- Speaker #0
Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode. Aujourd'hui, nous allons bousculer les idées reçues et plonger dans les méandres de ce que l'on appelle l'engagement. Vous savez, ce mot souvent répété à tort et à travers dans les discours d'entreprise, mais qui en vérité renferme un véritable pouvoir. Un pouvoir capable de redéfinir le rôle des entreprises dans notre société et même de transformer notre monde. Alors qu'est-ce que l'engagement vraiment ? Est-ce uniquement un joli mot à la mode ? Ou est-ce la clé d'un avenir meilleur ? Pour répondre à ces questions, Nous avons l'immense privilège d'accueillir une experte de l'engagement. Elle va nous éclairer, nous inspirer et peut-être même qu'elle pourrait bien nous faire rêver. Nous allons parler d'impact, de transformation, d'authenticité et de la manière dont chaque entreprise peut devenir un moteur de changement positif. Alors préparez-vous à une conversation sans concession qui pourrait bien changer votre vision du monde professionnel et au-delà. Installez-vous confortablement, ouvrez grand vos oreilles et votre esprit, prêts à plonger dans l'univers fascinant de l'engagement avec nous. C'est parti ! Bienvenue dans Au fil des rencontres, un podcast Châteauforme. Bonjour, je suis Céline, talent Châteauforme, ayant pour responsabilité le rayonnement de cette entreprise. Autour de ce micro, je prends beaucoup de plaisir à recevoir des invités qui, tour à tour, décryptent notre monde à travers leurs expertises et inspirations. Aujourd'hui, je suis ravie d'accueillir Claire Schwartz, responsable de l'engagement au sein de l'entreprise Châteauforme. Ensemble, nous allons... explorer les pouvoirs de l'engagement. Bonjour Claire, je suis ravie de t'accueillir.
- Speaker #1
Bonjour Céline, merci.
- Speaker #0
Alors Claire, pour commencer, est-ce que tu pourrais redéfinir ce qu'est l'engagement ? Parce que c'est vrai que lorsqu'on parle d'engagement en entreprise, les contours ne sont pas toujours très nets. Est-ce que tu peux nous éclairer sur ce que l'on devrait comprendre derrière ce mot pour éviter les dérives qui peuvent parfois le rendre galvaudé ?
- Speaker #1
Oui, alors effectivement, récemment, je suis retournée chercher la définition de l'engagement et en fait... Elle est multiple, cette définition. D'abord, on a quelque chose qui est du registre de la promesse. C'est un acte par lequel on s'engage à accomplir quelque chose. Ça, c'est la définition basique de l'engagement. Ensuite, on a la notion d'engager quelqu'un, au sens d'un employeur qui engage quelqu'un. Et puis, un peu plus loin, parce qu'il y a plein, plein de définitions, on a le fait de prendre partie à des problèmes politiques ou sociaux par son action et son discours. Donc, je dirais... Donc l'engagement, c'est très vaste. Et finalement, en entreprise, c'est peut-être un peu tout ça. C'est évidemment d'abord engager des collaborateurs, engager des talents. Donc là, c'est plus que juste le contrat de travail. C'est vraiment proposer un projet d'entreprise qui donne envie de rejoindre l'entreprise, de se lever le matin et d'être là, et de revenir, et d'être à fond dans son travail. Ça, c'est le premier aspect. Et puis, il y a cette notion de s'engager pour un projet. Alors, ce n'est pas forcément un projet politique, même si parfois, il peut y avoir une petite connotation politique dans certaines entreprises. Mais en tout cas, c'est identifier une problématique sociale, sociétale, environnementale, sociétale. Et souvent, parce qu'on va réfléchir à comment on peut solutionner ce problème, finalement, proposer un projet qui est plus enthousiasmant que juste faire une série de tâches et juste faire du profit, qui nous donne envie de contribuer positivement à la société. Et du coup, l'entreprise se pose la question de quelle contribution elle peut avoir au monde, quel problème elle peut contribuer à solutionner. Et après, elle va définir donc des engagements et des actions qui vont en découler. Et donc pour moi, c'est un peu ça. l'engagement dans l'entreprise.
- Speaker #0
Je te remercie Claire pour ces précisions, comme ça on va pouvoir, j'allais dire, converser avec un langage commun. Et justement, avant qu'on approfondisse un peu le sujet, est-ce que tu peux nous expliquer ton rôle en tant que responsable de l'engagement ?
- Speaker #1
Alors, mon rôle en tant que responsable de l'engagement, c'est faire vivre la raison d'être de l'entreprise, donc pourquoi on existe, et donner... Au collaborateur, des envies d'en être. Donc, envie d'adhérer à ce projet d'entreprise, parce qu'on le rend tangible.
- Speaker #0
Et très concrètement, pour nos auditeurs, est-ce que justement tu peux nous expliquer rapidement la raison d'être de Châteauforme et qu'est-ce qui donne justement aux collaborateurs l'envie d'en être ?
- Speaker #1
Alors la raison d'être de Châteauforme, c'est que les équipes Châteauforme insufflent leur chaleur ajoutée à chaque rencontre pour inspirer les entreprises et leur permettre de révéler leur talent. Et donc ça c'est ce qui est inscrit dans nos statuts. Ce qui donne envie d'en être, je crois que c'est cette chaleur ajoutée, c'est qu'on croit profondément à notre ADN, à cette nécessité de proposer de la chaleur ajoutée. insuffler de la chaleur ajoutée dans les rencontres. On croit à la rencontre, on est convaincu qu'il faut continuer à se rencontrer pour se connaître, pour s'ouvrir à l'autre, pour vivre finalement dans une société qui est humaine. Et donc à travers cette chaleur ajoutée, on va diffuser le modèle humaniste, on va peut-être inspirer les entreprises qui à notre contact vont avoir envie de créer des liens. Et puis... On va le faire dans des conditions responsables. Et nous, on parle de créer des rencontres respectueuses des hommes, des territoires et du vivant. Parce que sans ça, notre activité n'est pas pérenne. On ne peut pas imaginer continuer à faire des rencontres dans une planète qui ne serait pas habitable.
- Speaker #0
Bien sûr, écoute, sincèrement, ça me paraît très clair. Je suis contente de t'entendre définir autant les choses. À présent, si on rentre dans le vif du sujet, est-ce que tu pourrais nous dire pourquoi l'engagement est essentiel pour les individus ? les entreprises et probablement pour la société dans son ensemble ?
- Speaker #1
Alors, c'est une bonne question. Je pense qu'en toute franchise, c'est plus facile de baisser les bras. Là, franchement, en ce moment, on vit une période qui est hyper compliquée. On le voit d'un point de vue social, d'un point de vue environnemental. On a dépassé six limites planétaires sur neuf. Franchement, c'est compliqué. Donc, en vrai, c'est plus simple de baisser les bras. Et pourtant, je reste convaincue que l'engagement est essentiel. D'abord pour les individus, pour finalement peut-être trouver un sens à sa vie. Alors, je pense qu'il y a cette notion de, voilà, pourquoi je me réveille, pourquoi je m'investis, pourquoi je me lève le matin. Je suis quand même consciente qu'il y a des gens qui n'ont pas ces préoccupations-là. Enfin, je pense qu'il ne faut pas se leurrer non plus. Il y a des gens qui, juste le matin, ils doivent se lever parce qu'il faut faire manger les enfants, il faut vivre, il faut avoir un toit et c'est ok en fait. Et ça peut même être ça leur engagement. Leur engagement c'est je me bats pour que mes enfants, ils aient une éducation, qu'ils aient à manger, qu'ils aient une vie chouette. Et ça c'est ok et c'est déjà ça être engagé. C'est être engagé dans sa vie, c'est être engagé pour quelqu'un. On n'est pas forcément obligé d'être engagé dans un projet sociétal de transformation du monde et c'est ok. Mais en tout cas le fait de savoir pourquoi on se lève le matin c'est déjà une forme d'engagement. Donc ça c'est à titre individuel. Et puis après quand on a la chance d'avoir une vie... Plus facile, on va dire, on peut se poser des questions plus existentielles et donner finalement de son temps, de son énergie, pour contribuer à quelque chose de positif au niveau un peu plus large. Donc ça, c'est la raison pour laquelle il faut s'engager. Et puis, si on regarde au niveau des entreprises, effectivement, on traverse une période compliquée, on est dans une crise environnementale, comme je le disais avant. Les limites planétaires, on en a dépassé beaucoup. La planète va devenir invivable. On a une crise sociale qu'on connaît, une crise politique, des conflits, une situation géopolitique hyper tendue. Et en fait, l'entreprise a vraiment la possibilité d'oeuvrer pour une meilleure société. L'enjeu, c'est pas tant de sauver la planète, d'ailleurs. On dit tout le temps on le fait pour l'environnement, etc. Non. Le sujet, c'est... de sauver l'humanité et en tout cas de proposer un projet humain qui sera souhaitable, qui soit désirable. Donc en fait, finalement, aujourd'hui, c'est pour ça que l'entreprise peut s'engager, parce qu'en fait, individuellement, on n'est pas grand-chose. Effectivement, on est des petits colibris, on est toujours, la légende du colibri est assez connue. Oui, on peut apporter une petite goutte d'eau individuellement. Mais quand on fait partie d'un collectif, finalement... La mission, le projet, il paraît beaucoup plus accessible parce qu'on est ensemble, parce qu'on a une vision commune, parce qu'on appartient à un collectif finalement. Et c'est ça finalement dans l'entreprise. Ce qui peut être intéressant, c'est que les entreprises ont les moyens. En tout cas, plus que chaque individu. Bien sûr. Plus probablement que les États. Et donc, l'entreprise, si elle décide de s'engager et d'engager ses collaborateurs, elle... elle peut sortir du triangle et casser le triangle de l'inaction qui consiste à dire, en fait, moi, en tant qu'indice individu, je ne peux rien faire, c'est aux entreprises de jouer le jeu ou aux États. Les États, non, mais nous, en fait, on ne peut rien faire, c'est les entreprises. Et on se dit, ouais, mais en fait, moi, mes consommateurs, ils continuent d'acheter mon produit, donc moi, je continue à leur vendre. Si l'entreprise, elle décide de casser ça et de se dire, à quoi je peux servir, on casse le triangle de l'inaction et l'entreprise, elle va engager ses clients avec elle. Et les États vont aussi se sentir moins seuls dans ce projet. Et on peut embarquer toute la société.
- Speaker #0
Eh bien, écoute, sincèrement, je te remercie parce que... Alors, je pense que... J'espère que c'est pareil pour nos auditeurs. Mais moi, tu me remets du sens, justement, dans l'engagement. Tu me refais un... On peut marcher sur les pieds, je veux dire, parfois on marche un peu sur la tête et là je me dis, ah ok, tu me donnes un peu de force dans les jambes pour me dire, ah je peux rejoindre un projet. Et c'est vrai que c'est magnifique quand on peut en tant qu'individu se joindre à un projet existant. En fait, c'est ce que je comprends dans ce que tu me dis, c'est qu'effectivement, en gros, ensemble, on est plus fort, surtout quand les choses sont déjà peut-être écrites, déterminées ou en tout cas stratégiquement pensées et qu'on n'a plus qu'à y adhérer. Pardon, du coup. pour approfondir un peu la réflexion, est-ce que tu pourrais me donner ta propre définition presque personnelle de l'engagement dans le contexte professionnel et sociétal ?
- Speaker #1
Je pense, comme je le disais, dans le contexte professionnel, c'est définir le projet de l'entreprise qui va permettre de solutionner un problème ou en tout cas contribuer à répondre positivement à un enjeu de société. C'est pour les collaborateurs avoir envie de contribuer à ce projet. Et après, finalement, l'engagement, ça vient d'un alignement, en fait. C'est parce que j'ai compris le sujet, il me touche, et j'ai envie d'y contribuer, j'ai aussi les ressources en moi qui me permettent de répondre à ça. C'est-à-dire qu'en fait, il y a plein de sujets, on aurait tous envie de s'engager sur plein de sujets. Mais à un moment... On a chacun individuellement des convictions, des singularités, des compétences, des forces, des appétences qu'on va mettre au service de ce projet-là. Et donc ça nécessite aussi de bien se connaître, de bien s'aligner et d'avoir un sort d'alignement tête-coeur-corps. J'ai compris les enjeux, je les ressens et j'ai la force de m'y atteler.
- Speaker #0
Mais alors concrètement, comment les entreprises en fait... peuvent mettre en place tout ça ? Parce que ça ne se fait pas tout seul, je veux dire, à un moment donné. Est-ce que c'est la direction qui prend une stratégie et qui demande à appliquer une stratégie ? Ou est-ce que c'est comme toi, par exemple, dans d'autres entreprises, c'est ces responsables d'engagement qui portent les sujets ? Comment, en fait, on engage collectivement,
- Speaker #1
quand même,
- Speaker #0
toute une entreprise à suivre un projet ?
- Speaker #1
Alors, je crois que la première étape... pour une entreprise, c'est de réfléchir à qui elle est vraiment en tant qu'entreprise. En fait, à quoi mon produit, mon service répond comme besoin ? Pourquoi on a existé à un moment donné ? Qu'est-ce qui manquerait au monde si on n'était pas là ? Qu'est-ce que notre culture dit de nous ? Et en fait, on repart de son ADN. Et en repartant de... ce pourquoi on existe à la base, et donc ça s'appelle la raison d'être, en tout cas en la redéfinissant ou en la reposant clairement, on va susciter une forme d'engagement puisque finalement, il y a quand même des chances que les collaborateurs qui rejoignent l'entreprise, ils les rejoignent pour ça à la base. Ou en tout cas, qu'ils se reconnaissent dans ça parce que, implicitement, ça se ressent dans les valeurs, implicitement, ça se ressent dans ce que dégage le dirigeant, et donc... Donc voilà, repartir de sa singularité. Qu'est-ce que nous on apporte de différent par rapport aux autres ? Qu'est-ce qui manquerait au monde si on n'était pas là ? Donc ça c'est la première étape. C'est pas forcément ce par quoi commencent les entreprises. C'est pas ce par quoi ont commencé la plupart des entreprises puisque finalement, aujourd'hui on parle d'engagement, mais moi historiquement j'étais pas responsable de l'engagement, ni chez Châteauforme ni ailleurs. En fait on forme des responsables RSE. Et il en faut. et c'est indispensable, surtout à l'heure où les réglementations évoluent et on pourra en reparler après. Mais en fait, la démarche RSE, ça ne suffit pas à susciter l'engagement. L'engagement, ça vient des tripes en fait. C'est beaucoup plus profond que ça. Et je crois qu'avec les sociétés à mission, on arrive à quelque chose comme ça. Quand on devient société à mission et qu'on le fait bien, on est obligé de se questionner. très très en profondeur sur son identité. On sort des directives, des réglementations, etc. et on part vraiment de qui on est. Et la question c'est, encore une fois, qu'est-ce qui m'en crée à la société si je n'étais pas là et qu'est-ce qui fera que mon entreprise existera encore dans 25 ans ou dans 50 ans ? Et donc ça invite à se projeter vraiment sur le passé, l'ADN intrinsèque de l'entreprise et sur... son projet futur.
- Speaker #0
En fait, c'est comme un peu un garde-fou. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, ça nous protège de faire les choses au hasard, et dire de vraiment trouver du sens, comme tu le disais, en tant qu'individu, mais aussi pour l'entreprise dans son ensemble. Donc, un espèce de garde-fou pour ne pas faire tout et n'importe quoi. Et puis, encore une fois, en donnant du sens, en transmettant et en construisant, en fait, toujours avec cet objectif, j'imagine, humblement, mais participer à un angle le monde meilleur.
- Speaker #1
Oui, c'est totalement un garde-fou. Et en fait... Là j'ai parlé de raison d'être, mais en fait quand on est société à mission, ça va même au-delà. C'est-à-dire que l'entreprise à mission définit une raison d'être, et elle se dote aussi d'engagement, d'objectifs statutaires, elle les inscrit dans ses statuts. Et ces objectifs, ils ont... Ils sont là pour décrire l'impact positif que l'entreprise veut avoir. Et effectivement, on arrive sur un garde-fou, c'est-à-dire que si une décision qu'on prend ne sert aucun des impacts recherchés, on n'est plus dans sa mission. Et donc, on n'a pas de raison de faire ce qu'on fait. Et même sans être société à mission, en fait, quand on donne le sens, quand on donne, parce que la notion de société à mission, déjà, il n'y a que, enfin, entre guillemets, C'est déjà beaucoup, mais il y a 1600 entreprises qui sont sociétés à mission, ce qui n'est pas grand chose quand on prend l'ensemble des entreprises. C'est déjà pas mal, ça grossit, mais c'est pas énorme. Et il n'y a pas forcément besoin d'être sociétés à mission pour se définir ça. C'est se dire, quel sens je donne à ce que je fais ? Si le sens, ça n'est que faire du profit, je ne suis pas sûre que ça puisse vraiment susciter l'engagement. Ou alors, on l'assume totalement et les gens qui sont là savent qu'ils sont là pour faire du profit et ils vont se défoncer pour faire du profit. Et peut-être que c'est ok. Je ne dis pas que les gens qui n'ont que le profit comme l'une de mine ne sont pas engagés dans la presse. À mon sens, aujourd'hui, l'entreprise, elle doit aller au-delà.
- Speaker #0
Oui, effectivement. Et en tout cas, collectivement, c'est ce qu'on ressent. Je veux dire, de toute façon, même la jeune génération... dans sa façon d'intégrer les entreprises, ne pose plus du tout les mêmes questions à l'embauche qu'une personne de 40 ou 50 ans. Donc, on sent dans tous les cas qu'il y a des... Ce n'est pas forcément des inquiétudes, mais qu'il y a des préoccupations et des repères qui ne sont plus du tout ceux d'avant. Effectivement, quand on parlait d'intégrer une entreprise il y a 10, 15, 20 ans encore, on pensait au salaire, on pensait au poste, à la hiérarchie. Aujourd'hui, tu viens de nous le dire, mais on pense au sens et potentiellement... à l'engagement et à la participation globale qu'on va pouvoir, enfin individuelle pour un global, pour l'intérêt général en fait, qu'on va pouvoir apporter à l'entreprise. Si on poursuit, est-ce que je peux te demander selon toi, quels sont les principaux objectifs sociétaux que les entreprises devraient poursuivre à travers leur engagement ?
- Speaker #1
Alors, ça va vraiment varier d'une entreprise à l'autre. Comme je te le disais, il faut... revenir à son ADN, revenir à sa propre identité, quelle est ma singularité par rapport à toutes les autres entreprises, qu'est-ce qui manquerait au monde si je n'étais pas là ? Donc ça, chaque entreprise va y répondre individuellement. Pour engager, il faut forcément que ce soit totalement lié à qui on est. Après, il y a quand même certains sujets aujourd'hui en entreprise qui sont incontournables. On le voit avec l'évolution réglementaire. Il y a aujourd'hui une directive européenne qui s'appelle la CSRD qui est un p***. pose aux entreprises de rendre des comptes sur leurs engagements RSE. Et aujourd'hui, on va attendre des entreprises qu'elles s'engagent dans la lutte contre le changement climatique, dans l'adaptation au changement climatique. On va attendre des entreprises qu'elles fassent preuve d'inclusion, sur les sujets de sécurité. En fait, il y a certains sujets qui sont incontournables dans les entreprises. Sur ces sujets-là, elles vont devoir y aller. Tant mieux si elles arrivent. à embarquer leurs équipes. Parce que c'est pas parce qu'on nous dit il y a une réglementation, il faut faire un bilan carbone et expliquer comment vous allez faire une trajectoire de décarbonation. C'est pas parce qu'on nous dit ça que ça va animer les gens et que d'un coup, le matin, les gens vont se dire je vais aller décarboner ma société. Donc voilà. Pour autant, ces sujets-là sont incontournables. Après, il faut le faire intelligemment. Il faut réussir à bien faire le lien avec sa propre activité, avec son métier. identifier aussi des opportunités parce que parmi tous ces sujets qui sont attendus dans la CSRD, donc dans cette réglementation, il y a des sujets qui représentent des opportunités pour les entreprises. C'est-à-dire que ce n'est pas forcément un sujet qui est central dans leur activité, mais parce que c'est un sujet qui les touche ou parce qu'elles sont en avance sur un sujet ou un autre, elles vont pouvoir s'en emparer et aller beaucoup plus loin que ce qu'on leur demande sur ces sujets-là. Donc... Donc voilà, il y a une part de sujets qui sont imposés, et donc je pense aux enjeux climatiques, à la biodiversité, à la réduction des pollutions, où ça va concerner plus ou moins les entreprises, et puis des sujets sociaux qui sont aussi attendus, sécurité, emploi, parité, etc. Ça c'est la réglementation. Je crois qu'il faut être malin pour trouver comment on arrive à vraiment faire le lien avec sa singularité, pour donner le sens. Et donner envie aux gens d'y aller parce que ce n'est certainement pas la réglementation qui va engager les gens.
- Speaker #0
Non, effectivement. Et puis encore une fois, faut-il réussir à trouver la bonne personne pour porter tout ça en entreprise ? Parce que c'est quand même une énergie considérable. Et justement, par rapport à tout ça, est-ce que tu peux nous éclairer un peu sur le rôle des leaders dans la promotion de cette culture de l'engagement ? Parce qu'à un moment donné, il faut bien être très... Très terre à terre, j'allais dire, qui porte, comment, quels sont les outils, quelles sont les méthodes ? D'ailleurs, j'allais dire, c'est presque une question que je te pose de manière assez naïve, mais pour ma culture personnelle, est-ce que toutes les entreprises, est-ce que les toutes petites entreprises de 10 personnes sont confrontées à cette réglementation ? Les plus grosses, on imagine que oui, largement, mais voilà, sur l'entièreté des entreprises françaises, comment ça se passe très concrètement ?
- Speaker #1
Il y a de plus en plus d'entreprises qui vont être concernées par cette réglementation. Effectivement, les toutes petites ne sont pas nécessairement concernées. Toutefois, alors ce n'est pas forcément très connu, mais la loi Pacte qui permet aux entreprises de devenir société à mission, elle dit d'autres choses. Elle ne parle pas que de la société à mission. Elle parle aussi du fait que les entreprises doivent être gérées en tenant compte de leurs impacts sociaux, sociétaux et environnementaux. Et donc ça, c'est dans le code... Dans le code... travail ou enfin en tout cas c'est dans la loi maintenant je ne sais plus dans quel mot exactement en tout cas dans quel code c'est mais en tout cas les entreprises aujourd'hui doivent tenir compte de leur de leur de leurs impacts. Et ça, ça concerne toutes les entreprises, même s'il n'y a aucune obligation, en tout cas, il n'y a aucune vérification, il n'y a pas de police de l'ARSE aujourd'hui pour les petites entreprises, mais dans l'idée, en tout cas, ça concerne tout le monde. Pour ce qui est de la réglementation du reporting, ça va concerner des entreprises d'une certaine taille, à partir de 250 collaborateurs, me semble-t-il. Donc là, ça commence à toucher des PME, des ETI, donc là, ça s'élargit. Surtout qu'en plus, même indirectement, comme la réglementation se durcit, à partir du moment où de plus en plus d'entreprises vont être concernées, par effet ricochet, leurs fournisseurs, qui sont parfois des petites entreprises, vont devoir s'y mettre. Aujourd'hui, quand on est une entreprise qui doit rendre des comptes, on doit aussi rendre des comptes sur sa chaîne de valeur. Donc, forcément, on va aller questionner ses fournisseurs sur est-ce que vous faites ci, est-ce que vous faites ça, est-ce que vous avez une politique RSE, est-ce que vous avez une politique sociale, etc. Donc, pour répondre à la question, ça concerne de plus en plus d'entreprises. L'engagement du dirigeant est absolument clé, même si, si on regarde que d'un point de vue RSE, on peut s'en passer. Entre guillemets, c'est quelque chose de réglementaire, donc le dirigeant, il va devoir le faire de toute façon parce que c'est la loi. Si on parle d'engagement sincère, profond, cette question de, ok, quels sont les projets de l'entreprise, c'est impossible de le faire sans le dirigeant. Parce que ça nécessite du courage. Et que forcément, il y a des moments où on va devoir renoncer parce qu'on va se dire, en fait, ce choix-là, il n'a aucun rapport avec ma mission. Il n'a pas un impact positif, voire il a un impact négatif. Et donc, il va falloir oser arrêter. Donc, ça, ça nécessite que le dirigeant ait intégré les enjeux. Je suis associée au monde environnemental, il est vraiment compris. mais les mêmes complètement digérés, on va dire, et qu'il est presque entamé une transformation intérieure. Parce que comme je le disais, en fait, ça ne peut pas fonctionner que par la tête. La tête, c'est les réglementations, les directives, etc. Mais si on veut vraiment se transformer, il faut une transformation intérieure. Et il y a des mouvements qui existent aujourd'hui. On le voit avec la Convention des entreprises pour le climat, qui fait un travail auprès des dirigeants. C'est tout un programme où les dirigeants vont... se rencontrer, prendre conscience des enjeux. Et je ne l'ai pas fait ce programme, mais j'en ai beaucoup entendu parler. Il y a vraiment une transformation intérieure qui s'opère. Derrière, est-ce que les dirigeants ont les mains libres pour oser transformer ? Parce qu'en fait, ils ne sont pas tous seuls. Le dirigeant, il a aussi des actionnaires derrière. Enfin, il y a quand même plein de choses à prendre en compte. Et ce n'est pas juste parce qu'on décide de s'engager, qu'on est transformé intérieurement, etc., que du jour au lendemain, on va glaquer des doigts et que tout va changer. Pour autant, voilà, ça nécessite cette transformation. Il y a des programmes aussi comme Butterfly, qui a été lancé par AXA Climate, qui est donc une formation, en fait, qui dure plusieurs semaines, et qui, voilà, au modèle régénératif, et qui nécessite de changer, enfin, qui invite à changer complètement de paradigme, et se dire, qu'est-ce que mon entreprise apporte de positif au monde ? Et... Comment je crée finalement une relation positive avec mon écosystème, etc. Il y a d'autres programmes, Pionnier pour demain. Donc, les dirigeants, on sent qu'il y a une dynamique qui prend. Mais ça ne se fera pas tout seul. Donc, déjà, il y a un sujet d'actionnariat. On ne va pas se mentir. Les dirigeants, ce n'est pas parce qu'ils décident de changer que les actionnaires vont les suivre. Donc, c'est comment on embarque aussi les conseils d'administration, les actionnaires, etc. Et puis, derrière, il faut que les équipes soient prêtes à changer. Parce que j'ai déjà vu des entreprises où le dirigeant a fait la CEC. Donc la convention des entreprises pour le climat est convaincue, mais en fait, ces équipes ne sont pas spécialement les choses. On a toujours fait comme ça, ça a fonctionné, on fait de l'argent, qu'est-ce que tu me racontes avec ton environnement, ça ne me parle pas. Et donc, il faut que le dirigeant ait suffisamment d'énergie et aussi d'autres personnes, des relais dans l'entreprise, qui vont porter ce sujet avec lui et qui vont le rendre tangible. Parce qu'il y a quand même un truc, c'est que l'engagement, parfois, c'est un peu stratosphérique, voilà. j'ai vu la lumière, j'ai compris les enjeux. Mais sauf que les gens de l'entreprise, mais en fait, eux, c'est ce que je disais au début, ils ont besoin de manger, quoi. Et en fait, ils ne sont pas devant un projet collectif, humain. Ils sont juste en train de se lever le matin pour faire bouffer leurs gosses. Et ça se comprend. Et donc, du coup, c'est comment on arrive à mobiliser suffisamment de personnes, à donner du sens, à faire des choses qui donnent envie, qui sont joyeuses, que ce ne soit pas dans la douleur. Mais que ce soit en fait du bon sens, qu'on montre que c'est du bon sens et qu'on donne le sens. Et parfois, on teste un truc, ça marche pas, on rétropédale, on le teste à un autre endroit, ça marche cette fois et on utilise ceux qui l'ont testé pour témoigner. Et ça prend comme ça et il faut pas être pressé. Je crois que sur ces sujets-là d'engagement, et j'en ai fait l'expérience, ça peut pas être descendant. d'une manière ça l'est parce qu'il faut que le dirigeant il soit là et qu'il impulse, mais derrière il faut faire confiance en fait aux équipes, leur donner le droit d'expérimenter on est en train de vivre une période qui est unique, c'est chouette en fait, de fait c'est chouette il faut le voir positivement c'est potentiellement chouette de faire partie de cette bascule mais du coup comme c'est inédit il faut aussi donner le droit à l'expérimentation et c'est ça aussi qui peut être une force du dirigeant, c'est s'il arrive à, entre guillemets, lâcher prise, faire confiance à ses équipes, en disant, voilà le cadre, voilà la mission, voilà les impacts qu'on recherche, allez-y, testez des trucs, faites preuve d'audace.
- Speaker #0
Mais quand on dit faites preuve d'audace ça veut dire autoriser le droit à l'erreur, donner le droit à l'erreur, autoriser qu'on rétropédale, autoriser de se planter. Et donc voilà, ça nécessite une grande confiance entre le dirigeant et ses équipes. Et enfin, il faut absolument, si la direction de l'entreprise est dans ce sens-là, dans le sens de l'impact, etc., qu'on ait des leaders, mais des leaders au sens large, qui soient exemplaires. Parce qu'un leader qui va... pas dans le sens de l'entreprise, ça casse tout, en fait, pour son équipe. Et du coup, ça peut vraiment nuire au projet global de l'entreprise.
- Speaker #1
Oui, bien sûr. Et puis, tu l'as dit, Amimo, mais il y a ces enjeux commerciaux aussi. C'est qu'à un moment donné, ben voilà, il faut faire du chiffre, il faut faire du business. Comme tu le disais, le dirigeant peut revenir avec les meilleures des idées le lendemain. À un moment donné, quand on est très terre-à-terre, comme tu l'as dit, il y a potentiellement... une prime à la clé qui va permettre de partir en vacances avec ses enfants, engagement ou prime, je veux dire, à un moment donné, quel arbitrage, en fait, les entreprises peuvent-elles faire ? Mais tu nous as donné la réponse en disant, voilà, ça vient fondamentalement de l'engagement personnel, intrinsèque du dirigeant.
