- Pauline Leroux ArtEcoVert
Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de Valo. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans le monde. Alors, c'est parti ! Bonne écoute ! Alors maintenant, je vais te proposer un exercice que je n'ai pas proposé aux autres, c'est de lever les préjugés sur la teinture végétale. Donc moi, là, je suis à peu près à une vingtaine d'échanges avec des invités sur la teinture végétale ou la couleur végétale. Et on a des préjugés qui nous tombent de l'écosystème, enfin non, pas de l'écosystème justement, du particulier, on va dire. ou des industriels. Et en fait, l'idée, c'est que je te balance un préjugé et t'essayes de me donner un contre-argument, de nuancer ou de m'apporter ta vision. Donc, le premier, et je m'en veux parce que j'y ai cru, et je le disais, c'est que la palette de couleurs proposée par la teinture végétale, éterne et souvent pastel.
- Aurélia Wolff WHOLE
C'est faux !
- Aurélia Wolff
Ah ouais, j'aurais dû faire un petit jingle.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
C'est ça, il faut mettre un... Exactement. Mais bien non, bien sûr. Terne et pastel, c'est peut-être ce qui est intuitivement... Moi, on me disait aussi beaucoup, c'est caca-doigts, globalement, c'est un peu des tons terreux, naturels. Oui, mais non. Justement... C'est très large la palette. Il y a aussi bien des jaunes vifs quasiment fluos qu'on peut faire avec le Reseda, que des rouges très denses avec la Garance. On peut faire des noirs, on peut faire des kakis très lumineux. En dehors des fluos réels, c'est-à-dire ceux qui sont créés avec des adjuvants type azurant, je crois que ça s'appelle, qui vraiment font des roses fluos, qui te font mal aux yeux presque. évidemment ça en végétal c'est difficile il y a quelques couleurs type bleu électrique ce qu'on appelle bleu électrique un bleu comme ça mais en dehors de ça on peut faire quand même beaucoup de couleurs une fois qu'on arrive à faire un bon jaune je dirais lumineux pas trop vert, pas trop orange un rouge et un bleu déjà par couleurs composées tu atteins quand même beaucoup de choses avec les trois couleurs primaires on peut faire des gris, des noirs intenses des marrons avec différents types de tonalités en plus des marrons plutôt dorés, des marrons plutôt fauves plutôt roux donc non, c'est pas terne, c'est pas pastel la clé qui est pas le travail le plus peut-être gratifiant mais c'est le mordansage d'arriver à bien préparer son tissu pour que le colorant se fixe et soit très lumineux, soit très sombre mais qui ait vraiment de la densité, de l'intensité c'est un petit peu la clé
- Aurélia Wolff
c'est une des clés c'est une des clés et justement pour rebondir sur un point technique donc tu prépares ton tissu tu prépares ta fibre c'est hyper important le mordant sage tu y appliques une couleur est-ce que tu peux expliquer la phase d'après qui pourrait nuancée. Et qu'est-ce qui se passe ? Avec quoi tu joues pour pouvoir aussi nuancer une couleur après cette phase de teinture ?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Alors, moi, quand je dis nuancée, je pense souvent à la partie réaction avec le fer. Quand il y a eu des tannins dans le colorant, dans la plante qu'on a utilisée, alors souvent, on assombrit. Donc, on nuance, mais plutôt par un... On rabat la couleur. Je sais qu'il y a quelques façons d'aviver un petit peu sa couleur aussi après une teinture. Mais franchement, la clé, elle est quand même dans le moment de la teinture. Voilà, dans ça, je teinture. Et ensuite, c'est plutôt à la marge.
- Aurélia Wolff
Tu corriges légèrement.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Oui, tu corriges légèrement. Mais disons que c'est... la piste, c'est déjà là. C'est vraiment à la marge après. Et puis moi, je ne fais que du nuançage au fer. Je fais assez peu d'autres choses après en post-teinture, à part rinçage-séchage. Mais pour moi, c'est fini. Ou alors faire une autre couleur derrière.
- Aurélia Wolff
Oui, alors ça, ça s'appelle comment le procédé de tu teins une fois et il y a un nom dans le jeu ?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
On peut dire surteinture, on peut dire couleur composée. C'est ça, couleur composée. Oui, deuxième teinture. Je ne sais pas s'il y a vraiment un nom. C'est couleur composée. Peut-être, oui. On fait une palette de bleu et puis ensuite, on fait une teinture en jaune et là, on a une palette de vert.
- Aurélia Wolff
D'accord. Alors, préjugé numéro 2. ça fait un peu la pub que finisse tu sais je crois que c'est cette pub là préjugé numéro 2 toutes les teintures végétales ne résistent pas aux UV et
- ArtEcoVert Pauline Leroux
à la lumière ça c'est vrai Toutes. Toutes, c'est vrai. Non, toutes ne résistent pas. C'est-à-dire que certaines résistent, mais certaines ne résistent pas. Après, des couleurs de synthèse aussi, elles peuvent être altérées par les UV au bout d'un certain temps. Si on a un canapé au soleil pendant un certain temps, il va aussi faire des marques ou baisser un peu en... mais l'intensité des UV sont telles que c'est difficile pour les colorants. Alors on peut jouer justement en mordant sans, en engalant, en préparant encore un petit peu mieux sa fibre, et puis il faut utiliser des plantes dont on sait que la résistance lumière est quand même bonne, donc par exemple, Pâle Campèche. Alors le campèche, il peut quand même donner de bons résultats dans de bonnes conditions, mais avec un bordançage tout simple et un bain de campèche un peu léger, c'est sûr qu'à la lumière ça ne résistera pas. Mais bon, on a quand même des témoins de tapisserie assez anciennes qui montrent que les couleurs ont résisté. Et puis après, est-ce que c'est résisté sur deux semaines, dix ans, cinq cents ans ? Une couleur végétale qui ne tiendrait pas sur deux ans, ce n'est peut-être pas très grave. On pourrait la surteindre, on pourrait faire quelque chose. Si ça ne tient pas sur deux semaines, c'est plus embêtant.
