- Pauline Leroux ArtEcoVert
Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de valeur. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans nos vies. Alors c'est parti, bonne écoute ! Bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast A Récovert Grégoire Fournier. Bonjour Grégoire.
- Grégoire Fournier
Bonjour et merci du coup de me proposer de faire ce podcast, je suis très content.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Écoute, c'est un plaisir partagé. Alors Grégoire, j'aurais aimé qu'on commence par une présentation que tu puisses expliquer aux auditeurs le parcours que toi tu as fait dans la couleur, la couleur végétale, qui t'a formé et ce que tu pratiques aujourd'hui.
- Grégoire Fournier
Ouais, ça marche. À la base, moi, je suis artiste plasticien et je suis aussi artiste autodidacte. Je suis rentré au niveau artistique. J'ai commencé par faire énormément de dessins, plutôt des choses très intuitives, de l'écriture automatique un petit peu. Et puis finalement, c'est devenu quelque chose de l'ordre un petit peu obsessionnel. Au fur et à mesure, on va dire, de mon parcours sur ce chemin artistique, j'ai voulu découvrir... plein de façons de travailler et plein de médiums notamment. Différents outils, différentes techniques. Après quelques années, on va dire, donc assez rapidement, je me suis... Il y avait des techniques et des outils, des médiums qui me dérangeaient dans ce que j'utilisais parce que parallèlement, je développais, on va dire, ma sensibilité à toutes les questions écologiques. Je pense que c'est le cas de pas mal de personnes. et donc j'ai commencé à m'interroger à remettre en question certaines choses que j'utilisais et je me suis j'ai fait des recherches à l'époque je faisais déjà de la scénographie j'utilisais beaucoup de l'encre pour dessiner donc j'ai fait des recherches et puis je suis tombé assez rapidement sur une formation dans la Drôme avec Marie Marquet voilà donc c'est vraiment c'est internet qui m'a mené à ça et puis je l'ai contacté je sais plus si je l'avais appelé ou si je lui avais envoyé un email mais elle m'avait répondu directement moi je lui avais un petit peu fait part de ce que je venais chercher et au final j'ai fait une formation donc chez elle donc chez Marie Marquet dans la dromadie qui était plutôt axée sur la teinture Voilà. D'accord. C'était une porte d'entrée, enfin, la porte d'entrée principale dans l'univers des couleurs végétales. Et puis, lors de cette formation, en fait, il y avait... Vu que je lui avais dit un petit peu, moi, ce que je venais chercher, elle avait prévu un petit module, un peu, où on a fait de l'encre, qui m'avait énormément plu. Et elle avait même pris le temps, en fin d'atelier... de me montrer une technique un peu de sérigraphie où on avait sérigraphié, je crois, sur du papier qu'on avait fait, qu'on avait trempé dans un bain de fer. Et voilà, donc ça a été un peu les prémices. Et moi, je crois que le stage avait duré deux ou trois jours, je ne sais plus. Mais ça m'avait, ça a été le déclic. C'est ce qui m'a un petit peu donné envie d'explorer ce monde-là et d'y rentrer, de me plonger dedans littéralement. et à partir de là j'ai pas arrêté c'est à dire que j'ai d'abord mené beaucoup d'expériences tout seul en cherchant un peu à droite à gauche après j'ai acquis pas mal de bouquins qui sont un peu des références dans le domaine et puis j'ai refait des formations notamment à couleur Garance avec Lise Camoin. Des formations aussi, pas forcément liées aux couleurs végétales, mais aux couleurs de manière générale, aux couleurs minérales. Et puis donc du coup, j'ai un peu emmagasiné un petit bagage fait de formations à droite à gauche, et puis aussi d'expérience sur le terrain, on va dire. Et depuis, je n'ai plus vraiment utilisé d'autres sources de couleurs. C'est-à-dire que ça a été assez curieux, mais pour moi, dès l'instant où j'ai commencé à travailler avec ces couleurs végétales, j'ai beaucoup cherché un petit peu ce que je voulais faire. Au début, je refaisais un petit peu la même chose qu'avant, c'est-à-dire que je dessinais, je faisais des choses assez graphiques, et peu à peu, je me suis aperçu que le plus important, c'était la couleur, et que c'était ça qui, pour moi, était la plus grande source d'émerveillement. Et donc, j'ai affiné mon travail pour vraiment, au final, ne traiter presque que la couleur. de manière assez brute. Donc ça a été un petit peu mon parcours, alors je le fais de manière très synthétique. Mais voilà, ça a commencé avec une formation quand même avec Marie Marquet, dont je garde de très bons souvenirs, qui a constitué un petit déclic, on va dire.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Alors Grégoire, tu as dit plein de trucs intéressants qui m'interpellent, je vais me permettre de rebondir. Tu as parlé de médiums et techniques que tu utilisais et qui commençaient à te déranger quand tu t'es posé sur les questions écologiques. Il y a énormément de gens qui n'ont pas réussi à le formuler aussi bien que ce que tu me dis, mais j'ai l'impression que c'est un... comment dire, c'est vraiment quelque chose, une prise de conscience qui date, ça date pas d'aujourd'hui, mais je veux dire il y a plein de gens qui se sont comme ça remis en question ce que je voulais savoir avec toi c'est quel médium t'as identifié et quelle technique tu pratiquais et où tu t'es dit là c'est pas terrible que tu les partages, ça pourra faire un petit peu de réflexion pour ceux qui soit les utilisent encore, soit ceux qui se sont convertis aussi à d'autres techniques, je trouve que c'est pas mal d'aborder ce sujet là
- Grégoire Fournier
Ahah Les médiums que j'utilisais avant de passer à la couleur végétale, c'était des choses assez classiques. C'était de l'encre acrylique ou de la peinture acrylique qui me dérangeaient pas mal. Évidemment, c'est un médium qui est extrêmement pratique parce que ça sèche très rapidement, parce qu'on peut recouvrir facilement. Ça offre quand même plein de possibilités au niveau de la peinture. J'utilisais ça, j'utilisais de la gouache, j'utilisais des encres aussi qu'on achète sur le marché. qui était très intéressante. Mais en fait, c'est le genre de truc, quand on ouvre le pot, on sait que... Enfin, moi, je suis sensible aux odeurs. Et voilà, ça sentait la chimie. Alors, la chimie pure et dure, c'est-à-dire de labo, ça sent très fort. Et du coup, c'était des choses qui me dérangeaient. Et puis après, j'ai fait beaucoup de scénographie. et c'est pareil on manipule des produits photographiques et forcément on est amené à se poser la question dès lors que ces peintures donc l'acrylique ou même la gouache dans une certaine mesure qui est faite de pigments qui sont des pigments qui ne sont pas naturels ou alors les produits photos dans la scénographie dès qu'on les met dans le lavabo ou qu'on les rejette dans l'eau quand on est un petit peu, quand on se pose déjà des questions à la base sur ces modes de consommation dans ce qu'on mange ou dans ce qu'on porte, etc., finalement, le fait de se retrouver dans une situation où c'est nous qui produisons, même si c'est à petite échelle, on est obligé un petit peu d'y penser. Quand tu vides ton pot, un reste d'acrylique dans le lavabo, tu sais très bien où ça va et tu te doutes bien que si ça sent pas bon, a priori, il y a des choses qui sont pas très bonnes pour l'environnement.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
donc c'était un petit peu tous ces matériaux là alors donc ça c'était ma première question et on reviendra sur la sérigraphie parce que je voudrais vraiment que tu nous éclaires là dessus t'as parlé d'un autre truc qui m'intéresse donc t'as parlé de ta formation sur la couleur végétale avec Couleur Garance, Marie Marquet on rappellera les épisodes les numéros d'épisodes dans le descriptif tu as parlé de formation sur la couleur minérale et des formations sur la couleur en général et ça m'intéresse parce que j'ai beaucoup d'auditeurs qui me disent ce serait intéressant de voir aussi ce qui se passe un peu ailleurs et d'ouvrir un peu le champ Est-ce que tu as des exemples à citer ou des personnes sur les couleurs minérales ou la couleur en général ?
- Grégoire Fournier
Sur le minéral, j'étais allé, je ne sais plus l'année, je crois que c'était en 2020, non je ne sais plus. Là, je suis un peu perdu au niveau des années, mais j'étais allé à Roussillon au centre, je crois que c'est l'Observatoire des couleurs, je pourrais retrouver le nom.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord.
- Grégoire Fournier
De Roussillon qui s'appelle Okra.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Ah oui, d'accord. Ok.
- Grégoire Fournier
Ouais, je crois que c'est Oka... Oka... Il y a un H peut-être.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Oka R A, je crois.
- Grégoire Fournier
Ouais. Du coup, il y a peut-être un H quelque part. Je ne sais plus. Désolé pour l'inexactitude de ce que je suis en train de dire. Je vais regarder. Mais voilà, c'est à côté de Roussillon. Et puis, j'avais fait, c'est pareil, je crois que c'était trois jours. Et c'était vraiment une formation dédiée à la... à la fabrication artisanale de peinture pour plusieurs utilisations, plusieurs types de supports, donc peinture murale, peinture sur bois, peinture... Du coup, on utilisait différents types de médiums, différents types de pigments, mais c'était uniquement des pigments naturels. d'origine minérale d'origine minérale principalement des ocres puisque le lieu s'y prêtait en revanche c'était justement dans l'optique un petit peu de m'ouvrir à autre chose que le végétal j'avais envie de je savais que je ne voulais plus revenir à des choses qu'on achète comme ça dans les casernes de Saint-Père c'est ça donc je m'étais dit mais le minéral pourquoi ne pas explorer j'étais vraiment dans une période de recherche aussi dans ce que je voulais faire artistiquement donc je suis allé faire cette formation mais au sortir de la formation je dois dire que ben j'étais quand même pas euh Voilà, ça ne m'avait pas fait la même chose que les couleurs végétales. Et au final, je n'ai pas vraiment persisté dans cette voie-là. C'est-à-dire que je n'ai continué à travailler qu'avec des plantes.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
et qu'est-ce qui t'a c'est intéressant ce que tu dis parce que il y a plusieurs invités qui m'ont dit la même chose ils ont exploré les couleurs minérales et ils sont revenus au végétal ils ont fait le choix est-ce que tu pourrais expliquer un peu pourquoi mettre des mots sur ce ouais à mon niveau c'est une question d'affinité je pense mais je crois que au
- Grégoire Fournier
final quand tu travailles avec des couleurs végétales enfin à mon sens c'est vraiment personnel mais je trouve qu'elles ont une vibrance que tu ne retrouves pas ailleurs et j'ai pas réussi en tout cas moi à mon niveau quand je vois une couleur végétale et en plus ce qui est chouette c'est que quand tu les fabriques en fait pendant tout le processus tu vois un petit peu la magie qui s'opère en quelque sorte et même quand l'encre est finie et qu'elle est sur le papier moi je la trouve vraiment en dépit du fait que c'est des couleurs qui sont peut-être parfois un peu plus douces et qui sont en tout cas certainement plus fragiles que d'autres sources de couleurs je trouve qu'elles ont une vibrance que tu ne retrouves pas ailleurs et puis tout le processus qui est derrière qui moi m'intéresse beaucoup finalement je ne retrouve pas non plus la même chose dans des processus qui impliquent de travailler avec des couleurs minérales alors il y a d'autres choses qui sont très intéressantes très satisfaisantes qui sont aussi voilà aussi propices à l'émerveillement quand on travaille avec des peintures minérales. Mais finalement, je ne retrouve pas la même chose qu'avec les plantes. D'accord. Et puis, ce n'est pas la même énergie aussi. C'est-à-dire que quand tu travailles avec les plantes, on est avec de l'eau, on est avec du liquide, on est avec un fluide. Et puis, du coup, c'est vivant du début à la fin. C'est-à-dire que l'encre également est très vivante. Alors, selon comment tu la travailles, évidemment, c'est vraiment... c'est variable mais pour moi c'est un énergétiquement parlant alors après on peut je veux dire, je trouve ça plus fort que sur une couleur minérale et encore plus fort que sur des couleurs chimiques que je trouve davantage, enfin un petit peu plate finalement voilà,
- Pauline Leroux ArtEcoVert
mais ça c'est personnel non mais il y a plusieurs personnes qui me l'ont dit mais tu vois sans forcément trouver pourquoi mais je suis contente que tu aies mis des mots genre vibrance une autre énergie et en fait je pense que c'est un peu ça que tout le monde, que certains perçoivent aussi, donc on comprend que tu travailles du coup sur les encres notamment est-ce que tu peux nous expliquer ce que tu fais ton activité où tu te situes quand est-ce que tu as démarré et ce que tu proposes et après on arrivera sur je suis allée regarder ton site internet et il y a des mots que j'ai appris et
- Grégoire Fournier
je ne peux absolument pas qu'il en parle parce que moi c'était nouveau pour moi je vais peut-être reprendre les choses de pas dans le bon ordre je travaille à Lyon dans un atelier partagé un atelier collectif qui s'appelle les Ateliers du Collectif, qui est une association qui regroupe plusieurs membres qui ont toutes et tous des spécialités différentes. Mais en gros, ce qui nous rassemble, c'est de travailler sur l'art, l'artisanat et l'architecture. En ce qui me concerne, je me définis comme artiste plasticien ou artiste pluridisciplinaire. dans le sens où j'ai certes une spécialité, je me focalise vraiment sur les couleurs végétales, mais j'utilise plusieurs moyens d'expression. J'ai plusieurs cordes à mon arc, et les expositions que j'imagine, il ne s'agit pas uniquement d'œuvres qui sont classiques, c'est-à-dire juste sur le mur, je fais aussi des installations, des vidéos, des photos. et donc je m'intéresse de plus en plus ça fait quelques années que c'est déjà très que j'ai pas mal affiné mon travail. Je m'intéresse plutôt au processus de création et finalement, pas forcément uniquement à l'œuvre finie, c'est-à-dire un objet fini, un produit final. Ce qui va m'intéresser, c'est plutôt le chemin, en fait. Voilà, qui, je pense, dans tous les cas, est un petit peu ce qui passionne la plupart des gens qui travaillent sur la couleur végétale. C'est-à-dire, quand je parle de chemin, je parle de cultiver, d'aller cueillir, de travailler dans l'atelier. entre guillemets, de faire sa petite tambouille, sa petite cuisine. De tester sur différents... En tout cas, moi, vu que je travaille sur le papier, ce qui est peut-être différent du coup des teinturières et teinturiers que tu as pu... interviewé, mais vu que je travaille sur le papier, je m'intéresse au papier, parfois j'en fabrique, donc tout le chemin jusqu'à aboutir à une œuvre, certes un objet fini, mais qui finalement n'est pas plus important que le reste. Donc, dans ma manière de travailler, enfin dans ce que je veux montrer, c'est un petit peu ce que je n'arrivais pas à dire tout à l'heure, dans ce que je veux montrer, finalement, c'est un petit peu tout ce chemin. d'une manière poétique pour finalement partager avec le spectateur l'émerveillement que j'ai eu moi en faisant tout ce travail et puis essayer de le susciter chez le spectateur qui lui arrive dans un espace d'expo où il n'a pas accès forcément à tout ça mais je pense qu'il y a pas mal de façons justement de lui... de lui ouvrir les portes un petit peu de ce monde qui est super vaste et qui est fait de moments, d'énergie et de choses qui ne sont pas forcément toujours facilement racontables, mais voilà, qui sont quand même qu'on peut rendre accessibles en tout cas.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Oui, et j'ai vu sur ton site, il y a des vidéos et je trouve ça super bien parce que tu vois, comme tu disais, c'est vivant, c'est magique, elle est vraiment vivante et en fait, moi aussi, j'invite les auditeurs à aller regarder ton site internet parce que... tu vois les vidéos alors je te dis en plus je pense que c'est de l'art thérapie parce que ça m'a relaxé à fond de voir ces mouvements je me suis dit ah tu vois je verrais bien ça en fond d'écran ou en tu sais vraiment en grand quoi parce que je trouve ça vraiment donc vraiment j'invite les gens à aller regarder ton site que je mettrai pareil en descriptif t'as commencé quand Grégoire tu t'es installé quand ?
- Grégoire Fournier
sur cet acte ? alors au début je travaillais depuis chez moi en fait jusqu'à la fin du deuxième confinement. Donc, par exemple, les vidéos dont tu parles, je les ai réalisées pendant la plupart, enfin, beaucoup de ces vidéos-là, les premières en tout cas, ça a été pendant le premier confinement. et après du coup je me suis installé dans un atelier partagé à Lyon sachant que j'ai toujours eu cette activité à Lyon je crois en avril 2021 d'accord ok alors du coup tu on
- Pauline Leroux ArtEcoVert
reviendra sur les mots après mais tu cultives tu cueilles tu glanes et tu fais tes encres. Oui. Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu cette partie ? J'ai cru comprendre sur ton site que tu avais un jardin. Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu cette partie-là ?
- Grégoire Fournier
Oui, bien sûr. Alors, les projets de jardin sont assez récents. Avant de les lancer, j'ai d'abord commencé par plutôt cueillir. Parce que finalement, ma particularité, c'est que j'habite dans un milieu urbain. et c'est vrai qu'en général quand on s'intéresse à la teinture et qu'on commence à pratiquer enfin teinture ou encre végétale c'est quand même plus lié à disons que c'est plus simple de vivre à la campagne on va dire mais en malgré tout à Lyon en tout cas je trouve pas mal de choses qui moi me conviennent parfaitement et qui me permettent de faire déjà pas mal de couleurs et j'aime bien cette idée justement de se dire je suis dans une grande ville mais en fait il y a finalement plein de choses qui sont disponibles gratuitement et qui quand même permettent dans un milieu urbain un petit peu de de marquer, comment dire, de travailler avec les saisons et puis de d'aller se balader, d'aller prendre son vélo pour aller cueillir telle ou telle plante. Tout ça pour dire que je cueille finalement quand même pas mal en étant à Lyon.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Tu cueilles quoi, par exemple, pour donner un peu d'idées aux urbains ?
- Grégoire Fournier
Alors, ce que je cueille, vraiment les plantes, celles que je trouve le plus et qui m'intéressent le plus aussi, ça va être des fleurs de Sophora. en juillet, en fait, il y a énormément de Sophora japonica. Oui ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Oui.
- Grégoire Fournier
Non, mais alors ça, c'était... Et à chaque découverte d'une nouvelle plante que tu trouves en ville, c'est génial parce que tu te dis, ah oui, c'est ici, c'est disponible. Donc, des Sophora japonica, il y en a beaucoup. Et alors, en plus, ce qui est rigolo, c'est que j'en ai un pile poil en face de mon atelier. Je suis très bien loti, en face de mon atelier j'ai un sofura Japonica qui donne des fleurs tous les deux ans. je sais pas si c'est j'ai l'impression que c'est une règle qui est en train de se vérifier mais en tout cas tous les deux ans j'ai des fleurs peut-être que ça dépend de la chaleur ou alors peut-être qu'ils donnent que tous les deux ans je sais pas trop, je suis pas vraiment botaniste et puis j'ai aussi dans la même rue un chêne qui donne des galles, mais c'est des galles qui sont un peu différentes des galles qu'on a l'habitude de voir, qui donnent pas une encre noire incroyable, mais c'est plutôt une encre grise et puis j'ai aussi du coup un grenadier décoratif
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Ah, t'as du bol !
- Grégoire Fournier
Ouais, dans la même rue, vraiment, rue Burdeau, à Lyon, en face du Jardin des Plantes. Donc le grenadier décoratif qui donne des fleurs en joint, et puis même si ces grenades ne sont pas comestibles, et encore heureux parce que dans un milieu urbain avec la pollution atmosphérique, je ne pense pas que ce soit l'idéal, mais en fait les grenades, j'en trouve plein à Lyon, des grenadiers décoratifs où je prélève, enfin je cueille les grenades en octobre. j'enlève un petit peu tout ce qu'il y a dedans je laisse sécher la peau et puis je me sers des peaux donc voilà il y a le Sophora le Grenadier il y a des chaînes dans certains parcs où je trouve des gales même il y a des petits chaînes qui sont mis un peu en mode décoratif dans des squares où j'en trouve alors ça c'était une super découverte j'ai découvert il y a pas trop longtemps enfin il y a quand même 2-3 ans des nerfs prins à la terne dans un parc. Donc, c'est le parc Blandan qui est dans le 7e arrondissement. Et les panglions,
- Pauline Leroux ArtEcoVert
ils vont être ravis. Tu leur donnes les spots et tout. Ils vont être super contents.
- Grégoire Fournier
Ouais, ouais. Alors après...
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Laissez-en à Grégoire.
- Grégoire Fournier
Il faut en laisser à Grégoire et puis aux oiseaux aussi parce que je crois que dans ce parc-là, ils ont été plantés plutôt un petit peu pour être une... C'est plutôt... C'est nourricier, quoi, pour les oiseaux. et puis c'est assez rigolo d'ailleurs dès que j'en cueille des bêtes de nerfs prins il y a beaucoup de personnes des enfants et des personnes âgées notamment qui passent devant moi et qui me disent les touchez pas c'est du poison et je leur explique du coup ce que je fais avec, je leur dis mais je vais pas les manger rassurez-vous, j'en fais de la couleur et parfois ils sont curieux et parfois pas du tout donc voilà le nerf prins, après je trouve aussi, je cueille aussi des aquilées jaunes Il y en a pas mal dans le même parc d'ailleurs. Des ronces.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
tu fais aussi des feuilles de ronces non ?
