- Speaker #0
Vous écoutez, au cœur des tiers-lieux, les éclaireurs de la transformation écologique. Un podcast de l'Agence nationale de la cohésion des territoires. Partons en immersion dans des tiers-lieux implantés en ruralité. Manufacture de proximité, fabrique de territoire, tiers-lieux ressources, circuits courts, tiers-lieux nourriciers ou culturels, et voyons comment ces lieux agissent pour la transformation écologique, sociale et solidaire du territoire.
- Richard
Salut, je suis Richard et dans cet épisode d'Au cœur des tiers-lieux, nous partons à Argentonnay dans les Deux-Sèvres pour visiter la Colporteuse tiers-lieux atypique, installée dans un petit château du Moyen-Âge. J'ai rendez-vous avec Mattieu, un des fondateurs de ce tiers-lieux. Bonjour, je cherche Mathieu. Salut, c'est Richard. Salut,
- Speaker #0
ça va ?
- Richard
Oui, ça va.
- Speaker #4
Moi je suis Mathieu, je travaille à la colporteuse depuis le début, ça fait 18 ans. Je fais partie de l'équipe de cofondateurs et après avoir été sur d'autres missions, notamment président au début, après directeur pendant 15 ans, maintenant je suis coordinateur de tout ce qui est accueil de groupe et formation. Mon job c'est d'être le réceptacle des différentes demandes de structures qui veulent venir faire des projets au château, participer à nos ateliers, nos pièges à ennuis, ou des stagiaires de la formation qui veulent venir s'inscrire à un stage. Je leur présente le champ des possibles, je le traduis en propositions, planning, et après je travaille avec l'équipe. Ça comporte aussi le fait de faire des chantiers, de s'occuper de la scénographie du château et de la rénovation des différents sites.
- Speaker #5
L'histoire commence en mai 2007, où trois amis se réunissent un soir tous les trois à l'heure de l'apéro avec leur diplôme en poche, un diplôme dans le domaine de l'éducation populaire, et tous les trois à se questionner sur ce qu'ils allaient faire après, avec l'envie de faire quelque chose ensemble, sans savoir vraiment trop quoi. Et puis ils décident tous les trois d'écrire leurs idées sur des petits papiers et de mettre ces papiers dans une boîte, dans une boîte qu'ils ouvriront que le lendemain matin. La soirée passe... Le lendemain matin arrive, ils ouvrent cette fameuse boîte pour découvrir les petits papiers et les fameuses idées. Et à ce moment-là, ils se rendent compte qu'ils ont envie tous les trois de créer une association sur le territoire de l'Argentonnais, là où nous sommes, pour proposer des activités à destination des habitants, pour lancer une dynamique sociale et culturelle, créer du lien entre les acteurs du territoire, les associations, les entreprises, les institutionnels, les gens, tous ceux qui vivent ici. sur l'argentonais. Et il commence à rédiger un projet noir sur blanc, avec plein d'idées.
- Speaker #4
Je crois que l'idée de départ, c'était vraiment d'avoir un lieu culturel, avec un bar. On pourrait faire de la diffusion culturelle, de spectacles, compter, musique et tout ça. Et puis très vite, ça s'est changé en projet de transmission et d'échange, parce qu'il a bien fallu rénover, il a fallu consolider, il a fallu refaire, et c'est des compétences qu'on n'avait pas spécialement. Il y a des gens qui ont été attirés par ça, on s'est entourés de personnes, et du coup, ça a fait que... D'un projet certes culturel où on continue la diffusion, on est arrivé plutôt sur un projet de partage de savoirs et d'échange de pratiques.
- Speaker #5
Ils commencent à réfléchir à un lieu pour s'installer, pour commencer concrètement à développer l'association. A l'époque, il y a 18 ans, ils ont entendu dire que ce château ici, le château de Sanzey, était inoccupé et laissé à l'abandon. Plus personne ne vivait ici, le lieu était laissé en ruine et propriété de la mairie d'Argenton-les-Vallées. Alors quand ils ont entendu dire que ce château était inoccupé, ils ont eu envie de s'y installer. Forcément, ça fait rêver un petit château. Ils ont réussi à prendre rendez-vous avec la maire de l'époque pour présenter leur projet et demander l'autorisation de s'installer ici au château de Sanzey. La maire a écouté la présentation de leur projet et très emballée, elle leur a dit oui tout de suite. Ils sont donc ressortis tous les trois avec le plus gros trousseau de clés de la mairie d'Argenton, les clés du château de Sanzey.