- Aurélia Wolff
Et du coup, là, on peut aussi utiliser les plantes grandins, etc. ? C'est ce genre de colorant-là vers lesquels il faut se tourner, du coup, pour une édition plus forte aux UV ?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Tout à fait, oui. Il ne faut pas espérer avoir un résultat avec une plante qui ne serait pas grande.
- Aurélia Wolff
Ok. Préjugé numéro 3, la teinture végétale, ça pollue plus que la teinture synthétique et en plus ça utilise des métaux lourds.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Qu'est-ce que ça veut dire polluer ? Dans la mesure où on utilise des plantes renouvelables, que dans le bain on ne met pas d'adjuvant particulier, l'action de pollution quand même elle est... Si pollué, ça veut dire prélever des plantes, avoir un impact sur le carbone déjà à ce niveau-là, ça devient super difficile à mesurer. Des métaux lourds, à ma connaissance, le fer et l'aluminium ne sont pas des métaux lourds. Donc pour ça, c'est vrai qu'on utilisait historiquement du chrome, de l'étain, d'autres métaux pour mordre danser qui étaient des métaux lourds, et qui sont encore utilisés, le chrome est encore très très utilisé, et ça c'est un métal lourd. c'est réglementé en Europe mais il y a quand même plein de pays où on l'utilise encore et là vraiment c'est toxique et puis c'est le rejet aussi quel rejet tu fais après la teinture si ton bain a été épuisé proprement ou alors que tu l'as neutralisé pour qu'il n'y ait plus rien une fois que tu jettes ton eau là les rejets sont minimes si effectivement on rejette un bain de chrome comme ça c'est sûr que c'est très polluant ce qu'on utilise en teinture en mordant sage en tout cas comme les selles d'Alain par exemple ils sont de synthèse. Donc, ce n'est pas que de la pierre d'Alain. Enfin, ce n'est plus de la pierre d'Alain qui a été extraite d'une carrière d'Alain, comme ça a pu être le cas. Donc, ils sont de synthèse. Donc, forcément, il y a eu une opération à ce moment-là, en labo, qui consomme de l'énergie. Est-ce qu'elle est polluante ? Je ne saurais pas répondre à cette question.
- Aurélia Wolff
On va creuser. Il faudrait que je trouve quelqu'un qui puisse m'expliquer là-dessus, l'Alain.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
En tout cas, c'est sûr qu'on n'a pas de dépendance à la pétrochimie. si on utilise des colorants naturels et que c'est quand même le problème numéro un, je dirais, de cette dépendance et de synthèse des colorants chimiques, entre guillemets. Enfin, la couleur, c'est aussi une chimie, mais la couleur naturelle. Donc, on n'a pas cette dépendance-là. Et puis, les rejets, on essaye de faire en sorte qu'ils soient le plus propres possible. Donc ça, c'est super important. OK. Qu'est-ce qui se passe après la teinture ? C'est une vraie, vraie question.
- Aurélia Wolff
préjugé numéro 4 la teinture végétale ne tient pas au lavage non ça je suis pas d'accord
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Je ne suis pas d'accord. C'est un peu pareil. Si on a fait un bon traitement, une bonne teinture, la couleur, elle tient au lavage. Alors, il faut laver à 30 degrés avec une lessive écologique, je dirais. C'est sûr que si on lave peut-être à 90, il y a des lessives qui sont extrêmement corrosives et qui sont plus polluantes que tous les process de teinture, qui contiennent tout un tas de choses. Moi, j'ai teint des tas de choses que j'ai lavées en machine plusieurs fois et qui tiennent. donc ça dépend du process et ça dépend du lavage préjugé numéro
- Aurélia Wolff
5 que je ne m'embrouille pas dans mes préjugés la teinture végétale n'est pas reproductible c'est à dire que quand tu fais une couleur il est impossible d'avoir la même couleur
- ArtEcoVert Pauline Leroux
D'une certaine manière, c'est vrai, puisqu'on travaille avec le vivant. Donc, tu ne manges jamais deux fois la même tomate. Là, c'est pareil. Peut-être qu'on n'a jamais deux fois la même, exactement, on a la même variété de garances, mais elle n'a pas été exactement récoltée et cultivée de la même manière. Donc, il peut y avoir un petit aléa, même si les colorants qu'elle contient sont... sont quasiment les mêmes, mais si on croise tous les paramètres et qu'on contrôle l'eau, le pH, le tissu, la plante, etc., est-ce qu'on arrive à faire deux fois exactement la même couleur ? À l'œil, si. À l'œil, elle sera deux fois la même, c'est-à-dire qu'on sait la reproduire, mais si on allait l'analyser en spectro...
- Aurélia Wolff
En colorimétrie.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Colorimétrie, peut-être qu'il y aurait un tout petit... Mais on est capable de reproduire une couleur, ça c'est sûr. On peut la reproduire... Oui, à l'œil, t'as quand même une fidélité et tu...
