atelier boutique à Nice, et je travaillais pour Christian Lacroix, Chanel, Kenzo, Louis Vuitton, pour Nelly Rodi, et dans la prospection, dans les pièces uniques en fait. Je faisais vraiment des panneaux de textile imprimés en pièces uniques, puis là les couturiers coupaient dedans, puis ils faisaient des modèles. Pendant cette période, c'est vrai que j'ai eu quelques problèmes de santé. mais je n'ai jamais fait le lien entre les teintures synthétiques que j'utilisais pour travailler et mes problèmes de santé. Ensuite, je suis partie au Canada, mais ça on va y revenir après. Je suis partie donc au Canada, et là, il me manquait une corde à mon arc. J'ai dit, tiens, je n'ai jamais travaillé dans l'industrie, donc j'ai commencé à travailler dans l'industrie pour la fast fashion à Montréal. Et puis, au bout de six ans, j'avais fait un petit peu le tour et je me suis dit, là, comme je suis assez curieuse à chaque fois, je peux toujours me lancer des nouveaux challenges. Donc, j'ai dit, j'aimerais bien enseigner maintenant. Je pense que j'ai une vision 360 degrés de la mode et du design textile en particulier. Donc, je pense que j'ai envie de transmettre. Donc, j'ai approché l'école supérieure de mode de l'UQAM, l'Université du Québec à Montréal. et là ils m'ont dit écoute Vanessa c'est super t'as tout ce qu'il faut mais ce serait super de faire un doctorat pour atteindre des postes de professeur en fait c'est important d'avoir un doctorat donc j'ai dit un doctorat qu'est-ce que c'est j'y avais jamais pensé et je me suis lancée dans cette nouvelle aventure et là il fallait trouver un sujet, une thématique donc j'ai commencé à regarder un petit peu beaucoup de documentaires sur la mode, sur les textiles et là il y a un documentaire en particulier qui m'a interpellée c'est un rapport de Greenpeace de 2015 qui s'appelait Toxic Threads et qui parlait de l'impact que pouvaient avoir les teintures synthétiques sur la santé. Et c'est là que la prise de conscience s'est faite par rapport à mes propres problèmes de santé, où à l'époque je travaillais avec du polyester, avec des encres dispersives, des techniques de sublimation. et où j'ai eu des problèmes d'infertilité, des problèmes de mutations génétiques avec mon enfant. Donc tout ça, je faisais le lien. Je n'ai pas cherché des réponses forcément, mais en tout cas, ça a eu un impact sur ma pratique de designer. Donc c'est comme ça que j'ai souhaité entreprendre une recherche multidisciplinaire où j'allais allier le design, la santé environnementale et la chimie. Donc, dans le cadre de ma thèse, tout ça, c'était il y a 7 ans, parce que j'ai commencé en 2017. Et en 7 ans, normalement, une thèse, c'est 4 ans. Là, je suis en phase de rédaction de thèse. Mais en 7 ans, j'ai quand même appris de nouveaux métiers, donc celui d'enseignante et celui de chercheur. Parce que j'ai découvert un nouveau monde, en fait, la recherche en design, et comme on l'appelle ici au Québec, la recherche création en particulier. C'est quelque chose que je ne connaissais pas du tout et qui ouvre des portes et des opportunités incroyables pour faire des ponts avec différentes disciplines, mais aussi pour aller en profondeur dans une thématique. Parce que ce que je dis toujours, c'est que quand on est dans l'industrie, dans le monde du travail, tout va trop vite. Bon, en plus quand on est dans la... fast fashion, mais tout va trop vite, de toute façon on n'a pas le temps de réfléchir, il y a des délais, il y a des saisons, il faut sortir des collections. Donc là c'est un moment où on peut avoir cette réflexion un peu plus profonde sur nos pratiques. Et j'ai commencé cette recherche création, où là un peu ce qui est au cœur de ma recherche c'est ce que j'appelle l'éco-littératie textile. Donc qu'est-ce que c'est l'éco-littératie ? C'est un concept qui a été lancé par le pédagogue David Orr, un pédagogue américain en 1990, qui s'était rendu compte en fait que dans nos enseignements traditionnels, il y avait une grande déconnexion avec notre environnement. Donc tout est centré sur l'humain, les besoins de l'humain. Donc là c'était de se dire d'où on vient, de quoi on est fait, de quelles molécules on est fait. On se rend compte qu'on est fait des mêmes molécules que tous les êtres vivants qui nous entourent, les plantes, les animaux, et qu'on n'est pas au-dessus de la hiérarchie du monde des vivants. mais qu'on en fait complètement partie. Et ce que ça apprend aussi, c'est que les matériaux qu'on utilise, ils ne vont pas disparaître dans l'atmosphère. Tout est recyclé, tout revient. Donc quand on crée des molécules synthétiques qui sont persistantes et qu'on n'arrive plus à dégrader, on a une problématique après de recyclage et aussi de déplacement de ces molécules qui deviennent une pollution pour l'environnement. Donc voilà un petit peu le début de mon parcours.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, alors du coup ça c'est le parcours, et alors le lien avec la couleur vegetale ?

  • Vanessa Mardirossian

    Alors, c'est vrai que je suis partie de la couleur synthétique. En tant que designer textile, c'est mon outil de travail, la couleur. Et je l'ai toujours utilisé comme un aspect un peu esthétique. Un beau bleu, un joli rouge, un jaune vibrant, une gamme de couleurs pantone aussi. On doit suivre une tendance. Mais jamais je suis allée voir ce qu'il y avait derrière la couleur. Et quand on va voir un petit peu ce qui est derrière la couleur, on se rend compte que... il y a des risques en fait. Donc là j'en suis, comme je disais dans la rédaction de ma thèse, dans le premier chapitre je fais un petit peu un historique des teintures végétales, un historique des teintures synthétiques, et un historique des teintures biotechnologiques, parce qu'aujourd'hui tout ce qui est dans des approches un peu prospectives de la couleur, on travaille avec le vivant, on travaille avec des... des bactéries, certains designers et chercheurs travaillent avec des bactéries ou des algues donc je me suis un petit peu intéressée à ces trois mondes là grâce à ça et dans le cadre de ma recherche je fais des entrevues, donc c'est pour ça que j'ai rencontré tout un panel d'experts incroyables dont l'historienne, archéologue, ethnographe Dominique Cardon que vous avez aussi reçu sur votre podcast et que j'ai écouté avec grand intérêt donc ces personnes là sont capables, sont gardiennes de ces connaissances, de ces savoirs. Quand je disais à Dominique, ces savoirs perdus, elle dit Mais non Vanessa, ils ne sont pas perdus. Je dis Mais ils ne sont pas perdus pour vous, qui travaillez en tant qu'historienne, mais pour, par exemple, les designers comme moi, qui ont été formés dans les années 90, pourtant dans des écoles de renom à Paris ou à Londres, la teinture, on n'en parlait pas. C'était de la teinture synthétique et on ne s'est jamais posé la question ni de... ce qu'elle comportait, ni de comment elle était fabriquée. Donc c'est intéressant de s'intéresser à l'origine de cette matière-là. Donc quand je m'intéresse en particulier aux teintures synthétiques et qu'on voit comment ça a commencé tout ça, à la base en fait c'était vraiment un résidu. en fait au 19e siècle, milieu du 19e vers 1856, on date un peu à cette époque-là avec la découverte de la mauvaise vie de William Henry Perkin, c'était vraiment de se dire comment je peux valoriser ces déchets, ces rebuts en fait de... des origines pétrochimiques qu'on utilisait pour faire des lumières, pour illuminer les villes. Comment on allait utiliser cette houille, ce résidu, pour faire des médicaments ou d'autres valorisations commerciales. Et c'est là qu'on a commencé à faire des encres et des teintures synthétiques. Donc, dès le départ, on s'est rendu compte pourtant qu'il y avait des problèmes de santé connectés à ces teintures-là. et aussi des problèmes de solidité. Elles n'ont pas été opérationnelles dès le départ, donc il y a eu beaucoup d'investissements et de recherches pour qu'on les améliore, ces teintures-là. Parce que justement, elles étaient moins chères, on n'avait pas besoin de faire pousser des teintures, ça paraissait à la base magique un petit peu. Elles étaient moins chères, et là je mets ça entre parenthèses, d'un certain aspect, mais parce qu'on externalise un petit peu le coût environnemental de cette teinture-là. Donc aujourd'hui, on commence à en parler un petit peu, mais ça devient difficile parce que, ça reste difficile parce que quand même l'industrie de la mode, c'est une industrie où beaucoup de profits, avec ce modèle économique de fast fashion qui est né depuis les années 60 en fait, avec en particulier la marque Zara vers les années 1968. je pense, avec cette idée de se dire on va démocratiser la mode, on va la rendre accessible au plus grand nombre. Ce qui, à la base, n'était pas une mauvaise idée, mais ça a créé ce processus d'accélération de production et aussi d'augmentation de profit qui fait que les coûts de production doivent être de plus en plus bas. Donc on cherche des... des produits qui ne sont vraiment pas chers, et donc ce qui fait que l'impact environnemental grandit finalement, puisque ces molécules sont issues de la pétrochimie. Donc pour revenir, parce que je m'éloigne un petit peu, je pars dans mon historique, pour revenir à pourquoi je m'en suis intéressée aux teintures végétales, c'était parce que dans le cadre de ma recherche, je cherchais des alternatives à ces teintures synthétiques qui ont un impact sur la santé et l'environnement. Et donc... les premières... En fait, au départ, avant de contacter tous ces experts, j'ai commencé, puisque dans le cadre d'une recherche-création, on allie et vraiment de façon très liée la théorie et la pratique. Donc, j'ai commencé par les livres, en lisant un petit peu l'histoire des teintures synthétiques et des teintures végétales. Et tout de suite, je suis partie dans le laboratoire où j'ai commencé à expérimenter. Et ce qui m'intéressait, dans le cadre de ma recherche. Je parlais d'écolittératie, qui est un premier grand concept de ma thèse. Le deuxième, c'est le biomimétisme. C'est comment on va prendre le vivant comme modèle. C'est un concept qui a été popularisé en 1997 par la biologiste américaine Janine Benus, qui, elle, se disait qu'on devrait observer les processus de fabrication du vivant, voir comment... le vivant arrive à fabriquer des matériaux à température ambiante et sans produits chimiques finalement. à l'université où j'étudie, qui est l'université Concordia à Montréal, on a la chance d'avoir ce Speculative Life Biolab où on peut travailler et expérimenter avec l'huivant, comme je disais tout à l'heure, et des algues, avec des bactéries. Donc j'ai commencé à travailler avec ces petites bactéries qui sont capables de produire des teintures sous 48 heures et à température ambiante. Donc j'ai fait toute une série de recherches et une exposition sur... ce processus de bactéries. En parallèle de ça, je m'intéressais aussi à tout l'aspect circularité. Quand on parle du vivant, il y a une circularité, c'est-à-dire le vivant, il a un cycle de vie, donc il y a une naissance, il y a une vie, puis il y a une mort aussi. Et cette mort, en fait, elle nourrit la future génération. Donc ce qui m'intéressait, c'est de se dire, de travailler avec des végétaux. qui, avant de retourner au compost, peuvent produire encore, contiennent des pigments. Donc j'ai commencé à travailler avec les déchets agroalimentaires pour fermer un peu cette boucle-là. Donc en parallèle, je travaille avec les bactéries. Il faut savoir que les bactéries... elles viennent de l'environnement, du vivant, elles peuvent venir du sol, elles peuvent venir de lacs. Chaque bactérie produit, chaque souche bactérienne produit une couleur. On a par exemple l'indigofera qui va produire du bleu, on a la serratia qui va produire du rouge, et comme ça on a tout un panel de couleurs, du rose, du jaune, du violet. Et donc d'un côté je travaillais avec ces matériaux un peu prospectifs, innovants, de bio. technologie, et de l'autre, je travaillais avec mes déchets alimentaires. À un moment, je me suis rendue compte et j'ai voulu élargir la palette de ce que pouvait produire la sérachia, par exemple, qui produit du rouge. Donc, je me suis rendue compte qu'en lui donnant des nutriments un peu plus sucrés, salés... elle réagissait de façon différente. En particulier la bleue, l'indigo férenc, qui était plutôt timide. Donc en lui donnant des nutriments, elle devenait plus prolifique. Et donc j'ai fait plusieurs recherches comme ça, puis je me suis rendu compte que les couleurs pouvaient varier, mais essentiellement parce qu'elles variaient selon le support sur lequel je les imprimais. Parce que, pour ceux qui ne le savent pas, on va préciser qu'on teint avec les teintures naturelles. principalement des fibres naturelles. Dans ce monde-là, on a les fibres végétales, qui sont le coton, le lin, le chanvre, par exemple, et les fibres animales, qui vont être la laine et la soie. Donc les bactéries, comme dans les teintures végétales, réagissaient, devenaient beaucoup plus vives sur des couleurs protéiniques, qui sont les couleurs végétales, qui sont les couleurs animales, que sur les couleurs végétales. Donc j'obtenais, par exemple, si on part de la serrachia, J'obtenais des rouges profonds sur mes laines, des roses vifs sur mes soies et des mauves un peu plus pâles sur mes cotons et mes lins. Donc là, je me suis dit comment je vais pouvoir encore élargir cette palette. Et j'ai commencé à nourrir mes bactéries avec ces déchets végétaux pour croiser ces deux mondes-là. et là il faut dire que ça ne donnait pas non plus énormément de différence ça le donnait dans mon petrediche c'est à dire ma boîte pétrie où la couleur d'une bactérie va devenir par exemple rouge vif quand elle est vivante quand on parle de la servachia il va devenir plutôt mauve ou violette une fois qu'on l'a autoclavé c'est à dire qu'on a utilisé de la vapeur pour la tuer et là elle devient un peu plus mauve Donc je n'obtenais pas une grande palette si variée que ça. Donc j'ai décidé finalement d'utiliser les déchets alimentaires pour teindre et les bactéries pour imprimer. Puisqu'à la base, mon métier, c'est l'impression. Donc je me suis rendu compte que j'arrivais à guider la croissance des bactéries parce qu'elles ont besoin d'oxygène pour pousser. Donc par des jeux de pochoirs, je créais des motifs un petit peu. Et je pourrais partager certains documents. pour les auditeurs, s'ils veulent voir quelques images, quelques liens de l'exposition, pour voir des visuels. Parce que là, parler de la couleur sans la voir, on a besoin un petit peu, donc ça pourrait être appuyé par certains liens que je vous enverrai.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Top. Et Vanessa, j'ai une question. Je vois les boîtes de pétri, pour cultiver les bactéries, etc. Comment vous l'appliquez ? Vous avez dit un système de précoce. Comment vous l'appliquez, cette bactérie ? Elle est sur un support ? Elle se développe ? ou vous la collez dans une boîte de pétri et vous commencez à comprendre parce que j'ai du mal.

  • Vanessa Mardirossian

    Oui, bien sûr. La bactérie, pour se développer, elle a besoin d'un nutriment. Là, on travaille sur de l'agar. L'agar, c'est issu d'une algue. C'est vraiment un processus très classique en microbiologie où on a besoin de ce terrain humide pour que la bactérie se développe. Je développe ma bactérie En fait, j'inocule la bactérie qui à la base est liquide. J'explique aussi que j'utilise la même souche depuis 2017, depuis que j'ai commencé à travailler avec les bactéries, parce que cette bactérie, on peut la mettre en sommeil, ou dans le réfrigérateur, ou on peut la congeler. Et on peut la réveiller. grâce à des nutriments et à de l'oxygène quand on en a besoin. Donc là, je prépare ma boîte de pétri avec mon nutriment à base d'agar. J'inocule ma bactérie qui, à la base, est transparente. Et sous 48 heures, elle va produire son pigment. En l'occurrence, la CRH1, c'était du rouge. Ensuite, il y a toute une idée de mise à l'échelle de cette bactérie. Là, on parle d'une petite assiette de 10 cm de diamètre. Donc là, quand j'ai réalisé mon exposition où j'imprimais un... un manteau entier, j'ai fait une mise à l'échelle. Je suis passée de la boîte de pétri de 10 cm à une taille à 4 environ, et puis une grande boîte finalement de la taille de ma veste. Donc j'inoculais en fait la bactérie toujours sur la gare, et après je venais chercher avec mon vêtement, un peu comme une impression, je venais appliquer et chercher le colorant rouge qui après était mis dans une autoclave. Alors là, on parle d'une technique très expérimentale, mais il y a certaines compagnies comme Pili en France, par exemple, ou Colorifix en Angleterre, qui travaillent avec des bioréacteurs et qui sont en train de développer un processus plus industriel de cette technologie. Donc ça, c'était un petit peu, je voulais me familiariser avec les différentes techniques. Donc d'un côté les bactéries et de l'autre les teintures végétales. Je me suis lancée dans ce monde-là à la base. par instinct, un petit peu, en essayant des choses, sans avoir ces connaissances que j'ai aujourd'hui, que je suis allée chercher après, à travers des entrevues, mais aussi à travers des stages et des formations que j'ai prises avec des experts en teinture végétale.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, justement, j'allais vous demander, je comprends les travaux parallèles entre bactéries et déchets alimentaires, je comprends la recherche de savoir-faire pour les pochoirs, etc. Qui vous avertit de tourner pour l'apprentissage de la teinture légère ? qui vous avez rencontré, est-ce que vous pouvez nous dire un petit peu comment vous vous êtes mis en bouquet de tout ça ? Parce qu'en plus, vous avez l'avantage d'être bilingue. Où est-ce que vous êtes allée ? Moi, je connais un peu bien plus la réponse, mais qu'est-ce que vous pouvez nous citer comme ressources qui vous ont aidé à compléter le savoir et à faire ces bases ?

  • Vanessa Mardirossian

    Au départ, j'ai commencé à ce qu'il y avait près de chez moi, donc à Montréal. Donc, à Montréal, on a le centre d'impression textile, centre de design et d'impression textile. Donc là, il y avait une formation. La première formation que j'ai prise, c'était en 2018 avec Nathalie Tremblay qui enseignait la teinture végétale. Donc ça, on travaillait à partir de pigments végétaux qu'on achetait chez Maiwa. Maiwa, c'est une compagnie dirigée par Charlotte Kwon. qui est située à Vancouver. Donc, les pigments venaient de là-bas. Puis, j'ai découvert ce monde-là, en fait, d'extraits végétaux, de mordansage aussi, parce qu'il y a toute une préparation de la fibre en amont. Donc là, on mordansait avec de la lin, par exemple. et je dois dire que autant Maiwa que aussi j'ai une deuxième source au Canada elle est à Seattle aux Etats-Unis mais elle fournit aussi beaucoup au Canada, c'est Botanical Colors, Cathy Hattori donc toutes les deux en fait, Charlotte comme Cathy elles sont beaucoup dans la transmission des connaissances, donc sur leur site respectif elles partagent gratuitement énormément de ressources pour mordre danser les tissus. Cathy, par exemple, elle organise des Mordanting Mondays. Donc, chaque jour, un petit peu, il y a comme une communauté, en fait, qui se crée autour de la couleur, qui est assez nichée, donc où on se connaît un petit peu tous, finalement, et aussi où rentrer en contact avec ces personnes-là, ces experts. très érudits comme Dominique Cardon aussi, il y a une ouverture, il y a une facilité parce qu'il y a une envie de transmettre, une envie que ces connaissances perdurent et aussi soient utiles aux designers actuels pour vraiment trouver une alternative à ces teintures synthétiques qui quand même teignent, je ne dirais pas 90%, mais la grande majorité de nos textiles aujourd'hui.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, donc d'abord dans le cercle, le reste, enfin, on trouve au Canada, donc oui, le maïwa et le botanical color. même en France on les connait donc j'imagine que c'est des super ressources et donc du coup dans des interviews c'est en fait vous faisiez des échanges des rencontres vous allez les mettre sur place oui alors d'abord la

  • Vanessa Mardirossian

    première formation que j'ai prise avec Nathalie Tremblay au centre d'impression textile j'y suis allée c'est une fin de semaine comme on dit ici c'est un week-end c'est un week-end où là on expérimente toutes ces couleurs j'ai pris aussi un petit peu un cours sur l'indigo, l'indigo qu'on a fait à partir de bananes, parce qu'il faut du fructose pour faire de l'indigo, donc il faut un sucre, donc il y a des indigos à partir de dates, des indigos à partir de... Là, ce jour-là, on avait fait à partir de bananes, donc j'ai découvert tout un nouveau monde. Et donc ça, c'était ma première formation. Ensuite... J'ai pris une formation aussi avec Katia Tori. Elle est à Seattle, donc c'était en ligne, mais c'était vraiment très bien fait. Ce qu'elle offre, c'est un kit de démarrage où il y a un petit peu de différents extraits. Il y a aussi des fleurs, il y a aussi des mordansages, il y a du fer pour après faire de la modulation de couleur post-bain. C'est une deuxième formation que j'ai prise. Et puis après, il y a eu toute la partie aussi d'entrevue qui fait partie de ma thèse finalement. Donc là, quand je faisais... Tout l'aspect théorique de ma thèse, ça m'a donné une espèce de cartographie un petit peu de comment les disciplines s'interconnectaient les unes avec les autres. Et au croisement de ces disciplines, ont émergé certains experts, certains noms d'experts, avant que je les contacte. Par exemple, c'est l'histoire, si je dois parler à quelqu'un, ça va être Dominique Cardon. Si je dois parler à quelqu'un qui fait des extraits végétaux, ça va être... Anne de la Sayette, que vous avez interviewée aussi, ou Patrick Brenac de Greening. Donc, ces noms-là ont émergé. Et donc, j'ai commencé mes entrevues aussi avec des gens que je connaissais. Par exemple, il y a eu la professeure... qui s'appelle Rachel McHenry à Toronto, que j'avais connue lors de ma maîtrise à Londres, qui elle a toujours travaillé, depuis les années 90, elle travaillait avec des communautés en Inde, au Pakistan, des communautés de teinture naturelle. Elle est professeure à l'Université de Toronto et elle enseigne la teinture végétale. Ce que je trouve intéressant aussi, c'est que je me rends compte que la plupart des personnes qui s'intéressent à la teinture végétale reviennent à l'agriculture. Donc, elles repartent du début. Il y a ce lien avec d'où ça vient, comment ça pousse. Donc, par exemple, mon amie Rachel McHenry, elle a lancé un atelier de plantes sectoriales sur le toit de l'université. Donc, comment les étudiants doivent partir à l'origine de... de la couleur finalement. Et je me rends compte que c'est quelque chose qui revient chez toutes les personnes avec qui je travaille. Par exemple, j'ai commencé l'entretien aussi avec Dominique Cardon, qui m'expliquait un petit peu cette histoire des couleurs. En fait, elle est vraiment sur le terrain. Elle étudie des teintures du paléolithique, de l'âge de bronze, où elle se rend compte qu'en fait, c'est... ces garances qu'on utilisait déjà à l'époque, ce rouge garance qui vient d'une racine et d'une solidité incroyable, puisqu'elle date de plus de 2000 ans. Donc, il y a tout cet aspect aussi qui m'intéresse de mettre en avant dans ma thèse, c'est de... de casser un peu ces préjugés qui nuisent au développement des teintures naturelles, où les teintures naturelles, on dit qu'elles ne sont pas solides à la lumière. Mais moi, j'ai envie de contrecarrer ça en disant, pourquoi on aurait besoin que des teintures synthétiques qui doivent durer 100, 200 ans ? Alors que notre envie de changement, tous les six mois avec une nouvelle couleur, on n'a pas besoin qu'une couleur dure des centaines d'années. D'autant plus qu'après ça devient un problème environnemental où ces molécules sont persistantes dans l'environnement et on est incapable de s'en débarrasser et perdurent dans l'eau potable et entrent dans la chaîne alimentaire et dans le corps humain finalement, et dans tous les vivants.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc ce problème qui est un faux problème de solidité de couleur, en fait c'est surtout un problème de mentalité, je dirais. On a besoin d'un changement de mentalité. On a besoin de se dire… on doit faire des fibres de qualité, mais les couleurs, même si peut-être elles vont passer un petit peu, et pas toutes encore, mais certaines sont plus évanescentes, on parle de couleurs grand teint et on parle de couleurs petit teint. Donc les couleurs grand teint comme la garande justement, la gaude, l'indigo, ces couleurs vraiment de base qui sont les trois couleurs primaires avec lesquelles on peut faire toutes les couleurs incroyables. Enfin, moi, j'avais été vraiment épatée quand, avec simplement mes déchets alimentaires, j'arrivais à matcher, comme on dit dans le jargon, les couleurs pantone de la saison 2022-2023. Je travaillais avec mes étudiants, j'arrivais à les matcher complètement, à les assortir, parce que c'est une recette, en fait. La teinture végétale, c'est de la cuisine. Donc on prend son cahier, on prend des notes, on mesure des ingrédients, on mesure des températures, on mesure des bains de pH, et là on arrive à obtenir des reproductibilités. Donc pour expliquer un petit peu ce parcours-là, je m'éloigne un peu peut-être, mais j'ai commencé par faire cette exposition où j'ai exposé dans une vitrine pendant trois mois, sans protection IV, cette veste réalisée en collaboration avec une avec des artisans et des designers locaux qui ont fait le patronage, qui ont fait la couture, qui ont tricoté le jersey aussi des compagnies locales. Et j'ai vu au bout de ces trois mois qu'effectivement, il y avait une certaine sensibilité à la couleur. Les bactéries, en l'occurrence, étaient assez sensibles à la couleur. Donc il faut voir maintenant au niveau de ce qui est possible de faire. C'est pour ça que je trouve vraiment intéressant et important, voire nécessaire, cette collaboration multidisciplinaire dans le domaine de la couleur. mettre ensemble le chimiste, l'expert en analyse du cycle de vie, l'éco-toxicologiste, le designer, le professeur. Donc, comment ensemble, avec nos angles et nos expertises différents, on va arriver à améliorer ces processus-là ?

  • Vanessa Mardirossian

    Alors, Vanessa, avant que vous continuiez dans votre processus de découvert, vous parlez des préjugés de la couleur végétale. donc c'est vraiment quelque chose que je suis vite tombée dessus au fur et à mesure des podcasts ici en France et en fait je me suis dit je vais aller chercher des gens qui pourront témoigner et lever ces préjugés donc on en a globalement une quinzaine franchement c'est toujours les mêmes qui reviennent il y en a des prioritaires et d'autres et en fait je me suis dit même si on fait intervenir une historienne Dominique Cardon qui témoigne d'un tuer il y a plus de 100 000 ans et qui et bien en fait ça ne convainc pas les gens et donc je me suis dit qu'il faudrait mettre des preuves scientifiques et en fait avoir un genre de quelque chose de certifié par le monde scientifique il y a des couleurs éphémères, des couleurs quand elles sont solides, voilà ce que ça donne voire en fait sur pas préjugés quasiment une moitié scientifique parce que j'ai l'impression que soit c'est les lomis en face qui font qu'on balaye du doigt la couleur régénérale et qui pervertent ces préjugés, soit c'est les consommateurs comme nous qui avons des doutes, et ces doutes restent, et peut-être que des preuves scientifiques pourraient aider à changer la perception.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ok, alors il y a peut-être ça, il y a peut-être les preuves scientifiques. Moi, je pense qu'on est aussi dans une pratique de la recherche, empirique, comme le dit souvent Dominique Ardon, et elle, ce qu'elle regrette un petit peu, c'est que les personnes ne portent pas ces couleurs-là. Donc, elle, elle est toujours la première à les porter, à être capable de dire moi, je sais d'où vient la couleur que je porte, elle a poussé dans mon jardin, je l'ai transformée Donc, on reviendra un petit peu tout à l'heure, il y a une des questions, ça concerne Fyber Shed aussi, Fyber Shed, en fait, Rebecca Bourges, c'est un qui a lancé ce mouvement en Californie dans les années 2010, ça a commencé par un challenge qu'elle s'est lancé. Elle s'est dit moi, dans un an, je ne m'habille qu'avec des vêtements qui ont poussé, qui ont été teints, qui ont été fabriqués dans un rayon de 200 kilomètres autour de chez moi. Donc je pense que cette démarche-là, elle est intéressante. C'est de se dire… par moi-même, je vais tester, je vais porter, je vais laver. Et c'est comme ça que, en fait, on n'a pas besoin d'être convaincu, on a besoin de le vivre, en fait. Parce que c'est quelque chose de vivant. Donc, je pense qu'il faut passer à l'acte aussi au niveau des designers locaux pour pouvoir vendre ces couleurs-là, les vivre. Moi, c'est un challenge que ça fait partie un petit peu de ma to-do list, de me dire, attends, j'en parle, mais il faut que je le fasse aussi. Je me dis, moi, je suis capable de vous dire que ces couleurs-là, j'en ai teint certains. Par exemple, ma belle-mère, elle porte les chemises que j'ai teintes avec mes déchets d'avocat, avec mes déchets d'oignon. On les teint, on les porte. C'est vrai que l'avocat, c'est un rose magnifique. Il est toujours rose. Là, c'était il y a cinq ans que je l'ai teint, il est toujours rose. Donc peut-être au bout d'un moment, on va avoir besoin d'une surteinture de ces bains-là. et c'est là aussi que j'ai envie quand je parlais tout à l'heure d'un changement de mentalité, d'un changement de modèle un peu, c'est de se dire on n'a pas besoin d'avoir quelque chose qu'on va jeter mais peut-être quelque chose qu'on va entretenir, dont on va prendre soin peut-être au lieu de produire moins parce qu'il y a aussi cette notion de décroissance au lieu de produire moins on va pouvoir, ces capitaux qu'on économise en fait on peut les réinvestir dans un modèle d'affaires et il en existe un à Montréal d'ailleurs, c'est les laines ça va de soi Donc, c'est des laines qui viennent principalement de… de Mongolie, elles viennent d'assez loin, c'est des laines très fines, de très très belle qualité, mais en parallèle, dans leur modèle d'affaires, ils ont créé un spa pour les laines, un spa pour les vêtements, qui s'appelle Savabain, parce qu'au Québec, on dit Savabain pour dire ça va bien, mais Savabain comme un bain, B-A-I-N. Donc en fait, un peu comme un toilettage pour chiens, d'animaux, on va ramener son pull de qualité, et il peut être réparé, il peut être surtint, Donc il y a cette notion de prendre soin un petit peu de ce qu'on a. Et il y a une autre compagnie aux États-Unis, c'est Ellen Fisher, qui fait ça aussi, qui a plusieurs capsules de collections, dont une qui s'appelle Renew et une qui s'appelle Reworn. Donc dans Renew, par exemple, elle va récupérer des vêtements qui ont quelques années. et elle va pouvoir les raviver par des surteintures, tout ça. Donc, je pense qu'il faut le vivre, oui.

  • Vanessa Mardirossian

    Alors, je suis complètement d'accord avec être ambassadeur de la couleur végétale, c'est-à-dire porter les vélos, etc. C'est exactement à quoi je suis arrivée après tout ça. En me disant, Pauline, tu en parles un an, tu n'as toujours pas un pull en teinture végétale. Et en fait, quand je suis renseignée auprès de plusieurs autorités, qui, certaines, picotent, d'autres, sont fondées par des concours, en fait, c'est assez quand même conquis de trouver la bonne taille, le bon modèle, la bonne valeur, sans se déplacer, ou si on a un truc serré. Ça, c'est mon déconciliation. Après, là, c'est le verbe. Je ne sais pas si vous connaissez le français.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non.

  • Vanessa Mardirossian

    C'est donc des couleurs Garance. C'est des couleurs Garance. C'est des cosmétiques à la Garance. Et donc voilà, j'en fais un peu le but, mais moi j'essaie de porter ce que je peux porter. Et pareil, moi je teinte pour reproduire, comme on dit, mes inquiétudes, pour continuer à comprendre. Je veux dire, je me lance dans des chaussettes, je me lance pas dans un but ou dans un jean, j'ai donc une oxytite. C'est là où il y a un petit problème aussi de disponibilité de nos offres. Je mets sur le podcast en avant-avant des co-déclinateurs, ma marque de vêtements. Et je veux dire, c'est quand même pas très accessible. C'est-à-dire, moi, je veux bien porter du végétal. Ça serait vraiment inélogique, incroyable. Sauf qu'aujourd'hui, je trouve que c'est quand même piqué.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, c'est vrai parce que je pense qu'on en est au balbutiement de la teinture végétale, mais surtout qu'on en parle à l'école, qu'on en parle aux jeunes designers, que cette petite graine qu'on plante, elle pousse finalement, puisque toute la génération des designers de mon âge, qui ont été formés dans les années 90, encore une fois, on ne parlait pas de ça. Même mon ami… Rachel McHenry dont je parlais tout à l'heure qui était pro teinture végétale déjà à l'avance dans les années 90 elle ne pouvait pas faire de teinture végétale à la centrale de Saint-Martin c'était les teintures synthétiques sinon les teintures végétales ça allait salir l'atelier donc

  • Vanessa Mardirossian

    on en était là un petit peu mais c'est ça que j'allais poser comme question selon vous, avec votre expérience au Canada oui Qu'est-ce qu'il faudrait faire pour que la couleur végétale revienne dans les cursus de formation ? parce que là aujourd'hui tous les profs que j'ai eu qui ont témoigné sur le podcast c'est la même chose soit c'est pas abordé dans le cursus soit c'est abordé mais que de manière théorique et peu pratique soit c'est abordé et

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    énormément pratique en fait en fait parce que ça prend pas deux secondes non c'est ça et puis ce qui est vraiment intéressant avec ces nouvelles formations qui sont actuellement mise en place, mais je vous dis, c'est assez récent, c'est qu'il y a ce lien avec la terre. Donc, on sort de la théorie, comme je parlais de l'Université de Toronto, où il y a le jardin sur le toit. Ici, donc, vous me parlez un petit peu de la teinture végétale au Canada, où elle en est. Par exemple, on a la designer de mode, Nadia Bounian, qui, elle, a monté ça en OBNL, avec Arc... arc arc growing pardon Growing Art. Elle fait pousser ses semis depuis 3-4 ans maintenant. Là, je suis allée visiter les petits bébés qui sont sur les toits de l'Université du Québec à Montréal et elle est en train de les mettre en terre au parc Jean Drapeau. Ce sont des lieux qui sont autant d'expérimentation mais aussi de transmission de connaissances. Elle organise le week-end prochain d'ailleurs des ateliers. où les jeunes, où les familles vont pouvoir teindre, pratiquer. On regarde d'où vient la couleur, on voit d'où. Ce qui est intéressant aussi, c'est de se dire, on ne veut pas que la couleur végétale soit cantonnée à l'artisanat. On veut vraiment ce pas entre l'artisanat et l'industrie. Donc, Cathy Hattori, par exemple, Botanical Colors, elle est vraiment sur ce secteur-là, de rendre ça plus… à plus grande échelle, finalement. Et ce qui est intéressant aujourd'hui, c'est en fait le frein qu'il y avait, c'est de se dire, quand on doit faire des décoctions de plantes, c'est compliqué, et on le voit peut-être avec le dernier livre de Dominique Cardon, Les 157 couleurs de Colgou où elle met des photos aussi où on voit ces gros chaudrons immenses. Donc on parle de décoction, on parle de plantes qui doivent macérer ou qui doivent cuire pendant des heures à 90 degrés. Donc c'est assez intense comme processus. Donc aujourd'hui, ce qui est intéressant, c'est d'arriver avec ces extraits végétaux comme fabrique couleur de plante, de la saillette. Greening, Patrick Brenac. Donc, c'est de se dire, on arrive à des produits qui peuvent être utilisés dans les teintureries traditionnelles entre guillemets, où on peut teindre avec les mêmes machines que les teintures synthétiques. Donc, ça fait que les teinturiers, les teintureries, n'ont pas à investir énormément d'argent pour changer toutes leurs machines, mais peuvent utiliser le même format, c'est-à-dire des poudres. propres, qu'on va peser pour la reproductibilité, qu'on va mélanger pour obtenir nos couleurs. Donc là déjà, on arrive à quelque chose qui peut être mis à l'échelle un peu plus facilement.

  • Vanessa Mardirossian

    Et ça, vous avez eu des témoignages de Tarturier, parce que moi ce que j'entends, c'est que oui, on peut utiliser les machines d'écriture avec des extraits végétaux, sauf que ça peut, entre guillemets, encrasser. la machine de ceinture et que c'est du coup pas optimal. Et c'est pour ça qu'il y a en France, on se connaît David Codino d'Alliance Machine Textile, qui a lancé une machine qui fait la taille d'une machine à laver, pour faire simple, et qui a un genre de rivière qui coule sur le tissu avec la matéria colorante. Et donc lui, il y a plusieurs objectifs. C'est ne pas faire des bains pleins pour utiliser les patrons, mais un système un peu plus ergotique pour aider les peinturières végétales à faire des jolis nids. des longs métrages, de la teinture pièce, enfin, vraiment essayer de s'imprégner le quotidien. On est vraiment entre le tisana et l'industrie, la semi-industrie. Et moi, ma question, c'est chouette que vous l'abordiez, c'est comment on fait pour poster ces industriels ? Est-ce que vous avez des témoignages d'industriels qui veulent bosser sur le végétal ? Et est-ce qu'ils vous ont dit, je ne sais pas si vous avez eu des retours là-dessus, ce qui pose problème ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non, alors deux choses. Déjà, cette machine, oui, je suis allée la voir de mes propres yeux dans l'atelier de Sandrine Rosier parce que je suis allée en novembre... Quand je suis allée voir ma famille à Nice, je suis allée déjà à Arles voir Axel Gissraud de l'atelier Luma, qui eux aussi se lancent dans leur jardin teintorial et font beaucoup d'expérimentations avec des extraits végétaux, mais aussi des plantes effasives, des nuisibles, tout ça. Donc on est vraiment dans cette circularité. Dominique Cardon et Sandrine Rosier et j'ai visité l'atelier de Sandrine Rosier et qui m'a montré cette machine. Donc, je trouve ça vraiment chouette. Récemment, j'ai vu qu'elle était présentée sur un salon avec Patrick Brenac. Donc, c'est vraiment un gros progrès à ce niveau-là. Quand je parle avec Axel Gisraud, on parle de micro-teinturerie, en fait, de teinturerie à petite échelle entre l'artisanat et l'industriel parce qu'on a besoin ça ne peut pas être un changement drastique. C'est-à-dire qu'on a besoin de montrer que ça a son potentiel, même si les convaincus le savent. Mais pour que les plus grosses compagnies, les plus grosses industrielles se lancent et suivent le pas, il faut qu'on monte cette échelle intermédiaire. Donc, c'est vrai qu'il y a très peu de teinturiers. À Montréal, il n'y en a plus qu'un. qui est dans donc il est débordé donc en fait oui ils sont débordés donc c'est très dur de se dire je suis débordé je continue mes commandes mais en parallèle je fais de la recherche et développement donc c'est à nous je pense d'apporter, de faciliter la transition je veux dire en fait cette équipe cette nouvelle équipe qui est là pour supporter cette transition ce changement vers l'artisanat, parce que c'est vrai, si on veut teindre ses chaussettes ou son t-shirt, il y a plein de tutoriels en ligne, mais on veut passer à une autre échelle.