- Grégoire Fournier
avec les ronces moi je fais plutôt des encres noires je les mélange à d'autres plantes riches en tanins et je vais faire des encres noires avec ou du gris et après à Lyon ce que je trouve aussi là je te dis les principales mais qu'est-ce qu'on pourrait rajouter il y a du phytolac aussi qu'on peut trouver dans pas mal de coins ça c'est chouette parce que c'est vachement beau l'encre de phytolac c'est assez beau et puis ça se trouve dans des friches et des coins comme ça donc principalement ces plantes là sachant que c'est plutôt le sophora par exemple et les écorces de grenade c'est un petit peu les ça fait partie des plantes que j'aime bien et que je trouve facilement ici.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord. Mais en tout cas, ta démarche, j'étais il n'y a pas longtemps à l'association Les Tinctorials à Lille, et en fait, ils ont la même réflexion que toi, c'est de se dire, même si on est urbain, il y a de quoi faire en ville, et en fait, d'éduquer le regard des urbains en leur disant, vous voyez les mauvaises herbes entre guillemets que vous, vous notez comme ça, ou les végétaux ou... que vous trouvez forcément soit sans intérêt soit qui sont présents en fait elle elle arrive à faire avec cette association des couleurs produire des choses etc et donc elle expliquait qu'il y a un gros travail de sensibilisation de faire un peu changer le regard des gens mais que c'est
- Grégoire Fournier
tout à fait possible de faire de la couleur en ville comme tu dis donc c'est top c'est top et sur la parce que j'avais pas sur la partie jardin euh je fais pousser principalement des œillets d'Inde et des pastels des teinturiers et des camomilles des teinturiers aussi que celles-ci je ne les retrouve pas comme ça par les œillets d'Inde je ne me permettrais pas d'aller cueillir ceux qui sont en décoration sur les barthels ça ne se fait pas trop encore que je ramasse les pétales de roses aussi qu'on trouve un peu partout, mais du coup là je ne prends que les pétales qui sont tombées dans la même idée de ne pas trop mais voilà donc au final avec les quelques plantes qu'on peut cultiver quand même en ville plus celles qui sont déjà dispo effectivement il y a déjà de quoi en fait sensibiliser des publics qui sont aussi un peu moins branchés de nature entre guillemets ou
- Pauline Leroux ArtEcoVert
moins curieux et c'est assez intéressant de ce point de vue là et alors moi un truc que je trouve intéressant moi j'ai fait mes petits essais d'encre on va dire en novembre mais vraiment tu vois voilà c'est vraiment pour comprendre ce que me disent les invités notamment Elisabeth Dumont qu'on a reçu avec son livre Ancre de Plante qui me fait rêver tout le temps tu sais que des fois je le regarde juste parce que je trouve ça, je sais pas moi ça me fascine ces ans et qu'est-ce que j'allais dire on a eu Marie Longhi de Télème,
- Grégoire Fournier
je sais pas si ça te parle qui organise aussi je ne l'ai jamais rencontrée personnellement mais après je suis un peu ce qu'elle fait elle travaillait avec Color ton monde je crois à une époque où
- Pauline Leroux ArtEcoVert
je crois qu'elle donne des formations c'est chez Suzy Gallo oui t'as raison c'est ça je ne l'ai pas rencontré mais je suis un peu ce qu'elle fait
- Grégoire Fournier
et donc en encre on a eu Rostudio peut-être que tu connais à Paris oui pareil lui je le suis sur les réseaux on va dire mais pareil jamais rencontré mais effectivement je sais pas ce qu'il fait et bah du coup on a fait un épisode de podcast parce que je trouve que son approche elle
- Pauline Leroux ArtEcoVert
est particulière et donc voilà donc les encres moi j'ai testé des petites choses comme ça en novembre en fait ce que j'apprécie énormément c'est que je trouve que tu prélèves très peu de la nature Tu vois ce que je veux dire ? Contrairement à la peinture, où j'ai l'impression qu'on... Enfin oui, on met beaucoup plus de quantité pour teindre. Je trouve qu'avec l'encre, c'est vraiment le nectar de la plante. Et du coup, je trouve ça top. Déjà, il y a beaucoup de ressources utilisées. Et après, je trouve que c'est vachement... comment dire c'est vachement grisant parce que je trouve que ça le résultat comme tu dis de faire, alors je sais pas comment toi tu pratiques mais moi dans le livre c'était vraiment tu mets une quantité de végétaux avec de l'eau, tu laisses tu laisses mijoter j'ai envie de dire c'est pas le terme mais tu vois et après tu rajoutes ton conservateur tu flitres tout ça, tu rajoutes ton conservateur donc j'en ai essayé à l'arrache ce que j'avais à la maison on va dire ouais et j'ai fait des erreurs avec le fer tu sais au début tu lis les recettes bêtement entre guillemets et tu vois j'y suis allée un peu trop sur le fer et donc toutes mes encres au début alors que j'avais pris plein de trucs différents étaient toutes noires et je me dis c'est pas ce que je vois dans le livre ce que j'ai fait et en fait j'ai compris que c'était vraiment tu t'y vas par soupçon de faire et je me dis tu vois ouais donc on apprend on apprend en se plantant clairement ah oui oui complètement et donc je voulais voir un petit peu toi ouais pas que tu nous révèles ta technique parce que c'est pas l'objectif mais quel est toi ton ta manière de faire est-ce que c'est globalement la même comment tu procèdes
- Grégoire Fournier
Oui, déjà, effectivement, je suis d'accord avec toi. Le livre d'Elisabeth Dumont, il est super. Moi, j'anime des ateliers justement autour de l'encre où j'enseigne un petit peu ces techniques-là et je le recommande tout le temps parce que, à mon sens, c'est un livre qui est très complet, qui contient... Bon, il est très beau, il y a des belles photos, etc., mais il y a des recettes, il y a des recettes qui sont anciennes, il y a des infos historiques, il y a de la chimie. Enfin, vraiment, pour moi, c'est une porte d'entrée qui est parfaite. il y a plein d'autres livres qui sont super mais là vraiment sur les angles pour moi c'est la référence et après écoute moi dans ma manière de travailler c'est un petit peu ça je suis aussi ce que tu as dit sur l'aspect des quantités et des volumes c'est quelque chose que je je ne peux que être d'accord avec ça et justement je trouve que c'est ce qui aussi rend les encres finalement très accessibles parce que contrairement à la teinture on est sur des volumes petits on est sur finalement Au-delà des petits volumes, on est sur du matériel qui est beaucoup plus simple, beaucoup plus accessible. Donc, on peut travailler avec du matériel dédié à l'encre pour éviter de mélanger avec ce qu'on va utiliser pour la cuisine. Mais ça va être des petites casseroles, des petites plaques de cuisson. Et finalement, on peut faire ça chez soi. La teinture, c'est vrai que c'est bien d'avoir beaucoup de place parce qu'on va brasser beaucoup d'eau, etc. faire sécher du linge, etc. C'est vraiment... C'est là qu'un atelier en dehors de la ville est beaucoup plus intéressant, on va dire. Mais pour l'encre, ce que je trouve intéressant dans ce que tu as dit, c'est qu'effectivement, vu qu'on est sur des plus petits volumes, on est sur des... Tu as parlé de nectar. Je dirais qu'on est aussi sur un petit concentré de teinture, finalement. c'est plus accessible et ça peut être une super porte d'entrée pour ensuite aller vers la teinture. Et ça, je le vois parce que j'anime que des ateliers sur l'encre parce que c'est ma spécialité, mais je vois bien que je propose toujours aux gens de mettre un petit morceau de tissu mordancé dans leur encre, dans leur préparation, pour leur dire... en fait, ce qu'on est en train de faire, c'est très, très, très proche de ce qu'on fait en teinture. Et généralement, ça leur donne envie de tester, de teindre quelque chose chez eux ou d'aller se former par la suite. Mais par rapport aux encres, ma façon de travailler, elle est assez simple. La seule chose, c'est que j'ai des recettes de base, on va dire, que tu peux... qui serait très similaire à celle qu'on trouve dans les bouquins. Mais après, au niveau de l'encre, pour moi, c'est un peu comme de la cuisine. C'est-à-dire que l'expérience va être fondamentale. En fait, tu as une recette à la base.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
mais en fait t'es avec ta petite casserole tes ingrédients et en fait au bout d'un moment alors moi j'adore cuisiner je pense que les personnes qui aiment cuisiner se rencontreront là-dedans mais au bout d'un moment tu fais les choses au feeling et tu suis aussi ton inspiration et si t'es bien ancré dans ce que tu fais tu vas tester de nouvelles choses donc ce que je trouve bien avec l'encre c'est qu'à chaque encre on va avoir une expérience qui est un peu nouvelle et on va pouvoir euh... aller chercher des couleurs légèrement différentes et au-delà de la couleur, on va pouvoir lui donner finalement une qualité, un aspect qui est différent en rajoutant de la brillance. Avec la gomme arabique, par exemple, on peut en mettre plus ou moins, on peut rendre l'encre plus ou moins visqueuse, plus ou moins épaisse. Et en fonction de la façon dont on veut la travailler, des outils qu'on va utiliser, finalement, on peut un petit peu jouer avec toutes ces mesures pour avoir l'encre qui nous convient le plus. Donc... voilà donc moi c'est ma façon de travailler et généralement je prends même pas de mesure vraiment il y a des fois j'y vais j'ai tous mes ingrédients et puis je me lance c'est de l'expérience et dans l'idée après c'est ma façon de travailler c'est à dire que je suis très dans le je veux que ce soit un moment en fait où je me laisse un peu porter, un peu guider alors c'est pas tout le temps le cas forcément parce qu'il y a des fois on réfléchit trop etc mais l'idée moi c'est que je me laisse un peu aller qu'il y ait un lâcher prise pour qu'ensuite finalement chaque angle, chaque couleur ait quelque chose à donner de différent mais bon ça c'est dans l'idée dans la pratique c'est pas toujours faisable il y a des fois aussi je vais suivre une recette avec les mesures de A à Z mais je le ferai peut-être les premières fois et
- Grégoire Fournier
alors c'est hyper intéressant ce que tu dis donc je rebondis sur le fait que tu dises entre bain de teinture et encre en fait une encre c'est juste un bain de teinture auquel on vient rajouter une gomme
- Pauline Leroux ArtEcoVert
un épicot de temps et un conservateur globalement la concentration n'est pas la même mais c'est ça globalement en fait finalement t'as raison de le souligner c'est comme un bain de teinture parce qu'on part de la plante qu'on fait chauffer pour l'encre on fait presque tout le temps chauffer l'idée étant de extraire le colorant donc là c'est le bain de teinture sauf qu'effectivement on va vouloir avoir un volume qui est très réduit, en tout cas moi c'est un petit peu ce que je fais Moi, ce qui m'intéresse, j'aime bien les couleurs qui sont puissantes, qui sont très fortes, on va dire, très intenses, dans lesquelles on a envie tout de suite de se plonger. Et du coup... pour arriver à avoir ces couleurs-là, parfois avec des plantes qui ne sont pas forcément réputées. Je prends souvent comme exemple le chou rouge, que j'aime beaucoup, parce qu'en fait, le chou rouge, je pense que dans le domaine de la teinture, il a très mauvaise presse. Il n'est pas forcément recommandé. On ne va pas le trouver dans des bouquins parce qu'il est très fragile au lavage, à la lumière. Mais en fait, moi, j'adore faire des encres avec lui parce que déjà, je vais choisir le chou. je vais prendre en ce moment c'est parfait dans cette saison là il y en a qui sont extrêmement colorés enfin vraiment il y a des différences entre les choux et ensuite l'idée c'est de le faire réduire réduire réduire réduire pour avoir finalement très peu d'eau avec énormément de colorant et dans cette idée là on est sur la même technique qu'un bain de teinture sauf que comme tu l'as dit tous les ingrédients par exemple les mordants, les fixateurs qui en teinture vont intervenir dans les mordansages dans la préparation du support qu'on veut teindre là on va les mettre à la fin et en toute petite quantité et pareil on va mettre de la gomme et si on a envie de mettre autre chose on peut encore mettre autre chose, on peut mettre du sucre, du miel à la rigueur on peut tester plein de trucs et donc effectivement on est sur une technique qui est vraiment très proche de celle de la teinture
- Grégoire Fournier
et alors ce qui m'interpelle aussi dans ce que tu dis c'est oui on peut mettre autre chose que de la gomme pour épaissir et justement dans le livre d'Elisabeth Dumont elle propose des recettes hyper anciennes d'encre je ne sais plus le nom ça a un nom spécial et en fait ouais tu dois mettre une pointe de miel ou je ne sais plus quoi et en fait le truc c'était magnifique ça faisait des reflets alors ça prend beaucoup plus de temps que les autres et je me dis qu'est-ce que je fais j'essaye ou pas et en fait oui tu sais dans la brillance maintenant je comprends ce que vous vouliez dire et toi d'où le fait que j'essaye quand même parce que quand on me parlait de brillance d'encre je me disais mais tu le vois sur le papier et elle expliquait l'importance du support et que des réactions chimiques peuvent opérer entre le papier et l'encre et en fait je me dis mais c'est quoi cette histoire et je l'ai expérimenté avec tu sais quand tu poses ton encre sur le papier comme des bulles il se passe un truc où ta couleur elle vire d'un coup et c'est pas du tout le même rendu et en fait ça j'aimerais bien aussi que tu l'expliques comme tu travailles sur papier est-ce que tu prépares ton papier ? quel papier tu utilises ? quel papier tu fabriques ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
ouais ça marche alors au niveau du papier effectivement selon sa composition chimique vu que les colorants sont très sensibles ils vont réagir et donc Mais ça, c'est un peu valable avec d'autres types de couleurs, même des couleurs qui ne sont pas d'origine végétale, mais avec le végétal, c'est vraiment flagrant. La couleur va réagir en fonction du papier, et donc pour deux papiers différents, on aura peut-être deux couleurs un peu différentes. La différence peut être légère, ou alors elle peut être carrément très forte, notamment si le papier est acide. ce que j'utilise quand je fais sur certains travaux de séries que j'ai qui sont bien définis bien figés dans des séries de travaux que j'ai j'utilise principalement du papier qui est le papier le plus recommandé pour travailler l'encre végétale qui est du papier aquarelle qui est en fait un papier qui va être non acide et surtout qui va avoir un pouvoir absorbant Très fort, parce qu'il ne faut pas oublier que l'encre qu'on fabrique avec les plantes, c'est une encre qui est à base de colorant. Et donc, qui dit colorant, dit qu'il faut un support qui absorbe. Parce que si j'utilise mon encre... sur une toile de peintre qui a été apprêtée avec du gesso ou un enduit qui finalement rend un peu la toile imperméable, mon encre, on peut l'utiliser, mais elle va couler, elle ne va pas du tout être absorbée par la toile parce qu'il y a une matière qui empêche son absorption. Du coup, le papier aquarelle, ce qui est intéressant, c'est qu'il est très absorbant et les papiers aquarelles de grande qualité vont être à base de coton. Et là, le rendu est super, c'est magnifique. Alors, c'est des papiers qui sont plus chers que des papiers aquarelles à base de cellulose. mais le rendu est magnifique. Donc, pour la plupart de mes travaux, ce que je fais dans l'optique vraiment de faire un produit fini, c'est-à-dire une œuvre encadrée, je vais utiliser du papier aquarelle 300 grammes et parfois, j'utilise carrément du papier 600 grammes, c'est-à-dire beaucoup plus épais. Parce qu'aussi, moi, dans ma technique, ce que je fais, c'est que je déverse énormément d'encre et je laisse agir les encres. C'est-à-dire, je les considère un peu comme des co-autrices, enfin, co-auteure, auteure, autrice, du... de l'œuvre. Et du coup, là, il me faut un papier qui absorbe énormément et qui boive toute l'encre que je vais déverser vraiment en grande quantité. Après, ceci étant dit, j'aime beaucoup aussi expérimenter avec des papiers qui ne sont pas nobles, de très mauvaise qualité, entre guillemets, qu'on n'oserait pas un peu utiliser comme ça dans une pratique artistique, comme du papier d'imprimante ou n'importe quoi, du papier qu'on récupère dans notre boîte aux lettres d'une pub. J'aime bien en fait, j'avais une période où je testais les encres dessus pour voir en fait ce que le papier avait à dire et ce que l'encre avait à dire sur ces papiers qui sont des papiers qui mine de rien sont quand même... ont été produits, ils sont là et ça reste intéressant de voir la couleur qui en ressort même si cette couleur elle sera sans doute beaucoup plus éphémère que sur des papiers de grande qualité. Mais c'est aussi un aspect moi qui m'intéresse, c'est la vie de l'encre finalement. qu'elles se retrouvent sur le papier le plus cher du marché, de meilleure qualité ou sur un papier justement banal qu'on n'utiliserait jamais pour ce type de pratique ça me plaît bien cette idée là par exemple certaines couleurs sur un papier d'imprimante elles vont être très jolies
- Grégoire Fournier
ah ouais ? ouais et il est comment en fait c'est ça la question que j'avais posée c'est comment on sait qu'un papier est acide alors le grammage on le voit quand tu l'achètes c'est écrit dessus ouais mais l'acidité d'un papier je me suis dit mais attends comment tu sais ça ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
ben dans les papiers en magasin de Beaux-Arts tu vas retrouver un petit logo en fait où généralement c'est écrit en plusieurs langues et en anglais acid free enfin sans acide d'accord et sur les papiers aquarelles c'est tout le temps le cas c'est un tout petit logo il est soit devant soit derrière mais si c'est marqué c'est bon, c'est pas acide s'il y est pas en principe c'est que soit ils ont pas vraiment certifié le truc soit il l'est pas du tout d'accord ok et après je suis pas assez connaisseur mais ça doit être dans des proportions qui sont un peu variables
- Grégoire Fournier
j'ai vu les vidéos que tu faisais où on voit l'encre danser là j'imagine que c'est tu déverses de l'encre je pense que c'était déjà dans de l'eau alors au niveau de ma technique tu veux que j'en dise plus sur la ouais
- Pauline Leroux ArtEcoVert
en fait ce que je fais effectivement je filme l'idée avec ces vidéos c'est effectivement de donner à voir un petit peu ce que sont les encres à l'état liquide parce que dans une oeuvre encore une fois un peu finie de manière classique encadrée dans un cadre sur du papier l'encre elle est séchée l'univers qui a découlé si j'ose dire de la rencontre de ces encres il est figé maintenant quand Encore une fois, dans l'idée de montrer le processus, quand tu travailles avec les angles qui sont encore à l'état liquide, moi je suis toujours un peu, au départ, et toujours un peu maintenant, je suis toujours frappé un peu par leur vibrance et par leur caractère qui est vraiment vivant, leur énergie. Et l'idée de la vidéo, c'était de la capturer, cette énergie. de capturer ces moments qui seront... dont on peut se douter qu'ils ont existé quand c'est sec, mais qui sont finalement... Voilà, sur le moment présent, ils sont incroyables. Du coup, la technique, c'est que je prépare effectivement des feuilles de papier, j'ai un petit dispositif où je les incline légèrement, je mets mon appareil au-dessus du papier avec un pied, donc j'utilise un objectif macro. pour vraiment me mettre au plus près je me mets assez près c'est des surfaces très petites finalement que je filme qui tiennent sur un format A5 et encore ça occupe un quart de l'espace parfois donc c'est vraiment des petites surfaces et en fait au début je mettais de l'eau effectivement et je déversais l'encre de façon à ce qu'on ne voit pas mon geste et mon intervention sur la vidéo donc je me mettais derrière l'appareil et je venais déverser l'encre avec des pipettes et des pinceaux mais vraiment en très petite quantité et je la laissais se diffuser dans l'eau Et après, je rajoutais d'autres angles, d'autres couleurs. Et l'idée, c'était un petit peu de les faire couler comme un fleuve et de les faire interagir entre elles. Et après, finalement, je me suis aperçu que l'eau, c'est assez intéressant. Ça les diffuse de manière pas trop rapide, pas trop lente. Mais c'était un petit peu rapide à mon goût, sachant que toutes les vidéos qu'on peut voir, que je fais et que je mets sur mon site, elles sont toutes à vitesse réelle. Donc par la suite, j'ai commencé à utiliser de la glycérine. Glycérine que j'utilisais par ailleurs à l'époque où je faisais des tests d'aquarelle. parce qu'elle fait partie de la recette de l'aquarelle. Donc en fait, je me suis mis à mettre de la glycérine sur le papier et à faire exactement le même... la même chose, c'est-à-dire déverser les encres progressivement. Et en fait, c'est assez chouette parce que l'encre dans la glycérine, elle se déplace, mais à une vitesse... Tout doucement. Tout doucement. Et chaque encre, et ça, je suis incapable de dire pourquoi, chaque encre, selon... Je pense que c'est lié au colorant, mais pas que. Je pense que c'est aussi lié à la consistance de l'encre. Elle va offrir des mouvements un peu différents. Donc j'ai des vidéos où vraiment la goutte elle passe, on a l'impression qu'il y a une baleine qui passe, il y a des vidéos où l'encre arrive et puis ça fait des dessins naturels dans le papier, on a l'impression que ça évoque plein de phénomènes naturels qui peuvent se produire dans l'eau, dans la montagne, dans la forêt, et puis en fait l'idée en le faisant, ça me scotchait. du coup je l'ai fait un peu dans cette idée là de proposer quelque chose qui est un peu de l'ordre du contemplatif et du méditatif en fait parce que ça calme vachement, c'est très lent, c'est très coloré on a l'impression de se plonger dans un univers qui est pas là et finalement on sort un peu de nous même
- Grégoire Fournier
un court instant tu te rends compte que c'est exactement ce que je t'ai dit quand j'ai vu ton quand j'ai regardé ton site et je savais pas que c'était ça ton c'est mon intention après du coup ça m'a fait énormément plaisir que toi que
- Pauline Leroux ArtEcoVert
c'est comme ça que tu le vives entre guillemets mais c'est un peu parce que moi c'était à la base donc encore une fois ces vidéos je les ai faites pendant le premier confinement et finalement donc à Lyon dans un milieu urbain, premier confinement, on est tous passés par là. Et finalement, c'était un moyen d'évasion qui était génial. c'est l'époque où j'en ai fait le plus donc à travers ces angles,
- Grégoire Fournier
ces couleurs en fait moi je m'évanais c'est satisfaisant en plus je me dis que de le regarder ça détend mais de le faire que ce soit toi qui donne un peu le rythme entre guillemets et qui introduise les couleurs ça m'a interpellée je rappelle aux gens d'aller voir parce que je pense qu'ils comprendront du fond de quoi on parle alors du coup Grégoire juste pour faire le parallèle donc tu parles d'encre liquide ouais j'aimerais tout doucement t'amener à la sérigraphie du coup tu proposes aussi enfin tu as dit tu faisais des ateliers etc mais donc tu as les oeuvres vidéo avec les encres liquides et tes oeuvres que tu réalises et je voudrais t'amener vers la sérigraphie où on aborde le sujet que j'ai beaucoup de fois par les auditeurs soit sur Instagram soit qu'on me pose la question c'est comment faire de la sérigraphie végétale propre, entre guillemets, et tu vois de quoi je veux parler. Donc, moi, je ne connais rien, je te le dis clairement, j'ai juste fait mes petits essais d'encre. Je comprends que pour atteindre une encre de sérigraphie, il faut venir apporter une certaine consistance. J'ai compris un peu les cadres pendant la formation avec Michel Garcia, il m'avait un peu montré. Marie Longhi avait expliqué. Je vois le principe. J'ai compris qu'il y avait une phase, alors c'est l'insolation, je pense.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Oui.
- Grégoire Fournier
et là il y a quelqu'un donc un sérigraphe traditionnel qui m'a dit cette passe là elle est gênante parce que oui effectivement on utilise des produits franchement on comprend bien que c'est pas tout net et c'est pas très bon pour et nous et la planète et donc je voudrais savoir toi comment tu as réussi à développer quelque chose de plutôt moins impactant on va dire alors ouais alors bon je vais peut-être c'est un peu décevant
- Pauline Leroux ArtEcoVert
mais je pense que c'est quand même intéressant je vais te partager un petit peu mon expérience c'est que spoiler en gros j'ai pas vraiment découvert de manière de faire de la sérigraphie qui soit 100% propre à l'heure actuelle je fais très peu de sérigraphie dans dans mes productions personnelles en revanche c'est vrai que je l'utilise pas mal dans des projets euh de transmission qui inclut des ateliers dans des écoles avec des structures auprès de différents publics parce que c'est une technique d'impression qui est très intéressante qui permet de travailler sur des visuels qui ont été préparés en amont par les participants qui permet de travailler sur de la photographie qui est aussi un domaine qui m'intéresse pas mal et qui permet de réutiliser les encres qu'on a préparées avec les plantes et d'aller travailler en impression sur des thématiques liées aux végétales. C'est pour ça que moi, j'utilise pas mal dans des projets que je mène dans des écoles, etc. En revanche, c'est vrai que... à une époque je l'utilisais plus dans ma production artistique personnelle et justement cette question là m'embêtait vraiment si bien que alors à une époque je cherchais justement des moyens de fabriquer l'écran de sérigraphie avec d'autres choses c'est à dire quand je dis d'autres choses c'est avec autre chose que le produit qui pose un peu problème à tout le monde je pense enfin toutes les personnes en tout cas qui font de la scélégraphie, qui veulent faire de la scélégraphie plus propre, c'est l'émulsion photographique qu'on utilise pour préparer l'écran. Qui, comme tu l'as dit, lors de la préparation de l'écran, en fait, on enduit la soie qui est... Donc, c'est une soie de synthèse également, à base de nylon ou de polyester, qui est tendue sur un châssis. Et on enduit cette soie de synthèse d'une fine couche de produit photographique. qui va être la base pour qu'ensuite on vienne, lors de la phase d'installation, préparer l'espèce de pochoir qui va se retrouver sur ce tissu tendu. C'est la base de la scénographie. Et ce produit photographique, il est effectivement problématique parce que c'est un produit photo et qu'on le déverse, on le remet dans le tout à l'égout. Ça dépend de la taille et de l'échelle des ateliers. quel que soit l'atelier, que ce soit professionnel, artisanal, associatif, quand c'est généralement à grande échelle, il y a des bacs de récupération qui permettent de reprendre ce produit et de le traiter, mais quand bien même ça reste un produit qui est quand même... assez nocif. Et quand il n'y a pas ça de prévu, c'est-à-dire ces bacs de récupération, il faut savoir que ça va dans le tout à l'égout. Et du coup, on se doute bien des dégâts que ça peut causer. Et donc, l'idée... Moi, je n'ai jamais vraiment réussi à remplacer ce produit. Je sais qu'il y a des techniques qui doivent exister parce que la stéréographie, à la base, c'est quand même une soie. véritable qui est tendu sur un châssis et puis en fait on vient boucher des parties du tissu avec un enduit spécial donc avant le XXe siècle et avant que alors je sais plus si c'est exactement le XXe mais en tout cas avant que la sérigraphie ne soit modernisée avec justement l'utilisation de ces produits photos la scénographie qui a été faite à l'origine on n'utilisait pas du tout de produits de produits photos, on utilisait des enduits naturels alors j'ai jamais retrouvé d'infos là dessus, par contre la seule chose que j'avais fait moi à mon niveau perso en tant qu'artiste vu que ça me dérangeait, il y a une époque où je m'étais dit j'ai des écrans de scénographie je vais pas les dégraver c'est à dire je vais les garder tel quel et je vais les exploiter ça a été une phase, j'ai dû faire ça pendant un an j'ai pas trop publié de choses enfin j'en ai quelques unes si tu veux je pourrais t'envoyer j'ai une petite série où en fait vraiment j'ai pris toujours les mêmes formes et je les ai sérigraphiées indéfiniment mais de plein de façons différentes c'est à dire que je l'utilisais plus vraiment comme un moyen de reproduction où on fait un multiple d'art où tu fais je sais pas 30 fois la même chose et puis tu signes tu fais 1 sur 30 2 sur 30, 3 sur 30 etc là vraiment je prenais les formes je prenais mes cadres et je faisais à chaque fois un résultat différent et une oeuvre nouvelle qui était unique mais bon après ça n'empêchait pas que ça ne résolvait absolument pas la question de comment faire l'écran proprement donc j'ai un petit peu je vais être très franc j'ai un peu abandonné l'idée dans l'attente que justement il y ait des choses qui se développent après j'ai déjà rencontré des sérigraphes qui travaillaient sans ce produit et qui le remplaçaient par en fait ce l'écran, il le faisait... Alors, attends, je ne dis pas de bêtises. C'était une machine, en fait, qui le fabriquait à partir de matériaux qui sont moins nocifs que le produit photo. Ça, je... Je suis désolé parce que je ne me souviens plus exactement du... j'aimerais ne pas dire de bêtises.
- Grégoire Fournier
Sinon, tu m'envoies un petit mail après et je mettrai en descriptif, tu sais, d'épisodes.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Il va falloir que je mène l'enquête parce que j'avais rencontré cette personne et lui, vraiment, il avait ce truc, c'est une machine qui produisait son écran et ensuite, il le tendait sur sa toile. Il le tendait d'une manière très simple. Et je pense que c'est... Après, l'inconvénient de sa technique à lui, il utilise... Il ne rejetait rien dans le tout-à-l'égout, certes. parce qu'il n'utilisait pas ce produit photographique liquide, mais son écran qui avait été produit par une machine et qui tendait lui-même sur ses cadres, il était obligé, une fois qu'ils avaient été utilisés, il fallait les jeter. Oui,
- Grégoire Fournier
d'accord.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Mais quand même, je pense que ça restait intéressant parce qu'il n'y avait pas cet aspect de rejeter le produit photo.
- Grégoire Fournier
D'accord, en tout cas j'essaierai pendant la table ronde sur l'encre de l'écriture à la sérigraphie de poser la question je pense que ça va intéresser plein de monde parce que moi j'avais entendu des pâtes de réserve avec du riz du soja mais c'était pas tout à fait concluant j'ai
- Pauline Leroux ArtEcoVert
pas tout compris non plus et j'avoue j'arrive pas à démêler le mystère donc j'aimerais vraiment qu'on trouve dans le même esprit que ce que tu viens d'écrire j'avais la sérigraphie à Lyon je connais pas mal de gens qui en font et de tous les âges et j'ai un ami qui est à la retraite qui est un fondateur d'un atelier qui est super qui s'appelle l'atelier Chalopin dans le 7ème arrondissement qui travaille beaucoup sur les estampes d'artistes et aussi sur le textile et cette personne il m'avait parlé d'un processus où on utilisait au lieu d'utiliser le produit photo on utilisait du drawing gum je t'ai pas dit tout ce que c'est donc le drawing gum c'est un produit qui est utilisé en aquarelle c'est un produit de masquage Tu sais, que tu mets sur le papier qui a une odeur... vraiment pas agréable du tout, qui est fait à partir de latex, je crois. Ouais. Est-ce qu'il est... Alors, je pense qu'il y a différentes qualités de drawing gum, mais je pense que ce n'est pas non plus le produit le plus propre de la Terre. Tu m'en... Voilà. Mais en tout cas, ce produit, tu mets ton aquarelle dessus, tu laisses sécher et après, tu peux le gratter. Et en fait, finalement, tu fais réapparaître le blanc du papier. Ça avait servi à masquer le papier le temps d'appliquer ta couche de couleur.
- Grégoire Fournier
bon donc à creuser quoi ouais mais c'était dans la même idée c'est à dire que c'est un enduit qui est différent de produit photo ok donc ça il faut encore qu'on creuse j'ai une question moi plus technique c'est qu'une fois que t'as fait ton ton pochoir, non on peut pas dire ça une fois que t'as fait ton cadre et que t'as fini ton motif tu dois gratter le produit qui s'est, comment tu rends ton cadre vierge en fait ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Ah, et bien, le terme qu'on utilise, c'est qu'on va dégraver le cadre. Oui. Et ça consiste... Et là aussi, c'est problématique, donc c'est chouette que tu poses cette question, parce que... Enfin, c'est problématique. Disons qu'on va utiliser un nouveau produit qui est un dissolvant. de la même façon que quand on veut faire partir du vernis ou autre chose on utilise un dissolvant qu'on projette là je te dis la méthode que j'ai le plus vue on projette le dissolvant sur l'écran qui contient le produit photo on le laisse agir et après on utilise un car chair généralement pour enlever toute cette matière et finalement on retrouve notre soie de synthèse d'origine et on retrouve un cadre qui est à priori vierge et on peut de nouveau on peut le réutiliser ça reste très intéressant c'est à dire qu'un même cadre de scénographie peut avoir une durée de vie extrêmement longue
- Grégoire Fournier
alors ça j'ai vu j'étais à l'ESAT à Roubaix et elle faisait quand je parlais enfin que je faisais l'interview, elle venait nettoyer leur cadre, exactement ce que tu viens de dire des grands cadres au Karcher avec un système de récupération d'eau donc en fait je comprends mieux, oui c'était grand ils avaient un grand labo pour les étudiants mais tu vois du coup peut-être que je devrais y retourner mais pour l'aspect sérigraphie plutôt que teinture, mais en tout cas je vois ce que tu veux dire donc il y a quand même deux moments qui sont problématiques on va dire, il y a cette phase
- Pauline Leroux ArtEcoVert
d'émulsion photographique que tu dis et la phase où on dégrave le cadre d'accord ok c'est ça je voulais dire après bon ça effectivement c'est des produits qui plus on est amené à travailler avec des matières naturelles et près de la nature plus forcément c'est des produits qui vont déranger mais juste une petite peut-être un petit bémol c'est que ça reste quand même une technique d'impression qui va être moins polluante que d'autres après c'est pas qu'une question de enfin il n'y a pas forcément besoin de faire une hiérarchie entre tous les trucs qui polluent ça reste une technique qui va être plus propre que d'autres. Je pense que c'est justement intéressant de mobiliser des gens qui s'interrogent un petit peu là-dessus. C'est ça. Donc, c'est très chouette ce que tu fais par rapport à ça. Parce que je pense qu'il y a... Moi, je t'avoue que j'ai un peu par flemme, et aussi parce que la scénographie constituait juste un outil parmi tant d'autres dans ce que je fais. Je me suis penché sur la question à un moment, et après, je l'ai abandonné, parce que...
- Grégoire Fournier
parce que je la travaille plus et parce que c'est exactement ce que m'ont les invités à un moment j'ai voulu comprendre j'ai pas trouvé assez d'infos j'ai pas trouvé de réponse comme la vie est remplie et qu'il y a plein de techniques on retrouve la scénographie dans toutes ses pratiques et elle est un peu incontournable et je pense que ça
- Pauline Leroux ArtEcoVert
peine beaucoup de gens de se dire qu'on n'arrive pas trop à avancer même si au final je pense que ça avance quand même en fait moi je pense que ça avance mais qu'il n'y a pas de relais
- Grégoire Fournier
en fait soit t'attends qu'il y ait un livre qui sorte soit mais c'est très peu médiatisé il n'y a pas beaucoup on n'en parle pas à la télé de tiens un tel a découvert bah non tu vois et c'est ça le problème c'est que en fait ça reste très pas assez échangé alors qu'il y a des gens qui ont trouvé des solutions qui se sont penchés sur le sujet il y a un invité qui m'a parlé du suminagashi tu sais alors attends non plus je me suis dit à tes souhaits je ne comprends pas en fait c'est un peu le même tu vois ce que tu fais avec tes vidéos avec des encres qui s'expriment qui dansent etc en fait il y a une technique donc je pense que c'est hyper polluant le truc mais où t'as un bain avec différents colorants et tu viens tremper ah Voilà, et ça s'appelle du suminagashi apparemment.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord, c'est un peu comme le marbrage. Enfin, tu déposes ton papier sur la surface et puis ça vient... Ah oui, alors ça, à une époque, je m'étais dit tiens, ça serait rigolo de faire ça avec des ondes végétales. Mais je crois qu'il faut rajouter un produit qui maintient un peu les... les couleurs en suspension et je me demande, je ne sais pas s'ils utilisent justement des couleurs à base de pigments ou à base de colorants,
- Grégoire Fournier
je ne suis pas sûr alors, je te pose la question parce qu'encore une fois c'est une enquête et en fait ça ne vient pas d'un sérigraph, cette question ça vient d'une réflexion d'un artiste, Dorian Etienne qui utilise la couleur végétale sur des laines en tufting c'est plutôt des grands paysages qui fait des fûts aériennes de paysages où il utilise le tufting, la laine teint végétalement, tout est local et en fait à la fin de son épisode j'adore ce podcast parce que je rencontre des gens et à chaque fois on a des idées et donc à la fin il dit voilà moi cette teinture végétale je me suis dit tiens je voudrais essayer le suminagashi avec les encres végétales et en gros il me pose la question est-ce que ça se fait j'en sais rien et du coup tu vois j'en ai parlé un petit peu avec Ro Studio donc Romain Gauthier pour savoir si pareil lui qui travaille les encres un peu la sérigraphie
- Pauline Leroux ArtEcoVert
donc voilà je te lance à toi est-ce que tu penses que techniquement on pourrait je me pose la question j'ai jamais approfondi alors du coup on va passer sur la partie transmission
- Grégoire Fournier
donc t'as parlé que tu faisais des ateliers d'encre j'ai vu que tu travaillais avec Kendo et j'ai vu que tu proposais des workshops est-ce que tu peux expliquer les thématiques du
- Pauline Leroux ArtEcoVert
coup mes workshops sont principalement dédiés à l'encre ceci dit je les rends un petit peu comment dire il y a une partie un peu théorique où je parle de teinture, je donne des données historiques à partir de ce que moi j'ai lu, à partir de ce que je pense être important. à transmettre. Et puis après, c'est surtout de la pratique, c'est-à-dire j'enseigne un petit peu comment on fait l'encre et je laisse les participantes et les participants en autonomie avec des recettes. Et puis on fait... Généralement, je prends des petits groupes. Dans mon atelier, c'est des groupes de 5-6 personnes, 7 maximum. Et puis chacun se retrouve avec un poste de travail et va fabriquer plusieurs encres avec une plante qui va lui être attribuée, qu'il ou elle va choisir. et après on regroupe toutes les encres et puis là ce que j'aime bien faire c'est déjà proposer aux participantes et participants de faire un nuancier dire écoutez on avait 6 plantes aujourd'hui on a fait 15 couleurs donc on va toutes les mettre sur le même papier juste pour qu'on se rende compte un petit peu de la diversité de couleurs qu'on a pu obtenir et par la suite j'aime beaucoup les laisser un peu en comment dire je leur demande en fait de se resservir en papier de se laisser porter un peu par les encres et puis de faire ce qu'ils ont envie de faire c'est à dire vraiment vous avez ces encres, vous avez ces couleurs c'est vous qui les avez produites allez-y essayez de voir, appropriez-les vous et puis faites avec ce qui vous inspire et du coup c'est une partie un petit peu d'expression libre qui, quand je gère bien le temps, est très chouette parce que du coup, ils ont... Alors, c'est souvent elle, d'ailleurs. J'ai plus de femmes que d'hommes dans mes ateliers. C'est assez... Enfin, voilà. Et du coup, en général, ça marche bien. Les personnes se lâchent un peu prise et puis se plongent dans des trucs qui sont toujours... dont le rendu est super intéressant. c'est vraiment assez incroyable de voir les gens découvrir ces couleurs parce qu'elles sont toujours un peu émerveillées, j'incite beaucoup sur ce mot parce que je trouve que c'est vraiment l'émerveillement est vraiment propre à ces techniques et puis après souvent j'enseigne aussi la sérigraphie pour les personnes qui s'intéressent à l'impression mais je travaille que sur le papier parce que moi c'est mon support et donc les ateliers je les rends un petit peu différents en fonction des publics c'est à dire je mène aussi des projets dans des écoles en partenariat par exemple L'an dernier, cette année, c'est renouvelé avec une communauté de communes dans l'ouest rhodanien, près de Lyon, à une heure de Lyon, vers une petite ville qui s'appelle Tarare, je ne sais pas si… Où il y avait des teintureries, d'ailleurs, dans le passé. Et du coup, voilà, dans les écoles, c'est un peu différent. Je me mets d'accord avec les enseignants. On travaille sur les angles. Je fais réaliser les angles par des petits groupes d'élèves. Et après, pareil, il y a une partie où ils les utilisent de manière très libre. Ensuite, on travaille avec la scélographie. sur l'impression de visuel qu'ils ont préparé en amont. Moi, j'utilise surtout l'encre et la scélégraphie dans ces ateliers. Et j'en profite toujours quand c'est avec des publics adultes pour partager... des connaissances un petit peu historiques sur les plantes, sur les techniques voilà je donne un petit peu ça en vrac pour aussi donner envie aux participantes d'aller plus loin, donc généralement je leur donne toutes les références un petit peu parce que encore une fois moi de manière très modeste je transmets que les recettes des encres qui sont en plus assez simples et assez accessibles et par la suite c'est vrai que ça donne souvent envie d'aller plus loin et d'aller se former en teinture, etc. Donc, je leur balance un peu une liste de références. Et je pense qu'il y en a pas mal qui, ensuite, vont un petit peu soit explorer tout seul de leur côté, soit essayer de faire d'autres formations. En tout cas, j'essaye de finir ça et de donner envie, en fait. Mais je n'ai pas d'ailleurs grand-chose à faire. Je pense que les gens... déjà choisissent de faire ces ateliers parce qu'ils ont un intérêt pour tout ce qui est naturel ils ont un intérêt pour tout ce qui est un peu faire soi-même parce qu'on est aussi un peu dans cette ère là et après je pense qu'il y en a quand même pas mal qui explorent et qui continuent
- Grégoire Fournier
alors du coup j'ai une question Grégoire est-ce que comme les teinturiers les fabricants d'encre peuvent modifier les couleurs une fois le bain terminé c'est à dire quand t'as réduit qu'on a extrait ce nectar quelles sont à ta disposition les matières qui peuvent donner d'autres teintes ah bah ouais ouais c'est un peu la même chose qu'en teinture après sauf qu'on travaille on fait peut-être pas les choses dans le même ordre
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Par exemple, avec les baies de nerfs-prin, c'est un classique, j'extrais le jus. On peut le faire cuire ou ne pas le faire cuire d'ailleurs. On prend le jus des baies et là, il suffit de rajouter de la lessive de cendres, quelque chose de basique. et puis on va obtenir le vert c'est le cas aussi pour alors pour le nerf print moi je fais toujours un peu au pif je mets de la linge, je mets de la lessive de cendre je fais un petit mélange je fais des tests et puis dès que j'ai un vert qui moi me plaît et que je trouve satisfaisant je m'arrête et c'est ma couleur je fonctionne toujours comme ça avec le nerf print en tout cas et après avec les fleurs d'iris ça va être la même chose donc les iris, les violets pareil je ramasse toutes les fleurs fanées d'iris je le fais sécher et après plus tard je prépare l'encre et là pareil je rajoute quelque chose de basique et en général j'utilise toujours de la lessive de cendre
- Grégoire Fournier
que tu fais toi-même ? que je fais moi-même je demande des cendres à des amis qui ont des cheminées c'est intéressant ça quand tu disais que c'était vachement plus accessible c'est vrai en fait tout ce que tu utilises pour faire les encres en
- Pauline Leroux ArtEcoVert
petite quantité est accessible il y avait la lessive de cendres pour tout ce qui est basique pour tout ce qui est acide, vinaigre pour certaines encres je le fais plus rarement j'ai déjà utilisé des alcools à brûler ou des choses comme ça pour extraire certains colorants. Par exemple, pour le bois de Santal. Alors là, on n'est pas sur une ressource locale, mais c'est plutôt de l'ordre de l'expérimentation. Mais du coup, ça va être un peu les mêmes choses qu'on va trouver en teinture. Donc en fait, si tu as un bouquin de teinture qui dresse une liste de toutes les plantes qui sont à ta disposition, comme par exemple le guide de Marie Marquet, qui est pour moi un incontournable, et qui est très bien organisé. Donc le guide des... Teintures naturelles. Oui, voilà, des teintures naturelles. Ce guide-là, si tu fais de l'encre, en fait, tu peux l'utiliser et puis tu vois les recettes qu'elle indique et puis tu testes. Voilà, si elle te...
