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Arty Time : je visite les musées et je fais des résumés humoristiques et j'interviewe des comédien.ne !

BAYA_REHAZ ✨ & AGNÈS_VARDA 🌻

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41min |04/05/2025
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41min |04/05/2025
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Description

Encore une jolie découverte dans ce nouvel épisode : l’intrépide et la talentueuse Baya Rehaz. Elle avait entamé une carrière dans la communication (tient, tient…) et elle a eu la courageuse et bonne idée de bifurquer dans une carrière artistique. Baya, comme Agnès Varda, dont on parle dans cet épisode, est touche à tout, curieuse, bosseuse et spirituelle.

Autour d’une tasse de thé, on a parlé théâtre, réalisation, univers, chat, de la série La Mesías sur Arte et d’Agnès, tout ça (à peu près) dans cet ordre (ou presque).


Baya prépare actuellement un 90 minutes pour France TV en tant que réalisatrice, elle nous en parle dans ce nouvel épisode !


Elle vient également de tourner la saison 14 de la série M6 « En famille » ! diffusée cet été sur M6.


Elle a cartonné dans la pièce

« C'est pas facile d'être heureux quand on va mal », dans le rôle de Nora, Molières 2024 de la comédie et de l'auteur francophone vivant !


Et cette chouette troupe sera en tournée à partir de septembre 2025.


Bonne écoute et bon alignement.


💥Arty time : podcast qui parle d’art, d’artistes, d’humour, d’humoristes, de musées, de tableaux, d’oeuvres, Paris et ailleurs.


✨ Je visite les musées et en fait des résumés humoristiques

✨ Chaque mois, "Arty Time Avec" ... j'interviewe un.e comédien.ne qui me parle de son crush artistique.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut et bienvenue sur Arty Time avec une déclinaison de mon podcast Arty Time, tado d'humour culturel. Parce que j'en avais un peu marre de faire des expos et d'enregistrer mes épisodes dans mon petit studio toute seule, donc j'ai décidé de recevoir des guests. Mais pas n'importe lesquels, des comédiens et des comédiennes, ou qui me parlent de leur crush artistique. Donc chaque mois, je prends un thé avec l'un ou plus d'entre eux, pour partager ce qui les fait vibrer, s'émerveiller ou se révolter. Il ne manquait plus que toi pour être complet, et chauffer la bouilloire pour partager ce moment avec nous. Bonne écoute ! Hello mes petits curieux et curieuses et bienvenue sur ce nouvel épisode d'ArtiTime avec et aujourd'hui j'ai la joie de recevoir Baya Reaz

  • Speaker #1

    C'est ça !

  • Speaker #0

    Que j'ai bien prononcé, bienvenue Baya ! Merci ! Je suis toujours Célia Rastoin, l'heureuse propriétaire et productrice de ce podcast Quand je ne parle pas derrière un micro, j'aide les entreprises à faire avancer leur business grâce à des actions de communication et ça m'arrive même de créer des podcasts pour attirer de nouveaux clients, mais on n'est pas là pour parler de ça. On est ensemble aujourd'hui pour parler de toi, Baya, et aussi de quelqu'un que tu aimes beaucoup, dont je te laisse annoncer le nom.

  • Speaker #1

    Agnès Varda.

  • Speaker #0

    Agnès Varda, née début du siècle dernier, pour les plus jeunes, figure emblématique du cinéma français, de la nouvelle vague. On en avait parlé avec Solène Rossignol, qui nous parlait de François Truffaut, un peu dans cette même mouvance. À nouveau, tu es comédienne, Baya. Je t'ai découverte début 2025, il n'y a pas très longtemps, dans la très bonne pièce « C'est pas facile d'être heureux quand on va mal » . Tu nous parles de cette pièce.

  • Speaker #1

    Oui, c'est une pièce qui a été écrite par Rudy Milstein, qui a été aussi mise en scène par lui et Nicolas Lombreras. C'est une pièce qui parle de la dépression urbaine, si tu veux, des gens qui vont mal. Ça résonne assez parce qu'on se rend compte qu'on va tous un petit peu mal. Mais cette pièce est assez... Elle libère pas mal de choses chez le spectateur qui vient la voir. Elle résonne beaucoup parce que les personnages qu'on interprète se permettent ce qu'on ne se permet pas dans la vie, c'est-à-dire de dire les choses en face, de dire ce qu'on pense et de traverser nos émotions de manière très brute et très frontale. Donc c'est une pièce, c'est une comédie, il faut le préciser quand même, parce que dire que ça parle de la dépression, ça peut être triste, mais c'est une comédie plutôt noire. Plutôt très intelligente, ça parle des humains, des relations qu'on a les uns aux autres. Voilà.

  • Speaker #0

    Très fleurie, très colorée. Très colorée. De rien.

  • Speaker #1

    Très colorée.

  • Speaker #0

    Effectivement, sur l'honnêteté, sur l'authenticité aussi,

  • Speaker #1

    vous avez dit les choses.

  • Speaker #0

    J'ai beaucoup aimé.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    J'ai aussi envie que tu nous racontes ton lien avec Agnès Varda.

  • Speaker #1

    Agnès Varda m'a inspirée très, très tôt. En fait, j'avais une copine qui habitait à côté de la rue Daguerre, il y a très longtemps. Et elle avait un petit studio et c'était vraiment le début de mes années fac. Et donc je traînais là-bas et j'ai un peu découvert Agnès Varda à ce moment-là parce que c'était une figure emblématique du quartier. Et ensuite, elle m'a inspirée parce que c'est une figure forte dans le cinéma, mais pas que. C'est-à-dire qu'elle est multi-talent et elle produit tout ce qu'elle veut. En fait, j'ai l'impression qu'elle ne s'est rien interdit. tout au long de sa carrière et elle est allée explorer des choses même si elle n'en avait pas les compétences. Elle les matérialise dans le sens où elle a appris en faisant et j'aime beaucoup cette manière de faire parce que j'ai un petit peu fait ça moi aussi dans l'écriture et dans la réalisation par ailleurs. J'aime bien cette idée d'approcher les choses en les faisant, ça permet de ne pas avoir peur et de se dire tout est permis, il n'y a pas de règles, d'avoir confiance.

  • Speaker #0

    Tu parlais de fac, du coup, raconte-nous le début de ta...

  • Speaker #1

    Ouais, je parlais de fac, ça n'a rien à voir, mais non, j'ai un bac plus 5 en communication politique. J'ai commencé par une fac d'histoire et j'ai rejoint un cursus en communication parce que je voulais être dans le journalisme ou en tout cas dans l'animation télé, il y a quelque chose. Mais il y avait cette volonté, ce désir d'être actrice depuis petite, mais je viens d'un milieu social qui est complètement déconnecté de ça. Et du coup, ça me paraissait si loin, je me suis dit, bon, il faut un plan B. Qu'est-ce qui s'en approche ? L'animation à la télé ou le journalisme ? Voilà, en tout cas, j'avais envie de raconter et de défendre des histoires. Oui,

  • Speaker #0

    de raconter des histoires, parce que la communication,

  • Speaker #1

    je vois un peu comme du quoi.

  • Speaker #0

    Je sais, je dis, pire que nous en politique.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Comment tu racontes pire des histoires ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui.

  • Speaker #0

    Mais bien sûr, comment tu prends un contenu, un sujet, et puis soit tu l'embellis,

  • Speaker #1

    soit tu le traduis différemment. Tout ce que tu racontes autour de ça, le storytelling fait aussi partie de ça. On raconte effectivement une histoire. Et du coup, j'ai eu un bac plus un, j'ai travaillé. Et puis là, j'ai eu un espèce de retournement de situation. Je me suis dit, ce n'est pas du tout ça que je veux faire dans ma vie. En fait, je devais acheter un appartement très jeune. Et là, je me suis dit non. Si je achète l'appartement maintenant, c'est que je suis bloquée dans ce travail. Je vais devoir garder ce travail. Et en fait, je me suis dit, c'est le moment où jamais pour tout lâcher. et revenir à mes premiers amours, le théâtre. Et du coup, j'ai tout lâché et je suis revenue au théâtre. Voilà.

  • Speaker #0

    Revenu parce que tu avais fait du théâtre ?

  • Speaker #1

    J'ai fait du théâtre avant, mais j'ai eu un bac littéraire option théâtre. J'avais fait option lourde et option optionnelle théâtre, facultative théâtre. Ensuite, je faisais partie d'une association dans la ville où je venais qui faisait du théâtre. Et j'ai fait tous les petits cours qui existent avec les petits moyens que j'avais. J'étais vraiment une mordue des planches. J'avais envie de jouer, jouer, jouer. Et donc après le temps passé, j'ai eu mon bac et mon bac plus 5, j'ai travaillé. Et là, je me suis dit non, il faut que j'y revienne. Et c'est maintenant ou jamais. Mais du coup, je suis arrivée assez tard parce que j'ai repris, j'avais 26 ans. Donc,

  • Speaker #0

    belle confiance en soi aussi, parce que finalement, on aurait pu effectivement sûr. C'est une trajectoire assez de la même.

  • Speaker #1

    J'ai toujours l'impression que l'univers me protège. Il y a toujours un truc comme ça de me dire en fait, je suis hyper et de plus en plus, je suis hyper concentrée. Je suis hyper connectée à mon, excuse-moi. À mon intuition, j'ai l'impression que l'âme sait avant nous. Tu vois, il y a un truc comme ça, moi. On y croit ou on n'y croit pas. Moi, je y crois, mais voilà. Ils sont tout partout quand tu dis ça. Voilà. Tu vois, de sentir que si, si, c'est par là. Et j'ai l'impression que l'univers te donne toujours des clés et des signes, te montre des signes en disant si, si, c'est par là ou non, non, c'est sûr ou pas par là.

  • Speaker #0

    Ou alors vraiment une situation qui n'avance pas, te dit, mais c'est parce que ce n'est pas le...

  • Speaker #1

    C'est pas... C'est pas par là, c'est pas par là ! Écoute-moi. Et du coup, il faut savoir écouter tout ça. Et comme je savais que le théâtre, c'était par là, le jeu, c'était par là, je savais que ce que je faisais, je n'étais pas du tout alignée. J'étais plutôt douée, je gagnais de l'argent, mais parce que j'ai le syndrome de la bonne élève. Donc, je réussis assez parce que je suis bosseuse, en fait. Pas parce que j'ai des talents partout, mais parce que je suis bosseuse. Mais du coup, je n'étais pas alignée, j'étais triste. Et cet appartement que je devais acheter était la réponse pour me dire non. Tu reviens à ce que tu sais faire et ce que tu aimes faire, surtout.

  • Speaker #0

    Et du coup ta rencontre entre guillemets avec Agnès Varda, tu parlais d'une copine qui habitait pas loin. Ouais ouais,

  • Speaker #1

    elle habitait pas loin, il y avait cette rue d'Aguerre et je discutais, je buvais un café un matin, parce que ma pote était partie, on était vraiment étudiantes donc on dormait les unes chez les autres et tout, et je buvais un café et il y a un monsieur qui me raconte qu'Agnès Varda un jour a interviewé tous les artisans et les commerçants de la rue d'Aguerre et c'est comme ça que j'ai découvert Agnès Varda avec des petits extraits de ce documentaire. Et ensuite, je me suis dit, mais c'est génial, mais elle est géniale. Et ensuite, le premier film que j'ai vu d'elle, c'est Cléo de 5 à 7. Et là, ça m'a absolument bouleversée. Et en plus, j'aimais bien le travail sur le matériau, sur le matériel, je ne sais pas comment on dit, mais le fait que ce soit en prise de son direct, que ce soit dans la rue. J'aime bien ce truc de...

  • Speaker #0

    Faisonal. Ouais,

  • Speaker #1

    j'adore. Moi, c'est tout ce que j'aime.

  • Speaker #0

    Pas trop façonné.

  • Speaker #1

    Ouais. Tu vois, pas trop dans la loi, pas trop dans les règles brutes, un peu comme elle sent, de se dire, bon, écoute, on va filmer là. Je n'ai pas de thunes, j'ai besoin de filmer là. Et moi, je l'ai fait après ça. Je me suis dit, c'est faisable, donc il faut faire comme ça, il faut faire comme on sent.

  • Speaker #0

    Elle a clairement, finalement, la liberté dans ses valeurs. Est-ce que toi, c'est une valeur importante, la liberté ? Est-ce qu'on a d'autres ?

  • Speaker #1

    Oui, la liberté, c'est quand même... J'aimerais bien avoir plus la liberté parce qu'en fait, plus tu fais et plus tu avances dans ce milieu et plus tu te sens sûr parce que plus tu connais les règles, plus tu te sens sûr parce que tu dis c'est parce qu'on attend de moi, c'est parce qu'on veut de moi. Le marché ne recherche pas ça et du coup, tu cherches à t'établir un peu à l'intérieur de ça et je pense qu'il faudrait oublier tout ça et essayer d'être le plus brut, le plus franc, le plus naturel possible et c'est quand même difficile. Merci. C'est vrai qu'elle, Agnès Varda, elle a ce truc de liberté. Même dans sa manière d'appréhender, de passer de projet en projet. Elle passe de la photo au documentaire, à la fiction, au court-métrage, au long-métrage.

  • Speaker #0

    Pour faire de la sculpture. Elle ne se censure plus en fait.

  • Speaker #1

    Elle ne se censure à aucun endroit. Et elle a fait avec les moyens qu'elle avait. C'est-à-dire qu'elle a vraiment... Et ça, c'est vraiment admirable chez un artiste. Moi, j'aimerais vraiment revenir à ça. Je l'avais en début de carrière. Je l'ai un peu perdue. Et là, je cherche à y revenir parce que je me suis posé la question de quand est-ce que ça a le mieux marché ou en tout cas, quand est-ce que j'étais le plus alignée avec ce que je faisais, c'est quand je faisais mes projets à moi en dehors du système.

  • Speaker #0

    Donc, raconte du coup, on arrête la vie de CDI, l'achat d'appartements. Ouais,

  • Speaker #1

    on arrête tout et on rentre dans une école de théâtre qui était l'entrée des artistes, qui était dirigée par Olivier Belmondo. J'y suis restée un an et demi. Au bout d'un an et demi, j'ai eu mon premier contrat. pour le cinéma avec Anne de Petrini. Et après, c'est bonne route, ma cocotte. Après, j'ai fait plus de projets. Ça a mis du temps, mais du temps, avant que je gagne ma vie. C'est-à-dire qu'à côté, je travaillais, je faisais de la figure. J'étais hôtesse, chef hôtesse, animatrice. Je donnais des cours. J'ai vraiment fait tous les métiers du monde.

  • Speaker #0

    Quand même dans le milieu un peu artistique. Enfin,

  • Speaker #1

    pas vraiment hôtesse, pas vraiment. C'était plus dans l'événementiel. Mais ouais, ça ne demandait pas beaucoup de talent artistique, tu vois. Mais en tout cas, j'ai bossé et j'ai mis à peu près 10 ans pour commencer à vraiment en vivre. Donc, il fallait s'accrocher, quoi. Et du coup, maintenant, j'en vis. Et puis, c'est très bien. Je suis actrice, mais je suis aussi réalisatrice. Et ça marche bien. J'ai la chance de faire partie de ceux qui vivent de leur travail. C'est un métier tellement difficile. Karim Leclou, lorsqu'il a reçu le César, l'a encore dit et redit. C'est tellement difficile de faire partie de ce métier.

  • Speaker #0

    Quand en plus, tu es un gentil.

  • Speaker #1

    Et quand en plus, tu es un gentil, tu peux se faire complètement... Boucler une glacée. Donc voilà, le parcours un peu... Voilà, bac plus 5, arrêté. J'ai repris une école de théâtre. Et puis après, c'est les petits projets avec les copains, les copines. Le réseau aussi, hyper important de se faire un réseau.

  • Speaker #0

    C'est l'école de théâtre qui t'a aidée ?

  • Speaker #1

    J'ai le réseau de l'école de théâtre, mais vraiment pas. Je pense que ce qui m'a aidée, c'est un, ma personnalité, parce que je ne suis pas très timide, donc ça va. Et de deux, j'avais quand même cette base, mine de rien, ce bac plus 5 en communication, qui m'a quand même appris à approcher les choses, les gens, à écrire, et oui, stratégique. Et de là, oui, en fait, là où je travaille aujourd'hui, mais c'est tout ce que j'ai installé depuis 10-15 ans, quoi. c'est pour ça que je travaille aujourd'hui et c'est ça qu'il faut donner comme message, c'est que ça prend du temps et que si t'es pas prêt à attendre ce temps là,

  • Speaker #0

    ben il faut il faut changer de il faut changer de métier la patience et la résilience et de continuer à garder confiance en soi aussi tu disais que t'étais très intuitive et en fait au moment où on dit ça, il y a mon chat qui commence à se rendre compte de toi ton chat alors que je te disais je suis pas très habillée avec les chats de fait il est juste là on n'a pas la vidéo mais on peut imaginer un chat qui se met sur mes genoux ouais tu disais que c'était assez intuitif est-ce que c'est c'est

  • Speaker #1

    de l'intuition de plus en plus qui conduit tes projets enfin qui te dirige plus ou moins ouais on peut dire ça comme ça alors en fait il y a deux choses que je faisais je fais de la je joue je suis actrice Et je réalise. En fait, je demande des choses à l'univers. Donc vraiment, je les exprime toute seule, je les exprime aux gens, je les exprime beaucoup, de plusieurs manières différentes, en me disant « il faut que l'univers m'entende » . Et tu me crois ou pas, ces dernières années, tout ce qui est arrivé, c'est des choses que j'ai exprimées avant. Donc quelques mois avant, le théâtre par exemple, la pièce de Rudy, moi je ne suis pas du tout dans le réseau théâtre, mais pas du tout. Rudy, je le connais parce qu'il y a dix ans, il a joué dans mon... Le programme qui s'appelle Paris un jour deux que j'ai écrit et réalisé, c'est un des personnages récurrents, c'est devenu un ami. Et quand il m'a appelé pour me proposer la pièce, me la faire lire, moi juste avant je venais de faire deux ans et demi de réalisation de commandes et j'étais rincée et épuisée. Je ne trouvais plus trop de sens à ça, de sens artistique en tout cas. Et du coup je me suis dit bon il faut que je trouve quelque chose. Maintenant il me faut un rôle où je dépasse, où je me confronte à mes limites et mes fragilités. Je n'ai pas exprimé le théâtre. Mais j'ai exprimé un rôle complexe, je me confronte à... Et le théâtre est arrivé avec ce rôle. Et là, je vais réaliser un 90 minutes pour France Télé. J'ai fait beaucoup de programmes courts en réalisation. Et je disais à mon agent, à mon mec, à tout le monde, bon, maintenant, il faut que je change de format. Il faut que je stigne la réalisation de A à Z, voilà, tout entière, et qu'il y ait de la comédie dedans. Et je l'ai exprimé, je l'ai exprimé, et c'est arrivé. Enfin, vraiment, et j'y crois à ça. Donc, ouais, il y a une espèce d'intuition et de savoir, en tout cas... où je ne veux plus aller et où je veux aller. Après, il y a aussi la partie réelle de ce métier qui est tu ne choisis pas tout le temps tes projets. Donc, c'est qu'est-ce qu'on te propose et plutôt est-ce que tu as envie d'aller vers ça ou pas du tout ? Il faut que ça m'anime d'une manière ou d'une autre. Il faut que ça m'anime parce que ça correspond à un moment de ma carrière où ça va faire passer une stape ou alors ça m'anime parce que le propos m'anime. Parce que je me retrouve et que ça résonne et que j'ai envie de participer à ça. Quand ça rejoint les deux, c'est génial. Parfait.

  • Speaker #0

    Avant de se lancer dans le cinéma, Agnès Varda a travaillé comme photographe pour le Théâtre National Populaire. Cette expérience a vachement influencé son regard sur la manière de capturer les scènes. Tu nous as un peu parlé du théâtre, de quel moment c'était arrivé dans ta vie. Toi, tu verrais quelle différence, comme tu as connu les deux, de comédienne et d'actrice ? Est-ce que tu verrais une différence ?

  • Speaker #1

    Au début, je pensais qu'il y avait une différence. En fait, quand je suis arrivée sur le projet, je me suis dit, j'avais fait un peu de théâtre en 2015. Et puis moi, j'avais monté une petite pièce toute seule. Donc là, pareil, je l'avais fait toute seule. J'avais monté ma petite compagnie toute seule de mon côté. Puis j'avais loué un petit théâtre où il y avait 50 places. Tu vois, j'avais fait sans les règles. Et du coup, je ne me posais pas les questions à ce moment-là. Là, quand j'ai été amenée sur ce projet, je me suis dit, mais comment on joue au théâtre ? Et vraiment, ça a été bloquant pour moi. Je ne l'ai pas exprimé, mais ça a été bloquant pour moi pendant beaucoup de temps. Et du coup, comme j'ai ce syndrome bon élève, on me disait, bon là, tu fais ta rupture là, et puis j'étais très technique dans la technique. Mais tu ne l'étais pas. Je n'étais pas alignée. Je me disais, je suis en train de louper un truc, ou je suis en train de passer à côté d'un truc. Et à un moment, j'ai compris que ça se rejoignait totalement. Je me suis dit, mais non, mais joue. Joue comme tu sais faire. Débarrasse-toi de tout ça. Débarrasse-toi du carcan de la technicité parce que tu es coincé dedans et tout. Et il se trouve que j'ai une voix assez puissante au théâtre, j'ai une énergie qui va avec le théâtre. Donc ça va bien. Mais au début vraiment je me disais mais comment on joue au théâtre ? Est-ce qu'on joue pareil ? Et en fait je me suis dit mais non mais il faut jouer quoi. Il faut juste écouter l'autre, être sincère, être vraiment au moment présent dans l'écoute tu vois. Et puis ça va aller quoi. Et vraiment Rudy ça c'est un truc qu'il dit tout le temps, il dit tout le temps mais écoutez-vous, juste écoutez-vous et c'est la première fois que vous vivez ça et tout ce que vous vivez est grave. Il nous dit tout le temps ça. Tout ce qu'il fait, si c'est pas grave pour vous, ce ne sera pas pour le spectateur.

  • Speaker #0

    Grâce à ce sentiment d'urgence ?

  • Speaker #1

    Ouais un sentiment, c'est important, c'est pas de la discussion parce que sur cette pièce là tu vois ça pourrait être juste de la discussion, paroles, voilà ça pourrait être anecdotique et ça ne l'est pas parce qu'en fait on joue des choses qui sont hyper importantes pour nous. hyper importantes pour la vie de nos personnages. Ça, c'est un super conseil de dire, en gros, si tu débandes, le spectateur va débander avec toi et c'est fini, tu les perds. Et ça, c'est un truc où il nous a vraiment fait travailler là-dessus.

  • Speaker #0

    De bien se tenir. J'ai interviewé Marion, mais Adorian, elle disait que dans la salle, si les gens toussaient, si les gens se mouchaient, c'est que tu les avais perdus. Donc effectivement, quand tu es captivée, tu arrives à bien les tenir carrément. Agnès Varda, elle a souvent... mis en avant la voix des femmes dans tes oeuvres. Toi, en tant qu'artiste femme, si on peut se qualifier, comment tu abordes ces questions ? Comment est-ce que tu les mets ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'on peut se qualifier en tant qu'artiste femme, parce que la sensibilité et le regard n'est pas le même que celui d'un homme. Je veux dire, il y a quand même un regard différent. Voilà, tu vois, une sensibilité qui ne sont pas les mêmes. On peut se qualifier comme ça. Après, socialement, il ne faut pas que le public le reçoive. reçoivent ton oeuvre comme une oeuvre que pour les femmes ou que des femmes. En fait, moi quand je travaille, déjà quand j'arrive sur un projet par exemple en tant que réalisatrice, c'est vrai que les actrices me disent, et même les acteurs me disent, ça fait du bien de travailler avec une femme, ça change, c'est pas pareil, ça fait du bien. Je vois pas vraiment ce qu'ils veulent dire par là, mais je pense que c'est, tu vois, on est plus sur le chemin intérieur quoi. Quand je les dirige, oui et plus il y a un truc presque maternant tu vois, qui est là, qui est peut-être plus doux, qui est...

  • Speaker #0

    De mise en confiance, je pense que quand on met en confiance les gens, ils donnent le meilleur.

  • Speaker #1

    Certainement, de mise en confiance et de... tu les rejoins à un endroit de fragilité quoi, tu vois, d'enfant et puis en plus moi j'ai la double casquette, je suis actrice aussi, donc je sais très bien comment il faut parler à un acteur et comment il faut l'approcher, comment il ne faut pas le brusquer et comment on peut le perdre. Si on lui dit une chose négative et comment il faut lui donner confiance et l'aider à avancer en lui donnant confiance, tu vois.

  • Speaker #0

    C'est comme avec les enfants en fait.

  • Speaker #1

    C'est comme avec les enfants et rassurer tout le monde tout le temps et dire tout va aller, ça va aller très bien. Même si toi, forcément, quand tu es dans la création, tu es dans un endroit de fragilité extrême, extrême. Parce qu'à chaque fois, tu dis, est-ce que la décision que je suis en train de prendre est la bonne ? que ce soit pour la direction, pour le placement de tes caméras, pour l'accessoire, pour le costume, est-ce que c'est la bonne direction que je suis en train de prendre ou pas ? Et ça, tu ne dois pas le montrer. Tu dois être rassurante, être sûre de toi,

  • Speaker #0

    en confiance. Il n'y a pas de vulnérabilité qui fait l'essai.

  • Speaker #1

    Tu es vulnérable parce que tu es dans un endroit de création, donc tu es forcément vulnérable. C'est pour ça que tu as toute une équipe qui te back-up, qui est là pour toi. Mais moi, je raconte plutôt mon soleil aux gens et pas le reste, parce que le reste, ça me regarde de moi. Je ne peux pas arriver et être là en train d'hésiter. Je ne sais pas, je ne sais pas, je ne peux pas faire ça. On me donne confiance. Et puis, c'est le regard que les autres vont porter sur moi ensuite qui va m'élever. Tu vois, j'ai l'impression que c'est ça. Après, en tant que créatrice, quand je crée mes projets, mes projets ont toujours un propos. Je pars d'un propos. Généralement, je pars de quelque chose que je vis ou que les femmes autour de moi vivent pour en faire une fiction, quelque chose. Je ne raconte pas exactement ce que je traverse. Mais j'en suis proche. J'ai fait Paris un jour, deux. C'était sur une nana de 30 ans qui était qui venait d'arriver à la capitale, qui monte de banlieue et qui est complètement perdue dans sa propre identité parce qu'elle veut être parisienne. Elle n'est pas tout à fait. Elle veut être une star, coutoyer plus grand, mais elle n'est pas tout à fait. Donc, elle est toujours tiraillée entre ce qu'elle veut être, ce qu'elle est vraiment, ce que les gens projettent sur elle, ce qu'elle veut que les gens projettent sur elle. Tu vois, et ça me parlait un peu de moi qui, à 30 ans, était un peu perdue comme ça. Ensuite, j'ai fait un projet qui s'appelle Baby Clash après mon premier enfant où je voulais parler. Je me disais, waouh, c'est dingue ce qu'on traverse quand on a un enfant, comment le couple résiste. Là, j'en suis venue au Baby Clash, et là je me suis dit, comment ferait un couple qui ne se connaît pas, qui n'est pas prêt, qui n'a pas d'argent, qui n'a pas de logement, et qui accueille un bébé ? Donc j'ai écrit Baby Clash. Et là j'ai écrit un projet sur la charge mentale, sans en dévoiler plus parce que je suis en train de travailler dessus, mais c'est aussi sur la génération sandwich des adultes qui sont aidants avec leurs parents et qui sont parents d'enfants. petit et de se retrouver là-dedans, d'essayer de faire avancer sa carrière là-dedans, sans avoir trop le temps à être... tu vois, constamment inquiétée et prise à droite à gauche. Donc,

  • Speaker #0

    il y a un propos en fait.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est des propos, c'est ça. Tu pars d'un propos et après tu développes un truc. Et mes propos, forcément, en tant que femme, parlent plus ou moins quand même des femmes. Tu vois, les hommes peuvent se retrouver, mais c'est vrai que moi, je parle de mon expérience de femme dans cette société là.

  • Speaker #0

    Quand on devient réalisatrice ?

  • Speaker #1

    On devient parce qu'on le choisit.

  • Speaker #0

    Parce qu'on demande.

  • Speaker #1

    Parce qu'on demande, parce qu'on prend sa place. Non, parce qu'on prend sa place. Pour le coup, moi je suis devenue réalisatrice parce que j'ai écrit mon projet et mon projet, je l'ai donné à quelqu'un à la réalisation et puis au bout d'un moment je me suis dit bah attends pourquoi pas le faire, vas-y lance-toi, je connaissais rien, comme Agnès, et comme Agnès Varda et du coup je me suis lancée dedans et j'ai commencé à réaliser et puis au fur et à mesure on m'a fait confiance sur des gros projets télé. Et puis en fait, c'est le réseau en fait, les gens parlent, le directeur de prod parle de toi, un autre directeur de prod qui t'appelle pour un autre projet, et ainsi de suite, et ainsi de suite, et ainsi de suite. Et toi, tu te sens au début pas du tout légitime, et puis un petit peu, et puis ouais ça va, et puis bien, et puis aujourd'hui je peux dire quand même que je suis réalisatrice.

  • Speaker #0

    Bien sûr, tu as eu du mal justement à assumer ça ? J'ai l'impression que tu as eu aussi un peu de mal peut-être à assumer le je suis comédienne, je suis actrice, je suis réalisatrice.

  • Speaker #1

    En fait, il y a un truc de... L'acting, je me suis toujours sentie actrice. Donc ça, j'avais moins de mal. Je l'ai toujours dit, même quand je ne travaillais pas. Je suis actrice, je n'ai aucun souci avec ça. Réalisatrice, c'est un truc de prouver. Et puis, tu es une femme aussi dans ce milieu-là qui commence seulement à s'ouvrir aux femmes. Anne Esordel en parlait dans les années 70. Elle disait qu'à terme, ça allait vraiment beaucoup s'ouvrir. Ça s'ouvre, mais on n'y est pas encore du tout. On est dans des quotas, on le sait. Et c'est de dire comment transformer... Tu entres... par une fracture dans le truc et tu dis comment transformer ça où on m'appelle juste pour mon travail et pas parce que je suis une femme donc d'ailleurs il y a ce petit truc là et après c'est dur de dire que je suis réalisatrice alors que j'en avais pas l'envie c'était pas mon rêve c'était pas dans mes projets du tout et de se retrouver là à la place peut-être d'autres qui en ont toujours rêvé, qui ont fait des écoles pour ça tu vois c'est cette Tu vois, c'est la place de l'imposteur, un peu, de me dire, oh, mais je le suis parce que j'ai des équipes, qu'on donne de l'argent pour ça, que ça va en chaîne, que j'en ai fait plusieurs. Maintenant, je le suis.

  • Speaker #0

    Tu l'assumes un peu plus. Et justement, Agnès Berla, elle disait, chaque visage raconte une histoire. C'est un peu de ça, comment on utilise son propre vécu.

  • Speaker #1

    Oui, c'est beau. Oui, oui. Chaque visage raconte son histoire. C'est vrai. Mais ça c'est drôle parce que ça rejoint le truc, moi ça me fait penser à l'acting. C'est-à-dire que quand je jouais au début, je me projetais vachement dans le personnage, mais je me disais à quoi il ressemble ce personnage, et je projetais un personnage qui était très loin de moi, et j'essayais d'aller vers ce personnage. Elle doit se tenir comme ça, elle doit parler comme ça. Je ne travaille plus du tout comme ça maintenant. Je fais vraiment l'inverse depuis quelques années. Mais c'est vraiment sur un casting que j'ai eu un déclic, parce que je devais faire une avocate, et le directeur de casting m'a dit Faire de la première scène, c'est bien, mais là, tu joues à l'avocate. Moi, je n'ai pas besoin que tu joues à l'avocate. J'ai besoin que tu sois Baya, et Baya, elle est avocate. Et il m'a dit cette phrase, et vraiment, il a tout déverrouillé en moi. C'est là que j'ai compris, je me dis, bah ouais. Je dis, pourquoi ? Enfin, tu vois, c'est l'image qu'on se fait, c'est n'importe quoi. Et du coup, j'ai eu ce casting. Pour la petite histoire, j'ai décroché ce casting. Et après, je me suis toujours dit, mais oui, c'est ça en fait. Il faut que je ramène les personnages à moi. C'est moi qui vais leur donner leur voix, corps, leur manière de bouger, leur manière d'interagir. Donc je les amène à moi. Et comme quand tu traverses au théâtre, maintenant j'ai une alternante et puis il y en a une autre qui va arriver, ce sera jamais moi. Elles seront jamais moi. Elles ont leur propre voix, leur propre vécu, elles vont ramener ça au personnage. Et ça va marcher tout autant. Et ce sera trois Norah différentes. Et ces trois Norah différentes, parce que le personnage que j'interprète dans la pièce s'appelle Norah, mais les trois marchent. Parce qu'il faut juste comprendre l'essence même de ce personnage et le nourrir avec son vécu. Mais après, c'est leur voix et leur manière de bouger et leurs cheveux.

  • Speaker #0

    Ça doit être hyper dur quand tu es réalisatrice et que tu dois justement laisser s'exprimer les comédiens, comédiennes que tu diriges.

  • Speaker #1

    Écoute, bizarrement, non. Bizarrement, non. Oui, mais bizarrement, non, parce qu'il y a un truc assez jouissif dans la direction d'acteur. Je dois dire, il n'y a aucune frustration. aucune frustration de comédienne, il y a juste un plaisir de se dire tu sais où tu veux les amener, tu es un peu la fée là, tu tricotes avec eux quelque chose et à la fin quand ils arrivent exactement à ce que tu avais envisagé, tu dis mais c'est dingue parce que c'est ce que j'avais imaginé et c'est trop bien et en fait j'avais raison, c'est vers là qu'il fallait aller et de les amener vers ça, c'est hyper bien. Il y a des comédiens, je le vois parce que moi quand je suis actrice, tu as l'impression des fois que tu fais perdre ton temps, en plus sur les projets télé souvent on n'a pas beaucoup de temps. Tu le sens un peu que ça va vite et donc toi tu bafouilles, t'es là pardon, pardon, excusez-moi, excusez-moi, excusez-moi et t'essayes de faire des choses et puis ça marche pas donc on vient te... Et à la fin tu sais de plus en plus tu te sens de plus en plus nulle, tu te dis mais j'y arrive pas quoi, c'est quoi le problème ? Et en fait je veux dire à tous les comédiens que c'est un plaisir de regarder un acteur travailler. Moi quand je suis derrière le combo et qu'ils me disent pardon, pardon, pardon, je fais mais non mais c'est... Tu n'imagines pas à quel point je suis en train de prendre mon pied de te voir travailler. Je suis en train de voir par quoi t'es en train de passer et en fait je suis en train d'apprendre avec toi. C'est génial !

  • Speaker #0

    J'avais pas encore vu. C'est hyper intéressant. Effectivement, tu parles du... Tu as créé une web-série. Tu nous en parles.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai créé deux web-séries. J'en ai créé une qui s'appelle... Enfin, même trois, d'ailleurs. J'en ai créé une qui s'appelle Paris un jour deux, qui est celle qui m'a fait commencer la réalisation, qui m'a fait un peu entrer dans le milieu, que j'ai faite toute seule. En saison une, je l'ai faite toute seule. Donc, j'ai produit toute seule. J'ai écrit. Il y avait des réalisateurs. Au bout du troisième épisode, je me suis mise à réaliser. Je faisais la régie, je faisais tout, je faisais la production, j'ai tout fait, j'ai tout appris en faisant et en écrivant. Serge, pareil, c'est ce que je te disais, je ne m'attendais à rien, je ne savais pas ce qu'il fallait faire. Et en fait, je l'ai écrit et ça a hyper bien marché. La saison 2 a été produite par Canal+. Ça a hyper bien marché parce qu'en fait, je parlais de moi, mais je parlais de tout le monde, c'était hyper universel. On dit que l'intime touche à l'universel de toute façon. Donc déjà, ça, je pense que c'est l'idée de base pour que ça fonctionne. comme Rudi a écrit la pièce.

  • Speaker #0

    Un propos qui, quand il est sur scène, ça parle.

  • Speaker #1

    Ah ouais, un propos qui te... Il y a une urgence de parler de ça. Il y a une urgence. Il faut que ce soit fait, c'est nécessaire. Et d'ailleurs, c'est pour ça que je l'ai fait. Parce que pour moi, c'était nécessaire. Il fallait que je le fasse. Et puis j'en avais marre d'attendre aussi qu'on me donne du boulot, en fait. Et c'est la meilleure chose que j'ai faite de ma vie parce que ça m'a...

  • Speaker #0

    Tout apporter, c'est-à-dire tout ce que j'ai fait jusqu'à maintenant, c'est grâce à ça. Donc voilà, franchement, aujourd'hui, il y a quand même des moyens de faire. Il faut faire, oui, tu mets un peu d'argent, mais tu le reçois. Investissement. Enfin, un investissement sur toi-même. Exactement. Et voilà, et puis c'est une web-série qui parlait, je te dis, d'un groupe de Parisiens, mais de nous, de ce que je traversais à l'époque. J'avais 30 ans, je vivais en coloc, je n'arrivais pas dans le métier. Je ne trouvais pas le grand amour. J'étais perdue. Je ne comprenais rien. Et je pensais tout savoir. En gros, c'est ça. Après, j'en ai fait une qui s'appelle Baby Clash, qui est sur la crise du couple après le premier enfant. Donc là, j'ai choisi de partir sur des vignettes. C'est un couple qui se rencontre jusqu'à leur séparation, avec la naissance du premier enfant à l'intérieur de ça, et comment le couple devient parent, et comment ils ont réussi à se retrouver en tant que couple. DIM m'a contactée, donc j'ai fait une websérie pour DIM pour une collection de culottes et de sous-vêtements. C'était vraiment intéressant là parce que tu avais la contrainte d'injecter les produits à l'intérieur sans qu'on les cite, tu vois, donc ça c'était hyper intéressant.

  • Speaker #1

    Du brain contact.

  • Speaker #0

    Ouais du brain contact pur, tu vois. Mais c'était, je te dis ça, c'était pas maintenant, c'était à l'époque, ça n'existait pas en fait. DIM c'était une des premières marques, d'ailleurs je me souviens que ça avait fait un truc, on en avait pas mal parlé parce que c'était une des premières marques qui faisait ça à l'époque, tu vois.

  • Speaker #1

    Et justement, si Agnès Verda était le prochain propos de ta websérie, même si on a beaucoup dit que ça devait partir de toi, est-ce que tu aurais eu envie de la mettre en avant et ça aurait été sur quel sujet ?

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que je pourrais dire sur Agnès Verda ? Elle est dingue, Agnès Verda, elle a tout. Parce que je te dis, moi ce que j'aime de celle, c'est sa liberté. C'est son côté matérialiste dans le sens où elle fait. En fait, elle fait, elle apprend en faisant. Elle ne se pose pas la question de « est-ce que je sais faire ou pas ? » Le cinéma, elle le dit, elle dit, j'avais même pas vu de film avant de faire mon premier film, quoi. Je ne savais même pas ce que c'était que de faire un film. Je ne savais pas ce que c'était que le plan et tout. Et puis, elle a un truc aussi génial, c'est qu'elle s'est battue pour les femmes quand même. Elle fait partie des 343 signataires, c'est ça ? Oui,

  • Speaker #1

    343 en 68.

  • Speaker #0

    Les 343 salopes, enfin celles qui ont dit qu'elles avaient subi un avortement. Elle s'est toujours battue pour les femmes et elle a toujours encouragé les femmes. Son documentaire sur Jane Birkin qui s'appelle Jane Bay. C'est sur la femme qui vieillit, sur la quarantaine, sur le fait d'embrasser ça, les années qui passent. C'est fou à l'époque, tu vois ce que je veux dire ? Et c'est elle d'ailleurs qui a encouragé Diane Birkin à filmer aussi, à dire mais prends la caméra si t'en as envie, pourquoi tu l'interdis ? En fait, je la montrerai comme ça en me disant, il faut suivre son exemple, cette nana, elle a tout fait, elle n'a rien demandé à personne. Et elle n'a pas demandé l'autorisation. Et je crois que c'est ça qui empêche beaucoup de monde. C'est parce qu'on attend des autres qui nous placent un peu dans ce jeu. Et en fait, personne ne va te placer nulle part à part toi-même. Ça,

  • Speaker #1

    de donner l'autorisation en fait. C'est bon, tu as le droit de faire ça. Ça,

  • Speaker #0

    de donner l'autorisation, c'est exactement ça. On attend qu'on nous donne l'autorisation. Et en fait, tout est possible. En vrai, les barrières sont psychologiques. Ce qui nous imite, c'est ce qu'on imagine.

  • Speaker #1

    Des biais cognitifs. Indépendamment de ce que j'ai vraiment envie d'y aller. Allez-y, prends le pouvoir.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est en fait, fais et tu verras ce que t'en feras. Si tu penses sur l'objectif de, est-ce que ça va être vu, est-ce que ça va avoir du succès, t'es mal barré.

  • Speaker #1

    Il faut avoir beaucoup de courriel en soi, de confiance en soi.

  • Speaker #0

    Peut-être qu'il faut avoir de la confiance en soi parce que tu vas suivre des critiques.

  • Speaker #1

    certainement ça peut ne pas fonctionner mais sérieusement moi je préfère que ça ne fonctionne pas que de c'est une philosophie en fait c'est toute une philosophie oui est-ce que tu parles beaucoup de ce que tu vis effectivement d'une jeune trentenaire de banlieue ou dans des couples l'arrivée d'un enfant est-ce que tu as d'autres sujets oui c'est ça le projet c'est sur la charge mentale et ça c'est vraiment c'est vraiment

  • Speaker #0

    Je suis en plein dedans, donc je sais de quoi je parle et j'ai vraiment une nécessité. Là, en fait, le projet, pour tout te dire, est en développement. Je l'ai retiré, là, il n'y a pas longtemps, parce que je vais le faire toute seule, je crois. Je vais revenir à ça. Parce que je peux le faire maintenant toute seule, parce que par ailleurs, je travaille assez. Donc voilà, je gagne ma vie en travaillant, tu vois. Donc je peux réinvestir un peu de cet argent que je gagne sur un projet personnel. Et qui est pour moi une nécessité. vraiment parce que je crois qu'on en parle encore pas assez, ça commence il y a certaines humoristes qui commencent à en parler puis il y a aussi certains influenceurs qui ne sont pas humoristes par ailleurs et puis sociétalement on commence à en parler mais là en plus j'ai envie d'associer la charge mentale de la charge mâmentale qu'on appelle à celle des aidants qui est une autre forme de charge mentale.

  • Speaker #1

    Ça aussi, pour le coup, on en parle beaucoup en entreprise. Moi, j'ai le vision entreprise et on en parle enfin de la façon dont on va eux-mêmes les aider en les facilitant la vie.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Il y a un médecin qui s'appelle le docteur Hélène Rossineau qui en parle beaucoup, qui a déjà fait un livre sur ça et qui elle-même était donc de ses parents et qui en parle beaucoup. Et ça, j'ai vraiment envie d'en parler. Parce que... Quand tu es comme ça, à l'aube de tes 40 ans, là, j'ai mes deux enfants, j'ai mes parents qui sont en vieillissant et malades. Je suis entre les deux et je me dis, moi, dedans, quand est-ce que je vais pouvoir m'occuper de moi ? À aucun moment,

  • Speaker #1

    on n'est pas deux.

  • Speaker #0

    Non, exactement. Oui, tu es tout le temps inquiet, déjà, pour les quatre. Tu es tout le temps inquiet. J'ai deux enfants, c'est pour ça que j'ai les quatre. Mais tu es tout le temps inquiet, tu as tout le temps peur. tu as tout le temps une boule au ventre, tu n'es jamais en repos, et du coup, c'est dur de libérer de l'espace mental. C'est marrant que j'en parle maintenant, parce que je n'en parle à personne de ça. Donc, c'est vraiment très marrant, tu vois, parce que je ne le dis à personne, mais à chaque fois, je le dis juste aux gens. Je n'ai pas l'espace mental pour écrire, parce qu'ils me disent, mais quand est-ce que tu réécris un truc ? Je n'ai pas l'espace mental. Je suis crevée, en fait, tu vois, parce que tout le cerveau est pris.

  • Speaker #1

    Oui, c'est très beau. Merci beaucoup. Très bien. Vers la fin de sa carrière. Agnès Verda se tourne vers l'art contemporain notamment en s'associant avec le photographe à chapeau et à lunettes JR elle réalise des installations assez spectaculaires et plutôt éphémères toi en dehors des projets cinématographiques de

  • Speaker #0

    films est-ce que tu te vois dans d'autres projets je te sais très créative pour suivre les stories sur Instagram je fais beaucoup d'activités avec les enfants ça c'est vraiment un petit plaisir à moi j'en fais plein d'activités, on s'éclate J'aimerais bien à terme faire comme toi un podcast. Ouais, je trouve ça génial. Je trouve que, en fait, j'ai toujours aimé déjà la radio et j'ai toujours aimé les voix de radio. Ça m'a toujours apaisée et je trouve qu'on rentre dans une espèce d'intimité comme ça, tu vois, où on peut se permettre de dire des choses alors qu'en fait, il y a plein de gens qui vont l'écouter mais on n'a pas l'impression. J'aime bien la radio, donc le podcast, parce que pareil, c'est quelque chose qui peut être mis en place assez facilement, qu'on peut faire. J'ai une idée de podcast depuis pas mal de temps, donc je réfléchis à ça. Et j'aimerais bien faire de la production. C'est-à-dire, je l'ai déjà fait, mais sans structure, mais avoir une structure pour produire des projets qui font sens pour moi. Et pour aider, pour aider pas, ou pour pousser, ou pour faire éclore des projets qui, pour moi, ont besoin d'éclore et qui ne trouvent pas leur place ailleurs, parce qu'ils sont pas assez à la mode.

  • Speaker #1

    Production dans l'image ?

  • Speaker #0

    Dans l'image. Production dans la fiction.

  • Speaker #1

    Une fiction ? Ouais. Il faut être précis pour lui.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est vrai. So, nous, vous... Alors, qu'est-ce que vous voulez... Non, c'est plutôt... En plus, moi, le format que j'adore, c'est la série, j'avoue. Donc, la série, c'est quand même le format où tu peux tout dire,

  • Speaker #1

    quoi. Ouais, t'amuser suffisamment d'espace et à la fois assez structuré pour décider si les épisodes de 15...

  • Speaker #0

    Ouais, exactement, exactement.

  • Speaker #1

    Malheureusement, quoi que moi, ça m'arrange bien quand les épisodes font que 30 minutes. Mais c'est le format qui...

  • Speaker #0

    En France, ça ne marche pas trop. Pour l'instant, le 30 minutes, mais on y vient. on est en train d'y arriver c'est du 26 minutes ce format donc t'as des épisodes qui font un peu moins un peu plus mais on est en train d'y arriver mais pendant toutes ces dernières années c'est un format anglais anglophone est-ce

  • Speaker #1

    qu'il y a une question que tu aurais aimé que je te pose ?

  • Speaker #0

    j'ai oublié cette question oh la la j'ai rien à cette question non j'aimerais je crois que tu m'as tout dit je crois qu'on a parlé de tout écoute c'est David Essie

  • Speaker #1

    Si tu avais fait un autre métier, ça va commencer comme une icône, mais au moins, en fait, arrivé à 60 ans, ça sera quoi ton prochain métier ?

  • Speaker #0

    Je serais toujours dans ce métier-là. Je serais peut-être plus actrice parce que c'est tellement dur à être acteur, mais je serais toujours autour de ça. Je serais soit dans l'écriture, soit dans la réalisation, soit dans la production, mais je serais dedans, je lâcherais jamais ça. Je ne prendrais jamais ma retraite, ça n'existe pas.

  • Speaker #1

    Dans la création, dans la créative. Ouais,

  • Speaker #0

    je serais dans la création, quoi. Tu vois. Bien sûr.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as des lieux justement qui nourrissent cette créativité ?

  • Speaker #0

    Ma maison. J'ai ma maison qui est vraiment un endroit de tranquillité, très apaisant. C'est vraiment mon cocon, tu vois, cet endroit-là pour écrire. Sinon, j'adore les cafés. J'adore le bruit des cafés, les gens, la vie. Et j'adore, je m'isole et je regarde les gens et j'écris. Et puis parfois, je fais des pauses et je regarde les gens et j'adore ça.

  • Speaker #1

    Tu captes des conversations ?

  • Speaker #0

    Ouais, à une époque, j'ai un ami qui m'a rappelé, il me dit, tu te souviens quand tu venais avec ton carnet, tu écrivais tout ce qu'on disait ? Et je disais, ah ouais, je faisais ça et tout. Et il me dit, mais oui, c'est vrai que je faisais ça. Et j'ai plus le temps, parce que c'est pas que j'ai plus le temps, c'est que je sors moins. Je prends moins le temps de voir des... Enfin, je vois moins mes amis, moins souvent. Avant, j'étais célibataire, j'avais pas de gosses, je faisais que ça, je buvais des canettes la longueur de journée, c'était trop cool la vie. Mais là, je n'ai pas ça. J'ai une activité professionnelle. Voilà. Et du coup, j'ai moins le temps de faire ça. Mais c'est génial de faire ça, quoi. De prendre... En fait, à chaque fois, je me dis qu'il faudrait que je sorte plus pour plus capter l'atmosphère qu'il y a en ce moment, l'univers, les énergies des gens, et pour pouvoir écrire sur eux.

  • Speaker #1

    Oui, mais peut-être à un moment où tu aurais besoin de te renourrir. Donc là, tu as suffisamment...

  • Speaker #0

    Pour l'instant, ça va. Ce qui me manque, c'est le temps. C'est ni l'espace, ni l'espace physique, je l'ai, ni l'envie. Elle est très forte. C'est le temps. Et on me dira, oui, mais si tu as très envie, tu trouveras le temps. J'aimerais bien que ce soit aussi facile. Ça l'est pas.

  • Speaker #1

    On parlait en off juste avant que je puisse enregistrer de l'expo à la Cinémathèque de Wes Anderson. Bon, que moi qui ne m'a pas trop... Oui ! Est-ce que tu veux partager une claque visuelle, esthétique que tu aurais vécue il n'y a pas longtemps ?

  • Speaker #0

    En expo ou en... Ben non, la claque, franchement, que je me suis prise il n'y a pas longtemps, c'est La Messias. C'est une série espagnole sur Arte qui est faite par deux réalisateurs dont je n'ai pas le nom, mais qui sont un peu les descendants d'Albodovar. C'est fou. C'est dingue. J'ai rarement vu ça.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    La Messias. C'est sur Arte.tv, donc sur le replay d'Arte. C'est sur le fanatisme religion et comment une mère va entraîner ses enfants là-dedans. Et c'est sur... aussi comment ces enfants, une fois adultes, vont devoir pardonner à leur mère pour avancer. Et retraverser toute leur histoire avec cette mère. C'est sublime, c'est très pop culture, donc t'as des influences vraiment dingues, visuellement, c'est fou ce qu'ils ont fait. Et il y a trois temporalités avec des acteurs, tu sens que c'est les mêmes acteurs, c'est les mêmes personnages, mais qui grandissent, qui vieillissent, du coup les trois temporalités elles fusionnent. ça pose aucun problème pour la lecture et pour la clarté de la narration et c'est visuellement c'est fou la musique est folle c'est ce vers quoi tu aimerais aller non pas du tout non je trouve ça mais c'est très nourrissant en fait c'est des esthètes moi je suis pas vraiment esthète moi je moi je suis plus dans faisons simple faisons simple et concentrons nous sur sur sur les yeux sur le jeu et je suis moins dans alors j'imagine que là on va être je suis moins euphorias mais euphorias apparemment qu'ils étaient notre claque visuelle c'est fou Mais ce n'est pas du tout ce vers quoi je vais, mais je trouve ça dinguissime.

  • Speaker #1

    Partage.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Dans la prochaine claque, on espère se prendre une claque très prochainement, parce qu'il y a l'exposition d'Agnès Varda au musée Carnamel, qui démarre dans quelques jours. Au moment où ça sera publié, l'expo sera en cours, donc vous pourrez y aller. Merci. Merci à toi.

  • Speaker #0

    Merci à toi de m'avoir reçu.

  • Speaker #1

    On peut te retrouver sur scène. Plus tout,

  • Speaker #0

    plus tout à fait. Plus pour l'instant à Paris, je reprends la tournée en septembre. Mais la pièce continue. Mais moi, on ne verra pas.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci, à bientôt.

  • Speaker #1

    Ça t'a plu ? Laisse-moi un gentil commentaire. Ça aidera mes amis les algorithmes pour propulser ce podcast. Et par exemple, pour de toi, à la machine à café, dans le minispo. Bah tiens, oui, si là, c'est dans le minispo en ce moment, par exemple, vois-en. Tu peux aussi lui parler de la page Instagram d'Artitaï. Merci. Allez, tchou.

Description

Encore une jolie découverte dans ce nouvel épisode : l’intrépide et la talentueuse Baya Rehaz. Elle avait entamé une carrière dans la communication (tient, tient…) et elle a eu la courageuse et bonne idée de bifurquer dans une carrière artistique. Baya, comme Agnès Varda, dont on parle dans cet épisode, est touche à tout, curieuse, bosseuse et spirituelle.

Autour d’une tasse de thé, on a parlé théâtre, réalisation, univers, chat, de la série La Mesías sur Arte et d’Agnès, tout ça (à peu près) dans cet ordre (ou presque).


Baya prépare actuellement un 90 minutes pour France TV en tant que réalisatrice, elle nous en parle dans ce nouvel épisode !


Elle vient également de tourner la saison 14 de la série M6 « En famille » ! diffusée cet été sur M6.


Elle a cartonné dans la pièce

« C'est pas facile d'être heureux quand on va mal », dans le rôle de Nora, Molières 2024 de la comédie et de l'auteur francophone vivant !


Et cette chouette troupe sera en tournée à partir de septembre 2025.


Bonne écoute et bon alignement.


💥Arty time : podcast qui parle d’art, d’artistes, d’humour, d’humoristes, de musées, de tableaux, d’oeuvres, Paris et ailleurs.


✨ Je visite les musées et en fait des résumés humoristiques

✨ Chaque mois, "Arty Time Avec" ... j'interviewe un.e comédien.ne qui me parle de son crush artistique.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut et bienvenue sur Arty Time avec une déclinaison de mon podcast Arty Time, tado d'humour culturel. Parce que j'en avais un peu marre de faire des expos et d'enregistrer mes épisodes dans mon petit studio toute seule, donc j'ai décidé de recevoir des guests. Mais pas n'importe lesquels, des comédiens et des comédiennes, ou qui me parlent de leur crush artistique. Donc chaque mois, je prends un thé avec l'un ou plus d'entre eux, pour partager ce qui les fait vibrer, s'émerveiller ou se révolter. Il ne manquait plus que toi pour être complet, et chauffer la bouilloire pour partager ce moment avec nous. Bonne écoute ! Hello mes petits curieux et curieuses et bienvenue sur ce nouvel épisode d'ArtiTime avec et aujourd'hui j'ai la joie de recevoir Baya Reaz

  • Speaker #1

    C'est ça !

  • Speaker #0

    Que j'ai bien prononcé, bienvenue Baya ! Merci ! Je suis toujours Célia Rastoin, l'heureuse propriétaire et productrice de ce podcast Quand je ne parle pas derrière un micro, j'aide les entreprises à faire avancer leur business grâce à des actions de communication et ça m'arrive même de créer des podcasts pour attirer de nouveaux clients, mais on n'est pas là pour parler de ça. On est ensemble aujourd'hui pour parler de toi, Baya, et aussi de quelqu'un que tu aimes beaucoup, dont je te laisse annoncer le nom.

  • Speaker #1

    Agnès Varda.

  • Speaker #0

    Agnès Varda, née début du siècle dernier, pour les plus jeunes, figure emblématique du cinéma français, de la nouvelle vague. On en avait parlé avec Solène Rossignol, qui nous parlait de François Truffaut, un peu dans cette même mouvance. À nouveau, tu es comédienne, Baya. Je t'ai découverte début 2025, il n'y a pas très longtemps, dans la très bonne pièce « C'est pas facile d'être heureux quand on va mal » . Tu nous parles de cette pièce.

  • Speaker #1

    Oui, c'est une pièce qui a été écrite par Rudy Milstein, qui a été aussi mise en scène par lui et Nicolas Lombreras. C'est une pièce qui parle de la dépression urbaine, si tu veux, des gens qui vont mal. Ça résonne assez parce qu'on se rend compte qu'on va tous un petit peu mal. Mais cette pièce est assez... Elle libère pas mal de choses chez le spectateur qui vient la voir. Elle résonne beaucoup parce que les personnages qu'on interprète se permettent ce qu'on ne se permet pas dans la vie, c'est-à-dire de dire les choses en face, de dire ce qu'on pense et de traverser nos émotions de manière très brute et très frontale. Donc c'est une pièce, c'est une comédie, il faut le préciser quand même, parce que dire que ça parle de la dépression, ça peut être triste, mais c'est une comédie plutôt noire. Plutôt très intelligente, ça parle des humains, des relations qu'on a les uns aux autres. Voilà.

  • Speaker #0

    Très fleurie, très colorée. Très colorée. De rien.

  • Speaker #1

    Très colorée.

  • Speaker #0

    Effectivement, sur l'honnêteté, sur l'authenticité aussi,

  • Speaker #1

    vous avez dit les choses.

  • Speaker #0

    J'ai beaucoup aimé.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    J'ai aussi envie que tu nous racontes ton lien avec Agnès Varda.

  • Speaker #1

    Agnès Varda m'a inspirée très, très tôt. En fait, j'avais une copine qui habitait à côté de la rue Daguerre, il y a très longtemps. Et elle avait un petit studio et c'était vraiment le début de mes années fac. Et donc je traînais là-bas et j'ai un peu découvert Agnès Varda à ce moment-là parce que c'était une figure emblématique du quartier. Et ensuite, elle m'a inspirée parce que c'est une figure forte dans le cinéma, mais pas que. C'est-à-dire qu'elle est multi-talent et elle produit tout ce qu'elle veut. En fait, j'ai l'impression qu'elle ne s'est rien interdit. tout au long de sa carrière et elle est allée explorer des choses même si elle n'en avait pas les compétences. Elle les matérialise dans le sens où elle a appris en faisant et j'aime beaucoup cette manière de faire parce que j'ai un petit peu fait ça moi aussi dans l'écriture et dans la réalisation par ailleurs. J'aime bien cette idée d'approcher les choses en les faisant, ça permet de ne pas avoir peur et de se dire tout est permis, il n'y a pas de règles, d'avoir confiance.

  • Speaker #0

    Tu parlais de fac, du coup, raconte-nous le début de ta...

  • Speaker #1

    Ouais, je parlais de fac, ça n'a rien à voir, mais non, j'ai un bac plus 5 en communication politique. J'ai commencé par une fac d'histoire et j'ai rejoint un cursus en communication parce que je voulais être dans le journalisme ou en tout cas dans l'animation télé, il y a quelque chose. Mais il y avait cette volonté, ce désir d'être actrice depuis petite, mais je viens d'un milieu social qui est complètement déconnecté de ça. Et du coup, ça me paraissait si loin, je me suis dit, bon, il faut un plan B. Qu'est-ce qui s'en approche ? L'animation à la télé ou le journalisme ? Voilà, en tout cas, j'avais envie de raconter et de défendre des histoires. Oui,

  • Speaker #0

    de raconter des histoires, parce que la communication,

  • Speaker #1

    je vois un peu comme du quoi.

  • Speaker #0

    Je sais, je dis, pire que nous en politique.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Comment tu racontes pire des histoires ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui.

  • Speaker #0

    Mais bien sûr, comment tu prends un contenu, un sujet, et puis soit tu l'embellis,

  • Speaker #1

    soit tu le traduis différemment. Tout ce que tu racontes autour de ça, le storytelling fait aussi partie de ça. On raconte effectivement une histoire. Et du coup, j'ai eu un bac plus un, j'ai travaillé. Et puis là, j'ai eu un espèce de retournement de situation. Je me suis dit, ce n'est pas du tout ça que je veux faire dans ma vie. En fait, je devais acheter un appartement très jeune. Et là, je me suis dit non. Si je achète l'appartement maintenant, c'est que je suis bloquée dans ce travail. Je vais devoir garder ce travail. Et en fait, je me suis dit, c'est le moment où jamais pour tout lâcher. et revenir à mes premiers amours, le théâtre. Et du coup, j'ai tout lâché et je suis revenue au théâtre. Voilà.

  • Speaker #0

    Revenu parce que tu avais fait du théâtre ?

  • Speaker #1

    J'ai fait du théâtre avant, mais j'ai eu un bac littéraire option théâtre. J'avais fait option lourde et option optionnelle théâtre, facultative théâtre. Ensuite, je faisais partie d'une association dans la ville où je venais qui faisait du théâtre. Et j'ai fait tous les petits cours qui existent avec les petits moyens que j'avais. J'étais vraiment une mordue des planches. J'avais envie de jouer, jouer, jouer. Et donc après le temps passé, j'ai eu mon bac et mon bac plus 5, j'ai travaillé. Et là, je me suis dit non, il faut que j'y revienne. Et c'est maintenant ou jamais. Mais du coup, je suis arrivée assez tard parce que j'ai repris, j'avais 26 ans. Donc,

  • Speaker #0

    belle confiance en soi aussi, parce que finalement, on aurait pu effectivement sûr. C'est une trajectoire assez de la même.

  • Speaker #1

    J'ai toujours l'impression que l'univers me protège. Il y a toujours un truc comme ça de me dire en fait, je suis hyper et de plus en plus, je suis hyper concentrée. Je suis hyper connectée à mon, excuse-moi. À mon intuition, j'ai l'impression que l'âme sait avant nous. Tu vois, il y a un truc comme ça, moi. On y croit ou on n'y croit pas. Moi, je y crois, mais voilà. Ils sont tout partout quand tu dis ça. Voilà. Tu vois, de sentir que si, si, c'est par là. Et j'ai l'impression que l'univers te donne toujours des clés et des signes, te montre des signes en disant si, si, c'est par là ou non, non, c'est sûr ou pas par là.

  • Speaker #0

    Ou alors vraiment une situation qui n'avance pas, te dit, mais c'est parce que ce n'est pas le...

  • Speaker #1

    C'est pas... C'est pas par là, c'est pas par là ! Écoute-moi. Et du coup, il faut savoir écouter tout ça. Et comme je savais que le théâtre, c'était par là, le jeu, c'était par là, je savais que ce que je faisais, je n'étais pas du tout alignée. J'étais plutôt douée, je gagnais de l'argent, mais parce que j'ai le syndrome de la bonne élève. Donc, je réussis assez parce que je suis bosseuse, en fait. Pas parce que j'ai des talents partout, mais parce que je suis bosseuse. Mais du coup, je n'étais pas alignée, j'étais triste. Et cet appartement que je devais acheter était la réponse pour me dire non. Tu reviens à ce que tu sais faire et ce que tu aimes faire, surtout.

  • Speaker #0

    Et du coup ta rencontre entre guillemets avec Agnès Varda, tu parlais d'une copine qui habitait pas loin. Ouais ouais,

  • Speaker #1

    elle habitait pas loin, il y avait cette rue d'Aguerre et je discutais, je buvais un café un matin, parce que ma pote était partie, on était vraiment étudiantes donc on dormait les unes chez les autres et tout, et je buvais un café et il y a un monsieur qui me raconte qu'Agnès Varda un jour a interviewé tous les artisans et les commerçants de la rue d'Aguerre et c'est comme ça que j'ai découvert Agnès Varda avec des petits extraits de ce documentaire. Et ensuite, je me suis dit, mais c'est génial, mais elle est géniale. Et ensuite, le premier film que j'ai vu d'elle, c'est Cléo de 5 à 7. Et là, ça m'a absolument bouleversée. Et en plus, j'aimais bien le travail sur le matériau, sur le matériel, je ne sais pas comment on dit, mais le fait que ce soit en prise de son direct, que ce soit dans la rue. J'aime bien ce truc de...

  • Speaker #0

    Faisonal. Ouais,

  • Speaker #1

    j'adore. Moi, c'est tout ce que j'aime.

  • Speaker #0

    Pas trop façonné.

  • Speaker #1

    Ouais. Tu vois, pas trop dans la loi, pas trop dans les règles brutes, un peu comme elle sent, de se dire, bon, écoute, on va filmer là. Je n'ai pas de thunes, j'ai besoin de filmer là. Et moi, je l'ai fait après ça. Je me suis dit, c'est faisable, donc il faut faire comme ça, il faut faire comme on sent.

  • Speaker #0

    Elle a clairement, finalement, la liberté dans ses valeurs. Est-ce que toi, c'est une valeur importante, la liberté ? Est-ce qu'on a d'autres ?

  • Speaker #1

    Oui, la liberté, c'est quand même... J'aimerais bien avoir plus la liberté parce qu'en fait, plus tu fais et plus tu avances dans ce milieu et plus tu te sens sûr parce que plus tu connais les règles, plus tu te sens sûr parce que tu dis c'est parce qu'on attend de moi, c'est parce qu'on veut de moi. Le marché ne recherche pas ça et du coup, tu cherches à t'établir un peu à l'intérieur de ça et je pense qu'il faudrait oublier tout ça et essayer d'être le plus brut, le plus franc, le plus naturel possible et c'est quand même difficile. Merci. C'est vrai qu'elle, Agnès Varda, elle a ce truc de liberté. Même dans sa manière d'appréhender, de passer de projet en projet. Elle passe de la photo au documentaire, à la fiction, au court-métrage, au long-métrage.

  • Speaker #0

    Pour faire de la sculpture. Elle ne se censure plus en fait.

  • Speaker #1

    Elle ne se censure à aucun endroit. Et elle a fait avec les moyens qu'elle avait. C'est-à-dire qu'elle a vraiment... Et ça, c'est vraiment admirable chez un artiste. Moi, j'aimerais vraiment revenir à ça. Je l'avais en début de carrière. Je l'ai un peu perdue. Et là, je cherche à y revenir parce que je me suis posé la question de quand est-ce que ça a le mieux marché ou en tout cas, quand est-ce que j'étais le plus alignée avec ce que je faisais, c'est quand je faisais mes projets à moi en dehors du système.

  • Speaker #0

    Donc, raconte du coup, on arrête la vie de CDI, l'achat d'appartements. Ouais,

  • Speaker #1

    on arrête tout et on rentre dans une école de théâtre qui était l'entrée des artistes, qui était dirigée par Olivier Belmondo. J'y suis restée un an et demi. Au bout d'un an et demi, j'ai eu mon premier contrat. pour le cinéma avec Anne de Petrini. Et après, c'est bonne route, ma cocotte. Après, j'ai fait plus de projets. Ça a mis du temps, mais du temps, avant que je gagne ma vie. C'est-à-dire qu'à côté, je travaillais, je faisais de la figure. J'étais hôtesse, chef hôtesse, animatrice. Je donnais des cours. J'ai vraiment fait tous les métiers du monde.

  • Speaker #0

    Quand même dans le milieu un peu artistique. Enfin,

  • Speaker #1

    pas vraiment hôtesse, pas vraiment. C'était plus dans l'événementiel. Mais ouais, ça ne demandait pas beaucoup de talent artistique, tu vois. Mais en tout cas, j'ai bossé et j'ai mis à peu près 10 ans pour commencer à vraiment en vivre. Donc, il fallait s'accrocher, quoi. Et du coup, maintenant, j'en vis. Et puis, c'est très bien. Je suis actrice, mais je suis aussi réalisatrice. Et ça marche bien. J'ai la chance de faire partie de ceux qui vivent de leur travail. C'est un métier tellement difficile. Karim Leclou, lorsqu'il a reçu le César, l'a encore dit et redit. C'est tellement difficile de faire partie de ce métier.

  • Speaker #0

    Quand en plus, tu es un gentil.

  • Speaker #1

    Et quand en plus, tu es un gentil, tu peux se faire complètement... Boucler une glacée. Donc voilà, le parcours un peu... Voilà, bac plus 5, arrêté. J'ai repris une école de théâtre. Et puis après, c'est les petits projets avec les copains, les copines. Le réseau aussi, hyper important de se faire un réseau.

  • Speaker #0

    C'est l'école de théâtre qui t'a aidée ?

  • Speaker #1

    J'ai le réseau de l'école de théâtre, mais vraiment pas. Je pense que ce qui m'a aidée, c'est un, ma personnalité, parce que je ne suis pas très timide, donc ça va. Et de deux, j'avais quand même cette base, mine de rien, ce bac plus 5 en communication, qui m'a quand même appris à approcher les choses, les gens, à écrire, et oui, stratégique. Et de là, oui, en fait, là où je travaille aujourd'hui, mais c'est tout ce que j'ai installé depuis 10-15 ans, quoi. c'est pour ça que je travaille aujourd'hui et c'est ça qu'il faut donner comme message, c'est que ça prend du temps et que si t'es pas prêt à attendre ce temps là,

  • Speaker #0

    ben il faut il faut changer de il faut changer de métier la patience et la résilience et de continuer à garder confiance en soi aussi tu disais que t'étais très intuitive et en fait au moment où on dit ça, il y a mon chat qui commence à se rendre compte de toi ton chat alors que je te disais je suis pas très habillée avec les chats de fait il est juste là on n'a pas la vidéo mais on peut imaginer un chat qui se met sur mes genoux ouais tu disais que c'était assez intuitif est-ce que c'est c'est

  • Speaker #1

    de l'intuition de plus en plus qui conduit tes projets enfin qui te dirige plus ou moins ouais on peut dire ça comme ça alors en fait il y a deux choses que je faisais je fais de la je joue je suis actrice Et je réalise. En fait, je demande des choses à l'univers. Donc vraiment, je les exprime toute seule, je les exprime aux gens, je les exprime beaucoup, de plusieurs manières différentes, en me disant « il faut que l'univers m'entende » . Et tu me crois ou pas, ces dernières années, tout ce qui est arrivé, c'est des choses que j'ai exprimées avant. Donc quelques mois avant, le théâtre par exemple, la pièce de Rudy, moi je ne suis pas du tout dans le réseau théâtre, mais pas du tout. Rudy, je le connais parce qu'il y a dix ans, il a joué dans mon... Le programme qui s'appelle Paris un jour deux que j'ai écrit et réalisé, c'est un des personnages récurrents, c'est devenu un ami. Et quand il m'a appelé pour me proposer la pièce, me la faire lire, moi juste avant je venais de faire deux ans et demi de réalisation de commandes et j'étais rincée et épuisée. Je ne trouvais plus trop de sens à ça, de sens artistique en tout cas. Et du coup je me suis dit bon il faut que je trouve quelque chose. Maintenant il me faut un rôle où je dépasse, où je me confronte à mes limites et mes fragilités. Je n'ai pas exprimé le théâtre. Mais j'ai exprimé un rôle complexe, je me confronte à... Et le théâtre est arrivé avec ce rôle. Et là, je vais réaliser un 90 minutes pour France Télé. J'ai fait beaucoup de programmes courts en réalisation. Et je disais à mon agent, à mon mec, à tout le monde, bon, maintenant, il faut que je change de format. Il faut que je stigne la réalisation de A à Z, voilà, tout entière, et qu'il y ait de la comédie dedans. Et je l'ai exprimé, je l'ai exprimé, et c'est arrivé. Enfin, vraiment, et j'y crois à ça. Donc, ouais, il y a une espèce d'intuition et de savoir, en tout cas... où je ne veux plus aller et où je veux aller. Après, il y a aussi la partie réelle de ce métier qui est tu ne choisis pas tout le temps tes projets. Donc, c'est qu'est-ce qu'on te propose et plutôt est-ce que tu as envie d'aller vers ça ou pas du tout ? Il faut que ça m'anime d'une manière ou d'une autre. Il faut que ça m'anime parce que ça correspond à un moment de ma carrière où ça va faire passer une stape ou alors ça m'anime parce que le propos m'anime. Parce que je me retrouve et que ça résonne et que j'ai envie de participer à ça. Quand ça rejoint les deux, c'est génial. Parfait.

  • Speaker #0

    Avant de se lancer dans le cinéma, Agnès Varda a travaillé comme photographe pour le Théâtre National Populaire. Cette expérience a vachement influencé son regard sur la manière de capturer les scènes. Tu nous as un peu parlé du théâtre, de quel moment c'était arrivé dans ta vie. Toi, tu verrais quelle différence, comme tu as connu les deux, de comédienne et d'actrice ? Est-ce que tu verrais une différence ?

  • Speaker #1

    Au début, je pensais qu'il y avait une différence. En fait, quand je suis arrivée sur le projet, je me suis dit, j'avais fait un peu de théâtre en 2015. Et puis moi, j'avais monté une petite pièce toute seule. Donc là, pareil, je l'avais fait toute seule. J'avais monté ma petite compagnie toute seule de mon côté. Puis j'avais loué un petit théâtre où il y avait 50 places. Tu vois, j'avais fait sans les règles. Et du coup, je ne me posais pas les questions à ce moment-là. Là, quand j'ai été amenée sur ce projet, je me suis dit, mais comment on joue au théâtre ? Et vraiment, ça a été bloquant pour moi. Je ne l'ai pas exprimé, mais ça a été bloquant pour moi pendant beaucoup de temps. Et du coup, comme j'ai ce syndrome bon élève, on me disait, bon là, tu fais ta rupture là, et puis j'étais très technique dans la technique. Mais tu ne l'étais pas. Je n'étais pas alignée. Je me disais, je suis en train de louper un truc, ou je suis en train de passer à côté d'un truc. Et à un moment, j'ai compris que ça se rejoignait totalement. Je me suis dit, mais non, mais joue. Joue comme tu sais faire. Débarrasse-toi de tout ça. Débarrasse-toi du carcan de la technicité parce que tu es coincé dedans et tout. Et il se trouve que j'ai une voix assez puissante au théâtre, j'ai une énergie qui va avec le théâtre. Donc ça va bien. Mais au début vraiment je me disais mais comment on joue au théâtre ? Est-ce qu'on joue pareil ? Et en fait je me suis dit mais non mais il faut jouer quoi. Il faut juste écouter l'autre, être sincère, être vraiment au moment présent dans l'écoute tu vois. Et puis ça va aller quoi. Et vraiment Rudy ça c'est un truc qu'il dit tout le temps, il dit tout le temps mais écoutez-vous, juste écoutez-vous et c'est la première fois que vous vivez ça et tout ce que vous vivez est grave. Il nous dit tout le temps ça. Tout ce qu'il fait, si c'est pas grave pour vous, ce ne sera pas pour le spectateur.

  • Speaker #0

    Grâce à ce sentiment d'urgence ?

  • Speaker #1

    Ouais un sentiment, c'est important, c'est pas de la discussion parce que sur cette pièce là tu vois ça pourrait être juste de la discussion, paroles, voilà ça pourrait être anecdotique et ça ne l'est pas parce qu'en fait on joue des choses qui sont hyper importantes pour nous. hyper importantes pour la vie de nos personnages. Ça, c'est un super conseil de dire, en gros, si tu débandes, le spectateur va débander avec toi et c'est fini, tu les perds. Et ça, c'est un truc où il nous a vraiment fait travailler là-dessus.

  • Speaker #0

    De bien se tenir. J'ai interviewé Marion, mais Adorian, elle disait que dans la salle, si les gens toussaient, si les gens se mouchaient, c'est que tu les avais perdus. Donc effectivement, quand tu es captivée, tu arrives à bien les tenir carrément. Agnès Varda, elle a souvent... mis en avant la voix des femmes dans tes oeuvres. Toi, en tant qu'artiste femme, si on peut se qualifier, comment tu abordes ces questions ? Comment est-ce que tu les mets ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'on peut se qualifier en tant qu'artiste femme, parce que la sensibilité et le regard n'est pas le même que celui d'un homme. Je veux dire, il y a quand même un regard différent. Voilà, tu vois, une sensibilité qui ne sont pas les mêmes. On peut se qualifier comme ça. Après, socialement, il ne faut pas que le public le reçoive. reçoivent ton oeuvre comme une oeuvre que pour les femmes ou que des femmes. En fait, moi quand je travaille, déjà quand j'arrive sur un projet par exemple en tant que réalisatrice, c'est vrai que les actrices me disent, et même les acteurs me disent, ça fait du bien de travailler avec une femme, ça change, c'est pas pareil, ça fait du bien. Je vois pas vraiment ce qu'ils veulent dire par là, mais je pense que c'est, tu vois, on est plus sur le chemin intérieur quoi. Quand je les dirige, oui et plus il y a un truc presque maternant tu vois, qui est là, qui est peut-être plus doux, qui est...

  • Speaker #0

    De mise en confiance, je pense que quand on met en confiance les gens, ils donnent le meilleur.

  • Speaker #1

    Certainement, de mise en confiance et de... tu les rejoins à un endroit de fragilité quoi, tu vois, d'enfant et puis en plus moi j'ai la double casquette, je suis actrice aussi, donc je sais très bien comment il faut parler à un acteur et comment il faut l'approcher, comment il ne faut pas le brusquer et comment on peut le perdre. Si on lui dit une chose négative et comment il faut lui donner confiance et l'aider à avancer en lui donnant confiance, tu vois.

  • Speaker #0

    C'est comme avec les enfants en fait.

  • Speaker #1

    C'est comme avec les enfants et rassurer tout le monde tout le temps et dire tout va aller, ça va aller très bien. Même si toi, forcément, quand tu es dans la création, tu es dans un endroit de fragilité extrême, extrême. Parce qu'à chaque fois, tu dis, est-ce que la décision que je suis en train de prendre est la bonne ? que ce soit pour la direction, pour le placement de tes caméras, pour l'accessoire, pour le costume, est-ce que c'est la bonne direction que je suis en train de prendre ou pas ? Et ça, tu ne dois pas le montrer. Tu dois être rassurante, être sûre de toi,

  • Speaker #0

    en confiance. Il n'y a pas de vulnérabilité qui fait l'essai.

  • Speaker #1

    Tu es vulnérable parce que tu es dans un endroit de création, donc tu es forcément vulnérable. C'est pour ça que tu as toute une équipe qui te back-up, qui est là pour toi. Mais moi, je raconte plutôt mon soleil aux gens et pas le reste, parce que le reste, ça me regarde de moi. Je ne peux pas arriver et être là en train d'hésiter. Je ne sais pas, je ne sais pas, je ne peux pas faire ça. On me donne confiance. Et puis, c'est le regard que les autres vont porter sur moi ensuite qui va m'élever. Tu vois, j'ai l'impression que c'est ça. Après, en tant que créatrice, quand je crée mes projets, mes projets ont toujours un propos. Je pars d'un propos. Généralement, je pars de quelque chose que je vis ou que les femmes autour de moi vivent pour en faire une fiction, quelque chose. Je ne raconte pas exactement ce que je traverse. Mais j'en suis proche. J'ai fait Paris un jour, deux. C'était sur une nana de 30 ans qui était qui venait d'arriver à la capitale, qui monte de banlieue et qui est complètement perdue dans sa propre identité parce qu'elle veut être parisienne. Elle n'est pas tout à fait. Elle veut être une star, coutoyer plus grand, mais elle n'est pas tout à fait. Donc, elle est toujours tiraillée entre ce qu'elle veut être, ce qu'elle est vraiment, ce que les gens projettent sur elle, ce qu'elle veut que les gens projettent sur elle. Tu vois, et ça me parlait un peu de moi qui, à 30 ans, était un peu perdue comme ça. Ensuite, j'ai fait un projet qui s'appelle Baby Clash après mon premier enfant où je voulais parler. Je me disais, waouh, c'est dingue ce qu'on traverse quand on a un enfant, comment le couple résiste. Là, j'en suis venue au Baby Clash, et là je me suis dit, comment ferait un couple qui ne se connaît pas, qui n'est pas prêt, qui n'a pas d'argent, qui n'a pas de logement, et qui accueille un bébé ? Donc j'ai écrit Baby Clash. Et là j'ai écrit un projet sur la charge mentale, sans en dévoiler plus parce que je suis en train de travailler dessus, mais c'est aussi sur la génération sandwich des adultes qui sont aidants avec leurs parents et qui sont parents d'enfants. petit et de se retrouver là-dedans, d'essayer de faire avancer sa carrière là-dedans, sans avoir trop le temps à être... tu vois, constamment inquiétée et prise à droite à gauche. Donc,

  • Speaker #0

    il y a un propos en fait.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est des propos, c'est ça. Tu pars d'un propos et après tu développes un truc. Et mes propos, forcément, en tant que femme, parlent plus ou moins quand même des femmes. Tu vois, les hommes peuvent se retrouver, mais c'est vrai que moi, je parle de mon expérience de femme dans cette société là.

  • Speaker #0

    Quand on devient réalisatrice ?

  • Speaker #1

    On devient parce qu'on le choisit.

  • Speaker #0

    Parce qu'on demande.

  • Speaker #1

    Parce qu'on demande, parce qu'on prend sa place. Non, parce qu'on prend sa place. Pour le coup, moi je suis devenue réalisatrice parce que j'ai écrit mon projet et mon projet, je l'ai donné à quelqu'un à la réalisation et puis au bout d'un moment je me suis dit bah attends pourquoi pas le faire, vas-y lance-toi, je connaissais rien, comme Agnès, et comme Agnès Varda et du coup je me suis lancée dedans et j'ai commencé à réaliser et puis au fur et à mesure on m'a fait confiance sur des gros projets télé. Et puis en fait, c'est le réseau en fait, les gens parlent, le directeur de prod parle de toi, un autre directeur de prod qui t'appelle pour un autre projet, et ainsi de suite, et ainsi de suite, et ainsi de suite. Et toi, tu te sens au début pas du tout légitime, et puis un petit peu, et puis ouais ça va, et puis bien, et puis aujourd'hui je peux dire quand même que je suis réalisatrice.

  • Speaker #0

    Bien sûr, tu as eu du mal justement à assumer ça ? J'ai l'impression que tu as eu aussi un peu de mal peut-être à assumer le je suis comédienne, je suis actrice, je suis réalisatrice.

  • Speaker #1

    En fait, il y a un truc de... L'acting, je me suis toujours sentie actrice. Donc ça, j'avais moins de mal. Je l'ai toujours dit, même quand je ne travaillais pas. Je suis actrice, je n'ai aucun souci avec ça. Réalisatrice, c'est un truc de prouver. Et puis, tu es une femme aussi dans ce milieu-là qui commence seulement à s'ouvrir aux femmes. Anne Esordel en parlait dans les années 70. Elle disait qu'à terme, ça allait vraiment beaucoup s'ouvrir. Ça s'ouvre, mais on n'y est pas encore du tout. On est dans des quotas, on le sait. Et c'est de dire comment transformer... Tu entres... par une fracture dans le truc et tu dis comment transformer ça où on m'appelle juste pour mon travail et pas parce que je suis une femme donc d'ailleurs il y a ce petit truc là et après c'est dur de dire que je suis réalisatrice alors que j'en avais pas l'envie c'était pas mon rêve c'était pas dans mes projets du tout et de se retrouver là à la place peut-être d'autres qui en ont toujours rêvé, qui ont fait des écoles pour ça tu vois c'est cette Tu vois, c'est la place de l'imposteur, un peu, de me dire, oh, mais je le suis parce que j'ai des équipes, qu'on donne de l'argent pour ça, que ça va en chaîne, que j'en ai fait plusieurs. Maintenant, je le suis.

  • Speaker #0

    Tu l'assumes un peu plus. Et justement, Agnès Berla, elle disait, chaque visage raconte une histoire. C'est un peu de ça, comment on utilise son propre vécu.

  • Speaker #1

    Oui, c'est beau. Oui, oui. Chaque visage raconte son histoire. C'est vrai. Mais ça c'est drôle parce que ça rejoint le truc, moi ça me fait penser à l'acting. C'est-à-dire que quand je jouais au début, je me projetais vachement dans le personnage, mais je me disais à quoi il ressemble ce personnage, et je projetais un personnage qui était très loin de moi, et j'essayais d'aller vers ce personnage. Elle doit se tenir comme ça, elle doit parler comme ça. Je ne travaille plus du tout comme ça maintenant. Je fais vraiment l'inverse depuis quelques années. Mais c'est vraiment sur un casting que j'ai eu un déclic, parce que je devais faire une avocate, et le directeur de casting m'a dit Faire de la première scène, c'est bien, mais là, tu joues à l'avocate. Moi, je n'ai pas besoin que tu joues à l'avocate. J'ai besoin que tu sois Baya, et Baya, elle est avocate. Et il m'a dit cette phrase, et vraiment, il a tout déverrouillé en moi. C'est là que j'ai compris, je me dis, bah ouais. Je dis, pourquoi ? Enfin, tu vois, c'est l'image qu'on se fait, c'est n'importe quoi. Et du coup, j'ai eu ce casting. Pour la petite histoire, j'ai décroché ce casting. Et après, je me suis toujours dit, mais oui, c'est ça en fait. Il faut que je ramène les personnages à moi. C'est moi qui vais leur donner leur voix, corps, leur manière de bouger, leur manière d'interagir. Donc je les amène à moi. Et comme quand tu traverses au théâtre, maintenant j'ai une alternante et puis il y en a une autre qui va arriver, ce sera jamais moi. Elles seront jamais moi. Elles ont leur propre voix, leur propre vécu, elles vont ramener ça au personnage. Et ça va marcher tout autant. Et ce sera trois Norah différentes. Et ces trois Norah différentes, parce que le personnage que j'interprète dans la pièce s'appelle Norah, mais les trois marchent. Parce qu'il faut juste comprendre l'essence même de ce personnage et le nourrir avec son vécu. Mais après, c'est leur voix et leur manière de bouger et leurs cheveux.

  • Speaker #0

    Ça doit être hyper dur quand tu es réalisatrice et que tu dois justement laisser s'exprimer les comédiens, comédiennes que tu diriges.

  • Speaker #1

    Écoute, bizarrement, non. Bizarrement, non. Oui, mais bizarrement, non, parce qu'il y a un truc assez jouissif dans la direction d'acteur. Je dois dire, il n'y a aucune frustration. aucune frustration de comédienne, il y a juste un plaisir de se dire tu sais où tu veux les amener, tu es un peu la fée là, tu tricotes avec eux quelque chose et à la fin quand ils arrivent exactement à ce que tu avais envisagé, tu dis mais c'est dingue parce que c'est ce que j'avais imaginé et c'est trop bien et en fait j'avais raison, c'est vers là qu'il fallait aller et de les amener vers ça, c'est hyper bien. Il y a des comédiens, je le vois parce que moi quand je suis actrice, tu as l'impression des fois que tu fais perdre ton temps, en plus sur les projets télé souvent on n'a pas beaucoup de temps. Tu le sens un peu que ça va vite et donc toi tu bafouilles, t'es là pardon, pardon, excusez-moi, excusez-moi, excusez-moi et t'essayes de faire des choses et puis ça marche pas donc on vient te... Et à la fin tu sais de plus en plus tu te sens de plus en plus nulle, tu te dis mais j'y arrive pas quoi, c'est quoi le problème ? Et en fait je veux dire à tous les comédiens que c'est un plaisir de regarder un acteur travailler. Moi quand je suis derrière le combo et qu'ils me disent pardon, pardon, pardon, je fais mais non mais c'est... Tu n'imagines pas à quel point je suis en train de prendre mon pied de te voir travailler. Je suis en train de voir par quoi t'es en train de passer et en fait je suis en train d'apprendre avec toi. C'est génial !

  • Speaker #0

    J'avais pas encore vu. C'est hyper intéressant. Effectivement, tu parles du... Tu as créé une web-série. Tu nous en parles.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai créé deux web-séries. J'en ai créé une qui s'appelle... Enfin, même trois, d'ailleurs. J'en ai créé une qui s'appelle Paris un jour deux, qui est celle qui m'a fait commencer la réalisation, qui m'a fait un peu entrer dans le milieu, que j'ai faite toute seule. En saison une, je l'ai faite toute seule. Donc, j'ai produit toute seule. J'ai écrit. Il y avait des réalisateurs. Au bout du troisième épisode, je me suis mise à réaliser. Je faisais la régie, je faisais tout, je faisais la production, j'ai tout fait, j'ai tout appris en faisant et en écrivant. Serge, pareil, c'est ce que je te disais, je ne m'attendais à rien, je ne savais pas ce qu'il fallait faire. Et en fait, je l'ai écrit et ça a hyper bien marché. La saison 2 a été produite par Canal+. Ça a hyper bien marché parce qu'en fait, je parlais de moi, mais je parlais de tout le monde, c'était hyper universel. On dit que l'intime touche à l'universel de toute façon. Donc déjà, ça, je pense que c'est l'idée de base pour que ça fonctionne. comme Rudi a écrit la pièce.

  • Speaker #0

    Un propos qui, quand il est sur scène, ça parle.

  • Speaker #1

    Ah ouais, un propos qui te... Il y a une urgence de parler de ça. Il y a une urgence. Il faut que ce soit fait, c'est nécessaire. Et d'ailleurs, c'est pour ça que je l'ai fait. Parce que pour moi, c'était nécessaire. Il fallait que je le fasse. Et puis j'en avais marre d'attendre aussi qu'on me donne du boulot, en fait. Et c'est la meilleure chose que j'ai faite de ma vie parce que ça m'a...

  • Speaker #0

    Tout apporter, c'est-à-dire tout ce que j'ai fait jusqu'à maintenant, c'est grâce à ça. Donc voilà, franchement, aujourd'hui, il y a quand même des moyens de faire. Il faut faire, oui, tu mets un peu d'argent, mais tu le reçois. Investissement. Enfin, un investissement sur toi-même. Exactement. Et voilà, et puis c'est une web-série qui parlait, je te dis, d'un groupe de Parisiens, mais de nous, de ce que je traversais à l'époque. J'avais 30 ans, je vivais en coloc, je n'arrivais pas dans le métier. Je ne trouvais pas le grand amour. J'étais perdue. Je ne comprenais rien. Et je pensais tout savoir. En gros, c'est ça. Après, j'en ai fait une qui s'appelle Baby Clash, qui est sur la crise du couple après le premier enfant. Donc là, j'ai choisi de partir sur des vignettes. C'est un couple qui se rencontre jusqu'à leur séparation, avec la naissance du premier enfant à l'intérieur de ça, et comment le couple devient parent, et comment ils ont réussi à se retrouver en tant que couple. DIM m'a contactée, donc j'ai fait une websérie pour DIM pour une collection de culottes et de sous-vêtements. C'était vraiment intéressant là parce que tu avais la contrainte d'injecter les produits à l'intérieur sans qu'on les cite, tu vois, donc ça c'était hyper intéressant.

  • Speaker #1

    Du brain contact.

  • Speaker #0

    Ouais du brain contact pur, tu vois. Mais c'était, je te dis ça, c'était pas maintenant, c'était à l'époque, ça n'existait pas en fait. DIM c'était une des premières marques, d'ailleurs je me souviens que ça avait fait un truc, on en avait pas mal parlé parce que c'était une des premières marques qui faisait ça à l'époque, tu vois.

  • Speaker #1

    Et justement, si Agnès Verda était le prochain propos de ta websérie, même si on a beaucoup dit que ça devait partir de toi, est-ce que tu aurais eu envie de la mettre en avant et ça aurait été sur quel sujet ?

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que je pourrais dire sur Agnès Verda ? Elle est dingue, Agnès Verda, elle a tout. Parce que je te dis, moi ce que j'aime de celle, c'est sa liberté. C'est son côté matérialiste dans le sens où elle fait. En fait, elle fait, elle apprend en faisant. Elle ne se pose pas la question de « est-ce que je sais faire ou pas ? » Le cinéma, elle le dit, elle dit, j'avais même pas vu de film avant de faire mon premier film, quoi. Je ne savais même pas ce que c'était que de faire un film. Je ne savais pas ce que c'était que le plan et tout. Et puis, elle a un truc aussi génial, c'est qu'elle s'est battue pour les femmes quand même. Elle fait partie des 343 signataires, c'est ça ? Oui,

  • Speaker #1

    343 en 68.

  • Speaker #0

    Les 343 salopes, enfin celles qui ont dit qu'elles avaient subi un avortement. Elle s'est toujours battue pour les femmes et elle a toujours encouragé les femmes. Son documentaire sur Jane Birkin qui s'appelle Jane Bay. C'est sur la femme qui vieillit, sur la quarantaine, sur le fait d'embrasser ça, les années qui passent. C'est fou à l'époque, tu vois ce que je veux dire ? Et c'est elle d'ailleurs qui a encouragé Diane Birkin à filmer aussi, à dire mais prends la caméra si t'en as envie, pourquoi tu l'interdis ? En fait, je la montrerai comme ça en me disant, il faut suivre son exemple, cette nana, elle a tout fait, elle n'a rien demandé à personne. Et elle n'a pas demandé l'autorisation. Et je crois que c'est ça qui empêche beaucoup de monde. C'est parce qu'on attend des autres qui nous placent un peu dans ce jeu. Et en fait, personne ne va te placer nulle part à part toi-même. Ça,

  • Speaker #1

    de donner l'autorisation en fait. C'est bon, tu as le droit de faire ça. Ça,

  • Speaker #0

    de donner l'autorisation, c'est exactement ça. On attend qu'on nous donne l'autorisation. Et en fait, tout est possible. En vrai, les barrières sont psychologiques. Ce qui nous imite, c'est ce qu'on imagine.

  • Speaker #1

    Des biais cognitifs. Indépendamment de ce que j'ai vraiment envie d'y aller. Allez-y, prends le pouvoir.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est en fait, fais et tu verras ce que t'en feras. Si tu penses sur l'objectif de, est-ce que ça va être vu, est-ce que ça va avoir du succès, t'es mal barré.

  • Speaker #1

    Il faut avoir beaucoup de courriel en soi, de confiance en soi.

  • Speaker #0

    Peut-être qu'il faut avoir de la confiance en soi parce que tu vas suivre des critiques.

  • Speaker #1

    certainement ça peut ne pas fonctionner mais sérieusement moi je préfère que ça ne fonctionne pas que de c'est une philosophie en fait c'est toute une philosophie oui est-ce que tu parles beaucoup de ce que tu vis effectivement d'une jeune trentenaire de banlieue ou dans des couples l'arrivée d'un enfant est-ce que tu as d'autres sujets oui c'est ça le projet c'est sur la charge mentale et ça c'est vraiment c'est vraiment

  • Speaker #0

    Je suis en plein dedans, donc je sais de quoi je parle et j'ai vraiment une nécessité. Là, en fait, le projet, pour tout te dire, est en développement. Je l'ai retiré, là, il n'y a pas longtemps, parce que je vais le faire toute seule, je crois. Je vais revenir à ça. Parce que je peux le faire maintenant toute seule, parce que par ailleurs, je travaille assez. Donc voilà, je gagne ma vie en travaillant, tu vois. Donc je peux réinvestir un peu de cet argent que je gagne sur un projet personnel. Et qui est pour moi une nécessité. vraiment parce que je crois qu'on en parle encore pas assez, ça commence il y a certaines humoristes qui commencent à en parler puis il y a aussi certains influenceurs qui ne sont pas humoristes par ailleurs et puis sociétalement on commence à en parler mais là en plus j'ai envie d'associer la charge mentale de la charge mâmentale qu'on appelle à celle des aidants qui est une autre forme de charge mentale.

  • Speaker #1

    Ça aussi, pour le coup, on en parle beaucoup en entreprise. Moi, j'ai le vision entreprise et on en parle enfin de la façon dont on va eux-mêmes les aider en les facilitant la vie.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Il y a un médecin qui s'appelle le docteur Hélène Rossineau qui en parle beaucoup, qui a déjà fait un livre sur ça et qui elle-même était donc de ses parents et qui en parle beaucoup. Et ça, j'ai vraiment envie d'en parler. Parce que... Quand tu es comme ça, à l'aube de tes 40 ans, là, j'ai mes deux enfants, j'ai mes parents qui sont en vieillissant et malades. Je suis entre les deux et je me dis, moi, dedans, quand est-ce que je vais pouvoir m'occuper de moi ? À aucun moment,

  • Speaker #1

    on n'est pas deux.

  • Speaker #0

    Non, exactement. Oui, tu es tout le temps inquiet, déjà, pour les quatre. Tu es tout le temps inquiet. J'ai deux enfants, c'est pour ça que j'ai les quatre. Mais tu es tout le temps inquiet, tu as tout le temps peur. tu as tout le temps une boule au ventre, tu n'es jamais en repos, et du coup, c'est dur de libérer de l'espace mental. C'est marrant que j'en parle maintenant, parce que je n'en parle à personne de ça. Donc, c'est vraiment très marrant, tu vois, parce que je ne le dis à personne, mais à chaque fois, je le dis juste aux gens. Je n'ai pas l'espace mental pour écrire, parce qu'ils me disent, mais quand est-ce que tu réécris un truc ? Je n'ai pas l'espace mental. Je suis crevée, en fait, tu vois, parce que tout le cerveau est pris.

  • Speaker #1

    Oui, c'est très beau. Merci beaucoup. Très bien. Vers la fin de sa carrière. Agnès Verda se tourne vers l'art contemporain notamment en s'associant avec le photographe à chapeau et à lunettes JR elle réalise des installations assez spectaculaires et plutôt éphémères toi en dehors des projets cinématographiques de

  • Speaker #0

    films est-ce que tu te vois dans d'autres projets je te sais très créative pour suivre les stories sur Instagram je fais beaucoup d'activités avec les enfants ça c'est vraiment un petit plaisir à moi j'en fais plein d'activités, on s'éclate J'aimerais bien à terme faire comme toi un podcast. Ouais, je trouve ça génial. Je trouve que, en fait, j'ai toujours aimé déjà la radio et j'ai toujours aimé les voix de radio. Ça m'a toujours apaisée et je trouve qu'on rentre dans une espèce d'intimité comme ça, tu vois, où on peut se permettre de dire des choses alors qu'en fait, il y a plein de gens qui vont l'écouter mais on n'a pas l'impression. J'aime bien la radio, donc le podcast, parce que pareil, c'est quelque chose qui peut être mis en place assez facilement, qu'on peut faire. J'ai une idée de podcast depuis pas mal de temps, donc je réfléchis à ça. Et j'aimerais bien faire de la production. C'est-à-dire, je l'ai déjà fait, mais sans structure, mais avoir une structure pour produire des projets qui font sens pour moi. Et pour aider, pour aider pas, ou pour pousser, ou pour faire éclore des projets qui, pour moi, ont besoin d'éclore et qui ne trouvent pas leur place ailleurs, parce qu'ils sont pas assez à la mode.

  • Speaker #1

    Production dans l'image ?

  • Speaker #0

    Dans l'image. Production dans la fiction.

  • Speaker #1

    Une fiction ? Ouais. Il faut être précis pour lui.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est vrai. So, nous, vous... Alors, qu'est-ce que vous voulez... Non, c'est plutôt... En plus, moi, le format que j'adore, c'est la série, j'avoue. Donc, la série, c'est quand même le format où tu peux tout dire,

  • Speaker #1

    quoi. Ouais, t'amuser suffisamment d'espace et à la fois assez structuré pour décider si les épisodes de 15...

  • Speaker #0

    Ouais, exactement, exactement.

  • Speaker #1

    Malheureusement, quoi que moi, ça m'arrange bien quand les épisodes font que 30 minutes. Mais c'est le format qui...

  • Speaker #0

    En France, ça ne marche pas trop. Pour l'instant, le 30 minutes, mais on y vient. on est en train d'y arriver c'est du 26 minutes ce format donc t'as des épisodes qui font un peu moins un peu plus mais on est en train d'y arriver mais pendant toutes ces dernières années c'est un format anglais anglophone est-ce

  • Speaker #1

    qu'il y a une question que tu aurais aimé que je te pose ?

  • Speaker #0

    j'ai oublié cette question oh la la j'ai rien à cette question non j'aimerais je crois que tu m'as tout dit je crois qu'on a parlé de tout écoute c'est David Essie

  • Speaker #1

    Si tu avais fait un autre métier, ça va commencer comme une icône, mais au moins, en fait, arrivé à 60 ans, ça sera quoi ton prochain métier ?

  • Speaker #0

    Je serais toujours dans ce métier-là. Je serais peut-être plus actrice parce que c'est tellement dur à être acteur, mais je serais toujours autour de ça. Je serais soit dans l'écriture, soit dans la réalisation, soit dans la production, mais je serais dedans, je lâcherais jamais ça. Je ne prendrais jamais ma retraite, ça n'existe pas.

  • Speaker #1

    Dans la création, dans la créative. Ouais,

  • Speaker #0

    je serais dans la création, quoi. Tu vois. Bien sûr.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as des lieux justement qui nourrissent cette créativité ?

  • Speaker #0

    Ma maison. J'ai ma maison qui est vraiment un endroit de tranquillité, très apaisant. C'est vraiment mon cocon, tu vois, cet endroit-là pour écrire. Sinon, j'adore les cafés. J'adore le bruit des cafés, les gens, la vie. Et j'adore, je m'isole et je regarde les gens et j'écris. Et puis parfois, je fais des pauses et je regarde les gens et j'adore ça.

  • Speaker #1

    Tu captes des conversations ?

  • Speaker #0

    Ouais, à une époque, j'ai un ami qui m'a rappelé, il me dit, tu te souviens quand tu venais avec ton carnet, tu écrivais tout ce qu'on disait ? Et je disais, ah ouais, je faisais ça et tout. Et il me dit, mais oui, c'est vrai que je faisais ça. Et j'ai plus le temps, parce que c'est pas que j'ai plus le temps, c'est que je sors moins. Je prends moins le temps de voir des... Enfin, je vois moins mes amis, moins souvent. Avant, j'étais célibataire, j'avais pas de gosses, je faisais que ça, je buvais des canettes la longueur de journée, c'était trop cool la vie. Mais là, je n'ai pas ça. J'ai une activité professionnelle. Voilà. Et du coup, j'ai moins le temps de faire ça. Mais c'est génial de faire ça, quoi. De prendre... En fait, à chaque fois, je me dis qu'il faudrait que je sorte plus pour plus capter l'atmosphère qu'il y a en ce moment, l'univers, les énergies des gens, et pour pouvoir écrire sur eux.

  • Speaker #1

    Oui, mais peut-être à un moment où tu aurais besoin de te renourrir. Donc là, tu as suffisamment...

  • Speaker #0

    Pour l'instant, ça va. Ce qui me manque, c'est le temps. C'est ni l'espace, ni l'espace physique, je l'ai, ni l'envie. Elle est très forte. C'est le temps. Et on me dira, oui, mais si tu as très envie, tu trouveras le temps. J'aimerais bien que ce soit aussi facile. Ça l'est pas.

  • Speaker #1

    On parlait en off juste avant que je puisse enregistrer de l'expo à la Cinémathèque de Wes Anderson. Bon, que moi qui ne m'a pas trop... Oui ! Est-ce que tu veux partager une claque visuelle, esthétique que tu aurais vécue il n'y a pas longtemps ?

  • Speaker #0

    En expo ou en... Ben non, la claque, franchement, que je me suis prise il n'y a pas longtemps, c'est La Messias. C'est une série espagnole sur Arte qui est faite par deux réalisateurs dont je n'ai pas le nom, mais qui sont un peu les descendants d'Albodovar. C'est fou. C'est dingue. J'ai rarement vu ça.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    La Messias. C'est sur Arte.tv, donc sur le replay d'Arte. C'est sur le fanatisme religion et comment une mère va entraîner ses enfants là-dedans. Et c'est sur... aussi comment ces enfants, une fois adultes, vont devoir pardonner à leur mère pour avancer. Et retraverser toute leur histoire avec cette mère. C'est sublime, c'est très pop culture, donc t'as des influences vraiment dingues, visuellement, c'est fou ce qu'ils ont fait. Et il y a trois temporalités avec des acteurs, tu sens que c'est les mêmes acteurs, c'est les mêmes personnages, mais qui grandissent, qui vieillissent, du coup les trois temporalités elles fusionnent. ça pose aucun problème pour la lecture et pour la clarté de la narration et c'est visuellement c'est fou la musique est folle c'est ce vers quoi tu aimerais aller non pas du tout non je trouve ça mais c'est très nourrissant en fait c'est des esthètes moi je suis pas vraiment esthète moi je moi je suis plus dans faisons simple faisons simple et concentrons nous sur sur sur les yeux sur le jeu et je suis moins dans alors j'imagine que là on va être je suis moins euphorias mais euphorias apparemment qu'ils étaient notre claque visuelle c'est fou Mais ce n'est pas du tout ce vers quoi je vais, mais je trouve ça dinguissime.

  • Speaker #1

    Partage.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Dans la prochaine claque, on espère se prendre une claque très prochainement, parce qu'il y a l'exposition d'Agnès Varda au musée Carnamel, qui démarre dans quelques jours. Au moment où ça sera publié, l'expo sera en cours, donc vous pourrez y aller. Merci. Merci à toi.

  • Speaker #0

    Merci à toi de m'avoir reçu.

  • Speaker #1

    On peut te retrouver sur scène. Plus tout,

  • Speaker #0

    plus tout à fait. Plus pour l'instant à Paris, je reprends la tournée en septembre. Mais la pièce continue. Mais moi, on ne verra pas.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci, à bientôt.

  • Speaker #1

    Ça t'a plu ? Laisse-moi un gentil commentaire. Ça aidera mes amis les algorithmes pour propulser ce podcast. Et par exemple, pour de toi, à la machine à café, dans le minispo. Bah tiens, oui, si là, c'est dans le minispo en ce moment, par exemple, vois-en. Tu peux aussi lui parler de la page Instagram d'Artitaï. Merci. Allez, tchou.

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Description

Encore une jolie découverte dans ce nouvel épisode : l’intrépide et la talentueuse Baya Rehaz. Elle avait entamé une carrière dans la communication (tient, tient…) et elle a eu la courageuse et bonne idée de bifurquer dans une carrière artistique. Baya, comme Agnès Varda, dont on parle dans cet épisode, est touche à tout, curieuse, bosseuse et spirituelle.

Autour d’une tasse de thé, on a parlé théâtre, réalisation, univers, chat, de la série La Mesías sur Arte et d’Agnès, tout ça (à peu près) dans cet ordre (ou presque).


Baya prépare actuellement un 90 minutes pour France TV en tant que réalisatrice, elle nous en parle dans ce nouvel épisode !


Elle vient également de tourner la saison 14 de la série M6 « En famille » ! diffusée cet été sur M6.


Elle a cartonné dans la pièce

« C'est pas facile d'être heureux quand on va mal », dans le rôle de Nora, Molières 2024 de la comédie et de l'auteur francophone vivant !


Et cette chouette troupe sera en tournée à partir de septembre 2025.


Bonne écoute et bon alignement.


💥Arty time : podcast qui parle d’art, d’artistes, d’humour, d’humoristes, de musées, de tableaux, d’oeuvres, Paris et ailleurs.


✨ Je visite les musées et en fait des résumés humoristiques

✨ Chaque mois, "Arty Time Avec" ... j'interviewe un.e comédien.ne qui me parle de son crush artistique.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut et bienvenue sur Arty Time avec une déclinaison de mon podcast Arty Time, tado d'humour culturel. Parce que j'en avais un peu marre de faire des expos et d'enregistrer mes épisodes dans mon petit studio toute seule, donc j'ai décidé de recevoir des guests. Mais pas n'importe lesquels, des comédiens et des comédiennes, ou qui me parlent de leur crush artistique. Donc chaque mois, je prends un thé avec l'un ou plus d'entre eux, pour partager ce qui les fait vibrer, s'émerveiller ou se révolter. Il ne manquait plus que toi pour être complet, et chauffer la bouilloire pour partager ce moment avec nous. Bonne écoute ! Hello mes petits curieux et curieuses et bienvenue sur ce nouvel épisode d'ArtiTime avec et aujourd'hui j'ai la joie de recevoir Baya Reaz

  • Speaker #1

    C'est ça !

  • Speaker #0

    Que j'ai bien prononcé, bienvenue Baya ! Merci ! Je suis toujours Célia Rastoin, l'heureuse propriétaire et productrice de ce podcast Quand je ne parle pas derrière un micro, j'aide les entreprises à faire avancer leur business grâce à des actions de communication et ça m'arrive même de créer des podcasts pour attirer de nouveaux clients, mais on n'est pas là pour parler de ça. On est ensemble aujourd'hui pour parler de toi, Baya, et aussi de quelqu'un que tu aimes beaucoup, dont je te laisse annoncer le nom.

  • Speaker #1

    Agnès Varda.

  • Speaker #0

    Agnès Varda, née début du siècle dernier, pour les plus jeunes, figure emblématique du cinéma français, de la nouvelle vague. On en avait parlé avec Solène Rossignol, qui nous parlait de François Truffaut, un peu dans cette même mouvance. À nouveau, tu es comédienne, Baya. Je t'ai découverte début 2025, il n'y a pas très longtemps, dans la très bonne pièce « C'est pas facile d'être heureux quand on va mal » . Tu nous parles de cette pièce.

  • Speaker #1

    Oui, c'est une pièce qui a été écrite par Rudy Milstein, qui a été aussi mise en scène par lui et Nicolas Lombreras. C'est une pièce qui parle de la dépression urbaine, si tu veux, des gens qui vont mal. Ça résonne assez parce qu'on se rend compte qu'on va tous un petit peu mal. Mais cette pièce est assez... Elle libère pas mal de choses chez le spectateur qui vient la voir. Elle résonne beaucoup parce que les personnages qu'on interprète se permettent ce qu'on ne se permet pas dans la vie, c'est-à-dire de dire les choses en face, de dire ce qu'on pense et de traverser nos émotions de manière très brute et très frontale. Donc c'est une pièce, c'est une comédie, il faut le préciser quand même, parce que dire que ça parle de la dépression, ça peut être triste, mais c'est une comédie plutôt noire. Plutôt très intelligente, ça parle des humains, des relations qu'on a les uns aux autres. Voilà.

  • Speaker #0

    Très fleurie, très colorée. Très colorée. De rien.

  • Speaker #1

    Très colorée.

  • Speaker #0

    Effectivement, sur l'honnêteté, sur l'authenticité aussi,

  • Speaker #1

    vous avez dit les choses.

  • Speaker #0

    J'ai beaucoup aimé.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    J'ai aussi envie que tu nous racontes ton lien avec Agnès Varda.

  • Speaker #1

    Agnès Varda m'a inspirée très, très tôt. En fait, j'avais une copine qui habitait à côté de la rue Daguerre, il y a très longtemps. Et elle avait un petit studio et c'était vraiment le début de mes années fac. Et donc je traînais là-bas et j'ai un peu découvert Agnès Varda à ce moment-là parce que c'était une figure emblématique du quartier. Et ensuite, elle m'a inspirée parce que c'est une figure forte dans le cinéma, mais pas que. C'est-à-dire qu'elle est multi-talent et elle produit tout ce qu'elle veut. En fait, j'ai l'impression qu'elle ne s'est rien interdit. tout au long de sa carrière et elle est allée explorer des choses même si elle n'en avait pas les compétences. Elle les matérialise dans le sens où elle a appris en faisant et j'aime beaucoup cette manière de faire parce que j'ai un petit peu fait ça moi aussi dans l'écriture et dans la réalisation par ailleurs. J'aime bien cette idée d'approcher les choses en les faisant, ça permet de ne pas avoir peur et de se dire tout est permis, il n'y a pas de règles, d'avoir confiance.

  • Speaker #0

    Tu parlais de fac, du coup, raconte-nous le début de ta...

  • Speaker #1

    Ouais, je parlais de fac, ça n'a rien à voir, mais non, j'ai un bac plus 5 en communication politique. J'ai commencé par une fac d'histoire et j'ai rejoint un cursus en communication parce que je voulais être dans le journalisme ou en tout cas dans l'animation télé, il y a quelque chose. Mais il y avait cette volonté, ce désir d'être actrice depuis petite, mais je viens d'un milieu social qui est complètement déconnecté de ça. Et du coup, ça me paraissait si loin, je me suis dit, bon, il faut un plan B. Qu'est-ce qui s'en approche ? L'animation à la télé ou le journalisme ? Voilà, en tout cas, j'avais envie de raconter et de défendre des histoires. Oui,

  • Speaker #0

    de raconter des histoires, parce que la communication,

  • Speaker #1

    je vois un peu comme du quoi.

  • Speaker #0

    Je sais, je dis, pire que nous en politique.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Comment tu racontes pire des histoires ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui.

  • Speaker #0

    Mais bien sûr, comment tu prends un contenu, un sujet, et puis soit tu l'embellis,

  • Speaker #1

    soit tu le traduis différemment. Tout ce que tu racontes autour de ça, le storytelling fait aussi partie de ça. On raconte effectivement une histoire. Et du coup, j'ai eu un bac plus un, j'ai travaillé. Et puis là, j'ai eu un espèce de retournement de situation. Je me suis dit, ce n'est pas du tout ça que je veux faire dans ma vie. En fait, je devais acheter un appartement très jeune. Et là, je me suis dit non. Si je achète l'appartement maintenant, c'est que je suis bloquée dans ce travail. Je vais devoir garder ce travail. Et en fait, je me suis dit, c'est le moment où jamais pour tout lâcher. et revenir à mes premiers amours, le théâtre. Et du coup, j'ai tout lâché et je suis revenue au théâtre. Voilà.

  • Speaker #0

    Revenu parce que tu avais fait du théâtre ?

  • Speaker #1

    J'ai fait du théâtre avant, mais j'ai eu un bac littéraire option théâtre. J'avais fait option lourde et option optionnelle théâtre, facultative théâtre. Ensuite, je faisais partie d'une association dans la ville où je venais qui faisait du théâtre. Et j'ai fait tous les petits cours qui existent avec les petits moyens que j'avais. J'étais vraiment une mordue des planches. J'avais envie de jouer, jouer, jouer. Et donc après le temps passé, j'ai eu mon bac et mon bac plus 5, j'ai travaillé. Et là, je me suis dit non, il faut que j'y revienne. Et c'est maintenant ou jamais. Mais du coup, je suis arrivée assez tard parce que j'ai repris, j'avais 26 ans. Donc,

  • Speaker #0

    belle confiance en soi aussi, parce que finalement, on aurait pu effectivement sûr. C'est une trajectoire assez de la même.

  • Speaker #1

    J'ai toujours l'impression que l'univers me protège. Il y a toujours un truc comme ça de me dire en fait, je suis hyper et de plus en plus, je suis hyper concentrée. Je suis hyper connectée à mon, excuse-moi. À mon intuition, j'ai l'impression que l'âme sait avant nous. Tu vois, il y a un truc comme ça, moi. On y croit ou on n'y croit pas. Moi, je y crois, mais voilà. Ils sont tout partout quand tu dis ça. Voilà. Tu vois, de sentir que si, si, c'est par là. Et j'ai l'impression que l'univers te donne toujours des clés et des signes, te montre des signes en disant si, si, c'est par là ou non, non, c'est sûr ou pas par là.

  • Speaker #0

    Ou alors vraiment une situation qui n'avance pas, te dit, mais c'est parce que ce n'est pas le...

  • Speaker #1

    C'est pas... C'est pas par là, c'est pas par là ! Écoute-moi. Et du coup, il faut savoir écouter tout ça. Et comme je savais que le théâtre, c'était par là, le jeu, c'était par là, je savais que ce que je faisais, je n'étais pas du tout alignée. J'étais plutôt douée, je gagnais de l'argent, mais parce que j'ai le syndrome de la bonne élève. Donc, je réussis assez parce que je suis bosseuse, en fait. Pas parce que j'ai des talents partout, mais parce que je suis bosseuse. Mais du coup, je n'étais pas alignée, j'étais triste. Et cet appartement que je devais acheter était la réponse pour me dire non. Tu reviens à ce que tu sais faire et ce que tu aimes faire, surtout.

  • Speaker #0

    Et du coup ta rencontre entre guillemets avec Agnès Varda, tu parlais d'une copine qui habitait pas loin. Ouais ouais,

  • Speaker #1

    elle habitait pas loin, il y avait cette rue d'Aguerre et je discutais, je buvais un café un matin, parce que ma pote était partie, on était vraiment étudiantes donc on dormait les unes chez les autres et tout, et je buvais un café et il y a un monsieur qui me raconte qu'Agnès Varda un jour a interviewé tous les artisans et les commerçants de la rue d'Aguerre et c'est comme ça que j'ai découvert Agnès Varda avec des petits extraits de ce documentaire. Et ensuite, je me suis dit, mais c'est génial, mais elle est géniale. Et ensuite, le premier film que j'ai vu d'elle, c'est Cléo de 5 à 7. Et là, ça m'a absolument bouleversée. Et en plus, j'aimais bien le travail sur le matériau, sur le matériel, je ne sais pas comment on dit, mais le fait que ce soit en prise de son direct, que ce soit dans la rue. J'aime bien ce truc de...

  • Speaker #0

    Faisonal. Ouais,

  • Speaker #1

    j'adore. Moi, c'est tout ce que j'aime.

  • Speaker #0

    Pas trop façonné.

  • Speaker #1

    Ouais. Tu vois, pas trop dans la loi, pas trop dans les règles brutes, un peu comme elle sent, de se dire, bon, écoute, on va filmer là. Je n'ai pas de thunes, j'ai besoin de filmer là. Et moi, je l'ai fait après ça. Je me suis dit, c'est faisable, donc il faut faire comme ça, il faut faire comme on sent.

  • Speaker #0

    Elle a clairement, finalement, la liberté dans ses valeurs. Est-ce que toi, c'est une valeur importante, la liberté ? Est-ce qu'on a d'autres ?

  • Speaker #1

    Oui, la liberté, c'est quand même... J'aimerais bien avoir plus la liberté parce qu'en fait, plus tu fais et plus tu avances dans ce milieu et plus tu te sens sûr parce que plus tu connais les règles, plus tu te sens sûr parce que tu dis c'est parce qu'on attend de moi, c'est parce qu'on veut de moi. Le marché ne recherche pas ça et du coup, tu cherches à t'établir un peu à l'intérieur de ça et je pense qu'il faudrait oublier tout ça et essayer d'être le plus brut, le plus franc, le plus naturel possible et c'est quand même difficile. Merci. C'est vrai qu'elle, Agnès Varda, elle a ce truc de liberté. Même dans sa manière d'appréhender, de passer de projet en projet. Elle passe de la photo au documentaire, à la fiction, au court-métrage, au long-métrage.

  • Speaker #0

    Pour faire de la sculpture. Elle ne se censure plus en fait.

  • Speaker #1

    Elle ne se censure à aucun endroit. Et elle a fait avec les moyens qu'elle avait. C'est-à-dire qu'elle a vraiment... Et ça, c'est vraiment admirable chez un artiste. Moi, j'aimerais vraiment revenir à ça. Je l'avais en début de carrière. Je l'ai un peu perdue. Et là, je cherche à y revenir parce que je me suis posé la question de quand est-ce que ça a le mieux marché ou en tout cas, quand est-ce que j'étais le plus alignée avec ce que je faisais, c'est quand je faisais mes projets à moi en dehors du système.

  • Speaker #0

    Donc, raconte du coup, on arrête la vie de CDI, l'achat d'appartements. Ouais,

  • Speaker #1

    on arrête tout et on rentre dans une école de théâtre qui était l'entrée des artistes, qui était dirigée par Olivier Belmondo. J'y suis restée un an et demi. Au bout d'un an et demi, j'ai eu mon premier contrat. pour le cinéma avec Anne de Petrini. Et après, c'est bonne route, ma cocotte. Après, j'ai fait plus de projets. Ça a mis du temps, mais du temps, avant que je gagne ma vie. C'est-à-dire qu'à côté, je travaillais, je faisais de la figure. J'étais hôtesse, chef hôtesse, animatrice. Je donnais des cours. J'ai vraiment fait tous les métiers du monde.

  • Speaker #0

    Quand même dans le milieu un peu artistique. Enfin,

  • Speaker #1

    pas vraiment hôtesse, pas vraiment. C'était plus dans l'événementiel. Mais ouais, ça ne demandait pas beaucoup de talent artistique, tu vois. Mais en tout cas, j'ai bossé et j'ai mis à peu près 10 ans pour commencer à vraiment en vivre. Donc, il fallait s'accrocher, quoi. Et du coup, maintenant, j'en vis. Et puis, c'est très bien. Je suis actrice, mais je suis aussi réalisatrice. Et ça marche bien. J'ai la chance de faire partie de ceux qui vivent de leur travail. C'est un métier tellement difficile. Karim Leclou, lorsqu'il a reçu le César, l'a encore dit et redit. C'est tellement difficile de faire partie de ce métier.

  • Speaker #0

    Quand en plus, tu es un gentil.

  • Speaker #1

    Et quand en plus, tu es un gentil, tu peux se faire complètement... Boucler une glacée. Donc voilà, le parcours un peu... Voilà, bac plus 5, arrêté. J'ai repris une école de théâtre. Et puis après, c'est les petits projets avec les copains, les copines. Le réseau aussi, hyper important de se faire un réseau.

  • Speaker #0

    C'est l'école de théâtre qui t'a aidée ?

  • Speaker #1

    J'ai le réseau de l'école de théâtre, mais vraiment pas. Je pense que ce qui m'a aidée, c'est un, ma personnalité, parce que je ne suis pas très timide, donc ça va. Et de deux, j'avais quand même cette base, mine de rien, ce bac plus 5 en communication, qui m'a quand même appris à approcher les choses, les gens, à écrire, et oui, stratégique. Et de là, oui, en fait, là où je travaille aujourd'hui, mais c'est tout ce que j'ai installé depuis 10-15 ans, quoi. c'est pour ça que je travaille aujourd'hui et c'est ça qu'il faut donner comme message, c'est que ça prend du temps et que si t'es pas prêt à attendre ce temps là,

  • Speaker #0

    ben il faut il faut changer de il faut changer de métier la patience et la résilience et de continuer à garder confiance en soi aussi tu disais que t'étais très intuitive et en fait au moment où on dit ça, il y a mon chat qui commence à se rendre compte de toi ton chat alors que je te disais je suis pas très habillée avec les chats de fait il est juste là on n'a pas la vidéo mais on peut imaginer un chat qui se met sur mes genoux ouais tu disais que c'était assez intuitif est-ce que c'est c'est

  • Speaker #1

    de l'intuition de plus en plus qui conduit tes projets enfin qui te dirige plus ou moins ouais on peut dire ça comme ça alors en fait il y a deux choses que je faisais je fais de la je joue je suis actrice Et je réalise. En fait, je demande des choses à l'univers. Donc vraiment, je les exprime toute seule, je les exprime aux gens, je les exprime beaucoup, de plusieurs manières différentes, en me disant « il faut que l'univers m'entende » . Et tu me crois ou pas, ces dernières années, tout ce qui est arrivé, c'est des choses que j'ai exprimées avant. Donc quelques mois avant, le théâtre par exemple, la pièce de Rudy, moi je ne suis pas du tout dans le réseau théâtre, mais pas du tout. Rudy, je le connais parce qu'il y a dix ans, il a joué dans mon... Le programme qui s'appelle Paris un jour deux que j'ai écrit et réalisé, c'est un des personnages récurrents, c'est devenu un ami. Et quand il m'a appelé pour me proposer la pièce, me la faire lire, moi juste avant je venais de faire deux ans et demi de réalisation de commandes et j'étais rincée et épuisée. Je ne trouvais plus trop de sens à ça, de sens artistique en tout cas. Et du coup je me suis dit bon il faut que je trouve quelque chose. Maintenant il me faut un rôle où je dépasse, où je me confronte à mes limites et mes fragilités. Je n'ai pas exprimé le théâtre. Mais j'ai exprimé un rôle complexe, je me confronte à... Et le théâtre est arrivé avec ce rôle. Et là, je vais réaliser un 90 minutes pour France Télé. J'ai fait beaucoup de programmes courts en réalisation. Et je disais à mon agent, à mon mec, à tout le monde, bon, maintenant, il faut que je change de format. Il faut que je stigne la réalisation de A à Z, voilà, tout entière, et qu'il y ait de la comédie dedans. Et je l'ai exprimé, je l'ai exprimé, et c'est arrivé. Enfin, vraiment, et j'y crois à ça. Donc, ouais, il y a une espèce d'intuition et de savoir, en tout cas... où je ne veux plus aller et où je veux aller. Après, il y a aussi la partie réelle de ce métier qui est tu ne choisis pas tout le temps tes projets. Donc, c'est qu'est-ce qu'on te propose et plutôt est-ce que tu as envie d'aller vers ça ou pas du tout ? Il faut que ça m'anime d'une manière ou d'une autre. Il faut que ça m'anime parce que ça correspond à un moment de ma carrière où ça va faire passer une stape ou alors ça m'anime parce que le propos m'anime. Parce que je me retrouve et que ça résonne et que j'ai envie de participer à ça. Quand ça rejoint les deux, c'est génial. Parfait.

  • Speaker #0

    Avant de se lancer dans le cinéma, Agnès Varda a travaillé comme photographe pour le Théâtre National Populaire. Cette expérience a vachement influencé son regard sur la manière de capturer les scènes. Tu nous as un peu parlé du théâtre, de quel moment c'était arrivé dans ta vie. Toi, tu verrais quelle différence, comme tu as connu les deux, de comédienne et d'actrice ? Est-ce que tu verrais une différence ?

  • Speaker #1

    Au début, je pensais qu'il y avait une différence. En fait, quand je suis arrivée sur le projet, je me suis dit, j'avais fait un peu de théâtre en 2015. Et puis moi, j'avais monté une petite pièce toute seule. Donc là, pareil, je l'avais fait toute seule. J'avais monté ma petite compagnie toute seule de mon côté. Puis j'avais loué un petit théâtre où il y avait 50 places. Tu vois, j'avais fait sans les règles. Et du coup, je ne me posais pas les questions à ce moment-là. Là, quand j'ai été amenée sur ce projet, je me suis dit, mais comment on joue au théâtre ? Et vraiment, ça a été bloquant pour moi. Je ne l'ai pas exprimé, mais ça a été bloquant pour moi pendant beaucoup de temps. Et du coup, comme j'ai ce syndrome bon élève, on me disait, bon là, tu fais ta rupture là, et puis j'étais très technique dans la technique. Mais tu ne l'étais pas. Je n'étais pas alignée. Je me disais, je suis en train de louper un truc, ou je suis en train de passer à côté d'un truc. Et à un moment, j'ai compris que ça se rejoignait totalement. Je me suis dit, mais non, mais joue. Joue comme tu sais faire. Débarrasse-toi de tout ça. Débarrasse-toi du carcan de la technicité parce que tu es coincé dedans et tout. Et il se trouve que j'ai une voix assez puissante au théâtre, j'ai une énergie qui va avec le théâtre. Donc ça va bien. Mais au début vraiment je me disais mais comment on joue au théâtre ? Est-ce qu'on joue pareil ? Et en fait je me suis dit mais non mais il faut jouer quoi. Il faut juste écouter l'autre, être sincère, être vraiment au moment présent dans l'écoute tu vois. Et puis ça va aller quoi. Et vraiment Rudy ça c'est un truc qu'il dit tout le temps, il dit tout le temps mais écoutez-vous, juste écoutez-vous et c'est la première fois que vous vivez ça et tout ce que vous vivez est grave. Il nous dit tout le temps ça. Tout ce qu'il fait, si c'est pas grave pour vous, ce ne sera pas pour le spectateur.

  • Speaker #0

    Grâce à ce sentiment d'urgence ?

  • Speaker #1

    Ouais un sentiment, c'est important, c'est pas de la discussion parce que sur cette pièce là tu vois ça pourrait être juste de la discussion, paroles, voilà ça pourrait être anecdotique et ça ne l'est pas parce qu'en fait on joue des choses qui sont hyper importantes pour nous. hyper importantes pour la vie de nos personnages. Ça, c'est un super conseil de dire, en gros, si tu débandes, le spectateur va débander avec toi et c'est fini, tu les perds. Et ça, c'est un truc où il nous a vraiment fait travailler là-dessus.

  • Speaker #0

    De bien se tenir. J'ai interviewé Marion, mais Adorian, elle disait que dans la salle, si les gens toussaient, si les gens se mouchaient, c'est que tu les avais perdus. Donc effectivement, quand tu es captivée, tu arrives à bien les tenir carrément. Agnès Varda, elle a souvent... mis en avant la voix des femmes dans tes oeuvres. Toi, en tant qu'artiste femme, si on peut se qualifier, comment tu abordes ces questions ? Comment est-ce que tu les mets ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'on peut se qualifier en tant qu'artiste femme, parce que la sensibilité et le regard n'est pas le même que celui d'un homme. Je veux dire, il y a quand même un regard différent. Voilà, tu vois, une sensibilité qui ne sont pas les mêmes. On peut se qualifier comme ça. Après, socialement, il ne faut pas que le public le reçoive. reçoivent ton oeuvre comme une oeuvre que pour les femmes ou que des femmes. En fait, moi quand je travaille, déjà quand j'arrive sur un projet par exemple en tant que réalisatrice, c'est vrai que les actrices me disent, et même les acteurs me disent, ça fait du bien de travailler avec une femme, ça change, c'est pas pareil, ça fait du bien. Je vois pas vraiment ce qu'ils veulent dire par là, mais je pense que c'est, tu vois, on est plus sur le chemin intérieur quoi. Quand je les dirige, oui et plus il y a un truc presque maternant tu vois, qui est là, qui est peut-être plus doux, qui est...

  • Speaker #0

    De mise en confiance, je pense que quand on met en confiance les gens, ils donnent le meilleur.

  • Speaker #1

    Certainement, de mise en confiance et de... tu les rejoins à un endroit de fragilité quoi, tu vois, d'enfant et puis en plus moi j'ai la double casquette, je suis actrice aussi, donc je sais très bien comment il faut parler à un acteur et comment il faut l'approcher, comment il ne faut pas le brusquer et comment on peut le perdre. Si on lui dit une chose négative et comment il faut lui donner confiance et l'aider à avancer en lui donnant confiance, tu vois.

  • Speaker #0

    C'est comme avec les enfants en fait.

  • Speaker #1

    C'est comme avec les enfants et rassurer tout le monde tout le temps et dire tout va aller, ça va aller très bien. Même si toi, forcément, quand tu es dans la création, tu es dans un endroit de fragilité extrême, extrême. Parce qu'à chaque fois, tu dis, est-ce que la décision que je suis en train de prendre est la bonne ? que ce soit pour la direction, pour le placement de tes caméras, pour l'accessoire, pour le costume, est-ce que c'est la bonne direction que je suis en train de prendre ou pas ? Et ça, tu ne dois pas le montrer. Tu dois être rassurante, être sûre de toi,

  • Speaker #0

    en confiance. Il n'y a pas de vulnérabilité qui fait l'essai.