- Speaker #0
Oui. Et aussi, je pense qu'il ne faut pas croire qu'une société à mission, d'un coup, ça devient une ONG, quoi. Au reste des entreprises, le profit devient au service de l'engagement. Mais donc, il faut aussi à un moment être conscient, être honnête que le profit fait avec éthique, fait dans le respect des engagements de l'entreprise sert à nouveau l'engagement. Mais on ne peut pas non plus faire le projet de l'entreprise, dans le cas de l'entreprise transformative et levier de transformation de la société n'est possible que si à un moment, il y a quand même de l'argent pour faire ça. Sinon, les entreprises deviennent des associations, et là, on est dans un monde associatif, on parle de décroissance, etc. On ne va pas me lancer sur ce sujet-là. Je pense qu'il y a certaines entreprises où ça va être très compliqué. Alors, on ne va pas se mentir, il y a des entreprises où le modèle de l'entreprise, où le produit, le service d'entreprise est incompatible avec les limites planétaires, et même incompatible avec le projet UMU. de l'humanité, en fait. Du maintien de l'humanité. Et là, ce serait compliqué. Donc, il y a certaines activités qui vont devoir totalement se réinventer. Mais il y a aussi plein, plein, plein, plein, plein d'autres activités où il y aura un besoin. C'est juste comment on va répondre à ce besoin. C'est-à-dire qu'en fait, je pense par exemple au déplacement. Aujourd'hui on se dit, la voiture thermique c'est compliqué, l'avion c'est peut-être compliqué, pour autant on aura toujours besoin de se déplacer. Donc l'idée c'est de se dire, mon métier ce n'est pas de vendre des voitures thermiques, mon métier ce n'est pas de vendre des avions, mon métier c'est d'aider les gens à se déplacer, loin. C'est d'aider les gens à se déplacer vite. Comment j'innove, comment je réfléchis et comment je travaille ? Peut-être aussi avec... Tout l'écosystème, parce que finalement, tous les acteurs d'un même secteur vont avoir les mêmes problématiques. Mais pour se mettre ensemble, oser ouvrir finalement, enfin s'ouvrir à ses concurrents et ça, c'est un changement de paradigme. Total, je ne sais pas si on est prêt, il y en a qui expérimentent. En tout cas, la question c'est de se dire à quel besoin je réponds et pas qu'est-ce que je vends. Et le but c'est d'en vendre le plus possible.
- Speaker #1
Et je comprends mieux quand tu disais tout à l'heure, il faut être prêt à lâcher. Parce qu'à t'entendre là, quand tu dis qu'il faut innover, qu'il faut bien sûr poursuivre sa motivation première à faire ce métier, mais peut-être complètement différemment, ça veut peut-être dire aussi à un moment donné, complètement lâcher le chiffre d'affaires. Ou complètement lâcher autre chose, en fonction de la créativité des entreprises. Mais il faut vraiment lâcher prise pour le coup.
- Speaker #0
Ouais, et puis après, ces choses-là vont se faire lentement, vont se faire aussi... On va, et ça je trouve que c'est super chouette quand ça existe dans les entreprises, c'est-à-dire qu'on va autoriser une business unit ou une équipe à expérimenter un truc localement. Le temps que ce truc se développe, qu'il fasse ses preuves, etc., ça laisse le temps à d'autres, enfin, le reste de l'activité se poursuit. Et puis, cette activité qui émerge va prendre de plus en plus de place. Ça va inspirer... d'autres acteurs de l'entreprise, et puis progressivement, l'entreprise va se transformer comme ça. C'est pas radical, du jour au lendemain, on arrête, c'est pas possible. C'est pas possible, déjà parce qu'en fait, on est quand même dans une société économique, et qu'il y a une réalité économique, mais aussi parce qu'il y a quand même des emplois. Donc c'est comment on embarque les collaborateurs sur comment mon métier peut évoluer et comment je transforme et comment je fais partie de cette transformation.
- Speaker #1
Je te remercie Claire parce que à t'écouter, j'ai vraiment l'impression que l'engagement peut être un super pouvoir évidemment de manière individuelle et collective. Ça le ressort un peu de la case dans laquelle je l'avais mis tout à fait sincèrement. Selon toi, quel est le potentiel ? de l'engagement à influencer positivement le monde moderne.
- Speaker #0
Je crois qu'au niveau de la société, il y a un vrai sujet sur le vivre ensemble. Et finalement, en entreprise, quand on crée les conditions de l'engagement, qu'on crée les conditions d'expérimentation, qu'on donne le droit à l'erreur, qu'on donne le droit à la prise d'initiative, finalement, on libère les énergies, on va permettre aux gens d'exprimer le meilleur d'eux-mêmes. Et en fait, de gagner confiance en eux. Et finalement, de s'épanouir, en fait, dans un projet dans lequel ils se sont alignés, qui les rend fiers, et finalement, qui les rend un peu meilleurs. Et en plus, ils vont le faire collectivement. C'est-à-dire qu'en fait, quand on est engagé dans l'entreprise, on n'est pas engagé tout seul, on est engagé dans un collectif. Il y a un esprit positif qui va se dégager de tout ça, on est amené à collaborer avec les autres, à s'intéresser à l'autre. Et donc, finalement, ça nous habitue au vivre ensemble. qui est un peu perdu dans notre société, à l'intérêt pour l'autre, et surtout, on gagne confiance en soi. Et donc finalement, quand on donne le meilleur de nous-mêmes au quotidien pour un projet qui nous anime, quand on nous fait confiance, finalement on est bien dans ses bottes, dans ses bottes, dans ses pompes, en tout cas on est bien. Et en fait, c'est ça le sujet. Pourquoi les gens sont... Pourquoi il y a tant d'animosité entre les gens ? C'est dans la vie en général, c'est parce qu'on a peur de l'autre, parce qu'on se sent menacé par l'autre. Mais si tu te sens bien, si tu te sens aligné, l'autre ne te fait pas peur en fait. T'as confiance en toi, t'as confiance en ceux qui t'entourent et donc finalement t'es beaucoup plus détendu dans ta relation à autrui. Et donc certainement que si les entreprises créent l'engagement, créent de la confiance, créent ces conditions pour que les gens révèlent le meilleur d'eux-mêmes, C'est possible que ça contribue même à un monde plus lumineux, moins obscur et avec moins de haine.
- Speaker #1
Je te remercie Claire. Et avant de conclure, est-ce que tu pourrais nous expliquer comment tu vois le potentiel des entreprises à mission pour transformer positivement la société ?