  • Vanessa Mardirossian

    D'accord, donc plutôt travailler l'étape qu'on appelle semi-industrielle,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    vous,

  • Vanessa Mardirossian

    c'est micro-teinturerie, pour inciter les grandes grammes et les industriels à se poser la réflexion. Donc ça doit vraiment venir de nous à poser des solutions. Ça, c'est hyper intéressant. Alors, j'ai une autre question. On dévie, mais en fait, tellement... Vous avez parlé dans votre début de parcours, vous aviez travaillé avec des maisons de couture et des renom des grandes marques. On a eu quelques invités qui ont travaillé dans la haute couture, etc. Et je leur pose à chaque fois la question, ce qui pourrait aider la peinture végétale et la teinture végétale, ce serait qu'une grande marque de l'an éprouve. et suscitent l'intérêt aussi autour des couleurs de jardin. Et ma question, c'est, est-ce que vous trouvez qu'il y a une maison de couture ou une marque qui soit s'intéresse ou se répète et qui aille montrer l'exemple ? Est-ce que vous en connaissez qui sont déjà bien dans la vente et qui travaillent le sujet ? Est-ce que vous avez des choses, bien sûr, non non non anciennes, mais est-ce que vous savez un petit peu là-dessus, si la nature et la hauteur se boostent là-dessus ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors la première qui me vient à l'esprit c'est Stella McCartney, puisque elle c'est vraiment une pionnière depuis les années 90, depuis le début en fait elle a toujours été très très… axée vers l'éco-responsabilité. À la COP28, d'ailleurs, récemment, elle présentait un panel de technologies, de teintures, de textiles, qui étaient éco-responsables. Donc, ça va même jusqu'à calculer l'empreinte énergétique de ces boutiques. Donc, à plein de niveaux, elle est vraiment... pionnière dans ce domaine-là. Je pense qu'elle a travaillé déjà aussi avec Colorifix pour les bactéries. Elle essaye de mettre en avant, de donner de la visibilité à cette nouvelle technologie et teinture végétale. Après, j'avais récemment une discussion avec Anne de La Sayette qui disait qu'il y a une quinzaine d'années déjà, ils avaient fait des des tests incroyables en impression pour les foulards Hermès, avec des grandes solidités, parce qu'il faut dire que quand la molécule est encapsulée comme elle l'est dans le cadre d'impression, qui est différent de la teinture, elle est beaucoup plus solide encore à la lumière. Mais apparemment, il y a 15 ans, ça ne faisait pas encore partie de la couleur végétale. Ce n'était pas assez fancy, peut-être, pour le luxe. Maintenant, aujourd'hui, je vois que les grands groupes de luxe, comme Kering, par exemple, LVMH, s'associent à des écoles comme la Centrale Saint-Martin à Londres pour… mettre en avant l'aspect régénératif du design. Donc comment, parce qu'il y a cet aspect-là, si on parlait de la terre, mais comment finalement on n'est plus à se dire je vais faire moins… je vais faire moins mal, mais je vais faire mieux, je vais faire magnifique. Donc le regenerative design, c'est aussi mettre en avant que quand on fait pousser une garance, on ne prend pas le sol à la culture alimentaire, mais au contraire, on va régénérer le sol, parce que la garance, justement, elle va apporter de la santé dans le sol, puis en plus, la culture de plantes tectoriales, c'est de... c'est une culture rotative, donc elle améliore la santé du sol, elle participe, elle contribue à la biodiversité. Donc c'est tout ça aussi qu'il est intéressant de faire. Et quand je parle avec l'experte Cécile Bull en analyse du cycle de vie à l'UQAM à Montréal, c'est de se dire, et là, ce manque, en fait, il est aussi soulevé par Dominique Cardon, par plusieurs experts du domaine, c'est de se dire, on manque de d'analyse de cycle de vie comparative entre les teintures synthétiques, les teintures végétales, les teintures biotechnologiques, quel est finalement le véritable pouls, le véritable frein, quels sont les bénéfices et quelles sont les problématiques sur la santé, positives ou négatives de l'un et de l'autre, pour faire basculer un petit peu. Et puis, ce qu'il y a aussi, c'est que… Il y a beaucoup d'investissements dans les nouvelles technologies, mais il manque beaucoup, et ça le soulevait Dominique Ardon encore une fois, beaucoup d'investissements pour de la recherche dans les teintures végétales, parce que quand on voit toute l'énergie et l'argent qui a été mis pour améliorer les teintures synthétiques, qui au départ rendaient malades, il y avait beaucoup de cas de cancer de la vessie, parmi les travailleurs qui travaillaient avec ces nouvelles teintures synthétiques, donc on a voulu… améliorer, il y a eu beaucoup de recherches et d'investissements pour l'améliorer. Donc s'il y avait autant de recherches et d'investissements pour améliorer aujourd'hui la solidité des campeurs, on avancerait beaucoup plus vite. Donc déjà, il faut que les... les preneurs de décision, puis les subventions, voient l'intérêt pour l'environnement, la santé, et parce que ça a un impact aussi sur le changement climatique. Quand on utilise autant de produits issus de la pétrochimie, il y a un impact sur la terre qui devient moins meuble, qui devient dur comme de la pierre. où on a de plus en plus besoin de pesticides, alors que si on fait une culture qui est plus permaculture ou biologique, ou avec des plantes qui vont favoriser la biodiversité, comme les plantes tectoriales par exemple, le bénéfice est grand pour l'environnement et pour la santé.

  • Vanessa Mardirossian

    Oui, carrément. En fait, il y a plein de petits liens qui pourraient être améliorés. Le pilier de l'eau, notamment dans la agriculture, le pilier de la biodiversité. J'ai organisé une quinzaine d'électructures pictoriales avec une quinzaine d'expériences. Et en fait, il y a une des agri-agricultrices qui nous a amené à l'apprendre tous les nouveaux instincts qui étaient venus dans son penchant. Et c'était incroyable, des insectes connus dans le connu-bord. Et en fait, elle expliquait qu'elle avait le temps de prendre des photos pour montrer, pour témoigner de ces biodiversités. J'ai trouvé ça super intéressant. Le sol, il faut en parler. Le fait qu'il y ait beaucoup moins d'eau indigène dans le sol, des problèmes de dénace, etc. Et alors ça, c'est la part de la fin. Moi, j'essaie de mettre en oeuvre les agriculteurs ici en sciences. Franchement, il y en a pas mal, c'est beaucoup de femmes d'ailleurs, c'est étonnant, mais il y a beaucoup de femmes. Et je voulais vous poser une question toujours sur cette nature, on va dire qu'il y a la terre à châssis, qu'on peut rendre végétale, ou même avec la métropie et d'autres sources, les bactéries, vous les avez citées. Ce que je voulais dire aussi, c'est que dans la nature, il y a forcément des états de mordantage. Et en fait, on a reçu un invité, vous devez connaître, Céline de Philippe, qui travaille les mordants. Donc en fait, elle a réglé un montre-laisser métallique, et elle s'est dit, tiens, n'essaierai-tu pas de s'en abstenir ? Et elle a fait des recherches, et elle a travaillé avec des plantes, donc genre le Norlopode, le Symphocos, et je ne sais plus, le Troisième. qui viennent d'assez loin, mais qui sont cultivées de manière responsable. Et en fait, en parlant autour de moi avec les invités, il y a Gérard Cey qui a dit qu'il y a des biomordants, on en a tout simplement, par exemple, dans les pommiers et les pommiers sauvages. Ma question, c'est, est-ce que vous avez étendu un peu cette histoire de procéder des pommiers bio ? à la phase de vendant d'âge et à la phase d'après. Parce que forcément, vous avez dû, sous ce tout, et comme vous êtes vraiment sur une cartographie, vous avez dû forcément tourner les domaines à bon ou à mal. est-ce que vous pouvez nous raconter un petit peu ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bien sûr, alors les bio-mordants je les ai essayés aussi j'en ai discuté des lycopodes et des simplocos, j'ai essayé est-ce qu'on se rend compte avec simplocos ? bon déjà c'est vrai que ça vient de très loin et puis aussi c'est qu'il en faut énormément par exemple on travaille beaucoup en pourcentage de poids d'afibre donc si par exemple on va être à 10 ou 15% pour de la lin et bien on va être à presque 100% pour du simple au cos, il en faut vraiment beaucoup. L'autre chose aussi, avec les lycopodes, par exemple, c'est que, et donc, c'est pas pour dénigrer parce que c'est des avenues vraiment importantes, moi-même je les teste, mais c'est pour ça aussi l'analyse de cycle de vie, c'est important, c'est de se dire combien il m'en faut et d'où ça vient. donc est-ce que je peux en avoir dans mon environnement immédiat comme le précise Michel Garcia donc les lycopodes en fait ils sont en extinction donc ils sont en risque d'extinction donc il faut faire vraiment attention et ça Dominique Cardon dans son livre Le monde des teintures naturelles elle le mentionne dès le départ elle dit attention de ne pas prendre plus que ce que la terre peut se renouveler en fait 10% par saison pour que ça ait le temps de se régénérer. Donc, c'est vraiment important de se dire combien il m'en faut et de ne pas en prendre trop. J'ai essayé aussi, en parlant de bio-mordant, les tannins. Donc le tannin, par exemple, quand j'étais avec mes déchets alimentaires, les pelures de grenade, de poma grenaté, oui, de grenade, donc ça c'est des tannins, mais ce tannin-là, par exemple la lin, bon la lin, c'est un mordant que j'achète moi dans un magasin alimentaire en vrac, c'est pour faire les pickles, donc c'est comme un sel un petit peu, donc la lin, l'avantage. c'est qu'il est transparent, alors que les tannins, ils vont amener un petit côté jaunâtre. Par exemple, la grenade, ça va amener un peu de jaune, le tannin, la noix de galle aussi. Donc des fois, ça peut être intéressant pour certaines couleurs, mais pour d'autres, on ne va pas avoir besoin de ce jaune qui peut avoir un impact sur mon bleu et le verdir, ou sur mon rouge et le rendre trop orange. Donc ça, c'est un aspect. Et c'est vrai que Patrick Brenac aussi me parlait de ça. des pépins de raisin, des pépins de raisin qui sont des tanins puissants. Donc moi, en fait, tout ce qui m'intéresse, et donc je serais contente de discuter, de rencontrer Céline Philippe, je trouve ça vraiment intéressant. de s'intéresser aux biomordants. Mais après, il faut voir combien il m'en faut et il faut voir est-ce que j'en ai en quantité. Et idéalement, pouvoir sortir ces biomordants, les prendre en fait de déchets, idéalement. Alors, dans cet aspect-là, je m'étais dit, tiens, j'avais parlé à un scientifique du Jardin botanique de Montréal qui fait de la phytorémédiation. Donc lui, il utilise les plantes pour dépolluer les sols des métaux lourds. Donc je m'étais dit, mais ça c'est… J'ai fait le lien en fait avec ce que disait Dominique Cardon dans son livre, où les plantes sont naturellement accumulatrices d'aluminium. Parce que comme le dit Patrick Brenac très bien, puis Dominique Cardon aussi, les deux minéraux les plus présents dans la croûte terrestre, c'est l'aluminium et le fer. Donc en les utilisant en quantité minimale pour les teintures, on ne fait pas de mal à la nature puisqu'on les ramène à la nature. On va éviter les mordants agressifs comme le chrome, les teints, le cuivre qui sont vraiment toxiques. Mais donc, dans ma tête, je me suis dit, attends, elle parle de plantes naturellement chargées en aluminium. Là, c'est Michel Labrecq, son nom, il travaille avec des plantes pour dépolluer le sol. Moi, je travaille avec des déchets. Pourquoi je ne récupérerais pas ces déchets chargés en aluminium ? en métaux pour faire mon mordant sage des ferme-bouillard. Donc, ça lui a plu. Il a trouvé ça intéressant, l'idée. Il m'a donné ses... ces déchets pour que je fasse des tests. Mais le problème, c'est que lui, il ne va pas enlever l'aluminium ni le fer de la terre. Lui, il va dépolluer des terres de cuivre, par exemple, des métaux vraiment lourds. Donc, c'est là que je me suis dit, encore une fois, je les ai, ces échantillons. Je n'ai pas testé parce que je me dis, est-ce que c'est quelque chose de toxique ? Donc ça, il faudrait que je travaille avec un chimiste pour analyser. Est-ce qu'on enlève le cuivre du sol, mais on vient de dire que le cuivre, c'est un peu toxique quand même. Donc, quel est l'impact ? Alors là, après, il faut faire des tests LCMS, en liquid chromatography, pour voir en fait ce qui reste dans mon textile teint. Et est-ce que... ça a un impact sur ma teinture ? Est-ce que ça a amélioré la solidité de ma teinture ? Et est-ce que ça a un impact sur ma santé ? Donc, il faut poser le pour et le contre. Mais en tout cas, c'est des processus de pensée intéressants où on fait le lien entre différentes choses, suivant l'expertise de chacun. Moi, j'ai fait le lien entre ce que disait l'historienne et ce que me disait le chimiste. J'ai dit, pourquoi pas aller creuser cet aspect-là ? Donc, beaucoup de recherches encore à faire.

  • Vanessa Mardirossian

    Donc biomortem, on en a parlé, l'atteinte pure, on en a parlé avec les solutions végétales et autres, donc je ne sais pas comment on peut les appeler, biotechnologiques, c'est ça que vous aviez dit ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Moi, je les ai appelées biotechnologiques parce qu'on parle des fois de modification d'anéane. Alors, il y a les pour et il y a les contre. Il y a les pour, c'est de se dire, on peut produire beaucoup en laboratoire avec très peu parce que la bactérie, elle produit énormément. Il y a les contres qui se disent mais en fait c'est peut-être dangereux, on ne sait toujours pas d'où vient le Covid Des fois on dit qu'il y a une molécule, une bactérie qui s'est échappée du laboratoire. Donc il faut travailler avec les bactéries. Je ne conseille pas de faire ça dans sa cuisine. Il y a tout un protocole. On a des formations pour travailler avec le vivant. Pour s'en débarrasser, on ne va pas jeter la bactérie dans le laboratoire. Il faut la désactiver. Pour la désactiver, on utilise soit de la chaleur ou du chlore. Et puis après, on met tout ça dans des poubelles spéciales de bio-safety. Donc... Ce n'est pas anodin de travailler avec le vivant parce qu'on peut faire des modifications involontaires, avoir un impact de modifications génétiques involontaires sur le vivant. Après, biotechnologie, parce que ces nouvelles compagnies-là, elles travaillent en modifiant l'ADN et les gènes. Donc, une fois qu'on a modifié l'ADN, ça a un impact sur toutes les générations futures. un risque avec ça. Donc, les personnes qui ont peur de ça, c'est aussi Rebecca Bourges, d'ailleurs, qui dans son livre que j'ai là sous les yeux, Fibre Shed il y a tout un… Il y a tout un chapitre sur les craintes par rapport à ces biotechnologies-là, de s'amuser avec l'ADN qui est encore très très nouveau, parce qu'une fois qu'on a modifié l'ADN, et on l'a vu avec le coton BT en Inde, qui avait impacté toutes les cultures aux alentours, et que finalement ça faisait des fibres de coton trop courtes qui… et puis chaque fois il faut racheter la graine de coton il y a toute une problématique donc je pense que chaque solution il faut y aller avec prudence parce que les impacts on peut les voir sur plusieurs années

  • Vanessa Mardirossian

    D'accord. Et donc, je voulais aussi vous parler des abrées. Donc, moi, je ne suis pas du tout du monde du textile. Moi, je suis ingénieure à Bournon, donc rien à voir. Je ne connais rien, franchement. Et donc, j'ai découvert qu'il y avait plusieurs étapes. Il y avait les abrées qui permettaient de donner de la technicité, on va dire, au textile. Et on va se sentir que c'est la partie où il y a quand même le plus d'endroits où les choses soient super simples pour donner des possibilités interméabilisantes. un coup de feu, tout ça. J'ai eu une entreprise en Angleterre qui s'appelle Tapine Croft, qui travaille sur des arbres plus naturels, notamment avec des cires, etc. Est-ce que vous avez aussi touché cette partie des arbres avec des solutions un peu plus naturelles ? Est-ce que vous avez débordé un peu sur ce que j'ai là ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors, les apprêts, c'est vrai que c'est une grosse problématique, surtout les PFA, PFAS, qui sont très problématiques parce qu'ils sont persistants. Mais en fait, on se rend compte que les textiles ont besoin de tous ces apprêts, parce que c'est des textiles issus... pas tous, pas pour le coton, mais pour le polyester, par exemple, c'est des textiles issus de la pétrochimie. Pour le coton, en essayant de les améliorer, bon, oui, il y a tout l'aspect de cire, de cire d'abeille, tout ça, mais je ne sais pas, je ne suis pas allée là-dedans parce que ça ne concerne pas la couleur. En fait, ça, je l'ai juste abordé quand je ferme mes emballages pour éviter d'utiliser le film étirable. Donc, les emballages de coton enduits de cire pour qu'ils soient lavables. Mais sinon, si on utilise par exemple des textiles, puis là j'entendais le podcast de Clément qui parlait de la laine, qui lui adore la laine, mais la laine, elle a des qualités incroyables. Justement, elle n'a pas besoin d'être… Voilà, elle, d'elle-même… Moi, je porte des pulls en laine, je n'ai pas besoin de les laver. de tout l'hiver en fait. Ils ont une aération naturelle, ils sont repellants de l'eau naturellement. Donc le potentiel des fibres naturelles est vraiment à exploiter un peu plus en avant. C'est vrai qu'il y a ce problème, on en parle ici parce que je ne sais pas à quel moment on va parler de Fibershed, j'ai commencé à en parler, est-ce qu'on va y revenir ou pas ?

  • Vanessa Mardirossian

    Oui, on va y revenir,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    pas de souci. Bon, on va faire que... Parce que dans... En fait, quand je parlais tout à l'heure du modèle Fibershed qui est né aux Etats-Unis, donc elle s'est donné ce challenge, elle s'est dit qui est capable de faire pousser les fibres dans un rayon de 200 km ? Qui est capable de les teindre, de les filer, de les tricoter, de les tisser dans un rayon de... de 200 kilomètres. Finalement, au bout d'un an, elle en a fait un livre. Au bout d'un an. Je ne sais pas, mais le livre est sorti en 2019. Donc, au bout d'une dizaine d'années, finalement, elle a sorti ce livre qui est maintenant un modèle reproductible. Elle s'est écoutez, c'est un modèle de biorégion. Donc, l'idée, c'est de se dire, chacun dans sa région peut faire cet exercice-là, de se dire, quels sont les acteurs autour de moi qui sont capables de produire ? Donc, aujourd'hui, Fibershed, C'est 71 Fibersheds dans le monde. Donc on a par exemple même Five Bushes de Toronto, et depuis 2022 on a Five Bushes de Québec, qui est née à l'initiative de Marie F. Faust, qui était la directrice de l'école supérieure de mode de l'UQAM où j'enseigne. Et donc là, j'ai embarqué dans ce projet avec elle depuis 2022, où là d'abord on a commencé par se dire, qui sont ces acteurs ? Quels sont nos industriels ? Et qu'est-ce qu'ils sont capables de faire aujourd'hui au Québec ? Quels sont nos matériaux ? Donc on voit... Et ça aussi, quand je parle avec Axel Gissrot, qui a fait un peu ce travail de cartographie dans la région de Camargue, on se rend compte que le savoir-faire, on l'a beaucoup perdu. On a perdu aussi les machines, on a perdu le matériel. Donc c'est de se dire, aujourd'hui, au Québec par exemple, on ne peut pas faire pousser de coton, ça c'est sûr. On est en train de raviver le lin. Le lin, mais une fois ravivé, il n'y a pas vraiment les machines non plus à faire une production industrielle, mais il y a cet intérêt de se dire qu'on ne continue pas avec des œillères. Aujourd'hui, on est dans l'action. Donc, c'est pour moi très important d'aller à la rencontre à travers ces entrevues de personnes qui sont dans l'action, qui font vraiment… Et un documentaire qui m'avait vraiment beaucoup inspirée, c'était Demain le film de Cyril Dion et Mélanie Laurent, où là, ils partent, et on en a marre d'entendre dire que tout va mal, ils partent dans le monde à la recherche de petites initiatives qui peuvent devenir grandes, en fait. Et comment le récit va inspirer. d'autres histoires et donc ça, ça me parle beaucoup

  • Vanessa Mardirossian

    c'est vrai que non mais c'est ça qu'il faut faire au lieu de pointer sur ce qui va pas c'est venir mettre en l'écran les gens qui font différemment et qui vont avancer en tout cas c'est ce que j'essaye de faire avec les podcast c'est de venir montrer les alternatives les gens qui travaillent autre chose et qui se mobilisent mais le chemin est long mais c'est hyper intéressant d'entendre les témoignages et chaque fois de dire ça y est ça avance c'est génial il faut il faut

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    et moi je trouve que je me suis mis dans une triple position finalement j'ai la position de designer que j'ai fait pendant plus de 20 ans et la position de professeur, enseignante qui là est vraiment stratégique pour sensibiliser les futurs designers qui sont en demande il dit on parle pas assez de développement durable à l'école de mode, on a besoin de pour être préparé pour après qu'ils lancent leur marque ou qu'ils travaillent dans des grandes entreprises pour qu'ils puissent apporter leur regard sur ce qui est possible ce qui est pertinent de faire ce qu'il vaut mieux éviter parce que par exemple quand je dans la fast fashion ben ceux qui avaient vraiment le pouvoir c'était pas les designers c'était vraiment les acheteurs parce que les acheteurs ils avaient l'enveloppe la petite enveloppe et ils devaient l'avoir fructifiée à la fin de la saison. Donc, quand on leur disait Tiens, ce tissu est intéressant, ce tissu… Ben non, c'est lequel le moins cher, finalement ? C'est ça qu'il faut changer au niveau de la mentalité. Ce n'est pas aller vers le moins cher en apparence, parce qu'encore une fois, le coût expérimental, et ça, Daniel Goleman, dans Intelligence écologique en parle très bien, c'est l'impact externalisé, le coût externalisé de…

  • Vanessa Mardirossian

    de ce qu'on fabrique et de ce qu'on achète puisqu'on se dit je vais en acheter deux pour le prix d'un je fais une affaire mais non et c'est là où on manque comme vous le disiez tout à l'heure l'analyse de cycle de vie franchement j'ai posé la question à quasiment tous les sociétés est-ce que vous avez accès, est-ce que vous avez pu et en fait le problème le seul qui a répondu c'était des gars mais qui avaient fait une analyse de cycle de vie sur sur Un type de tissu sur un de... Je crois que c'était un t-shirt. Et sur un processus particulier. Et en fait, il en faudrait autant qu'il y a de tissus, couleurs, processus. C'est détonnant. Après je me dis, un appel à l'APLG, je n'en sais rien du monde européen, plusieurs mondes européens, ce mobile européen, je ne connais pas largement, je ne connais que ce type. Je veux dire que ce serait hyper intéressant de fisser ces analyses de cycle de vie pour nourrir le monde, mais j'ai encore l'impression que c'est le fait qui est de se mutualiser sur des gros sujets comme ça, parce que je pense que je suis le premier qui va sortir une analyse de cycle de vie.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    clairement il y a la preuve de la différence et je pense que ça va aborder les autres c'est sûr parce que quand je parle avec Cécile Bull experte analyse du cycle de vie elle dit mais l'impact il est pas où on le voit j'en parlais à une chimiste la semaine dernière j'étais en laboratoire on faisait un test de différentes garances et de avec mon chimiste organicien justement parce que c'est vraiment important de parler aussi de l'inclure dans la discussion donc on a fait une synthèse d'alizarine parce que je voulais voir de quoi ça part en fait pour comprendre de quoi ça part et puis comment on arrive à la couleur puis après pouvoir faire une analyse chromatographique de la garance et de l'alizarine et voir un petit peu ce qu'il y a à l'intérieur bon ben on était trois dans le labo puis on commençait à parler justement d'analyse de cycle de vie puis On parlait du polystyrène. Le polystyrène, c'est toxique. Dans les années 60, par exemple, Victor Papanek, qui est pour moi une inspiration immense, parce que déjà en 1969, pour lui, l'équipe de design idéale, c'était le designer avec le chimiste, l'écotoxicologiste, le politicien. enfin vraiment l'aspect multidisciplinaire déjà en 1969 parce qu'on ne peut pas avec une seule vision une seule discipline répond à la complexité de cette thématique. Donc, elle me disait, au départ, et lui aussi, il disait, où je travaillais, il y avait une machine à pop-corn. Je disais, on devrait utiliser les pop-corn pour mettre dans les boîtes pour les transports. Mais après, quand ils ont fait une analyse du cycle de vie, ils se sont rendus compte qu'il fallait tellement d'eau pour faire pousser le maïs pour produire le pop-corn que ça ne valait pas la peine. Donc, l'analyse du cycle de vie va vraiment faire émerger des idées ou des voies qu'on pensait insoupçonnées et qui va pouvoir mettre en avant certaines choses et en éliminer d'autres. Donc, c'est vraiment important. Donc, peut-être dans le cadre de doctorat ou de post-doc, mettre des étudiants là-dessus. Mais moi, c'est quelque chose qui m'intéresse, en tout cas, dans le cadre de la recherche.

  • Vanessa Mardirossian

    J'avais des questions sur l'écosystème. Vous avez parlé que vous aviez fait des formations, que vous aviez fait des interviews, des entrevues. Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de vos partenaires de travail ? Qui vous êtes allé chercher ? Comment vous avez structuré votre recherche d'invités ? Comment on va dire ? Un échange ? Comment vous avez structuré tout ça ? Est-ce qu'il faut parler un petit peu des types de personnes que vous êtes allées voir ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui. Alors, quand j'ai fait la fameuse cartographie dont je vous parlais, en fait, moi, on parlait aussi des... projet futur, mais j'ai vraiment le projet de monter une chaire de recherche Design, Santé et Société. Donc, c'était les trois mots-clés. Design, Santé et Société. Et autour de ces trois mots-clés, se sont connectées différentes disciplines. Quand on parle de santé, on parle de quoi ? On parle de santé environnementale, on parle d'éco-toxicologie, on parle de... Je ne l'ai pas sous les yeux, dommage, j'aurais pu... tout la lire, mais donc design, santé, société. Donc là, a émergé ces différents profils-là. Et j'ai commencé par interviewer, par exemple, Dominique Cardon, l'historienne, et puis j'ai interviewé le chimiste Patrick Brenac, et j'ai interviewé la professeure pour savoir qu'est-ce qu'elle mettait en place, justement. Donc, mais au tout départ aussi, suite à mon exposition, je me suis dit comment je vais faire une mise à l'échelle de ce que j'ai fait dans mon laboratoire. Par exemple, si je décide de travailler des déchets alimentaires, à qui je dois m'adresser pour avoir des déchets à l'échelle industrielle au Québec ? Donc, là, j'ai contacté par e-mail, en plus en pleine pandémie, donc on était beaucoup derrière nos ordinateurs, facile d'accès finalement, puisque les gens… Donc, j'ai commencé à contacter… Bon. Je vais expliquer un petit peu là ce qui se passe à Montréal. Pour vous dire, je suis obligée d'expliquer un petit peu comme ça. Donc, on a Montréal la ville et on a les actions. Comment on fait pour améliorer la ville de Montréal ? Donc, il y a différentes initiatives. Parmi les initiatives, il y a Concertation Montréal. Concertation Montréal, qu'est-ce que c'est ? C'est, comme son nom l'indique, on est en concertation avec les industriels, les preneurs de décision, les citoyens. pour voir de quoi on a besoin à Montréal pour être bien dans la ville. Et sous cet axe-là, il y a différentes grappes. Il y en a dix, je pense. Et une des grappes, c'est la grappe métropolitaine de mode. Donc sous cette grappe-là... Il y a des personnes qui travaillent à se dire comment je vais allier l'économie, l'économie qui est de la mode en fait et du textile, avec aussi l'environnement. Donc comment on va améliorer ça ? Sur Concertation Montréal aussi. ils ont monté la grappe, la grappe, non pas la grappe, la communauté de pratique. Communauté de pratique, donc qui sont les acteurs locaux dans notre entourage qui travaillent le textile ? Comment ils font ? Donc il y a des réunions comme ça, où on se retrouve ensemble et où on échange comment on avance, de quoi on a besoin, quels sont les manques, qu'est-ce qui se fait ailleurs, comment chacun va apporter et moi-même des fois je vais intervenir là avec ma recherche un petit peu qui est un peu en parallèle tout ça je suis un peu à côté pour l'instant parce que je suis dans cette phase de recherche où on est un moment très précieux et luxueux je dirais, où on a le temps de gratter un petit peu et de chercher où est la problématique et à qui je dois parler pour tout ça donc ça c'est un aspect et quand on a lancé Five Horseshead Québec, on a demandé à la grappe métropolitaine de faire cette analyse justement des acteurs qui sont les industriels, quels sont les matériaux quels sont les savoir-faire, qui sont les personnes, pour pouvoir s'adresser aux bonnes personnes, puis identifier les manques, et puis travailler sur ces manques, former les gens peut-être, s'il nous manque certaines connaissances. Donc ça, c'est vraiment intéressant. Et puis aussi, je souhaitais, donc je parlais d'avoir cet accès à des... les déchets industriels. Et là, en parlant à cette personne-là, la Grappe Métropolitaine, Concertation Montréal, telle personne, tu devrais parler à telle personne qui devrait parler à telle personne. Donc comme ça, ça crée tout un réseau. Et là, je suis arrivée à parler à Sintec, à Saint-Hyacinthe, c'est à une heure de Montréal, où eux, c'est un centre de recherche et de technologie qui, leur mission, c'est de valoriser les déchets alimentaires, les déchets agroalimentaires. donc ça les intéresse évidemment les teintures parce que pour l'instant ils travaillent beaucoup avec l'alimentaire ou les matériaux mais avec qui sont les acteurs avec qui je dois parler pour faire une mise à l'échelle de mes processus et à côté de ça aussi j'ai parlé au centre de technologie le CTT de Saint-Hyacinthe qui récemment en 2022 aussi a lancé sa chaire de recherche en design éco-responsable Donc comment les chimistes, les étudiants, les scientifiques travaillent à améliorer les processus de solidité de couleur, de mordançage, de colorant. Donc voilà, vraiment important de se faire un carnet d'adresses de personnes pour pouvoir collaborer. Et puis après, évidemment, vous parliez de comment j'étais dans la transmission. Je fais beaucoup de séminaires, de colloques et de conférences où là, je dis toujours que j'ai trois cibles. à qui je m'adresse, à qui s'adresse ma recherche. Il y a le grand public. Donc là, le grand public, c'est plus à travers les expositions, les ateliers où on peut venir en famille, comprendre. J'ai vraiment ce souci d'avoir ce langage vulgarisé de la recherche puisque moi, à la base, je ne viens pas de ce monde académique, je viens vraiment de l'industrie. Donc, je passe par ce monde académique, mais j'ai vraiment le soin et le souci que ce soit utile à l'industrie, que ça revienne à l'industrie. il y a ce langage de se dire je veux que le maximum de personnes puissent le comprendre donc d'ailleurs dans le cadre de ma thèse j'ai participé à des concours comme ma thèse en 3 minutes par exemple, comment en 3 minutes je vais expliquer une thèse, une recherche de 6 ans, on parle du fameux pitch de l'ascenseur donc tout ça, ça m'a amenée à appliquer à un autre concours qui s'appelle Public Scholar en français c'est chercheur engagé, donc là je sors à peine de la mission d'un an où il fallait vraiment rendre la recherche publique et accessible au grand public. Donc c'est comment je vais publier dans des journaux comme Le Devoir par exemple, ou The Conversation, qui est accessible au grand public. Et tout ce que j'avance, en fait, The Conversation, c'est un média qui ne publie que des recherches. des recherches universitaires, mais sous le ton journalistique. Donc, tout ce que je vais avancer, il y a un lien avec la référence ou l'article scientifique ou des références sérieuses de ce que j'avance. Donc, je vous donnerai le lien aussi de conversation. Le devoir, et c'est dans ce cadre-là que j'ai fait l'événement où vous m'avez découvert les zones grises de la couleur à travers le prisme du design. Donc là, c'était une mission. ça s'appelle un Spotlight Event. À Concordia, il y a ce lieu justement qu'ils mettent à notre disposition où ils nous soutiennent dans tout l'aspect technologique, son, lumière, visuel. C'était incroyable. Voilà. De quoi tu as besoin Vanessa ? J'ai besoin d'une caméra au-dessus de la table pour pouvoir filmer ce qui est en train de se tramer. Donc c'était un peu ambitieux mon projet. J'ai essayé de faire une cartographie en trois heures, mais comme... la question que vous posiez, c'était où c'est qu'on peut avoir accès aux résultats ? Ce sera dans la thèse. Les résultats sont dans la thèse parce qu'il y a un retour sur tout ce qui s'est dit. Il y a un croisement entre les entrevues parce que toutes ces personnes-là, les invités, il y avait 12 experts invités. C'est des personnes que j'avais invitées. Voilà. Et donc, j'avais déjà un petit peu un état des lieux de ce qu'elles travaillaient. C'est pour ça que ce jour-là, c'était assez facile de faire les liens entre leurs différentes expertises et de garder le fil de la discussion. sur les zones grises de la couleur, que j'avais trouvé bien choisi comme titre, parce qu'il y a de l'ombre dans ce monde-là. Oui, voilà, je parlais de mes trois cibles. Je parlais de ma cible, les trois cibles. Il y avait la cible grand public, donc ça c'est à travers les expositions, les ateliers. Et il y a la cible des futurs designers, donc ça c'est à travers les formations. je donne à l'école supérieure de mode, mais aussi, idéalement, la chaire que j'aimerais monter pour travailler avec... Une chaire Ah, pardon. Une chaire de recherche, en fait, c'est un lieu, un laboratoire où on va faire travailler des étudiants sur plusieurs projets. Par exemple, ça pourrait dire, on va travailler sur une analyse du cycle de vie, des teintures, dans le cadre d'un doctorat, dans le cadre d'un post-doc, dans le cadre d'une maîtrise. et puis on réfléchit sur cette thématique, on va publier on va faire des demandes de subventions au nom de la chaire et on va faire des publications dans les magazines scientifiques pour donner accès donc magazine scientifique d'une part il y en a un qui va sortir ce mois-ci d'ailleurs dans le magazine Science du Design numéro 19 et la thématique c'était le designer et son médium donc c'est l'interaction donc moi ça me parlait parce que justement mon médium de la couleur a eu tendance à impacter ma santé et comment le médium couleur peut aussi être bénéfique à la santé. C'est un article qui est co-écrit avec la chercheuse Delphine Talbot de l'Université de Toulouse et qui, elle, travaille sur color and care. Donc, comment elle travaille avec la pharmacologie, comment elle travaille sur l'aspect médicinal des teintures.

  • Vanessa Mardirossian

    Ouais c'est incroyable, et là ça a un monde super réjouissant.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, mais il y a matière.

  • Vanessa Mardirossian

    C'est incroyable. Ça me fascine. Toutes ces propriétés. En plus de colorer les propriétés des plantes, ça pourrait apporter et porter des vêtements comme médicaments. C'est hyper intéressant. Je vais recevoir des histoires d'Aido. Ça va bien. C'est passionnant. En tout cas, n'hésitez pas, vous avez des publications comme ça.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    moi vous me les envoyez je vais les envoyer ici au TFECONSOS avec grand plaisir plus on avance mieux c'est mais je vais envoyer tout ça j'ai envoyé tout ça juste là pour dire l'aspect médicaments c'est quand je parle avec les chimistes c'est apprendre avec modération aussi parce que c'est dire Vanessa déjà au départ on se dit bah tiens tout ce qui est chimique mais Vanessa tout est chimique tout est chimique est-ce que c'est toxique et c'est non toxique parce que même ta plante elle a une activité biologique qui peut être nuisible donc c'est pas parce que c'est naturel que ça va être bon Donc c'est pour ça qu'encore une fois, on travaille avec le pharmacien, le pharmacologue, de se dire Ok, quelles sont les propriétés actives qui sont dans les plantes et qui vont rester dans mes teintures ? Donc ça, elle est en train. elle en parlera très bien Delphine donc voilà toute cette communauté finalement on a un océan qui nous sépare mais je veux dire la motivation est la même l'intérêt est le même et je pense qu'on avance et dans la troisième, donc là j'ai parlé du grand public, des futurs designers mais il y a aussi les preneurs de décision donc les preneurs de décision c'est les industriels, les politiciens et là grâce à cette année passée à être public scolaire j'ai J'ai pu mettre le doigt parce qu'on avait des formations sur justement comment on transforme une problématique en projet de loi. Et là, j'étais très contente de voir qu'en France a été votée la loi anti-fast fashion ou anti-ultra-fast fashion. Donc ça aussi, je l'ai relayée sur mes réseaux sociaux. Donc en fait, j'ai appris à partir d'une problématique à aller voir le politicien de mon quartier. Donc ici, moi c'est le quartier Ville-Saint-Laurent par exemple, qui est la personne en charge. Donc avancer cette problématique et comment cette personne, donc être convaincante déjà à mon étape, puis après comment cette personne va s'approprier la problématique et va la porter à la Chambre des communes pour en faire un projet de loi. Donc il y a vraiment un gros potentiel là. pour faire avancer les choses aussi. Il y en a qui se disent que ça va venir du consommateur. Je vote avec mon argent. Mais moi, je pense qu'il faut prendre ça comme de tous les côtés.

  • Vanessa Mardirossian

    On est tôt.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    On est là-haut, on atteint le politique, l'industriel. Dans mes entrevues, j'ai questionné des industriels qui ont plus de 6 000 employés avec des milliers de boutiques. C'est-à-dire, quelle est votre vision sur 5 ans ? Ma vision, c'est d'ouvrir encore une énième boutique. Peut-être qu'aujourd'hui, si vous abordez la décélération, vous allez peut-être être le leader de demain. Parce que justement, comment on peut décélérer en produisant moins ? C'est déjà, vous allez économiser, puis pouvoir investir dans des méthodes. comme on parlait peut-être tout à l'heure, d'améliorer la longévité des vêtements ou d'améliorer, de raviver les teintures de mes vêtements. Donc, il y a tout un monde.

  • Vanessa Mardirossian

    C'est génial, Vanessa. Franchement, je suis hyper contente de vous avoir et de vous entendre parce que franchement, je vous assure que je suis moins seule. C'est horrible, mais j'ai l'impression que cette approche en étoile dont vous venez de parler, c'est exactement ça. Il n'y a pas une solution. Vous parlez de la couleur des gens, il y en a plein. Il faut toutes les actes jaguées pour que ça bouge. Je voulais vous faire reprendre sur une autre question.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc vous avez parlé du retour à la terre, de l'agriculture territorial, j'ai rencontré Davia Milon que vous aviez invité aux zones grises de la couleur à travers le prisme des années 2000. Je vous l'ai dit dans le podcast, je donne beaucoup la parole aux agriculteurs, de par ma formation aussi, c'est un des sujets qui m'intéresse, mais je pense que c'est la base de tout. Quels sont vos souhaits pour cette filière territorial ? Comment vous envisagez les choses ? Vous savez, c'est des exemples de Jean-Luc, on a conscience qu'on n'est pas suffisant si on veut répondre à des gros acteurs. Comment vous la voyez ? Comment vous la percevez aujourd'hui, cette vie d'artisanat ?

