Maïté Oucéni - La couleur végétale au delà des frontières cover
Maïté Oucéni - La couleur végétale au delà des frontières cover
ArtEcoVert La voix de la couleur végétale et des plantes tinctoriales

Maïté Oucéni - La couleur végétale au delà des frontières

Maïté Oucéni - La couleur végétale au delà des frontières

54min |29/06/2023
Play
Maïté Oucéni - La couleur végétale au delà des frontières cover
Maïté Oucéni - La couleur végétale au delà des frontières cover
ArtEcoVert La voix de la couleur végétale et des plantes tinctoriales

Maïté Oucéni - La couleur végétale au delà des frontières

Maïté Oucéni - La couleur végétale au delà des frontières

54min |29/06/2023
Play

Description

Dans cet épisode captivant du podcast ArtEcoVert, Pauline Leroux reçoit Maïté Oucéni, une designer textile passionnée par la teinture végétale. Ensemble, elles explorent l'univers fascinant des plantes tinctoriales, où tradition et innovation se rencontrent. Maïté, forte de son expérience, nous raconte son parcours unique, débutant avec la teinture naturelle aux côtés de Betty de Paris, pour ensuite se plonger dans les profondeurs de l’indigo japonais. Sa passion pour la couleur végétale l’a menée au Mali, où elle a eu l’opportunité d'apprendre des techniques de teinture traditionnelles, telles que le beau-golant, en collaboration avec des artisans locaux.


« La préservation des savoir-faire traditionnels est essentielle face aux défis de la modernité », souligne Maïté. Cet épisode met en lumière les enjeux cruciaux auxquels font face ces artisans, notamment en raison des changements socioculturels et politiques au Mali. Maïté partage ses réflexions sur l'importance de valoriser les colorants biosourcés et les pigments végétaux, tout en intégrant les nouvelles technologies dans les pratiques ancestrales de teinture naturelle.


En discutant de son engagement à promouvoir la teinture végétale durable, tant en Europe qu'en Afrique, Maïté nous parle de ses projets actuels, comme sa collaboration avec la marque Panafrica. Cette initiative vise à faire connaître les richesses de la couleur végétale à un public international, tout en soutenant les artisans locaux. Les défis sont nombreux, mais l'enthousiasme de Maïté pour les fibres naturelles et les colorants végétaux est contagieux.


Cet échange enrichissant nous invite à réfléchir aux liens entre l'artisanat et le design, ainsi qu'à l'importance de la préservation des couleurs de plantes pour les générations futures. Que vous soyez designer, artisan ou simplement passionné par la teinture naturelle, cet épisode vous apportera des insights précieux et vous inspirera à explorer davantage le monde des plantes tinctoriales.


N’hésitez pas à écouter cet épisode pour découvrir comment la teinture végétale peut transformer notre rapport à la couleur et à la nature. Pour en savoir plus sur Maïté et ses projets, rendez-vous sur ses réseaux sociaux et son site web. Belle écoute !


Pauline


🚀Si vous en voulez plus : 


⭐Plus de contenus, plus d'échanges, plus de partages, allez sur Patreon : https://www.patreon.com/ArtEcoVert 

👁️Instagram : @artecovert     

🎙️S'abonner à la newsletter du podcast : https://podcast.ausha.co/art-eco-vert?s=1 📩pauline.artecovert@gmail.com 

Linked in : 

👨‍👩‍👧‍👧 GROUPE DE LA COULEUR VEGETALE (Rejoignez nous c'est gratuit et intéressant) 

👤PROFIL PAULINE LEROUX 

🎨PROFIL ENTREPRISE ARTECOVERT 


🗝️ Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin nuances indigo


Bonne écoute


Pauline



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ARTECOVERT, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de Valette.

  • Maïté Oucéni

    Mon but,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    fédérer et démocratiser la couleur végétale dans mon livre. Alors c'est parti, bonne écoute. Alors donc bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast Maïté Oucéni. Bonjour Maïté.

  • Maïté Oucéni

    Bonjour Pauline.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors Maïté, est-ce que tu peux te présenter, nous raconter ton parcours et ce qui t'a amené aujourd'hui à la teinture végétale ?

  • Maïté Oucéni

    D'accord. Bonjour à tous, je m'appelle Maïdé Ousseini, je suis designer textile avec une spécialité dans la lenteur naturelle et je suis aussi consultante pour des projets de mode éthique et durable en lien avec l'Europe et surtout avec l'Afrique de l'Ouest. Qui m'a formée au tout début c'est Betty de Paris, elle s'appelle Betty Goldberg mais son nom d'artiste c'est Betty de Paris. C'est avec elle que j'ai fait mes premiers stages d'initiation à la teinture naturelle. Et puis après, j'ai fait des formations professionnelles en cuve d'indigo japonaise, avec le Sukumo, par fermentation bactérienne. Mais là, pour parler plus de mon parcours, j'ai étudié les arts appliqués. À Sèvres, dans la région parisienne, j'ai fait un BTS aussi en métier de la mode et du vêtement à Paris, donc plus prêt-à-porter féminin. Et ensuite, j'ai fait un diplôme des métiers d'art en artisanat textile, option artisanat numérique. Et c'est vraiment dans cette formation que j'ai eu mes premiers... Indirectement, une première rencontre avec la teinture naturelle, c'était par le biais d'un atelier. Il y a une intervenante qui était venue pour nous faire découvrir des techniques de design textile artisanal. Et on a expérimenté des techniques de motifs par réserve. Donc il y avait le shibori, l'itajime shibori, l'arashi shibori. Oui, l'arashi shibori. Et vraiment, j'ai été... Surprise, je suis tombée amoureuse des motifs, j'ai juste adoré. Par contre, les couleurs qu'on utilisait, d'innombre, les couleurs chimiques, rose fluo, jaune fluo, vert fluo, un peu moins. Et puis c'était la première année de ce DMA, il fallait réfléchir à trouver un stage. Il fallait réfléchir aussi à son projet de diplôme. Et là j'ai eu un peu un coup de cœur, donc par le biais de cet atelier, je me suis documentée et puis je suis un petit peu remontée aux origines de ces techniques et forcément je suis tombée sur les artisans du Japon, sur les Dogon, du Mali qui font beaucoup d'indigo avec des techniques de motifs par réserve qu'on appelle le ciréli là-bas. Et donc du coup, je me suis intéressée par le biais de l'indigo encore. J'ai découvert le travail d'Aboubakar Fofana, j'ai découvert le travail de Betty de Paris et j'ai commencé à les contacter les deux pour absolument obtenir un stage avec eux. Ce que j'ai pas réussi. C'était un peu compliqué. Abou Bakar, j'ai appris qu'il était plus à Paris, qu'il était définitivement au Mali. Et Betty, elle avait juste pas voulu à l'époque. Donc j'étais assez déterminée, donc je les ai pas lâchées, on va dire les deux. J'allais aux expositions de Betty, je lui disais cette fois-ci tu veux bien, et cette fois-ci tu veux bien. Non, mais du coup j'ai fait un stage d'initiation avec Betty. Et puis j'avais, voilà, et en fait en deuxième année de DMA, je m'étais présentée à un programme, le programme Voyager pour apprendre les métiers d'art, de la Fondation Culture et Diversité, qui permettait à des étudiants des métiers d'art de partir quatre mois, tout financé, dans un pays de leur choix, pour approfondir ou découvrir une technique de leur choix. Donc du coup j'avais réussi à rencontrer Aboubakar Fofana à Paris. Et je lui avais demandé, il était plutôt partant pour m'accueillir à Bamako. Et finalement, il n'a pas pu. Donc, j'ai cherché une coopérative de femmes à Bamako, une coopérative de teinturières à l'Indigo. Et en fait, c'était super parce que j'ai été sélectionnée dans les six lauréats pour faire cette expérience-là. Donc, je suis partie. C'était quatre mois de stage, mais j'ai décidé de rester six mois pour avoir un peu la possibilité de rencontrer d'autres artisans. Et l'expérience dans cette coopérative, ce n'est pas spécialement bien passé parce que je suis arrivée toute naïve. Toute naïve. Et en fait, ce n'était pas de l'indigo naturel. C'était complètement chic et ça se faisait passer pour du naturel. Donc, j'étais un petit peu... J'étais déçue, mais par contre j'ai réussi à apprendre beaucoup avec les artisans qui font le cirilli, c'est-à-dire le shibori, les techniques de motifs traditionnels. J'ai quand même eu des échanges. Et puis maintenant c'est un artisan avec qui je continue à collaborer donc c'est génial. Et voilà quand j'ai fini ces quatre mois là un petit peu triste ou net, j'ai eu la chance de rencontrer un de mes collaborateurs, Thomas Gassama, sur une belle colline de Bamako magnifique qui s'appelle la colline de Lhasa. Et c'est là que j'ai découvert la technique du beau-goulamp. Et là, pour le coup, tout était naturel. J'ai visité tout l'atelier, j'ai vu tous ces bagues de fermentation d'argile, ces bagues de teinture naturelle enrichies de plein d'intrants naturels comme de la cendre, comme des morceaux de fer. Et cette personne a été super accueillante et m'a dit Mais à partir d'aujourd'hui, si tu veux, tu viens tous les jours pour apprendre le beau-golant. Il ne m'a jamais rien demandé, il m'a tout donné, donc je suis très reconnaissante. Et donc pendant deux mois, j'étais avec lui à apprendre cette technique. Et au volant, c'est une technique de teinture naturelle et traditionnelle du Mali. C'est une technique qui est associée à l'ethnie Bambara, mais qui aujourd'hui est largement pratiquée par plein d'ethnies. Et c'était des tissus qui étaient très utilisés par les chasseurs avant. Puis maintenant, c'est utilisé par tout le monde. Et le principe, c'est de baigner son tissu de coton dans un bain de Ngalama. Donc, c'est l'anogéus leocarpus, un bouleau africain qui est super riche en tannins. Et donc, ce tissu devient jaune. Et par-dessus cette couleur, on vient appliquer différents dessins, symboles, soit à la main levée, soit à l'aide du pochoir, avec d'autres teintures végétales. Donc on utilise beaucoup le NPKU, qui est l'Anea microcarpa, c'est un arbre à raisins. Il y a aussi l'acacia, il y a le kangara, il y a le combretum glutinus perrottet, et puis il y a donc le bogo. Et donc le bogo, ça veut dire argile. et elle vient du fond du fleuve Niger. Donc en fait, on va à côté du fleuve Niger, on demande à des porteurs de sable, ceux qui prennent le sable pour les constructions, de dire Est-ce que tu peux me prendre un petit peu de beau eau, s'il te plaît, à la bonne saison ? Et puis il y va, il plonge, incroyable, et il te ramène de cette argile. Et cette argile, elle est riche en fer, donc finalement, ça crée des attaches. et ça se fixe très bien, c'est un mordant. Les parties qui ont cette argile deviennent noires et se fixent très bien. Tandis que les autres, dans un usage traditionnel, ça convient très bien. Souvent, c'est des tissus qu'on ne lave pas, c'est des tissus qu'on frappe, on enlève la poussière. Et en plus souvent les boubous c'est des vêtements très amples donc ça circule, il n'y a pas besoin spécialement de les laver. Cependant quand le beau Golan arrive dans un marché de mode international, là ça pose des problèmes pour le consommateur qui va lui vouloir le laver en machine, ce qui n'est déjà pas très recommandé pour des teintures naturelles, plus à la main mais quand même juste... Le engalama comme tannin qui va servir de fixateur n'est pas suffisant. Donc là c'est aussi quelque chose sur lequel je travaille avec les artisans pour permettre d'ouvrir des nouveaux marchés et donc de compléter ce mordant sage. T'as d'accord, ok.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Franchement, je te coupe là parce que tu as déjà dit plein de choses intéressantes sur lesquelles je voulais notamment qu'on revienne. Donc merci d'avoir plus raconté le beau Gauland parce que je n'avais pas toutes ces infos et ces anecdotes. Tu as parlé de plusieurs choses dans ton parcours où j'aimerais bien qu'on fasse des petits points. Tu as parlé d'artisanat numérique. Est-ce que tu peux m'expliquer ce que c'est que l'artisanat numérique ? Parce que j'avoue que là, ça ne me parle pas trop.

  • Maïté Oucéni

    Le terme qu'on utilise là-bas, mais finalement c'est assez simple, c'est qu'on développe, on crée des points entre le dessin traditionnel, le dessin vectoriel par exemple, Photoshop, Illustrator. Par exemple, on peut retranscrire, transposer des dessins. en numérique, en digital, sur Elucator. Et puis, en fait, on peut créer nos outils grâce à ça. Donc, on peut créer des pochoirs, on peut utiliser du coup la découpeuse laser, l'imprimante 3D pour façonner nos projets. D'accord. Pour créer un support de moulage, on pouvait passer par la modélisation 3D et imprimer cette forme avec l'imprimante 3D et la travailler en textile ensuite. C'était vraiment des va-et-vient entre les nouvelles technologies et l'artisanat traditionnel.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, donc ça c'était ma première petite question. Ensuite, tu as parlé de toutes les formes et tous les styles de teinture par réserve, de motif par réserve. Est-ce que tu peux revenir sur chacune d'entre elles parce que tu es allée super vite ? Est-ce que là-dessus, tu peux nous redétailler un petit peu ce que tu as dit dans ton parcours ?

  • Maïté Oucéni

    Oui, pour les teintures à réserve du Mali, c'est ce qu'on connaît avec le terme japonais shibori. C'est le fait de venir plier, coudre, nouer, ligaturer, compresser aussi le tissu pour créer des zones où la teinture ne parviendrait pas à s'infiltrer. Et... Et une fois que cette jeune sculpture a un volume qui est très beau, attaché, après le bain de teinture, quand on le laisse sécher et qu'on va ôter ses fils, il y a des motifs écrus qui apparaissent et qui créent des motifs qui me touchent beaucoup. Les réserves ne sont pas spécialement blanches si on vient teindre le tissu avant dans une couleur. Mais en tout cas, c'est ça, c'est ce qu'on appelle tie and die finalement. Et au Mali, ça se dit Cyrilie.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Cyrilie, j'avais noté, je ne savais pas. Ok, super. Donc, tu as cité deux personnes, donc Aboubakar Fofana, qu'on m'a plusieurs fois citée, et Betty de Paris, pareil, qu'on m'a citée. Il faudrait que je la contacte, en effet. Je voulais voir avec toi, du coup, aujourd'hui, tes activités. Donc, si je comprends, c'est dans tout ce qui est teinture naturelle, mais tu as quand même une... une volonté de développer les techniques de Beaugolant à l'international, si je comprends bien.

  • Maïté Oucéni

    Alors là, je travaille sur le Beaugolant, mais ce n'est pas que le Beaugolant. Mon objectif, c'est de cibler des techniques traditionnelles textiles d'Afrique et de les revaloriser et de les préserver. Parce que finalement, ce qu'on remarque quand on va... Moi, je suis allée au Mali, je ne suis pas allée au Mali, mais j'y ai vécu quand même trois ans. C'est que la jeunesse n'est plus intéressée pour faire ça. C'est trop traditionnel, on veut de la modernité, on aime les wax. On rejette ça et moi quand j'étais dans cette coopérative, il y avait aussi des jeunes femmes qui me voyaient avec les mains dans la cuve à faire tous ces travaux qui sont sales et qui disent que les cuves d'indigo ça pue. Moi j'adore, ils me disaient mais pourquoi tu fais ça ? Et puis aussi c'est qu'il y a beaucoup de tradition orale. Il y a beaucoup de choses qui ne s'écrivent pas. Nous, en Europe, on a quand même la chance d'avoir plein de manuscrits. Si on a envie de se mettre à la teinture végétale, il y a plein d'ouvrages à conseiller, à consulter. Tandis que, par exemple, au Mali, non. Alors, en fait, je trouve que c'est préoccupant parce que les modes de conservation changent. On veut revenir à l'artisanat, on veut revenir à des pratiques durables. Et finalement, l'Afrique a une réponse énorme face à ça. Et donc, il faut valoriser ces tissus. Il faut travailler au renforcement de capacités pour permettre à ces tissus d'arriver sur le marché international. Et donc il n'y a pas que le beaugolant. J'adore prospecter sur toutes les techniques, vraiment une enquête. Et je passe des semaines des fois à faire ça, à trouver des artisans, à trouver leurs contacts, à les appeler, à trouver des fédérations, à trouver des groupements pour savoir si la production se fait encore. Et essayer de proposer ces projets à mes collaborateurs, parce qu'il y en a différents. Et donc voilà, c'est pas que le Bogoland.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord,

  • Maïté Oucéni

    et alors ? Ce qui m'intéresse beaucoup, c'est vraiment de connecter avec plein d'artisans, mais pas que en Afrique. Mais du coup, c'est aussi ça mon travail de consultante, c'est mon réseau. D'accord, le réseau. Alors...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, excuse-moi, il y a un problème de réseau, du coup on est un petit peu en décalé, mais du coup Maïté, je voulais te demander, donc super transition, mais que tu présentes ton activité d'aujourd'hui, où tu es basée, depuis quand tu as créé ton activité, etc. Et que tu nous parles de cette vie un peu d'entrepreneur, mais avec toutes ces attaches africaines, ce que tu fais, tu dis que tu as parlé beaucoup de projets en Europe, en Afrique de l'Ouest. Est-ce que tout ça, tu peux nous le raconter ? Comment ça se passe pour toi ?

  • Maïté Oucéni

    Oui. Du coup, après cet échange que j'ai fait au Mali pendant six mois, je suis revenue un petit peu déboussolée de nos modes de production à nous. J'étais très touchée d'avoir été connectée vraiment. J'avais l'impression que j'étais connectée à l'origine des choses. Ce qu'on fait vraiment avec les mains, vraiment avec... Oui, à l'artisanat. Du coup, je suis repartie. Je suis restée quelques mois me poser des questions. Je suis repartie et je me suis dit, cette fois-ci, je prends mon sac à dos et je vais parcourir un petit peu les zones où je peux aller, où je peux me permettre d'aller au Mali, parce qu'il y a une situation politique assez compliquée. Donc, il faut faire attention. Et puis, j'ai prospecté. Je me suis fait un réseau pendant quasiment trois mois. Puis j'ai récolté des échantillons auprès de pas mal d'artisans, de groupements, d'associations. On a développé des prototypes pour voir si des idées que j'avais pouvaient se retranscrire avec les techniques. Des fois c'était possible, des fois c'était pas possible. Et donc finalement je me rendais pas spécialement compte, mais je me suis rendue compte à un moment que j'étais en train de créer une chaîne de production. Et... Et je me suis fait, enfin, remarqué, oui, par une agence de mode éthique. Il y avait aussi des initiatives au Mali. Elle s'appelle Ethical Fashion Initiative. Et c'est une agence des Nations Unies. Donc, ils font beaucoup de projets de développement liés aux techniques. textiles traditionnels et mettre en contact des communautés d'artisans avec des clients, des grands clients de la mode internationale, haut de gamme, du luxe. Donc à partir de là, moi je... Je suis revenue du Mali et je me suis rendue compte que c'était bête parce que l'indigo, ce qui m'avait fait venir au Mali, c'était un savoir-faire quasiment perdu. Il y a Abou Bakar qui en fait. Mais bon, c'est une personne qui voyage beaucoup, qui fait des formations aux États-Unis, c'est difficile de le rencontrer. Et donc, je trouvais ça dommage, mais pourtant, il y avait toutes les matières premières à disposition. pour faire des cuves d'indigo naturelles. Et c'est juste que les colorants de synthèse, ils ont fait oublier des parties des recettes. Alors il y a des ingrédients vraiment de la cuve traditionnelle que les artisans continuent à mettre, mais ils n'arrivent plus à avoir du bleu sans rajouter ces pigments synthétiques. Et puis voilà, donc c'est des cuves à l'hydrosulfite, à la soupe caustique, puis en fait il n'y a pas vraiment de station d'épuration, donc c'est rejeté dans les caniveaux, c'est des arbres. Je suis revenue en me disant que je devais comprendre comment au Mali, je pourrais remonter des cuves d'indigo naturelles. Betty de Paris, à ce moment-là, donnait une formation professionnelle de plusieurs semaines sur les cuves d'indigo à fermentation bactérienne. Du coup, je l'ai suivi et puis ça m'a donné pas mal de clés pour essayer de croiser ces différents savoir-faire, dire ok, quand je vais revenir au Mali, je vais transposer ces techniques avec les ingrédients à disposition et essayer de former les artisans avec qui je travaillais, notamment Thomas Gassama qui faisait du pogolan. Bon ben... Il y a eu le Covid entre temps, donc mon départ a été décalé il y a plusieurs mois. J'avais décidé d'y retourner, mais cette fois-ci d'aller y vivre et de monter mes entreprises. Donc j'y suis retournée. J'ai créé un génieux, un groupement d'intérêt économique avec plusieurs artisans. Ce génieux s'appelait Maota Studio. et avait pour but de fédérer différents artisans de la filière textile, autant hommes que femmes, pour créer au final des plumes. Du design textile, des œuvres d'art, du linge de maison, avec du coup mes designs, parce que je ne voulais pas reprendre les motifs traditionnels, parce que je considérais que ça ne m'appartenait pas. Mais je voulais utiliser les techniques surtout, les matières premières, pour proposer un univers nouveau. Donc voilà, il y avait des femmes assez gourdes qui faisaient la filature à la main, on appelle ça le fil phallique, le mind-pick. Il y avait beaucoup de tisserands peu, la Bamako qui faisait donc les petites bandes, les grandes bandes. Il y en avait d'autres encore à Ségou qui faisaient des tissus sur grand métier, d'une laisse de 120. Donc après il y avait mon collaborateur Thomas pour le Bogolan. Et puis je me suis rendu compte que c'est... Peut-être que ça demandait vachement de recherche et de développement pour l'indigo. Donc là, dans une logique de business, de production, il fallait que je mette ça de côté, l'indigo, en me disant bon, là, on se concentre sur le Bogolan parce que là, c'est beaucoup plus certain Mais voilà, j'ai quand même initié pas mal de projets au Mali. En fait, l'indigo, que je me faisais… venir et ils viennent du pays d'Ogon, des falaises, de Bandiagara, en fait ça devenait trop risqué malheureusement pour les habitants qui allaient récolter ces plantes parce que c'était, il y avait trop de jadistes du coup c'était trop risqué pour eux donc en fait je voulais plus leur demander d'aller me chercher d'un dibo. Avec un agriculteur que j'ai rencontré à Doulaï, on a réussi à avoir pas mal de graines d'indigo ferra arecta. C'est la plante indigo locale et on a cultivé de l'indigo à Katy, à quelques kilomètres de Bamako. C'était le projet. C'était un des projets en parallèle de développement. Donc voilà, on a développé un peu de production, de l'échantillonnage. Entre temps, j'ai postulé à plusieurs programmes avec Ethical Fashion Initiative. Je suis rentrée dans le Venture Studio, qui est des sessions de coaching avec des incubateurs pour développer bien son business model. Et ensuite, j'ai passé un autre concours et je suis rentrée dans le FI accélérateur. ouest africaine créative. Donc là, c'était quasiment sur deux ans, c'était super intensif, c'était vraiment sur la collection, il y avait pas mal de professionnels qui nous coachaient, c'était génial. Et malheureusement, j'ai eu un accident assez grave juste quelques mois plus tard. Et en fait, après cet accident, j'étais absolument plus apte physiquement ni psychologiquement à travailler. Et avec la situation politique sécuritaire, je pense que c'était un peu la goutte d'eau. Donc en fait, je suis partie en Italie. Donc ça fait un an et demi maintenant que j'habite en Italie avec mon compagnon. Et du coup, je suis allée pour me reposer et en fait, la situation politique est devenue de plus en plus catastrophique. Il y a eu un embargo total pendant des mois. Donc, il n'y avait même plus la possibilité de voyager, de prendre un avion, d'y retourner. Et puis, mes partenaires des Nations Unies m'ont dit Désolée, on ne peut plus on voyait qu'il n'y avait plus de paiement possible avec cet embargo. Donc ça a été un peu une grande remise en question. J'ai été un peu forcée de tout recommencer à zéro et de me dire, bon, on recommence différemment et peut-être que ce n'était pas plus mal avec le recul. Je me dis que c'était un peu forcé, mais que c'était la bonne décision.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et du coup, tu as tout repris à zéro depuis l'Italie, donc c'est là où tu es basée aujourd'hui ?

  • Maïté Oucéni

    Oui. Et donc, du coup, vas-y. Je suis dans l'Emilia-Romagna, à côté de Reggio Emilia. J'ai mon laboratoire là-bas. Et je recommence à travailler en tant que plus consultante, donc design textile. Consultante pour des projets de mode éthique et durable. Mais je ne touche pas en ce moment, ça fait un an et demi, je ne touche pas à la teinture. Moi, vraiment, j'ai fait beaucoup de récoltes parce que j'avais envie d'étudier un peu les plantes du bassin méditerranéen, les plantes tinctoriales européennes, parce que j'ai beaucoup étudié les plantes d'Afrique de l'Ouest. Et donc... Là, depuis septembre, j'ai recommencé à travailler en ayant une idée très claire, en me disant bon, j'ai laissé quand même pas mal d'investissements au Mali, je vais les récupérer, mais pour l'instant, je pense que c'est plutôt mon réseau qui peut me servir Donc j'avais commencé à semer des graines au début de cette expérience au Mali, j'avais contacté quelques marques parisiennes avec lesquelles je pouvais avoir des synergies, puis en fait, elles m'ont recontactée. en septembre en me disant on fait un projet je suis du coup j'ai ça m'a permis de de de me réconcilier avec le mali finalement l'âge de cette marque on peut la citer parce que j'ai félicite pour J'ai félicité pour leur courage, pour leur envie de faire bouger les choses dans le milieu de la mode. C'est la marque Panafrica, c'est une marque parisienne, qui se sont fait connaître pour des chaussures avec des tissus wax et des matériaux assez durables. Ils ont une production qui est quasiment exclusive ou exclusif en Afrique. Et puis, finalement, ils avaient envie de se tourner vers des tissus qui étaient encore plus africains. Et donc, cette technique du beau-golant, ils étaient très curieux. Et donc, on développe un projet avec un artisan de mon réseau qui a djenné. qui a été géné et qui fait du beau volant. On développe une édition limitée, une collection capsule d'écharpes. On développe les designs. Comment dire ? Je développe les designs de manière à ce que ça soit faisable avec la technique du beau-golant. Donc ça demande une connaissance de la technique, des gammes colorées, de ce qui est possible de faire, de ne pas faire. Moi je développe les pochoirs, on m'envoie tout là-bas, je donne les cahiers techniques. Et puis après je coordonne tout le projet jusqu'à réception des produits à Paris.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc cette collaboration c'est un peu un challenge parce que Djenné c'est une zone où moi j'ai complètement pas le droit d'aller. Je peux pas passer un barrage, on me dit vous retournez à Bamako madame, mais ça va pas à la tête. Donc c'est un challenge mais j'en suis fière parce qu'il y a vraiment des artisans talentueux au Mali. Et ils sont victimes de la situation politique qui se passe là-bas et puis il n'y a plus de touristes depuis des années. Et en fait, ils sont mis à mal et donc j'essaye de voir comment on peut continuer à collaborer dans des zones où on ne peut pas aller, où on ne peut pas aller les visiter. Et donc ça c'est un challenge mais je trouve ça très intéressant parce qu'on y arrive. On y arrive. Ouais. D'accord. Et donc, un projet qui sortira en octobre. Je vais sortir en octobre, donc je vous invite à tous aller voir cette collection capsule Pan Africa avec ce beau Golan du Mali. Cet atelier qui s'appelle Mali Mali de Alpha Moye et Kumare.

  • Maïté Oucéni

    Et du coup Maïté, dans tes partenaires, tu nous as expliqué ton réseau puissant au Mali. Est-ce que tu as d'autres partenaires en Italie ou plutôt dans... plusieurs pays, toi, vu ton histoire. Mais alors, du coup, je voulais savoir, pour tes partenaires, et puis pareil, partenaires, ça peut être aussi tes fournisseurs de matières premières, de tissus pour tester, etc. Est-ce que tu peux nous parler un peu de ton écosystème en Europe et en Afrique, du coup ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, alors donc je dirais qu'il y a plusieurs catégories de partenaires. Il y a plus les projets que je fais qui sont plus développement et mode. Donc on va dire qu'il y a des projets en cours avec cette agence qui s'appelle Ethical Fashion Initiative. Et il y a des projets qui vont continuer en Afrique de l'Ouest, pas au Mali mais au Bénin et au Burkina Faso. J'en dis pas plus. Donc ça, c'est un grand partenaire. Il y a cette marque Panafrica, je pense, avec qui on pourra continuer à faire des projets. Il y a pas mal de marques milanaises, puisque je suis en Italie, vraiment des stylistes africains qui sont très sensibles justement à cette démarche. qui ont envie de participer à valoriser ces textiles. Il y a comme partenaire, j'ai été formée aussi par Alexandro Butta, qui est un maître teinturier italien. Durant une résidence artistique que j'ai fait à Spoleto l'an dernier, qui était en collaboration avec la Fondation Sending. Et l'Ethical Fashion Initiative et la Malarelli Week Studio. Du coup, j'ai fait une partie de cette résidence dans l'Hacienda Agripol. C'est une ferme d'Alexandre Routa. Et en fait, c'est génial parce qu'il produit énormément de teintes tinctoriales. Énormément de la garance, de l'indigo, de la reseda, mais aussi... Le Scotano en français c'est l'arbre à perruque, c'est le sumac et encore plein d'autres. Donc en fait, pour ceux qui sont intéressés, vous pouvez contacter la Campana Montefiore, c'est ça, dans la région de Marche en Italie, et vous pouvez vous fournir de nombreuses plantes territoriales. Donc ça c'est un fournisseur. En termes de tissus, mes collaborateurs sont beaucoup en Afrique de l'Ouest. Je veux dire, il y en a la plupart. Il y en a que je commence à voir aussi en Côte d'Ivoire. Mais il y a aussi un producteur de tissus en Italie que je trouve admirable, qui a relancé la filière du chanvre. Parce que l'Italie était le deuxième producteur de chanvre mondiale au 19e. Quelque chose comme ça. Et donc, ils sont à Milan. Ça s'appelle Maecotesuti. Et du coup, ils font des tissus incroyables en chanvre mix aussi. Chanvre soie, chanvre laine, chanvre linque. Incroyable. Donc, je vous invite à jeter un... un coup d'œil et puis voilà il ya des nouveaux partenariats qui se créent mais je suis un peu comment dire où je fermais mo J'aime pas parler des choses qui sont pas encore actées, quoi.

  • Maïté Oucéni

    D'accord. Je voulais te demander, avec ton point de vue qui est très européen, très... et aussi afrique, enfin vraiment très large, est-ce que tu as un recul par rapport à la demande en teinture végétale, par exemple en Italie, ou est-ce que c'est... plus avancé qu'en France ? Est-ce que tu as des notions un peu de la demande en Europe ? Est-ce que c'est en train de prendre ? Est-ce que tu as plus de demandes ? Comment tu vois les choses avec ton regard beaucoup plus haut que la simple vision France ? Qu'est-ce que tu peux nous dire là-dessus ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    C'est compliqué, comme tous les invités que tu as eus. C'est compliqué. Je veux dire, il y a une entreprise en Italie qui a envie de développer plus de teinture naturelle, c'est Ratti, au lac de Caume. Je trouve que vraiment c'est une manufacture qui m'attire beaucoup parce que c'est vraiment entre l'industrialisation et l'artisanat et les techniques artisanales. Je sais qu'ils font beaucoup de recherche et développement, qu'ils sont intéressés par des techniques de teinture naturelle qui se passent en Afrique ou en Europe. Donc c'est plutôt bien de voir qu'il y a des grosses entreprises comme ça qui s'y intéressent, mais c'est quand même assez compliqué. Dès que je rencontre des clients, je ne travaille qu'avec la teinture naturelle, je ne veux pas du tout travailler avec du chimique et je dois vendre ça. Et ce n'est pas facile parce qu'on me dit mais non, mais ça ne tient pas Ça ne tient pas, c'est des fausses idées reçues, mais c'est juste qu'on ne connaît pas. Je pense qu'il y a une petite propagande qui s'est faite, il y a un moment qui continue à avoir de la force malheureusement. J'essaye de vendre la teinture naturelle, je suis contente parce que ça marche. Pan Africa se sont lancés dans l'aventure, j'ai plusieurs marques à Milan qui se lancent aussi.

  • Maïté Oucéni

    C'est quoi les arguments que tu leur donnes ? Est-ce que tu leur apportes des preuves avec des outils de mesure ? Ou c'est, comme tu dis, des marques qui se sont lancées et qui sont allées ? Dans ton argumentaire, est-ce que c'est plutôt des outils, des données ou des preuves par des marques ? Comment tu fais pour les convaincre ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    J'ai beaucoup d'expérience, je veux dire, ça fait quand même, ça fait pas si longtemps, mais ça fait quand même déjà quelques années que je fais de la teinture naturelle. Donc voilà, tout passe par le mordansage finalement. Et en fait, j'essaye d'expliquer à des collaborateurs qui ne sont pas des artisans, qui sont des commerçants, qui sont des businessmen, pourquoi une... La collaboration de l'année 2015 par exemple, ce n'est pas bien passé avec la technique du Bogolan ou avec une autre technique, et qu'il y a eu une commande et pas deux. Par exemple, quand je parlais du Bogolan, il n'y a que du tannin. Il n'y a que du tannin et il n'y a pas d'alin, de potassium. Le mordantage est incomplet. Donc j'essaye de parler à mes collaborateurs et de leur expliquer pourquoi. Et finalement, ils sont plutôt... ils accueillent mes... Mes remarques, mes suggestions, et ça, je trouve que j'ai de la chance de pouvoir avoir des interlocuteurs qui commencent à me faire confiance. Un coup, qui me mettent sur des projets et qui disent, bon, on avait un peu mis la teinture naturelle de côté, mais si tu as l'air de savoir ce que tu dis, on va essayer de faire du renforcement de capacité avec des communautés d'artisans pour essayer de promouvoir telle technique. telle autre technique de teinture naturelle, parce que c'est vrai que c'est des techniques qui sont à haut potentiel, autant en termes de matière textile que de couleur, et que ce serait dommage de passer à côté de ça, juste parce que les artisans en Côte d'Ivoire, au Bénin ou au Mali, n'ont pas reçu de formation sur le mordansage.

  • Maïté Oucéni

    D'accord. Du coup, c'est ce que j'allais te poser comme question, c'était comment tu transmets ce que tu apprends, etc. Donc toi, c'est vraiment via des conseils auprès de tes partenaires, via aussi la formation dont tu viens de parler. J'ai des petites questions rapides à te proposer. Pour toi, qui sont les personnes inspirantes et sources d'inspiration en teinture végétale ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Il y a beaucoup de personnes que j'admire. Le travail d'Abu Bakar Fofana, je le trouve juste admirable. Le travail de Betty de Paris, moi je suis fan de Betty de Paris. C'est une personne à chaque fois que je viens sur Paris que je vais visiter. Parce que je me reconnais pas mal en elle. J'aimerais bien être une femme comme elle, tard. Elle a beaucoup de persévérance, de courage. Et pareil, ça n'a pas été facile pour elle d'apprendre ces techniques-là qu'elle a appris au Japon. Je pense les fins des années 80 et puis elle est allée au Japon en allant voir des maîtres teinturiers et en leur demandant est-ce que vous pouvez m'apprendre ça ? Puis ils ont dit non on n'apprend pas ces techniques à l'étrangère et puis non on ne va pas te donner ça et puis en blague ils lui ont dit quand tu parleras le japonais tu reviendras. Et puis en fait c'est ce qu'elle a fait, elle est repartie, elle a appris le japonais, elle est retournée, puis elle a tout dit en japonais, puis ils étaient beaux jouets, ils ont dit bon bah elle a envie quoi. Donc elle a été formée par des grands maîtres japonais, et puis c'est impressionnant, elle a pari et elle a... Elle a plein de cul d'indigo, de soukoumo, on arrive chez elle, c'est embaumé de cette odeur. Et voilà, elle est admirable. Il y a peu de gens qui font cette technique-là. Je pense que c'est vraiment... Betty m'inspire tellement. M'inspire tellement.

  • Maïté Oucéni

    D'accord. Qui pour toi fait d'air aujourd'hui autour de la teinture végétale ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Artécobert.

  • Maïté Oucéni

    Ah, merci, on ne me l'avait jamais fait, celle-là.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    OK.

  • Maïté Oucéni

    Est-ce que tu as d'autres ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je ne trouve pas. Oui, il y a pas mal d'initiatives qui se sont créées, qui fédèrent, des invités que tu as déjà eus, des associations qui ont eu la formation, bien sûr. Qui fédère ? Je n'ai pas encore eu la chance. C'est dans ma to-do liste d'aller faire quelques workshops avec Michel Garcia, mais c'est une personne qui a l'air d'avoir un certain nombre d'initiatives. très bonne qualité en transmission, un peu d'acogie qui est vraiment accueillant. Et puis finalement, c'est pas si facile de trouver des bons formateurs. Il y a des gens qui ne révèlent pas. qui ne veulent pas vous accueillir, qui ne veulent pas vous révéler leur concret. Ils disent moi, ça m'a mis tant d'années à devenir maître ou à voir ça, je n'ai pas envie de te le donner Je dirais que Michel Garcia, oui. Je trouve que David Santandreux, on s'est eu au téléphone deux heures une fois, passionnant, j'ai envie d'aller au Maroc pour faire des formations avec lui. Oui,

  • Maïté Oucéni

    et en plus, il a aussi cette notion, David Santandreux, de plus gros volumes, de plus gros liens avec l'industrie textile, par exemple. Donc, c'est pas mal cette porte ouverte. Et je rebondis sur Michel Garcia. Tu travaillais beaucoup et tu affectionnes l'indigo. Et Michel, c'est quand même, dans ses épisodes, une de ses fiertés, c'est notamment cette cuve 1-2-3. d'Indigo qui a fait qu'il a proposé des cuves propres, hyper démocratisées en fait à pas mal de monde. Et donc je pense que oui, tu serais bien loti de faire une formation avec lui, notamment sur ce sujet-là. Ça me... Voilà, en écho, je trouvais ça intéressant de te le dire.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, parce qu'il y a des artisans avec qui je travaille au Mali qui m'ont dit, mais nous on connaît Michel Garcia, il est venu au Mali, et il a fait un échange, il me semble qu'il a fait une formation. Et j'ai appris ça il n'y a pas longtemps.

  • Maïté Oucéni

    Ah ouais, ça, il bouge partout. Oh bah top !

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je voulais parler d'un collectif en Italie qui a vu le jour il n'y a pas trop longtemps, qui s'appelle le Collettivo Tinto Ramadre et qui fédère quasiment tous les teinturiers pour la teinture végétale en Italie. On crée des événements, des rencontres, des workshops, des expos. Et vous pouvez les suivre sur Instagram. Donc ça, c'est une belle initiative.

  • Maïté Oucéni

    Oui, dont on doit s'inspirer, nous qui sommes un peu en France, un peu moins fédérés, on va dire, dans les constats que font les invités. En tout cas, c'est ce qui en ressort.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je voulais rebondir sur ce que tu fais, c'est vraiment une initiative super pour fédérer tous les gens de cette filière. Ça manquait en fait, donc vraiment merci.

  • Maïté Oucéni

    C'est gentil. C'est gentil. Alors du coup, dans ces questions, toujours, si tu étais une plante colorante, laquelle tu choisirais, laquelle tu serais et pourquoi ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Comme colorant, je serais l'indigo parce que... parce qu'elle pousse à la persévérance, à l'humilité. Vraiment, ce n'est pas facile. Elle demande des années de pratique. Ce n'est pas celui qui veut qui peut. Et donc, c'est une couleur qui me plaît, qui me fait du bien, qui est vibrante, qui profonde. et je sais qu'elle m'accompagnera toujours parce que ça fait quelques années que je suis dessus et en fait j'ai des choses que j'ai toujours pas compris quoi et des choses qui arrivent que je me dis j'aurais jamais fini de me former

  • Maïté Oucéni

    J'ai l'impression que c'est un peu ce qui ressort, c'est que la teinture végétale, on me dit souvent, ça t'apprend à rester humble parce qu'il y a tellement de techniques, tellement de maîtrise, tellement de sujets. Plus tu creuses, plus il y en a et en fait, tu n'as jamais vraiment fini de te former. Donc, dans ce sens-là, c'est hyper intéressant. Est-ce que tu peux nous dire quelle est ta fibre de prédilection à teinter ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Là... À mon niveau, j'expérimente sur pas mal de fibres. J'ai beaucoup expérimenté sur le coton, le coton du Mali. Mais en fait, durant mon projet de diplôme, j'avais travaillé uniquement avec de la soie et franchement, c'est canon. Ça révèle extrêmement bien les couleurs. La soie sauvage, l'organza, j'adore. Et finalement, le chanvre est quand même une fibre qui m'intéresse beaucoup parce qu'elle ne demande pas beaucoup de... d'eau. Donc je trouve que c'est une fibre très intéressante et quand justement on voit des entreprises comme Maeko qui arrivent à faire des mélanges et surtout j'ai des voiles de chanvre qui sont super fins, super délicats, super légers. Je trouve que le chanvre est une fibre au potentiel.

  • Maïté Oucéni

    D'accord, je ne sais pas si tu as entendu, mais il y a l'épisode de Mathieu Ebesen qui est sorti, je crois que c'était samedi, sur justement la filière chanvre en France qui est en train de redémarrer en Occitanie. Et en fait, il parlait de toutes les particularités agronomiques du chanvre, toutes ses utilisations, etc. Et le retour du chanvre dans la mode. Et cet épisode était très intéressant. Et du coup, je pense ouvrir à d'autres fabricants de fibres naturelles, parce qu'en fait, je pense que... Il faut vraiment inclure les fibres dans la couleur végétale parce que sans ces fibres, il n'y a pas de textile en teinture végétale. Donc oui, je suis complètement en raccord avec toi sur le chambre. Est-ce que Maïté, tu as des livres que tu voudrais nous recommander qui t'ont aidé, inspiré ou guidé dans ton parcours ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, alors comme tous les autres invités, je vais parler du monde des teintures naturelles de Dominique Cardon. Je voulais juste dire une chose sur Dominique Cardon, que vraiment, c'est une personne incroyable, qui fait un travail incroyable parce que dans mes recherches, dans les recherches que je fais sur... Sur les techniques traditionnelles d'Afrique de l'Ouest, là je travaille sur un projet pour le Bénin, et quand je dois choisir les plantes territoriales, les documents qui sont en libre accès sur le net, sur des sujets super précis, c'est Dominique Cardon. Donc merci beaucoup, c'est des recherches incroyables auxquelles on peut avoir accès. Merci Dominique. Sinon, en livre, oui, il y a... Pour vraiment approfondir des techniques de shibori, parce que j'en ai beaucoup parlé, il y a le livre de Jan Callender qui s'appelle Nui shibori, techniques, innovations et motifs design avec vraiment beaucoup de protocoles dessinés. C'est comme une notice, il y a les photos des productions, il y a des recettes. Elle ne fait pas trop de la teinture naturelle, mais je veux dire que sur les techniques de motif, c'est quand même super intéressant. Et puis ça nous permet avec ce livre-là de comprendre vraiment les bases et de transposer ces techniques dans notre propre univers graphique, avec nos propres actes. Donc ça c'est vraiment un livre que je conseille. Il y avait un livre que je t'avais conseillé il y a quelques mois que j'ai commencé à lire et qui est super, de François Jarig et Thomas Leroux, qui s'appelle La contamination du meuble, une histoire des pollutions à l'âge industriel Et en fait, ça met un peu une petite piqûre de rappel pour dire qu'à l'époque, parce qu'il y a un gros focus sur les industries artisanales de tannage. et pas que, mais beaucoup des teintures naturelles. Et qu'en fait, il ne faut pas oublier que ce n'est pas parce qu'on fait de la teinture naturelle que les déchets organiques qu'on génère doivent être jetés n'importe comment dans la nature et qu'ils ne peuvent pas impacter les écosystèmes. Donc, il faut vraiment... Parce qu'on lit vraiment de tout et n'importe quoi maintenant sur internet. Maintenant c'est devenu un outil de marketing énorme de faire de la teinture naturelle et tout. Mais en fait on ne pense pas au rejet. Et donc moi c'est quelque chose qui me préoccupe de savoir comment...

  • Maïté Oucéni

    Tu fais bien de le rappeler parce qu'effectivement, quand on se lance et puis après, on jette tout dans l'évier sans se rendre compte, sans réfléchir. Et donc, tu as raison de bien le rappeler, le recyclage des bains, de reneutraliser le pH, de faire attention à ce qu'on rejette. Attention à ne pas provoquer des variétés envahissantes. C'est ce qu'explique Marie Marquet dans son épisode en disant, oui, vous faites votre teinture, mais si vous rejetez les fruits dans votre compost, en fait, vous... vous ne faites pas attention et vous faites plus de mal entre guillemets que de bien. Donc, c'est très intéressant et c'est très important de le rappeler. J'avais... Ah pardon, excuse-moi.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Lui, alors, par contre, c'est une découverte. C'est un livre que j'ai en italien, que j'ai découvert dans une petite librairie de Liguria. Et en fait, c'est un... C'est le manuscrit d'un anonyme du 17ème siècle. C'est un manuscrit qui a été retrouvé. Ça s'appelle Trattato dei colori, l'opera secreta. C'est Traité des couleurs, l'œuvre secrète. Et en fait, c'est des recettes antiques. de couleurs, de peintures et de teintures avec toutes les plantes du bassin méditerranéen. Avec l'isatis, la garance, le pastel, la garance, la reseda. Et donc, je suis en train de le lire et je trouve ça incroyable. En plus d'un anonyme. C'est une zèle. C'est clair.

  • Maïté Oucéni

    Il laisse des infos, mais il n'a pas donné son nom. OK, super. Et bien alors du coup ma dernière question m'a été c'est à qui tu aimerais que j'aille passer le micro pour recueillir le témoignage de la personne que tu souhaiteras nommer ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Sans aucun doute, Betty de Paris.

  • Maïté Oucéni

    J'avais cru comprendre. Ok, écoute avec plaisir parce que je te dis, vous êtes plusieurs à m'en avoir parlé et j'avoue que c'est beaucoup de boulot le podcast et j'arrive pas à toujours suivre toutes les listes de personnes qu'on me recommande, mais je vais y contacter Betty de Paris. Bah écoute, super. Est-ce que tu as quelque chose que tu veux ajouter, un mot de la fin ou est-ce que c'est bon pour toi ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je ne saurais pas quoi dire. Merci beaucoup pour ce moment et merci pour ce que tu fais. C'est super.

