- Speaker #0
L'intention de démontrer qu'on peut vivre une sobriété heureuse, une frugalité heureuse, avec des habitats qui ressemblent à des habitats et avec un confort dit moderne, c'est quand même un objectif. Vous écoutez,
- Speaker #1
au cœur des tiers-lieux, les éclaireurs de la transformation écologique. Un podcast de l'Agence nationale de la cohésion des territoires. Partons en immersion dans des tiers-lieux implantés en ruralité. Manufacture de proximité, fabrique de territoire, tiers-lieux ressources, circuits courts. tiers-lieux nourriciers ou culturels, et voyons comment ces lieux agissent pour la transformation écologique, sociale et solidaire du territoire.
- Speaker #2
Salut, je suis Richard, et dans cet épisode d'Au cœur des tiers-lieux, je vous emmène à Céleste, en Charente. Nous allons visiter l'oasis du Coq-à-Lame, à la fois éco-village et tiers-lieux, accessible depuis la gare de Luxé, à 15 minutes en train d'Angoulême ou à 50 minutes de Poitiers.
- Speaker #3
J'ai rendez-vous avec Daniel,
- Speaker #2
une des fondatrices et habitantes de ce lieu.
- Speaker #0
Tu es déjà arrivé depuis un moment ? Je suis venu par là. D'accord, à l'instant là ?
- Speaker #4
Oui, à l'instant j'arrive.
- Speaker #2
En plus tu te voyais.
- Speaker #0
Oui. Moi je suis là jusqu'à demain vers 16h,
- Speaker #1
j'ai du temps.
- Speaker #0
Oui, comme nous, moi sans doute. En tout cas merci pour l'accueil.
- Speaker #2
Oui, c'est chargé là ?
- Speaker #0
Tout le temps. Tout le temps ? On est tous à droite, à gauche sur le domaine. Pour le coup, tu as traversé le domaine, ça te donne une idée de différents espaces peut-être. On va aller voir l'autre bout, quand on vient de la gare de Luxé. En effet, ça fait traverser la Diabonale. Je suis Danielle, je suis l'instigatrice de ce projet, dans le sens où j'ai posé un jour l'intention sur la table, et des personnes se sont réunies autour. Je suis comme les autres personnes qui se sont reconnues dans cette intention, en disant « mais oui, c'est ça que je voulais faire » , et on devient à ce moment-là co-fondateur. Ce projet est né dans le giron du mouvement Colibri. En 2012, j'étais une des personnes assez actives à Bordeaux à la création d'un cercle cœur, comme on l'appelle, c'est-à-dire un petit groupe actif sur un territoire qui va lancer des activités. Et à ce titre, on a travaillé sur les grands axes de transformation de notre société au sein des colibris, qui sont la transition alimentaire et agricole, agroécologique. La transition sur l'éducation, sur l'énergie, sur l'économie, sur la démocratie. Et quand on a eu travaillé tous ces axes, eh bien, vient derrière l'idée, mais comment on met tout ça en pratique ? C'est bien d'y réfléchir, de faire chacun sa petite action dans son coin en rentrant le soir chez soi, mais ce n'est pas ça qui va peut-être être suffisant. Je ne savais pas ce qu'étaient les oasis, ni ce que ça voulait dire, mais c'était l'évidence d'expérimenter sur un territoire donné. avec un groupe de personnes suffisamment significatif pour que ça ait un impact et que ça soit représentatif de quelque chose, donc la taille d'un hameau, je ne pouvais pas imaginer à mon échelle quelque chose de plus grand, mais déjà un hameau de 20 familles, ça me paraissait significatif. Comment on va pouvoir s'organiser dans ce hameau pour expérimenter le mode de société qui nous permettrait de révéler ce qu'est la transition écologique, sociale, économique, à partir de soi. de voir quel est mon impact sur moi déjà, quel est mon impact sur l'autre et quel est mon impact sur le monde. Comment on va s'organiser et prendre soin les uns des autres pour arriver à quelque chose qui nous ressemble et qui nous