- Speaker #4
Là on est dans une sorte de ce que j'appelle parfois un petit château de Playmobil c'est pas un grand château ça fait 5000 mètres carrés mais c'est un château, une enceinte médiévale entourée de douves de protection avec un pont d'entrée on rentre par un châtelet avec deux tours on se retrouve dans une cour assez magique qui ressemble pour moi à une place de village avec le logis seigneurial qui est un peu le symbole de l'église de la chapelle et des petites dépendances qui font tout le tour du château d'ailleurs. Ancienne dépendance de ferme que nous on a transformée en espace d'activité et d'animation. Et du coup on retrouve ici tous les éléments de la vie, la pierre, la poutre, l'eau, la végétation, les arbres, la nature. Et c'était surtout un site qui était en ruine il y a 18 ans et qui nous a offert un magnifique terrain de jeu pour de la participation collective à la rénovation, reconstruction, réflexion de qu'est-ce qu'on pourrait en faire et comment on pourrait lui redonner de la vie. en y accueillant des gens, en leur remettant un petit peu au goût du jour, c'est-à-dire qu'ils ne prennent pas l'eau, qu'ils ne prennent pas l'air, qu'ils puissent être chauffés, et confortables en fait.
- Speaker #5
Ni une ni deux, ils sont arrivés ici pour découvrir les espaces, et porte par porte, ils ont déverrouillé les salles du château. La première porte qu'ils ont ouverte, c'est la porte qui est aujourd'hui les sanitaires. Et quand on ouvre cette porte, on arrive sur un escalier. Cet escalier a attiré leur attention tout de suite. Ils ont eu envie de monter à l'étage. Et à l'étage, ils ont découvert deux grands greniers. Du bazar, de la poussière, des objets. Et dans un des greniers, quelque chose dans le coin de la pièce a attiré leur attention. Une grosse malle en bois, verrouillée avec un cadenas. Alors là... L'imagination commence à fonctionner, on se dit qu'est-ce qu'il peut y avoir de caché dans cette malle avec un cadenas ? Qu'est-ce qu'on peut y mettre ? Donc ils ont réussi à casser le cadenas avec une grosse pince, à ouvrir le couvercle de la malle, et là, rien, la malle était vide.
- Speaker #6
C'est bizarre,
- Speaker #5
on ne met pas un cadenas sur une malle vide. Et il y en a un des trois, qui était peut-être un peu plus malin que les autres, qui a commencé à tâtonner à l'intérieur de la malle, et qui s'est rendu compte qu'au fond, Ça sonnait cru et qu'il y avait peut-être un double fond dans cette malle, justement. Ils ont défait les petites lattes de bois qui étaient au fond et là, ils ont découvert un espace. Et ils ont découvert leur futur trésor, justement. Alors, à votre avis, qu'est-ce qu'on peut trouver dans une malle, dans un château médiéval, dans le double fond d'une malle ? Des plans souterrains,
- Speaker #6
des choses comme ça.
- Speaker #5
Ouais, on est un peu dans le thème, ouais. Des écrits. Oui, des écrits, tout à fait. C'est ça. Alors vous, vous ne me proposez même pas les pièces d'or, les bijoux, les armes.
- Speaker #0
Ça m'a traversé le dos.
- Speaker #5
Des écrits, un grimoire. Ils ont ouvert le grimoire et ils ont commencé à découvrir une partie de l'histoire du château de Sanzey qui raconte qu'aux alentours de l'an 800, un seigneur ici a marqué les lieux. Le seigneur Radulf de Sanzey. L'histoire raconte que ce seigneur avait une particularité. c'est qu'il laissait son pont-levis toujours ouvert. Jour et nuit, les gens pouvaient aller et venir, comme bon leur semblait, pour participer à la vie du château ici. C'est un seigneur qui organisait beaucoup de fêtes, de banquets, il y avait toujours de la musique, des spectacles dans la cour du château. C'était très animé. Ça a duré des années comme ça, et du jour au lendemain, sans qu'on ne comprenne pourquoi, les gens ont déserté les lieux. Les gens sont retournés chez eux pour se recentrer sur leur propre maison, leur propre famille. à refermer les volets, à moins discuter avec les voisins, et à même à construire des murs entre les maisons. Plus personne ne venait au château, laissant le seigneur Radulf, seul, ici, s'ennuyant à mourir. Cette histoire, à l'époque, est arrivée aux oreilles des colporteurs. Les colporteurs, ça existe depuis la nuit des temps. Il y a plein de colporteurs différents, il y a plein d'identités de colporteurs, mais ce qui est commun, en tout cas, chez ces gens-là, c'est cette idée d'itinérance, de voyage. Un colporteur, c'est un vagabond qui va aller de village en village pour aller à la rencontre des gens, pour apporter des bonnes nouvelles, des mauvaises nouvelles, pour raconter des histoires, pour vendre des objets en tout genre. Et les colporteurs, à l'époque, ont entendu cette histoire du seigneur Radulf, seul dans son château. Ils ont eu envie de faire quelque chose et il y a un premier colporteur qui est arrivé ici. Il s'est approché du seigneur Radulf et il lui a soufflé à l'oreille, « Moi Radulf » . Je m'appelle Oscar et je vais rester ici pour créer un piège à ennuis. Piège à ennuis. Qu'est-ce que c'est que ce truc ? Un piège à ennuis. Eh bien, comme son nom l'indique, c'est une activité, quelque chose que l'on fait où on ne s'ennuie pas, quelque chose qui piège l'ennui.
- Speaker #6
Je suis Nathalie, directrice de la colle porteuse, depuis quatre ans maintenant. La colle porteuse, ce n'est pas qu'un tiers-lieu, c'est aussi un centre socioculturel et un organisme de formation. On est école de la transition écologique, donc on a plusieurs activités qui font l'ensemble du projet de la colle porteuse. On est sur le territoire de l'Argentonnais, du Bocage-Bressurais, département des Deux-Sèvres. Notre action du centre socioculturel, elle est à l'échelle du bassin de vie d'Argentonnais, donc on a une mission d'animation du territoire auprès des jeunes et des familles. Notre fonction de tiers lieu, c'est plutôt de développer des activités économiques sur le territoire, notamment en lien avec le réemploi, le recyclage et la réutilisation. Et puis on a aussi la partie organisme de formation. On est l'école Être des Deux-Sèvres, la première en Nouvelle-Aquitaine. Et donc là, on propose des formations au métier de la transition écologique.
- Speaker #4
On s'est diversifié parce qu'on a fait des rencontres, on a rencontré des gens, on a ouvert des portes en fait, on a ouvert des portes à un lieu des possibles, un lieu où on pouvait avoir des idées, où on pouvait venir les partager. Nous on avait une trame, c'était celle de faire de la programmation culturelle, d'organiser des petits événements dans le site, type un concours de la soupe, un concert, un petit festival, et de faire quelques chantiers de jeunes. Et après il y a des gens, ça a marché en fait, quand on ouvre les vannes de la participation, il y a des gens qui s'en saisissent. il y a des gens qui sont venus un jour par exemple ils avaient euh La passion des abeilles, on en a fait une millerie associative. Quelqu'un a eu l'idée, avec la cire d'abeille, de faire du savon, on en a fait un projet autour du savon. Et ainsi de suite, comme ça, les envies citoyennes, les envies populaires sont venues agrémenter et développer notre projet. C'est-à-dire qu'on fonçait à tête baissée sans parfois trop réfléchir et c'était hyper chouette parce qu'on avait une grande liberté et plein de projets qui se mettaient en place, mais ça pouvait faire mal parce que des fois, quand tu ne réfléchis pas, tu te prends un mur, ça fait mal. Et avec la maturité, maintenant, on s'impose à chaque fois, chaque prise de décision 4 filtres qui sont le sens, le temps salarié, le temps bénévole et les finances, ce qui implique l'idée qu'on vient d'avoir. Et si l'idée a rempli les quatre cases, on se lance. Mais s'il y a une case qui nous paraît un peu délicate, par exemple il n'y a pas assez de bénévoles, ou les salariés sont déjà au taquet, ou alors on n'a pas du tout d'argent pour la faire, eh bien souvent on ne la fait pas et on la garde pour plus tard.
- Speaker #0
Je suis Pierrick, je suis arrivé dans le projet de la colle porteuse il y a cinq ans. Je suis arrivé parce que je fais de la sculpture métal en réemploi, en récup. Je crée ce genre de structure qu'on peut voir dans la cour par exemple. Sculpture monumentale à base de récup, un peu hypnotisante avec des sphères qui tournent. Et après le lieu dans lequel elle est installée lui donne une autre histoire. Et donc je suis arrivé par ce biais-là, sculpture, création, métal, réemploi, soudure. Et en fait je suis arrivé là pour apporter une dimension de transmission à des personnes. Donc depuis 5 ans j'oeuvre à transmettre. via des ateliers de bricolage, via des ateliers de soudure, des couvertes métal, la création à base de métal en réemploi. Et petit à petit, la structuration de l'assaut a fait qu'aujourd'hui, on est devenu organisme de formation, et qu'aujourd'hui, on développe des formations autour du réemploi bois et métal, qu'on appelle aussi ces formations de recyculture. De l'animation, de la formation autour de ces thématiques-là. En plus d'être animateur, formateur, je coordonne des espaces qui sont situés à 7 km d'ici, qui sont des ateliers partagés, qu'on a développés autour de la construction métal et de la construction bois, et avec une dimension réemploi assez forte.
- Richard
C'est David, je travaille à la colporteuse depuis 9 ans maintenant, et j'ai deux missions ici, une mission où je suis intervenant technique autour de la découverte du bois au sens large du terme. Et puis aussi, j'aménage et j'entretiens le château. J'essaie de le rendre un petit peu plus fonctionnel, plus beau. Ça fait partie des aménagements, une étagère un petit peu tondre, changer les ampoules, plein de petites choses comme ça qui améliorent le quotidien de l'équipe et puis des différents groupes qui peuvent venir ici. Alors ici, on est 11 maintenant, répartis sur différents postes d'animation. Ça va de la cuisine en passant par la savonnerie, la miellerie, le jardin, le bricolage. Puis Eric peut autour du métal et moi autour du bois. Et puis une équipe de direction aussi et l'accueil qui est là et la jeunesse. Donc voilà, ça fait une belle équipe complémentaire finalement. Et quand les groupes viennent ici, ils viennent bien piocher un petit peu dans nos différents pièges à ennuis. Ce qui fait que ça fait un séjour un peu multi-activité, on pourrait dire, en fonction de leurs projets, de leurs envies. Et nous, on compose avec leurs souhaits. pour qu'ils passent un super moment ici, voilà on espère. Ce qui est bien c'est que quand on arrive de milieu urbain ou périurbain, on arrive ici, on est en pleine campagne, il y a les vaches qui sont autour, souvent on manque un petit peu de réseau, donc on est par obligation un peu déconnecté de leur quotidien, puis quand on a passé plusieurs jours ici, quand on a rencontré les colporteurs, quand on a pris le temps de s'asseoir et de manger un bon repas, à la fin je pense qu'on espère, mais souvent ils sont quand même contents de leur passage ici. L'idée c'est pas de les convaincre, l'idée c'est plutôt de semer une petite graine. On aime bien cette image-là qui germera plus tard, ils ramènent ça chez eux et puis ça les interroge. Au moins c'est ça, on leur propose ici de vivre une expérience. On leur demande de faire attention à plein de choses qui ne font pas partie de leur quotidien. Ici on trie, on fait attention à l'eau, on fait attention à ce qu'on mange, on fait attention aux uns, aux autres. Des fois ça peut venir un petit peu heurter, frictionner un petit peu leur quotidien. mais Voilà, globalement, avec le recul, ils comprennent que c'est aussi surtout du bon sens. Et c'est quelque chose qu'on aime bien mettre en avant, qui fonctionne assez bien. Ils rencontrent plein de gens différents. Voilà, parce qu'on essaie aussi de croiser les publics. Il y a bien sûr nos adhérents, nos bénévoles, les touristes, les groupes extérieurs qui peuvent venir utiliser le lieu. Et puis après, les groupes de passage constitués qui viennent ici en activité et qui se disent « Ah oui, finalement tout ça, ça se passe de manière un petit peu fluide. Ça fonctionne aussi comme ça, on apprend en vis-à-vis avec les colporteurs, mais aussi juste en côtoyant les différentes personnes de passage. Et ça fait des fois des beaux moments du château. Et ça, c'est très chouette à vivre. »
- Speaker #5
Ce qui va se passer,
- Speaker #1
c'est qu'on va intégrer la soude dans l'eau, d'accord ? Je suis Lolita, je fais partie de l'équipe de la colporteuse depuis un petit peu plus de dix ans. Et ici, ça a évolué, ça a depuis dix ans, mais aujourd'hui je m'occupe de la partie apiculture, qui se décline à travers un collectif de bénévoles qui est là en formation toute l'année, avec qui on s'occupe de notre rucher. qui a une quinzaine de colonies d'abeilles, donc c'est un rucher pédagogique. En parallèle de ça, il y a toutes les animations qu'on propose au groupe, dans le cadre des formations Etre, en ce moment avec un stage mission locale ou avec les autres séjours. Donc animations qui permettent de comprendre le chemin de l'abeille jusqu'à la fleur, jusqu'au lien avec le jardin, avec la cuisine, etc. Et puis, de ces abeilles a découlé un projet de savonnerie associative dont je suis référente aussi. Avec de nouveau un collectif de bénévoles, donc là c'est l'école du savon, et on transforme une partie de notre cire et de notre miel en savon fabriqué sur place. On fabrique avec la technique de la saponification à froid, qui est une technique artisanale et ancienne qui permet d'utiliser peu d'énergie et de maintenir toutes les propriétés des ingrédients qu'on met dans nos savons. C'est une aventure collective, on s'amuse à créer des savons. en fonction des saisons, en fonction des matières qu'on va trouver autour du château. Les groupes viennent profiter de ces animations-là, peuvent découvrir la technique et puis ça fait de nouveau le lien avec la transition écologique qu'on aborde chacun dans nos spécificités ici. Alors ce matin, on était justement avec la mission locale qui est sur sa dernière semaine de stage et avec eux, on a fabriqué un savon qui s'appelle le Biquette. B, ça s'écrit B-E-E comme abeille, c'est le nom de notre gamme Et dans ce savon, il y a notamment du lait de chèvre qui est... produit par un petit producteur à côté du château.
- Speaker #0
Je m'appelle Guillaume, je travaille à la colporteuse depuis 5 ans. Je gravite autour de la colporteuse depuis une bonne dizaine d'années. J'étais bénévole avant de travailler ici dans l'équipe salariée. J'ai créé un jardin pédagogique pas très loin d'ici, donc j'étais prestataire. pour la colporteuse avant de venir travailler ici et d'emmener avec moi mon jardin qui est devenu aujourd'hui un jardin collectif, qu'on fait vivre avec un collectif de bénévoles, de la même manière que l'apiculture et le savon, on a un collectif de bénévoles qui travaille à l'entretien et aux cultures dans ce jardin. Ce jardin, il vit aussi avec les groupes qu'on accueille, ça peut être des animations pour des scolaires, jusqu'à de la formation pour des jeunes adultes, voire des adultes en reconversion aussi. Mon rôle, c'est de gérer un peu ces jardins. On a le petit jardin du château, qui est un petit jardin potager. Et puis après, on a un grand jardin qui est à 2 km du château, qui s'appelle le jardin des cabanes, et qui fait 5000 m². Dans ce jardin, on expérimente plein de choses. Déjà, les graines, on a une graine au tec. On accompagne les groupes à leur faire comprendre qu'une plante a un cycle de vie, et qu'on essaie de récupérer nos propres graines, nos propres semences. Et puis on les partage, ces semences, on les échange avec d'autres jardiniers amateurs. On a une partie pépinière aussi, où on va faire du semis, du bouturage, du marcotage, de la greffe d'arbres fruitiers. On a une partie des plants qu'on produit qui restent dans l'escarcelle de la colle porteuse, qui sont réutilisés dans nos jardins. Et puis une autre partie qu'on va utiliser pour créer des jardins à l'extérieur, quand on fait des animations à l'extérieur. Et puis une dernière partie qui est en vente à prix libre à destination des adhérents de la colporteuse. J'ai une deuxième casquette, je suis le référent pédagogique de l'école Etre. L'école Etre, c'est l'école de la transition écologique, puisque la colporteuse c'est à la fois un tiers-lieu, un centre socioculturel et un centre de formation. On travaille beaucoup avec les jeunes de la mission locale. L'idée c'est de les remobiliser un peu. La plupart de ces jeunes ont été en échec scolaire, ou sont un petit peu en recherche d'eux-mêmes, on va dire. dans leur vie. L'idée, c'est qu'ils puissent un peu toucher à tout ce qu'on fait ici pour semer une petite graine chez eux, leur donner peut-être des fois, susciter des vocations. Donc des fois, on a des bons retours par rapport à ça. Des fois, on a des retours qui sont touchants. Je me souviens d'un jeune, il est venu au départ, il avait les mains dans les poches, il regardait ses pieds tout le temps, il soufflait dès qu'on lui demandait quelque chose. Il n'avait vraiment pas le goût d'être ici. Puis petit à petit, il a commencé à goûter à la soudure, il a touché à ça, il a pris plaisir, et puis il s'est inscrit dans une formation, il a fait une formation de CAP, et puis aujourd'hui il est soudeur, et voilà, ça fait partie des réussites qu'on a de jeunes qui passent par chez nous. Bon là c'est un exemple parmi d'autres, il y a des fois des jeunes qui ont besoin de revenir plusieurs fois, pour qu'ils comprennent un peu le sens de tout ça. Là, cette semaine, on a un groupe qui n'est pas facile. Je pense qu'ils sont encore un petit peu jeunes. Peut-être qu'il va falloir qu'ils reviennent une deuxième fois, peut-être une troisième fois pour certains, pour qu'ils comprennent mieux le lien entre tout ça et eux, leur place dans la société.