  • Maïté Oucéni

    C'est sympa de le dire. Je coupe là. Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ARTECOVERT pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix. C'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale

Chapters

  • Introduction au podcast ArtEcoVert et présentation de Maïté Oucéni

    00:00

  • Parcours de Maïté Oucéni et son introduction à la teinture végétale

    00:44

  • Formations professionnelles et premières expériences en teinture naturelle

    01:03

  • Séjour au Mali et apprentissage des techniques de teinture traditionnelle

    03:41

  • Découverte du bogolan et des techniques de teinture au Mali

    06:26

  • Échanges sur l'artisanat numérique et son impact sur la teinture végétale

    10:20

  • Projets actuels et valorisation des techniques traditionnelles

    13:55

  • Collaboration avec la marque Panafrica et défis rencontrés

    17:02

  • Réflexions sur la demande de teinture végétale en Europe

    24:38

  • Livres et ressources recommandés par Maïté Oucéni

    39:52

  • Conclusion et remerciements

    52:53

Description

Dans cet épisode captivant du podcast ArtEcoVert, Pauline Leroux reçoit Maïté Oucéni, une designer textile passionnée par la teinture végétale. Ensemble, elles explorent l'univers fascinant des plantes tinctoriales, où tradition et innovation se rencontrent. Maïté, forte de son expérience, nous raconte son parcours unique, débutant avec la teinture naturelle aux côtés de Betty de Paris, pour ensuite se plonger dans les profondeurs de l’indigo japonais. Sa passion pour la couleur végétale l’a menée au Mali, où elle a eu l’opportunité d'apprendre des techniques de teinture traditionnelles, telles que le beau-golant, en collaboration avec des artisans locaux.


« La préservation des savoir-faire traditionnels est essentielle face aux défis de la modernité », souligne Maïté. Cet épisode met en lumière les enjeux cruciaux auxquels font face ces artisans, notamment en raison des changements socioculturels et politiques au Mali. Maïté partage ses réflexions sur l'importance de valoriser les colorants biosourcés et les pigments végétaux, tout en intégrant les nouvelles technologies dans les pratiques ancestrales de teinture naturelle.


En discutant de son engagement à promouvoir la teinture végétale durable, tant en Europe qu'en Afrique, Maïté nous parle de ses projets actuels, comme sa collaboration avec la marque Panafrica. Cette initiative vise à faire connaître les richesses de la couleur végétale à un public international, tout en soutenant les artisans locaux. Les défis sont nombreux, mais l'enthousiasme de Maïté pour les fibres naturelles et les colorants végétaux est contagieux.


Cet échange enrichissant nous invite à réfléchir aux liens entre l'artisanat et le design, ainsi qu'à l'importance de la préservation des couleurs de plantes pour les générations futures. Que vous soyez designer, artisan ou simplement passionné par la teinture naturelle, cet épisode vous apportera des insights précieux et vous inspirera à explorer davantage le monde des plantes tinctoriales.


N’hésitez pas à écouter cet épisode pour découvrir comment la teinture végétale peut transformer notre rapport à la couleur et à la nature. Pour en savoir plus sur Maïté et ses projets, rendez-vous sur ses réseaux sociaux et son site web. Belle écoute !


Pauline


🚀Si vous en voulez plus : 


⭐Plus de contenus, plus d'échanges, plus de partages, allez sur Patreon : https://www.patreon.com/ArtEcoVert 

👁️Instagram : @artecovert     

🎙️S'abonner à la newsletter du podcast : https://podcast.ausha.co/art-eco-vert?s=1 📩pauline.artecovert@gmail.com 

Linked in : 

👨‍👩‍👧‍👧 GROUPE DE LA COULEUR VEGETALE (Rejoignez nous c'est gratuit et intéressant) 

👤PROFIL PAULINE LEROUX 

🎨PROFIL ENTREPRISE ARTECOVERT 


🗝️ Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin nuances indigo


Bonne écoute


Pauline



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ARTECOVERT, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de Valette.

  • Maïté Oucéni

    Mon but,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    fédérer et démocratiser la couleur végétale dans mon livre. Alors c'est parti, bonne écoute. Alors donc bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast Maïté Oucéni. Bonjour Maïté.

  • Maïté Oucéni

    Bonjour Pauline.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors Maïté, est-ce que tu peux te présenter, nous raconter ton parcours et ce qui t'a amené aujourd'hui à la teinture végétale ?

  • Maïté Oucéni

    D'accord. Bonjour à tous, je m'appelle Maïdé Ousseini, je suis designer textile avec une spécialité dans la lenteur naturelle et je suis aussi consultante pour des projets de mode éthique et durable en lien avec l'Europe et surtout avec l'Afrique de l'Ouest. Qui m'a formée au tout début c'est Betty de Paris, elle s'appelle Betty Goldberg mais son nom d'artiste c'est Betty de Paris. C'est avec elle que j'ai fait mes premiers stages d'initiation à la teinture naturelle. Et puis après, j'ai fait des formations professionnelles en cuve d'indigo japonaise, avec le Sukumo, par fermentation bactérienne. Mais là, pour parler plus de mon parcours, j'ai étudié les arts appliqués. À Sèvres, dans la région parisienne, j'ai fait un BTS aussi en métier de la mode et du vêtement à Paris, donc plus prêt-à-porter féminin. Et ensuite, j'ai fait un diplôme des métiers d'art en artisanat textile, option artisanat numérique. Et c'est vraiment dans cette formation que j'ai eu mes premiers... Indirectement, une première rencontre avec la teinture naturelle, c'était par le biais d'un atelier. Il y a une intervenante qui était venue pour nous faire découvrir des techniques de design textile artisanal. Et on a expérimenté des techniques de motifs par réserve. Donc il y avait le shibori, l'itajime shibori, l'arashi shibori. Oui, l'arashi shibori. Et vraiment, j'ai été... Surprise, je suis tombée amoureuse des motifs, j'ai juste adoré. Par contre, les couleurs qu'on utilisait, d'innombre, les couleurs chimiques, rose fluo, jaune fluo, vert fluo, un peu moins. Et puis c'était la première année de ce DMA, il fallait réfléchir à trouver un stage. Il fallait réfléchir aussi à son projet de diplôme. Et là j'ai eu un peu un coup de cœur, donc par le biais de cet atelier, je me suis documentée et puis je suis un petit peu remontée aux origines de ces techniques et forcément je suis tombée sur les artisans du Japon, sur les Dogon, du Mali qui font beaucoup d'indigo avec des techniques de motifs par réserve qu'on appelle le ciréli là-bas. Et donc du coup, je me suis intéressée par le biais de l'indigo encore. J'ai découvert le travail d'Aboubakar Fofana, j'ai découvert le travail de Betty de Paris et j'ai commencé à les contacter les deux pour absolument obtenir un stage avec eux. Ce que j'ai pas réussi. C'était un peu compliqué. Abou Bakar, j'ai appris qu'il était plus à Paris, qu'il était définitivement au Mali. Et Betty, elle avait juste pas voulu à l'époque. Donc j'étais assez déterminée, donc je les ai pas lâchées, on va dire les deux. J'allais aux expositions de Betty, je lui disais cette fois-ci tu veux bien, et cette fois-ci tu veux bien. Non, mais du coup j'ai fait un stage d'initiation avec Betty. Et puis j'avais, voilà, et en fait en deuxième année de DMA, je m'étais présentée à un programme, le programme Voyager pour apprendre les métiers d'art, de la Fondation Culture et Diversité, qui permettait à des étudiants des métiers d'art de partir quatre mois, tout financé, dans un pays de leur choix, pour approfondir ou découvrir une technique de leur choix. Donc du coup j'avais réussi à rencontrer Aboubakar Fofana à Paris. Et je lui avais demandé, il était plutôt partant pour m'accueillir à Bamako. Et finalement, il n'a pas pu. Donc, j'ai cherché une coopérative de femmes à Bamako, une coopérative de teinturières à l'Indigo. Et en fait, c'était super parce que j'ai été sélectionnée dans les six lauréats pour faire cette expérience-là. Donc, je suis partie. C'était quatre mois de stage, mais j'ai décidé de rester six mois pour avoir un peu la possibilité de rencontrer d'autres artisans. Et l'expérience dans cette coopérative, ce n'est pas spécialement bien passé parce que je suis arrivée toute naïve. Toute naïve. Et en fait, ce n'était pas de l'indigo naturel. C'était complètement chic et ça se faisait passer pour du naturel. Donc, j'étais un petit peu... J'étais déçue, mais par contre j'ai réussi à apprendre beaucoup avec les artisans qui font le cirilli, c'est-à-dire le shibori, les techniques de motifs traditionnels. J'ai quand même eu des échanges. Et puis maintenant c'est un artisan avec qui je continue à collaborer donc c'est génial. Et voilà quand j'ai fini ces quatre mois là un petit peu triste ou net, j'ai eu la chance de rencontrer un de mes collaborateurs, Thomas Gassama, sur une belle colline de Bamako magnifique qui s'appelle la colline de Lhasa. Et c'est là que j'ai découvert la technique du beau-goulamp. Et là, pour le coup, tout était naturel. J'ai visité tout l'atelier, j'ai vu tous ces bagues de fermentation d'argile, ces bagues de teinture naturelle enrichies de plein d'intrants naturels comme de la cendre, comme des morceaux de fer. Et cette personne a été super accueillante et m'a dit Mais à partir d'aujourd'hui, si tu veux, tu viens tous les jours pour apprendre le beau-golant. Il ne m'a jamais rien demandé, il m'a tout donné, donc je suis très reconnaissante. Et donc pendant deux mois, j'étais avec lui à apprendre cette technique. Et au volant, c'est une technique de teinture naturelle et traditionnelle du Mali. C'est une technique qui est associée à l'ethnie Bambara, mais qui aujourd'hui est largement pratiquée par plein d'ethnies. Et c'était des tissus qui étaient très utilisés par les chasseurs avant. Puis maintenant, c'est utilisé par tout le monde. Et le principe, c'est de baigner son tissu de coton dans un bain de Ngalama. Donc, c'est l'anogéus leocarpus, un bouleau africain qui est super riche en tannins. Et donc, ce tissu devient jaune. Et par-dessus cette couleur, on vient appliquer différents dessins, symboles, soit à la main levée, soit à l'aide du pochoir, avec d'autres teintures végétales. Donc on utilise beaucoup le NPKU, qui est l'Anea microcarpa, c'est un arbre à raisins. Il y a aussi l'acacia, il y a le kangara, il y a le combretum glutinus perrottet, et puis il y a donc le bogo. Et donc le bogo, ça veut dire argile. et elle vient du fond du fleuve Niger. Donc en fait, on va à côté du fleuve Niger, on demande à des porteurs de sable, ceux qui prennent le sable pour les constructions, de dire Est-ce que tu peux me prendre un petit peu de beau eau, s'il te plaît, à la bonne saison ? Et puis il y va, il plonge, incroyable, et il te ramène de cette argile. Et cette argile, elle est riche en fer, donc finalement, ça crée des attaches. et ça se fixe très bien, c'est un mordant. Les parties qui ont cette argile deviennent noires et se fixent très bien. Tandis que les autres, dans un usage traditionnel, ça convient très bien. Souvent, c'est des tissus qu'on ne lave pas, c'est des tissus qu'on frappe, on enlève la poussière. Et en plus souvent les boubous c'est des vêtements très amples donc ça circule, il n'y a pas besoin spécialement de les laver. Cependant quand le beau Golan arrive dans un marché de mode international, là ça pose des problèmes pour le consommateur qui va lui vouloir le laver en machine, ce qui n'est déjà pas très recommandé pour des teintures naturelles, plus à la main mais quand même juste... Le engalama comme tannin qui va servir de fixateur n'est pas suffisant. Donc là c'est aussi quelque chose sur lequel je travaille avec les artisans pour permettre d'ouvrir des nouveaux marchés et donc de compléter ce mordant sage. T'as d'accord, ok.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Franchement, je te coupe là parce que tu as déjà dit plein de choses intéressantes sur lesquelles je voulais notamment qu'on revienne. Donc merci d'avoir plus raconté le beau Gauland parce que je n'avais pas toutes ces infos et ces anecdotes. Tu as parlé de plusieurs choses dans ton parcours où j'aimerais bien qu'on fasse des petits points. Tu as parlé d'artisanat numérique. Est-ce que tu peux m'expliquer ce que c'est que l'artisanat numérique ? Parce que j'avoue que là, ça ne me parle pas trop.

  • Maïté Oucéni

    Le terme qu'on utilise là-bas, mais finalement c'est assez simple, c'est qu'on développe, on crée des points entre le dessin traditionnel, le dessin vectoriel par exemple, Photoshop, Illustrator. Par exemple, on peut retranscrire, transposer des dessins. en numérique, en digital, sur Elucator. Et puis, en fait, on peut créer nos outils grâce à ça. Donc, on peut créer des pochoirs, on peut utiliser du coup la découpeuse laser, l'imprimante 3D pour façonner nos projets. D'accord. Pour créer un support de moulage, on pouvait passer par la modélisation 3D et imprimer cette forme avec l'imprimante 3D et la travailler en textile ensuite. C'était vraiment des va-et-vient entre les nouvelles technologies et l'artisanat traditionnel.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, donc ça c'était ma première petite question. Ensuite, tu as parlé de toutes les formes et tous les styles de teinture par réserve, de motif par réserve. Est-ce que tu peux revenir sur chacune d'entre elles parce que tu es allée super vite ? Est-ce que là-dessus, tu peux nous redétailler un petit peu ce que tu as dit dans ton parcours ?

  • Maïté Oucéni

    Oui, pour les teintures à réserve du Mali, c'est ce qu'on connaît avec le terme japonais shibori. C'est le fait de venir plier, coudre, nouer, ligaturer, compresser aussi le tissu pour créer des zones où la teinture ne parviendrait pas à s'infiltrer. Et... Et une fois que cette jeune sculpture a un volume qui est très beau, attaché, après le bain de teinture, quand on le laisse sécher et qu'on va ôter ses fils, il y a des motifs écrus qui apparaissent et qui créent des motifs qui me touchent beaucoup. Les réserves ne sont pas spécialement blanches si on vient teindre le tissu avant dans une couleur. Mais en tout cas, c'est ça, c'est ce qu'on appelle tie and die finalement. Et au Mali, ça se dit Cyrilie.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Cyrilie, j'avais noté, je ne savais pas. Ok, super. Donc, tu as cité deux personnes, donc Aboubakar Fofana, qu'on m'a plusieurs fois citée, et Betty de Paris, pareil, qu'on m'a citée. Il faudrait que je la contacte, en effet. Je voulais voir avec toi, du coup, aujourd'hui, tes activités. Donc, si je comprends, c'est dans tout ce qui est teinture naturelle, mais tu as quand même une... une volonté de développer les techniques de Beaugolant à l'international, si je comprends bien.

  • Maïté Oucéni

    Alors là, je travaille sur le Beaugolant, mais ce n'est pas que le Beaugolant. Mon objectif, c'est de cibler des techniques traditionnelles textiles d'Afrique et de les revaloriser et de les préserver. Parce que finalement, ce qu'on remarque quand on va... Moi, je suis allée au Mali, je ne suis pas allée au Mali, mais j'y ai vécu quand même trois ans. C'est que la jeunesse n'est plus intéressée pour faire ça. C'est trop traditionnel, on veut de la modernité, on aime les wax. On rejette ça et moi quand j'étais dans cette coopérative, il y avait aussi des jeunes femmes qui me voyaient avec les mains dans la cuve à faire tous ces travaux qui sont sales et qui disent que les cuves d'indigo ça pue. Moi j'adore, ils me disaient mais pourquoi tu fais ça ? Et puis aussi c'est qu'il y a beaucoup de tradition orale. Il y a beaucoup de choses qui ne s'écrivent pas. Nous, en Europe, on a quand même la chance d'avoir plein de manuscrits. Si on a envie de se mettre à la teinture végétale, il y a plein d'ouvrages à conseiller, à consulter. Tandis que, par exemple, au Mali, non. Alors, en fait, je trouve que c'est préoccupant parce que les modes de conservation changent. On veut revenir à l'artisanat, on veut revenir à des pratiques durables. Et finalement, l'Afrique a une réponse énorme face à ça. Et donc, il faut valoriser ces tissus. Il faut travailler au renforcement de capacités pour permettre à ces tissus d'arriver sur le marché international. Et donc il n'y a pas que le beaugolant. J'adore prospecter sur toutes les techniques, vraiment une enquête. Et je passe des semaines des fois à faire ça, à trouver des artisans, à trouver leurs contacts, à les appeler, à trouver des fédérations, à trouver des groupements pour savoir si la production se fait encore. Et essayer de proposer ces projets à mes collaborateurs, parce qu'il y en a différents. Et donc voilà, c'est pas que le Bogoland.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord,

  • Maïté Oucéni

    et alors ? Ce qui m'intéresse beaucoup, c'est vraiment de connecter avec plein d'artisans, mais pas que en Afrique. Mais du coup, c'est aussi ça mon travail de consultante, c'est mon réseau. D'accord, le réseau. Alors...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, excuse-moi, il y a un problème de réseau, du coup on est un petit peu en décalé, mais du coup Maïté, je voulais te demander, donc super transition, mais que tu présentes ton activité d'aujourd'hui, où tu es basée, depuis quand tu as créé ton activité, etc. Et que tu nous parles de cette vie un peu d'entrepreneur, mais avec toutes ces attaches africaines, ce que tu fais, tu dis que tu as parlé beaucoup de projets en Europe, en Afrique de l'Ouest. Est-ce que tout ça, tu peux nous le raconter ? Comment ça se passe pour toi ?

  • Maïté Oucéni

    Oui. Du coup, après cet échange que j'ai fait au Mali pendant six mois, je suis revenue un petit peu déboussolée de nos modes de production à nous. J'étais très touchée d'avoir été connectée vraiment. J'avais l'impression que j'étais connectée à l'origine des choses. Ce qu'on fait vraiment avec les mains, vraiment avec... Oui, à l'artisanat. Du coup, je suis repartie. Je suis restée quelques mois me poser des questions. Je suis repartie et je me suis dit, cette fois-ci, je prends mon sac à dos et je vais parcourir un petit peu les zones où je peux aller, où je peux me permettre d'aller au Mali, parce qu'il y a une situation politique assez compliquée. Donc, il faut faire attention. Et puis, j'ai prospecté. Je me suis fait un réseau pendant quasiment trois mois. Puis j'ai récolté des échantillons auprès de pas mal d'artisans, de groupements, d'associations. On a développé des prototypes pour voir si des idées que j'avais pouvaient se retranscrire avec les techniques. Des fois c'était possible, des fois c'était pas possible. Et donc finalement je me rendais pas spécialement compte, mais je me suis rendue compte à un moment que j'étais en train de créer une chaîne de production. Et... Et je me suis fait, enfin, remarqué, oui, par une agence de mode éthique. Il y avait aussi des initiatives au Mali. Elle s'appelle Ethical Fashion Initiative. Et c'est une agence des Nations Unies. Donc, ils font beaucoup de projets de développement liés aux techniques. textiles traditionnels et mettre en contact des communautés d'artisans avec des clients, des grands clients de la mode internationale, haut de gamme, du luxe. Donc à partir de là, moi je... Je suis revenue du Mali et je me suis rendue compte que c'était bête parce que l'indigo, ce qui m'avait fait venir au Mali, c'était un savoir-faire quasiment perdu. Il y a Abou Bakar qui en fait. Mais bon, c'est une personne qui voyage beaucoup, qui fait des formations aux États-Unis, c'est difficile de le rencontrer. Et donc, je trouvais ça dommage, mais pourtant, il y avait toutes les matières premières à disposition. pour faire des cuves d'indigo naturelles. Et c'est juste que les colorants de synthèse, ils ont fait oublier des parties des recettes. Alors il y a des ingrédients vraiment de la cuve traditionnelle que les artisans continuent à mettre, mais ils n'arrivent plus à avoir du bleu sans rajouter ces pigments synthétiques. Et puis voilà, donc c'est des cuves à l'hydrosulfite, à la soupe caustique, puis en fait il n'y a pas vraiment de station d'épuration, donc c'est rejeté dans les caniveaux, c'est des arbres. Je suis revenue en me disant que je devais comprendre comment au Mali, je pourrais remonter des cuves d'indigo naturelles. Betty de Paris, à ce moment-là, donnait une formation professionnelle de plusieurs semaines sur les cuves d'indigo à fermentation bactérienne. Du coup, je l'ai suivi et puis ça m'a donné pas mal de clés pour essayer de croiser ces différents savoir-faire, dire ok, quand je vais revenir au Mali, je vais transposer ces techniques avec les ingrédients à disposition et essayer de former les artisans avec qui je travaillais, notamment Thomas Gassama qui faisait du pogolan. Bon ben... Il y a eu le Covid entre temps, donc mon départ a été décalé il y a plusieurs mois. J'avais décidé d'y retourner, mais cette fois-ci d'aller y vivre et de monter mes entreprises. Donc j'y suis retournée. J'ai créé un génieux, un groupement d'intérêt économique avec plusieurs artisans. Ce génieux s'appelait Maota Studio. et avait pour but de fédérer différents artisans de la filière textile, autant hommes que femmes, pour créer au final des plumes. Du design textile, des œuvres d'art, du linge de maison, avec du coup mes designs, parce que je ne voulais pas reprendre les motifs traditionnels, parce que je considérais que ça ne m'appartenait pas. Mais je voulais utiliser les techniques surtout, les matières premières, pour proposer un univers nouveau. Donc voilà, il y avait des femmes assez gourdes qui faisaient la filature à la main, on appelle ça le fil phallique, le mind-pick. Il y avait beaucoup de tisserands peu, la Bamako qui faisait donc les petites bandes, les grandes bandes. Il y en avait d'autres encore à Ségou qui faisaient des tissus sur grand métier, d'une laisse de 120. Donc après il y avait mon collaborateur Thomas pour le Bogolan. Et puis je me suis rendu compte que c'est... Peut-être que ça demandait vachement de recherche et de développement pour l'indigo. Donc là, dans une logique de business, de production, il fallait que je mette ça de côté, l'indigo, en me disant bon, là, on se concentre sur le Bogolan parce que là, c'est beaucoup plus certain Mais voilà, j'ai quand même initié pas mal de projets au Mali. En fait, l'indigo, que je me faisais… venir et ils viennent du pays d'Ogon, des falaises, de Bandiagara, en fait ça devenait trop risqué malheureusement pour les habitants qui allaient récolter ces plantes parce que c'était, il y avait trop de jadistes du coup c'était trop risqué pour eux donc en fait je voulais plus leur demander d'aller me chercher d'un dibo. Avec un agriculteur que j'ai rencontré à Doulaï, on a réussi à avoir pas mal de graines d'indigo ferra arecta. C'est la plante indigo locale et on a cultivé de l'indigo à Katy, à quelques kilomètres de Bamako. C'était le projet. C'était un des projets en parallèle de développement. Donc voilà, on a développé un peu de production, de l'échantillonnage. Entre temps, j'ai postulé à plusieurs programmes avec Ethical Fashion Initiative. Je suis rentrée dans le Venture Studio, qui est des sessions de coaching avec des incubateurs pour développer bien son business model. Et ensuite, j'ai passé un autre concours et je suis rentrée dans le FI accélérateur. ouest africaine créative. Donc là, c'était quasiment sur deux ans, c'était super intensif, c'était vraiment sur la collection, il y avait pas mal de professionnels qui nous coachaient, c'était génial. Et malheureusement, j'ai eu un accident assez grave juste quelques mois plus tard. Et en fait, après cet accident, j'étais absolument plus apte physiquement ni psychologiquement à travailler. Et avec la situation politique sécuritaire, je pense que c'était un peu la goutte d'eau. Donc en fait, je suis partie en Italie. Donc ça fait un an et demi maintenant que j'habite en Italie avec mon compagnon. Et du coup, je suis allée pour me reposer et en fait, la situation politique est devenue de plus en plus catastrophique. Il y a eu un embargo total pendant des mois. Donc, il n'y avait même plus la possibilité de voyager, de prendre un avion, d'y retourner. Et puis, mes partenaires des Nations Unies m'ont dit Désolée, on ne peut plus on voyait qu'il n'y avait plus de paiement possible avec cet embargo. Donc ça a été un peu une grande remise en question. J'ai été un peu forcée de tout recommencer à zéro et de me dire, bon, on recommence différemment et peut-être que ce n'était pas plus mal avec le recul. Je me dis que c'était un peu forcé, mais que c'était la bonne décision.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et du coup, tu as tout repris à zéro depuis l'Italie, donc c'est là où tu es basée aujourd'hui ?