- Grégoire Fournier
Donc, teinture. encre, enfin je sais pas comment, les encriers non je pense pas que ce soit le terme, mais bon bref les teinturiers et ceux qui fabriquent les encres ont les mêmes moyens à leur dispo pour faire évoluer les couleurs etc.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Parce que du coup si un colorant dans un milieu basique réagit et permet d'obtenir d'aller vers une autre couleur, ce sera valable en teinture, ce sera aussi valable pour l'encre parfois il y a des petites différences quand même parce que on est parce que Voilà, parce qu'on ne va peut-être pas utiliser le même type d'eau, parce que peut-être que la fibre naturelle en soi aura une propriété qui va faire que la couleur sera différente quand même sur le papier. Donc c'est le cas, par exemple, il y a des fois, je fais de l'encre avec les écorces de grenade. Généralement, je les utilise parce qu'elles sont riches en tannin et je fais des encres noires avec. Mais avec un peu d'alin, on obtient une couleur qui va du beige au jaune, jaune un peu orangé parfois, selon les grenades. et la couleur est beaucoup plus forte quand je la fais en encre que quand je teins des petits échantillons de tissus mordancés mais c'est aussi une question de concentration voilà l'avantage de l'encre c'est qu'on peut vraiment jouer sur la concentration et finalement le tissu qui est mordancé il y a un certain pourcentage de mordant il y a une certaine façon de préparer et je pense qu'à bout d'un alors peut-être que je m'avance un peu mais au bout d'un moment ça sature un petit peu et peut-être plus rapidement qu'avec l'encre où on peut pousser la couleur et faire quelque chose de très fort
- Grégoire Fournier
ouais je vois ce que tu veux dire ouais ouais d'accord ok alors du coup maintenant Grégoire je t'invite sur les questions un peu d'inspiration qui sont les personnes inspirantes pour toi et les sources d'inspiration si t'as des gens à mentionner moi
- Pauline Leroux ArtEcoVert
c'est plutôt au niveau artistique en tout cas c'est dans les artistes vivants les personnes qui finalement travaillent en lien avec la nature et qui surtout qui ont une démarche qui implique de travailler avec des ressources qui se trouvent facilement dans la nature ou qui sont des ressources, des matières de récupération. Et de manière générale, j'aime bien tous les travaux artistiques où il y a une réflexion sur la matière. Donc après, je peux citer quelques artistes que je connais, dont j'aime beaucoup le travail. ça va être par exemple mon frère est aussi artiste plasticien il s'appelle Benoît Fournier, il travaille au Brésil et lui et d'autres artistes aussi travaillent principalement sur la forêt alors lui vu qu'il vit à Rio au Brésil, il travaille sur la forêt atlantique et du coup sur toutes les questions qui touchent à ça et il a un travail où finalement il récolte beaucoup de matière dans la forêt urbaine qu'on trouve à Rio et avec lesquels il va composer ses œuvres. Donc ça va être des matières végétales pour la plupart. Et il s'intéresse aussi, il a un travail qui est très lié à l'agroforesterie et il travaille par exemple, je trouve ça très chouette, là en ce moment, il produit de la couleur avec du lombrité. donc le lombrité c'est le jus du lombricompost et plus récemment j'ai trouvé ça génial parmi toutes les choses sur lesquelles il travaille il a commencé une série d'oeuvres où il peint avec le lombrité et il laisse aussi les verres se déplacer sur le papier pour donner un effet et puis aussi pour laisser parler le vivant donc voilà ça c'est le genre de travail que j'aime beaucoup par rapport à son travail à lui il a aussi une série d'impressions chlorophylles qui je pense peut intéresser beaucoup de personnes qui écoutent ton podcast les impressions chlorophylles je sais pas si ça te dit quelque chose mais en fait c'est des impressions sur feuilles de végétaux, sur feuilles d'arbres ou sur feuilles de certaines plantes, avec une technique qui est similaire à d'autres techniques d'impression où il y a une sorte de révélation. C'est-à-dire, je vais essayer d'expliquer la chose assez simplement, mais si tu prends une feuille d'arbre que tu mets à plat sur la feuille d'arbre... un film transparent sur lequel tu as imprimé une photo en noir, un petit peu comme le processus de sérigraphie quand tu prépares un cadre de sérigraphie. Donc tu imprimes en positif, par exemple, un portrait, mais qui contient uniquement du noir, et tu le laisses sur ta feuille d'arbre et tu l'exposes au soleil. De la même façon que tu insoles un cadre de sérigraphie. Donc tu exposes ta feuille d'arbre au soleil, et finalement, la chlorophylle, en fait... partout où le soleil va passer, la chlorophylle, elle va cramer et elle va disparaître. En revanche, partout où la photo que tu as mise sur ton film a obstrué le passage de la lumière, en fait, la chlorophylle, elle va rester. Et finalement, tu auras une impression sur ta feuille. je sais pas si c'est alors du coup c'est pas comme du cyanotype c'est pas la même chose c'est un peu la même idée dans le processus mais dans le rendu en fait sur ta feuille t'auras finalement des parties de la chlorophylle qui ont été brûlées et puis toutes les autres parties qui constituent en fait le motif finalement que tu imprimes qui apparaissent sur la feuille donc sur la feuille lui il a beaucoup travaillé à une époque donc il y a assez longtemps c'est un travail qu'il a fait il y a un petit moment Il avait travaillé avec un peuple indigène dans l'état de l'Acre en Amazonie. Et il faisait des photographies, des portraits des différentes personnes pendant des rituels, chamelliques en l'occurrence. Et ensuite, il utilisait cette technique d'impression. Donc les impressions, elles sont naturelles, 100% naturelles, et elles sont sur la feuille d'arbre. Et c'est en fait en jouant avec la chlorophylle que tu obtiens le rendu final. Et ce qui était, je pense, très intéressant dans le travail, c'est que... c'est extrêmement fragile. Oui. Et la question de la fragilité, moi aussi, m'intéresse beaucoup, même dans mon travail. Et forcément, quand on travaille avec des couleurs végétales, on y est confronté. Et donc là, on est vraiment sur la chlorophylle, c'est très fragile à la lumière. Et l'idée, c'est ce que j'aime bien, et ça, c'est aussi ce qui est pas mal défendu par plein d'artistes de différents mouvements, c'est qu'en fait, t'es obligé de prendre soin de l'œuvre. il y a un besoin d'entretien de l'œuvre et lui il peut les exposer de différentes façons faire des installations mais au bout d'un moment quand tu es artiste la question se pose de vendre ton œuvre et quand on vend on est un petit peu obligé de travailler entre guillemets sur un produit qui est abouti qui est fini, qui est déclinable parce qu'il faut le vivre c'est une question, c'est difficile d'y échapper et ça embête plein d'artistes évidemment mais lui du coup il avait trouvé finalement une façon de l'encadrer où il plaquait sa feuille d'arbre où il y avait l'impression naturelle entre deux plaques de verre et puis il faisait un cadre très très fin autour des plaques de verre, il la posait sur un support Finalement, ça faisait un socle avec la feuille emprisonnée dans deux plaques de verre. Et en fait, ce qui était génial, c'est que du coup, l'œuvre vient avec un étui. en coton sur lequel il sérigraphiait un motif végétal et en fait tu devais enfin tu dois recouvrir ta feuille d'arbre avec le visage imprimé dessus avec cet étui donc t'es un peu quand tu as cette oeuvre chez toi tu en prends soin c'est à dire que si tu enlèves l'étui et que tu la laisses à la lumière en fait ça va le visage va disparaître et ça fait partie de l'op c'est à dire qu'à terme le visage va disparaître et du coup c'est à toi de gérer et de te confronter à cet aspect c'est à dire à la finitude de cet objet parce que quoi qu'il arrive la couleur va passer quoi qu'il arrive le visage va disparaître et ça c'est valable dans une moindre mesure pour plein de choses moi dans mon travail artistique pareil quand je travaille avec des encres avec des plantes qui sont pas forcément réputées que pour avoir des colorants très stables. En fait, ça m'intéresse aussi de cet aspect-là, c'est-à-dire qu'elles ne sont pas faites pour durer éternellement, tout comme moi, je ne suis pas fait pour durer éternellement. Voilà, ça, c'est un peu une réflexion philosophique-spirituelle. Moi, ce qui m'intéresse dans ce travail-là, c'est que justement, on assume et on défend cette idée. Après, c'est compliqué à...