- Richard
Je m'appelle Katalin, je viens de Brésur. Aujourd'hui j'ai fait un mini stage pour créer du savon. J'ai bien aimé l'expérience, c'était cool. On a appris la manière, on va dire, froide de faire du savon. On a mélangé, on a fait de la chimie, on a chauffé des trucs, on a attendu qu'ils revendiquent à une certaine température pour les mélanger. Puis que ça nous fasse une sorte de pâte, une pâte de savon. On a mis les goûts, puis à la fin on nous a offert un savon. On connaît ce lieu parce qu'on a fait un stage de trois semaines. On vient de 8h à 16h. On a créé des tables pliantes. Il y a eu une mini-fête au château où il y a eu 150 personnes. Du coup, on a préparé le château, on a mis de la lumière. Puis on a créé un abribus avec toute l'équipe. Puis on l'a posé. Pour l'instant, c'était juste une découverte. Avec la mission locale, on peut faire un contrat. engagement jeune et la mission de nous calme va nous accompagner jusqu'à 18 ans pour l'âge maximum on va dire où il faut être dans une formation à pas rien faire c'est bien c'est cool
- Speaker #1
Je suis Nina, animatrice alimentation à la colporteuse et cuisinière. Je suis en charge des repas quasiment quotidiens de la colporteuse. Pour les stagiaires, pour les adhérents, pour les bénévoles, sur les animations autour de l'alimentation et de la sensibilisation autour de l'alimentation plus anti-gaspi, etc. J'ai pour mission vraiment de sensibiliser les jeunes, les adultes, etc. autour de la cuisine, donc apprendre à cuisiner, apprendre... gérer les restes, etc. Ensuite, j'ai aussi une mission, c'est vraiment le lien avec les producteurs locaux. On fait des visites, on cuisine les produits des producteurs locaux. Là, sur l'année 2024, à titre d'exemple, c'est 2700 personnes qui ont été nourries à la colporteuse. Je ne cuisine pas toute seule, je suis aussi avec des bénévoles, des stagiaires, des services civiques. Et il y a la cantine du jeudi, la cantine à prix libre, la cantine est ouverte à tout le monde, donc c'est l'occasion pour n'importe qui de venir manger à prix solidaire, donc on peut mettre ce qu'on veut et du coup ça permet un accès à une alimentation saine et durable, parce qu'après vraiment ici on cuisine avec 99% de produits bio et une grande partie locale, donc pour les producteurs locaux ça va être 20 km aux alentours maximum. Et après aussi, on se fournit avec une partie des légumes qui sont produits ici avec l'animateur Jardin Guillaume et sa troupe de bénévoles et de stagiaires. L'année dernière, c'est une tonne de légumes qui ont été produits par la colporteuse. Après, il y a aussi une dimension transformation. Par exemple, on commence à récolter pas mal de groseilles, de framboises. Là, je les conserve un peu et puis ensuite, on les transformera en confiture, en sirop qu'on vendra à prix libre ou au petit potin, le bar associatif de la colporteuse. et aussi qui sont servis par exemple pour des confitures sur des desserts avec des yaourts, etc. On essaye vraiment de produire au maximum à partir des produits bruts.
- Speaker #2
Moi je suis Nelly, je viens de Thoir, une ville en proximité de l'Argentonnais, une ville de 15 000 habitants, et je viens avec le petit groupe de 5 nanas aujourd'hui de l'association Les Attablés. C'est une association qui existe depuis 2022, qui est toute récente, et qui a pris écho au sein du quartier Saint-Médard, qui est l'ancien quartier historique de la ville de Thoir. Cet ancien quartier où toute la vie se passait, et puis beaucoup de choses se sont transhumées, et beaucoup de choses se sont abandonnées. Elle a pris de partie cette association, avec les gens qui la vivent, de se dire qu'il fallait en tout cas refaire du lien. On a pris le parti de se dire que c'était autour de la table, comme le nom l'indique, les attablés, et de l'alimentation et de la cuisine qu'on pouvait faire prétexte à la rencontre et puis recréer des liens entre les habitants du quartier. On a un quartier qui est plutôt chouette, très cosmopolite, avec aussi des gens qui y vivent au quotidien et qui n'ont plus forcément les lieux pour se croiser au quotidien. Et donc on se disait que c'était autour de ce sujet-là qu'on pouvait refaire quartier et notamment peut-être dans un esprit de solidarité aussi. Donc on est venu ici à la colporteuse pour s'inspirer, parce qu'on sait qu'ici depuis 18 ans, il s'est passé de nombreuses choses, et puis l'association est un foyer de plein de choses, je crois que c'est indéfinissable, d'une vie au quotidien, de gens qui passent, qui s'installent, qui s'arrêtent, qui font. Et donc on est venu s'inspirer de ce qui se fait là, faire une pause aussi, puis regarder, découvrir, et notamment autour du projet, plutôt autour de l'alimentation. notamment autour de la cuisine des colporteurs, un petit peu s'inspirer de ce qu'ils font ici. Et puis certainement d'autres choses, voilà.