- Aurélia Wolff
mais c'est pas un pantone c'était exactement là où je voulais que tu je voulais que tu dis ce mot là alors préjugé numéro 6 un peu plus ardu on va dire la teinture végétale occuperait tous les sols si on revenait à atteindre tous nos vêtements actuels avec de la couleur végétale c'est à dire qu'il n'y aurait plus de sol de terre arable disponible parce que vu la quantité de vêtements qu'on a aujourd'hui,
- ArtEcoVert Pauline Leroux
les teindre de manière naturelle en fait ça occuperait tout l'espace les plantes alors il faudrait faire un calcul super sérieux mais je pense que c'est vrai je pense que c'est vrai parce que il y a une question d'échelle là qui est gigantesque c'est à dire que le problème c'est l'échelle aussi de la production textile d'aujourd'hui qui, même si on la faisait en végétal, pourrait poser tout un tas de questions, d'ailleurs. Mais en termes de ressources végétales, de quantité de terre qu'il faudrait pour cultiver toutes ces plantes-là, il y avait des calculs qui avaient été faits juste sur l'indigo, je crois. Il fallait deux planètes et demie. Mais je ne suis pas rentrée dans le détail du calcul, je ne suis pas capable de le dire. Moi, je m'intéresse à autre chose, c'est-à-dire qu'il y a clairement une question de disponibilité de la ressource, et il vaudrait mieux demain qu'on plante plus de végétaux pour se nourrir que des plantes panctoriales, ça c'est sûr, mais aussi qu'on utilise des ressources qui sont déjà là, finalement. Il y a de la taille d'arbre qui peut être utilisée, des déchets ou des coproduits d'autres cultures, par exemple. Là, il y a tout un projet de recherche sur les pelures d'oignons et les... les tiges et les feuilles d'artichauts. Il y a un reste de culture qui peut se valoriser en teinture, alors qu'en général, il est au mieux composté, mais je ne crois même pas. Il y a d'autres types de ressources qu'on peut utiliser pour faire de la couleur, mais je pense que c'est vrai qu'il faudrait beaucoup trop de place pour cultiver des champs de garance, des champs de réseda, des champs de... pour subvenir à... Mais il faudrait le chiffrer vraiment précisément. Là, c'est... Très bien. Essayer de cesser.
- Aurélia Wolff
À creuser, du coup. Mais on nuance, au moins, c'est bien.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Il faudrait produire moins, ça, c'est sûr.
- Aurélia Wolff
On est d'accord. Et donc, préjugé numéro 7.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Oui.
- Aurélia Wolff
Alors là, ça va être... Tu vas pouvoir plus l'étayer, je pense. La teinture végétale est plus chère que la teinture avec des colorants de synthèse.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Si on se tourne juste vers la ressource, c'est sûr que la ressource tinctoriale est plutôt plus chère. Ça coûte plus cher de faire pousser une plante, la récolter, la faire sécher, la broyer, etc. que de créer une poudre de synthèse. Ça, c'est vrai aujourd'hui, mais... il n'est pas dit que l'industrie de la pétrochimie ne va pas connaître de grandes difficultés étant donné qu'il y a une rareté qui se fera, mais aujourd'hui c'est plutôt plus cher d'acheter un kilo de plantes pour teindre, encore que avec certaines plantes on a quand même d'assez bons résultats je pense qu'il y a aussi une histoire d'industrie, d'industrialisation aujourd'hui c'est plutôt des teinturiers qui ont des procédés artisanaux, comme nous on ne peut pas standardiser, j'ai pas vraiment de machine, donc forcément il y a un coup de main d'oeuvre c'est une autre temporalité donc ça... et puis on a envie que ça reste quand même un travail qui soit sensible, qui soit valorisé puisqu'on ouvre un petit peu des pistes d'innovation mais ça demanderait aussi un calcul en détail parce qu'en termes d'adjuvants, alors c'est sûr en termes de plantes peut-être, mais on peut faire de la collecte de plantes et sensiblement diminuer ce coût-là on pourrait on pourrait avoir des solutions qui soient quand même accessibles, surtout si on fait du volume et qu'on trouve des moyens de faire du volume. Il y a des gens qui sont en train d'imaginer des machines entre l'artisanat et l'industrie, mais maniables par des teinturiers comme moi, qui font des quantités moyennes. Et là, ça devient intéressant.
- Aurélia Wolff
Justement, c'est mon préjugé numéro 8. Est-ce que les industriels sont prêts pour passer ou pour revenir à la teinture végétale ?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Certains le sont, certains y réfléchissent beaucoup. évidemment stimulés par leurs clients, qui leur disent qu'il faudrait vraiment qu'on arrive à faire une production. Donc là, on est en discussion avec un client qui, lui, voudrait mettre en place ce type de projet. convaincre un de ces industriels de s'y mettre, de faire justement du métrage, des tests pour avoir une réalisation en quantité. Ce qui pêche, c'est ça, c'est la rencontre entre la facilité, entre guillemets, de l'industrie aujourd'hui, avoir des procédés super calés avec comment dire, quelque chose de plus ou moins automatisé pour telle couleur, pour telle et hop, ça part dans la machine. J'imagine que tout n'est jamais si simple, mais en process végétal il faut vérifier est-ce que la couleur monte est-ce qu'on travaille avec un extrait est-ce qu'on a fait une décoction on est encore mais on pourrait tout à fait le transférer à un processus industriel et je pense d'ailleurs qu'il faut y réfléchir sur des volumes moyens sur des volumes moyens parce que c'est fonction aussi de ce qu'on peut faire par rapport aux ressources je pense mais il y en a qui s'y intéressent il y en a qui en proposent même d'ailleurs déjà Mais en fait, ce qui est difficile, c'est que dans les plantes, tu ne peux pas standardiser les colorants. Donc, le colorant de telle plante, le colorant de telle autre plante, ils devraient presque être traités individuellement. Alors évidemment, on a un peu des recettes qui permettent de faire toutes les plantes avec une procédure commune. Mais en réalité, si vraiment on standardise trop, on nivelle par le bas et du coup, on a un rose très pâle, un jaune trop pâle. Et en fait, on ne peut pas les traiter tous de la même manière. Donc ça demande de rentrer un peu plus dans le détail de chaque type de teinture. Et puis il y a l'indigo, bien sûr, les bleus qu'on ne fait pas comme les autres. Donc on ne fait pas le vert non plus comme on ferait le jaune. Et là déjà, on rentre dans les détails. Mais il y en a qui essayent de prendre un petit peu les choses... à bras-le-corps. Ça dépend aussi du type de fibre qu'on a à teindre. C'est sûr qu'il faut teindre des kilomètres de coton, c'est pas pareil que si on teinte de la soie ou des échevaux de laine. C'est encore un autre... Donc, c'est ça. C'est pour ça, moi, j'ai essayé de rentrer dans certaines conditions qui faisaient que c'était possible et que j'arrivais quand même à le faire un petit peu en série, notamment la laine qui a ensuite été tricotée, par exemple, ou certaines fibres qu'on arrivait à manier pour faire... en certains types de pièces en série, pour essayer de trouver cette jonction-là. Préjugé numéro 9.
