- Speaker #0
Bonjour, bienvenue sur le podcast Aventures et Associés, le podcast dédié aux aventures entrepreneuriales entre associés. Je m'appelle Anne-Sophie Rio, avocat en droit des sociétés et fondatrice de l'Enox Avocat. Depuis 18 ans, j'accompagne des dirigeants et leurs entreprises. J'ai réalisé que ce qui me passionne dans mon métier, ce sont avant tout les interactions humaines, notamment entre associés. C'est pourquoi j'ai décidé de centrer mon activité sur l'association en élaborant un accompagnement spécifique pour les associés, à la fois humain et juridique. De là est née l'idée de ce podcast. Pour cet épisode, j'ai le plaisir d'accueillir Charles et Julien Duval-Leroy de la Maison de Champagne Duval-Leroy, maison familiale et indépendante, ce qui va nous permettre d'en apprendre davantage sur l'élaboration d'un champagne d'exception au sein d'une entreprise familiale créée en 1859. Bonjour Charles. Bonjour Julien. Merci d'avoir accepté mon invitation. Alors, je vais commencer par la question traditionnelle. Quel est votre parcours ? Je ne sais pas qui veut commencer.
- Speaker #1
Bonjour Anne-Sophie et merci de nous recevoir. Donc Julien, 42 ans, marié, deux enfants et donc je suis le président du Champagne du Val-le-Roi.
- Speaker #0
Merci.
- Speaker #2
Charles Duval-Laureau, je suis directeur général de Champagne Duval-Laureau, marié de deux enfants. Un parcours assez classique, école de commerce, après une boîte de conseil en marketing et maintenant ravi d'être à la maison.
- Speaker #0
D'accord. Et vous avez une première expérience, Julien, avant ?
- Speaker #1
J'ai une première expérience, j'avais monté une boîte de consulting en affaires internationales et j'ai rejoint la maison il y a maintenant 15 ans. Et à force de sous-traiter le marketing à l'extérieur... Chez Charles, justement, qui avait monté sa boîte de marketing, on lui a demandé de nous rejoindre. Donc voilà, c'est le dernier arrivé, même s'il travaillait déjà pour la maison depuis un petit moment.
- Speaker #0
D'accord. Et est-ce que vous voulez bien nous parler de la maison de Champagne du Val-le-Roi ? Un petit peu son histoire, ses valeurs ?
- Speaker #1
C'est une maison qui a été créée en 1859. Et donc, avec mes frères, il y en a un autre qui n'est pas présent aujourd'hui, c'est Louis. Nous sommes la sixième génération. Et donc en 1991, notre maman, au décès de son mari, notre papa, a repris la maison et au fur et à mesure nous l'a transmise. Et donc aujourd'hui, on dirige la maison tous les trois.
- Speaker #2
Donc ça fait six générations. L'histoire a commencé dans le village de Vertu. Comme disait Julien, en 1859, M. Duval avait les terres. M. Leroy était vendeur de marchands,
- Speaker #1
négociant. Il disait,
- Speaker #2
toi tu fabriques, moi je vends. Ils se sont associés. La vie étant bien faite, le fils du Val épouse la fille de Roi en deuxième génération et nous voilà donc en sixième génération. Toujours dans le même village, avertueux, au plein cœur du vignoble.
- Speaker #0
Et aujourd'hui, vous êtes tous les trois, mais il y a aussi encore votre maman qui est...
- Speaker #1
Alors notre maman a pris sa retraite il y a maintenant deux ans, mais on a créé pour l'occasion un conseil de surveillance, donc notre maman nous surveille.
- