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Au Fil des Enjeux : Comprendre le climat sans certitudes

Episode 7 : La conférence de Nice 2025 peut-elle vraiment sauver l’océan ?

Episode 7 : La conférence de Nice 2025 peut-elle vraiment sauver l’océan ?

15min |10/06/2025|

13

Play
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15min |10/06/2025|

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Description

Episode 7 : La conférence de Nice 2025 peut-elle vraiment sauver l’océan ?


La conférence de Nice 2025 sur l’océan promet des engagements ambitieux face à l’urgence climatique. Mais derrière les discours, que peut-on vraiment en attendre ? Cet épisode explore ce qui marche déjà, ce qui reste symbolique, et ce qu’il faudrait pour que l’impact soit réel.


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📚Bibliographie pour aller plus loin : https://docs.google.com/document/d/1fuFOgiKPuHCpJwkHJ7M4q5di-GXg2IE1Y4xKhZHXXhQ/edit?usp=sharing


🎵 Musique Intro/Outro :

City Life by Artificial.Music | https://soundcloud.com/artificial-music/

Music promoted by https://www.chosic.com/free-music/all/

Creative Commons CC BY 3.0

https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Et si on tirait un fil, celui qui relie ce qu'on vit, ce qu'on ressent et ce qu'on peut encore transformer ? Un fil discret mais solide. Bonjour et bienvenue dans Au fil des enjeux, un podcast qui prend le temps. Le temps d'écouter et de réfléchir sans donner de leçons, sans tout simplifier. Moi c'est Manuel, et si vous êtes là, c'est qu'on a sans doute quelques questions en commun. Aujourd'hui on va parler de mer, d'océan et d'une conférence internationale dont vous avez peut-être entendu parler sans trop comprendre ce que c'était. Du 9 au 13 juin 2025 se tient à Nice la troisième conférence des Nations Unies sur l'océan. C'est un événement mondial avec des chefs d'État, des scientifiques, des ONG, des peuples autochtones, etc. On parle juste d'un rendez-vous qui prétend peser sur l'avenir du plus grand écosystème de la planète. Mais à quoi ça sert vraiment ? Pourquoi à Nice ? Pourquoi maintenant ? Et qu'est-ce qu'on peut en attendre ? Quand on parle du climat, on parle de température, d'émissions, de catastrophes. On parle de CO2, de sécheresse, de vagues de chaleur. Mais l'océan, lui, reste des fois en arrière-plan. Et pourtant, il est au cœur du système. Sans lui, le réchauffement serait déjà hors de contrôle. Sans lui, la vie sur Terre, telle qu'on la connaît, ne serait tout simplement pas possible. Les océans et les mers couvrent plus de 70% de la surface de la planète et jouent un rôle vital dans l'équilibre climatique. D'abord, ils absorbent le CO2. Chaque année, les océans captent près d'un quart du dioxyde de carbone que nous émettons. Ce sont des milliards de tonnes de CO2 absorbées naturellement par les eaux de surface. C'est un rôle vital. Sans ce puits de carbone naturel, l'accumulation de gaz à effet de serre serait bien plus rapide et les températures grimperaient encore plus vite. On parle souvent des forêts comme des poumons verts. Mais les océans sont en réalité le plus grand régulateur de CO2 de la planète. Un tampon invisible qui amortit nos excès. Mais cette fonction de tampon a un prix. En captant le dioxyde de carbone, l'eau devient plus acide. ... et cette acidification bouleverse tout un pan de la vie marine. Les coraux qui servent d'abri à des milliers d'espèces se dégradent. Le plancton, base de la chaîne alimentaire, voit ses coquilles se dissoudre plus vite. Même les huîtres et les moules sensibles au pH peinent à se former. Ce phénomène fragilise l'ensemble de l'écosystème océanique, et par ricochet les sociétés humaines qui en dépendent. Ensuite, l'océan stocke la chaleur. On parle de réchauffement climatique, mais ce réchauffement ne se concentre pas dans l'air, et en réalité, Plus de 90% de la chaleur en excès générée par les activités humaines est absorbée par l'océan. Autrement dit, quand on chauffe le climat, on chauffe d'abord et avant tout l'eau. Cela évite pour un temps que l'air devienne irrespirable, mais cette chaleur ne disparaît pas, elle s'accumule. Et cette accumulation a des effets très concrets. Elle provoque des canicules marines, des hausses brutales de la température de l'eau, parfois de plusieurs degrés, qui entraînent la mort de poissons, d'algues, et perturbent les cycles biologiques. Elle favorise la prolifération d'espèces invasives ou toxiques, au détriment de celles qui sont déjà fragilisées. Elle rend certaines zones de l'océan impropres à la pêche ou même à la vie. Et elle renforce les tempêtes, les cyclones, les ouragans, etc. Parce que ces phénomènes météorologiques puisent leur puissance dans la chaleur de l'eau. Plus la mer est chaude, plus les températures sont violentes. En absorbant cette chaleur, l'océan nous protège, mais cette protection a des limites, et on s'en approche. Et puis, l'océan nous permet de respirer littéralement. Ce que peu de gens savent... ou admettent c'est que plus de la moitié de l'oxygène que nous respirons provient de l'océan. Pas des arbres, pas des forêts, mais de minuscules organismes invisibles à l'œil nu, les phytoplanctons. Ces micro-algues flottant à la surface de l'eau, par photosynthèse, elles produisent du dioxygène, beaucoup de dioxygène. Sans elles, pas d'atmosphère respirable, sans elles, pas de vie telle que nous la connaissons. Mais là encore, leur équilibre est fragile, les phytoplanctons sont sensibles à la température de l'eau, à son acidité, à la pollution. Et quand ces conditions changent, leur population peut chuter brutalement. Ce n'est pas seulement un problème écologique, c'est une alerte globale. Enfin, l'océan monte, lentement mais sûrement. Le réchauffement fait fondre les glaciers, les calottes polaires, et dilate l'eau de mer. le niveau moyen des océans monte partout, de façon inégale mais inéluctable. Pour les petits états insulaires, comme Tuvalu, les Kiribati ou les Maldives, ce n'est plus une prévision, c'est une réalité. Certains villages sont déjà déplacés, le territoire se réduit année après année. Mais ce phénomène ne concerne pas que les îles lointaines. En Europe, en Asie, en Amérique, des millions de personnes vivent dans des zones côtières vulnérables. Des villes entières comme Jakarta ou Lagos sont menacées par la montée des eaux. Cela pose des questions très concrètes. Comment protéger les zones habitées ? Comment reconstruire ailleurs ? Et qui va payer ? L'océan, on le regarde souvent comme un décor, comme une surface bleue sur une carte, mais il est beaucoup plus que ça. Il régule le climat, il absorbe nos excès, il nous donne de l'oxygène. Et il reçoit les conséquences de nos choix. Protéger l'océan, ce n'est pas protéger un paysage, c'est protéger un pilier vivant du système planétaire. Et c'est pour cette raison que l'ONU organise en 2025 une grande conférence mondiale à Nice pour que l'océan cesse d'être le grand oublié du climat, pour qu'il reprenne une place centrale dans nos décisions liées au changement climatique. Et depuis quelques années, le climat est partout, dans les médias, dans les conférences internationales, dans les rapports du GIEC, on parle d'émissions, de températures, de carbone, etc. Mais l'océan, lui, reste en marche. Il est évoqué parfois, mais rarement mis au centre. Et pourtant, il est déjà en crise. Ce paradoxe est au cœur du problème. l'océan joue un rôle fondamental dans la régulation du climat, mais il est sous-représenté dans les décisions internationales. Historiquement, les négociations climatiques se sont construites autour de l'atmosphère, les gaz à effet de serre, les industries, les transports, les énergies fossiles. L'océan, parce qu'il est immense, complexe et en grande partie hors des juridictions nationales, est resté dans l'angle mort. Il n'existe aucun traité international global contraignant spécifiquement sur la protection de l'océan contre les impacts du changement climatique. Et les conventions qui existent, comme la convention des Nations Unies sur le droit de la mer, date des années 80. En d'autres termes, notre cadre juridique et politique est dépassé, et l'urgence écologique est là. Ces dernières années, les signaux d'alerte se sont multipliés, la température moyenne des océans atteint des records année après année, les coraux, comme ceux de la Grande Barrière en Australie, subissent des épisodes de blanchissement de plus en plus fréquents, des zones entières deviennent des déserts marins où la vie recule à cause de la chaleur, du manque d'oxygène ou de la pollution. Et certaines espèces migrent vers les poules à la recherche d'eau plus froide, bouleversant les équilibres écologiques et les économies de la pêche. Ces évolutions ne sont plus seulement des alertes scientifiques, elles deviennent des enjeux politiques, économiques, géostratégiques. C'est dans ce contexte que l'ONU a décidé d'organiser, en juin 2025 à Nice, la troisième conférence mondiale sur l'océan. Un événement qui ne sort pas de nulle part, la première conférence avait eu lieu en 2017 à New York, la deuxième en 2022 à Lisbonne. Et cette troisième édition en France marque une étape clé. Pourquoi ? Parce qu'elle arrive à mi-parcours des objectifs de développement durable fixés pour 2030. Et parce qu'elle se veut plus ambitieuse, à la fois sur le fond et sur les engagements politiques. Cette conférence doit répondre à plusieurs objectifs. Faire de l'océan un pilier à part entière de l'agenda climatique mondial. Accélérer les investissements dans la recherche, la surveillance et la protection des milieux marins. Mieux encadrer les activités économiques en mer. la pêche industrielle, l'exploitation minière des grands fonds, les transports maritimes, etc. Et renforcer la coopération internationale, notamment pour les espaces marins situés en dehors des juridictions nationales, ce qu'on