- Aurélia Wolff
Si, si, c'était clair. Et préjugé numéro 9, et je pense que c'est la dernière idée, la teinture végétale est plus coûteuse en énergie que la teinture synthétique.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Sur les histoires de chauffe, ce genre de choses ?
- Aurélia Wolff
En fait, je pense que c'était dans, tu sais, l'aspect druidique où tu as la grande bassine qui chauffe pendant des heures et je pense que ce préjugé-là colle un peu à la peau de la teinture végétale alors que, tu vois, moi, par exemple, en formation avec Michel Garcia, en fait, on ne faisait pas chauffer tant que ça et je pense que ça, tu vas nous donner ton avis, mais je pense que ça, c'est un préjugé qui peut être nuancé.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Oui, tout à fait. Je pense qu'il y a aussi de la chauffe dans les process de synthèse. Alors, je ne suis pas une spécialiste du tout, mais il y a aussi des moments de chauffe et des moments de... Enfin, des machines en plus qui sollicitent pas mal le réseau électrique. Il y a d'autres façons de faire en végétal, et c'est vrai qu'on n'a pas besoin de faire chauffer pendant des heures. Il y a une montée en température qui est importante à certains moments, mais on peut faire des mordantages à froid, sans eau, avec par exemple du vinaigre, de la citadelle humide. On peut faire des montées en température pas forcément qui durent des heures. et puis on pense teinture mais il n'y a pas que la teinture dans l'utilisation des colorants végétaux, on peut faire des impressions de mordant et ensuite on les teint et là ça va beaucoup plus vite parce que ça prend tout de suite uniquement sur les mordants et c'est une opération que je trouve plutôt plus courte qu'une teinture vraiment de totalité du tissu on peut aussi créer des encres ensuite qu'on fixe je pense que justement par rapport à ce qu'on disait tout à l'heure question d'utilisation de ressources, d'énergie et autres il faut qu'on imagine d'autres choses que juste, comme tu dis, des grosses marmites qui bouent pendant des heures avec le tissu à l'intérieur qui se teint. Il y a d'autres pistes, colorant naturel et puis faire des choses écologiques.
- Aurélia Wolff
Ok, top. Pour un premier essai, c'était canon. En conclusion de tout ça, quels sont, selon toi, les leviers qu'il faudrait actionner pour que la teinture végétale reprenne une place intéressante dans nos vies, on va dire, que ce soit sur le textile, l'ameublement ou d'autres ?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Déjà, ce que tu fais, je pense que c'est une bonne idée, c'est-à-dire en parler et puis que les gens se parlent entre eux, c'est-à-dire à la fois les gens de la communauté et puis des gens qui étaient peut-être intéressés, mais pas forcément hyper informés, et qu'on en sache un peu plus. Il y a un œil qui doit s'éduquer aussi à recevoir la couleur végétale qui ne ressemble pas forcément à ce qu'on a l'habitude de voir. en termes de biens de consommation, et donc aussi d'accepter de voir les choses un peu différemment. Que ceux qui ont des initiatives, ont des propositions, justement discutent entre eux, artisans, industriels et autres, parce que c'est comme ça qu'on arrive à avancer, et des fois tu as tout d'un coup une proposition qui fait vraiment avancer quelque chose. ça je trouve ça super important moi je suis pas du tout dans des secrets de quoi que ce soit de toute façon j'ai pas inventé grand chose donc je trouve qu'il faut au contraire qu'on dialogue et qu'on ouvre des pistes et qu'on convainque les gens qu'il faut essayer et justement comme tu fais en essayant de démonter des préjugés puis à un moment donné de toute façon il faut mettre la main à la pâte et il faut tester il faut essayer de se rendre compte vraiment où ça coince, comment on peut surmonter ça Et puis, il y a encore beaucoup, beaucoup de choses, je pense, à imaginer et à découvrir aussi. Les plantes, elles livrent de la couleur, mais elles livrent autre chose. Elles sont souvent bénéfiques à plusieurs titres, par exemple. Elles peuvent être aussi médicinales. On peut imaginer que les plantes aussi servent de mordant, par exemple. Il n'y a pas que les mordants type sel d'Alain qu'on achète en poudre, bien sûr. Donc, toute la question de la recherche sur les biomordants est super intéressante parce qu'on pourrait rester justement dans le renouvelable et dans le végétal. donc aller assez loin. Il faut échanger, voilà, échanger, se parler, et puis surtout, ne pas essayer de réinventer l'eau chaude. C'est-à-dire que, en tout cas moi, à mon échelle, déjà, je n'ai pas fini encore de me former, d'aller jusqu'au point de connaissance qui va me permettre de continuer à essayer d'ouvrir des pistes. Mais voilà, essayons de bien se former, de bien comprendre, et c'est finalement une... C'est le vivant, c'est une chimie assez complexe, c'est comme ça qu'on va avancer. Il y a des spécialistes, il y a des gens qui font plein de choses dans leur coin, ça peut être des ingénieurs textiles, il y a plusieurs corps de métier. C'est bien qu'on puisse avancer ensemble.
- Aurélia Wolff
Alors, maintenant, sur la partie transmission, on ne va pas revenir sur les ateliers, tu en as parlé.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Oui.
- Aurélia Wolff
Je voulais parler de ta formation en ligne. Tu proposes un format qui est nouveau et j'aimerais bien que, du coup, tu nous racontes un petit peu, parce que je pense, à part The Dog, alors je ne retiens jamais son nom, The Dog,
- ArtEcoVert Pauline Leroux
d'ailleurs.
