- Speaker #0
S'autodéterminer, c'est être l'auteur de sa vie. Je suis François Bernard, directeur général du GAPAS et de l'organisme de formation Campus. Ensemble, agissons pour l'autodétermination des personnes en situation de handicap, mais pas que. Pour ce nouvel épisode d'Autodétermination et Handicap, j'ai le plaisir de recevoir Cécile Turley. Bonjour Cécile.
- Speaker #1
Bonjour François.
- Speaker #0
Alors Cécile, aujourd'hui on va parler d'autodétermination et d'emploi. J'en ai déjà parlé à la saison 4, notamment avec l'équipe du service de soutien à l'inclusion du CAPAS. Mais là on va parler de ta petite entreprise que tu as créée tout dernièrement et tu vas donc nous expliquer le travail que tu mènes pour également permettre à des personnes en situation de handicap qui sont très éloignées de l'emploi, finalement de travailler. Donc je te laisse présenter... ta société qui s'appelle Tilt.
- Speaker #1
Oui, merci. Effectivement, depuis quelques temps, j'ai créé Je dirige Tilt, qui est une agence spécialisée dans la communication accessible, qui intervient dans tous les champs de la communication, c'est-à-dire on parle d'une agence à 360 degrés, puisque Tilt peut aussi bien proposer d'intervenir en conseil et en stratégie de communication qu'en création de contenu, en design et en édition. On a aussi une activité événementielle, dans l'événementiel accessible. Et puis Tilt aussi a tout un pôle multimédia où on peut intervenir en projet vidéo, photo, audio.
- Speaker #0
Podcast notamment.
- Speaker #1
Bien sûr.
- Speaker #0
Et alors donc dans cette agence, est-ce que vous employez des personnes en situation de handicap ?
- Speaker #1
Tout à fait. Alors peut-être sans... le faire trop longuement, mais dire que TILT est un projet qui est incubé par le GAPAS et que ce projet est issu des bonnes pratiques qu'on a mises en place au sein du GAPAS en matière de communication accessible et que assez tôt, on a travaillé en lien direct avec les personnes accompagnées au sein du GAPAS, donc équipe du service communication composée de professionnels de la com, de la communication, et personnes en situation de handicap, parce que... Leur expertise dite d'usage, donc leur expérience, leur profil, mais aussi leurs compétences en communication accessible, permettaient de légitimer les supports accessibles qu'on produisait. Et en fait, ce travail-là m'a amenée à réfléchir que ces compétences-là pouvaient être valorisées aussi dans l'emploi. Sauf qu'au sein du GAPAS, les personnes sont accompagnées. Ce n'est pas la mission du GAPAS que de salarier, en tout cas de développer des prestations en communication. Et c'est comme ça que TILT a émergé. Et TILT, du coup, rassemble ces expertises de professionnels de la communication et de personnes en situation de handicap formées à la communication accessible et qui ont cette expertise d'usage pour les rassembler dans un même statut de salariés et de professionnels de la communication à part entière.
- Speaker #0
Donc ça veut dire que les personnes en situation de handicap ont des contrats de travail classiques, CDD par exemple. Et alors, c'est quoi les profils des personnes qui travaillent, y vivent-vous ces personnes-là ?
- Speaker #1
C'est très varié. En fait, pour certaines d'entre elles, elles vivent en établissement médico-social. D'autres sont accompagnées par des services et ont leur propre logement, leur vie. Certaines travaillent, par ailleurs. Certaines travaillent en ESAT, par exemple, et pas à temps complet. Du coup, comme elles ont aussi cette compétence communication sur une partie de leur temps, elles rejoignent TILT sur des projets spécifiques. Et puis je travaille aussi avec des étudiants qui sont professionnels en devenir et qui ont du coup cette expertise d'usage, une situation de handicap, une expertise particulière qui fait qu'à un moment donné, elles rejoignent TILT au projet.
- Speaker #0
Donc tu disais des établissements médico-sociaux, ça peut être par exemple des personnes qui vivent dans quel type d'établissement ?
- Speaker #1
Alors c'est très varié, mais ça peut aller d'un service d'accompagnement jour comme à un service d'accueil de jour. comme une maison d'accueil spécialisée. C'est vrai que par l'expérience que j'ai eue au sein du GAPA, c'est les rencontres que j'ai faites, j'ai croisé des personnes en situation de handicap qui par exemple étaient en situation de polyhandicap, mais qui étaient de très bons traducteurs FALC, faciles à lire et à comprendre. Et il n'y avait aucune raison pour que TILT ne les embauche pas avec un CDD de droit commun, puisqu'ils ont toute la compétence pour pouvoir être recrutés à ce poste, alors qu'elles n'ont jamais travaillé.