rassemble. On a mis six ans à travailler ces intentions, à apprendre à travailler ensemble, à apprendre par rapport aux lois, qu'est-ce qu'on pourrait faire, comment on pourrait s'organiser, qu'est-ce qui est légal, mais qu'est-ce qui nous permet de quand même rester fidèles à nos intentions. Et comment on va travailler entre vraiment la fidélité à ces choix que nous faisons et le cadre légal qui va nous permettre de le mettre en œuvre et qui va permettre que ça soit duplicable parce que c'est dans un cadre que tout le monde peut s'approprier. Et donc pour pouvoir s'installer, nous avons rencontré beaucoup de lieux, visité beaucoup de terrains. Ce lieu est le 33e terrain que nous avons visité. dès le premier terrain. L'agent immobilier nous a proposé de rencontrer le président du département d'Ageronde. C'est là qu'on a pris la mesure qu'il allait être nécessaire de mieux connaître les cadres juridiques, les cadres légaux sur les territoires sur lesquels on allait s'implanter et de savoir avoir des négociations avec à la fois les élus, à la fois les instances et à la fois les voisins.
- Speaker #5
Franck, habitant depuis 4 ans. On est rentré dans le projet en été 2019 avant qu'on ait le lieu. On a tous eu un coup de cœur sur le domaine qui est réparti en deux grosses parcelles puisque l'ensemble fait une cinquantaine d'hectares. Nous on a la moitié sur le haut du domaine qui commence ici avec le château d'eau et la grange. Donc il y a un premier gros bloc de bâtiment avec derrière le corps de ferme et d'autres bâtiments. Après un petit peu plus bas, on a un deuxième bloc de bâtiments avec ce qu'on appelle la maison noble qui est une très très grande longère et les bâtiments du régisseur et du comptable en face. Et après un petit peu plus bas, on a les fours à chaud avec des gîtes et une salle un peu grande, ce qui fait grosso modo, si je ne dis pas de bêtises, entre 7 et 8 000 m² de bâtiments sur le domaine. On a acheté le domaine à la mairie. Du coup, la mairie était propriétaire depuis les années 2000 à peu près. Alors moi, à la base, je suis parisien. Si je suis rentré dans le projet, c'est grâce à cause de ma femme, Vini. Quand on a quitté l'île de France, on est parti pour se rapprocher pour aller sur Bordeaux. Et à ce moment-là, elle a commencé à chercher des logements alternatifs. Donc on est arrivé au tout début, un peu comme tout le monde, automne 2021. La Ski, qui est officiellement propriétaire, puisque en tant qu'individu, nous ne sommes pas propriétaires. C'est la structure, la SCIC, qui est propriétaire et nous en sommes sociétaires. On bénéficie du coup d'un hébergement à titre gratuit. C'est comme ça qu'on est régi, on n'est ni propriétaire ni locataire, on est hébergé aujourd'hui à titre gratuit. C'est le bon statut. Et moi je travaille à l'extérieur, aujourd'hui je suis responsable d'équipe dans une mutuelle. Et au sein de l'Oasis, je suis premier lien du cercle formation et transmission. C'est moi qui essaye de porter et de dynamiser toute la partie formation et animation. On a eu la chance en arrivant ici qu'Arthur et Julien, avec la ferme d'Yvonne, la ferme pédagogique, soient une source d'activité déjà bien implantée. Donc on a pas mal d'ateliers avec différents types de structures, des écoles, des crèches, des établissements spécialisés, des maisons de retraite. Donc on reçoit ou on se déplace avec les animaux là-bas et on est en train de développer des activités en relation avec la gouvernance partagée par exemple. L'objectif est qu'on arrive à développer suffisamment d'activités pour nous faire vivre et qu'on n'ait plus besoin d'aller travailler à l'extérieur. C'est le projet, on verra combien de temps ça va mettre.
- Speaker #4
Donc là, on peut l'appeler de différentes façons, maison du maraîcher, qui sera des espaces communs, habitations, mais aussi partage de lieux. Voilà, donc la maison noble à gauche, comme une grande longère. Tout en long, là, c'est en train de se restaurer. Ici, c'est une cave auquel on stocke du bois, mais aussi on y cultive les endives. Voilà. Et là, c'est l'entrée de la maison noble. On va passer par la cuisine.
- Speaker #2
Il y a des cuisines partagées.
- Speaker #4
Oui, voilà, il y a une petite cuisine partagée. Ici, c'est le miel. On a des ruches. Très joli, très ancien, cette cuisine. Bonjour.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #4
Voilà. Ah ouais, pas de chouette. Ouais, c'est joli. On va à l'autre espace. Là, c'est la salle de massage pour Marlène. C'est son espace parce qu'elle fait des massages ici et puis à l'extérieur. Là, il y a deux logements.
- Speaker #0
Enfin,
- Speaker #4
un logement, deux logements, trois logements. Ça, c'est le grenier. Puis là, tu es sur la passerelle, c'est-à-dire on est dans les hauteurs. On est rentré par deux flots, là. Monté, on arrive sur la passerelle où là, il y a la poussinière. Les poussins, les canards, tout le monde a sa petite poussinière. Moi je m'appelle Christine, je suis habitante officielle depuis novembre, c'est récent. Je connaissais déjà Daniel, je l'ai connu en 2016, elle faisait un forum des oasis à Bordeaux, là où j'habitais. J'ai beaucoup aimé, je me suis dit à un moment donné j'aimerais vraiment rejoindre une oasis. Je me suis dit allez, je commence à faire un petit tour des oasis tranquillement pour proposer du bénévolat et puis comme ça pour faire de façon à faire plus connaissance sur le sujet du jardinage, du compostage. Et donc j'ai... commencé un petit peu en Dordogne. Et puis, je suis venue ici avec mes endives parce qu'on plantait des endives dans un bloco sur Bordeaux. Et puis, j'ai proposé d'être bénévole. Ils ont dit OK tout de suite. Et puis, je suis venue à partir du printemps. Le contact avec les habitants, l'environnement, tout était là. J'ai commencé à faire une intégration. Donc,
- Speaker #0
je suis venue par période de deux mois.
- Speaker #4
Et j'ai fait ça pendant un an et demi. J'ai fait la formation gouvernance partagée. Je comprenais mieux le système, comment ça fonctionnait. Je trouvais ça super. J'ai mon petit logement auquel je me sens bien. Et ici, ce que je faisais déjà, j'étais animatrice environnement sur Bordeaux. Je continue à le faire ici. Et à côté de ça, je suis facilitatrice du cercle com. Et autrement, ce que j'aime faire, c'est m'être au jardin. Donc je viens au jardin quand je peux et dès que je peux. Et on invite vraiment les... les oasiens à venir nous aider, quand il y a des personnes qui sont en intégration, ou plutôt en visite ici, en découverte. Ils sont les bienvenus au jardin. Des petites salades, il y a de la menthe, et donc on va les récupérer pour faire des boissons.