- Aurélia Wolff
Voilà, à part elle qui fait de la formation en ligne, je pense que tu es une des premières en France, si je ne dis pas de bêtises, je m'avance en tâtonnant. du coup j'aimerais que tu nous expliques pourquoi tu as souhaité faire de la formation en ligne quel est ton projet là dessus à peu près combien de pas d'épisodes mais de voilà comment tu vois
- ArtEcoVert Pauline Leroux
les choses là dessus oui c'est super ce qu'elle fait Dogwood d'ailleurs j'ai beaucoup d'admiration pour son travail pour la qualité de ses images en fait ça a un peu commencé par Shifumi qui m'a proposé de faire un cours en ligne il y a deux ans Eux, c'est vraiment une plateforme de cours en ligne. Ils ont commencé à faire rentrer pas mal d'artisans, à proposer des cours de céramique, de savon, de création de bouquets, enfin plein de choses. Et ils m'avaient proposé de faire un cours en ligne sur la plateforme. Donc là, en plus, dans des conditions professionnelles qu'ils ont réalisées. Moi, je proposais, depuis le confinement, des petits webinaires qui étaient plutôt sur un format bref d'une heure. où je proposais des thématiques assez simples, vraiment de personnes qui voulaient se lancer, faire une petite pratique, par exemple autour des pots d'avocats, sans forcément faire de mordansage, vraiment d'essayer. Qu'est-ce que c'est de teindre ? Qu'est-ce que c'est de faire une décoction ? Les premières notions, disons. Et j'avais eu pas mal de succès à cette période. Les gens, peut-être, avaient un peu plus de temps. Et puis, on a commencé tous à se mettre sur des visios et tout ça. Et ça a bien marché. Puis après, ça s'est un peu essoufflé. Et en fait, je me retrouvais à faire d'assez petits groupes, assez régulièrement. et je me suis dit que c'était plus intelligent de créer une communauté, d'avoir plus de personnes, soit en proposant de temps en temps, donc ça je le fais aussi, j'ai plusieurs formats, soit de temps en temps un cours où je fédère plusieurs personnes, donc là c'est ponctuel, one shot, et vraiment je suis en direct en train de proposer un atelier. Là ce que j'ai commencé à mettre sur le site, c'est un cours en ligne qui va être en une dizaine de sessions. qui te permet d'aller des premières pratiques, teinture aux pelures d'oignon, commencer un peu à faire des mordansages. Là, j'en ai mis un sur l'éco-print. Donc déjà, il y a un mordansage particulier, puis comment faire une cueillette, comment... préparer son tissu, le rouler pour faire un... C'est super satisfaisant. Et j'avais pas mal de demandes sur ça. Et on va parler de l'indigo, on va parler de l'impression de mordant. Il y a plusieurs thèmes qui arrivent, que je tourne. Alors là, vraiment, de façon autonome, petit à petit. Ce que je voulais, c'est que ce soit pas trop long. On n'a pas des heures à consacrer à regarder, je pense, une vidéo. Mais qu'il y ait quelques vidéos courtes, très parlantes, bien claires, où on explique certaines notions. On voit les gestes. c'est ça qui compte, on voit les gestes parce que des fois on ne l'explicite pas mais en fait on sait à quel moment on fait tel ou tel geste et puis on voit un résultat et surtout il y a une façon d'interagir on peut me poser des questions, je prépare un livret de cours qui se télécharge donc qui est comme un petit carnet qu'on a pendant le workshop sauf que là la personne l'imprime à domicile, elle peut mettre ses échantillons et puis ça permet d'avoir un lieu où ça peut grandir en fait cette communauté et puis même je peux interagir, dire bah voilà je vous propose telle expérimentation et puis comme si je donnais un petit devoir à la classe là c'est sur une plateforme qui me permet de faire ça mais ça peut évoluer voilà donc c'est un cours du coup il y aura plusieurs ça permettra de balayer un petit peu pas mal de techniques finalement et ça me permet de le faire moi depuis ici en fait pas en présentiel je fais des groupes aussi d'ateliers ici mais voilà comme ça je peux interagir aussi avec les personnes qui peuvent le faire depuis là où elles veulent
- Aurélia Wolff
Top. Bon, écoute, à suivre sur la formation en ligne. Super projet. Et maintenant, on arrive aux questions rapides, un peu tac au tac. Quelles sont pour toi les personnes inspirantes et tes sources d'inspiration ?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Alors, parmi les personnes que je trouve super inspirantes, on l'a cité tout à l'heure, il y a Liz Spencer, effectivement, de Dogwood d'ailleurs, qui a vraiment... une créativité que je trouve incroyable et puis un univers très esthétique. Mais après, ça peut être très varié, en fait. Pas mal de livres sur des artistes ou sur des peintres ou sur des tisserands. Je suis assez visuelle, donc... Ça peut être juste une palette de couleurs, ça peut être des motifs. Les motifs m'inspirent aussi beaucoup, d'inspiration japonisante par exemple. Ça peut déclencher quelque chose qui tout d'un coup va m'inspirer, mais la musique m'inspire également. Il y a une artiste céramiste, la Marion Gros, que j'aime beaucoup, qui fait des palettes de couleurs, l'annoncée céramique. Ça me plaît beaucoup la terre et les émaux, j'en ai fait une période. donc ça peut être vraiment très varié en fait la forme d'une feuille, ramasser une graine évidemment des personnes que je découvre qui font de la création sur Instagram et ça t'emmène de fil en aiguille vers donc c'est vaste
- Aurélia Wolff
Est-ce qu'aujourd'hui pour toi il y a quelqu'un ou une organisation qui fédère autour de la teinture végétale et est-ce que c'est assez présent ?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Disons que les grands acteurs aujourd'hui de la couleur végétale rassemblent autour d'eux un certain nombre d'initiatives je pense à Sandrine Rosier, Michel Garcia, Dominique Ardon qui vont soit être force de proposition pour des événements il y avait à un moment donné à Couleur Garence une journée professionnelle qui nous permettait de nous retrouver. Aujourd'hui, il y a eu des relais qui ont été pris par d'autres, mais c'est un peu... Je dirais que c'est quand même assez épars. Moi, j'aimerais bien que ce soit un petit peu plus structuré, en fait, qu'on puisse vraiment avoir des moments où on se retrouve régulièrement. Alors, il y a des symposiums aussi, mais je n'ai pas pu aller au dernier. Et puis, c'était assez compliqué, malheureusement, d'y participer, même en distanciel, ce qui est un peu dommage, quand même.
