Speaker #0Salut, c'est Hachoum, le podcast des allergies qui répond à tes souhaits. Je m'appelle Philippe, je suis médecin-lurgologue et je t'emmène avec moi dans le monde passionnant des allergies. Aujourd'hui, nous allons parler de la rhinite allergique. Non, mais arrête quoi, il a juste un rhume ! C'est vrai que ça peut paraître banal, sans intérêt. Même les médecins ont tendance à banaliser le rhume. Un nez qui coule, un nez bouché, des éternuements, rien de méchant quoi. Ça encombre les consultations des médecins traitants qui souvent ne savent pas quoi en faire. Et pourtant, nombre de ces rhumes sont en réalité des rhinites allergiques. Et les négligés, ce n'est pas vous rendre service. Et le médecin traitant qui passe à côté est condamné à les voir encombrer de plus en plus souvent ces consultations. Souvenez-vous, au moins 20% de la population française souffre aujourd'hui de rhinite allergique. La rhinite allergique, c'est ce cousin mal aimé du rhume banal. Elle s'installe, revient chaque année, ou pire, elle ne repart plus. Elle impacte le sommeil, perturbe les cours ou les réunions, ruine les sorties, et vous oblige à dormir la bouche ouverte avec cette impression permanente d'être enrhumé. Elle est la manifestation la plus fréquente de l'allergie respiratoire et elle n'est pas anodine. Elle précède, accompagne ou favorise l'asthme. Elle maintient une inflammation des voies respiratoires qui peut à tout moment s'accompagner d'asthme. La rhinite n'est pas un détail, c'est souvent le prologue d'un drame respiratoire. Alors aujourd'hui, je vous explique pourquoi votre nez est un organe de haute technologie, pourquoi il mérite mieux que du mépris et surtout... comment retrouver une respiration saine et silencieuse. Le nez, ce héros oublié. Il est en première ligne, là, au milieu du visage. Imaginez une centrale de traitement de l'air, une station de filtration, d'humidification et de réchauffement qui prépare chaque litre d'air avant son arrivée dans vos poumons. Ce n'est pas de la science-fiction, c'est votre nez. Imaginez que quand il a été conçu, il a été fait pour des quadrupèdes. Le sang va du bas du nez vers le haut du nez, et normalement les sécrétions s'écoulent mécaniquement vers le bas, vers le sol. Sauf qu'un jour, nous nous sommes mis debout, et le nez coule, mais en arrière de la gorge, provoquant un raclement de gorge, appelé hémage. Les narines sont les portes d'entrée du nez. La cloison nasale divise le flux en deux parts plus ou moins égales. Vous avez hérité du nez de papa ? Pas de chance. A l'intérieur du nez, les cornets, trois structures recouvertes de muqueuses, enroulées comme des escargots, qui créent un mouvement tourbillonnaire de l'air inspiré. Ce vortex fait entrer l'air dans les sinus, ce qui permet de piéger les poussières, pollen, particules fines sur le tapis de mucus, de réchauffer l'air froid, grâce à une circulation sanguine intense, et d'humidifier l'air sec pour éviter d'assécher la trachée et les bronches. Cette mécanique fine est orchestrée par une muqueuse qui ressemble beaucoup à celle de la bouche. Fine, vascularisée, vivante. Elle réagit au quart de tour à toute agression. Au chaud, au froid, au soleil, au courant d'air, au sol froid, déclenchement immédiat de l'éternuement suivi du nez qui coule. réflexe de protection d'un nez irridé. Lorsque cette muqueuse est enflammée, ce qui est le cas dans la rhinite allergique, tout se dérègle. Les corps nez gonflent, les sécrétions s'emballent, les cils vibratiles ne battent plus. vous parlez du nez, vous dormez mal, vous respirez par la bouche. Vos rhumes n'ont jamais de fièvre, le nez vous démange, c'est probablement allergique. Chez l'enfant, c'est encore plus embêtant, car la respiration buccale entraîne une croissance du visage déséquilibré, mâchoire étroite, paléogivale. Résultat, il y a des troubles orthotontiques sévères, des ronflements, voire un syndrome d'apnée du sommeil, et une mauvaise oxygénation nocturne, avec fatigue dans la journée, troubles de l'attention et baisse des performances scolaires. Et je ne vous parle même pas du pauvre petit qui se fait harceler par ses parents et ses enseignants. « Mais mouche-toi, bon sang ! Mais tu ne sais pas te moucher ! » Bon, alors, comment dire ? Chers adultes, cet enfant devant vous a le nez bouché, non pas par des sécrétions épaisses qu'il aura avantage à moucher, non. Ces sécrétions, elles, sont comme de l'eau, et à peine les a-t-il mouchées qu'elles se reforment. En réalité, Il a le nez bouché parce que l'intérieur de son nez, ses cornets, est gonflé. Alors, ce moucher, comment dire, juste fichez-lui la paix et orientez-le vers un allergologue. En plus, vous le savez que sa rhinite est allergique, car vous l'entendez. Si, si, écoutez, les bruits qu'il fait en se grattant la gorge avec sa langue. Étrange, hein ? Ouais, c'est galère pour lui, vraiment. Une maladie fréquente mais banalisée, oui. On estime que 20 à 30% de la population française souffre de rhinite allergique. Et ce chiffre grimpe chez les adolescents et les jeunes adultes. Elle peut apparaître dès l'enfance, mais parfois se manifester plus tard. J'ai même vu des personnes âgées de plus de 80 ans démarrer de véritables polynoses. Son expression varie avec des éternuements en salve, des démangeaisons du nez, du palais, de la gorge, un nez bouclé, un écoulement clair comme de l'eau et des conjonctivites associées. Elle peut être saisonnière ou persistante. Malgré sa fréquence, elle reste sous-diagnostiquée et sous-traitée. Pourquoi ? Parce qu'on la confond avec un rhume, ce fameux rhume banal. Parce qu'elle est tolérée comme une fatalité. Parce que les patients ne consultent pas, ou bien trop tard, bien souvent après un épisode d'asthme. Pourtant, ces conséquences sont réelles. Fatigue chronique liée au trouble du sommeil, perte de productivité, absenteïsme scolaire ou professionnel, dégradation de la qualité de vie, perturbation de la vie sociale. On évite les sorties parce qu'on éternue en réunion, on fuit les fleurs, on les chat. Pire encore, une rhinite allergique mal contrôlée augmente le risque de développer l'asthme par un facteur de 3 à 8 selon les études. L'inflammation de la muqueuse nasale se diffuse vers les bronches, même terrain, même cellule, même médiateur. Le concept « une voie respiratoire, une maladie » est désormais un dogme en allergologie. Tout allergique, c'est rhinite ? Non, bien évidemment, il y a de nombreuses autres formes de rhinite qui ne sont pas allergiques. Les rhinites infectieuses, rhumes virales, sinusites bactériennes, les rhinites vasomotrices, réactions au froid, aux odeurs, au stress, les rhinites hormonales, des grossesses, l'hypothyroïdie, des rhinites médicamenteuses avec abus de vasoconstricteurs par exemple, les rhinites non allergiques aussi, aéosinophiles qu'on dit nares, la polypose nasocinusienne, maladie de Fernand Vidal, parfois associée à l'intolérance à l'aspirine. D'autres rhinites sont réalités mécaniques, déviations de cloison, hypertrophie des cornées, corps étrangers, tumeurs bénignes, polypes, angiomes ou cancers. C'est pourquoi un examen ORL s'impose dans ces rhinites qui sont particulières. Il y a aussi des rhinites allergiques dites locales. Il n'y a pas d'IGE détectable dans le sang ni dans les tests cutanés, mais une inflammation allergique bien présente dans la muqueuse nasale, et elle nécessite un test de provocation nasale pour être diagnostiquée. Parlons-en du diagnostic. Interrogez, observez, testez. Pour différencier les rhinites, on se sert bien sûr de ce que vous avez déjà appris dans les épisodes précédents. Le drame allergique, unité de lieu, unité de temps, unité d'action. Avec un bon interrogatoire. Depuis quand, à quelle période, dans quelles circonstances ? Les symptômes sont-ils constants ou intermittents ? Est-ce qu'il y a un terrain familial allergique ? Est-ce qu'il y a une gêne au sommeil, au travail, à l'école ? et quels sont les facteurs ou lieux déclenchants identifiés. Parfois, on utilise le score clinique mnémotechnique par et au. P comme prurite, la démangeaison. A comme anosmie, la perte d'odorat. R comme rhinorée, un écoulement comme de l'eau. E comme éternuement et O comme obstruction nasale, nez bouché. Plus ce score est élevé, plus c'est en faveur d'une allergie. Une simple rhinoscopie directe permet d'observer l'aspect de la muqueuse, œdémacier, pâle, luisante, parfois dite de couleur lila. L'hypertrophie des cornets, la présence des sécrétions. Si les symptômes sont persistants ou atypiques, il faudra faire une endoscopie nasale. Des examens fonctionnels aussi, comme la rhinométrie acoustique également, permettent de mesurer objectivement la résistance nasale et la géométrie des cavités. Cela aide à distinguer une obstruction fonctionnelle liée à l'inflammation