  • Speaker #1

    Tu es vulnérable parce que tu es dans un endroit de création, donc tu es forcément vulnérable. C'est pour ça que tu as toute une équipe qui te back-up, qui est là pour toi. Mais moi, je raconte plutôt mon soleil aux gens et pas le reste, parce que le reste, ça me regarde de moi. Je ne peux pas arriver et être là en train d'hésiter. Je ne sais pas, je ne sais pas, je ne peux pas faire ça. On me donne confiance. Et puis, c'est le regard que les autres vont porter sur moi ensuite qui va m'élever. Tu vois, j'ai l'impression que c'est ça. Après, en tant que créatrice, quand je crée mes projets, mes projets ont toujours un propos. Je pars d'un propos. Généralement, je pars de quelque chose que je vis ou que les femmes autour de moi vivent pour en faire une fiction, quelque chose. Je ne raconte pas exactement ce que je traverse. Mais j'en suis proche. J'ai fait Paris un jour, deux. C'était sur une nana de 30 ans qui était qui venait d'arriver à la capitale, qui monte de banlieue et qui est complètement perdue dans sa propre identité parce qu'elle veut être parisienne. Elle n'est pas tout à fait. Elle veut être une star, coutoyer plus grand, mais elle n'est pas tout à fait. Donc, elle est toujours tiraillée entre ce qu'elle veut être, ce qu'elle est vraiment, ce que les gens projettent sur elle, ce qu'elle veut que les gens projettent sur elle. Tu vois, et ça me parlait un peu de moi qui, à 30 ans, était un peu perdue comme ça. Ensuite, j'ai fait un projet qui s'appelle Baby Clash après mon premier enfant où je voulais parler. Je me disais, waouh, c'est dingue ce qu'on traverse quand on a un enfant, comment le couple résiste. Là, j'en suis venue au Baby Clash, et là je me suis dit, comment ferait un couple qui ne se connaît pas, qui n'est pas prêt, qui n'a pas d'argent, qui n'a pas de logement, et qui accueille un bébé ? Donc j'ai écrit Baby Clash. Et là j'ai écrit un projet sur la charge mentale, sans en dévoiler plus parce que je suis en train de travailler dessus, mais c'est aussi sur la génération sandwich des adultes qui sont aidants avec leurs parents et qui sont parents d'enfants. petit et de se retrouver là-dedans, d'essayer de faire avancer sa carrière là-dedans, sans avoir trop le temps à être... tu vois, constamment inquiétée et prise à droite à gauche. Donc,

  • Speaker #0

    il y a un propos en fait.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est des propos, c'est ça. Tu pars d'un propos et après tu développes un truc. Et mes propos, forcément, en tant que femme, parlent plus ou moins quand même des femmes. Tu vois, les hommes peuvent se retrouver, mais c'est vrai que moi, je parle de mon expérience de femme dans cette société là.

  • Speaker #0

    Quand on devient réalisatrice ?

  • Speaker #1

    On devient parce qu'on le choisit.

  • Speaker #0

    Parce qu'on demande.

  • Speaker #1

    Parce qu'on demande, parce qu'on prend sa place. Non, parce qu'on prend sa place. Pour le coup, moi je suis devenue réalisatrice parce que j'ai écrit mon projet et mon projet, je l'ai donné à quelqu'un à la réalisation et puis au bout d'un moment je me suis dit bah attends pourquoi pas le faire, vas-y lance-toi, je connaissais rien, comme Agnès, et comme Agnès Varda et du coup je me suis lancée dedans et j'ai commencé à réaliser et puis au fur et à mesure on m'a fait confiance sur des gros projets télé. Et puis en fait, c'est le réseau en fait, les gens parlent, le directeur de prod parle de toi, un autre directeur de prod qui t'appelle pour un autre projet, et ainsi de suite, et ainsi de suite, et ainsi de suite. Et toi, tu te sens au début pas du tout légitime, et puis un petit peu, et puis ouais ça va, et puis bien, et puis aujourd'hui je peux dire quand même que je suis réalisatrice.

  • Speaker #0

    Bien sûr, tu as eu du mal justement à assumer ça ? J'ai l'impression que tu as eu aussi un peu de mal peut-être à assumer le je suis comédienne, je suis actrice, je suis réalisatrice.

  • Speaker #1

    En fait, il y a un truc de... L'acting, je me suis toujours sentie actrice. Donc ça, j'avais moins de mal. Je l'ai toujours dit, même quand je ne travaillais pas. Je suis actrice, je n'ai aucun souci avec ça. Réalisatrice, c'est un truc de prouver. Et puis, tu es une femme aussi dans ce milieu-là qui commence seulement à s'ouvrir aux femmes. Anne Esordel en parlait dans les années 70. Elle disait qu'à terme, ça allait vraiment beaucoup s'ouvrir. Ça s'ouvre, mais on n'y est pas encore du tout. On est dans des quotas, on le sait. Et c'est de dire comment transformer... Tu entres... par une fracture dans le truc et tu dis comment transformer ça où on m'appelle juste pour mon travail et pas parce que je suis une femme donc d'ailleurs il y a ce petit truc là et après c'est dur de dire que je suis réalisatrice alors que j'en avais pas l'envie c'était pas mon rêve c'était pas dans mes projets du tout et de se retrouver là à la place peut-être d'autres qui en ont toujours rêvé, qui ont fait des écoles pour ça tu vois c'est cette Tu vois, c'est la place de l'imposteur, un peu, de me dire, oh, mais je le suis parce que j'ai des équipes, qu'on donne de l'argent pour ça, que ça va en chaîne, que j'en ai fait plusieurs. Maintenant, je le suis.

  • Speaker #0

    Tu l'assumes un peu plus. Et justement, Agnès Berla, elle disait, chaque visage raconte une histoire. C'est un peu de ça, comment on utilise son propre vécu.

  • Speaker #1

    Oui, c'est beau. Oui, oui. Chaque visage raconte son histoire. C'est vrai. Mais ça c'est drôle parce que ça rejoint le truc, moi ça me fait penser à l'acting. C'est-à-dire que quand je jouais au début, je me projetais vachement dans le personnage, mais je me disais à quoi il ressemble ce personnage, et je projetais un personnage qui était très loin de moi, et j'essayais d'aller vers ce personnage. Elle doit se tenir comme ça, elle doit parler comme ça. Je ne travaille plus du tout comme ça maintenant. Je fais vraiment l'inverse depuis quelques années. Mais c'est vraiment sur un casting que j'ai eu un déclic, parce que je devais faire une avocate, et le directeur de casting m'a dit Faire de la première scène, c'est bien, mais là, tu joues à l'avocate. Moi, je n'ai pas besoin que tu joues à l'avocate. J'ai besoin que tu sois Baya, et Baya, elle est avocate. Et il m'a dit cette phrase, et vraiment, il a tout déverrouillé en moi. C'est là que j'ai compris, je me dis, bah ouais. Je dis, pourquoi ? Enfin, tu vois, c'est l'image qu'on se fait, c'est n'importe quoi. Et du coup, j'ai eu ce casting. Pour la petite histoire, j'ai décroché ce casting. Et après, je me suis toujours dit, mais oui, c'est ça en fait. Il faut que je ramène les personnages à moi. C'est moi qui vais leur donner leur voix, corps, leur manière de bouger, leur manière d'interagir. Donc je les amène à moi. Et comme quand tu traverses au théâtre, maintenant j'ai une alternante et puis il y en a une autre qui va arriver, ce sera jamais moi. Elles seront jamais moi. Elles ont leur propre voix, leur propre vécu, elles vont ramener ça au personnage. Et ça va marcher tout autant. Et ce sera trois Norah différentes. Et ces trois Norah différentes, parce que le personnage que j'interprète dans la pièce s'appelle Norah, mais les trois marchent. Parce qu'il faut juste comprendre l'essence même de ce personnage et le nourrir avec son vécu. Mais après, c'est leur voix et leur manière de bouger et leurs cheveux.

  • Speaker #0

    Ça doit être hyper dur quand tu es réalisatrice et que tu dois justement laisser s'exprimer les comédiens, comédiennes que tu diriges.

  • Speaker #1

    Écoute, bizarrement, non. Bizarrement, non. Oui, mais bizarrement, non, parce qu'il y a un truc assez jouissif dans la direction d'acteur. Je dois dire, il n'y a aucune frustration. aucune frustration de comédienne, il y a juste un plaisir de se dire tu sais où tu veux les amener, tu es un peu la fée là, tu tricotes avec eux quelque chose et à la fin quand ils arrivent exactement à ce que tu avais envisagé, tu dis mais c'est dingue parce que c'est ce que j'avais imaginé et c'est trop bien et en fait j'avais raison, c'est vers là qu'il fallait aller et de les amener vers ça, c'est hyper bien. Il y a des comédiens, je le vois parce que moi quand je suis actrice, tu as l'impression des fois que tu fais perdre ton temps, en plus sur les projets télé souvent on n'a pas beaucoup de temps. Tu le sens un peu que ça va vite et donc toi tu bafouilles, t'es là pardon, pardon, excusez-moi, excusez-moi, excusez-moi et t'essayes de faire des choses et puis ça marche pas donc on vient te... Et à la fin tu sais de plus en plus tu te sens de plus en plus nulle, tu te dis mais j'y arrive pas quoi, c'est quoi le problème ? Et en fait je veux dire à tous les comédiens que c'est un plaisir de regarder un acteur travailler. Moi quand je suis derrière le combo et qu'ils me disent pardon, pardon, pardon, je fais mais non mais c'est... Tu n'imagines pas à quel point je suis en train de prendre mon pied de te voir travailler. Je suis en train de voir par quoi t'es en train de passer et en fait je suis en train d'apprendre avec toi. C'est génial !

  • Speaker #0

    J'avais pas encore vu. C'est hyper intéressant. Effectivement, tu parles du... Tu as créé une web-série. Tu nous en parles.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai créé deux web-séries. J'en ai créé une qui s'appelle... Enfin, même trois, d'ailleurs. J'en ai créé une qui s'appelle Paris un jour deux, qui est celle qui m'a fait commencer la réalisation, qui m'a fait un peu entrer dans le milieu, que j'ai faite toute seule. En saison une, je l'ai faite toute seule. Donc, j'ai produit toute seule. J'ai écrit. Il y avait des réalisateurs. Au bout du troisième épisode, je me suis mise à réaliser. Je faisais la régie, je faisais tout, je faisais la production, j'ai tout fait, j'ai tout appris en faisant et en écrivant. Serge, pareil, c'est ce que je te disais, je ne m'attendais à rien, je ne savais pas ce qu'il fallait faire. Et en fait, je l'ai écrit et ça a hyper bien marché. La saison 2 a été produite par Canal+. Ça a hyper bien marché parce qu'en fait, je parlais de moi, mais je parlais de tout le monde, c'était hyper universel. On dit que l'intime touche à l'universel de toute façon. Donc déjà, ça, je pense que c'est l'idée de base pour que ça fonctionne. comme Rudi a écrit la pièce.

  • Speaker #0

    Un propos qui, quand il est sur scène, ça parle.

  • Speaker #1

    Ah ouais, un propos qui te... Il y a une urgence de parler de ça. Il y a une urgence. Il faut que ce soit fait, c'est nécessaire. Et d'ailleurs, c'est pour ça que je l'ai fait. Parce que pour moi, c'était nécessaire. Il fallait que je le fasse. Et puis j'en avais marre d'attendre aussi qu'on me donne du boulot, en fait. Et c'est la meilleure chose que j'ai faite de ma vie parce que ça m'a...

  • Speaker #0

    Tout apporter, c'est-à-dire tout ce que j'ai fait jusqu'à maintenant, c'est grâce à ça. Donc voilà, franchement, aujourd'hui, il y a quand même des moyens de faire. Il faut faire, oui, tu mets un peu d'argent, mais tu le reçois. Investissement. Enfin, un investissement sur toi-même. Exactement. Et voilà, et puis c'est une web-série qui parlait, je te dis, d'un groupe de Parisiens, mais de nous, de ce que je traversais à l'époque. J'avais 30 ans, je vivais en coloc, je n'arrivais pas dans le métier. Je ne trouvais pas le grand amour. J'étais perdue. Je ne comprenais rien. Et je pensais tout savoir. En gros, c'est ça. Après, j'en ai fait une qui s'appelle Baby Clash, qui est sur la crise du couple après le premier enfant. Donc là, j'ai choisi de partir sur des vignettes. C'est un couple qui se rencontre jusqu'à leur séparation, avec la naissance du premier enfant à l'intérieur de ça, et comment le couple devient parent, et comment ils ont réussi à se retrouver en tant que couple. DIM m'a contactée, donc j'ai fait une websérie pour DIM pour une collection de culottes et de sous-vêtements. C'était vraiment intéressant là parce que tu avais la contrainte d'injecter les produits à l'intérieur sans qu'on les cite, tu vois, donc ça c'était hyper intéressant.

  • Speaker #1

    Du brain contact.

  • Speaker #0

    Ouais du brain contact pur, tu vois. Mais c'était, je te dis ça, c'était pas maintenant, c'était à l'époque, ça n'existait pas en fait. DIM c'était une des premières marques, d'ailleurs je me souviens que ça avait fait un truc, on en avait pas mal parlé parce que c'était une des premières marques qui faisait ça à l'époque, tu vois.

  • Speaker #1

    Et justement, si Agnès Verda était le prochain propos de ta websérie, même si on a beaucoup dit que ça devait partir de toi, est-ce que tu aurais eu envie de la mettre en avant et ça aurait été sur quel sujet ?

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que je pourrais dire sur Agnès Verda ? Elle est dingue, Agnès Verda, elle a tout. Parce que je te dis, moi ce que j'aime de celle, c'est sa liberté. C'est son côté matérialiste dans le sens où elle fait. En fait, elle fait, elle apprend en faisant. Elle ne se pose pas la question de « est-ce que je sais faire ou pas ? » Le cinéma, elle le dit, elle dit, j'avais même pas vu de film avant de faire mon premier film, quoi. Je ne savais même pas ce que c'était que de faire un film. Je ne savais pas ce que c'était que le plan et tout. Et puis, elle a un truc aussi génial, c'est qu'elle s'est battue pour les femmes quand même. Elle fait partie des 343 signataires, c'est ça ? Oui,

  • Speaker #1

    343 en 68.

  • Speaker #0

    Les 343 salopes, enfin celles qui ont dit qu'elles avaient subi un avortement. Elle s'est toujours battue pour les femmes et elle a toujours encouragé les femmes. Son documentaire sur Jane Birkin qui s'appelle Jane Bay. C'est sur la femme qui vieillit, sur la quarantaine, sur le fait d'embrasser ça, les années qui passent. C'est fou à l'époque, tu vois ce que je veux dire ? Et c'est elle d'ailleurs qui a encouragé Diane Birkin à filmer aussi, à dire mais prends la caméra si t'en as envie, pourquoi tu l'interdis ? En fait, je la montrerai comme ça en me disant, il faut suivre son exemple, cette nana, elle a tout fait, elle n'a rien demandé à personne. Et elle n'a pas demandé l'autorisation. Et je crois que c'est ça qui empêche beaucoup de monde. C'est parce qu'on attend des autres qui nous placent un peu dans ce jeu. Et en fait, personne ne va te placer nulle part à part toi-même. Ça,

  • Speaker #1

    de donner l'autorisation en fait. C'est bon, tu as le droit de faire ça. Ça,

  • Speaker #0

    de donner l'autorisation, c'est exactement ça. On attend qu'on nous donne l'autorisation. Et en fait, tout est possible. En vrai, les barrières sont psychologiques. Ce qui nous imite, c'est ce qu'on imagine.

  • Speaker #1

    Des biais cognitifs. Indépendamment de ce que j'ai vraiment envie d'y aller. Allez-y, prends le pouvoir.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est en fait, fais et tu verras ce que t'en feras. Si tu penses sur l'objectif de, est-ce que ça va être vu, est-ce que ça va avoir du succès, t'es mal barré.

  • Speaker #1

    Il faut avoir beaucoup de courriel en soi, de confiance en soi.

  • Speaker #0

    Peut-être qu'il faut avoir de la confiance en soi parce que tu vas suivre des critiques.

  • Speaker #1

    certainement ça peut ne pas fonctionner mais sérieusement moi je préfère que ça ne fonctionne pas que de c'est une philosophie en fait c'est toute une philosophie oui est-ce que tu parles beaucoup de ce que tu vis effectivement d'une jeune trentenaire de banlieue ou dans des couples l'arrivée d'un enfant est-ce que tu as d'autres sujets oui c'est ça le projet c'est sur la charge mentale et ça c'est vraiment c'est vraiment

  • Speaker #0

    Je suis en plein dedans, donc je sais de quoi je parle et j'ai vraiment une nécessité. Là, en fait, le projet, pour tout te dire, est en développement. Je l'ai retiré, là, il n'y a pas longtemps, parce que je vais le faire toute seule, je crois. Je vais revenir à ça. Parce que je peux le faire maintenant toute seule, parce que par ailleurs, je travaille assez. Donc voilà, je gagne ma vie en travaillant, tu vois. Donc je peux réinvestir un peu de cet argent que je gagne sur un projet personnel. Et qui est pour moi une nécessité. vraiment parce que je crois qu'on en parle encore pas assez, ça commence il y a certaines humoristes qui commencent à en parler puis il y a aussi certains influenceurs qui ne sont pas humoristes par ailleurs et puis sociétalement on commence à en parler mais là en plus j'ai envie d'associer la charge mentale de la charge mâmentale qu'on appelle à celle des aidants qui est une autre forme de charge mentale.

  • Speaker #1

    Ça aussi, pour le coup, on en parle beaucoup en entreprise. Moi, j'ai le vision entreprise et on en parle enfin de la façon dont on va eux-mêmes les aider en les facilitant la vie.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Il y a un médecin qui s'appelle le docteur Hélène Rossineau qui en parle beaucoup, qui a déjà fait un livre sur ça et qui elle-même était donc de ses parents et qui en parle beaucoup. Et ça, j'ai vraiment envie d'en parler. Parce que... Quand tu es comme ça, à l'aube de tes 40 ans, là, j'ai mes deux enfants, j'ai mes parents qui sont en vieillissant et malades. Je suis entre les deux et je me dis, moi, dedans, quand est-ce que je vais pouvoir m'occuper de moi ? À aucun moment,

  • Speaker #1

    on n'est pas deux.

  • Speaker #0

    Non, exactement. Oui, tu es tout le temps inquiet, déjà, pour les quatre. Tu es tout le temps inquiet. J'ai deux enfants, c'est pour ça que j'ai les quatre. Mais tu es tout le temps inquiet, tu as tout le temps peur. tu as tout le temps une boule au ventre, tu n'es jamais en repos, et du coup, c'est dur de libérer de l'espace mental. C'est marrant que j'en parle maintenant, parce que je n'en parle à personne de ça. Donc, c'est vraiment très marrant, tu vois, parce que je ne le dis à personne, mais à chaque fois, je le dis juste aux gens. Je n'ai pas l'espace mental pour écrire, parce qu'ils me disent, mais quand est-ce que tu réécris un truc ? Je n'ai pas l'espace mental. Je suis crevée, en fait, tu vois, parce que tout le cerveau est pris.

  • Speaker #1

    Oui, c'est très beau. Merci beaucoup. Très bien. Vers la fin de sa carrière. Agnès Verda se tourne vers l'art contemporain notamment en s'associant avec le photographe à chapeau et à lunettes JR elle réalise des installations assez spectaculaires et plutôt éphémères toi en dehors des projets cinématographiques de

  • Speaker #0

    films est-ce que tu te vois dans d'autres projets je te sais très créative pour suivre les stories sur Instagram je fais beaucoup d'activités avec les enfants ça c'est vraiment un petit plaisir à moi j'en fais plein d'activités, on s'éclate J'aimerais bien à terme faire comme toi un podcast. Ouais, je trouve ça génial. Je trouve que, en fait, j'ai toujours aimé déjà la radio et j'ai toujours aimé les voix de radio. Ça m'a toujours apaisée et je trouve qu'on rentre dans une espèce d'intimité comme ça, tu vois, où on peut se permettre de dire des choses alors qu'en fait, il y a plein de gens qui vont l'écouter mais on n'a pas l'impression. J'aime bien la radio, donc le podcast, parce que pareil, c'est quelque chose qui peut être mis en place assez facilement, qu'on peut faire. J'ai une idée de podcast depuis pas mal de temps, donc je réfléchis à ça. Et j'aimerais bien faire de la production. C'est-à-dire, je l'ai déjà fait, mais sans structure, mais avoir une structure pour produire des projets qui font sens pour moi. Et pour aider, pour aider pas, ou pour pousser, ou pour faire éclore des projets qui, pour moi, ont besoin d'éclore et qui ne trouvent pas leur place ailleurs, parce qu'ils sont pas assez à la mode.

  • Speaker #1

    Production dans l'image ?

  • Speaker #0

    Dans l'image. Production dans la fiction.

  • Speaker #1

    Une fiction ? Ouais. Il faut être précis pour lui.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est vrai. So, nous, vous... Alors, qu'est-ce que vous voulez... Non, c'est plutôt... En plus, moi, le format que j'adore, c'est la série, j'avoue. Donc, la série, c'est quand même le format où tu peux tout dire,

  • Speaker #1

    quoi. Ouais, t'amuser suffisamment d'espace et à la fois assez structuré pour décider si les épisodes de 15...

  • Speaker #0

    Ouais, exactement, exactement.

  • Speaker #1

    Malheureusement, quoi que moi, ça m'arrange bien quand les épisodes font que 30 minutes. Mais c'est le format qui...

  • Speaker #0

    En France, ça ne marche pas trop. Pour l'instant, le 30 minutes, mais on y vient. on est en train d'y arriver c'est du 26 minutes ce format donc t'as des épisodes qui font un peu moins un peu plus mais on est en train d'y arriver mais pendant toutes ces dernières années c'est un format anglais anglophone est-ce

  • Speaker #1

    qu'il y a une question que tu aurais aimé que je te pose ?

  • Speaker #0

    j'ai oublié cette question oh la la j'ai rien à cette question non j'aimerais je crois que tu m'as tout dit je crois qu'on a parlé de tout écoute c'est David Essie

  • Speaker #1

    Si tu avais fait un autre métier, ça va commencer comme une icône, mais au moins, en fait, arrivé à 60 ans, ça sera quoi ton prochain métier ?

  • Speaker #0

    Je serais toujours dans ce métier-là. Je serais peut-être plus actrice parce que c'est tellement dur à être acteur, mais je serais toujours autour de ça. Je serais soit dans l'écriture, soit dans la réalisation, soit dans la production, mais je serais dedans, je lâcherais jamais ça. Je ne prendrais jamais ma retraite, ça n'existe pas.

  • Speaker #1

    Dans la création, dans la créative. Ouais,

  • Speaker #0

    je serais dans la création, quoi. Tu vois. Bien sûr.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as des lieux justement qui nourrissent cette créativité ?

  • Speaker #0

    Ma maison. J'ai ma maison qui est vraiment un endroit de tranquillité, très apaisant. C'est vraiment mon cocon, tu vois, cet endroit-là pour écrire. Sinon, j'adore les cafés. J'adore le bruit des cafés, les gens, la vie. Et j'adore, je m'isole et je regarde les gens et j'écris. Et puis parfois, je fais des pauses et je regarde les gens et j'adore ça.

  • Speaker #1

    Tu captes des conversations ?

  • Speaker #0

    Ouais, à une époque, j'ai un ami qui m'a rappelé, il me dit, tu te souviens quand tu venais avec ton carnet, tu écrivais tout ce qu'on disait ? Et je disais, ah ouais, je faisais ça et tout. Et il me dit, mais oui, c'est vrai que je faisais ça. Et j'ai plus le temps, parce que c'est pas que j'ai plus le temps, c'est que je sors moins. Je prends moins le temps de voir des... Enfin, je vois moins mes amis, moins souvent. Avant, j'étais célibataire, j'avais pas de gosses, je faisais que ça, je buvais des canettes la longueur de journée, c'était trop cool la vie. Mais là, je n'ai pas ça. J'ai une activité professionnelle. Voilà. Et du coup, j'ai moins le temps de faire ça. Mais c'est génial de faire ça, quoi. De prendre... En fait, à chaque fois, je me dis qu'il faudrait que je sorte plus pour plus capter l'atmosphère qu'il y a en ce moment, l'univers, les énergies des gens, et pour pouvoir écrire sur eux.

  • Speaker #1

    Oui, mais peut-être à un moment où tu aurais besoin de te renourrir. Donc là, tu as suffisamment...

  • Speaker #0

    Pour l'instant, ça va. Ce qui me manque, c'est le temps. C'est ni l'espace, ni l'espace physique, je l'ai, ni l'envie. Elle est très forte. C'est le temps. Et on me dira, oui, mais si tu as très envie, tu trouveras le temps. J'aimerais bien que ce soit aussi facile. Ça l'est pas.

  • Speaker #1

    On parlait en off juste avant que je puisse enregistrer de l'expo à la Cinémathèque de Wes Anderson. Bon, que moi qui ne m'a pas trop... Oui ! Est-ce que tu veux partager une claque visuelle, esthétique que tu aurais vécue il n'y a pas longtemps ?

  • Speaker #0

    En expo ou en... Ben non, la claque, franchement, que je me suis prise il n'y a pas longtemps, c'est La Messias. C'est une série espagnole sur Arte qui est faite par deux réalisateurs dont je n'ai pas le nom, mais qui sont un peu les descendants d'Albodovar. C'est fou. C'est dingue. J'ai rarement vu ça.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    La Messias. C'est sur Arte.tv, donc sur le replay d'Arte. C'est sur le fanatisme religion et comment une mère va entraîner ses enfants là-dedans. Et c'est sur... aussi comment ces enfants, une fois adultes, vont devoir pardonner à leur mère pour avancer. Et retraverser toute leur histoire avec cette mère. C'est sublime, c'est très pop culture, donc t'as des influences vraiment dingues, visuellement, c'est fou ce qu'ils ont fait. Et il y a trois temporalités avec des acteurs, tu sens que c'est les mêmes acteurs, c'est les mêmes personnages, mais qui grandissent, qui vieillissent, du coup les trois temporalités elles fusionnent. ça pose aucun problème pour la lecture et pour la clarté de la narration et c'est visuellement c'est fou la musique est folle c'est ce vers quoi tu aimerais aller non pas du tout non je trouve ça mais c'est très nourrissant en fait c'est des esthètes moi je suis pas vraiment esthète moi je moi je suis plus dans faisons simple faisons simple et concentrons nous sur sur sur les yeux sur le jeu et je suis moins dans alors j'imagine que là on va être je suis moins euphorias mais euphorias apparemment qu'ils étaient notre claque visuelle c'est fou Mais ce n'est pas du tout ce vers quoi je vais, mais je trouve ça dinguissime.

  • Speaker #1

    Partage.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Dans la prochaine claque, on espère se prendre une claque très prochainement, parce qu'il y a l'exposition d'Agnès Varda au musée Carnamel, qui démarre dans quelques jours. Au moment où ça sera publié, l'expo sera en cours, donc vous pourrez y aller. Merci. Merci à toi.

  • Speaker #0

    Merci à toi de m'avoir reçu.

  • Speaker #1

    On peut te retrouver sur scène. Plus tout,

  • Speaker #0

    plus tout à fait. Plus pour l'instant à Paris, je reprends la tournée en septembre. Mais la pièce continue. Mais moi, on ne verra pas.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci, à bientôt.

  • Speaker #1

    Ça t'a plu ? Laisse-moi un gentil commentaire. Ça aidera mes amis les algorithmes pour propulser ce podcast. Et par exemple, pour de toi, à la machine à café, dans le minispo. Bah tiens, oui, si là, c'est dans le minispo en ce moment, par exemple, vois-en. Tu peux aussi lui parler de la page Instagram d'Artitaï. Merci. Allez, tchou.

Description

Encore une jolie découverte dans ce nouvel épisode : l’intrépide et la talentueuse Baya Rehaz. Elle avait entamé une carrière dans la communication (tient, tient…) et elle a eu la courageuse et bonne idée de bifurquer dans une carrière artistique. Baya, comme Agnès Varda, dont on parle dans cet épisode, est touche à tout, curieuse, bosseuse et spirituelle.

Autour d’une tasse de thé, on a parlé théâtre, réalisation, univers, chat, de la série La Mesías sur Arte et d’Agnès, tout ça (à peu près) dans cet ordre (ou presque).


Baya prépare actuellement un 90 minutes pour France TV en tant que réalisatrice, elle nous en parle dans ce nouvel épisode !


Elle vient également de tourner la saison 14 de la série M6 « En famille » ! diffusée cet été sur M6.


Elle a cartonné dans la pièce

« C'est pas facile d'être heureux quand on va mal », dans le rôle de Nora, Molières 2024 de la comédie et de l'auteur francophone vivant !


Et cette chouette troupe sera en tournée à partir de septembre 2025.


Bonne écoute et bon alignement.


💥Arty time : podcast qui parle d’art, d’artistes, d’humour, d’humoristes, de musées, de tableaux, d’oeuvres, Paris et ailleurs.


✨ Je visite les musées et en fait des résumés humoristiques

✨ Chaque mois, "Arty Time Avec" ... j'interviewe un.e comédien.ne qui me parle de son crush artistique.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut et bienvenue sur Arty Time avec une déclinaison de mon podcast Arty Time, tado d'humour culturel. Parce que j'en avais un peu marre de faire des expos et d'enregistrer mes épisodes dans mon petit studio toute seule, donc j'ai décidé de recevoir des guests. Mais pas n'importe lesquels, des comédiens et des comédiennes, ou qui me parlent de leur crush artistique. Donc chaque mois, je prends un thé avec l'un ou plus d'entre eux, pour partager ce qui les fait vibrer, s'émerveiller ou se révolter. Il ne manquait plus que toi pour être complet, et chauffer la bouilloire pour partager ce moment avec nous. Bonne écoute ! Hello mes petits curieux et curieuses et bienvenue sur ce nouvel épisode d'ArtiTime avec et aujourd'hui j'ai la joie de recevoir Baya Reaz

  • Speaker #1

    C'est ça !

  • Speaker #0

    Que j'ai bien prononcé, bienvenue Baya ! Merci ! Je suis toujours Célia Rastoin, l'heureuse propriétaire et productrice de ce podcast Quand je ne parle pas derrière un micro, j'aide les entreprises à faire avancer leur business grâce à des actions de communication et ça m'arrive même de créer des podcasts pour attirer de nouveaux clients, mais on n'est pas là pour parler de ça. On est ensemble aujourd'hui pour parler de toi, Baya, et aussi de quelqu'un que tu aimes beaucoup, dont je te laisse annoncer le nom.

  • Speaker #1

    Agnès Varda.

  • Speaker #0

    Agnès Varda, née début du siècle dernier, pour les plus jeunes, figure emblématique du cinéma français, de la nouvelle vague. On en avait parlé avec Solène Rossignol, qui nous parlait de François Truffaut, un peu dans cette même mouvance. À nouveau, tu es comédienne, Baya. Je t'ai découverte début 2025, il n'y a pas très longtemps, dans la très bonne pièce « C'est pas facile d'être heureux quand on va mal » . Tu nous parles de cette pièce.

  • Speaker #1

    Oui, c'est une pièce qui a été écrite par Rudy Milstein, qui a été aussi mise en scène par lui et Nicolas Lombreras. C'est une pièce qui parle de la dépression urbaine, si tu veux, des gens qui vont mal. Ça résonne assez parce qu'on se rend compte qu'on va tous un petit peu mal. Mais cette pièce est assez... Elle libère pas mal de choses chez le spectateur qui vient la voir. Elle résonne beaucoup parce que les personnages qu'on interprète se permettent ce qu'on ne se permet pas dans la vie, c'est-à-dire de dire les choses en face, de dire ce qu'on pense et de traverser nos émotions de manière très brute et très frontale. Donc c'est une pièce, c'est une comédie, il faut le préciser quand même, parce que dire que ça parle de la dépression, ça peut être triste, mais c'est une comédie plutôt noire. Plutôt très intelligente, ça parle des humains, des relations qu'on a les uns aux autres. Voilà.

  • Speaker #0

    Très fleurie, très colorée. Très colorée. De rien.

  • Speaker #1

    Très colorée.

  • Speaker #0

    Effectivement, sur l'honnêteté, sur l'authenticité aussi,

  • Speaker #1

    vous avez dit les choses.

  • Speaker #0

    J'ai beaucoup aimé.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    J'ai aussi envie que tu nous racontes ton lien avec Agnès Varda.

  • Speaker #1

    Agnès Varda m'a inspirée très, très tôt. En fait, j'avais une copine qui habitait à côté de la rue Daguerre, il y a très longtemps. Et elle avait un petit studio et c'était vraiment le début de mes années fac. Et donc je traînais là-bas et j'ai un peu découvert Agnès Varda à ce moment-là parce que c'était une figure emblématique du quartier. Et ensuite, elle m'a inspirée parce que c'est une figure forte dans le cinéma, mais pas que. C'est-à-dire qu'elle est multi-talent et elle produit tout ce qu'elle veut. En fait, j'ai l'impression qu'elle ne s'est rien interdit. tout au long de sa carrière et elle est allée explorer des choses même si elle n'en avait pas les compétences. Elle les matérialise dans le sens où elle a appris en faisant et j'aime beaucoup cette manière de faire parce que j'ai un petit peu fait ça moi aussi dans l'écriture et dans la réalisation par ailleurs. J'aime bien cette idée d'approcher les choses en les faisant, ça permet de ne pas avoir peur et de se dire tout est permis, il n'y a pas de règles, d'avoir confiance.

  • Speaker #0

    Tu parlais de fac, du coup, raconte-nous le début de ta...

  • Speaker #1

    Ouais, je parlais de fac, ça n'a rien à voir, mais non, j'ai un bac plus 5 en communication politique. J'ai commencé par une fac d'histoire et j'ai rejoint un cursus en communication parce que je voulais être dans le journalisme ou en tout cas dans l'animation télé, il y a quelque chose. Mais il y avait cette volonté, ce désir d'être actrice depuis petite, mais je viens d'un milieu social qui est complètement déconnecté de ça. Et du coup, ça me paraissait si loin, je me suis dit, bon, il faut un plan B. Qu'est-ce qui s'en approche ? L'animation à la télé ou le journalisme ? Voilà, en tout cas, j'avais envie de raconter et de défendre des histoires. Oui,

  • Speaker #0

    de raconter des histoires, parce que la communication,

  • Speaker #1

    je vois un peu comme du quoi.

  • Speaker #0

    Je sais, je dis, pire que nous en politique.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Comment tu racontes pire des histoires ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui.

  • Speaker #0

    Mais bien sûr, comment tu prends un contenu, un sujet, et puis soit tu l'embellis,

  • Speaker #1

    soit tu le traduis différemment. Tout ce que tu racontes autour de ça, le storytelling fait aussi partie de ça. On raconte effectivement une histoire. Et du coup, j'ai eu un bac plus un, j'ai travaillé. Et puis là, j'ai eu un espèce de retournement de situation. Je me suis dit, ce n'est pas du tout ça que je veux faire dans ma vie. En fait, je devais acheter un appartement très jeune. Et là, je me suis dit non. Si je achète l'appartement maintenant, c'est que je suis bloquée dans ce travail. Je vais devoir garder ce travail. Et en fait, je me suis dit, c'est le moment où jamais pour tout lâcher. et revenir à mes premiers amours, le théâtre. Et du coup, j'ai tout lâché et je suis revenue au théâtre. Voilà.

  • Speaker #0

    Revenu parce que tu avais fait du théâtre ?

  • Speaker #1

    J'ai fait du théâtre avant, mais j'ai eu un bac littéraire option théâtre. J'avais fait option lourde et option optionnelle théâtre, facultative théâtre. Ensuite, je faisais partie d'une association dans la ville où je venais qui faisait du théâtre. Et j'ai fait tous les petits cours qui existent avec les petits moyens que j'avais. J'étais vraiment une mordue des planches. J'avais envie de jouer, jouer, jouer. Et donc après le temps passé, j'ai eu mon bac et mon bac plus 5, j'ai travaillé. Et là, je me suis dit non, il faut que j'y revienne. Et c'est maintenant ou jamais. Mais du coup, je suis arrivée assez tard parce que j'ai repris, j'avais 26 ans. Donc,

  • Speaker #0

    belle confiance en soi aussi, parce que finalement, on aurait pu effectivement sûr. C'est une trajectoire assez de la même.

  • Speaker #1

    J'ai toujours l'impression que l'univers me protège. Il y a toujours un truc comme ça de me dire en fait, je suis hyper et de plus en plus, je suis hyper concentrée. Je suis hyper connectée à mon, excuse-moi. À mon intuition, j'ai l'impression que l'âme sait avant nous. Tu vois, il y a un truc comme ça, moi. On y croit ou on n'y croit pas. Moi, je y crois, mais voilà. Ils sont tout partout quand tu dis ça. Voilà. Tu vois, de sentir que si, si, c'est par là. Et j'ai l'impression que l'univers te donne toujours des clés et des signes, te montre des signes en disant si, si, c'est par là ou non, non, c'est sûr ou pas par là.

  • Speaker #0

    Ou alors vraiment une situation qui n'avance pas, te dit, mais c'est parce que ce n'est pas le...

  • Speaker #1

    C'est pas... C'est pas par là, c'est pas par là ! Écoute-moi. Et du coup, il faut savoir écouter tout ça. Et comme je savais que le théâtre, c'était par là, le jeu, c'était par là, je savais que ce que je faisais, je n'étais pas du tout alignée. J'étais plutôt douée, je gagnais de l'argent, mais parce que j'ai le syndrome de la bonne élève. Donc, je réussis assez parce que je suis bosseuse, en fait. Pas parce que j'ai des talents partout, mais parce que je suis bosseuse. Mais du coup, je n'étais pas alignée, j'étais triste. Et cet appartement que je devais acheter était la réponse pour me dire non. Tu reviens à ce que tu sais faire et ce que tu aimes faire, surtout.

  • Speaker #0

    Et du coup ta rencontre entre guillemets avec Agnès Varda, tu parlais d'une copine qui habitait pas loin. Ouais ouais,

  • Speaker #1

    elle habitait pas loin, il y avait cette rue d'Aguerre et je discutais, je buvais un café un matin, parce que ma pote était partie, on était vraiment étudiantes donc on dormait les unes chez les autres et tout, et je buvais un café et il y a un monsieur qui me raconte qu'Agnès Varda un jour a interviewé tous les artisans et les commerçants de la rue d'Aguerre et c'est comme ça que j'ai découvert Agnès Varda avec des petits extraits de ce documentaire. Et ensuite, je me suis dit, mais c'est génial, mais elle est géniale. Et ensuite, le premier film que j'ai vu d'elle, c'est Cléo de 5 à 7. Et là, ça m'a absolument bouleversée. Et en plus, j'aimais bien le travail sur le matériau, sur le matériel, je ne sais pas comment on dit, mais le fait que ce soit en prise de son direct, que ce soit dans la rue. J'aime bien ce truc de...

  • Speaker #0

    Faisonal. Ouais,

  • Speaker #1

    j'adore. Moi, c'est tout ce que j'aime.

  • Speaker #0

    Pas trop façonné.

  • Speaker #1

    Ouais. Tu vois, pas trop dans la loi, pas trop dans les règles brutes, un peu comme elle sent, de se dire, bon, écoute, on va filmer là. Je n'ai pas de thunes, j'ai besoin de filmer là. Et moi, je l'ai fait après ça. Je me suis dit, c'est faisable, donc il faut faire comme ça, il faut faire comme on sent.

  • Speaker #0

    Elle a clairement, finalement, la liberté dans ses valeurs. Est-ce que toi, c'est une valeur importante, la liberté ? Est-ce qu'on a d'autres ?

  • Speaker #1

    Oui, la liberté, c'est quand même... J'aimerais bien avoir plus la liberté parce qu'en fait, plus tu fais et plus tu avances dans ce milieu et plus tu te sens sûr parce que plus tu connais les règles, plus tu te sens sûr parce que tu dis c'est parce qu'on attend de moi, c'est parce qu'on veut de moi. Le marché ne recherche pas ça et du coup, tu cherches à t'établir un peu à l'intérieur de ça et je pense qu'il faudrait oublier tout ça et essayer d'être le plus brut, le plus franc, le plus naturel possible et c'est quand même difficile. Merci. C'est vrai qu'elle, Agnès Varda, elle a ce truc de liberté. Même dans sa manière d'appréhender, de passer de projet en projet. Elle passe de la photo au documentaire, à la fiction, au court-métrage, au long-métrage.

  • Speaker #0

    Pour faire de la sculpture. Elle ne se censure plus en fait.

  • Speaker #1

    Elle ne se censure à aucun endroit. Et elle a fait avec les moyens qu'elle avait. C'est-à-dire qu'elle a vraiment... Et ça, c'est vraiment admirable chez un artiste. Moi, j'aimerais vraiment revenir à ça. Je l'avais en début de carrière. Je l'ai un peu perdue. Et là, je cherche à y revenir parce que je me suis posé la question de quand est-ce que ça a le mieux marché ou en tout cas, quand est-ce que j'étais le plus alignée avec ce que je faisais, c'est quand je faisais mes projets à moi en dehors du système.

  • Speaker #0

    Donc, raconte du coup, on arrête la vie de CDI, l'achat d'appartements. Ouais,

  • Speaker #1

    on arrête tout et on rentre dans une école de théâtre qui était l'entrée des artistes, qui était dirigée par Olivier Belmondo. J'y suis restée un an et demi. Au bout d'un an et demi, j'ai eu mon premier contrat. pour le cinéma avec Anne de Petrini. Et après, c'est bonne route, ma cocotte. Après, j'ai fait plus de projets. Ça a mis du temps, mais du temps, avant que je gagne ma vie. C'est-à-dire qu'à côté, je travaillais, je faisais de la figure. J'étais hôtesse, chef hôtesse, animatrice. Je donnais des cours. J'ai vraiment fait tous les métiers du monde.

  • Speaker #0

    Quand même dans le milieu un peu artistique. Enfin,

  • Speaker #1

    pas vraiment hôtesse, pas vraiment. C'était plus dans l'événementiel. Mais ouais, ça ne demandait pas beaucoup de talent artistique, tu vois. Mais en tout cas, j'ai bossé et j'ai mis à peu près 10 ans pour commencer à vraiment en vivre. Donc, il fallait s'accrocher, quoi. Et du coup, maintenant, j'en vis. Et puis, c'est très bien. Je suis actrice, mais je suis aussi réalisatrice. Et ça marche bien. J'ai la chance de faire partie de ceux qui vivent de leur travail. C'est un métier tellement difficile. Karim Leclou, lorsqu'il a reçu le César, l'a encore dit et redit. C'est tellement difficile de faire partie de ce métier.

  • Speaker #0

    Quand en plus, tu es un gentil.

  • Speaker #1

    Et quand en plus, tu es un gentil, tu peux se faire complètement... Boucler une glacée. Donc voilà, le parcours un peu... Voilà, bac plus 5, arrêté. J'ai repris une école de théâtre. Et puis après, c'est les petits projets avec les copains, les copines. Le réseau aussi, hyper important de se faire un réseau.

  • Speaker #0

    C'est l'école de théâtre qui t'a aidée ?

  • Speaker #1

    J'ai le réseau de l'école de théâtre, mais vraiment pas. Je pense que ce qui m'a aidée, c'est un, ma personnalité, parce que je ne suis pas très timide, donc ça va. Et de deux, j'avais quand même cette base, mine de rien, ce bac plus 5 en communication, qui m'a quand même appris à approcher les choses, les gens, à écrire, et oui, stratégique. Et de là, oui, en fait, là où je travaille aujourd'hui, mais c'est tout ce que j'ai installé depuis 10-15 ans, quoi. c'est pour ça que je travaille aujourd'hui et c'est ça qu'il faut donner comme message, c'est que ça prend du temps et que si t'es pas prêt à attendre ce temps là,

  • Speaker #0

    ben il faut il faut changer de il faut changer de métier la patience et la résilience et de continuer à garder confiance en soi aussi tu disais que t'étais très intuitive et en fait au moment où on dit ça, il y a mon chat qui commence à se rendre compte de toi ton chat alors que je te disais je suis pas très habillée avec les chats de fait il est juste là on n'a pas la vidéo mais on peut imaginer un chat qui se met sur mes genoux ouais tu disais que c'était assez intuitif est-ce que c'est c'est

  • Speaker #1

    de l'intuition de plus en plus qui conduit tes projets enfin qui te dirige plus ou moins ouais on peut dire ça comme ça alors en fait il y a deux choses que je faisais je fais de la je joue je suis actrice Et je réalise. En fait, je demande des choses à l'univers. Donc vraiment, je les exprime toute seule, je les exprime aux gens, je les exprime beaucoup, de plusieurs manières différentes, en me disant « il faut que l'univers m'entende » . Et tu me crois ou pas, ces dernières années, tout ce qui est arrivé, c'est des choses que j'ai exprimées avant. Donc quelques mois avant, le théâtre par exemple, la pièce de Rudy, moi je ne suis pas du tout dans le réseau théâtre, mais pas du tout. Rudy, je le connais parce qu'il y a dix ans, il a joué dans mon... Le programme qui s'appelle Paris un jour deux que j'ai écrit et réalisé, c'est un des personnages récurrents, c'est devenu un ami. Et quand il m'a appelé pour me proposer la pièce, me la faire lire, moi juste avant je venais de faire deux ans et demi de réalisation de commandes et j'étais rincée et épuisée. Je ne trouvais plus trop de sens à ça, de sens artistique en tout cas. Et du coup je me suis dit bon il faut que je trouve quelque chose. Maintenant il me faut un rôle où je dépasse, où je me confronte à mes limites et mes fragilités. Je n'ai pas exprimé le théâtre. Mais j'ai exprimé un rôle complexe, je me confronte à... Et le théâtre est arrivé avec ce rôle. Et là, je vais réaliser un 90 minutes pour France Télé. J'ai fait beaucoup de programmes courts en réalisation. Et je disais à mon agent, à mon mec, à tout le monde, bon, maintenant, il faut que je change de format. Il faut que je stigne la réalisation de A à Z, voilà, tout entière, et qu'il y ait de la comédie dedans. Et je l'ai exprimé, je l'ai exprimé, et c'est arrivé. Enfin, vraiment, et j'y crois à ça. Donc, ouais, il y a une espèce d'intuition et de savoir, en tout cas... où je ne veux plus aller et où je veux aller. Après, il y a aussi la partie réelle de ce métier qui est tu ne choisis pas tout le temps tes projets. Donc, c'est qu'est-ce qu'on te propose et plutôt est-ce que tu as envie d'aller vers ça ou pas du tout ? Il faut que ça m'anime d'une manière ou d'une autre. Il faut que ça m'anime parce que ça correspond à un moment de ma carrière où ça va faire passer une stape ou alors ça m'anime parce que le propos m'anime. Parce que je me retrouve et que ça résonne et que j'ai envie de participer à ça. Quand ça rejoint les deux, c'est génial. Parfait.

  • Speaker #0

    Avant de se lancer dans le cinéma, Agnès Varda a travaillé comme photographe pour le Théâtre National Populaire. Cette expérience a vachement influencé son regard sur la manière de capturer les scènes. Tu nous as un peu parlé du théâtre, de quel moment c'était arrivé dans ta vie. Toi, tu verrais quelle différence, comme tu as connu les deux, de comédienne et d'actrice ? Est-ce que tu verrais une différence ?

  • Speaker #1

    Au début, je pensais qu'il y avait une différence. En fait, quand je suis arrivée sur le projet, je me suis dit, j'avais fait un peu de théâtre en 2015. Et puis moi, j'avais monté une petite pièce toute seule. Donc là, pareil, je l'avais fait toute seule. J'avais monté ma petite compagnie toute seule de mon côté. Puis j'avais loué un petit théâtre où il y avait 50 places. Tu vois, j'avais fait sans les règles. Et du coup, je ne me posais pas les questions à ce moment-là. Là, quand j'ai été amenée sur ce projet, je me suis dit, mais comment on joue au théâtre ? Et vraiment, ça a été bloquant pour moi. Je ne l'ai pas exprimé, mais ça a été bloquant pour moi pendant beaucoup de temps. Et du coup, comme j'ai ce syndrome bon élève, on me disait, bon là, tu fais ta rupture là, et puis j'étais très technique dans la technique. Mais tu ne l'étais pas. Je n'étais pas alignée. Je me disais, je suis en train de louper un truc, ou je suis en train de passer à côté d'un truc. Et à un moment, j'ai compris que ça se rejoignait totalement. Je me suis dit, mais non, mais joue. Joue comme tu sais faire. Débarrasse-toi de tout ça. Débarrasse-toi du carcan de la technicité parce que tu es coincé dedans et tout. Et il se trouve que j'ai une voix assez puissante au théâtre, j'ai une énergie qui va avec le théâtre. Donc ça va bien. Mais au début vraiment je me disais mais comment on joue au théâtre ? Est-ce qu'on joue pareil ? Et en fait je me suis dit mais non mais il faut jouer quoi. Il faut juste écouter l'autre, être sincère, être vraiment au moment présent dans l'écoute tu vois. Et puis ça va aller quoi. Et vraiment Rudy ça c'est un truc qu'il dit tout le temps, il dit tout le temps mais écoutez-vous, juste écoutez-vous et c'est la première fois que vous vivez ça et tout ce que vous vivez est grave. Il nous dit tout le temps ça. Tout ce qu'il fait, si c'est pas grave pour vous, ce ne sera pas pour le spectateur.

  • Speaker #0

    Grâce à ce sentiment d'urgence ?

  • Speaker #1

    Ouais un sentiment, c'est important, c'est pas de la discussion parce que sur cette pièce là tu vois ça pourrait être juste de la discussion, paroles, voilà ça pourrait être anecdotique et ça ne l'est pas parce qu'en fait on joue des choses qui sont hyper importantes pour nous. hyper importantes pour la vie de nos personnages. Ça, c'est un super conseil de dire, en gros, si tu débandes, le spectateur va débander avec toi et c'est fini, tu les perds. Et ça, c'est un truc où il nous a vraiment fait travailler là-dessus.

  • Speaker #0

    De bien se tenir. J'ai interviewé Marion, mais Adorian, elle disait que dans la salle, si les gens toussaient, si les gens se mouchaient, c'est que tu les avais perdus. Donc effectivement, quand tu es captivée, tu arrives à bien les tenir carrément. Agnès Varda, elle a souvent... mis en avant la voix des femmes dans tes oeuvres. Toi, en tant qu'artiste femme, si on peut se qualifier, comment tu abordes ces questions ? Comment est-ce que tu les mets ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'on peut se qualifier en tant qu'artiste femme, parce que la sensibilité et le regard n'est pas le même que celui d'un homme. Je veux dire, il y a quand même un regard différent. Voilà, tu vois, une sensibilité qui ne sont pas les mêmes. On peut se qualifier comme ça. Après, socialement, il ne faut pas que le public le reçoive. reçoivent ton oeuvre comme une oeuvre que pour les femmes ou que des femmes. En fait, moi quand je travaille, déjà quand j'arrive sur un projet par exemple en tant que réalisatrice, c'est vrai que les actrices me disent, et même les acteurs me disent, ça fait du bien de travailler avec une femme, ça change, c'est pas pareil, ça fait du bien. Je vois pas vraiment ce qu'ils veulent dire par là, mais je pense que c'est, tu vois, on est plus sur le chemin intérieur quoi. Quand je les dirige, oui et plus il y a un truc presque maternant tu vois, qui est là, qui est peut-être plus doux, qui est...

  • Speaker #0

    De mise en confiance, je pense que quand on met en confiance les gens, ils donnent le meilleur.

  • Speaker #1

    Certainement, de mise en confiance et de... tu les rejoins à un endroit de fragilité quoi, tu vois, d'enfant et puis en plus moi j'ai la double casquette, je suis actrice aussi, donc je sais très bien comment il faut parler à un acteur et comment il faut l'approcher, comment il ne faut pas le brusquer et comment on peut le perdre. Si on lui dit une chose négative et comment il faut lui donner confiance et l'aider à avancer en lui donnant confiance, tu vois.

  • Speaker #0

    C'est comme avec les enfants en fait.

  • Speaker #1

    C'est comme avec les enfants et rassurer tout le monde tout le temps et dire tout va aller, ça va aller très bien. Même si toi, forcément, quand tu es dans la création, tu es dans un endroit de fragilité extrême, extrême. Parce qu'à chaque fois, tu dis, est-ce que la décision que je suis en train de prendre est la bonne ? que ce soit pour la direction, pour le placement de tes caméras, pour l'accessoire, pour le costume, est-ce que c'est la bonne direction que je suis en train de prendre ou pas ? Et ça, tu ne dois pas le montrer. Tu dois être rassurante, être sûre de toi,

  • Speaker #0

    en confiance. Il n'y a pas de vulnérabilité qui fait l'essai.