  • Maïté Oucéni

    Oui. Et donc, du coup, vas-y. Je suis dans l'Emilia-Romagna, à côté de Reggio Emilia. J'ai mon laboratoire là-bas. Et je recommence à travailler en tant que plus consultante, donc design textile. Consultante pour des projets de mode éthique et durable. Mais je ne touche pas en ce moment, ça fait un an et demi, je ne touche pas à la teinture. Moi, vraiment, j'ai fait beaucoup de récoltes parce que j'avais envie d'étudier un peu les plantes du bassin méditerranéen, les plantes tinctoriales européennes, parce que j'ai beaucoup étudié les plantes d'Afrique de l'Ouest. Et donc... Là, depuis septembre, j'ai recommencé à travailler en ayant une idée très claire, en me disant bon, j'ai laissé quand même pas mal d'investissements au Mali, je vais les récupérer, mais pour l'instant, je pense que c'est plutôt mon réseau qui peut me servir Donc j'avais commencé à semer des graines au début de cette expérience au Mali, j'avais contacté quelques marques parisiennes avec lesquelles je pouvais avoir des synergies, puis en fait, elles m'ont recontactée. en septembre en me disant on fait un projet je suis du coup j'ai ça m'a permis de de de me réconcilier avec le mali finalement l'âge de cette marque on peut la citer parce que j'ai félicite pour J'ai félicité pour leur courage, pour leur envie de faire bouger les choses dans le milieu de la mode. C'est la marque Panafrica, c'est une marque parisienne, qui se sont fait connaître pour des chaussures avec des tissus wax et des matériaux assez durables. Ils ont une production qui est quasiment exclusive ou exclusif en Afrique. Et puis, finalement, ils avaient envie de se tourner vers des tissus qui étaient encore plus africains. Et donc, cette technique du beau-golant, ils étaient très curieux. Et donc, on développe un projet avec un artisan de mon réseau qui a djenné. qui a été géné et qui fait du beau volant. On développe une édition limitée, une collection capsule d'écharpes. On développe les designs. Comment dire ? Je développe les designs de manière à ce que ça soit faisable avec la technique du beau-golant. Donc ça demande une connaissance de la technique, des gammes colorées, de ce qui est possible de faire, de ne pas faire. Moi je développe les pochoirs, on m'envoie tout là-bas, je donne les cahiers techniques. Et puis après je coordonne tout le projet jusqu'à réception des produits à Paris.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc cette collaboration c'est un peu un challenge parce que Djenné c'est une zone où moi j'ai complètement pas le droit d'aller. Je peux pas passer un barrage, on me dit vous retournez à Bamako madame, mais ça va pas à la tête. Donc c'est un challenge mais j'en suis fière parce qu'il y a vraiment des artisans talentueux au Mali. Et ils sont victimes de la situation politique qui se passe là-bas et puis il n'y a plus de touristes depuis des années. Et en fait, ils sont mis à mal et donc j'essaye de voir comment on peut continuer à collaborer dans des zones où on ne peut pas aller, où on ne peut pas aller les visiter. Et donc ça c'est un challenge mais je trouve ça très intéressant parce qu'on y arrive. On y arrive. Ouais. D'accord. Et donc, un projet qui sortira en octobre. Je vais sortir en octobre, donc je vous invite à tous aller voir cette collection capsule Pan Africa avec ce beau Golan du Mali. Cet atelier qui s'appelle Mali Mali de Alpha Moye et Kumare.

  • Maïté Oucéni

    Et du coup Maïté, dans tes partenaires, tu nous as expliqué ton réseau puissant au Mali. Est-ce que tu as d'autres partenaires en Italie ou plutôt dans... plusieurs pays, toi, vu ton histoire. Mais alors, du coup, je voulais savoir, pour tes partenaires, et puis pareil, partenaires, ça peut être aussi tes fournisseurs de matières premières, de tissus pour tester, etc. Est-ce que tu peux nous parler un peu de ton écosystème en Europe et en Afrique, du coup ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, alors donc je dirais qu'il y a plusieurs catégories de partenaires. Il y a plus les projets que je fais qui sont plus développement et mode. Donc on va dire qu'il y a des projets en cours avec cette agence qui s'appelle Ethical Fashion Initiative. Et il y a des projets qui vont continuer en Afrique de l'Ouest, pas au Mali mais au Bénin et au Burkina Faso. J'en dis pas plus. Donc ça, c'est un grand partenaire. Il y a cette marque Panafrica, je pense, avec qui on pourra continuer à faire des projets. Il y a pas mal de marques milanaises, puisque je suis en Italie, vraiment des stylistes africains qui sont très sensibles justement à cette démarche. qui ont envie de participer à valoriser ces textiles. Il y a comme partenaire, j'ai été formée aussi par Alexandro Butta, qui est un maître teinturier italien. Durant une résidence artistique que j'ai fait à Spoleto l'an dernier, qui était en collaboration avec la Fondation Sending. Et l'Ethical Fashion Initiative et la Malarelli Week Studio. Du coup, j'ai fait une partie de cette résidence dans l'Hacienda Agripol. C'est une ferme d'Alexandre Routa. Et en fait, c'est génial parce qu'il produit énormément de teintes tinctoriales. Énormément de la garance, de l'indigo, de la reseda, mais aussi... Le Scotano en français c'est l'arbre à perruque, c'est le sumac et encore plein d'autres. Donc en fait, pour ceux qui sont intéressés, vous pouvez contacter la Campana Montefiore, c'est ça, dans la région de Marche en Italie, et vous pouvez vous fournir de nombreuses plantes territoriales. Donc ça c'est un fournisseur. En termes de tissus, mes collaborateurs sont beaucoup en Afrique de l'Ouest. Je veux dire, il y en a la plupart. Il y en a que je commence à voir aussi en Côte d'Ivoire. Mais il y a aussi un producteur de tissus en Italie que je trouve admirable, qui a relancé la filière du chanvre. Parce que l'Italie était le deuxième producteur de chanvre mondiale au 19e. Quelque chose comme ça. Et donc, ils sont à Milan. Ça s'appelle Maecotesuti. Et du coup, ils font des tissus incroyables en chanvre mix aussi. Chanvre soie, chanvre laine, chanvre linque. Incroyable. Donc, je vous invite à jeter un... un coup d'œil et puis voilà il ya des nouveaux partenariats qui se créent mais je suis un peu comment dire où je fermais mo J'aime pas parler des choses qui sont pas encore actées, quoi.

  • Maïté Oucéni

    D'accord. Je voulais te demander, avec ton point de vue qui est très européen, très... et aussi afrique, enfin vraiment très large, est-ce que tu as un recul par rapport à la demande en teinture végétale, par exemple en Italie, ou est-ce que c'est... plus avancé qu'en France ? Est-ce que tu as des notions un peu de la demande en Europe ? Est-ce que c'est en train de prendre ? Est-ce que tu as plus de demandes ? Comment tu vois les choses avec ton regard beaucoup plus haut que la simple vision France ? Qu'est-ce que tu peux nous dire là-dessus ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    C'est compliqué, comme tous les invités que tu as eus. C'est compliqué. Je veux dire, il y a une entreprise en Italie qui a envie de développer plus de teinture naturelle, c'est Ratti, au lac de Caume. Je trouve que vraiment c'est une manufacture qui m'attire beaucoup parce que c'est vraiment entre l'industrialisation et l'artisanat et les techniques artisanales. Je sais qu'ils font beaucoup de recherche et développement, qu'ils sont intéressés par des techniques de teinture naturelle qui se passent en Afrique ou en Europe. Donc c'est plutôt bien de voir qu'il y a des grosses entreprises comme ça qui s'y intéressent, mais c'est quand même assez compliqué. Dès que je rencontre des clients, je ne travaille qu'avec la teinture naturelle, je ne veux pas du tout travailler avec du chimique et je dois vendre ça. Et ce n'est pas facile parce qu'on me dit mais non, mais ça ne tient pas Ça ne tient pas, c'est des fausses idées reçues, mais c'est juste qu'on ne connaît pas. Je pense qu'il y a une petite propagande qui s'est faite, il y a un moment qui continue à avoir de la force malheureusement. J'essaye de vendre la teinture naturelle, je suis contente parce que ça marche. Pan Africa se sont lancés dans l'aventure, j'ai plusieurs marques à Milan qui se lancent aussi.

  • Maïté Oucéni

    C'est quoi les arguments que tu leur donnes ? Est-ce que tu leur apportes des preuves avec des outils de mesure ? Ou c'est, comme tu dis, des marques qui se sont lancées et qui sont allées ? Dans ton argumentaire, est-ce que c'est plutôt des outils, des données ou des preuves par des marques ? Comment tu fais pour les convaincre ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    J'ai beaucoup d'expérience, je veux dire, ça fait quand même, ça fait pas si longtemps, mais ça fait quand même déjà quelques années que je fais de la teinture naturelle. Donc voilà, tout passe par le mordansage finalement. Et en fait, j'essaye d'expliquer à des collaborateurs qui ne sont pas des artisans, qui sont des commerçants, qui sont des businessmen, pourquoi une... La collaboration de l'année 2015 par exemple, ce n'est pas bien passé avec la technique du Bogolan ou avec une autre technique, et qu'il y a eu une commande et pas deux. Par exemple, quand je parlais du Bogolan, il n'y a que du tannin. Il n'y a que du tannin et il n'y a pas d'alin, de potassium. Le mordantage est incomplet. Donc j'essaye de parler à mes collaborateurs et de leur expliquer pourquoi. Et finalement, ils sont plutôt... ils accueillent mes... Mes remarques, mes suggestions, et ça, je trouve que j'ai de la chance de pouvoir avoir des interlocuteurs qui commencent à me faire confiance. Un coup, qui me mettent sur des projets et qui disent, bon, on avait un peu mis la teinture naturelle de côté, mais si tu as l'air de savoir ce que tu dis, on va essayer de faire du renforcement de capacité avec des communautés d'artisans pour essayer de promouvoir telle technique. telle autre technique de teinture naturelle, parce que c'est vrai que c'est des techniques qui sont à haut potentiel, autant en termes de matière textile que de couleur, et que ce serait dommage de passer à côté de ça, juste parce que les artisans en Côte d'Ivoire, au Bénin ou au Mali, n'ont pas reçu de formation sur le mordansage.

  • Maïté Oucéni

    D'accord. Du coup, c'est ce que j'allais te poser comme question, c'était comment tu transmets ce que tu apprends, etc. Donc toi, c'est vraiment via des conseils auprès de tes partenaires, via aussi la formation dont tu viens de parler. J'ai des petites questions rapides à te proposer. Pour toi, qui sont les personnes inspirantes et sources d'inspiration en teinture végétale ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Il y a beaucoup de personnes que j'admire. Le travail d'Abu Bakar Fofana, je le trouve juste admirable. Le travail de Betty de Paris, moi je suis fan de Betty de Paris. C'est une personne à chaque fois que je viens sur Paris que je vais visiter. Parce que je me reconnais pas mal en elle. J'aimerais bien être une femme comme elle, tard. Elle a beaucoup de persévérance, de courage. Et pareil, ça n'a pas été facile pour elle d'apprendre ces techniques-là qu'elle a appris au Japon. Je pense les fins des années 80 et puis elle est allée au Japon en allant voir des maîtres teinturiers et en leur demandant est-ce que vous pouvez m'apprendre ça ? Puis ils ont dit non on n'apprend pas ces techniques à l'étrangère et puis non on ne va pas te donner ça et puis en blague ils lui ont dit quand tu parleras le japonais tu reviendras. Et puis en fait c'est ce qu'elle a fait, elle est repartie, elle a appris le japonais, elle est retournée, puis elle a tout dit en japonais, puis ils étaient beaux jouets, ils ont dit bon bah elle a envie quoi. Donc elle a été formée par des grands maîtres japonais, et puis c'est impressionnant, elle a pari et elle a... Elle a plein de cul d'indigo, de soukoumo, on arrive chez elle, c'est embaumé de cette odeur. Et voilà, elle est admirable. Il y a peu de gens qui font cette technique-là. Je pense que c'est vraiment... Betty m'inspire tellement. M'inspire tellement.

  • Maïté Oucéni

    D'accord. Qui pour toi fait d'air aujourd'hui autour de la teinture végétale ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Artécobert.

  • Maïté Oucéni

    Ah, merci, on ne me l'avait jamais fait, celle-là.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    OK.

  • Maïté Oucéni

    Est-ce que tu as d'autres ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je ne trouve pas. Oui, il y a pas mal d'initiatives qui se sont créées, qui fédèrent, des invités que tu as déjà eus, des associations qui ont eu la formation, bien sûr. Qui fédère ? Je n'ai pas encore eu la chance. C'est dans ma to-do liste d'aller faire quelques workshops avec Michel Garcia, mais c'est une personne qui a l'air d'avoir un certain nombre d'initiatives. très bonne qualité en transmission, un peu d'acogie qui est vraiment accueillant. Et puis finalement, c'est pas si facile de trouver des bons formateurs. Il y a des gens qui ne révèlent pas. qui ne veulent pas vous accueillir, qui ne veulent pas vous révéler leur concret. Ils disent moi, ça m'a mis tant d'années à devenir maître ou à voir ça, je n'ai pas envie de te le donner Je dirais que Michel Garcia, oui. Je trouve que David Santandreux, on s'est eu au téléphone deux heures une fois, passionnant, j'ai envie d'aller au Maroc pour faire des formations avec lui. Oui,

  • Maïté Oucéni

    et en plus, il a aussi cette notion, David Santandreux, de plus gros volumes, de plus gros liens avec l'industrie textile, par exemple. Donc, c'est pas mal cette porte ouverte. Et je rebondis sur Michel Garcia. Tu travaillais beaucoup et tu affectionnes l'indigo. Et Michel, c'est quand même, dans ses épisodes, une de ses fiertés, c'est notamment cette cuve 1-2-3. d'Indigo qui a fait qu'il a proposé des cuves propres, hyper démocratisées en fait à pas mal de monde. Et donc je pense que oui, tu serais bien loti de faire une formation avec lui, notamment sur ce sujet-là. Ça me... Voilà, en écho, je trouvais ça intéressant de te le dire.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, parce qu'il y a des artisans avec qui je travaille au Mali qui m'ont dit, mais nous on connaît Michel Garcia, il est venu au Mali, et il a fait un échange, il me semble qu'il a fait une formation. Et j'ai appris ça il n'y a pas longtemps.

  • Maïté Oucéni

    Ah ouais, ça, il bouge partout. Oh bah top !

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je voulais parler d'un collectif en Italie qui a vu le jour il n'y a pas trop longtemps, qui s'appelle le Collettivo Tinto Ramadre et qui fédère quasiment tous les teinturiers pour la teinture végétale en Italie. On crée des événements, des rencontres, des workshops, des expos. Et vous pouvez les suivre sur Instagram. Donc ça, c'est une belle initiative.

  • Maïté Oucéni

    Oui, dont on doit s'inspirer, nous qui sommes un peu en France, un peu moins fédérés, on va dire, dans les constats que font les invités. En tout cas, c'est ce qui en ressort.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je voulais rebondir sur ce que tu fais, c'est vraiment une initiative super pour fédérer tous les gens de cette filière. Ça manquait en fait, donc vraiment merci.

  • Maïté Oucéni

    C'est gentil. C'est gentil. Alors du coup, dans ces questions, toujours, si tu étais une plante colorante, laquelle tu choisirais, laquelle tu serais et pourquoi ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Comme colorant, je serais l'indigo parce que... parce qu'elle pousse à la persévérance, à l'humilité. Vraiment, ce n'est pas facile. Elle demande des années de pratique. Ce n'est pas celui qui veut qui peut. Et donc, c'est une couleur qui me plaît, qui me fait du bien, qui est vibrante, qui profonde. et je sais qu'elle m'accompagnera toujours parce que ça fait quelques années que je suis dessus et en fait j'ai des choses que j'ai toujours pas compris quoi et des choses qui arrivent que je me dis j'aurais jamais fini de me former

  • Maïté Oucéni

    J'ai l'impression que c'est un peu ce qui ressort, c'est que la teinture végétale, on me dit souvent, ça t'apprend à rester humble parce qu'il y a tellement de techniques, tellement de maîtrise, tellement de sujets. Plus tu creuses, plus il y en a et en fait, tu n'as jamais vraiment fini de te former. Donc, dans ce sens-là, c'est hyper intéressant. Est-ce que tu peux nous dire quelle est ta fibre de prédilection à teinter ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Là... À mon niveau, j'expérimente sur pas mal de fibres. J'ai beaucoup expérimenté sur le coton, le coton du Mali. Mais en fait, durant mon projet de diplôme, j'avais travaillé uniquement avec de la soie et franchement, c'est canon. Ça révèle extrêmement bien les couleurs. La soie sauvage, l'organza, j'adore. Et finalement, le chanvre est quand même une fibre qui m'intéresse beaucoup parce qu'elle ne demande pas beaucoup de... d'eau. Donc je trouve que c'est une fibre très intéressante et quand justement on voit des entreprises comme Maeko qui arrivent à faire des mélanges et surtout j'ai des voiles de chanvre qui sont super fins, super délicats, super légers. Je trouve que le chanvre est une fibre au potentiel.

  • Maïté Oucéni

    D'accord, je ne sais pas si tu as entendu, mais il y a l'épisode de Mathieu Ebesen qui est sorti, je crois que c'était samedi, sur justement la filière chanvre en France qui est en train de redémarrer en Occitanie. Et en fait, il parlait de toutes les particularités agronomiques du chanvre, toutes ses utilisations, etc. Et le retour du chanvre dans la mode. Et cet épisode était très intéressant. Et du coup, je pense ouvrir à d'autres fabricants de fibres naturelles, parce qu'en fait, je pense que... Il faut vraiment inclure les fibres dans la couleur végétale parce que sans ces fibres, il n'y a pas de textile en teinture végétale. Donc oui, je suis complètement en raccord avec toi sur le chambre. Est-ce que Maïté, tu as des livres que tu voudrais nous recommander qui t'ont aidé, inspiré ou guidé dans ton parcours ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, alors comme tous les autres invités, je vais parler du monde des teintures naturelles de Dominique Cardon. Je voulais juste dire une chose sur Dominique Cardon, que vraiment, c'est une personne incroyable, qui fait un travail incroyable parce que dans mes recherches, dans les recherches que je fais sur... Sur les techniques traditionnelles d'Afrique de l'Ouest, là je travaille sur un projet pour le Bénin, et quand je dois choisir les plantes territoriales, les documents qui sont en libre accès sur le net, sur des sujets super précis, c'est Dominique Cardon. Donc merci beaucoup, c'est des recherches incroyables auxquelles on peut avoir accès. Merci Dominique. Sinon, en livre, oui, il y a... Pour vraiment approfondir des techniques de shibori, parce que j'en ai beaucoup parlé, il y a le livre de Jan Callender qui s'appelle Nui shibori, techniques, innovations et motifs design avec vraiment beaucoup de protocoles dessinés. C'est comme une notice, il y a les photos des productions, il y a des recettes. Elle ne fait pas trop de la teinture naturelle, mais je veux dire que sur les techniques de motif, c'est quand même super intéressant. Et puis ça nous permet avec ce livre-là de comprendre vraiment les bases et de transposer ces techniques dans notre propre univers graphique, avec nos propres actes. Donc ça c'est vraiment un livre que je conseille. Il y avait un livre que je t'avais conseillé il y a quelques mois que j'ai commencé à lire et qui est super, de François Jarig et Thomas Leroux, qui s'appelle La contamination du meuble, une histoire des pollutions à l'âge industriel Et en fait, ça met un peu une petite piqûre de rappel pour dire qu'à l'époque, parce qu'il y a un gros focus sur les industries artisanales de tannage. et pas que, mais beaucoup des teintures naturelles. Et qu'en fait, il ne faut pas oublier que ce n'est pas parce qu'on fait de la teinture naturelle que les déchets organiques qu'on génère doivent être jetés n'importe comment dans la nature et qu'ils ne peuvent pas impacter les écosystèmes. Donc, il faut vraiment... Parce qu'on lit vraiment de tout et n'importe quoi maintenant sur internet. Maintenant c'est devenu un outil de marketing énorme de faire de la teinture naturelle et tout. Mais en fait on ne pense pas au rejet. Et donc moi c'est quelque chose qui me préoccupe de savoir comment...

  • Maïté Oucéni

    Tu fais bien de le rappeler parce qu'effectivement, quand on se lance et puis après, on jette tout dans l'évier sans se rendre compte, sans réfléchir. Et donc, tu as raison de bien le rappeler, le recyclage des bains, de reneutraliser le pH, de faire attention à ce qu'on rejette. Attention à ne pas provoquer des variétés envahissantes. C'est ce qu'explique Marie Marquet dans son épisode en disant, oui, vous faites votre teinture, mais si vous rejetez les fruits dans votre compost, en fait, vous... vous ne faites pas attention et vous faites plus de mal entre guillemets que de bien. Donc, c'est très intéressant et c'est très important de le rappeler. J'avais... Ah pardon, excuse-moi.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Lui, alors, par contre, c'est une découverte. C'est un livre que j'ai en italien, que j'ai découvert dans une petite librairie de Liguria. Et en fait, c'est un... C'est le manuscrit d'un anonyme du 17ème siècle. C'est un manuscrit qui a été retrouvé. Ça s'appelle Trattato dei colori, l'opera secreta. C'est Traité des couleurs, l'œuvre secrète. Et en fait, c'est des recettes antiques. de couleurs, de peintures et de teintures avec toutes les plantes du bassin méditerranéen. Avec l'isatis, la garance, le pastel, la garance, la reseda. Et donc, je suis en train de le lire et je trouve ça incroyable. En plus d'un anonyme. C'est une zèle. C'est clair.

  • Maïté Oucéni

    Il laisse des infos, mais il n'a pas donné son nom. OK, super. Et bien alors du coup ma dernière question m'a été c'est à qui tu aimerais que j'aille passer le micro pour recueillir le témoignage de la personne que tu souhaiteras nommer ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Sans aucun doute, Betty de Paris.

  • Maïté Oucéni

    J'avais cru comprendre. Ok, écoute avec plaisir parce que je te dis, vous êtes plusieurs à m'en avoir parlé et j'avoue que c'est beaucoup de boulot le podcast et j'arrive pas à toujours suivre toutes les listes de personnes qu'on me recommande, mais je vais y contacter Betty de Paris. Bah écoute, super. Est-ce que tu as quelque chose que tu veux ajouter, un mot de la fin ou est-ce que c'est bon pour toi ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je ne saurais pas quoi dire. Merci beaucoup pour ce moment et merci pour ce que tu fais. C'est super.

  • Maïté Oucéni

    C'est sympa de le dire. Je coupe là. Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ARTECOVERT pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix. C'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale

Chapters

  • Introduction au podcast ArtEcoVert et présentation de Maïté Oucéni

    00:00

  • Parcours de Maïté Oucéni et son introduction à la teinture végétale

    00:44

  • Formations professionnelles et premières expériences en teinture naturelle

    01:03

  • Séjour au Mali et apprentissage des techniques de teinture traditionnelle

    03:41

  • Découverte du bogolan et des techniques de teinture au Mali

    06:26

  • Échanges sur l'artisanat numérique et son impact sur la teinture végétale

    10:20

  • Projets actuels et valorisation des techniques traditionnelles

    13:55

  • Collaboration avec la marque Panafrica et défis rencontrés

    17:02

  • Réflexions sur la demande de teinture végétale en Europe

    24:38

  • Livres et ressources recommandés par Maïté Oucéni

    39:52

  • Conclusion et remerciements

    52:53

Share

Embed

You may also like

Description

Dans cet épisode captivant du podcast ArtEcoVert, Pauline Leroux reçoit Maïté Oucéni, une designer textile passionnée par la teinture végétale. Ensemble, elles explorent l'univers fascinant des plantes tinctoriales, où tradition et innovation se rencontrent. Maïté, forte de son expérience, nous raconte son parcours unique, débutant avec la teinture naturelle aux côtés de Betty de Paris, pour ensuite se plonger dans les profondeurs de l’indigo japonais. Sa passion pour la couleur végétale l’a menée au Mali, où elle a eu l’opportunité d'apprendre des techniques de teinture traditionnelles, telles que le beau-golant, en collaboration avec des artisans locaux.


« La préservation des savoir-faire traditionnels est essentielle face aux défis de la modernité », souligne Maïté. Cet épisode met en lumière les enjeux cruciaux auxquels font face ces artisans, notamment en raison des changements socioculturels et politiques au Mali. Maïté partage ses réflexions sur l'importance de valoriser les colorants biosourcés et les pigments végétaux, tout en intégrant les nouvelles technologies dans les pratiques ancestrales de teinture naturelle.


En discutant de son engagement à promouvoir la teinture végétale durable, tant en Europe qu'en Afrique, Maïté nous parle de ses projets actuels, comme sa collaboration avec la marque Panafrica. Cette initiative vise à faire connaître les richesses de la couleur végétale à un public international, tout en soutenant les artisans locaux. Les défis sont nombreux, mais l'enthousiasme de Maïté pour les fibres naturelles et les colorants végétaux est contagieux.


Cet échange enrichissant nous invite à réfléchir aux liens entre l'artisanat et le design, ainsi qu'à l'importance de la préservation des couleurs de plantes pour les générations futures. Que vous soyez designer, artisan ou simplement passionné par la teinture naturelle, cet épisode vous apportera des insights précieux et vous inspirera à explorer davantage le monde des plantes tinctoriales.


N’hésitez pas à écouter cet épisode pour découvrir comment la teinture végétale peut transformer notre rapport à la couleur et à la nature. Pour en savoir plus sur Maïté et ses projets, rendez-vous sur ses réseaux sociaux et son site web. Belle écoute !


Pauline


🚀Si vous en voulez plus : 


⭐Plus de contenus, plus d'échanges, plus de partages, allez sur Patreon : https://www.patreon.com/ArtEcoVert 

👁️Instagram : @artecovert     

🎙️S'abonner à la newsletter du podcast : https://podcast.ausha.co/art-eco-vert?s=1 📩pauline.artecovert@gmail.com 

Linked in : 

👨‍👩‍👧‍👧 GROUPE DE LA COULEUR VEGETALE (Rejoignez nous c'est gratuit et intéressant) 

👤PROFIL PAULINE LEROUX 

🎨PROFIL ENTREPRISE ARTECOVERT 


🗝️ Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin nuances indigo


Bonne écoute


Pauline



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ARTECOVERT, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de Valette.

  • Maïté Oucéni

    Mon but,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    fédérer et démocratiser la couleur végétale dans mon livre. Alors c'est parti, bonne écoute. Alors donc bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast Maïté Oucéni. Bonjour Maïté.

  • Maïté Oucéni

    Bonjour Pauline.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors Maïté, est-ce que tu peux te présenter, nous raconter ton parcours et ce qui t'a amené aujourd'hui à la teinture végétale ?

  • Maïté Oucéni

    D'accord. Bonjour à tous, je m'appelle Maïdé Ousseini, je suis designer textile avec une spécialité dans la lenteur naturelle et je suis aussi consultante pour des projets de mode éthique et durable en lien avec l'Europe et surtout avec l'Afrique de l'Ouest. Qui m'a formée au tout début c'est Betty de Paris, elle s'appelle Betty Goldberg mais son nom d'artiste c'est Betty de Paris. C'est avec elle que j'ai fait mes premiers stages d'initiation à la teinture naturelle. Et puis après, j'ai fait des formations professionnelles en cuve d'indigo japonaise, avec le Sukumo, par fermentation bactérienne. Mais là, pour parler plus de mon parcours, j'ai étudié les arts appliqués. À Sèvres, dans la région parisienne, j'ai fait un BTS aussi en métier de la mode et du vêtement à Paris, donc plus prêt-à-porter féminin. Et ensuite, j'ai fait un diplôme des métiers d'art en artisanat textile, option artisanat numérique. Et c'est vraiment dans cette formation que j'ai eu mes premiers... Indirectement, une première rencontre avec la teinture naturelle, c'était par le biais d'un atelier. Il y a une intervenante qui était venue pour nous faire découvrir des techniques de design textile artisanal. Et on a expérimenté des techniques de motifs par réserve. Donc il y avait le shibori, l'itajime shibori, l'arashi shibori. Oui, l'arashi shibori. Et vraiment, j'ai été... Surprise, je suis tombée amoureuse des motifs, j'ai juste adoré. Par contre, les couleurs qu'on utilisait, d'innombre, les couleurs chimiques, rose fluo, jaune fluo, vert fluo, un peu moins. Et puis c'était la première année de ce DMA, il fallait réfléchir à trouver un stage. Il fallait réfléchir aussi à son projet de diplôme. Et là j'ai eu un peu un coup de cœur, donc par le biais de cet atelier, je me suis documentée et puis je suis un petit peu remontée aux origines de ces techniques et forcément je suis tombée sur les artisans du Japon, sur les Dogon, du Mali qui font beaucoup d'indigo avec des techniques de motifs par réserve qu'on appelle le ciréli là-bas. Et donc du coup, je me suis intéressée par le biais de l'indigo encore. J'ai découvert le travail d'Aboubakar Fofana, j'ai découvert le travail de Betty de Paris et j'ai commencé à les contacter les deux pour absolument obtenir un stage avec eux. Ce que j'ai pas réussi. C'était un peu compliqué. Abou Bakar, j'ai appris qu'il était plus à Paris, qu'il était définitivement au Mali. Et Betty, elle avait juste pas voulu à l'époque. Donc j'étais assez déterminée, donc je les ai pas lâchées, on va dire les deux. J'allais aux expositions de Betty, je lui disais cette fois-ci tu veux bien, et cette fois-ci tu veux bien. Non, mais du coup j'ai fait un stage d'initiation avec Betty. Et puis j'avais, voilà, et en fait en deuxième année de DMA, je m'étais présentée à un programme, le programme Voyager pour apprendre les métiers d'art, de la Fondation Culture et Diversité, qui permettait à des étudiants des métiers d'art de partir quatre mois, tout financé, dans un pays de leur choix, pour approfondir ou découvrir une technique de leur choix. Donc du coup j'avais réussi à rencontrer Aboubakar Fofana à Paris. Et je lui avais demandé, il était plutôt partant pour m'accueillir à Bamako. Et finalement, il n'a pas pu. Donc, j'ai cherché une coopérative de femmes à Bamako, une coopérative de teinturières à l'Indigo. Et en fait, c'était super parce que j'ai été sélectionnée dans les six lauréats pour faire cette expérience-là. Donc, je suis partie. C'était quatre mois de stage, mais j'ai décidé de rester six mois pour avoir un peu la possibilité de rencontrer d'autres artisans. Et l'expérience dans cette coopérative, ce n'est pas spécialement bien passé parce que je suis arrivée toute naïve. Toute naïve. Et en fait, ce n'était pas de l'indigo naturel. C'était complètement chic et ça se faisait passer pour du naturel. Donc, j'étais un petit peu... J'étais déçue, mais par contre j'ai réussi à apprendre beaucoup avec les artisans qui font le cirilli, c'est-à-dire le shibori, les techniques de motifs traditionnels. J'ai quand même eu des échanges. Et puis maintenant c'est un artisan avec qui je continue à collaborer donc c'est génial. Et voilà quand j'ai fini ces quatre mois là un petit peu triste ou net, j'ai eu la chance de rencontrer un de mes collaborateurs, Thomas Gassama, sur une belle colline de Bamako magnifique qui s'appelle la colline de Lhasa. Et c'est là que j'ai découvert la technique du beau-goulamp. Et là, pour le coup, tout était naturel. J'ai visité tout l'atelier, j'ai vu tous ces bagues de fermentation d'argile, ces bagues de teinture naturelle enrichies de plein d'intrants naturels comme de la cendre, comme des morceaux de fer. Et cette personne a été super accueillante et m'a dit Mais à partir d'aujourd'hui, si tu veux, tu viens tous les jours pour apprendre le beau-golant. Il ne m'a jamais rien demandé, il m'a tout donné, donc je suis très reconnaissante. Et donc pendant deux mois, j'étais avec lui à apprendre cette technique. Et au volant, c'est une technique de teinture naturelle et traditionnelle du Mali. C'est une technique qui est associée à l'ethnie Bambara, mais qui aujourd'hui est largement pratiquée par plein d'ethnies. Et c'était des tissus qui étaient très utilisés par les chasseurs avant. Puis maintenant, c'est utilisé par tout le monde. Et le principe, c'est de baigner son tissu de coton dans un bain de Ngalama. Donc, c'est l'anogéus leocarpus, un bouleau africain qui est super riche en tannins. Et donc, ce tissu devient jaune. Et par-dessus cette couleur, on vient appliquer différents dessins, symboles, soit à la main levée, soit à l'aide du pochoir, avec d'autres teintures végétales. Donc on utilise beaucoup le NPKU, qui est l'Anea microcarpa, c'est un arbre à raisins. Il y a aussi l'acacia, il y a le kangara, il y a le combretum glutinus perrottet, et puis il y a donc le bogo. Et donc le bogo, ça veut dire argile. et elle vient du fond du fleuve Niger. Donc en fait, on va à côté du fleuve Niger, on demande à des porteurs de sable, ceux qui prennent le sable pour les constructions, de dire Est-ce que tu peux me prendre un petit peu de beau eau, s'il te plaît, à la bonne saison ? Et puis il y va, il plonge, incroyable, et il te ramène de cette argile. Et cette argile, elle est riche en fer, donc finalement, ça crée des attaches. et ça se fixe très bien, c'est un mordant. Les parties qui ont cette argile deviennent noires et se fixent très bien. Tandis que les autres, dans un usage traditionnel, ça convient très bien. Souvent, c'est des tissus qu'on ne lave pas, c'est des tissus qu'on frappe, on enlève la poussière. Et en plus souvent les boubous c'est des vêtements très amples donc ça circule, il n'y a pas besoin spécialement de les laver. Cependant quand le beau Golan arrive dans un marché de mode international, là ça pose des problèmes pour le consommateur qui va lui vouloir le laver en machine, ce qui n'est déjà pas très recommandé pour des teintures naturelles, plus à la main mais quand même juste... Le engalama comme tannin qui va servir de fixateur n'est pas suffisant. Donc là c'est aussi quelque chose sur lequel je travaille avec les artisans pour permettre d'ouvrir des nouveaux marchés et donc de compléter ce mordant sage. T'as d'accord, ok.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Franchement, je te coupe là parce que tu as déjà dit plein de choses intéressantes sur lesquelles je voulais notamment qu'on revienne. Donc merci d'avoir plus raconté le beau Gauland parce que je n'avais pas toutes ces infos et ces anecdotes. Tu as parlé de plusieurs choses dans ton parcours où j'aimerais bien qu'on fasse des petits points. Tu as parlé d'artisanat numérique. Est-ce que tu peux m'expliquer ce que c'est que l'artisanat numérique ? Parce que j'avoue que là, ça ne me parle pas trop.

  • Maïté Oucéni

    Le terme qu'on utilise là-bas, mais finalement c'est assez simple, c'est qu'on développe, on crée des points entre le dessin traditionnel, le dessin vectoriel par exemple, Photoshop, Illustrator. Par exemple, on peut retranscrire, transposer des dessins. en numérique, en digital, sur Elucator. Et puis, en fait, on peut créer nos outils grâce à ça. Donc, on peut créer des pochoirs, on peut utiliser du coup la découpeuse laser, l'imprimante 3D pour façonner nos projets. D'accord. Pour créer un support de moulage, on pouvait passer par la modélisation 3D et imprimer cette forme avec l'imprimante 3D et la travailler en textile ensuite. C'était vraiment des va-et-vient entre les nouvelles technologies et l'artisanat traditionnel.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, donc ça c'était ma première petite question. Ensuite, tu as parlé de toutes les formes et tous les styles de teinture par réserve, de motif par réserve. Est-ce que tu peux revenir sur chacune d'entre elles parce que tu es allée super vite ? Est-ce que là-dessus, tu peux nous redétailler un petit peu ce que tu as dit dans ton parcours ?

  • Maïté Oucéni

    Oui, pour les teintures à réserve du Mali, c'est ce qu'on connaît avec le terme japonais shibori. C'est le fait de venir plier, coudre, nouer, ligaturer, compresser aussi le tissu pour créer des zones où la teinture ne parviendrait pas à s'infiltrer. Et... Et une fois que cette jeune sculpture a un volume qui est très beau, attaché, après le bain de teinture, quand on le laisse sécher et qu'on va ôter ses fils, il y a des motifs écrus qui apparaissent et qui créent des motifs qui me touchent beaucoup. Les réserves ne sont pas spécialement blanches si on vient teindre le tissu avant dans une couleur. Mais en tout cas, c'est ça, c'est ce qu'on appelle tie and die finalement. Et au Mali, ça se dit Cyrilie.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Cyrilie, j'avais noté, je ne savais pas. Ok, super. Donc, tu as cité deux personnes, donc Aboubakar Fofana, qu'on m'a plusieurs fois citée, et Betty de Paris, pareil, qu'on m'a citée. Il faudrait que je la contacte, en effet. Je voulais voir avec toi, du coup, aujourd'hui, tes activités. Donc, si je comprends, c'est dans tout ce qui est teinture naturelle, mais tu as quand même une... une volonté de développer les techniques de Beaugolant à l'international, si je comprends bien.

  • Maïté Oucéni

    Alors là, je travaille sur le Beaugolant, mais ce n'est pas que le Beaugolant. Mon objectif, c'est de cibler des techniques traditionnelles textiles d'Afrique et de les revaloriser et de les préserver. Parce que finalement, ce qu'on remarque quand on va... Moi, je suis allée au Mali, je ne suis pas allée au Mali, mais j'y ai vécu quand même trois ans. C'est que la jeunesse n'est plus intéressée pour faire ça. C'est trop traditionnel, on veut de la modernité, on aime les wax. On rejette ça et moi quand j'étais dans cette coopérative, il y avait aussi des jeunes femmes qui me voyaient avec les mains dans la cuve à faire tous ces travaux qui sont sales et qui disent que les cuves d'indigo ça pue. Moi j'adore, ils me disaient mais pourquoi tu fais ça ? Et puis aussi c'est qu'il y a beaucoup de tradition orale. Il y a beaucoup de choses qui ne s'écrivent pas. Nous, en Europe, on a quand même la chance d'avoir plein de manuscrits. Si on a envie de se mettre à la teinture végétale, il y a plein d'ouvrages à conseiller, à consulter. Tandis que, par exemple, au Mali, non. Alors, en fait, je trouve que c'est préoccupant parce que les modes de conservation changent. On veut revenir à l'artisanat, on veut revenir à des pratiques durables. Et finalement, l'Afrique a une réponse énorme face à ça. Et donc, il faut valoriser ces tissus. Il faut travailler au renforcement de capacités pour permettre à ces tissus d'arriver sur le marché international. Et donc il n'y a pas que le beaugolant. J'adore prospecter sur toutes les techniques, vraiment une enquête. Et je passe des semaines des fois à faire ça, à trouver des artisans, à trouver leurs contacts, à les appeler, à trouver des fédérations, à trouver des groupements pour savoir si la production se fait encore. Et essayer de proposer ces projets à mes collaborateurs, parce qu'il y en a différents. Et donc voilà, c'est pas que le Bogoland.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord,

  • Maïté Oucéni

    et alors ? Ce qui m'intéresse beaucoup, c'est vraiment de connecter avec plein d'artisans, mais pas que en Afrique. Mais du coup, c'est aussi ça mon travail de consultante, c'est mon réseau. D'accord, le réseau. Alors...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, excuse-moi, il y a un problème de réseau, du coup on est un petit peu en décalé, mais du coup Maïté, je voulais te demander, donc super transition, mais que tu présentes ton activité d'aujourd'hui, où tu es basée, depuis quand tu as créé ton activité, etc. Et que tu nous parles de cette vie un peu d'entrepreneur, mais avec toutes ces attaches africaines, ce que tu fais, tu dis que tu as parlé beaucoup de projets en Europe, en Afrique de l'Ouest. Est-ce que tout ça, tu peux nous le raconter ? Comment ça se passe pour toi ?

  • Maïté Oucéni

    Oui. Du coup, après cet échange que j'ai fait au Mali pendant six mois, je suis revenue un petit peu déboussolée de nos modes de production à nous. J'étais très touchée d'avoir été connectée vraiment. J'avais l'impression que j'étais connectée à l'origine des choses. Ce qu'on fait vraiment avec les mains, vraiment avec... Oui, à l'artisanat. Du coup, je suis repartie. Je suis restée quelques mois me poser des questions. Je suis repartie et je me suis dit, cette fois-ci, je prends mon sac à dos et je vais parcourir un petit peu les zones où je peux aller, où je peux me permettre d'aller au Mali, parce qu'il y a une situation politique assez compliquée. Donc, il faut faire attention. Et puis, j'ai prospecté. Je me suis fait un réseau pendant quasiment trois mois. Puis j'ai récolté des échantillons auprès de pas mal d'artisans, de groupements, d'associations. On a développé des prototypes pour voir si des idées que j'avais pouvaient se retranscrire avec les techniques. Des fois c'était possible, des fois c'était pas possible. Et donc finalement je me rendais pas spécialement compte, mais je me suis rendue compte à un moment que j'étais en train de créer une chaîne de production. Et... Et je me suis fait, enfin, remarqué, oui, par une agence de mode éthique. Il y avait aussi des initiatives au Mali. Elle s'appelle Ethical Fashion Initiative. Et c'est une agence des Nations Unies. Donc, ils font beaucoup de projets de développement liés aux techniques. textiles traditionnels et mettre en contact des communautés d'artisans avec des clients, des grands clients de la mode internationale, haut de gamme, du luxe. Donc à partir de là, moi je... Je suis revenue du Mali et je me suis rendue compte que c'était bête parce que l'indigo, ce qui m'avait fait venir au Mali, c'était un savoir-faire quasiment perdu. Il y a Abou Bakar qui en fait. Mais bon, c'est une personne qui voyage beaucoup, qui fait des formations aux États-Unis, c'est difficile de le rencontrer. Et donc, je trouvais ça dommage, mais pourtant, il y avait toutes les matières premières à disposition. pour faire des cuves d'indigo naturelles. Et c'est juste que les colorants de synthèse, ils ont fait oublier des parties des recettes. Alors il y a des ingrédients vraiment de la cuve traditionnelle que les artisans continuent à mettre, mais ils n'arrivent plus à avoir du bleu sans rajouter ces pigments synthétiques. Et puis voilà, donc c'est des cuves à l'hydrosulfite, à la soupe caustique, puis en fait il n'y a pas vraiment de station d'épuration, donc c'est rejeté dans les caniveaux, c'est des arbres. Je suis revenue en me disant que je devais comprendre comment au Mali, je pourrais remonter des cuves d'indigo naturelles. Betty de Paris, à ce moment-là, donnait une formation professionnelle de plusieurs semaines sur les cuves d'indigo à fermentation bactérienne. Du coup, je l'ai suivi et puis ça m'a donné pas mal de clés pour essayer de croiser ces différents savoir-faire, dire ok, quand je vais revenir au Mali, je vais transposer ces techniques avec les ingrédients à disposition et essayer de former les artisans avec qui je travaillais, notamment Thomas Gassama qui faisait du pogolan. Bon ben... Il y a eu le Covid entre temps, donc mon départ a été décalé il y a plusieurs mois. J'avais décidé d'y retourner, mais cette fois-ci d'aller y vivre et de monter mes entreprises. Donc j'y suis retournée. J'ai créé un génieux, un groupement d'intérêt économique avec plusieurs artisans. Ce génieux s'appelait Maota Studio. et avait pour but de fédérer différents artisans de la filière textile, autant hommes que femmes, pour créer au final des plumes. Du design textile, des œuvres d'art, du linge de maison, avec du coup mes designs, parce que je ne voulais pas reprendre les motifs traditionnels, parce que je considérais que ça ne m'appartenait pas. Mais je voulais utiliser les techniques surtout, les matières premières, pour proposer un univers nouveau. Donc voilà, il y avait des femmes assez gourdes qui faisaient la filature à la main, on appelle ça le fil phallique, le mind-pick. Il y avait beaucoup de tisserands peu, la Bamako qui faisait donc les petites bandes, les grandes bandes. Il y en avait d'autres encore à Ségou qui faisaient des tissus sur grand métier, d'une laisse de 120. Donc après il y avait mon collaborateur Thomas pour le Bogolan. Et puis je me suis rendu compte que c'est... Peut-être que ça demandait vachement de recherche et de développement pour l'indigo. Donc là, dans une logique de business, de production, il fallait que je mette ça de côté, l'indigo, en me disant bon, là, on se concentre sur le Bogolan parce que là, c'est beaucoup plus certain Mais voilà, j'ai quand même initié pas mal de projets au Mali. En fait, l'indigo, que je me faisais… venir et ils viennent du pays d'Ogon, des falaises, de Bandiagara, en fait ça devenait trop risqué malheureusement pour les habitants qui allaient récolter ces plantes parce que c'était, il y avait trop de jadistes du coup c'était trop risqué pour eux donc en fait je voulais plus leur demander d'aller me chercher d'un dibo. Avec un agriculteur que j'ai rencontré à Doulaï, on a réussi à avoir pas mal de graines d'indigo ferra arecta. C'est la plante indigo locale et on a cultivé de l'indigo à Katy, à quelques kilomètres de Bamako. C'était le projet. C'était un des projets en parallèle de développement. Donc voilà, on a développé un peu de production, de l'échantillonnage. Entre temps, j'ai postulé à plusieurs programmes avec Ethical Fashion Initiative. Je suis rentrée dans le Venture Studio, qui est des sessions de coaching avec des incubateurs pour développer bien son business model. Et ensuite, j'ai passé un autre concours et je suis rentrée dans le FI accélérateur. ouest africaine créative. Donc là, c'était quasiment sur deux ans, c'était super intensif, c'était vraiment sur la collection, il y avait pas mal de professionnels qui nous coachaient, c'était génial. Et malheureusement, j'ai eu un accident assez grave juste quelques mois plus tard. Et en fait, après cet accident, j'étais absolument plus apte physiquement ni psychologiquement à travailler. Et avec la situation politique sécuritaire, je pense que c'était un peu la goutte d'eau. Donc en fait, je suis partie en Italie. Donc ça fait un an et demi maintenant que j'habite en Italie avec mon compagnon. Et du coup, je suis allée pour me reposer et en fait, la situation politique est devenue de plus en plus catastrophique. Il y a eu un embargo total pendant des mois. Donc, il n'y avait même plus la possibilité de voyager, de prendre un avion, d'y retourner. Et puis, mes partenaires des Nations Unies m'ont dit Désolée, on ne peut plus on voyait qu'il n'y avait plus de paiement possible avec cet embargo. Donc ça a été un peu une grande remise en question. J'ai été un peu forcée de tout recommencer à zéro et de me dire, bon, on recommence différemment et peut-être que ce n'était pas plus mal avec le recul. Je me dis que c'était un peu forcé, mais que c'était la bonne décision.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et du coup, tu as tout repris à zéro depuis l'Italie, donc c'est là où tu es basée aujourd'hui ?