  • Vanessa Mardirossian

    C'est vrai que le lien à la terre est très important et aussi le lien à la santé de la terre, à l'amélioration de la santé de la terre. Là, on le voit en France, je suis les nouvelles tous les jours, le nombre d'inondations qu'il y a parce que justement la terre n'est pas capable. Il y a une grande sécheresse. Donc quand on travaille la terre avec des plantes teintoriales, la terre, on le disait tout à l'heure, elle redevient meuble, donc elle est plus capable de garder l'eau. Donc ça, c'est une des problématiques, il n'y a pas que celle-là, mais ça contribue à améliorer la santé des sols. Tout à l'heure, je parlais du documentaire Demain de Cyril Dion, dans une des idées, c'était de se dire, je vais prendre tout l'espace public abandonné, il y a plein de terrains vagues. abandonnées, sales, je veux pouvoir cultiver des choses qui sont disponibles pour le grand public. Donc, on le voit, je ne sais pas si on le voit en France, mais ici à Montréal, par exemple, sur les trottoirs, il y a des jardins où on peut se servir. Donc, on apprend à se servir avec parcimonie aussi. On peut se servir du basilic, du persil, des tomates avec parcimonie. Donc, il y a une espèce, moi je dis, c'est très important de responsabiliser le citoyen parce qu'on parle toujours de consommateur. on nous a mis dans une case consommateur. Donc, qu'est-ce qu'il fait le consommateur ? Il consomme. Je pense qu'il faut sortir de cette dénomination de consommateur. Le choix des mots est important. On est des citoyens responsables. Et la terre sur laquelle on vit aujourd'hui, on nous l'a prêtée. On doit en prendre soin pour la génération future. Donc ça, c'est beaucoup le discours des écologistes, finalement. Parce que moi, c'est très ancré dans l'écologie. Quand je parle de... design éco-responsable ou que je parle d'éco-littératie, il y a vraiment une connaissance, enfin, j'ai même pas fini, je crois, sur l'éco-littératie textile tout à l'heure, c'est de se dire, qu'est-ce qu'on est, de quoi on est fait, et quel est l'impact de ce que je produis sur le vivant ? Donc, en produisant des plantes autour de nous, donc il y a plusieurs personnes qui font ça, quand je parlais tout à l'heure du documentaire Demain, c'était de se dire, il y a des jardins, des... inhabitants, qu'on n'utilise pas, où on peut faire pousser des choses. Et à Montréal, il y a Abie Abie, Myriam Rochon, qui elle s'est lancée en 2015, en fait elle avait une formation en design graphique, et elle trouvait ça assez polluant tout ça, donc elle a fait une deuxième formation en horticulture, et là elle s'est formée aux plantes teintoriales, et elle va demander aux personnes, aux propriétaires des terrains vagues, est-ce que je peux utiliser votre terrain pour faire pousser des plantes tectoriales ? Donc, comment, en faisant pousser des plantes tectoriales dans la ville, on va aussi faire du bien aux pollinisateurs, aux abeilles, parce qu'on a parlé du sol, mais tout ça, là, on en est, je ne sais pas, on voit des choses dramatiques, on voit les, je ne sais plus, je ne sais pas si c'est en Chine ou quoi, les Chinois qui pollinisent à la main les fleurs, parce que les abeilles, elles sont en train de mourir. Il faut prendre soin du vivant, et il faut remettre il y a un petit dessin que je vous enverrai d'ailleurs il y a égo égo versus écho et on voit l'homme, l'humain au-dessus de la hiérarchie et l'humain parmi le monde du vivant donc c'est ça qu'il faut travailler, donc je dirais moi pour le teintorial en particulier c'est d'avoir une approche citoyenne de la couleur parce que la couleur elle irradie elle a un impact beaucoup plus grand que le... que le joli bleu ou le joli jaune qu'on va porter, mais sur l'impact de la santé, de l'environnement, et donc de la planète, et par extension des changements climatiques aussi.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et du coup, Vanessa, si on devait imaginer une production teintoriale plus importante pour répondre à des besoins en teinture, en cosmétiques, dans d'autres applications, ça passerait ? par la culture, ça passerait par la valorisation des déchets, ça passerait par la valorisation des déchets alimentaires en frise, qu'on voit directement à la métallisation, alors qu'on pourrait en faire quelque chose. Vous voyez le source industrielle entre guillemets ?

  • Vanessa Mardirossian

    Non, en fait, justement, elle n'est pas unique. Elle n'est pas unique parce que, comme on voit en écologie, on a un impact, nous, humains, À partir du moment où on est et qu'on respire, il y a un impact. Donc, quoi qu'on fasse, si on le fait à petite échelle, petit impact, grande échelle, grand impact. Moi, je pense qu'il faut diversifier les sources. Donc, tout ce que vous venez de citer, l'agriculture, la valorisation de déchets, les bactéries, pourquoi pas. Mais tout le monde a sa place à petite échelle, parce qu'à grande échelle, l'impact est vraiment très très grand. C'est très très grand. C'est comme les teintures synthétiques. Je ne dis pas qu'elles n'ont pas leur place. On parle de chimie verte. Donc comment la chimie verte va pouvoir aider à sélectionner ça ? Donc on voit par exemple Rich ou EPA qui font la sélection un petit peu, mais on voit que c'est très complexe parce qu'il y a des milliers de molécules, comme l'explique... mon chimiste organisé avec qui je travaille, il me dit tu changes une mini chose, c'est une nouvelle molécule. Donc c'est très dur de pouvoir valider l'inocuité ou la toxicité d'une molécule, surtout que des fois, elle paraît inoffensive en isolation, mais quand elle est en interaction avec d'autres, comme on parle et qu'on vit aujourd'hui dans un cocktail, une soupe chimique, comme dit Daniel Goleman, un cocktail, on est exposé de façon chronique et mini-dosée à un cocktail de molécules dont on est incapable de dire l'impact qu'il a aujourd'hui et qu'il aura demain sur notre santé et sur celle de nos générations. Parce qu'on voit que les femmes enceintes, en fait, et les femmes en âge de procréer, le cerveau de leurs enfants est fortement impacté par toute la toxicité ambiante. Et les teintures y contribuent. grandement alors j'aime bien aussi l'idée du colibri de Pierre Rabhi et Cyril Dion qui avait monté l'association Colibri, vous connaissez l'histoire du petit colibri ? l'histoire du petit colibri c'est il y a un incendie immense dans une forêt et le petit colibri il arrive avec son petit bec il va chercher l'eau à la rivière et il éteint il les jette sur les flammes, il revient il fait des retours, une dizaine puis tous les animaux de la forêt ils commencent à se moquer de lui en disant, ben là, tu crois que tu vas éteindre ton feu avec ton petit bec et tout ? Il dit, non, mais au moins, moi, je fais ma part. Donc si toi, le gros éléphant, tu vas, avec ta grosse trompe, contribuer à éteindre le feu, tu iras beaucoup plus vite, c'est sûr. Mais le tout, c'est que chacun fasse sa part. Donc ça, ça m'a aussi beaucoup inspirée. Donc moi, je fais ma part à mon niveau de designer, de designer textile. quand vous m'avez demandé qu'est-ce qui était important, et voilà, je parlais que les teintures synthétiques aussi, elles ont leur place, mais à échelle minime. Là, elles ont trop, trop de place, donc trop, trop d'impact. Et aussi, voilà, ces molécules qui, quand elles sont testées en isolation, elles paraissent, ben non, ça va, cette molécule-là, c'est pas problématique. Mais, et dans le cas des colorants azoïques les plus utilisés en teinture, eh ben, leur dangerosité, c'est quand elles se dégradent. parce que quand elle se dégrade lors du lavage, dans les eaux, tout ça, elle dégage des amines aromatiques qui sont cancérigènes. Donc ça aussi, c'est une problématique qu'on a du mal à évaluer. Et donc, le cycle de vie permettrait de mettre en avant. Donc oui, les teintures synthétiques, on leur place, par exemple, pour tout ce qui est… le sportswear, le plein air, encore que vous savez que les bactéries sont capables de teindre le polyester. Les bactéries sont capables de teindre le polyester. Donc, il y a eu d'ailleurs une collection capsule, il y a quelques années, entre Living Colors, le collectif Living Colors, et la marque Puma, qui avait créé cette collection, Design to Fade, et qui justement ouvre la discussion et permet aux couleurs justement de devenir plus fades pour pouvoir peut-être, de collection après collection, et là, il y a un business pour ceux qui veulent faire du profit, de se dire, je peux reteindre, surteindre. Ce n'est pas un problème. La couleur, elle est vivante, comme vous, comme moi, comme les plantes qui m'entourent. Donc, elle a le droit de vieillir, elle aussi. Et si la fibre est belle, on peut pouvoir en changer la couleur et juste en la reviver.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je sais pourquoi je voulais vous le dire tout à l'heure, c'était sur la santé. J'ai reçu une chercheuse du CNRS qui a écrit un livre qui s'appelle Audrey Nier, qui a écrit le livre noir de la mode. Je crois que c'est l'épisode 15 du podcast. Non, c'est pas l'épisode 15. C'est l'épisode... Je vous retrouverai l'épisode. Et en fait, j'ai pris une part parce que le monde du textile, je le connaissais. Je savais qu'il avait un impact, mais je ne savais pas qu'il avait tant d'impact. Et en fait, il y avait tous les impacts du textile, et notamment sur la part de la santé. Et je me suis dit, moi qui ai suivi, côté alimentaire, des gros sujets de société comme le goût jaune, l'animal, des trucs qui sont d'un excès au niveau planétaire. Je me suis dit que le boulot de chambre de pandémie, c'est sûr. Parce que si on commence à sortir des preuves comme ça, et elle, elle dépendait un texte, un texte, et un, et un, sur l'impact des textes sur l'incinèrement des mamans. J'ai lu un texte que j'ai, je pourrais vous le passer, quand j'ai vu cet impact-là, je me suis dit, mais pourquoi personne n'en parle ? Alors, il y a quelque chose qui est sorti sur les pires espaces, dont vous en parliez tout à l'heure, qui reste en permanence. ça touche un peu ce sujet-là. Les gens parlent vraiment de la main-d'oeuvre sur la santé. Et je me suis dit, dès que quelqu'un va s'investir, des reportages, des chiffres, des infos là-dessus, c'est sûr que d'un coup, on va se trouver sur d'autres solutions. Et que là, la couleur végétale, la teinture végétale, etc., elle va pouvoir avoir un peu de place et un prix inférieur. Mais pendant que personne ne sort de dossiers, il se fait... C'est pas moi et moi avec le podcast qui va révolutionner le truc. Je veux dire, je pense que le prochain groupe en l'air, c'est l'impact de la VRT sur la santé, l'eau, l'environnement, le sol. On en parle depuis le début de notre échange. Dès que ça, ça va se faire. je pense que ça va vraiment avoir des grosses répercussions.

  • Vanessa Mardirossian

    C'est clair, oui, il y a beaucoup de livres. Et puis moi, je dis, moi, j'en suis le témoin numéro un, puisque je l'ai vécu. L'impact sur la santé, je peux en parler un tout petit peu. C'est que quand je travaillais dans mon atelier, je travaillais donc avec de la sublimation. Donc, j'avais une grosse machine industrielle pour imprimer à 200 degrés, donc des formats de 2,10 m par 1,10 m. Et donc, je travaillais avec ces encres dispersives. et j'avais jamais fait le lien avec ces problématiques-là avec la couleur, donc il n'y a pas vraiment d'extracteur approprié, puis j'ai imprimé des grands métrages, et puis ça fait de la fumée, parce qu'en fait c'est un processus, on part d'une teinture qui est sur un papier, et qui par la chaleur va pénétrer le textile par technique gazeuse. Et donc, ça sort vraiment dans l'air. Et puis, ma chercheuse en santé environnementale m'a dit, Vanessa, il y a trois voies de pénétration dans le corps. La plus grande, la plus importante, c'est l'inhalation. Après, il y a le contact cutané, puis il y a l'ingestion. Et donc, moi, je respirais toutes ces molécules-là, puis c'est impossible d'avoir mon deuxième enfant pendant quatre ans, dans une période d'infertilité de quatre ans. et puis tout un travail pour travailler l'insémination, on ne fait rien, rien, rien. Et finalement, après, une hystérosalpingographie, c'est-à-dire un examen qui fait un karcher dans les troncs. Le mois d'après, j'étais enceinte, mais mon enfant a une mutation génétique très importante. Donc quand on parle de colorants avec des troubles d'apprentissage et tout ça, c'est pour ça que des livres comme Only One Chance de Philippe Grandjean qui parle de l'impact des polluants sur le cerveau parce qu'il y a vraiment un moment de la formation du cerveau, je crois que c'est la huitième semaine ou je ne sais pas si il y a des molécules chimiques, synthétiques qui rentrent en contact avec le placenta ou quoi, ça a un impact pour la vie sur l'enfant et donc quand je vois que mon enfant a une importante modification génétique et avec tous ces troubles d'apprentissage, et qu'on voit que les molécules colorantes synthétiques, on les appelle cancérigènes, mais aussi mutagéniques, reprotoxiques et neurotoxiques, c'est sûr qu'il y a un impact sur les générations futures. Et en fait, le prix qu'on pense ne pas être cher aujourd'hui, c'est le prix que va payer la société dans 10, 15, 20 ans, quand on voit que de plus en plus d'enfants ont des troubles d'apprentissage, de l'autisme. Un enfant sur 68, les chiffres sont sortis aux États-Unis, qui ont un trouble du spectre de l'autisme. Donc c'est énormément d'impact.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    à lanterne ça on parle ça au sujet de l'impact sur l'autisme des gens qui sont en contact avec les polluants de la teinture c'est incroyable vraiment donc j'invite à lire ce livre de la Onchance et

  • Vanessa Mardirossian

    ce le livre Noir Bonheur d'Amour pour ceux qui ont envie vraiment d'avoir un rappel des faits parce que c'est vraiment il y en a un nouveau qui est sorti il y en a un nouveau qui est sorti là c'est To Die For To Die comme la comme la teinture, c'est D-Y-E, To Die For. Donc, le To Die For qui est sorti en 2023, c'est de Alden Wicker, A-L-D-E-N Wicker, W-I-C-K-E-R. Et un livre aussi qui m'a beaucoup inspirée pour tout l'aspect historique des colorants et de l'impact des colorants synthétiques, c'est Fashion Victims qui est donc de Alison Matthew David. mais je vais vous envoyer tous ces liens donc là ça explique vraiment les débuts de la teinture synthétique les problématiques de toxicité qui se sont révélées dès le début et les problèmes de santé mais malgré tout en fait parce que c'était facile parce que c'était pas cher parce qu'on pouvait en produire beaucoup parce que ça faisait plein de couleurs merveilleuses et bien on a poussé la recherche et il y a eu beaucoup de financement

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ok, super donc ça, ça sera pour la partie livre je voudrais arriver sur des questions un peu plus rapides d'échange pour aujourd'hui, quelles sont les personnes inspirantes sur cette histoire de la couleur végétale avec votre vision du monde à qui vous pensez ?

  • Vanessa Mardirossian

    Je pense vraiment, comme je disais tout à l'heure aux personnes qui sont dans l'action et qui sont sur le terrain Donc, évidemment, moi, j'ai mis Dominique Cardon. Sandrine Rosier, je suis allée visiter son atelier. Je trouve exceptionnel ce qu'elle fait au niveau grande échelle aussi. On a parlé, elle a travaillé avec Léman aussi, je crois, pour le film… Astérix. Astérix. Anne de La Sayette… Anne de la Sayette, Patrick Brenac pour le lien qu'ils font entre l'agriculture et l'extraction de colorants. Michel Garcia pour toute la connaissance et la transmission. En fait, je suis vraiment très admirative des personnes qui sont dans la transmission. Beaucoup, donc je montre, j'agis, je transmets et je fais connaître. Donc, Maïwa et... botanical colors pour moi aussi elles sont très très inspirante, évidemment. Dalia Milon aussi, je suis allée visiter son champ à Kamouraska. Mille plants d'indigo, beaucoup, beaucoup, beaucoup de fleurs, énormément de potentiel. Voilà, Abi Abi, Myriam Rochon, qui arrive comme ça à prendre ces espaces perdus. En fait, j'aime la valorisation de ce qu'on pense inintéressant. Voilà, on ne le regarde pas, on pense que ça n'a pas de valeur. mais ça a un potentiel énorme. Ça rejoint un peu une des questions que vous m'avez posées, si j'étais une plante tinctoriale laquelle j'aimerais être, mais moi j'aimerais être une source colorante à valoriser. En fait, quelque chose qu'on pense inutile, mais qui a un potentiel énorme à produire avant compostage. Donc Dominique, d'ailleurs, me parlait d'un ami qu'elle a aux Philippines qui a développé une belle teinture vieureuse à partir de la coquille externe des noix de coco, qu'on n'utilise pas pour la peau, autrement ou alors encore Michel Garcia qui avait fait cette recherche sur un beau jaune à partir de feuilles d'artichaut donc voilà comment la région produit des déchets qu'on va pouvoir valoriser donc moi j'aimerais être une de ces molécules colorantes là quelque chose qu'on pense insignifiant mais au grand pot au ciel qui renferme un trésor

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Top. Je voulais savoir, est-ce que vous avez écouté des épisodes de podcast Arrivé en Vert ? Est-ce que vous me suivez ? Est-ce que vous pouvez nous dire qui vous appartient à faire mon marché ?

  • Vanessa Mardirossian

    Oui, bien sûr, j'adore. Quand vous m'avez contactée, moi, j'étais déjà fan. Oui, oui, oui, oui. Et même mon chimiste aussi, il écoute et me dit écoute celui-là, écoute celui-là. Il me donne des conseils et tout. Donc vraiment, c'est une belle initiative que j'encouragerai, je partagerai dans... dans mes réseaux. J'aime beaucoup celui avec Dominique Cardon et Sandrine Rosier, quand elles parlent de leurs ateliers, parce qu'on a beau lire le livre, on a beau leur parler en vrai, il y a toujours des anecdotes. C'est ça qui est bien dans le podcast, c'est qu'on n'est pas figé à un texte et que la discussion est organique. Et donc, elles expliquaient, elles donnaient des petites anecdotes. En fait, quand elles racontaient, par exemple, en fait, on n'en savait pas plus que nos participants. On embarquait sur un bateau avec eux. et on partait à la découverte et c'est ça qui est beau, rester humble et curieux malgré tout c'est ça qui va faire qu'on va pouvoir faire des nouvelles découvertes encore parce que comme dit Dominique Ardon il y a tellement de plantes encore qu'on n'a pas découvertes et qui disparaissent à vitesse grand V ça

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    me fait penser à l'épisode avec Henri-José de Guadeloupe Pareil, il dit que régulièrement, il y a des sources territoriales, il envoie le nom des plantes, qu'elles ne connaissaient pas, ils ont des propriétés. Ce n'est pas terminé, il y a encore des sources. On a parlé il y a les plantes en vaillant. J'étais en stade, j'étais chez Anne Garcellet, et il me dit qu'il y a un sac du dos, qui est des 100 plantes en vaillant. elle donne un jaune magique et donc je suis en train de chez moi j'ai reçu ce jaune extraordinaire et je me suis dit dans les semblances j'ai regardé les semblances envahissantes j'ai regardé dans le détail je sais qu'il n'y a déjà pas de la peinture donc ça peut être en plus de magnifier des fibres naturelles ça peut en plus être une solution pour réduire l'impact de tout ça vraiment utiliser les plans au meilleur moi ça me résout oui j'aimerais vraiment qu'on ait déjà des soutiens des projets de recherche des initiatives et à l'histoire et mettre un peu la rue par rapport même un quart de ce qui est donné pour les politiques je suis sûre je suis sûre qu'on ferait des magnifiques et qu'on avancerait franchement ça c'est un peu pieux j'avais une question Vanessa je pense que c'est la dernière merci Qui vous aimeriez ? C'est votre micro.

  • Vanessa Mardirossian

    qui vous pensez intéressant une approche particulière pour le podcast c'est vrai la personne à qui je pensais c'était Rachel McHenry elle parle un peu français mais je ne sais pas où je la trouve admirable parce que déjà comme je disais je l'ai connue en 96 quand on faisait la maîtrise à Londres et déjà elle était très très enthousiaste et à soutenir les communautés. Elle travaille avec le Népal à l'époque. Là, elle travaille beaucoup avec le Pakistan. Elle travaille beaucoup avec les communautés en Inde. Donc, ils soutiennent les familles parce que les teintures naturelles, c'est aussi beaucoup de communautés. Et donc, elle, moi, je pense à elle, Rachel McHenry, qui est, non seulement elle est designer textile, elle est professeure à l'école de design de Toronto. et elle est aussi entrepreneur parce qu'elle travaille avec ses communautés et puis elle monte des collections en travaillant avec eux donc c'est elle que je pense

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Qu'est-ce que vous souhaitez pour la suite et votre projet ? Qu'est-ce qui va découler de votre projet ?

  • Vanessa Mardirossian

    Je pense aussi, excusez-moi mais en deuxième non mais je pense aussi à Myriam Rochon Myriam Rochon qui est de Habi Habi parce qu'elle C'est intéressant son parcours, sa prise de conscience, de dire mais tiens, c'est toxique et d'aller en horticulture pour revenir au textile. Donc ça, c'est intéressant. Et puis Nadia Bounian aussi, qui était parmi les invités, qui est designer textile et qui elle aussi, c'est très important pour elle, la traçabilité, elle est très proactive. C'est elle qui fait pousser des champs de plantes sectorielles au parc Jean Drapeau, au parc de Boucherville, à Montréal, et qui en même temps est designer de mode. Donc...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Top.

  • Vanessa Mardirossian

    Voilà, c'est ça. La dernière question, c'était ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Votre projet, c'est quoi la suite en fait ? Là, vous faites votre thèse, donc vous allez publier votre travail. Qu'est-ce que vous souhaitez ? Alors, vous avez publié une chaire d'objets.

  • Vanessa Mardirossian

    Oui.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Quels sont vos souhaits pour continuer dans cette thématique ?

  • Vanessa Mardirossian

    Alors, idéalement, moi, c'est un poste de professeur. à l'école supérieure de mode, c'est mon domaine la mode, j'ai commencé par un BEP, j'avais 15 ans, et aujourd'hui voilà, à mon âge que je ne dirai point, donc je suis toujours intéressée par, et curieuse, et dans la transmission, donc idéalement dans le cadre de l'école de mode, mais en fait ce doctorat m'a ouvert énormément de perspectives, donc ça pourrait être dans plein de domaines. de recherche autour de la couleur, mais évidemment le lien avec le design, donc l'école de design, l'école de mode, pour être à la place stratégique, pour sensibiliser les futurs designers, les former. Et aussi, quand je parlais de cette chaire de recherche, avoir l'opportunité d'avoir des demandes de subventions, de publier, de chercher, de faire des analyses de cycles de vie, et d'expérimenter encore avec la couleur non toxique. je dis non toxique parce qu'elle est peut-être végétale mais elle est peut-être autre chose on sait pas super,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    merci pour ce super témoignage j'ai adoré j'espère qu'on n'a rien si vous avez d'autres choses à ajouter non,

  • Vanessa Mardirossian

    je pense que on a bien fait le tour là c'était vraiment intéressant je vais vous envoyer des références de livres et des liens aussi vers des articles que j'ai écrits en public merci et voilà le prochain à suivre aussi je vous dirai scientifique voilà merci beaucoup pour l'invitation, honorée de faire partie de cette belle communauté d'échange, merci beaucoup pour votre travail de visibilité parce qu'on en a beaucoup besoin donc voilà,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    on est tous des petits colibris merci je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ArtEcoVert A-R-T-E-C-O-V-E-R-T pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix. C'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous ! Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale indigo tendance innovation

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Désolée pour ma voix en mode fête forraine ! Heureusement pour Vanessa Mardirossian le son est impeccable.


Saviez-vous que les teintures synthétiques représentent une menace non seulement pour notre santé, mais aussi pour l'environnement ? Dans cet épisode captivant du podcast ArtEcoVert, Pauline Leroux reçoit Vanessa Mardirossian, designer textile et chercheuse passionnée, pour explorer l'univers fascinant des teintures végétales et des plantes tinctoriales. Ensemble, elles discutent de l'importance cruciale d'intégrer des alternatives durables dans l'industrie de la mode, tout en mettant en lumière l'impact positif des colorants végétaux sur notre planète.


Vanessa partage avec enthousiasme son parcours, de ses débuts en design de mode à sa prise de conscience des dangers des teintures synthétiques. Cette révélation l'a conduite à explorer les merveilles des pigments végétaux comme l'indigo et la garance, qui non seulement embellissent nos textiles, mais enrichissent également la biodiversité et la santé des sols. Dans un monde où la durabilité est devenue une nécessité, cet épisode est une véritable invitation à repenser notre rapport à la couleur et à la mode.


Au cours de cet échange inspirant, Vanessa évoque des projets innovants et des collaborations avec des experts pour promouvoir l'utilisation de colorants biosourcés et de fibres naturelles. Elle insiste sur la nécessité d'une approche multidisciplinaire pour intégrer la couleur végétale dans nos choix vestimentaires. Les tanins et autres éléments naturels sont mis en avant comme des solutions viables pour réduire notre empreinte écologique tout en célébrant la beauté des nuances offertes par la nature.


Ce podcast n'est pas seulement une discussion technique, c'est un véritable voyage au cœur d'un jardin tinctorial, où chaque teinture raconte une histoire et chaque couleur a un sens. En découvrant ces alternatives, vous serez encouragés à faire des choix plus éclairés et plus respectueux envers notre planète.


Rejoignez-nous pour cette conversation enrichissante qui éclaire le chemin vers une mode plus verte et plus consciente. Pour en savoir plus sur les initiatives de l'agriculture tinctoriale et les tendances actuelles, ne manquez pas cet épisode inspirant. Belle écoute !


⭐Plus de contenus, plus d'échanges, plus de partages, allez sur Patreon : https://www.patreon.com/ArtEcoVert 

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🗝️ Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin indigo


Bonne écoute


Pauline



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de Valeur. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans nos vies. Alors c'est parti, bonne écoute ! Bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast à récréer Vanessa Mardirossian. Bonjour Vanessa.

  • Vanessa Mardirossian

    Bonjour Pauline.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc avec vous, on part au Canada, ça c'est chouette, parce qu'il y a beaucoup de francophones qui écoutent notamment le podcast, donc ça fait plaisir. Je vous ai découvert lors des zones grises de la pleuve à travers les prismes de Seine textile. C'était un événement que vous avez organisé qui rassemblait beaucoup de monde de divers endroits et je suis connectée de mes vacances. Et je vous ai découvert à ce moment-là. Et je me suis sentie beaucoup moins seule. Je me suis dit, j'ai fait un... Avant, j'ai déjà pensé, mais il y avait des gens qui cherchaient à me tuer, à garder, à faire parler différents mondes, et qui faisaient énormément de recherches sur l'être en avant de la couleur végétale. Donc, Vanessa, j'aimerais que vous puissiez, en vous présentant aux auditeurs à réconverser, raconter un petit peu ce que vous êtes, votre parcours et comment vous en êtes arrivée finalement à cette valeur végétale dans ce parcours.

  • Vanessa Mardirossian

    Très bien, ben oui avec grand plaisir. Donc ben moi à la base c'est vrai que je vis au Canada, à Montréal depuis 16 ans maintenant. À la base je viens de France, je viens de Nice, du sud de la France et j'ai fait mes études en design de mode. Donc j'ai commencé même par un bac en art appliqué à Antibes puis après je suis montée à la capitale. J'ai fait mes études à l'école Dupéré en design de mode. Et puis j'ai fait mon DSA en mode et environnement. Et ensuite, je me suis rendue compte en fait que j'avais moins d'idées pour tout ce qui était forme des vêtements, mais plus pour tout ce qui était matière. Donc, j'ai souhaité continuer mes études en faisant une maîtrise à la Centrale Saint-Martin à Londres en design textile. Et puis, suite à ça, j'ai commencé à travailler en tant que designer textile indépendant pour la haute couture, le prêt-à-porter, les bureaux tendance. Et j'ai travaillé comme ça pendant dix ans. J'avais mon propre… Atelier boutique à Nice, et je travaillais pour Christian Lacroix, Chanel, Kenzo, Louis Vuitton, pour Nelly Rodi, et dans la prospection, dans les pièces uniques en fait. Je faisais vraiment des panneaux de textile imprimés en pièces uniques, puis là les couturiers coupaient dedans, puis ils faisaient des modèles. Pendant cette période, c'est vrai que j'ai eu quelques problèmes de santé. mais je n'ai jamais fait le lien entre les teintures synthétiques que j'utilisais pour travailler et mes problèmes de santé. Ensuite, je suis partie au Canada, mais ça on va y revenir après. Je suis partie donc au Canada, et là, il me manquait une corde à mon arc. J'ai dit, tiens, je n'ai jamais travaillé dans l'industrie, donc j'ai commencé à travailler dans l'industrie pour la fast fashion à Montréal. Et puis, au bout de six ans, j'avais fait un petit peu le tour et je me suis dit, là, comme je suis assez curieuse à chaque fois, je peux toujours me lancer des nouveaux challenges. Donc, j'ai dit, j'aimerais bien enseigner maintenant. Je pense que j'ai une vision 360 degrés de la mode et du design textile en particulier. Donc, je pense que j'ai envie de transmettre. Donc, j'ai approché l'école supérieure de mode de l'UQAM, l'Université du Québec à Montréal. et là ils m'ont dit écoute Vanessa c'est super t'as tout ce qu'il faut mais ce serait super de faire un doctorat pour atteindre des postes de professeur en fait c'est important d'avoir un doctorat donc j'ai dit un doctorat qu'est-ce que c'est j'y avais jamais pensé et je me suis lancée dans cette nouvelle aventure et là il fallait trouver un sujet, une thématique donc j'ai commencé à regarder un petit peu beaucoup de documentaires sur la mode, sur les textiles et là il y a un documentaire en particulier qui m'a interpellée c'est un rapport de Greenpeace de 2015 qui s'appelait Toxic Threads et qui parlait de l'impact que pouvaient avoir les teintures synthétiques sur la santé. Et c'est là que la prise de conscience s'est faite par rapport à mes propres problèmes de santé, où à l'époque je travaillais avec du polyester, avec des encres dispersives, des techniques de sublimation. et où j'ai eu des problèmes d'infertilité, des problèmes de mutations génétiques avec mon enfant. Donc tout ça, je faisais le lien. Je n'ai pas cherché des réponses forcément, mais en tout cas, ça a eu un impact sur ma pratique de designer. Donc c'est comme ça que j'ai souhaité entreprendre une recherche multidisciplinaire où j'allais allier le design, la santé environnementale et la chimie. Donc, dans le cadre de ma thèse, tout ça, c'était il y a 7 ans, parce que j'ai commencé en 2017. Et en 7 ans, normalement, une thèse, c'est 4 ans. Là, je suis en phase de rédaction de thèse. Mais en 7 ans, j'ai quand même appris de nouveaux métiers, donc celui d'enseignante et celui de chercheur. Parce que j'ai découvert un nouveau monde, en fait, la recherche en design, et comme on l'appelle ici au Québec, la recherche création en particulier. C'est quelque chose que je ne connaissais pas du tout et qui ouvre des portes et des opportunités incroyables pour faire des ponts avec différentes disciplines, mais aussi pour aller en profondeur dans une thématique. Parce que ce que je dis toujours, c'est que quand on est dans l'industrie, dans le monde du travail, tout va trop vite. Bon, en plus quand on est dans la... fast fashion, mais tout va trop vite, de toute façon on n'a pas le temps de réfléchir, il y a des délais, il y a des saisons, il faut sortir des collections. Donc là c'est un moment où on peut avoir cette réflexion un peu plus profonde sur nos pratiques. Et j'ai commencé cette recherche création, où là un peu ce qui est au cœur de ma recherche c'est ce que j'appelle l'éco-littératie textile. Donc qu'est-ce que c'est l'éco-littératie ? C'est un concept qui a été lancé par le pédagogue David Orr, un pédagogue américain en 1990, qui s'était rendu compte en fait que dans nos enseignements traditionnels, il y avait une grande déconnexion avec notre environnement. Donc tout est centré sur l'humain, les besoins de l'humain. Donc là c'était de se dire d'où on vient, de quoi on est fait, de quelles molécules on est fait. On se rend compte qu'on est fait des mêmes molécules que tous les êtres vivants qui nous entourent, les plantes, les animaux, et qu'on n'est pas au-dessus de la hiérarchie du monde des vivants. mais qu'on en fait complètement partie. Et ce que ça apprend aussi, c'est que les matériaux qu'on utilise, ils ne vont pas disparaître dans l'atmosphère. Tout est recyclé, tout revient. Donc quand on crée des molécules synthétiques qui sont persistantes et qu'on n'arrive plus à dégrader, on a une problématique après de recyclage et aussi de déplacement de ces molécules qui deviennent une pollution pour l'environnement. Donc voilà un petit peu le début de mon parcours.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, alors du coup ça c'est le parcours, et alors le lien avec la couleur vegetale ?

  • Vanessa Mardirossian

    Alors, c'est vrai que je suis partie de la couleur synthétique. En tant que designer textile, c'est mon outil de travail, la couleur. Et je l'ai toujours utilisé comme un aspect un peu esthétique. Un beau bleu, un joli rouge, un jaune vibrant, une gamme de couleurs pantone aussi. On doit suivre une tendance. Mais jamais je suis allée voir ce qu'il y avait derrière la couleur. Et quand on va voir un petit peu ce qui est derrière la couleur, on se rend compte que... il y a des risques en fait. Donc là j'en suis, comme je disais dans la rédaction de ma thèse, dans le premier chapitre je fais un petit peu un historique des teintures végétales, un historique des teintures synthétiques, et un historique des teintures biotechnologiques, parce qu'aujourd'hui tout ce qui est dans des approches un peu prospectives de la couleur, on travaille avec le vivant, on travaille avec des... des bactéries, certains designers et chercheurs travaillent avec des bactéries ou des algues donc je me suis un petit peu intéressée à ces trois mondes là grâce à ça et dans le cadre de ma recherche je fais des entrevues, donc c'est pour ça que j'ai rencontré tout un panel d'experts incroyables dont l'historienne, archéologue, ethnographe Dominique Cardon que vous avez aussi reçu sur votre podcast et que j'ai écouté avec grand intérêt donc ces personnes là sont capables, sont gardiennes de ces connaissances, de ces savoirs. Quand je disais à Dominique, ces savoirs perdus, elle dit Mais non Vanessa, ils ne sont pas perdus. Je dis Mais ils ne sont pas perdus pour vous, qui travaillez en tant qu'historienne, mais pour, par exemple, les designers comme moi, qui ont été formés dans les années 90, pourtant dans des écoles de renom à Paris ou à Londres, la teinture, on n'en parlait pas. C'était de la teinture synthétique et on ne s'est jamais posé la question ni de... ce qu'elle comportait, ni de comment elle était fabriquée. Donc c'est intéressant de s'intéresser à l'origine de cette matière-là. Donc quand je m'intéresse en particulier aux teintures synthétiques et qu'on voit comment ça a commencé tout ça, à la base en fait c'était vraiment un résidu. en fait au 19e siècle, milieu du 19e vers 1856, on date un peu à cette époque-là avec la découverte de la mauvaise vie de William Henry Perkin, c'était vraiment de se dire comment je peux valoriser ces déchets, ces rebuts en fait de... des origines pétrochimiques qu'on utilisait pour faire des lumières, pour illuminer les villes. Comment on allait utiliser cette houille, ce résidu, pour faire des médicaments ou d'autres valorisations commerciales. Et c'est là qu'on a commencé à faire des encres et des teintures synthétiques. Donc, dès le départ, on s'est rendu compte pourtant qu'il y avait des problèmes de santé connectés à ces teintures-là. et aussi des problèmes de solidité. Elles n'ont pas été opérationnelles dès le départ, donc il y a eu beaucoup d'investissements et de recherches pour qu'on les améliore, ces teintures-là. Parce que justement, elles étaient moins chères, on n'avait pas besoin de faire pousser des teintures, ça paraissait à la base magique un petit peu. Elles étaient moins chères, et là je mets ça entre parenthèses, d'un certain aspect, mais parce qu'on externalise un petit peu le coût environnemental de cette teinture-là. Donc aujourd'hui, on commence à en parler un petit peu, mais ça devient difficile parce que, ça reste difficile parce que quand même l'industrie de la mode, c'est une industrie où beaucoup de profits, avec ce modèle économique de fast fashion qui est né depuis les années 60 en fait, avec en particulier la marque Zara vers les années 1968. je pense, avec cette idée de se dire on va démocratiser la mode, on va la rendre accessible au plus grand nombre. Ce qui, à la base, n'était pas une mauvaise idée, mais ça a créé ce processus d'accélération de production et aussi d'augmentation de profit qui fait que les coûts de production doivent être de plus en plus bas. Donc on cherche des... des produits qui ne sont vraiment pas chers, et donc ce qui fait que l'impact environnemental grandit finalement, puisque ces molécules sont issues de la pétrochimie. Donc pour revenir, parce que je m'éloigne un petit peu, je pars dans mon historique, pour revenir à pourquoi je m'en suis intéressée aux teintures végétales, c'était parce que dans le cadre de ma recherche, je cherchais des alternatives à ces teintures synthétiques qui ont un impact sur la santé et l'environnement. Et donc... les premières... En fait, au départ, avant de contacter tous ces experts, j'ai commencé, puisque dans le cadre d'une recherche-création, on allie et vraiment de façon très liée la théorie et la pratique. Donc, j'ai commencé par les livres, en lisant un petit peu l'histoire des teintures synthétiques et des teintures végétales. Et tout de suite, je suis partie dans le laboratoire où j'ai commencé à expérimenter. Et ce qui m'intéressait, dans le cadre de ma recherche. Je parlais d'écolittératie, qui est un premier grand concept de ma thèse. Le deuxième, c'est le biomimétisme. C'est comment on va prendre le vivant comme modèle. C'est un concept qui a été popularisé en 1997 par la biologiste américaine Janine Benus, qui, elle, se disait qu'on devrait observer les processus de fabrication du vivant, voir comment... le vivant arrive à fabriquer des matériaux à température ambiante et sans produits chimiques finalement. à l'université où j'étudie, qui est l'université Concordia à Montréal, on a la chance d'avoir ce Speculative Life Biolab où on peut travailler et expérimenter avec l'huivant, comme je disais tout à l'heure, et des algues, avec des bactéries. Donc j'ai commencé à travailler avec ces petites bactéries qui sont capables de produire des teintures sous 48 heures et à température ambiante. Donc j'ai fait toute une série de recherches et une exposition sur... ce processus de bactéries. En parallèle de ça, je m'intéressais aussi à tout l'aspect circularité. Quand on parle du vivant, il y a une circularité, c'est-à-dire le vivant, il a un cycle de vie, donc il y a une naissance, il y a une vie, puis il y a une mort aussi. Et cette mort, en fait, elle nourrit la future génération. Donc ce qui m'intéressait, c'est de se dire, de travailler avec des végétaux. qui, avant de retourner au compost, peuvent produire encore, contiennent des pigments. Donc j'ai commencé à travailler avec les déchets agroalimentaires pour fermer un peu cette boucle-là. Donc en parallèle, je travaille avec les bactéries. Il faut savoir que les bactéries... elles viennent de l'environnement, du vivant, elles peuvent venir du sol, elles peuvent venir de lacs. Chaque bactérie produit, chaque souche bactérienne produit une couleur. On a par exemple l'indigofera qui va produire du bleu, on a la serratia qui va produire du rouge, et comme ça on a tout un panel de couleurs, du rose, du jaune, du violet. Et donc d'un côté je travaillais avec ces matériaux un peu prospectifs, innovants, de bio. technologie, et de l'autre, je travaillais avec mes déchets alimentaires. À un moment, je me suis rendue compte et j'ai voulu élargir la palette de ce que pouvait produire la sérachia, par exemple, qui produit du rouge. Donc, je me suis rendue compte qu'en lui donnant des nutriments un peu plus sucrés, salés... elle réagissait de façon différente. En particulier la bleue, l'indigo férenc, qui était plutôt timide. Donc en lui donnant des nutriments, elle devenait plus prolifique. Et donc j'ai fait plusieurs recherches comme ça, puis je me suis rendu compte que les couleurs pouvaient varier, mais essentiellement parce qu'elles variaient selon le support sur lequel je les imprimais. Parce que, pour ceux qui ne le savent pas, on va préciser qu'on teint avec les teintures naturelles. principalement des fibres naturelles. Dans ce monde-là, on a les fibres végétales, qui sont le coton, le lin, le chanvre, par exemple, et les fibres animales, qui vont être la laine et la soie. Donc les bactéries, comme dans les teintures végétales, réagissaient, devenaient beaucoup plus vives sur des couleurs protéiniques, qui sont les couleurs végétales, qui sont les couleurs animales, que sur les couleurs végétales. Donc j'obtenais, par exemple, si on part de la serrachia, J'obtenais des rouges profonds sur mes laines, des roses vifs sur mes soies et des mauves un peu plus pâles sur mes cotons et mes lins. Donc là, je me suis dit comment je vais pouvoir encore élargir cette palette. Et j'ai commencé à nourrir mes bactéries avec ces déchets végétaux pour croiser ces deux mondes-là. et là il faut dire que ça ne donnait pas non plus énormément de différence ça le donnait dans mon petrediche c'est à dire ma boîte pétrie où la couleur d'une bactérie va devenir par exemple rouge vif quand elle est vivante quand on parle de la servachia il va devenir plutôt mauve ou violette une fois qu'on l'a autoclavé c'est à dire qu'on a utilisé de la vapeur pour la tuer et là elle devient un peu plus mauve Donc je n'obtenais pas une grande palette si variée que ça. Donc j'ai décidé finalement d'utiliser les déchets alimentaires pour teindre et les bactéries pour imprimer. Puisqu'à la base, mon métier, c'est l'impression. Donc je me suis rendu compte que j'arrivais à guider la croissance des bactéries parce qu'elles ont besoin d'oxygène pour pousser. Donc par des jeux de pochoirs, je créais des motifs un petit peu. Et je pourrais partager certains documents. pour les auditeurs, s'ils veulent voir quelques images, quelques liens de l'exposition, pour voir des visuels. Parce que là, parler de la couleur sans la voir, on a besoin un petit peu, donc ça pourrait être appuyé par certains liens que je vous enverrai.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Top. Et Vanessa, j'ai une question. Je vois les boîtes de pétri, pour cultiver les bactéries, etc. Comment vous l'appliquez ? Vous avez dit un système de précoce. Comment vous l'appliquez, cette bactérie ? Elle est sur un support ? Elle se développe ? ou vous la collez dans une boîte de pétri et vous commencez à comprendre parce que j'ai du mal.