d'un obstacle mécanique. Et bien sûr, le diagnostic allergologique repose sur les tests cutanés, les fameux Prick-Test, parfois le dosage des IGE spécifiques, CERIC. Et on l'a vu parfois, un test de provocation nasale. Pour mieux vous soigner, on a classé les rhinites. Un groupe de travail international présidé par le professeur Bousquet de Montpellier, ARIA, Allergic Rhinitis and its Impacts on Asthma, propose une classification simple mais efficace. On croise deux paramètres, la durée, intermittente, symptôme de moins de 4 jours par semaine ou moins de 4 semaines par an, persistante, symptôme de plus de 4 jours par semaine ou de plus de 4 semaines, avec la sévérité, légère, pas d'impact notable sur la vie quotidienne, modérée à sévère, sommeil perturbé, performances altérées, gêne social ou professionnel. Ça donne 4 catégories. Intermittente légère, intermittente modérée ou sévère, persistante légère, persistante modérée ou sévère. Cette classification guide la stratégie thérapeutique. Plus la rhinite est sévère ou persistante, plus le traitement doit être intensifié et structuré. Le traitement ? Soulager, corriger, prévenir. On commence par l'évidence, éviter l'allergène. Bon, c'est facile à dire, parfois plus difficile à faire. Je vous renvoie bien sûr sur les podcasts de chacune de ces causes, mais en résumé, pour les acariens, aérer, ventiler, supprimer les nids à poussière. Pour les pollens, éviter les promenades en période de pique pollinique, se laver les cheveux le soir, laisser ses vêtements hors de la chambre et utiliser un filtre à pollen dans la voiture. pour les animaux, éviction parfois nécessaire mais... au minimum de la chambre et un lavage régulier. Et pour les moisissures, supprimez les sources d'humidité, ventilez et nettoyez l'eau de Javel si besoin. Le traitement de la rhinite allergique repose sur le lavage de nez au sérum physiologique, les antihistaminiques de seconde génération, pas ceux qui vous endorment, les corticoïdes intranasaux, indispensables dans les formes modérées à sévère. Demandez d'ailleurs à votre allergologue de vous apprendre à bien le mettre dans le nez, ce spray nasal. Vous serez surpris, non ça ne se met pas la tête penchée en arrière. Vous voulez soigner votre nez ou votre estomac ? Il y a également les antilocotriennes qui sont parfois utiles en cas d'asthme associé, mais surtout l'immunothérapie allergénique, la fameuse désensibilisation. Elle est le seul traitement de la cause de votre rhinite allergique. Elle consiste à administrer l'allergène en petites quantités croissantes par voie sublinguale ou injectable parfois dans d'autres pays, pour rééduquer le système immunitaire. Elle est recommandée dès la forme persistante légère. Ses bénéfices ? Réduction durable des symptômes, diminution de la consommation de médicaments, prévention de l'asthme, réduction du risque de nouvelles allergies. Et si le vrai traitement, c'était de maîtriser l'air que vous respirez ? La rhinite allergique est amplifiée, prolongée, entretenue par les polluants de l'air à l'intérieur. Nous passons plus de 80% de notre temps dans des lieux clos. Les responsables ? Fumée de tabac, produits ménagers, parfums d'intérieur. col, peinture, meubles neufs, moisissures, humidités excessives. Le nez s'irrite de ce qu'il respire. Un air intérieur pur, c'est déjà la base, et un air pur, c'est un air sans rien dedans. Nous en avons déjà parlé dans un podcast précédent. Il n'y a pas de plantes dépolluantes, pas de spray purificateur, pas de magie. Vous voulez bien respirer ? Enlevez ce qui pollue votre air, tout ce qui est en plus de l'air. En conclusion, un nez qui gratte des éternuements, de la fatigue, du nez bouché, ce n'est pas un caprice. C'est une maladie inflammatoire. Elle fait le lit de l'asthme, gêne la croissance de vos enfants, trouble leur scolarité, altère le quotidien du patient et de son entourage. Ne la banalisons plus. Ça se soigne. Direction le médecin allergologue. Il se penchera sur votre cas, prendra soin de vous et vous permettra de vivre votre vie et non plus de la subir. Dans le prochain épisode, nous parlerons des anticorps pour démarrer cette deuxième année de podcast. J'en profite pour vous remercier d'être toujours plus nombreux à me lire sur allergique.org et à m'écouter. Vous êtes des milliers et je suis très content de vous être utile. Bonne journée à vous les amis. Prenez soin de vous.