- Grégoire Fournier
à défendre auprès de tout le monde mais voilà donc c'était mais c'est marrant parce que juste je rebondis tu vois donc Dorian Etienne je t'invite à aller écouter son épisode le 72 parce que ça va te plaire c'est exactement ce que tu décris dans ce que t'apprécies et ce qui t'inspire et en fait ta recherche l'histoire de la fragilité du temps qui passe sur les oeuvres j'ai plein d'invités ou des designers ou des artistes qui m'en ont parlé donc tu vas voir dans les épisodes qui vont sortir là d'accord super c'est abordé parce qu'en fait c'est c'est philosophique mais ça fait partie du travail ça fait partie de l'oeuvre et donc c'est marrant tu vas être servi dans les prochains épisodes c'est génial parce que pour moi c'est une question fondamentale qui est très importante à notre époque particulièrement
- Pauline Leroux ArtEcoVert
où on voit très bien ce qui se passe où forcément on a un rapport au monde qui est en train de changer un petit peu parce que les perspectives ne sont pas très joyeuses finalement pour ce qui est du devenir de notre planète et de notre espèce, les êtres humains du coup pour moi c'est essentiel en fait parce que moi je n'y vois plus trop grand intérêt d'avoir des choses, de détenir des objets ou... dont on veut qu'ils traversent les siècles et qu'ils soient éternels, alors que nous-mêmes, on ne l'est pas. Et qu'en plus, dans notre contexte actuel, franchement, la vie va devenir de plus en plus fragile. Et donc, finalement, en tout cas, c'est une question qui m'intéresse beaucoup. Et dans l'art, je trouve que c'est important de défendre ça, finalement. La fragilité, le côté éphémère, le côté volatile, le côté aussi évolutif. Donc, pour revenir à ta question des artistes qui m'inspirent, j'aime bien aussi tous ceux qui, justement, construisent des œuvres. qui ont un caractère évolutif. C'est-à-dire, l'œuvre, elle va évoluer, elle va bouger dans le temps. Et c'est un enseignement, c'est-à-dire que nous aussi, on évolue, nous aussi, on bouge dans le temps. Et après, ça limite une dimension un peu spirituelle. C'est-à-dire, accepter... qu'il y a certaines choses qui sont finies et qu'il faut aussi s'en libérer pour peut-être aller, je ne sais pas, se lier avec quelque chose qui est infini. Bon, là, je pars un petit peu dans des...
- Grégoire Fournier
En philosophie, tu verras. Ça va rebondir dans les épisodes. On en parle. Est-ce que tu pourrais me dire aujourd'hui si tu devais choisir une plante tinctoriale qui te ressemble ? La fameuse question.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Oui, j'hésite fortement. Alors, qui me ressemble ? en fait il y en a deux que j'adore enfin il y en a plein que j'adore mais il y en a vraiment deux qui m'émerveillent il y a le Sophora parce que le Sophora et je le vois dans mes ateliers systématiquement quand on ferait de l'encre avec des fleurs de Sophora ou qu'on teint des petits morceaux avec du Sophora tu vois dans les yeux des gens un petit peu le côté c'est magique, c'est quoi ce jaune, c'est solaire c'est incroyable, t'as envie de plonger dedans complètement et puis forcément ça évoque les moments un peu de cueillette c'est l'été, c'est la fin du mois de juillet les fleurs du Sophora elles recouvrent le sol il y a plein d'abeilles parce que c'est super mélifère donc c'est un moment incroyable il n'y a plus qu'à se ramasser on prend un sac, une balayette on met plein de Sophora on a une ressource pour en fait on a cette couleur extrêmement lumineuse extrêmement chaude qu'on prend pendant l'été et qui va un petit peu nous réchauffer pendant toute l'année quand on la travaille et quand on la produit donc ça c'est le Sophora, j'adore de ce point de vue là mais finalement après la question si tu as une plante qui me ressemble je pense que j'aime beaucoup travailler avec le chou rouge parce que justement c'est une plante qui c'est pas une plante qui est très réputée. On l'utilise plutôt... Elle a un côté un peu ludique. On l'utilise dans des cours pour expliquer un petit peu le pH. Voilà, on va mettre du vinaigre, ça devient rose. On va mettre quelque chose de bicarbonate dessous, ça va devenir vert. Mais finalement, moi, dans le chou rouge, je lui vois là... Déjà, je trouve que c'est un objet magnifique. Enfin, un objet. une plante magnifique, le chou rouge, que si on fait une tranche, on regarde à l'intérieur, on se perd dedans, c'est incroyable, ça tourbillonne, c'est vraiment très très beau. Et au-delà de ça, j'aime bien le défi que ça représente parce que, comme je disais tout à l'heure, selon le chou que tu vas prendre, t'en as des très colorés, donc c'est le cas en ce moment. Et moi, ce que j'adore faire, c'est que j'en prends, j'en mets des quantités, mais vraiment, je mets parfois un chou entier, parfois deux, je le fais cuire, je le... je le laisse tremper pendant longtemps, j'essaye de prendre le maximum de colorants, alors certes c'est des anthocyanes qui sont beaucoup plus fragiles, etc, mais au final je travaille mon angle d'une façon à obtenir un bleu qui est pour moi incroyable. Donc ça j'ai fait une série de travail qui s'appelle en anglais, donc j'ai donné un titre anglais, mais ça s'appelle Taking Over. qui veut dire un petit peu prendre le contrôle, prendre le pouvoir, entre guillemets, où l'idée, c'est que la couleur, elle prend toute la place, elle nous absorbe complètement, on a envie de se plonger dedans. Et dans ce travail-là, j'aime beaucoup travailler avec du chou, parce qu'en fait, je mets des couches et des couches d'encre à base de chou rouge qui sont assez épaisses, et ça produit un bleu qui, à mon sens, c'est... c'est sur mon site, mais il faut le voir en vrai, je pense. Parce que la couleur est très lumineuse, c'est très bleu. Et j'aime bien parce qu'en fait, on ne s'en doute pas. Et voilà, comme je l'ai déjà dit, le chou, il a mauvaise presse. Il n'est pas reconnu, il n'est pas réputé. On ne va pas l'utiliser pour teindre. Et ça, c'est clair, parce que c'est très fragile. mais pour l'encre on a un bleu qui est magnifique qui est unique et ensuite c'est dans l'idée forcément si on l'expose à la lumière non-stop il va passer il va à terme griser et j'aime bien cet aspect là parce que c'est soit on choisit d'assumer ça et de le laisser faire sa vie et j'ai des oeuvres à base de chou rouge qui ont plusieurs années où le bleu est toujours intact soit on l'expose en certaines conditions enfin pardon, donc on l'expose en certaines conditions qui vont le protéger et on va finalement en prendre soin en acceptant aussi l'idée donc t'as un petit peu un choix et je trouve qu'avec le chou c'est particulièrement vrai même si après honnêtement dans ma façon de préparer je fais tout pour obtenir le bleu le plus fort et le plus résistant je peux pas vendre une oeuvre à base de chou rouge en disant à la personne je vous garantis que ça va voilà c'est une oeuvre évolutive il y a un caractère éphémère il se peut que ça dure pendant des années que ça bouge pas mais voilà
- Grégoire Fournier
Est-ce que tu pourrais nous recommander aux auditeurs des livres qui pour toi t'ont inspiré qui t'ont plu ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Au niveau des livres je pense que ça a dû beaucoup ressortir dans tes podcasts mais il y avait le livre Encre de plantes d'Elisabeth Dumont que encore une fois je recommande vraiment vivement parce qu'il est très complet et parce que, pour qui s'intéresse à l'encre, il est parfait, il est super bien organisé, super bien structuré, plein d'infos historiques, chimiques, etc. Il y a forcément la Bible, un peu de la teinture végétale de Dominique Cardon. Moi, je ne l'ai pas lu en entier, je prends des pages de temps en temps. Quand je m'intéresse à une plante, je lis et puis là, c'est passionnant, il y a plein de données historiques, etc. Après, j'aime beaucoup le livre de Marie Marquet, le guide des plantes...
- Grégoire Fournier
Des teintures naturelles.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Des teintures naturelles, pardon, que j'ai toujours un peu sur moi. qui tient dans un sac à dos, qu'on peut se promener avec. Et du coup, je le trouve extrêmement pratique. Après, je réfléchis, j'ai d'autres livres. En fait, j'ai pas mal de livres de Michel Garcia. J'avais acheté des carnets sur les angles de Michel Garcia à Garance. C'est pareil. Alors, c'est des carnets qui sont… Il y a une mise en page. Je pense que c'était… Alors, je ne sais pas de quelle époque ils datent, mais c'est imprimé, en fait. C'est relié. C'est très artisanal. Il y a un côté un peu… où ça va un peu dans tous les sens, mais du coup, c'est super utile parce que tu peux piocher plein d'informations comme ça au milieu de ces petits guides d'encre qui sont pas mal, mais je ne sais pas si on peut facilement les trouver. Je ne sais pas. Voilà, je recommande principalement ces bouquins.
- Grégoire Fournier
Très bien. Est-ce que tu as quelqu'un à qui tu aimerais passer le micro pour explorer ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Oui, je pense que... Alors, je ne sais pas si tu la connais, mais si... alors je n'ai pas écouté tous les podcasts mais il y a une teinturière qui s'appelle Céline Philippe qui travaille près de Lyon je l'ai eu mais c'est secret tu vois on n'a pas trop parlé d'accord tu as fait un podcast avec elle ?
- Grégoire Fournier
oui mais elle n'est pas encore passée
- Pauline Leroux ArtEcoVert
ok parce que d'accord parce que j'avais un peu regardé je m'étais dit tiens il y est pas et ça vaudrait le coup parce que son travail est intéressant dans la mesure vu qu'elle n'utilise que des matières végétales et pas de mordant pas de sel métallique donc pas d'alin et de fer et qu'elle a un regard très critique sur leur utilisation je pense que c'est super intéressant pour toi et les auditeurs un petit peu d'aller aussi sur cette thématique où on peut débattre que et il y a beaucoup de choses à aller investiguer je pense et bah écoute
- Grégoire Fournier
Grégoire je te remercie pour cet épisode merci beaucoup
- Pauline Leroux ArtEcoVert
merci à toi et j'espère avoir été assez clair et que j'ai pas trop répété de choses non merci à toi et puis je trouve que c'est une super initiative que tu mènes parce que du coup je trouve ça très intéressant dans le sens où c'est assez fédérateur je pense pour les personnes qui travaillent sur la couleur végétale et c'est une bonne ressource pour toutes les personnes qui veulent explorer ce monde là et avoir des regards différents parce que je pense qu'il y a beaucoup de il y a beaucoup de pratiques et les personnes, c'est un petit milieu, je pense que les personnes sont souvent un petit peu dans leur coin et du coup, d'avoir un outil comme celui-ci, enfin un outil, un média en fait comme celui-ci, ça amène peut-être à les différentes personnes à se rapprocher, à échanger sur des thématiques. il y en a plein qui sont liées aux couleurs végétales.
- Grégoire Fournier
Merci beaucoup.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
C'est un plaisir. C'est très gentil.
- Grégoire Fournier
Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ArtecoVert et à me A-R-T-E-C-O-V-E-R-T pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix. C'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous !
- Pauline Leroux ArtEcoVert
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