appelle la haute mer. Pourquoi maintenant ? Parce que le temps presse, on ne parle plus de projections pour 2100, on parle des faits déjà visibles en 2024, de communautés côtières déplacées, d'écosystèmes effondrés, d'activités économiques fragilisées, et d'un océan qui atteint ses limites physiques et biologiques. Or, sans actions collectives, les déséquilibres s'aggraveront, et le rôle régulateur de l'océan pourrait se retourner contre nous. Par exemple, si l'océan devient saturé en CO2, il pourrait cesser d'absorber nos émissions, voire en relâcher. Un basculement aux conséquences planétaires. En outre, la conférence de Nice n'est pas juste un sommet de plus, c'est une opportunité politique, diplomatique et symbolique. Pour remettre l'océan au centre de l'agenda environnemental, et pour faire évoluer notre regard collectif. Car derrière les enjeux scientifiques ou climatiques, c'est aussi une relation à l'océan qu'il faut réinventer. Pas comme un espace à exploiter, mais comme un commun vital à protéger. Alors d'accord, une grande conférence de l'ONU sur l'océan, c'est important, c'est ambitieux, mais qu'est-ce qu'on peut en attendre concrètement ? Et surtout, est-ce que ça va vraiment changer quelque chose ? Comme toutes les grandes conférences internationales, celle de Nice va donner lieu à un flot d'annonces. Des pays vont signer des engagements, des coalitions vont se former, des fonds seront débloqués. On parle déjà de projets sur la protection des récifs coralliens, la régulation de la pêche industrielle, le développement d'une économie maritime durable, l'interdiction de certaines pollutions plastiques ou chimiques ou encore l'exploration des grands fonds marins de manière encadrée. Mais attention, ce n'est pas une COP. Il n'y a ni traité contraignant, ni mécanisme de sanction. C'est une conférence volontaire, les pays peuvent annoncer ce qu'ils veulent mais ne sont pas obligés de s'y tenir. Il ne faut donc pas attendre une réforme du droit international maritime, qui serait trop complexe à débloquer en quelques jours. Faut pas attendre non plus une interdiction soudaine des activités destructrices en mer, parce qu'il y a trop d'intérêts économiques en jeu, ni une coordination mondiale efficace du jour au lendemain. Alors il y aura peut-être des progrès, mais aussi beaucoup d'effets d'annonce. Certains pays viendront avec des vraies ambitions, d'autres avec des promesses vagues, voire du greenwashing. Et surtout, aucun pays ne sera obligé d'agir après la conférence. Mais attention, ça ne veut pas dire que cette conférence ne sert à rien. Elle peut jouer un rôle clé sur trois plans. Faire pression politiquement. Quand des chefs d'État, des scientifiques, des ONG, des entreprises se retrouvent autour d'une table, ça crée de la pression. Les sujets deviennent prioritaires, des coalitions de pays peuvent avancer ensemble, mais sans traité global. Deuxièmement, mettre en lumière les enjeux oubliés. Le grand public, les décideurs, les médias, tout le monde parle du climat, mais on parle moins souvent de l'océan. Cette conférence permet de remettre ces sujets sur le devant de la scène. Et troisièmement, ça permet d'accélérer les dynamiques déjà en cours. Parce que beaucoup de pays travaillent déjà sur des aires marines protégées, des restrictions de pêche, des politiques anti-pollution. La conférence peut être un accélérateur pour mutualiser les efforts, créer des synergies et donner un cadre international plus clair. La conférence de Nice ne va donc pas sauver l'océan à elle seule. Mais elle peut aider à créer un momentum, un point de bascule dans la façon dont la communauté internationale considère l'océan, non plus comme une ressource lointaine, mais comme un acteur central du système climatique, de la biodiversité et de notre avenir collectif. Elle peut aussi redonner de la visibilité à ceux qui sont en première ligne, les états insulaires menacés, les pêcheurs côtiers, les communautés qui dépendent de la mer. Et à condition d'être suivie d'actes, elle peut préparer le terrain pour des accords plus contraignants dans les années à venir. Alors oui, tout ça, ces grands discours sur l'océan, les conférences internationales, les engagements symboliques, on peut légitimement se demander est-ce que ça change vraiment quelque chose ? Est-ce que ça a un impact réel ? La méfiance est compréhensible, parce que ces dernières décennies, on a vu défiler des sommets, des promesses, des stratégies. Et en parallèle, les courbes d'émission ont continué à grimper. La biodiversité marine a continué à reculer, les zones mortes se sont étendues, les populations de poissons ont diminué, et les littoraux ont reculé. Alors, à quoi bon ? Mais il faut regarder dans le détail. Certaines avancées sont discrètes, techniques, mais elles comptent. Prenons les herbes marines protégées par exemple, ces zones délimitées où certaines activités humaines sont limitées ou interdites. Pêche industrielle, extraction, circulation de navires, etc. Elles ont un vrai potentiel. Lorsqu'elles sont bien gérées, elles permettent aux écosystèmes de se régénérer, les populations de poissons y retrouvent leur équilibre, les récifs s'y reconstruisent, la biodiversité remonte. Et ça bénéficie aussi aux communautés humaines autour, la pêche artisanale en périphérie de ces zones redevient plus productive. C'est un cercle vertueux, basé sur la sobriété et la patience. Même chose du côté de la gestion des stocks de poissons, des études soulignent qu'une approche coordonnée, à l'échelle régionale ou internationale, peut réduire la vulnérabilité des communautés qui dépendent de la pêche. Les quotas de capture, les outils de suivi satellitaires ou encore les sanctions contre la pêche illégale, tout cela commence à porter ses fruits dans certaines zones. Ce n'est pas parfait bien sûr, mais on passe d'une logique d'exploitation maximale à une logique de résilience. où l'on pense en décennies, pas en trimestres. Il y a aussi la bataille contre la pollution plastique, en train de changer d'échelle. Un traité international contraignant visant à éliminer la pollution plastique d'ici 2040 est en négociation à l'ONU. Ce qui est nouveau, c'est qu'il s'attaque à l'ensemble du cycle de vie du plastique, de la production jusqu'au recyclage en passant par la consommation. Ce type d'accord, s'il aboutit, pourrait contraindre les États et les industriels à revoir toute leur chaîne de production, et donc réduire l'impact des déchets marins à la source. Et puis, il y a la science océanique elle-même, chaque conférence permet aussi de renforcer la recherche, les financements, les collaborations internationales. On comprend mieux aujourd'hui les interactions complexes entre l'océan, le climat et les sociétés humaines, on développe des outils de surveillance, de modélisation, d'alerte. Et cette connaissance, elle est indispensable pour agir efficacement, pour adapter les littoraux, pour anticiper les risques, pour protéger ce qui peut encore l'être. Le plus important c'est aussi qu'on commence à voir l'océan non plus seulement comme une victime du changement climatique, mais aussi comme un allié stratégique. L'étude menée par Oegh-Guldberg, si je prononce correctement le nom, et ses pairs en 2019, identifie cinq leviers majeurs, comme par exemple restaurer les mangroves et les herbiers, investir dans les énergies marines durables, développer l'aquaculture à faible impact, etc. Ce sont des solutions concrètes déjà disponibles et qui peuvent accélérer la transition. Alors non, une conférence à Nice ne va pas à elle seule sauver l'océan. Mais elle peut être un point d'appui, une étape vers une coopération plus ambitieuse, une meilleure articulation entre science, politique publique et réalité locale. Parce qu'aujourd'hui, ce sont ces points-là qu'il faut construire. Entre la connaissance scientifique, les engagements politiques et les transformations concrètes sur le terrain. L'impact réel, il ne vient jamais d'un seul événement, il vient de ce qu'on en fait ensuite. Alors merci d'avoir suivi ce fil avec moi. Ce qu'il faut retenir de tout ça, c'est que l'océan n'est pas un décor, ce n'est pas une toile de fond bleue sur une carte météo, ni un simple lieu de vacances, c'est un pilier du système planétaire. Un régulateur du climat, un producteur d'oxygène, une source de nourriture, de travail, de vie. Et aujourd'hui, il est à la fois notre meilleur allié contre le changement climatique, et l'une de ses premières victimes. Ce paradoxe, il faut l'avoir en tête, parce que protéger l'océan, ce n'est pas sauver les poissons, c'est défendre un équilibre global, dont nous dépendons tous, même loin des côtes. Même sans jamais y avoir mis les pieds d'ailleurs. Alors bien sûr, il y a des raisons d'être sceptiques face au grand sommet comme celui qui s'annonce à Nice. Trop souvent, les annonces sont vagues, les engagements mous, les résultats invisibles. Mais ce genre de rendez-vous peut aussi être un point de bascule, à condition de ne pas s'arrêter à l'affichage. Les outils existent, la connaissance aussi, ce qui manque c'est souvent la volonté politique, la cohérence, la pression citoyenne. Et ça c'est une responsabilité partagée. Parce que les choix qu'on fait, ce qu'on consomme, ce qu'on soutient, ce qu'on exige de nos élus, ça compte. Pas à la place des états, mais en complément, en écho, en vigilance. Alors est-ce que ça a un impact réel ? Oui. Parce que comme souvent, avec le climat, ce n'est pas une histoire de grands bouleversements instantanés, mais d'alignements progressifs, de lucidité, de constance, d'élan partagé. Alors si vous voulez en apprendre un peu plus sur cet enjeu, n'hésitez pas à explorer la bibliographie mise en description. A bientôt, pour tirer ensemble un nouveau film. Si ce podcast vous parle et que vous voulez le soutenir, vous pouvez le faire sur Ko-Fi. Le lien est dans la description. Merci.

Description

Episode 7 : La conférence de Nice 2025 peut-elle vraiment sauver l’océan ?


La conférence de Nice 2025 sur l’océan promet des engagements ambitieux face à l’urgence climatique. Mais derrière les discours, que peut-on vraiment en attendre ? Cet épisode explore ce qui marche déjà, ce qui reste symbolique, et ce qu’il faudrait pour que l’impact soit réel.


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  • Speaker #0

    Et si on tirait un fil, celui qui relie ce qu'on vit, ce qu'on ressent et ce qu'on peut encore transformer ? Un fil discret mais solide. Bonjour et bienvenue dans Au fil des enjeux, un podcast qui prend le temps. Le temps d'écouter et de réfléchir sans donner de leçons, sans tout simplifier. Moi c'est Manuel, et si vous êtes là, c'est qu'on a sans doute quelques questions en commun. Aujourd'hui on va parler de mer, d'océan et d'une conférence internationale dont vous avez peut-être entendu parler sans trop comprendre ce que c'était. Du 9 au 13 juin 2025 se tient à Nice la troisième conférence des Nations Unies sur l'océan. C'est un événement mondial avec des chefs d'État, des scientifiques, des ONG, des peuples autochtones, etc. On parle juste d'un rendez-vous qui prétend peser sur l'avenir du plus grand écosystème de la planète. Mais à quoi ça sert vraiment ? Pourquoi à Nice ? Pourquoi maintenant ? Et qu'est-ce qu'on peut en attendre ? Quand on parle du climat, on parle de température, d'émissions, de catastrophes. On parle de CO2, de sécheresse, de vagues de chaleur. Mais l'océan, lui, reste des fois en arrière-plan. Et pourtant, il est au cœur du système. Sans lui, le réchauffement serait déjà hors de contrôle. Sans lui, la vie sur Terre, telle qu'on la connaît, ne serait tout simplement pas possible. Les océans et les mers couvrent plus de 70% de la surface de la planète et jouent un rôle vital dans l'équilibre climatique. D'abord, ils absorbent le CO2. Chaque année, les océans captent près d'un quart du dioxyde de carbone que nous émettons. Ce sont des milliards de tonnes de CO2 absorbées naturellement par les eaux de surface. C'est un rôle vital. Sans ce puits de carbone naturel, l'accumulation de gaz à effet de serre serait bien plus rapide et les températures grimperaient encore plus vite. On parle souvent des forêts comme des poumons verts. Mais les océans sont en réalité le plus grand régulateur de CO2 de la planète. Un tampon invisible qui amortit nos excès. Mais cette fonction de tampon a un prix. En captant le dioxyde de carbone, l'eau devient plus acide. ... et cette acidification bouleverse tout un pan de la vie marine. Les coraux qui servent d'abri à des milliers d'espèces se dégradent. Le plancton, base de la chaîne alimentaire, voit ses coquilles se dissoudre plus vite. Même les huîtres et les moules sensibles au pH peinent à se former. Ce phénomène fragilise l'ensemble de l'écosystème océanique, et par ricochet les sociétés humaines qui en dépendent. Ensuite, l'océan stocke la chaleur. On parle de réchauffement climatique, mais ce réchauffement ne se concentre pas dans l'air, et en réalité, Plus de 90% de la chaleur en excès générée par les activités humaines est absorbée par l'océan. Autrement dit, quand on chauffe le climat, on chauffe d'abord et avant tout l'eau. Cela évite pour un temps que l'air devienne irrespirable, mais cette chaleur ne disparaît pas, elle s'accumule. Et cette accumulation a des effets très concrets. Elle provoque des canicules marines, des hausses brutales de la température de l'eau, parfois de plusieurs degrés, qui entraînent la mort de poissons, d'algues, et perturbent les cycles biologiques. Elle favorise la prolifération d'espèces invasives ou toxiques, au détriment de celles qui sont déjà fragilisées. Elle rend certaines zones de l'océan impropres à la pêche ou même à la vie. Et elle renforce les tempêtes, les cyclones, les ouragans, etc. Parce que ces phénomènes météorologiques puisent leur puissance dans la chaleur de l'eau. Plus la mer est chaude, plus les températures sont violentes. En absorbant cette chaleur, l'océan nous protège, mais cette protection a des limites, et on s'en approche. Et puis, l'océan nous permet de respirer littéralement. Ce que peu de gens savent... ou admettent c'est que plus de la moitié de l'oxygène que nous respirons provient de l'océan. Pas des arbres, pas des forêts, mais de minuscules organismes invisibles à l'œil nu, les phytoplanctons. Ces micro-algues flottant à la surface de l'eau, par photosynthèse, elles produisent du dioxygène, beaucoup de dioxygène. Sans elles, pas d'atmosphère respirable, sans elles, pas de vie telle que nous la connaissons. Mais là encore, leur équilibre est fragile, les phytoplanctons sont sensibles à la température de l'eau, à son acidité, à la pollution. Et quand ces conditions changent, leur population peut chuter brutalement. Ce n'est pas seulement un problème écologique, c'est une alerte globale. Enfin, l'océan monte, lentement mais sûrement. Le réchauffement fait fondre les glaciers, les calottes polaires, et dilate l'eau de mer. le niveau moyen des océans monte partout, de façon inégale mais inéluctable. Pour les petits états insulaires, comme Tuvalu, les Kiribati ou les Maldives, ce n'est plus une prévision, c'est une réalité. Certains villages sont déjà déplacés, le territoire se réduit année après année. Mais ce phénomène ne concerne pas que les îles lointaines. En Europe, en Asie, en Amérique, des millions de personnes vivent dans des zones côtières vulnérables. Des villes entières comme Jakarta ou Lagos sont menacées par la montée des eaux. Cela pose des questions très concrètes. Comment protéger les zones habitées ? Comment reconstruire ailleurs ? Et qui va payer ? L'océan, on le regarde souvent comme un décor, comme une surface bleue sur une carte, mais il est beaucoup plus que ça. Il régule le climat, il absorbe nos excès, il nous donne de l'oxygène. Et il reçoit les conséquences de nos choix. Protéger l'océan, ce n'est pas protéger un paysage, c'est protéger un pilier vivant du système planétaire. Et c'est pour cette raison que l'ONU organise en 2025 une grande conférence mondiale à Nice pour que l'océan cesse d'être le grand oublié du climat, pour qu'il reprenne une place centrale dans nos décisions liées au changement climatique. Et depuis quelques années, le climat est partout, dans les médias, dans les conférences internationales, dans les rapports du GIEC, on parle d'émissions, de températures, de carbone, etc. Mais l'océan, lui, reste en marche. Il est évoqué parfois, mais rarement mis au centre. Et pourtant, il est déjà en crise. Ce paradoxe est au cœur du problème. l'océan joue un rôle fondamental dans la régulation du climat, mais il est sous-représenté dans les décisions internationales. Historiquement, les négociations climatiques se sont construites autour de l'atmosphère, les gaz à effet de serre, les industries, les transports, les énergies fossiles. L'océan, parce qu'il est immense, complexe et en grande partie hors des juridictions nationales, est resté dans l'angle mort. Il n'existe aucun traité international global contraignant spécifiquement sur la protection de l'océan contre les impacts du changement climatique. Et les conventions qui existent, comme la convention des Nations Unies sur le droit de la mer, date des années 80. En d'autres termes, notre cadre juridique et politique est dépassé, et l'urgence écologique est là. Ces dernières années, les signaux d'alerte se sont multipliés, la température moyenne des océans atteint des records année après année, les coraux, comme ceux de la Grande Barrière en Australie, subissent des épisodes de blanchissement de plus en plus fréquents, des zones entières deviennent des déserts marins où la vie recule à cause de la chaleur, du manque d'oxygène ou de la pollution. Et certaines espèces migrent vers les poules à la recherche d'eau plus froide, bouleversant les équilibres écologiques et les économies de la pêche. Ces évolutions ne sont plus seulement des alertes scientifiques, elles deviennent des enjeux politiques, économiques, géostratégiques. C'est dans ce contexte que l'ONU a décidé d'organiser, en juin 2025 à Nice, la troisième conférence mondiale sur l'océan. Un événement qui ne sort pas de nulle part, la première conférence avait eu lieu en 2017 à New York, la deuxième en 2022 à Lisbonne. Et cette troisième édition en France marque une étape clé. Pourquoi ? Parce qu'elle arrive à mi-parcours des objectifs de développement durable fixés pour 2030. Et parce qu'elle se veut plus ambitieuse, à la fois sur le fond et sur les engagements politiques. Cette conférence doit répondre à plusieurs objectifs. Faire de l'océan un pilier à part entière de l'agenda climatique mondial. Accélérer les investissements dans la recherche, la surveillance et la protection des milieux marins. Mieux encadrer les activités économiques en mer. la pêche industrielle, l'exploitation minière des grands fonds, les transports maritimes, etc. Et renforcer la coopération internationale, notamment pour les espaces marins situés en dehors des juridictions nationales, ce qu'on appelle la haute mer. Pourquoi maintenant ? Parce que le temps presse, on ne parle plus de projections pour 2100, on parle des faits déjà visibles en 2024, de communautés côtières déplacées, d'écosystèmes effondrés, d'activités économiques fragilisées, et d'un océan qui atteint ses limites physiques et biologiques. Or, sans actions collectives, les déséquilibres s'aggraveront, et le rôle