  • Vanessa Mardirossian

    Oui, bien sûr. La bactérie, pour se développer, elle a besoin d'un nutriment. Là, on travaille sur de l'agar. L'agar, c'est issu d'une algue. C'est vraiment un processus très classique en microbiologie où on a besoin de ce terrain humide pour que la bactérie se développe. Je développe ma bactérie En fait, j'inocule la bactérie qui à la base est liquide. J'explique aussi que j'utilise la même souche depuis 2017, depuis que j'ai commencé à travailler avec les bactéries, parce que cette bactérie, on peut la mettre en sommeil, ou dans le réfrigérateur, ou on peut la congeler. Et on peut la réveiller. grâce à des nutriments et à de l'oxygène quand on en a besoin. Donc là, je prépare ma boîte de pétri avec mon nutriment à base d'agar. J'inocule ma bactérie qui, à la base, est transparente. Et sous 48 heures, elle va produire son pigment. En l'occurrence, la CRH1, c'était du rouge. Ensuite, il y a toute une idée de mise à l'échelle de cette bactérie. Là, on parle d'une petite assiette de 10 cm de diamètre. Donc là, quand j'ai réalisé mon exposition où j'imprimais un... un manteau entier, j'ai fait une mise à l'échelle. Je suis passée de la boîte de pétri de 10 cm à une taille à 4 environ, et puis une grande boîte finalement de la taille de ma veste. Donc j'inoculais en fait la bactérie toujours sur la gare, et après je venais chercher avec mon vêtement, un peu comme une impression, je venais appliquer et chercher le colorant rouge qui après était mis dans une autoclave. Alors là, on parle d'une technique très expérimentale, mais il y a certaines compagnies comme Pili en France, par exemple, ou Colorifix en Angleterre, qui travaillent avec des bioréacteurs et qui sont en train de développer un processus plus industriel de cette technologie. Donc ça, c'était un petit peu, je voulais me familiariser avec les différentes techniques. Donc d'un côté les bactéries et de l'autre les teintures végétales. Je me suis lancée dans ce monde-là à la base. par instinct, un petit peu, en essayant des choses, sans avoir ces connaissances que j'ai aujourd'hui, que je suis allée chercher après, à travers des entrevues, mais aussi à travers des stages et des formations que j'ai prises avec des experts en teinture végétale.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, justement, j'allais vous demander, je comprends les travaux parallèles entre bactéries et déchets alimentaires, je comprends la recherche de savoir-faire pour les pochoirs, etc. Qui vous avertit de tourner pour l'apprentissage de la teinture légère ? qui vous avez rencontré, est-ce que vous pouvez nous dire un petit peu comment vous vous êtes mis en bouquet de tout ça ? Parce qu'en plus, vous avez l'avantage d'être bilingue. Où est-ce que vous êtes allée ? Moi, je connais un peu bien plus la réponse, mais qu'est-ce que vous pouvez nous citer comme ressources qui vous ont aidé à compléter le savoir et à faire ces bases ?

  • Vanessa Mardirossian

    Au départ, j'ai commencé à ce qu'il y avait près de chez moi, donc à Montréal. Donc, à Montréal, on a le centre d'impression textile, centre de design et d'impression textile. Donc là, il y avait une formation. La première formation que j'ai prise, c'était en 2018 avec Nathalie Tremblay qui enseignait la teinture végétale. Donc ça, on travaillait à partir de pigments végétaux qu'on achetait chez Maiwa. Maiwa, c'est une compagnie dirigée par Charlotte Kwon. qui est située à Vancouver. Donc, les pigments venaient de là-bas. Puis, j'ai découvert ce monde-là, en fait, d'extraits végétaux, de mordansage aussi, parce qu'il y a toute une préparation de la fibre en amont. Donc là, on mordansait avec de la lin, par exemple. et je dois dire que autant Maiwa que aussi j'ai une deuxième source au Canada elle est à Seattle aux Etats-Unis mais elle fournit aussi beaucoup au Canada, c'est Botanical Colors, Cathy Hattori donc toutes les deux en fait, Charlotte comme Cathy elles sont beaucoup dans la transmission des connaissances, donc sur leur site respectif elles partagent gratuitement énormément de ressources pour mordre danser les tissus. Cathy, par exemple, elle organise des Mordanting Mondays. Donc, chaque jour, un petit peu, il y a comme une communauté, en fait, qui se crée autour de la couleur, qui est assez nichée, donc où on se connaît un petit peu tous, finalement, et aussi où rentrer en contact avec ces personnes-là, ces experts. très érudits comme Dominique Cardon aussi, il y a une ouverture, il y a une facilité parce qu'il y a une envie de transmettre, une envie que ces connaissances perdurent et aussi soient utiles aux designers actuels pour vraiment trouver une alternative à ces teintures synthétiques qui quand même teignent, je ne dirais pas 90%, mais la grande majorité de nos textiles aujourd'hui.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, donc d'abord dans le cercle, le reste, enfin, on trouve au Canada, donc oui, le maïwa et le botanical color. même en France on les connait donc j'imagine que c'est des super ressources et donc du coup dans des interviews c'est en fait vous faisiez des échanges des rencontres vous allez les mettre sur place oui alors d'abord la

  • Vanessa Mardirossian

    première formation que j'ai prise avec Nathalie Tremblay au centre d'impression textile j'y suis allée c'est une fin de semaine comme on dit ici c'est un week-end c'est un week-end où là on expérimente toutes ces couleurs j'ai pris aussi un petit peu un cours sur l'indigo, l'indigo qu'on a fait à partir de bananes, parce qu'il faut du fructose pour faire de l'indigo, donc il faut un sucre, donc il y a des indigos à partir de dates, des indigos à partir de... Là, ce jour-là, on avait fait à partir de bananes, donc j'ai découvert tout un nouveau monde. Et donc ça, c'était ma première formation. Ensuite... J'ai pris une formation aussi avec Katia Tori. Elle est à Seattle, donc c'était en ligne, mais c'était vraiment très bien fait. Ce qu'elle offre, c'est un kit de démarrage où il y a un petit peu de différents extraits. Il y a aussi des fleurs, il y a aussi des mordansages, il y a du fer pour après faire de la modulation de couleur post-bain. C'est une deuxième formation que j'ai prise. Et puis après, il y a eu toute la partie aussi d'entrevue qui fait partie de ma thèse finalement. Donc là, quand je faisais... Tout l'aspect théorique de ma thèse, ça m'a donné une espèce de cartographie un petit peu de comment les disciplines s'interconnectaient les unes avec les autres. Et au croisement de ces disciplines, ont émergé certains experts, certains noms d'experts, avant que je les contacte. Par exemple, c'est l'histoire, si je dois parler à quelqu'un, ça va être Dominique Cardon. Si je dois parler à quelqu'un qui fait des extraits végétaux, ça va être... Anne de la Sayette, que vous avez interviewée aussi, ou Patrick Brenac de Greening. Donc, ces noms-là ont émergé. Et donc, j'ai commencé mes entrevues aussi avec des gens que je connaissais. Par exemple, il y a eu la professeure... qui s'appelle Rachel McHenry à Toronto, que j'avais connue lors de ma maîtrise à Londres, qui elle a toujours travaillé, depuis les années 90, elle travaillait avec des communautés en Inde, au Pakistan, des communautés de teinture naturelle. Elle est professeure à l'Université de Toronto et elle enseigne la teinture végétale. Ce que je trouve intéressant aussi, c'est que je me rends compte que la plupart des personnes qui s'intéressent à la teinture végétale reviennent à l'agriculture. Donc, elles repartent du début. Il y a ce lien avec d'où ça vient, comment ça pousse. Donc, par exemple, mon amie Rachel McHenry, elle a lancé un atelier de plantes sectoriales sur le toit de l'université. Donc, comment les étudiants doivent partir à l'origine de... de la couleur finalement. Et je me rends compte que c'est quelque chose qui revient chez toutes les personnes avec qui je travaille. Par exemple, j'ai commencé l'entretien aussi avec Dominique Cardon, qui m'expliquait un petit peu cette histoire des couleurs. En fait, elle est vraiment sur le terrain. Elle étudie des teintures du paléolithique, de l'âge de bronze, où elle se rend compte qu'en fait, c'est... ces garances qu'on utilisait déjà à l'époque, ce rouge garance qui vient d'une racine et d'une solidité incroyable, puisqu'elle date de plus de 2000 ans. Donc, il y a tout cet aspect aussi qui m'intéresse de mettre en avant dans ma thèse, c'est de... de casser un peu ces préjugés qui nuisent au développement des teintures naturelles, où les teintures naturelles, on dit qu'elles ne sont pas solides à la lumière. Mais moi, j'ai envie de contrecarrer ça en disant, pourquoi on aurait besoin que des teintures synthétiques qui doivent durer 100, 200 ans ? Alors que notre envie de changement, tous les six mois avec une nouvelle couleur, on n'a pas besoin qu'une couleur dure des centaines d'années. D'autant plus qu'après ça devient un problème environnemental où ces molécules sont persistantes dans l'environnement et on est incapable de s'en débarrasser et perdurent dans l'eau potable et entrent dans la chaîne alimentaire et dans le corps humain finalement, et dans tous les vivants.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc ce problème qui est un faux problème de solidité de couleur, en fait c'est surtout un problème de mentalité, je dirais. On a besoin d'un changement de mentalité. On a besoin de se dire… on doit faire des fibres de qualité, mais les couleurs, même si peut-être elles vont passer un petit peu, et pas toutes encore, mais certaines sont plus évanescentes, on parle de couleurs grand teint et on parle de couleurs petit teint. Donc les couleurs grand teint comme la garande justement, la gaude, l'indigo, ces couleurs vraiment de base qui sont les trois couleurs primaires avec lesquelles on peut faire toutes les couleurs incroyables. Enfin, moi, j'avais été vraiment épatée quand, avec simplement mes déchets alimentaires, j'arrivais à matcher, comme on dit dans le jargon, les couleurs pantone de la saison 2022-2023. Je travaillais avec mes étudiants, j'arrivais à les matcher complètement, à les assortir, parce que c'est une recette, en fait. La teinture végétale, c'est de la cuisine. Donc on prend son cahier, on prend des notes, on mesure des ingrédients, on mesure des températures, on mesure des bains de pH, et là on arrive à obtenir des reproductibilités. Donc pour expliquer un petit peu ce parcours-là, je m'éloigne un peu peut-être, mais j'ai commencé par faire cette exposition où j'ai exposé dans une vitrine pendant trois mois, sans protection IV, cette veste réalisée en collaboration avec une avec des artisans et des designers locaux qui ont fait le patronage, qui ont fait la couture, qui ont tricoté le jersey aussi des compagnies locales. Et j'ai vu au bout de ces trois mois qu'effectivement, il y avait une certaine sensibilité à la couleur. Les bactéries, en l'occurrence, étaient assez sensibles à la couleur. Donc il faut voir maintenant au niveau de ce qui est possible de faire. C'est pour ça que je trouve vraiment intéressant et important, voire nécessaire, cette collaboration multidisciplinaire dans le domaine de la couleur. mettre ensemble le chimiste, l'expert en analyse du cycle de vie, l'éco-toxicologiste, le designer, le professeur. Donc, comment ensemble, avec nos angles et nos expertises différents, on va arriver à améliorer ces processus-là ?

  • Vanessa Mardirossian

    Alors, Vanessa, avant que vous continuiez dans votre processus de découvert, vous parlez des préjugés de la couleur végétale. donc c'est vraiment quelque chose que je suis vite tombée dessus au fur et à mesure des podcasts ici en France et en fait je me suis dit je vais aller chercher des gens qui pourront témoigner et lever ces préjugés donc on en a globalement une quinzaine franchement c'est toujours les mêmes qui reviennent il y en a des prioritaires et d'autres et en fait je me suis dit même si on fait intervenir une historienne Dominique Cardon qui témoigne d'un tuer il y a plus de 100 000 ans et qui et bien en fait ça ne convainc pas les gens et donc je me suis dit qu'il faudrait mettre des preuves scientifiques et en fait avoir un genre de quelque chose de certifié par le monde scientifique il y a des couleurs éphémères, des couleurs quand elles sont solides, voilà ce que ça donne voire en fait sur pas préjugés quasiment une moitié scientifique parce que j'ai l'impression que soit c'est les lomis en face qui font qu'on balaye du doigt la couleur régénérale et qui pervertent ces préjugés, soit c'est les consommateurs comme nous qui avons des doutes, et ces doutes restent, et peut-être que des preuves scientifiques pourraient aider à changer la perception.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ok, alors il y a peut-être ça, il y a peut-être les preuves scientifiques. Moi, je pense qu'on est aussi dans une pratique de la recherche, empirique, comme le dit souvent Dominique Ardon, et elle, ce qu'elle regrette un petit peu, c'est que les personnes ne portent pas ces couleurs-là. Donc, elle, elle est toujours la première à les porter, à être capable de dire moi, je sais d'où vient la couleur que je porte, elle a poussé dans mon jardin, je l'ai transformée Donc, on reviendra un petit peu tout à l'heure, il y a une des questions, ça concerne Fyber Shed aussi, Fyber Shed, en fait, Rebecca Bourges, c'est un qui a lancé ce mouvement en Californie dans les années 2010, ça a commencé par un challenge qu'elle s'est lancé. Elle s'est dit moi, dans un an, je ne m'habille qu'avec des vêtements qui ont poussé, qui ont été teints, qui ont été fabriqués dans un rayon de 200 kilomètres autour de chez moi. Donc je pense que cette démarche-là, elle est intéressante. C'est de se dire… par moi-même, je vais tester, je vais porter, je vais laver. Et c'est comme ça que, en fait, on n'a pas besoin d'être convaincu, on a besoin de le vivre, en fait. Parce que c'est quelque chose de vivant. Donc, je pense qu'il faut passer à l'acte aussi au niveau des designers locaux pour pouvoir vendre ces couleurs-là, les vivre. Moi, c'est un challenge que ça fait partie un petit peu de ma to-do list, de me dire, attends, j'en parle, mais il faut que je le fasse aussi. Je me dis, moi, je suis capable de vous dire que ces couleurs-là, j'en ai teint certains. Par exemple, ma belle-mère, elle porte les chemises que j'ai teintes avec mes déchets d'avocat, avec mes déchets d'oignon. On les teint, on les porte. C'est vrai que l'avocat, c'est un rose magnifique. Il est toujours rose. Là, c'était il y a cinq ans que je l'ai teint, il est toujours rose. Donc peut-être au bout d'un moment, on va avoir besoin d'une surteinture de ces bains-là. et c'est là aussi que j'ai envie quand je parlais tout à l'heure d'un changement de mentalité, d'un changement de modèle un peu, c'est de se dire on n'a pas besoin d'avoir quelque chose qu'on va jeter mais peut-être quelque chose qu'on va entretenir, dont on va prendre soin peut-être au lieu de produire moins parce qu'il y a aussi cette notion de décroissance au lieu de produire moins on va pouvoir, ces capitaux qu'on économise en fait on peut les réinvestir dans un modèle d'affaires et il en existe un à Montréal d'ailleurs, c'est les laines ça va de soi Donc, c'est des laines qui viennent principalement de… de Mongolie, elles viennent d'assez loin, c'est des laines très fines, de très très belle qualité, mais en parallèle, dans leur modèle d'affaires, ils ont créé un spa pour les laines, un spa pour les vêtements, qui s'appelle Savabain, parce qu'au Québec, on dit Savabain pour dire ça va bien, mais Savabain comme un bain, B-A-I-N. Donc en fait, un peu comme un toilettage pour chiens, d'animaux, on va ramener son pull de qualité, et il peut être réparé, il peut être surtint, Donc il y a cette notion de prendre soin un petit peu de ce qu'on a. Et il y a une autre compagnie aux États-Unis, c'est Ellen Fisher, qui fait ça aussi, qui a plusieurs capsules de collections, dont une qui s'appelle Renew et une qui s'appelle Reworn. Donc dans Renew, par exemple, elle va récupérer des vêtements qui ont quelques années. et elle va pouvoir les raviver par des surteintures, tout ça. Donc, je pense qu'il faut le vivre, oui.

  • Vanessa Mardirossian

    Alors, je suis complètement d'accord avec être ambassadeur de la couleur végétale, c'est-à-dire porter les vélos, etc. C'est exactement à quoi je suis arrivée après tout ça. En me disant, Pauline, tu en parles un an, tu n'as toujours pas un pull en teinture végétale. Et en fait, quand je suis renseignée auprès de plusieurs autorités, qui, certaines, picotent, d'autres, sont fondées par des concours, en fait, c'est assez quand même conquis de trouver la bonne taille, le bon modèle, la bonne valeur, sans se déplacer, ou si on a un truc serré. Ça, c'est mon déconciliation. Après, là, c'est le verbe. Je ne sais pas si vous connaissez le français.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non.

  • Vanessa Mardirossian

    C'est donc des couleurs Garance. C'est des couleurs Garance. C'est des cosmétiques à la Garance. Et donc voilà, j'en fais un peu le but, mais moi j'essaie de porter ce que je peux porter. Et pareil, moi je teinte pour reproduire, comme on dit, mes inquiétudes, pour continuer à comprendre. Je veux dire, je me lance dans des chaussettes, je me lance pas dans un but ou dans un jean, j'ai donc une oxytite. C'est là où il y a un petit problème aussi de disponibilité de nos offres. Je mets sur le podcast en avant-avant des co-déclinateurs, ma marque de vêtements. Et je veux dire, c'est quand même pas très accessible. C'est-à-dire, moi, je veux bien porter du végétal. Ça serait vraiment inélogique, incroyable. Sauf qu'aujourd'hui, je trouve que c'est quand même piqué.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, c'est vrai parce que je pense qu'on en est au balbutiement de la teinture végétale, mais surtout qu'on en parle à l'école, qu'on en parle aux jeunes designers, que cette petite graine qu'on plante, elle pousse finalement, puisque toute la génération des designers de mon âge, qui ont été formés dans les années 90, encore une fois, on ne parlait pas de ça. Même mon ami… Rachel McHenry dont je parlais tout à l'heure qui était pro teinture végétale déjà à l'avance dans les années 90 elle ne pouvait pas faire de teinture végétale à la centrale de Saint-Martin c'était les teintures synthétiques sinon les teintures végétales ça allait salir l'atelier donc

  • Vanessa Mardirossian

    on en était là un petit peu mais c'est ça que j'allais poser comme question selon vous, avec votre expérience au Canada oui Qu'est-ce qu'il faudrait faire pour que la couleur végétale revienne dans les cursus de formation ? parce que là aujourd'hui tous les profs que j'ai eu qui ont témoigné sur le podcast c'est la même chose soit c'est pas abordé dans le cursus soit c'est abordé mais que de manière théorique et peu pratique soit c'est abordé et

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    énormément pratique en fait en fait parce que ça prend pas deux secondes non c'est ça et puis ce qui est vraiment intéressant avec ces nouvelles formations qui sont actuellement mise en place, mais je vous dis, c'est assez récent, c'est qu'il y a ce lien avec la terre. Donc, on sort de la théorie, comme je parlais de l'Université de Toronto, où il y a le jardin sur le toit. Ici, donc, vous me parlez un petit peu de la teinture végétale au Canada, où elle en est. Par exemple, on a la designer de mode, Nadia Bounian, qui, elle, a monté ça en OBNL, avec Arc... arc arc growing pardon Growing Art. Elle fait pousser ses semis depuis 3-4 ans maintenant. Là, je suis allée visiter les petits bébés qui sont sur les toits de l'Université du Québec à Montréal et elle est en train de les mettre en terre au parc Jean Drapeau. Ce sont des lieux qui sont autant d'expérimentation mais aussi de transmission de connaissances. Elle organise le week-end prochain d'ailleurs des ateliers. où les jeunes, où les familles vont pouvoir teindre, pratiquer. On regarde d'où vient la couleur, on voit d'où. Ce qui est intéressant aussi, c'est de se dire, on ne veut pas que la couleur végétale soit cantonnée à l'artisanat. On veut vraiment ce pas entre l'artisanat et l'industrie. Donc, Cathy Hattori, par exemple, Botanical Colors, elle est vraiment sur ce secteur-là, de rendre ça plus… à plus grande échelle, finalement. Et ce qui est intéressant aujourd'hui, c'est en fait le frein qu'il y avait, c'est de se dire, quand on doit faire des décoctions de plantes, c'est compliqué, et on le voit peut-être avec le dernier livre de Dominique Cardon, Les 157 couleurs de Colgou où elle met des photos aussi où on voit ces gros chaudrons immenses. Donc on parle de décoction, on parle de plantes qui doivent macérer ou qui doivent cuire pendant des heures à 90 degrés. Donc c'est assez intense comme processus. Donc aujourd'hui, ce qui est intéressant, c'est d'arriver avec ces extraits végétaux comme fabrique couleur de plante, de la saillette. Greening, Patrick Brenac. Donc, c'est de se dire, on arrive à des produits qui peuvent être utilisés dans les teintureries traditionnelles entre guillemets, où on peut teindre avec les mêmes machines que les teintures synthétiques. Donc, ça fait que les teinturiers, les teintureries, n'ont pas à investir énormément d'argent pour changer toutes leurs machines, mais peuvent utiliser le même format, c'est-à-dire des poudres. propres, qu'on va peser pour la reproductibilité, qu'on va mélanger pour obtenir nos couleurs. Donc là déjà, on arrive à quelque chose qui peut être mis à l'échelle un peu plus facilement.

  • Vanessa Mardirossian

    Et ça, vous avez eu des témoignages de Tarturier, parce que moi ce que j'entends, c'est que oui, on peut utiliser les machines d'écriture avec des extraits végétaux, sauf que ça peut, entre guillemets, encrasser. la machine de ceinture et que c'est du coup pas optimal. Et c'est pour ça qu'il y a en France, on se connaît David Codino d'Alliance Machine Textile, qui a lancé une machine qui fait la taille d'une machine à laver, pour faire simple, et qui a un genre de rivière qui coule sur le tissu avec la matéria colorante. Et donc lui, il y a plusieurs objectifs. C'est ne pas faire des bains pleins pour utiliser les patrons, mais un système un peu plus ergotique pour aider les peinturières végétales à faire des jolis nids. des longs métrages, de la teinture pièce, enfin, vraiment essayer de s'imprégner le quotidien. On est vraiment entre le tisana et l'industrie, la semi-industrie. Et moi, ma question, c'est chouette que vous l'abordiez, c'est comment on fait pour poster ces industriels ? Est-ce que vous avez des témoignages d'industriels qui veulent bosser sur le végétal ? Et est-ce qu'ils vous ont dit, je ne sais pas si vous avez eu des retours là-dessus, ce qui pose problème ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non, alors deux choses. Déjà, cette machine, oui, je suis allée la voir de mes propres yeux dans l'atelier de Sandrine Rosier parce que je suis allée en novembre... Quand je suis allée voir ma famille à Nice, je suis allée déjà à Arles voir Axel Gissraud de l'atelier Luma, qui eux aussi se lancent dans leur jardin teintorial et font beaucoup d'expérimentations avec des extraits végétaux, mais aussi des plantes effasives, des nuisibles, tout ça. Donc on est vraiment dans cette circularité. Dominique Cardon et Sandrine Rosier et j'ai visité l'atelier de Sandrine Rosier et qui m'a montré cette machine. Donc, je trouve ça vraiment chouette. Récemment, j'ai vu qu'elle était présentée sur un salon avec Patrick Brenac. Donc, c'est vraiment un gros progrès à ce niveau-là. Quand je parle avec Axel Gisraud, on parle de micro-teinturerie, en fait, de teinturerie à petite échelle entre l'artisanat et l'industriel parce qu'on a besoin ça ne peut pas être un changement drastique. C'est-à-dire qu'on a besoin de montrer que ça a son potentiel, même si les convaincus le savent. Mais pour que les plus grosses compagnies, les plus grosses industrielles se lancent et suivent le pas, il faut qu'on monte cette échelle intermédiaire. Donc, c'est vrai qu'il y a très peu de teinturiers. À Montréal, il n'y en a plus qu'un. qui est dans donc il est débordé donc en fait oui ils sont débordés donc c'est très dur de se dire je suis débordé je continue mes commandes mais en parallèle je fais de la recherche et développement donc c'est à nous je pense d'apporter, de faciliter la transition je veux dire en fait cette équipe cette nouvelle équipe qui est là pour supporter cette transition ce changement vers l'artisanat, parce que c'est vrai, si on veut teindre ses chaussettes ou son t-shirt, il y a plein de tutoriels en ligne, mais on veut passer à une autre échelle.

  • Vanessa Mardirossian

    D'accord, donc plutôt travailler l'étape qu'on appelle semi-industrielle,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    vous,

  • Vanessa Mardirossian

    c'est micro-teinturerie, pour inciter les grandes grammes et les industriels à se poser la réflexion. Donc ça doit vraiment venir de nous à poser des solutions. Ça, c'est hyper intéressant. Alors, j'ai une autre question. On dévie, mais en fait, tellement... Vous avez parlé dans votre début de parcours, vous aviez travaillé avec des maisons de couture et des renom des grandes marques. On a eu quelques invités qui ont travaillé dans la haute couture, etc. Et je leur pose à chaque fois la question, ce qui pourrait aider la peinture végétale et la teinture végétale, ce serait qu'une grande marque de l'an éprouve. et suscitent l'intérêt aussi autour des couleurs de jardin. Et ma question, c'est, est-ce que vous trouvez qu'il y a une maison de couture ou une marque qui soit s'intéresse ou se répète et qui aille montrer l'exemple ? Est-ce que vous en connaissez qui sont déjà bien dans la vente et qui travaillent le sujet ? Est-ce que vous avez des choses, bien sûr, non non non anciennes, mais est-ce que vous savez un petit peu là-dessus, si la nature et la hauteur se boostent là-dessus ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors la première qui me vient à l'esprit c'est Stella McCartney, puisque elle c'est vraiment une pionnière depuis les années 90, depuis le début en fait elle a toujours été très très… axée vers l'éco-responsabilité. À la COP28, d'ailleurs, récemment, elle présentait un panel de technologies, de teintures, de textiles, qui étaient éco-responsables. Donc, ça va même jusqu'à calculer l'empreinte énergétique de ces boutiques. Donc, à plein de niveaux, elle est vraiment... pionnière dans ce domaine-là. Je pense qu'elle a travaillé déjà aussi avec Colorifix pour les bactéries. Elle essaye de mettre en avant, de donner de la visibilité à cette nouvelle technologie et teinture végétale. Après, j'avais récemment une discussion avec Anne de La Sayette qui disait qu'il y a une quinzaine d'années déjà, ils avaient fait des des tests incroyables en impression pour les foulards Hermès, avec des grandes solidités, parce qu'il faut dire que quand la molécule est encapsulée comme elle l'est dans le cadre d'impression, qui est différent de la teinture, elle est beaucoup plus solide encore à la lumière. Mais apparemment, il y a 15 ans, ça ne faisait pas encore partie de la couleur végétale. Ce n'était pas assez fancy, peut-être, pour le luxe. Maintenant, aujourd'hui, je vois que les grands groupes de luxe, comme Kering, par exemple, LVMH, s'associent à des écoles comme la Centrale Saint-Martin à Londres pour… mettre en avant l'aspect régénératif du design. Donc comment, parce qu'il y a cet aspect-là, si on parlait de la terre, mais comment finalement on n'est plus à se dire je vais faire moins… je vais faire moins mal, mais je vais faire mieux, je vais faire magnifique. Donc le regenerative design, c'est aussi mettre en avant que quand on fait pousser une garance, on ne prend pas le sol à la culture alimentaire, mais au contraire, on va régénérer le sol, parce que la garance, justement, elle va apporter de la santé dans le sol, puis en plus, la culture de plantes tectoriales, c'est de... c'est une culture rotative, donc elle améliore la santé du sol, elle participe, elle contribue à la biodiversité. Donc c'est tout ça aussi qu'il est intéressant de faire. Et quand je parle avec l'experte Cécile Bull en analyse du cycle de vie à l'UQAM à Montréal, c'est de se dire, et là, ce manque, en fait, il est aussi soulevé par Dominique Cardon, par plusieurs experts du domaine, c'est de se dire, on manque de d'analyse de cycle de vie comparative entre les teintures synthétiques, les teintures végétales, les teintures biotechnologiques, quel est finalement le véritable pouls, le véritable frein, quels sont les bénéfices et quelles sont les problématiques sur la santé, positives ou négatives de l'un et de l'autre, pour faire basculer un petit peu. Et puis, ce qu'il y a aussi, c'est que… Il y a beaucoup d'investissements dans les nouvelles technologies, mais il manque beaucoup, et ça le soulevait Dominique Ardon encore une fois, beaucoup d'investissements pour de la recherche dans les teintures végétales, parce que quand on voit toute l'énergie et l'argent qui a été mis pour améliorer les teintures synthétiques, qui au départ rendaient malades, il y avait beaucoup de cas de cancer de la vessie, parmi les travailleurs qui travaillaient avec ces nouvelles teintures synthétiques, donc on a voulu… améliorer, il y a eu beaucoup de recherches et d'investissements pour l'améliorer. Donc s'il y avait autant de recherches et d'investissements pour améliorer aujourd'hui la solidité des campeurs, on avancerait beaucoup plus vite. Donc déjà, il faut que les... les preneurs de décision, puis les subventions, voient l'intérêt pour l'environnement, la santé, et parce que ça a un impact aussi sur le changement climatique. Quand on utilise autant de produits issus de la pétrochimie, il y a un impact sur la terre qui devient moins meuble, qui devient dur comme de la pierre. où on a de plus en plus besoin de pesticides, alors que si on fait une culture qui est plus permaculture ou biologique, ou avec des plantes qui vont favoriser la biodiversité, comme les plantes tectoriales par exemple, le bénéfice est grand pour l'environnement et pour la santé.

  • Vanessa Mardirossian

    Oui, carrément. En fait, il y a plein de petits liens qui pourraient être améliorés. Le pilier de l'eau, notamment dans la agriculture, le pilier de la biodiversité. J'ai organisé une quinzaine d'électructures pictoriales avec une quinzaine d'expériences. Et en fait, il y a une des agri-agricultrices qui nous a amené à l'apprendre tous les nouveaux instincts qui étaient venus dans son penchant. Et c'était incroyable, des insectes connus dans le connu-bord. Et en fait, elle expliquait qu'elle avait le temps de prendre des photos pour montrer, pour témoigner de ces biodiversités. J'ai trouvé ça super intéressant. Le sol, il faut en parler. Le fait qu'il y ait beaucoup moins d'eau indigène dans le sol, des problèmes de dénace, etc. Et alors ça, c'est la part de la fin. Moi, j'essaie de mettre en oeuvre les agriculteurs ici en sciences. Franchement, il y en a pas mal, c'est beaucoup de femmes d'ailleurs, c'est étonnant, mais il y a beaucoup de femmes. Et je voulais vous poser une question toujours sur cette nature, on va dire qu'il y a la terre à châssis, qu'on peut rendre végétale, ou même avec la métropie et d'autres sources, les bactéries, vous les avez citées. Ce que je voulais dire aussi, c'est que dans la nature, il y a forcément des états de mordantage. Et en fait, on a reçu un invité, vous devez connaître, Céline de Philippe, qui travaille les mordants. Donc en fait, elle a réglé un montre-laisser métallique, et elle s'est dit, tiens, n'essaierai-tu pas de s'en abstenir ? Et elle a fait des recherches, et elle a travaillé avec des plantes, donc genre le Norlopode, le Symphocos, et je ne sais plus, le Troisième. qui viennent d'assez loin, mais qui sont cultivées de manière responsable. Et en fait, en parlant autour de moi avec les invités, il y a Gérard Cey qui a dit qu'il y a des biomordants, on en a tout simplement, par exemple, dans les pommiers et les pommiers sauvages. Ma question, c'est, est-ce que vous avez étendu un peu cette histoire de procéder des pommiers bio ? à la phase de vendant d'âge et à la phase d'après. Parce que forcément, vous avez dû, sous ce tout, et comme vous êtes vraiment sur une cartographie, vous avez dû forcément tourner les domaines à bon ou à mal. est-ce que vous pouvez nous raconter un petit peu ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bien sûr, alors les bio-mordants je les ai essayés aussi j'en ai discuté des lycopodes et des simplocos, j'ai essayé est-ce qu'on se rend compte avec simplocos ? bon déjà c'est vrai que ça vient de très loin et puis aussi c'est qu'il en faut énormément par exemple on travaille beaucoup en pourcentage de poids d'afibre donc si par exemple on va être à 10 ou 15% pour de la lin et bien on va être à presque 100% pour du simple au cos, il en faut vraiment beaucoup. L'autre chose aussi, avec les lycopodes, par exemple, c'est que, et donc, c'est pas pour dénigrer parce que c'est des avenues vraiment importantes, moi-même je les teste, mais c'est pour ça aussi l'analyse de cycle de vie, c'est important, c'est de se dire combien il m'en faut et d'où ça vient. donc est-ce que je peux en avoir dans mon environnement immédiat comme le précise Michel Garcia donc les lycopodes en fait ils sont en extinction donc ils sont en risque d'extinction donc il faut faire vraiment attention et ça Dominique Cardon dans son livre Le monde des teintures naturelles elle le mentionne dès le départ elle dit attention de ne pas prendre plus que ce que la terre peut se renouveler en fait 10% par saison pour que ça ait le temps de se régénérer. Donc, c'est vraiment important de se dire combien il m'en faut et de ne pas en prendre trop. J'ai essayé aussi, en parlant de bio-mordant, les tannins. Donc le tannin, par exemple, quand j'étais avec mes déchets alimentaires, les pelures de grenade, de poma grenaté, oui, de grenade, donc ça c'est des tannins, mais ce tannin-là, par exemple la lin, bon la lin, c'est un mordant que j'achète moi dans un magasin alimentaire en vrac, c'est pour faire les pickles, donc c'est comme un sel un petit peu, donc la lin, l'avantage. c'est qu'il est transparent, alors que les tannins, ils vont amener un petit côté jaunâtre. Par exemple, la grenade, ça va amener un peu de jaune, le tannin, la noix de galle aussi. Donc des fois, ça peut être intéressant pour certaines couleurs, mais pour d'autres, on ne va pas avoir besoin de ce jaune qui peut avoir un impact sur mon bleu et le verdir, ou sur mon rouge et le rendre trop orange. Donc ça, c'est un aspect. Et c'est vrai que Patrick Brenac aussi me parlait de ça. des pépins de raisin, des pépins de raisin qui sont des tanins puissants. Donc moi, en fait, tout ce qui m'intéresse, et donc je serais contente de discuter, de rencontrer Céline Philippe, je trouve ça vraiment intéressant. de s'intéresser aux biomordants. Mais après, il faut voir combien il m'en faut et il faut voir est-ce que j'en ai en quantité. Et idéalement, pouvoir sortir ces biomordants, les prendre en fait de déchets, idéalement. Alors, dans cet aspect-là, je m'étais dit, tiens, j'avais parlé à un scientifique du Jardin botanique de Montréal qui fait de la phytorémédiation. Donc lui, il utilise les plantes pour dépolluer les sols des métaux lourds. Donc je m'étais dit, mais ça c'est… J'ai fait le lien en fait avec ce que disait Dominique Cardon dans son livre, où les plantes sont naturellement accumulatrices d'aluminium. Parce que comme le dit Patrick Brenac très bien, puis Dominique Cardon aussi, les deux minéraux les plus présents dans la croûte terrestre, c'est l'aluminium et le fer. Donc en les utilisant en quantité minimale pour les teintures, on ne fait pas de mal à la nature puisqu'on les ramène à la nature. On va éviter les mordants agressifs comme le chrome, les teints, le cuivre qui sont vraiment toxiques. Mais donc, dans ma tête, je me suis dit, attends, elle parle de plantes naturellement chargées en aluminium. Là, c'est Michel Labrecq, son nom, il travaille avec des plantes pour dépolluer le sol. Moi, je travaille avec des déchets. Pourquoi je ne récupérerais pas ces déchets chargés en aluminium ? en métaux pour faire mon mordant sage des ferme-bouillard. Donc, ça lui a plu. Il a trouvé ça intéressant, l'idée. Il m'a donné ses... ces déchets pour que je fasse des tests. Mais le problème, c'est que lui, il ne va pas enlever l'aluminium ni le fer de la terre. Lui, il va dépolluer des terres de cuivre, par exemple, des métaux vraiment lourds. Donc, c'est là que je me suis dit, encore une fois, je les ai, ces échantillons. Je n'ai pas testé parce que je me dis, est-ce que c'est quelque chose de toxique ? Donc ça, il faudrait que je travaille avec un chimiste pour analyser. Est-ce qu'on enlève le cuivre du sol, mais on vient de dire que le cuivre, c'est un peu toxique quand même. Donc, quel est l'impact ? Alors là, après, il faut faire des tests LCMS, en liquid chromatography, pour voir en fait ce qui reste dans mon textile teint. Et est-ce que... ça a un impact sur ma teinture ? Est-ce que ça a amélioré la solidité de ma teinture ? Et est-ce que ça a un impact sur ma santé ? Donc, il faut poser le pour et le contre. Mais en tout cas, c'est des processus de pensée intéressants où on fait le lien entre différentes choses, suivant l'expertise de chacun. Moi, j'ai fait le lien entre ce que disait l'historienne et ce que me disait le chimiste. J'ai dit, pourquoi pas aller creuser cet aspect-là ? Donc, beaucoup de recherches encore à faire.

