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Au fil des rencontres

Peut-on (vraiment) faire rimer bienveillance et performance ? - Avec Benjamin Abittan

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34min |18/11/2024
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Description

Dans cet épisode, Céline Gosselin vous invite à une réflexion profonde sur l’équilibre entre bienveillance et performance, deux concepts souvent perçus comme opposés dans le monde des affaires.
Avec son invité, Benjamin Abittan, Directeur Général de Châteauform’, ce podcast explore une approche humaine du leadership et du management, fondée sur le concept de "bienformance". Ce terme, contraction de bienveillance et de performance, incarne l’idée que l’humain et les résultats ne sont pas antinomiques, mais qu’ils peuvent coexister et même se renforcer mutuellement.

Peut-on être à la fois un leader exigeant et bienveillant ?
Quels bénéfices la bienveillance peut-elle apporter à l’efficacité des équipes et à la performance globale de l’entreprise ?
Benjamin Abittan partage avec nous son expérience et ses convictions sur la manière dont cette approche peut non seulement améliorer les relations humaines, mais aussi générer des résultats durables et significatifs.

🎧 Écoutez cet épisode inspirant et découvrez comment bienveillance et performance peuvent véritablement se marier dans le monde de l'entreprise.

L'équipe Au fil des Rencontres :

Concept et voix off : Céline Gosselin

Son et post-production : Jake Maguire

Direction artistique : Jeanne Le Bras

Réseaux et Communication : Maëlle Froissart


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode. Aujourd'hui, nous allons nous aventurer sur un terrain souvent perçu comme antinomique. Celui où la rigueur et la performance conditionnées par le monde des affaires croisent la route de la bienveillance. Vous vous posez peut-être régulièrement les questions suivantes. La bienveillance a-t-elle réellement sa place dans les hautes sphères du business ? Est-ce qu'un sourire ou une main tendue peuvent vraiment coexister avec les exigences impitoyables du marché ? Et surtout, peut-on allier succès économique et humanité sans perdre en efficacité ? Dans un monde où les termes compétitivité et rentabilité semblent souvent opposés à empathie et générosité, cette question soulève des enjeux philosophiques profonds. Peut-on construire des entreprises florissantes tout en cultivant la bienveillance ? Celle-ci est-elle un atout sous-estimé ou au contraire un luxe que peu peuvent se permettre ? Préparez-vous à remettre en question certaines de vos convictions et à envisager le monde des affaires sous un angle nouveau et rafraîchissant. Aujourd'hui, avec un invité particulièrement singulier, Nous allons explorer comment des pratiques humaines et bienveillantes peuvent s'intégrer dans le tissu même de la stratégie d'entreprise tout en examinant les défis et les opportunités que cela comporte. Installez-vous confortablement et plongeons ensemble dans cette réflexion fascinante. Bienvenue dans Au fil des rencontres, un podcast Châteauforme. Bonjour, je suis Céline, talent Châteauforme, ayant pour responsabilité le rayonnement de cette entreprise. Autour de ce micro... J'ai le plaisir d'accueillir des invités qui, chacun à leur manière, apportent un éclairage nouveau et décryptent des perspectives souvent inédites. Aujourd'hui ne fait pas exception et c'est avec grand plaisir que je reçois Benjamin Habitant, directeur général du groupe Châteauforme et fils du cofondateur Daniel Habitant. Bonjour Benjamin, je suis ravie de t'accueillir.

  • Speaker #1

    Bonjour Céline, merci beaucoup, ça me fait plaisir d'être là avec toi aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Alors, Benjamin Châteauforme est reconnu pour son approche humaniste et bienveillante. Est-ce que tu peux nous donner un aperçu de cette philosophie ? et la façon dont elles s'intègrent dans la stratégie d'entreprise ?

  • Speaker #1

    C'est une vaste question. Déjà, je veux dire qu'entreprendre dans le monde d'aujourd'hui, c'est un acte politique, social. Et si on considère que l'entreprise est une grande aventure humaine, et c'est ça auquel j'ai été biberonné et que je défends, eh bien... Il faut faire en sorte que l'entreprise tangibilise et incarne les changements de société qu'on aurait envie de voir se passer dans nos sociétés plus largement. Et que la manière de faire progresser le monde, c'est en réalisant dans son microcosme les changements qu'on aurait envie de voir. Et j'ai envie de voir un monde, surtout par les temps qui courent, que ce soit politique, géopolitique ou... On sent que le système est tendu, on est en tension. Il y a la guerre aux portes de l'Europe, il y a une situation politique qui est tendue, avec des partis qui n'arrivent pas à trouver de zone commune. Et donc je pense que l'entreprise doit être le lieu du vivre ensemble, l'entreprise doit être le lieu de l'épanouissement des talents, et toutes les entreprises ont la possibilité de mettre en place des mesures. qui sont celles qu'elles aimeraient voir se réaliser dans notre société. Et donc pour moi, la bienveillance dans l'entreprise, la bienveillance est co-substantielle d'une entreprise moderne.

  • Speaker #0

    Alors je te remercie pour cette jolie introduction, et justement, pourquoi de manière générale, le monde de l'entreprise est-il si réticent à prononcer et à utiliser ce mot bienveillance ?

  • Speaker #1

    Déjà, je pense qu'il y a une partie, et on me le dit souvent, il y a une partie bisounours où on pense que c'est trop beau, que c'est trop joli et que c'est un terme qui a été galvaudé par sa surutilisation et on sort d'une phase qui a duré quelques décennies où le but de l'entreprise était uniquement la maximisation du profit Et aujourd'hui, je suis ravi de voir qu'avec les sociétés à mission, on a un cadre légal où on peut inscrire un autre but que la génération de profit, puisque le profit, qui est certes nécessaire, reste un moyen, un moyen d'atteindre autre chose. Et le but de la vie, ce n'est pas le profit. Personne n'a envie d'avoir écrit sur son épitaphe il a gagné beaucoup d'argent Ni même ceux qui sont devenus les hommes les plus riches du monde, ou les femmes les plus riches du monde, ni... Le citoyen qui fait son travail au quotidien, ce n'est pas enthousiasmant de se dire que sa vie va être réduite à il a généré beaucoup d'argent On a tous envie de dire c'était quelqu'un de bien, il a fait beaucoup de bien autour de soi, il a apporté quelque chose au monde, il a apporté sa pierre à l'édifice Et donc, ça, ça veut bien dire pour moi, c'est le bon exemple qui dit que le profit doit être un moyen au service de quelque chose. Au service de quoi ? Le but de la vie, c'est l'amitié, l'amour, la beauté. et on se sent infiniment plus riche quand on donne que quand on reçoit. Donc oui, le profit est nécessaire dans l'entreprise, c'est ça qui fait que l'aventure perdure, mais il doit rester un moyen. Or, beaucoup d'entreprises l'ont considéré comme une fin en soi, et je pense que ça a contribué à faire que la bienveillance rimait avec complaisance. Et je m'inscris en faux là-dessus. Dans une entreprise, l'exigence... Sans la bienveillance, c'est de la maltraitance, on l'a vu trop souvent. La bienveillance sans l'exigence, c'est de la complaisance, et l'entreprise ne peut pas durer. J'en ai fait l'expérience en tant qu'entrepreneur, j'avais plein de rêves, mais je n'avais pas un vrai business model quand j'ai ouvert mon restaurant, et j'ai fait faillite. Et les gens que j'avais embarqués dans cette aventure ont souffert de cette faillite, et donc quand on entreprend, on a une responsabilité de faire que l'aventure dure, et donc il faut que la bienveillance soit accompagnée d'exigences. Et quand on est et bienveillant et exigeant, pour moi, c'est ce qu'on appelle la bienformance. C'est ce juste milieu entre la performance, mais au service d'un but plus noble, plus grand.

  • Speaker #0

    Je te remercie, Benjamin. Pour bien comprendre ton propos, est-ce que selon toi, la bienveillance en entreprise est une vertu intrinsèque ou pour le coup, une stratégie adoptée par nécessité ?

  • Speaker #1

    C'est une vertu. Ça doit être une vertu intrinsèque de l'entreprise d'aujourd'hui et de demain. On ne peut pas laisser la responsabilité aux États de faire avenir la société qu'on veut. On doit, en tant qu'entrepreneur, la matérialiser à l'intérieur de notre communauté. Et donc pour moi, c'est une vertu intrinsèque de l'entreprise.

  • Speaker #0

    D'accord. Alors ça me permet, j'allais dire, d'aller plus concrètement et peut-être sur un côté plus terrain. Est-ce que tu penses que la bienveillance est une qualité essentielle chez un leader ? Et si oui... Comment influence-t-elle son style de management d'ailleurs ? Est-ce que toi, d'un point de vue plus personnel, tu pourrais commencer par nous faire la différence entre bienveillance et gentillesse ? Puisque je ne sais pas si pour tous nos auditeurs, la différence existe et si elle existe, quelle serait-elle selon toi ?

  • Speaker #1

    Si je te le prends du point de vue du leader, la gentillesse déjà, dans ses rapports avec les autres, c'est un trait de l'intelligence et ce n'est pas une faiblesse. bien au contraire. Mais la bienveillance souvent est confondue avec la complaisance, c'est ce que je disais tout à l'heure, c'est-à-dire quand quelqu'un est malheureux dans son travail et souffre, quand un talent chez Châteauforme souffre de son travail mais ne s'en rend pas compte et donc il est malheureux au travail et donc ça amène un certain nombre de difficultés. C'est pas être malveillant que de lui dire tu n'es pas heureux, ça suffit il faut que tu changes de job à l'intérieur de l'entreprise ou même quitter l'entreprise. Je considère que c'est de la bienveillance. C'est des conversations difficiles à avoir, mais le rôle dans la bienveillance, c'est de servir l'autre aussi dans ce dont il a besoin. Et donc, c'est très loin de la complaisance. On peut avoir toutes les conversations difficiles, et si, en fait, dans un système ou dans une relation, les deux parties sont empreintes de gentillesse ou de bienveillance, je pense que c'est la meilleure manière de trouver la solution optimale, pour les talents comme pour l'entreprise. Et en fait, la bienformance, c'est l'alignement. de l'intérêt du talent, l'intérêt individuel, avec l'intérêt de l'entreprise. Et si c'est désaligné, on n'est pas obligé de l'exprimer avec une forme désagréable. C'est ça la bienveillance. C'est aussi le savoir-faire et de savoir trouver les mots pour faire réaliser que si on n'est pas aligné, il faut qu'on se sépare et c'est ok.

  • Speaker #0

    Mais alors si on va plus loin, puisque c'est aussi une réalité pour beaucoup, comment on peut continuer d'être, ou en tout cas être un leader ? efficace et bienveillant, mais parfois dans un environnement extrêmement compétitif, c'est-à-dire que vraiment si on se met au niveau du leader qui lui-même pour le coup pourrait avoir cette appétence pour la bienveillance et ce qui ne serait pas en décalage par exemple avec une hiérarchie qui le serait moins comment on se positionne ? parce que le monde fait beaucoup de compétitions. Quelle place peut trouver un leader ?

  • Speaker #1

    La première compétition pour moi d'une entreprise, c'est la compétition sur les talents. Si on considère qu'une entreprise est une aventure humaine, plus elle va avoir des talents de qualité, plus elle va être capable de performer. Et avec les hauts et les bas que peut vivre une entreprise. Mais mon père en est un bon exemple. Quand il rachète Photoservice en 2006, à la barre du tribunal après qu'elle ait fait faillite et que l'actionnaire d'avant donc Photoservice c'est une entreprise qu'il a créée il la rachète à un moment où elle est à la barre du tribunal et parce qu'il connait la qualité des talents c'était une entreprise dans le retail et de la qualité des emplacements il remobilise toute l'entreprise et il transforme le business model il passe de vendre des photos à vendre de la téléphonie mobile et donc opérer Cette transformation, il a sauvé l'entreprise. Il l'a fait parce qu'il connaissait la qualité des talents. Et ça, ça vient, la qualité des talents de l'entreprise venait de son management bienveillant. Et donc je pense que plus le monde est compétitif, plus il faut avoir des talents. Et la bienveillance est un moyen d'intérer, je pense, les meilleurs talents. Qui a envie de travailler dans une entreprise où on est maltraité ? Et de plus en plus de gens, moi je rêve que de plus en plus de gens votent avec leurs pieds. Pas uniquement...... pour pouvoir mieux recruter chez Châteauforme, mais parce que je pense que la société serait mieux si les entreprises jouaient un rôle plus social et si les entreprises qui traitaient mal leurs collaborateurs étaient en défaut de collaborateurs. Malheureusement, ce n'est pas encore assez le cas. Et donc, je me réjouis de voir cette tendance où les gens quittent les entreprises qui les traitent mal. Et donc, je pense que la bienveillance est une manière de se démarquer et d'augmenter sa valeur, surtout dans un marché compétitif.

  • Speaker #0

    Et alors pour approfondir ton propos, comment justement cette bienveillance et cette approche humaniste influencent-elles globalement le bien-être et la productivité des employés ? Parce qu'effectivement, on ne l'a pas encore soulevé, mais c'est aussi un sujet, cette productivité. Est-ce qu'une bienveillance viendrait, comme tu disais tout à l'heure, peut-être biaiser parce que complaisance ? Voilà, comment on reste dans l'efficacité ?

  • Speaker #1

    Je ne pense pas. Beaucoup de gens pensent que Châteauforme est devenu bienveillant parce qu'on a été une réussite économique. Or, c'est précisément l'inverse qui s'est passé. On a eu de la performance économique depuis 30 ans qu'on existe parce qu'on est bienveillant et parce qu'on a mis en place un management qui prône l'autonomie des talents. On a cette phrase où on dit, qui est notre credo, nous avons tous les droits pour satisfaire nos participants, quel qu'en soit le coût et sans demander la permission à quiconque. C'est un vrai credo d'empowerment. C'est un vrai credo d'empowerment. Et au-delà de la satisfaction qu'on peut prendre sur le terrain en étant libre de ses actions, Ça fait une vraie différence auprès des clients. Une vraie différence auprès des clients parce que les clients, quand ils ont un problème sur le terrain, tout le monde ne déteste rien de plus que cette phrase I have to ask my manager Non, prends la décision, agis. Et l'empowerment dans l'entreprise est une manière de différencier son entreprise. Et pour moi, le management bienveillant, au-delà du recrutement, vient permettre un cadre où l'échec est possible. Et je pense que ça, c'est une vraie source de performance. C'est-à-dire, il ne faut pas répéter les échecs deux fois. Mais si on a une culture de cacher les échecs, ça peut mettre en péril l'entreprise, de cacher les situations à risque. Donc je préfère avoir une culture bienveillante où on risque de se faire taper dessus si on a caché les choses. Mais si on a été transparent en disant, j'ai fait une énorme boulette, voilà ce qui s'est passé, voilà combien on a perdu, il faut que je... et d'en faire un cas. de le diffuser à l'intérieur de l'entreprise pour que les autres comprennent qu'est-ce qui s'est passé, comment on a réagi et qu'il y ait une culture de la transparence et de l'apprentissage collectif autour de nos échecs. Je suis sûr que ça rendra les entreprises plus résilientes et que ça sera source de performances économiques.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu aurais un ou deux exemples très concrets à nous partager quand tu as pu observer que cette bienveillance avait amélioré la collaboration ou peut-être résolu des conflits ? peut-être qu'on imagine difficile à résoudre, très concrètement ?

  • Speaker #1

    Chez Châteauforme, j'en ai plein. Mais je veux vous en citer deux qui viennent de l'extérieur. Le premier, c'est l'histoire d'Hubert Joly, qui a écrit un livre extraordinaire qui s'appelle Leading from the Heart. Et c'est le Français qui a le mieux réussi dans le retail aux Etats-Unis, puisqu'il est devenu patron de Best Buy à un moment où Best Buy allait très mal. Et ils étaient en compétition féroce face à la montée d'Amazon au milieu des années 2000. Et le livre fait état de comment en... recentrant l'entreprise sur le bien-être des talents et que là comme la vérité sur le terrain en libérant les énergies des patrons magasins en passant du temps avec les équipes en assistant pour que tout le monde du siège aille en magasin comprendre la réalité du business ils ont fait évoluer leur business model ils ont remis des rapports apaisés eux qui étaient dans la tension syndicale et il a réussi à sauver la boîte et à faire le retournement de cette boîte avec le coeur pas avec la tête et ça peut être les 50 cm les plus longs à parcourir. Donc ça c'est l'exemple de Best Buy. Dans les autres exemples qui me viennent en tête, et pour moi c'est une forme de bienveillance même si c'est une entreprise qui peut être critiquée sous d'autres égards, mais j'ai entendu dire que chez Amazon, lorsqu'un talent venait avec une initiative, il fallait que son N plus 1, s'il veut mettre fin au projet, il écrive un mémo de deux pages motivant. Pourquoi ? on ne va pas poursuivre cette idée, et qu'il le publie sur un registre qui est public dans l'entreprise. Pour moi, c'est une forme de considération pour les idées qui est bienveillante. C'est-à-dire que tout le monde doit apporter son idée et c'est la responsabilité du manager de motiver pourquoi est-ce qu'on ne fait pas ce projet. Et donc ça, c'est des formes de bienveillance et de libération de l'énergie qui amènent à des performances économiques incroyables. Et le Amazon Web Services, le AWS qui est aujourd'hui la filiale dont le patron est d'ailleurs devenu le successeur de Jeff Bezos et qui porte tout le développement économique d'Amazon. Son projet est né, il a eu cette idée parce qu'il a construit Amazon Web Services pour servir les différentes BU d'Amazon. Et quand il avait fini ce projet, il a fait cette note en disant Je veux absolument ouvrir ça à nos concurrents et à tout le marché. Et personne chez Amazon a été capable de motiver en deux pages véritablement pourquoi on ne devrait pas le faire. Et aujourd'hui, ce principe de bienveillance vis-à-vis des idées lui a permis de le mettre en place. Et aujourd'hui, c'est la filiale la plus rentable du groupe Amazon. Et donc, c'est une vraie source de performance économique de créer un climat qui favorise le développement des talents et des idées.

  • Speaker #0

    En fait, c'est ça que j'entends dans bienveillance, c'est qu'il y a une énorme prise de recul. On pourrait penser que la bienveillance, c'est un sourire, comme je disais en introduction, une main tendue. Mais en fait, c'est une bienveillance par rapport à... à la globalité de l'être humain avec, comme tu disais, ces idées, ces forces qu'on n'a pas forcément en tant que leader et qu'on va accueillir différemment. C'est vraiment très, très large.

  • Speaker #1

    Dans mon rôle de leader, je lutte souvent contre la notion que le client est un être un peu mystérieux, un espèce d'alien, ou que le patron, ou que les collaborateurs... Il y a une vraie notion philosophique d'incarner l'autre. et de se dire, ok, si je me mets à la place du talent, si je me mets à la place du client, qu'est-ce que je veux ? Est-ce que ça fait du sens pour moi ? Et dans mon rôle de leader, souvent, j'ai que à faire ce miroir pour débloquer certaines situations où on peut être dogmatique. Ah non, non, il abuse le client, c'est pas ça qu'on doit lui faire. Et en fait, on dit, mais attends, mets-toi à sa place, vraiment, mets-toi à sa place. T'es arrivé, voilà ce qui s'est passé, voilà ce que t'as entendu. Sa perception, elle peut pas être bonne. Et effectivement, en fait, comme ça, on trouve des solutions. Et pour moi... Il y a quelque chose dans la bienveillance qui est véritablement se mettre à la place de l'autre. Et ça ne veut au contraire pas dire de baratin et pas de choses gimmicks sur la main tendue, le sourire. Effectivement, c'est des choses qu'on peut dire assez classiques de ça. Mais il y a un truc de vraiment se mettre à la place de l'autre, se mettre à la place de l'autre.

  • Speaker #0

    C'est ce que j'allais te demander par rapport au client. Comment, j'allais dire concrètement, tous les jours, en fonction des différentes interactions, cette philosophie... Traduit-elle dans la relation client justement ?

  • Speaker #1

    Chez Châteauforme, on croit à la roue du bonheur. La roue du bonheur, c'est que la responsabilité de l'entreprise, elle est vis-à-vis de ses talents. Et c'est des talents heureux qui feront des clients heureux, dans cet ordre-là. Donc on ne dit pas qu'on est customer-centric, pourtant on est particulièrement reconnu sur notre qualité de service. Mais parce que si nos talents sont heureux de faire leur job, S'ils aiment leur métier, s'ils se trouvent ça épanouissant, évidemment ils vont bien le faire. Et si le travail c'est de l'amour en action, en fait faire en sorte qu'ils se sentent confortables dans leur travail, qu'ils puissent exprimer leur amour, peu importe le niveau de prestation et encore. J'insiste parce que quand je dis ça, souvent on me dit ah oui, mais c'est premium, c'est luxe Pas du tout ! On peut être un hard discounter et faire son travail avec amour. Mais comprendre que le produit, il a une essence et qu'en fait, on va enlever toute la fioriture autour pour donner le maximum de valeur au client, c'est faire son travail avec amour. Les gens qui ont conçu Lidl ou Aldi pour faire des boîtes qui marchent comme ça, des aventures humaines qui performent comme ça, il faut faire son travail avec amour. Et donc, en permettant aux talents de faire leur travail avec amour, Je pense qu'on met en place les conditions d'une relation client qui va dans la compréhension, qui va vers l'autre et qui n'est pas dans la transaction et plutôt dans la relation. Ce que je veux dire par là, c'est qu'on fait le pari d'une relation longue avec le client. Et pour moi, c'est le pari de Châteauforme qui a été gagnant. C'est que oui, on a libéré nos conseillers séminaires pour pouvoir offrir plein de choses ou nos couples d'hôtes. Si ça s'est mal passé, vous savez quoi ? Soyez généreux. Offrez-leur la prestation parce qu'il faut savoir donner d'abord pour recevoir ensuite. Je suis persuadé de ça. Et donc quand on offre à un client, quand on donne à un client, évidemment il faut une forme de mesure mais je n'ai pas besoin de dicter par un process quelle est cette mesure. Si les gens aiment l'entreprise, ils vont le faire mieux que moi. Et s'ils jugent sur le moment qu'il fallait tout offrir, je suis derrière eux. Et la performance économique de Châteauforme vient de cette capacité, de cette liberté totale qu'ont les acteurs. de l'entreprise face au client, de se mettre à leur place et de créer les conditions qui fait que ce client nous aime et reviendra.

  • Speaker #0

    Je te remercie et justement si on élargit un peu encore la réflexion, est-ce que la bienveillance en entreprise peut contribuer à un changement vers plus d'humanité, de la société et de durabilité dans le monde des affaires ?

  • Speaker #1

    En fait, j'aimerais repositionner ta question. Je crois que l'entreprise a un rôle social et politique et que donc nécessairement, c'est ce que je te disais en introduction, Si on croit à ça, il faut que l'entreprise incarne de manière plus forte les changements qu'on aimerait voir dans la société. Et donc, la bienveillance que j'aimerais voir augmenter dans la société, moi qui ne vis pas à Paris et qui viens à Paris pour le travail, je trouve parfois cette ville abrasive. Notamment, je trouve que c'est un effort particulier d'arriver au travail de bonne humeur. Parce que, surtout en ce moment, c'est les Jeux Olympiques. Il y a une abrasion dans les contacts que tu vas avoir, dans le manque de courtoisie ambiant avant d'arriver au travail, qui fait que quand tu retrouves ton équipe ou des gens que tu connais et que tu aimes, il faut souffler un peu, se donner un sas de décompression et revenir à un rapport humain apaisé. Et je regrette ça. Et je pense que la société n'est pas condamnée à ça. Mais que, notamment, l'entreprise doit porter un message social et politique. De courtoisie, de bienveillance, d'élégance dans les rapports, ça peut être source de performance économique. Et si toutes les entreprises mettaient un accent un peu plus prononcé sur ce sujet-là, je suis sûr que la société serait plus apaisée.

  • Speaker #0

    Et justement, c'est très bien parce que tu faisais le parallèle avec la rue, j'allais dire, entre guillemets. Comment on maintient cette culture de la bienveillance face aux crises économiques et aux pressions du marché ? On a quand même tous vécu le Covid. Il n'y a pas longtemps, quels que soient les univers, tout le monde a été plus ou moins chamboulé. Comment on maintient quand même cette bienveillance quand, j'allais dire, l'enjeu est vital encore une fois pour certaines entreprises ?

  • Speaker #1

    C'est une bonne question. L'exemple que je peux te raconter, c'est celui de Châteauforme. On s'est retrouvé dans une situation où notre métier qui est de vente de la réunion en physique à des entreprises, peu importe nos expériences ou nos pays, Il y a un virus qui est arrivé et des mesures sanitaires qui sont venues ensuite qui ont littéralement été notre kryptonite. On n'a pas eu une réduction du chiffre d'affaires, on a eu un arrêt total du chiffre d'affaires pendant 17 mois. Dans une boîte où on n'a que des frais fixes. Les salaires principalement, 40% de nos chiffres d'affaires, ce sont les salaires, et redistribués en salaires, et des loyers. On a été dans une forme d'incertitude totale, puisqu'on ne savait même pas quand est-ce qu'on allait réouvrir. Et c'est là où les valeurs sont à bout sol. On prône que l'entreprise est une famille, c'est comme ça qu'on vit cette aventure humaine. Et à juste titre, ils étaient dans leur droit de nous poser la question, mais nos partenaires financiers et nos actionnaires nous ont posé la question de est-ce qu'ils ne seraient pas plus intelligents pour permettre à l'entreprise de durer plus longtemps ? d'accepter de se séparer de la moitié des talents et de fermer la moitié des maisons. Tout ça afin que la trésorerie comme on avait plus de chiffre d'affaires, la trésorerie qu'on avait en caisse puisse durer plus longtemps. Comme on a vraiment cette philosophie, on s'est dit comment faire ce choix de quelle moitié de l'entreprise on se coupe et pas de simplement considérer les collaborateurs, mais de penser à Jean-Jacques, de penser à Antoine, de penser à Thomas et de se dire comment... Et donc comme... Je connais les humains qui sont derrière ces choix. Et avec nos valeurs, on a rapidement fait le choix. C'était assez clair pour nous que ce n'était pas un choix qu'on avait envie de faire. Et donc, à ce moment-là du Covid, on a expliqué à nos partenaires financiers et à nos actionnaires, non, on ne va pas faire ce choix. On va expliquer à tout le monde, dans la transparence, qu'on a une période très difficile et qu'on fait le choix à date, c'est tout le monde ou c'est personne. Parce que, ne sachant pas où on allait, on n'était pas sûr. de la gravité de la situation. Mais on a aussi été transparent en disant on maintiendra ça aussi longtemps qu'on puisse le faire. Il n'est pas impossible qu'à un moment, on arrive à faire des choix terribles. Mais pour l'instant, on a assez de trésorerie pour ne pas avoir à faire ces choix. Ensuite, on est allé plus loin. Il y a les équipes châteauformes et je remercie le modèle de l'État social européen qui a pris en charge une grande partie des salaires. En France, c'était 84%. On a décidé de compléter les 16% sur la trésorerie de la boîte. Et donc, certains de nos partenaires nous ont traités de fous en disant, vous prenez des risques, vous ne savez pas quelle situation on est. En plus, Zoom est en train de croître à une vitesse incroyable. On ne sait pas si demain on fera du séminaire. Peut-être que tout va être remplacé. Vous prenez des risques inconsidérés. Et donc, on a été challengé véritablement dans le fond de, est-ce que vous avez un business model demain ? Et nous, dans cette réflexion de famille, on ne se sépare pas d'un frère dans une incertitude. Il faut qu'on soit certain de la mort imminente pour prendre ce genre de décision. Et comme on n'y était pas, on a refusé. Il se trouve qu'on n'a pas eu à faire ce choix, puisqu'on a trouvé des solutions et on a pu garder tout le monde. Et en 2022, ce qui nous a sauvés, c'est que les concurrents... hôteliers ou sur le marché du maïs qui ont fait ce choix de réduire leur périmètre, ils ont gardé la même taille de dette qu'avant, mais avec un périmètre réduit en 2022 quand tout est reparti, ils n'ont pas pu profiter de la remontée du business, de la grande remontada de cette année de rattrapage extraordinaire où tout le monde voulait faire des événements. Et nous, le fait d'avoir complété les salaires et voulu garder tout le monde, on avait la totalité du parc à disposition et toutes les maisons étaient... et qui avaient tous les talents nécessaires pour accueillir. Et donc, on a accueilli tellement de gens en 2022. On a fait une année qui a battu tous les records. Et ça, ça a été un juste retour par rapport au risque qu'on a pris. J'étais très fier de pouvoir le démontrer. Mais ça m'a souligné que la différence entre un fou et un génie, c'est le succès. Sur la même décision, on n'a pas changé de fil. Au milieu du Covid, on nous a traités de fous. Et sans changer d'avis, post-Covid, après la remontée de 2022, on nous a dit Ah, vous êtes trop forts, vous êtes des génies Mais nous, on n'a jamais changé d'attitude et c'est nos valeurs et cette vision de l'entreprise comme une grande famille, comme une aventure humaine qui nous a guidés comme boussole à travers le Covid. Et donc, même face à des choix financiers difficiles, on peut être guidé par d'autres valeurs et en avoir un retour.

  • Speaker #0

    Exactement. Et justement, tu parlais de vision. Est-ce que tu pourrais nous donner la tienne pour l'avenir des entreprises aussi qui souhaiteraient intégrer davantage de bienveillance dans leurs pratiques, bienveillance telle qu'on vient de le définir de manière assez large en fait ? Comment on fait évoluer les entreprises aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Pour tous les leaders qui nous entendent, il faut aimer ses collaborateurs. Je parle dans vos mots, aimer vos collaborateurs. mettez-vous à leur place et quand vous prenez une décision pour quelqu'un, imaginez que c'est votre neveu, votre nièce, votre frère, votre cousin, et si vous entendiez cette décision de l'extérieur, est-ce que vous seriez en accord avec ce qui a été fait ? Rien que ça. Aimez vos collaborateurs. Et après, tout le reste se mettra en place. Mais il y a plein d'histoires, il y a plein d'ouvrages qui ont été écrits sur l'entreprise humaniste, l'entreprise libérée, qui démontrent la pertinence économique de ces modèles. Je suis sûr. Que votre entreprise ne se portera que mieux si vous aimez vos collaborateurs.

  • Speaker #0

    Aimer vos collaborateurs, d'accord, mais si au bout de cet entretien, je suis quand même encore un peu sceptique, comment tu pourrais exprimer que la bienveillance a quand même sa place dans un environnement compétitif ?

  • Speaker #1

    La vraie question, c'est la question de l'épitaphe. Qu'est-ce qu'on a envie de laisser ? Moi, au quotidien, je n'ai pas envie de vivre une guerre avec mon équipe proche. J'ai envie d'être dans la confiance, j'ai envie d'être dans la bienveillance et c'est ça qui me nourrit et qui fait que je prends plaisir à affronter tous les challenges. La période du Covid a été une période de forte intensité, de très forte compétition, si tu veux, pour notre survie et j'ai été ravi de me battre pour la survie de l'entreprise. avec une équipe que je savais motivée dans la confiance, parce que face à toute l'incertitude qu'on avait et le fait qu'on ne pouvait pas se voir, pour faire que notre entreprise survive à distance, il fallait qu'il y ait ce noyau de cohésion et qu'on fasse vraiment équipe. Et ça, la bienveillance qu'on a mise dans le système nous a bien été rendus en confiance à ce moment-là, parce que quand je disais à des talents je n'ai pas de réponse, je n'ai pas de réponse à vos questions on était quand même dans un rapport de confiance. Et ça, je pense que ça vient de la bienveillance et que les entreprises qui ont souffert du big quit post-Covid, c'est notamment parce qu'ils avaient perdu ce rapport de confiance parce qu'un manque de ce que j'appelle bienveillance avec un grand B.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Et est-ce que tu pourrais nous partager une expérience personnelle marquante où justement la bienveillance a joué un rôle crucial dans ta carrière ?

  • Speaker #1

    Lorsque j'ai réalisé que le restaurant que j'avais ouvert avec un copain à Genève... était structurellement pas assez rentable pour honorer le loyer qu'on devait payer. Et que j'avais signé un bail dix ans avec caution personnelle, j'ai fait face à une situation économique compliquée. Et je suis allé voir le propriétaire du restaurant et on a joué carte sur table. Ça n'a pas été des conversations simples. Mais on a joué carte sur table. Et je me suis adapté. Il m'a dit, tu ne devrais plus se faire comme ça. Je lui ai montré que ma situation ne marchait pas. J'ai pris ses conseils, j'ai essayé. Un mois plus tard, c'était pire. Je suis revenu le voir. Et à travers cet échange, il a compris que j'étais dans une situation d'échec dont je n'arrivais pas à me sortir. Et au lieu de me faire commencer ma vie professionnelle par une faillite personnelle, ce qu'il aurait pu faire s'il était passé en force sur le bail, il m'a dit, je te libère. de ton obligation légale de me payer 10 ans de loyer. Par contre, je te demande de, et donc un certain nombre de critères, et notamment de lui payer 6 mois de loyer. Mais sa bienveillance m'a évité une situation financière désastreuse, j'aurais été en faillite personnelle, mais aussi une situation psychique, où je me suis toujours rêvé entrepreneur, et où... Commencer sur une aventure qui aurait mené à ma faillite personnelle aurait été probablement très difficile pour moi de m'en sortir. Et face à cette situation où il a vu que j'avais essayé, il a fait preuve de bienveillance pour le petit jeune que j'étais et il a accepté de me libérer contre six mois de loyer d'avance que j'ai continué à travailler ailleurs pour pouvoir lui payer et honorer. Et donc cette bienveillance-là m'a permis de rebondir beaucoup plus vite. que s'il avait décidé en son bon droit de m'écraser.

  • Speaker #0

    Effectivement, ça permet de redémarrer plus sereinement vers un autre avenir. Je suis vraiment ravie de cet échange éminemment inspirant. Pour terminer, j'aimerais te poser la question que je pose à tous mes invités. On sait que la raison d'être de Châteauforme est de réenchanter le monde de l'entreprise et de faire naître des rencontres aussi de manière professionnelle et personnelle. Quelles rencontres pourrait-on te souhaiter de faire dans les semaines ou dans les mois qui viennent ?

  • Speaker #1

    Est-ce que tu veux un nom ou un type de rencontre ?

  • Speaker #0

    Ce qui t'inspire le plus.

  • Speaker #1

    Comme je suis fan du Berjoli, je vous en ai parlé, j'adorerais le rencontrer, pour échanger sur ça. Qu'est-ce que ça a changé pour lui d'écrire ce livre et de témoigner aussi fortement, et de mettre en place un exemple aussi brillant de ce que peut faire un changement de culture d'entreprise pour une culture plus humaniste. Et puis sinon un type de rencontre, j'adore rencontrer les belles histoires des talents châteauforme, ce sont elles qui me nourrissent et qui me donnent la force d'affronter les difficultés de l'entreprise parce que ma vraie motivation c'est ça, c'est construire une entreprise qui soit une aventure humaine et où des talents peuvent se révéler.

  • Speaker #0

    Notre interview touche à sa fin. J'en retiens que loin d'être antinomiques, performances et bienveillance sont plus que complémentaires dans le monde de l'entreprise et peuvent réellement participer à un monde des affaires plus durable. Donc, je te remercie, Benjamin, pour cette énorme dose d'inspiration.

  • Speaker #1

    Merci, Céline. Merci à toi.

  • Speaker #0

    Et je vous invite tous et toutes à retrouver d'autres podcasts sur notre plateforme. C'était Au fil des rencontres, un podcast Château Forme.

Description

Dans cet épisode, Céline Gosselin vous invite à une réflexion profonde sur l’équilibre entre bienveillance et performance, deux concepts souvent perçus comme opposés dans le monde des affaires.
Avec son invité, Benjamin Abittan, Directeur Général de Châteauform’, ce podcast explore une approche humaine du leadership et du management, fondée sur le concept de "bienformance". Ce terme, contraction de bienveillance et de performance, incarne l’idée que l’humain et les résultats ne sont pas antinomiques, mais qu’ils peuvent coexister et même se renforcer mutuellement.

Peut-on être à la fois un leader exigeant et bienveillant ?
Quels bénéfices la bienveillance peut-elle apporter à l’efficacité des équipes et à la performance globale de l’entreprise ?
Benjamin Abittan partage avec nous son expérience et ses convictions sur la manière dont cette approche peut non seulement améliorer les relations humaines, mais aussi générer des résultats durables et significatifs.

🎧 Écoutez cet épisode inspirant et découvrez comment bienveillance et performance peuvent véritablement se marier dans le monde de l'entreprise.

L'équipe Au fil des Rencontres :

Concept et voix off : Céline Gosselin

Son et post-production : Jake Maguire

Direction artistique : Jeanne Le Bras

Réseaux et Communication : Maëlle Froissart


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode. Aujourd'hui, nous allons nous aventurer sur un terrain souvent perçu comme antinomique. Celui où la rigueur et la performance conditionnées par le monde des affaires croisent la route de la bienveillance. Vous vous posez peut-être régulièrement les questions suivantes. La bienveillance a-t-elle réellement sa place dans les hautes sphères du business ? Est-ce qu'un sourire ou une main tendue peuvent vraiment coexister avec les exigences impitoyables du marché ? Et surtout, peut-on allier succès économique et humanité sans perdre en efficacité ? Dans un monde où les termes compétitivité et rentabilité semblent souvent opposés à empathie et générosité, cette question soulève des enjeux philosophiques profonds. Peut-on construire des entreprises florissantes tout en cultivant la bienveillance ? Celle-ci est-elle un atout sous-estimé ou au contraire un luxe que peu peuvent se permettre ? Préparez-vous à remettre en question certaines de vos convictions et à envisager le monde des affaires sous un angle nouveau et rafraîchissant. Aujourd'hui, avec un invité particulièrement singulier, Nous allons explorer comment des pratiques humaines et bienveillantes peuvent s'intégrer dans le tissu même de la stratégie d'entreprise tout en examinant les défis et les opportunités que cela comporte. Installez-vous confortablement et plongeons ensemble dans cette réflexion fascinante. Bienvenue dans Au fil des rencontres, un podcast Châteauforme. Bonjour, je suis Céline, talent Châteauforme, ayant pour responsabilité le rayonnement de cette entreprise. Autour de ce micro... J'ai le plaisir d'accueillir des invités qui, chacun à leur manière, apportent un éclairage nouveau et décryptent des perspectives souvent inédites. Aujourd'hui ne fait pas exception et c'est avec grand plaisir que je reçois Benjamin Habitant, directeur général du groupe Châteauforme et fils du cofondateur Daniel Habitant. Bonjour Benjamin, je suis ravie de t'accueillir.

  • Speaker #1

    Bonjour Céline, merci beaucoup, ça me fait plaisir d'être là avec toi aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Alors, Benjamin Châteauforme est reconnu pour son approche humaniste et bienveillante. Est-ce que tu peux nous donner un aperçu de cette philosophie ? et la façon dont elles s'intègrent dans la stratégie d'entreprise ?

  • Speaker #1

    C'est une vaste question. Déjà, je veux dire qu'entreprendre dans le monde d'aujourd'hui, c'est un acte politique, social. Et si on considère que l'entreprise est une grande aventure humaine, et c'est ça auquel j'ai été biberonné et que je défends, eh bien... Il faut faire en sorte que l'entreprise tangibilise et incarne les changements de société qu'on aurait envie de voir se passer dans nos sociétés plus largement. Et que la manière de faire progresser le monde, c'est en réalisant dans son microcosme les changements qu'on aurait envie de voir. Et j'ai envie de voir un monde, surtout par les temps qui courent, que ce soit politique, géopolitique ou... On sent que le système est tendu, on est en tension. Il y a la guerre aux portes de l'Europe, il y a une situation politique qui est tendue, avec des partis qui n'arrivent pas à trouver de zone commune. Et donc je pense que l'entreprise doit être le lieu du vivre ensemble, l'entreprise doit être le lieu de l'épanouissement des talents, et toutes les entreprises ont la possibilité de mettre en place des mesures. qui sont celles qu'elles aimeraient voir se réaliser dans notre société. Et donc pour moi, la bienveillance dans l'entreprise, la bienveillance est co-substantielle d'une entreprise moderne.

  • Speaker #0

    Alors je te remercie pour cette jolie introduction, et justement, pourquoi de manière générale, le monde de l'entreprise est-il si réticent à prononcer et à utiliser ce mot bienveillance ?

  • Speaker #1

    Déjà, je pense qu'il y a une partie, et on me le dit souvent, il y a une partie bisounours où on pense que c'est trop beau, que c'est trop joli et que c'est un terme qui a été galvaudé par sa surutilisation et on sort d'une phase qui a duré quelques décennies où le but de l'entreprise était uniquement la maximisation du profit Et aujourd'hui, je suis ravi de voir qu'avec les sociétés à mission, on a un cadre légal où on peut inscrire un autre but que la génération de profit, puisque le profit, qui est certes nécessaire, reste un moyen, un moyen d'atteindre autre chose. Et le but de la vie, ce n'est pas le profit. Personne n'a envie d'avoir écrit sur son épitaphe il a gagné beaucoup d'argent Ni même ceux qui sont devenus les hommes les plus riches du monde, ou les femmes les plus riches du monde, ni... Le citoyen qui fait son travail au quotidien, ce n'est pas enthousiasmant de se dire que sa vie va être réduite à il a généré beaucoup d'argent On a tous envie de dire c'était quelqu'un de bien, il a fait beaucoup de bien autour de soi, il a apporté quelque chose au monde, il a apporté sa pierre à l'édifice Et donc, ça, ça veut bien dire pour moi, c'est le bon exemple qui dit que le profit doit être un moyen au service de quelque chose. Au service de quoi ? Le but de la vie, c'est l'amitié, l'amour, la beauté. et on se sent infiniment plus riche quand on donne que quand on reçoit. Donc oui, le profit est nécessaire dans l'entreprise, c'est ça qui fait que l'aventure perdure, mais il doit rester un moyen. Or, beaucoup d'entreprises l'ont considéré comme une fin en soi, et je pense que ça a contribué à faire que la bienveillance rimait avec complaisance. Et je m'inscris en faux là-dessus. Dans une entreprise, l'exigence... Sans la bienveillance, c'est de la maltraitance, on l'a vu trop souvent. La bienveillance sans l'exigence, c'est de la complaisance, et l'entreprise ne peut pas durer. J'en ai fait l'expérience en tant qu'entrepreneur, j'avais plein de rêves, mais je n'avais pas un vrai business model quand j'ai ouvert mon restaurant, et j'ai fait faillite. Et les gens que j'avais embarqués dans cette aventure ont souffert de cette faillite, et donc quand on entreprend, on a une responsabilité de faire que l'aventure dure, et donc il faut que la bienveillance soit accompagnée d'exigences. Et quand on est et bienveillant et exigeant, pour moi, c'est ce qu'on appelle la bienformance. C'est ce juste milieu entre la performance, mais au service d'un but plus noble, plus grand.

  • Speaker #0

    Je te remercie, Benjamin. Pour bien comprendre ton propos, est-ce que selon toi, la bienveillance en entreprise est une vertu intrinsèque ou pour le coup, une stratégie adoptée par nécessité ?

  • Speaker #1

    C'est une vertu. Ça doit être une vertu intrinsèque de l'entreprise d'aujourd'hui et de demain. On ne peut pas laisser la responsabilité aux États de faire avenir la société qu'on veut. On doit, en tant qu'entrepreneur, la matérialiser à l'intérieur de notre communauté. Et donc pour moi, c'est une vertu intrinsèque de l'entreprise.

  • Speaker #0

    D'accord. Alors ça me permet, j'allais dire, d'aller plus concrètement et peut-être sur un côté plus terrain. Est-ce que tu penses que la bienveillance est une qualité essentielle chez un leader ? Et si oui... Comment influence-t-elle son style de management d'ailleurs ? Est-ce que toi, d'un point de vue plus personnel, tu pourrais commencer par nous faire la différence entre bienveillance et gentillesse ? Puisque je ne sais pas si pour tous nos auditeurs, la différence existe et si elle existe, quelle serait-elle selon toi ?

  • Speaker #1

    Si je te le prends du point de vue du leader, la gentillesse déjà, dans ses rapports avec les autres, c'est un trait de l'intelligence et ce n'est pas une faiblesse. bien au contraire. Mais la bienveillance souvent est confondue avec la complaisance, c'est ce que je disais tout à l'heure, c'est-à-dire quand quelqu'un est malheureux dans son travail et souffre, quand un talent chez Châteauforme souffre de son travail mais ne s'en rend pas compte et donc il est malheureux au travail et donc ça amène un certain nombre de difficultés. C'est pas être malveillant que de lui dire tu n'es pas heureux, ça suffit il faut que tu changes de job à l'intérieur de l'entreprise ou même quitter l'entreprise. Je considère que c'est de la bienveillance. C'est des conversations difficiles à avoir, mais le rôle dans la bienveillance, c'est de servir l'autre aussi dans ce dont il a besoin. Et donc, c'est très loin de la complaisance. On peut avoir toutes les conversations difficiles, et si, en fait, dans un système ou dans une relation, les deux parties sont empreintes de gentillesse ou de bienveillance, je pense que c'est la meilleure manière de trouver la solution optimale, pour les talents comme pour l'entreprise. Et en fait, la bienformance, c'est l'alignement. de l'intérêt du talent, l'intérêt individuel, avec l'intérêt de l'entreprise. Et si c'est désaligné, on n'est pas obligé de l'exprimer avec une forme désagréable. C'est ça la bienveillance. C'est aussi le savoir-faire et de savoir trouver les mots pour faire réaliser que si on n'est pas aligné, il faut qu'on se sépare et c'est ok.

  • Speaker #0

    Mais alors si on va plus loin, puisque c'est aussi une réalité pour beaucoup, comment on peut continuer d'être, ou en tout cas être un leader ? efficace et bienveillant, mais parfois dans un environnement extrêmement compétitif, c'est-à-dire que vraiment si on se met au niveau du leader qui lui-même pour le coup pourrait avoir cette appétence pour la bienveillance et ce qui ne serait pas en décalage par exemple avec une hiérarchie qui le serait moins comment on se positionne ? parce que le monde fait beaucoup de compétitions. Quelle place peut trouver un leader ?

  • Speaker #1

    La première compétition pour moi d'une entreprise, c'est la compétition sur les talents. Si on considère qu'une entreprise est une aventure humaine, plus elle va avoir des talents de qualité, plus elle va être capable de performer. Et avec les hauts et les bas que peut vivre une entreprise. Mais mon père en est un bon exemple. Quand il rachète Photoservice en 2006, à la barre du tribunal après qu'elle ait fait faillite et que l'actionnaire d'avant donc Photoservice c'est une entreprise qu'il a créée il la rachète à un moment où elle est à la barre du tribunal et parce qu'il connait la qualité des talents c'était une entreprise dans le retail et de la qualité des emplacements il remobilise toute l'entreprise et il transforme le business model il passe de vendre des photos à vendre de la téléphonie mobile et donc opérer Cette transformation, il a sauvé l'entreprise. Il l'a fait parce qu'il connaissait la qualité des talents. Et ça, ça vient, la qualité des talents de l'entreprise venait de son management bienveillant. Et donc je pense que plus le monde est compétitif, plus il faut avoir des talents. Et la bienveillance est un moyen d'intérer, je pense, les meilleurs talents. Qui a envie de travailler dans une entreprise où on est maltraité ? Et de plus en plus de gens, moi je rêve que de plus en plus de gens votent avec leurs pieds. Pas uniquement...... pour pouvoir mieux recruter chez Châteauforme, mais parce que je pense que la société serait mieux si les entreprises jouaient un rôle plus social et si les entreprises qui traitaient mal leurs collaborateurs étaient en défaut de collaborateurs. Malheureusement, ce n'est pas encore assez le cas. Et donc, je me réjouis de voir cette tendance où les gens quittent les entreprises qui les traitent mal. Et donc, je pense que la bienveillance est une manière de se démarquer et d'augmenter sa valeur, surtout dans un marché compétitif.

  • Speaker #0

    Et alors pour approfondir ton propos, comment justement cette bienveillance et cette approche humaniste influencent-elles globalement le bien-être et la productivité des employés ? Parce qu'effectivement, on ne l'a pas encore soulevé, mais c'est aussi un sujet, cette productivité. Est-ce qu'une bienveillance viendrait, comme tu disais tout à l'heure, peut-être biaiser parce que complaisance ? Voilà, comment on reste dans l'efficacité ?

  • Speaker #1

    Je ne pense pas. Beaucoup de gens pensent que Châteauforme est devenu bienveillant parce qu'on a été une réussite économique. Or, c'est précisément l'inverse qui s'est passé. On a eu de la performance économique depuis 30 ans qu'on existe parce qu'on est bienveillant et parce qu'on a mis en place un management qui prône l'autonomie des talents. On a cette phrase où on dit, qui est notre credo, nous avons tous les droits pour satisfaire nos participants, quel qu'en soit le coût et sans demander la permission à quiconque. C'est un vrai credo d'empowerment. C'est un vrai credo d'empowerment. Et au-delà de la satisfaction qu'on peut prendre sur le terrain en étant libre de ses actions, Ça fait une vraie différence auprès des clients. Une vraie différence auprès des clients parce que les clients, quand ils ont un problème sur le terrain, tout le monde ne déteste rien de plus que cette phrase I have to ask my manager Non, prends la décision, agis. Et l'empowerment dans l'entreprise est une manière de différencier son entreprise. Et pour moi, le management bienveillant, au-delà du recrutement, vient permettre un cadre où l'échec est possible. Et je pense que ça, c'est une vraie source de performance. C'est-à-dire, il ne faut pas répéter les échecs deux fois. Mais si on a une culture de cacher les échecs, ça peut mettre en péril l'entreprise, de cacher les situations à risque. Donc je préfère avoir une culture bienveillante où on risque de se faire taper dessus si on a caché les choses. Mais si on a été transparent en disant, j'ai fait une énorme boulette, voilà ce qui s'est passé, voilà combien on a perdu, il faut que je... et d'en faire un cas. de le diffuser à l'intérieur de l'entreprise pour que les autres comprennent qu'est-ce qui s'est passé, comment on a réagi et qu'il y ait une culture de la transparence et de l'apprentissage collectif autour de nos échecs. Je suis sûr que ça rendra les entreprises plus résilientes et que ça sera source de performances économiques.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu aurais un ou deux exemples très concrets à nous partager quand tu as pu observer que cette bienveillance avait amélioré la collaboration ou peut-être résolu des conflits ? peut-être qu'on imagine difficile à résoudre, très concrètement ?

  • Speaker #1

    Chez Châteauforme, j'en ai plein. Mais je veux vous en citer deux qui viennent de l'extérieur. Le premier, c'est l'histoire d'Hubert Joly, qui a écrit un livre extraordinaire qui s'appelle Leading from the Heart. Et c'est le Français qui a le mieux réussi dans le retail aux Etats-Unis, puisqu'il est devenu patron de Best Buy à un moment où Best Buy allait très mal. Et ils étaient en compétition féroce face à la montée d'Amazon au milieu des années 2000. Et le livre fait état de comment en... recentrant l'entreprise sur le bien-être des talents et que là comme la vérité sur le terrain en libérant les énergies des patrons magasins en passant du temps avec les équipes en assistant pour que tout le monde du siège aille en magasin comprendre la réalité du business ils ont fait évoluer leur business model ils ont remis des rapports apaisés eux qui étaient dans la tension syndicale et il a réussi à sauver la boîte et à faire le retournement de cette boîte avec le coeur pas avec la tête et ça peut être les 50 cm les plus longs à parcourir. Donc ça c'est l'exemple de Best Buy. Dans les autres exemples qui me viennent en tête, et pour moi c'est une forme de bienveillance même si c'est une entreprise qui peut être critiquée sous d'autres égards, mais j'ai entendu dire que chez Amazon, lorsqu'un talent venait avec une initiative, il fallait que son N plus 1, s'il veut mettre fin au projet, il écrive un mémo de deux pages motivant. Pourquoi ? on ne va pas poursuivre cette idée, et qu'il le publie sur un registre qui est public dans l'entreprise. Pour moi, c'est une forme de considération pour les idées qui est bienveillante. C'est-à-dire que tout le monde doit apporter son idée et c'est la responsabilité du manager de motiver pourquoi est-ce qu'on ne fait pas ce projet. Et donc ça, c'est des formes de bienveillance et de libération de l'énergie qui amènent à des performances économiques incroyables. Et le Amazon Web Services, le AWS qui est aujourd'hui la filiale dont le patron est d'ailleurs devenu le successeur de Jeff Bezos et qui porte tout le développement économique d'Amazon. Son projet est né, il a eu cette idée parce qu'il a construit Amazon Web Services pour servir les différentes BU d'Amazon. Et quand il avait fini ce projet, il a fait cette note en disant Je veux absolument ouvrir ça à nos concurrents et à tout le marché. Et personne chez Amazon a été capable de motiver en deux pages véritablement pourquoi on ne devrait pas le faire. Et aujourd'hui, ce principe de bienveillance vis-à-vis des idées lui a permis de le mettre en place. Et aujourd'hui, c'est la filiale la plus rentable du groupe Amazon. Et donc, c'est une vraie source de performance économique de créer un climat qui favorise le développement des talents et des idées.