- Speaker #0
Ça c'est quand même un sacré changement. Pour elles, qu'est-ce que ça leur apporte de travailler dans le droit commun ?
- Speaker #1
Clairement, l'emploi amène quand même un vrai positionnement, un vrai rôle social. Ça vient valoriser une compétence, mais c'est aussi une reconnaissance sociale, sociétale, certaine pour les personnes. Là où parfois elles-mêmes n'avaient jamais imaginé signer un contrat de travail, quand on amène ça, c'est aussi un changement de regard sur soi et un changement aussi de rôle social. Tout d'un coup, on est accompagné au sein d'un établissement. pas la reconnaissance même de travailleurs handicapés, la fameuse RQTH, et puis on vous propose un emploi dit ordinaire dans une entreprise où vous êtes salarié aux côtés de professionnels diplômés de la communication et c'est pas pour de faux, on fait pas semblant, on a besoin de cette compétence-là pour ce projet-là. Donc c'est aussi faire équipe et c'est un vrai levier d'insertion sociale plus largement. Alors il y a des freins, il y a des vrais endroits de freins à plein d'endroits, des freins administratifs, des freins de... techniques.
- Speaker #0
Alors lesquelles ? Tu peux en donner quelques-uns ?
- Speaker #1
Par exemple, dans les rencontres que je fais, alors là, ça ne concerne pas forcément les personnes qui sont accompagnées au sein de maisons d'accueil spécialisées, mais dans les rencontres que je fais de profils que je souhaite recruter pour des projets au sein de TILT, peuvent se poser aussi des questions liées à la mobilité. Les personnes ont la compétence, mais elles n'ont pas forcément la possibilité de se déplacer en autonomie. Donc il faut organiser tout ce sujet-là, tout l'environnement. Il faut aussi expliquer toute la dimension administrative qu'il y a autour de la situation de travail. Il faut pouvoir signer son contrat, comprendre ce que ça implique. Et puis, pour certaines personnes en situation de handicap qui n'ont jamais travaillé, c'est un changement aussi lié à leur propre économie individuelle. C'est-à-dire que les personnes en situation de handicap touchent des allocations. Elles ont l'allocation adulte handicapé pour certaines. Et du coup, le fait de travailler... peut amenuiser, peut réduire cette allocation. Et donc, ça peut être aussi un vrai choix pour les personnes en situation de handicap de se dire, OK, j'accepte de prendre ce risque, de voir mon allocation adulte handicapé réduite, mais je le fais parce que ce que m'apporte le travail, la reconnaissance que ça m'amène, la valorisation au regard de mon environnement, de ma famille, de mes proches, et pour moi-même, ça vaut le coup, en fait. Mais du coup, moi, je suis très admirative de ces choix-là et de cette prise de risque. Et puis j'essaye aussi de l'accompagner pour la minimiser et en tous les cas, que ce choix-là soit éclairé. Et là, on est vraiment dans le choix éclairé, dans l'autodétermination par l'emploi.
- Speaker #0
Oui, c'est ça. C'est-à-dire que ça renforce finalement le sentiment de pouvoir agir, d'avoir les compétences et de se sentir capable de travailler. Et aussi dans le cadre de l'autoréalisation, c'est amener de la confiance en soi et d'avoir une estime de soi aussi meilleure. Sur le fait que finalement, j'ai des compétences à partager et à mettre à disposition.
- Speaker #1
Oui, et qui méritent salaire.
- Speaker #0
Tout à fait, qui méritent salaire. Et justement, pas forcément en tant que bénévole.
- Speaker #1
Oui, tout à fait. Alors après, pourquoi pas ? J'en parlais encore il y a peu de temps avec des traducteurs phales qui me disaient Mais moi, ça me va d'être bénévole. Je n'ai pas besoin d'être payée. Je vis bien. Et du coup, c'est aussi... C'est un choix. Parfois, si on dit choqué pour le bénévolat, pourquoi pas ? Je ne vais pas forcément forcer vers l'emploi. Mais par contre, je trouve ça important d'amener tous les éléments de compréhension de ce que l'emploi peut permettre, de ce que la situation de travail amène, aussi bien en termes de droit qu'en termes de devoir. Quand on parlait des freins, c'est vrai que quand il y a une situation de travail et que tu signes un contrat, si jamais tu n'es pas à l'heure le jour de ta prise de poste, surtout sur des projets comme ceux qu'on mène qui sont souvent... collectif, ça a un impact. Et derrière, il y a un client qui a une exigence de qualité, qui a signé un devis. Et j'insiste beaucoup sur cet aspect-là quand on signe les contrats que ce soit d'ailleurs avec les personnes en situation de handicap qu'avec les professionnels que je recrute par ailleurs sur l'engagement que ça implique. La communication accessible, c'est la communication. Et on est une agence. Donc on a le même positionnement de qualité que n'importe quelle autre agence.