  • Maïté Oucéni

    Oui. Et donc, du coup, vas-y. Je suis dans l'Emilia-Romagna, à côté de Reggio Emilia. J'ai mon laboratoire là-bas. Et je recommence à travailler en tant que plus consultante, donc design textile. Consultante pour des projets de mode éthique et durable. Mais je ne touche pas en ce moment, ça fait un an et demi, je ne touche pas à la teinture. Moi, vraiment, j'ai fait beaucoup de récoltes parce que j'avais envie d'étudier un peu les plantes du bassin méditerranéen, les plantes tinctoriales européennes, parce que j'ai beaucoup étudié les plantes d'Afrique de l'Ouest. Et donc... Là, depuis septembre, j'ai recommencé à travailler en ayant une idée très claire, en me disant bon, j'ai laissé quand même pas mal d'investissements au Mali, je vais les récupérer, mais pour l'instant, je pense que c'est plutôt mon réseau qui peut me servir Donc j'avais commencé à semer des graines au début de cette expérience au Mali, j'avais contacté quelques marques parisiennes avec lesquelles je pouvais avoir des synergies, puis en fait, elles m'ont recontactée. en septembre en me disant on fait un projet je suis du coup j'ai ça m'a permis de de de me réconcilier avec le mali finalement l'âge de cette marque on peut la citer parce que j'ai félicite pour J'ai félicité pour leur courage, pour leur envie de faire bouger les choses dans le milieu de la mode. C'est la marque Panafrica, c'est une marque parisienne, qui se sont fait connaître pour des chaussures avec des tissus wax et des matériaux assez durables. Ils ont une production qui est quasiment exclusive ou exclusif en Afrique. Et puis, finalement, ils avaient envie de se tourner vers des tissus qui étaient encore plus africains. Et donc, cette technique du beau-golant, ils étaient très curieux. Et donc, on développe un projet avec un artisan de mon réseau qui a djenné. qui a été géné et qui fait du beau volant. On développe une édition limitée, une collection capsule d'écharpes. On développe les designs. Comment dire ? Je développe les designs de manière à ce que ça soit faisable avec la technique du beau-golant. Donc ça demande une connaissance de la technique, des gammes colorées, de ce qui est possible de faire, de ne pas faire. Moi je développe les pochoirs, on m'envoie tout là-bas, je donne les cahiers techniques. Et puis après je coordonne tout le projet jusqu'à réception des produits à Paris.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc cette collaboration c'est un peu un challenge parce que Djenné c'est une zone où moi j'ai complètement pas le droit d'aller. Je peux pas passer un barrage, on me dit vous retournez à Bamako madame, mais ça va pas à la tête. Donc c'est un challenge mais j'en suis fière parce qu'il y a vraiment des artisans talentueux au Mali. Et ils sont victimes de la situation politique qui se passe là-bas et puis il n'y a plus de touristes depuis des années. Et en fait, ils sont mis à mal et donc j'essaye de voir comment on peut continuer à collaborer dans des zones où on ne peut pas aller, où on ne peut pas aller les visiter. Et donc ça c'est un challenge mais je trouve ça très intéressant parce qu'on y arrive. On y arrive. Ouais. D'accord. Et donc, un projet qui sortira en octobre. Je vais sortir en octobre, donc je vous invite à tous aller voir cette collection capsule Pan Africa avec ce beau Golan du Mali. Cet atelier qui s'appelle Mali Mali de Alpha Moye et Kumare.

  • Maïté Oucéni

    Et du coup Maïté, dans tes partenaires, tu nous as expliqué ton réseau puissant au Mali. Est-ce que tu as d'autres partenaires en Italie ou plutôt dans... plusieurs pays, toi, vu ton histoire. Mais alors, du coup, je voulais savoir, pour tes partenaires, et puis pareil, partenaires, ça peut être aussi tes fournisseurs de matières premières, de tissus pour tester, etc. Est-ce que tu peux nous parler un peu de ton écosystème en Europe et en Afrique, du coup ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, alors donc je dirais qu'il y a plusieurs catégories de partenaires. Il y a plus les projets que je fais qui sont plus développement et mode. Donc on va dire qu'il y a des projets en cours avec cette agence qui s'appelle Ethical Fashion Initiative. Et il y a des projets qui vont continuer en Afrique de l'Ouest, pas au Mali mais au Bénin et au Burkina Faso. J'en dis pas plus. Donc ça, c'est un grand partenaire. Il y a cette marque Panafrica, je pense, avec qui on pourra continuer à faire des projets. Il y a pas mal de marques milanaises, puisque je suis en Italie, vraiment des stylistes africains qui sont très sensibles justement à cette démarche. qui ont envie de participer à valoriser ces textiles. Il y a comme partenaire, j'ai été formée aussi par Alexandro Butta, qui est un maître teinturier italien. Durant une résidence artistique que j'ai fait à Spoleto l'an dernier, qui était en collaboration avec la Fondation Sending. Et l'Ethical Fashion Initiative et la Malarelli Week Studio. Du coup, j'ai fait une partie de cette résidence dans l'Hacienda Agripol. C'est une ferme d'Alexandre Routa. Et en fait, c'est génial parce qu'il produit énormément de teintes tinctoriales. Énormément de la garance, de l'indigo, de la reseda, mais aussi... Le Scotano en français c'est l'arbre à perruque, c'est le sumac et encore plein d'autres. Donc en fait, pour ceux qui sont intéressés, vous pouvez contacter la Campana Montefiore, c'est ça, dans la région de Marche en Italie, et vous pouvez vous fournir de nombreuses plantes territoriales. Donc ça c'est un fournisseur. En termes de tissus, mes collaborateurs sont beaucoup en Afrique de l'Ouest. Je veux dire, il y en a la plupart. Il y en a que je commence à voir aussi en Côte d'Ivoire. Mais il y a aussi un producteur de tissus en Italie que je trouve admirable, qui a relancé la filière du chanvre. Parce que l'Italie était le deuxième producteur de chanvre mondiale au 19e. Quelque chose comme ça. Et donc, ils sont à Milan. Ça s'appelle Maecotesuti. Et du coup, ils font des tissus incroyables en chanvre mix aussi. Chanvre soie, chanvre laine, chanvre linque. Incroyable. Donc, je vous invite à jeter un... un coup d'œil et puis voilà il ya des nouveaux partenariats qui se créent mais je suis un peu comment dire où je fermais mo J'aime pas parler des choses qui sont pas encore actées, quoi.

  • Maïté Oucéni

    D'accord. Je voulais te demander, avec ton point de vue qui est très européen, très... et aussi afrique, enfin vraiment très large, est-ce que tu as un recul par rapport à la demande en teinture végétale, par exemple en Italie, ou est-ce que c'est... plus avancé qu'en France ? Est-ce que tu as des notions un peu de la demande en Europe ? Est-ce que c'est en train de prendre ? Est-ce que tu as plus de demandes ? Comment tu vois les choses avec ton regard beaucoup plus haut que la simple vision France ? Qu'est-ce que tu peux nous dire là-dessus ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    C'est compliqué, comme tous les invités que tu as eus. C'est compliqué. Je veux dire, il y a une entreprise en Italie qui a envie de développer plus de teinture naturelle, c'est Ratti, au lac de Caume. Je trouve que vraiment c'est une manufacture qui m'attire beaucoup parce que c'est vraiment entre l'industrialisation et l'artisanat et les techniques artisanales. Je sais qu'ils font beaucoup de recherche et développement, qu'ils sont intéressés par des techniques de teinture naturelle qui se passent en Afrique ou en Europe. Donc c'est plutôt bien de voir qu'il y a des grosses entreprises comme ça qui s'y intéressent, mais c'est quand même assez compliqué. Dès que je rencontre des clients, je ne travaille qu'avec la teinture naturelle, je ne veux pas du tout travailler avec du chimique et je dois vendre ça. Et ce n'est pas facile parce qu'on me dit mais non, mais ça ne tient pas Ça ne tient pas, c'est des fausses idées reçues, mais c'est juste qu'on ne connaît pas. Je pense qu'il y a une petite propagande qui s'est faite, il y a un moment qui continue à avoir de la force malheureusement. J'essaye de vendre la teinture naturelle, je suis contente parce que ça marche. Pan Africa se sont lancés dans l'aventure, j'ai plusieurs marques à Milan qui se lancent aussi.

  • Maïté Oucéni

    C'est quoi les arguments que tu leur donnes ? Est-ce que tu leur apportes des preuves avec des outils de mesure ? Ou c'est, comme tu dis, des marques qui se sont lancées et qui sont allées ? Dans ton argumentaire, est-ce que c'est plutôt des outils, des données ou des preuves par des marques ? Comment tu fais pour les convaincre ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    J'ai beaucoup d'expérience, je veux dire, ça fait quand même, ça fait pas si longtemps, mais ça fait quand même déjà quelques années que je fais de la teinture naturelle. Donc voilà, tout passe par le mordansage finalement. Et en fait, j'essaye d'expliquer à des collaborateurs qui ne sont pas des artisans, qui sont des commerçants, qui sont des businessmen, pourquoi une... La collaboration de l'année 2015 par exemple, ce n'est pas bien passé avec la technique du Bogolan ou avec une autre technique, et qu'il y a eu une commande et pas deux. Par exemple, quand je parlais du Bogolan, il n'y a que du tannin. Il n'y a que du tannin et il n'y a pas d'alin, de potassium. Le mordantage est incomplet. Donc j'essaye de parler à mes collaborateurs et de leur expliquer pourquoi. Et finalement, ils sont plutôt... ils accueillent mes... Mes remarques, mes suggestions, et ça, je trouve que j'ai de la chance de pouvoir avoir des interlocuteurs qui commencent à me faire confiance. Un coup, qui me mettent sur des projets et qui disent, bon, on avait un peu mis la teinture naturelle de côté, mais si tu as l'air de savoir ce que tu dis, on va essayer de faire du renforcement de capacité avec des communautés d'artisans pour essayer de promouvoir telle technique. telle autre technique de teinture naturelle, parce que c'est vrai que c'est des techniques qui sont à haut potentiel, autant en termes de matière textile que de couleur, et que ce serait dommage de passer à côté de ça, juste parce que les artisans en Côte d'Ivoire, au Bénin ou au Mali, n'ont pas reçu de formation sur le mordansage.

  • Maïté Oucéni

    D'accord. Du coup, c'est ce que j'allais te poser comme question, c'était comment tu transmets ce que tu apprends, etc. Donc toi, c'est vraiment via des conseils auprès de tes partenaires, via aussi la formation dont tu viens de parler. J'ai des petites questions rapides à te proposer. Pour toi, qui sont les personnes inspirantes et sources d'inspiration en teinture végétale ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Il y a beaucoup de personnes que j'admire. Le travail d'Abu Bakar Fofana, je le trouve juste admirable. Le travail de Betty de Paris, moi je suis fan de Betty de Paris. C'est une personne à chaque fois que je viens sur Paris que je vais visiter. Parce que je me reconnais pas mal en elle. J'aimerais bien être une femme comme elle, tard. Elle a beaucoup de persévérance, de courage. Et pareil, ça n'a pas été facile pour elle d'apprendre ces techniques-là qu'elle a appris au Japon. Je pense les fins des années 80 et puis elle est allée au Japon en allant voir des maîtres teinturiers et en leur demandant est-ce que vous pouvez m'apprendre ça ? Puis ils ont dit non on n'apprend pas ces techniques à l'étrangère et puis non on ne va pas te donner ça et puis en blague ils lui ont dit quand tu parleras le japonais tu reviendras. Et puis en fait c'est ce qu'elle a fait, elle est repartie, elle a appris le japonais, elle est retournée, puis elle a tout dit en japonais, puis ils étaient beaux jouets, ils ont dit bon bah elle a envie quoi. Donc elle a été formée par des grands maîtres japonais, et puis c'est impressionnant, elle a pari et elle a... Elle a plein de cul d'indigo, de soukoumo, on arrive chez elle, c'est embaumé de cette odeur. Et voilà, elle est admirable. Il y a peu de gens qui font cette technique-là. Je pense que c'est vraiment... Betty m'inspire tellement. M'inspire tellement.

  • Maïté Oucéni

    D'accord. Qui pour toi fait d'air aujourd'hui autour de la teinture végétale ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Artécobert.

  • Maïté Oucéni

    Ah, merci, on ne me l'avait jamais fait, celle-là.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    OK.

  • Maïté Oucéni

    Est-ce que tu as d'autres ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je ne trouve pas. Oui, il y a pas mal d'initiatives qui se sont créées, qui fédèrent, des invités que tu as déjà eus, des associations qui ont eu la formation, bien sûr. Qui fédère ? Je n'ai pas encore eu la chance. C'est dans ma to-do liste d'aller faire quelques workshops avec Michel Garcia, mais c'est une personne qui a l'air d'avoir un certain nombre d'initiatives. très bonne qualité en transmission, un peu d'acogie qui est vraiment accueillant. Et puis finalement, c'est pas si facile de trouver des bons formateurs. Il y a des gens qui ne révèlent pas. qui ne veulent pas vous accueillir, qui ne veulent pas vous révéler leur concret. Ils disent moi, ça m'a mis tant d'années à devenir maître ou à voir ça, je n'ai pas envie de te le donner Je dirais que Michel Garcia, oui. Je trouve que David Santandreux, on s'est eu au téléphone deux heures une fois, passionnant, j'ai envie d'aller au Maroc pour faire des formations avec lui. Oui,

  • Maïté Oucéni

    et en plus, il a aussi cette notion, David Santandreux, de plus gros volumes, de plus gros liens avec l'industrie textile, par exemple. Donc, c'est pas mal cette porte ouverte. Et je rebondis sur Michel Garcia. Tu travaillais beaucoup et tu affectionnes l'indigo. Et Michel, c'est quand même, dans ses épisodes, une de ses fiertés, c'est notamment cette cuve 1-2-3. d'Indigo qui a fait qu'il a proposé des cuves propres, hyper démocratisées en fait à pas mal de monde. Et donc je pense que oui, tu serais bien loti de faire une formation avec lui, notamment sur ce sujet-là. Ça me... Voilà, en écho, je trouvais ça intéressant de te le dire.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, parce qu'il y a des artisans avec qui je travaille au Mali qui m'ont dit, mais nous on connaît Michel Garcia, il est venu au Mali, et il a fait un échange, il me semble qu'il a fait une formation. Et j'ai appris ça il n'y a pas longtemps.

  • Maïté Oucéni

    Ah ouais, ça, il bouge partout. Oh bah top !

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je voulais parler d'un collectif en Italie qui a vu le jour il n'y a pas trop longtemps, qui s'appelle le Collettivo Tinto Ramadre et qui fédère quasiment tous les teinturiers pour la teinture végétale en Italie. On crée des événements, des rencontres, des workshops, des expos. Et vous pouvez les suivre sur Instagram. Donc ça, c'est une belle initiative.

  • Maïté Oucéni

    Oui, dont on doit s'inspirer, nous qui sommes un peu en France, un peu moins fédérés, on va dire, dans les constats que font les invités. En tout cas, c'est ce qui en ressort.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je voulais rebondir sur ce que tu fais, c'est vraiment une initiative super pour fédérer tous les gens de cette filière. Ça manquait en fait, donc vraiment merci.

  • Maïté Oucéni

    C'est gentil. C'est gentil. Alors du coup, dans ces questions, toujours, si tu étais une plante colorante, laquelle tu choisirais, laquelle tu serais et pourquoi ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Comme colorant, je serais l'indigo parce que... parce qu'elle pousse à la persévérance, à l'humilité. Vraiment, ce n'est pas facile. Elle demande des années de pratique. Ce n'est pas celui qui veut qui peut. Et donc, c'est une couleur qui me plaît, qui me fait du bien, qui est vibrante, qui profonde. et je sais qu'elle m'accompagnera toujours parce que ça fait quelques années que je suis dessus et en fait j'ai des choses que j'ai toujours pas compris quoi et des choses qui arrivent que je me dis j'aurais jamais fini de me former

  • Maïté Oucéni

    J'ai l'impression que c'est un peu ce qui ressort, c'est que la teinture végétale, on me dit souvent, ça t'apprend à rester humble parce qu'il y a tellement de techniques, tellement de maîtrise, tellement de sujets. Plus tu creuses, plus il y en a et en fait, tu n'as jamais vraiment fini de te former. Donc, dans ce sens-là, c'est hyper intéressant. Est-ce que tu peux nous dire quelle est ta fibre de prédilection à teinter ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Là... À mon niveau, j'expérimente sur pas mal de fibres. J'ai beaucoup expérimenté sur le coton, le coton du Mali. Mais en fait, durant mon projet de diplôme, j'avais travaillé uniquement avec de la soie et franchement, c'est canon. Ça révèle extrêmement bien les couleurs. La soie sauvage, l'organza, j'adore. Et finalement, le chanvre est quand même une fibre qui m'intéresse beaucoup parce qu'elle ne demande pas beaucoup de... d'eau. Donc je trouve que c'est une fibre très intéressante et quand justement on voit des entreprises comme Maeko qui arrivent à faire des mélanges et surtout j'ai des voiles de chanvre qui sont super fins, super délicats, super légers. Je trouve que le chanvre est une fibre au potentiel.

  • Maïté Oucéni

    D'accord, je ne sais pas si tu as entendu, mais il y a l'épisode de Mathieu Ebesen qui est sorti, je crois que c'était samedi, sur justement la filière chanvre en France qui est en train de redémarrer en Occitanie. Et en fait, il parlait de toutes les particularités agronomiques du chanvre, toutes ses utilisations, etc. Et le retour du chanvre dans la mode. Et cet épisode était très intéressant. Et du coup, je pense ouvrir à d'autres fabricants de fibres naturelles, parce qu'en fait, je pense que... Il faut vraiment inclure les fibres dans la couleur végétale parce que sans ces fibres, il n'y a pas de textile en teinture végétale. Donc oui, je suis complètement en raccord avec toi sur le chambre. Est-ce que Maïté, tu as des livres que tu voudrais nous recommander qui t'ont aidé, inspiré ou guidé dans ton parcours ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, alors comme tous les autres invités, je vais parler du monde des teintures naturelles de Dominique Cardon. Je voulais juste dire une chose sur Dominique Cardon, que vraiment, c'est une personne incroyable, qui fait un travail incroyable parce que dans mes recherches, dans les recherches que je fais sur... Sur les techniques traditionnelles d'Afrique de l'Ouest, là je travaille sur un projet pour le Bénin, et quand je dois choisir les plantes territoriales, les documents qui sont en libre accès sur le net, sur des sujets super précis, c'est Dominique Cardon. Donc merci beaucoup, c'est des recherches incroyables auxquelles on peut avoir accès. Merci Dominique. Sinon, en livre, oui, il y a... Pour vraiment approfondir des techniques de shibori, parce que j'en ai beaucoup parlé, il y a le livre de Jan Callender qui s'appelle Nui shibori, techniques, innovations et motifs design avec vraiment beaucoup de protocoles dessinés. C'est comme une notice, il y a les photos des productions, il y a des recettes. Elle ne fait pas trop de la teinture naturelle, mais je veux dire que sur les techniques de motif, c'est quand même super intéressant. Et puis ça nous permet avec ce livre-là de comprendre vraiment les bases et de transposer ces techniques dans notre propre univers graphique, avec nos propres actes. Donc ça c'est vraiment un livre que je conseille. Il y avait un livre que je t'avais conseillé il y a quelques mois que j'ai commencé à lire et qui est super, de François Jarig et Thomas Leroux, qui s'appelle La contamination du meuble, une histoire des pollutions à l'âge industriel Et en fait, ça met un peu une petite piqûre de rappel pour dire qu'à l'époque, parce qu'il y a un gros focus sur les industries artisanales de tannage. et pas que, mais beaucoup des teintures naturelles. Et qu'en fait, il ne faut pas oublier que ce n'est pas parce qu'on fait de la teinture naturelle que les déchets organiques qu'on génère doivent être jetés n'importe comment dans la nature et qu'ils ne peuvent pas impacter les écosystèmes. Donc, il faut vraiment... Parce qu'on lit vraiment de tout et n'importe quoi maintenant sur internet. Maintenant c'est devenu un outil de marketing énorme de faire de la teinture naturelle et tout. Mais en fait on ne pense pas au rejet. Et donc moi c'est quelque chose qui me préoccupe de savoir comment...

  • Maïté Oucéni

    Tu fais bien de le rappeler parce qu'effectivement, quand on se lance et puis après, on jette tout dans l'évier sans se rendre compte, sans réfléchir. Et donc, tu as raison de bien le rappeler, le recyclage des bains, de reneutraliser le pH, de faire attention à ce qu'on rejette. Attention à ne pas provoquer des variétés envahissantes. C'est ce qu'explique Marie Marquet dans son épisode en disant, oui, vous faites votre teinture, mais si vous rejetez les fruits dans votre compost, en fait, vous... vous ne faites pas attention et vous faites plus de mal entre guillemets que de bien. Donc, c'est très intéressant et c'est très important de le rappeler. J'avais... Ah pardon, excuse-moi.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Lui, alors, par contre, c'est une découverte. C'est un livre que j'ai en italien, que j'ai découvert dans une petite librairie de Liguria. Et en fait, c'est un... C'est le manuscrit d'un anonyme du 17ème siècle. C'est un manuscrit qui a été retrouvé. Ça s'appelle Trattato dei colori, l'opera secreta. C'est Traité des couleurs, l'œuvre secrète. Et en fait, c'est des recettes antiques. de couleurs, de peintures et de teintures avec toutes les plantes du bassin méditerranéen. Avec l'isatis, la garance, le pastel, la garance, la reseda. Et donc, je suis en train de le lire et je trouve ça incroyable. En plus d'un anonyme. C'est une zèle. C'est clair.

  • Maïté Oucéni

    Il laisse des infos, mais il n'a pas donné son nom. OK, super. Et bien alors du coup ma dernière question m'a été c'est à qui tu aimerais que j'aille passer le micro pour recueillir le témoignage de la personne que tu souhaiteras nommer ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Sans aucun doute, Betty de Paris.

  • Maïté Oucéni

    J'avais cru comprendre. Ok, écoute avec plaisir parce que je te dis, vous êtes plusieurs à m'en avoir parlé et j'avoue que c'est beaucoup de boulot le podcast et j'arrive pas à toujours suivre toutes les listes de personnes qu'on me recommande, mais je vais y contacter Betty de Paris. Bah écoute, super. Est-ce que tu as quelque chose que tu veux ajouter, un mot de la fin ou est-ce que c'est bon pour toi ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je ne saurais pas quoi dire. Merci beaucoup pour ce moment et merci pour ce que tu fais. C'est super.

