Transcription

• Speaker #0

  S'autodéterminer, c'est être l'auteur de ses vies. Je suis Martin Caouette, professeur et titulaire de la chaire Autodétermination et handicap de l'Université du Québec à Trois-Rivières et directeur scientifique du programme sur l'autodétermination du Centre de formation Campus en France.

• Speaker #1

  Je suis François Bernard, directeur général du GAPAS. Ensemble, agissons pour l'autodétermination des personnes en situation de handicap. Mais pas que. Pour ce sixième épisode de Agir pour l'autodétermination, nous allons parler des occasions d'autodétermination. Martin, quelles sont ces occasions ?

• Speaker #0

  L'occasion d'autodétermination, en fait, c'est d'avoir la possibilité réelle de pouvoir exercer son autodétermination. Donc, c'est les contextes de vie qui vont nous permettre, par exemple, de faire des choix, de prendre des décisions, de faire valoir ses droits. Et ces occasions-là, en fait, vont découler de deux choses essentielles. D'une part, des différentes expériences de vie qu'on a l'occasion, finalement, de rencontrer. Donc, à chaque étape de la vie, il y a des situations qui nous permettent par exemple de pouvoir s'autodéterminer. Imaginons par exemple l'adolescent qui fait un choix d'orientation professionnelle. Alors, c'est une expérience de vie. Et il y a bien sûr tout ce qui fait partie de notre environnement. Donc, notre environnement, en fait, peut nous permettre au quotidien d'exprimer des préférences, de faire des choix, de prendre des décisions.

• Speaker #1

  Tu as parlé d'expérience de vie. Comment on fait quand on a une personne qui ne se souvient pas de ses expériences ?

• Speaker #0

  Quand on est en situation de handicap, en fait, la première chose, c'est l'accompagnement va parfois mener à rendre possibles différentes expériences de vie. Ça veut dire concrètement de s'assurer qu'une personne en situation de handicap a l'occasion de vivre les expériences que vivrait aussi n'importe quelle autre personne. Pensons par exemple au rituel de passage, la fin de l'école, par exemple, pour le passage vers un niveau supérieur ou la... transition de l'école vers la vie adulte, c'est des moments clés en fait qui constituent des expériences de vie importantes, des moments où on a peut-être pris toutes sortes de décisions. Donc c'est d'abord de rendre possibles ces moments-là pour les personnes en situation de handicap et de ne pas en fait en négliger l'importance. Pour ça, ça prend un environnement, un environnement humain, donc des accompagnateurs aussi qui vont rendre possibles ces différentes expériences.

• Speaker #1

  Est-ce que ça recoupe ce qu'on entend aussi sur les environnements capacitants ?

• Speaker #0

  Oui, tout à fait. On peut faire un lien entre l'environnement qui permet l'autodétermination et un environnement capacitant. En fait, un environnement capacitant, c'est un environnement qui est réfléchi, qui est pensé de façon à rendre possible des choses pour la personne. Donc, quand on est en train, par exemple, d'adapter un environnement pour faire en sorte qu'une personne puisse exercer davantage de pouvoir et de contrôle, on est en train de rendre cet environnement-là... capacitant ou habilitant, en fait, tout dépendant des hauteurs, pour la personne. Imaginons, par exemple, et je vous donne un exemple tout simple, qu'on a un bouton pour allumer la lumière dans une pièce qui est adaptée. Cet environnement-là, outre le fait qu'il permet d'allumer soi-même la lumière, il permet de décider si j'allume ou pas la lumière dans une pièce où je viens d'entrer. Donc, pour une personne, par exemple, qui est en situation de handicap et qui a potentiellement des limites sur le plan moteur, cette adaptation-là lui permet justement d'avoir un contrôle plus grand sur son environnement.

• Speaker #1

  Tu as parlé des occasions quand on est enfant, mais c'est lesquelles quand on est adulte ?

• Speaker #0

  Quand on est adulte, en fait, toutes les occasions qu'on peut vivre, et là on peut penser à des grands secteurs de vie. Il y a vraiment tout ce qui touche, par exemple, l'habitation, le milieu résidentiel, là où on vit, les routines de vie qu'on va avoir dans ce milieu-là. Donc, on peut penser par exemple à des routines de vie comme les temps de repas, mais les loisirs qu'on va pratiquer chez soi, les gens qu'on va y côtoyer, les personnes qu'on a l'opportunité d'inviter chez soi. Donc, il y a toute cette sphère-là. On peut penser aussi à toute la sphère qu'on peut mettre sous le grand vocable de socio-professionnel. Donc, l'engagement dans une activité de travail, mais dans une occupation du temps qui est significative. Donc, le travail, mais peut-être... des activités de bénévolat aussi ou d'autres engagements sociaux peuvent devenir des occasions d'autodétermination. Et on peut penser, bien sûr, aussi à tout ce qui est de l'ordre des loisirs et de la vie communautaire, de la vie en communauté, donc ce qu'on va, la façon dont on va occuper notre temps libre, les choix d'activités qu'on va faire. Encore là, ça peut être des occasions d'autodétermination aussi qui peuvent se présenter à une personne.

• Speaker #1

  Alors, tu as parlé tout à l'heure des habiletés sociales. Est-ce que ça veut dire qu'il faut mettre en place des accompagnements ou des groupes sur les habiletés sociales pour avoir ces occasions d'autodétermination ?