- Speaker #6
Au début, l'association avait envie d'être complètement autonome. Elle ne voulait pas vivre de subventions. Et puis, pour créer le premier emploi, ça a été un emploi jeune. Donc, ça a été une première manière de faire vivre l'association. C'était d'avoir recours aux subventions pour pouvoir financer un emploi. Et puis, bon an, mal an, l'association a été aussi reconnue par les acteurs institutionnels, notamment la Caisse d'Allocations Familiales, qui a reconnu dans l'activité de la colle porteuse un lieu comme un espace de vie sociale. Donc, premier agrément, espace de vie sociale de la CAF, qui permet du coup de développer le projet, d'accueillir de nouveaux collaborateurs salariés. L'association, elle est devenue aussi fabrique d'initiatives citoyennes, donc là plutôt un dispositif État. Et puis ça a évolué vers un centre socioculturel, qui est une autre étape après l'espace de vie sociale à la CAF, donc avec un soutien financier plus important. Il y a des financements régions qui sont venus compléter le modèle économique sur la partie développement économique du tiers-lieu, notamment la partie atelier ouvert, espace partagé de travail. Et puis on est devenu organisme de formation avec la possibilité de capter des fonds de la formation professionnelle. Et on a quand même une part d'autofinancement puisque ici on a une cantine associative, on a un bar associatif, on a une biellerie, une savonnerie qui nous permet de générer. des ventes, voilà. Et puis, on vend aussi pas mal de créations qu'on fait dans le cadre de nos chantiers citoyens ou de nos stages de l'école de la transition écologique. Par exemple, au service du territoire, on a des commandes de collectivités pour du mobilier urbain, comme des abribus ou des jardinières. Et donc, ça, on leur vend. On est dans un château qui ne nous appartient pas. C'est une mise à disposition de la commune. Donc... Très régulièrement, on se rencontre avec la commune pour leur expliquer notre projet, pour leur expliquer aussi l'évolution des travaux, des chantiers qui sont menés ici, puisqu'ils sont propriétaires, donc ils ont leur mot à dire sur la manière dont ça se passe. Donc la commune, elle est à la fois dans la mise à disposition d'un lieu, mais aussi dans le financement de l'activité de l'association pour que ce lieu fonctionne. On est très proche aussi de l'agglomération du bocage présuirait, qui... nous reconnaît comme un acteur de la jeunesse et nous finance pour cet aspect-là. On est proche de la région Nouvelle-Aquitaine, qui nous reconnaît comme un acteur de la formation et qui nous soutient aussi sur le développement de nos actions de remobilisation à l'emploi, pour les personnes éloignées vraiment de l'emploi. Voilà, avec les collectivités locales et les élus, en fait, ils nous reconnaissent comme un acteur de leur politique publique. Après, il y a aussi l'État qui, du coup... nous a labellisés comme fabrique de territoire. On a eu un financement qui nous a permis de consolider les activités du tiers-lieu notamment, dans ce cadre-là.
- Speaker #0
Au début, nous on a foncé tête baissée sans faire attention à ce qui existait déjà sur le territoire et ça, ça peut générer des petits froissements de susceptibilité, ce qui est normal, ça ferait ça à chaque personne, de voir quelqu'un arriver et avoir des idées en pensant qu'il n'y en avait pas sur le territoire alors qu'il y en avait déjà plein. Très rapidement on s'est dit, il faut qu'on aille faire connaissance avec le territoire, donc on est sortis du château, qui a dû plutôt fermer pour un projet de territoire, c'est un château fortifié, et on a créé des caravanes d'animation itinérante qui nous ont permis d'aller sur les places, serrer des paluches, serrer des mains et dire voilà on est là, si vous voulez vous pouvez venir C'est ce qui a fait que les gens ont connu la colporteuse et ont osé rentrer à la colporteuse. Et maintenant, je pense que le projet, au bout de 18 ans, est quand même bien ancré sur son territoire. Mais on a appris aussi à se dire qu'on ne peut pas plaire à tout le monde. Je pense qu'il y a deux écarts dans la société. Il y a une partie de la société qui part très loin de la transition écologique, on ne les rattrapera pas. Et une autre partie qui s'y met de plus en plus. On pourrait croire que dans le monde rural, il y a déjà ça qui est mis en place sur certaines choses, oui. mais je pense que nous ça fait déjà 18 ans qu'on est sur ces questions là donc on était un peu précurseurs Et on n'a pas pris de retard. Donc on a déjà parfois, par rapport à d'autres structures ou d'autres projets, on a sans aucune prétention un petit temps d'avance, parce qu'on a déjà lancé beaucoup de dynamique sur le jardin, sur la biodiversité, sur le réemploi. Et que là, on est au rendez-vous en fait des problématiques de société. Et c'est pour ça qu'on peut y répondre de façon plus aisée, parce qu'on avait déjà mis en place des dispositifs et des projets au sein de la colporteuse qui étaient dans ces thématiques-là. Cela dit, il reste beaucoup de boulot, mais on commence à, je trouve, à... à atteindre des choses. Un exemple concret, c'est que maintenant, on arrive à prouver et les collectivités commencent à adhérer à cette thématique-là, de comprendre qu'ils peuvent, par exemple, construire un bien public, l'exemple, c'est un abribus, tout en réemploi, avec des jeunes en insertion ou en formation, construit par une asso locale, et qu'au final, cet abribus, il atteint le même objectif qu'un abribus qu'on achète en plastique ou dans une entreprise qui n'est pas spécialement dans le coin, en fait. Donc là, il y a un cercle vertueux qui s'installe, en fait. Par exemple, on a construit quatre abribus pour la commune. Abribus en bois, à base de lits médicalisés en métal, qu'on recustomise, qu'on refabrique, et qui fait que les jeunes collégiens ou lycéens sont à l'abri du vent, à l'abri de la pluie, quand ils vont attendre le bus. Donc ça, je pense qu'on arrive maintenant à changer un petit peu ça, et que plus on le fera, plus on le prouvera, plus les gens se diront, finalement, le cercle vertueux en local peut être intéressant.