  • Speaker #0

    En fait, c'est ça que j'entends dans bienveillance, c'est qu'il y a une énorme prise de recul. On pourrait penser que la bienveillance, c'est un sourire, comme je disais en introduction, une main tendue. Mais en fait, c'est une bienveillance par rapport à... à la globalité de l'être humain avec, comme tu disais, ces idées, ces forces qu'on n'a pas forcément en tant que leader et qu'on va accueillir différemment. C'est vraiment très, très large.

  • Speaker #1

    Dans mon rôle de leader, je lutte souvent contre la notion que le client est un être un peu mystérieux, un espèce d'alien, ou que le patron, ou que les collaborateurs... Il y a une vraie notion philosophique d'incarner l'autre. et de se dire, ok, si je me mets à la place du talent, si je me mets à la place du client, qu'est-ce que je veux ? Est-ce que ça fait du sens pour moi ? Et dans mon rôle de leader, souvent, j'ai que à faire ce miroir pour débloquer certaines situations où on peut être dogmatique. Ah non, non, il abuse le client, c'est pas ça qu'on doit lui faire. Et en fait, on dit, mais attends, mets-toi à sa place, vraiment, mets-toi à sa place. T'es arrivé, voilà ce qui s'est passé, voilà ce que t'as entendu. Sa perception, elle peut pas être bonne. Et effectivement, en fait, comme ça, on trouve des solutions. Et pour moi... Il y a quelque chose dans la bienveillance qui est véritablement se mettre à la place de l'autre. Et ça ne veut au contraire pas dire de baratin et pas de choses gimmicks sur la main tendue, le sourire. Effectivement, c'est des choses qu'on peut dire assez classiques de ça. Mais il y a un truc de vraiment se mettre à la place de l'autre, se mettre à la place de l'autre.

  • Speaker #0

    C'est ce que j'allais te demander par rapport au client. Comment, j'allais dire concrètement, tous les jours, en fonction des différentes interactions, cette philosophie... Traduit-elle dans la relation client justement ?

  • Speaker #1

    Chez Châteauforme, on croit à la roue du bonheur. La roue du bonheur, c'est que la responsabilité de l'entreprise, elle est vis-à-vis de ses talents. Et c'est des talents heureux qui feront des clients heureux, dans cet ordre-là. Donc on ne dit pas qu'on est customer-centric, pourtant on est particulièrement reconnu sur notre qualité de service. Mais parce que si nos talents sont heureux de faire leur job, S'ils aiment leur métier, s'ils se trouvent ça épanouissant, évidemment ils vont bien le faire. Et si le travail c'est de l'amour en action, en fait faire en sorte qu'ils se sentent confortables dans leur travail, qu'ils puissent exprimer leur amour, peu importe le niveau de prestation et encore. J'insiste parce que quand je dis ça, souvent on me dit ah oui, mais c'est premium, c'est luxe Pas du tout ! On peut être un hard discounter et faire son travail avec amour. Mais comprendre que le produit, il a une essence et qu'en fait, on va enlever toute la fioriture autour pour donner le maximum de valeur au client, c'est faire son travail avec amour. Les gens qui ont conçu Lidl ou Aldi pour faire des boîtes qui marchent comme ça, des aventures humaines qui performent comme ça, il faut faire son travail avec amour. Et donc, en permettant aux talents de faire leur travail avec amour, Je pense qu'on met en place les conditions d'une relation client qui va dans la compréhension, qui va vers l'autre et qui n'est pas dans la transaction et plutôt dans la relation. Ce que je veux dire par là, c'est qu'on fait le pari d'une relation longue avec le client. Et pour moi, c'est le pari de Châteauforme qui a été gagnant. C'est que oui, on a libéré nos conseillers séminaires pour pouvoir offrir plein de choses ou nos couples d'hôtes. Si ça s'est mal passé, vous savez quoi ? Soyez généreux. Offrez-leur la prestation parce qu'il faut savoir donner d'abord pour recevoir ensuite. Je suis persuadé de ça. Et donc quand on offre à un client, quand on donne à un client, évidemment il faut une forme de mesure mais je n'ai pas besoin de dicter par un process quelle est cette mesure. Si les gens aiment l'entreprise, ils vont le faire mieux que moi. Et s'ils jugent sur le moment qu'il fallait tout offrir, je suis derrière eux. Et la performance économique de Châteauforme vient de cette capacité, de cette liberté totale qu'ont les acteurs. de l'entreprise face au client, de se mettre à leur place et de créer les conditions qui fait que ce client nous aime et reviendra.

  • Speaker #0

    Je te remercie et justement si on élargit un peu encore la réflexion, est-ce que la bienveillance en entreprise peut contribuer à un changement vers plus d'humanité, de la société et de durabilité dans le monde des affaires ?

  • Speaker #1

    En fait, j'aimerais repositionner ta question. Je crois que l'entreprise a un rôle social et politique et que donc nécessairement, c'est ce que je te disais en introduction, Si on croit à ça, il faut que l'entreprise incarne de manière plus forte les changements qu'on aimerait voir dans la société. Et donc, la bienveillance que j'aimerais voir augmenter dans la société, moi qui ne vis pas à Paris et qui viens à Paris pour le travail, je trouve parfois cette ville abrasive. Notamment, je trouve que c'est un effort particulier d'arriver au travail de bonne humeur. Parce que, surtout en ce moment, c'est les Jeux Olympiques. Il y a une abrasion dans les contacts que tu vas avoir, dans le manque de courtoisie ambiant avant d'arriver au travail, qui fait que quand tu retrouves ton équipe ou des gens que tu connais et que tu aimes, il faut souffler un peu, se donner un sas de décompression et revenir à un rapport humain apaisé. Et je regrette ça. Et je pense que la société n'est pas condamnée à ça. Mais que, notamment, l'entreprise doit porter un message social et politique. De courtoisie, de bienveillance, d'élégance dans les rapports, ça peut être source de performance économique. Et si toutes les entreprises mettaient un accent un peu plus prononcé sur ce sujet-là, je suis sûr que la société serait plus apaisée.

  • Speaker #0

    Et justement, c'est très bien parce que tu faisais le parallèle avec la rue, j'allais dire, entre guillemets. Comment on maintient cette culture de la bienveillance face aux crises économiques et aux pressions du marché ? On a quand même tous vécu le Covid. Il n'y a pas longtemps, quels que soient les univers, tout le monde a été plus ou moins chamboulé. Comment on maintient quand même cette bienveillance quand, j'allais dire, l'enjeu est vital encore une fois pour certaines entreprises ?

  • Speaker #1

    C'est une bonne question. L'exemple que je peux te raconter, c'est celui de Châteauforme. On s'est retrouvé dans une situation où notre métier qui est de vente de la réunion en physique à des entreprises, peu importe nos expériences ou nos pays, Il y a un virus qui est arrivé et des mesures sanitaires qui sont venues ensuite qui ont littéralement été notre kryptonite. On n'a pas eu une réduction du chiffre d'affaires, on a eu un arrêt total du chiffre d'affaires pendant 17 mois. Dans une boîte où on n'a que des frais fixes. Les salaires principalement, 40% de nos chiffres d'affaires, ce sont les salaires, et redistribués en salaires, et des loyers. On a été dans une forme d'incertitude totale, puisqu'on ne savait même pas quand est-ce qu'on allait réouvrir. Et c'est là où les valeurs sont à bout sol. On prône que l'entreprise est une famille, c'est comme ça qu'on vit cette aventure humaine. Et à juste titre, ils étaient dans leur droit de nous poser la question, mais nos partenaires financiers et nos actionnaires nous ont posé la question de est-ce qu'ils ne seraient pas plus intelligents pour permettre à l'entreprise de durer plus longtemps ? d'accepter de se séparer de la moitié des talents et de fermer la moitié des maisons. Tout ça afin que la trésorerie comme on avait plus de chiffre d'affaires, la trésorerie qu'on avait en caisse puisse durer plus longtemps. Comme on a vraiment cette philosophie, on s'est dit comment faire ce choix de quelle moitié de l'entreprise on se coupe et pas de simplement considérer les collaborateurs, mais de penser à Jean-Jacques, de penser à Antoine, de penser à Thomas et de se dire comment... Et donc comme... Je connais les humains qui sont derrière ces choix. Et avec nos valeurs, on a rapidement fait le choix. C'était assez clair pour nous que ce n'était pas un choix qu'on avait envie de faire. Et donc, à ce moment-là du Covid, on a expliqué à nos partenaires financiers et à nos actionnaires, non, on ne va pas faire ce choix. On va expliquer à tout le monde, dans la transparence, qu'on a une période très difficile et qu'on fait le choix à date, c'est tout le monde ou c'est personne. Parce que, ne sachant pas où on allait, on n'était pas sûr. de la gravité de la situation. Mais on a aussi été transparent en disant on maintiendra ça aussi longtemps qu'on puisse le faire. Il n'est pas impossible qu'à un moment, on arrive à faire des choix terribles. Mais pour l'instant, on a assez de trésorerie pour ne pas avoir à faire ces choix. Ensuite, on est allé plus loin. Il y a les équipes châteauformes et je remercie le modèle de l'État social européen qui a pris en charge une grande partie des salaires. En France, c'était 84%. On a décidé de compléter les 16% sur la trésorerie de la boîte. Et donc, certains de nos partenaires nous ont traités de fous en disant, vous prenez des risques, vous ne savez pas quelle situation on est. En plus, Zoom est en train de croître à une vitesse incroyable. On ne sait pas si demain on fera du séminaire. Peut-être que tout va être remplacé. Vous prenez des risques inconsidérés. Et donc, on a été challengé véritablement dans le fond de, est-ce que vous avez un business model demain ? Et nous, dans cette réflexion de famille, on ne se sépare pas d'un frère dans une incertitude. Il faut qu'on soit certain de la mort imminente pour prendre ce genre de décision. Et comme on n'y était pas, on a refusé. Il se trouve qu'on n'a pas eu à faire ce choix, puisqu'on a trouvé des solutions et on a pu garder tout le monde. Et en 2022, ce qui nous a sauvés, c'est que les concurrents... hôteliers ou sur le marché du maïs qui ont fait ce choix de réduire leur périmètre, ils ont gardé la même taille de dette qu'avant, mais avec un périmètre réduit en 2022 quand tout est reparti, ils n'ont pas pu profiter de la remontée du business, de la grande remontada de cette année de rattrapage extraordinaire où tout le monde voulait faire des événements. Et nous, le fait d'avoir complété les salaires et voulu garder tout le monde, on avait la totalité du parc à disposition et toutes les maisons étaient... et qui avaient tous les talents nécessaires pour accueillir. Et donc, on a accueilli tellement de gens en 2022. On a fait une année qui a battu tous les records. Et ça, ça a été un juste retour par rapport au risque qu'on a pris. J'étais très fier de pouvoir le démontrer. Mais ça m'a souligné que la différence entre un fou et un génie, c'est le succès. Sur la même décision, on n'a pas changé de fil. Au milieu du Covid, on nous a traités de fous. Et sans changer d'avis, post-Covid, après la remontée de 2022, on nous a dit Ah, vous êtes trop forts, vous êtes des génies Mais nous, on n'a jamais changé d'attitude et c'est nos valeurs et cette vision de l'entreprise comme une grande famille, comme une aventure humaine qui nous a guidés comme boussole à travers le Covid. Et donc, même face à des choix financiers difficiles, on peut être guidé par d'autres valeurs et en avoir un retour.

  • Speaker #0

    Exactement. Et justement, tu parlais de vision. Est-ce que tu pourrais nous donner la tienne pour l'avenir des entreprises aussi qui souhaiteraient intégrer davantage de bienveillance dans leurs pratiques, bienveillance telle qu'on vient de le définir de manière assez large en fait ? Comment on fait évoluer les entreprises aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Pour tous les leaders qui nous entendent, il faut aimer ses collaborateurs. Je parle dans vos mots, aimer vos collaborateurs. mettez-vous à leur place et quand vous prenez une décision pour quelqu'un, imaginez que c'est votre neveu, votre nièce, votre frère, votre cousin, et si vous entendiez cette décision de l'extérieur, est-ce que vous seriez en accord avec ce qui a été fait ? Rien que ça. Aimez vos collaborateurs. Et après, tout le reste se mettra en place. Mais il y a plein d'histoires, il y a plein d'ouvrages qui ont été écrits sur l'entreprise humaniste, l'entreprise libérée, qui démontrent la pertinence économique de ces modèles. Je suis sûr. Que votre entreprise ne se portera que mieux si vous aimez vos collaborateurs.

  • Speaker #0

    Aimer vos collaborateurs, d'accord, mais si au bout de cet entretien, je suis quand même encore un peu sceptique, comment tu pourrais exprimer que la bienveillance a quand même sa place dans un environnement compétitif ?

  • Speaker #1

    La vraie question, c'est la question de l'épitaphe. Qu'est-ce qu'on a envie de laisser ? Moi, au quotidien, je n'ai pas envie de vivre une guerre avec mon équipe proche. J'ai envie d'être dans la confiance, j'ai envie d'être dans la bienveillance et c'est ça qui me nourrit et qui fait que je prends plaisir à affronter tous les challenges. La période du Covid a été une période de forte intensité, de très forte compétition, si tu veux, pour notre survie et j'ai été ravi de me battre pour la survie de l'entreprise. avec une équipe que je savais motivée dans la confiance, parce que face à toute l'incertitude qu'on avait et le fait qu'on ne pouvait pas se voir, pour faire que notre entreprise survive à distance, il fallait qu'il y ait ce noyau de cohésion et qu'on fasse vraiment équipe. Et ça, la bienveillance qu'on a mise dans le système nous a bien été rendus en confiance à ce moment-là, parce que quand je disais à des talents je n'ai pas de réponse, je n'ai pas de réponse à vos questions on était quand même dans un rapport de confiance. Et ça, je pense que ça vient de la bienveillance et que les entreprises qui ont souffert du big quit post-Covid, c'est notamment parce qu'ils avaient perdu ce rapport de confiance parce qu'un manque de ce que j'appelle bienveillance avec un grand B.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Et est-ce que tu pourrais nous partager une expérience personnelle marquante où justement la bienveillance a joué un rôle crucial dans ta carrière ?

  • Speaker #1

    Lorsque j'ai réalisé que le restaurant que j'avais ouvert avec un copain à Genève... était structurellement pas assez rentable pour honorer le loyer qu'on devait payer. Et que j'avais signé un bail dix ans avec caution personnelle, j'ai fait face à une situation économique compliquée. Et je suis allé voir le propriétaire du restaurant et on a joué carte sur table. Ça n'a pas été des conversations simples. Mais on a joué carte sur table. Et je me suis adapté. Il m'a dit, tu ne devrais plus se faire comme ça. Je lui ai montré que ma situation ne marchait pas. J'ai pris ses conseils, j'ai essayé. Un mois plus tard, c'était pire. Je suis revenu le voir. Et à travers cet échange, il a compris que j'étais dans une situation d'échec dont je n'arrivais pas à me sortir. Et au lieu de me faire commencer ma vie professionnelle par une faillite personnelle, ce qu'il aurait pu faire s'il était passé en force sur le bail, il m'a dit, je te libère. de ton obligation légale de me payer 10 ans de loyer. Par contre, je te demande de, et donc un certain nombre de critères, et notamment de lui payer 6 mois de loyer. Mais sa bienveillance m'a évité une situation financière désastreuse, j'aurais été en faillite personnelle, mais aussi une situation psychique, où je me suis toujours rêvé entrepreneur, et où... Commencer sur une aventure qui aurait mené à ma faillite personnelle aurait été probablement très difficile pour moi de m'en sortir. Et face à cette situation où il a vu que j'avais essayé, il a fait preuve de bienveillance pour le petit jeune que j'étais et il a accepté de me libérer contre six mois de loyer d'avance que j'ai continué à travailler ailleurs pour pouvoir lui payer et honorer. Et donc cette bienveillance-là m'a permis de rebondir beaucoup plus vite. que s'il avait décidé en son bon droit de m'écraser.

  • Speaker #0

    Effectivement, ça permet de redémarrer plus sereinement vers un autre avenir. Je suis vraiment ravie de cet échange éminemment inspirant. Pour terminer, j'aimerais te poser la question que je pose à tous mes invités. On sait que la raison d'être de Châteauforme est de réenchanter le monde de l'entreprise et de faire naître des rencontres aussi de manière professionnelle et personnelle. Quelles rencontres pourrait-on te souhaiter de faire dans les semaines ou dans les mois qui viennent ?

  • Speaker #1

    Est-ce que tu veux un nom ou un type de rencontre ?

  • Speaker #0

    Ce qui t'inspire le plus.

  • Speaker #1

    Comme je suis fan du Berjoli, je vous en ai parlé, j'adorerais le rencontrer, pour échanger sur ça. Qu'est-ce que ça a changé pour lui d'écrire ce livre et de témoigner aussi fortement, et de mettre en place un exemple aussi brillant de ce que peut faire un changement de culture d'entreprise pour une culture plus humaniste. Et puis sinon un type de rencontre, j'adore rencontrer les belles histoires des talents châteauforme, ce sont elles qui me nourrissent et qui me donnent la force d'affronter les difficultés de l'entreprise parce que ma vraie motivation c'est ça, c'est construire une entreprise qui soit une aventure humaine et où des talents peuvent se révéler.

  • Speaker #0

    Notre interview touche à sa fin. J'en retiens que loin d'être antinomiques, performances et bienveillance sont plus que complémentaires dans le monde de l'entreprise et peuvent réellement participer à un monde des affaires plus durable. Donc, je te remercie, Benjamin, pour cette énorme dose d'inspiration.

  • Speaker #1

    Merci, Céline. Merci à toi.

  • Speaker #0

    Et je vous invite tous et toutes à retrouver d'autres podcasts sur notre plateforme. C'était Au fil des rencontres, un podcast Château Forme.

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Description

Dans cet épisode, Céline Gosselin vous invite à une réflexion profonde sur l’équilibre entre bienveillance et performance, deux concepts souvent perçus comme opposés dans le monde des affaires.
Avec son invité, Benjamin Abittan, Directeur Général de Châteauform’, ce podcast explore une approche humaine du leadership et du management, fondée sur le concept de "bienformance". Ce terme, contraction de bienveillance et de performance, incarne l’idée que l’humain et les résultats ne sont pas antinomiques, mais qu’ils peuvent coexister et même se renforcer mutuellement.

Peut-on être à la fois un leader exigeant et bienveillant ?
Quels bénéfices la bienveillance peut-elle apporter à l’efficacité des équipes et à la performance globale de l’entreprise ?
Benjamin Abittan partage avec nous son expérience et ses convictions sur la manière dont cette approche peut non seulement améliorer les relations humaines, mais aussi générer des résultats durables et significatifs.

🎧 Écoutez cet épisode inspirant et découvrez comment bienveillance et performance peuvent véritablement se marier dans le monde de l'entreprise.

L'équipe Au fil des Rencontres :

Concept et voix off : Céline Gosselin

Son et post-production : Jake Maguire

Direction artistique : Jeanne Le Bras

Réseaux et Communication : Maëlle Froissart


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode. Aujourd'hui, nous allons nous aventurer sur un terrain souvent perçu comme antinomique. Celui où la rigueur et la performance conditionnées par le monde des affaires croisent la route de la bienveillance. Vous vous posez peut-être régulièrement les questions suivantes. La bienveillance a-t-elle réellement sa place dans les hautes sphères du business ? Est-ce qu'un sourire ou une main tendue peuvent vraiment coexister avec les exigences impitoyables du marché ? Et surtout, peut-on allier succès économique et humanité sans perdre en efficacité ? Dans un monde où les termes compétitivité et rentabilité semblent souvent opposés à empathie et générosité, cette question soulève des enjeux philosophiques profonds. Peut-on construire des entreprises florissantes tout en cultivant la bienveillance ? Celle-ci est-elle un atout sous-estimé ou au contraire un luxe que peu peuvent se permettre ? Préparez-vous à remettre en question certaines de vos convictions et à envisager le monde des affaires sous un angle nouveau et rafraîchissant. Aujourd'hui, avec un invité particulièrement singulier, Nous allons explorer comment des pratiques humaines et bienveillantes peuvent s'intégrer dans le tissu même de la stratégie d'entreprise tout en examinant les défis et les opportunités que cela comporte. Installez-vous confortablement et plongeons ensemble dans cette réflexion fascinante. Bienvenue dans Au fil des rencontres, un podcast Châteauforme. Bonjour, je suis Céline, talent Châteauforme, ayant pour responsabilité le rayonnement de cette entreprise. Autour de ce micro... J'ai le plaisir d'accueillir des invités qui, chacun à leur manière, apportent un éclairage nouveau et décryptent des perspectives souvent inédites. Aujourd'hui ne fait pas exception et c'est avec grand plaisir que je reçois Benjamin Habitant, directeur général du groupe Châteauforme et fils du cofondateur Daniel Habitant. Bonjour Benjamin, je suis ravie de t'accueillir.

  • Speaker #1

    Bonjour Céline, merci beaucoup, ça me fait plaisir d'être là avec toi aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Alors, Benjamin Châteauforme est reconnu pour son approche humaniste et bienveillante. Est-ce que tu peux nous donner un aperçu de cette philosophie ? et la façon dont elles s'intègrent dans la stratégie d'entreprise ?

  • Speaker #1

    C'est une vaste question. Déjà, je veux dire qu'entreprendre dans le monde d'aujourd'hui, c'est un acte politique, social. Et si on considère que l'entreprise est une grande aventure humaine, et c'est ça auquel j'ai été biberonné et que je défends, eh bien... Il faut faire en sorte que l'entreprise tangibilise et incarne les changements de société qu'on aurait envie de voir se passer dans nos sociétés plus largement. Et que la manière de faire progresser le monde, c'est en réalisant dans son microcosme les changements qu'on aurait envie de voir. Et j'ai envie de voir un monde, surtout par les temps qui courent, que ce soit politique, géopolitique ou... On sent que le système est tendu, on est en tension. Il y a la guerre aux portes de l'Europe, il y a une situation politique qui est tendue, avec des partis qui n'arrivent pas à trouver de zone commune. Et donc je pense que l'entreprise doit être le lieu du vivre ensemble, l'entreprise doit être le lieu de l'épanouissement des talents, et toutes les entreprises ont la possibilité de mettre en place des mesures. qui sont celles qu'elles aimeraient voir se réaliser dans notre société. Et donc pour moi, la bienveillance dans l'entreprise, la bienveillance est co-substantielle d'une entreprise moderne.

  • Speaker #0

    Alors je te remercie pour cette jolie introduction, et justement, pourquoi de manière générale, le monde de l'entreprise est-il si réticent à prononcer et à utiliser ce mot bienveillance ?

  • Speaker #1

    Déjà, je pense qu'il y a une partie, et on me le dit souvent, il y a une partie bisounours où on pense que c'est trop beau, que c'est trop joli et que c'est un terme qui a été galvaudé par sa surutilisation et on sort d'une phase qui a duré quelques décennies où le but de l'entreprise était uniquement la maximisation du profit Et aujourd'hui, je suis ravi de voir qu'avec les sociétés à mission, on a un cadre légal où on peut inscrire un autre but que la génération de profit, puisque le profit, qui est certes nécessaire, reste un moyen, un moyen d'atteindre autre chose. Et le but de la vie, ce n'est pas le profit. Personne n'a envie d'avoir écrit sur son épitaphe il a gagné beaucoup d'argent Ni même ceux qui sont devenus les hommes les plus riches du monde, ou les femmes les plus riches du monde, ni... Le citoyen qui fait son travail au quotidien, ce n'est pas enthousiasmant de se dire que sa vie va être réduite à il a généré beaucoup d'argent On a tous envie de dire c'était quelqu'un de bien, il a fait beaucoup de bien autour de soi, il a apporté quelque chose au monde, il a apporté sa pierre à l'édifice Et donc, ça, ça veut bien dire pour moi, c'est le bon exemple qui dit que le profit doit être un moyen au service de quelque chose. Au service de quoi ? Le but de la vie, c'est l'amitié, l'amour, la beauté. et on se sent infiniment plus riche quand on donne que quand on reçoit. Donc oui, le profit est nécessaire dans l'entreprise, c'est ça qui fait que l'aventure perdure, mais il doit rester un moyen. Or, beaucoup d'entreprises l'ont considéré comme une fin en soi, et je pense que ça a contribué à faire que la bienveillance rimait avec complaisance. Et je m'inscris en faux là-dessus. Dans une entreprise, l'exigence... Sans la bienveillance, c'est de la maltraitance, on l'a vu trop souvent. La bienveillance sans l'exigence, c'est de la complaisance, et l'entreprise ne peut pas durer. J'en ai fait l'expérience en tant qu'entrepreneur, j'avais plein de rêves, mais je n'avais pas un vrai business model quand j'ai ouvert mon restaurant, et j'ai fait faillite. Et les gens que j'avais embarqués dans cette aventure ont souffert de cette faillite, et donc quand on entreprend, on a une responsabilité de faire que l'aventure dure, et donc il faut que la bienveillance soit accompagnée d'exigences. Et quand on est et bienveillant et exigeant, pour moi, c'est ce qu'on appelle la bienformance. C'est ce juste milieu entre la performance, mais au service d'un but plus noble, plus grand.

  • Speaker #0

    Je te remercie, Benjamin. Pour bien comprendre ton propos, est-ce que selon toi, la bienveillance en entreprise est une vertu intrinsèque ou pour le coup, une stratégie adoptée par nécessité ?

  • Speaker #1

    C'est une vertu. Ça doit être une vertu intrinsèque de l'entreprise d'aujourd'hui et de demain. On ne peut pas laisser la responsabilité aux États de faire avenir la société qu'on veut. On doit, en tant qu'entrepreneur, la matérialiser à l'intérieur de notre communauté. Et donc pour moi, c'est une vertu intrinsèque de l'entreprise.

  • Speaker #0

    D'accord. Alors ça me permet, j'allais dire, d'aller plus concrètement et peut-être sur un côté plus terrain. Est-ce que tu penses que la bienveillance est une qualité essentielle chez un leader ? Et si oui... Comment influence-t-elle son style de management d'ailleurs ? Est-ce que toi, d'un point de vue plus personnel, tu pourrais commencer par nous faire la différence entre bienveillance et gentillesse ? Puisque je ne sais pas si pour tous nos auditeurs, la différence existe et si elle existe, quelle serait-elle selon toi ?

  • Speaker #1

    Si je te le prends du point de vue du leader, la gentillesse déjà, dans ses rapports avec les autres, c'est un trait de l'intelligence et ce n'est pas une faiblesse. bien au contraire. Mais la bienveillance souvent est confondue avec la complaisance, c'est ce que je disais tout à l'heure, c'est-à-dire quand quelqu'un est malheureux dans son travail et souffre, quand un talent chez Châteauforme souffre de son travail mais ne s'en rend pas compte et donc il est malheureux au travail et donc ça amène un certain nombre de difficultés. C'est pas être malveillant que de lui dire tu n'es pas heureux, ça suffit il faut que tu changes de job à l'intérieur de l'entreprise ou même quitter l'entreprise. Je considère que c'est de la bienveillance. C'est des conversations difficiles à avoir, mais le rôle dans la bienveillance, c'est de servir l'autre aussi dans ce dont il a besoin. Et donc, c'est très loin de la complaisance. On peut avoir toutes les conversations difficiles, et si, en fait, dans un système ou dans une relation, les deux parties sont empreintes de gentillesse ou de bienveillance, je pense que c'est la meilleure manière de trouver la solution optimale, pour les talents comme pour l'entreprise. Et en fait, la bienformance, c'est l'alignement. de l'intérêt du talent, l'intérêt individuel, avec l'intérêt de l'entreprise. Et si c'est désaligné, on n'est pas obligé de l'exprimer avec une forme désagréable. C'est ça la bienveillance. C'est aussi le savoir-faire et de savoir trouver les mots pour faire réaliser que si on n'est pas aligné, il faut qu'on se sépare et c'est ok.

  • Speaker #0

    Mais alors si on va plus loin, puisque c'est aussi une réalité pour beaucoup, comment on peut continuer d'être, ou en tout cas être un leader ? efficace et bienveillant, mais parfois dans un environnement extrêmement compétitif, c'est-à-dire que vraiment si on se met au niveau du leader qui lui-même pour le coup pourrait avoir cette appétence pour la bienveillance et ce qui ne serait pas en décalage par exemple avec une hiérarchie qui le serait moins comment on se positionne ? parce que le monde fait beaucoup de compétitions. Quelle place peut trouver un leader ?

  • Speaker #1

    La première compétition pour moi d'une entreprise, c'est la compétition sur les talents. Si on considère qu'une entreprise est une aventure humaine, plus elle va avoir des talents de qualité, plus elle va être capable de performer. Et avec les hauts et les bas que peut vivre une entreprise. Mais mon père en est un bon exemple. Quand il rachète Photoservice en 2006, à la barre du tribunal après qu'elle ait fait faillite et que l'actionnaire d'avant donc Photoservice c'est une entreprise qu'il a créée il la rachète à un moment où elle est à la barre du tribunal et parce qu'il connait la qualité des talents c'était une entreprise dans le retail et de la qualité des emplacements il remobilise toute l'entreprise et il transforme le business model il passe de vendre des photos à vendre de la téléphonie mobile et donc opérer Cette transformation, il a sauvé l'entreprise. Il l'a fait parce qu'il connaissait la qualité des talents. Et ça, ça vient, la qualité des talents de l'entreprise venait de son management bienveillant. Et donc je pense que plus le monde est compétitif, plus il faut avoir des talents. Et la bienveillance est un moyen d'intérer, je pense, les meilleurs talents. Qui a envie de travailler dans une entreprise où on est maltraité ? Et de plus en plus de gens, moi je rêve que de plus en plus de gens votent avec leurs pieds. Pas uniquement...... pour pouvoir mieux recruter chez Châteauforme, mais parce que je pense que la société serait mieux si les entreprises jouaient un rôle plus social et si les entreprises qui traitaient mal leurs collaborateurs étaient en défaut de collaborateurs. Malheureusement, ce n'est pas encore assez le cas. Et donc, je me réjouis de voir cette tendance où les gens quittent les entreprises qui les traitent mal. Et donc, je pense que la bienveillance est une manière de se démarquer et d'augmenter sa valeur, surtout dans un marché compétitif.

  • Speaker #0

    Et alors pour approfondir ton propos, comment justement cette bienveillance et cette approche humaniste influencent-elles globalement le bien-être et la productivité des employés ? Parce qu'effectivement, on ne l'a pas encore soulevé, mais c'est aussi un sujet, cette productivité. Est-ce qu'une bienveillance viendrait, comme tu disais tout à l'heure, peut-être biaiser parce que complaisance ? Voilà, comment on reste dans l'efficacité ?

  • Speaker #1

    Je ne pense pas. Beaucoup de gens pensent que Châteauforme est devenu bienveillant parce qu'on a été une réussite économique. Or, c'est précisément l'inverse qui s'est passé. On a eu de la performance économique depuis 30 ans qu'on existe parce qu'on est bienveillant et parce qu'on a mis en place un management qui prône l'autonomie des talents. On a cette phrase où on dit, qui est notre credo, nous avons tous les droits pour satisfaire nos participants, quel qu'en soit le coût et sans demander la permission à quiconque. C'est un vrai credo d'empowerment. C'est un vrai credo d'empowerment. Et au-delà de la satisfaction qu'on peut prendre sur le terrain en étant libre de ses actions, Ça fait une vraie différence auprès des clients. Une vraie différence auprès des clients parce que les clients, quand ils ont un problème sur le terrain, tout le monde ne déteste rien de plus que cette phrase I have to ask my manager Non, prends la décision, agis. Et l'empowerment dans l'entreprise est une manière de différencier son entreprise. Et pour moi, le management bienveillant, au-delà du recrutement, vient permettre un cadre où l'échec est possible. Et je pense que ça, c'est une vraie source de performance. C'est-à-dire, il ne faut pas répéter les échecs deux fois. Mais si on a une culture de cacher les échecs, ça peut mettre en péril l'entreprise, de cacher les situations à risque. Donc je préfère avoir une culture bienveillante où on risque de se faire taper dessus si on a caché les choses. Mais si on a été transparent en disant, j'ai fait une énorme boulette, voilà ce qui s'est passé, voilà combien on a perdu, il faut que je... et d'en faire un cas. de le diffuser à l'intérieur de l'entreprise pour que les autres comprennent qu'est-ce qui s'est passé, comment on a réagi et qu'il y ait une culture de la transparence et de l'apprentissage collectif autour de nos échecs. Je suis sûr que ça rendra les entreprises plus résilientes et que ça sera source de performances économiques.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu aurais un ou deux exemples très concrets à nous partager quand tu as pu observer que cette bienveillance avait amélioré la collaboration ou peut-être résolu des conflits ? peut-être qu'on imagine difficile à résoudre, très concrètement ?

  • Speaker #1

    Chez Châteauforme, j'en ai plein. Mais je veux vous en citer deux qui viennent de l'extérieur. Le premier, c'est l'histoire d'Hubert Joly, qui a écrit un livre extraordinaire qui s'appelle Leading from the Heart. Et c'est le Français qui a le mieux réussi dans le retail aux Etats-Unis, puisqu'il est devenu patron de Best Buy à un moment où Best Buy allait très mal. Et ils étaient en compétition féroce face à la montée d'Amazon au milieu des années 2000. Et le livre fait état de comment en... recentrant l'entreprise sur le bien-être des talents et que là comme la vérité sur le terrain en libérant les énergies des patrons magasins en passant du temps avec les équipes en assistant pour que tout le monde du siège aille en magasin comprendre la réalité du business ils ont fait évoluer leur business model ils ont remis des rapports apaisés eux qui étaient dans la tension syndicale et il a réussi à sauver la boîte et à faire le retournement de cette boîte avec le coeur pas avec la tête et ça peut être les 50 cm les plus longs à parcourir. Donc ça c'est l'exemple de Best Buy. Dans les autres exemples qui me viennent en tête, et pour moi c'est une forme de bienveillance même si c'est une entreprise qui peut être critiquée sous d'autres égards, mais j'ai entendu dire que chez Amazon, lorsqu'un talent venait avec une initiative, il fallait que son N plus 1, s'il veut mettre fin au projet, il écrive un mémo de deux pages motivant. Pourquoi ? on ne va pas poursuivre cette idée, et qu'il le publie sur un registre qui est public dans l'entreprise. Pour moi, c'est une forme de considération pour les idées qui est bienveillante. C'est-à-dire que tout le monde doit apporter son idée et c'est la responsabilité du manager de motiver pourquoi est-ce qu'on ne fait pas ce projet. Et donc ça, c'est des formes de bienveillance et de libération de l'énergie qui amènent à des performances économiques incroyables. Et le Amazon Web Services, le AWS qui est aujourd'hui la filiale dont le patron est d'ailleurs devenu le successeur de Jeff Bezos et qui porte tout le développement économique d'Amazon. Son projet est né, il a eu cette idée parce qu'il a construit Amazon Web Services pour servir les différentes BU d'Amazon. Et quand il avait fini ce projet, il a fait cette note en disant Je veux absolument ouvrir ça à nos concurrents et à tout le marché. Et personne chez Amazon a été capable de motiver en deux pages véritablement pourquoi on ne devrait pas le faire. Et aujourd'hui, ce principe de bienveillance vis-à-vis des idées lui a permis de le mettre en place. Et aujourd'hui, c'est la filiale la plus rentable du groupe Amazon. Et donc, c'est une vraie source de performance économique de créer un climat qui favorise le développement des talents et des idées.

  • Speaker #0

    En fait, c'est ça que j'entends dans bienveillance, c'est qu'il y a une énorme prise de recul. On pourrait penser que la bienveillance, c'est un sourire, comme je disais en introduction, une main tendue. Mais en fait, c'est une bienveillance par rapport à... à la globalité de l'être humain avec, comme tu disais, ces idées, ces forces qu'on n'a pas forcément en tant que leader et qu'on va accueillir différemment. C'est vraiment très, très large.

  • Speaker #1

    Dans mon rôle de leader, je lutte souvent contre la notion que le client est un être un peu mystérieux, un espèce d'alien, ou que le patron, ou que les collaborateurs... Il y a une vraie notion philosophique d'incarner l'autre. et de se dire, ok, si je me mets à la place du talent, si je me mets à la place du client, qu'est-ce que je veux ? Est-ce que ça fait du sens pour moi ? Et dans mon rôle de leader, souvent, j'ai que à faire ce miroir pour débloquer certaines situations où on peut être dogmatique. Ah non, non, il abuse le client, c'est pas ça qu'on doit lui faire. Et en fait, on dit, mais attends, mets-toi à sa place, vraiment, mets-toi à sa place. T'es arrivé, voilà ce qui s'est passé, voilà ce que t'as entendu. Sa perception, elle peut pas être bonne. Et effectivement, en fait, comme ça, on trouve des solutions. Et pour moi... Il y a quelque chose dans la bienveillance qui est véritablement se mettre à la place de l'autre. Et ça ne veut au contraire pas dire de baratin et pas de choses gimmicks sur la main tendue, le sourire. Effectivement, c'est des choses qu'on peut dire assez classiques de ça. Mais il y a un truc de vraiment se mettre à la place de l'autre, se mettre à la place de l'autre.

  • Speaker #0

    C'est ce que j'allais te demander par rapport au client. Comment, j'allais dire concrètement, tous les jours, en fonction des différentes interactions, cette philosophie... Traduit-elle dans la relation client justement ?

  • Speaker #1

    Chez Châteauforme, on croit à la roue du bonheur. La roue du bonheur, c'est que la responsabilité de l'entreprise, elle est vis-à-vis de ses talents. Et c'est des talents heureux qui feront des clients heureux, dans cet ordre-là. Donc on ne dit pas qu'on est customer-centric, pourtant on est particulièrement reconnu sur notre qualité de service. Mais parce que si nos talents sont heureux de faire leur job, S'ils aiment leur métier, s'ils se trouvent ça épanouissant, évidemment ils vont bien le faire. Et si le travail c'est de l'amour en action, en fait faire en sorte qu'ils se sentent confortables dans leur travail, qu'ils puissent exprimer leur amour, peu importe le niveau de prestation et encore. J'insiste parce que quand je dis ça, souvent on me dit ah oui, mais c'est premium, c'est luxe Pas du tout ! On peut être un hard discounter et faire son travail avec amour. Mais comprendre que le produit, il a une essence et qu'en fait, on va enlever toute la fioriture autour pour donner le maximum de valeur au client, c'est faire son travail avec amour. Les gens qui ont conçu Lidl ou Aldi pour faire des boîtes qui marchent comme ça, des aventures humaines qui performent comme ça, il faut faire son travail avec amour. Et donc, en permettant aux talents de faire leur travail avec amour, Je pense qu'on met en place les conditions d'une relation client qui va dans la compréhension, qui va vers l'autre et qui n'est pas dans la transaction et plutôt dans la relation. Ce que je veux dire par là, c'est qu'on fait le pari d'une relation longue avec le client. Et pour moi, c'est le pari de Châteauforme qui a été gagnant. C'est que oui, on a libéré nos conseillers séminaires pour pouvoir offrir plein de choses ou nos couples d'hôtes. Si ça s'est mal passé, vous savez quoi ? Soyez généreux. Offrez-leur la prestation parce qu'il faut savoir donner d'abord pour recevoir ensuite. Je suis persuadé de ça. Et donc quand on offre à un client, quand on donne à un client, évidemment il faut une forme de mesure mais je n'ai pas besoin de dicter par un process quelle est cette mesure. Si les gens aiment l'entreprise, ils vont le faire mieux que moi. Et s'ils jugent sur le moment qu'il fallait tout offrir, je suis derrière eux. Et la performance économique de Châteauforme vient de cette capacité, de cette liberté totale qu'ont les acteurs. de l'entreprise face au client, de se mettre à leur place et de créer les conditions qui fait que ce client nous aime et reviendra.

  • Speaker #0

    Je te remercie et justement si on élargit un peu encore la réflexion, est-ce que la bienveillance en entreprise peut contribuer à un changement vers plus d'humanité, de la société et de durabilité dans le monde des affaires ?

  • Speaker #1

    En fait, j'aimerais repositionner ta question. Je crois que l'entreprise a un rôle social et politique et que donc nécessairement, c'est ce que je te disais en introduction, Si on croit à ça, il faut que l'entreprise incarne de manière plus forte les changements qu'on aimerait voir dans la société. Et donc, la bienveillance que j'aimerais voir augmenter dans la société, moi qui ne vis pas à Paris et qui viens à Paris pour le travail, je trouve parfois cette ville abrasive. Notamment, je trouve que c'est un effort particulier d'arriver au travail de bonne humeur. Parce que, surtout en ce moment, c'est les Jeux Olympiques. Il y a une abrasion dans les contacts que tu vas avoir, dans le manque de courtoisie ambiant avant d'arriver au travail, qui fait que quand tu retrouves ton équipe ou des gens que tu connais et que tu aimes, il faut souffler un peu, se donner un sas de décompression et revenir à un rapport humain apaisé. Et je regrette ça. Et je pense que la société n'est pas condamnée à ça. Mais que, notamment, l'entreprise doit porter un message social et politique. De courtoisie, de bienveillance, d'élégance dans les rapports, ça peut être source de performance économique. Et si toutes les entreprises mettaient un accent un peu plus prononcé sur ce sujet-là, je suis sûr que la société serait plus apaisée.

  • Speaker #0

    Et justement, c'est très bien parce que tu faisais le parallèle avec la rue, j'allais dire, entre guillemets. Comment on maintient cette culture de la bienveillance face aux crises économiques et aux pressions du marché ? On a quand même tous vécu le Covid. Il n'y a pas longtemps, quels que soient les univers, tout le monde a été plus ou moins chamboulé. Comment on maintient quand même cette bienveillance quand, j'allais dire, l'enjeu est vital encore une fois pour certaines entreprises ?

  • Speaker #1

    C'est une bonne question. L'exemple que je peux te raconter, c'est celui de Châteauforme. On s'est retrouvé dans une situation où notre métier qui est de vente de la réunion en physique à des entreprises, peu importe nos expériences ou nos pays, Il y a un virus qui est arrivé et des mesures sanitaires qui sont venues ensuite qui ont littéralement été notre kryptonite. On n'a pas eu une réduction du chiffre d'affaires, on a eu un arrêt total du chiffre d'affaires pendant 17 mois. Dans une boîte où on n'a que des frais fixes. Les salaires principalement, 40% de nos chiffres d'affaires, ce sont les salaires, et redistribués en salaires, et des loyers. On a été dans une forme d'incertitude totale, puisqu'on ne savait même pas quand est-ce qu'on allait réouvrir. Et c'est là où les valeurs sont à bout sol. On prône que l'entreprise est une famille, c'est comme ça qu'on vit cette aventure humaine. Et à juste titre, ils étaient dans leur droit de nous poser la question, mais nos partenaires financiers et nos actionnaires nous ont posé la question de est-ce qu'ils ne seraient pas plus intelligents pour permettre à l'entreprise de durer plus longtemps ? d'accepter de se séparer de la moitié des talents et de fermer la moitié des maisons. Tout ça afin que la trésorerie comme on avait plus de chiffre d'affaires, la trésorerie qu'on avait en caisse puisse durer plus longtemps. Comme on a vraiment cette philosophie, on s'est dit comment faire ce choix de quelle moitié de l'entreprise on se coupe et pas de simplement considérer les collaborateurs, mais de penser à Jean-Jacques, de penser à Antoine, de penser à Thomas et de se dire comment... Et donc comme... Je connais les humains qui sont derrière ces choix. Et avec nos valeurs, on a rapidement fait le choix. C'était assez clair pour nous que ce n'était pas un choix qu'on avait envie de faire. Et donc, à ce moment-là du Covid, on a expliqué à nos partenaires financiers et à nos actionnaires, non, on ne va pas faire ce choix. On va expliquer à tout le monde, dans la transparence, qu'on a une période très difficile et qu'on fait le choix à date, c'est tout le monde ou c'est personne. Parce que, ne sachant pas où on allait, on n'était pas sûr. de la gravité de la situation. Mais on a aussi été transparent en disant on maintiendra ça aussi longtemps qu'on puisse le faire. Il n'est pas impossible qu'à un moment, on arrive à faire des choix terribles. Mais pour l'instant, on a assez de trésorerie pour ne pas avoir à faire ces choix. Ensuite, on est allé plus loin. Il y a les équipes châteauformes et je remercie le modèle de l'État social européen qui a pris en charge une grande partie des salaires. En France, c'était 84%. On a décidé de compléter les 16% sur la trésorerie de la boîte. Et donc, certains de nos partenaires nous ont traités de fous en disant, vous prenez des risques, vous ne savez pas quelle situation on est. En plus, Zoom est en train de croître à une vitesse incroyable. On ne sait pas si demain on fera du séminaire. Peut-être que tout va être remplacé. Vous prenez des risques inconsidérés. Et donc, on a été challengé véritablement dans le fond de, est-ce que vous avez un business model demain ? Et nous, dans cette réflexion de famille, on ne se sépare pas d'un frère dans une incertitude. Il faut qu'on soit certain de la mort imminente pour prendre ce genre de décision. Et comme on n'y était pas, on a refusé. Il se trouve qu'on n'a pas eu à faire ce choix, puisqu'on a trouvé des solutions et on a pu garder tout le monde. Et en 2022, ce qui nous a sauvés, c'est que les concurrents... hôteliers ou sur le marché du maïs qui ont fait ce choix de réduire leur périmètre, ils ont gardé la même taille de dette qu'avant, mais avec un périmètre réduit en 2022 quand tout est reparti, ils n'ont pas pu profiter de la remontée du business, de la grande remontada de cette année de rattrapage extraordinaire où tout le monde voulait faire des événements. Et nous, le fait d'avoir complété les salaires et voulu garder tout le monde, on avait la totalité du parc à disposition et toutes les maisons étaient... et qui avaient tous les talents nécessaires pour accueillir. Et donc, on a accueilli tellement de gens en 2022. On a fait une année qui a battu tous les records. Et ça, ça a été un juste retour par rapport au risque qu'on a pris. J'étais très fier de pouvoir le démontrer. Mais ça m'a souligné que la différence entre un fou et un génie, c'est le succès. Sur la même décision, on n'a pas changé de fil. Au milieu du Covid, on nous a traités de fous. Et sans changer d'avis, post-Covid, après la remontée de 2022, on nous a dit Ah, vous êtes trop forts, vous êtes des génies Mais nous, on n'a jamais changé d'attitude et c'est nos valeurs et cette vision de l'entreprise comme une grande famille, comme une aventure humaine qui nous a guidés comme boussole à travers le Covid. Et donc, même face à des choix financiers difficiles, on peut être guidé par d'autres valeurs et en avoir un retour.

  • Speaker #0

    Exactement. Et justement, tu parlais de vision. Est-ce que tu pourrais nous donner la tienne pour l'avenir des entreprises aussi qui souhaiteraient intégrer davantage de bienveillance dans leurs pratiques, bienveillance telle qu'on vient de le définir de manière assez large en fait ? Comment on fait évoluer les entreprises aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Pour tous les leaders qui nous entendent, il faut aimer ses collaborateurs. Je parle dans vos mots, aimer vos collaborateurs. mettez-vous à leur place et quand vous prenez une décision pour quelqu'un, imaginez que c'est votre neveu, votre nièce, votre frère, votre cousin, et si vous entendiez cette décision de l'extérieur, est-ce que vous seriez en accord avec ce qui a été fait ? Rien que ça. Aimez vos collaborateurs. Et après, tout le reste se mettra en place. Mais il y a plein d'histoires, il y a plein d'ouvrages qui ont été écrits sur l'entreprise humaniste, l'entreprise libérée, qui démontrent la pertinence économique de ces modèles. Je suis sûr. Que votre entreprise ne se portera que mieux si vous aimez vos collaborateurs.

  • Speaker #0

    Aimer vos collaborateurs, d'accord, mais si au bout de cet entretien, je suis quand même encore un peu sceptique, comment tu pourrais exprimer que la bienveillance a quand même sa place dans un environnement compétitif ?

  • Speaker #1

    La vraie question, c'est la question de l'épitaphe. Qu'est-ce qu'on a envie de laisser ? Moi, au quotidien, je n'ai pas envie de vivre une guerre avec mon équipe proche. J'ai envie d'être dans la confiance, j'ai envie d'être dans la bienveillance et c'est ça qui me nourrit et qui fait que je prends plaisir à affronter tous les challenges. La période du Covid a été une période de forte intensité, de très forte compétition, si tu veux, pour notre survie et j'ai été ravi de me battre pour la survie de l'entreprise. avec une équipe que je savais motivée dans la confiance, parce que face à toute l'incertitude qu'on avait et le fait qu'on ne pouvait pas se voir, pour faire que notre entreprise survive à distance, il fallait qu'il y ait ce noyau de cohésion et qu'on fasse vraiment équipe. Et ça, la bienveillance qu'on a mise dans le système nous a bien été rendus en confiance à ce moment-là, parce que quand je disais à des talents je n'ai pas de réponse, je n'ai pas de réponse à vos questions on était quand même dans un rapport de confiance. Et ça, je pense que ça vient de la bienveillance et que les entreprises qui ont souffert du big quit post-Covid, c'est notamment parce qu'ils avaient perdu ce rapport de confiance parce qu'un manque de ce que j'appelle bienveillance avec un grand B.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Et est-ce que tu pourrais nous partager une expérience personnelle marquante où justement la bienveillance a joué un rôle crucial dans ta carrière ?

  • Speaker #1

    Lorsque j'ai réalisé que le restaurant que j'avais ouvert avec un copain à Genève... était structurellement pas assez rentable pour honorer le loyer qu'on devait payer. Et que j'avais signé un bail dix ans avec caution personnelle, j'ai fait face à une situation économique compliquée. Et je suis allé voir le propriétaire du restaurant et on a joué carte sur table. Ça n'a pas été des conversations simples. Mais on a joué carte sur table. Et je me suis adapté. Il m'a dit, tu ne devrais plus se faire comme ça. Je lui ai montré que ma situation ne marchait pas. J'ai pris ses conseils, j'ai essayé. Un mois plus tard, c'était pire. Je suis revenu le voir. Et à travers cet échange, il a compris que j'étais dans une situation d'échec dont je n'arrivais pas à me sortir. Et au lieu de me faire commencer ma vie professionnelle par une faillite personnelle, ce qu'il aurait pu faire s'il était passé en force sur le bail, il m'a dit, je te libère. de ton obligation légale de me payer 10 ans de loyer. Par contre, je te demande de, et donc un certain nombre de critères, et notamment de lui payer 6 mois de loyer. Mais sa bienveillance m'a évité une situation financière désastreuse, j'aurais été en faillite personnelle, mais aussi une situation psychique, où je me suis toujours rêvé entrepreneur, et où... Commencer sur une aventure qui aurait mené à ma faillite personnelle aurait été probablement très difficile pour moi de m'en sortir. Et face à cette situation où il a vu que j'avais essayé, il a fait preuve de bienveillance pour le petit jeune que j'étais et il a accepté de me libérer contre six mois de loyer d'avance que j'ai continué à travailler ailleurs pour pouvoir lui payer et honorer. Et donc cette bienveillance-là m'a permis de rebondir beaucoup plus vite. que s'il avait décidé en son bon droit de m'écraser.

  • Speaker #0

    Effectivement, ça permet de redémarrer plus sereinement vers un autre avenir. Je suis vraiment ravie de cet échange éminemment inspirant. Pour terminer, j'aimerais te poser la question que je pose à tous mes invités. On sait que la raison d'être de Châteauforme est de réenchanter le monde de l'entreprise et de faire naître des rencontres aussi de manière professionnelle et personnelle. Quelles rencontres pourrait-on te souhaiter de faire dans les semaines ou dans les mois qui viennent ?

  • Speaker #1

    Est-ce que tu veux un nom ou un type de rencontre ?

  • Speaker #0

    Ce qui t'inspire le plus.

  • Speaker #1

    Comme je suis fan du Berjoli, je vous en ai parlé, j'adorerais le rencontrer, pour échanger sur ça. Qu'est-ce que ça a changé pour lui d'écrire ce livre et de témoigner aussi fortement, et de mettre en place un exemple aussi brillant de ce que peut faire un changement de culture d'entreprise pour une culture plus humaniste. Et puis sinon un type de rencontre, j'adore rencontrer les belles histoires des talents châteauforme, ce sont elles qui me nourrissent et qui me donnent la force d'affronter les difficultés de l'entreprise parce que ma vraie motivation c'est ça, c'est construire une entreprise qui soit une aventure humaine et où des talents peuvent se révéler.

  • Speaker #0

    Notre interview touche à sa fin. J'en retiens que loin d'être antinomiques, performances et bienveillance sont plus que complémentaires dans le monde de l'entreprise et peuvent réellement participer à un monde des affaires plus durable. Donc, je te remercie, Benjamin, pour cette énorme dose d'inspiration.

  • Speaker #1

    Merci, Céline. Merci à toi.

  • Speaker #0

    Et je vous invite tous et toutes à retrouver d'autres podcasts sur notre plateforme. C'était Au fil des rencontres, un podcast Château Forme.

