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Atchoum, le podcast des allergies qui répond à tes souhaits

les allergènes ces molecules responsables de nos allergies

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12min |30/11/2025
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12min |30/11/2025
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Description

On ne fait pas « allergie à la cacahuète » ou « aux acariens  : nos IgE ciblent des allergènes précis et sur ces allergènes des épitopes, minuscules fragments. Comprendre ces familles change tout : la PR-10 (bouleau/pomme) fest détruite par la cuisson ; la LTP (pêche, pomme) y résiste ; Ara h 2/6 signale le risque d’anaphylaxie à l’arachide ; Der p 1 fragilise l’épithélium et aggrave l’asthme. Avec cette boussole moléculaire, on comprend mieux la maladie, on explique les réactions croisées, on évite les évictions inutiles et on personnalise la prise en charge. Je vous emmène pour un rapide survol.

Vous pouvez aller plus loin dans vos connaissances sur les allergies avec les sites web oasis-allergie.org et allergique.org où vous me retrouverez avec également d'autres médecins allergologues ainsi que des patients allergiques pour d'autre type d'informations sur les allergies. Portez vous bien les amis.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut, c'est Hachoum, le podcast des allergies qui répond à tes souhaits. Je m'appelle Philippe, je suis médecin allergologue et je t'emmène avec moi dans le monde passionnant des allergies. Aujourd'hui, nous allons parler des allergènes, ces petites molécules responsables de vos allergies. Vous vous pensiez allergique aux acariens, aux pollens, à la poussière ou encore au soleil ? Pas du tout. Vous êtes allergique à des allergènes ? Ouais, bon, tu chipotes là, me direz-vous, c'est la même chose. Eh ben non, pas du tout. Car les allergènes sont des briques moléculaires que la nature distribue dans différentes sources du vivant et votre système immunitaire ne fera pas toujours la différence si cette molécule vient d'un pollen ou d'un fruit, d'un acarien ou d'un kiwi. Voyons cela plus en détail. Un noisetier produit son tronc, ses branches, ses noisettes, ses feuilles, ses pollens. Certaines personnes souffrent d'une allergie à la noisette modérée. Sa consommation gratte la bouche, gonfle les lèvres quand elle est fraîche, mais ils peuvent manger une pâte à tartiner à la noisette sans avoir de signe d'allergie. Leur allergène, c'est alors la molécule PR10, une molécule de défense des végétaux, appelée COR-A1 pour la noisette. Ces patients seront alors également gênés en consommant d'autres PR10 issus de d'autres sources, comme la pomme, la cerise, la poire, mais aussi dans des pollens comme le pollen de noisetier ou de bouleau. C'est effectivement cette même molécule qui est le plus souvent en cause dans l'allergie aux pollens de Béthulacé. D'autres personnes feront des allergies sévères à la noisette, parfois mortelles, en mangeant eux aussi des noisettes, mais crues ou cuites, avec des conséquences tout aussi graves. Ils seront allergiques à d'autres molécules allergisantes de la noisette, comme CORA8, une LTP, protéine de transfert lipidique, ou à CORA9 ou à CORDIAD14, qui sont toutes les deux thermorésistantes. Ce sont des protéines de stockage, des 11S-globulines et 2S-albumines. Le résultat, c'est que les allergiques à la noisette ne sont pas tous les mêmes allergiques. Certains seront légers, d'autres sévères, selon les molécules qu'ils auront choisis. Rappelez-vous, nous en avions parlé dans le podcast sur l'allergie à l'arachide. C'est également vrai pour les autres sources d'allergie. Une allergie aux acariens n'aura pas la même conséquence selon qu'on est allergique à DRP1, cystéine prothéase, qui est une enzyme du même type que ACT-D1 du kiwi. qui augmente le risque d'asthme que si l'on est allergique à derpédis, qui est une tropomyosine, protéine de muscle, où l'on risque davantage de réagir en mangeant des crevettes, Pena 1 étant une tropomyosine assez proche en structure. Voilà, vous comprenez bien que, parfois, votre allergologue va avoir besoin de vous faire faire un bilan biologique moléculaire pour détailler un peu tout ça, comprendre comment l'allergie fonctionne chez vous, quels sont vos risques et les meilleurs choix à faire. Savez-vous que ces réactivités croisées, réactions avec des molécules allergisantes proches, donnent lieu à des inquiétudes exagérées ? Il est fréquent que pour se convaincre de prendre rendez-vous chez un allergologue, des médecins traitants demandent un dépistage par un phadiatope, dépistage des allergies aux sources aériennes, et un trophatope, dépistage des allergies alimentaires, pour être sûr de ne pas passer à côté. Vous avez deviné ? et les protéines B1 du boulot feront devenir positif le test alimentaire pour tous les fruits et légumes. La crevette et le kiwi reviendront positifs chez de nombreux allergiques aux acariens et l'inquiétude confinera à l'incompréhension quand vous vous apercevrez que vous mangez tous ces aliments sans aucune réaction. Un principe simple, si vous mangez quelque chose et qu'il ne se passe rien, vous n'y êtes pas allergique. Bon. D'accord, j'ai compris, je suis allergique à des molécules qui sont réparties dans des sources différentes dans la nature et le danger peut venir de toutes parts. C'est pas un peu flippant ? Oui, alors effectivement, c'est parfois embêtant de constater qu'on ne sait pas tout. Mais remettons les choses à leur place. Si vous êtes allergique à une PR10, vous n'êtes pas forcément allergique à toutes les PR10, heureusement. D'abord, il y a plus de chances que vous réagissiez également à celles qui sont issues d'une famille proche. La PR10 du boulot ressemble... plus à celle du noisetier, de l'aulne ou du charme qu'à celle de la pomme. Il est donc plus probable que vous réagissiez d'abord aux pollens proches avant de réagir à la pomme. Un autre élément à considérer, c'est la masse moléculaire, en kdl. Plus elle est proche, plus il est probable que les molécules puissent se ressembler si on est dans la même famille taxonomique. Ça veut dire que ça change ? Mais c'est fou ça, on ne peut se fier à rien. Votre système de défense essaie d'améliorer ses réactions en permanence. Rappelez-vous, nous en avons parlé dans le premier podcast. Il décide qu'une molécule est un problème, il fabrique des anticorps de la famille E contre E, et au fur et à mesure du temps, quand il voit des variants de la molécule en question, il améliore ses défenses en rajoutant des anticorps contre les variants. C'est embêtant, je vous le concède, mais c'est logique. On ne peut pas empêcher ça ? Ben si, je vous l'ai déjà dit, traitez-vous. Empêchez vos allergies de s'accentuer en prenant vos traitements médicamenteux dès les premiers symptômes, voire en prévention, au lieu de vous dire que vous allez laisser faire la nature qui s'est bien plantée sur ce coup-là. Et si ces traitements sont souvent nécessaires, rappelez-vous qu'il y a alors indication à faire une immunothérapie allergénique, des sensibilisations, avec un allergologue. Mais revenons à nos allergènes. Vous avez déjà entendu parler des antigènes. des molécules, des virus, des bactéries ou autres contre lesquels votre système de défense va réagir pour maintenir son intégrité et empêcher ces hôtes indésirables de vous envahir. Ils ont pour caractéristique commune d'être des molécules jugées agressives par notre organisme, des PAMPS, car reconnues par des récepteurs spéciaux, les PRR. C'est un domaine spécialisant, passionnant mais spécialisé, pardon, et je vous mets un lien pour affondir tout ça. Les allergènes sont des antigènes particuliers. Ce sont des antigènes qui entraînent une réaction de défense de type allergique. La plupart d'entre eux sont des glycoprotéines, c'est-à-dire des sucres avec des protéines, et ça tombe bien car les anticorps de l'allergie se fixent sur une fraction de ces protéines, le plus souvent une séquence de quelques acides aminés. Un petit rappel, une protéine, elle est constituée d'un ensemble d'acides aminés. Ce motif est appelé épitope. L'épitope peut être... alignés de naissance, c'est un épitope linéaire, c'est-à-dire mis à la queue leu-leu, lors de la synthèse de la glycoprotéine, ou assemblés par les replis de la molécule, ce sont des épitopes conformationnels. Ces derniers sont évidemment plus sensibles à la chaleur ou aux enzymes, qui peuvent les détruire et les rendre arréactifs du point de vue immunitaire. Vous pensez aller à PR10 de tout à l'heure ? C'est exactement ça, vous avez raison. De même pour la cacahuète, ARAGE2 et ARAGE6 sont thermorésistants. Vous ne vous en débarrasserez pas comme ça. C'est tous des acides aminés ? Non, en fait, côté anticorps, IGE, un épitope, ça peut être une suite d'acides aminés, ça peut être un sucre pour l'alphagal, les CCD par exemple, théoriquement ça pourrait même être des lipides. Côté lymphocytes, un épitope, c'est un peptide qui est présenté par votre complexe majeur d'histocompatibilité ou un lipide au travers de la molécule CD1. Un épitope, ce n'est pas toujours constitué d'acides aminés. Non, mais moi, de toute manière, je suis allergique au soleil. Vraiment ? Il y a des acides aminés dans le soleil ? Des protéines ? Des glucides ? C'est un abus de langage. Ce n'est pas possible d'être allergique aux photons, pas plus qu'à l'eau ou au froid. Il est possible par contre que l'exposition solaire modifie la structure chimique de molécules qui sont dans votre peau, par exemple le diclofénac, un anti-inflammatoire qui fait ça parfois. Il est aussi possible que l'eau de la piscine contienne des pollens de votre entourage et que ceci vous provoque comme un test cutané au frottement sur la peau. Il est possible également que le froid, la pression, le frottement activent vos mastocytes et vous provoquent de l'urticaire, que vous confondez, comme tant de gens, avec de l'allergie, alors que ce n'est que de l'hyperréactivité cutanée. Bon, d'accord, j'ai compris. Mais on les trouve listés quelque part, ces allergènes ? Oui, de nombreux chercheurs sur la planète tiennent le compte de ceci. Il y a un site internet dédié qui s'appelle allergènes-nomenclature sur allergènes.org sans e. Il est réalisé par l'OMS et l'Union Internationale des Sociétés d'Immunologie en collaboration avec le AACI et l'Académie Américaine d'Allergologie. Vous pouvez chercher les sources comme le noisetier ou les allergènes comme Cora 1, Cora 8, Cora 9, Cora 14, etc. En France, en 2008, à partir du travail d'un génial biologiste de Vannes, Henri Malandin, nous avons réalisé avec mes associés le site allerdata.com qui vous permet avec l'outil de visualiser les réactions croisées entre sources et allergènes. C'est sympa, non ? Ce site appartient désormais à la Société Française d'Allergologie à qui nous l'avons remis il y a quelques années. Je réfléchis, je me dis que c'est faux ce truc de protéines pour les allergènes, non ? Parce que quand même, l'allergie au nickel, ça existe bien ça, non ? Eh bien non, c'est un abus de langage là aussi, comme pour l'eau, le froid et le vent. Il y a des allergènes qui vont être fabriqués directement dans l'organisme, dans votre organisme, oui, oui. Le nickel, c'est un bon exemple. Vous portez votre bijou préféré, il frotte sur la peau tandis que vous transpirez. Quelques ions nickel se détachent et viennent se fixer sur la membrane d'une de vos cellules de la peau, le kératinocyte. Votre système de défense reconnaît comme allergène votre structure de membrane cellulaire adjointe du nickel. C'est elle l'allergène, pas le nickel. On parle d'un aptène, une petite molécule qui, associée à un support, formera l'allergène. En 2008 également, les docteurs Locos et Lecois de Vin ont publié un dictionnaire des allergènes de contact chez Springer. Si le sujet vous intéresse, il faudra vous procurer ce livre. Dans les abus de langage classique, il y a aussi l'allergie à l'iode. Bah oui, évidemment, ça n'existe pas. Vous pouvez être allergique à... un ou plusieurs produits de contraste iodé. Vous pouvez être allergique aux poissons, aux crustacés, à la povidone iodée, mais vous n'êtes pas pour autant allergique à l'iode, non. Ces allergènes qui contiennent tous de l'iode, ne contiennent pas de molécules allergisantes communes qui leur permettraient de croiser entre eux. Ce sont des allergènes différents. D'ailleurs, vous vous en doutiez, parce que quand vous mettez votre sel de mer sur votre table, il ne se passe rien. En conclusion, l'allergie aux acariens n'existe pas. Pas plus que celle aux pollens ou à la cacahuète, mais c'est quand même beaucoup plus facile de les appeler comme ça pour les gens qui vous entourent. Vous êtes allergique à des molécules, et selon les molécules que vous aurez choisis, vos réactions allergiques seront différentes, plus ou moins graves. Ces molécules sont partagées dans la nature entre différentes sources, cela donne les allergies croisées. La proximité taxonomique et la masse moléculaire associée sont des éléments qui permettent d'apprécier la probabilité de réaction croisée. Les allergènes sont des molécules reconnues par nos cellules présentatrices d'antigènes parce qu'ils se fixent sur des récepteurs dédiés à la défense contre des organismes agressifs. Pour faire un allergène, il faut des protéines, des glucides, voire des lipides. Les anticorps se fixent sur des motifs appelés épitopes. Et vous ne pouvez pas être allergique au soleil ou à l'eau. Certains allergènes arrivent sous forme incomplète, ce sont des apthènes. Ils ne deviennent des allergènes que quand ils ont trouvé un support avec lequel former l'allergène. C'est l'exemple du nickel. Dans le prochain épisode, je vous parlerai de l'urticaire et des oedèmes. Bonne journée à vous les amis, prenez soin de vous.

Description

On ne fait pas « allergie à la cacahuète » ou « aux acariens  : nos IgE ciblent des allergènes précis et sur ces allergènes des épitopes, minuscules fragments. Comprendre ces familles change tout : la PR-10 (bouleau/pomme) fest détruite par la cuisson ; la LTP (pêche, pomme) y résiste ; Ara h 2/6 signale le risque d’anaphylaxie à l’arachide ; Der p 1 fragilise l’épithélium et aggrave l’asthme. Avec cette boussole moléculaire, on comprend mieux la maladie, on explique les réactions croisées, on évite les évictions inutiles et on personnalise la prise en charge. Je vous emmène pour un rapide survol.

Vous pouvez aller plus loin dans vos connaissances sur les allergies avec les sites web oasis-allergie.org et allergique.org où vous me retrouverez avec également d'autres médecins allergologues ainsi que des patients allergiques pour d'autre type d'informations sur les allergies. Portez vous bien les amis.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut, c'est Hachoum, le podcast des allergies qui répond à tes souhaits. Je m'appelle Philippe, je suis médecin allergologue et je t'emmène avec moi dans le monde passionnant des allergies. Aujourd'hui, nous allons parler des allergènes, ces petites molécules responsables de vos allergies. Vous vous pensiez allergique aux acariens, aux pollens, à la poussière ou encore au soleil ? Pas du tout. Vous êtes allergique à des allergènes ? Ouais, bon, tu chipotes là, me direz-vous, c'est la même chose. Eh ben non, pas du tout. Car les allergènes sont des briques moléculaires que la nature distribue dans différentes sources du vivant et votre système immunitaire ne fera pas toujours la différence si cette molécule vient d'un pollen ou d'un fruit, d'un acarien ou d'un kiwi. Voyons cela plus en détail. Un noisetier produit son tronc, ses branches, ses noisettes, ses feuilles, ses pollens. Certaines personnes souffrent d'une allergie à la noisette modérée. Sa consommation gratte la bouche, gonfle les lèvres quand elle est fraîche, mais ils peuvent manger une pâte à tartiner à la noisette sans avoir de signe d'allergie. Leur allergène, c'est alors la molécule PR10, une molécule de défense des végétaux, appelée COR-A1 pour la noisette. Ces patients seront alors également gênés en consommant d'autres PR10 issus de d'autres sources, comme la pomme, la cerise, la poire, mais aussi dans des pollens comme le pollen de noisetier ou de bouleau. C'est effectivement cette même molécule qui est le plus souvent en cause dans l'allergie aux pollens de Béthulacé. D'autres personnes feront des allergies sévères à la noisette, parfois mortelles, en mangeant eux aussi des noisettes, mais crues ou cuites, avec des conséquences tout aussi graves. Ils seront allergiques à d'autres molécules allergisantes de la noisette, comme CORA8, une LTP, protéine de transfert lipidique, ou à CORA9 ou à CORDIAD14, qui sont toutes les deux thermorésistantes. Ce sont des protéines de stockage, des 11S-globulines et 2S-albumines. Le résultat, c'est que les allergiques à la noisette ne sont pas tous les mêmes allergiques. Certains seront légers, d'autres sévères, selon les molécules qu'ils auront choisis. Rappelez-vous, nous en avions parlé dans le podcast sur l'allergie à l'arachide. C'est également vrai pour les autres sources d'allergie. Une allergie aux acariens n'aura pas la même conséquence selon qu'on est allergique à DRP1, cystéine prothéase, qui est une enzyme du même type que ACT-D1 du kiwi. qui augmente le risque d'asthme que si l'on est allergique à derpédis, qui est une tropomyosine, protéine de muscle, où l'on risque davantage de réagir en mangeant des crevettes, Pena 1 étant une tropomyosine assez proche en structure. Voilà, vous comprenez bien que, parfois, votre allergologue va avoir besoin de vous faire faire un bilan biologique moléculaire pour détailler un peu tout ça, comprendre comment l'allergie fonctionne chez vous, quels sont vos risques et les meilleurs choix à faire. Savez-vous que ces réactivités croisées, réactions avec des molécules allergisantes proches, donnent lieu à des inquiétudes exagérées ? Il est fréquent que pour se convaincre de prendre rendez-vous chez un allergologue, des médecins traitants demandent un dépistage par un phadiatope, dépistage des allergies aux sources aériennes, et un trophatope, dépistage des allergies alimentaires, pour être sûr de ne pas passer à côté. Vous avez deviné ? et les protéines B1 du boulot feront devenir positif le test alimentaire pour tous les fruits et légumes. La crevette et le kiwi reviendront positifs chez de nombreux allergiques aux acariens et l'inquiétude confinera à l'incompréhension quand vous vous apercevrez que vous mangez tous ces aliments sans aucune réaction. Un principe simple, si vous mangez quelque chose et qu'il ne se passe rien, vous n'y êtes pas allergique. Bon. D'accord, j'ai compris, je suis allergique à des molécules qui sont réparties dans des sources différentes dans la nature et le danger peut venir de toutes parts. C'est pas un peu flippant ? Oui, alors effectivement, c'est parfois embêtant de constater qu'on ne sait pas tout. Mais remettons les choses à leur place. Si vous êtes allergique à une PR10, vous n'êtes pas forcément allergique à toutes les PR10, heureusement. D'abord, il y a plus de chances que vous réagissiez également à celles qui sont issues d'une famille proche. La PR10 du boulot ressemble... plus à celle du noisetier, de l'aulne ou du charme qu'à celle de la pomme. Il est donc plus probable que vous réagissiez d'abord aux pollens proches avant de réagir à la pomme. Un autre élément à considérer, c'est la masse moléculaire, en kdl. Plus elle est proche, plus il est probable que les molécules puissent se ressembler si on est dans la même famille taxonomique. Ça veut dire que ça change ? Mais c'est fou ça, on ne peut se fier à rien. Votre système de défense essaie d'améliorer ses réactions en permanence. Rappelez-vous, nous en avons parlé dans le premier podcast. Il décide qu'une molécule est un problème, il fabrique des anticorps de la famille E contre E, et au fur et à mesure du temps, quand il voit des variants de la molécule en question, il améliore ses défenses en rajoutant des anticorps contre les variants. C'est embêtant, je vous le concède, mais c'est logique. On ne peut pas empêcher ça ? Ben si, je vous l'ai déjà dit, traitez-vous. Empêchez vos allergies de s'accentuer en prenant vos traitements médicamenteux dès les premiers symptômes, voire en prévention, au lieu de vous dire que vous allez laisser faire la nature qui s'est bien plantée sur ce coup-là. Et si ces traitements sont souvent nécessaires, rappelez-vous qu'il y a alors indication à faire une immunothérapie allergénique, des sensibilisations, avec un allergologue. Mais revenons à nos allergènes. Vous avez déjà entendu parler des antigènes. des molécules, des virus, des bactéries ou autres contre lesquels votre système de défense va réagir pour maintenir son intégrité et empêcher ces hôtes indésirables de vous envahir. Ils ont pour caractéristique commune d'être des molécules jugées agressives par notre organisme, des PAMPS, car reconnues par des récepteurs spéciaux, les PRR. C'est un domaine spécialisant, passionnant mais spécialisé, pardon, et je vous mets un lien pour affondir tout ça. Les allergènes sont des antigènes particuliers. Ce sont des antigènes qui entraînent une réaction de défense de type allergique. La plupart d'entre eux sont des glycoprotéines, c'est-à-dire des sucres avec des protéines, et ça tombe bien car les anticorps de l'allergie se fixent sur une fraction de ces protéines, le plus souvent une séquence de quelques acides aminés. Un petit rappel, une protéine, elle est constituée d'un ensemble d'acides aminés. Ce motif est appelé épitope. L'épitope peut être... alignés de naissance, c'est un épitope linéaire, c'est-à-dire mis à la queue leu-leu, lors de la synthèse de la glycoprotéine, ou assemblés par les replis de la molécule, ce sont des épitopes conformationnels. Ces derniers sont évidemment plus sensibles à la chaleur ou aux enzymes, qui peuvent les détruire et les rendre arréactifs du point de vue immunitaire. Vous pensez aller à PR10 de tout à l'heure ? C'est exactement ça, vous avez raison. De même pour la cacahuète, ARAGE2 et ARAGE6 sont thermorésistants. Vous ne vous en débarrasserez pas comme ça. C'est tous des acides aminés ? Non, en fait, côté anticorps, IGE, un épitope, ça peut être une suite d'acides aminés, ça peut être un sucre pour l'alphagal, les CCD par exemple, théoriquement ça pourrait même être des lipides. Côté lymphocytes, un épitope, c'est un peptide qui est présenté par votre complexe majeur d'histocompatibilité ou un lipide au travers de la molécule CD1. Un épitope, ce n'est pas toujours constitué d'acides aminés. Non, mais moi, de toute manière, je suis allergique au soleil. Vraiment ? Il y a des acides aminés dans le soleil ? Des protéines ? Des glucides ? C'est un abus de langage. Ce n'est pas possible d'être allergique aux photons, pas plus qu'à l'eau ou au froid. Il est possible par contre que l'exposition solaire modifie la structure chimique de molécules qui sont dans votre peau, par exemple le diclofénac, un anti-inflammatoire qui fait ça parfois. Il est aussi possible que l'eau de la piscine contienne des pollens de votre entourage et que ceci vous provoque comme un test cutané au frottement sur la peau. Il est possible également que le froid, la pression, le frottement activent vos mastocytes et vous provoquent de l'urticaire, que vous confondez, comme tant de gens, avec de l'allergie, alors que ce n'est que de l'hyperréactivité cutanée. Bon, d'accord, j'ai compris. Mais on les trouve listés quelque part, ces allergènes ? Oui, de nombreux chercheurs sur la planète tiennent le compte de ceci. Il y a un site internet dédié qui s'appelle allergènes-nomenclature sur allergènes.org sans e. Il est réalisé par l'OMS et l'Union Internationale des Sociétés d'Immunologie en collaboration avec le AACI et l'Académie Américaine d'Allergologie. Vous pouvez chercher les sources comme le noisetier ou les allergènes comme Cora 1, Cora 8, Cora 9, Cora 14, etc. En France, en 2008, à partir du travail d'un génial biologiste de Vannes, Henri Malandin, nous avons réalisé avec mes associés le site allerdata.com qui vous permet avec l'outil de visualiser les réactions croisées entre sources et allergènes. C'est sympa, non ? Ce site appartient désormais à la Société Française d'Allergologie à qui nous l'avons remis il y a quelques années. Je réfléchis, je me dis que c'est faux ce truc de protéines pour les allergènes, non ? Parce que quand même, l'allergie au nickel, ça existe bien ça, non ? Eh bien non, c'est un abus de langage là aussi, comme pour l'eau, le froid et le vent. Il y a des allergènes qui vont être fabriqués directement dans l'organisme, dans votre organisme, oui, oui. Le nickel, c'est un bon exemple. Vous portez votre bijou préféré, il frotte sur la peau tandis que vous transpirez. Quelques ions nickel se détachent et viennent se fixer sur la membrane d'une de vos cellules de la peau, le kératinocyte. Votre système de défense reconnaît comme allergène votre structure de membrane cellulaire adjointe du nickel. C'est elle l'allergène, pas le nickel. On parle d'un aptène, une petite molécule qui, associée à un support, formera l'allergène. En 2008 également, les docteurs Locos et Lecois de Vin ont publié un dictionnaire des allergènes de contact chez Springer. Si le sujet vous intéresse, il faudra vous procurer ce livre. Dans les abus de langage classique, il y a aussi l'allergie à l'iode. Bah oui, évidemment, ça n'existe pas. Vous pouvez être allergique à... un ou plusieurs produits de contraste iodé. Vous pouvez être allergique aux poissons, aux crustacés, à la povidone iodée, mais vous n'êtes pas pour autant allergique à l'iode, non. Ces allergènes qui contiennent tous de l'iode, ne contiennent pas de molécules allergisantes communes qui leur permettraient de croiser entre eux. Ce sont des allergènes différents. D'ailleurs, vous vous en doutiez, parce que quand vous mettez votre sel de mer sur votre table, il ne se passe rien. En conclusion, l'allergie aux acariens n'existe pas. Pas plus que celle aux pollens ou à la cacahuète, mais c'est quand même beaucoup plus facile de les appeler comme ça pour les gens qui vous entourent. Vous êtes allergique à des molécules, et selon les molécules que vous aurez choisis, vos réactions allergiques seront différentes, plus ou moins graves. Ces molécules sont partagées dans la nature entre différentes sources, cela donne les allergies croisées. La proximité taxonomique et la masse moléculaire associée sont des éléments qui permettent d'apprécier la probabilité de réaction croisée. Les allergènes sont des molécules reconnues par nos cellules présentatrices d'antigènes parce qu'ils se fixent sur des récepteurs dédiés à la défense contre des organismes agressifs. Pour faire un allergène, il faut des protéines, des glucides, voire des lipides. Les anticorps se fixent sur des motifs appelés épitopes. Et vous ne pouvez pas être allergique au soleil ou à l'eau. Certains allergènes arrivent sous forme incomplète, ce sont des apthènes. Ils ne deviennent des allergènes que quand ils ont trouvé un support avec lequel former l'allergène. C'est l'exemple du nickel. Dans le prochain épisode, je vous parlerai de l'urticaire et des oedèmes. Bonne journée à vous les amis, prenez soin de vous.

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On ne fait pas « allergie à la cacahuète » ou « aux acariens  : nos IgE ciblent des allergènes précis et sur ces allergènes des épitopes, minuscules fragments. Comprendre ces familles change tout : la PR-10 (bouleau/pomme) fest détruite par la cuisson ; la LTP (pêche, pomme) y résiste ; Ara h 2/6 signale le risque d’anaphylaxie à l’arachide ; Der p 1 fragilise l’épithélium et aggrave l’asthme. Avec cette boussole moléculaire, on comprend mieux la maladie, on explique les réactions croisées, on évite les évictions inutiles et on personnalise la prise en charge. Je vous emmène pour un rapide survol.

Vous pouvez aller plus loin dans vos connaissances sur les allergies avec les sites web oasis-allergie.org et allergique.org où vous me retrouverez avec également d'autres médecins allergologues ainsi que des patients allergiques pour d'autre type d'informations sur les allergies. Portez vous bien les amis.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Salut, c'est Hachoum, le podcast des allergies qui répond à tes souhaits. Je m'appelle Philippe, je suis médecin allergologue et je t'emmène avec moi dans le monde passionnant des allergies. Aujourd'hui, nous allons parler des allergènes, ces petites molécules responsables de vos allergies. Vous vous pensiez allergique aux acariens, aux pollens, à la poussière ou encore au soleil ? Pas du tout. Vous êtes allergique à des allergènes ? Ouais, bon, tu chipotes là, me direz-vous, c'est la même chose. Eh ben non, pas du tout. Car les allergènes sont des briques moléculaires que la nature distribue dans différentes sources du vivant et votre système immunitaire ne fera pas toujours la différence si cette molécule vient d'un pollen ou d'un fruit, d'un acarien ou d'un kiwi. Voyons cela plus en détail. Un noisetier produit son tronc, ses branches, ses noisettes, ses feuilles, ses pollens. Certaines personnes souffrent d'une allergie à la noisette modérée. Sa consommation gratte la bouche, gonfle les lèvres quand elle est fraîche, mais ils peuvent manger une pâte à tartiner à la noisette sans avoir de signe d'allergie. Leur allergène, c'est alors la molécule PR10, une molécule de défense des végétaux, appelée COR-A1 pour la noisette. Ces patients seront alors également gênés en consommant d'autres PR10 issus de d'autres sources, comme la pomme, la cerise, la poire, mais aussi dans des pollens comme le pollen de noisetier ou de bouleau. C'est effectivement cette même molécule qui est le plus souvent en cause dans l'allergie aux pollens de Béthulacé. D'autres personnes feront des allergies sévères à la noisette, parfois mortelles, en mangeant eux aussi des noisettes, mais crues ou cuites, avec des conséquences tout aussi graves. Ils seront allergiques à d'autres molécules allergisantes de la noisette, comme CORA8, une LTP, protéine de transfert lipidique, ou à CORA9 ou à CORDIAD14, qui sont toutes les deux thermorésistantes. Ce sont des protéines de stockage, des 11S-globulines et 2S-albumines. Le résultat, c'est que les allergiques à la noisette ne sont pas tous les mêmes allergiques. Certains seront légers, d'autres sévères, selon les molécules qu'ils auront choisis. Rappelez-vous, nous en avions parlé dans le podcast sur l'allergie à l'arachide. C'est également vrai pour les autres sources d'allergie. Une allergie aux acariens n'aura pas la même conséquence selon qu'on est allergique à DRP1, cystéine prothéase, qui est une enzyme du même type que ACT-D1 du kiwi. qui augmente le risque d'asthme que si l'on est allergique à derpédis, qui est une tropomyosine, protéine de muscle, où l'on risque davantage de réagir en mangeant des crevettes, Pena 1 étant une tropomyosine assez proche en structure. Voilà, vous comprenez bien que, parfois, votre allergologue va avoir besoin de vous faire faire un bilan biologique moléculaire pour détailler un peu tout ça, comprendre comment l'allergie fonctionne chez vous, quels sont vos risques et les meilleurs choix à faire. Savez-vous que ces réactivités croisées, réactions avec des molécules allergisantes proches, donnent lieu à des inquiétudes exagérées ? Il est fréquent que pour se convaincre de prendre rendez-vous chez un allergologue, des médecins traitants demandent un dépistage par un phadiatope, dépistage des allergies aux sources aériennes, et un trophatope, dépistage des allergies alimentaires, pour être sûr de ne pas passer à côté. Vous avez deviné ? et les protéines B1 du boulot feront devenir positif le test alimentaire pour tous les fruits et légumes. La crevette et le kiwi reviendront positifs chez de nombreux allergiques aux acariens et l'inquiétude confinera à l'incompréhension quand vous vous apercevrez que vous mangez tous ces aliments sans aucune réaction. Un principe simple, si vous mangez quelque chose et qu'il ne se passe rien, vous n'y êtes pas allergique. Bon. D'accord, j'ai compris, je suis allergique à des molécules qui sont réparties dans des sources différentes dans la nature et le danger peut venir de toutes parts. C'est pas un peu flippant ? Oui, alors effectivement, c'est parfois embêtant de constater qu'on ne sait pas tout. Mais remettons les choses à leur place. Si vous êtes allergique à une PR10, vous n'êtes pas forcément allergique à toutes les PR10, heureusement. D'abord, il y a plus de chances que vous réagissiez également à celles qui sont issues d'une famille proche. La PR10 du boulot ressemble... plus à celle du noisetier, de l'aulne ou du charme qu'à celle de la pomme. Il est donc plus probable que vous réagissiez d'abord aux pollens proches avant de réagir à la pomme. Un autre élément à considérer, c'est la masse moléculaire, en kdl. Plus elle est proche, plus il est probable que les molécules puissent se ressembler si on est dans la même famille taxonomique. Ça veut dire que ça change ? Mais c'est fou ça, on ne peut se fier à rien. Votre système de défense essaie d'améliorer ses réactions en permanence. Rappelez-vous, nous en avons parlé dans le premier podcast. Il décide qu'une molécule est un problème, il fabrique des anticorps de la famille E contre E, et au fur et à mesure du temps, quand il voit des variants de la molécule en question, il améliore ses défenses en rajoutant des anticorps contre les variants. C'est embêtant, je vous le concède, mais c'est logique. On ne peut pas empêcher ça ? Ben si, je vous l'ai déjà dit, traitez-vous. Empêchez vos allergies de s'accentuer en prenant vos traitements médicamenteux dès les premiers symptômes, voire en prévention, au lieu de vous dire que vous allez laisser faire la nature qui s'est bien plantée sur ce coup-là. Et si ces traitements sont souvent nécessaires, rappelez-vous qu'il y a alors indication à faire une immunothérapie allergénique, des sensibilisations, avec un allergologue. Mais revenons à nos allergènes. Vous avez déjà entendu parler des antigènes. des molécules, des virus, des bactéries ou autres contre lesquels votre système de défense va réagir pour maintenir son intégrité et empêcher ces hôtes indésirables de vous envahir. Ils ont pour caractéristique commune d'être des molécules jugées agressives par notre organisme, des PAMPS, car reconnues par des récepteurs spéciaux, les PRR. C'est un domaine spécialisant, passionnant mais spécialisé, pardon, et je vous mets un lien pour affondir tout ça. Les allergènes sont des antigènes particuliers. Ce sont des antigènes qui entraînent une réaction de défense de type allergique. La plupart d'entre eux sont des glycoprotéines, c'est-à-dire des sucres avec des protéines, et ça tombe bien car les anticorps de l'allergie se fixent sur une fraction de ces protéines, le plus souvent une séquence de quelques acides aminés. Un petit rappel, une protéine, elle est constituée d'un ensemble d'acides aminés. Ce motif est appelé épitope. L'épitope peut être... alignés de naissance, c'est un épitope linéaire, c'est-à-dire mis à la queue leu-leu, lors de la synthèse de la glycoprotéine, ou assemblés par les replis de la molécule, ce sont des épitopes conformationnels. Ces derniers sont évidemment plus sensibles à la chaleur ou aux enzymes, qui peuvent les détruire et les rendre arréactifs du point de vue immunitaire. Vous pensez aller à PR10 de tout à l'heure ? C'est exactement ça, vous avez raison. De même pour la cacahuète, ARAGE2 et ARAGE6 sont thermorésistants. Vous ne vous en débarrasserez pas comme ça. C'est tous des acides aminés ? Non, en fait, côté anticorps, IGE, un épitope, ça peut être une suite d'acides aminés, ça peut être un sucre pour l'alphagal, les CCD par exemple, théoriquement ça pourrait même être des lipides. Côté lymphocytes, un épitope, c'est un peptide qui est présenté par votre complexe majeur d'histocompatibilité ou un lipide au travers de la molécule CD1. Un épitope, ce n'est pas toujours constitué d'acides aminés. Non, mais moi, de toute manière, je suis allergique au soleil. Vraiment ? Il y a des acides aminés dans le soleil ? Des protéines ? Des glucides ? C'est un abus de langage. Ce n'est pas possible d'être allergique aux photons, pas plus qu'à l'eau ou au froid. Il est possible par contre que l'exposition solaire modifie la structure chimique de molécules qui sont dans votre peau, par exemple le diclofénac, un anti-inflammatoire qui fait ça parfois. Il est aussi possible que l'eau de la piscine contienne des pollens de votre entourage et que ceci vous provoque comme un test cutané au frottement sur la peau. Il est possible également que le froid, la pression, le frottement activent vos mastocytes et vous provoquent de l'urticaire, que vous confondez, comme tant de gens, avec de l'allergie, alors que ce n'est que de l'hyperréactivité cutanée. Bon, d'accord, j'ai compris. Mais on les trouve listés quelque part, ces allergènes ? Oui, de nombreux chercheurs sur la planète tiennent le compte de ceci. Il y a un site internet dédié qui s'appelle allergènes-nomenclature sur allergènes.org sans e. Il est réalisé par l'OMS et l'Union Internationale des Sociétés d'Immunologie en collaboration avec le AACI et l'Académie Américaine d'Allergologie. Vous pouvez chercher les sources comme le noisetier ou les allergènes comme Cora 1, Cora 8, Cora 9, Cora 14, etc. En France, en 2008, à partir du travail d'un génial biologiste de Vannes, Henri Malandin, nous avons réalisé avec mes associés le site allerdata.com qui vous permet avec l'outil de visualiser les réactions croisées entre sources et allergènes. C'est sympa, non ? Ce site appartient désormais à la Société Française d'Allergologie à qui nous l'avons remis il y a quelques années. Je réfléchis, je me dis que c'est faux ce truc de protéines pour les allergènes, non ? Parce que quand même, l'allergie au nickel, ça existe bien ça, non ? Eh bien non, c'est un abus de langage là aussi, comme pour l'eau, le froid et le vent. Il y a des allergènes qui vont être fabriqués directement dans l'organisme, dans votre organisme, oui, oui. Le nickel, c'est un bon exemple. Vous portez votre bijou préféré, il frotte sur la peau tandis que vous transpirez. Quelques ions nickel se détachent et viennent se fixer sur la membrane d'une de vos cellules de la peau, le kératinocyte. Votre système de défense reconnaît comme allergène votre structure de membrane cellulaire adjointe du nickel. C'est elle l'allergène, pas le nickel. On parle d'un aptène, une petite molécule qui, associée à un support, formera l'allergène. En 2008 également, les docteurs Locos et Lecois de Vin ont publié un dictionnaire des allergènes de contact chez Springer. Si le sujet vous intéresse, il faudra vous procurer ce livre. Dans les abus de langage classique, il y a aussi l'allergie à l'iode. Bah oui, évidemment, ça n'existe pas. Vous pouvez être allergique à... un ou plusieurs produits de contraste iodé. Vous pouvez être allergique aux poissons, aux crustacés, à la povidone iodée, mais vous n'êtes pas pour autant allergique à l'iode, non. Ces allergènes qui contiennent tous de l'iode, ne contiennent pas de molécules allergisantes communes qui leur permettraient de croiser entre eux. Ce sont des allergènes différents. D'ailleurs, vous vous en doutiez, parce que quand vous mettez votre sel de mer sur votre table, il ne se passe rien. En conclusion, l'allergie aux acariens n'existe pas. Pas plus que celle aux pollens ou à la cacahuète, mais c'est quand même beaucoup plus facile de les appeler comme ça pour les gens qui vous entourent. Vous êtes allergique à des molécules, et selon les molécules que vous aurez choisis, vos réactions allergiques seront différentes, plus ou moins graves. Ces molécules sont partagées dans la nature entre différentes sources, cela donne les allergies croisées. La proximité taxonomique et la masse moléculaire associée sont des éléments qui permettent d'apprécier la probabilité de réaction croisée. Les allergènes sont des molécules reconnues par nos cellules présentatrices d'antigènes parce qu'ils se fixent sur des récepteurs dédiés à la défense contre des organismes agressifs. Pour faire un allergène, il faut des protéines, des glucides, voire des lipides. Les anticorps se fixent sur des motifs appelés épitopes. Et vous ne pouvez pas être allergique au soleil ou à l'eau. Certains allergènes arrivent sous forme incomplète, ce sont des apthènes. Ils ne deviennent des allergènes que quand ils ont trouvé un support avec lequel former l'allergène. C'est l'exemple du nickel. Dans le prochain épisode, je vous parlerai de l'urticaire et des oedèmes. Bonne journée à vous les amis, prenez soin de vous.

Description

On ne fait pas « allergie à la cacahuète » ou « aux acariens  : nos IgE ciblent des allergènes précis et sur ces allergènes des épitopes, minuscules fragments. Comprendre ces familles change tout : la PR-10 (bouleau/pomme) fest détruite par la cuisson ; la LTP (pêche, pomme) y résiste ; Ara h 2/6 signale le risque d’anaphylaxie à l’arachide ; Der p 1 fragilise l’épithélium et aggrave l’asthme. Avec cette boussole moléculaire, on comprend mieux la maladie, on explique les réactions croisées, on évite les évictions inutiles et on personnalise la prise en charge. Je vous emmène pour un rapide survol.

Vous pouvez aller plus loin dans vos connaissances sur les allergies avec les sites web oasis-allergie.org et allergique.org où vous me retrouverez avec également d'autres médecins allergologues ainsi que des patients allergiques pour d'autre type d'informations sur les allergies. Portez vous bien les amis.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut, c'est Hachoum, le podcast des allergies qui répond à tes souhaits. Je m'appelle Philippe, je suis médecin allergologue et je t'emmène avec moi dans le monde passionnant des allergies. Aujourd'hui, nous allons parler des allergènes, ces petites molécules responsables de vos allergies. Vous vous pensiez allergique aux acariens, aux pollens, à la poussière ou encore au soleil ? Pas du tout. Vous êtes allergique à des allergènes ? Ouais, bon, tu chipotes là, me direz-vous, c'est la même chose. Eh ben non, pas du tout. Car les allergènes sont des briques moléculaires que la nature distribue dans différentes sources du vivant et votre système immunitaire ne fera pas toujours la différence si cette molécule vient d'un pollen ou d'un fruit, d'un acarien ou d'un kiwi. Voyons cela plus en détail. Un noisetier produit son tronc, ses branches, ses noisettes, ses feuilles, ses pollens. Certaines personnes souffrent d'une allergie à la noisette modérée. Sa consommation gratte la bouche, gonfle les lèvres quand elle est fraîche, mais ils peuvent manger une pâte à tartiner à la noisette sans avoir de signe d'allergie. Leur allergène, c'est alors la molécule PR10, une molécule de défense des végétaux, appelée COR-A1 pour la noisette. Ces patients seront alors également gênés en consommant d'autres PR10 issus de d'autres sources, comme la pomme, la cerise, la poire, mais aussi dans des pollens comme le pollen de noisetier ou de bouleau. C'est effectivement cette même molécule qui est le plus souvent en cause dans l'allergie aux pollens de Béthulacé. D'autres personnes feront des allergies sévères à la noisette, parfois mortelles, en mangeant eux aussi des noisettes, mais crues ou cuites, avec des conséquences tout aussi graves. Ils seront allergiques à d'autres molécules allergisantes de la noisette, comme CORA8, une LTP, protéine de transfert lipidique, ou à CORA9 ou à CORDIAD14, qui sont toutes les deux thermorésistantes. Ce sont des protéines de stockage, des 11S-globulines et 2S-albumines. Le résultat, c'est que les allergiques à la noisette ne sont pas tous les mêmes allergiques. Certains seront légers, d'autres sévères, selon les molécules qu'ils auront choisis. Rappelez-vous, nous en avions parlé dans le podcast sur l'allergie à l'arachide. C'est également vrai pour les autres sources d'allergie. Une allergie aux acariens n'aura pas la même conséquence selon qu'on est allergique à DRP1, cystéine prothéase, qui est une enzyme du même type que ACT-D1 du kiwi. qui augmente le risque d'asthme que si l'on est allergique à derpédis, qui est une tropomyosine, protéine de muscle, où l'on risque davantage de réagir en mangeant des crevettes, Pena 1 étant une tropomyosine assez proche en structure. Voilà, vous comprenez bien que, parfois, votre allergologue va avoir besoin de vous faire faire un bilan biologique moléculaire pour détailler un peu tout ça, comprendre comment l'allergie fonctionne chez vous, quels sont vos risques et les meilleurs choix à faire. Savez-vous que ces réactivités croisées, réactions avec des molécules allergisantes proches, donnent lieu à des inquiétudes exagérées ? Il est fréquent que pour se convaincre de prendre rendez-vous chez un allergologue, des médecins traitants demandent un dépistage par un phadiatope, dépistage des allergies aux sources aériennes, et un trophatope, dépistage des allergies alimentaires, pour être sûr de ne pas passer à côté. Vous avez deviné ? et les protéines B1 du boulot feront devenir positif le test alimentaire pour tous les fruits et légumes. La crevette et le kiwi reviendront positifs chez de nombreux allergiques aux acariens et l'inquiétude confinera à l'incompréhension quand vous vous apercevrez que vous mangez tous ces aliments sans aucune réaction. Un principe simple, si vous mangez quelque chose et qu'il ne se passe rien, vous n'y êtes pas allergique. Bon. D'accord, j'ai compris, je suis allergique à des molécules qui sont réparties dans des sources différentes dans la nature et le danger peut venir de toutes parts. C'est pas un peu flippant ? Oui, alors effectivement, c'est parfois embêtant de constater qu'on ne sait pas tout. Mais remettons les choses à leur place. Si vous êtes allergique à une PR10, vous n'êtes pas forcément allergique à toutes les PR10, heureusement. D'abord, il y a plus de chances que vous réagissiez également à celles qui sont issues d'une famille proche. La PR10 du boulot ressemble... plus à celle du noisetier, de l'aulne ou du charme qu'à celle de la pomme. Il est donc plus probable que vous réagissiez d'abord aux pollens proches avant de réagir à la pomme. Un autre élément à considérer, c'est la masse moléculaire, en kdl. Plus elle est proche, plus il est probable que les molécules puissent se ressembler si on est dans la même famille taxonomique. Ça veut dire que ça change ? Mais c'est fou ça, on ne peut se fier à rien. Votre système de défense essaie d'améliorer ses réactions en permanence. Rappelez-vous, nous en avons parlé dans le premier podcast. Il décide qu'une molécule est un problème, il fabrique des anticorps de la famille E contre E, et au fur et à mesure du temps, quand il voit des variants de la molécule en question, il améliore ses défenses en rajoutant des anticorps contre les variants. C'est embêtant, je vous le concède, mais c'est logique. On ne peut pas empêcher ça ? Ben si, je vous l'ai déjà dit, traitez-vous. Empêchez vos allergies de s'accentuer en prenant vos traitements médicamenteux dès les premiers symptômes, voire en prévention, au lieu de vous dire que vous allez laisser faire la nature qui s'est bien plantée sur ce coup-là. Et si ces traitements sont souvent nécessaires, rappelez-vous qu'il y a alors indication à faire une immunothérapie allergénique, des sensibilisations, avec un allergologue. Mais revenons à nos allergènes. Vous avez déjà entendu parler des antigènes. des molécules, des virus, des bactéries ou autres contre lesquels votre système de défense va réagir pour maintenir son intégrité et empêcher ces hôtes indésirables de vous envahir. Ils ont pour caractéristique commune d'être des molécules jugées agressives par notre organisme, des PAMPS, car reconnues par des récepteurs spéciaux, les PRR. C'est un domaine spécialisant, passionnant mais spécialisé, pardon, et je vous mets un lien pour affondir tout ça. Les allergènes sont des antigènes particuliers. Ce sont des antigènes qui entraînent une réaction de défense de type allergique. La plupart d'entre eux sont des glycoprotéines, c'est-à-dire des sucres avec des protéines, et ça tombe bien car les anticorps de l'allergie se fixent sur une fraction de ces protéines, le plus souvent une séquence de quelques acides aminés. Un petit rappel, une protéine, elle est constituée d'un ensemble d'acides aminés. Ce motif est appelé épitope. L'épitope peut être... alignés de naissance, c'est un épitope linéaire, c'est-à-dire mis à la queue leu-leu, lors de la synthèse de la glycoprotéine, ou assemblés par les replis de la molécule, ce sont des épitopes conformationnels. Ces derniers sont évidemment plus sensibles à la chaleur ou aux enzymes, qui peuvent les détruire et les rendre arréactifs du point de vue immunitaire. Vous pensez aller à PR10 de tout à l'heure ? C'est exactement ça, vous avez raison. De même pour la cacahuète, ARAGE2 et ARAGE6 sont thermorésistants. Vous ne vous en débarrasserez pas comme ça. C'est tous des acides aminés ? Non, en fait, côté anticorps, IGE, un épitope, ça peut être une suite d'acides aminés, ça peut être un sucre pour l'alphagal, les CCD par exemple, théoriquement ça pourrait même être des lipides. Côté lymphocytes, un épitope, c'est un peptide qui est présenté par votre complexe majeur d'histocompatibilité ou un lipide au travers de la molécule CD1. Un épitope, ce n'est pas toujours constitué d'acides aminés. Non, mais moi, de toute manière, je suis allergique au soleil. Vraiment ? Il y a des acides aminés dans le soleil ? Des protéines ? Des glucides ? C'est un abus de langage. Ce n'est pas possible d'être allergique aux photons, pas plus qu'à l'eau ou au froid. Il est possible par contre que l'exposition solaire modifie la structure chimique de molécules qui sont dans votre peau, par exemple le diclofénac, un anti-inflammatoire qui fait ça parfois. Il est aussi possible que l'eau de la piscine contienne des pollens de votre entourage et que ceci vous provoque comme un test cutané au frottement sur la peau. Il est possible également que le froid, la pression, le frottement activent vos mastocytes et vous provoquent de l'urticaire, que vous confondez, comme tant de gens, avec de l'allergie, alors que ce n'est que de l'hyperréactivité cutanée. Bon, d'accord, j'ai compris. Mais on les trouve listés quelque part, ces allergènes ? Oui, de nombreux chercheurs sur la planète tiennent le compte de ceci. Il y a un site internet dédié qui s'appelle allergènes-nomenclature sur allergènes.org sans e. Il est réalisé par l'OMS et l'Union Internationale des Sociétés d'Immunologie en collaboration avec le AACI et l'Académie Américaine d'Allergologie. Vous pouvez chercher les sources comme le noisetier ou les allergènes comme Cora 1, Cora 8, Cora 9, Cora 14, etc. En France, en 2008, à partir du travail d'un génial biologiste de Vannes, Henri Malandin, nous avons réalisé avec mes associés le site allerdata.com qui vous permet avec l'outil de visualiser les réactions croisées entre sources et allergènes. C'est sympa, non ? Ce site appartient désormais à la Société Française d'Allergologie à qui nous l'avons remis il y a quelques années. Je réfléchis, je me dis que c'est faux ce truc de protéines pour les allergènes, non ? Parce que quand même, l'allergie au nickel, ça existe bien ça, non ? Eh bien non, c'est un abus de langage là aussi, comme pour l'eau, le froid et le vent. Il y a des allergènes qui vont être fabriqués directement dans l'organisme, dans votre organisme, oui, oui. Le nickel, c'est un bon exemple. Vous portez votre bijou préféré, il frotte sur la peau tandis que vous transpirez. Quelques ions nickel se détachent et viennent se fixer sur la membrane d'une de vos cellules de la peau, le kératinocyte. Votre système de défense reconnaît comme allergène votre structure de membrane cellulaire adjointe du nickel. C'est elle l'allergène, pas le nickel. On parle d'un aptène, une petite molécule qui, associée à un support, formera l'allergène. En 2008 également, les docteurs Locos et Lecois de Vin ont publié un dictionnaire des allergènes de contact chez Springer. Si le sujet vous intéresse, il faudra vous procurer ce livre. Dans les abus de langage classique, il y a aussi l'allergie à l'iode. Bah oui, évidemment, ça n'existe pas. Vous pouvez être allergique à... un ou plusieurs produits de contraste iodé. Vous pouvez être allergique aux poissons, aux crustacés, à la povidone iodée, mais vous n'êtes pas pour autant allergique à l'iode, non. Ces allergènes qui contiennent tous de l'iode, ne contiennent pas de molécules allergisantes communes qui leur permettraient de croiser entre eux. Ce sont des allergènes différents. D'ailleurs, vous vous en doutiez, parce que quand vous mettez votre sel de mer sur votre table, il ne se passe rien. En conclusion, l'allergie aux acariens n'existe pas. Pas plus que celle aux pollens ou à la cacahuète, mais c'est quand même beaucoup plus facile de les appeler comme ça pour les gens qui vous entourent. Vous êtes allergique à des molécules, et selon les molécules que vous aurez choisis, vos réactions allergiques seront différentes, plus ou moins graves. Ces molécules sont partagées dans la nature entre différentes sources, cela donne les allergies croisées. La proximité taxonomique et la masse moléculaire associée sont des éléments qui permettent d'apprécier la probabilité de réaction croisée. Les allergènes sont des molécules reconnues par nos cellules présentatrices d'antigènes parce qu'ils se fixent sur des récepteurs dédiés à la défense contre des organismes agressifs. Pour faire un allergène, il faut des protéines, des glucides, voire des lipides. Les anticorps se fixent sur des motifs appelés épitopes. Et vous ne pouvez pas être allergique au soleil ou à l'eau. Certains allergènes arrivent sous forme incomplète, ce sont des apthènes. Ils ne deviennent des allergènes que quand ils ont trouvé un support avec lequel former l'allergène. C'est l'exemple du nickel. Dans le prochain épisode, je vous parlerai de l'urticaire et des oedèmes. Bonne journée à vous les amis, prenez soin de vous.

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