régulateur de l'océan pourrait se retourner contre nous. Par exemple, si l'océan devient saturé en CO2, il pourrait cesser d'absorber nos émissions, voire en relâcher. Un basculement aux conséquences planétaires. En outre, la conférence de Nice n'est pas juste un sommet de plus, c'est une opportunité politique, diplomatique et symbolique. Pour remettre l'océan au centre de l'agenda environnemental, et pour faire évoluer notre regard collectif. Car derrière les enjeux scientifiques ou climatiques, c'est aussi une relation à l'océan qu'il faut réinventer. Pas comme un espace à exploiter, mais comme un commun vital à protéger. Alors d'accord, une grande conférence de l'ONU sur l'océan, c'est important, c'est ambitieux, mais qu'est-ce qu'on peut en attendre concrètement ? Et surtout, est-ce que ça va vraiment changer quelque chose ? Comme toutes les grandes conférences internationales, celle de Nice va donner lieu à un flot d'annonces. Des pays vont signer des engagements, des coalitions vont se former, des fonds seront débloqués. On parle déjà de projets sur la protection des récifs coralliens, la régulation de la pêche industrielle, le développement d'une économie maritime durable, l'interdiction de certaines pollutions plastiques ou chimiques ou encore l'exploration des grands fonds marins de manière encadrée. Mais attention, ce n'est pas une COP. Il n'y a ni traité contraignant, ni mécanisme de sanction. C'est une conférence volontaire, les pays peuvent annoncer ce qu'ils veulent mais ne sont pas obligés de s'y tenir. Il ne faut donc pas attendre une réforme du droit international maritime, qui serait trop complexe à débloquer en quelques jours. Faut pas attendre non plus une interdiction soudaine des activités destructrices en mer, parce qu'il y a trop d'intérêts économiques en jeu, ni une coordination mondiale efficace du jour au lendemain. Alors il y aura peut-être des progrès, mais aussi beaucoup d'effets d'annonce. Certains pays viendront avec des vraies ambitions, d'autres avec des promesses vagues, voire du greenwashing. Et surtout, aucun pays ne sera obligé d'agir après la conférence. Mais attention, ça ne veut pas dire que cette conférence ne sert à rien. Elle peut jouer un rôle clé sur trois plans. Faire pression politiquement. Quand des chefs d'État, des scientifiques, des ONG, des entreprises se retrouvent autour d'une table, ça crée de la pression. Les sujets deviennent prioritaires, des coalitions de pays peuvent avancer ensemble, mais sans traité global. Deuxièmement, mettre en lumière les enjeux oubliés. Le grand public, les décideurs, les médias, tout le monde parle du climat, mais on parle moins souvent de l'océan. Cette conférence permet de remettre ces sujets sur le devant de la scène. Et troisièmement, ça permet d'accélérer les dynamiques déjà en cours. Parce que beaucoup de pays travaillent déjà sur des aires marines protégées, des restrictions de pêche, des politiques anti-pollution. La conférence peut être un accélérateur pour mutualiser les efforts, créer des synergies et donner un cadre international plus clair. La conférence de Nice ne va donc pas sauver l'océan à elle seule. Mais elle peut aider à créer un momentum, un point de bascule dans la façon dont la communauté internationale considère l'océan, non plus comme une ressource lointaine, mais comme un acteur central du système climatique, de la biodiversité et de notre avenir collectif. Elle peut aussi redonner de la visibilité à ceux qui sont en première ligne, les états insulaires menacés, les pêcheurs côtiers, les communautés qui dépendent de la mer. Et à condition d'être suivie d'actes, elle peut préparer le terrain pour des accords plus contraignants dans les années à venir. Alors oui, tout ça, ces grands discours sur l'océan, les conférences internationales, les engagements symboliques, on peut légitimement se demander est-ce que ça change vraiment quelque chose ? Est-ce que ça a un impact réel ? La méfiance est compréhensible, parce que ces dernières décennies, on a vu défiler des sommets, des promesses, des stratégies. Et en parallèle, les courbes d'émission ont continué à grimper. La biodiversité marine a continué à reculer, les zones mortes se sont étendues, les populations de poissons ont diminué, et les littoraux ont reculé. Alors, à quoi bon ? Mais il faut regarder dans le détail. Certaines avancées sont discrètes, techniques, mais elles comptent. Prenons les herbes marines protégées par exemple, ces zones délimitées où certaines activités humaines sont limitées ou interdites. Pêche industrielle, extraction, circulation de navires, etc. Elles ont un vrai potentiel. Lorsqu'elles sont bien gérées, elles permettent aux écosystèmes de se régénérer, les populations de poissons y retrouvent leur équilibre, les récifs s'y reconstruisent, la biodiversité remonte. Et ça bénéficie aussi aux communautés humaines autour, la pêche artisanale en périphérie de ces zones redevient plus productive. C'est un cercle vertueux, basé sur la sobriété et la patience. Même chose du côté de la gestion des stocks de poissons, des études soulignent qu'une approche coordonnée, à l'échelle régionale ou internationale, peut réduire la vulnérabilité des communautés qui dépendent de la pêche. Les quotas de capture, les outils de suivi satellitaires ou encore les sanctions contre la pêche illégale, tout cela commence à porter ses fruits dans certaines zones. Ce n'est pas parfait bien sûr, mais on passe d'une logique d'exploitation maximale à une logique de résilience. où l'on pense en décennies, pas en trimestres. Il y a aussi la bataille contre la pollution plastique, en train de changer d'échelle. Un traité international contraignant visant à éliminer la pollution plastique d'ici 2040 est en négociation à l'ONU. Ce qui est nouveau, c'est qu'il s'attaque à l'ensemble du cycle de vie du plastique, de la production jusqu'au recyclage en passant par la consommation. Ce type d'accord, s'il aboutit, pourrait contraindre les États et les industriels à revoir toute leur chaîne de production, et donc réduire l'impact des déchets marins à la source. Et puis, il y a la science océanique elle-même, chaque conférence permet aussi de renforcer la recherche, les financements, les collaborations internationales. On comprend mieux aujourd'hui les interactions complexes entre l'océan, le climat et les sociétés humaines, on développe des outils de surveillance, de modélisation, d'alerte. Et cette connaissance, elle est indispensable pour agir efficacement, pour adapter les littoraux, pour anticiper les risques, pour protéger ce qui peut encore l'être. Le plus important c'est aussi qu'on commence à voir l'océan non plus seulement comme une victime du changement climatique, mais aussi comme un allié stratégique. L'étude menée par Oegh-Guldberg, si je prononce correctement le nom, et ses pairs en 2019, identifie cinq leviers majeurs, comme par exemple restaurer les mangroves et les herbiers, investir dans les énergies marines durables, développer l'aquaculture à faible impact, etc. Ce sont des solutions concrètes déjà disponibles et qui peuvent accélérer la transition. Alors non, une conférence à Nice ne va pas à elle seule sauver l'océan. Mais elle peut être un point d'appui, une étape vers une coopération plus ambitieuse, une meilleure articulation entre science, politique publique et réalité locale. Parce qu'aujourd'hui, ce sont ces points-là qu'il faut construire. Entre la connaissance scientifique, les engagements politiques et les transformations concrètes sur le terrain. L'impact réel, il ne vient jamais d'un seul événement, il vient de ce qu'on en fait ensuite. Alors merci d'avoir suivi ce fil avec moi. Ce qu'il faut retenir de tout ça, c'est que l'océan n'est pas un décor, ce n'est pas une toile de fond bleue sur une carte météo, ni un simple lieu de vacances, c'est un pilier du système planétaire. Un régulateur du climat, un producteur d'oxygène, une source de nourriture, de travail, de vie. Et aujourd'hui, il est à la fois notre meilleur allié contre le changement climatique, et l'une de ses premières victimes. Ce paradoxe, il faut l'avoir en tête, parce que protéger l'océan, ce n'est pas sauver les poissons, c'est défendre un équilibre global, dont nous dépendons tous, même loin des côtes. Même sans jamais y avoir mis les pieds d'ailleurs. Alors bien sûr, il y a des raisons d'être sceptiques face au grand sommet comme celui qui s'annonce à Nice. Trop souvent, les annonces sont vagues, les engagements mous, les résultats invisibles. Mais ce genre de rendez-vous peut aussi être un point de bascule, à condition de ne pas s'arrêter à l'affichage. Les outils existent, la connaissance aussi, ce qui manque c'est souvent la volonté politique, la cohérence, la pression citoyenne. Et ça c'est une responsabilité partagée. Parce que les choix qu'on fait, ce qu'on consomme, ce qu'on soutient, ce qu'on exige de nos élus, ça compte. Pas à la place des états, mais en complément, en écho, en vigilance. Alors est-ce que ça a un impact réel ? Oui. Parce que comme souvent, avec le climat, ce n'est pas une histoire de grands bouleversements instantanés, mais d'alignements progressifs, de lucidité, de constance, d'élan partagé. Alors si vous voulez en apprendre un peu plus sur cet enjeu, n'hésitez pas à explorer la bibliographie mise en description. A bientôt, pour tirer ensemble un nouveau film. Si ce podcast vous parle et que vous voulez le soutenir, vous pouvez le faire sur Ko-Fi. Le lien est dans la description. Merci.

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Episode 7 : La conférence de Nice 2025 peut-elle vraiment sauver l’océan ?


La conférence de Nice 2025 sur l’océan promet des engagements ambitieux face à l’urgence climatique. Mais derrière les discours, que peut-on vraiment en attendre ? Cet épisode explore ce qui marche déjà, ce qui reste symbolique, et ce qu’il faudrait pour que l’impact soit réel.


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📚Bibliographie pour aller plus loin : https://docs.google.com/document/d/1fuFOgiKPuHCpJwkHJ7M4q5di-GXg2IE1Y4xKhZHXXhQ/edit?usp=sharing


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Creative Commons CC BY 3.0

https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Et si on tirait un fil, celui qui relie ce qu'on vit, ce qu'on ressent et ce qu'on peut encore transformer ? Un fil discret mais solide. Bonjour et bienvenue dans Au fil des enjeux, un podcast qui prend le temps. Le temps d'écouter et de réfléchir sans donner de leçons, sans tout simplifier. Moi c'est Manuel, et si vous êtes là, c'est qu'on a sans doute quelques questions en commun. Aujourd'hui on va parler de mer, d'océan et d'une conférence internationale dont vous avez peut-être entendu parler sans trop comprendre ce que c'était. Du 9 au 13 juin 2025 se tient à Nice la troisième conférence des Nations Unies sur l'océan. C'est un événement mondial avec des chefs d'État, des scientifiques, des ONG, des peuples autochtones, etc. On parle juste d'un rendez-vous qui prétend peser sur l'avenir du plus grand écosystème de la planète. Mais à quoi ça sert vraiment ? Pourquoi à Nice ? Pourquoi maintenant ? Et qu'est-ce qu'on peut en attendre ? Quand on parle du climat, on parle de température, d'émissions, de catastrophes. On parle de CO2, de sécheresse, de vagues de chaleur. Mais l'océan, lui, reste des fois en arrière-plan. Et pourtant, il est au cœur du système. Sans lui, le réchauffement serait déjà hors de contrôle. Sans lui, la vie sur Terre, telle qu'on la connaît, ne serait tout simplement pas possible. Les océans et les mers couvrent plus de 70% de la surface de la planète et jouent un rôle vital dans l'équilibre climatique. D'abord, ils absorbent le CO2. Chaque année, les océans captent près d'un quart du dioxyde de carbone que nous émettons. Ce sont des milliards de tonnes de CO2 absorbées naturellement par les eaux de surface. C'est un rôle vital. Sans ce puits de carbone naturel, l'accumulation de gaz à effet de serre serait bien plus rapide et les températures grimperaient encore plus vite. On parle souvent des forêts comme des poumons verts. Mais les océans sont en réalité le plus grand régulateur de CO2 de la planète. Un tampon invisible qui amortit nos excès. Mais cette fonction de tampon a un prix. En captant le dioxyde de carbone, l'eau devient plus acide. ... et cette acidification bouleverse tout un pan de la vie marine. Les coraux qui servent d'abri à des milliers d'espèces se dégradent. Le plancton, base de la chaîne alimentaire, voit ses coquilles se dissoudre plus vite. Même les huîtres et les moules sensibles au pH peinent à se former. Ce phénomène fragilise l'ensemble de l'écosystème océanique, et par ricochet les sociétés humaines qui en dépendent. Ensuite, l'océan stocke la chaleur. On parle de réchauffement climatique, mais ce réchauffement ne se concentre pas dans l'air, et en réalité, Plus de 90% de la chaleur en excès générée par les activités humaines est absorbée par l'océan. Autrement dit, quand on chauffe le climat, on chauffe d'abord et avant tout l'eau. Cela évite pour un temps que l'air devienne irrespirable, mais cette chaleur ne disparaît pas, elle s'accumule. Et cette accumulation a des effets très concrets. Elle provoque des canicules marines, des hausses brutales de la température de l'eau, parfois de plusieurs degrés, qui entraînent la mort de poissons, d'algues, et perturbent les cycles biologiques. Elle favorise la prolifération d'espèces invasives ou toxiques, au détriment de celles qui sont déjà fragilisées. Elle rend certaines zones de l'océan impropres à la pêche ou même à la vie. Et elle renforce les tempêtes, les cyclones, les ouragans, etc. Parce que ces phénomènes météorologiques puisent leur puissance dans la chaleur de l'eau. Plus la mer est chaude, plus les températures sont violentes. En absorbant cette chaleur, l'océan nous protège, mais cette protection a des limites, et on s'en approche. Et puis, l'océan nous permet de respirer littéralement. Ce que peu de gens savent... ou admettent c'est que plus de la moitié de l'oxygène que nous respirons provient de l'océan. Pas des arbres, pas des forêts, mais de minuscules organismes invisibles à l'œil nu, les phytoplanctons. Ces micro-algues flottant à la surface de l'eau, par photosynthèse, elles produisent du dioxygène, beaucoup de dioxygène. Sans elles, pas d'atmosphère respirable, sans elles, pas de vie telle que nous la connaissons. Mais là encore, leur équilibre est fragile, les phytoplanctons sont sensibles à la température de l'eau, à son acidité, à la pollution. Et quand ces conditions changent, leur population peut chuter brutalement. Ce n'est pas seulement un problème écologique, c'est une alerte globale. Enfin, l'océan monte, lentement mais sûrement. Le réchauffement fait fondre les glaciers, les calottes polaires, et dilate l'eau de mer. le niveau moyen des océans monte partout, de façon inégale mais inéluctable. Pour les petits états insulaires, comme Tuvalu, les Kiribati ou les Maldives, ce n'est plus une prévision, c'est une réalité. Certains villages sont déjà déplacés, le territoire se réduit année après année. Mais ce phénomène ne concerne pas que les îles lointaines. En Europe, en Asie, en Amérique, des millions de personnes vivent dans des zones côtières vulnérables. Des villes entières comme Jakarta ou Lagos sont menacées par la montée des eaux. Cela pose des questions très concrètes. Comment protéger les zones habitées ? Comment reconstruire ailleurs ? Et qui va payer ? L'océan, on le regarde souvent comme un décor, comme une surface bleue sur une carte, mais il est beaucoup plus que ça. Il régule le climat, il absorbe nos excès, il nous donne de l'oxygène. Et il reçoit les conséquences de nos choix. Protéger l'océan, ce n'est pas protéger un paysage, c'est protéger un pilier vivant du système planétaire. Et c'est pour cette raison que l'ONU organise en 2025 une grande conférence mondiale à Nice pour que l'océan cesse d'être le grand oublié du climat, pour qu'il reprenne une place centrale dans nos décisions liées au changement climatique. Et depuis quelques années, le climat est partout, dans les médias, dans les conférences internationales, dans les rapports du GIEC, on parle d'émissions, de températures, de carbone, etc. Mais l'océan, lui, reste en marche. Il est évoqué parfois, mais rarement mis au centre. Et pourtant, il est déjà en crise. Ce paradoxe est au cœur du problème. l'océan joue un rôle fondamental dans la régulation du climat, mais il est sous-représenté dans les décisions internationales. Historiquement, les négociations climatiques se sont construites autour de l'atmosphère, les gaz à effet de serre, les industries, les transports, les énergies fossiles. L'océan, parce qu'il est immense, complexe et en grande partie hors des juridictions nationales, est resté dans l'angle mort. Il n'existe aucun traité international global contraignant spécifiquement sur la protection de l'océan contre les impacts du changement climatique. Et les conventions qui existent, comme la convention des Nations Unies sur le droit de la mer, date des années 80. En d'autres termes, notre cadre juridique et politique est dépassé, et l'urgence écologique est là. Ces dernières années, les signaux d'alerte se sont multipliés, la température moyenne des océans atteint des records année après année, les coraux, comme ceux de la Grande Barrière en Australie, subissent des épisodes de blanchissement de plus en plus fréquents, des zones entières deviennent des déserts marins où la vie recule à cause de la chaleur, du manque d'oxygène ou de la pollution. Et certaines espèces migrent vers les poules à la recherche d'eau plus froide, bouleversant les équilibres écologiques et les économies de la pêche. Ces évolutions ne sont plus seulement des alertes scientifiques, elles deviennent des enjeux politiques, économiques, géostratégiques. C'est dans ce contexte que l'ONU a décidé d'organiser, en juin 2025 à Nice, la troisième conférence mondiale sur l'océan. Un événement qui ne sort pas de nulle part, la première conférence avait eu lieu en 2017 à New York, la deuxième en 2022 à Lisbonne. Et cette troisième édition en France marque une étape clé. Pourquoi ? Parce qu'elle arrive à mi-parcours des objectifs de développement durable fixés pour 2030. Et parce qu'elle se veut plus ambitieuse, à la fois sur le fond et sur les engagements politiques. Cette conférence doit répondre à plusieurs objectifs. Faire de l'océan un pilier à part entière de l'agenda climatique mondial. Accélérer les investissements dans la recherche, la surveillance et la protection des milieux marins. Mieux encadrer les activités économiques en mer. la pêche industrielle, l'exploitation minière des grands fonds, les transports maritimes, etc. Et renforcer la coopération internationale, notamment pour les espaces marins situés en dehors des juridictions nationales, ce qu'on appelle la haute mer. Pourquoi maintenant ? Parce que le temps presse, on ne parle plus de projections pour 2100, on parle des faits déjà visibles en 2024, de communautés côtières déplacées, d'écosystèmes effondrés, d'activités économiques fragilisées, et d'un océan qui atteint ses limites physiques et biologiques. Or, sans actions collectives, les déséquilibres s'aggraveront, et le rôle régulateur de l'océan pourrait se retourner contre nous. Par exemple, si l'océan devient saturé en CO2, il pourrait cesser d'absorber nos émissions, voire en relâcher. Un basculement aux conséquences planétaires. En outre, la conférence de Nice n'est pas juste un sommet de plus, c'est une opportunité politique, diplomatique et symbolique. Pour remettre l'océan au centre de l'agenda environnemental, et pour faire évoluer notre regard collectif. Car derrière les enjeux scientifiques ou climatiques, c'est aussi une relation à l'océan qu'il faut réinventer. Pas comme un espace à exploiter, mais comme un commun vital à protéger. Alors d'accord, une grande conférence de l'ONU sur l'océan, c'est important, c'est ambitieux, mais qu'est-ce qu'on peut en attendre concrètement ? Et surtout, est-ce que ça va vraiment changer quelque chose ? Comme toutes les grandes conférences internationales, celle de Nice va donner lieu à un flot d'annonces. Des pays vont signer des engagements, des coalitions vont se former, des fonds seront débloqués. On parle déjà de projets sur la protection des récifs coralliens, la régulation de la pêche industrielle, le développement d'une économie maritime durable, l'interdiction de certaines pollutions plastiques ou chimiques ou encore l'exploration des grands fonds marins de manière encadrée. Mais attention, ce n'est pas une COP. Il n'y a ni traité contraignant, ni mécanisme de sanction. C'est une conférence volontaire, les pays peuvent annoncer ce qu'ils veulent mais ne sont pas obligés de s'y tenir. Il ne faut donc pas attendre une réforme du droit international maritime, qui serait trop complexe à débloquer en quelques jours. Faut pas attendre non plus une interdiction soudaine des activités destructrices en mer, parce qu'il y a trop d'intérêts économiques en jeu, ni une coordination mondiale efficace du jour au lendemain. Alors il y aura peut-être des progrès, mais aussi beaucoup d'effets d'annonce. Certains pays viendront avec des vraies ambitions, d'autres avec des promesses vagues, voire du greenwashing. Et surtout, aucun pays ne sera obligé d'agir après la conférence. Mais attention, ça ne veut pas dire que cette conférence ne sert à rien. Elle peut jouer un rôle clé sur trois plans. Faire pression politiquement. Quand des chefs d'État, des scientifiques, des ONG, des entreprises se retrouvent autour d'une table, ça crée de la pression. Les sujets deviennent prioritaires, des coalitions de pays peuvent avancer ensemble, mais sans traité global. Deuxièmement, mettre en lumière les enjeux oubliés. Le grand public, les décideurs, les médias, tout le monde parle du climat, mais on parle moins souvent de l'océan. Cette conférence permet de remettre ces sujets sur le devant de la scène. Et troisièmement, ça permet d'accélérer les dynamiques déjà en cours. Parce que beaucoup de pays travaillent déjà sur des aires marines protégées, des restrictions de pêche, des politiques anti-pollution. La conférence peut être un accélérateur pour mutualiser les efforts, créer des synergies et donner un cadre international plus clair. La conférence de Nice ne va donc pas sauver l'océan à elle seule. Mais elle peut aider à créer un momentum, un point de bascule dans la façon dont la communauté internationale considère l'océan, non plus comme une ressource lointaine, mais comme un acteur central du système climatique, de la biodiversité et de notre avenir collectif. Elle peut aussi redonner de la visibilité à ceux qui sont en première ligne, les états insulaires menacés, les pêcheurs côtiers, les communautés qui dépendent de la mer. Et à condition d'être suivie d'actes, elle peut préparer le terrain pour des accords plus contraignants dans les années à venir. Alors oui, tout ça, ces grands discours sur l'océan, les conférences internationales, les engagements symboliques, on peut légitimement se demander est-ce que ça change vraiment quelque chose ? Est-ce que ça a un impact réel ? La méfiance est compréhensible, parce que ces dernières décennies, on a vu défiler des sommets, des promesses, des stratégies. Et en parallèle, les courbes d'émission ont continué à grimper. La biodiversité marine a continué à reculer, les zones mortes se sont étendues, les populations de poissons ont diminué, et les littoraux ont reculé. Alors, à quoi bon ? Mais il faut regarder dans le détail. Certaines avancées sont discrètes, techniques, mais elles comptent. Prenons les herbes marines protégées par exemple, ces zones délimitées où certaines activités humaines sont limitées ou interdites. Pêche industrielle, extraction, circulation de navires, etc. Elles ont un vrai potentiel. Lorsqu'elles sont bien gérées, elles permettent aux écosystèmes de se régénérer, les populations de poissons y retrouvent leur équilibre, les récifs s'y reconstruisent, la biodiversité remonte. Et ça bénéficie aussi aux communautés humaines autour, la pêche artisanale en périphérie de ces zones redevient plus productive. C'est un cercle vertueux, basé sur la sobriété et la patience. Même chose du côté de la gestion des stocks de poissons, des études soulignent qu'une approche coordonnée, à l'échelle régionale ou internationale, peut réduire la vulnérabilité des communautés qui dépendent de la pêche. Les quotas de capture, les outils de suivi satellitaires ou encore les sanctions contre la pêche illégale, tout cela commence à porter ses fruits dans certaines zones. Ce n'est pas parfait bien sûr, mais on passe d'une logique d'exploitation maximale à une logique de résilience. où l'on pense en décennies, pas en trimestres. Il y a aussi la bataille contre la pollution plastique, en train de changer d'échelle. Un traité international contraignant visant à éliminer la pollution plastique d'ici 2040 est en négociation à l'ONU. Ce qui est nouveau, c'est qu'il s'attaque à l'ensemble du cycle de vie du plastique, de la production jusqu'au recyclage en passant par la consommation. Ce type d'accord, s'il aboutit, pourrait contraindre les États et les industriels à revoir toute leur chaîne de production, et donc réduire l'impact des déchets marins à la source. Et puis, il y a la science océanique elle-même, chaque conférence permet aussi de renforcer la recherche, les financements, les collaborations internationales. On comprend mieux aujourd'hui les interactions complexes entre l'océan, le climat et les sociétés humaines, on développe des outils de surveillance, de modélisation, d'alerte. Et cette connaissance, elle est indispensable pour agir efficacement, pour adapter les littoraux, pour anticiper les risques, pour protéger ce qui peut encore l'être. Le plus important c'est aussi qu'on commence à voir l'océan non plus seulement comme une victime du changement climatique, mais aussi comme un allié stratégique. L'étude menée par Oegh-Guldberg, si je prononce correctement le nom, et ses pairs en 2019, identifie cinq leviers majeurs, comme par exemple restaurer les mangroves et les herbiers, investir dans les énergies marines durables, développer l'aquaculture à faible impact, etc. Ce sont des solutions concrètes déjà disponibles et qui peuvent accélérer la transition. Alors non, une conférence à Nice ne va pas à elle seule sauver l'océan. Mais elle peut être un point d'appui, une étape vers une coopération plus ambitieuse, une meilleure articulation entre science, politique publique et réalité locale. Parce qu'aujourd'hui, ce sont ces points-là qu'il faut construire. Entre la connaissance scientifique, les engagements politiques et les transformations concrètes sur le terrain. L'impact réel, il ne vient jamais d'un seul événement, il vient de ce qu'on en fait ensuite. Alors merci d'avoir suivi ce fil avec moi. Ce qu'il faut retenir de tout ça, c'est que l'océan n'est pas un décor, ce n'est pas une toile de fond bleue sur une carte météo, ni un simple lieu de vacances, c'est un pilier du système planétaire. Un régulateur du climat, un producteur d'oxygène, une source de nourriture, de travail, de vie. Et aujourd'hui, il est à la fois notre meilleur allié contre le changement climatique, et l'une de ses premières victimes. Ce paradoxe, il faut l'avoir en tête, parce que protéger l'océan, ce n'est pas sauver les poissons, c'est défendre un équilibre global, dont nous dépendons tous, même loin des côtes. Même sans jamais y avoir mis les pieds d'ailleurs. Alors bien sûr, il y a des raisons d'être sceptiques face au grand sommet comme celui qui s'annonce à Nice. Trop souvent, les annonces sont vagues, les engagements mous, les résultats invisibles. Mais ce genre de rendez-vous peut aussi être un point de bascule, à condition de ne pas s'arrêter à l'affichage. Les outils existent, la connaissance aussi, ce qui manque c'est souvent la volonté politique, la cohérence, la pression citoyenne. Et ça c'est une responsabilité partagée. Parce que les choix qu'on fait, ce qu'on consomme, ce qu'on soutient, ce qu'on exige de nos élus, ça compte. Pas à la place des états, mais en complément, en écho, en vigilance. Alors est-ce que ça a un impact réel ? Oui. Parce que comme souvent, avec le climat, ce n'est pas une histoire de grands bouleversements instantanés, mais d'alignements progressifs, de lucidité, de constance, d'élan partagé. Alors si vous voulez en apprendre un peu plus sur cet enjeu, n'hésitez pas à explorer la bibliographie mise en description. A bientôt, pour tirer ensemble un nouveau film. Si ce podcast vous parle et que vous voulez le soutenir, vous pouvez le faire sur Ko-Fi. Le lien est dans la description. Merci.

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Episode 7 : La conférence de Nice 2025 peut-elle vraiment sauver l’océan ?


La conférence de Nice 2025 sur l’océan promet des engagements ambitieux face à l’urgence climatique. Mais derrière les discours, que peut-on vraiment en attendre ? Cet épisode explore ce qui marche déjà, ce qui reste symbolique, et ce qu’il faudrait pour que l’impact soit réel.


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    Et si on tirait un fil, celui qui relie ce qu'on vit, ce qu'on ressent et ce qu'on peut encore transformer ? Un fil discret mais solide. Bonjour et bienvenue dans Au fil des enjeux, un podcast qui prend le temps. Le temps d'écouter et de réfléchir sans donner de leçons, sans tout simplifier. Moi c'est Manuel, et si vous êtes là, c'est qu'on a sans doute quelques questions en commun. Aujourd'hui on va parler de mer, d'océan et d'une conférence internationale dont vous avez peut-être entendu parler sans trop comprendre ce que c'était. Du 9 au 13 juin 2025 se tient à Nice la troisième conférence des Nations Unies sur l'océan. C'est un événement mondial avec des chefs d'État, des scientifiques, des ONG, des peuples autochtones, etc. On parle juste d'un rendez-vous qui prétend peser sur l'avenir du plus grand écosystème de la planète. Mais à quoi ça sert vraiment ? Pourquoi à Nice ? Pourquoi maintenant ? Et qu'est-ce qu'on peut en attendre ? Quand on parle du climat, on parle de température, d'émissions, de catastrophes. On parle de CO2, de sécheresse, de vagues de chaleur. Mais l'océan, lui, reste des fois en arrière-plan. Et pourtant, il est au cœur du système. Sans lui, le réchauffement serait déjà hors de contrôle. Sans lui, la vie sur Terre, telle qu'on la connaît, ne serait tout simplement pas possible. Les océans et les mers couvrent plus de 70% de la surface de la planète et jouent un rôle vital dans l'équilibre climatique. D'abord, ils absorbent le CO2. Chaque année, les océans captent près d'un quart du dioxyde de carbone que nous émettons. Ce sont des milliards de tonnes de CO2 absorbées naturellement par les eaux de surface. C'est un rôle vital. Sans ce puits de carbone naturel, l'accumulation de gaz à effet de serre serait bien plus rapide et les températures grimperaient encore plus vite. On parle souvent des forêts comme des poumons verts. Mais les océans sont en réalité le plus grand régulateur de CO2 de la planète. Un tampon invisible qui amortit nos excès. Mais cette fonction de tampon a un prix. En captant le dioxyde de carbone, l'eau devient plus acide. ... et cette acidification bouleverse tout un pan de la vie marine. Les coraux qui servent d'abri à des milliers d'espèces se dégradent. Le plancton, base de la chaîne alimentaire, voit ses coquilles se dissoudre plus vite. Même les huîtres et les moules sensibles au pH peinent à se former. Ce phénomène fragilise l'ensemble de l'écosystème océanique, et par ricochet les sociétés humaines qui en dépendent. Ensuite, l'océan stocke la chaleur. On parle de réchauffement climatique, mais ce réchauffement ne se concentre pas dans l'air, et en réalité, Plus de 90% de la chaleur en excès générée par les activités humaines est absorbée par l'océan. Autrement dit, quand on chauffe le climat, on chauffe d'abord et avant tout l'eau. Cela évite pour un temps que l'air devienne irrespirable, mais cette chaleur ne disparaît pas, elle s'accumule. Et cette accumulation a des effets très concrets. Elle provoque des canicules marines, des hausses brutales de la température de l'eau, parfois de plusieurs degrés, qui entraînent la mort de poissons, d'algues, et perturbent les cycles biologiques. Elle favorise la prolifération d'espèces invasives ou toxiques, au détriment de celles qui sont déjà fragilisées. Elle rend certaines zones de l'océan impropres à la pêche ou même à la vie. Et elle renforce les tempêtes, les cyclones, les ouragans, etc. Parce que ces phénomènes météorologiques puisent leur puissance dans la chaleur de l'eau. Plus la mer est chaude, plus les températures sont violentes. En absorbant cette chaleur, l'océan nous protège, mais cette protection a des limites, et on s'en approche. Et puis, l'océan nous permet de respirer littéralement. Ce que peu de gens savent... ou admettent c'est que plus de la moitié de l'oxygène que nous respirons provient de l'océan. Pas des arbres, pas des forêts, mais de minuscules organismes invisibles à l'œil nu, les phytoplanctons. Ces micro-algues flottant à la surface de l'eau, par photosynthèse, elles produisent du dioxygène, beaucoup de dioxygène. Sans elles, pas d'atmosphère respirable, sans elles, pas de vie telle que nous la connaissons. Mais là encore, leur équilibre est fragile, les phytoplanctons sont sensibles à la température de l'eau, à son acidité, à la pollution. Et quand ces conditions changent, leur population peut chuter brutalement. Ce n'est pas seulement un problème écologique, c'est une alerte globale. Enfin, l'océan monte, lentement mais sûrement. Le réchauffement fait fondre les glaciers, les calottes polaires, et dilate l'eau de mer. le niveau moyen des océans monte partout, de façon inégale mais inéluctable. Pour les petits états insulaires, comme Tuvalu, les Kiribati ou les Maldives, ce n'est plus une prévision, c'est une réalité. Certains villages sont déjà déplacés, le territoire se réduit année après année. Mais ce phénomène ne concerne pas que les îles lointaines. En Europe, en Asie, en Amérique, des millions de personnes vivent dans des zones côtières vulnérables. Des villes entières comme Jakarta ou Lagos sont menacées par la montée des eaux. Cela pose des questions très concrètes. Comment protéger les zones habitées ? Comment reconstruire ailleurs ? Et qui va payer ? L'océan, on le regarde souvent comme un décor, comme une surface bleue sur une carte, mais il est beaucoup plus que ça. Il régule le climat, il absorbe nos excès, il nous donne de l'oxygène. Et il reçoit les conséquences de nos choix. Protéger l'océan, ce n'est pas protéger un paysage, c'est protéger un pilier vivant du système planétaire. Et c'est pour cette raison que l'ONU organise en 2025 une grande conférence mondiale à Nice pour que l'océan cesse d'être le grand oublié du climat, pour qu'il reprenne une place centrale dans nos décisions liées au changement climatique. Et depuis quelques années, le climat est partout, dans les médias, dans les conférences internationales, dans les rapports du GIEC, on parle d'émissions, de températures, de carbone, etc. Mais l'océan, lui, reste en marche. Il est évoqué parfois, mais rarement mis au centre. Et pourtant, il est déjà en crise. Ce paradoxe est au cœur du problème. l'océan joue un rôle fondamental dans la régulation du climat, mais il est sous-représenté dans les décisions internationales. Historiquement, les négociations climatiques se sont construites autour de l'atmosphère, les gaz à effet de serre, les industries, les transports, les énergies fossiles. L'océan, parce qu'il est immense, complexe et en grande partie hors des juridictions nationales, est resté dans l'angle mort. Il n'existe aucun traité international global contraignant spécifiquement sur la protection de l'océan contre les impacts du changement climatique. Et les conventions qui existent, comme la convention des Nations Unies sur le droit de la mer, date des années 80. En d'autres termes, notre cadre juridique et politique est dépassé, et l'urgence écologique est là. Ces dernières années, les signaux d'alerte se sont multipliés, la température moyenne des océans atteint des records année après année, les coraux, comme ceux de la Grande Barrière en Australie, subissent des épisodes de blanchissement de plus en plus fréquents, des zones entières deviennent des déserts marins où la vie recule à cause de la chaleur, du manque d'oxygène ou de la pollution. Et certaines espèces migrent vers les poules à la recherche d'eau plus froide, bouleversant les équilibres écologiques et les économies de la pêche. Ces évolutions ne sont plus seulement des alertes scientifiques, elles deviennent des enjeux politiques, économiques, géostratégiques. C'est dans ce contexte que l'ONU a décidé d'organiser, en juin 2025 à Nice, la troisième conférence mondiale sur l'océan. Un événement qui ne sort pas de nulle part, la première conférence avait eu lieu en 2017 à New York, la deuxième en 2022 à Lisbonne. Et cette troisième édition en France marque une étape clé. Pourquoi ? Parce qu'elle arrive à mi-parcours des objectifs de développement durable fixés pour 2030. Et parce qu'elle se veut plus ambitieuse, à la fois sur le fond et sur les engagements politiques. Cette conférence doit répondre à plusieurs objectifs. Faire de l'océan un pilier à part entière de l'agenda climatique mondial. Accélérer les investissements dans la recherche, la surveillance et la protection des milieux marins. Mieux encadrer les activités économiques en mer. la pêche industrielle, l'exploitation minière des grands fonds, les transports maritimes, etc. Et renforcer la coopération internationale, notamment pour les espaces marins situés en dehors des juridictions nationales, ce qu'on appelle la haute mer. Pourquoi maintenant ? Parce que le temps presse, on ne parle plus de projections pour 2100, on parle des faits déjà visibles en 2024, de communautés côtières déplacées, d'écosystèmes effondrés, d'activités économiques fragilisées, et d'un océan qui atteint ses limites physiques et biologiques. Or, sans actions collectives, les déséquilibres s'aggraveront, et le rôle régulateur de