• Speaker #0

  En fait, quand on accompagne la personne en situation de handicap, évidemment, les capacités qu'on va développer chez elle, notamment le développement, par exemple, d'habileté sociale, va venir contribuer à générer des occasions nouvelles aussi d'autodétermination. Donc, si j'ai développé la capacité à interagir, par exemple, avec... Les gens de mon quartier, avec des proches, c'est aussi l'occasion peut-être de fréquenter les commerces du quartier, de choisir ce que je vais acheter dans un commerce du quartier, de prendre de petites décisions au quotidien. Donc, c'est sûr que toutes ces habiletés-là, sociales notamment, vont venir nourrir et vont contribuer à ce que je génère des nouvelles occasions d'autodétermination.

• Speaker #1

  Est-ce que tu as des exemples concrets de vie qui t'ont été rapportés ? en formation ou dans tes différentes expériences de ces occasions-là ?

• Speaker #0

  Oui, bien, j'aime beaucoup tout ce qui va passer, notamment par les exemples qui vont toucher, par exemple, l'utilisation du sport ou encore des arts. Et je m'arrête un petit peu plus peut-être sur les arts, mais je pense notamment à des gens qui ont des talents artistiques. On pense, par exemple, à des personnes qui ont des talents, notamment en peinture, où tout le domaine artistique est un domaine particulièrement créatif, mais ça devient aussi l'occasion. de faire des choix de médiums artistiques, de couleurs, si on pense par exemple à la peinture, de ce qu'on va réaliser comme projet, décider de la toile, décider de sa taille. On peut même décider en fait d'avoir une production artistique qui est collective. Donc les arts comme médiums pour créer des occasions d'autodétermination, ça peut être extrêmement intéressant. Même chose aussi pour le sport. Le sport qui peut être un intérêt qu'une personne peut avoir et là la pratique du sport, ça devient aussi l'occasion d'entrer en relation avec une diversité de personnes qui peuvent partager ce même intérêt-là, sans pour autant nécessairement être des personnes en situation de handicap. Ça devient des leviers, en fait, d'interactions intéressantes, justement pour pouvoir prendre un certain nombre de décisions puis avoir une perception de contrôle plus grande sur sa vie.

• Speaker #1

  Et dans la vie quotidienne, alors, comment ça se caractérise, ces occasions ?

• Speaker #0

  Bien, comme accompagnateur dans la vie quotidienne, ce qui devient intéressant, c'est d'abord ... d'identifier les secteurs de vie de la personne dans lesquels elle peut effectivement exercer son autodétermination. Donc, dans les routines de la vie quotidienne. Est-ce que j'ai affaire à une personne dont le quotidien est déjà tout décidé, tout rythmé, ou si elle a la possibilité de pouvoir exercer un certain nombre de contrôles, en fait, dans différents secteurs. Évidemment, ça ne veut pas dire que je vais exercer du pouvoir dans tous les secteurs de ma vie, mais c'est important comme accompagnateur, en fait, de se préoccuper à... que la personne puisse en exercer dans des secteurs de vie qui sont significatifs. Par exemple, moi, si j'ai le besoin d'exercer du contrôle, par exemple, sur mes loisirs, il faut que j'ai la possibilité, par exemple, d'avoir des opportunités de choisir certains loisirs, de peut-être découvrir des nouvelles activités, donc d'avoir ces occasions-là qui sont clairement identifiées. Donc, dans le profil de toute personne en situation de handicap, dans l'accompagnement qu'on lui offre, c'est un élément clé de pouvoir repérer ces contextes dans lesquels on peut s'autodéterminer.

• Speaker #1

  Il y a aussi des occasions dans les rencontres qu'on peut faire en termes de vie affective, de vie amoureuse. Comment ça se caractérise aussi l'autodétermination dans ce cadre-là ?

• Speaker #0

  Oui, dans l'environnement humain, c'est un élément essentiel. Donc évidemment, dans les relations que j'ai, que j'entretiens avec certaines personnes, il y a des occasions de développer des types de relations, des relations d'amitié, des relations amoureuses. Donc, tout le volet des relations affectives, évidemment, ça peut être un... Un secteur dans lequel, nécessairement, j'ai la possibilité de faire des choix, de prendre des décisions. Et sur cette thématique-là, notamment, quand on pense parfois aux limitations qui ont été imposées à certaines personnes en situation de handicap sur le plan affectif, donc l'impossibilité, par exemple, de développer une relation amoureuse, on peut imaginer tout le tort que ça fait. Puis je trouve que ça caractérise bien l'importance qu'on a à accorder à ces occasions-là de développer des relations privilégiées avec certaines personnes.

• Speaker #1

  Merci, Bertin.

• Speaker #0

  Merci.

• Speaker #1

  Si vous voulez en savoir plus du côté de la France, contactez Campus Formation à l'adresse mail suivante. contact.campusformation.org Toute équipe se fera un plaisir de vous montrer un programme de formation, d'accompagnement ou de conseils sur mesure.

• Speaker #0

  Pour le Québec qui a découvert les travaux de recherche en cours de la Chaire auto-détermination et handicap, au www.uqtr.ca.cah.

• Speaker #1

  Au plaisir, Martin.

• Speaker #0

  Au plaisir, François.