- Speaker #0
Nous sommes arrivés devant la communauté de communes locale ici, pour leur présenter notre projet, parce que s'ils ne nous soutenaient pas, on ne se serait pas installés, et on leur dit, nous, notre projet, c'est de construire 20 habitats résilients. Des habitats résilients, ce sont des habitats non connectés au réseau, sans châpe-béton, donc sur plomb ou hors-sol. et en matériaux durables et compostables comme du bois, de la paille et des choses comme ça. Mais des vraies maisons, pas des habitats légers. Et pour avoir ces autorisations, c'était des grosses négociations au niveau de l'urbanisme puisque ce n'est pas possible de construire des maisons comme ça sur des zones classées agricoles. Sauf que sur ce lieu ici, ils voulaient trouver quelqu'un qui allait prendre en charge ce patrimoine. Sur ce domaine, on a trois hectares qui sont... constructible uniquement en bâtiments réversibles. Et là pour nous, c'est un petit peu un Graal. On s'est battu pendant les six années précédentes pour avoir cette autorisation-là, d'avoir des bâtiments, des autorisations de construire, mais qu'il soit bien noté que ce soit des habitats réversibles sur les autorisations. On ne voulait surtout pas que devienne constructible un terrain et si on part, n'importe quel autre successeur pourrait construire n'importe quoi parce qu'à partir du moment où c'est constructible, L'artificialisation est inclue dans le fait d'être constructible. Donc on voulait absolument avoir une autorisation pour des maisons résilientes. C'est un peu une première, c'est une jurisprudence en termes d'urbanisme. Et ça nous permettra de pouvoir démontrer jusqu'à quel point on peut construire sans impact ou avec un impact très minime. Bien sûr sans gros engins parce que les gros engins tout seuls démolissent tout. Donc c'est un petit peu un pari et nous sommes suivis en ça par l'urbanisme de la communauté de communes qui est attentif aux résultats dans le sens où il pourrait ensuite préconiser aux promoteurs dans les villages de construire plutôt de cette manière-là que d'artificialiser avec les goudrons et les connexions réseau diverses.
- Speaker #2
L'Oasis du Coq à l'âme est ouverte à de nouveaux habitants allant rencontrer ses possibles futurs habitants.
- Speaker #4
Je m'appelle Isabelle, je suis venue à l'Oasis du Coq à l'âme avec mon amie pour voir un petit peu de plus près cet endroit qui nous intéresse et qui nous plaît bien. On est venus déjà en novembre pour un week-end d'immersion. Ça pourrait être un projet de vie et du coup là on est là pour une semaine pour se mouiller un petit peu, se lâcher au jardin en train de ramasser des mauvaises herbes, voir si ça peut nous plaire comme mode de vie.
- Speaker #2
Je m'appelle Claude, le projet ici c'est d'être autonome, notamment en nourriture. Le jardin actuellement n'est pas suffisant parce que toute l'énergie n'est pas mise sur le jardin, il y a plein de choses diverses à faire avancer. Du coup, ils sont polarisés sur un jardin restreint, mais l'idée c'est qu'il grossisse et que ça soit l'autosuffisance au niveau alimentaire. Par rapport au fait de vivre ensemble, Effectivement, c'est une des questions qui fait qu'on est en immersion aujourd'hui. C'est que le projet est vaste et divers, et avec des gens aussi divers. Et la manière de vivre ensemble et de faire société en petit, actuellement, avec un mode de vie d'échange, de questionnement, de partage des responsabilités, tout ça, la gestion complète, m'intéresse fortement. L'idée, c'est principalement du lieu, c'est d'expérimenter tout ça au niveau humain, le fait de vivre ensemble avec toutes les interactions qu'il peut y avoir, et en utilisant beaucoup d'outils de co-gestion, de co-responsabilité. C'est effectivement un point qui est assez crucial pour se dire est-ce qu'on est capable d'intégrer un lieu comme ça ? Il y a un côté très attirant et il y a un côté aussi qui fait un peu peur, à savoir est-ce qu'on va être capable de vivre en permanence avec des gens autour de nous ?
- Speaker #4
Pour moi, c'est le point le plus important à déterminer. C'est vraiment ce sur quoi je me penche. Je suis en observation toute la journée, de voir un peu comment on peut interagir avec les gens, si ça se passe bien, comment ça peut évoluer, soit en bien, soit en mal. Parce qu'après, c'est vrai que si on s'engage, on n'y est pas encore. On est en observation. Mais si on venait à s'engager à vivre là, ce n'est pas un projet sur quelques semaines. C'est un engagement de vie. Plus ou moins long, mais en tout cas, l'idée c'est de les rester un certain temps et donc d'arriver à être bien avec tout le monde. Dans les deux sens. C'est-à-dire que nous, on y soit heureux aussi avec les gens avec qui on vit et qu'on apporte notre personne par rapport à la vie, à l'organisation ici. Donc c'est vraiment difficile de se projeter, de voir comment on peut apporter quelque chose et comment le groupe peut nous apporter aussi pour qu'on y soit bien. Au-delà de la vie en collectivité qui est super intéressante, il y a aussi le fait que cette oasis prend garde à la nature. On fait un jardin, mais on fait attention, on fait en mode un peu permaculture. L'idée c'est de ne pas détruire la nature en produisant, de ne pas l'essouffler, de faire vraiment attention. Pas de pollution, il y a une toilette sèche évidemment. Tout tourne autour d'un respect de notre environnement et ça c'est chouette aussi. Moi ça me plaît bien.
- Speaker #2
Globalement c'est l'idée du projet qui me tient à cœur, c'est que c'est très global. Actuellement, on va dans un mur au niveau épuisement des ressources. Et là, c'est vraiment expérimenter une autre manière de vivre ensemble, mais de vivre ensemble avec la nature, de ne pas prendre plus qu'on a besoin. Et puis, pas d'être dans le système de consommation à outrance. Là, c'est respecter la nature et faire avec, cohabiter avec elle, faire partie de la nature.
- Speaker #3
En parlant d'alimentation, les repas ici, c'est en commun. Voyons comment ça fonctionne.
- Speaker #1
Je m'appelle Margot, je suis en service civique à l'Oasis du Coq à l'Âme depuis 8 mois maintenant. Ici on n'a pas de stock fixe, je veux dire qu'on ne prévoit pas à l'avance ce qu'on va cuisiner dans la semaine. Il y a des personnes qui s'occupent de faire des commandes de légumes, d'aliments variés, et ça varie de semaine en semaine selon les envies du moment. Mais on ne définit pas tout à l'avance nécessairement. Et donc quand on arrive en cuisine le midi ou le soir, on peut décider... au moment T de ce qu'on veut préparer. Donc si on est dans la folie des tartes, on va se mettre à faire de la pâte à tarte et c'est ok. On cuisine en fonction des produits qui sont à notre disposition. Donc il faut quand même prendre en compte qu'il y a toujours des produits qui vont périmer avant d'autres, donc on fait en fonction de ça. Mais globalement, c'est comme dans une cuisine habituelle. On cuisine selon nos envies. Sauf que c'est pour 25-30 personnes et donc on est en général 3 en équipe. On commence à cuisiner 2 heures avant de servir. Normalement, mais ça a tendance à être assez souple, il y a un cuistot et deux marmitons. On sert le midi, on sert à peu près 13 heures et le soir à 20 heures. Et donc on a un grand comptoir au milieu de la salle à manger. Et tous les plats, toutes les entrées sont mis sur ce comptoir-là et chacun se sert, chacun se fait son assiette. C'est un peu comme au self, mais chacun se fait son assiette et on mange tous ensemble la plupart du temps. Mais c'est aussi ok de se faire une assiette et de rentrer manger chez soi pour être tranquille, il n'y a pas de souci avec ça. Moi je viens du milieu rural, à la base j'ai vécu dans un village de 1000 habitants en Lorraine. J'ai fait une partie de mes études à Paris, donc j'ai quand même... Des visions un peu variées, j'ai vécu plein de trucs déjà. Et en fait, moi je me plais très bien ici justement parce que c'est un collectif et qu'on n'est jamais seul en fait. C'est une manière de créer des liens avec des personnes de plein d'horizons différents, de plein d'âges différents, et comme tout le monde t'entend assez bien, c'est hyper agréable de vivre ici, ça fait comme une grande coloc. Mais une coloc qui fonctionne bien.
- Speaker #0
Je m'appelle Camille, ça va faire deux ans que je suis ici. Je suis arrivée de base en service civique et je suis restée parce que j'ai eu un coup de cœur pour le lieu. J'ai une bonne partie de mon activité à la ferme et de temps en temps au jardin. Et moi j'ai gardé mon activité professionnelle en dehors. Donc je travaille en visio uniquement dans le lieu mais en dehors. Je donne des cours de création de sites web et de projets, donc tournés vers de l'ESS dans des écoles de commerce. C'était l'activité que j'avais avant de venir ici en service civique et que j'ai pu garder en visio, ce qui me permet d'avoir un revenu tout en étant sur le lieu bénévole. Moi je suis née en milieu rural, je suis originaire d'Aveyron, donc milieu plutôt rural de base. Et j'ai quitté l'Aveyron pour mes études, pour partir, j'ai fait Toulouse, Lyon, Paris. Donc les grandes villes, j'ai connu pendant 6 ans, 7 ans je crois quasiment. Et justement j'avais l'envie de partir de grandes villes pour retrouver une vie plus rurale. Les trucs qui m'ont attirée moi ici, c'est la question d'intergénérationnel. et se rapprocher des animaux et de la nature, donc je le vis plutôt très très bien. Et maintenant, quand je travaille de temps en temps en présentiel sur Paris et sur Lyon, c'est là où c'est plus rude de retrouver le métro, la vie et tout, même quand je vois mes copains qui sont restés là-bas. J'ai pas trop de doutes sur mon choix. Et on a la chance, mine de reine, dans cet écolieu, d'être quand même quelques jeunes, donc avec cette ambiance-là et cette énergie-là, qui écoutent.
- Speaker #1
Je m'appelle Manoli, j'ai 23 ans, je suis arrivée à l'Oasis du Coq à l'âme il y a un an et demi, en service civique à la base, et puis j'ai demandé à être habitante ensuite, et j'ai pris la coordination du projet des Facs des Choisis, un tiers-lieu artisanal au four à chaud du domaine. Alors nous on est parti du constat qu'on vivait dans un monde de ressources finies, qu'il fallait qu'on change nos moyens de production et de consommation. Et on est plusieurs à venir du monde du design là dans l'Oasis. Et donc il y avait un projet de ressourcerie, un projet de menuiserie. Et au final quand je suis arrivée, on a un peu plus bossé l'idée d'ateliers partagés, de lieux ouverts. avec en plus un projet de matériothèque, de la récupération de matériaux de réemploi. L'idée c'est que ça marche un peu comme une sorte d'écosystème, avec la matériothèque qui prospecte et récupère du stock de bois et métal. L'atelier partagé qui lui va transformer la matière et la ressourcerie qui la revend. L'idée c'est que ce soit un lieu ouvert aux professionnels comme aux particuliers pour monter en compétence sur les savoir-faire artisanaux. Là on a accueilli des stages de sculpture sur bois et de forge. Et là pour l'été on aura bois, forge, textile, taille de pierre, des stages autour de récup' créative, donc comment on détourne des déchets pour en faire des instruments de musique ou autre. Et la ressourcerie, on va attaquer les travaux dans l'année et on espère une ouverture fin de l'année ou printemps de l'année prochaine.
- Speaker #3
Moi c'est Arnaud, je suis au Coq-à-Lame depuis un an et demi maintenant, avant j'habitais à Bordeaux. Et ce que je m'occupe plus particulièrement des questions de relations au territoire, donc je suis au bureau du centre social de la ville d'à côté, et des questions d'électrification de vélos musculaires. En fait je suis venu dans les écolieux parce que... Déjà, je travaillais sur ces questions de développement territorial avant, mais je sentais que je n'étais plus en phase à vivre dans une grande métropole par rapport à ce que je comprenais du changement climatique. Et donc, je voulais intégrer un collectif plutôt en milieu rural dans une idée de pas de recherche d'autonomie autarcie, parce que ça peut souvent tourner vers ça. mais de résilience territoriale. C'est un peu un mot fourre-tout, mais l'idée de plutôt réfléchir les questions de transition écologique à l'échelle d'un territoire plutôt que dans un petit coin et tout seul. C'est plus facile, à mon sens, d'actionner des leviers dans un territoire rural que dans une grosse métropole où... C'est un paquebot tellement énorme, il y a tellement d'acteurs que c'est difficile d'avoir un impact. Et là, ça fait un an et demi que je suis là, et on connaît assez rapidement les gens qui sont en position de décision, de pouvoir faire bouger des lignes. Donc on sait sur qui agir, comment agir, c'est intéressant. Par exemple, le truc dans lequel on est à fond en ce moment, c'est la question du fleuve Charente. En fait, le bassin versant de la Charente est en très mauvaise condition, très mauvaise posture. Et en fait, si on n'agit pas dans les 5 à 10 ans à venir, d'ici 2050, il faudra détourner de l'eau depuis la Dordogne ou depuis la Vienne. Avec le centre social, on avait déjà commencé à réfléchir sur les questions de barrages castors. Et donc là, on a mobilisé assez facilement pas mal d'acteurs locaux, collèges, centres sociaux, écoles primaires, il y a la communauté de communes. le syndicat des eaux, etc. pour organiser un événement qui soit à la fois festif mais aussi vraiment informatif pour sensibiliser et échanger sur ces enjeux très prégnants et urgents du bassin versant. On a fait une première expérimentation de barrage castor sur le domaine parce qu'on a un cours d'eau qui passe en bas. L'idée c'est de refaire une zone humide dans le bas du domaine qui est aujourd'hui zone inondable. Et il est prévu à la rentrée de faire des barrages castors sur la commune d'à côté avec le collège, le centre social et le syndicat des eaux. Et donc les barrages castors, ce qu'ils permettent, c'est de multiplier ces retenues d'eau et de recréer plein d'éponges tout le long du bassin versant.
- Speaker #6
C'est un lieu d'expérimentation, la transition écologique et sociale, et qu'on essaye de faire différemment pour l'avenir de la planète et tout ça. Par exemple, parce qu'il y en a qui ont déjà voyagé à travers le monde, qui sont déjà voyagés un peu, ouais. Dans beaucoup de pays du monde, quand on se promène, on ne peut pas boire l'eau qui est au robinet. C'est vrai pour ceux qui ont voyagé. On ne peut pas la boire parce qu'elle n'est pas potable. Potable, ça veut dire une qualité d'eau qui est suffisante pour qu'elle ne nous rende pas malade. Et nous, en France, on fait caca et pipi dans l'eau potable, dans l'eau qu'on pourrait boire. Alors que dans le monde, il y a des pays qui n'ont pas accès à l'eau et qui ne peuvent pas boire l'eau tellement qu'elle est sale. Alors ici, on a décidé d'arrêter de faire caca et pipi dans l'eau. Parce que derrière l'eau, elle est très très dure à laver, à traiter, pour la récupérer, pour qu'elle redevienne potable. Et bien elle est très très dure à laver. Et deuxième chose, les cacas et les pipis, c'est de l'engrais. C'est de la nourriture pour les plantes, pour les insectes, pour plein de choses et pour l'environnement. Et quand on le mélange à l'eau, les poissons n'aiment pas du tout ça. La faune aquatique, toutes les petites bêtes qui vivent dans l'eau, elles n'aiment pas du tout les pipis et les cacas. Et donc, ici, on a des toilettes sèches. Il n'y a pas d'eau. La chasse d'eau, qui n'est pas une chasse d'eau du coup, c'est de la sueur de bois, des copeaux de bois. Avec ça, ça va capter toutes les odeurs, ça va capter tous les jus et on va surtout rien voir. Au lieu de tirer la chasse d'eau, on vient recouvrir. Si vous ne le voyez plus, on ne sent plus et c'est très bien. Une fois que le seau est plein, on l'emmène derrière, on le fait composter, il y a plein d'insectes. Et toutes les plantes qui poussent ici, elles poussent grâce au caca et au pipi de tous les animaux de la ferme. Et nous aussi, on est des animaux, donc grâce à nous, les plantes poussent. D'accord ? Ok, ça va ? Il y a quand même un point d'eau pour se laver les mains, mais c'est l'eau du toit, donc il n'est pas potable. Et si vous regardez bien, l'eau part dans un bac où il y a de la vie et où les plantes lavent, elles récupèrent toutes nos petites salissures. En fait, c'est de la nourriture pour les plantes. Et donc, comme ça, on retraite l'eau et l'eau, elle retourne directement à la terre. Et comme ça, les jardins aussi, ils ont plein d'eau pour pousser. OK, ça vous va ? Ce qui va se passer aujourd'hui, c'est que nous allons faire des visites de la ferme. Il va y avoir... Une activité à la découverte des petites bêtes, une activité à la découverte des grands animaux. Et après, il y aura les ateliers autour de la biodiversité qui seront avec moi. Et il y aura deux ateliers en fonction de votre classe. Il y en a qui vont faire laine et d'autres qui vont faire lait. À la découverte du lait et des chèvres et l'autre à la découverte de la laine et des moutons.
- Speaker #0
Nous avons été soutenus pour recevoir une aide en termes de fonds friches. C'est-à-dire maintenant ça s'appelle les fonds verts, puisque le domaine sur lequel nous sommes, c'est à la fois considéré comme une friche rurale et à la fois comme une friche industrielle avec l'usine des fours à chaud. Ce qui fait qu'on a eu des aides pour sauver un petit peu ce patrimoine. Bon, largement insuffisante encore, mais c'est déjà ça. Et puis ça nous a amené à être identifiés comme écoquartier. Alors écoquartier citoyen. ce qui est assez rare puisqu'il y en a 5 en France des écoquartiers citoyens. Et chemin faisant, ça a intéressé la préfecture qui nous a direct proposé d'être labellisé fabrique de territoire. Donc nous sommes labellisé fabrique de territoire. Antérieurement, nous avions été sous licence Néoterra qui valide nos critères d'action. C'est un petit peu comme les objectifs durables, les 17 objectifs durables. Mais ce qui est important là, je crois, c'est que nous sommes un peu à un tournant sur cette région de Nord-Charente, dans le sens où cette région elle-même a perdu un peu son identité. Et on a constaté, en arrivant ici, que les Charentais avaient en général une mauvaise image d'eux-mêmes, assez dévaluée, et ne voyaient pas la valeur que pouvait avoir leur territoire, qui était malgré tout relativement bien préservé. en plus avec ce fleuve Charente qui le traverse et qui reste à dimension humaine. Ce n'est pas un fleuve qui coupe un territoire en deux, c'est au contraire un fleuve qui rassemble autour de lui. Et cette notion de l'identité du territoire, on la travaille en particulier avec l'Office du tourisme et à chaque fois qu'on peut dans les rencontres publiques. Et là, nous, notre rôle, c'est d'être un peu un espace phare quant à cette identité du territoire. avec nos actions sur l'écologie, la biodiversité. On a un domaine très riche au niveau de la biodiversité et très varié. C'est comme si ça pouvait donner à ce territoire un lieu attractif pour une population qui viendrait découvrir ce territoire, mais aussi qui trouverait suffisamment de charme et d'intérêt pour pouvoir s'y installer. Peut-être à terme contribuer par là à une mécanique de réinstallation des gens sur ce territoire, une mécanique d'attractivité et de repeuplement de cette ruralité un peu laissée à l'abandon.
- Speaker #2
C'est déjà la fin de cet épisode d'Au cœur des tiers-lieux.
- Speaker #3
A bientôt pour découvrir un autre lieu dans un autre territoire.
- Speaker #1
Au cœur des tiers-lieux, les éclaireurs de la transformation écologique.