- Speaker #0
La société à mission, c'est un superbe outil finalement juridique pour transformer la société, pour que les entreprises deviennent actrices du projet de la société. Puisque en devenant société à mission, elles décident d'inscrire dans leur statut une raison d'être et des objectifs statutaires auxquels elles doivent répondre. Et ça, c'est finalement une ambition qui est supérieure à juste faire du profit. Et elles doivent passer au filtre de cette mission chacune de leurs décisions. Donc à partir de ce moment-là, quand on décide de devenir société à mission, ça veut dire qu'on grave dans le marbre son engagement. Et nécessairement, si on le fait bien, ça embarque l'ensemble des collaborateurs. Donc effectivement, je pense que c'est un superbe outil d'engagement, c'est un superbe outil de transformation de la société. Malheureusement, aujourd'hui, il n'y a pas encore assez de sociétés à mission, mais ça se développe. Et vraiment, j'encourage les dirigeants qui se questionnent sur ces sujets-là à y réfléchir, à se rapprocher de la communauté des entreprises à mission, parce que... Oui, ça nécessite du courage. Oui, c'est ambitieux, mais c'est tellement puissant et c'est extrêmement puissant aussi en matière d'innovation et de projection sur le long terme.
- Speaker #1
Et justement, est-ce qu'il y a des exemples d'entreprises, de sociétés à mission qui t'ont inspirée ?
- Speaker #0
Alors, il y a une entreprise qui m'a particulièrement inspirée et c'est plus qu'inspirée, elle a carrément porté dès le départ. C'est l'entreprise de Stonyfield aux Etats-Unis. Alors, ce n'est pas une société à mission parce qu'il n'y a pas de société à mission aux Etats-Unis. et que cette entreprise, Tony Field, elle existe depuis des dizaines d'années. Mais on a une entreprise qui avait, depuis le début, un dirigeant qui était un activiste, et qui a utilisé l'entreprise comme un levier, finalement, d'action, en proposant des yaourts avec une conscience. Et c'est cette entreprise, Tony Field, qui a inspiré la marque Les Deux Vaches, du groupe Danone. Et... Cette marque, les deux vaches, est extrêmement inspirante parce que finalement, les deux vaches, ça doit avoir 15 ans. ou quelque chose comme ça. Et en fait, c'est quoi les deux vaches ? C'est une expérimentation au sein de Danone où en fait on leur a dit testez vos trucs, on va s'inspirer de Stonyfield. Donc ils avaient racheté Stonyfield mais on va s'inspirer de Stonyfield pour adapter finalement quelque part leur vocation chez Danone et s'approprier ça. Et en fait, il s'est passé quoi ? C'était une équipe de joyeux militants qui a lancé un produit qui était bon, qui était bon pour soi, enfin de très grande qualité, qui était bon pour la planète, qui était bon pour la santé parce que c'est bio. Et en fait, ils l'ont fait avec une grande autonomie, avec une grande passion. Et en fait, chez les deux vaches, alors aujourd'hui je ne sais pas combien ils sont, mais à l'époque où je suis passée par là, parce que j'ai eu la chance de faire un stage chez Stonyfield et chez les deux vaches, chez les deux vaches, on était une petite dizaine. Donc évidemment, dans une petite dizaine, il n'y a pas de responsable RSE. Mais en fait, on était tous responsables RSE. On était tous responsables de l'engagement, parce qu'on était tellement convaincus que c'était la bonne chose à faire, qu'en fait, on était tous engagés. Et donc aujourd'hui, moi je suis responsable de l'engagement et j'en suis ravie, mais pour moi, ça ne devrait même pas exister. En fait, on devrait tous être responsables de l'engagement, parce que de la même manière, alors aujourd'hui, il faut des responsables RSE pour des sujets de reporting, pour porter les projets. Mais... En fait, moi je le dis toujours, la RSE, c'est... Pourquoi est-ce qu'il y a un responsable RSE ? Est-ce que dans la vie, on a notre conscience qui est externalisée ? Non, notre conscience n'est pas externalisée. On a à tous les moments, à chaque instant, même là il y a des gâteaux sur la table, ma conscience me dit, ne mange pas de gâteau. Je veux dire, je ne suis pas obligée de lui filer un coup de fil pour savoir quoi faire. Et bien c'est pareil en fait. Et donc je crois que dans les entreprises à mission... si ça fonctionne et dans celles qui ont déjà pris, qui ont déjà pris de l'avance, ou même dans des sociétés comme les deux vaches, je ne sais plus, si elles sont sociétés à admission, je ne pense pas, mais en tout cas, dans des petites structures comme ça, dans des marques comme ça, on peut créer un tel sentiment d'engagement qu'en fait, il n'y a même plus besoin de garde-fou. Et là, si les entreprises arrivent à là, elles ont tout gagné et la société s'en portera forcément beaucoup mieux parce que si au quotidien, dans son métier, quand on passe 8 heures ou je ne sais pas combien d'heures par jour, on est engagé pour un projet, Quand on part, on n'est pas maintenant c'est bon, je retourne à faire n'importe quoi En fait, on est forcément transformé intérieurement et individuellement. Bien sûr,
- Speaker #1
c'est vraiment très inspirant effectivement comme exemple, parce qu'on se dit bon, un yaourt, ok, comme tu dis, ça fait du bien, au mieux c'est bon, il y a des qualités gustatives, nutritionnelles, mais cet engagement extraordinaire derrière, cette envie de… De faire bouger les lignes, d'explorer et encore une fois, comme je le disais tout à l'heure, vraiment humblement, mais je trouve que ton exemple est très représentatif, humblement participer à rendre le monde meilleur, même en fabriquant des yaourts entre guillemets. Et justement, pour aller jusqu'au bout du bout avant la fin, quelles sont tes aspirations pour l'engagement, pour les années à venir, pour le monde de l'entreprise et au-delà ?
- Speaker #0
Bah, moi je suis convaincue que... Là, il y a urgence à se mobiliser. On est plusieurs à être convaincus de ça. Je suis convaincue que l'entreprise est, comme le dit toujours Aymeric Jaquia, en tout cas, Aymeric Jaquia, je lui ai emprunté cette phrase, et je crois que je la sors à peu près tous les jours, c'est que l'entreprise est le plus puissant levier de transformation de la société. J'en suis absolument convaincue. Donc moi, mon rêve, ce serait qu'effectivement, toutes les entreprises œuvrent sincèrement pour ça. Je ne suis pas non plus complètement idéaliste, un petit peu parce que sinon on ne peut pas avancer, mais pas trop non plus. Mais je pense qu'il en faut juste suffisamment et qu'après le truc va prendre. Et en fait, après, peu importe par quel bout ça va fonctionner, si c'est parce qu'il y a des collaborateurs qui vont se bouger, parce qu'il y a des réglementations qui vont influencer, parce qu'il y a un dirigeant qui a le courage, peu importe en fait, il n'y a pas qu'une seule méthode pour créer l'engagement dans l'entreprise. Ça peut paraître un peu insurmontable. mais il n'y a pas qu'une seule méthode pour y aller. Et ce que je dirais aussi, c'est qu'en fait, on peut tous être acteurs de l'engagement. Je vois beaucoup de gens qui se reconvertissent en fait en ce moment, crise de la trentaine ou quarantaine, je ne sais pas, ou post-burnout, situation compliquée, je veux devenir responsable RSE. Alors je suis désolée de dire qu'on ne pourra pas tous être responsable RSE en fait. Il n'y a pas assez de postes. Et... Et ce n'est pas grave, tant mieux, parce qu'il faut que, encore une fois, on soit tous responsables des RSE. Et donc vous aurez encore plus de poids, la personne qui est dans cette situation a d'autant plus de poids qu'elle va réfléchir à comment transformer son métier à elle pour lui donner le plus d'impact. Je pense par exemple au marketing, puisque ça doit certainement te parler. Il y a d'autres... le rôle du marketing peut être tout à fait différent. On peut se dire... J'utilise le marketing pour vendre mon produit, mais je peux aussi utiliser le marketing pour créer une communauté autour de mon projet d'entreprise. Et le client, il ne va pas t'acheter parce que tu as bon goût, mais il va t'acheter parce qu'il vote pour toi. C'est ça que nous dit la société à mission. Et là aussi, je l'emprunte à Emery Jacquiat. Le client, il vote pour toi. Et donc, il vote pour toi. Pourquoi ? Parce que tu défends un projet de société. Donc, voilà, les marketeurs, c'est comme ça qu'on dit. Je ne sais pas, les gens du marketing, ils peuvent tellement faire bouger les lignes. Un ingénieur dans une boîte, il peut innover, il peut... La R&D a un pouvoir, mais... C'est énorme s'il y a un gars courageux dans une équipe R&D qui se dit Attends, et si on le faisait autrement ? Et si on le faisait de manière plus sobre ? Est-ce qu'il n'y a pas chez les concurrents et tout d'autres trucs qui émergent ? Est-ce que chez les scientifiques, il n'y a pas des choses carrées ? Je creuse. Donc en R&D, c'est possible. En marketing, c'est possible. En finance, c'est possible. Sur le sujet de la CSRD, aujourd'hui, la CSRD, on croit que c'est un sujet de la RSE. Non, c'est un sujet qui est main dans la main entre la finance, la direction financière et la direction RSE. Et là, quand la finance se saisit des enjeux RSE et comprend en fait, si on ne le fait pas, ce que ça va avoir comme impact demain, quand la finance s'en mêle, mais c'est hyper puissant pour l'entreprise. Donc en finance, c'est bon. En marketing, c'est bon. En R&D, c'est bon. Franchement, les commerciaux, c'est tellement puissant de vendre un projet plutôt que de vendre un produit. Il faut aussi que les commerciaux s'en emparent. Bref, tout le monde peut être. porteur de l'engagement et on aura tout gagné si dans dix ans il y a plus d'un responsable de l'engagement.
- Speaker #1
Allez, pari tenu. Quand je t'entends, j'avoue que j'ai tout à fait envie d'y croire. Écoute, sincèrement, je te remercie Claire et si tu le permets, j'aimerais te poser pour finir la question que je pose à tous mes invités. On l'a vu plus ou moins concrètement à travers ce que tu nous as dit, mais je me permets de repréciser la raison d'être de Châteauforme. et de réenchanter le monde de l'entreprise et de faire naître des rencontres. Alors, dans ce contexte, que ce soit de manière personnelle ou professionnelle, quelles rencontres pourrait-on te souhaiter de faire dans les semaines ou dans les mois qui viennent ?
- Speaker #0
Alors, moi, j'adore toutes les rencontres. Je me nourris de chacune des rencontres. Donc, en fait, voilà, souhaitez-moi de rencontrer plein de gens. Mais si vraiment, il faut trouver quelqu'un, j'aimerais pourquoi pas rencontrer Delphine Orvilleur, qui est... Une femme rabbin qui rayonne pas mal en France parce que déjà c'est une femme, c'est une leader, une leader spirituelle mais aussi une leader, finalement elle va prendre position sur des sujets qui sont des sujets de société, des sujets politiques. Je suis assez bluffée parce qu'elle arrive à, c'est un leader spirituel mais à très très ancrer dans l'actualité, dans le réel, à porter la voix de plein de gens. Et voilà, donc, ce leadership, enfin, son leadership, je le trouve assez dingue. Et je crois qu'on aurait peut-être à gagner à se rapprocher un petit peu plus des sujets spirituels. Ça ne veut pas forcément dire de la religion, mais je crois que la transformation intérieure, elle vient d'un tout petit peu de spiritualité. Je ne suis pas en train de dire qu'il faut absolument croire en Dieu ou quoi, c'est pas du tout le sujet. Mais je crois qu'il faut s'élever un petit peu.
- Speaker #1
Eh bien, écoute, je pense en tout cas que tu as convaincu le studio aujourd'hui entièrement. Je te remercie sincèrement d'avoir été mon invité. Ça a été un vrai plaisir, cet échange.
- Speaker #0
Avec plaisir. Merci beaucoup.
- Speaker #1
Alors, j'espère sincèrement que cette conversation avec Claire vous a plu. En tout cas, je vous invite toutes et tous à retrouver d'autres podcasts sur notre plateforme. C'était Au fil des rencontres, un podcast Châteauforme.
- Speaker #0
Un jour, j'ai trouvé un autre homme.