l'océan pourrait se retourner contre nous. Par exemple, si l'océan devient saturé en CO2, il pourrait cesser d'absorber nos émissions, voire en relâcher. Un basculement aux conséquences planétaires. En outre, la conférence de Nice n'est pas juste un sommet de plus, c'est une opportunité politique, diplomatique et symbolique. Pour remettre l'océan au centre de l'agenda environnemental, et pour faire évoluer notre regard collectif. Car derrière les enjeux scientifiques ou climatiques, c'est aussi une relation à l'océan qu'il faut réinventer. Pas comme un espace à exploiter, mais comme un commun vital à protéger. Alors d'accord, une grande conférence de l'ONU sur l'océan, c'est important, c'est ambitieux, mais qu'est-ce qu'on peut en attendre concrètement ? Et surtout, est-ce que ça va vraiment changer quelque chose ? Comme toutes les grandes conférences internationales, celle de Nice va donner lieu à un flot d'annonces. Des pays vont signer des engagements, des coalitions vont se former, des fonds seront débloqués. On parle déjà de projets sur la protection des récifs coralliens, la régulation de la pêche industrielle, le développement d'une économie maritime durable, l'interdiction de certaines pollutions plastiques ou chimiques ou encore l'exploration des grands fonds marins de manière encadrée. Mais attention, ce n'est pas une COP. Il n'y a ni traité contraignant, ni mécanisme de sanction. C'est une conférence volontaire, les pays peuvent annoncer ce qu'ils veulent mais ne sont pas obligés de s'y tenir. Il ne faut donc pas attendre une réforme du droit international maritime, qui serait trop complexe à débloquer en quelques jours. Faut pas attendre non plus une interdiction soudaine des activités destructrices en mer, parce qu'il y a trop d'intérêts économiques en jeu, ni une coordination mondiale efficace du jour au lendemain. Alors il y aura peut-être des progrès, mais aussi beaucoup d'effets d'annonce. Certains pays viendront avec des vraies ambitions, d'autres avec des promesses vagues, voire du greenwashing. Et surtout, aucun pays ne sera obligé d'agir après la conférence. Mais attention, ça ne veut pas dire que cette conférence ne sert à rien. Elle peut jouer un rôle clé sur trois plans. Faire pression politiquement. Quand des chefs d'État, des scientifiques, des ONG, des entreprises se retrouvent autour d'une table, ça crée de la pression. Les sujets deviennent prioritaires, des coalitions de pays peuvent avancer ensemble, mais sans traité global. Deuxièmement, mettre en lumière les enjeux oubliés. Le grand public, les décideurs, les médias, tout le monde parle du climat, mais on parle moins souvent de l'océan. Cette conférence permet de remettre ces sujets sur le devant de la scène. Et troisièmement, ça permet d'accélérer les dynamiques déjà en cours. Parce que beaucoup de pays travaillent déjà sur des aires marines protégées, des restrictions de pêche, des politiques anti-pollution. La conférence peut être un accélérateur pour mutualiser les efforts, créer des synergies et donner un cadre international plus clair. La conférence de Nice ne va donc pas sauver l'océan à elle seule. Mais elle peut aider à créer un momentum, un point de bascule dans la façon dont la communauté internationale considère l'océan, non plus comme une ressource lointaine, mais comme un acteur central du système climatique, de la biodiversité et de notre avenir collectif. Elle peut aussi redonner de la visibilité à ceux qui sont en première ligne, les états insulaires menacés, les pêcheurs côtiers, les communautés qui dépendent de la mer. Et à condition d'être suivie d'actes, elle peut préparer le terrain pour des accords plus contraignants dans les années à venir. Alors oui, tout ça, ces grands discours sur l'océan, les conférences internationales, les engagements symboliques, on peut légitimement se demander est-ce que ça change vraiment quelque chose ? Est-ce que ça a un impact réel ? La méfiance est compréhensible, parce que ces dernières décennies, on a vu défiler des sommets, des promesses, des stratégies. Et en parallèle, les courbes d'émission ont continué à grimper. La biodiversité marine a continué à reculer, les zones mortes se sont étendues, les populations de poissons ont diminué, et les littoraux ont reculé. Alors, à quoi bon ? Mais il faut regarder dans le détail. Certaines avancées sont discrètes, techniques, mais elles comptent. Prenons les herbes marines protégées par exemple, ces zones délimitées où certaines activités humaines sont limitées ou interdites. Pêche industrielle, extraction, circulation de navires, etc. Elles ont un vrai potentiel. Lorsqu'elles sont bien gérées, elles permettent aux écosystèmes de se régénérer, les populations de poissons y retrouvent leur équilibre, les récifs s'y reconstruisent, la biodiversité remonte. Et ça bénéficie aussi aux communautés humaines autour, la pêche artisanale en périphérie de ces zones redevient plus productive. C'est un cercle vertueux, basé sur la sobriété et la patience. Même chose du côté de la gestion des stocks de poissons, des études soulignent qu'une approche coordonnée, à l'échelle régionale ou internationale, peut réduire la vulnérabilité des communautés qui dépendent de la pêche. Les quotas de capture, les outils de suivi satellitaires ou encore les sanctions contre la pêche illégale, tout cela commence à porter ses fruits dans certaines zones. Ce n'est pas parfait bien sûr, mais on passe d'une logique d'exploitation maximale à une logique de résilience. où l'on pense en décennies, pas en trimestres. Il y a aussi la bataille contre la pollution plastique, en train de changer d'échelle. Un traité international contraignant visant à éliminer la pollution plastique d'ici 2040 est en négociation à l'ONU. Ce qui est nouveau, c'est qu'il s'attaque à l'ensemble du cycle de vie du plastique, de la production jusqu'au recyclage en passant par la consommation. Ce type d'accord, s'il aboutit, pourrait contraindre les États et les industriels à revoir toute leur chaîne de production, et donc réduire l'impact des déchets marins à la source. Et puis, il y a la science océanique elle-même, chaque conférence permet aussi de renforcer la recherche, les financements, les collaborations internationales. On comprend mieux aujourd'hui les interactions complexes entre l'océan, le climat et les sociétés humaines, on développe des outils de surveillance, de modélisation, d'alerte. Et cette connaissance, elle est indispensable pour agir efficacement, pour adapter les littoraux, pour anticiper les risques, pour protéger ce qui peut encore l'être. Le plus important c'est aussi qu'on commence à voir l'océan non plus seulement comme une victime du changement climatique, mais aussi comme un allié stratégique. L'étude menée par Oegh-Guldberg, si je prononce correctement le nom, et ses pairs en 2019, identifie cinq leviers majeurs, comme par exemple restaurer les mangroves et les herbiers, investir dans les énergies marines durables, développer l'aquaculture à faible impact, etc. Ce sont des solutions concrètes déjà disponibles et qui peuvent accélérer la transition. Alors non, une conférence à Nice ne va pas à elle seule sauver l'océan. Mais elle peut être un point d'appui, une étape vers une coopération plus ambitieuse, une meilleure articulation entre science, politique publique et réalité locale. Parce qu'aujourd'hui, ce sont ces points-là qu'il faut construire. Entre la connaissance scientifique, les engagements politiques et les transformations concrètes sur le terrain. L'impact réel, il ne vient jamais d'un seul événement, il vient de ce qu'on en fait ensuite. Alors merci d'avoir suivi ce fil avec moi. Ce qu'il faut retenir de tout ça, c'est que l'océan n'est pas un décor, ce n'est pas une toile de fond bleue sur une carte météo, ni un simple lieu de vacances, c'est un pilier du système planétaire. Un régulateur du climat, un producteur d'oxygène, une source de nourriture, de travail, de vie. Et aujourd'hui, il est à la fois notre meilleur allié contre le changement climatique, et l'une de ses premières victimes. Ce paradoxe, il faut l'avoir en tête, parce que protéger l'océan, ce n'est pas sauver les poissons, c'est défendre un équilibre global, dont nous dépendons tous, même loin des côtes. Même sans jamais y avoir mis les pieds d'ailleurs. Alors bien sûr, il y a des raisons d'être sceptiques face au grand sommet comme celui qui s'annonce à Nice. Trop souvent, les annonces sont vagues, les engagements mous, les résultats invisibles. Mais ce genre de rendez-vous peut aussi être un point de bascule, à condition de ne pas s'arrêter à l'affichage. Les outils existent, la connaissance aussi, ce qui manque c'est souvent la volonté politique, la cohérence, la pression citoyenne. Et ça c'est une responsabilité partagée. Parce que les choix qu'on fait, ce qu'on consomme, ce qu'on soutient, ce qu'on exige de nos élus, ça compte. Pas à la place des états, mais en complément, en écho, en vigilance. Alors est-ce que ça a un impact réel ? Oui. Parce que comme souvent, avec le climat, ce n'est pas une histoire de grands bouleversements instantanés, mais d'alignements progressifs, de lucidité, de constance, d'élan partagé. Alors si vous voulez en apprendre un peu plus sur cet enjeu, n'hésitez pas à explorer la bibliographie mise en description. A bientôt, pour tirer ensemble un nouveau film. Si ce podcast vous parle et que vous voulez le soutenir, vous pouvez le faire sur Ko-Fi. Le lien est dans la description. Merci.

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