  • Maïté Oucéni

    C'est sympa de le dire. Je coupe là. Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ARTECOVERT pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix. C'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale

Chapters

  • Introduction au podcast ArtEcoVert et présentation de Maïté Oucéni

    00:00

  • Parcours de Maïté Oucéni et son introduction à la teinture végétale

    00:44

  • Formations professionnelles et premières expériences en teinture naturelle

    01:03

  • Séjour au Mali et apprentissage des techniques de teinture traditionnelle

    03:41

  • Découverte du bogolan et des techniques de teinture au Mali

    06:26

  • Échanges sur l'artisanat numérique et son impact sur la teinture végétale

    10:20

  • Projets actuels et valorisation des techniques traditionnelles

    13:55

  • Collaboration avec la marque Panafrica et défis rencontrés

    17:02

  • Réflexions sur la demande de teinture végétale en Europe

    24:38

  • Livres et ressources recommandés par Maïté Oucéni

    39:52

  • Conclusion et remerciements

    52:53

Description

Dans cet épisode captivant du podcast ArtEcoVert, Pauline Leroux reçoit Maïté Oucéni, une designer textile passionnée par la teinture végétale. Ensemble, elles explorent l'univers fascinant des plantes tinctoriales, où tradition et innovation se rencontrent. Maïté, forte de son expérience, nous raconte son parcours unique, débutant avec la teinture naturelle aux côtés de Betty de Paris, pour ensuite se plonger dans les profondeurs de l’indigo japonais. Sa passion pour la couleur végétale l’a menée au Mali, où elle a eu l’opportunité d'apprendre des techniques de teinture traditionnelles, telles que le beau-golant, en collaboration avec des artisans locaux.


« La préservation des savoir-faire traditionnels est essentielle face aux défis de la modernité », souligne Maïté. Cet épisode met en lumière les enjeux cruciaux auxquels font face ces artisans, notamment en raison des changements socioculturels et politiques au Mali. Maïté partage ses réflexions sur l'importance de valoriser les colorants biosourcés et les pigments végétaux, tout en intégrant les nouvelles technologies dans les pratiques ancestrales de teinture naturelle.


En discutant de son engagement à promouvoir la teinture végétale durable, tant en Europe qu'en Afrique, Maïté nous parle de ses projets actuels, comme sa collaboration avec la marque Panafrica. Cette initiative vise à faire connaître les richesses de la couleur végétale à un public international, tout en soutenant les artisans locaux. Les défis sont nombreux, mais l'enthousiasme de Maïté pour les fibres naturelles et les colorants végétaux est contagieux.


Cet échange enrichissant nous invite à réfléchir aux liens entre l'artisanat et le design, ainsi qu'à l'importance de la préservation des couleurs de plantes pour les générations futures. Que vous soyez designer, artisan ou simplement passionné par la teinture naturelle, cet épisode vous apportera des insights précieux et vous inspirera à explorer davantage le monde des plantes tinctoriales.


N’hésitez pas à écouter cet épisode pour découvrir comment la teinture végétale peut transformer notre rapport à la couleur et à la nature. Pour en savoir plus sur Maïté et ses projets, rendez-vous sur ses réseaux sociaux et son site web. Belle écoute !


Pauline


🚀Si vous en voulez plus : 


⭐Plus de contenus, plus d'échanges, plus de partages, allez sur Patreon : https://www.patreon.com/ArtEcoVert 

👁️Instagram : @artecovert     

🎙️S'abonner à la newsletter du podcast : https://podcast.ausha.co/art-eco-vert?s=1 📩pauline.artecovert@gmail.com 

Linked in : 

👨‍👩‍👧‍👧 GROUPE DE LA COULEUR VEGETALE (Rejoignez nous c'est gratuit et intéressant) 

👤PROFIL PAULINE LEROUX 

🎨PROFIL ENTREPRISE ARTECOVERT 


🗝️ Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin nuances indigo


Bonne écoute


Pauline



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ARTECOVERT, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de Valette.

  • Maïté Oucéni

    Mon but,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    fédérer et démocratiser la couleur végétale dans mon livre. Alors c'est parti, bonne écoute. Alors donc bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast Maïté Oucéni. Bonjour Maïté.

  • Maïté Oucéni

    Bonjour Pauline.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors Maïté, est-ce que tu peux te présenter, nous raconter ton parcours et ce qui t'a amené aujourd'hui à la teinture végétale ?

  • Maïté Oucéni

    D'accord. Bonjour à tous, je m'appelle Maïdé Ousseini, je suis designer textile avec une spécialité dans la lenteur naturelle et je suis aussi consultante pour des projets de mode éthique et durable en lien avec l'Europe et surtout avec l'Afrique de l'Ouest. Qui m'a formée au tout début c'est Betty de Paris, elle s'appelle Betty Goldberg mais son nom d'artiste c'est Betty de Paris. C'est avec elle que j'ai fait mes premiers stages d'initiation à la teinture naturelle. Et puis après, j'ai fait des formations professionnelles en cuve d'indigo japonaise, avec le Sukumo, par fermentation bactérienne. Mais là, pour parler plus de mon parcours, j'ai étudié les arts appliqués. À Sèvres, dans la région parisienne, j'ai fait un BTS aussi en métier de la mode et du vêtement à Paris, donc plus prêt-à-porter féminin. Et ensuite, j'ai fait un diplôme des métiers d'art en artisanat textile, option artisanat numérique. Et c'est vraiment dans cette formation que j'ai eu mes premiers... Indirectement, une première rencontre avec la teinture naturelle, c'était par le biais d'un atelier. Il y a une intervenante qui était venue pour nous faire découvrir des techniques de design textile artisanal. Et on a expérimenté des techniques de motifs par réserve. Donc il y avait le shibori, l'itajime shibori, l'arashi shibori. Oui, l'arashi shibori. Et vraiment, j'ai été... Surprise, je suis tombée amoureuse des motifs, j'ai juste adoré. Par contre, les couleurs qu'on utilisait, d'innombre, les couleurs chimiques, rose fluo, jaune fluo, vert fluo, un peu moins. Et puis c'était la première année de ce DMA, il fallait réfléchir à trouver un stage. Il fallait réfléchir aussi à son projet de diplôme. Et là j'ai eu un peu un coup de cœur, donc par le biais de cet atelier, je me suis documentée et puis je suis un petit peu remontée aux origines de ces techniques et forcément je suis tombée sur les artisans du Japon, sur les Dogon, du Mali qui font beaucoup d'indigo avec des techniques de motifs par réserve qu'on appelle le ciréli là-bas. Et donc du coup, je me suis intéressée par le biais de l'indigo encore. J'ai découvert le travail d'Aboubakar Fofana, j'ai découvert le travail de Betty de Paris et j'ai commencé à les contacter les deux pour absolument obtenir un stage avec eux. Ce que j'ai pas réussi. C'était un peu compliqué. Abou Bakar, j'ai appris qu'il était plus à Paris, qu'il était définitivement au Mali. Et Betty, elle avait juste pas voulu à l'époque. Donc j'étais assez déterminée, donc je les ai pas lâchées, on va dire les deux. J'allais aux expositions de Betty, je lui disais cette fois-ci tu veux bien, et cette fois-ci tu veux bien. Non, mais du coup j'ai fait un stage d'initiation avec Betty. Et puis j'avais, voilà, et en fait en deuxième année de DMA, je m'étais présentée à un programme, le programme Voyager pour apprendre les métiers d'art, de la Fondation Culture et Diversité, qui permettait à des étudiants des métiers d'art de partir quatre mois, tout financé, dans un pays de leur choix, pour approfondir ou découvrir une technique de leur choix. Donc du coup j'avais réussi à rencontrer Aboubakar Fofana à Paris. Et je lui avais demandé, il était plutôt partant pour m'accueillir à Bamako. Et finalement, il n'a pas pu. Donc, j'ai cherché une coopérative de femmes à Bamako, une coopérative de teinturières à l'Indigo. Et en fait, c'était super parce que j'ai été sélectionnée dans les six lauréats pour faire cette expérience-là. Donc, je suis partie. C'était quatre mois de stage, mais j'ai décidé de rester six mois pour avoir un peu la possibilité de rencontrer d'autres artisans. Et l'expérience dans cette coopérative, ce n'est pas spécialement bien passé parce que je suis arrivée toute naïve. Toute naïve. Et en fait, ce n'était pas de l'indigo naturel. C'était complètement chic et ça se faisait passer pour du naturel. Donc, j'étais un petit peu... J'étais déçue, mais par contre j'ai réussi à apprendre beaucoup avec les artisans qui font le cirilli, c'est-à-dire le shibori, les techniques de motifs traditionnels. J'ai quand même eu des échanges. Et puis maintenant c'est un artisan avec qui je continue à collaborer donc c'est génial. Et voilà quand j'ai fini ces quatre mois là un petit peu triste ou net, j'ai eu la chance de rencontrer un de mes collaborateurs, Thomas Gassama, sur une belle colline de Bamako magnifique qui s'appelle la colline de Lhasa. Et c'est là que j'ai découvert la technique du beau-goulamp. Et là, pour le coup, tout était naturel. J'ai visité tout l'atelier, j'ai vu tous ces bagues de fermentation d'argile, ces bagues de teinture naturelle enrichies de plein d'intrants naturels comme de la cendre, comme des morceaux de fer. Et cette personne a été super accueillante et m'a dit Mais à partir d'aujourd'hui, si tu veux, tu viens tous les jours pour apprendre le beau-golant. Il ne m'a jamais rien demandé, il m'a tout donné, donc je suis très reconnaissante. Et donc pendant deux mois, j'étais avec lui à apprendre cette technique. Et au volant, c'est une technique de teinture naturelle et traditionnelle du Mali. C'est une technique qui est associée à l'ethnie Bambara, mais qui aujourd'hui est largement pratiquée par plein d'ethnies. Et c'était des tissus qui étaient très utilisés par les chasseurs avant. Puis maintenant, c'est utilisé par tout le monde. Et le principe, c'est de baigner son tissu de coton dans un bain de Ngalama. Donc, c'est l'anogéus leocarpus, un bouleau africain qui est super riche en tannins. Et donc, ce tissu devient jaune. Et par-dessus cette couleur, on vient appliquer différents dessins, symboles, soit à la main levée, soit à l'aide du pochoir, avec d'autres teintures végétales. Donc on utilise beaucoup le NPKU, qui est l'Anea microcarpa, c'est un arbre à raisins. Il y a aussi l'acacia, il y a le kangara, il y a le combretum glutinus perrottet, et puis il y a donc le bogo. Et donc le bogo, ça veut dire argile. et elle vient du fond du fleuve Niger. Donc en fait, on va à côté du fleuve Niger, on demande à des porteurs de sable, ceux qui prennent le sable pour les constructions, de dire Est-ce que tu peux me prendre un petit peu de beau eau, s'il te plaît, à la bonne saison ? Et puis il y va, il plonge, incroyable, et il te ramène de cette argile. Et cette argile, elle est riche en fer, donc finalement, ça crée des attaches. et ça se fixe très bien, c'est un mordant. Les parties qui ont cette argile deviennent noires et se fixent très bien. Tandis que les autres, dans un usage traditionnel, ça convient très bien. Souvent, c'est des tissus qu'on ne lave pas, c'est des tissus qu'on frappe, on enlève la poussière. Et en plus souvent les boubous c'est des vêtements très amples donc ça circule, il n'y a pas besoin spécialement de les laver. Cependant quand le beau Golan arrive dans un marché de mode international, là ça pose des problèmes pour le consommateur qui va lui vouloir le laver en machine, ce qui n'est déjà pas très recommandé pour des teintures naturelles, plus à la main mais quand même juste... Le engalama comme tannin qui va servir de fixateur n'est pas suffisant. Donc là c'est aussi quelque chose sur lequel je travaille avec les artisans pour permettre d'ouvrir des nouveaux marchés et donc de compléter ce mordant sage. T'as d'accord, ok.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Franchement, je te coupe là parce que tu as déjà dit plein de choses intéressantes sur lesquelles je voulais notamment qu'on revienne. Donc merci d'avoir plus raconté le beau Gauland parce que je n'avais pas toutes ces infos et ces anecdotes. Tu as parlé de plusieurs choses dans ton parcours où j'aimerais bien qu'on fasse des petits points. Tu as parlé d'artisanat numérique. Est-ce que tu peux m'expliquer ce que c'est que l'artisanat numérique ? Parce que j'avoue que là, ça ne me parle pas trop.

  • Maïté Oucéni

    Le terme qu'on utilise là-bas, mais finalement c'est assez simple, c'est qu'on développe, on crée des points entre le dessin traditionnel, le dessin vectoriel par exemple, Photoshop, Illustrator. Par exemple, on peut retranscrire, transposer des dessins. en numérique, en digital, sur Elucator. Et puis, en fait, on peut créer nos outils grâce à ça. Donc, on peut créer des pochoirs, on peut utiliser du coup la découpeuse laser, l'imprimante 3D pour façonner nos projets. D'accord. Pour créer un support de moulage, on pouvait passer par la modélisation 3D et imprimer cette forme avec l'imprimante 3D et la travailler en textile ensuite. C'était vraiment des va-et-vient entre les nouvelles technologies et l'artisanat traditionnel.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, donc ça c'était ma première petite question. Ensuite, tu as parlé de toutes les formes et tous les styles de teinture par réserve, de motif par réserve. Est-ce que tu peux revenir sur chacune d'entre elles parce que tu es allée super vite ? Est-ce que là-dessus, tu peux nous redétailler un petit peu ce que tu as dit dans ton parcours ?

  • Maïté Oucéni

    Oui, pour les teintures à réserve du Mali, c'est ce qu'on connaît avec le terme japonais shibori. C'est le fait de venir plier, coudre, nouer, ligaturer, compresser aussi le tissu pour créer des zones où la teinture ne parviendrait pas à s'infiltrer. Et... Et une fois que cette jeune sculpture a un volume qui est très beau, attaché, après le bain de teinture, quand on le laisse sécher et qu'on va ôter ses fils, il y a des motifs écrus qui apparaissent et qui créent des motifs qui me touchent beaucoup. Les réserves ne sont pas spécialement blanches si on vient teindre le tissu avant dans une couleur. Mais en tout cas, c'est ça, c'est ce qu'on appelle tie and die finalement. Et au Mali, ça se dit Cyrilie.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Cyrilie, j'avais noté, je ne savais pas. Ok, super. Donc, tu as cité deux personnes, donc Aboubakar Fofana, qu'on m'a plusieurs fois citée, et Betty de Paris, pareil, qu'on m'a citée. Il faudrait que je la contacte, en effet. Je voulais voir avec toi, du coup, aujourd'hui, tes activités. Donc, si je comprends, c'est dans tout ce qui est teinture naturelle, mais tu as quand même une... une volonté de développer les techniques de Beaugolant à l'international, si je comprends bien.

  • Maïté Oucéni

    Alors là, je travaille sur le Beaugolant, mais ce n'est pas que le Beaugolant. Mon objectif, c'est de cibler des techniques traditionnelles textiles d'Afrique et de les revaloriser et de les préserver. Parce que finalement, ce qu'on remarque quand on va... Moi, je suis allée au Mali, je ne suis pas allée au Mali, mais j'y ai vécu quand même trois ans. C'est que la jeunesse n'est plus intéressée pour faire ça. C'est trop traditionnel, on veut de la modernité, on aime les wax. On rejette ça et moi quand j'étais dans cette coopérative, il y avait aussi des jeunes femmes qui me voyaient avec les mains dans la cuve à faire tous ces travaux qui sont sales et qui disent que les cuves d'indigo ça pue. Moi j'adore, ils me disaient mais pourquoi tu fais ça ? Et puis aussi c'est qu'il y a beaucoup de tradition orale. Il y a beaucoup de choses qui ne s'écrivent pas. Nous, en Europe, on a quand même la chance d'avoir plein de manuscrits. Si on a envie de se mettre à la teinture végétale, il y a plein d'ouvrages à conseiller, à consulter. Tandis que, par exemple, au Mali, non. Alors, en fait, je trouve que c'est préoccupant parce que les modes de conservation changent. On veut revenir à l'artisanat, on veut revenir à des pratiques durables. Et finalement, l'Afrique a une réponse énorme face à ça. Et donc, il faut valoriser ces tissus. Il faut travailler au renforcement de capacités pour permettre à ces tissus d'arriver sur le marché international. Et donc il n'y a pas que le beaugolant. J'adore prospecter sur toutes les techniques, vraiment une enquête. Et je passe des semaines des fois à faire ça, à trouver des artisans, à trouver leurs contacts, à les appeler, à trouver des fédérations, à trouver des groupements pour savoir si la production se fait encore. Et essayer de proposer ces projets à mes collaborateurs, parce qu'il y en a différents. Et donc voilà, c'est pas que le Bogoland.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord,

  • Maïté Oucéni

    et alors ? Ce qui m'intéresse beaucoup, c'est vraiment de connecter avec plein d'artisans, mais pas que en Afrique. Mais du coup, c'est aussi ça mon travail de consultante, c'est mon réseau. D'accord, le réseau. Alors...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, excuse-moi, il y a un problème de réseau, du coup on est un petit peu en décalé, mais du coup Maïté, je voulais te demander, donc super transition, mais que tu présentes ton activité d'aujourd'hui, où tu es basée, depuis quand tu as créé ton activité, etc. Et que tu nous parles de cette vie un peu d'entrepreneur, mais avec toutes ces attaches africaines, ce que tu fais, tu dis que tu as parlé beaucoup de projets en Europe, en Afrique de l'Ouest. Est-ce que tout ça, tu peux nous le raconter ? Comment ça se passe pour toi ?

  • Maïté Oucéni

    Oui. Du coup, après cet échange que j'ai fait au Mali pendant six mois, je suis revenue un petit peu déboussolée de nos modes de production à nous. J'étais très touchée d'avoir été connectée vraiment. J'avais l'impression que j'étais connectée à l'origine des choses. Ce qu'on fait vraiment avec les mains, vraiment avec... Oui, à l'artisanat. Du coup, je suis repartie. Je suis restée quelques mois me poser des questions. Je suis repartie et je me suis dit, cette fois-ci, je prends mon sac à dos et je vais parcourir un petit peu les zones où je peux aller, où je peux me permettre d'aller au Mali, parce qu'il y a une situation politique assez compliquée. Donc, il faut faire attention. Et puis, j'ai prospecté. Je me suis fait un réseau pendant quasiment trois mois. Puis j'ai récolté des échantillons auprès de pas mal d'artisans, de groupements, d'associations. On a développé des prototypes pour voir si des idées que j'avais pouvaient se retranscrire avec les techniques. Des fois c'était possible, des fois c'était pas possible. Et donc finalement je me rendais pas spécialement compte, mais je me suis rendue compte à un moment que j'étais en train de créer une chaîne de production. Et... Et je me suis fait, enfin, remarqué, oui, par une agence de mode éthique. Il y avait aussi des initiatives au Mali. Elle s'appelle Ethical Fashion Initiative. Et c'est une agence des Nations Unies. Donc, ils font beaucoup de projets de développement liés aux techniques. textiles traditionnels et mettre en contact des communautés d'artisans avec des clients, des grands clients de la mode internationale, haut de gamme, du luxe. Donc à partir de là, moi je... Je suis revenue du Mali et je me suis rendue compte que c'était bête parce que l'indigo, ce qui m'avait fait venir au Mali, c'était un savoir-faire quasiment perdu. Il y a Abou Bakar qui en fait. Mais bon, c'est une personne qui voyage beaucoup, qui fait des formations aux États-Unis, c'est difficile de le rencontrer. Et donc, je trouvais ça dommage, mais pourtant, il y avait toutes les matières premières à disposition. pour faire des cuves d'indigo naturelles. Et c'est juste que les colorants de synthèse, ils ont fait oublier des parties des recettes. Alors il y a des ingrédients vraiment de la cuve traditionnelle que les artisans continuent à mettre, mais ils n'arrivent plus à avoir du bleu sans rajouter ces pigments synthétiques. Et puis voilà, donc c'est des cuves à l'hydrosulfite, à la soupe caustique, puis en fait il n'y a pas vraiment de station d'épuration, donc c'est rejeté dans les caniveaux, c'est des arbres. Je suis revenue en me disant que je devais comprendre comment au Mali, je pourrais remonter des cuves d'indigo naturelles. Betty de Paris, à ce moment-là, donnait une formation professionnelle de plusieurs semaines sur les cuves d'indigo à fermentation bactérienne. Du coup, je l'ai suivi et puis ça m'a donné pas mal de clés pour essayer de croiser ces différents savoir-faire, dire ok, quand je vais revenir au Mali, je vais transposer ces techniques avec les ingrédients à disposition et essayer de former les artisans avec qui je travaillais, notamment Thomas Gassama qui faisait du pogolan. Bon ben... Il y a eu le Covid entre temps, donc mon départ a été décalé il y a plusieurs mois. J'avais décidé d'y retourner, mais cette fois-ci d'aller y vivre et de monter mes entreprises. Donc j'y suis retournée. J'ai créé un génieux, un groupement d'intérêt économique avec plusieurs artisans. Ce génieux s'appelait Maota Studio. et avait pour but de fédérer différents artisans de la filière textile, autant hommes que femmes, pour créer au final des plumes. Du design textile, des œuvres d'art, du linge de maison, avec du coup mes designs, parce que je ne voulais pas reprendre les motifs traditionnels, parce que je considérais que ça ne m'appartenait pas. Mais je voulais utiliser les techniques surtout, les matières premières, pour proposer un univers nouveau. Donc voilà, il y avait des femmes assez gourdes qui faisaient la filature à la main, on appelle ça le fil phallique, le mind-pick. Il y avait beaucoup de tisserands peu, la Bamako qui faisait donc les petites bandes, les grandes bandes. Il y en avait d'autres encore à Ségou qui faisaient des tissus sur grand métier, d'une laisse de 120. Donc après il y avait mon collaborateur Thomas pour le Bogolan. Et puis je me suis rendu compte que c'est... Peut-être que ça demandait vachement de recherche et de développement pour l'indigo. Donc là, dans une logique de business, de production, il fallait que je mette ça de côté, l'indigo, en me disant bon, là, on se concentre sur le Bogolan parce que là, c'est beaucoup plus certain Mais voilà, j'ai quand même initié pas mal de projets au Mali. En fait, l'indigo, que je me faisais… venir et ils viennent du pays d'Ogon, des falaises, de Bandiagara, en fait ça devenait trop risqué malheureusement pour les habitants qui allaient récolter ces plantes parce que c'était, il y avait trop de jadistes du coup c'était trop risqué pour eux donc en fait je voulais plus leur demander d'aller me chercher d'un dibo. Avec un agriculteur que j'ai rencontré à Doulaï, on a réussi à avoir pas mal de graines d'indigo ferra arecta. C'est la plante indigo locale et on a cultivé de l'indigo à Katy, à quelques kilomètres de Bamako. C'était le projet. C'était un des projets en parallèle de développement. Donc voilà, on a développé un peu de production, de l'échantillonnage. Entre temps, j'ai postulé à plusieurs programmes avec Ethical Fashion Initiative. Je suis rentrée dans le Venture Studio, qui est des sessions de coaching avec des incubateurs pour développer bien son business model. Et ensuite, j'ai passé un autre concours et je suis rentrée dans le FI accélérateur. ouest africaine créative. Donc là, c'était quasiment sur deux ans, c'était super intensif, c'était vraiment sur la collection, il y avait pas mal de professionnels qui nous coachaient, c'était génial. Et malheureusement, j'ai eu un accident assez grave juste quelques mois plus tard. Et en fait, après cet accident, j'étais absolument plus apte physiquement ni psychologiquement à travailler. Et avec la situation politique sécuritaire, je pense que c'était un peu la goutte d'eau. Donc en fait, je suis partie en Italie. Donc ça fait un an et demi maintenant que j'habite en Italie avec mon compagnon. Et du coup, je suis allée pour me reposer et en fait, la situation politique est devenue de plus en plus catastrophique. Il y a eu un embargo total pendant des mois. Donc, il n'y avait même plus la possibilité de voyager, de prendre un avion, d'y retourner. Et puis, mes partenaires des Nations Unies m'ont dit Désolée, on ne peut plus on voyait qu'il n'y avait plus de paiement possible avec cet embargo. Donc ça a été un peu une grande remise en question. J'ai été un peu forcée de tout recommencer à zéro et de me dire, bon, on recommence différemment et peut-être que ce n'était pas plus mal avec le recul. Je me dis que c'était un peu forcé, mais que c'était la bonne décision.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et du coup, tu as tout repris à zéro depuis l'Italie, donc c'est là où tu es basée aujourd'hui ?

  • Maïté Oucéni

    Oui. Et donc, du coup, vas-y. Je suis dans l'Emilia-Romagna, à côté de Reggio Emilia. J'ai mon laboratoire là-bas. Et je recommence à travailler en tant que plus consultante, donc design textile. Consultante pour des projets de mode éthique et durable. Mais je ne touche pas en ce moment, ça fait un an et demi, je ne touche pas à la teinture. Moi, vraiment, j'ai fait beaucoup de récoltes parce que j'avais envie d'étudier un peu les plantes du bassin méditerranéen, les plantes tinctoriales européennes, parce que j'ai beaucoup étudié les plantes d'Afrique de l'Ouest. Et donc... Là, depuis septembre, j'ai recommencé à travailler en ayant une idée très claire, en me disant bon, j'ai laissé quand même pas mal d'investissements au Mali, je vais les récupérer, mais pour l'instant, je pense que c'est plutôt mon réseau qui peut me servir Donc j'avais commencé à semer des graines au début de cette expérience au Mali, j'avais contacté quelques marques parisiennes avec lesquelles je pouvais avoir des synergies, puis en fait, elles m'ont recontactée. en septembre en me disant on fait un projet je suis du coup j'ai ça m'a permis de de de me réconcilier avec le mali finalement l'âge de cette marque on peut la citer parce que j'ai félicite pour J'ai félicité pour leur courage, pour leur envie de faire bouger les choses dans le milieu de la mode. C'est la marque Panafrica, c'est une marque parisienne, qui se sont fait connaître pour des chaussures avec des tissus wax et des matériaux assez durables. Ils ont une production qui est quasiment exclusive ou exclusif en Afrique. Et puis, finalement, ils avaient envie de se tourner vers des tissus qui étaient encore plus africains. Et donc, cette technique du beau-golant, ils étaient très curieux. Et donc, on développe un projet avec un artisan de mon réseau qui a djenné. qui a été géné et qui fait du beau volant. On développe une édition limitée, une collection capsule d'écharpes. On développe les designs. Comment dire ? Je développe les designs de manière à ce que ça soit faisable avec la technique du beau-golant. Donc ça demande une connaissance de la technique, des gammes colorées, de ce qui est possible de faire, de ne pas faire. Moi je développe les pochoirs, on m'envoie tout là-bas, je donne les cahiers techniques. Et puis après je coordonne tout le projet jusqu'à réception des produits à Paris.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc cette collaboration c'est un peu un challenge parce que Djenné c'est une zone où moi j'ai complètement pas le droit d'aller. Je peux pas passer un barrage, on me dit vous retournez à Bamako madame, mais ça va pas à la tête. Donc c'est un challenge mais j'en suis fière parce qu'il y a vraiment des artisans talentueux au Mali. Et ils sont victimes de la situation politique qui se passe là-bas et puis il n'y a plus de touristes depuis des années. Et en fait, ils sont mis à mal et donc j'essaye de voir comment on peut continuer à collaborer dans des zones où on ne peut pas aller, où on ne peut pas aller les visiter. Et donc ça c'est un challenge mais je trouve ça très intéressant parce qu'on y arrive. On y arrive. Ouais. D'accord. Et donc, un projet qui sortira en octobre. Je vais sortir en octobre, donc je vous invite à tous aller voir cette collection capsule Pan Africa avec ce beau Golan du Mali. Cet atelier qui s'appelle Mali Mali de Alpha Moye et Kumare.

  • Maïté Oucéni

    Et du coup Maïté, dans tes partenaires, tu nous as expliqué ton réseau puissant au Mali. Est-ce que tu as d'autres partenaires en Italie ou plutôt dans... plusieurs pays, toi, vu ton histoire. Mais alors, du coup, je voulais savoir, pour tes partenaires, et puis pareil, partenaires, ça peut être aussi tes fournisseurs de matières premières, de tissus pour tester, etc. Est-ce que tu peux nous parler un peu de ton écosystème en Europe et en Afrique, du coup ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, alors donc je dirais qu'il y a plusieurs catégories de partenaires. Il y a plus les projets que je fais qui sont plus développement et mode. Donc on va dire qu'il y a des projets en cours avec cette agence qui s'appelle Ethical Fashion Initiative. Et il y a des projets qui vont continuer en Afrique de l'Ouest, pas au Mali mais au Bénin et au Burkina Faso. J'en dis pas plus. Donc ça, c'est un grand partenaire. Il y a cette marque Panafrica, je pense, avec qui on pourra continuer à faire des projets. Il y a pas mal de marques milanaises, puisque je suis en Italie, vraiment des stylistes africains qui sont très sensibles justement à cette démarche. qui ont envie de participer à valoriser ces textiles. Il y a comme partenaire, j'ai été formée aussi par Alexandro Butta, qui est un maître teinturier italien. Durant une résidence artistique que j'ai fait à Spoleto l'an dernier, qui était en collaboration avec la Fondation Sending. Et l'Ethical Fashion Initiative et la Malarelli Week Studio. Du coup, j'ai fait une partie de cette résidence dans l'Hacienda Agripol. C'est une ferme d'Alexandre Routa. Et en fait, c'est génial parce qu'il produit énormément de teintes tinctoriales. Énormément de la garance, de l'indigo, de la reseda, mais aussi... Le Scotano en français c'est l'arbre à perruque, c'est le sumac et encore plein d'autres. Donc en fait, pour ceux qui sont intéressés, vous pouvez contacter la Campana Montefiore, c'est ça, dans la région de Marche en Italie, et vous pouvez vous fournir de nombreuses plantes territoriales. Donc ça c'est un fournisseur. En termes de tissus, mes collaborateurs sont beaucoup en Afrique de l'Ouest. Je veux dire, il y en a la plupart. Il y en a que je commence à voir aussi en Côte d'Ivoire. Mais il y a aussi un producteur de tissus en Italie que je trouve admirable, qui a relancé la filière du chanvre. Parce que l'Italie était le deuxième producteur de chanvre mondiale au 19e. Quelque chose comme ça. Et donc, ils sont à Milan. Ça s'appelle Maecotesuti. Et du coup, ils font des tissus incroyables en chanvre mix aussi. Chanvre soie, chanvre laine, chanvre linque. Incroyable. Donc, je vous invite à jeter un... un coup d'œil et puis voilà il ya des nouveaux partenariats qui se créent mais je suis un peu comment dire où je fermais mo J'aime pas parler des choses qui sont pas encore actées, quoi.

  • Maïté Oucéni

    D'accord. Je voulais te demander, avec ton point de vue qui est très européen, très... et aussi afrique, enfin vraiment très large, est-ce que tu as un recul par rapport à la demande en teinture végétale, par exemple en Italie, ou est-ce que c'est... plus avancé qu'en France ? Est-ce que tu as des notions un peu de la demande en Europe ? Est-ce que c'est en train de prendre ? Est-ce que tu as plus de demandes ? Comment tu vois les choses avec ton regard beaucoup plus haut que la simple vision France ? Qu'est-ce que tu peux nous dire là-dessus ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    C'est compliqué, comme tous les invités que tu as eus. C'est compliqué. Je veux dire, il y a une entreprise en Italie qui a envie de développer plus de teinture naturelle, c'est Ratti, au lac de Caume. Je trouve que vraiment c'est une manufacture qui m'attire beaucoup parce que c'est vraiment entre l'industrialisation et l'artisanat et les techniques artisanales. Je sais qu'ils font beaucoup de recherche et développement, qu'ils sont intéressés par des techniques de teinture naturelle qui se passent en Afrique ou en Europe. Donc c'est plutôt bien de voir qu'il y a des grosses entreprises comme ça qui s'y intéressent, mais c'est quand même assez compliqué. Dès que je rencontre des clients, je ne travaille qu'avec la teinture naturelle, je ne veux pas du tout travailler avec du chimique et je dois vendre ça. Et ce n'est pas facile parce qu'on me dit mais non, mais ça ne tient pas Ça ne tient pas, c'est des fausses idées reçues, mais c'est juste qu'on ne connaît pas. Je pense qu'il y a une petite propagande qui s'est faite, il y a un moment qui continue à avoir de la force malheureusement. J'essaye de vendre la teinture naturelle, je suis contente parce que ça marche. Pan Africa se sont lancés dans l'aventure, j'ai plusieurs marques à Milan qui se lancent aussi.

  • Maïté Oucéni

    C'est quoi les arguments que tu leur donnes ? Est-ce que tu leur apportes des preuves avec des outils de mesure ? Ou c'est, comme tu dis, des marques qui se sont lancées et qui sont allées ? Dans ton argumentaire, est-ce que c'est plutôt des outils, des données ou des preuves par des marques ? Comment tu fais pour les convaincre ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    J'ai beaucoup d'expérience, je veux dire, ça fait quand même, ça fait pas si longtemps, mais ça fait quand même déjà quelques années que je fais de la teinture naturelle. Donc voilà, tout passe par le mordansage finalement. Et en fait, j'essaye d'expliquer à des collaborateurs qui ne sont pas des artisans, qui sont des commerçants, qui sont des businessmen, pourquoi une... La collaboration de l'année 2015 par exemple, ce n'est pas bien passé avec la technique du Bogolan ou avec une autre technique, et qu'il y a eu une commande et pas deux. Par exemple, quand je parlais du Bogolan, il n'y a que du tannin. Il n'y a que du tannin et il n'y a pas d'alin, de potassium. Le mordantage est incomplet. Donc j'essaye de parler à mes collaborateurs et de leur expliquer pourquoi. Et finalement, ils sont plutôt... ils accueillent mes... Mes remarques, mes suggestions, et ça, je trouve que j'ai de la chance de pouvoir avoir des interlocuteurs qui commencent à me faire confiance. Un coup, qui me mettent sur des projets et qui disent, bon, on avait un peu mis la teinture naturelle de côté, mais si tu as l'air de savoir ce que tu dis, on va essayer de faire du renforcement de capacité avec des communautés d'artisans pour essayer de promouvoir telle technique. telle autre technique de teinture naturelle, parce que c'est vrai que c'est des techniques qui sont à haut potentiel, autant en termes de matière textile que de couleur, et que ce serait dommage de passer à côté de ça, juste parce que les artisans en Côte d'Ivoire, au Bénin ou au Mali, n'ont pas reçu de formation sur le mordansage.

  • Maïté Oucéni

    D'accord. Du coup, c'est ce que j'allais te poser comme question, c'était comment tu transmets ce que tu apprends, etc. Donc toi, c'est vraiment via des conseils auprès de tes partenaires, via aussi la formation dont tu viens de parler. J'ai des petites questions rapides à te proposer. Pour toi, qui sont les personnes inspirantes et sources d'inspiration en teinture végétale ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Il y a beaucoup de personnes que j'admire. Le travail d'Abu Bakar Fofana, je le trouve juste admirable. Le travail de Betty de Paris, moi je suis fan de Betty de Paris. C'est une personne à chaque fois que je viens sur Paris que je vais visiter. Parce que je me reconnais pas mal en elle. J'aimerais bien être une femme comme elle, tard. Elle a beaucoup de persévérance, de courage. Et pareil, ça n'a pas été facile pour elle d'apprendre ces techniques-là qu'elle a appris au Japon. Je pense les fins des années 80 et puis elle est allée au Japon en allant voir des maîtres teinturiers et en leur demandant est-ce que vous pouvez m'apprendre ça ? Puis ils ont dit non on n'apprend pas ces techniques à l'étrangère et puis non on ne va pas te donner ça et puis en blague ils lui ont dit quand tu parleras le japonais tu reviendras. Et puis en fait c'est ce qu'elle a fait, elle est repartie, elle a appris le japonais, elle est retournée, puis elle a tout dit en japonais, puis ils étaient beaux jouets, ils ont dit bon bah elle a envie quoi. Donc elle a été formée par des grands maîtres japonais, et puis c'est impressionnant, elle a pari et elle a... Elle a plein de cul d'indigo, de soukoumo, on arrive chez elle, c'est embaumé de cette odeur. Et voilà, elle est admirable. Il y a peu de gens qui font cette technique-là. Je pense que c'est vraiment... Betty m'inspire tellement. M'inspire tellement.

  • Maïté Oucéni

    D'accord. Qui pour toi fait d'air aujourd'hui autour de la teinture végétale ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Artécobert.

  • Maïté Oucéni

    Ah, merci, on ne me l'avait jamais fait, celle-là.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    OK.

  • Maïté Oucéni

    Est-ce que tu as d'autres ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je ne trouve pas. Oui, il y a pas mal d'initiatives qui se sont créées, qui fédèrent, des invités que tu as déjà eus, des associations qui ont eu la formation, bien sûr. Qui fédère ? Je n'ai pas encore eu la chance. C'est dans ma to-do liste d'aller faire quelques workshops avec Michel Garcia, mais c'est une personne qui a l'air d'avoir un certain nombre d'initiatives. très bonne qualité en transmission, un peu d'acogie qui est vraiment accueillant. Et puis finalement, c'est pas si facile de trouver des bons formateurs. Il y a des gens qui ne révèlent pas. qui ne veulent pas vous accueillir, qui ne veulent pas vous révéler leur concret. Ils disent moi, ça m'a mis tant d'années à devenir maître ou à voir ça, je n'ai pas envie de te le donner Je dirais que Michel Garcia, oui. Je trouve que David Santandreux, on s'est eu au téléphone deux heures une fois, passionnant, j'ai envie d'aller au Maroc pour faire des formations avec lui. Oui,

  • Maïté Oucéni

    et en plus, il a aussi cette notion, David Santandreux, de plus gros volumes, de plus gros liens avec l'industrie textile, par exemple. Donc, c'est pas mal cette porte ouverte. Et je rebondis sur Michel Garcia. Tu travaillais beaucoup et tu affectionnes l'indigo. Et Michel, c'est quand même, dans ses épisodes, une de ses fiertés, c'est notamment cette cuve 1-2-3. d'Indigo qui a fait qu'il a proposé des cuves propres, hyper démocratisées en fait à pas mal de monde. Et donc je pense que oui, tu serais bien loti de faire une formation avec lui, notamment sur ce sujet-là. Ça me... Voilà, en écho, je trouvais ça intéressant de te le dire.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, parce qu'il y a des artisans avec qui je travaille au Mali qui m'ont dit, mais nous on connaît Michel Garcia, il est venu au Mali, et il a fait un échange, il me semble qu'il a fait une formation. Et j'ai appris ça il n'y a pas longtemps.

  • Maïté Oucéni

    Ah ouais, ça, il bouge partout. Oh bah top !

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je voulais parler d'un collectif en Italie qui a vu le jour il n'y a pas trop longtemps, qui s'appelle le Collettivo Tinto Ramadre et qui fédère quasiment tous les teinturiers pour la teinture végétale en Italie. On crée des événements, des rencontres, des workshops, des expos. Et vous pouvez les suivre sur Instagram. Donc ça, c'est une belle initiative.

  • Maïté Oucéni

    Oui, dont on doit s'inspirer, nous qui sommes un peu en France, un peu moins fédérés, on va dire, dans les constats que font les invités. En tout cas, c'est ce qui en ressort.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je voulais rebondir sur ce que tu fais, c'est vraiment une initiative super pour fédérer tous les gens de cette filière. Ça manquait en fait, donc vraiment merci.

  • Maïté Oucéni

    C'est gentil. C'est gentil. Alors du coup, dans ces questions, toujours, si tu étais une plante colorante, laquelle tu choisirais, laquelle tu serais et pourquoi ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Comme colorant, je serais l'indigo parce que... parce qu'elle pousse à la persévérance, à l'humilité. Vraiment, ce n'est pas facile. Elle demande des années de pratique. Ce n'est pas celui qui veut qui peut. Et donc, c'est une couleur qui me plaît, qui me fait du bien, qui est vibrante, qui profonde. et je sais qu'elle m'accompagnera toujours parce que ça fait quelques années que je suis dessus et en fait j'ai des choses que j'ai toujours pas compris quoi et des choses qui arrivent que je me dis j'aurais jamais fini de me former

  • Maïté Oucéni

    J'ai l'impression que c'est un peu ce qui ressort, c'est que la teinture végétale, on me dit souvent, ça t'apprend à rester humble parce qu'il y a tellement de techniques, tellement de maîtrise, tellement de sujets. Plus tu creuses, plus il y en a et en fait, tu n'as jamais vraiment fini de te former. Donc, dans ce sens-là, c'est hyper intéressant. Est-ce que tu peux nous dire quelle est ta fibre de prédilection à teinter ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Là... À mon niveau, j'expérimente sur pas mal de fibres. J'ai beaucoup expérimenté sur le coton, le coton du Mali. Mais en fait, durant mon projet de diplôme, j'avais travaillé uniquement avec de la soie et franchement, c'est canon. Ça révèle extrêmement bien les couleurs. La soie sauvage, l'organza, j'adore. Et finalement, le chanvre est quand même une fibre qui m'intéresse beaucoup parce qu'elle ne demande pas beaucoup de... d'eau. Donc je trouve que c'est une fibre très intéressante et quand justement on voit des entreprises comme Maeko qui arrivent à faire des mélanges et surtout j'ai des voiles de chanvre qui sont super fins, super délicats, super légers. Je trouve que le chanvre est une fibre au potentiel.

  • Maïté Oucéni

    D'accord, je ne sais pas si tu as entendu, mais il y a l'épisode de Mathieu Ebesen qui est sorti, je crois que c'était samedi, sur justement la filière chanvre en France qui est en train de redémarrer en Occitanie. Et en fait, il parlait de toutes les particularités agronomiques du chanvre, toutes ses utilisations, etc. Et le retour du chanvre dans la mode. Et cet épisode était très intéressant. Et du coup, je pense ouvrir à d'autres fabricants de fibres naturelles, parce qu'en fait, je pense que... Il faut vraiment inclure les fibres dans la couleur végétale parce que sans ces fibres, il n'y a pas de textile en teinture végétale. Donc oui, je suis complètement en raccord avec toi sur le chambre. Est-ce que Maïté, tu as des livres que tu voudrais nous recommander qui t'ont aidé, inspiré ou guidé dans ton parcours ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, alors comme tous les autres invités, je vais parler du monde des teintures naturelles de Dominique Cardon. Je voulais juste dire une chose sur Dominique Cardon, que vraiment, c'est une personne incroyable, qui fait un travail incroyable parce que dans mes recherches, dans les recherches que je fais sur... Sur les techniques traditionnelles d'Afrique de l'Ouest, là je travaille sur un projet pour le Bénin, et quand je dois choisir les plantes territoriales, les documents qui sont en libre accès sur le net, sur des sujets super précis, c'est Dominique Cardon. Donc merci beaucoup, c'est des recherches incroyables auxquelles on peut avoir accès. Merci Dominique. Sinon, en livre, oui, il y a... Pour vraiment approfondir des techniques de shibori, parce que j'en ai beaucoup parlé, il y a le livre de Jan Callender qui s'appelle Nui shibori, techniques, innovations et motifs design avec vraiment beaucoup de protocoles dessinés. C'est comme une notice, il y a les photos des productions, il y a des recettes. Elle ne fait pas trop de la teinture naturelle, mais je veux dire que sur les techniques de motif, c'est quand même super intéressant. Et puis ça nous permet avec ce livre-là de comprendre vraiment les bases et de transposer ces techniques dans notre propre univers graphique, avec nos propres actes. Donc ça c'est vraiment un livre que je conseille. Il y avait un livre que je t'avais conseillé il y a quelques mois que j'ai commencé à lire et qui est super, de François Jarig et Thomas Leroux, qui s'appelle La contamination du meuble, une histoire des pollutions à l'âge industriel Et en fait, ça met un peu une petite piqûre de rappel pour dire qu'à l'époque, parce qu'il y a un gros focus sur les industries artisanales de tannage. et pas que, mais beaucoup des teintures naturelles. Et qu'en fait, il ne faut pas oublier que ce n'est pas parce qu'on fait de la teinture naturelle que les déchets organiques qu'on génère doivent être jetés n'importe comment dans la nature et qu'ils ne peuvent pas impacter les écosystèmes. Donc, il faut vraiment... Parce qu'on lit vraiment de tout et n'importe quoi maintenant sur internet. Maintenant c'est devenu un outil de marketing énorme de faire de la teinture naturelle et tout. Mais en fait on ne pense pas au rejet. Et donc moi c'est quelque chose qui me préoccupe de savoir comment...

  • Maïté Oucéni

    Tu fais bien de le rappeler parce qu'effectivement, quand on se lance et puis après, on jette tout dans l'évier sans se rendre compte, sans réfléchir. Et donc, tu as raison de bien le rappeler, le recyclage des bains, de reneutraliser le pH, de faire attention à ce qu'on rejette. Attention à ne pas provoquer des variétés envahissantes. C'est ce qu'explique Marie Marquet dans son épisode en disant, oui, vous faites votre teinture, mais si vous rejetez les fruits dans votre compost, en fait, vous... vous ne faites pas attention et vous faites plus de mal entre guillemets que de bien. Donc, c'est très intéressant et c'est très important de le rappeler. J'avais... Ah pardon, excuse-moi.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Lui, alors, par contre, c'est une découverte. C'est un livre que j'ai en italien, que j'ai découvert dans une petite librairie de Liguria. Et en fait, c'est un... C'est le manuscrit d'un anonyme du 17ème siècle. C'est un manuscrit qui a été retrouvé. Ça s'appelle Trattato dei colori, l'opera secreta. C'est Traité des couleurs, l'œuvre secrète. Et en fait, c'est des recettes antiques. de couleurs, de peintures et de teintures avec toutes les plantes du bassin méditerranéen. Avec l'isatis, la garance, le pastel, la garance, la reseda. Et donc, je suis en train de le lire et je trouve ça incroyable. En plus d'un anonyme. C'est une zèle. C'est clair.

  • Maïté Oucéni

    Il laisse des infos, mais il n'a pas donné son nom. OK, super. Et bien alors du coup ma dernière question m'a été c'est à qui tu aimerais que j'aille passer le micro pour recueillir le témoignage de la personne que tu souhaiteras nommer ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Sans aucun doute, Betty de Paris.

  • Maïté Oucéni

    J'avais cru comprendre. Ok, écoute avec plaisir parce que je te dis, vous êtes plusieurs à m'en avoir parlé et j'avoue que c'est beaucoup de boulot le podcast et j'arrive pas à toujours suivre toutes les listes de personnes qu'on me recommande, mais je vais y contacter Betty de Paris. Bah écoute, super. Est-ce que tu as quelque chose que tu veux ajouter, un mot de la fin ou est-ce que c'est bon pour toi ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je ne saurais pas quoi dire. Merci beaucoup pour ce moment et merci pour ce que tu fais. C'est super.

  • Maïté Oucéni

    C'est sympa de le dire. Je coupe là. Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ARTECOVERT pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix. C'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale

Chapters

  • Introduction au podcast ArtEcoVert et présentation de Maïté Oucéni

    00:00

  • Parcours de Maïté Oucéni et son introduction à la teinture végétale

    00:44

  • Formations professionnelles et premières expériences en teinture naturelle

    01:03

  • Séjour au Mali et apprentissage des techniques de teinture traditionnelle

    03:41

  • Découverte du bogolan et des techniques de teinture au Mali

    06:26

  • Échanges sur l'artisanat numérique et son impact sur la teinture végétale

    10:20

  • Projets actuels et valorisation des techniques traditionnelles

    13:55

  • Collaboration avec la marque Panafrica et défis rencontrés

    17:02

  • Réflexions sur la demande de teinture végétale en Europe

    24:38

  • Livres et ressources recommandés par Maïté Oucéni

    39:52

  • Conclusion et remerciements

    52:53

Share

Embed

You may also like