- Aurélia Wolff
Symposiums, est-ce que tu peux expliquer ce que c'est ?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
C'était une conférence professionnelle autour de la couleur végétale qui avait lieu, je crois que c'était en Bretagne ou à Angers, en fin d'été dernier. En août-septembre dernier. Ouais, août dernier. J'ai pas pu y assister. C'était organisé par le Crit Horticole, notamment. Donc, il y a des moments comme ça où, professionnellement, il y a des spécialistes qui se retrouvent. Je trouve que ça manque un petit peu, peut-être, de... Oui. tu vois, de clarté ou de... C'est pas suffisamment structuré. Moi, je voulais le proposer au jardin, d'avoir des moments où on pourrait, entre spécialistes, entre guillemets, se retrouver et faire un peu un point d'avancée, avoir des petites présentations. Le lieu n'est pas adapté pour recevoir, je pense, suffisamment de monde. Donc, ça devrait exister parce que c'est un petit peu épars.
- Aurélia Wolff
Et une question, alors je n'ai pas tout à fait creusé, mais il n'existe pas de syndicat ou de fédération de la teinture végétale ?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Non, je ne crois pas.
- Aurélia Wolff
J'avais rapidement cherché, mais je n'ai pas trouvé.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Après, il y a plein d'initiatives d'associations. Ça pourrait être via des associations dont on serait tous un peu membre. Non, ce n'est pas super structuré.
- Aurélia Wolff
Quels sont pour toi les événements de la teinture végétale qu'il ne faut pas louper ?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Je ne sais pas répondre, en fait. Je te dis, il y avait à couleur garance, à une période, j'y suis allée deux ou trois fois, un marché plus une journée professionnelle qui était vraiment incontournable à mon sens. Je dirais que là, ces derniers temps, je ne vois pas de…
- Aurélia Wolff
d'événements incontournables qui étaient organisés. Alors il y a l'association, quand on suit les associations type Tinctilis, qui sont vraiment très investies sur la couleur végétale, ils participent à des marchés, à des événements qui te permettent de les rencontrer et puis souvent fédérer quelques autres acteurs. Il y a des initiatives du côté de Pau aussi, il y a l'ICINA, et là je sais qu'ils organisent en juin un festival. autour des couleurs naturelles. Je ne serais pas en mesure de dire quel est l'événement à ne pas rater. Peut-être plutôt autour de formation aussi. C'est plus des formations, en fait. Il y a la formation du Greta. Bon, si on a envie de se former, évidemment, tu fais pas ça chaque année. Formation proposée par différents intervenants qui sont à chaque fois des moments pour se rencontrer. Mais là, je suis un petit peu embêtée pour citer vraiment l'incontournable.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Martina Plantis sur Caramère alors Aurélia si tu étais une plante colorante, quelle serais-tu et pourquoi ?
- Aurélia Wolff
je sais pas pourquoi je vais répondre ça mais j'adore les fleurs de carottes sauvages que j'aimais déjà quand j'étais enfant. Je pense sur les bords de chemin, j'ai des souvenirs, on les voit partout à la campagne. Et en fait, c'est une superbe tinctoriale qui fait de très jolis jaunes qu'on peut aussi imprimer, qui est facile à récolter, qui est en abondance, qui sent très bon, qui peut même être dégustée en infusion. Voilà, donc j'aurais envie de citer celle-ci. En plus, elle est assez... Vaporeuse. Assez gracile, assez vaporeuse.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Ta fibre de prédilection ?
- Aurélia Wolff
Attendre l'haleine.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Est-ce que tu pourrais recommander des livres ? On va parler du tien, mais ça ne compte pas dans tes recommandations. Ton livre, c'est Teinture végétale, Carnet de recettes et Cahiers d'inspiration. Je le mets là si jamais on réussit à voir la vidéo. Est-ce que tu as d'autres livres qui t'ont, toi, marqué, inspiré ? que tu voudrais citer pour les friandes de lecture que nous avons au bout des oreilles ?
- Aurélia Wolff
Il y avait un des tout premiers livres de Michel, dans lequel il y a déjà tout. On trouve peut-être plus si facilement mes couleurs végétales, qui est vraiment top. Il y a un livre historique de Gustave Eusée. sur les plantes industrielles en fait, à une époque où on les cultivait, du coup justement pour les besoins de l'industrie. Ils traitent aussi bien d'ailleurs des plantes à fibre que des plantes saponifères et des plantes tinctoriales. Et donc il y a mille et un conseils sur comment faire germer, comment les implanter, comment cultiver, etc. C'est super passionnant. Il y a plein de détails sur d'autres types de plantes d'ailleurs qu'on ne pouvait pas forcément cultiver, qui étaient importées, qui étaient cultivées dans d'autres régions du monde. donc j'aime bien ce je me suis un peu plongée dedans quand j'ai fait des recherches et j'aimerais citer un que j'ai eu récemment c'est pas spécifiquement sur les plantes panctoriales mais ça en parle, c'est surtout sur la façon de créer un écosystème autour des plantes depuis celui qui la cultive jusqu'à celui qui la transforme et essayer de créer une petite économie autour de ça. Ça s'appelle Fibershed. Là, c'est une Américaine, mais vraiment, elle a essayé de monter des agriculteurs qui cultivent de l'indigo, d'autres qui font du coton et d'autres fibres. Et en fait, je pense que c'est ce qu'on essaye nous aussi de créer ici. Et c'est assez intelligemment... présenté, il y a un côté un peu activiste bien sûr, mais il y a ce côté vraiment maker de ceux qui font et qui se mettent en contact de la matière et voilà, j'aime bien ce bouquin-là que j'ai eu récemment je te donnerai les références de Rebecca Burgess
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Alors on arrive sur les questions où tu vas me dire c'est plus délicat Quelle est ta plus grande fierté Aurélia par rapport à la teinture végétale ? qu'est-ce que tu penses avoir apporté ou comment tu te vois contribuer ? Quelle est ta contribution ? Qu'est-ce que tu peux nous dire sur une fierté ?
