Description
Un podcast de l'Agence nationale de la cohésion des territoires.
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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Description
Un podcast de l'Agence nationale de la cohésion des territoires.
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Transcription
Salut, je suis Richard et dans cet épisode d'Au cœur des tiers-lieux,
je vous emmène en Bretagne, plus précisément à Ipignac,
commune située à 4 km de Dôle. Nous allons visiter la Bigotière,
lieu de vie,
lieu d'accueil social, lieu d'activité accueillant la coopérative Le Rousseau,
engagée pour le mieux manger tout en protégeant la biodiversité et bien d'autres choses encore.
Allez,
c'est parti ! Vous écoutez, Au cœur des tiers-lieux, les éclaireurs de la transformation écologique. Un podcast de l'Agence nationale de la cohésion des territoires. Partons en immersion dans des tiers-lieux implantés en ruralité. Manufacture de proximité, fabrique de territoire, tiers-lieux ressources, circuits courts, tiers-lieux nourriciers ou culturels. Et voyons comment ces lieux agissent pour la transformation écologique, sociale et solidaire du territoire. Je suis Isabelle, je suis habitante de la Bigotière. Je fais partie des... cofondateur, puisqu'on l'a tous fondé ensemble entre copains. Moi, je ne travaille plus, et donc ici je suis présidente de la Cycle Ruisseau, et aussi je suis très engagée en fait dans les associations d'habitat participatif. En fait, on se connaît depuis très longtemps, pour certains, depuis leur adolescence, et même on a un frère et une sœur qui habitent là, donc eux ils se connaissent depuis vraiment très longtemps. Voilà, on est une bande de copains, on s'est connus en grande partie dans un groupe vocal auquel on appartenait. Et quand on était en vacances ensemble, quand on passait à côté d'une ferme, d'un moulin, d'un village, on se disait, oh là là, ça serait chouette si on habitait ensemble, on pourrait faire plein de trucs, on pourrait faire encore plus de choses ensemble. On était vraiment dans le faire ensemble et créer quelque chose, une espèce de micro-société, aussi pour sortir un peu du capitalisme ambiant, d'essayer de créer des choses, d'expérimenter des nouvelles choses. Et on s'est tous réunis, on était je pense une trentaine de copains, et puis voilà, il y a six couples, donc douze personnes qui ont levé le doigt et qui ont dit « allez, on y va » , et on s'est mis à chercher un lieu pour s'installer. On a mis assez longtemps à trouver ce lieu, parce qu'on avait quand même des exigences, pas trop loin de Rennes pour ceux qui habitent toujours, se rapprocher de la mer, sortir de Rennes métropole, et puis avoir un environnement accueillant, pas que des grands champs de maïs, même s'il y en a quelques-uns ici. Et du coup on a trouvé cet endroit là qui coche toutes les cases, voilà la Bigotière. Je suis Henri, j'habite ici depuis le mois d'octobre 2016. Et alors donc la Bigotière, après quelques recherches, on se rend compte qu'en 1137, le seigneur du château de Landal, qui est à quelques kilomètres d'ici, a donné ses terres de la Bigotière pour fonder l'abbaye de la Vieux-Ville. Donc il y a une abbaye qui est sur la commune aussi. Enfin qu'était, parce qu'il ne reste plus grand chose. Voilà, donc c'est une abbaye qui a prospéré pendant de nombreuses années, parce qu'elle a duré jusqu'à la Révolution française. Donc la bigotière a toujours fait partie du domaine de l'abbaye. Et après, ça a été vendu comme bien national, toujours avec l'abbaye. Et un peu plus tard, ça s'est séparé de l'abbaye, et puis c'est devenu une des plus grosses fermes de la commune. Nous, on a racheté. Il n'y a plus d'activité agricole, proprement parlée, maintenant, mais ça reste un bâtiment remarquable. Alors en fait, c'est une ferme. Il y a quatre bâtiments qui entourent une cour. Il y a un bâtiment qu'on a réservé, celui qui était habité avant, qu'on a réservé pour le lieu d'accueil Trois Petits Pas, le lieu d'accueil social. Et puis, il y a deux autres longères qu'on a réservées aux habitats. Il y a trois habitats par longère, plus des parties communes dans les étages, des chambres communes, dortoirs communs, bureaux communs, salles d'eau communes, pour nos amis, nos invités. etc. Et un autre très grand bâtiment où il y a une partie, c'est un fournil et l'autre partie, c'est une grange qu'on est en train de rénover pour faire une grande salle commune d'activité qui est à la fois partagée pour les habitants et aussi surtout même pour l'extérieur. Et il y a un très long chemin d'accès qui fait 600 mètres et nous, on est au bout du chemin. Donc quand on arrive à la bigotière... Voilà, on a ce qu'on appelle l'avenue, parce que ça fait vraiment avenue, on a un grand chemin qui arrive jusqu'à nos bâtiments. Quand on arrive à la bigotière, on arrive dans une zone qu'on appelle, nous, publique, en fait. On l'a appelée la place du village. C'est une zone où n'importe qui peut arriver sans qu'on lui demande ce qu'il fait là. Quand on dit que c'est public, c'est vraiment public. Alors, on a 4,5 hectares de terrain. On a aussi deux grands ateliers, enfin deux grands hangars. Un qui héberge notre atelier et aussi une grande partie pour l'activité du ruisseau, qui est les paniers du ruisseau. Et puis un autre atelier qui nous sert de rangement, de cidrerie, qui est plus dédié aux habitants. On a une parcelle agricole de 1,5 hectare que le ruisseau utilise comme pépinière et un peu de permaculture, pareil, d'expérimentation. On a même planté du thé là-bas. Et on a aussi de l'autre côté un ruisseau qui délimite la propriété, d'où le nom le ruisseau. Avec un petit bois, on a quand même pas mal d'arbres. Il y a un vrai bois qui est traversé par ce ruisseau. Voilà le fameux ruisseau qui a donné son nom à la coopérative. Ça, c'est les potagers des habitants. Il y en a un là, un là, un là. C'est des manières différentes d'aborder le potager. Là, tu es au milieu des moutons, des chèvres et des pluviaques.
C'est bien pour ça qu'on t'a emmené là mais pas celle là. Il y a trop d'arbres autour que tu peux manger aussi.
On l'a acheté en septembre 2016. C'était des bâtiments agricoles dans lesquels on habite. Donc on a tout rénové en deux ans, deux ans et demi. Et en même temps que la rénovation se faisait, on a lancé les activités. D'abord un fournil. Gilbert a passé son CAP de boulanger à 55 ans. Il a quitté la fonction publique territoriale pour ça. Et le lieu d'accueil social, ce lieu-là, il est quand même passé de un habitant qui nous l'a vendu. à 23 habitants aujourd'hui. Et il y a une quinzaine de personnes qui travaillent sur le lieu. D'une ferme un peu moribonde, c'est vraiment devenu un lieu d'activité qui fourmille et c'est chouette.
Isabelle m'invite à échanger avec Jean-Luc au sujet des activités de la coopérative Le Ruisseau. Allons le voir. Je suis Jean-Luc, je suis donc habitant de cet éco-hamo à la Bigotière, et je suis, ou dont je suis un des cofondateurs, voilà, et je suis aussi désormais coordinateur de la coopérative, la SIC, le ruisseau qui a été créé sur le lieu, et qui développe des activités à la fois sur le lieu et sur le territoire. J'ai un parcours professionnel et personnel très marqué par deux choses, parlant. Entrée sur la nature. J'ai une formation universitaire en écologie et une formation associative en études naturalistes, en observation de la faune et de la flore, en connaissance de la faune et de la flore, de manière générale. Et une histoire agricole par mes parents. Finalement, tout mon parcours est lié à ces deux aspects-là et à essayer de relier ces deux aspects-là. Cette entrée de la nature, du vivant, et cette entrée de l'agriculture, du métier de paysan, auquel je tiens beaucoup, et de de les relier parce que parfois, ils ont eu tendance un peu à se dissocier dans les 50 dernières années, donc à essayer de retrouver ce lien entre paysannerie, qui travaille avec le vivant, et le vivant lui-même, le fonctionnement, l'écologie du vivant. Le fait de créer ce lieu a été une occasion, puisque j'ai travaillé pendant 27 ans dans l'enseignement agricole, justement sur ces sujets agriculture et biodiversité. Lorsqu'on a créé ce lieu, je me suis dit, bon, Jean-Luc, t'as tu as fait des enseignements, tu as participé à des projets, maintenant il faut rentrer dans le vif du sujet et essayer de proposer quelque chose sur ce territoire où on arrive pour essayer de favoriser une logique de transition agroécologique ou de transition écologique qui intègre les enjeux alimentaires et agricoles au cœur du territoire. Dans la transition écologique, parfois on oublie un peu la biodiversité, je trouve. Alors que c'est quand même le fondement du vivant, c'est le fondement de notre planète, en fait. Et c'est nos ressources, c'est nous-mêmes, nous sommes la biodiversité. Nous sommes un des éléments de la biodiversité en tant qu'être humain, quoi. Et finalement, c'est un peu ce qu'on essaye aussi de promouvoir ici, d'une part sur le lieu, de vivre avec d'autres habitants qui ne sont pas que des humains. sur ce lieu et aussi sur le territoire du coup, et d'essayer de le promouvoir. Pendant qu'on fait le podcast, on observe des chevreuils en face, il y a des non-humains de ce type là, des gros, mais il y a aussi des petits, il y a plein de mésanges, des mésanges charbonnières, des mésanges bleus qui sont en train de circuler en face de nous. Et puis après, il y a de la faune du sol, tout ce qui contribue à la vie du sol et donc à la fertilité de ces sols. Il y a ce qui va contribuer à l'épuration des eaux, ce qui va contribuer à à la production d'oxygène. Et donc ici, on a mis en place un petit outil qui s'appelle le Bigoscope, l'observatoire de la biodiversité de la bigotière. Ça nous a permis à la fois de faire un état des lieux de la biodiversité quand on est arrivé, et d'assurer un peu un suivi pour se dire, finalement, est-ce que nous, notre arrivée, génère plutôt des impacts ? Sur quelles espèces ? Qu'est-ce que ça a permis de revoir qui n'existait pas quand on est arrivé ? Le grillon des champs, par exemple. Il ne chantait pas, moi, quand je le vois là, on connaît tous ce petit chant de printemps dans les prairies. Il ne chantait pas quand on est arrivé ici. il chante, il est là. Alors je ne sais pas d'où il est arrivé et comment, mais en tout cas il est là. Le hérisson, il était a priori, parce qu'il n'est pas facile forcément à voir, mais il n'était pas forcément présent là. Maintenant, on le voit régulièrement, on le rencontre le soir. Et c'est vrai que nos pratiques, l'abandon des pistes, Par exemple, les plantations, le développement des mares, la mise en place de milieux sur le lieu favorisent forcément l'arrivée d'une biodiversité. Pour peu qu'on offre des conditions favorables, alors qu'on a quand même impacté de manière très forte, il y a un retour qui existe aussi. Ça, c'est un message d'espoir formidable.
Nous voilà au fournil ! Le fournil de la bigotière avec Nolwenn en pleine fournée du vendredi.
Bonjour Nolwenn.
Salut. Qu'est-ce que tu nous fais pas ?
Plein de pain. Là il y a déjà la première fournée qui est sortie et qui attend d'être mise en sachet et livrée au panier. Alors je suis boulangère depuis 2021. tout court et à la bilotière aussi. Je me suis formée pour reprendre la suite de Gilbert, qui est un des habitants qui avait monté le fournel ici et qui prenait sa retraite. Et du coup, j'ai fait le CAP en candidat libre en me formant ici avec lui. Je n'habite pas loin, assez peu loin pour pouvoir venir tous les jours à vélo. Donc ça, c'est chouette.
Voilà, c'est cuit.
Je prépare entre 100 et 190 kilos par fournet. Ça dépend un peu des commandes, des semaines, de s'il y a un événement ou pas. 90% ça part via les paniers du ruisseau et le reste c'est ici, en vente directe ici. Et du coup mon temps est partagé entre le fait de faire du pain, le fait de m'occuper de la gestion du lieu, de la gestion extérieure, donc la fauche, l'éclopaturage. La recréation du jardin pédagogique, l'entretien de l'extérieur quoi. Et l'accueil. Au fournil je fais accueil social et accueil de loisirs autour de la boulange et des biscuits. Et là ça va s'étendre aussi au jardin qui est sur le lieu. Accueil social et de loisirs c'est avec des enfants. Je travaille avec plusieurs structures du territoire, structures du social. Et du coup l'idée c'est d'utiliser le support de la boulange comme prétexte à plein d'autres trucs. sociabiliser, faire du lien avec les adultes, apprendre d'où ça vient notre bouffe. Certains en fait ont jamais participé à faire de la bouffe, pour eux ils ne savent même pas qu'il y a un processus avant le fait de manger. Pour d'autres ces supports d'ateliers ça va plus servir à développer leur leur aspect créatif, ils vont accrocher avec la boulange parce qu'ils peuvent décorer comme ils veulent leur pain etc. Chaque enfant vit l'atelier différemment et Il y en a plein qui reviennent en plus dans le chat,
c'est trop chouette.
Ce lieu, il nous sert un peu de point de vue écologique, il nous sert aussi d'espace d'expérimentation, d'action, et maintenant d'accueil, d'animation et de formation en fait pour les acteurs du territoire. Donc il sert un peu de lieu ressource, on en fait un espace ressource, parce que ce qu'on vit ici à la fois entre humains et avec les non-humains, avec la nature, c'est ce qu'on essaye de s'aimer aussi sur le territoire, donc que les gens puissent venir s'inspirer ici. C'est pour nous important. Mais par contre, qu'on aille aussi porter ces actions-là vers le territoire, c'est extrêmement important. Un des objets principaux de la coopérative Le Rousseau, c'est pour ça qu'on l'a créée, c'est pour développer des activités sur ce lieu et sur le territoire. Là, on vient de finir un atlas de la biodiversité communale avec les trois communes de Dôle, Épignac et Baguipiquan. Et ça a permis de faire un état des lieux de la biodiversité. Globalement, on est sur des territoires ruraux où les élus sont pas... Bien sûr, ils ont une certaine connaissance, une certaine approche de la nature, mais ils ont pas une connaissance technique, une connaissance écologique peut-être de leur... Ce qui est finalement un patrimoine et aussi des ressources. Et donc aborder ça avec eux, ça ouvre vraiment des champs de connaissances, d'échanges et d'actions. Parce que maintenant, là, on est passé au plan d'action, donc on imagine de travailler aussi bien sur la protection de la biodiversité dans les parcelles communales, dans les chemins communaux, limiter les pesticides, ne plus utiliser de pesticides au cimetière. Enfin voilà, ça va jusqu'à des actions dans la ville, la protection des hirondelles. Et puis, tout le travail à mener avec les agriculteurs. Et ça, c'est un autre pan important aussi de notre travail à la Cycle Rousseau, puisque quand même, ils gèrent ici 70 à 75% du territoire, les agriculteurs. Donc, si on veut travailler sur les questions de transition écologique, c'est un petit peu nécessaire de travailler avec eux. On mène des actions avec les agriculteurs à la fois sous l'angle alimentaire, c'est pour ça qu'on a lancé les paniers du Rousseau, en fait. Quand on a démarré le Rousseau coopératif par les paniers du Rousseau, Parce que l'entrée alimentaire, ça touche les gens, forcément, les consommateurs, et ça touche directement les producteurs aussi. Et donc ça fait ce lien direct entre les deux. Et nous, on est partis sur des paniers bio. Du coup, ça nous a permis de connaître plein d'agriculteurs du territoire, des agriculteurs bio. Et la coopérative, comme son nom l'indique, c'est de mettre en coopération, c'est de favoriser des synergies. Pour moi, on ne fera pas la transition tout seul. Ça n'existe pas, ça. Les transitions, ça suppose de travailler sur des filières, de remettre en place des filières locales, par exemple, sur l'alimentaire. Ça se fait dans des dynamiques de consortium, de coopération, de collectif, qu'il faut animer, qu'il faut mettre en place. Et en lien avec la collectivité, évidemment.
Chantal, je suis bénévole au panier de ruisseaux depuis plusieurs années déjà, 3-4 ans. Je suis contente de retrouver les clients, on peut dire les clients de toute façon, et d'être là pour la distribution.
Ce n'est pas un peu physique tout ça ?
Oui, c'est très physique. Ponctuellement en fait, c'est physique. Ponctuellement, parce que c'est au moment où on... On prépare surtout les... Moi, ce que j'aime, c'est comme c'est moi qui mets tout dans les frigos et qui est réparti par dépôt, parce qu'il y a quand même deux, trois, neuf dépôts. Il y a moins de risque d'erreur, en fait. Oui. La bigotière, c'est un endroit que j'aime beaucoup. Et puis, j'ai trouvé le projet extraordinaire de faire du bio local avec des producteurs qui ont vraiment envie de faire plein de choses. Au début, j'aidais plutôt à la mise en panier. Et puis, j'aime le côté aussi très convivial. Je sais que c'est une journée dense. Il y a beaucoup de choses à gérer en même temps. Mais bon, après, moi, ça me plaît bien. On n'a pas le droit d'un bisou, alors ? Il y a plein de lits pendant ce coup. Bon, je t'aime beaucoup. Oh, tu es sage. Je m'appelle Sabine, je viens ici, je suis cliente au panier parce que c'est local, c'est très important, les producteurs locaux et les producteurs bio. C'est très varié, il y a les fruits, les légumes, mais aussi de l'épicerie, de la fromagerie, des produits laitiers. On peut acheter des petits cadeaux, il y a du miel, de la confiture, des bières, du vin. On peut vraiment faire toutes ces courses au panier.
Parce que les paniers du ruisseau, c'est donc la partie alimentaire, c'est la partie vraiment visible pour nous de l'iceberg presque. C'est là que les citoyens nous connaissent en grande partie par les événements à la bigotière, je dirais, et par les paniers du ruisseau. Mais à côté de ça, on mène vraiment une action forte autour de, par exemple, une dynamique qui s'appelle Paysans de Nature, qui est une assaut nationale, une dynamique nationale autour de, justement, ce qui me tient à cœur, relier la nature et les paysans. Et on a un réseau aujourd'hui de 10 agriculteurs du territoire, 10 paysans. qui sont partants pour avancer avec des citoyens, avec des naturalistes, sur la place de la nature dans leur exploitation agricole et sur le territoire. Et donc ça c'est chouette de pouvoir animer des dynamiques avec ces paysans qui sont eux-mêmes d'ailleurs pour une partie d'entre eux producteurs au panier du ruisseau. Donc on fait du lien entre alimentaire, biodiversité, citoyenneté. territoire et ça c'est ça qui est je pense un élément fort de facteur de transition c'est à dire de structurante quoi pas juste un point localement pas ponctuel mais de manière réseau et de dynamique d'action sur le territoire on accompagne aussi sur ces logiques-là, il y a même une site qui a été créée, une autre, pour acheter des terres pour l'installation d'agriculteurs. On essaye de porter les différents leviers qui permettent d'aller agir sur la biodiversité et la paysannerie et peut-être contre aussi une forme d'accaparement des terres. par une logique toujours plus intensive et industrielle qui, de mon point de vue, nous mène dans le mur. Or, on est quand même face à des enjeux de changement climatique avec une présence essentielle de l'arbre à la fois pour décarboner, pour l'enjeu biodiversité, pour l'enjeu eau. Et donc on fait quoi, nous ? D'une part, on travaille depuis un an à la production d'une pépinière bocagère, c'est-à-dire de produire des plants. issus de graines qu'on est allé récolter sur le territoire pour faire de la marque végétale locale qu'on peut ensuite planter avec l'aide des communautés de communes par l'intermédiaire d'un programme qui s'appelle Bresbocage chez les agriculteurs du territoire.
On a commencé à cuisiner ce matin, on est parti faire quelques plats de terreau sur la serre parce qu'il n'y avait que ça à faire, on voulait arracher le pépin et du coup on s'est tout débrouillé.
Et tout va bien ?
Et tout va bien. Je suis Istrat Albert et j'effectue mes trois semaines de stage à la Bigotier. Je suis en formation en GMNF, gestionnement des milieux naturels et de la faune,
en terminale. En fait,
on est concentré sur les milieux. On essaye de préserver et d'améliorer les milieux afin de préserver la faune rare qu'on peut y trouver. On fait des plantations, on arrange des milieux.
On fauche,
on essaie de garder des milieux pauvres parce que ça va favoriser des plantes qu'on veut garder. Et on essaie d'arracher tout ce qui est un peu envahissant comme les orties et les ronces et on les exporte pour pas que ça enrichisse les terres.
Moi je m'appelle Gwendal Thébaud, je suis salarié du ruisseau depuis le début de l'année. J'ai fait un stage ici l'année dernière pendant un an, une formation qui s'appelle le paysan créatif. Et en parallèle, je développe mon activité de pépinière bocagère sur le secteur de Dinan. Sur le site de la Bigotière, la Cycle Rousseau a apporté en 2023 un projet d'espace de production, plutôt axé sur la pépinière de jeunes arbres, donc pépinière fruitière. ou ce qu'on appelle bocagères, ce sont des essences d'arbres et d'arbustes qui poussent localement sur le territoire. Et de fruitiers également, parce qu'il y a des besoins d'agriculteurs en projet d'agroforesterie, où ils intègrent des arbres sur leur parcelle agricole. Avant, j'ai travaillé pendant 12 ans dans l'informatique. J'ai évolué dans mes études pour devenir administrateur système et réseau dans une entreprise. Et au bout de 6 ans dans cette entreprise, dans laquelle je me sentais bien quand même, Il y a eu une envie de retour à la terre. En fait, j'ai depuis tout petit été passionné par le végétal. La trentaine arrivant, en plein Covid également. Enfin voilà, j'ai fait partie de cette vague de gens qui se sont reposés des questions sur son activité. Et donc j'ai entamé une reconversion professionnelle. Ce qui fait que je suis là aujourd'hui.
Dans les dynamiques du ruisseau sur son territoire, et du ruisseau et des acteurs, j'insiste sur le fait que le ruisseau c'est une coopérative et on cherche vraiment à travailler avec les autres, du coup on a développé deux projets qui ont été soutenus par la NCT, l'Agence Nationale de Cohésion des Territoires. D'une part la fabrique de territoire, qui nous a permis de porter avec deux autres associations qui s'appellent Des Idées Planétaires et La Passerelle. une dynamique autour des tiers-lieux sur le territoire et l'animation d'un réseau de tiers-lieux, puisqu'il y en a plusieurs qui se sont créés ou qui sont en train de se créer, et d'animer ces dynamiques de tiers-lieux. Et globalement, par exemple, ça nous a permis, nous aussi, de développer un organisme de formation. Donc le Réseau coopératif est devenu organisme de formation, la CALIOPI, et dans une logique, là encore, de territoire, c'est-à-dire que les formateurs pourront être... des gens des différentes assos et tiers-lieux du territoire qui pourront utiliser pour leur formation le support d'organismes de formation que représente le ruisseau. Ça veut dire aussi, par exemple, faire des formations théoriques, ça veut dire des formations par l'exemple, par... la démonstration, par l'expérimentation, par l'accompagnement. Et le deuxième, c'est la manufacture de proximité. On a monté un consortium à six structures, labos de transfo, assaut d'aide à l'installation agricole, assaut de compostage, autour de la logique de la boucle alimentaire de la terre à la terre sur le territoire du pays de Saint-Malo. Ces financements permettent quand même d'initier des projets, d'expérimenter, d'avancer, et ensuite de trouver nos propres modes de fonctionnement pour continuer.
Je m'appelle Annie Le Goff, je fais partie d'une association qui s'appelle La Passerelle et qui est au conseil coopératif de la CIC Le Ruisseau. Alors à La Passerelle, on est tiers lieu jeunesse et numérique et on travaille sur trois projets, sur trois axes qui se complètent et où il y a de l'interaction. Il y a d'abord le premier axe concernant l'inclusion numérique. Donc ici on est en milieu rural, il y a plein de paramètres en plus. Paramètres de mobilité, paramètres de manque de formation, et donc on traite des aides immédiates, ça peut aller de l'aide administrative jusqu'à l'accès au droit, en passant par mon ordinateur ne s'allume plus, etc. Le deuxième projet s'appelle Regards de jeunes, qui s'adresse à des jeunes adultes, donc entre 16 et 30 ans, et ce sont de jeunes adultes qui, en règle générale, ne sont pas en formation, ne sont pas en emploi, ou en emploi précaire. Un nombre important d'entre eux sont des jeunes qui souffrent de problématiques et de fragilités au niveau de la santé mentale, suite à de la phobie scolaire, souvent développée après du harcèlement, de la phobie sociale, et puis plein de pathologies qui ne sont pas profondes en fait, mais qui suffisent simplement à s'ajouter à la problématique de la mobilité et de l'isolement quand on a arrêté l'école. Et le troisième volet, c'est un volet plutôt autour des liens, de la coopération, de la mutualisation. On a fait partie de Fabrique de Territoire, avec la coopérative du Ruisseau d'ailleurs. Ça nous a permis de vraiment bien rencontrer et de bien connaître une grande partie des acteurs associatifs du territoire, mais aussi les agents de collectivité, mais aussi d'autres partenaires autour du social, le CEDAS, les assistantes sociales, la mission locale. Toutes ces rencontres-là ont permis de créer un noyau d'une dizaine de structures qui continuent à réaliser des projets ensemble.
La bigotière c'est aussi un lieu d'accueil social.
Isabelle nous a parlé de trois petits pas. Je n'ai pas encore compris le concept. Allons voir Christine et Anne pour en parler.
Je m'appelle Christine,
j'habite à la Bigotière. On a eu l'idée tout de suite de faire de l'accueil.
Moi je suis Anne, j'habite donc à la Bigotière aussi. On était famille d'accueil, mon mari et moi, et du coup on a vu par nos accueils, il manquait quelque chose en fait. Si on avait travaillé en amont avec les parents, on aurait pu éviter un placement. Donc en fait, quand on s'est réunis tous là, les douze habitants, et qu'on s'est dit, ben, faut qu'on ait... peut-être des projets communs, parce qu'on s'était aperçu que beaucoup d'habitats groupés qui fonctionnaient bien, en fait, c'est parce qu'aussi, il y avait des projets communs. Et ben, voilà, on a lancé l'idée de faire un accueil de parents isolés avec enfants. Et puis, tout de suite, tout le monde a répondu positif.
Et donc on a créé une association assez rapidement. On a travaillé avec le conseil départemental d'Île-et-Vilaine et on a réussi à avoir un agrément. Et on a ouvert les portes de Trois Petits Pas. On accueille des parents avec très jeunes enfants. Il se trouve que dans la réalité, ce sont des mamans. On a même accueilli des jeunes femmes enceintes, donc avec tout le suivi de la grossesse. On accompagne ces personnes dans le lien avec leur enfant. Et on essaie d'accompagner ces personnes dans leur projet de vie. Qu'est-ce que je veux faire avec mon enfant, avec mes enfants ? Trois petits pas, ça permet de se poser, de se faire un peu coucouner parce que parfois la vie est rude et les personnes qui arrivent chez nous sont souvent malmenées. On a souhaité que ce soit une petite structure. On accueille trois familles, maman, bébé, maman, enfant. Et donc on est en milieu rural. Ça veut dire que tous les trajets sont accompagnés parce qu'en général ces mamans-là, elles n'ont pas leur permis de conduire. Donc on accompagne pour tous les rendez-vous chez le médecin, pour faire les courses, pour aller à l'école ou à la crèche. Voilà, donc ça, ça fait partie du travail des permanentes. Il y a trois studios, trois appartements dans la maison qu'on a réaménagé pour ça. Et on a souhaité que ce soit quand même quelque chose d'assez familial. Ce qui fait qu'il y a une vie à la fois collective et chaque maman aussi a son studio, son appartement. essaient de s'organiser comme tout un chacun. Et donc, les permanentes accompagnent ces mamans-là, qui souvent sont en difficulté aussi dans leur quotidien, ne serait-ce que de gérer une maison, faire son linge, et assurer toutes les démarches aussi vers l'extérieur. Dès le départ, on a souhaité que ce soit un lieu d'accueil ici, pour ces personnes-là, mais pour plein d'autres gens. Donc on crée des événements. Au tout départ, on a fait des soirées tartines, qui se perpétuent d'ailleurs. Et c'est vraiment un lieu convivial où chacun vient comme il est. Et donc, on invite bien sûr les mamans de Trois Petits Pas, les permanents de Trois Petits Pas. Et donc, ça donne l'occasion de discuter de choses et d'autres. Et à ces personnes aussi de voir qu'il y a d'autres gens, on connaît d'autres gens. Et que ce sont des personnes avec qui on peut échanger, voir, faire des choses.
Il y a un endroit où on se retrouve, parce que ça on l'a voulu, c'est la buanderie en fait. L'ambiandrique est commune à nous tous, tous les habitants, y compris Trois Petits Pas, où là, il y a les machines lavées et c'est un lieu où on se croise, où du coup, du lien se crée. Et petit à petit, on arrive à créer des liens, parce qu'il faut quand même avoir des lieux où on se rend compte si on veut créer quelque chose entre nous, et on voit bien que ce lieu-là, ça fonctionne. Aujourd'hui, on ne s'imagine pas trop vivre sans ce lieu à la Bigotière. D'ailleurs, on est assez contentes parce que les fondatrices sont parties, on a quitté en tant que salariés et on a réussi à retrouver du monde derrière des salariés qui sont tout autant investis, qui ont la fibre pour ce lieu. Et c'est chouette parce qu'on est contentes de cette transmission.
Sophie, je suis permanente depuis un peu plus d'un an au lieu de vie 3 petits pas. Pour moi, 3 petits pas ne seraient pas 3 petits pas avec tout ce qui se passe autour. La communauté, le partage, ça n'aurait pas la même saveur.
Finalement, ça favorise le lien à la nature. Et on s'aperçoit que parfois, ces personnes-là, elles ne connaissent rien des petites fleurs, des animaux, de comment on peut vivre à la campagne. Du coup, ça peut éveiller une certaine curiosité. et dans notre façon de vivre aussi dans ce milieu rural.
En fait, quand elles arrivent ici, elles trouvent que c'est le trou du monde. Et qu'est-ce qu'on va faire là ? Et puis finalement, petit à petit, elles se disent « Ah mais oui, mais là, il ne peut rien m'arriver. Ah oui, mais là, c'est calme. Ah oui, mais là, je peux me reconstruire en fait, parce qu'il n'y a pas de sollicitation extérieure. » Et moi, j'avais eu aussi au tout début qu'on était à la Bigotière un jeune en tant que famille d'accueil qui était ado et qui m'avait dit « Ah mais ouais, mais quand je viens là, ma tête se repose. »
Quelles sont les erreurs que vous avez rencontrées ?
En fait, je ne pense pas qu'on puisse parler d'erreurs. Je ne crois pas qu'on ait fait des erreurs. Je pense que si on recommençait... On ferait pareil, c'est-à-dire qu'on se laisserait faire. En fait, une de nos philosophies, c'est d'avancer chemin faisant. C'est-à-dire que c'est les choses qui se présentent et puis nous, on les laisse venir et puis on y répond ou on s'adapte ou ça nous donne des envies. Plutôt que d'avoir des plans, comme on ne planifie pas, on n'est jamais déçu finalement. Du coup, je ne crois pas qu'on ait de regrets. Sûrement, si on refaisait, ce serait différent parce qu'on attraperait des choses différentes. Et en même temps on ferait la même chose, c'est-à-dire que ce qu'on ferait c'est d'attraper les choses qui se présentent. Tu l'as vu, c'est un endroit quand même assez joyeux, dynamique. C'est pas non plus un long ruisseau tranquille, on a connu aussi des tensions, on a connu même des engueulades. Quelquefois la confiance qui est vraiment le socle de ce qui se passe ici, et entre nous et avec le territoire d'ailleurs, elle est un peu mise à mal. Mais globalement on y arrive toujours en fait. On arrive toujours à se parler, on a appris à se parler. On a travaillé avec une espèce de médiateur, quelqu'un qui nous a accompagnés et qu'on voit régulièrement pour apprendre à s'écouter, à mieux se connaître, à parler des sujets comme l'argent, comme la colère, ces sujets qui ne sont pas si simples à aborder. Et du coup, quand il y a des tensions... on peut se mettre en colère, on peut bouder un peu, sédimenter un peu des choses, et puis finalement, on finit par aller se voir, par manger ensemble, et puis ça repart. Et puis, on est toujours dans un projet commun, et s'il y a autre chose qui se présente, on y sera tous, quoi. Donc, voilà.
Et c'est déjà la fin de cet épisode. Je vous dis à bientôt pour une escapade dans un autre lieu, dans un autre territoire.
Au cœur des tiers-lieux,
les éclaireurs de la transformation écologique.
Description
Un podcast de l'Agence nationale de la cohésion des territoires.
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Transcription
Salut, je suis Richard et dans cet épisode d'Au cœur des tiers-lieux,
je vous emmène en Bretagne, plus précisément à Ipignac,
commune située à 4 km de Dôle. Nous allons visiter la Bigotière,
lieu de vie,
lieu d'accueil social, lieu d'activité accueillant la coopérative Le Rousseau,
engagée pour le mieux manger tout en protégeant la biodiversité et bien d'autres choses encore.
Allez,
c'est parti ! Vous écoutez, Au cœur des tiers-lieux, les éclaireurs de la transformation écologique. Un podcast de l'Agence nationale de la cohésion des territoires. Partons en immersion dans des tiers-lieux implantés en ruralité. Manufacture de proximité, fabrique de territoire, tiers-lieux ressources, circuits courts, tiers-lieux nourriciers ou culturels. Et voyons comment ces lieux agissent pour la transformation écologique, sociale et solidaire du territoire. Je suis Isabelle, je suis habitante de la Bigotière. Je fais partie des... cofondateur, puisqu'on l'a tous fondé ensemble entre copains. Moi, je ne travaille plus, et donc ici je suis présidente de la Cycle Ruisseau, et aussi je suis très engagée en fait dans les associations d'habitat participatif. En fait, on se connaît depuis très longtemps, pour certains, depuis leur adolescence, et même on a un frère et une sœur qui habitent là, donc eux ils se connaissent depuis vraiment très longtemps. Voilà, on est une bande de copains, on s'est connus en grande partie dans un groupe vocal auquel on appartenait. Et quand on était en vacances ensemble, quand on passait à côté d'une ferme, d'un moulin, d'un village, on se disait, oh là là, ça serait chouette si on habitait ensemble, on pourrait faire plein de trucs, on pourrait faire encore plus de choses ensemble. On était vraiment dans le faire ensemble et créer quelque chose, une espèce de micro-société, aussi pour sortir un peu du capitalisme ambiant, d'essayer de créer des choses, d'expérimenter des nouvelles choses. Et on s'est tous réunis, on était je pense une trentaine de copains, et puis voilà, il y a six couples, donc douze personnes qui ont levé le doigt et qui ont dit « allez, on y va » , et on s'est mis à chercher un lieu pour s'installer. On a mis assez longtemps à trouver ce lieu, parce qu'on avait quand même des exigences, pas trop loin de Rennes pour ceux qui habitent toujours, se rapprocher de la mer, sortir de Rennes métropole, et puis avoir un environnement accueillant, pas que des grands champs de maïs, même s'il y en a quelques-uns ici. Et du coup on a trouvé cet endroit là qui coche toutes les cases, voilà la Bigotière. Je suis Henri, j'habite ici depuis le mois d'octobre 2016. Et alors donc la Bigotière, après quelques recherches, on se rend compte qu'en 1137, le seigneur du château de Landal, qui est à quelques kilomètres d'ici, a donné ses terres de la Bigotière pour fonder l'abbaye de la Vieux-Ville. Donc il y a une abbaye qui est sur la commune aussi. Enfin qu'était, parce qu'il ne reste plus grand chose. Voilà, donc c'est une abbaye qui a prospéré pendant de nombreuses années, parce qu'elle a duré jusqu'à la Révolution française. Donc la bigotière a toujours fait partie du domaine de l'abbaye. Et après, ça a été vendu comme bien national, toujours avec l'abbaye. Et un peu plus tard, ça s'est séparé de l'abbaye, et puis c'est devenu une des plus grosses fermes de la commune. Nous, on a racheté. Il n'y a plus d'activité agricole, proprement parlée, maintenant, mais ça reste un bâtiment remarquable. Alors en fait, c'est une ferme. Il y a quatre bâtiments qui entourent une cour. Il y a un bâtiment qu'on a réservé, celui qui était habité avant, qu'on a réservé pour le lieu d'accueil Trois Petits Pas, le lieu d'accueil social. Et puis, il y a deux autres longères qu'on a réservées aux habitats. Il y a trois habitats par longère, plus des parties communes dans les étages, des chambres communes, dortoirs communs, bureaux communs, salles d'eau communes, pour nos amis, nos invités. etc. Et un autre très grand bâtiment où il y a une partie, c'est un fournil et l'autre partie, c'est une grange qu'on est en train de rénover pour faire une grande salle commune d'activité qui est à la fois partagée pour les habitants et aussi surtout même pour l'extérieur. Et il y a un très long chemin d'accès qui fait 600 mètres et nous, on est au bout du chemin. Donc quand on arrive à la bigotière... Voilà, on a ce qu'on appelle l'avenue, parce que ça fait vraiment avenue, on a un grand chemin qui arrive jusqu'à nos bâtiments. Quand on arrive à la bigotière, on arrive dans une zone qu'on appelle, nous, publique, en fait. On l'a appelée la place du village. C'est une zone où n'importe qui peut arriver sans qu'on lui demande ce qu'il fait là. Quand on dit que c'est public, c'est vraiment public. Alors, on a 4,5 hectares de terrain. On a aussi deux grands ateliers, enfin deux grands hangars. Un qui héberge notre atelier et aussi une grande partie pour l'activité du ruisseau, qui est les paniers du ruisseau. Et puis un autre atelier qui nous sert de rangement, de cidrerie, qui est plus dédié aux habitants. On a une parcelle agricole de 1,5 hectare que le ruisseau utilise comme pépinière et un peu de permaculture, pareil, d'expérimentation. On a même planté du thé là-bas. Et on a aussi de l'autre côté un ruisseau qui délimite la propriété, d'où le nom le ruisseau. Avec un petit bois, on a quand même pas mal d'arbres. Il y a un vrai bois qui est traversé par ce ruisseau. Voilà le fameux ruisseau qui a donné son nom à la coopérative. Ça, c'est les potagers des habitants. Il y en a un là, un là, un là. C'est des manières différentes d'aborder le potager. Là, tu es au milieu des moutons, des chèvres et des pluviaques.
C'est bien pour ça qu'on t'a emmené là mais pas celle là. Il y a trop d'arbres autour que tu peux manger aussi.
On l'a acheté en septembre 2016. C'était des bâtiments agricoles dans lesquels on habite. Donc on a tout rénové en deux ans, deux ans et demi. Et en même temps que la rénovation se faisait, on a lancé les activités. D'abord un fournil. Gilbert a passé son CAP de boulanger à 55 ans. Il a quitté la fonction publique territoriale pour ça. Et le lieu d'accueil social, ce lieu-là, il est quand même passé de un habitant qui nous l'a vendu. à 23 habitants aujourd'hui. Et il y a une quinzaine de personnes qui travaillent sur le lieu. D'une ferme un peu moribonde, c'est vraiment devenu un lieu d'activité qui fourmille et c'est chouette.
Isabelle m'invite à échanger avec Jean-Luc au sujet des activités de la coopérative Le Ruisseau. Allons le voir. Je suis Jean-Luc, je suis donc habitant de cet éco-hamo à la Bigotière, et je suis, ou dont je suis un des cofondateurs, voilà, et je suis aussi désormais coordinateur de la coopérative, la SIC, le ruisseau qui a été créé sur le lieu, et qui développe des activités à la fois sur le lieu et sur le territoire. J'ai un parcours professionnel et personnel très marqué par deux choses, parlant. Entrée sur la nature. J'ai une formation universitaire en écologie et une formation associative en études naturalistes, en observation de la faune et de la flore, en connaissance de la faune et de la flore, de manière générale. Et une histoire agricole par mes parents. Finalement, tout mon parcours est lié à ces deux aspects-là et à essayer de relier ces deux aspects-là. Cette entrée de la nature, du vivant, et cette entrée de l'agriculture, du métier de paysan, auquel je tiens beaucoup, et de de les relier parce que parfois, ils ont eu tendance un peu à se dissocier dans les 50 dernières années, donc à essayer de retrouver ce lien entre paysannerie, qui travaille avec le vivant, et le vivant lui-même, le fonctionnement, l'écologie du vivant. Le fait de créer ce lieu a été une occasion, puisque j'ai travaillé pendant 27 ans dans l'enseignement agricole, justement sur ces sujets agriculture et biodiversité. Lorsqu'on a créé ce lieu, je me suis dit, bon, Jean-Luc, t'as tu as fait des enseignements, tu as participé à des projets, maintenant il faut rentrer dans le vif du sujet et essayer de proposer quelque chose sur ce territoire où on arrive pour essayer de favoriser une logique de transition agroécologique ou de transition écologique qui intègre les enjeux alimentaires et agricoles au cœur du territoire. Dans la transition écologique, parfois on oublie un peu la biodiversité, je trouve. Alors que c'est quand même le fondement du vivant, c'est le fondement de notre planète, en fait. Et c'est nos ressources, c'est nous-mêmes, nous sommes la biodiversité. Nous sommes un des éléments de la biodiversité en tant qu'être humain, quoi. Et finalement, c'est un peu ce qu'on essaye aussi de promouvoir ici, d'une part sur le lieu, de vivre avec d'autres habitants qui ne sont pas que des humains. sur ce lieu et aussi sur le territoire du coup, et d'essayer de le promouvoir. Pendant qu'on fait le podcast, on observe des chevreuils en face, il y a des non-humains de ce type là, des gros, mais il y a aussi des petits, il y a plein de mésanges, des mésanges charbonnières, des mésanges bleus qui sont en train de circuler en face de nous. Et puis après, il y a de la faune du sol, tout ce qui contribue à la vie du sol et donc à la fertilité de ces sols. Il y a ce qui va contribuer à l'épuration des eaux, ce qui va contribuer à à la production d'oxygène. Et donc ici, on a mis en place un petit outil qui s'appelle le Bigoscope, l'observatoire de la biodiversité de la bigotière. Ça nous a permis à la fois de faire un état des lieux de la biodiversité quand on est arrivé, et d'assurer un peu un suivi pour se dire, finalement, est-ce que nous, notre arrivée, génère plutôt des impacts ? Sur quelles espèces ? Qu'est-ce que ça a permis de revoir qui n'existait pas quand on est arrivé ? Le grillon des champs, par exemple. Il ne chantait pas, moi, quand je le vois là, on connaît tous ce petit chant de printemps dans les prairies. Il ne chantait pas quand on est arrivé ici. il chante, il est là. Alors je ne sais pas d'où il est arrivé et comment, mais en tout cas il est là. Le hérisson, il était a priori, parce qu'il n'est pas facile forcément à voir, mais il n'était pas forcément présent là. Maintenant, on le voit régulièrement, on le rencontre le soir. Et c'est vrai que nos pratiques, l'abandon des pistes, Par exemple, les plantations, le développement des mares, la mise en place de milieux sur le lieu favorisent forcément l'arrivée d'une biodiversité. Pour peu qu'on offre des conditions favorables, alors qu'on a quand même impacté de manière très forte, il y a un retour qui existe aussi. Ça, c'est un message d'espoir formidable.
Nous voilà au fournil ! Le fournil de la bigotière avec Nolwenn en pleine fournée du vendredi.
Bonjour Nolwenn.
Salut. Qu'est-ce que tu nous fais pas ?
Plein de pain. Là il y a déjà la première fournée qui est sortie et qui attend d'être mise en sachet et livrée au panier. Alors je suis boulangère depuis 2021. tout court et à la bilotière aussi. Je me suis formée pour reprendre la suite de Gilbert, qui est un des habitants qui avait monté le fournel ici et qui prenait sa retraite. Et du coup, j'ai fait le CAP en candidat libre en me formant ici avec lui. Je n'habite pas loin, assez peu loin pour pouvoir venir tous les jours à vélo. Donc ça, c'est chouette.
Voilà, c'est cuit.
Je prépare entre 100 et 190 kilos par fournet. Ça dépend un peu des commandes, des semaines, de s'il y a un événement ou pas. 90% ça part via les paniers du ruisseau et le reste c'est ici, en vente directe ici. Et du coup mon temps est partagé entre le fait de faire du pain, le fait de m'occuper de la gestion du lieu, de la gestion extérieure, donc la fauche, l'éclopaturage. La recréation du jardin pédagogique, l'entretien de l'extérieur quoi. Et l'accueil. Au fournil je fais accueil social et accueil de loisirs autour de la boulange et des biscuits. Et là ça va s'étendre aussi au jardin qui est sur le lieu. Accueil social et de loisirs c'est avec des enfants. Je travaille avec plusieurs structures du territoire, structures du social. Et du coup l'idée c'est d'utiliser le support de la boulange comme prétexte à plein d'autres trucs. sociabiliser, faire du lien avec les adultes, apprendre d'où ça vient notre bouffe. Certains en fait ont jamais participé à faire de la bouffe, pour eux ils ne savent même pas qu'il y a un processus avant le fait de manger. Pour d'autres ces supports d'ateliers ça va plus servir à développer leur leur aspect créatif, ils vont accrocher avec la boulange parce qu'ils peuvent décorer comme ils veulent leur pain etc. Chaque enfant vit l'atelier différemment et Il y en a plein qui reviennent en plus dans le chat,
c'est trop chouette.
Ce lieu, il nous sert un peu de point de vue écologique, il nous sert aussi d'espace d'expérimentation, d'action, et maintenant d'accueil, d'animation et de formation en fait pour les acteurs du territoire. Donc il sert un peu de lieu ressource, on en fait un espace ressource, parce que ce qu'on vit ici à la fois entre humains et avec les non-humains, avec la nature, c'est ce qu'on essaye de s'aimer aussi sur le territoire, donc que les gens puissent venir s'inspirer ici. C'est pour nous important. Mais par contre, qu'on aille aussi porter ces actions-là vers le territoire, c'est extrêmement important. Un des objets principaux de la coopérative Le Rousseau, c'est pour ça qu'on l'a créée, c'est pour développer des activités sur ce lieu et sur le territoire. Là, on vient de finir un atlas de la biodiversité communale avec les trois communes de Dôle, Épignac et Baguipiquan. Et ça a permis de faire un état des lieux de la biodiversité. Globalement, on est sur des territoires ruraux où les élus sont pas... Bien sûr, ils ont une certaine connaissance, une certaine approche de la nature, mais ils ont pas une connaissance technique, une connaissance écologique peut-être de leur... Ce qui est finalement un patrimoine et aussi des ressources. Et donc aborder ça avec eux, ça ouvre vraiment des champs de connaissances, d'échanges et d'actions. Parce que maintenant, là, on est passé au plan d'action, donc on imagine de travailler aussi bien sur la protection de la biodiversité dans les parcelles communales, dans les chemins communaux, limiter les pesticides, ne plus utiliser de pesticides au cimetière. Enfin voilà, ça va jusqu'à des actions dans la ville, la protection des hirondelles. Et puis, tout le travail à mener avec les agriculteurs. Et ça, c'est un autre pan important aussi de notre travail à la Cycle Rousseau, puisque quand même, ils gèrent ici 70 à 75% du territoire, les agriculteurs. Donc, si on veut travailler sur les questions de transition écologique, c'est un petit peu nécessaire de travailler avec eux. On mène des actions avec les agriculteurs à la fois sous l'angle alimentaire, c'est pour ça qu'on a lancé les paniers du Rousseau, en fait. Quand on a démarré le Rousseau coopératif par les paniers du Rousseau, Parce que l'entrée alimentaire, ça touche les gens, forcément, les consommateurs, et ça touche directement les producteurs aussi. Et donc ça fait ce lien direct entre les deux. Et nous, on est partis sur des paniers bio. Du coup, ça nous a permis de connaître plein d'agriculteurs du territoire, des agriculteurs bio. Et la coopérative, comme son nom l'indique, c'est de mettre en coopération, c'est de favoriser des synergies. Pour moi, on ne fera pas la transition tout seul. Ça n'existe pas, ça. Les transitions, ça suppose de travailler sur des filières, de remettre en place des filières locales, par exemple, sur l'alimentaire. Ça se fait dans des dynamiques de consortium, de coopération, de collectif, qu'il faut animer, qu'il faut mettre en place. Et en lien avec la collectivité, évidemment.
Chantal, je suis bénévole au panier de ruisseaux depuis plusieurs années déjà, 3-4 ans. Je suis contente de retrouver les clients, on peut dire les clients de toute façon, et d'être là pour la distribution.
Ce n'est pas un peu physique tout ça ?
Oui, c'est très physique. Ponctuellement en fait, c'est physique. Ponctuellement, parce que c'est au moment où on... On prépare surtout les... Moi, ce que j'aime, c'est comme c'est moi qui mets tout dans les frigos et qui est réparti par dépôt, parce qu'il y a quand même deux, trois, neuf dépôts. Il y a moins de risque d'erreur, en fait. Oui. La bigotière, c'est un endroit que j'aime beaucoup. Et puis, j'ai trouvé le projet extraordinaire de faire du bio local avec des producteurs qui ont vraiment envie de faire plein de choses. Au début, j'aidais plutôt à la mise en panier. Et puis, j'aime le côté aussi très convivial. Je sais que c'est une journée dense. Il y a beaucoup de choses à gérer en même temps. Mais bon, après, moi, ça me plaît bien. On n'a pas le droit d'un bisou, alors ? Il y a plein de lits pendant ce coup. Bon, je t'aime beaucoup. Oh, tu es sage. Je m'appelle Sabine, je viens ici, je suis cliente au panier parce que c'est local, c'est très important, les producteurs locaux et les producteurs bio. C'est très varié, il y a les fruits, les légumes, mais aussi de l'épicerie, de la fromagerie, des produits laitiers. On peut acheter des petits cadeaux, il y a du miel, de la confiture, des bières, du vin. On peut vraiment faire toutes ces courses au panier.
Parce que les paniers du ruisseau, c'est donc la partie alimentaire, c'est la partie vraiment visible pour nous de l'iceberg presque. C'est là que les citoyens nous connaissent en grande partie par les événements à la bigotière, je dirais, et par les paniers du ruisseau. Mais à côté de ça, on mène vraiment une action forte autour de, par exemple, une dynamique qui s'appelle Paysans de Nature, qui est une assaut nationale, une dynamique nationale autour de, justement, ce qui me tient à cœur, relier la nature et les paysans. Et on a un réseau aujourd'hui de 10 agriculteurs du territoire, 10 paysans. qui sont partants pour avancer avec des citoyens, avec des naturalistes, sur la place de la nature dans leur exploitation agricole et sur le territoire. Et donc ça c'est chouette de pouvoir animer des dynamiques avec ces paysans qui sont eux-mêmes d'ailleurs pour une partie d'entre eux producteurs au panier du ruisseau. Donc on fait du lien entre alimentaire, biodiversité, citoyenneté. territoire et ça c'est ça qui est je pense un élément fort de facteur de transition c'est à dire de structurante quoi pas juste un point localement pas ponctuel mais de manière réseau et de dynamique d'action sur le territoire on accompagne aussi sur ces logiques-là, il y a même une site qui a été créée, une autre, pour acheter des terres pour l'installation d'agriculteurs. On essaye de porter les différents leviers qui permettent d'aller agir sur la biodiversité et la paysannerie et peut-être contre aussi une forme d'accaparement des terres. par une logique toujours plus intensive et industrielle qui, de mon point de vue, nous mène dans le mur. Or, on est quand même face à des enjeux de changement climatique avec une présence essentielle de l'arbre à la fois pour décarboner, pour l'enjeu biodiversité, pour l'enjeu eau. Et donc on fait quoi, nous ? D'une part, on travaille depuis un an à la production d'une pépinière bocagère, c'est-à-dire de produire des plants. issus de graines qu'on est allé récolter sur le territoire pour faire de la marque végétale locale qu'on peut ensuite planter avec l'aide des communautés de communes par l'intermédiaire d'un programme qui s'appelle Bresbocage chez les agriculteurs du territoire.
On a commencé à cuisiner ce matin, on est parti faire quelques plats de terreau sur la serre parce qu'il n'y avait que ça à faire, on voulait arracher le pépin et du coup on s'est tout débrouillé.
Et tout va bien ?
Et tout va bien. Je suis Istrat Albert et j'effectue mes trois semaines de stage à la Bigotier. Je suis en formation en GMNF, gestionnement des milieux naturels et de la faune,
en terminale. En fait,
on est concentré sur les milieux. On essaye de préserver et d'améliorer les milieux afin de préserver la faune rare qu'on peut y trouver. On fait des plantations, on arrange des milieux.
On fauche,
on essaie de garder des milieux pauvres parce que ça va favoriser des plantes qu'on veut garder. Et on essaie d'arracher tout ce qui est un peu envahissant comme les orties et les ronces et on les exporte pour pas que ça enrichisse les terres.
Moi je m'appelle Gwendal Thébaud, je suis salarié du ruisseau depuis le début de l'année. J'ai fait un stage ici l'année dernière pendant un an, une formation qui s'appelle le paysan créatif. Et en parallèle, je développe mon activité de pépinière bocagère sur le secteur de Dinan. Sur le site de la Bigotière, la Cycle Rousseau a apporté en 2023 un projet d'espace de production, plutôt axé sur la pépinière de jeunes arbres, donc pépinière fruitière. ou ce qu'on appelle bocagères, ce sont des essences d'arbres et d'arbustes qui poussent localement sur le territoire. Et de fruitiers également, parce qu'il y a des besoins d'agriculteurs en projet d'agroforesterie, où ils intègrent des arbres sur leur parcelle agricole. Avant, j'ai travaillé pendant 12 ans dans l'informatique. J'ai évolué dans mes études pour devenir administrateur système et réseau dans une entreprise. Et au bout de 6 ans dans cette entreprise, dans laquelle je me sentais bien quand même, Il y a eu une envie de retour à la terre. En fait, j'ai depuis tout petit été passionné par le végétal. La trentaine arrivant, en plein Covid également. Enfin voilà, j'ai fait partie de cette vague de gens qui se sont reposés des questions sur son activité. Et donc j'ai entamé une reconversion professionnelle. Ce qui fait que je suis là aujourd'hui.
Dans les dynamiques du ruisseau sur son territoire, et du ruisseau et des acteurs, j'insiste sur le fait que le ruisseau c'est une coopérative et on cherche vraiment à travailler avec les autres, du coup on a développé deux projets qui ont été soutenus par la NCT, l'Agence Nationale de Cohésion des Territoires. D'une part la fabrique de territoire, qui nous a permis de porter avec deux autres associations qui s'appellent Des Idées Planétaires et La Passerelle. une dynamique autour des tiers-lieux sur le territoire et l'animation d'un réseau de tiers-lieux, puisqu'il y en a plusieurs qui se sont créés ou qui sont en train de se créer, et d'animer ces dynamiques de tiers-lieux. Et globalement, par exemple, ça nous a permis, nous aussi, de développer un organisme de formation. Donc le Réseau coopératif est devenu organisme de formation, la CALIOPI, et dans une logique, là encore, de territoire, c'est-à-dire que les formateurs pourront être... des gens des différentes assos et tiers-lieux du territoire qui pourront utiliser pour leur formation le support d'organismes de formation que représente le ruisseau. Ça veut dire aussi, par exemple, faire des formations théoriques, ça veut dire des formations par l'exemple, par... la démonstration, par l'expérimentation, par l'accompagnement. Et le deuxième, c'est la manufacture de proximité. On a monté un consortium à six structures, labos de transfo, assaut d'aide à l'installation agricole, assaut de compostage, autour de la logique de la boucle alimentaire de la terre à la terre sur le territoire du pays de Saint-Malo. Ces financements permettent quand même d'initier des projets, d'expérimenter, d'avancer, et ensuite de trouver nos propres modes de fonctionnement pour continuer.
Je m'appelle Annie Le Goff, je fais partie d'une association qui s'appelle La Passerelle et qui est au conseil coopératif de la CIC Le Ruisseau. Alors à La Passerelle, on est tiers lieu jeunesse et numérique et on travaille sur trois projets, sur trois axes qui se complètent et où il y a de l'interaction. Il y a d'abord le premier axe concernant l'inclusion numérique. Donc ici on est en milieu rural, il y a plein de paramètres en plus. Paramètres de mobilité, paramètres de manque de formation, et donc on traite des aides immédiates, ça peut aller de l'aide administrative jusqu'à l'accès au droit, en passant par mon ordinateur ne s'allume plus, etc. Le deuxième projet s'appelle Regards de jeunes, qui s'adresse à des jeunes adultes, donc entre 16 et 30 ans, et ce sont de jeunes adultes qui, en règle générale, ne sont pas en formation, ne sont pas en emploi, ou en emploi précaire. Un nombre important d'entre eux sont des jeunes qui souffrent de problématiques et de fragilités au niveau de la santé mentale, suite à de la phobie scolaire, souvent développée après du harcèlement, de la phobie sociale, et puis plein de pathologies qui ne sont pas profondes en fait, mais qui suffisent simplement à s'ajouter à la problématique de la mobilité et de l'isolement quand on a arrêté l'école. Et le troisième volet, c'est un volet plutôt autour des liens, de la coopération, de la mutualisation. On a fait partie de Fabrique de Territoire, avec la coopérative du Ruisseau d'ailleurs. Ça nous a permis de vraiment bien rencontrer et de bien connaître une grande partie des acteurs associatifs du territoire, mais aussi les agents de collectivité, mais aussi d'autres partenaires autour du social, le CEDAS, les assistantes sociales, la mission locale. Toutes ces rencontres-là ont permis de créer un noyau d'une dizaine de structures qui continuent à réaliser des projets ensemble.
La bigotière c'est aussi un lieu d'accueil social.
Isabelle nous a parlé de trois petits pas. Je n'ai pas encore compris le concept. Allons voir Christine et Anne pour en parler.
Je m'appelle Christine,
j'habite à la Bigotière. On a eu l'idée tout de suite de faire de l'accueil.
Moi je suis Anne, j'habite donc à la Bigotière aussi. On était famille d'accueil, mon mari et moi, et du coup on a vu par nos accueils, il manquait quelque chose en fait. Si on avait travaillé en amont avec les parents, on aurait pu éviter un placement. Donc en fait, quand on s'est réunis tous là, les douze habitants, et qu'on s'est dit, ben, faut qu'on ait... peut-être des projets communs, parce qu'on s'était aperçu que beaucoup d'habitats groupés qui fonctionnaient bien, en fait, c'est parce qu'aussi, il y avait des projets communs. Et ben, voilà, on a lancé l'idée de faire un accueil de parents isolés avec enfants. Et puis, tout de suite, tout le monde a répondu positif.
Et donc on a créé une association assez rapidement. On a travaillé avec le conseil départemental d'Île-et-Vilaine et on a réussi à avoir un agrément. Et on a ouvert les portes de Trois Petits Pas. On accueille des parents avec très jeunes enfants. Il se trouve que dans la réalité, ce sont des mamans. On a même accueilli des jeunes femmes enceintes, donc avec tout le suivi de la grossesse. On accompagne ces personnes dans le lien avec leur enfant. Et on essaie d'accompagner ces personnes dans leur projet de vie. Qu'est-ce que je veux faire avec mon enfant, avec mes enfants ? Trois petits pas, ça permet de se poser, de se faire un peu coucouner parce que parfois la vie est rude et les personnes qui arrivent chez nous sont souvent malmenées. On a souhaité que ce soit une petite structure. On accueille trois familles, maman, bébé, maman, enfant. Et donc on est en milieu rural. Ça veut dire que tous les trajets sont accompagnés parce qu'en général ces mamans-là, elles n'ont pas leur permis de conduire. Donc on accompagne pour tous les rendez-vous chez le médecin, pour faire les courses, pour aller à l'école ou à la crèche. Voilà, donc ça, ça fait partie du travail des permanentes. Il y a trois studios, trois appartements dans la maison qu'on a réaménagé pour ça. Et on a souhaité que ce soit quand même quelque chose d'assez familial. Ce qui fait qu'il y a une vie à la fois collective et chaque maman aussi a son studio, son appartement. essaient de s'organiser comme tout un chacun. Et donc, les permanentes accompagnent ces mamans-là, qui souvent sont en difficulté aussi dans leur quotidien, ne serait-ce que de gérer une maison, faire son linge, et assurer toutes les démarches aussi vers l'extérieur. Dès le départ, on a souhaité que ce soit un lieu d'accueil ici, pour ces personnes-là, mais pour plein d'autres gens. Donc on crée des événements. Au tout départ, on a fait des soirées tartines, qui se perpétuent d'ailleurs. Et c'est vraiment un lieu convivial où chacun vient comme il est. Et donc, on invite bien sûr les mamans de Trois Petits Pas, les permanents de Trois Petits Pas. Et donc, ça donne l'occasion de discuter de choses et d'autres. Et à ces personnes aussi de voir qu'il y a d'autres gens, on connaît d'autres gens. Et que ce sont des personnes avec qui on peut échanger, voir, faire des choses.
Il y a un endroit où on se retrouve, parce que ça on l'a voulu, c'est la buanderie en fait. L'ambiandrique est commune à nous tous, tous les habitants, y compris Trois Petits Pas, où là, il y a les machines lavées et c'est un lieu où on se croise, où du coup, du lien se crée. Et petit à petit, on arrive à créer des liens, parce qu'il faut quand même avoir des lieux où on se rend compte si on veut créer quelque chose entre nous, et on voit bien que ce lieu-là, ça fonctionne. Aujourd'hui, on ne s'imagine pas trop vivre sans ce lieu à la Bigotière. D'ailleurs, on est assez contentes parce que les fondatrices sont parties, on a quitté en tant que salariés et on a réussi à retrouver du monde derrière des salariés qui sont tout autant investis, qui ont la fibre pour ce lieu. Et c'est chouette parce qu'on est contentes de cette transmission.
Sophie, je suis permanente depuis un peu plus d'un an au lieu de vie 3 petits pas. Pour moi, 3 petits pas ne seraient pas 3 petits pas avec tout ce qui se passe autour. La communauté, le partage, ça n'aurait pas la même saveur.
Finalement, ça favorise le lien à la nature. Et on s'aperçoit que parfois, ces personnes-là, elles ne connaissent rien des petites fleurs, des animaux, de comment on peut vivre à la campagne. Du coup, ça peut éveiller une certaine curiosité. et dans notre façon de vivre aussi dans ce milieu rural.
En fait, quand elles arrivent ici, elles trouvent que c'est le trou du monde. Et qu'est-ce qu'on va faire là ? Et puis finalement, petit à petit, elles se disent « Ah mais oui, mais là, il ne peut rien m'arriver. Ah oui, mais là, c'est calme. Ah oui, mais là, je peux me reconstruire en fait, parce qu'il n'y a pas de sollicitation extérieure. » Et moi, j'avais eu aussi au tout début qu'on était à la Bigotière un jeune en tant que famille d'accueil qui était ado et qui m'avait dit « Ah mais ouais, mais quand je viens là, ma tête se repose. »
Quelles sont les erreurs que vous avez rencontrées ?
En fait, je ne pense pas qu'on puisse parler d'erreurs. Je ne crois pas qu'on ait fait des erreurs. Je pense que si on recommençait... On ferait pareil, c'est-à-dire qu'on se laisserait faire. En fait, une de nos philosophies, c'est d'avancer chemin faisant. C'est-à-dire que c'est les choses qui se présentent et puis nous, on les laisse venir et puis on y répond ou on s'adapte ou ça nous donne des envies. Plutôt que d'avoir des plans, comme on ne planifie pas, on n'est jamais déçu finalement. Du coup, je ne crois pas qu'on ait de regrets. Sûrement, si on refaisait, ce serait différent parce qu'on attraperait des choses différentes. Et en même temps on ferait la même chose, c'est-à-dire que ce qu'on ferait c'est d'attraper les choses qui se présentent. Tu l'as vu, c'est un endroit quand même assez joyeux, dynamique. C'est pas non plus un long ruisseau tranquille, on a connu aussi des tensions, on a connu même des engueulades. Quelquefois la confiance qui est vraiment le socle de ce qui se passe ici, et entre nous et avec le territoire d'ailleurs, elle est un peu mise à mal. Mais globalement on y arrive toujours en fait. On arrive toujours à se parler, on a appris à se parler. On a travaillé avec une espèce de médiateur, quelqu'un qui nous a accompagnés et qu'on voit régulièrement pour apprendre à s'écouter, à mieux se connaître, à parler des sujets comme l'argent, comme la colère, ces sujets qui ne sont pas si simples à aborder. Et du coup, quand il y a des tensions... on peut se mettre en colère, on peut bouder un peu, sédimenter un peu des choses, et puis finalement, on finit par aller se voir, par manger ensemble, et puis ça repart. Et puis, on est toujours dans un projet commun, et s'il y a autre chose qui se présente, on y sera tous, quoi. Donc, voilà.
Et c'est déjà la fin de cet épisode. Je vous dis à bientôt pour une escapade dans un autre lieu, dans un autre territoire.
Au cœur des tiers-lieux,
les éclaireurs de la transformation écologique.
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Description
Un podcast de l'Agence nationale de la cohésion des territoires.
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Transcription
Salut, je suis Richard et dans cet épisode d'Au cœur des tiers-lieux,
je vous emmène en Bretagne, plus précisément à Ipignac,
commune située à 4 km de Dôle. Nous allons visiter la Bigotière,
lieu de vie,
lieu d'accueil social, lieu d'activité accueillant la coopérative Le Rousseau,
engagée pour le mieux manger tout en protégeant la biodiversité et bien d'autres choses encore.
Allez,
c'est parti ! Vous écoutez, Au cœur des tiers-lieux, les éclaireurs de la transformation écologique. Un podcast de l'Agence nationale de la cohésion des territoires. Partons en immersion dans des tiers-lieux implantés en ruralité. Manufacture de proximité, fabrique de territoire, tiers-lieux ressources, circuits courts, tiers-lieux nourriciers ou culturels. Et voyons comment ces lieux agissent pour la transformation écologique, sociale et solidaire du territoire. Je suis Isabelle, je suis habitante de la Bigotière. Je fais partie des... cofondateur, puisqu'on l'a tous fondé ensemble entre copains. Moi, je ne travaille plus, et donc ici je suis présidente de la Cycle Ruisseau, et aussi je suis très engagée en fait dans les associations d'habitat participatif. En fait, on se connaît depuis très longtemps, pour certains, depuis leur adolescence, et même on a un frère et une sœur qui habitent là, donc eux ils se connaissent depuis vraiment très longtemps. Voilà, on est une bande de copains, on s'est connus en grande partie dans un groupe vocal auquel on appartenait. Et quand on était en vacances ensemble, quand on passait à côté d'une ferme, d'un moulin, d'un village, on se disait, oh là là, ça serait chouette si on habitait ensemble, on pourrait faire plein de trucs, on pourrait faire encore plus de choses ensemble. On était vraiment dans le faire ensemble et créer quelque chose, une espèce de micro-société, aussi pour sortir un peu du capitalisme ambiant, d'essayer de créer des choses, d'expérimenter des nouvelles choses. Et on s'est tous réunis, on était je pense une trentaine de copains, et puis voilà, il y a six couples, donc douze personnes qui ont levé le doigt et qui ont dit « allez, on y va » , et on s'est mis à chercher un lieu pour s'installer. On a mis assez longtemps à trouver ce lieu, parce qu'on avait quand même des exigences, pas trop loin de Rennes pour ceux qui habitent toujours, se rapprocher de la mer, sortir de Rennes métropole, et puis avoir un environnement accueillant, pas que des grands champs de maïs, même s'il y en a quelques-uns ici. Et du coup on a trouvé cet endroit là qui coche toutes les cases, voilà la Bigotière. Je suis Henri, j'habite ici depuis le mois d'octobre 2016. Et alors donc la Bigotière, après quelques recherches, on se rend compte qu'en 1137, le seigneur du château de Landal, qui est à quelques kilomètres d'ici, a donné ses terres de la Bigotière pour fonder l'abbaye de la Vieux-Ville. Donc il y a une abbaye qui est sur la commune aussi. Enfin qu'était, parce qu'il ne reste plus grand chose. Voilà, donc c'est une abbaye qui a prospéré pendant de nombreuses années, parce qu'elle a duré jusqu'à la Révolution française. Donc la bigotière a toujours fait partie du domaine de l'abbaye. Et après, ça a été vendu comme bien national, toujours avec l'abbaye. Et un peu plus tard, ça s'est séparé de l'abbaye, et puis c'est devenu une des plus grosses fermes de la commune. Nous, on a racheté. Il n'y a plus d'activité agricole, proprement parlée, maintenant, mais ça reste un bâtiment remarquable. Alors en fait, c'est une ferme. Il y a quatre bâtiments qui entourent une cour. Il y a un bâtiment qu'on a réservé, celui qui était habité avant, qu'on a réservé pour le lieu d'accueil Trois Petits Pas, le lieu d'accueil social. Et puis, il y a deux autres longères qu'on a réservées aux habitats. Il y a trois habitats par longère, plus des parties communes dans les étages, des chambres communes, dortoirs communs, bureaux communs, salles d'eau communes, pour nos amis, nos invités. etc. Et un autre très grand bâtiment où il y a une partie, c'est un fournil et l'autre partie, c'est une grange qu'on est en train de rénover pour faire une grande salle commune d'activité qui est à la fois partagée pour les habitants et aussi surtout même pour l'extérieur. Et il y a un très long chemin d'accès qui fait 600 mètres et nous, on est au bout du chemin. Donc quand on arrive à la bigotière... Voilà, on a ce qu'on appelle l'avenue, parce que ça fait vraiment avenue, on a un grand chemin qui arrive jusqu'à nos bâtiments. Quand on arrive à la bigotière, on arrive dans une zone qu'on appelle, nous, publique, en fait. On l'a appelée la place du village. C'est une zone où n'importe qui peut arriver sans qu'on lui demande ce qu'il fait là. Quand on dit que c'est public, c'est vraiment public. Alors, on a 4,5 hectares de terrain. On a aussi deux grands ateliers, enfin deux grands hangars. Un qui héberge notre atelier et aussi une grande partie pour l'activité du ruisseau, qui est les paniers du ruisseau. Et puis un autre atelier qui nous sert de rangement, de cidrerie, qui est plus dédié aux habitants. On a une parcelle agricole de 1,5 hectare que le ruisseau utilise comme pépinière et un peu de permaculture, pareil, d'expérimentation. On a même planté du thé là-bas. Et on a aussi de l'autre côté un ruisseau qui délimite la propriété, d'où le nom le ruisseau. Avec un petit bois, on a quand même pas mal d'arbres. Il y a un vrai bois qui est traversé par ce ruisseau. Voilà le fameux ruisseau qui a donné son nom à la coopérative. Ça, c'est les potagers des habitants. Il y en a un là, un là, un là. C'est des manières différentes d'aborder le potager. Là, tu es au milieu des moutons, des chèvres et des pluviaques.
C'est bien pour ça qu'on t'a emmené là mais pas celle là. Il y a trop d'arbres autour que tu peux manger aussi.
On l'a acheté en septembre 2016. C'était des bâtiments agricoles dans lesquels on habite. Donc on a tout rénové en deux ans, deux ans et demi. Et en même temps que la rénovation se faisait, on a lancé les activités. D'abord un fournil. Gilbert a passé son CAP de boulanger à 55 ans. Il a quitté la fonction publique territoriale pour ça. Et le lieu d'accueil social, ce lieu-là, il est quand même passé de un habitant qui nous l'a vendu. à 23 habitants aujourd'hui. Et il y a une quinzaine de personnes qui travaillent sur le lieu. D'une ferme un peu moribonde, c'est vraiment devenu un lieu d'activité qui fourmille et c'est chouette.
Isabelle m'invite à échanger avec Jean-Luc au sujet des activités de la coopérative Le Ruisseau. Allons le voir. Je suis Jean-Luc, je suis donc habitant de cet éco-hamo à la Bigotière, et je suis, ou dont je suis un des cofondateurs, voilà, et je suis aussi désormais coordinateur de la coopérative, la SIC, le ruisseau qui a été créé sur le lieu, et qui développe des activités à la fois sur le lieu et sur le territoire. J'ai un parcours professionnel et personnel très marqué par deux choses, parlant. Entrée sur la nature. J'ai une formation universitaire en écologie et une formation associative en études naturalistes, en observation de la faune et de la flore, en connaissance de la faune et de la flore, de manière générale. Et une histoire agricole par mes parents. Finalement, tout mon parcours est lié à ces deux aspects-là et à essayer de relier ces deux aspects-là. Cette entrée de la nature, du vivant, et cette entrée de l'agriculture, du métier de paysan, auquel je tiens beaucoup, et de de les relier parce que parfois, ils ont eu tendance un peu à se dissocier dans les 50 dernières années, donc à essayer de retrouver ce lien entre paysannerie, qui travaille avec le vivant, et le vivant lui-même, le fonctionnement, l'écologie du vivant. Le fait de créer ce lieu a été une occasion, puisque j'ai travaillé pendant 27 ans dans l'enseignement agricole, justement sur ces sujets agriculture et biodiversité. Lorsqu'on a créé ce lieu, je me suis dit, bon, Jean-Luc, t'as tu as fait des enseignements, tu as participé à des projets, maintenant il faut rentrer dans le vif du sujet et essayer de proposer quelque chose sur ce territoire où on arrive pour essayer de favoriser une logique de transition agroécologique ou de transition écologique qui intègre les enjeux alimentaires et agricoles au cœur du territoire. Dans la transition écologique, parfois on oublie un peu la biodiversité, je trouve. Alors que c'est quand même le fondement du vivant, c'est le fondement de notre planète, en fait. Et c'est nos ressources, c'est nous-mêmes, nous sommes la biodiversité. Nous sommes un des éléments de la biodiversité en tant qu'être humain, quoi. Et finalement, c'est un peu ce qu'on essaye aussi de promouvoir ici, d'une part sur le lieu, de vivre avec d'autres habitants qui ne sont pas que des humains. sur ce lieu et aussi sur le territoire du coup, et d'essayer de le promouvoir. Pendant qu'on fait le podcast, on observe des chevreuils en face, il y a des non-humains de ce type là, des gros, mais il y a aussi des petits, il y a plein de mésanges, des mésanges charbonnières, des mésanges bleus qui sont en train de circuler en face de nous. Et puis après, il y a de la faune du sol, tout ce qui contribue à la vie du sol et donc à la fertilité de ces sols. Il y a ce qui va contribuer à l'épuration des eaux, ce qui va contribuer à à la production d'oxygène. Et donc ici, on a mis en place un petit outil qui s'appelle le Bigoscope, l'observatoire de la biodiversité de la bigotière. Ça nous a permis à la fois de faire un état des lieux de la biodiversité quand on est arrivé, et d'assurer un peu un suivi pour se dire, finalement, est-ce que nous, notre arrivée, génère plutôt des impacts ? Sur quelles espèces ? Qu'est-ce que ça a permis de revoir qui n'existait pas quand on est arrivé ? Le grillon des champs, par exemple. Il ne chantait pas, moi, quand je le vois là, on connaît tous ce petit chant de printemps dans les prairies. Il ne chantait pas quand on est arrivé ici. il chante, il est là. Alors je ne sais pas d'où il est arrivé et comment, mais en tout cas il est là. Le hérisson, il était a priori, parce qu'il n'est pas facile forcément à voir, mais il n'était pas forcément présent là. Maintenant, on le voit régulièrement, on le rencontre le soir. Et c'est vrai que nos pratiques, l'abandon des pistes, Par exemple, les plantations, le développement des mares, la mise en place de milieux sur le lieu favorisent forcément l'arrivée d'une biodiversité. Pour peu qu'on offre des conditions favorables, alors qu'on a quand même impacté de manière très forte, il y a un retour qui existe aussi. Ça, c'est un message d'espoir formidable.
Nous voilà au fournil ! Le fournil de la bigotière avec Nolwenn en pleine fournée du vendredi.
Bonjour Nolwenn.
Salut. Qu'est-ce que tu nous fais pas ?
Plein de pain. Là il y a déjà la première fournée qui est sortie et qui attend d'être mise en sachet et livrée au panier. Alors je suis boulangère depuis 2021. tout court et à la bilotière aussi. Je me suis formée pour reprendre la suite de Gilbert, qui est un des habitants qui avait monté le fournel ici et qui prenait sa retraite. Et du coup, j'ai fait le CAP en candidat libre en me formant ici avec lui. Je n'habite pas loin, assez peu loin pour pouvoir venir tous les jours à vélo. Donc ça, c'est chouette.
Voilà, c'est cuit.
Je prépare entre 100 et 190 kilos par fournet. Ça dépend un peu des commandes, des semaines, de s'il y a un événement ou pas. 90% ça part via les paniers du ruisseau et le reste c'est ici, en vente directe ici. Et du coup mon temps est partagé entre le fait de faire du pain, le fait de m'occuper de la gestion du lieu, de la gestion extérieure, donc la fauche, l'éclopaturage. La recréation du jardin pédagogique, l'entretien de l'extérieur quoi. Et l'accueil. Au fournil je fais accueil social et accueil de loisirs autour de la boulange et des biscuits. Et là ça va s'étendre aussi au jardin qui est sur le lieu. Accueil social et de loisirs c'est avec des enfants. Je travaille avec plusieurs structures du territoire, structures du social. Et du coup l'idée c'est d'utiliser le support de la boulange comme prétexte à plein d'autres trucs. sociabiliser, faire du lien avec les adultes, apprendre d'où ça vient notre bouffe. Certains en fait ont jamais participé à faire de la bouffe, pour eux ils ne savent même pas qu'il y a un processus avant le fait de manger. Pour d'autres ces supports d'ateliers ça va plus servir à développer leur leur aspect créatif, ils vont accrocher avec la boulange parce qu'ils peuvent décorer comme ils veulent leur pain etc. Chaque enfant vit l'atelier différemment et Il y en a plein qui reviennent en plus dans le chat,
c'est trop chouette.
Ce lieu, il nous sert un peu de point de vue écologique, il nous sert aussi d'espace d'expérimentation, d'action, et maintenant d'accueil, d'animation et de formation en fait pour les acteurs du territoire. Donc il sert un peu de lieu ressource, on en fait un espace ressource, parce que ce qu'on vit ici à la fois entre humains et avec les non-humains, avec la nature, c'est ce qu'on essaye de s'aimer aussi sur le territoire, donc que les gens puissent venir s'inspirer ici. C'est pour nous important. Mais par contre, qu'on aille aussi porter ces actions-là vers le territoire, c'est extrêmement important. Un des objets principaux de la coopérative Le Rousseau, c'est pour ça qu'on l'a créée, c'est pour développer des activités sur ce lieu et sur le territoire. Là, on vient de finir un atlas de la biodiversité communale avec les trois communes de Dôle, Épignac et Baguipiquan. Et ça a permis de faire un état des lieux de la biodiversité. Globalement, on est sur des territoires ruraux où les élus sont pas... Bien sûr, ils ont une certaine connaissance, une certaine approche de la nature, mais ils ont pas une connaissance technique, une connaissance écologique peut-être de leur... Ce qui est finalement un patrimoine et aussi des ressources. Et donc aborder ça avec eux, ça ouvre vraiment des champs de connaissances, d'échanges et d'actions. Parce que maintenant, là, on est passé au plan d'action, donc on imagine de travailler aussi bien sur la protection de la biodiversité dans les parcelles communales, dans les chemins communaux, limiter les pesticides, ne plus utiliser de pesticides au cimetière. Enfin voilà, ça va jusqu'à des actions dans la ville, la protection des hirondelles. Et puis, tout le travail à mener avec les agriculteurs. Et ça, c'est un autre pan important aussi de notre travail à la Cycle Rousseau, puisque quand même, ils gèrent ici 70 à 75% du territoire, les agriculteurs. Donc, si on veut travailler sur les questions de transition écologique, c'est un petit peu nécessaire de travailler avec eux. On mène des actions avec les agriculteurs à la fois sous l'angle alimentaire, c'est pour ça qu'on a lancé les paniers du Rousseau, en fait. Quand on a démarré le Rousseau coopératif par les paniers du Rousseau, Parce que l'entrée alimentaire, ça touche les gens, forcément, les consommateurs, et ça touche directement les producteurs aussi. Et donc ça fait ce lien direct entre les deux. Et nous, on est partis sur des paniers bio. Du coup, ça nous a permis de connaître plein d'agriculteurs du territoire, des agriculteurs bio. Et la coopérative, comme son nom l'indique, c'est de mettre en coopération, c'est de favoriser des synergies. Pour moi, on ne fera pas la transition tout seul. Ça n'existe pas, ça. Les transitions, ça suppose de travailler sur des filières, de remettre en place des filières locales, par exemple, sur l'alimentaire. Ça se fait dans des dynamiques de consortium, de coopération, de collectif, qu'il faut animer, qu'il faut mettre en place. Et en lien avec la collectivité, évidemment.
Chantal, je suis bénévole au panier de ruisseaux depuis plusieurs années déjà, 3-4 ans. Je suis contente de retrouver les clients, on peut dire les clients de toute façon, et d'être là pour la distribution.
Ce n'est pas un peu physique tout ça ?
Oui, c'est très physique. Ponctuellement en fait, c'est physique. Ponctuellement, parce que c'est au moment où on... On prépare surtout les... Moi, ce que j'aime, c'est comme c'est moi qui mets tout dans les frigos et qui est réparti par dépôt, parce qu'il y a quand même deux, trois, neuf dépôts. Il y a moins de risque d'erreur, en fait. Oui. La bigotière, c'est un endroit que j'aime beaucoup. Et puis, j'ai trouvé le projet extraordinaire de faire du bio local avec des producteurs qui ont vraiment envie de faire plein de choses. Au début, j'aidais plutôt à la mise en panier. Et puis, j'aime le côté aussi très convivial. Je sais que c'est une journée dense. Il y a beaucoup de choses à gérer en même temps. Mais bon, après, moi, ça me plaît bien. On n'a pas le droit d'un bisou, alors ? Il y a plein de lits pendant ce coup. Bon, je t'aime beaucoup. Oh, tu es sage. Je m'appelle Sabine, je viens ici, je suis cliente au panier parce que c'est local, c'est très important, les producteurs locaux et les producteurs bio. C'est très varié, il y a les fruits, les légumes, mais aussi de l'épicerie, de la fromagerie, des produits laitiers. On peut acheter des petits cadeaux, il y a du miel, de la confiture, des bières, du vin. On peut vraiment faire toutes ces courses au panier.
Parce que les paniers du ruisseau, c'est donc la partie alimentaire, c'est la partie vraiment visible pour nous de l'iceberg presque. C'est là que les citoyens nous connaissent en grande partie par les événements à la bigotière, je dirais, et par les paniers du ruisseau. Mais à côté de ça, on mène vraiment une action forte autour de, par exemple, une dynamique qui s'appelle Paysans de Nature, qui est une assaut nationale, une dynamique nationale autour de, justement, ce qui me tient à cœur, relier la nature et les paysans. Et on a un réseau aujourd'hui de 10 agriculteurs du territoire, 10 paysans. qui sont partants pour avancer avec des citoyens, avec des naturalistes, sur la place de la nature dans leur exploitation agricole et sur le territoire. Et donc ça c'est chouette de pouvoir animer des dynamiques avec ces paysans qui sont eux-mêmes d'ailleurs pour une partie d'entre eux producteurs au panier du ruisseau. Donc on fait du lien entre alimentaire, biodiversité, citoyenneté. territoire et ça c'est ça qui est je pense un élément fort de facteur de transition c'est à dire de structurante quoi pas juste un point localement pas ponctuel mais de manière réseau et de dynamique d'action sur le territoire on accompagne aussi sur ces logiques-là, il y a même une site qui a été créée, une autre, pour acheter des terres pour l'installation d'agriculteurs. On essaye de porter les différents leviers qui permettent d'aller agir sur la biodiversité et la paysannerie et peut-être contre aussi une forme d'accaparement des terres. par une logique toujours plus intensive et industrielle qui, de mon point de vue, nous mène dans le mur. Or, on est quand même face à des enjeux de changement climatique avec une présence essentielle de l'arbre à la fois pour décarboner, pour l'enjeu biodiversité, pour l'enjeu eau. Et donc on fait quoi, nous ? D'une part, on travaille depuis un an à la production d'une pépinière bocagère, c'est-à-dire de produire des plants. issus de graines qu'on est allé récolter sur le territoire pour faire de la marque végétale locale qu'on peut ensuite planter avec l'aide des communautés de communes par l'intermédiaire d'un programme qui s'appelle Bresbocage chez les agriculteurs du territoire.
On a commencé à cuisiner ce matin, on est parti faire quelques plats de terreau sur la serre parce qu'il n'y avait que ça à faire, on voulait arracher le pépin et du coup on s'est tout débrouillé.
Et tout va bien ?
Et tout va bien. Je suis Istrat Albert et j'effectue mes trois semaines de stage à la Bigotier. Je suis en formation en GMNF, gestionnement des milieux naturels et de la faune,
en terminale. En fait,
on est concentré sur les milieux. On essaye de préserver et d'améliorer les milieux afin de préserver la faune rare qu'on peut y trouver. On fait des plantations, on arrange des milieux.
On fauche,
on essaie de garder des milieux pauvres parce que ça va favoriser des plantes qu'on veut garder. Et on essaie d'arracher tout ce qui est un peu envahissant comme les orties et les ronces et on les exporte pour pas que ça enrichisse les terres.
Moi je m'appelle Gwendal Thébaud, je suis salarié du ruisseau depuis le début de l'année. J'ai fait un stage ici l'année dernière pendant un an, une formation qui s'appelle le paysan créatif. Et en parallèle, je développe mon activité de pépinière bocagère sur le secteur de Dinan. Sur le site de la Bigotière, la Cycle Rousseau a apporté en 2023 un projet d'espace de production, plutôt axé sur la pépinière de jeunes arbres, donc pépinière fruitière. ou ce qu'on appelle bocagères, ce sont des essences d'arbres et d'arbustes qui poussent localement sur le territoire. Et de fruitiers également, parce qu'il y a des besoins d'agriculteurs en projet d'agroforesterie, où ils intègrent des arbres sur leur parcelle agricole. Avant, j'ai travaillé pendant 12 ans dans l'informatique. J'ai évolué dans mes études pour devenir administrateur système et réseau dans une entreprise. Et au bout de 6 ans dans cette entreprise, dans laquelle je me sentais bien quand même, Il y a eu une envie de retour à la terre. En fait, j'ai depuis tout petit été passionné par le végétal. La trentaine arrivant, en plein Covid également. Enfin voilà, j'ai fait partie de cette vague de gens qui se sont reposés des questions sur son activité. Et donc j'ai entamé une reconversion professionnelle. Ce qui fait que je suis là aujourd'hui.
Dans les dynamiques du ruisseau sur son territoire, et du ruisseau et des acteurs, j'insiste sur le fait que le ruisseau c'est une coopérative et on cherche vraiment à travailler avec les autres, du coup on a développé deux projets qui ont été soutenus par la NCT, l'Agence Nationale de Cohésion des Territoires. D'une part la fabrique de territoire, qui nous a permis de porter avec deux autres associations qui s'appellent Des Idées Planétaires et La Passerelle. une dynamique autour des tiers-lieux sur le territoire et l'animation d'un réseau de tiers-lieux, puisqu'il y en a plusieurs qui se sont créés ou qui sont en train de se créer, et d'animer ces dynamiques de tiers-lieux. Et globalement, par exemple, ça nous a permis, nous aussi, de développer un organisme de formation. Donc le Réseau coopératif est devenu organisme de formation, la CALIOPI, et dans une logique, là encore, de territoire, c'est-à-dire que les formateurs pourront être... des gens des différentes assos et tiers-lieux du territoire qui pourront utiliser pour leur formation le support d'organismes de formation que représente le ruisseau. Ça veut dire aussi, par exemple, faire des formations théoriques, ça veut dire des formations par l'exemple, par... la démonstration, par l'expérimentation, par l'accompagnement. Et le deuxième, c'est la manufacture de proximité. On a monté un consortium à six structures, labos de transfo, assaut d'aide à l'installation agricole, assaut de compostage, autour de la logique de la boucle alimentaire de la terre à la terre sur le territoire du pays de Saint-Malo. Ces financements permettent quand même d'initier des projets, d'expérimenter, d'avancer, et ensuite de trouver nos propres modes de fonctionnement pour continuer.
Je m'appelle Annie Le Goff, je fais partie d'une association qui s'appelle La Passerelle et qui est au conseil coopératif de la CIC Le Ruisseau. Alors à La Passerelle, on est tiers lieu jeunesse et numérique et on travaille sur trois projets, sur trois axes qui se complètent et où il y a de l'interaction. Il y a d'abord le premier axe concernant l'inclusion numérique. Donc ici on est en milieu rural, il y a plein de paramètres en plus. Paramètres de mobilité, paramètres de manque de formation, et donc on traite des aides immédiates, ça peut aller de l'aide administrative jusqu'à l'accès au droit, en passant par mon ordinateur ne s'allume plus, etc. Le deuxième projet s'appelle Regards de jeunes, qui s'adresse à des jeunes adultes, donc entre 16 et 30 ans, et ce sont de jeunes adultes qui, en règle générale, ne sont pas en formation, ne sont pas en emploi, ou en emploi précaire. Un nombre important d'entre eux sont des jeunes qui souffrent de problématiques et de fragilités au niveau de la santé mentale, suite à de la phobie scolaire, souvent développée après du harcèlement, de la phobie sociale, et puis plein de pathologies qui ne sont pas profondes en fait, mais qui suffisent simplement à s'ajouter à la problématique de la mobilité et de l'isolement quand on a arrêté l'école. Et le troisième volet, c'est un volet plutôt autour des liens, de la coopération, de la mutualisation. On a fait partie de Fabrique de Territoire, avec la coopérative du Ruisseau d'ailleurs. Ça nous a permis de vraiment bien rencontrer et de bien connaître une grande partie des acteurs associatifs du territoire, mais aussi les agents de collectivité, mais aussi d'autres partenaires autour du social, le CEDAS, les assistantes sociales, la mission locale. Toutes ces rencontres-là ont permis de créer un noyau d'une dizaine de structures qui continuent à réaliser des projets ensemble.
La bigotière c'est aussi un lieu d'accueil social.
Isabelle nous a parlé de trois petits pas. Je n'ai pas encore compris le concept. Allons voir Christine et Anne pour en parler.
Je m'appelle Christine,
j'habite à la Bigotière. On a eu l'idée tout de suite de faire de l'accueil.
Moi je suis Anne, j'habite donc à la Bigotière aussi. On était famille d'accueil, mon mari et moi, et du coup on a vu par nos accueils, il manquait quelque chose en fait. Si on avait travaillé en amont avec les parents, on aurait pu éviter un placement. Donc en fait, quand on s'est réunis tous là, les douze habitants, et qu'on s'est dit, ben, faut qu'on ait... peut-être des projets communs, parce qu'on s'était aperçu que beaucoup d'habitats groupés qui fonctionnaient bien, en fait, c'est parce qu'aussi, il y avait des projets communs. Et ben, voilà, on a lancé l'idée de faire un accueil de parents isolés avec enfants. Et puis, tout de suite, tout le monde a répondu positif.
Et donc on a créé une association assez rapidement. On a travaillé avec le conseil départemental d'Île-et-Vilaine et on a réussi à avoir un agrément. Et on a ouvert les portes de Trois Petits Pas. On accueille des parents avec très jeunes enfants. Il se trouve que dans la réalité, ce sont des mamans. On a même accueilli des jeunes femmes enceintes, donc avec tout le suivi de la grossesse. On accompagne ces personnes dans le lien avec leur enfant. Et on essaie d'accompagner ces personnes dans leur projet de vie. Qu'est-ce que je veux faire avec mon enfant, avec mes enfants ? Trois petits pas, ça permet de se poser, de se faire un peu coucouner parce que parfois la vie est rude et les personnes qui arrivent chez nous sont souvent malmenées. On a souhaité que ce soit une petite structure. On accueille trois familles, maman, bébé, maman, enfant. Et donc on est en milieu rural. Ça veut dire que tous les trajets sont accompagnés parce qu'en général ces mamans-là, elles n'ont pas leur permis de conduire. Donc on accompagne pour tous les rendez-vous chez le médecin, pour faire les courses, pour aller à l'école ou à la crèche. Voilà, donc ça, ça fait partie du travail des permanentes. Il y a trois studios, trois appartements dans la maison qu'on a réaménagé pour ça. Et on a souhaité que ce soit quand même quelque chose d'assez familial. Ce qui fait qu'il y a une vie à la fois collective et chaque maman aussi a son studio, son appartement. essaient de s'organiser comme tout un chacun. Et donc, les permanentes accompagnent ces mamans-là, qui souvent sont en difficulté aussi dans leur quotidien, ne serait-ce que de gérer une maison, faire son linge, et assurer toutes les démarches aussi vers l'extérieur. Dès le départ, on a souhaité que ce soit un lieu d'accueil ici, pour ces personnes-là, mais pour plein d'autres gens. Donc on crée des événements. Au tout départ, on a fait des soirées tartines, qui se perpétuent d'ailleurs. Et c'est vraiment un lieu convivial où chacun vient comme il est. Et donc, on invite bien sûr les mamans de Trois Petits Pas, les permanents de Trois Petits Pas. Et donc, ça donne l'occasion de discuter de choses et d'autres. Et à ces personnes aussi de voir qu'il y a d'autres gens, on connaît d'autres gens. Et que ce sont des personnes avec qui on peut échanger, voir, faire des choses.
Il y a un endroit où on se retrouve, parce que ça on l'a voulu, c'est la buanderie en fait. L'ambiandrique est commune à nous tous, tous les habitants, y compris Trois Petits Pas, où là, il y a les machines lavées et c'est un lieu où on se croise, où du coup, du lien se crée. Et petit à petit, on arrive à créer des liens, parce qu'il faut quand même avoir des lieux où on se rend compte si on veut créer quelque chose entre nous, et on voit bien que ce lieu-là, ça fonctionne. Aujourd'hui, on ne s'imagine pas trop vivre sans ce lieu à la Bigotière. D'ailleurs, on est assez contentes parce que les fondatrices sont parties, on a quitté en tant que salariés et on a réussi à retrouver du monde derrière des salariés qui sont tout autant investis, qui ont la fibre pour ce lieu. Et c'est chouette parce qu'on est contentes de cette transmission.
Sophie, je suis permanente depuis un peu plus d'un an au lieu de vie 3 petits pas. Pour moi, 3 petits pas ne seraient pas 3 petits pas avec tout ce qui se passe autour. La communauté, le partage, ça n'aurait pas la même saveur.
Finalement, ça favorise le lien à la nature. Et on s'aperçoit que parfois, ces personnes-là, elles ne connaissent rien des petites fleurs, des animaux, de comment on peut vivre à la campagne. Du coup, ça peut éveiller une certaine curiosité. et dans notre façon de vivre aussi dans ce milieu rural.
En fait, quand elles arrivent ici, elles trouvent que c'est le trou du monde. Et qu'est-ce qu'on va faire là ? Et puis finalement, petit à petit, elles se disent « Ah mais oui, mais là, il ne peut rien m'arriver. Ah oui, mais là, c'est calme. Ah oui, mais là, je peux me reconstruire en fait, parce qu'il n'y a pas de sollicitation extérieure. » Et moi, j'avais eu aussi au tout début qu'on était à la Bigotière un jeune en tant que famille d'accueil qui était ado et qui m'avait dit « Ah mais ouais, mais quand je viens là, ma tête se repose. »
Quelles sont les erreurs que vous avez rencontrées ?
En fait, je ne pense pas qu'on puisse parler d'erreurs. Je ne crois pas qu'on ait fait des erreurs. Je pense que si on recommençait... On ferait pareil, c'est-à-dire qu'on se laisserait faire. En fait, une de nos philosophies, c'est d'avancer chemin faisant. C'est-à-dire que c'est les choses qui se présentent et puis nous, on les laisse venir et puis on y répond ou on s'adapte ou ça nous donne des envies. Plutôt que d'avoir des plans, comme on ne planifie pas, on n'est jamais déçu finalement. Du coup, je ne crois pas qu'on ait de regrets. Sûrement, si on refaisait, ce serait différent parce qu'on attraperait des choses différentes. Et en même temps on ferait la même chose, c'est-à-dire que ce qu'on ferait c'est d'attraper les choses qui se présentent. Tu l'as vu, c'est un endroit quand même assez joyeux, dynamique. C'est pas non plus un long ruisseau tranquille, on a connu aussi des tensions, on a connu même des engueulades. Quelquefois la confiance qui est vraiment le socle de ce qui se passe ici, et entre nous et avec le territoire d'ailleurs, elle est un peu mise à mal. Mais globalement on y arrive toujours en fait. On arrive toujours à se parler, on a appris à se parler. On a travaillé avec une espèce de médiateur, quelqu'un qui nous a accompagnés et qu'on voit régulièrement pour apprendre à s'écouter, à mieux se connaître, à parler des sujets comme l'argent, comme la colère, ces sujets qui ne sont pas si simples à aborder. Et du coup, quand il y a des tensions... on peut se mettre en colère, on peut bouder un peu, sédimenter un peu des choses, et puis finalement, on finit par aller se voir, par manger ensemble, et puis ça repart. Et puis, on est toujours dans un projet commun, et s'il y a autre chose qui se présente, on y sera tous, quoi. Donc, voilà.
Et c'est déjà la fin de cet épisode. Je vous dis à bientôt pour une escapade dans un autre lieu, dans un autre territoire.
Au cœur des tiers-lieux,
les éclaireurs de la transformation écologique.
Description
Un podcast de l'Agence nationale de la cohésion des territoires.
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Transcription
Salut, je suis Richard et dans cet épisode d'Au cœur des tiers-lieux,
je vous emmène en Bretagne, plus précisément à Ipignac,
commune située à 4 km de Dôle. Nous allons visiter la Bigotière,
lieu de vie,
lieu d'accueil social, lieu d'activité accueillant la coopérative Le Rousseau,
engagée pour le mieux manger tout en protégeant la biodiversité et bien d'autres choses encore.
Allez,
c'est parti ! Vous écoutez, Au cœur des tiers-lieux, les éclaireurs de la transformation écologique. Un podcast de l'Agence nationale de la cohésion des territoires. Partons en immersion dans des tiers-lieux implantés en ruralité. Manufacture de proximité, fabrique de territoire, tiers-lieux ressources, circuits courts, tiers-lieux nourriciers ou culturels. Et voyons comment ces lieux agissent pour la transformation écologique, sociale et solidaire du territoire. Je suis Isabelle, je suis habitante de la Bigotière. Je fais partie des... cofondateur, puisqu'on l'a tous fondé ensemble entre copains. Moi, je ne travaille plus, et donc ici je suis présidente de la Cycle Ruisseau, et aussi je suis très engagée en fait dans les associations d'habitat participatif. En fait, on se connaît depuis très longtemps, pour certains, depuis leur adolescence, et même on a un frère et une sœur qui habitent là, donc eux ils se connaissent depuis vraiment très longtemps. Voilà, on est une bande de copains, on s'est connus en grande partie dans un groupe vocal auquel on appartenait. Et quand on était en vacances ensemble, quand on passait à côté d'une ferme, d'un moulin, d'un village, on se disait, oh là là, ça serait chouette si on habitait ensemble, on pourrait faire plein de trucs, on pourrait faire encore plus de choses ensemble. On était vraiment dans le faire ensemble et créer quelque chose, une espèce de micro-société, aussi pour sortir un peu du capitalisme ambiant, d'essayer de créer des choses, d'expérimenter des nouvelles choses. Et on s'est tous réunis, on était je pense une trentaine de copains, et puis voilà, il y a six couples, donc douze personnes qui ont levé le doigt et qui ont dit « allez, on y va » , et on s'est mis à chercher un lieu pour s'installer. On a mis assez longtemps à trouver ce lieu, parce qu'on avait quand même des exigences, pas trop loin de Rennes pour ceux qui habitent toujours, se rapprocher de la mer, sortir de Rennes métropole, et puis avoir un environnement accueillant, pas que des grands champs de maïs, même s'il y en a quelques-uns ici. Et du coup on a trouvé cet endroit là qui coche toutes les cases, voilà la Bigotière. Je suis Henri, j'habite ici depuis le mois d'octobre 2016. Et alors donc la Bigotière, après quelques recherches, on se rend compte qu'en 1137, le seigneur du château de Landal, qui est à quelques kilomètres d'ici, a donné ses terres de la Bigotière pour fonder l'abbaye de la Vieux-Ville. Donc il y a une abbaye qui est sur la commune aussi. Enfin qu'était, parce qu'il ne reste plus grand chose. Voilà, donc c'est une abbaye qui a prospéré pendant de nombreuses années, parce qu'elle a duré jusqu'à la Révolution française. Donc la bigotière a toujours fait partie du domaine de l'abbaye. Et après, ça a été vendu comme bien national, toujours avec l'abbaye. Et un peu plus tard, ça s'est séparé de l'abbaye, et puis c'est devenu une des plus grosses fermes de la commune. Nous, on a racheté. Il n'y a plus d'activité agricole, proprement parlée, maintenant, mais ça reste un bâtiment remarquable. Alors en fait, c'est une ferme. Il y a quatre bâtiments qui entourent une cour. Il y a un bâtiment qu'on a réservé, celui qui était habité avant, qu'on a réservé pour le lieu d'accueil Trois Petits Pas, le lieu d'accueil social. Et puis, il y a deux autres longères qu'on a réservées aux habitats. Il y a trois habitats par longère, plus des parties communes dans les étages, des chambres communes, dortoirs communs, bureaux communs, salles d'eau communes, pour nos amis, nos invités. etc. Et un autre très grand bâtiment où il y a une partie, c'est un fournil et l'autre partie, c'est une grange qu'on est en train de rénover pour faire une grande salle commune d'activité qui est à la fois partagée pour les habitants et aussi surtout même pour l'extérieur. Et il y a un très long chemin d'accès qui fait 600 mètres et nous, on est au bout du chemin. Donc quand on arrive à la bigotière... Voilà, on a ce qu'on appelle l'avenue, parce que ça fait vraiment avenue, on a un grand chemin qui arrive jusqu'à nos bâtiments. Quand on arrive à la bigotière, on arrive dans une zone qu'on appelle, nous, publique, en fait. On l'a appelée la place du village. C'est une zone où n'importe qui peut arriver sans qu'on lui demande ce qu'il fait là. Quand on dit que c'est public, c'est vraiment public. Alors, on a 4,5 hectares de terrain. On a aussi deux grands ateliers, enfin deux grands hangars. Un qui héberge notre atelier et aussi une grande partie pour l'activité du ruisseau, qui est les paniers du ruisseau. Et puis un autre atelier qui nous sert de rangement, de cidrerie, qui est plus dédié aux habitants. On a une parcelle agricole de 1,5 hectare que le ruisseau utilise comme pépinière et un peu de permaculture, pareil, d'expérimentation. On a même planté du thé là-bas. Et on a aussi de l'autre côté un ruisseau qui délimite la propriété, d'où le nom le ruisseau. Avec un petit bois, on a quand même pas mal d'arbres. Il y a un vrai bois qui est traversé par ce ruisseau. Voilà le fameux ruisseau qui a donné son nom à la coopérative. Ça, c'est les potagers des habitants. Il y en a un là, un là, un là. C'est des manières différentes d'aborder le potager. Là, tu es au milieu des moutons, des chèvres et des pluviaques.
C'est bien pour ça qu'on t'a emmené là mais pas celle là. Il y a trop d'arbres autour que tu peux manger aussi.
On l'a acheté en septembre 2016. C'était des bâtiments agricoles dans lesquels on habite. Donc on a tout rénové en deux ans, deux ans et demi. Et en même temps que la rénovation se faisait, on a lancé les activités. D'abord un fournil. Gilbert a passé son CAP de boulanger à 55 ans. Il a quitté la fonction publique territoriale pour ça. Et le lieu d'accueil social, ce lieu-là, il est quand même passé de un habitant qui nous l'a vendu. à 23 habitants aujourd'hui. Et il y a une quinzaine de personnes qui travaillent sur le lieu. D'une ferme un peu moribonde, c'est vraiment devenu un lieu d'activité qui fourmille et c'est chouette.
Isabelle m'invite à échanger avec Jean-Luc au sujet des activités de la coopérative Le Ruisseau. Allons le voir. Je suis Jean-Luc, je suis donc habitant de cet éco-hamo à la Bigotière, et je suis, ou dont je suis un des cofondateurs, voilà, et je suis aussi désormais coordinateur de la coopérative, la SIC, le ruisseau qui a été créé sur le lieu, et qui développe des activités à la fois sur le lieu et sur le territoire. J'ai un parcours professionnel et personnel très marqué par deux choses, parlant. Entrée sur la nature. J'ai une formation universitaire en écologie et une formation associative en études naturalistes, en observation de la faune et de la flore, en connaissance de la faune et de la flore, de manière générale. Et une histoire agricole par mes parents. Finalement, tout mon parcours est lié à ces deux aspects-là et à essayer de relier ces deux aspects-là. Cette entrée de la nature, du vivant, et cette entrée de l'agriculture, du métier de paysan, auquel je tiens beaucoup, et de de les relier parce que parfois, ils ont eu tendance un peu à se dissocier dans les 50 dernières années, donc à essayer de retrouver ce lien entre paysannerie, qui travaille avec le vivant, et le vivant lui-même, le fonctionnement, l'écologie du vivant. Le fait de créer ce lieu a été une occasion, puisque j'ai travaillé pendant 27 ans dans l'enseignement agricole, justement sur ces sujets agriculture et biodiversité. Lorsqu'on a créé ce lieu, je me suis dit, bon, Jean-Luc, t'as tu as fait des enseignements, tu as participé à des projets, maintenant il faut rentrer dans le vif du sujet et essayer de proposer quelque chose sur ce territoire où on arrive pour essayer de favoriser une logique de transition agroécologique ou de transition écologique qui intègre les enjeux alimentaires et agricoles au cœur du territoire. Dans la transition écologique, parfois on oublie un peu la biodiversité, je trouve. Alors que c'est quand même le fondement du vivant, c'est le fondement de notre planète, en fait. Et c'est nos ressources, c'est nous-mêmes, nous sommes la biodiversité. Nous sommes un des éléments de la biodiversité en tant qu'être humain, quoi. Et finalement, c'est un peu ce qu'on essaye aussi de promouvoir ici, d'une part sur le lieu, de vivre avec d'autres habitants qui ne sont pas que des humains. sur ce lieu et aussi sur le territoire du coup, et d'essayer de le promouvoir. Pendant qu'on fait le podcast, on observe des chevreuils en face, il y a des non-humains de ce type là, des gros, mais il y a aussi des petits, il y a plein de mésanges, des mésanges charbonnières, des mésanges bleus qui sont en train de circuler en face de nous. Et puis après, il y a de la faune du sol, tout ce qui contribue à la vie du sol et donc à la fertilité de ces sols. Il y a ce qui va contribuer à l'épuration des eaux, ce qui va contribuer à à la production d'oxygène. Et donc ici, on a mis en place un petit outil qui s'appelle le Bigoscope, l'observatoire de la biodiversité de la bigotière. Ça nous a permis à la fois de faire un état des lieux de la biodiversité quand on est arrivé, et d'assurer un peu un suivi pour se dire, finalement, est-ce que nous, notre arrivée, génère plutôt des impacts ? Sur quelles espèces ? Qu'est-ce que ça a permis de revoir qui n'existait pas quand on est arrivé ? Le grillon des champs, par exemple. Il ne chantait pas, moi, quand je le vois là, on connaît tous ce petit chant de printemps dans les prairies. Il ne chantait pas quand on est arrivé ici. il chante, il est là. Alors je ne sais pas d'où il est arrivé et comment, mais en tout cas il est là. Le hérisson, il était a priori, parce qu'il n'est pas facile forcément à voir, mais il n'était pas forcément présent là. Maintenant, on le voit régulièrement, on le rencontre le soir. Et c'est vrai que nos pratiques, l'abandon des pistes, Par exemple, les plantations, le développement des mares, la mise en place de milieux sur le lieu favorisent forcément l'arrivée d'une biodiversité. Pour peu qu'on offre des conditions favorables, alors qu'on a quand même impacté de manière très forte, il y a un retour qui existe aussi. Ça, c'est un message d'espoir formidable.
Nous voilà au fournil ! Le fournil de la bigotière avec Nolwenn en pleine fournée du vendredi.
Bonjour Nolwenn.
Salut. Qu'est-ce que tu nous fais pas ?
Plein de pain. Là il y a déjà la première fournée qui est sortie et qui attend d'être mise en sachet et livrée au panier. Alors je suis boulangère depuis 2021. tout court et à la bilotière aussi. Je me suis formée pour reprendre la suite de Gilbert, qui est un des habitants qui avait monté le fournel ici et qui prenait sa retraite. Et du coup, j'ai fait le CAP en candidat libre en me formant ici avec lui. Je n'habite pas loin, assez peu loin pour pouvoir venir tous les jours à vélo. Donc ça, c'est chouette.
Voilà, c'est cuit.
Je prépare entre 100 et 190 kilos par fournet. Ça dépend un peu des commandes, des semaines, de s'il y a un événement ou pas. 90% ça part via les paniers du ruisseau et le reste c'est ici, en vente directe ici. Et du coup mon temps est partagé entre le fait de faire du pain, le fait de m'occuper de la gestion du lieu, de la gestion extérieure, donc la fauche, l'éclopaturage. La recréation du jardin pédagogique, l'entretien de l'extérieur quoi. Et l'accueil. Au fournil je fais accueil social et accueil de loisirs autour de la boulange et des biscuits. Et là ça va s'étendre aussi au jardin qui est sur le lieu. Accueil social et de loisirs c'est avec des enfants. Je travaille avec plusieurs structures du territoire, structures du social. Et du coup l'idée c'est d'utiliser le support de la boulange comme prétexte à plein d'autres trucs. sociabiliser, faire du lien avec les adultes, apprendre d'où ça vient notre bouffe. Certains en fait ont jamais participé à faire de la bouffe, pour eux ils ne savent même pas qu'il y a un processus avant le fait de manger. Pour d'autres ces supports d'ateliers ça va plus servir à développer leur leur aspect créatif, ils vont accrocher avec la boulange parce qu'ils peuvent décorer comme ils veulent leur pain etc. Chaque enfant vit l'atelier différemment et Il y en a plein qui reviennent en plus dans le chat,
c'est trop chouette.
Ce lieu, il nous sert un peu de point de vue écologique, il nous sert aussi d'espace d'expérimentation, d'action, et maintenant d'accueil, d'animation et de formation en fait pour les acteurs du territoire. Donc il sert un peu de lieu ressource, on en fait un espace ressource, parce que ce qu'on vit ici à la fois entre humains et avec les non-humains, avec la nature, c'est ce qu'on essaye de s'aimer aussi sur le territoire, donc que les gens puissent venir s'inspirer ici. C'est pour nous important. Mais par contre, qu'on aille aussi porter ces actions-là vers le territoire, c'est extrêmement important. Un des objets principaux de la coopérative Le Rousseau, c'est pour ça qu'on l'a créée, c'est pour développer des activités sur ce lieu et sur le territoire. Là, on vient de finir un atlas de la biodiversité communale avec les trois communes de Dôle, Épignac et Baguipiquan. Et ça a permis de faire un état des lieux de la biodiversité. Globalement, on est sur des territoires ruraux où les élus sont pas... Bien sûr, ils ont une certaine connaissance, une certaine approche de la nature, mais ils ont pas une connaissance technique, une connaissance écologique peut-être de leur... Ce qui est finalement un patrimoine et aussi des ressources. Et donc aborder ça avec eux, ça ouvre vraiment des champs de connaissances, d'échanges et d'actions. Parce que maintenant, là, on est passé au plan d'action, donc on imagine de travailler aussi bien sur la protection de la biodiversité dans les parcelles communales, dans les chemins communaux, limiter les pesticides, ne plus utiliser de pesticides au cimetière. Enfin voilà, ça va jusqu'à des actions dans la ville, la protection des hirondelles. Et puis, tout le travail à mener avec les agriculteurs. Et ça, c'est un autre pan important aussi de notre travail à la Cycle Rousseau, puisque quand même, ils gèrent ici 70 à 75% du territoire, les agriculteurs. Donc, si on veut travailler sur les questions de transition écologique, c'est un petit peu nécessaire de travailler avec eux. On mène des actions avec les agriculteurs à la fois sous l'angle alimentaire, c'est pour ça qu'on a lancé les paniers du Rousseau, en fait. Quand on a démarré le Rousseau coopératif par les paniers du Rousseau, Parce que l'entrée alimentaire, ça touche les gens, forcément, les consommateurs, et ça touche directement les producteurs aussi. Et donc ça fait ce lien direct entre les deux. Et nous, on est partis sur des paniers bio. Du coup, ça nous a permis de connaître plein d'agriculteurs du territoire, des agriculteurs bio. Et la coopérative, comme son nom l'indique, c'est de mettre en coopération, c'est de favoriser des synergies. Pour moi, on ne fera pas la transition tout seul. Ça n'existe pas, ça. Les transitions, ça suppose de travailler sur des filières, de remettre en place des filières locales, par exemple, sur l'alimentaire. Ça se fait dans des dynamiques de consortium, de coopération, de collectif, qu'il faut animer, qu'il faut mettre en place. Et en lien avec la collectivité, évidemment.
Chantal, je suis bénévole au panier de ruisseaux depuis plusieurs années déjà, 3-4 ans. Je suis contente de retrouver les clients, on peut dire les clients de toute façon, et d'être là pour la distribution.
Ce n'est pas un peu physique tout ça ?
Oui, c'est très physique. Ponctuellement en fait, c'est physique. Ponctuellement, parce que c'est au moment où on... On prépare surtout les... Moi, ce que j'aime, c'est comme c'est moi qui mets tout dans les frigos et qui est réparti par dépôt, parce qu'il y a quand même deux, trois, neuf dépôts. Il y a moins de risque d'erreur, en fait. Oui. La bigotière, c'est un endroit que j'aime beaucoup. Et puis, j'ai trouvé le projet extraordinaire de faire du bio local avec des producteurs qui ont vraiment envie de faire plein de choses. Au début, j'aidais plutôt à la mise en panier. Et puis, j'aime le côté aussi très convivial. Je sais que c'est une journée dense. Il y a beaucoup de choses à gérer en même temps. Mais bon, après, moi, ça me plaît bien. On n'a pas le droit d'un bisou, alors ? Il y a plein de lits pendant ce coup. Bon, je t'aime beaucoup. Oh, tu es sage. Je m'appelle Sabine, je viens ici, je suis cliente au panier parce que c'est local, c'est très important, les producteurs locaux et les producteurs bio. C'est très varié, il y a les fruits, les légumes, mais aussi de l'épicerie, de la fromagerie, des produits laitiers. On peut acheter des petits cadeaux, il y a du miel, de la confiture, des bières, du vin. On peut vraiment faire toutes ces courses au panier.
Parce que les paniers du ruisseau, c'est donc la partie alimentaire, c'est la partie vraiment visible pour nous de l'iceberg presque. C'est là que les citoyens nous connaissent en grande partie par les événements à la bigotière, je dirais, et par les paniers du ruisseau. Mais à côté de ça, on mène vraiment une action forte autour de, par exemple, une dynamique qui s'appelle Paysans de Nature, qui est une assaut nationale, une dynamique nationale autour de, justement, ce qui me tient à cœur, relier la nature et les paysans. Et on a un réseau aujourd'hui de 10 agriculteurs du territoire, 10 paysans. qui sont partants pour avancer avec des citoyens, avec des naturalistes, sur la place de la nature dans leur exploitation agricole et sur le territoire. Et donc ça c'est chouette de pouvoir animer des dynamiques avec ces paysans qui sont eux-mêmes d'ailleurs pour une partie d'entre eux producteurs au panier du ruisseau. Donc on fait du lien entre alimentaire, biodiversité, citoyenneté. territoire et ça c'est ça qui est je pense un élément fort de facteur de transition c'est à dire de structurante quoi pas juste un point localement pas ponctuel mais de manière réseau et de dynamique d'action sur le territoire on accompagne aussi sur ces logiques-là, il y a même une site qui a été créée, une autre, pour acheter des terres pour l'installation d'agriculteurs. On essaye de porter les différents leviers qui permettent d'aller agir sur la biodiversité et la paysannerie et peut-être contre aussi une forme d'accaparement des terres. par une logique toujours plus intensive et industrielle qui, de mon point de vue, nous mène dans le mur. Or, on est quand même face à des enjeux de changement climatique avec une présence essentielle de l'arbre à la fois pour décarboner, pour l'enjeu biodiversité, pour l'enjeu eau. Et donc on fait quoi, nous ? D'une part, on travaille depuis un an à la production d'une pépinière bocagère, c'est-à-dire de produire des plants. issus de graines qu'on est allé récolter sur le territoire pour faire de la marque végétale locale qu'on peut ensuite planter avec l'aide des communautés de communes par l'intermédiaire d'un programme qui s'appelle Bresbocage chez les agriculteurs du territoire.
On a commencé à cuisiner ce matin, on est parti faire quelques plats de terreau sur la serre parce qu'il n'y avait que ça à faire, on voulait arracher le pépin et du coup on s'est tout débrouillé.
Et tout va bien ?
Et tout va bien. Je suis Istrat Albert et j'effectue mes trois semaines de stage à la Bigotier. Je suis en formation en GMNF, gestionnement des milieux naturels et de la faune,
en terminale. En fait,
on est concentré sur les milieux. On essaye de préserver et d'améliorer les milieux afin de préserver la faune rare qu'on peut y trouver. On fait des plantations, on arrange des milieux.
On fauche,
on essaie de garder des milieux pauvres parce que ça va favoriser des plantes qu'on veut garder. Et on essaie d'arracher tout ce qui est un peu envahissant comme les orties et les ronces et on les exporte pour pas que ça enrichisse les terres.
Moi je m'appelle Gwendal Thébaud, je suis salarié du ruisseau depuis le début de l'année. J'ai fait un stage ici l'année dernière pendant un an, une formation qui s'appelle le paysan créatif. Et en parallèle, je développe mon activité de pépinière bocagère sur le secteur de Dinan. Sur le site de la Bigotière, la Cycle Rousseau a apporté en 2023 un projet d'espace de production, plutôt axé sur la pépinière de jeunes arbres, donc pépinière fruitière. ou ce qu'on appelle bocagères, ce sont des essences d'arbres et d'arbustes qui poussent localement sur le territoire. Et de fruitiers également, parce qu'il y a des besoins d'agriculteurs en projet d'agroforesterie, où ils intègrent des arbres sur leur parcelle agricole. Avant, j'ai travaillé pendant 12 ans dans l'informatique. J'ai évolué dans mes études pour devenir administrateur système et réseau dans une entreprise. Et au bout de 6 ans dans cette entreprise, dans laquelle je me sentais bien quand même, Il y a eu une envie de retour à la terre. En fait, j'ai depuis tout petit été passionné par le végétal. La trentaine arrivant, en plein Covid également. Enfin voilà, j'ai fait partie de cette vague de gens qui se sont reposés des questions sur son activité. Et donc j'ai entamé une reconversion professionnelle. Ce qui fait que je suis là aujourd'hui.
Dans les dynamiques du ruisseau sur son territoire, et du ruisseau et des acteurs, j'insiste sur le fait que le ruisseau c'est une coopérative et on cherche vraiment à travailler avec les autres, du coup on a développé deux projets qui ont été soutenus par la NCT, l'Agence Nationale de Cohésion des Territoires. D'une part la fabrique de territoire, qui nous a permis de porter avec deux autres associations qui s'appellent Des Idées Planétaires et La Passerelle. une dynamique autour des tiers-lieux sur le territoire et l'animation d'un réseau de tiers-lieux, puisqu'il y en a plusieurs qui se sont créés ou qui sont en train de se créer, et d'animer ces dynamiques de tiers-lieux. Et globalement, par exemple, ça nous a permis, nous aussi, de développer un organisme de formation. Donc le Réseau coopératif est devenu organisme de formation, la CALIOPI, et dans une logique, là encore, de territoire, c'est-à-dire que les formateurs pourront être... des gens des différentes assos et tiers-lieux du territoire qui pourront utiliser pour leur formation le support d'organismes de formation que représente le ruisseau. Ça veut dire aussi, par exemple, faire des formations théoriques, ça veut dire des formations par l'exemple, par... la démonstration, par l'expérimentation, par l'accompagnement. Et le deuxième, c'est la manufacture de proximité. On a monté un consortium à six structures, labos de transfo, assaut d'aide à l'installation agricole, assaut de compostage, autour de la logique de la boucle alimentaire de la terre à la terre sur le territoire du pays de Saint-Malo. Ces financements permettent quand même d'initier des projets, d'expérimenter, d'avancer, et ensuite de trouver nos propres modes de fonctionnement pour continuer.
Je m'appelle Annie Le Goff, je fais partie d'une association qui s'appelle La Passerelle et qui est au conseil coopératif de la CIC Le Ruisseau. Alors à La Passerelle, on est tiers lieu jeunesse et numérique et on travaille sur trois projets, sur trois axes qui se complètent et où il y a de l'interaction. Il y a d'abord le premier axe concernant l'inclusion numérique. Donc ici on est en milieu rural, il y a plein de paramètres en plus. Paramètres de mobilité, paramètres de manque de formation, et donc on traite des aides immédiates, ça peut aller de l'aide administrative jusqu'à l'accès au droit, en passant par mon ordinateur ne s'allume plus, etc. Le deuxième projet s'appelle Regards de jeunes, qui s'adresse à des jeunes adultes, donc entre 16 et 30 ans, et ce sont de jeunes adultes qui, en règle générale, ne sont pas en formation, ne sont pas en emploi, ou en emploi précaire. Un nombre important d'entre eux sont des jeunes qui souffrent de problématiques et de fragilités au niveau de la santé mentale, suite à de la phobie scolaire, souvent développée après du harcèlement, de la phobie sociale, et puis plein de pathologies qui ne sont pas profondes en fait, mais qui suffisent simplement à s'ajouter à la problématique de la mobilité et de l'isolement quand on a arrêté l'école. Et le troisième volet, c'est un volet plutôt autour des liens, de la coopération, de la mutualisation. On a fait partie de Fabrique de Territoire, avec la coopérative du Ruisseau d'ailleurs. Ça nous a permis de vraiment bien rencontrer et de bien connaître une grande partie des acteurs associatifs du territoire, mais aussi les agents de collectivité, mais aussi d'autres partenaires autour du social, le CEDAS, les assistantes sociales, la mission locale. Toutes ces rencontres-là ont permis de créer un noyau d'une dizaine de structures qui continuent à réaliser des projets ensemble.
La bigotière c'est aussi un lieu d'accueil social.
Isabelle nous a parlé de trois petits pas. Je n'ai pas encore compris le concept. Allons voir Christine et Anne pour en parler.
Je m'appelle Christine,
j'habite à la Bigotière. On a eu l'idée tout de suite de faire de l'accueil.
Moi je suis Anne, j'habite donc à la Bigotière aussi. On était famille d'accueil, mon mari et moi, et du coup on a vu par nos accueils, il manquait quelque chose en fait. Si on avait travaillé en amont avec les parents, on aurait pu éviter un placement. Donc en fait, quand on s'est réunis tous là, les douze habitants, et qu'on s'est dit, ben, faut qu'on ait... peut-être des projets communs, parce qu'on s'était aperçu que beaucoup d'habitats groupés qui fonctionnaient bien, en fait, c'est parce qu'aussi, il y avait des projets communs. Et ben, voilà, on a lancé l'idée de faire un accueil de parents isolés avec enfants. Et puis, tout de suite, tout le monde a répondu positif.
Et donc on a créé une association assez rapidement. On a travaillé avec le conseil départemental d'Île-et-Vilaine et on a réussi à avoir un agrément. Et on a ouvert les portes de Trois Petits Pas. On accueille des parents avec très jeunes enfants. Il se trouve que dans la réalité, ce sont des mamans. On a même accueilli des jeunes femmes enceintes, donc avec tout le suivi de la grossesse. On accompagne ces personnes dans le lien avec leur enfant. Et on essaie d'accompagner ces personnes dans leur projet de vie. Qu'est-ce que je veux faire avec mon enfant, avec mes enfants ? Trois petits pas, ça permet de se poser, de se faire un peu coucouner parce que parfois la vie est rude et les personnes qui arrivent chez nous sont souvent malmenées. On a souhaité que ce soit une petite structure. On accueille trois familles, maman, bébé, maman, enfant. Et donc on est en milieu rural. Ça veut dire que tous les trajets sont accompagnés parce qu'en général ces mamans-là, elles n'ont pas leur permis de conduire. Donc on accompagne pour tous les rendez-vous chez le médecin, pour faire les courses, pour aller à l'école ou à la crèche. Voilà, donc ça, ça fait partie du travail des permanentes. Il y a trois studios, trois appartements dans la maison qu'on a réaménagé pour ça. Et on a souhaité que ce soit quand même quelque chose d'assez familial. Ce qui fait qu'il y a une vie à la fois collective et chaque maman aussi a son studio, son appartement. essaient de s'organiser comme tout un chacun. Et donc, les permanentes accompagnent ces mamans-là, qui souvent sont en difficulté aussi dans leur quotidien, ne serait-ce que de gérer une maison, faire son linge, et assurer toutes les démarches aussi vers l'extérieur. Dès le départ, on a souhaité que ce soit un lieu d'accueil ici, pour ces personnes-là, mais pour plein d'autres gens. Donc on crée des événements. Au tout départ, on a fait des soirées tartines, qui se perpétuent d'ailleurs. Et c'est vraiment un lieu convivial où chacun vient comme il est. Et donc, on invite bien sûr les mamans de Trois Petits Pas, les permanents de Trois Petits Pas. Et donc, ça donne l'occasion de discuter de choses et d'autres. Et à ces personnes aussi de voir qu'il y a d'autres gens, on connaît d'autres gens. Et que ce sont des personnes avec qui on peut échanger, voir, faire des choses.
Il y a un endroit où on se retrouve, parce que ça on l'a voulu, c'est la buanderie en fait. L'ambiandrique est commune à nous tous, tous les habitants, y compris Trois Petits Pas, où là, il y a les machines lavées et c'est un lieu où on se croise, où du coup, du lien se crée. Et petit à petit, on arrive à créer des liens, parce qu'il faut quand même avoir des lieux où on se rend compte si on veut créer quelque chose entre nous, et on voit bien que ce lieu-là, ça fonctionne. Aujourd'hui, on ne s'imagine pas trop vivre sans ce lieu à la Bigotière. D'ailleurs, on est assez contentes parce que les fondatrices sont parties, on a quitté en tant que salariés et on a réussi à retrouver du monde derrière des salariés qui sont tout autant investis, qui ont la fibre pour ce lieu. Et c'est chouette parce qu'on est contentes de cette transmission.
Sophie, je suis permanente depuis un peu plus d'un an au lieu de vie 3 petits pas. Pour moi, 3 petits pas ne seraient pas 3 petits pas avec tout ce qui se passe autour. La communauté, le partage, ça n'aurait pas la même saveur.
Finalement, ça favorise le lien à la nature. Et on s'aperçoit que parfois, ces personnes-là, elles ne connaissent rien des petites fleurs, des animaux, de comment on peut vivre à la campagne. Du coup, ça peut éveiller une certaine curiosité. et dans notre façon de vivre aussi dans ce milieu rural.
En fait, quand elles arrivent ici, elles trouvent que c'est le trou du monde. Et qu'est-ce qu'on va faire là ? Et puis finalement, petit à petit, elles se disent « Ah mais oui, mais là, il ne peut rien m'arriver. Ah oui, mais là, c'est calme. Ah oui, mais là, je peux me reconstruire en fait, parce qu'il n'y a pas de sollicitation extérieure. » Et moi, j'avais eu aussi au tout début qu'on était à la Bigotière un jeune en tant que famille d'accueil qui était ado et qui m'avait dit « Ah mais ouais, mais quand je viens là, ma tête se repose. »
Quelles sont les erreurs que vous avez rencontrées ?
En fait, je ne pense pas qu'on puisse parler d'erreurs. Je ne crois pas qu'on ait fait des erreurs. Je pense que si on recommençait... On ferait pareil, c'est-à-dire qu'on se laisserait faire. En fait, une de nos philosophies, c'est d'avancer chemin faisant. C'est-à-dire que c'est les choses qui se présentent et puis nous, on les laisse venir et puis on y répond ou on s'adapte ou ça nous donne des envies. Plutôt que d'avoir des plans, comme on ne planifie pas, on n'est jamais déçu finalement. Du coup, je ne crois pas qu'on ait de regrets. Sûrement, si on refaisait, ce serait différent parce qu'on attraperait des choses différentes. Et en même temps on ferait la même chose, c'est-à-dire que ce qu'on ferait c'est d'attraper les choses qui se présentent. Tu l'as vu, c'est un endroit quand même assez joyeux, dynamique. C'est pas non plus un long ruisseau tranquille, on a connu aussi des tensions, on a connu même des engueulades. Quelquefois la confiance qui est vraiment le socle de ce qui se passe ici, et entre nous et avec le territoire d'ailleurs, elle est un peu mise à mal. Mais globalement on y arrive toujours en fait. On arrive toujours à se parler, on a appris à se parler. On a travaillé avec une espèce de médiateur, quelqu'un qui nous a accompagnés et qu'on voit régulièrement pour apprendre à s'écouter, à mieux se connaître, à parler des sujets comme l'argent, comme la colère, ces sujets qui ne sont pas si simples à aborder. Et du coup, quand il y a des tensions... on peut se mettre en colère, on peut bouder un peu, sédimenter un peu des choses, et puis finalement, on finit par aller se voir, par manger ensemble, et puis ça repart. Et puis, on est toujours dans un projet commun, et s'il y a autre chose qui se présente, on y sera tous, quoi. Donc, voilà.
Et c'est déjà la fin de cet épisode. Je vous dis à bientôt pour une escapade dans un autre lieu, dans un autre territoire.
Au cœur des tiers-lieux,
les éclaireurs de la transformation écologique.
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