- Speaker #0
Tu aurais des exemples de réalisations que vous avez pu mener ?
- Speaker #1
Oui, alors dans le champ du facile à lire et à comprendre, on a par exemple travaillé avec le CNRS, le Centre National pour la Recherche Scientifique, pour qui on a... Pas traduit, on a écrit en FALC le livret pédagogique de leur festival La Fête de la Science. On l'a fait en 2023 et en 2024. Et c'était un beau défi parce que CNRS, c'est de la recherche scientifique. Il faut rendre compréhensible ce que font des chercheurs dans des laboratoires qui peuvent être déconnectés du tout public. Donc c'était un vrai choix pour eux de s'adresser à nous et puis de se dire, on va faire le livret qu'en FALC. Il n'y a pas deux livrets,
- Speaker #0
il n'y en a qu'un seul.
- Speaker #1
Et ça, moi, ça me parle beaucoup et c'est important aussi que nos clients, évidemment, soient alignés avec nos valeurs. Tilt, c'est une agence qui promeut l'accessibilité, mais sans jamais rogner ni sur la qualité ni sur l'esthétique. Ça fait partie de notre raison d'être de faire des propositions qui permettent aussi l'émotion, l'accès au beau. C'est tout aussi important. L'accessibilité, elle se joue aussi à l'endroit du sensible. Et c'est vrai que parfois, les détracteurs de l'accessibilité ou en tout cas des... des modalités de communication accessibles peuvent dire bah ouais mais le falc c'est moche ou bah parfois il y a une déperdition d'informations et en fait c'est un engagement de Tilt de pouvoir donner toute la dimension d'un projet qu'on va soit traduire, soit rédiger soit réaliser et de pouvoir le faire en amenant aussi une dimension esthétique donc c'est ce qu'on a voulu travailler avec le CNRS avec beaucoup de... de qualité d'échange avec le CNRS et puis peut-être aussi vous donner un exemple de ce qu'on fait en matière de vidéos, de multimédia. On collabore avec une entreprise qui s'appelle Panthéa dans le champ culturel, plus particulièrement du spectacle vivant. Panthéa qui propose des prestations d'accessibilité au spectacle via des prestations de surtitrage, mais aussi qui a développé une innovation via des lunettes connectées, dans lesquelles on peut choisir la langue dans laquelle on va suivre les surtitres et aussi Si on est malentendant, pouvoir projeter une vidéo où un ou plusieurs interprètes vont traduire en langue des signes française le spectacle, et ça va se projeter en surimpression sur ce qui se passe au plateau dans un écran LCD. Et c'est Tilt qui produit les vidéos en LSF qui sont proposées par Panthéa au lieu culturel. Donc ça nous a connectés avec plusieurs théâtres, comme La Rose des Vents, l'Opéra de Lille, le Tandem, la scène nationale d'Arras-Doué. Et puis pour ces structures-là, du coup, on a pu aussi réfléchir à d'autres supports comme des teasers en langue des signes françaises de leurs spectacles.
- Speaker #0
Donc ça veut dire que vous pouvez travailler pour tous les secteurs d'activité ?
- Speaker #1
Tout à fait. Privé,
- Speaker #0
public ?
- Speaker #1
Oui, on peut travailler pour tout type d'organisation, organisation privée. Alors évidemment, on a un réseau naturel dans le champ social et médico-social, mais ce qui nous nous porte et nous fait vibrer, c'est d'aller aussi porter un projet. Et des valeurs peut-être auprès de structures qui sont moins dans cet ancrage d'agriculté, mais qui voient émerger un besoin. Et puis aussi, le champ de la communication, c'est un secteur où on est nombreux, très pourvus en agence, en freelance, en consultant. Et donc, on n'arrive pas comme l'agence en plus qui va tout bousculer. On est plutôt dans l'optique de trouver des complémentarités avec l'existant. Et pourquoi pas travailler avec des agences qui choisiraient de solliciter. tilt en complémentarité de leurs propres prestations pour amener l'expertise accessibilité auprès de leurs clients.
- Speaker #0
Super, c'est très clair. Alors, comment on fait pour te contacter ?
- Speaker #1
Alors, on peut me contacter par téléphone ou par mail. Il y a une adresse contact contact.agence-tilt.org Ok.
- Speaker #0
Eh bien, merci Cécile.
- Speaker #1
Merci beaucoup François.
- Speaker #0
Si vous voulez en savoir plus sur les programmes de formation Agir pour l'autodétermination, vous pouvez contacter l'organisme de formation Campus à l'adresse mail contact.campusformation.org Toute équipe se fera un plaisir de vous proposer un programme, un conseil, un accompagnement ou une formation adaptée à votre besoin.