- Speaker #1
On est sur un territoire rural, sur un territoire d'élevage, donc euh C'est vrai que notre territoire est façonné de cette manière-là. On est sur un territoire avec des haies bocagères, donc quand même avec une biodiversité assez riche du fait d'avoir ces haies-là, ces mares aussi. Après, sur le territoire, on a en effet de l'agriculture conventionnelle, mais on a aussi un terreau important de gens qui travaillent dans l'agriculture biologique, dans la paysannerie. En tout cas, on est une autre manière d'aborder le sujet, peut-être avec le grand public. Notre mission à nous, notre objectif, c'est de rendre accessible le bio, de rendre accessible la transition écologique au grand public, en accueillant, en montrant que c'est possible de faire autrement. Et on collabore notamment avec les producteurs locaux, mais on collabore avec certains producteurs, c'est-à-dire ceux qui peuvent fournir notre cantine associative. Et notre cantine, elle ne travaille qu'avec des produits bio, donc c'est déjà un parti pris.
- Speaker #0
Les grands défis de demain ont été déjà enclenchés il y a à peu près un an. On a travaillé un peu sur une restructuration du projet dans un but de se calmer sur le développement, mais de maintenir l'activité, de la stabiliser, de la sécuriser, que ce soit au niveau du fonctionnement budgétaire, que ce soit aussi au fonctionnement humain. On a sécurisé toutes les fiches de poste, les missions des salariés, de façon à ce que les gens sachent pourquoi ils viennent travailler, dans quel cadre ils travaillent, pour se sentir bien, en fait, stable. ça c'est un premier travail et je pense que le projet dans les prochaines années c'est ça, c'est cette stabilité à conserver. Ça ne sera pas facile parce qu'il va y avoir des crises financières, ça c'est certain. On a toujours à vue sur un an ou deux en fonction des appels à projets qui nous balotent un peu. Mais je pense qu'ici il y a quand même un leitmotiv, une ligne de conduite, un collectif qui est très bienveillant sur le fait qu'ils seront toujours là pour prendre les décisions de savoir où est-ce qu'on va et surtout où est-ce qu'on ne va pas en fait. Donc on ne fera pas n'importe quoi, on en est assuré. Les gens sont là pour se dire ça oui, ça non, et si c'est non, si on ne prend pas ce mécénat-là, si on ne prend pas cette fondation-là, si on ne prend pas cet appel à projet-là, il y aura des conséquences, on sera prêts à les assumer. Et je crois qu'on est sur un collectif qui est prêt à assumer les choses. Après sinon, c'est de maintenir la bonne ambiance et l'accueil, que les gens se sentent bien accueillis, je crois que c'est un des premiers objectifs qu'on s'est toujours mis, qu'on ressente ici la convivialité, ça change un peu les esprits. On continue à mettre en place tous les dispositifs nécessaires pour que le but premier soit atteint, c'est que les gens se sentent bien et retrouvent, conservent un peu des stims d'eux en faisant des choses ensemble.
- Speaker #2
C'est la fin de cet épisode, et c'est aussi la fin de ce Tour de France, des diverses initiatives en faveur de la transformation écologique en milieu rural. Merci à Céline Berthaud, la voix du générique, merci à l'équipe de la NCT pour leur confiance, et surtout, merci à vous pour votre écoute. A bientôt !
- Speaker #0
Au cœur des tiers-lieux, les éclaireurs de la transformation écologique.