  • Vanessa Mardirossian

    Donc biomortem, on en a parlé, l'atteinte pure, on en a parlé avec les solutions végétales et autres, donc je ne sais pas comment on peut les appeler, biotechnologiques, c'est ça que vous aviez dit ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Moi, je les ai appelées biotechnologiques parce qu'on parle des fois de modification d'anéane. Alors, il y a les pour et il y a les contre. Il y a les pour, c'est de se dire, on peut produire beaucoup en laboratoire avec très peu parce que la bactérie, elle produit énormément. Il y a les contres qui se disent mais en fait c'est peut-être dangereux, on ne sait toujours pas d'où vient le Covid Des fois on dit qu'il y a une molécule, une bactérie qui s'est échappée du laboratoire. Donc il faut travailler avec les bactéries. Je ne conseille pas de faire ça dans sa cuisine. Il y a tout un protocole. On a des formations pour travailler avec le vivant. Pour s'en débarrasser, on ne va pas jeter la bactérie dans le laboratoire. Il faut la désactiver. Pour la désactiver, on utilise soit de la chaleur ou du chlore. Et puis après, on met tout ça dans des poubelles spéciales de bio-safety. Donc... Ce n'est pas anodin de travailler avec le vivant parce qu'on peut faire des modifications involontaires, avoir un impact de modifications génétiques involontaires sur le vivant. Après, biotechnologie, parce que ces nouvelles compagnies-là, elles travaillent en modifiant l'ADN et les gènes. Donc, une fois qu'on a modifié l'ADN, ça a un impact sur toutes les générations futures. un risque avec ça. Donc, les personnes qui ont peur de ça, c'est aussi Rebecca Bourges, d'ailleurs, qui dans son livre que j'ai là sous les yeux, Fibre Shed il y a tout un… Il y a tout un chapitre sur les craintes par rapport à ces biotechnologies-là, de s'amuser avec l'ADN qui est encore très très nouveau, parce qu'une fois qu'on a modifié l'ADN, et on l'a vu avec le coton BT en Inde, qui avait impacté toutes les cultures aux alentours, et que finalement ça faisait des fibres de coton trop courtes qui… et puis chaque fois il faut racheter la graine de coton il y a toute une problématique donc je pense que chaque solution il faut y aller avec prudence parce que les impacts on peut les voir sur plusieurs années

  • Vanessa Mardirossian

    D'accord. Et donc, je voulais aussi vous parler des abrées. Donc, moi, je ne suis pas du tout du monde du textile. Moi, je suis ingénieure à Bournon, donc rien à voir. Je ne connais rien, franchement. Et donc, j'ai découvert qu'il y avait plusieurs étapes. Il y avait les abrées qui permettaient de donner de la technicité, on va dire, au textile. Et on va se sentir que c'est la partie où il y a quand même le plus d'endroits où les choses soient super simples pour donner des possibilités interméabilisantes. un coup de feu, tout ça. J'ai eu une entreprise en Angleterre qui s'appelle Tapine Croft, qui travaille sur des arbres plus naturels, notamment avec des cires, etc. Est-ce que vous avez aussi touché cette partie des arbres avec des solutions un peu plus naturelles ? Est-ce que vous avez débordé un peu sur ce que j'ai là ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors, les apprêts, c'est vrai que c'est une grosse problématique, surtout les PFA, PFAS, qui sont très problématiques parce qu'ils sont persistants. Mais en fait, on se rend compte que les textiles ont besoin de tous ces apprêts, parce que c'est des textiles issus... pas tous, pas pour le coton, mais pour le polyester, par exemple, c'est des textiles issus de la pétrochimie. Pour le coton, en essayant de les améliorer, bon, oui, il y a tout l'aspect de cire, de cire d'abeille, tout ça, mais je ne sais pas, je ne suis pas allée là-dedans parce que ça ne concerne pas la couleur. En fait, ça, je l'ai juste abordé quand je ferme mes emballages pour éviter d'utiliser le film étirable. Donc, les emballages de coton enduits de cire pour qu'ils soient lavables. Mais sinon, si on utilise par exemple des textiles, puis là j'entendais le podcast de Clément qui parlait de la laine, qui lui adore la laine, mais la laine, elle a des qualités incroyables. Justement, elle n'a pas besoin d'être… Voilà, elle, d'elle-même… Moi, je porte des pulls en laine, je n'ai pas besoin de les laver. de tout l'hiver en fait. Ils ont une aération naturelle, ils sont repellants de l'eau naturellement. Donc le potentiel des fibres naturelles est vraiment à exploiter un peu plus en avant. C'est vrai qu'il y a ce problème, on en parle ici parce que je ne sais pas à quel moment on va parler de Fibershed, j'ai commencé à en parler, est-ce qu'on va y revenir ou pas ?

  • Vanessa Mardirossian

    Oui, on va y revenir,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    pas de souci. Bon, on va faire que... Parce que dans... En fait, quand je parlais tout à l'heure du modèle Fibershed qui est né aux Etats-Unis, donc elle s'est donné ce challenge, elle s'est dit qui est capable de faire pousser les fibres dans un rayon de 200 km ? Qui est capable de les teindre, de les filer, de les tricoter, de les tisser dans un rayon de... de 200 kilomètres. Finalement, au bout d'un an, elle en a fait un livre. Au bout d'un an. Je ne sais pas, mais le livre est sorti en 2019. Donc, au bout d'une dizaine d'années, finalement, elle a sorti ce livre qui est maintenant un modèle reproductible. Elle s'est écoutez, c'est un modèle de biorégion. Donc, l'idée, c'est de se dire, chacun dans sa région peut faire cet exercice-là, de se dire, quels sont les acteurs autour de moi qui sont capables de produire ? Donc, aujourd'hui, Fibershed, C'est 71 Fibersheds dans le monde. Donc on a par exemple même Five Bushes de Toronto, et depuis 2022 on a Five Bushes de Québec, qui est née à l'initiative de Marie F. Faust, qui était la directrice de l'école supérieure de mode de l'UQAM où j'enseigne. Et donc là, j'ai embarqué dans ce projet avec elle depuis 2022, où là d'abord on a commencé par se dire, qui sont ces acteurs ? Quels sont nos industriels ? Et qu'est-ce qu'ils sont capables de faire aujourd'hui au Québec ? Quels sont nos matériaux ? Donc on voit... Et ça aussi, quand je parle avec Axel Gissrot, qui a fait un peu ce travail de cartographie dans la région de Camargue, on se rend compte que le savoir-faire, on l'a beaucoup perdu. On a perdu aussi les machines, on a perdu le matériel. Donc c'est de se dire, aujourd'hui, au Québec par exemple, on ne peut pas faire pousser de coton, ça c'est sûr. On est en train de raviver le lin. Le lin, mais une fois ravivé, il n'y a pas vraiment les machines non plus à faire une production industrielle, mais il y a cet intérêt de se dire qu'on ne continue pas avec des œillères. Aujourd'hui, on est dans l'action. Donc, c'est pour moi très important d'aller à la rencontre à travers ces entrevues de personnes qui sont dans l'action, qui font vraiment… Et un documentaire qui m'avait vraiment beaucoup inspirée, c'était Demain le film de Cyril Dion et Mélanie Laurent, où là, ils partent, et on en a marre d'entendre dire que tout va mal, ils partent dans le monde à la recherche de petites initiatives qui peuvent devenir grandes, en fait. Et comment le récit va inspirer. d'autres histoires et donc ça, ça me parle beaucoup

  • Vanessa Mardirossian

    c'est vrai que non mais c'est ça qu'il faut faire au lieu de pointer sur ce qui va pas c'est venir mettre en l'écran les gens qui font différemment et qui vont avancer en tout cas c'est ce que j'essaye de faire avec les podcast c'est de venir montrer les alternatives les gens qui travaillent autre chose et qui se mobilisent mais le chemin est long mais c'est hyper intéressant d'entendre les témoignages et chaque fois de dire ça y est ça avance c'est génial il faut il faut

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    et moi je trouve que je me suis mis dans une triple position finalement j'ai la position de designer que j'ai fait pendant plus de 20 ans et la position de professeur, enseignante qui là est vraiment stratégique pour sensibiliser les futurs designers qui sont en demande il dit on parle pas assez de développement durable à l'école de mode, on a besoin de pour être préparé pour après qu'ils lancent leur marque ou qu'ils travaillent dans des grandes entreprises pour qu'ils puissent apporter leur regard sur ce qui est possible ce qui est pertinent de faire ce qu'il vaut mieux éviter parce que par exemple quand je dans la fast fashion ben ceux qui avaient vraiment le pouvoir c'était pas les designers c'était vraiment les acheteurs parce que les acheteurs ils avaient l'enveloppe la petite enveloppe et ils devaient l'avoir fructifiée à la fin de la saison. Donc, quand on leur disait Tiens, ce tissu est intéressant, ce tissu… Ben non, c'est lequel le moins cher, finalement ? C'est ça qu'il faut changer au niveau de la mentalité. Ce n'est pas aller vers le moins cher en apparence, parce qu'encore une fois, le coût expérimental, et ça, Daniel Goleman, dans Intelligence écologique en parle très bien, c'est l'impact externalisé, le coût externalisé de…

  • Vanessa Mardirossian

    de ce qu'on fabrique et de ce qu'on achète puisqu'on se dit je vais en acheter deux pour le prix d'un je fais une affaire mais non et c'est là où on manque comme vous le disiez tout à l'heure l'analyse de cycle de vie franchement j'ai posé la question à quasiment tous les sociétés est-ce que vous avez accès, est-ce que vous avez pu et en fait le problème le seul qui a répondu c'était des gars mais qui avaient fait une analyse de cycle de vie sur sur Un type de tissu sur un de... Je crois que c'était un t-shirt. Et sur un processus particulier. Et en fait, il en faudrait autant qu'il y a de tissus, couleurs, processus. C'est détonnant. Après je me dis, un appel à l'APLG, je n'en sais rien du monde européen, plusieurs mondes européens, ce mobile européen, je ne connais pas largement, je ne connais que ce type. Je veux dire que ce serait hyper intéressant de fisser ces analyses de cycle de vie pour nourrir le monde, mais j'ai encore l'impression que c'est le fait qui est de se mutualiser sur des gros sujets comme ça, parce que je pense que je suis le premier qui va sortir une analyse de cycle de vie.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    clairement il y a la preuve de la différence et je pense que ça va aborder les autres c'est sûr parce que quand je parle avec Cécile Bull experte analyse du cycle de vie elle dit mais l'impact il est pas où on le voit j'en parlais à une chimiste la semaine dernière j'étais en laboratoire on faisait un test de différentes garances et de avec mon chimiste organicien justement parce que c'est vraiment important de parler aussi de l'inclure dans la discussion donc on a fait une synthèse d'alizarine parce que je voulais voir de quoi ça part en fait pour comprendre de quoi ça part et puis comment on arrive à la couleur puis après pouvoir faire une analyse chromatographique de la garance et de l'alizarine et voir un petit peu ce qu'il y a à l'intérieur bon ben on était trois dans le labo puis on commençait à parler justement d'analyse de cycle de vie puis On parlait du polystyrène. Le polystyrène, c'est toxique. Dans les années 60, par exemple, Victor Papanek, qui est pour moi une inspiration immense, parce que déjà en 1969, pour lui, l'équipe de design idéale, c'était le designer avec le chimiste, l'écotoxicologiste, le politicien. enfin vraiment l'aspect multidisciplinaire déjà en 1969 parce qu'on ne peut pas avec une seule vision une seule discipline répond à la complexité de cette thématique. Donc, elle me disait, au départ, et lui aussi, il disait, où je travaillais, il y avait une machine à pop-corn. Je disais, on devrait utiliser les pop-corn pour mettre dans les boîtes pour les transports. Mais après, quand ils ont fait une analyse du cycle de vie, ils se sont rendus compte qu'il fallait tellement d'eau pour faire pousser le maïs pour produire le pop-corn que ça ne valait pas la peine. Donc, l'analyse du cycle de vie va vraiment faire émerger des idées ou des voies qu'on pensait insoupçonnées et qui va pouvoir mettre en avant certaines choses et en éliminer d'autres. Donc, c'est vraiment important. Donc, peut-être dans le cadre de doctorat ou de post-doc, mettre des étudiants là-dessus. Mais moi, c'est quelque chose qui m'intéresse, en tout cas, dans le cadre de la recherche.

  • Vanessa Mardirossian

    J'avais des questions sur l'écosystème. Vous avez parlé que vous aviez fait des formations, que vous aviez fait des interviews, des entrevues. Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de vos partenaires de travail ? Qui vous êtes allé chercher ? Comment vous avez structuré votre recherche d'invités ? Comment on va dire ? Un échange ? Comment vous avez structuré tout ça ? Est-ce qu'il faut parler un petit peu des types de personnes que vous êtes allées voir ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui. Alors, quand j'ai fait la fameuse cartographie dont je vous parlais, en fait, moi, on parlait aussi des... projet futur, mais j'ai vraiment le projet de monter une chaire de recherche Design, Santé et Société. Donc, c'était les trois mots-clés. Design, Santé et Société. Et autour de ces trois mots-clés, se sont connectées différentes disciplines. Quand on parle de santé, on parle de quoi ? On parle de santé environnementale, on parle d'éco-toxicologie, on parle de... Je ne l'ai pas sous les yeux, dommage, j'aurais pu... tout la lire, mais donc design, santé, société. Donc là, a émergé ces différents profils-là. Et j'ai commencé par interviewer, par exemple, Dominique Cardon, l'historienne, et puis j'ai interviewé le chimiste Patrick Brenac, et j'ai interviewé la professeure pour savoir qu'est-ce qu'elle mettait en place, justement. Donc, mais au tout départ aussi, suite à mon exposition, je me suis dit comment je vais faire une mise à l'échelle de ce que j'ai fait dans mon laboratoire. Par exemple, si je décide de travailler des déchets alimentaires, à qui je dois m'adresser pour avoir des déchets à l'échelle industrielle au Québec ? Donc, là, j'ai contacté par e-mail, en plus en pleine pandémie, donc on était beaucoup derrière nos ordinateurs, facile d'accès finalement, puisque les gens… Donc, j'ai commencé à contacter… Bon. Je vais expliquer un petit peu là ce qui se passe à Montréal. Pour vous dire, je suis obligée d'expliquer un petit peu comme ça. Donc, on a Montréal la ville et on a les actions. Comment on fait pour améliorer la ville de Montréal ? Donc, il y a différentes initiatives. Parmi les initiatives, il y a Concertation Montréal. Concertation Montréal, qu'est-ce que c'est ? C'est, comme son nom l'indique, on est en concertation avec les industriels, les preneurs de décision, les citoyens. pour voir de quoi on a besoin à Montréal pour être bien dans la ville. Et sous cet axe-là, il y a différentes grappes. Il y en a dix, je pense. Et une des grappes, c'est la grappe métropolitaine de mode. Donc sous cette grappe-là... Il y a des personnes qui travaillent à se dire comment je vais allier l'économie, l'économie qui est de la mode en fait et du textile, avec aussi l'environnement. Donc comment on va améliorer ça ? Sur Concertation Montréal aussi. ils ont monté la grappe, la grappe, non pas la grappe, la communauté de pratique. Communauté de pratique, donc qui sont les acteurs locaux dans notre entourage qui travaillent le textile ? Comment ils font ? Donc il y a des réunions comme ça, où on se retrouve ensemble et où on échange comment on avance, de quoi on a besoin, quels sont les manques, qu'est-ce qui se fait ailleurs, comment chacun va apporter et moi-même des fois je vais intervenir là avec ma recherche un petit peu qui est un peu en parallèle tout ça je suis un peu à côté pour l'instant parce que je suis dans cette phase de recherche où on est un moment très précieux et luxueux je dirais, où on a le temps de gratter un petit peu et de chercher où est la problématique et à qui je dois parler pour tout ça donc ça c'est un aspect et quand on a lancé Five Horseshead Québec, on a demandé à la grappe métropolitaine de faire cette analyse justement des acteurs qui sont les industriels, quels sont les matériaux quels sont les savoir-faire, qui sont les personnes, pour pouvoir s'adresser aux bonnes personnes, puis identifier les manques, et puis travailler sur ces manques, former les gens peut-être, s'il nous manque certaines connaissances. Donc ça, c'est vraiment intéressant. Et puis aussi, je souhaitais, donc je parlais d'avoir cet accès à des... les déchets industriels. Et là, en parlant à cette personne-là, la Grappe Métropolitaine, Concertation Montréal, telle personne, tu devrais parler à telle personne qui devrait parler à telle personne. Donc comme ça, ça crée tout un réseau. Et là, je suis arrivée à parler à Sintec, à Saint-Hyacinthe, c'est à une heure de Montréal, où eux, c'est un centre de recherche et de technologie qui, leur mission, c'est de valoriser les déchets alimentaires, les déchets agroalimentaires. donc ça les intéresse évidemment les teintures parce que pour l'instant ils travaillent beaucoup avec l'alimentaire ou les matériaux mais avec qui sont les acteurs avec qui je dois parler pour faire une mise à l'échelle de mes processus et à côté de ça aussi j'ai parlé au centre de technologie le CTT de Saint-Hyacinthe qui récemment en 2022 aussi a lancé sa chaire de recherche en design éco-responsable Donc comment les chimistes, les étudiants, les scientifiques travaillent à améliorer les processus de solidité de couleur, de mordançage, de colorant. Donc voilà, vraiment important de se faire un carnet d'adresses de personnes pour pouvoir collaborer. Et puis après, évidemment, vous parliez de comment j'étais dans la transmission. Je fais beaucoup de séminaires, de colloques et de conférences où là, je dis toujours que j'ai trois cibles. à qui je m'adresse, à qui s'adresse ma recherche. Il y a le grand public. Donc là, le grand public, c'est plus à travers les expositions, les ateliers où on peut venir en famille, comprendre. J'ai vraiment ce souci d'avoir ce langage vulgarisé de la recherche puisque moi, à la base, je ne viens pas de ce monde académique, je viens vraiment de l'industrie. Donc, je passe par ce monde académique, mais j'ai vraiment le soin et le souci que ce soit utile à l'industrie, que ça revienne à l'industrie. il y a ce langage de se dire je veux que le maximum de personnes puissent le comprendre donc d'ailleurs dans le cadre de ma thèse j'ai participé à des concours comme ma thèse en 3 minutes par exemple, comment en 3 minutes je vais expliquer une thèse, une recherche de 6 ans, on parle du fameux pitch de l'ascenseur donc tout ça, ça m'a amenée à appliquer à un autre concours qui s'appelle Public Scholar en français c'est chercheur engagé, donc là je sors à peine de la mission d'un an où il fallait vraiment rendre la recherche publique et accessible au grand public. Donc c'est comment je vais publier dans des journaux comme Le Devoir par exemple, ou The Conversation, qui est accessible au grand public. Et tout ce que j'avance, en fait, The Conversation, c'est un média qui ne publie que des recherches. des recherches universitaires, mais sous le ton journalistique. Donc, tout ce que je vais avancer, il y a un lien avec la référence ou l'article scientifique ou des références sérieuses de ce que j'avance. Donc, je vous donnerai le lien aussi de conversation. Le devoir, et c'est dans ce cadre-là que j'ai fait l'événement où vous m'avez découvert les zones grises de la couleur à travers le prisme du design. Donc là, c'était une mission. ça s'appelle un Spotlight Event. À Concordia, il y a ce lieu justement qu'ils mettent à notre disposition où ils nous soutiennent dans tout l'aspect technologique, son, lumière, visuel. C'était incroyable. Voilà. De quoi tu as besoin Vanessa ? J'ai besoin d'une caméra au-dessus de la table pour pouvoir filmer ce qui est en train de se tramer. Donc c'était un peu ambitieux mon projet. J'ai essayé de faire une cartographie en trois heures, mais comme... la question que vous posiez, c'était où c'est qu'on peut avoir accès aux résultats ? Ce sera dans la thèse. Les résultats sont dans la thèse parce qu'il y a un retour sur tout ce qui s'est dit. Il y a un croisement entre les entrevues parce que toutes ces personnes-là, les invités, il y avait 12 experts invités. C'est des personnes que j'avais invitées. Voilà. Et donc, j'avais déjà un petit peu un état des lieux de ce qu'elles travaillaient. C'est pour ça que ce jour-là, c'était assez facile de faire les liens entre leurs différentes expertises et de garder le fil de la discussion. sur les zones grises de la couleur, que j'avais trouvé bien choisi comme titre, parce qu'il y a de l'ombre dans ce monde-là. Oui, voilà, je parlais de mes trois cibles. Je parlais de ma cible, les trois cibles. Il y avait la cible grand public, donc ça c'est à travers les expositions, les ateliers. Et il y a la cible des futurs designers, donc ça c'est à travers les formations. je donne à l'école supérieure de mode, mais aussi, idéalement, la chaire que j'aimerais monter pour travailler avec... Une chaire Ah, pardon. Une chaire de recherche, en fait, c'est un lieu, un laboratoire où on va faire travailler des étudiants sur plusieurs projets. Par exemple, ça pourrait dire, on va travailler sur une analyse du cycle de vie, des teintures, dans le cadre d'un doctorat, dans le cadre d'un post-doc, dans le cadre d'une maîtrise. et puis on réfléchit sur cette thématique, on va publier on va faire des demandes de subventions au nom de la chaire et on va faire des publications dans les magazines scientifiques pour donner accès donc magazine scientifique d'une part il y en a un qui va sortir ce mois-ci d'ailleurs dans le magazine Science du Design numéro 19 et la thématique c'était le designer et son médium donc c'est l'interaction donc moi ça me parlait parce que justement mon médium de la couleur a eu tendance à impacter ma santé et comment le médium couleur peut aussi être bénéfique à la santé. C'est un article qui est co-écrit avec la chercheuse Delphine Talbot de l'Université de Toulouse et qui, elle, travaille sur color and care. Donc, comment elle travaille avec la pharmacologie, comment elle travaille sur l'aspect médicinal des teintures.

  • Vanessa Mardirossian

    Ouais c'est incroyable, et là ça a un monde super réjouissant.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, mais il y a matière.

  • Vanessa Mardirossian

    C'est incroyable. Ça me fascine. Toutes ces propriétés. En plus de colorer les propriétés des plantes, ça pourrait apporter et porter des vêtements comme médicaments. C'est hyper intéressant. Je vais recevoir des histoires d'Aido. Ça va bien. C'est passionnant. En tout cas, n'hésitez pas, vous avez des publications comme ça.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    moi vous me les envoyez je vais les envoyer ici au TFECONSOS avec grand plaisir plus on avance mieux c'est mais je vais envoyer tout ça j'ai envoyé tout ça juste là pour dire l'aspect médicaments c'est quand je parle avec les chimistes c'est apprendre avec modération aussi parce que c'est dire Vanessa déjà au départ on se dit bah tiens tout ce qui est chimique mais Vanessa tout est chimique tout est chimique est-ce que c'est toxique et c'est non toxique parce que même ta plante elle a une activité biologique qui peut être nuisible donc c'est pas parce que c'est naturel que ça va être bon Donc c'est pour ça qu'encore une fois, on travaille avec le pharmacien, le pharmacologue, de se dire Ok, quelles sont les propriétés actives qui sont dans les plantes et qui vont rester dans mes teintures ? Donc ça, elle est en train. elle en parlera très bien Delphine donc voilà toute cette communauté finalement on a un océan qui nous sépare mais je veux dire la motivation est la même l'intérêt est le même et je pense qu'on avance et dans la troisième, donc là j'ai parlé du grand public, des futurs designers mais il y a aussi les preneurs de décision donc les preneurs de décision c'est les industriels, les politiciens et là grâce à cette année passée à être public scolaire j'ai J'ai pu mettre le doigt parce qu'on avait des formations sur justement comment on transforme une problématique en projet de loi. Et là, j'étais très contente de voir qu'en France a été votée la loi anti-fast fashion ou anti-ultra-fast fashion. Donc ça aussi, je l'ai relayée sur mes réseaux sociaux. Donc en fait, j'ai appris à partir d'une problématique à aller voir le politicien de mon quartier. Donc ici, moi c'est le quartier Ville-Saint-Laurent par exemple, qui est la personne en charge. Donc avancer cette problématique et comment cette personne, donc être convaincante déjà à mon étape, puis après comment cette personne va s'approprier la problématique et va la porter à la Chambre des communes pour en faire un projet de loi. Donc il y a vraiment un gros potentiel là. pour faire avancer les choses aussi. Il y en a qui se disent que ça va venir du consommateur. Je vote avec mon argent. Mais moi, je pense qu'il faut prendre ça comme de tous les côtés.

  • Vanessa Mardirossian

    On est tôt.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    On est là-haut, on atteint le politique, l'industriel. Dans mes entrevues, j'ai questionné des industriels qui ont plus de 6 000 employés avec des milliers de boutiques. C'est-à-dire, quelle est votre vision sur 5 ans ? Ma vision, c'est d'ouvrir encore une énième boutique. Peut-être qu'aujourd'hui, si vous abordez la décélération, vous allez peut-être être le leader de demain. Parce que justement, comment on peut décélérer en produisant moins ? C'est déjà, vous allez économiser, puis pouvoir investir dans des méthodes. comme on parlait peut-être tout à l'heure, d'améliorer la longévité des vêtements ou d'améliorer, de raviver les teintures de mes vêtements. Donc, il y a tout un monde.

  • Vanessa Mardirossian

    C'est génial, Vanessa. Franchement, je suis hyper contente de vous avoir et de vous entendre parce que franchement, je vous assure que je suis moins seule. C'est horrible, mais j'ai l'impression que cette approche en étoile dont vous venez de parler, c'est exactement ça. Il n'y a pas une solution. Vous parlez de la couleur des gens, il y en a plein. Il faut toutes les actes jaguées pour que ça bouge. Je voulais vous faire reprendre sur une autre question.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc vous avez parlé du retour à la terre, de l'agriculture territorial, j'ai rencontré Davia Milon que vous aviez invité aux zones grises de la couleur à travers le prisme des années 2000. Je vous l'ai dit dans le podcast, je donne beaucoup la parole aux agriculteurs, de par ma formation aussi, c'est un des sujets qui m'intéresse, mais je pense que c'est la base de tout. Quels sont vos souhaits pour cette filière territorial ? Comment vous envisagez les choses ? Vous savez, c'est des exemples de Jean-Luc, on a conscience qu'on n'est pas suffisant si on veut répondre à des gros acteurs. Comment vous la voyez ? Comment vous la percevez aujourd'hui, cette vie d'artisanat ?

  • Vanessa Mardirossian

    C'est vrai que le lien à la terre est très important et aussi le lien à la santé de la terre, à l'amélioration de la santé de la terre. Là, on le voit en France, je suis les nouvelles tous les jours, le nombre d'inondations qu'il y a parce que justement la terre n'est pas capable. Il y a une grande sécheresse. Donc quand on travaille la terre avec des plantes teintoriales, la terre, on le disait tout à l'heure, elle redevient meuble, donc elle est plus capable de garder l'eau. Donc ça, c'est une des problématiques, il n'y a pas que celle-là, mais ça contribue à améliorer la santé des sols. Tout à l'heure, je parlais du documentaire Demain de Cyril Dion, dans une des idées, c'était de se dire, je vais prendre tout l'espace public abandonné, il y a plein de terrains vagues. abandonnées, sales, je veux pouvoir cultiver des choses qui sont disponibles pour le grand public. Donc, on le voit, je ne sais pas si on le voit en France, mais ici à Montréal, par exemple, sur les trottoirs, il y a des jardins où on peut se servir. Donc, on apprend à se servir avec parcimonie aussi. On peut se servir du basilic, du persil, des tomates avec parcimonie. Donc, il y a une espèce, moi je dis, c'est très important de responsabiliser le citoyen parce qu'on parle toujours de consommateur. on nous a mis dans une case consommateur. Donc, qu'est-ce qu'il fait le consommateur ? Il consomme. Je pense qu'il faut sortir de cette dénomination de consommateur. Le choix des mots est important. On est des citoyens responsables. Et la terre sur laquelle on vit aujourd'hui, on nous l'a prêtée. On doit en prendre soin pour la génération future. Donc ça, c'est beaucoup le discours des écologistes, finalement. Parce que moi, c'est très ancré dans l'écologie. Quand je parle de... design éco-responsable ou que je parle d'éco-littératie, il y a vraiment une connaissance, enfin, j'ai même pas fini, je crois, sur l'éco-littératie textile tout à l'heure, c'est de se dire, qu'est-ce qu'on est, de quoi on est fait, et quel est l'impact de ce que je produis sur le vivant ? Donc, en produisant des plantes autour de nous, donc il y a plusieurs personnes qui font ça, quand je parlais tout à l'heure du documentaire Demain, c'était de se dire, il y a des jardins, des... inhabitants, qu'on n'utilise pas, où on peut faire pousser des choses. Et à Montréal, il y a Abie Abie, Myriam Rochon, qui elle s'est lancée en 2015, en fait elle avait une formation en design graphique, et elle trouvait ça assez polluant tout ça, donc elle a fait une deuxième formation en horticulture, et là elle s'est formée aux plantes teintoriales, et elle va demander aux personnes, aux propriétaires des terrains vagues, est-ce que je peux utiliser votre terrain pour faire pousser des plantes tectoriales ? Donc, comment, en faisant pousser des plantes tectoriales dans la ville, on va aussi faire du bien aux pollinisateurs, aux abeilles, parce qu'on a parlé du sol, mais tout ça, là, on en est, je ne sais pas, on voit des choses dramatiques, on voit les, je ne sais plus, je ne sais pas si c'est en Chine ou quoi, les Chinois qui pollinisent à la main les fleurs, parce que les abeilles, elles sont en train de mourir. Il faut prendre soin du vivant, et il faut remettre il y a un petit dessin que je vous enverrai d'ailleurs il y a égo égo versus écho et on voit l'homme, l'humain au-dessus de la hiérarchie et l'humain parmi le monde du vivant donc c'est ça qu'il faut travailler, donc je dirais moi pour le teintorial en particulier c'est d'avoir une approche citoyenne de la couleur parce que la couleur elle irradie elle a un impact beaucoup plus grand que le... que le joli bleu ou le joli jaune qu'on va porter, mais sur l'impact de la santé, de l'environnement, et donc de la planète, et par extension des changements climatiques aussi.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et du coup, Vanessa, si on devait imaginer une production teintoriale plus importante pour répondre à des besoins en teinture, en cosmétiques, dans d'autres applications, ça passerait ? par la culture, ça passerait par la valorisation des déchets, ça passerait par la valorisation des déchets alimentaires en frise, qu'on voit directement à la métallisation, alors qu'on pourrait en faire quelque chose. Vous voyez le source industrielle entre guillemets ?

  • Vanessa Mardirossian

    Non, en fait, justement, elle n'est pas unique. Elle n'est pas unique parce que, comme on voit en écologie, on a un impact, nous, humains, À partir du moment où on est et qu'on respire, il y a un impact. Donc, quoi qu'on fasse, si on le fait à petite échelle, petit impact, grande échelle, grand impact. Moi, je pense qu'il faut diversifier les sources. Donc, tout ce que vous venez de citer, l'agriculture, la valorisation de déchets, les bactéries, pourquoi pas. Mais tout le monde a sa place à petite échelle, parce qu'à grande échelle, l'impact est vraiment très très grand. C'est très très grand. C'est comme les teintures synthétiques. Je ne dis pas qu'elles n'ont pas leur place. On parle de chimie verte. Donc comment la chimie verte va pouvoir aider à sélectionner ça ? Donc on voit par exemple Rich ou EPA qui font la sélection un petit peu, mais on voit que c'est très complexe parce qu'il y a des milliers de molécules, comme l'explique... mon chimiste organisé avec qui je travaille, il me dit tu changes une mini chose, c'est une nouvelle molécule. Donc c'est très dur de pouvoir valider l'inocuité ou la toxicité d'une molécule, surtout que des fois, elle paraît inoffensive en isolation, mais quand elle est en interaction avec d'autres, comme on parle et qu'on vit aujourd'hui dans un cocktail, une soupe chimique, comme dit Daniel Goleman, un cocktail, on est exposé de façon chronique et mini-dosée à un cocktail de molécules dont on est incapable de dire l'impact qu'il a aujourd'hui et qu'il aura demain sur notre santé et sur celle de nos générations. Parce qu'on voit que les femmes enceintes, en fait, et les femmes en âge de procréer, le cerveau de leurs enfants est fortement impacté par toute la toxicité ambiante. Et les teintures y contribuent. grandement alors j'aime bien aussi l'idée du colibri de Pierre Rabhi et Cyril Dion qui avait monté l'association Colibri, vous connaissez l'histoire du petit colibri ? l'histoire du petit colibri c'est il y a un incendie immense dans une forêt et le petit colibri il arrive avec son petit bec il va chercher l'eau à la rivière et il éteint il les jette sur les flammes, il revient il fait des retours, une dizaine puis tous les animaux de la forêt ils commencent à se moquer de lui en disant, ben là, tu crois que tu vas éteindre ton feu avec ton petit bec et tout ? Il dit, non, mais au moins, moi, je fais ma part. Donc si toi, le gros éléphant, tu vas, avec ta grosse trompe, contribuer à éteindre le feu, tu iras beaucoup plus vite, c'est sûr. Mais le tout, c'est que chacun fasse sa part. Donc ça, ça m'a aussi beaucoup inspirée. Donc moi, je fais ma part à mon niveau de designer, de designer textile. quand vous m'avez demandé qu'est-ce qui était important, et voilà, je parlais que les teintures synthétiques aussi, elles ont leur place, mais à échelle minime. Là, elles ont trop, trop de place, donc trop, trop d'impact. Et aussi, voilà, ces molécules qui, quand elles sont testées en isolation, elles paraissent, ben non, ça va, cette molécule-là, c'est pas problématique. Mais, et dans le cas des colorants azoïques les plus utilisés en teinture, eh ben, leur dangerosité, c'est quand elles se dégradent. parce que quand elle se dégrade lors du lavage, dans les eaux, tout ça, elle dégage des amines aromatiques qui sont cancérigènes. Donc ça aussi, c'est une problématique qu'on a du mal à évaluer. Et donc, le cycle de vie permettrait de mettre en avant. Donc oui, les teintures synthétiques, on leur place, par exemple, pour tout ce qui est… le sportswear, le plein air, encore que vous savez que les bactéries sont capables de teindre le polyester. Les bactéries sont capables de teindre le polyester. Donc, il y a eu d'ailleurs une collection capsule, il y a quelques années, entre Living Colors, le collectif Living Colors, et la marque Puma, qui avait créé cette collection, Design to Fade, et qui justement ouvre la discussion et permet aux couleurs justement de devenir plus fades pour pouvoir peut-être, de collection après collection, et là, il y a un business pour ceux qui veulent faire du profit, de se dire, je peux reteindre, surteindre. Ce n'est pas un problème. La couleur, elle est vivante, comme vous, comme moi, comme les plantes qui m'entourent. Donc, elle a le droit de vieillir, elle aussi. Et si la fibre est belle, on peut pouvoir en changer la couleur et juste en la reviver.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je sais pourquoi je voulais vous le dire tout à l'heure, c'était sur la santé. J'ai reçu une chercheuse du CNRS qui a écrit un livre qui s'appelle Audrey Nier, qui a écrit le livre noir de la mode. Je crois que c'est l'épisode 15 du podcast. Non, c'est pas l'épisode 15. C'est l'épisode... Je vous retrouverai l'épisode. Et en fait, j'ai pris une part parce que le monde du textile, je le connaissais. Je savais qu'il avait un impact, mais je ne savais pas qu'il avait tant d'impact. Et en fait, il y avait tous les impacts du textile, et notamment sur la part de la santé. Et je me suis dit, moi qui ai suivi, côté alimentaire, des gros sujets de société comme le goût jaune, l'animal, des trucs qui sont d'un excès au niveau planétaire. Je me suis dit que le boulot de chambre de pandémie, c'est sûr. Parce que si on commence à sortir des preuves comme ça, et elle, elle dépendait un texte, un texte, et un, et un, sur l'impact des textes sur l'incinèrement des mamans. J'ai lu un texte que j'ai, je pourrais vous le passer, quand j'ai vu cet impact-là, je me suis dit, mais pourquoi personne n'en parle ? Alors, il y a quelque chose qui est sorti sur les pires espaces, dont vous en parliez tout à l'heure, qui reste en permanence. ça touche un peu ce sujet-là. Les gens parlent vraiment de la main-d'oeuvre sur la santé. Et je me suis dit, dès que quelqu'un va s'investir, des reportages, des chiffres, des infos là-dessus, c'est sûr que d'un coup, on va se trouver sur d'autres solutions. Et que là, la couleur végétale, la teinture végétale, etc., elle va pouvoir avoir un peu de place et un prix inférieur. Mais pendant que personne ne sort de dossiers, il se fait... C'est pas moi et moi avec le podcast qui va révolutionner le truc. Je veux dire, je pense que le prochain groupe en l'air, c'est l'impact de la VRT sur la santé, l'eau, l'environnement, le sol. On en parle depuis le début de notre échange. Dès que ça, ça va se faire. je pense que ça va vraiment avoir des grosses répercussions.