- Aurélia Wolff
Je dirais qu'une de mes plus grandes fiertés, c'est d'être un petit peu multicasquette, d'arriver à évoluer dans différents types de monde et de milieu, pouvoir avoir un pied aussi bien avec des personnes qui sont vraiment plus dans la recherche, à se poser des questions à un certain niveau. de réflexion pointue et puis en même temps pouvoir échanger avec des gens qui sont des industriels ou des consultants de la mode et d'arriver à moi synthétiser ou faire des ponts entre toutes ces personnes là et essayer de me dire justement où est-ce qu'il faut qu'on actionne un petit peu des choses et d'avoir la chance de pouvoir évoluer dans tous ces différents mondes. J'adore aller dans les ateliers aussi et comprendre des choses qui sont justement dans le moment critique de la prod, où ça joue aussi vachement et ça contribue. Pour moi, c'est assez collectif, que ce soit la création ou la façon de faire. c'est collectif. Et donc, réussir à manier tout ça, j'en suis assez fière et ça m'a permis de faire pas mal de réalisations et d'être sollicitée sur pas mal de choses. Dans le domaine, je ne sais pas si je peux dire déjà que j'ai des grandes fiertés. Je pense qu'il faut que j'attende encore 5 ou 10 ans, non ?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Bon bah on se recontacte On recène point dans un coup de visage Prochain projet pour toi et j'aimerais bien que tu me parles de La Réunion qui est chère à mon coeur donc qu'est-ce que tu fais à La Réunion et est-ce que tu peux nous parler je rebondis tout de suite avant de l'oublier sur le projet Plantin dont a parlé Dominique Cardon dans l'épisode 5 pour ceux qui suivent qu'est-ce que tu peux nous raconter là-dessus et nous raconter sur La Réunion
- Aurélia Wolff
Bah La Réunion trop chouette moi aussi c'était une histoire de coeur j'y étais venue plusieurs fois et donc c'est pas un lieu choisi au hasard Si on voulait partir, c'était par exemple ici. Donc on a eu la chance de pouvoir le faire. Il y a une végétation évidemment luxuriante. une énergie, une vitalité dans tous les éléments, l'eau, l'air, les lumières, qui sont très ressourçants et très inspirants. Je me suis greffée au projet Plantin, qui était déjà en cours depuis quasiment un an, quand j'ai réussi à contacter les personnes. C'est Thomas Petit et Yanis Caro qui étaient les directeurs de recherche de ce projet. Et c'est Maër... qui est l'un des doctorants principaux qui était sur le dossier. Donc, lui, il avait commencé par les plantes panctoriales de Madagascar et puis de La Réunion. Ça s'est concentré plus sur La Réunion. Et moi, je leur ai proposé, dans ce projet de recherche, de faire des applications textiles. Et en fait, ils avaient quand même une approche assez labo, pas mal sur les composants moléculaires, les composants, comme on dit, de toxicologie, par exemple. et finalement ils n'avaient pas tellement prévu d'application textile donc ils ont dit ok j'étais ravie de collaborer avec eux on a balayé, bon eux ils avaient déjà pré-balayé une grande partie de plantes moi j'ai fait des échantillons sur je ne sais plus une quarantaine de plantes disons et j'ai construit un petit protocole de recherche j'ai traité toutes les plantes de la même manière plus des plantes moi que j'avais identifiées intéressantes et que j'ai mis un peu en point de comparaison et puis d'autres plantes que j'avais déjà utilisées donc ça leur a permis d'avoir des résultats textiles visuels différents de ce qu'ils avaient comme résultat labo. Et donc, c'était assez sympa à la restitution qui a eu lieu en novembre dernier. Donc, les deux ans du projet se terminaient. Et en novembre dernier, on a fait une présentation devant les différentes parties prenantes. Donc, voilà, il y avait mes échantillons, notamment couleur, qui étaient présentés pour comprendre quel type de plante rentrait un peu dans quel registre. Et il y a vraiment des choses très, très intéressantes qui ont été identifiées. Et certaines, en plus, peuvent être des ressources qu'on pourrait utiliser de façon… plus importantes, sans abîmer la flore. Donc c'était passionnant, et on espère qu'il y aura un plantain d'œufs. Pour continuer de réfléchir, moi j'aimerais bien, mon rêve ce serait de pouvoir proposer une filière. de plantes pays, donc de la Réunion, qui seraient des ressources d'exception, et d'en faire soit en plantes séchées, soit en extraits, parce que pour pas mal de teinturiers, c'est plus facile de manipuler les extraits, et puis ça permet un peu de les standardiser. Alors moi, j'aimerais l'utiliser pour faire des encres d'impression. J'aimerais faire un projet d'impression textile avec des encres pays. donc c'est un petit peu en attente je sais pas si ça verra le jour ou pas moi j'avancerai de toute façon dans mon coin sur l'expérimentation mais voilà il y aura peut-être un plantain d'oeufs
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Est-ce que tu peux nous expliquer des encres pour impression textile ? Est-ce que tu peux développer un petit peu pour que ce soit plus clair ? Parce que moi, je connais les encres qu'on fait par exemple avec le brunois ou je ne sais plus, pour pouvoir écrire. Quand tu parles d'encre à impression textile,
- Aurélia Wolff
tu peux développer ? T'imagines un t-shirt imprimé avec des couleurs, je ne sais pas, ou avec des formes, ou avec une écriture. et en fait alors l'encre que tu utilises par exemple à partir de brunois on peut en faire une encre d'aquarelle une encre papier mais on peut aussi en faire une encre d'impression que tu utiliserais en sérigraphie ou en mouchoir ou d'autres méthodes comme une encre textile classique sauf qu'elle serait faite à partir de la plante d'accord ça y est j'ai compris et il faut le fixer d'une façon un peu particulière mais en tout cas c'est possible d'imprimer en végétal et moi je trouve ça fait partie des super belles pistes à creuser il y a une fille aussi qui fait des encres AVA Catherine Alexandre elle a développé elle a un lien particulier pour imprimer des encres végétales je crois qu'elle a elle avance pas mal là-dessus mais j'ai jamais vu son travail et voilà bah moi tu me réinterroges dans un an et puis avec franchement mais c'est bien d'avoir des conversations comme ça qui avancent
- ArtEcoVert Pauline Leroux
donc du coup l'idée c'est vraiment de toujours tourner autour de la couleur et surtout faire cette chaîne de valeur et c'est pour ça que ton livre il va me passionner celui que tu as cité parce que c'est un peu ça que j'essaye de faire sur le podcast c'est vraiment d'avoir tout le monde les anglo-saxons ils ont plutôt une mentalité plus collective que nous je pense ils travaillent en équipe je voulais te poser deux dernières questions qu'est-ce qu'on ne sait pas d'Aurélien Wolff ? C'est compliqué comme question ?