Description

Dans cet épisode, Céline Gosselin vous invite à une réflexion profonde sur l’équilibre entre bienveillance et performance, deux concepts souvent perçus comme opposés dans le monde des affaires.
Avec son invité, Benjamin Abittan, Directeur Général de Châteauform’, ce podcast explore une approche humaine du leadership et du management, fondée sur le concept de "bienformance". Ce terme, contraction de bienveillance et de performance, incarne l’idée que l’humain et les résultats ne sont pas antinomiques, mais qu’ils peuvent coexister et même se renforcer mutuellement.

Peut-on être à la fois un leader exigeant et bienveillant ?
Quels bénéfices la bienveillance peut-elle apporter à l’efficacité des équipes et à la performance globale de l’entreprise ?
Benjamin Abittan partage avec nous son expérience et ses convictions sur la manière dont cette approche peut non seulement améliorer les relations humaines, mais aussi générer des résultats durables et significatifs.

🎧 Écoutez cet épisode inspirant et découvrez comment bienveillance et performance peuvent véritablement se marier dans le monde de l'entreprise.

L'équipe Au fil des Rencontres :

Concept et voix off : Céline Gosselin

Son et post-production : Jake Maguire

Direction artistique : Jeanne Le Bras

Réseaux et Communication : Maëlle Froissart


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode. Aujourd'hui, nous allons nous aventurer sur un terrain souvent perçu comme antinomique. Celui où la rigueur et la performance conditionnées par le monde des affaires croisent la route de la bienveillance. Vous vous posez peut-être régulièrement les questions suivantes. La bienveillance a-t-elle réellement sa place dans les hautes sphères du business ? Est-ce qu'un sourire ou une main tendue peuvent vraiment coexister avec les exigences impitoyables du marché ? Et surtout, peut-on allier succès économique et humanité sans perdre en efficacité ? Dans un monde où les termes compétitivité et rentabilité semblent souvent opposés à empathie et générosité, cette question soulève des enjeux philosophiques profonds. Peut-on construire des entreprises florissantes tout en cultivant la bienveillance ? Celle-ci est-elle un atout sous-estimé ou au contraire un luxe que peu peuvent se permettre ? Préparez-vous à remettre en question certaines de vos convictions et à envisager le monde des affaires sous un angle nouveau et rafraîchissant. Aujourd'hui, avec un invité particulièrement singulier, Nous allons explorer comment des pratiques humaines et bienveillantes peuvent s'intégrer dans le tissu même de la stratégie d'entreprise tout en examinant les défis et les opportunités que cela comporte. Installez-vous confortablement et plongeons ensemble dans cette réflexion fascinante. Bienvenue dans Au fil des rencontres, un podcast Châteauforme. Bonjour, je suis Céline, talent Châteauforme, ayant pour responsabilité le rayonnement de cette entreprise. Autour de ce micro... J'ai le plaisir d'accueillir des invités qui, chacun à leur manière, apportent un éclairage nouveau et décryptent des perspectives souvent inédites. Aujourd'hui ne fait pas exception et c'est avec grand plaisir que je reçois Benjamin Habitant, directeur général du groupe Châteauforme et fils du cofondateur Daniel Habitant. Bonjour Benjamin, je suis ravie de t'accueillir.

  • Speaker #1

    Bonjour Céline, merci beaucoup, ça me fait plaisir d'être là avec toi aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Alors, Benjamin Châteauforme est reconnu pour son approche humaniste et bienveillante. Est-ce que tu peux nous donner un aperçu de cette philosophie ? et la façon dont elles s'intègrent dans la stratégie d'entreprise ?

  • Speaker #1

    C'est une vaste question. Déjà, je veux dire qu'entreprendre dans le monde d'aujourd'hui, c'est un acte politique, social. Et si on considère que l'entreprise est une grande aventure humaine, et c'est ça auquel j'ai été biberonné et que je défends, eh bien... Il faut faire en sorte que l'entreprise tangibilise et incarne les changements de société qu'on aurait envie de voir se passer dans nos sociétés plus largement. Et que la manière de faire progresser le monde, c'est en réalisant dans son microcosme les changements qu'on aurait envie de voir. Et j'ai envie de voir un monde, surtout par les temps qui courent, que ce soit politique, géopolitique ou... On sent que le système est tendu, on est en tension. Il y a la guerre aux portes de l'Europe, il y a une situation politique qui est tendue, avec des partis qui n'arrivent pas à trouver de zone commune. Et donc je pense que l'entreprise doit être le lieu du vivre ensemble, l'entreprise doit être le lieu de l'épanouissement des talents, et toutes les entreprises ont la possibilité de mettre en place des mesures. qui sont celles qu'elles aimeraient voir se réaliser dans notre société. Et donc pour moi, la bienveillance dans l'entreprise, la bienveillance est co-substantielle d'une entreprise moderne.

  • Speaker #0

    Alors je te remercie pour cette jolie introduction, et justement, pourquoi de manière générale, le monde de l'entreprise est-il si réticent à prononcer et à utiliser ce mot bienveillance ?

  • Speaker #1

    Déjà, je pense qu'il y a une partie, et on me le dit souvent, il y a une partie bisounours où on pense que c'est trop beau, que c'est trop joli et que c'est un terme qui a été galvaudé par sa surutilisation et on sort d'une phase qui a duré quelques décennies où le but de l'entreprise était uniquement la maximisation du profit Et aujourd'hui, je suis ravi de voir qu'avec les sociétés à mission, on a un cadre légal où on peut inscrire un autre but que la génération de profit, puisque le profit, qui est certes nécessaire, reste un moyen, un moyen d'atteindre autre chose. Et le but de la vie, ce n'est pas le profit. Personne n'a envie d'avoir écrit sur son épitaphe il a gagné beaucoup d'argent Ni même ceux qui sont devenus les hommes les plus riches du monde, ou les femmes les plus riches du monde, ni... Le citoyen qui fait son travail au quotidien, ce n'est pas enthousiasmant de se dire que sa vie va être réduite à il a généré beaucoup d'argent On a tous envie de dire c'était quelqu'un de bien, il a fait beaucoup de bien autour de soi, il a apporté quelque chose au monde, il a apporté sa pierre à l'édifice Et donc, ça, ça veut bien dire pour moi, c'est le bon exemple qui dit que le profit doit être un moyen au service de quelque chose. Au service de quoi ? Le but de la vie, c'est l'amitié, l'amour, la beauté. et on se sent infiniment plus riche quand on donne que quand on reçoit. Donc oui, le profit est nécessaire dans l'entreprise, c'est ça qui fait que l'aventure perdure, mais il doit rester un moyen. Or, beaucoup d'entreprises l'ont considéré comme une fin en soi, et je pense que ça a contribué à faire que la bienveillance rimait avec complaisance. Et je m'inscris en faux là-dessus. Dans une entreprise, l'exigence... Sans la bienveillance, c'est de la maltraitance, on l'a vu trop souvent. La bienveillance sans l'exigence, c'est de la complaisance, et l'entreprise ne peut pas durer. J'en ai fait l'expérience en tant qu'entrepreneur, j'avais plein de rêves, mais je n'avais pas un vrai business model quand j'ai ouvert mon restaurant, et j'ai fait faillite. Et les gens que j'avais embarqués dans cette aventure ont souffert de cette faillite, et donc quand on entreprend, on a une responsabilité de faire que l'aventure dure, et donc il faut que la bienveillance soit accompagnée d'exigences. Et quand on est et bienveillant et exigeant, pour moi, c'est ce qu'on appelle la bienformance. C'est ce juste milieu entre la performance, mais au service d'un but plus noble, plus grand.

  • Speaker #0

    Je te remercie, Benjamin. Pour bien comprendre ton propos, est-ce que selon toi, la bienveillance en entreprise est une vertu intrinsèque ou pour le coup, une stratégie adoptée par nécessité ?

  • Speaker #1

    C'est une vertu. Ça doit être une vertu intrinsèque de l'entreprise d'aujourd'hui et de demain. On ne peut pas laisser la responsabilité aux États de faire avenir la société qu'on veut. On doit, en tant qu'entrepreneur, la matérialiser à l'intérieur de notre communauté. Et donc pour moi, c'est une vertu intrinsèque de l'entreprise.

  • Speaker #0

    D'accord. Alors ça me permet, j'allais dire, d'aller plus concrètement et peut-être sur un côté plus terrain. Est-ce que tu penses que la bienveillance est une qualité essentielle chez un leader ? Et si oui... Comment influence-t-elle son style de management d'ailleurs ? Est-ce que toi, d'un point de vue plus personnel, tu pourrais commencer par nous faire la différence entre bienveillance et gentillesse ? Puisque je ne sais pas si pour tous nos auditeurs, la différence existe et si elle existe, quelle serait-elle selon toi ?

  • Speaker #1

    Si je te le prends du point de vue du leader, la gentillesse déjà, dans ses rapports avec les autres, c'est un trait de l'intelligence et ce n'est pas une faiblesse. bien au contraire. Mais la bienveillance souvent est confondue avec la complaisance, c'est ce que je disais tout à l'heure, c'est-à-dire quand quelqu'un est malheureux dans son travail et souffre, quand un talent chez Châteauforme souffre de son travail mais ne s'en rend pas compte et donc il est malheureux au travail et donc ça amène un certain nombre de difficultés. C'est pas être malveillant que de lui dire tu n'es pas heureux, ça suffit il faut que tu changes de job à l'intérieur de l'entreprise ou même quitter l'entreprise. Je considère que c'est de la bienveillance. C'est des conversations difficiles à avoir, mais le rôle dans la bienveillance, c'est de servir l'autre aussi dans ce dont il a besoin. Et donc, c'est très loin de la complaisance. On peut avoir toutes les conversations difficiles, et si, en fait, dans un système ou dans une relation, les deux parties sont empreintes de gentillesse ou de bienveillance, je pense que c'est la meilleure manière de trouver la solution optimale, pour les talents comme pour l'entreprise. Et en fait, la bienformance, c'est l'alignement. de l'intérêt du talent, l'intérêt individuel, avec l'intérêt de l'entreprise. Et si c'est désaligné, on n'est pas obligé de l'exprimer avec une forme désagréable. C'est ça la bienveillance. C'est aussi le savoir-faire et de savoir trouver les mots pour faire réaliser que si on n'est pas aligné, il faut qu'on se sépare et c'est ok.

  • Speaker #0

    Mais alors si on va plus loin, puisque c'est aussi une réalité pour beaucoup, comment on peut continuer d'être, ou en tout cas être un leader ? efficace et bienveillant, mais parfois dans un environnement extrêmement compétitif, c'est-à-dire que vraiment si on se met au niveau du leader qui lui-même pour le coup pourrait avoir cette appétence pour la bienveillance et ce qui ne serait pas en décalage par exemple avec une hiérarchie qui le serait moins comment on se positionne ? parce que le monde fait beaucoup de compétitions. Quelle place peut trouver un leader ?

  • Speaker #1

    La première compétition pour moi d'une entreprise, c'est la compétition sur les talents. Si on considère qu'une entreprise est une aventure humaine, plus elle va avoir des talents de qualité, plus elle va être capable de performer. Et avec les hauts et les bas que peut vivre une entreprise. Mais mon père en est un bon exemple. Quand il rachète Photoservice en 2006, à la barre du tribunal après qu'elle ait fait faillite et que l'actionnaire d'avant donc Photoservice c'est une entreprise qu'il a créée il la rachète à un moment où elle est à la barre du tribunal et parce qu'il connait la qualité des talents c'était une entreprise dans le retail et de la qualité des emplacements il remobilise toute l'entreprise et il transforme le business model il passe de vendre des photos à vendre de la téléphonie mobile et donc opérer Cette transformation, il a sauvé l'entreprise. Il l'a fait parce qu'il connaissait la qualité des talents. Et ça, ça vient, la qualité des talents de l'entreprise venait de son management bienveillant. Et donc je pense que plus le monde est compétitif, plus il faut avoir des talents. Et la bienveillance est un moyen d'intérer, je pense, les meilleurs talents. Qui a envie de travailler dans une entreprise où on est maltraité ? Et de plus en plus de gens, moi je rêve que de plus en plus de gens votent avec leurs pieds. Pas uniquement...... pour pouvoir mieux recruter chez Châteauforme, mais parce que je pense que la société serait mieux si les entreprises jouaient un rôle plus social et si les entreprises qui traitaient mal leurs collaborateurs étaient en défaut de collaborateurs. Malheureusement, ce n'est pas encore assez le cas. Et donc, je me réjouis de voir cette tendance où les gens quittent les entreprises qui les traitent mal. Et donc, je pense que la bienveillance est une manière de se démarquer et d'augmenter sa valeur, surtout dans un marché compétitif.

  • Speaker #0

    Et alors pour approfondir ton propos, comment justement cette bienveillance et cette approche humaniste influencent-elles globalement le bien-être et la productivité des employés ? Parce qu'effectivement, on ne l'a pas encore soulevé, mais c'est aussi un sujet, cette productivité. Est-ce qu'une bienveillance viendrait, comme tu disais tout à l'heure, peut-être biaiser parce que complaisance ? Voilà, comment on reste dans l'efficacité ?

  • Speaker #1

    Je ne pense pas. Beaucoup de gens pensent que Châteauforme est devenu bienveillant parce qu'on a été une réussite économique. Or, c'est précisément l'inverse qui s'est passé. On a eu de la performance économique depuis 30 ans qu'on existe parce qu'on est bienveillant et parce qu'on a mis en place un management qui prône l'autonomie des talents. On a cette phrase où on dit, qui est notre credo, nous avons tous les droits pour satisfaire nos participants, quel qu'en soit le coût et sans demander la permission à quiconque. C'est un vrai credo d'empowerment. C'est un vrai credo d'empowerment. Et au-delà de la satisfaction qu'on peut prendre sur le terrain en étant libre de ses actions, Ça fait une vraie différence auprès des clients. Une vraie différence auprès des clients parce que les clients, quand ils ont un problème sur le terrain, tout le monde ne déteste rien de plus que cette phrase I have to ask my manager Non, prends la décision, agis. Et l'empowerment dans l'entreprise est une manière de différencier son entreprise. Et pour moi, le management bienveillant, au-delà du recrutement, vient permettre un cadre où l'échec est possible. Et je pense que ça, c'est une vraie source de performance. C'est-à-dire, il ne faut pas répéter les échecs deux fois. Mais si on a une culture de cacher les échecs, ça peut mettre en péril l'entreprise, de cacher les situations à risque. Donc je préfère avoir une culture bienveillante où on risque de se faire taper dessus si on a caché les choses. Mais si on a été transparent en disant, j'ai fait une énorme boulette, voilà ce qui s'est passé, voilà combien on a perdu, il faut que je... et d'en faire un cas. de le diffuser à l'intérieur de l'entreprise pour que les autres comprennent qu'est-ce qui s'est passé, comment on a réagi et qu'il y ait une culture de la transparence et de l'apprentissage collectif autour de nos échecs. Je suis sûr que ça rendra les entreprises plus résilientes et que ça sera source de performances économiques.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu aurais un ou deux exemples très concrets à nous partager quand tu as pu observer que cette bienveillance avait amélioré la collaboration ou peut-être résolu des conflits ? peut-être qu'on imagine difficile à résoudre, très concrètement ?

  • Speaker #1

    Chez Châteauforme, j'en ai plein. Mais je veux vous en citer deux qui viennent de l'extérieur. Le premier, c'est l'histoire d'Hubert Joly, qui a écrit un livre extraordinaire qui s'appelle Leading from the Heart. Et c'est le Français qui a le mieux réussi dans le retail aux Etats-Unis, puisqu'il est devenu patron de Best Buy à un moment où Best Buy allait très mal. Et ils étaient en compétition féroce face à la montée d'Amazon au milieu des années 2000. Et le livre fait état de comment en... recentrant l'entreprise sur le bien-être des talents et que là comme la vérité sur le terrain en libérant les énergies des patrons magasins en passant du temps avec les équipes en assistant pour que tout le monde du siège aille en magasin comprendre la réalité du business ils ont fait évoluer leur business model ils ont remis des rapports apaisés eux qui étaient dans la tension syndicale et il a réussi à sauver la boîte et à faire le retournement de cette boîte avec le coeur pas avec la tête et ça peut être les 50 cm les plus longs à parcourir. Donc ça c'est l'exemple de Best Buy. Dans les autres exemples qui me viennent en tête, et pour moi c'est une forme de bienveillance même si c'est une entreprise qui peut être critiquée sous d'autres égards, mais j'ai entendu dire que chez Amazon, lorsqu'un talent venait avec une initiative, il fallait que son N plus 1, s'il veut mettre fin au projet, il écrive un mémo de deux pages motivant. Pourquoi ? on ne va pas poursuivre cette idée, et qu'il le publie sur un registre qui est public dans l'entreprise. Pour moi, c'est une forme de considération pour les idées qui est bienveillante. C'est-à-dire que tout le monde doit apporter son idée et c'est la responsabilité du manager de motiver pourquoi est-ce qu'on ne fait pas ce projet. Et donc ça, c'est des formes de bienveillance et de libération de l'énergie qui amènent à des performances économiques incroyables. Et le Amazon Web Services, le AWS qui est aujourd'hui la filiale dont le patron est d'ailleurs devenu le successeur de Jeff Bezos et qui porte tout le développement économique d'Amazon. Son projet est né, il a eu cette idée parce qu'il a construit Amazon Web Services pour servir les différentes BU d'Amazon. Et quand il avait fini ce projet, il a fait cette note en disant Je veux absolument ouvrir ça à nos concurrents et à tout le marché. Et personne chez Amazon a été capable de motiver en deux pages véritablement pourquoi on ne devrait pas le faire. Et aujourd'hui, ce principe de bienveillance vis-à-vis des idées lui a permis de le mettre en place. Et aujourd'hui, c'est la filiale la plus rentable du groupe Amazon. Et donc, c'est une vraie source de performance économique de créer un climat qui favorise le développement des talents et des idées.

  • Speaker #0

    En fait, c'est ça que j'entends dans bienveillance, c'est qu'il y a une énorme prise de recul. On pourrait penser que la bienveillance, c'est un sourire, comme je disais en introduction, une main tendue. Mais en fait, c'est une bienveillance par rapport à... à la globalité de l'être humain avec, comme tu disais, ces idées, ces forces qu'on n'a pas forcément en tant que leader et qu'on va accueillir différemment. C'est vraiment très, très large.

  • Speaker #1

    Dans mon rôle de leader, je lutte souvent contre la notion que le client est un être un peu mystérieux, un espèce d'alien, ou que le patron, ou que les collaborateurs... Il y a une vraie notion philosophique d'incarner l'autre. et de se dire, ok, si je me mets à la place du talent, si je me mets à la place du client, qu'est-ce que je veux ? Est-ce que ça fait du sens pour moi ? Et dans mon rôle de leader, souvent, j'ai que à faire ce miroir pour débloquer certaines situations où on peut être dogmatique. Ah non, non, il abuse le client, c'est pas ça qu'on doit lui faire. Et en fait, on dit, mais attends, mets-toi à sa place, vraiment, mets-toi à sa place. T'es arrivé, voilà ce qui s'est passé, voilà ce que t'as entendu. Sa perception, elle peut pas être bonne. Et effectivement, en fait, comme ça, on trouve des solutions. Et pour moi... Il y a quelque chose dans la bienveillance qui est véritablement se mettre à la place de l'autre. Et ça ne veut au contraire pas dire de baratin et pas de choses gimmicks sur la main tendue, le sourire. Effectivement, c'est des choses qu'on peut dire assez classiques de ça. Mais il y a un truc de vraiment se mettre à la place de l'autre, se mettre à la place de l'autre.

  • Speaker #0

    C'est ce que j'allais te demander par rapport au client. Comment, j'allais dire concrètement, tous les jours, en fonction des différentes interactions, cette philosophie... Traduit-elle dans la relation client justement ?

  • Speaker #1

    Chez Châteauforme, on croit à la roue du bonheur. La roue du bonheur, c'est que la responsabilité de l'entreprise, elle est vis-à-vis de ses talents. Et c'est des talents heureux qui feront des clients heureux, dans cet ordre-là. Donc on ne dit pas qu'on est customer-centric, pourtant on est particulièrement reconnu sur notre qualité de service. Mais parce que si nos talents sont heureux de faire leur job, S'ils aiment leur métier, s'ils se trouvent ça épanouissant, évidemment ils vont bien le faire. Et si le travail c'est de l'amour en action, en fait faire en sorte qu'ils se sentent confortables dans leur travail, qu'ils puissent exprimer leur amour, peu importe le niveau de prestation et encore. J'insiste parce que quand je dis ça, souvent on me dit ah oui, mais c'est premium, c'est luxe Pas du tout ! On peut être un hard discounter et faire son travail avec amour. Mais comprendre que le produit, il a une essence et qu'en fait, on va enlever toute la fioriture autour pour donner le maximum de valeur au client, c'est faire son travail avec amour. Les gens qui ont conçu Lidl ou Aldi pour faire des boîtes qui marchent comme ça, des aventures humaines qui performent comme ça, il faut faire son travail avec amour. Et donc, en permettant aux talents de faire leur travail avec amour, Je pense qu'on met en place les conditions d'une relation client qui va dans la compréhension, qui va vers l'autre et qui n'est pas dans la transaction et plutôt dans la relation. Ce que je veux dire par là, c'est qu'on fait le pari d'une relation longue avec le client. Et pour moi, c'est le pari de Châteauforme qui a été gagnant. C'est que oui, on a libéré nos conseillers séminaires pour pouvoir offrir plein de choses ou nos couples d'hôtes. Si ça s'est mal passé, vous savez quoi ? Soyez généreux. Offrez-leur la prestation parce qu'il faut savoir donner d'abord pour recevoir ensuite. Je suis persuadé de ça. Et donc quand on offre à un client, quand on donne à un client, évidemment il faut une forme de mesure mais je n'ai pas besoin de dicter par un process quelle est cette mesure. Si les gens aiment l'entreprise, ils vont le faire mieux que moi. Et s'ils jugent sur le moment qu'il fallait tout offrir, je suis derrière eux. Et la performance économique de Châteauforme vient de cette capacité, de cette liberté totale qu'ont les acteurs. de l'entreprise face au client, de se mettre à leur place et de créer les conditions qui fait que ce client nous aime et reviendra.

  • Speaker #0

    Je te remercie et justement si on élargit un peu encore la réflexion, est-ce que la bienveillance en entreprise peut contribuer à un changement vers plus d'humanité, de la société et de durabilité dans le monde des affaires ?

  • Speaker #1

    En fait, j'aimerais repositionner ta question. Je crois que l'entreprise a un rôle social et politique et que donc nécessairement, c'est ce que je te disais en introduction, Si on croit à ça, il faut que l'entreprise incarne de manière plus forte les changements qu'on aimerait voir dans la société. Et donc, la bienveillance que j'aimerais voir augmenter dans la société, moi qui ne vis pas à Paris et qui viens à Paris pour le travail, je trouve parfois cette ville abrasive. Notamment, je trouve que c'est un effort particulier d'arriver au travail de bonne humeur. Parce que, surtout en ce moment, c'est les Jeux Olympiques. Il y a une abrasion dans les contacts que tu vas avoir, dans le manque de courtoisie ambiant avant d'arriver au travail, qui fait que quand tu retrouves ton équipe ou des gens que tu connais et que tu aimes, il faut souffler un peu, se donner un sas de décompression et revenir à un rapport humain apaisé. Et je regrette ça. Et je pense que la société n'est pas condamnée à ça. Mais que, notamment, l'entreprise doit porter un message social et politique. De courtoisie, de bienveillance, d'élégance dans les rapports, ça peut être source de performance économique. Et si toutes les entreprises mettaient un accent un peu plus prononcé sur ce sujet-là, je suis sûr que la société serait plus apaisée.

  • Speaker #0

    Et justement, c'est très bien parce que tu faisais le parallèle avec la rue, j'allais dire, entre guillemets. Comment on maintient cette culture de la bienveillance face aux crises économiques et aux pressions du marché ? On a quand même tous vécu le Covid. Il n'y a pas longtemps, quels que soient les univers, tout le monde a été plus ou moins chamboulé. Comment on maintient quand même cette bienveillance quand, j'allais dire, l'enjeu est vital encore une fois pour certaines entreprises ?

  • Speaker #1

    C'est une bonne question. L'exemple que je peux te raconter, c'est celui de Châteauforme. On s'est retrouvé dans une situation où notre métier qui est de vente de la réunion en physique à des entreprises, peu importe nos expériences ou nos pays, Il y a un virus qui est arrivé et des mesures sanitaires qui sont venues ensuite qui ont littéralement été notre kryptonite. On n'a pas eu une réduction du chiffre d'affaires, on a eu un arrêt total du chiffre d'affaires pendant 17 mois. Dans une boîte où on n'a que des frais fixes. Les salaires principalement, 40% de nos chiffres d'affaires, ce sont les salaires, et redistribués en salaires, et des loyers. On a été dans une forme d'incertitude totale, puisqu'on ne savait même pas quand est-ce qu'on allait réouvrir. Et c'est là où les valeurs sont à bout sol. On prône que l'entreprise est une famille, c'est comme ça qu'on vit cette aventure humaine. Et à juste titre, ils étaient dans leur droit de nous poser la question, mais nos partenaires financiers et nos actionnaires nous ont posé la question de est-ce qu'ils ne seraient pas plus intelligents pour permettre à l'entreprise de durer plus longtemps ? d'accepter de se séparer de la moitié des talents et de fermer la moitié des maisons. Tout ça afin que la trésorerie comme on avait plus de chiffre d'affaires, la trésorerie qu'on avait en caisse puisse durer plus longtemps. Comme on a vraiment cette philosophie, on s'est dit comment faire ce choix de quelle moitié de l'entreprise on se coupe et pas de simplement considérer les collaborateurs, mais de penser à Jean-Jacques, de penser à Antoine, de penser à Thomas et de se dire comment... Et donc comme... Je connais les humains qui sont derrière ces choix. Et avec nos valeurs, on a rapidement fait le choix. C'était assez clair pour nous que ce n'était pas un choix qu'on avait envie de faire. Et donc, à ce moment-là du Covid, on a expliqué à nos partenaires financiers et à nos actionnaires, non, on ne va pas faire ce choix. On va expliquer à tout le monde, dans la transparence, qu'on a une période très difficile et qu'on fait le choix à date, c'est tout le monde ou c'est personne. Parce que, ne sachant pas où on allait, on n'était pas sûr. de la gravité de la situation. Mais on a aussi été transparent en disant on maintiendra ça aussi longtemps qu'on puisse le faire. Il n'est pas impossible qu'à un moment, on arrive à faire des choix terribles. Mais pour l'instant, on a assez de trésorerie pour ne pas avoir à faire ces choix. Ensuite, on est allé plus loin. Il y a les équipes châteauformes et je remercie le modèle de l'État social européen qui a pris en charge une grande partie des salaires. En France, c'était 84%. On a décidé de compléter les 16% sur la trésorerie de la boîte. Et donc, certains de nos partenaires nous ont traités de fous en disant, vous prenez des risques, vous ne savez pas quelle situation on est. En plus, Zoom est en train de croître à une vitesse incroyable. On ne sait pas si demain on fera du séminaire. Peut-être que tout va être remplacé. Vous prenez des risques inconsidérés. Et donc, on a été challengé véritablement dans le fond de, est-ce que vous avez un business model demain ? Et nous, dans cette réflexion de famille, on ne se sépare pas d'un frère dans une incertitude. Il faut qu'on soit certain de la mort imminente pour prendre ce genre de décision. Et comme on n'y était pas, on a refusé. Il se trouve qu'on n'a pas eu à faire ce choix, puisqu'on a trouvé des solutions et on a pu garder tout le monde. Et en 2022, ce qui nous a sauvés, c'est que les concurrents... hôteliers ou sur le marché du maïs qui ont fait ce choix de réduire leur périmètre, ils ont gardé la même taille de dette qu'avant, mais avec un périmètre réduit en 2022 quand tout est reparti, ils n'ont pas pu profiter de la remontée du business, de la grande remontada de cette année de rattrapage extraordinaire où tout le monde voulait faire des événements. Et nous, le fait d'avoir complété les salaires et voulu garder tout le monde, on avait la totalité du parc à disposition et toutes les maisons étaient... et qui avaient tous les talents nécessaires pour accueillir. Et donc, on a accueilli tellement de gens en 2022. On a fait une année qui a battu tous les records. Et ça, ça a été un juste retour par rapport au risque qu'on a pris. J'étais très fier de pouvoir le démontrer. Mais ça m'a souligné que la différence entre un fou et un génie, c'est le succès. Sur la même décision, on n'a pas changé de fil. Au milieu du Covid, on nous a traités de fous. Et sans changer d'avis, post-Covid, après la remontée de 2022, on nous a dit Ah, vous êtes trop forts, vous êtes des génies Mais nous, on n'a jamais changé d'attitude et c'est nos valeurs et cette vision de l'entreprise comme une grande famille, comme une aventure humaine qui nous a guidés comme boussole à travers le Covid. Et donc, même face à des choix financiers difficiles, on peut être guidé par d'autres valeurs et en avoir un retour.

  • Speaker #0

    Exactement. Et justement, tu parlais de vision. Est-ce que tu pourrais nous donner la tienne pour l'avenir des entreprises aussi qui souhaiteraient intégrer davantage de bienveillance dans leurs pratiques, bienveillance telle qu'on vient de le définir de manière assez large en fait ? Comment on fait évoluer les entreprises aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Pour tous les leaders qui nous entendent, il faut aimer ses collaborateurs. Je parle dans vos mots, aimer vos collaborateurs. mettez-vous à leur place et quand vous prenez une décision pour quelqu'un, imaginez que c'est votre neveu, votre nièce, votre frère, votre cousin, et si vous entendiez cette décision de l'extérieur, est-ce que vous seriez en accord avec ce qui a été fait ? Rien que ça. Aimez vos collaborateurs. Et après, tout le reste se mettra en place. Mais il y a plein d'histoires, il y a plein d'ouvrages qui ont été écrits sur l'entreprise humaniste, l'entreprise libérée, qui démontrent la pertinence économique de ces modèles. Je suis sûr. Que votre entreprise ne se portera que mieux si vous aimez vos collaborateurs.

  • Speaker #0

    Aimer vos collaborateurs, d'accord, mais si au bout de cet entretien, je suis quand même encore un peu sceptique, comment tu pourrais exprimer que la bienveillance a quand même sa place dans un environnement compétitif ?

  • Speaker #1

    La vraie question, c'est la question de l'épitaphe. Qu'est-ce qu'on a envie de laisser ? Moi, au quotidien, je n'ai pas envie de vivre une guerre avec mon équipe proche. J'ai envie d'être dans la confiance, j'ai envie d'être dans la bienveillance et c'est ça qui me nourrit et qui fait que je prends plaisir à affronter tous les challenges. La période du Covid a été une période de forte intensité, de très forte compétition, si tu veux, pour notre survie et j'ai été ravi de me battre pour la survie de l'entreprise. avec une équipe que je savais motivée dans la confiance, parce que face à toute l'incertitude qu'on avait et le fait qu'on ne pouvait pas se voir, pour faire que notre entreprise survive à distance, il fallait qu'il y ait ce noyau de cohésion et qu'on fasse vraiment équipe. Et ça, la bienveillance qu'on a mise dans le système nous a bien été rendus en confiance à ce moment-là, parce que quand je disais à des talents je n'ai pas de réponse, je n'ai pas de réponse à vos questions on était quand même dans un rapport de confiance. Et ça, je pense que ça vient de la bienveillance et que les entreprises qui ont souffert du big quit post-Covid, c'est notamment parce qu'ils avaient perdu ce rapport de confiance parce qu'un manque de ce que j'appelle bienveillance avec un grand B.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Et est-ce que tu pourrais nous partager une expérience personnelle marquante où justement la bienveillance a joué un rôle crucial dans ta carrière ?

  • Speaker #1

    Lorsque j'ai réalisé que le restaurant que j'avais ouvert avec un copain à Genève... était structurellement pas assez rentable pour honorer le loyer qu'on devait payer. Et que j'avais signé un bail dix ans avec caution personnelle, j'ai fait face à une situation économique compliquée. Et je suis allé voir le propriétaire du restaurant et on a joué carte sur table. Ça n'a pas été des conversations simples. Mais on a joué carte sur table. Et je me suis adapté. Il m'a dit, tu ne devrais plus se faire comme ça. Je lui ai montré que ma situation ne marchait pas. J'ai pris ses conseils, j'ai essayé. Un mois plus tard, c'était pire. Je suis revenu le voir. Et à travers cet échange, il a compris que j'étais dans une situation d'échec dont je n'arrivais pas à me sortir. Et au lieu de me faire commencer ma vie professionnelle par une faillite personnelle, ce qu'il aurait pu faire s'il était passé en force sur le bail, il m'a dit, je te libère. de ton obligation légale de me payer 10 ans de loyer. Par contre, je te demande de, et donc un certain nombre de critères, et notamment de lui payer 6 mois de loyer. Mais sa bienveillance m'a évité une situation financière désastreuse, j'aurais été en faillite personnelle, mais aussi une situation psychique, où je me suis toujours rêvé entrepreneur, et où... Commencer sur une aventure qui aurait mené à ma faillite personnelle aurait été probablement très difficile pour moi de m'en sortir. Et face à cette situation où il a vu que j'avais essayé, il a fait preuve de bienveillance pour le petit jeune que j'étais et il a accepté de me libérer contre six mois de loyer d'avance que j'ai continué à travailler ailleurs pour pouvoir lui payer et honorer. Et donc cette bienveillance-là m'a permis de rebondir beaucoup plus vite. que s'il avait décidé en son bon droit de m'écraser.

  • Speaker #0

    Effectivement, ça permet de redémarrer plus sereinement vers un autre avenir. Je suis vraiment ravie de cet échange éminemment inspirant. Pour terminer, j'aimerais te poser la question que je pose à tous mes invités. On sait que la raison d'être de Châteauforme est de réenchanter le monde de l'entreprise et de faire naître des rencontres aussi de manière professionnelle et personnelle. Quelles rencontres pourrait-on te souhaiter de faire dans les semaines ou dans les mois qui viennent ?

  • Speaker #1

    Est-ce que tu veux un nom ou un type de rencontre ?

  • Speaker #0

    Ce qui t'inspire le plus.

  • Speaker #1

    Comme je suis fan du Berjoli, je vous en ai parlé, j'adorerais le rencontrer, pour échanger sur ça. Qu'est-ce que ça a changé pour lui d'écrire ce livre et de témoigner aussi fortement, et de mettre en place un exemple aussi brillant de ce que peut faire un changement de culture d'entreprise pour une culture plus humaniste. Et puis sinon un type de rencontre, j'adore rencontrer les belles histoires des talents châteauforme, ce sont elles qui me nourrissent et qui me donnent la force d'affronter les difficultés de l'entreprise parce que ma vraie motivation c'est ça, c'est construire une entreprise qui soit une aventure humaine et où des talents peuvent se révéler.

  • Speaker #0

    Notre interview touche à sa fin. J'en retiens que loin d'être antinomiques, performances et bienveillance sont plus que complémentaires dans le monde de l'entreprise et peuvent réellement participer à un monde des affaires plus durable. Donc, je te remercie, Benjamin, pour cette énorme dose d'inspiration.

  • Speaker #1

    Merci, Céline. Merci à toi.

  • Speaker #0

    Et je vous invite tous et toutes à retrouver d'autres podcasts sur notre plateforme. C'était Au fil des rencontres, un podcast Château Forme.

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