  • Vanessa Mardirossian

    C'est clair, oui, il y a beaucoup de livres. Et puis moi, je dis, moi, j'en suis le témoin numéro un, puisque je l'ai vécu. L'impact sur la santé, je peux en parler un tout petit peu. C'est que quand je travaillais dans mon atelier, je travaillais donc avec de la sublimation. Donc, j'avais une grosse machine industrielle pour imprimer à 200 degrés, donc des formats de 2,10 m par 1,10 m. Et donc, je travaillais avec ces encres dispersives. et j'avais jamais fait le lien avec ces problématiques-là avec la couleur, donc il n'y a pas vraiment d'extracteur approprié, puis j'ai imprimé des grands métrages, et puis ça fait de la fumée, parce qu'en fait c'est un processus, on part d'une teinture qui est sur un papier, et qui par la chaleur va pénétrer le textile par technique gazeuse. Et donc, ça sort vraiment dans l'air. Et puis, ma chercheuse en santé environnementale m'a dit, Vanessa, il y a trois voies de pénétration dans le corps. La plus grande, la plus importante, c'est l'inhalation. Après, il y a le contact cutané, puis il y a l'ingestion. Et donc, moi, je respirais toutes ces molécules-là, puis c'est impossible d'avoir mon deuxième enfant pendant quatre ans, dans une période d'infertilité de quatre ans. et puis tout un travail pour travailler l'insémination, on ne fait rien, rien, rien. Et finalement, après, une hystérosalpingographie, c'est-à-dire un examen qui fait un karcher dans les troncs. Le mois d'après, j'étais enceinte, mais mon enfant a une mutation génétique très importante. Donc quand on parle de colorants avec des troubles d'apprentissage et tout ça, c'est pour ça que des livres comme Only One Chance de Philippe Grandjean qui parle de l'impact des polluants sur le cerveau parce qu'il y a vraiment un moment de la formation du cerveau, je crois que c'est la huitième semaine ou je ne sais pas si il y a des molécules chimiques, synthétiques qui rentrent en contact avec le placenta ou quoi, ça a un impact pour la vie sur l'enfant et donc quand je vois que mon enfant a une importante modification génétique et avec tous ces troubles d'apprentissage, et qu'on voit que les molécules colorantes synthétiques, on les appelle cancérigènes, mais aussi mutagéniques, reprotoxiques et neurotoxiques, c'est sûr qu'il y a un impact sur les générations futures. Et en fait, le prix qu'on pense ne pas être cher aujourd'hui, c'est le prix que va payer la société dans 10, 15, 20 ans, quand on voit que de plus en plus d'enfants ont des troubles d'apprentissage, de l'autisme. Un enfant sur 68, les chiffres sont sortis aux États-Unis, qui ont un trouble du spectre de l'autisme. Donc c'est énormément d'impact.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    à lanterne ça on parle ça au sujet de l'impact sur l'autisme des gens qui sont en contact avec les polluants de la teinture c'est incroyable vraiment donc j'invite à lire ce livre de la Onchance et

  • Vanessa Mardirossian

    ce le livre Noir Bonheur d'Amour pour ceux qui ont envie vraiment d'avoir un rappel des faits parce que c'est vraiment il y en a un nouveau qui est sorti il y en a un nouveau qui est sorti là c'est To Die For To Die comme la comme la teinture, c'est D-Y-E, To Die For. Donc, le To Die For qui est sorti en 2023, c'est de Alden Wicker, A-L-D-E-N Wicker, W-I-C-K-E-R. Et un livre aussi qui m'a beaucoup inspirée pour tout l'aspect historique des colorants et de l'impact des colorants synthétiques, c'est Fashion Victims qui est donc de Alison Matthew David. mais je vais vous envoyer tous ces liens donc là ça explique vraiment les débuts de la teinture synthétique les problématiques de toxicité qui se sont révélées dès le début et les problèmes de santé mais malgré tout en fait parce que c'était facile parce que c'était pas cher parce qu'on pouvait en produire beaucoup parce que ça faisait plein de couleurs merveilleuses et bien on a poussé la recherche et il y a eu beaucoup de financement

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ok, super donc ça, ça sera pour la partie livre je voudrais arriver sur des questions un peu plus rapides d'échange pour aujourd'hui, quelles sont les personnes inspirantes sur cette histoire de la couleur végétale avec votre vision du monde à qui vous pensez ?

  • Vanessa Mardirossian

    Je pense vraiment, comme je disais tout à l'heure aux personnes qui sont dans l'action et qui sont sur le terrain Donc, évidemment, moi, j'ai mis Dominique Cardon. Sandrine Rosier, je suis allée visiter son atelier. Je trouve exceptionnel ce qu'elle fait au niveau grande échelle aussi. On a parlé, elle a travaillé avec Léman aussi, je crois, pour le film… Astérix. Astérix. Anne de La Sayette… Anne de la Sayette, Patrick Brenac pour le lien qu'ils font entre l'agriculture et l'extraction de colorants. Michel Garcia pour toute la connaissance et la transmission. En fait, je suis vraiment très admirative des personnes qui sont dans la transmission. Beaucoup, donc je montre, j'agis, je transmets et je fais connaître. Donc, Maïwa et... botanical colors pour moi aussi elles sont très très inspirante, évidemment. Dalia Milon aussi, je suis allée visiter son champ à Kamouraska. Mille plants d'indigo, beaucoup, beaucoup, beaucoup de fleurs, énormément de potentiel. Voilà, Abi Abi, Myriam Rochon, qui arrive comme ça à prendre ces espaces perdus. En fait, j'aime la valorisation de ce qu'on pense inintéressant. Voilà, on ne le regarde pas, on pense que ça n'a pas de valeur. mais ça a un potentiel énorme. Ça rejoint un peu une des questions que vous m'avez posées, si j'étais une plante tinctoriale laquelle j'aimerais être, mais moi j'aimerais être une source colorante à valoriser. En fait, quelque chose qu'on pense inutile, mais qui a un potentiel énorme à produire avant compostage. Donc Dominique, d'ailleurs, me parlait d'un ami qu'elle a aux Philippines qui a développé une belle teinture vieureuse à partir de la coquille externe des noix de coco, qu'on n'utilise pas pour la peau, autrement ou alors encore Michel Garcia qui avait fait cette recherche sur un beau jaune à partir de feuilles d'artichaut donc voilà comment la région produit des déchets qu'on va pouvoir valoriser donc moi j'aimerais être une de ces molécules colorantes là quelque chose qu'on pense insignifiant mais au grand pot au ciel qui renferme un trésor

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Top. Je voulais savoir, est-ce que vous avez écouté des épisodes de podcast Arrivé en Vert ? Est-ce que vous me suivez ? Est-ce que vous pouvez nous dire qui vous appartient à faire mon marché ?

  • Vanessa Mardirossian

    Oui, bien sûr, j'adore. Quand vous m'avez contactée, moi, j'étais déjà fan. Oui, oui, oui, oui. Et même mon chimiste aussi, il écoute et me dit écoute celui-là, écoute celui-là. Il me donne des conseils et tout. Donc vraiment, c'est une belle initiative que j'encouragerai, je partagerai dans... dans mes réseaux. J'aime beaucoup celui avec Dominique Cardon et Sandrine Rosier, quand elles parlent de leurs ateliers, parce qu'on a beau lire le livre, on a beau leur parler en vrai, il y a toujours des anecdotes. C'est ça qui est bien dans le podcast, c'est qu'on n'est pas figé à un texte et que la discussion est organique. Et donc, elles expliquaient, elles donnaient des petites anecdotes. En fait, quand elles racontaient, par exemple, en fait, on n'en savait pas plus que nos participants. On embarquait sur un bateau avec eux. et on partait à la découverte et c'est ça qui est beau, rester humble et curieux malgré tout c'est ça qui va faire qu'on va pouvoir faire des nouvelles découvertes encore parce que comme dit Dominique Ardon il y a tellement de plantes encore qu'on n'a pas découvertes et qui disparaissent à vitesse grand V ça

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    me fait penser à l'épisode avec Henri-José de Guadeloupe Pareil, il dit que régulièrement, il y a des sources territoriales, il envoie le nom des plantes, qu'elles ne connaissaient pas, ils ont des propriétés. Ce n'est pas terminé, il y a encore des sources. On a parlé il y a les plantes en vaillant. J'étais en stade, j'étais chez Anne Garcellet, et il me dit qu'il y a un sac du dos, qui est des 100 plantes en vaillant. elle donne un jaune magique et donc je suis en train de chez moi j'ai reçu ce jaune extraordinaire et je me suis dit dans les semblances j'ai regardé les semblances envahissantes j'ai regardé dans le détail je sais qu'il n'y a déjà pas de la peinture donc ça peut être en plus de magnifier des fibres naturelles ça peut en plus être une solution pour réduire l'impact de tout ça vraiment utiliser les plans au meilleur moi ça me résout oui j'aimerais vraiment qu'on ait déjà des soutiens des projets de recherche des initiatives et à l'histoire et mettre un peu la rue par rapport même un quart de ce qui est donné pour les politiques je suis sûre je suis sûre qu'on ferait des magnifiques et qu'on avancerait franchement ça c'est un peu pieux j'avais une question Vanessa je pense que c'est la dernière merci Qui vous aimeriez ? C'est votre micro.

  • Vanessa Mardirossian

    qui vous pensez intéressant une approche particulière pour le podcast c'est vrai la personne à qui je pensais c'était Rachel McHenry elle parle un peu français mais je ne sais pas où je la trouve admirable parce que déjà comme je disais je l'ai connue en 96 quand on faisait la maîtrise à Londres et déjà elle était très très enthousiaste et à soutenir les communautés. Elle travaille avec le Népal à l'époque. Là, elle travaille beaucoup avec le Pakistan. Elle travaille beaucoup avec les communautés en Inde. Donc, ils soutiennent les familles parce que les teintures naturelles, c'est aussi beaucoup de communautés. Et donc, elle, moi, je pense à elle, Rachel McHenry, qui est, non seulement elle est designer textile, elle est professeure à l'école de design de Toronto. et elle est aussi entrepreneur parce qu'elle travaille avec ses communautés et puis elle monte des collections en travaillant avec eux donc c'est elle que je pense

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Qu'est-ce que vous souhaitez pour la suite et votre projet ? Qu'est-ce qui va découler de votre projet ?

  • Vanessa Mardirossian

    Je pense aussi, excusez-moi mais en deuxième non mais je pense aussi à Myriam Rochon Myriam Rochon qui est de Habi Habi parce qu'elle C'est intéressant son parcours, sa prise de conscience, de dire mais tiens, c'est toxique et d'aller en horticulture pour revenir au textile. Donc ça, c'est intéressant. Et puis Nadia Bounian aussi, qui était parmi les invités, qui est designer textile et qui elle aussi, c'est très important pour elle, la traçabilité, elle est très proactive. C'est elle qui fait pousser des champs de plantes sectorielles au parc Jean Drapeau, au parc de Boucherville, à Montréal, et qui en même temps est designer de mode. Donc...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Top.

  • Vanessa Mardirossian

    Voilà, c'est ça. La dernière question, c'était ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Votre projet, c'est quoi la suite en fait ? Là, vous faites votre thèse, donc vous allez publier votre travail. Qu'est-ce que vous souhaitez ? Alors, vous avez publié une chaire d'objets.

  • Vanessa Mardirossian

    Oui.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Quels sont vos souhaits pour continuer dans cette thématique ?

  • Vanessa Mardirossian

    Alors, idéalement, moi, c'est un poste de professeur. à l'école supérieure de mode, c'est mon domaine la mode, j'ai commencé par un BEP, j'avais 15 ans, et aujourd'hui voilà, à mon âge que je ne dirai point, donc je suis toujours intéressée par, et curieuse, et dans la transmission, donc idéalement dans le cadre de l'école de mode, mais en fait ce doctorat m'a ouvert énormément de perspectives, donc ça pourrait être dans plein de domaines. de recherche autour de la couleur, mais évidemment le lien avec le design, donc l'école de design, l'école de mode, pour être à la place stratégique, pour sensibiliser les futurs designers, les former. Et aussi, quand je parlais de cette chaire de recherche, avoir l'opportunité d'avoir des demandes de subventions, de publier, de chercher, de faire des analyses de cycles de vie, et d'expérimenter encore avec la couleur non toxique. je dis non toxique parce qu'elle est peut-être végétale mais elle est peut-être autre chose on sait pas super,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    merci pour ce super témoignage j'ai adoré j'espère qu'on n'a rien si vous avez d'autres choses à ajouter non,

  • Vanessa Mardirossian

    je pense que on a bien fait le tour là c'était vraiment intéressant je vais vous envoyer des références de livres et des liens aussi vers des articles que j'ai écrits en public merci et voilà le prochain à suivre aussi je vous dirai scientifique voilà merci beaucoup pour l'invitation, honorée de faire partie de cette belle communauté d'échange, merci beaucoup pour votre travail de visibilité parce qu'on en a beaucoup besoin donc voilà,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    on est tous des petits colibris merci je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ArtEcoVert A-R-T-E-C-O-V-E-R-T pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix. C'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous ! Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale indigo tendance innovation

Description


Désolée pour ma voix en mode fête forraine ! Heureusement pour Vanessa Mardirossian le son est impeccable.


Saviez-vous que les teintures synthétiques représentent une menace non seulement pour notre santé, mais aussi pour l'environnement ? Dans cet épisode captivant du podcast ArtEcoVert, Pauline Leroux reçoit Vanessa Mardirossian, designer textile et chercheuse passionnée, pour explorer l'univers fascinant des teintures végétales et des plantes tinctoriales. Ensemble, elles discutent de l'importance cruciale d'intégrer des alternatives durables dans l'industrie de la mode, tout en mettant en lumière l'impact positif des colorants végétaux sur notre planète.


Vanessa partage avec enthousiasme son parcours, de ses débuts en design de mode à sa prise de conscience des dangers des teintures synthétiques. Cette révélation l'a conduite à explorer les merveilles des pigments végétaux comme l'indigo et la garance, qui non seulement embellissent nos textiles, mais enrichissent également la biodiversité et la santé des sols. Dans un monde où la durabilité est devenue une nécessité, cet épisode est une véritable invitation à repenser notre rapport à la couleur et à la mode.


Au cours de cet échange inspirant, Vanessa évoque des projets innovants et des collaborations avec des experts pour promouvoir l'utilisation de colorants biosourcés et de fibres naturelles. Elle insiste sur la nécessité d'une approche multidisciplinaire pour intégrer la couleur végétale dans nos choix vestimentaires. Les tanins et autres éléments naturels sont mis en avant comme des solutions viables pour réduire notre empreinte écologique tout en célébrant la beauté des nuances offertes par la nature.


Ce podcast n'est pas seulement une discussion technique, c'est un véritable voyage au cœur d'un jardin tinctorial, où chaque teinture raconte une histoire et chaque couleur a un sens. En découvrant ces alternatives, vous serez encouragés à faire des choix plus éclairés et plus respectueux envers notre planète.


Rejoignez-nous pour cette conversation enrichissante qui éclaire le chemin vers une mode plus verte et plus consciente. Pour en savoir plus sur les initiatives de l'agriculture tinctoriale et les tendances actuelles, ne manquez pas cet épisode inspirant. Belle écoute !


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🗝️ Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin indigo


Bonne écoute


Pauline



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Transcription

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de Valeur. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans nos vies. Alors c'est parti, bonne écoute ! Bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast à récréer Vanessa Mardirossian. Bonjour Vanessa.

  • Vanessa Mardirossian

    Bonjour Pauline.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc avec vous, on part au Canada, ça c'est chouette, parce qu'il y a beaucoup de francophones qui écoutent notamment le podcast, donc ça fait plaisir. Je vous ai découvert lors des zones grises de la pleuve à travers les prismes de Seine textile. C'était un événement que vous avez organisé qui rassemblait beaucoup de monde de divers endroits et je suis connectée de mes vacances. Et je vous ai découvert à ce moment-là. Et je me suis sentie beaucoup moins seule. Je me suis dit, j'ai fait un... Avant, j'ai déjà pensé, mais il y avait des gens qui cherchaient à me tuer, à garder, à faire parler différents mondes, et qui faisaient énormément de recherches sur l'être en avant de la couleur végétale. Donc, Vanessa, j'aimerais que vous puissiez, en vous présentant aux auditeurs à réconverser, raconter un petit peu ce que vous êtes, votre parcours et comment vous en êtes arrivée finalement à cette valeur végétale dans ce parcours.

  • Vanessa Mardirossian

    Très bien, ben oui avec grand plaisir. Donc ben moi à la base c'est vrai que je vis au Canada, à Montréal depuis 16 ans maintenant. À la base je viens de France, je viens de Nice, du sud de la France et j'ai fait mes études en design de mode. Donc j'ai commencé même par un bac en art appliqué à Antibes puis après je suis montée à la capitale. J'ai fait mes études à l'école Dupéré en design de mode. Et puis j'ai fait mon DSA en mode et environnement. Et ensuite, je me suis rendue compte en fait que j'avais moins d'idées pour tout ce qui était forme des vêtements, mais plus pour tout ce qui était matière. Donc, j'ai souhaité continuer mes études en faisant une maîtrise à la Centrale Saint-Martin à Londres en design textile. Et puis, suite à ça, j'ai commencé à travailler en tant que designer textile indépendant pour la haute couture, le prêt-à-porter, les bureaux tendance. Et j'ai travaillé comme ça pendant dix ans. J'avais mon propre… Atelier boutique à Nice, et je travaillais pour Christian Lacroix, Chanel, Kenzo, Louis Vuitton, pour Nelly Rodi, et dans la prospection, dans les pièces uniques en fait. Je faisais vraiment des panneaux de textile imprimés en pièces uniques, puis là les couturiers coupaient dedans, puis ils faisaient des modèles. Pendant cette période, c'est vrai que j'ai eu quelques problèmes de santé. mais je n'ai jamais fait le lien entre les teintures synthétiques que j'utilisais pour travailler et mes problèmes de santé. Ensuite, je suis partie au Canada, mais ça on va y revenir après. Je suis partie donc au Canada, et là, il me manquait une corde à mon arc. J'ai dit, tiens, je n'ai jamais travaillé dans l'industrie, donc j'ai commencé à travailler dans l'industrie pour la fast fashion à Montréal. Et puis, au bout de six ans, j'avais fait un petit peu le tour et je me suis dit, là, comme je suis assez curieuse à chaque fois, je peux toujours me lancer des nouveaux challenges. Donc, j'ai dit, j'aimerais bien enseigner maintenant. Je pense que j'ai une vision 360 degrés de la mode et du design textile en particulier. Donc, je pense que j'ai envie de transmettre. Donc, j'ai approché l'école supérieure de mode de l'UQAM, l'Université du Québec à Montréal. et là ils m'ont dit écoute Vanessa c'est super t'as tout ce qu'il faut mais ce serait super de faire un doctorat pour atteindre des postes de professeur en fait c'est important d'avoir un doctorat donc j'ai dit un doctorat qu'est-ce que c'est j'y avais jamais pensé et je me suis lancée dans cette nouvelle aventure et là il fallait trouver un sujet, une thématique donc j'ai commencé à regarder un petit peu beaucoup de documentaires sur la mode, sur les textiles et là il y a un documentaire en particulier qui m'a interpellée c'est un rapport de Greenpeace de 2015 qui s'appelait Toxic Threads et qui parlait de l'impact que pouvaient avoir les teintures synthétiques sur la santé. Et c'est là que la prise de conscience s'est faite par rapport à mes propres problèmes de santé, où à l'époque je travaillais avec du polyester, avec des encres dispersives, des techniques de sublimation. et où j'ai eu des problèmes d'infertilité, des problèmes de mutations génétiques avec mon enfant. Donc tout ça, je faisais le lien. Je n'ai pas cherché des réponses forcément, mais en tout cas, ça a eu un impact sur ma pratique de designer. Donc c'est comme ça que j'ai souhaité entreprendre une recherche multidisciplinaire où j'allais allier le design, la santé environnementale et la chimie. Donc, dans le cadre de ma thèse, tout ça, c'était il y a 7 ans, parce que j'ai commencé en 2017. Et en 7 ans, normalement, une thèse, c'est 4 ans. Là, je suis en phase de rédaction de thèse. Mais en 7 ans, j'ai quand même appris de nouveaux métiers, donc celui d'enseignante et celui de chercheur. Parce que j'ai découvert un nouveau monde, en fait, la recherche en design, et comme on l'appelle ici au Québec, la recherche création en particulier. C'est quelque chose que je ne connaissais pas du tout et qui ouvre des portes et des opportunités incroyables pour faire des ponts avec différentes disciplines, mais aussi pour aller en profondeur dans une thématique. Parce que ce que je dis toujours, c'est que quand on est dans l'industrie, dans le monde du travail, tout va trop vite. Bon, en plus quand on est dans la... fast fashion, mais tout va trop vite, de toute façon on n'a pas le temps de réfléchir, il y a des délais, il y a des saisons, il faut sortir des collections. Donc là c'est un moment où on peut avoir cette réflexion un peu plus profonde sur nos pratiques. Et j'ai commencé cette recherche création, où là un peu ce qui est au cœur de ma recherche c'est ce que j'appelle l'éco-littératie textile. Donc qu'est-ce que c'est l'éco-littératie ? C'est un concept qui a été lancé par le pédagogue David Orr, un pédagogue américain en 1990, qui s'était rendu compte en fait que dans nos enseignements traditionnels, il y avait une grande déconnexion avec notre environnement. Donc tout est centré sur l'humain, les besoins de l'humain. Donc là c'était de se dire d'où on vient, de quoi on est fait, de quelles molécules on est fait. On se rend compte qu'on est fait des mêmes molécules que tous les êtres vivants qui nous entourent, les plantes, les animaux, et qu'on n'est pas au-dessus de la hiérarchie du monde des vivants. mais qu'on en fait complètement partie. Et ce que ça apprend aussi, c'est que les matériaux qu'on utilise, ils ne vont pas disparaître dans l'atmosphère. Tout est recyclé, tout revient. Donc quand on crée des molécules synthétiques qui sont persistantes et qu'on n'arrive plus à dégrader, on a une problématique après de recyclage et aussi de déplacement de ces molécules qui deviennent une pollution pour l'environnement. Donc voilà un petit peu le début de mon parcours.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, alors du coup ça c'est le parcours, et alors le lien avec la couleur vegetale ?

  • Vanessa Mardirossian

    Alors, c'est vrai que je suis partie de la couleur synthétique. En tant que designer textile, c'est mon outil de travail, la couleur. Et je l'ai toujours utilisé comme un aspect un peu esthétique. Un beau bleu, un joli rouge, un jaune vibrant, une gamme de couleurs pantone aussi. On doit suivre une tendance. Mais jamais je suis allée voir ce qu'il y avait derrière la couleur. Et quand on va voir un petit peu ce qui est derrière la couleur, on se rend compte que... il y a des risques en fait. Donc là j'en suis, comme je disais dans la rédaction de ma thèse, dans le premier chapitre je fais un petit peu un historique des teintures végétales, un historique des teintures synthétiques, et un historique des teintures biotechnologiques, parce qu'aujourd'hui tout ce qui est dans des approches un peu prospectives de la couleur, on travaille avec le vivant, on travaille avec des... des bactéries, certains designers et chercheurs travaillent avec des bactéries ou des algues donc je me suis un petit peu intéressée à ces trois mondes là grâce à ça et dans le cadre de ma recherche je fais des entrevues, donc c'est pour ça que j'ai rencontré tout un panel d'experts incroyables dont l'historienne, archéologue, ethnographe Dominique Cardon que vous avez aussi reçu sur votre podcast et que j'ai écouté avec grand intérêt donc ces personnes là sont capables, sont gardiennes de ces connaissances, de ces savoirs. Quand je disais à Dominique, ces savoirs perdus, elle dit Mais non Vanessa, ils ne sont pas perdus. Je dis Mais ils ne sont pas perdus pour vous, qui travaillez en tant qu'historienne, mais pour, par exemple, les designers comme moi, qui ont été formés dans les années 90, pourtant dans des écoles de renom à Paris ou à Londres, la teinture, on n'en parlait pas. C'était de la teinture synthétique et on ne s'est jamais posé la question ni de... ce qu'elle comportait, ni de comment elle était fabriquée. Donc c'est intéressant de s'intéresser à l'origine de cette matière-là. Donc quand je m'intéresse en particulier aux teintures synthétiques et qu'on voit comment ça a commencé tout ça, à la base en fait c'était vraiment un résidu. en fait au 19e siècle, milieu du 19e vers 1856, on date un peu à cette époque-là avec la découverte de la mauvaise vie de William Henry Perkin, c'était vraiment de se dire comment je peux valoriser ces déchets, ces rebuts en fait de... des origines pétrochimiques qu'on utilisait pour faire des lumières, pour illuminer les villes. Comment on allait utiliser cette houille, ce résidu, pour faire des médicaments ou d'autres valorisations commerciales. Et c'est là qu'on a commencé à faire des encres et des teintures synthétiques. Donc, dès le départ, on s'est rendu compte pourtant qu'il y avait des problèmes de santé connectés à ces teintures-là. et aussi des problèmes de solidité. Elles n'ont pas été opérationnelles dès le départ, donc il y a eu beaucoup d'investissements et de recherches pour qu'on les améliore, ces teintures-là. Parce que justement, elles étaient moins chères, on n'avait pas besoin de faire pousser des teintures, ça paraissait à la base magique un petit peu. Elles étaient moins chères, et là je mets ça entre parenthèses, d'un certain aspect, mais parce qu'on externalise un petit peu le coût environnemental de cette teinture-là. Donc aujourd'hui, on commence à en parler un petit peu, mais ça devient difficile parce que, ça reste difficile parce que quand même l'industrie de la mode, c'est une industrie où beaucoup de profits, avec ce modèle économique de fast fashion qui est né depuis les années 60 en fait, avec en particulier la marque Zara vers les années 1968. je pense, avec cette idée de se dire on va démocratiser la mode, on va la rendre accessible au plus grand nombre. Ce qui, à la base, n'était pas une mauvaise idée, mais ça a créé ce processus d'accélération de production et aussi d'augmentation de profit qui fait que les coûts de production doivent être de plus en plus bas. Donc on cherche des... des produits qui ne sont vraiment pas chers, et donc ce qui fait que l'impact environnemental grandit finalement, puisque ces molécules sont issues de la pétrochimie. Donc pour revenir, parce que je m'éloigne un petit peu, je pars dans mon historique, pour revenir à pourquoi je m'en suis intéressée aux teintures végétales, c'était parce que dans le cadre de ma recherche, je cherchais des alternatives à ces teintures synthétiques qui ont un impact sur la santé et l'environnement. Et donc... les premières... En fait, au départ, avant de contacter tous ces experts, j'ai commencé, puisque dans le cadre d'une recherche-création, on allie et vraiment de façon très liée la théorie et la pratique. Donc, j'ai commencé par les livres, en lisant un petit peu l'histoire des teintures synthétiques et des teintures végétales. Et tout de suite, je suis partie dans le laboratoire où j'ai commencé à expérimenter. Et ce qui m'intéressait, dans le cadre de ma recherche. Je parlais d'écolittératie, qui est un premier grand concept de ma thèse. Le deuxième, c'est le biomimétisme. C'est comment on va prendre le vivant comme modèle. C'est un concept qui a été popularisé en 1997 par la biologiste américaine Janine Benus, qui, elle, se disait qu'on devrait observer les processus de fabrication du vivant, voir comment... le vivant arrive à fabriquer des matériaux à température ambiante et sans produits chimiques finalement. à l'université où j'étudie, qui est l'université Concordia à Montréal, on a la chance d'avoir ce Speculative Life Biolab où on peut travailler et expérimenter avec l'huivant, comme je disais tout à l'heure, et des algues, avec des bactéries. Donc j'ai commencé à travailler avec ces petites bactéries qui sont capables de produire des teintures sous 48 heures et à température ambiante. Donc j'ai fait toute une série de recherches et une exposition sur... ce processus de bactéries. En parallèle de ça, je m'intéressais aussi à tout l'aspect circularité. Quand on parle du vivant, il y a une circularité, c'est-à-dire le vivant, il a un cycle de vie, donc il y a une naissance, il y a une vie, puis il y a une mort aussi. Et cette mort, en fait, elle nourrit la future génération. Donc ce qui m'intéressait, c'est de se dire, de travailler avec des végétaux. qui, avant de retourner au compost, peuvent produire encore, contiennent des pigments. Donc j'ai commencé à travailler avec les déchets agroalimentaires pour fermer un peu cette boucle-là. Donc en parallèle, je travaille avec les bactéries. Il faut savoir que les bactéries... elles viennent de l'environnement, du vivant, elles peuvent venir du sol, elles peuvent venir de lacs. Chaque bactérie produit, chaque souche bactérienne produit une couleur. On a par exemple l'indigofera qui va produire du bleu, on a la serratia qui va produire du rouge, et comme ça on a tout un panel de couleurs, du rose, du jaune, du violet. Et donc d'un côté je travaillais avec ces matériaux un peu prospectifs, innovants, de bio. technologie, et de l'autre, je travaillais avec mes déchets alimentaires. À un moment, je me suis rendue compte et j'ai voulu élargir la palette de ce que pouvait produire la sérachia, par exemple, qui produit du rouge. Donc, je me suis rendue compte qu'en lui donnant des nutriments un peu plus sucrés, salés... elle réagissait de façon différente. En particulier la bleue, l'indigo férenc, qui était plutôt timide. Donc en lui donnant des nutriments, elle devenait plus prolifique. Et donc j'ai fait plusieurs recherches comme ça, puis je me suis rendu compte que les couleurs pouvaient varier, mais essentiellement parce qu'elles variaient selon le support sur lequel je les imprimais. Parce que, pour ceux qui ne le savent pas, on va préciser qu'on teint avec les teintures naturelles. principalement des fibres naturelles. Dans ce monde-là, on a les fibres végétales, qui sont le coton, le lin, le chanvre, par exemple, et les fibres animales, qui vont être la laine et la soie. Donc les bactéries, comme dans les teintures végétales, réagissaient, devenaient beaucoup plus vives sur des couleurs protéiniques, qui sont les couleurs végétales, qui sont les couleurs animales, que sur les couleurs végétales. Donc j'obtenais, par exemple, si on part de la serrachia, J'obtenais des rouges profonds sur mes laines, des roses vifs sur mes soies et des mauves un peu plus pâles sur mes cotons et mes lins. Donc là, je me suis dit comment je vais pouvoir encore élargir cette palette. Et j'ai commencé à nourrir mes bactéries avec ces déchets végétaux pour croiser ces deux mondes-là. et là il faut dire que ça ne donnait pas non plus énormément de différence ça le donnait dans mon petrediche c'est à dire ma boîte pétrie où la couleur d'une bactérie va devenir par exemple rouge vif quand elle est vivante quand on parle de la servachia il va devenir plutôt mauve ou violette une fois qu'on l'a autoclavé c'est à dire qu'on a utilisé de la vapeur pour la tuer et là elle devient un peu plus mauve Donc je n'obtenais pas une grande palette si variée que ça. Donc j'ai décidé finalement d'utiliser les déchets alimentaires pour teindre et les bactéries pour imprimer. Puisqu'à la base, mon métier, c'est l'impression. Donc je me suis rendu compte que j'arrivais à guider la croissance des bactéries parce qu'elles ont besoin d'oxygène pour pousser. Donc par des jeux de pochoirs, je créais des motifs un petit peu. Et je pourrais partager certains documents. pour les auditeurs, s'ils veulent voir quelques images, quelques liens de l'exposition, pour voir des visuels. Parce que là, parler de la couleur sans la voir, on a besoin un petit peu, donc ça pourrait être appuyé par certains liens que je vous enverrai.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Top. Et Vanessa, j'ai une question. Je vois les boîtes de pétri, pour cultiver les bactéries, etc. Comment vous l'appliquez ? Vous avez dit un système de précoce. Comment vous l'appliquez, cette bactérie ? Elle est sur un support ? Elle se développe ? ou vous la collez dans une boîte de pétri et vous commencez à comprendre parce que j'ai du mal.

  • Vanessa Mardirossian

    Oui, bien sûr. La bactérie, pour se développer, elle a besoin d'un nutriment. Là, on travaille sur de l'agar. L'agar, c'est issu d'une algue. C'est vraiment un processus très classique en microbiologie où on a besoin de ce terrain humide pour que la bactérie se développe. Je développe ma bactérie En fait, j'inocule la bactérie qui à la base est liquide. J'explique aussi que j'utilise la même souche depuis 2017, depuis que j'ai commencé à travailler avec les bactéries, parce que cette bactérie, on peut la mettre en sommeil, ou dans le réfrigérateur, ou on peut la congeler. Et on peut la réveiller. grâce à des nutriments et à de l'oxygène quand on en a besoin. Donc là, je prépare ma boîte de pétri avec mon nutriment à base d'agar. J'inocule ma bactérie qui, à la base, est transparente. Et sous 48 heures, elle va produire son pigment. En l'occurrence, la CRH1, c'était du rouge. Ensuite, il y a toute une idée de mise à l'échelle de cette bactérie. Là, on parle d'une petite assiette de 10 cm de diamètre. Donc là, quand j'ai réalisé mon exposition où j'imprimais un... un manteau entier, j'ai fait une mise à l'échelle. Je suis passée de la boîte de pétri de 10 cm à une taille à 4 environ, et puis une grande boîte finalement de la taille de ma veste. Donc j'inoculais en fait la bactérie toujours sur la gare, et après je venais chercher avec mon vêtement, un peu comme une impression, je venais appliquer et chercher le colorant rouge qui après était mis dans une autoclave. Alors là, on parle d'une technique très expérimentale, mais il y a certaines compagnies comme Pili en France, par exemple, ou Colorifix en Angleterre, qui travaillent avec des bioréacteurs et qui sont en train de développer un processus plus industriel de cette technologie. Donc ça, c'était un petit peu, je voulais me familiariser avec les différentes techniques. Donc d'un côté les bactéries et de l'autre les teintures végétales. Je me suis lancée dans ce monde-là à la base. par instinct, un petit peu, en essayant des choses, sans avoir ces connaissances que j'ai aujourd'hui, que je suis allée chercher après, à travers des entrevues, mais aussi à travers des stages et des formations que j'ai prises avec des experts en teinture végétale.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, justement, j'allais vous demander, je comprends les travaux parallèles entre bactéries et déchets alimentaires, je comprends la recherche de savoir-faire pour les pochoirs, etc. Qui vous avertit de tourner pour l'apprentissage de la teinture légère ? qui vous avez rencontré, est-ce que vous pouvez nous dire un petit peu comment vous vous êtes mis en bouquet de tout ça ? Parce qu'en plus, vous avez l'avantage d'être bilingue. Où est-ce que vous êtes allée ? Moi, je connais un peu bien plus la réponse, mais qu'est-ce que vous pouvez nous citer comme ressources qui vous ont aidé à compléter le savoir et à faire ces bases ?

  • Vanessa Mardirossian

    Au départ, j'ai commencé à ce qu'il y avait près de chez moi, donc à Montréal. Donc, à Montréal, on a le centre d'impression textile, centre de design et d'impression textile. Donc là, il y avait une formation. La première formation que j'ai prise, c'était en 2018 avec Nathalie Tremblay qui enseignait la teinture végétale. Donc ça, on travaillait à partir de pigments végétaux qu'on achetait chez Maiwa. Maiwa, c'est une compagnie dirigée par Charlotte Kwon. qui est située à Vancouver. Donc, les pigments venaient de là-bas. Puis, j'ai découvert ce monde-là, en fait, d'extraits végétaux, de mordansage aussi, parce qu'il y a toute une préparation de la fibre en amont. Donc là, on mordansait avec de la lin, par exemple. et je dois dire que autant Maiwa que aussi j'ai une deuxième source au Canada elle est à Seattle aux Etats-Unis mais elle fournit aussi beaucoup au Canada, c'est Botanical Colors, Cathy Hattori donc toutes les deux en fait, Charlotte comme Cathy elles sont beaucoup dans la transmission des connaissances, donc sur leur site respectif elles partagent gratuitement énormément de ressources pour mordre danser les tissus. Cathy, par exemple, elle organise des Mordanting Mondays. Donc, chaque jour, un petit peu, il y a comme une communauté, en fait, qui se crée autour de la couleur, qui est assez nichée, donc où on se connaît un petit peu tous, finalement, et aussi où rentrer en contact avec ces personnes-là, ces experts. très érudits comme Dominique Cardon aussi, il y a une ouverture, il y a une facilité parce qu'il y a une envie de transmettre, une envie que ces connaissances perdurent et aussi soient utiles aux designers actuels pour vraiment trouver une alternative à ces teintures synthétiques qui quand même teignent, je ne dirais pas 90%, mais la grande majorité de nos textiles aujourd'hui.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, donc d'abord dans le cercle, le reste, enfin, on trouve au Canada, donc oui, le maïwa et le botanical color. même en France on les connait donc j'imagine que c'est des super ressources et donc du coup dans des interviews c'est en fait vous faisiez des échanges des rencontres vous allez les mettre sur place oui alors d'abord la

  • Vanessa Mardirossian

    première formation que j'ai prise avec Nathalie Tremblay au centre d'impression textile j'y suis allée c'est une fin de semaine comme on dit ici c'est un week-end c'est un week-end où là on expérimente toutes ces couleurs j'ai pris aussi un petit peu un cours sur l'indigo, l'indigo qu'on a fait à partir de bananes, parce qu'il faut du fructose pour faire de l'indigo, donc il faut un sucre, donc il y a des indigos à partir de dates, des indigos à partir de... Là, ce jour-là, on avait fait à partir de bananes, donc j'ai découvert tout un nouveau monde. Et donc ça, c'était ma première formation. Ensuite... J'ai pris une formation aussi avec Katia Tori. Elle est à Seattle, donc c'était en ligne, mais c'était vraiment très bien fait. Ce qu'elle offre, c'est un kit de démarrage où il y a un petit peu de différents extraits. Il y a aussi des fleurs, il y a aussi des mordansages, il y a du fer pour après faire de la modulation de couleur post-bain. C'est une deuxième formation que j'ai prise. Et puis après, il y a eu toute la partie aussi d'entrevue qui fait partie de ma thèse finalement. Donc là, quand je faisais... Tout l'aspect théorique de ma thèse, ça m'a donné une espèce de cartographie un petit peu de comment les disciplines s'interconnectaient les unes avec les autres. Et au croisement de ces disciplines, ont émergé certains experts, certains noms d'experts, avant que je les contacte. Par exemple, c'est l'histoire, si je dois parler à quelqu'un, ça va être Dominique Cardon. Si je dois parler à quelqu'un qui fait des extraits végétaux, ça va être... Anne de la Sayette, que vous avez interviewée aussi, ou Patrick Brenac de Greening. Donc, ces noms-là ont émergé. Et donc, j'ai commencé mes entrevues aussi avec des gens que je connaissais. Par exemple, il y a eu la professeure... qui s'appelle Rachel McHenry à Toronto, que j'avais connue lors de ma maîtrise à Londres, qui elle a toujours travaillé, depuis les années 90, elle travaillait avec des communautés en Inde, au Pakistan, des communautés de teinture naturelle. Elle est professeure à l'Université de Toronto et elle enseigne la teinture végétale. Ce que je trouve intéressant aussi, c'est que je me rends compte que la plupart des personnes qui s'intéressent à la teinture végétale reviennent à l'agriculture. Donc, elles repartent du début. Il y a ce lien avec d'où ça vient, comment ça pousse. Donc, par exemple, mon amie Rachel McHenry, elle a lancé un atelier de plantes sectoriales sur le toit de l'université. Donc, comment les étudiants doivent partir à l'origine de... de la couleur finalement. Et je me rends compte que c'est quelque chose qui revient chez toutes les personnes avec qui je travaille. Par exemple, j'ai commencé l'entretien aussi avec Dominique Cardon, qui m'expliquait un petit peu cette histoire des couleurs. En fait, elle est vraiment sur le terrain. Elle étudie des teintures du paléolithique, de l'âge de bronze, où elle se rend compte qu'en fait, c'est... ces garances qu'on utilisait déjà à l'époque, ce rouge garance qui vient d'une racine et d'une solidité incroyable, puisqu'elle date de plus de 2000 ans. Donc, il y a tout cet aspect aussi qui m'intéresse de mettre en avant dans ma thèse, c'est de... de casser un peu ces préjugés qui nuisent au développement des teintures naturelles, où les teintures naturelles, on dit qu'elles ne sont pas solides à la lumière. Mais moi, j'ai envie de contrecarrer ça en disant, pourquoi on aurait besoin que des teintures synthétiques qui doivent durer 100, 200 ans ? Alors que notre envie de changement, tous les six mois avec une nouvelle couleur, on n'a pas besoin qu'une couleur dure des centaines d'années. D'autant plus qu'après ça devient un problème environnemental où ces molécules sont persistantes dans l'environnement et on est incapable de s'en débarrasser et perdurent dans l'eau potable et entrent dans la chaîne alimentaire et dans le corps humain finalement, et dans tous les vivants.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc ce problème qui est un faux problème de solidité de couleur, en fait c'est surtout un problème de mentalité, je dirais. On a besoin d'un changement de mentalité. On a besoin de se dire… on doit faire des fibres de qualité, mais les couleurs, même si peut-être elles vont passer un petit peu, et pas toutes encore, mais certaines sont plus évanescentes, on parle de couleurs grand teint et on parle de couleurs petit teint. Donc les couleurs grand teint comme la garande justement, la gaude, l'indigo, ces couleurs vraiment de base qui sont les trois couleurs primaires avec lesquelles on peut faire toutes les couleurs incroyables. Enfin, moi, j'avais été vraiment épatée quand, avec simplement mes déchets alimentaires, j'arrivais à matcher, comme on dit dans le jargon, les couleurs pantone de la saison 2022-2023. Je travaillais avec mes étudiants, j'arrivais à les matcher complètement, à les assortir, parce que c'est une recette, en fait. La teinture végétale, c'est de la cuisine. Donc on prend son cahier, on prend des notes, on mesure des ingrédients, on mesure des températures, on mesure des bains de pH, et là on arrive à obtenir des reproductibilités. Donc pour expliquer un petit peu ce parcours-là, je m'éloigne un peu peut-être, mais j'ai commencé par faire cette exposition où j'ai exposé dans une vitrine pendant trois mois, sans protection IV, cette veste réalisée en collaboration avec une avec des artisans et des designers locaux qui ont fait le patronage, qui ont fait la couture, qui ont tricoté le jersey aussi des compagnies locales. Et j'ai vu au bout de ces trois mois qu'effectivement, il y avait une certaine sensibilité à la couleur. Les bactéries, en l'occurrence, étaient assez sensibles à la couleur. Donc il faut voir maintenant au niveau de ce qui est possible de faire. C'est pour ça que je trouve vraiment intéressant et important, voire nécessaire, cette collaboration multidisciplinaire dans le domaine de la couleur. mettre ensemble le chimiste, l'expert en analyse du cycle de vie, l'éco-toxicologiste, le designer, le professeur. Donc, comment ensemble, avec nos angles et nos expertises différents, on va arriver à améliorer ces processus-là ?

  • Vanessa Mardirossian

    Alors, Vanessa, avant que vous continuiez dans votre processus de découvert, vous parlez des préjugés de la couleur végétale. donc c'est vraiment quelque chose que je suis vite tombée dessus au fur et à mesure des podcasts ici en France et en fait je me suis dit je vais aller chercher des gens qui pourront témoigner et lever ces préjugés donc on en a globalement une quinzaine franchement c'est toujours les mêmes qui reviennent il y en a des prioritaires et d'autres et en fait je me suis dit même si on fait intervenir une historienne Dominique Cardon qui témoigne d'un tuer il y a plus de 100 000 ans et qui et bien en fait ça ne convainc pas les gens et donc je me suis dit qu'il faudrait mettre des preuves scientifiques et en fait avoir un genre de quelque chose de certifié par le monde scientifique il y a des couleurs éphémères, des couleurs quand elles sont solides, voilà ce que ça donne voire en fait sur pas préjugés quasiment une moitié scientifique parce que j'ai l'impression que soit c'est les lomis en face qui font qu'on balaye du doigt la couleur régénérale et qui pervertent ces préjugés, soit c'est les consommateurs comme nous qui avons des doutes, et ces doutes restent, et peut-être que des preuves scientifiques pourraient aider à changer la perception.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ok, alors il y a peut-être ça, il y a peut-être les preuves scientifiques. Moi, je pense qu'on est aussi dans une pratique de la recherche, empirique, comme le dit souvent Dominique Ardon, et elle, ce qu'elle regrette un petit peu, c'est que les personnes ne portent pas ces couleurs-là. Donc, elle, elle est toujours la première à les porter, à être capable de dire moi, je sais d'où vient la couleur que je porte, elle a poussé dans mon jardin, je l'ai transformée Donc, on reviendra un petit peu tout à l'heure, il y a une des questions, ça concerne Fyber Shed aussi, Fyber Shed, en fait, Rebecca Bourges, c'est un qui a lancé ce mouvement en Californie dans les années 2010, ça a commencé par un challenge qu'elle s'est lancé. Elle s'est dit moi, dans un an, je ne m'habille qu'avec des vêtements qui ont poussé, qui ont été teints, qui ont été fabriqués dans un rayon de 200 kilomètres autour de chez moi. Donc je pense que cette démarche-là, elle est intéressante. C'est de se dire… par moi-même, je vais tester, je vais porter, je vais laver. Et c'est comme ça que, en fait, on n'a pas besoin d'être convaincu, on a besoin de le vivre, en fait. Parce que c'est quelque chose de vivant. Donc, je pense qu'il faut passer à l'acte aussi au niveau des designers locaux pour pouvoir vendre ces couleurs-là, les vivre. Moi, c'est un challenge que ça fait partie un petit peu de ma to-do list, de me dire, attends, j'en parle, mais il faut que je le fasse aussi. Je me dis, moi, je suis capable de vous dire que ces couleurs-là, j'en ai teint certains. Par exemple, ma belle-mère, elle porte les chemises que j'ai teintes avec mes déchets d'avocat, avec mes déchets d'oignon. On les teint, on les porte. C'est vrai que l'avocat, c'est un rose magnifique. Il est toujours rose. Là, c'était il y a cinq ans que je l'ai teint, il est toujours rose. Donc peut-être au bout d'un moment, on va avoir besoin d'une surteinture de ces bains-là. et c'est là aussi que j'ai envie quand je parlais tout à l'heure d'un changement de mentalité, d'un changement de modèle un peu, c'est de se dire on n'a pas besoin d'avoir quelque chose qu'on va jeter mais peut-être quelque chose qu'on va entretenir, dont on va prendre soin peut-être au lieu de produire moins parce qu'il y a aussi cette notion de décroissance au lieu de produire moins on va pouvoir, ces capitaux qu'on économise en fait on peut les réinvestir dans un modèle d'affaires et il en existe un à Montréal d'ailleurs, c'est les laines ça va de soi Donc, c'est des laines qui viennent principalement de… de Mongolie, elles viennent d'assez loin, c'est des laines très fines, de très très belle qualité, mais en parallèle, dans leur modèle d'affaires, ils ont créé un spa pour les laines, un spa pour les vêtements, qui s'appelle Savabain, parce qu'au Québec, on dit Savabain pour dire ça va bien, mais Savabain comme un bain, B-A-I-N. Donc en fait, un peu comme un toilettage pour chiens, d'animaux, on va ramener son pull de qualité, et il peut être réparé, il peut être surtint, Donc il y a cette notion de prendre soin un petit peu de ce qu'on a. Et il y a une autre compagnie aux États-Unis, c'est Ellen Fisher, qui fait ça aussi, qui a plusieurs capsules de collections, dont une qui s'appelle Renew et une qui s'appelle Reworn. Donc dans Renew, par exemple, elle va récupérer des vêtements qui ont quelques années. et elle va pouvoir les raviver par des surteintures, tout ça. Donc, je pense qu'il faut le vivre, oui.

  • Vanessa Mardirossian

    Alors, je suis complètement d'accord avec être ambassadeur de la couleur végétale, c'est-à-dire porter les vélos, etc. C'est exactement à quoi je suis arrivée après tout ça. En me disant, Pauline, tu en parles un an, tu n'as toujours pas un pull en teinture végétale. Et en fait, quand je suis renseignée auprès de plusieurs autorités, qui, certaines, picotent, d'autres, sont fondées par des concours, en fait, c'est assez quand même conquis de trouver la bonne taille, le bon modèle, la bonne valeur, sans se déplacer, ou si on a un truc serré. Ça, c'est mon déconciliation. Après, là, c'est le verbe. Je ne sais pas si vous connaissez le français.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non.

  • Vanessa Mardirossian

    C'est donc des couleurs Garance. C'est des couleurs Garance. C'est des cosmétiques à la Garance. Et donc voilà, j'en fais un peu le but, mais moi j'essaie de porter ce que je peux porter. Et pareil, moi je teinte pour reproduire, comme on dit, mes inquiétudes, pour continuer à comprendre. Je veux dire, je me lance dans des chaussettes, je me lance pas dans un but ou dans un jean, j'ai donc une oxytite. C'est là où il y a un petit problème aussi de disponibilité de nos offres. Je mets sur le podcast en avant-avant des co-déclinateurs, ma marque de vêtements. Et je veux dire, c'est quand même pas très accessible. C'est-à-dire, moi, je veux bien porter du végétal. Ça serait vraiment inélogique, incroyable. Sauf qu'aujourd'hui, je trouve que c'est quand même piqué.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, c'est vrai parce que je pense qu'on en est au balbutiement de la teinture végétale, mais surtout qu'on en parle à l'école, qu'on en parle aux jeunes designers, que cette petite graine qu'on plante, elle pousse finalement, puisque toute la génération des designers de mon âge, qui ont été formés dans les années 90, encore une fois, on ne parlait pas de ça. Même mon ami… Rachel McHenry dont je parlais tout à l'heure qui était pro teinture végétale déjà à l'avance dans les années 90 elle ne pouvait pas faire de teinture végétale à la centrale de Saint-Martin c'était les teintures synthétiques sinon les teintures végétales ça allait salir l'atelier donc

  • Vanessa Mardirossian

    on en était là un petit peu mais c'est ça que j'allais poser comme question selon vous, avec votre expérience au Canada oui Qu'est-ce qu'il faudrait faire pour que la couleur végétale revienne dans les cursus de formation ? parce que là aujourd'hui tous les profs que j'ai eu qui ont témoigné sur le podcast c'est la même chose soit c'est pas abordé dans le cursus soit c'est abordé mais que de manière théorique et peu pratique soit c'est abordé et

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    énormément pratique en fait en fait parce que ça prend pas deux secondes non c'est ça et puis ce qui est vraiment intéressant avec ces nouvelles formations qui sont actuellement mise en place, mais je vous dis, c'est assez récent, c'est qu'il y a ce lien avec la terre. Donc, on sort de la théorie, comme je parlais de l'Université de Toronto, où il y a le jardin sur le toit. Ici, donc, vous me parlez un petit peu de la teinture végétale au Canada, où elle en est. Par exemple, on a la designer de mode, Nadia Bounian, qui, elle, a monté ça en OBNL, avec Arc... arc arc growing pardon Growing Art. Elle fait pousser ses semis depuis 3-4 ans maintenant. Là, je suis allée visiter les petits bébés qui sont sur les toits de l'Université du Québec à Montréal et elle est en train de les mettre en terre au parc Jean Drapeau. Ce sont des lieux qui sont autant d'expérimentation mais aussi de transmission de connaissances. Elle organise le week-end prochain d'ailleurs des ateliers. où les jeunes, où les familles vont pouvoir teindre, pratiquer. On regarde d'où vient la couleur, on voit d'où. Ce qui est intéressant aussi, c'est de se dire, on ne veut pas que la couleur végétale soit cantonnée à l'artisanat. On veut vraiment ce pas entre l'artisanat et l'industrie. Donc, Cathy Hattori, par exemple, Botanical Colors, elle est vraiment sur ce secteur-là, de rendre ça plus… à plus grande échelle, finalement. Et ce qui est intéressant aujourd'hui, c'est en fait le frein qu'il y avait, c'est de se dire, quand on doit faire des décoctions de plantes, c'est compliqué, et on le voit peut-être avec le dernier livre de Dominique Cardon, Les 157 couleurs de Colgou où elle met des photos aussi où on voit ces gros chaudrons immenses. Donc on parle de décoction, on parle de plantes qui doivent macérer ou qui doivent cuire pendant des heures à 90 degrés. Donc c'est assez intense comme processus. Donc aujourd'hui, ce qui est intéressant, c'est d'arriver avec ces extraits végétaux comme fabrique couleur de plante, de la saillette. Greening, Patrick Brenac. Donc, c'est de se dire, on arrive à des produits qui peuvent être utilisés dans les teintureries traditionnelles entre guillemets, où on peut teindre avec les mêmes machines que les teintures synthétiques. Donc, ça fait que les teinturiers, les teintureries, n'ont pas à investir énormément d'argent pour changer toutes leurs machines, mais peuvent utiliser le même format, c'est-à-dire des poudres. propres, qu'on va peser pour la reproductibilité, qu'on va mélanger pour obtenir nos couleurs. Donc là déjà, on arrive à quelque chose qui peut être mis à l'échelle un peu plus facilement.

  • Vanessa Mardirossian

    Et ça, vous avez eu des témoignages de Tarturier, parce que moi ce que j'entends, c'est que oui, on peut utiliser les machines d'écriture avec des extraits végétaux, sauf que ça peut, entre guillemets, encrasser. la machine de ceinture et que c'est du coup pas optimal. Et c'est pour ça qu'il y a en France, on se connaît David Codino d'Alliance Machine Textile, qui a lancé une machine qui fait la taille d'une machine à laver, pour faire simple, et qui a un genre de rivière qui coule sur le tissu avec la matéria colorante. Et donc lui, il y a plusieurs objectifs. C'est ne pas faire des bains pleins pour utiliser les patrons, mais un système un peu plus ergotique pour aider les peinturières végétales à faire des jolis nids. des longs métrages, de la teinture pièce, enfin, vraiment essayer de s'imprégner le quotidien. On est vraiment entre le tisana et l'industrie, la semi-industrie. Et moi, ma question, c'est chouette que vous l'abordiez, c'est comment on fait pour poster ces industriels ? Est-ce que vous avez des témoignages d'industriels qui veulent bosser sur le végétal ? Et est-ce qu'ils vous ont dit, je ne sais pas si vous avez eu des retours là-dessus, ce qui pose problème ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non, alors deux choses. Déjà, cette machine, oui, je suis allée la voir de mes propres yeux dans l'atelier de Sandrine Rosier parce que je suis allée en novembre... Quand je suis allée voir ma famille à Nice, je suis allée déjà à Arles voir Axel Gissraud de l'atelier Luma, qui eux aussi se lancent dans leur jardin teintorial et font beaucoup d'expérimentations avec des extraits végétaux, mais aussi des plantes effasives, des nuisibles, tout ça. Donc on est vraiment dans cette circularité. Dominique Cardon et Sandrine Rosier et j'ai visité l'atelier de Sandrine Rosier et qui m'a montré cette machine. Donc, je trouve ça vraiment chouette. Récemment, j'ai vu qu'elle était présentée sur un salon avec Patrick Brenac. Donc, c'est vraiment un gros progrès à ce niveau-là. Quand je parle avec Axel Gisraud, on parle de micro-teinturerie, en fait, de teinturerie à petite échelle entre l'artisanat et l'industriel parce qu'on a besoin ça ne peut pas être un changement drastique. C'est-à-dire qu'on a besoin de montrer que ça a son potentiel, même si les convaincus le savent. Mais pour que les plus grosses compagnies, les plus grosses industrielles se lancent et suivent le pas, il faut qu'on monte cette échelle intermédiaire. Donc, c'est vrai qu'il y a très peu de teinturiers. À Montréal, il n'y en a plus qu'un. qui est dans donc il est débordé donc en fait oui ils sont débordés donc c'est très dur de se dire je suis débordé je continue mes commandes mais en parallèle je fais de la recherche et développement donc c'est à nous je pense d'apporter, de faciliter la transition je veux dire en fait cette équipe cette nouvelle équipe qui est là pour supporter cette transition ce changement vers l'artisanat, parce que c'est vrai, si on veut teindre ses chaussettes ou son t-shirt, il y a plein de tutoriels en ligne, mais on veut passer à une autre échelle.

  • Vanessa Mardirossian

    D'accord, donc plutôt travailler l'étape qu'on appelle semi-industrielle,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    vous,

  • Vanessa Mardirossian

    c'est micro-teinturerie, pour inciter les grandes grammes et les industriels à se poser la réflexion. Donc ça doit vraiment venir de nous à poser des solutions. Ça, c'est hyper intéressant. Alors, j'ai une autre question. On dévie, mais en fait, tellement... Vous avez parlé dans votre début de parcours, vous aviez travaillé avec des maisons de couture et des renom des grandes marques. On a eu quelques invités qui ont travaillé dans la haute couture, etc. Et je leur pose à chaque fois la question, ce qui pourrait aider la peinture végétale et la teinture végétale, ce serait qu'une grande marque de l'an éprouve. et suscitent l'intérêt aussi autour des couleurs de jardin. Et ma question, c'est, est-ce que vous trouvez qu'il y a une maison de couture ou une marque qui soit s'intéresse ou se répète et qui aille montrer l'exemple ? Est-ce que vous en connaissez qui sont déjà bien dans la vente et qui travaillent le sujet ? Est-ce que vous avez des choses, bien sûr, non non non anciennes, mais est-ce que vous savez un petit peu là-dessus, si la nature et la hauteur se boostent là-dessus ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors la première qui me vient à l'esprit c'est Stella McCartney, puisque elle c'est vraiment une pionnière depuis les années 90, depuis le début en fait elle a toujours été très très… axée vers l'éco-responsabilité. À la COP28, d'ailleurs, récemment, elle présentait un panel de technologies, de teintures, de textiles, qui étaient éco-responsables. Donc, ça va même jusqu'à calculer l'empreinte énergétique de ces boutiques. Donc, à plein de niveaux, elle est vraiment... pionnière dans ce domaine-là. Je pense qu'elle a travaillé déjà aussi avec Colorifix pour les bactéries. Elle essaye de mettre en avant, de donner de la visibilité à cette nouvelle technologie et teinture végétale. Après, j'avais récemment une discussion avec Anne de La Sayette qui disait qu'il y a une quinzaine d'années déjà, ils avaient fait des des tests incroyables en impression pour les foulards Hermès, avec des grandes solidités, parce qu'il faut dire que quand la molécule est encapsulée comme elle l'est dans le cadre d'impression, qui est différent de la teinture, elle est beaucoup plus solide encore à la lumière. Mais apparemment, il y a 15 ans, ça ne faisait pas encore partie de la couleur végétale. Ce n'était pas assez fancy, peut-être, pour le luxe. Maintenant, aujourd'hui, je vois que les grands groupes de luxe, comme Kering, par exemple, LVMH, s'associent à des écoles comme la Centrale Saint-Martin à Londres pour… mettre en avant l'aspect régénératif du design. Donc comment, parce qu'il y a cet aspect-là, si on parlait de la terre, mais comment finalement on n'est plus à se dire je vais faire moins… je vais faire moins mal, mais je vais faire mieux, je vais faire magnifique. Donc le regenerative design, c'est aussi mettre en avant que quand on fait pousser une garance, on ne prend pas le sol à la culture alimentaire, mais au contraire, on va régénérer le sol, parce que la garance, justement, elle va apporter de la santé dans le sol, puis en plus, la culture de plantes tectoriales, c'est de... c'est une culture rotative, donc elle améliore la santé du sol, elle participe, elle contribue à la biodiversité. Donc c'est tout ça aussi qu'il est intéressant de faire. Et quand je parle avec l'experte Cécile Bull en analyse du cycle de vie à l'UQAM à Montréal, c'est de se dire, et là, ce manque, en fait, il est aussi soulevé par Dominique Cardon, par plusieurs experts du domaine, c'est de se dire, on manque de d'analyse de cycle de vie comparative entre les teintures synthétiques, les teintures végétales, les teintures biotechnologiques, quel est finalement le véritable pouls, le véritable frein, quels sont les bénéfices et quelles sont les problématiques sur la santé, positives ou négatives de l'un et de l'autre, pour faire basculer un petit peu. Et puis, ce qu'il y a aussi, c'est que… Il y a beaucoup d'investissements dans les nouvelles technologies, mais il manque beaucoup, et ça le soulevait Dominique Ardon encore une fois, beaucoup d'investissements pour de la recherche dans les teintures végétales, parce que quand on voit toute l'énergie et l'argent qui a été mis pour améliorer les teintures synthétiques, qui au départ rendaient malades, il y avait beaucoup de cas de cancer de la vessie, parmi les travailleurs qui travaillaient avec ces nouvelles teintures synthétiques, donc on a voulu… améliorer, il y a eu beaucoup de recherches et d'investissements pour l'améliorer. Donc s'il y avait autant de recherches et d'investissements pour améliorer aujourd'hui la solidité des campeurs, on avancerait beaucoup plus vite. Donc déjà, il faut que les... les preneurs de décision, puis les subventions, voient l'intérêt pour l'environnement, la santé, et parce que ça a un impact aussi sur le changement climatique. Quand on utilise autant de produits issus de la pétrochimie, il y a un impact sur la terre qui devient moins meuble, qui devient dur comme de la pierre. où on a de plus en plus besoin de pesticides, alors que si on fait une culture qui est plus permaculture ou biologique, ou avec des plantes qui vont favoriser la biodiversité, comme les plantes tectoriales par exemple, le bénéfice est grand pour l'environnement et pour la santé.

  • Vanessa Mardirossian

    Oui, carrément. En fait, il y a plein de petits liens qui pourraient être améliorés. Le pilier de l'eau, notamment dans la agriculture, le pilier de la biodiversité. J'ai organisé une quinzaine d'électructures pictoriales avec une quinzaine d'expériences. Et en fait, il y a une des agri-agricultrices qui nous a amené à l'apprendre tous les nouveaux instincts qui étaient venus dans son penchant. Et c'était incroyable, des insectes connus dans le connu-bord. Et en fait, elle expliquait qu'elle avait le temps de prendre des photos pour montrer, pour témoigner de ces biodiversités. J'ai trouvé ça super intéressant. Le sol, il faut en parler. Le fait qu'il y ait beaucoup moins d'eau indigène dans le sol, des problèmes de dénace, etc. Et alors ça, c'est la part de la fin. Moi, j'essaie de mettre en oeuvre les agriculteurs ici en sciences. Franchement, il y en a pas mal, c'est beaucoup de femmes d'ailleurs, c'est étonnant, mais il y a beaucoup de femmes. Et je voulais vous poser une question toujours sur cette nature, on va dire qu'il y a la terre à châssis, qu'on peut rendre végétale, ou même avec la métropie et d'autres sources, les bactéries, vous les avez citées. Ce que je voulais dire aussi, c'est que dans la nature, il y a forcément des états de mordantage. Et en fait, on a reçu un invité, vous devez connaître, Céline de Philippe, qui travaille les mordants. Donc en fait, elle a réglé un montre-laisser métallique, et elle s'est dit, tiens, n'essaierai-tu pas de s'en abstenir ? Et elle a fait des recherches, et elle a travaillé avec des plantes, donc genre le Norlopode, le Symphocos, et je ne sais plus, le Troisième. qui viennent d'assez loin, mais qui sont cultivées de manière responsable. Et en fait, en parlant autour de moi avec les invités, il y a Gérard Cey qui a dit qu'il y a des biomordants, on en a tout simplement, par exemple, dans les pommiers et les pommiers sauvages. Ma question, c'est, est-ce que vous avez étendu un peu cette histoire de procéder des pommiers bio ? à la phase de vendant d'âge et à la phase d'après. Parce que forcément, vous avez dû, sous ce tout, et comme vous êtes vraiment sur une cartographie, vous avez dû forcément tourner les domaines à bon ou à mal. est-ce que vous pouvez nous raconter un petit peu ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bien sûr, alors les bio-mordants je les ai essayés aussi j'en ai discuté des lycopodes et des simplocos, j'ai essayé est-ce qu'on se rend compte avec simplocos ? bon déjà c'est vrai que ça vient de très loin et puis aussi c'est qu'il en faut énormément par exemple on travaille beaucoup en pourcentage de poids d'afibre donc si par exemple on va être à 10 ou 15% pour de la lin et bien on va être à presque 100% pour du simple au cos, il en faut vraiment beaucoup. L'autre chose aussi, avec les lycopodes, par exemple, c'est que, et donc, c'est pas pour dénigrer parce que c'est des avenues vraiment importantes, moi-même je les teste, mais c'est pour ça aussi l'analyse de cycle de vie, c'est important, c'est de se dire combien il m'en faut et d'où ça vient. donc est-ce que je peux en avoir dans mon environnement immédiat comme le précise Michel Garcia donc les lycopodes en fait ils sont en extinction donc ils sont en risque d'extinction donc il faut faire vraiment attention et ça Dominique Cardon dans son livre Le monde des teintures naturelles elle le mentionne dès le départ elle dit attention de ne pas prendre plus que ce que la terre peut se renouveler en fait 10% par saison pour que ça ait le temps de se régénérer. Donc, c'est vraiment important de se dire combien il m'en faut et de ne pas en prendre trop. J'ai essayé aussi, en parlant de bio-mordant, les tannins. Donc le tannin, par exemple, quand j'étais avec mes déchets alimentaires, les pelures de grenade, de poma grenaté, oui, de grenade, donc ça c'est des tannins, mais ce tannin-là, par exemple la lin, bon la lin, c'est un mordant que j'achète moi dans un magasin alimentaire en vrac, c'est pour faire les pickles, donc c'est comme un sel un petit peu, donc la lin, l'avantage. c'est qu'il est transparent, alors que les tannins, ils vont amener un petit côté jaunâtre. Par exemple, la grenade, ça va amener un peu de jaune, le tannin, la noix de galle aussi. Donc des fois, ça peut être intéressant pour certaines couleurs, mais pour d'autres, on ne va pas avoir besoin de ce jaune qui peut avoir un impact sur mon bleu et le verdir, ou sur mon rouge et le rendre trop orange. Donc ça, c'est un aspect. Et c'est vrai que Patrick Brenac aussi me parlait de ça. des pépins de raisin, des pépins de raisin qui sont des tanins puissants. Donc moi, en fait, tout ce qui m'intéresse, et donc je serais contente de discuter, de rencontrer Céline Philippe, je trouve ça vraiment intéressant. de s'intéresser aux biomordants. Mais après, il faut voir combien il m'en faut et il faut voir est-ce que j'en ai en quantité. Et idéalement, pouvoir sortir ces biomordants, les prendre en fait de déchets, idéalement. Alors, dans cet aspect-là, je m'étais dit, tiens, j'avais parlé à un scientifique du Jardin botanique de Montréal qui fait de la phytorémédiation. Donc lui, il utilise les plantes pour dépolluer les sols des métaux lourds. Donc je m'étais dit, mais ça c'est… J'ai fait le lien en fait avec ce que disait Dominique Cardon dans son livre, où les plantes sont naturellement accumulatrices d'aluminium. Parce que comme le dit Patrick Brenac très bien, puis Dominique Cardon aussi, les deux minéraux les plus présents dans la croûte terrestre, c'est l'aluminium et le fer. Donc en les utilisant en quantité minimale pour les teintures, on ne fait pas de mal à la nature puisqu'on les ramène à la nature. On va éviter les mordants agressifs comme le chrome, les teints, le cuivre qui sont vraiment toxiques. Mais donc, dans ma tête, je me suis dit, attends, elle parle de plantes naturellement chargées en aluminium. Là, c'est Michel Labrecq, son nom, il travaille avec des plantes pour dépolluer le sol. Moi, je travaille avec des déchets. Pourquoi je ne récupérerais pas ces déchets chargés en aluminium ? en métaux pour faire mon mordant sage des ferme-bouillard. Donc, ça lui a plu. Il a trouvé ça intéressant, l'idée. Il m'a donné ses... ces déchets pour que je fasse des tests. Mais le problème, c'est que lui, il ne va pas enlever l'aluminium ni le fer de la terre. Lui, il va dépolluer des terres de cuivre, par exemple, des métaux vraiment lourds. Donc, c'est là que je me suis dit, encore une fois, je les ai, ces échantillons. Je n'ai pas testé parce que je me dis, est-ce que c'est quelque chose de toxique ? Donc ça, il faudrait que je travaille avec un chimiste pour analyser. Est-ce qu'on enlève le cuivre du sol, mais on vient de dire que le cuivre, c'est un peu toxique quand même. Donc, quel est l'impact ? Alors là, après, il faut faire des tests LCMS, en liquid chromatography, pour voir en fait ce qui reste dans mon textile teint. Et est-ce que... ça a un impact sur ma teinture ? Est-ce que ça a amélioré la solidité de ma teinture ? Et est-ce que ça a un impact sur ma santé ? Donc, il faut poser le pour et le contre. Mais en tout cas, c'est des processus de pensée intéressants où on fait le lien entre différentes choses, suivant l'expertise de chacun. Moi, j'ai fait le lien entre ce que disait l'historienne et ce que me disait le chimiste. J'ai dit, pourquoi pas aller creuser cet aspect-là ? Donc, beaucoup de recherches encore à faire.

  • Vanessa Mardirossian

    Donc biomortem, on en a parlé, l'atteinte pure, on en a parlé avec les solutions végétales et autres, donc je ne sais pas comment on peut les appeler, biotechnologiques, c'est ça que vous aviez dit ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Moi, je les ai appelées biotechnologiques parce qu'on parle des fois de modification d'anéane. Alors, il y a les pour et il y a les contre. Il y a les pour, c'est de se dire, on peut produire beaucoup en laboratoire avec très peu parce que la bactérie, elle produit énormément. Il y a les contres qui se disent mais en fait c'est peut-être dangereux, on ne sait toujours pas d'où vient le Covid Des fois on dit qu'il y a une molécule, une bactérie qui s'est échappée du laboratoire. Donc il faut travailler avec les bactéries. Je ne conseille pas de faire ça dans sa cuisine. Il y a tout un protocole. On a des formations pour travailler avec le vivant. Pour s'en débarrasser, on ne va pas jeter la bactérie dans le laboratoire. Il faut la désactiver. Pour la désactiver, on utilise soit de la chaleur ou du chlore. Et puis après, on met tout ça dans des poubelles spéciales de bio-safety. Donc... Ce n'est pas anodin de travailler avec le vivant parce qu'on peut faire des modifications involontaires, avoir un impact de modifications génétiques involontaires sur le vivant. Après, biotechnologie, parce que ces nouvelles compagnies-là, elles travaillent en modifiant l'ADN et les gènes. Donc, une fois qu'on a modifié l'ADN, ça a un impact sur toutes les générations futures. un risque avec ça. Donc, les personnes qui ont peur de ça, c'est aussi Rebecca Bourges, d'ailleurs, qui dans son livre que j'ai là sous les yeux, Fibre Shed il y a tout un… Il y a tout un chapitre sur les craintes par rapport à ces biotechnologies-là, de s'amuser avec l'ADN qui est encore très très nouveau, parce qu'une fois qu'on a modifié l'ADN, et on l'a vu avec le coton BT en Inde, qui avait impacté toutes les cultures aux alentours, et que finalement ça faisait des fibres de coton trop courtes qui… et puis chaque fois il faut racheter la graine de coton il y a toute une problématique donc je pense que chaque solution il faut y aller avec prudence parce que les impacts on peut les voir sur plusieurs années

  • Vanessa Mardirossian

    D'accord. Et donc, je voulais aussi vous parler des abrées. Donc, moi, je ne suis pas du tout du monde du textile. Moi, je suis ingénieure à Bournon, donc rien à voir. Je ne connais rien, franchement. Et donc, j'ai découvert qu'il y avait plusieurs étapes. Il y avait les abrées qui permettaient de donner de la technicité, on va dire, au textile. Et on va se sentir que c'est la partie où il y a quand même le plus d'endroits où les choses soient super simples pour donner des possibilités interméabilisantes. un coup de feu, tout ça. J'ai eu une entreprise en Angleterre qui s'appelle Tapine Croft, qui travaille sur des arbres plus naturels, notamment avec des cires, etc. Est-ce que vous avez aussi touché cette partie des arbres avec des solutions un peu plus naturelles ? Est-ce que vous avez débordé un peu sur ce que j'ai là ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors, les apprêts, c'est vrai que c'est une grosse problématique, surtout les PFA, PFAS, qui sont très problématiques parce qu'ils sont persistants. Mais en fait, on se rend compte que les textiles ont besoin de tous ces apprêts, parce que c'est des textiles issus... pas tous, pas pour le coton, mais pour le polyester, par exemple, c'est des textiles issus de la pétrochimie. Pour le coton, en essayant de les améliorer, bon, oui, il y a tout l'aspect de cire, de cire d'abeille, tout ça, mais je ne sais pas, je ne suis pas allée là-dedans parce que ça ne concerne pas la couleur. En fait, ça, je l'ai juste abordé quand je ferme mes emballages pour éviter d'utiliser le film étirable. Donc, les emballages de coton enduits de cire pour qu'ils soient lavables. Mais sinon, si on utilise par exemple des textiles, puis là j'entendais le podcast de Clément qui parlait de la laine, qui lui adore la laine, mais la laine, elle a des qualités incroyables. Justement, elle n'a pas besoin d'être… Voilà, elle, d'elle-même… Moi, je porte des pulls en laine, je n'ai pas besoin de les laver. de tout l'hiver en fait. Ils ont une aération naturelle, ils sont repellants de l'eau naturellement. Donc le potentiel des fibres naturelles est vraiment à exploiter un peu plus en avant. C'est vrai qu'il y a ce problème, on en parle ici parce que je ne sais pas à quel moment on va parler de Fibershed, j'ai commencé à en parler, est-ce qu'on va y revenir ou pas ?

  • Vanessa Mardirossian

    Oui, on va y revenir,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    pas de souci. Bon, on va faire que... Parce que dans... En fait, quand je parlais tout à l'heure du modèle Fibershed qui est né aux Etats-Unis, donc elle s'est donné ce challenge, elle s'est dit qui est capable de faire pousser les fibres dans un rayon de 200 km ? Qui est capable de les teindre, de les filer, de les tricoter, de les tisser dans un rayon de... de 200 kilomètres. Finalement, au bout d'un an, elle en a fait un livre. Au bout d'un an. Je ne sais pas, mais le livre est sorti en 2019. Donc, au bout d'une dizaine d'années, finalement, elle a sorti ce livre qui est maintenant un modèle reproductible. Elle s'est écoutez, c'est un modèle de biorégion. Donc, l'idée, c'est de se dire, chacun dans sa région peut faire cet exercice-là, de se dire, quels sont les acteurs autour de moi qui sont capables de produire ? Donc, aujourd'hui, Fibershed, C'est 71 Fibersheds dans le monde. Donc on a par exemple même Five Bushes de Toronto, et depuis 2022 on a Five Bushes de Québec, qui est née à l'initiative de Marie F. Faust, qui était la directrice de l'école supérieure de mode de l'UQAM où j'enseigne. Et donc là, j'ai embarqué dans ce projet avec elle depuis 2022, où là d'abord on a commencé par se dire, qui sont ces acteurs ? Quels sont nos industriels ? Et qu'est-ce qu'ils sont capables de faire aujourd'hui au Québec ? Quels sont nos matériaux ? Donc on voit... Et ça aussi, quand je parle avec Axel Gissrot, qui a fait un peu ce travail de cartographie dans la région de Camargue, on se rend compte que le savoir-faire, on l'a beaucoup perdu. On a perdu aussi les machines, on a perdu le matériel. Donc c'est de se dire, aujourd'hui, au Québec par exemple, on ne peut pas faire pousser de coton, ça c'est sûr. On est en train de raviver le lin. Le lin, mais une fois ravivé, il n'y a pas vraiment les machines non plus à faire une production industrielle, mais il y a cet intérêt de se dire qu'on ne continue pas avec des œillères. Aujourd'hui, on est dans l'action. Donc, c'est pour moi très important d'aller à la rencontre à travers ces entrevues de personnes qui sont dans l'action, qui font vraiment… Et un documentaire qui m'avait vraiment beaucoup inspirée, c'était Demain le film de Cyril Dion et Mélanie Laurent, où là, ils partent, et on en a marre d'entendre dire que tout va mal, ils partent dans le monde à la recherche de petites initiatives qui peuvent devenir grandes, en fait. Et comment le récit va inspirer. d'autres histoires et donc ça, ça me parle beaucoup

  • Vanessa Mardirossian

    c'est vrai que non mais c'est ça qu'il faut faire au lieu de pointer sur ce qui va pas c'est venir mettre en l'écran les gens qui font différemment et qui vont avancer en tout cas c'est ce que j'essaye de faire avec les podcast c'est de venir montrer les alternatives les gens qui travaillent autre chose et qui se mobilisent mais le chemin est long mais c'est hyper intéressant d'entendre les témoignages et chaque fois de dire ça y est ça avance c'est génial il faut il faut

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    et moi je trouve que je me suis mis dans une triple position finalement j'ai la position de designer que j'ai fait pendant plus de 20 ans et la position de professeur, enseignante qui là est vraiment stratégique pour sensibiliser les futurs designers qui sont en demande il dit on parle pas assez de développement durable à l'école de mode, on a besoin de pour être préparé pour après qu'ils lancent leur marque ou qu'ils travaillent dans des grandes entreprises pour qu'ils puissent apporter leur regard sur ce qui est possible ce qui est pertinent de faire ce qu'il vaut mieux éviter parce que par exemple quand je dans la fast fashion ben ceux qui avaient vraiment le pouvoir c'était pas les designers c'était vraiment les acheteurs parce que les acheteurs ils avaient l'enveloppe la petite enveloppe et ils devaient l'avoir fructifiée à la fin de la saison. Donc, quand on leur disait Tiens, ce tissu est intéressant, ce tissu… Ben non, c'est lequel le moins cher, finalement ? C'est ça qu'il faut changer au niveau de la mentalité. Ce n'est pas aller vers le moins cher en apparence, parce qu'encore une fois, le coût expérimental, et ça, Daniel Goleman, dans Intelligence écologique en parle très bien, c'est l'impact externalisé, le coût externalisé de…

  • Vanessa Mardirossian

    de ce qu'on fabrique et de ce qu'on achète puisqu'on se dit je vais en acheter deux pour le prix d'un je fais une affaire mais non et c'est là où on manque comme vous le disiez tout à l'heure l'analyse de cycle de vie franchement j'ai posé la question à quasiment tous les sociétés est-ce que vous avez accès, est-ce que vous avez pu et en fait le problème le seul qui a répondu c'était des gars mais qui avaient fait une analyse de cycle de vie sur sur Un type de tissu sur un de... Je crois que c'était un t-shirt. Et sur un processus particulier. Et en fait, il en faudrait autant qu'il y a de tissus, couleurs, processus. C'est détonnant. Après je me dis, un appel à l'APLG, je n'en sais rien du monde européen, plusieurs mondes européens, ce mobile européen, je ne connais pas largement, je ne connais que ce type. Je veux dire que ce serait hyper intéressant de fisser ces analyses de cycle de vie pour nourrir le monde, mais j'ai encore l'impression que c'est le fait qui est de se mutualiser sur des gros sujets comme ça, parce que je pense que je suis le premier qui va sortir une analyse de cycle de vie.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    clairement il y a la preuve de la différence et je pense que ça va aborder les autres c'est sûr parce que quand je parle avec Cécile Bull experte analyse du cycle de vie elle dit mais l'impact il est pas où on le voit j'en parlais à une chimiste la semaine dernière j'étais en laboratoire on faisait un test de différentes garances et de avec mon chimiste organicien justement parce que c'est vraiment important de parler aussi de l'inclure dans la discussion donc on a fait une synthèse d'alizarine parce que je voulais voir de quoi ça part en fait pour comprendre de quoi ça part et puis comment on arrive à la couleur puis après pouvoir faire une analyse chromatographique de la garance et de l'alizarine et voir un petit peu ce qu'il y a à l'intérieur bon ben on était trois dans le labo puis on commençait à parler justement d'analyse de cycle de vie puis On parlait du polystyrène. Le polystyrène, c'est toxique. Dans les années 60, par exemple, Victor Papanek, qui est pour moi une inspiration immense, parce que déjà en 1969, pour lui, l'équipe de design idéale, c'était le designer avec le chimiste, l'écotoxicologiste, le politicien. enfin vraiment l'aspect multidisciplinaire déjà en 1969 parce qu'on ne peut pas avec une seule vision une seule discipline répond à la complexité de cette thématique. Donc, elle me disait, au départ, et lui aussi, il disait, où je travaillais, il y avait une machine à pop-corn. Je disais, on devrait utiliser les pop-corn pour mettre dans les boîtes pour les transports. Mais après, quand ils ont fait une analyse du cycle de vie, ils se sont rendus compte qu'il fallait tellement d'eau pour faire pousser le maïs pour produire le pop-corn que ça ne valait pas la peine. Donc, l'analyse du cycle de vie va vraiment faire émerger des idées ou des voies qu'on pensait insoupçonnées et qui va pouvoir mettre en avant certaines choses et en éliminer d'autres. Donc, c'est vraiment important. Donc, peut-être dans le cadre de doctorat ou de post-doc, mettre des étudiants là-dessus. Mais moi, c'est quelque chose qui m'intéresse, en tout cas, dans le cadre de la recherche.

  • Vanessa Mardirossian

    J'avais des questions sur l'écosystème. Vous avez parlé que vous aviez fait des formations, que vous aviez fait des interviews, des entrevues. Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de vos partenaires de travail ? Qui vous êtes allé chercher ? Comment vous avez structuré votre recherche d'invités ? Comment on va dire ? Un échange ? Comment vous avez structuré tout ça ? Est-ce qu'il faut parler un petit peu des types de personnes que vous êtes allées voir ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui. Alors, quand j'ai fait la fameuse cartographie dont je vous parlais, en fait, moi, on parlait aussi des... projet futur, mais j'ai vraiment le projet de monter une chaire de recherche Design, Santé et Société. Donc, c'était les trois mots-clés. Design, Santé et Société. Et autour de ces trois mots-clés, se sont connectées différentes disciplines. Quand on parle de santé, on parle de quoi ? On parle de santé environnementale, on parle d'éco-toxicologie, on parle de... Je ne l'ai pas sous les yeux, dommage, j'aurais pu... tout la lire, mais donc design, santé, société. Donc là, a émergé ces différents profils-là. Et j'ai commencé par interviewer, par exemple, Dominique Cardon, l'historienne, et puis j'ai interviewé le chimiste Patrick Brenac, et j'ai interviewé la professeure pour savoir qu'est-ce qu'elle mettait en place, justement. Donc, mais au tout départ aussi, suite à mon exposition, je me suis dit comment je vais faire une mise à l'échelle de ce que j'ai fait dans mon laboratoire. Par exemple, si je décide de travailler des déchets alimentaires, à qui je dois m'adresser pour avoir des déchets à l'échelle industrielle au Québec ? Donc, là, j'ai contacté par e-mail, en plus en pleine pandémie, donc on était beaucoup derrière nos ordinateurs, facile d'accès finalement, puisque les gens… Donc, j'ai commencé à contacter… Bon. Je vais expliquer un petit peu là ce qui se passe à Montréal. Pour vous dire, je suis obligée d'expliquer un petit peu comme ça. Donc, on a Montréal la ville et on a les actions. Comment on fait pour améliorer la ville de Montréal ? Donc, il y a différentes initiatives. Parmi les initiatives, il y a Concertation Montréal. Concertation Montréal, qu'est-ce que c'est ? C'est, comme son nom l'indique, on est en concertation avec les industriels, les preneurs de décision, les citoyens. pour voir de quoi on a besoin à Montréal pour être bien dans la ville. Et sous cet axe-là, il y a différentes grappes. Il y en a dix, je pense. Et une des grappes, c'est la grappe métropolitaine de mode. Donc sous cette grappe-là... Il y a des personnes qui travaillent à se dire comment je vais allier l'économie, l'économie qui est de la mode en fait et du textile, avec aussi l'environnement. Donc comment on va améliorer ça ? Sur Concertation Montréal aussi. ils ont monté la grappe, la grappe, non pas la grappe, la communauté de pratique. Communauté de pratique, donc qui sont les acteurs locaux dans notre entourage qui travaillent le textile ? Comment ils font ? Donc il y a des réunions comme ça, où on se retrouve ensemble et où on échange comment on avance, de quoi on a besoin, quels sont les manques, qu'est-ce qui se fait ailleurs, comment chacun va apporter et moi-même des fois je vais intervenir là avec ma recherche un petit peu qui est un peu en parallèle tout ça je suis un peu à côté pour l'instant parce que je suis dans cette phase de recherche où on est un moment très précieux et luxueux je dirais, où on a le temps de gratter un petit peu et de chercher où est la problématique et à qui je dois parler pour tout ça donc ça c'est un aspect et quand on a lancé Five Horseshead Québec, on a demandé à la grappe métropolitaine de faire cette analyse justement des acteurs qui sont les industriels, quels sont les matériaux quels sont les savoir-faire, qui sont les personnes, pour pouvoir s'adresser aux bonnes personnes, puis identifier les manques, et puis travailler sur ces manques, former les gens peut-être, s'il nous manque certaines connaissances. Donc ça, c'est vraiment intéressant. Et puis aussi, je souhaitais, donc je parlais d'avoir cet accès à des... les déchets industriels. Et là, en parlant à cette personne-là, la Grappe Métropolitaine, Concertation Montréal, telle personne, tu devrais parler à telle personne qui devrait parler à telle personne. Donc comme ça, ça crée tout un réseau. Et là, je suis arrivée à parler à Sintec, à Saint-Hyacinthe, c'est à une heure de Montréal, où eux, c'est un centre de recherche et de technologie qui, leur mission, c'est de valoriser les déchets alimentaires, les déchets agroalimentaires. donc ça les intéresse évidemment les teintures parce que pour l'instant ils travaillent beaucoup avec l'alimentaire ou les matériaux mais avec qui sont les acteurs avec qui je dois parler pour faire une mise à l'échelle de mes processus et à côté de ça aussi j'ai parlé au centre de technologie le CTT de Saint-Hyacinthe qui récemment en 2022 aussi a lancé sa chaire de recherche en design éco-responsable Donc comment les chimistes, les étudiants, les scientifiques travaillent à améliorer les processus de solidité de couleur, de mordançage, de colorant. Donc voilà, vraiment important de se faire un carnet d'adresses de personnes pour pouvoir collaborer. Et puis après, évidemment, vous parliez de comment j'étais dans la transmission. Je fais beaucoup de séminaires, de colloques et de conférences où là, je dis toujours que j'ai trois cibles. à qui je m'adresse, à qui s'adresse ma recherche. Il y a le grand public. Donc là, le grand public, c'est plus à travers les expositions, les ateliers où on peut venir en famille, comprendre. J'ai vraiment ce souci d'avoir ce langage vulgarisé de la recherche puisque moi, à la base, je ne viens pas de ce monde académique, je viens vraiment de l'industrie. Donc, je passe par ce monde académique, mais j'ai vraiment le soin et le souci que ce soit utile à l'industrie, que ça revienne à l'industrie. il y a ce langage de se dire je veux que le maximum de personnes puissent le comprendre donc d'ailleurs dans le cadre de ma thèse j'ai participé à des concours comme ma thèse en 3 minutes par exemple, comment en 3 minutes je vais expliquer une thèse, une recherche de 6 ans, on parle du fameux pitch de l'ascenseur donc tout ça, ça m'a amenée à appliquer à un autre concours qui s'appelle Public Scholar en français c'est chercheur engagé, donc là je sors à peine de la mission d'un an où il fallait vraiment rendre la recherche publique et accessible au grand public. Donc c'est comment je vais publier dans des journaux comme Le Devoir par exemple, ou The Conversation, qui est accessible au grand public. Et tout ce que j'avance, en fait, The Conversation, c'est un média qui ne publie que des recherches. des recherches universitaires, mais sous le ton journalistique. Donc, tout ce que je vais avancer, il y a un lien avec la référence ou l'article scientifique ou des références sérieuses de ce que j'avance. Donc, je vous donnerai le lien aussi de conversation. Le devoir, et c'est dans ce cadre-là que j'ai fait l'événement où vous m'avez découvert les zones grises de la couleur à travers le prisme du design. Donc là, c'était une mission. ça s'appelle un Spotlight Event. À Concordia, il y a ce lieu justement qu'ils mettent à notre disposition où ils nous soutiennent dans tout l'aspect technologique, son, lumière, visuel. C'était incroyable. Voilà. De quoi tu as besoin Vanessa ? J'ai besoin d'une caméra au-dessus de la table pour pouvoir filmer ce qui est en train de se tramer. Donc c'était un peu ambitieux mon projet. J'ai essayé de faire une cartographie en trois heures, mais comme... la question que vous posiez, c'était où c'est qu'on peut avoir accès aux résultats ? Ce sera dans la thèse. Les résultats sont dans la thèse parce qu'il y a un retour sur tout ce qui s'est dit. Il y a un croisement entre les entrevues parce que toutes ces personnes-là, les invités, il y avait 12 experts invités. C'est des personnes que j'avais invitées. Voilà. Et donc, j'avais déjà un petit peu un état des lieux de ce qu'elles travaillaient. C'est pour ça que ce jour-là, c'était assez facile de faire les liens entre leurs différentes expertises et de garder le fil de la discussion. sur les zones grises de la couleur, que j'avais trouvé bien choisi comme titre, parce qu'il y a de l'ombre dans ce monde-là. Oui, voilà, je parlais de mes trois cibles. Je parlais de ma cible, les trois cibles. Il y avait la cible grand public, donc ça c'est à travers les expositions, les ateliers. Et il y a la cible des futurs designers, donc ça c'est à travers les formations. je donne à l'école supérieure de mode, mais aussi, idéalement, la chaire que j'aimerais monter pour travailler avec... Une chaire Ah, pardon. Une chaire de recherche, en fait, c'est un lieu, un laboratoire où on va faire travailler des étudiants sur plusieurs projets. Par exemple, ça pourrait dire, on va travailler sur une analyse du cycle de vie, des teintures, dans le cadre d'un doctorat, dans le cadre d'un post-doc, dans le cadre d'une maîtrise. et puis on réfléchit sur cette thématique, on va publier on va faire des demandes de subventions au nom de la chaire et on va faire des publications dans les magazines scientifiques pour donner accès donc magazine scientifique d'une part il y en a un qui va sortir ce mois-ci d'ailleurs dans le magazine Science du Design numéro 19 et la thématique c'était le designer et son médium donc c'est l'interaction donc moi ça me parlait parce que justement mon médium de la couleur a eu tendance à impacter ma santé et comment le médium couleur peut aussi être bénéfique à la santé. C'est un article qui est co-écrit avec la chercheuse Delphine Talbot de l'Université de Toulouse et qui, elle, travaille sur color and care. Donc, comment elle travaille avec la pharmacologie, comment elle travaille sur l'aspect médicinal des teintures.

  • Vanessa Mardirossian

    Ouais c'est incroyable, et là ça a un monde super réjouissant.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, mais il y a matière.

  • Vanessa Mardirossian

    C'est incroyable. Ça me fascine. Toutes ces propriétés. En plus de colorer les propriétés des plantes, ça pourrait apporter et porter des vêtements comme médicaments. C'est hyper intéressant. Je vais recevoir des histoires d'Aido. Ça va bien. C'est passionnant. En tout cas, n'hésitez pas, vous avez des publications comme ça.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    moi vous me les envoyez je vais les envoyer ici au TFECONSOS avec grand plaisir plus on avance mieux c'est mais je vais envoyer tout ça j'ai envoyé tout ça juste là pour dire l'aspect médicaments c'est quand je parle avec les chimistes c'est apprendre avec modération aussi parce que c'est dire Vanessa déjà au départ on se dit bah tiens tout ce qui est chimique mais Vanessa tout est chimique tout est chimique est-ce que c'est toxique et c'est non toxique parce que même ta plante elle a une activité biologique qui peut être nuisible donc c'est pas parce que c'est naturel que ça va être bon Donc c'est pour ça qu'encore une fois, on travaille avec le pharmacien, le pharmacologue, de se dire Ok, quelles sont les propriétés actives qui sont dans les plantes et qui vont rester dans mes teintures ? Donc ça, elle est en train. elle en parlera très bien Delphine donc voilà toute cette communauté finalement on a un océan qui nous sépare mais je veux dire la motivation est la même l'intérêt est le même et je pense qu'on avance et dans la troisième, donc là j'ai parlé du grand public, des futurs designers mais il y a aussi les preneurs de décision donc les preneurs de décision c'est les industriels, les politiciens et là grâce à cette année passée à être public scolaire j'ai J'ai pu mettre le doigt parce qu'on avait des formations sur justement comment on transforme une problématique en projet de loi. Et là, j'étais très contente de voir qu'en France a été votée la loi anti-fast fashion ou anti-ultra-fast fashion. Donc ça aussi, je l'ai relayée sur mes réseaux sociaux. Donc en fait, j'ai appris à partir d'une problématique à aller voir le politicien de mon quartier. Donc ici, moi c'est le quartier Ville-Saint-Laurent par exemple, qui est la personne en charge. Donc avancer cette problématique et comment cette personne, donc être convaincante déjà à mon étape, puis après comment cette personne va s'approprier la problématique et va la porter à la Chambre des communes pour en faire un projet de loi. Donc il y a vraiment un gros potentiel là. pour faire avancer les choses aussi. Il y en a qui se disent que ça va venir du consommateur. Je vote avec mon argent. Mais moi, je pense qu'il faut prendre ça comme de tous les côtés.

  • Vanessa Mardirossian

    On est tôt.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    On est là-haut, on atteint le politique, l'industriel. Dans mes entrevues, j'ai questionné des industriels qui ont plus de 6 000 employés avec des milliers de boutiques. C'est-à-dire, quelle est votre vision sur 5 ans ? Ma vision, c'est d'ouvrir encore une énième boutique. Peut-être qu'aujourd'hui, si vous abordez la décélération, vous allez peut-être être le leader de demain. Parce que justement, comment on peut décélérer en produisant moins ? C'est déjà, vous allez économiser, puis pouvoir investir dans des méthodes. comme on parlait peut-être tout à l'heure, d'améliorer la longévité des vêtements ou d'améliorer, de raviver les teintures de mes vêtements. Donc, il y a tout un monde.

  • Vanessa Mardirossian

    C'est génial, Vanessa. Franchement, je suis hyper contente de vous avoir et de vous entendre parce que franchement, je vous assure que je suis moins seule. C'est horrible, mais j'ai l'impression que cette approche en étoile dont vous venez de parler, c'est exactement ça. Il n'y a pas une solution. Vous parlez de la couleur des gens, il y en a plein. Il faut toutes les actes jaguées pour que ça bouge. Je voulais vous faire reprendre sur une autre question.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc vous avez parlé du retour à la terre, de l'agriculture territorial, j'ai rencontré Davia Milon que vous aviez invité aux zones grises de la couleur à travers le prisme des années 2000. Je vous l'ai dit dans le podcast, je donne beaucoup la parole aux agriculteurs, de par ma formation aussi, c'est un des sujets qui m'intéresse, mais je pense que c'est la base de tout. Quels sont vos souhaits pour cette filière territorial ? Comment vous envisagez les choses ? Vous savez, c'est des exemples de Jean-Luc, on a conscience qu'on n'est pas suffisant si on veut répondre à des gros acteurs. Comment vous la voyez ? Comment vous la percevez aujourd'hui, cette vie d'artisanat ?

  • Vanessa Mardirossian

    C'est vrai que le lien à la terre est très important et aussi le lien à la santé de la terre, à l'amélioration de la santé de la terre. Là, on le voit en France, je suis les nouvelles tous les jours, le nombre d'inondations qu'il y a parce que justement la terre n'est pas capable. Il y a une grande sécheresse. Donc quand on travaille la terre avec des plantes teintoriales, la terre, on le disait tout à l'heure, elle redevient meuble, donc elle est plus capable de garder l'eau. Donc ça, c'est une des problématiques, il n'y a pas que celle-là, mais ça contribue à améliorer la santé des sols. Tout à l'heure, je parlais du documentaire Demain de Cyril Dion, dans une des idées, c'était de se dire, je vais prendre tout l'espace public abandonné, il y a plein de terrains vagues. abandonnées, sales, je veux pouvoir cultiver des choses qui sont disponibles pour le grand public. Donc, on le voit, je ne sais pas si on le voit en France, mais ici à Montréal, par exemple, sur les trottoirs, il y a des jardins où on peut se servir. Donc, on apprend à se servir avec parcimonie aussi. On peut se servir du basilic, du persil, des tomates avec parcimonie. Donc, il y a une espèce, moi je dis, c'est très important de responsabiliser le citoyen parce qu'on parle toujours de consommateur. on nous a mis dans une case consommateur. Donc, qu'est-ce qu'il fait le consommateur ? Il consomme. Je pense qu'il faut sortir de cette dénomination de consommateur. Le choix des mots est important. On est des citoyens responsables. Et la terre sur laquelle on vit aujourd'hui, on nous l'a prêtée. On doit en prendre soin pour la génération future. Donc ça, c'est beaucoup le discours des écologistes, finalement. Parce que moi, c'est très ancré dans l'écologie. Quand je parle de... design éco-responsable ou que je parle d'éco-littératie, il y a vraiment une connaissance, enfin, j'ai même pas fini, je crois, sur l'éco-littératie textile tout à l'heure, c'est de se dire, qu'est-ce qu'on est, de quoi on est fait, et quel est l'impact de ce que je produis sur le vivant ? Donc, en produisant des plantes autour de nous, donc il y a plusieurs personnes qui font ça, quand je parlais tout à l'heure du documentaire Demain, c'était de se dire, il y a des jardins, des... inhabitants, qu'on n'utilise pas, où on peut faire pousser des choses. Et à Montréal, il y a Abie Abie, Myriam Rochon, qui elle s'est lancée en 2015, en fait elle avait une formation en design graphique, et elle trouvait ça assez polluant tout ça, donc elle a fait une deuxième formation en horticulture, et là elle s'est formée aux plantes teintoriales, et elle va demander aux personnes, aux propriétaires des terrains vagues, est-ce que je peux utiliser votre terrain pour faire pousser des plantes tectoriales ? Donc, comment, en faisant pousser des plantes tectoriales dans la ville, on va aussi faire du bien aux pollinisateurs, aux abeilles, parce qu'on a parlé du sol, mais tout ça, là, on en est, je ne sais pas, on voit des choses dramatiques, on voit les, je ne sais plus, je ne sais pas si c'est en Chine ou quoi, les Chinois qui pollinisent à la main les fleurs, parce que les abeilles, elles sont en train de mourir. Il faut prendre soin du vivant, et il faut remettre il y a un petit dessin que je vous enverrai d'ailleurs il y a égo égo versus écho et on voit l'homme, l'humain au-dessus de la hiérarchie et l'humain parmi le monde du vivant donc c'est ça qu'il faut travailler, donc je dirais moi pour le teintorial en particulier c'est d'avoir une approche citoyenne de la couleur parce que la couleur elle irradie elle a un impact beaucoup plus grand que le... que le joli bleu ou le joli jaune qu'on va porter, mais sur l'impact de la santé, de l'environnement, et donc de la planète, et par extension des changements climatiques aussi.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et du coup, Vanessa, si on devait imaginer une production teintoriale plus importante pour répondre à des besoins en teinture, en cosmétiques, dans d'autres applications, ça passerait ? par la culture, ça passerait par la valorisation des déchets, ça passerait par la valorisation des déchets alimentaires en frise, qu'on voit directement à la métallisation, alors qu'on pourrait en faire quelque chose. Vous voyez le source industrielle entre guillemets ?

  • Vanessa Mardirossian

    Non, en fait, justement, elle n'est pas unique. Elle n'est pas unique parce que, comme on voit en écologie, on a un impact, nous, humains, À partir du moment où on est et qu'on respire, il y a un impact. Donc, quoi qu'on fasse, si on le fait à petite échelle, petit impact, grande échelle, grand impact. Moi, je pense qu'il faut diversifier les sources. Donc, tout ce que vous venez de citer, l'agriculture, la valorisation de déchets, les bactéries, pourquoi pas. Mais tout le monde a sa place à petite échelle, parce qu'à grande échelle, l'impact est vraiment très très grand. C'est très très grand. C'est comme les teintures synthétiques. Je ne dis pas qu'elles n'ont pas leur place. On parle de chimie verte. Donc comment la chimie verte va pouvoir aider à sélectionner ça ? Donc on voit par exemple Rich ou EPA qui font la sélection un petit peu, mais on voit que c'est très complexe parce qu'il y a des milliers de molécules, comme l'explique... mon chimiste organisé avec qui je travaille, il me dit tu changes une mini chose, c'est une nouvelle molécule. Donc c'est très dur de pouvoir valider l'inocuité ou la toxicité d'une molécule, surtout que des fois, elle paraît inoffensive en isolation, mais quand elle est en interaction avec d'autres, comme on parle et qu'on vit aujourd'hui dans un cocktail, une soupe chimique, comme dit Daniel Goleman, un cocktail, on est exposé de façon chronique et mini-dosée à un cocktail de molécules dont on est incapable de dire l'impact qu'il a aujourd'hui et qu'il aura demain sur notre santé et sur celle de nos générations. Parce qu'on voit que les femmes enceintes, en fait, et les femmes en âge de procréer, le cerveau de leurs enfants est fortement impacté par toute la toxicité ambiante. Et les teintures y contribuent. grandement alors j'aime bien aussi l'idée du colibri de Pierre Rabhi et Cyril Dion qui avait monté l'association Colibri, vous connaissez l'histoire du petit colibri ? l'histoire du petit colibri c'est il y a un incendie immense dans une forêt et le petit colibri il arrive avec son petit bec il va chercher l'eau à la rivière et il éteint il les jette sur les flammes, il revient il fait des retours, une dizaine puis tous les animaux de la forêt ils commencent à se moquer de lui en disant, ben là, tu crois que tu vas éteindre ton feu avec ton petit bec et tout ? Il dit, non, mais au moins, moi, je fais ma part. Donc si toi, le gros éléphant, tu vas, avec ta grosse trompe, contribuer à éteindre le feu, tu iras beaucoup plus vite, c'est sûr. Mais le tout, c'est que chacun fasse sa part. Donc ça, ça m'a aussi beaucoup inspirée. Donc moi, je fais ma part à mon niveau de designer, de designer textile. quand vous m'avez demandé qu'est-ce qui était important, et voilà, je parlais que les teintures synthétiques aussi, elles ont leur place, mais à échelle minime. Là, elles ont trop, trop de place, donc trop, trop d'impact. Et aussi, voilà, ces molécules qui, quand elles sont testées en isolation, elles paraissent, ben non, ça va, cette molécule-là, c'est pas problématique. Mais, et dans le cas des colorants azoïques les plus utilisés en teinture, eh ben, leur dangerosité, c'est quand elles se dégradent. parce que quand elle se dégrade lors du lavage, dans les eaux, tout ça, elle dégage des amines aromatiques qui sont cancérigènes. Donc ça aussi, c'est une problématique qu'on a du mal à évaluer. Et donc, le cycle de vie permettrait de mettre en avant. Donc oui, les teintures synthétiques, on leur place, par exemple, pour tout ce qui est… le sportswear, le plein air, encore que vous savez que les bactéries sont capables de teindre le polyester. Les bactéries sont capables de teindre le polyester. Donc, il y a eu d'ailleurs une collection capsule, il y a quelques années, entre Living Colors, le collectif Living Colors, et la marque Puma, qui avait créé cette collection, Design to Fade, et qui justement ouvre la discussion et permet aux couleurs justement de devenir plus fades pour pouvoir peut-être, de collection après collection, et là, il y a un business pour ceux qui veulent faire du profit, de se dire, je peux reteindre, surteindre. Ce n'est pas un problème. La couleur, elle est vivante, comme vous, comme moi, comme les plantes qui m'entourent. Donc, elle a le droit de vieillir, elle aussi. Et si la fibre est belle, on peut pouvoir en changer la couleur et juste en la reviver.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je sais pourquoi je voulais vous le dire tout à l'heure, c'était sur la santé. J'ai reçu une chercheuse du CNRS qui a écrit un livre qui s'appelle Audrey Nier, qui a écrit le livre noir de la mode. Je crois que c'est l'épisode 15 du podcast. Non, c'est pas l'épisode 15. C'est l'épisode... Je vous retrouverai l'épisode. Et en fait, j'ai pris une part parce que le monde du textile, je le connaissais. Je savais qu'il avait un impact, mais je ne savais pas qu'il avait tant d'impact. Et en fait, il y avait tous les impacts du textile, et notamment sur la part de la santé. Et je me suis dit, moi qui ai suivi, côté alimentaire, des gros sujets de société comme le goût jaune, l'animal, des trucs qui sont d'un excès au niveau planétaire. Je me suis dit que le boulot de chambre de pandémie, c'est sûr. Parce que si on commence à sortir des preuves comme ça, et elle, elle dépendait un texte, un texte, et un, et un, sur l'impact des textes sur l'incinèrement des mamans. J'ai lu un texte que j'ai, je pourrais vous le passer, quand j'ai vu cet impact-là, je me suis dit, mais pourquoi personne n'en parle ? Alors, il y a quelque chose qui est sorti sur les pires espaces, dont vous en parliez tout à l'heure, qui reste en permanence. ça touche un peu ce sujet-là. Les gens parlent vraiment de la main-d'oeuvre sur la santé. Et je me suis dit, dès que quelqu'un va s'investir, des reportages, des chiffres, des infos là-dessus, c'est sûr que d'un coup, on va se trouver sur d'autres solutions. Et que là, la couleur végétale, la teinture végétale, etc., elle va pouvoir avoir un peu de place et un prix inférieur. Mais pendant que personne ne sort de dossiers, il se fait... C'est pas moi et moi avec le podcast qui va révolutionner le truc. Je veux dire, je pense que le prochain groupe en l'air, c'est l'impact de la VRT sur la santé, l'eau, l'environnement, le sol. On en parle depuis le début de notre échange. Dès que ça, ça va se faire. je pense que ça va vraiment avoir des grosses répercussions.

  • Vanessa Mardirossian

    C'est clair, oui, il y a beaucoup de livres. Et puis moi, je dis, moi, j'en suis le témoin numéro un, puisque je l'ai vécu. L'impact sur la santé, je peux en parler un tout petit peu. C'est que quand je travaillais dans mon atelier, je travaillais donc avec de la sublimation. Donc, j'avais une grosse machine industrielle pour imprimer à 200 degrés, donc des formats de 2,10 m par 1,10 m. Et donc, je travaillais avec ces encres dispersives. et j'avais jamais fait le lien avec ces problématiques-là avec la couleur, donc il n'y a pas vraiment d'extracteur approprié, puis j'ai imprimé des grands métrages, et puis ça fait de la fumée, parce qu'en fait c'est un processus, on part d'une teinture qui est sur un papier, et qui par la chaleur va pénétrer le textile par technique gazeuse. Et donc, ça sort vraiment dans l'air. Et puis, ma chercheuse en santé environnementale m'a dit, Vanessa, il y a trois voies de pénétration dans le corps. La plus grande, la plus importante, c'est l'inhalation. Après, il y a le contact cutané, puis il y a l'ingestion. Et donc, moi, je respirais toutes ces molécules-là, puis c'est impossible d'avoir mon deuxième enfant pendant quatre ans, dans une période d'infertilité de quatre ans. et puis tout un travail pour travailler l'insémination, on ne fait rien, rien, rien. Et finalement, après, une hystérosalpingographie, c'est-à-dire un examen qui fait un karcher dans les troncs. Le mois d'après, j'étais enceinte, mais mon enfant a une mutation génétique très importante. Donc quand on parle de colorants avec des troubles d'apprentissage et tout ça, c'est pour ça que des livres comme Only One Chance de Philippe Grandjean qui parle de l'impact des polluants sur le cerveau parce qu'il y a vraiment un moment de la formation du cerveau, je crois que c'est la huitième semaine ou je ne sais pas si il y a des molécules chimiques, synthétiques qui rentrent en contact avec le placenta ou quoi, ça a un impact pour la vie sur l'enfant et donc quand je vois que mon enfant a une importante modification génétique et avec tous ces troubles d'apprentissage, et qu'on voit que les molécules colorantes synthétiques, on les appelle cancérigènes, mais aussi mutagéniques, reprotoxiques et neurotoxiques, c'est sûr qu'il y a un impact sur les générations futures. Et en fait, le prix qu'on pense ne pas être cher aujourd'hui, c'est le prix que va payer la société dans 10, 15, 20 ans, quand on voit que de plus en plus d'enfants ont des troubles d'apprentissage, de l'autisme. Un enfant sur 68, les chiffres sont sortis aux États-Unis, qui ont un trouble du spectre de l'autisme. Donc c'est énormément d'impact.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    à lanterne ça on parle ça au sujet de l'impact sur l'autisme des gens qui sont en contact avec les polluants de la teinture c'est incroyable vraiment donc j'invite à lire ce livre de la Onchance et

  • Vanessa Mardirossian

    ce le livre Noir Bonheur d'Amour pour ceux qui ont envie vraiment d'avoir un rappel des faits parce que c'est vraiment il y en a un nouveau qui est sorti il y en a un nouveau qui est sorti là c'est To Die For To Die comme la comme la teinture, c'est D-Y-E, To Die For. Donc, le To Die For qui est sorti en 2023, c'est de Alden Wicker, A-L-D-E-N Wicker, W-I-C-K-E-R. Et un livre aussi qui m'a beaucoup inspirée pour tout l'aspect historique des colorants et de l'impact des colorants synthétiques, c'est Fashion Victims qui est donc de Alison Matthew David. mais je vais vous envoyer tous ces liens donc là ça explique vraiment les débuts de la teinture synthétique les problématiques de toxicité qui se sont révélées dès le début et les problèmes de santé mais malgré tout en fait parce que c'était facile parce que c'était pas cher parce qu'on pouvait en produire beaucoup parce que ça faisait plein de couleurs merveilleuses et bien on a poussé la recherche et il y a eu beaucoup de financement

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ok, super donc ça, ça sera pour la partie livre je voudrais arriver sur des questions un peu plus rapides d'échange pour aujourd'hui, quelles sont les personnes inspirantes sur cette histoire de la couleur végétale avec votre vision du monde à qui vous pensez ?

  • Vanessa Mardirossian

    Je pense vraiment, comme je disais tout à l'heure aux personnes qui sont dans l'action et qui sont sur le terrain Donc, évidemment, moi, j'ai mis Dominique Cardon. Sandrine Rosier, je suis allée visiter son atelier. Je trouve exceptionnel ce qu'elle fait au niveau grande échelle aussi. On a parlé, elle a travaillé avec Léman aussi, je crois, pour le film… Astérix. Astérix. Anne de La Sayette… Anne de la Sayette, Patrick Brenac pour le lien qu'ils font entre l'agriculture et l'extraction de colorants. Michel Garcia pour toute la connaissance et la transmission. En fait, je suis vraiment très admirative des personnes qui sont dans la transmission. Beaucoup, donc je montre, j'agis, je transmets et je fais connaître. Donc, Maïwa et... botanical colors pour moi aussi elles sont très très inspirante, évidemment. Dalia Milon aussi, je suis allée visiter son champ à Kamouraska. Mille plants d'indigo, beaucoup, beaucoup, beaucoup de fleurs, énormément de potentiel. Voilà, Abi Abi, Myriam Rochon, qui arrive comme ça à prendre ces espaces perdus. En fait, j'aime la valorisation de ce qu'on pense inintéressant. Voilà, on ne le regarde pas, on pense que ça n'a pas de valeur. mais ça a un potentiel énorme. Ça rejoint un peu une des questions que vous m'avez posées, si j'étais une plante tinctoriale laquelle j'aimerais être, mais moi j'aimerais être une source colorante à valoriser. En fait, quelque chose qu'on pense inutile, mais qui a un potentiel énorme à produire avant compostage. Donc Dominique, d'ailleurs, me parlait d'un ami qu'elle a aux Philippines qui a développé une belle teinture vieureuse à partir de la coquille externe des noix de coco, qu'on n'utilise pas pour la peau, autrement ou alors encore Michel Garcia qui avait fait cette recherche sur un beau jaune à partir de feuilles d'artichaut donc voilà comment la région produit des déchets qu'on va pouvoir valoriser donc moi j'aimerais être une de ces molécules colorantes là quelque chose qu'on pense insignifiant mais au grand pot au ciel qui renferme un trésor

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Top. Je voulais savoir, est-ce que vous avez écouté des épisodes de podcast Arrivé en Vert ? Est-ce que vous me suivez ? Est-ce que vous pouvez nous dire qui vous appartient à faire mon marché ?

  • Vanessa Mardirossian

    Oui, bien sûr, j'adore. Quand vous m'avez contactée, moi, j'étais déjà fan. Oui, oui, oui, oui. Et même mon chimiste aussi, il écoute et me dit écoute celui-là, écoute celui-là. Il me donne des conseils et tout. Donc vraiment, c'est une belle initiative que j'encouragerai, je partagerai dans... dans mes réseaux. J'aime beaucoup celui avec Dominique Cardon et Sandrine Rosier, quand elles parlent de leurs ateliers, parce qu'on a beau lire le livre, on a beau leur parler en vrai, il y a toujours des anecdotes. C'est ça qui est bien dans le podcast, c'est qu'on n'est pas figé à un texte et que la discussion est organique. Et donc, elles expliquaient, elles donnaient des petites anecdotes. En fait, quand elles racontaient, par exemple, en fait, on n'en savait pas plus que nos participants. On embarquait sur un bateau avec eux. et on partait à la découverte et c'est ça qui est beau, rester humble et curieux malgré tout c'est ça qui va faire qu'on va pouvoir faire des nouvelles découvertes encore parce que comme dit Dominique Ardon il y a tellement de plantes encore qu'on n'a pas découvertes et qui disparaissent à vitesse grand V ça

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    me fait penser à l'épisode avec Henri-José de Guadeloupe Pareil, il dit que régulièrement, il y a des sources territoriales, il envoie le nom des plantes, qu'elles ne connaissaient pas, ils ont des propriétés. Ce n'est pas terminé, il y a encore des sources. On a parlé il y a les plantes en vaillant. J'étais en stade, j'étais chez Anne Garcellet, et il me dit qu'il y a un sac du dos, qui est des 100 plantes en vaillant. elle donne un jaune magique et donc je suis en train de chez moi j'ai reçu ce jaune extraordinaire et je me suis dit dans les semblances j'ai regardé les semblances envahissantes j'ai regardé dans le détail je sais qu'il n'y a déjà pas de la peinture donc ça peut être en plus de magnifier des fibres naturelles ça peut en plus être une solution pour réduire l'impact de tout ça vraiment utiliser les plans au meilleur moi ça me résout oui j'aimerais vraiment qu'on ait déjà des soutiens des projets de recherche des initiatives et à l'histoire et mettre un peu la rue par rapport même un quart de ce qui est donné pour les politiques je suis sûre je suis sûre qu'on ferait des magnifiques et qu'on avancerait franchement ça c'est un peu pieux j'avais une question Vanessa je pense que c'est la dernière merci Qui vous aimeriez ? C'est votre micro.

  • Vanessa Mardirossian

    qui vous pensez intéressant une approche particulière pour le podcast c'est vrai la personne à qui je pensais c'était Rachel McHenry elle parle un peu français mais je ne sais pas où je la trouve admirable parce que déjà comme je disais je l'ai connue en 96 quand on faisait la maîtrise à Londres et déjà elle était très très enthousiaste et à soutenir les communautés. Elle travaille avec le Népal à l'époque. Là, elle travaille beaucoup avec le Pakistan. Elle travaille beaucoup avec les communautés en Inde. Donc, ils soutiennent les familles parce que les teintures naturelles, c'est aussi beaucoup de communautés. Et donc, elle, moi, je pense à elle, Rachel McHenry, qui est, non seulement elle est designer textile, elle est professeure à l'école de design de Toronto. et elle est aussi entrepreneur parce qu'elle travaille avec ses communautés et puis elle monte des collections en travaillant avec eux donc c'est elle que je pense

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Qu'est-ce que vous souhaitez pour la suite et votre projet ? Qu'est-ce qui va découler de votre projet ?

  • Vanessa Mardirossian

    Je pense aussi, excusez-moi mais en deuxième non mais je pense aussi à Myriam Rochon Myriam Rochon qui est de Habi Habi parce qu'elle C'est intéressant son parcours, sa prise de conscience, de dire mais tiens, c'est toxique et d'aller en horticulture pour revenir au textile. Donc ça, c'est intéressant. Et puis Nadia Bounian aussi, qui était parmi les invités, qui est designer textile et qui elle aussi, c'est très important pour elle, la traçabilité, elle est très proactive. C'est elle qui fait pousser des champs de plantes sectorielles au parc Jean Drapeau, au parc de Boucherville, à Montréal, et qui en même temps est designer de mode. Donc...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Top.

  • Vanessa Mardirossian

    Voilà, c'est ça. La dernière question, c'était ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Votre projet, c'est quoi la suite en fait ? Là, vous faites votre thèse, donc vous allez publier votre travail. Qu'est-ce que vous souhaitez ? Alors, vous avez publié une chaire d'objets.

  • Vanessa Mardirossian

    Oui.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Quels sont vos souhaits pour continuer dans cette thématique ?

  • Vanessa Mardirossian

    Alors, idéalement, moi, c'est un poste de professeur. à l'école supérieure de mode, c'est mon domaine la mode, j'ai commencé par un BEP, j'avais 15 ans, et aujourd'hui voilà, à mon âge que je ne dirai point, donc je suis toujours intéressée par, et curieuse, et dans la transmission, donc idéalement dans le cadre de l'école de mode, mais en fait ce doctorat m'a ouvert énormément de perspectives, donc ça pourrait être dans plein de domaines. de recherche autour de la couleur, mais évidemment le lien avec le design, donc l'école de design, l'école de mode, pour être à la place stratégique, pour sensibiliser les futurs designers, les former. Et aussi, quand je parlais de cette chaire de recherche, avoir l'opportunité d'avoir des demandes de subventions, de publier, de chercher, de faire des analyses de cycles de vie, et d'expérimenter encore avec la couleur non toxique. je dis non toxique parce qu'elle est peut-être végétale mais elle est peut-être autre chose on sait pas super,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    merci pour ce super témoignage j'ai adoré j'espère qu'on n'a rien si vous avez d'autres choses à ajouter non,

  • Vanessa Mardirossian

    je pense que on a bien fait le tour là c'était vraiment intéressant je vais vous envoyer des références de livres et des liens aussi vers des articles que j'ai écrits en public merci et voilà le prochain à suivre aussi je vous dirai scientifique voilà merci beaucoup pour l'invitation, honorée de faire partie de cette belle communauté d'échange, merci beaucoup pour votre travail de visibilité parce qu'on en a beaucoup besoin donc voilà,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    on est tous des petits colibris merci je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ArtEcoVert A-R-T-E-C-O-V-E-R-T pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix. C'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous ! Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale indigo tendance innovation

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