- Aurélia Wolff
Oui.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Parce que t'es une bonne communicante, tu as un super site internet, on a beaucoup d'informations sur toi, il y a un podcast qui est sorti, t'as ton livre qui est hyper riche, donc je l'ai pas encore terminé. Qu'est-ce qu'on ne sait pas sur toi que t'as envie de partager, qui pourrait, bah voilà, inspirer ou même...
- Aurélia Wolff
faire découvrir une nouvelle facette de toi oui bah peut-être comme tout le monde en fait tu sais que t'as pas vraiment conscience de tout ça, moi je suis dans le doute permanent et je suis une grande timide en fait donc quand on me dit t'es une super communicante c'est incroyable je me dis waouh j'ai quand même fait du chemin mais c'est vrai que plus jeune je me suis vraiment forcée à prendre la parole maintenant j'ai du plaisir à le faire donc comme quoi on peut surmonter toutes ces difficultés c'était vraiment impossible pour moi de me forcer à le faire de me mettre des petits coups Au pied aux fesses, ça m'a aidée. Maintenant, j'aime bien même parler, faire un petit speech, un cours. J'ai vraiment beaucoup de plaisir à travailler avec des étudiants, par exemple. Mais j'ai été vraiment très, très timide. et je suis toujours en train de me dire que c'est toujours mieux chez le voisin bien sûr qu'il faut faire mieux, que ça ça va pas que voilà, mais bon ça c'est se remettre en question mais il y a plein de choses il y a plein d'autres choses la prochaine fois je dévoilerai autre chose oh là là tu fais un super truc il y aura des nouveaux sujets et en plus
- ArtEcoVert Pauline Leroux
bon bah c'est chaud bon alors dernière question plus sérieusement à qui tu veux passer ton micro ? c'est à dire que l'idée du podcast c'est qu'on se fasse une petite chaîne donc à initier Michel avec Clément avec toi etc chacun reprend l'exercice en donnant des noms des personnes qui l'aimeraient à qui je passerai et tendrai le micro avec plaisir pour qu'on découvre d'autres facettes de la couleur végétale
- Aurélia Wolff
Avec plaisir. Justement, alors, trois parcours, trois personnes assez différentes. Une amie qui était à Ivry, quand j'y étais, qui, elle, est vraiment plus une spécialiste de l'indigo. C'est Anaïs Guéry, qui est une créatrice styliste femme, enfin prête à porter femme, qui fait vraiment de très belles choses et qui a une approche un peu dans l'éloge de la lenteur, d'une esthétique assez poétique, qui a un très très bel atelier, que je trouve super inspirante. et qui a fait pas mal de collaborations avec des Japonais. Elle a fait pas mal de voyages entre la France et le Japon, notamment à travers le prix des savoir-faire des Takumi. Je crois que c'est un dispositif des ateliers de Paris. Donc, un parcours super intéressant et je pense qu'elle aurait pas mal de choses à dire sur sa pratique. Une autre personne que j'ai croisée dans mon parcours, qui est venue à l'atelier et qui a fini par oser se lancer dans une aventure qui n'est pas si simple, c'est de faire de la teinture en plus grande échelle. C'est Justine Guinz qui est en train de lancer Maison Teintée. Elle va proposer de la teinture en plus grand volume. Je suis beaucoup sollicitée par des créateurs qui veulent faire une petite série, une plus grosse série ou du métrage. Parfois, je ne peux pas forcément y répondre. Elle, ça va être vraiment son créneau. et elle aura aussi une proposition de métrage de tissu teint de sa proposition donc voilà Justine et elle est vraiment en train de se lancer donc c'est bien je crois beaucoup au fait qu'on va être comme ça, plusieurs ateliers de petite ou moyenne dimension qui allons réussir à répondre à la demande j'espère grandissante et et puis la troisième c'est Sandrine Rosier qui est vraiment une une super belle personne que j'aime beaucoup, qui a créé le Greta, la formation du Greta, justement pour professionnaliser le métier des teinturiers végétaux, et qui réfléchit à pas mal de choses. Elle aussi, ces histoires de changement d'échelle, ça lui parle. On en a parlé encore la dernière fois. Je sais qu'elle est sur des groupes de réflexion qui s'adressent à ça. Et puis, elle a une très belle approche créative. Elle est toujours dans le milieu d'un projet. Et elle a un peu la carte aussi costume. je trouve que c'est magnifique de pouvoir teindre des costumes pour des spectacles en teinture végétale elle a un parcours extraordinaire et c'est vraiment quelqu'un qu'on aurait envie d'écouter parler pendant des heures donc je pense que moi j'écouterais le podcast avec plaisir
- ArtEcoVert Pauline Leroux
J'essaie d'avoir Sandrine, je contacte Justine et Anaïs pour ton relais de micro. Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ArtEcoVert, A-R-T-E-C-O-V-E-R-T, pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix. C'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous.
Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale