Speaker #0Bienvenue dans Au bord des praticables, le podcast qui donne la parole à celles et ceux qu'on n'entend pas toujours, mais qui vivent tout en silence ou en tension autour du tapis. Chaque mois, je te propose deux épisodes en solo ou en compagnie, avec des histoires inspirantes, des témoignages touchants et des clés puissantes pour mieux traverser les émotions dans ton sport. Que tu sois parent, coach ou athlète, tu es au bon endroit. Bonne écoute ! Ça y est, la saison individuelle est lancée. Et je ne sais pas pour toi, mais moi chaque année à cette période, je ressens la même chose. Les gymnastes commencent à douter, les entraîneurs s'agitent et la pression monte avant les premières compétitions. C'est souvent là que tout se joue. Pas sur la technique, pas sur la choré, pas sur le code, mais vraiment dans le mental. Aujourd'hui, j'ai envie de te parler de ce moment charnière, celui où la peur de rater prend vraiment le dessus. Où la confiance fissure juste avant de passer sur le praticable. Et pour ça, je vais te partager trois cas très concrets de gymnases que j'ai accompagnés ces dernières semaines. Trois histoires vraies, trois façons différentes de vivre ce début de saison. Et tu verras à travers elles, on retrouve les mêmes mécanismes. Le doute, la peur, la volonté de bien faire et parfois cette fameuse mauvaise gestion de l'échec. On commence. Cas numéro 1, je reçois une gymnase que j'ai déjà accompagnée l'an dernier et que je continue à accompagner cette année. Elle a vraiment travaillé très dur. Mais quand je dis dur, c'est vraiment très dur. Elle a fait des cours particuliers, elle a travaillé tous les jours à la maison, au niveau de sa souplesse, au niveau de la technique à l'engin, au niveau des dives corporelles. Vraiment, elle a une progression incroyable, elle a vraiment tout donné. Et en fin de l'année dernière, elle est montée de niveau. Donc, elle est montée de catégorie. Elle était super contente, super fière d'elle, elle avait vraiment envie de montrer ce qu'elle valait. Ses entraîneurs lui ont fait son enchaînement, ça lui allait super bien. Bref, tout était cool, quoi, en fait. Et puis, deux semaines avant la compétition, là, les entraîneurs décident de lui enlever une difficulté pour assurer la validation. Et là, c'est la chute de confiance totale. Elle se sent, à ce moment-là, dévalorisée. Elle me dit, Leïla, à quoi bon ? En fait, j'ai travaillé pour rien. Et là, je comprends que, en fait, dans sa tête, ce message, c'est tu n'es pas à la hauteur. Alors oui, c'est vrai, la diff n'est peut-être pas encore parfaitement validée. Mais franchement, je l'ai vu, il ne manque pas grand-chose. Mais jamais je n'irai voir l'entraîneur pour lui dire « Eh, dis donc, t'abuses ! » Mais voilà, je ne dis rien à la gymnase, je ne dis rien à l'entraîneur, c'est moi dans ma tête, je me dis franchement, il ne manque pas grand-chose. Moi, perso, je l'aurais laissé. Surtout que si on lui enlève, comment veux-tu qu'elle progresse ? À force de rester dans sa zone de confort, on finit finalement par s'y enfermer. Et derrière, la motivation, la lassitude, la frustration arrivent très vite. Alors, je ne dis pas qu'il faut laisser toutes les diffs coûte que coûte. Mais prendre le temps, expliquer à la gymnaste, expliquer pourquoi vous faites ce choix et surtout comment vous allez l'aider pour y arriver. Parce que sinon, franchement, votre gymnaste, elle va se sentir seule face à son échec. Et dans ce cas-là, l'échec ne devient plus du tout productif, il devient carrément paralysant. Souvent, la première compétition, bien les entraîneurs veulent, alors pas tout valider, mais essaient de se rapprocher le plus possible, de valider un maximum de choses. Mais la vraie question, c'est quel est l'objectif ? C'est validé ou progressé ? Finalement, cette gymnase, c'est sa première année dans ce niveau-là. Enfin, je ne vais même pas parler d'année. Ça fait un mois et demi qu'elle est dans ce niveau-là. Elle va y rester plusieurs saisons. Elle est toute jeune. Elle a encore entre 5 et 10 ans de carrière dans ce niveau-là. Alors, pourquoi ne pas installer une vision à long terme ? Accepter que oui, tout ne sera pas parfait cette année. Et en même temps, c'est normal. Et d'ailleurs, parfois, ce n'est pas la gymnase qui a peur de l'échec, c'est l'entraîneur. Parce que quand on enlève une diff, souvent, c'est pour ne pas être jugé soi-même. Mais si toi, entraîneur, tu ne te challenge pas, comment veux-tu que ta gym ose le faire ? Cas numéro 2. Cette gymnaste, elle monte aussi de catégorie. Elle a fait podium l'année dernière et donc elle monte de catégorie. Cette année, elle a deux engins à gérer, des nouveaux éléments, un vrai défi et pour les entraîneurs, un nouveau code. Franchement, elle ne s'en sortait pas si mal que ça. Elle avait gardé sa compo, une compo de l'année dernière. forcément modifiée avec le nouveau code, et un nouvel engin. Elle commençait à avoir une petite stabilité et du coup, une confiance qui revenait. Et là, boum, semaine de la compétition, ce n'est même pas une ou deux semaines avant, c'est la semaine de la compétition, changement d'éléments, modification, correction de dernière minute, stratégie qui change, il y a plein de modifs, et sur le corporel, et sur l'engin, et sur les risques. En gros, elle me dit... que quand elle arrive en séance, elle est complètement déboussolée, démotivée, mais vraiment vidée. Elle ne sait même plus, si dans quelques jours la compète, elle ne sait même plus quoi faire. Alors oui, je sais, le code c'est hyper exigeant, en plus on est sur un nouveau cycle. Je le sais parce que j'ai été à cette place-là, j'ai été entraîneur, où tous les quatre ans on apprend des nouvelles choses. Les infos tombent en plus au compte-gouttes, tout le monde n'a pas les mêmes infos, les interprétations changent, on veut être... absolument dans les clous pour essayer de mieux performer. C'est normal, j'ai été à ce moment-là. Mais à un moment, il faut se poser la question. Quel est notre rôle à une semaine de la compétition ? Moi, j'ai envie de répondre que c'est de rassurer et pas tout bouleverser, en sachant que une gym ne peut pas maîtriser ce qu'elle n'a pas stabilisé. Et pour stabiliser un seul élément, il faut le répéter au moins une vingtaine de fois à l'identique. Vingt fois ! En gros, le timing n'est pas bon. Alors, comment tu veux qu'elle intègre des modifications de dernière minute ? Alors, une modification, deux. Mais là, c'est carrément plein de modifications. Du coup, des automatismes qui ne sont pas là. D'ailleurs, je me souviens cet été, au camp des entraîneurs, Carole Moïse a dit une phrase aux entraîneurs qui étaient présents. Elle a dit « Les entraîneurs sont enfermés dans le code de pointage. Alors qu'en réalité, c'est le code qui devrait s'adapter à la G. » En gros, cette phrase, pour moi, je la trouve puissante parce que... On oublie souvent le bon sens. Utilisons les qualités de la gym pour composer et orientons-nous ensuite vers le code, et pas l'inverse. Le début de saison, ce n'est pas un moment pour viser la perfection. C'est un moment pour poser des bases solides et pour construire la confiance. Maintenant, on arrive au cas numéro 3. Pareil, une gymnaste que j'accompagne en accompagnement mental. La compétition arrive et on parle d'objectif. C'est quoi ton objectif pour la compétition ? Et là, elle me dit Merci. Je veux faire un sans-chute, un sans-faute. Ok ? Moi, je ne connais pas, je n'ai pas vu sa composition, j'en sais rien. Mais j'ai été entraîneur et je sais que fin septembre, début octobre, le sans-chute, on n'y est pas encore. Donc là, je lui pose la question. Est-ce que pendant l'entraînement, tu as déjà réussi à faire un passage sans erreur ? Un sans-faute, un sans-chute ? Elle me répond, non, jamais. Ok, donc là, tu vises quelque chose que tu n'as pas encore produit. Là, à sa tête, je vois que finalement, j'ai réveillé en elle quelque chose de frustrant parce qu'elle se dit « mince, mon objectif, il n'est pas possible » . Alors, je reprends les bases et je laisse son objectif. Je ne lui dis pas « c'est bien, ce n'est pas bien » . Je lui dis « ok, on va repartir ensemble, on va compter le nombre d'éléments que tu as » . Donc, on arrive à un total, je crois, de 19 éléments dans son enchaînement. Et je lui pose la question « ok, en général, en moyenne, parce que je leur avais donné un tableau pour qu'elles suivent justement leur progression. Ok, c'est quoi la moyenne générale sur les deux dernières semaines du nombre d'éléments validés ? Et elle me dit une moyenne de 12 éléments sur 19. Ok, donc en fait, elle n'a jamais réussi à valider 19 éléments sur 19. On était entre 10 jusqu'à 16, 17, mais voilà, la moyenne générale, c'était 12 sur 19. À partir de là, on définit un nouvel objectif atteignable pour dans une semaine. valider ce que tu maîtrises déjà. Après, je lui pose la question, ton entraîneur aux entraînements, qu'est-ce qu'elle te demande ? Sur quoi elle appuie ? Voilà, qu'est-ce qu'elle te demande ? Et elle me dit, mon entraîneur appuie beaucoup sur l'artistique, sur l'expression. Ok, donc du coup, l'objectif de ton entraîneur, je pense que c'est l'artistique et l'expression. Donc là, tu as deux objectifs atteignables, c'est-à-dire que tu vas valider ce que tu sais déjà faire et en plus de ça, répondre aux attentes de ton entraîneur qui est Merci. de montrer ton enchaînement, de montrer l'idée de directrice, de montrer l'idée artistique, de vraiment donner une émotion au juge et au public. Donc là, tu vois, elle voit la différence. Là, je vois qu'elle reprend sourire, elle respire, elle retrouve vraiment de la clarté et surtout, elle retrouve de la motivation parce qu'elle se dit que, en fait, elle sait qu'elle peut réussir et elle comprend tout à fait que le reste viendra petit à petit. Et je lui ai surtout dit, qui en fait acceptent de ne pas être parfaites pour l'instant. Nous ne sommes qu'en début de saison. Parce que c'est ça le vrai enjeu, apprendre à échouer correctement. Les sportifs échouent bien plus que n'importe qui. Ils ratent encore et encore. Et pourtant, ce sont eux qui réussissent le plus. D'ailleurs, notre grand basketteur Michael Jordan, en 2006 je crois, il avait fait un spot publicitaire et il avait dit « J'ai perdu plus de 300 matchs. » J'ai échoué encore et encore dans ma vie, et c'est pour ça que je réussis aujourd'hui. Et c'est là qu'on oublie un peu quelque chose de fondamental. L'être humain est conçu pour s'adapter. Quand on échoue, notre cerveau cherche naturellement une solution. Chaque raté pousse à nous ajuster, à réfléchir différemment et à grandir. Mais dans notre sport, on cherche trop souvent à réduire le taux d'échec, certainement lié à une planification très réduite, mais que notre sport aussi, on ne peut pas le faire pendant 50 ans. Donc en gros, on cherche trop souvent à réduire le taux d'échec au lieu d'apprendre à le traverser. On confond sécurité et contrôle. On pense qu'en évitant les erreurs, on protège les gymnastes. Mais en réalité, on les empêche d'apprendre et à se relever. Dans une étude scientifique de Manu Kapur, il a démontré qu'il était possible d'apprendre à échouer, mais de manière productive. En gros, l'idée, c'est de permettre aux athlètes d'explorer, de se tromper, de comprendre pourquoi ça a marché et que ça n'a pas marché. De tester, d'observer et d'ajuster. Ce n'est pas l'échec pour l'échec, c'est l'échec comme un outil de construction. En gros, pour réussir à marcher, il faut trébucher. Ça, on le sait, mais on n'accepte pas encore d'échouer. C'est accepter qu'il y a un écart entre ce que je sais aujourd'hui et ce que je dois montrer dans quelques mois. Quand j'échoue, en gros, j'élargis mon champ de compétences et à ce moment-là, je développe quelque chose de plus grand que la technique. La curiosité, la stratégie et la résilience. Et c'est là que le rôle de l'entraîneur devient essentiel. Tu n'es pas là pour donner la bonne réponse, tu es là pour aider à assembler pièce par pièce. Comme par exemple, je vais te prendre la métaphore du Lego, j'adore utiliser ça. En gros, quand tu arrives dans le magasin, tu vois une super boîte de Lego avec un super château de princesse, c'est celui-là, c'est celui-ci que je veux. Ok, tu rentres à la maison, tu ouvres la boîte et tu te rends compte que le château de Lego, tu sais toi qui dois le construire. C'est la même chose en GR. Apprendre un nouvel élément, c'est l'élément que tu as vu sur le code de pointage. Un petit dessin super bien fait, il n'y a zéro faute technique, c'est parfait. Ou quelque chose que tu as vu sur une gymnaste internationale. Ah, c'est génial, c'est bien fait. Mais avant de voir cet élément, avant de construire ton château de princesse, il y a des étapes. Apprendre un nouvel élément, c'est comme construire ce château en Lego. En fait, quand tu ouvres la boîte, tu réalises qu'il y a plein de pièces, tu testes. Tu cherches la bonne forme, tu trompes, tu recommences. Et c'est justement en te trompant que tu finis par comprendre comment ça marche. Si on te donne la notice tout de suite, oui, la gym va reproduire. Mais elle va moins comprendre, elle sera moins actrice. Enfin, elle ne sera pas du tout actrice d'ailleurs. Elle sera moins créative, moins autonome et moins adaptable. Et c'est exactement ce qu'on observe chaque année. Des gyms qui recommencent à zéro parce qu'elles n'ont pas compris comment apprendre. Une gymnaste l'année dernière a l'app. performé et en fait, tu la récupères l'année d'après, tu as l'impression de repartir à zéro. Parce qu'en fait, tu lui as tout mâché le travail et tu ne lui as pas appris à attiser sa créativité et son autonomie. Donc, ça veut dire que tout ce qu'elle a appris l'année dernière, c'était presque là à reprendre les bases, tendre les bras, serrer tes pieds, etc. Alors oui, il faut programmer l'échec, mais dans un climat sécurisé, à faible enjeu. Par exemple, le département, la compétition départementale, C'est le moment parfait pour ça. On n'y va pas pour gagner, on y va pour tester. Parce qu'il n'y a pas d'enjeu, il n'y a pas de qualification. Quand je parle d'enjeu, je veux dire qu'il n'y a pas de qualification dans beaucoup de cas. On y va pour échouer utilement. Alors si le mot échouer ne te plaît pas, choisissons un autre. Mais en gros, pour faire de l'échec une étape naturelle du processus. C'est ce qu'on appelle en gros combattre l'échec par l'échec. Parce qu'en apprenant à tomber, on apprend à se relever. Quand la gym comprend que l'erreur n'est pas une fin en soi. mais juste une information. Elle cesse de se juger. Et là, la confiance et la motivation peuvent renaître. Parce que, ok, l'échec, avant d'être une leçon, tout d'abord, je suis d'accord, c'est une blessure physique, une blessure psychique, une blessure émotionnelle. C'est, en vrai, un retour brutal à la réalité. Ok, je me suis plantée. Et franchement, ça fait mal. Mais ce n'est pas toujours le résultat. C'est plutôt le regard qu'on pose dessus. En vrai, on... Quand on échoue, on se juge, on se compare, on se demande ce que les autres vont penser. Mais en vrai, en fond, l'échec, c'est juste une négociation avec soi-même. C'est de se demander, est-ce que ce que j'ai vécu est vraiment un échec ou juste une étape de progression ? Parce que parfois, ce qu'on prend comme un échec, c'est juste une expérience qui nous repositionne, qui nous réveille, qui nous pousse à aller plus loin. Alors souviens-toi, l'échec n'est pas l'opposé de la réussite. souvent J'ai ça, les gymnastes et entraîneurs me disent, je ne veux pas échouer et je veux réussir. En fait, l'échec n'est vraiment pas l'opposé de la réussite. C'est la condition pour y arriver. Il n'y a pas d'apprentissage sans essai. Il n'y a pas de maîtrise sans erreur. Il n'y a pas de confiance sans fragilité. La question, ce n'est pas vais-je échouer ? C'est comment je vais réagir quand ça va arriver ? Si tu apprends à échouer correctement, tu n'échoueras jamais à apprendre. Si tu es une gymnaste et que tu souhaites être accompagnée sur ta saison en individuel ou en équipe, et si pour toi l'échec est inconcevable, si tu sens que tu donnes tout, mais que le stress, la peur de rater ou le regard des autres t'empêchent d'être toi-même le jour J, Alors rejoins-moi, je serais ravie de t'aider à rééquilibrer tes perceptions, à transformer ta vision de l'échec et à reconnecter avec ton plaisir de performer. Et toi entraîneur, si cet épisode t'a mis un peu mal à l'aise et tu t'es senti bousculé par cette notion d'échouer, c'est peut-être justement le signe qu'il est temps de travailler sur toi, sur ce que tu ressens toi quand tes gyms échouent. Je serais vraiment ravie de t'accueillir dans ma formation pour t'aider à transformer ton coaching, ta posture et tes gymnastes. grâce à la préparation mentale. D'ailleurs, si tu es entraîneur et que tu as envie d'un accompagnement pour toi, ma prochaine formation ouvre ses inscriptions le 20 octobre 2025 pour démarrer la session en janvier 2026. Une formation sur trois mois pour transformer ta manière d'entraîner, développer tes compétences en préparation mentale et retrouver du sens dans ton rôle. Toutes mes formations que je propose sont finançables par ton opco. Et si tu veux recevoir toutes les infos en avant-première, mes prochains événements, des conseils concrets, des outils pour t'aider dans ton rôle d'entraîneur, Tu peux t'inscrire juste en dessous à ma newsletter, tu y recevras chaque mois mes actus, mes astuces et nos prochains rendez-vous. A très vite au bord des praticables ! Merci d'avoir été là avec moi au bord des praticables. Si cet épisode t'a touché ou fait réfléchir, pense à t'abonner et à laisser un 5 étoiles sur ta plateforme préférée. C'est tout simple, mais ça m'aide énormément à faire grandir ce podcast. Et si tu connais un parent, un coach ou un athlète, à qui ça pourrait faire du bien d'écouter cet épisode, alors partage-lui. On ne sait jamais quelles graines ça peut planter. Allez, à très vite, au bord des praticables !