  • Speaker #1

    Tu es vulnérable parce que tu es dans un endroit de création, donc tu es forcément vulnérable. C'est pour ça que tu as toute une équipe qui te back-up, qui est là pour toi. Mais moi, je raconte plutôt mon soleil aux gens et pas le reste, parce que le reste, ça me regarde de moi. Je ne peux pas arriver et être là en train d'hésiter. Je ne sais pas, je ne sais pas, je ne peux pas faire ça. On me donne confiance. Et puis, c'est le regard que les autres vont porter sur moi ensuite qui va m'élever. Tu vois, j'ai l'impression que c'est ça. Après, en tant que créatrice, quand je crée mes projets, mes projets ont toujours un propos. Je pars d'un propos. Généralement, je pars de quelque chose que je vis ou que les femmes autour de moi vivent pour en faire une fiction, quelque chose. Je ne raconte pas exactement ce que je traverse. Mais j'en suis proche. J'ai fait Paris un jour, deux. C'était sur une nana de 30 ans qui était qui venait d'arriver à la capitale, qui monte de banlieue et qui est complètement perdue dans sa propre identité parce qu'elle veut être parisienne. Elle n'est pas tout à fait. Elle veut être une star, coutoyer plus grand, mais elle n'est pas tout à fait. Donc, elle est toujours tiraillée entre ce qu'elle veut être, ce qu'elle est vraiment, ce que les gens projettent sur elle, ce qu'elle veut que les gens projettent sur elle. Tu vois, et ça me parlait un peu de moi qui, à 30 ans, était un peu perdue comme ça. Ensuite, j'ai fait un projet qui s'appelle Baby Clash après mon premier enfant où je voulais parler. Je me disais, waouh, c'est dingue ce qu'on traverse quand on a un enfant, comment le couple résiste. Là, j'en suis venue au Baby Clash, et là je me suis dit, comment ferait un couple qui ne se connaît pas, qui n'est pas prêt, qui n'a pas d'argent, qui n'a pas de logement, et qui accueille un bébé ? Donc j'ai écrit Baby Clash. Et là j'ai écrit un projet sur la charge mentale, sans en dévoiler plus parce que je suis en train de travailler dessus, mais c'est aussi sur la génération sandwich des adultes qui sont aidants avec leurs parents et qui sont parents d'enfants. petit et de se retrouver là-dedans, d'essayer de faire avancer sa carrière là-dedans, sans avoir trop le temps à être... tu vois, constamment inquiétée et prise à droite à gauche. Donc,

  • Speaker #0

    il y a un propos en fait.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est des propos, c'est ça. Tu pars d'un propos et après tu développes un truc. Et mes propos, forcément, en tant que femme, parlent plus ou moins quand même des femmes. Tu vois, les hommes peuvent se retrouver, mais c'est vrai que moi, je parle de mon expérience de femme dans cette société là.

  • Speaker #0

    Quand on devient réalisatrice ?

  • Speaker #1

    On devient parce qu'on le choisit.

  • Speaker #0

    Parce qu'on demande.

  • Speaker #1

    Parce qu'on demande, parce qu'on prend sa place. Non, parce qu'on prend sa place. Pour le coup, moi je suis devenue réalisatrice parce que j'ai écrit mon projet et mon projet, je l'ai donné à quelqu'un à la réalisation et puis au bout d'un moment je me suis dit bah attends pourquoi pas le faire, vas-y lance-toi, je connaissais rien, comme Agnès, et comme Agnès Varda et du coup je me suis lancée dedans et j'ai commencé à réaliser et puis au fur et à mesure on m'a fait confiance sur des gros projets télé. Et puis en fait, c'est le réseau en fait, les gens parlent, le directeur de prod parle de toi, un autre directeur de prod qui t'appelle pour un autre projet, et ainsi de suite, et ainsi de suite, et ainsi de suite. Et toi, tu te sens au début pas du tout légitime, et puis un petit peu, et puis ouais ça va, et puis bien, et puis aujourd'hui je peux dire quand même que je suis réalisatrice.

  • Speaker #0

    Bien sûr, tu as eu du mal justement à assumer ça ? J'ai l'impression que tu as eu aussi un peu de mal peut-être à assumer le je suis comédienne, je suis actrice, je suis réalisatrice.

  • Speaker #1

    En fait, il y a un truc de... L'acting, je me suis toujours sentie actrice. Donc ça, j'avais moins de mal. Je l'ai toujours dit, même quand je ne travaillais pas. Je suis actrice, je n'ai aucun souci avec ça. Réalisatrice, c'est un truc de prouver. Et puis, tu es une femme aussi dans ce milieu-là qui commence seulement à s'ouvrir aux femmes. Anne Esordel en parlait dans les années 70. Elle disait qu'à terme, ça allait vraiment beaucoup s'ouvrir. Ça s'ouvre, mais on n'y est pas encore du tout. On est dans des quotas, on le sait. Et c'est de dire comment transformer... Tu entres... par une fracture dans le truc et tu dis comment transformer ça où on m'appelle juste pour mon travail et pas parce que je suis une femme donc d'ailleurs il y a ce petit truc là et après c'est dur de dire que je suis réalisatrice alors que j'en avais pas l'envie c'était pas mon rêve c'était pas dans mes projets du tout et de se retrouver là à la place peut-être d'autres qui en ont toujours rêvé, qui ont fait des écoles pour ça tu vois c'est cette Tu vois, c'est la place de l'imposteur, un peu, de me dire, oh, mais je le suis parce que j'ai des équipes, qu'on donne de l'argent pour ça, que ça va en chaîne, que j'en ai fait plusieurs. Maintenant, je le suis.

  • Speaker #0

    Tu l'assumes un peu plus. Et justement, Agnès Berla, elle disait, chaque visage raconte une histoire. C'est un peu de ça, comment on utilise son propre vécu.

  • Speaker #1

    Oui, c'est beau. Oui, oui. Chaque visage raconte son histoire. C'est vrai. Mais ça c'est drôle parce que ça rejoint le truc, moi ça me fait penser à l'acting. C'est-à-dire que quand je jouais au début, je me projetais vachement dans le personnage, mais je me disais à quoi il ressemble ce personnage, et je projetais un personnage qui était très loin de moi, et j'essayais d'aller vers ce personnage. Elle doit se tenir comme ça, elle doit parler comme ça. Je ne travaille plus du tout comme ça maintenant. Je fais vraiment l'inverse depuis quelques années. Mais c'est vraiment sur un casting que j'ai eu un déclic, parce que je devais faire une avocate, et le directeur de casting m'a dit Faire de la première scène, c'est bien, mais là, tu joues à l'avocate. Moi, je n'ai pas besoin que tu joues à l'avocate. J'ai besoin que tu sois Baya, et Baya, elle est avocate. Et il m'a dit cette phrase, et vraiment, il a tout déverrouillé en moi. C'est là que j'ai compris, je me dis, bah ouais. Je dis, pourquoi ? Enfin, tu vois, c'est l'image qu'on se fait, c'est n'importe quoi. Et du coup, j'ai eu ce casting. Pour la petite histoire, j'ai décroché ce casting. Et après, je me suis toujours dit, mais oui, c'est ça en fait. Il faut que je ramène les personnages à moi. C'est moi qui vais leur donner leur voix, corps, leur manière de bouger, leur manière d'interagir. Donc je les amène à moi. Et comme quand tu traverses au théâtre, maintenant j'ai une alternante et puis il y en a une autre qui va arriver, ce sera jamais moi. Elles seront jamais moi. Elles ont leur propre voix, leur propre vécu, elles vont ramener ça au personnage. Et ça va marcher tout autant. Et ce sera trois Norah différentes. Et ces trois Norah différentes, parce que le personnage que j'interprète dans la pièce s'appelle Norah, mais les trois marchent. Parce qu'il faut juste comprendre l'essence même de ce personnage et le nourrir avec son vécu. Mais après, c'est leur voix et leur manière de bouger et leurs cheveux.

  • Speaker #0

    Ça doit être hyper dur quand tu es réalisatrice et que tu dois justement laisser s'exprimer les comédiens, comédiennes que tu diriges.

  • Speaker #1

    Écoute, bizarrement, non. Bizarrement, non. Oui, mais bizarrement, non, parce qu'il y a un truc assez jouissif dans la direction d'acteur. Je dois dire, il n'y a aucune frustration. aucune frustration de comédienne, il y a juste un plaisir de se dire tu sais où tu veux les amener, tu es un peu la fée là, tu tricotes avec eux quelque chose et à la fin quand ils arrivent exactement à ce que tu avais envisagé, tu dis mais c'est dingue parce que c'est ce que j'avais imaginé et c'est trop bien et en fait j'avais raison, c'est vers là qu'il fallait aller et de les amener vers ça, c'est hyper bien. Il y a des comédiens, je le vois parce que moi quand je suis actrice, tu as l'impression des fois que tu fais perdre ton temps, en plus sur les projets télé souvent on n'a pas beaucoup de temps. Tu le sens un peu que ça va vite et donc toi tu bafouilles, t'es là pardon, pardon, excusez-moi, excusez-moi, excusez-moi et t'essayes de faire des choses et puis ça marche pas donc on vient te... Et à la fin tu sais de plus en plus tu te sens de plus en plus nulle, tu te dis mais j'y arrive pas quoi, c'est quoi le problème ? Et en fait je veux dire à tous les comédiens que c'est un plaisir de regarder un acteur travailler. Moi quand je suis derrière le combo et qu'ils me disent pardon, pardon, pardon, je fais mais non mais c'est... Tu n'imagines pas à quel point je suis en train de prendre mon pied de te voir travailler. Je suis en train de voir par quoi t'es en train de passer et en fait je suis en train d'apprendre avec toi. C'est génial !

  • Speaker #0

    J'avais pas encore vu. C'est hyper intéressant. Effectivement, tu parles du... Tu as créé une web-série. Tu nous en parles.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai créé deux web-séries. J'en ai créé une qui s'appelle... Enfin, même trois, d'ailleurs. J'en ai créé une qui s'appelle Paris un jour deux, qui est celle qui m'a fait commencer la réalisation, qui m'a fait un peu entrer dans le milieu, que j'ai faite toute seule. En saison une, je l'ai faite toute seule. Donc, j'ai produit toute seule. J'ai écrit. Il y avait des réalisateurs. Au bout du troisième épisode, je me suis mise à réaliser. Je faisais la régie, je faisais tout, je faisais la production, j'ai tout fait, j'ai tout appris en faisant et en écrivant. Serge, pareil, c'est ce que je te disais, je ne m'attendais à rien, je ne savais pas ce qu'il fallait faire. Et en fait, je l'ai écrit et ça a hyper bien marché. La saison 2 a été produite par Canal+. Ça a hyper bien marché parce qu'en fait, je parlais de moi, mais je parlais de tout le monde, c'était hyper universel. On dit que l'intime touche à l'universel de toute façon. Donc déjà, ça, je pense que c'est l'idée de base pour que ça fonctionne. comme Rudi a écrit la pièce.

  • Speaker #0

    Un propos qui, quand il est sur scène, ça parle.

  • Speaker #1

    Ah ouais, un propos qui te... Il y a une urgence de parler de ça. Il y a une urgence. Il faut que ce soit fait, c'est nécessaire. Et d'ailleurs, c'est pour ça que je l'ai fait. Parce que pour moi, c'était nécessaire. Il fallait que je le fasse. Et puis j'en avais marre d'attendre aussi qu'on me donne du boulot, en fait. Et c'est la meilleure chose que j'ai faite de ma vie parce que ça m'a...

  • Speaker #0

    Tout apporter, c'est-à-dire tout ce que j'ai fait jusqu'à maintenant, c'est grâce à ça. Donc voilà, franchement, aujourd'hui, il y a quand même des moyens de faire. Il faut faire, oui, tu mets un peu d'argent, mais tu le reçois. Investissement. Enfin, un investissement sur toi-même. Exactement. Et voilà, et puis c'est une web-série qui parlait, je te dis, d'un groupe de Parisiens, mais de nous, de ce que je traversais à l'époque. J'avais 30 ans, je vivais en coloc, je n'arrivais pas dans le métier. Je ne trouvais pas le grand amour. J'étais perdue. Je ne comprenais rien. Et je pensais tout savoir. En gros, c'est ça. Après, j'en ai fait une qui s'appelle Baby Clash, qui est sur la crise du couple après le premier enfant. Donc là, j'ai choisi de partir sur des vignettes. C'est un couple qui se rencontre jusqu'à leur séparation, avec la naissance du premier enfant à l'intérieur de ça, et comment le couple devient parent, et comment ils ont réussi à se retrouver en tant que couple. DIM m'a contactée, donc j'ai fait une websérie pour DIM pour une collection de culottes et de sous-vêtements. C'était vraiment intéressant là parce que tu avais la contrainte d'injecter les produits à l'intérieur sans qu'on les cite, tu vois, donc ça c'était hyper intéressant.

  • Speaker #1

    Du brain contact.

  • Speaker #0

    Ouais du brain contact pur, tu vois. Mais c'était, je te dis ça, c'était pas maintenant, c'était à l'époque, ça n'existait pas en fait. DIM c'était une des premières marques, d'ailleurs je me souviens que ça avait fait un truc, on en avait pas mal parlé parce que c'était une des premières marques qui faisait ça à l'époque, tu vois.

  • Speaker #1

    Et justement, si Agnès Verda était le prochain propos de ta websérie, même si on a beaucoup dit que ça devait partir de toi, est-ce que tu aurais eu envie de la mettre en avant et ça aurait été sur quel sujet ?

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que je pourrais dire sur Agnès Verda ? Elle est dingue, Agnès Verda, elle a tout. Parce que je te dis, moi ce que j'aime de celle, c'est sa liberté. C'est son côté matérialiste dans le sens où elle fait. En fait, elle fait, elle apprend en faisant. Elle ne se pose pas la question de « est-ce que je sais faire ou pas ? » Le cinéma, elle le dit, elle dit, j'avais même pas vu de film avant de faire mon premier film, quoi. Je ne savais même pas ce que c'était que de faire un film. Je ne savais pas ce que c'était que le plan et tout. Et puis, elle a un truc aussi génial, c'est qu'elle s'est battue pour les femmes quand même. Elle fait partie des 343 signataires, c'est ça ? Oui,

  • Speaker #1

    343 en 68.

  • Speaker #0

    Les 343 salopes, enfin celles qui ont dit qu'elles avaient subi un avortement. Elle s'est toujours battue pour les femmes et elle a toujours encouragé les femmes. Son documentaire sur Jane Birkin qui s'appelle Jane Bay. C'est sur la femme qui vieillit, sur la quarantaine, sur le fait d'embrasser ça, les années qui passent. C'est fou à l'époque, tu vois ce que je veux dire ? Et c'est elle d'ailleurs qui a encouragé Diane Birkin à filmer aussi, à dire mais prends la caméra si t'en as envie, pourquoi tu l'interdis ? En fait, je la montrerai comme ça en me disant, il faut suivre son exemple, cette nana, elle a tout fait, elle n'a rien demandé à personne. Et elle n'a pas demandé l'autorisation. Et je crois que c'est ça qui empêche beaucoup de monde. C'est parce qu'on attend des autres qui nous placent un peu dans ce jeu. Et en fait, personne ne va te placer nulle part à part toi-même. Ça,

  • Speaker #1

    de donner l'autorisation en fait. C'est bon, tu as le droit de faire ça. Ça,

  • Speaker #0

    de donner l'autorisation, c'est exactement ça. On attend qu'on nous donne l'autorisation. Et en fait, tout est possible. En vrai, les barrières sont psychologiques. Ce qui nous imite, c'est ce qu'on imagine.

  • Speaker #1

    Des biais cognitifs. Indépendamment de ce que j'ai vraiment envie d'y aller. Allez-y, prends le pouvoir.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est en fait, fais et tu verras ce que t'en feras. Si tu penses sur l'objectif de, est-ce que ça va être vu, est-ce que ça va avoir du succès, t'es mal barré.

  • Speaker #1

    Il faut avoir beaucoup de courriel en soi, de confiance en soi.

  • Speaker #0

    Peut-être qu'il faut avoir de la confiance en soi parce que tu vas suivre des critiques.

  • Speaker #1

    certainement ça peut ne pas fonctionner mais sérieusement moi je préfère que ça ne fonctionne pas que de c'est une philosophie en fait c'est toute une philosophie oui est-ce que tu parles beaucoup de ce que tu vis effectivement d'une jeune trentenaire de banlieue ou dans des couples l'arrivée d'un enfant est-ce que tu as d'autres sujets oui c'est ça le projet c'est sur la charge mentale et ça c'est vraiment c'est vraiment

  • Speaker #0

    Je suis en plein dedans, donc je sais de quoi je parle et j'ai vraiment une nécessité. Là, en fait, le projet, pour tout te dire, est en développement. Je l'ai retiré, là, il n'y a pas longtemps, parce que je vais le faire toute seule, je crois. Je vais revenir à ça. Parce que je peux le faire maintenant toute seule, parce que par ailleurs, je travaille assez. Donc voilà, je gagne ma vie en travaillant, tu vois. Donc je peux réinvestir un peu de cet argent que je gagne sur un projet personnel. Et qui est pour moi une nécessité. vraiment parce que je crois qu'on en parle encore pas assez, ça commence il y a certaines humoristes qui commencent à en parler puis il y a aussi certains influenceurs qui ne sont pas humoristes par ailleurs et puis sociétalement on commence à en parler mais là en plus j'ai envie d'associer la charge mentale de la charge mâmentale qu'on appelle à celle des aidants qui est une autre forme de charge mentale.

  • Speaker #1

    Ça aussi, pour le coup, on en parle beaucoup en entreprise. Moi, j'ai le vision entreprise et on en parle enfin de la façon dont on va eux-mêmes les aider en les facilitant la vie.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Il y a un médecin qui s'appelle le docteur Hélène Rossineau qui en parle beaucoup, qui a déjà fait un livre sur ça et qui elle-même était donc de ses parents et qui en parle beaucoup. Et ça, j'ai vraiment envie d'en parler. Parce que... Quand tu es comme ça, à l'aube de tes 40 ans, là, j'ai mes deux enfants, j'ai mes parents qui sont en vieillissant et malades. Je suis entre les deux et je me dis, moi, dedans, quand est-ce que je vais pouvoir m'occuper de moi ? À aucun moment,

  • Speaker #1

    on n'est pas deux.

  • Speaker #0

    Non, exactement. Oui, tu es tout le temps inquiet, déjà, pour les quatre. Tu es tout le temps inquiet. J'ai deux enfants, c'est pour ça que j'ai les quatre. Mais tu es tout le temps inquiet, tu as tout le temps peur. tu as tout le temps une boule au ventre, tu n'es jamais en repos, et du coup, c'est dur de libérer de l'espace mental. C'est marrant que j'en parle maintenant, parce que je n'en parle à personne de ça. Donc, c'est vraiment très marrant, tu vois, parce que je ne le dis à personne, mais à chaque fois, je le dis juste aux gens. Je n'ai pas l'espace mental pour écrire, parce qu'ils me disent, mais quand est-ce que tu réécris un truc ? Je n'ai pas l'espace mental. Je suis crevée, en fait, tu vois, parce que tout le cerveau est pris.

  • Speaker #1

    Oui, c'est très beau. Merci beaucoup. Très bien. Vers la fin de sa carrière. Agnès Verda se tourne vers l'art contemporain notamment en s'associant avec le photographe à chapeau et à lunettes JR elle réalise des installations assez spectaculaires et plutôt éphémères toi en dehors des projets cinématographiques de

  • Speaker #0

    films est-ce que tu te vois dans d'autres projets je te sais très créative pour suivre les stories sur Instagram je fais beaucoup d'activités avec les enfants ça c'est vraiment un petit plaisir à moi j'en fais plein d'activités, on s'éclate J'aimerais bien à terme faire comme toi un podcast. Ouais, je trouve ça génial. Je trouve que, en fait, j'ai toujours aimé déjà la radio et j'ai toujours aimé les voix de radio. Ça m'a toujours apaisée et je trouve qu'on rentre dans une espèce d'intimité comme ça, tu vois, où on peut se permettre de dire des choses alors qu'en fait, il y a plein de gens qui vont l'écouter mais on n'a pas l'impression. J'aime bien la radio, donc le podcast, parce que pareil, c'est quelque chose qui peut être mis en place assez facilement, qu'on peut faire. J'ai une idée de podcast depuis pas mal de temps, donc je réfléchis à ça. Et j'aimerais bien faire de la production. C'est-à-dire, je l'ai déjà fait, mais sans structure, mais avoir une structure pour produire des projets qui font sens pour moi. Et pour aider, pour aider pas, ou pour pousser, ou pour faire éclore des projets qui, pour moi, ont besoin d'éclore et qui ne trouvent pas leur place ailleurs, parce qu'ils sont pas assez à la mode.

  • Speaker #1

    Production dans l'image ?

  • Speaker #0

    Dans l'image. Production dans la fiction.

  • Speaker #1

    Une fiction ? Ouais. Il faut être précis pour lui.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est vrai. So, nous, vous... Alors, qu'est-ce que vous voulez... Non, c'est plutôt... En plus, moi, le format que j'adore, c'est la série, j'avoue. Donc, la série, c'est quand même le format où tu peux tout dire,

  • Speaker #1

    quoi. Ouais, t'amuser suffisamment d'espace et à la fois assez structuré pour décider si les épisodes de 15...

  • Speaker #0

    Ouais, exactement, exactement.

  • Speaker #1

    Malheureusement, quoi que moi, ça m'arrange bien quand les épisodes font que 30 minutes. Mais c'est le format qui...

  • Speaker #0

    En France, ça ne marche pas trop. Pour l'instant, le 30 minutes, mais on y vient. on est en train d'y arriver c'est du 26 minutes ce format donc t'as des épisodes qui font un peu moins un peu plus mais on est en train d'y arriver mais pendant toutes ces dernières années c'est un format anglais anglophone est-ce

  • Speaker #1

    qu'il y a une question que tu aurais aimé que je te pose ?

  • Speaker #0

    j'ai oublié cette question oh la la j'ai rien à cette question non j'aimerais je crois que tu m'as tout dit je crois qu'on a parlé de tout écoute c'est David Essie

  • Speaker #1

    Si tu avais fait un autre métier, ça va commencer comme une icône, mais au moins, en fait, arrivé à 60 ans, ça sera quoi ton prochain métier ?

  • Speaker #0

    Je serais toujours dans ce métier-là. Je serais peut-être plus actrice parce que c'est tellement dur à être acteur, mais je serais toujours autour de ça. Je serais soit dans l'écriture, soit dans la réalisation, soit dans la production, mais je serais dedans, je lâcherais jamais ça. Je ne prendrais jamais ma retraite, ça n'existe pas.

  • Speaker #1

    Dans la création, dans la créative. Ouais,

  • Speaker #0

    je serais dans la création, quoi. Tu vois. Bien sûr.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as des lieux justement qui nourrissent cette créativité ?

  • Speaker #0

    Ma maison. J'ai ma maison qui est vraiment un endroit de tranquillité, très apaisant. C'est vraiment mon cocon, tu vois, cet endroit-là pour écrire. Sinon, j'adore les cafés. J'adore le bruit des cafés, les gens, la vie. Et j'adore, je m'isole et je regarde les gens et j'écris. Et puis parfois, je fais des pauses et je regarde les gens et j'adore ça.

  • Speaker #1

    Tu captes des conversations ?

  • Speaker #0

    Ouais, à une époque, j'ai un ami qui m'a rappelé, il me dit, tu te souviens quand tu venais avec ton carnet, tu écrivais tout ce qu'on disait ? Et je disais, ah ouais, je faisais ça et tout. Et il me dit, mais oui, c'est vrai que je faisais ça. Et j'ai plus le temps, parce que c'est pas que j'ai plus le temps, c'est que je sors moins. Je prends moins le temps de voir des... Enfin, je vois moins mes amis, moins souvent. Avant, j'étais célibataire, j'avais pas de gosses, je faisais que ça, je buvais des canettes la longueur de journée, c'était trop cool la vie. Mais là, je n'ai pas ça. J'ai une activité professionnelle. Voilà. Et du coup, j'ai moins le temps de faire ça. Mais c'est génial de faire ça, quoi. De prendre... En fait, à chaque fois, je me dis qu'il faudrait que je sorte plus pour plus capter l'atmosphère qu'il y a en ce moment, l'univers, les énergies des gens, et pour pouvoir écrire sur eux.

  • Speaker #1

    Oui, mais peut-être à un moment où tu aurais besoin de te renourrir. Donc là, tu as suffisamment...

  • Speaker #0

    Pour l'instant, ça va. Ce qui me manque, c'est le temps. C'est ni l'espace, ni l'espace physique, je l'ai, ni l'envie. Elle est très forte. C'est le temps. Et on me dira, oui, mais si tu as très envie, tu trouveras le temps. J'aimerais bien que ce soit aussi facile. Ça l'est pas.

  • Speaker #1

    On parlait en off juste avant que je puisse enregistrer de l'expo à la Cinémathèque de Wes Anderson. Bon, que moi qui ne m'a pas trop... Oui ! Est-ce que tu veux partager une claque visuelle, esthétique que tu aurais vécue il n'y a pas longtemps ?

  • Speaker #0

    En expo ou en... Ben non, la claque, franchement, que je me suis prise il n'y a pas longtemps, c'est La Messias. C'est une série espagnole sur Arte qui est faite par deux réalisateurs dont je n'ai pas le nom, mais qui sont un peu les descendants d'Albodovar. C'est fou. C'est dingue. J'ai rarement vu ça.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    La Messias. C'est sur Arte.tv, donc sur le replay d'Arte. C'est sur le fanatisme religion et comment une mère va entraîner ses enfants là-dedans. Et c'est sur... aussi comment ces enfants, une fois adultes, vont devoir pardonner à leur mère pour avancer. Et retraverser toute leur histoire avec cette mère. C'est sublime, c'est très pop culture, donc t'as des influences vraiment dingues, visuellement, c'est fou ce qu'ils ont fait. Et il y a trois temporalités avec des acteurs, tu sens que c'est les mêmes acteurs, c'est les mêmes personnages, mais qui grandissent, qui vieillissent, du coup les trois temporalités elles fusionnent. ça pose aucun problème pour la lecture et pour la clarté de la narration et c'est visuellement c'est fou la musique est folle c'est ce vers quoi tu aimerais aller non pas du tout non je trouve ça mais c'est très nourrissant en fait c'est des esthètes moi je suis pas vraiment esthète moi je moi je suis plus dans faisons simple faisons simple et concentrons nous sur sur sur les yeux sur le jeu et je suis moins dans alors j'imagine que là on va être je suis moins euphorias mais euphorias apparemment qu'ils étaient notre claque visuelle c'est fou Mais ce n'est pas du tout ce vers quoi je vais, mais je trouve ça dinguissime.

  • Speaker #1

    Partage.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Dans la prochaine claque, on espère se prendre une claque très prochainement, parce qu'il y a l'exposition d'Agnès Varda au musée Carnamel, qui démarre dans quelques jours. Au moment où ça sera publié, l'expo sera en cours, donc vous pourrez y aller. Merci. Merci à toi.

  • Speaker #0

    Merci à toi de m'avoir reçu.

  • Speaker #1

    On peut te retrouver sur scène. Plus tout,

  • Speaker #0

    plus tout à fait. Plus pour l'instant à Paris, je reprends la tournée en septembre. Mais la pièce continue. Mais moi, on ne verra pas.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci, à bientôt.

  • Speaker #1

    Ça t'a plu ? Laisse-moi un gentil commentaire. Ça aidera mes amis les algorithmes pour propulser ce podcast. Et par exemple, pour de toi, à la machine à café, dans le minispo. Bah tiens, oui, si là, c'est dans le minispo en ce moment, par exemple, vois-en. Tu peux aussi lui parler de la page Instagram d'Artitaï. Merci. Allez, tchou.

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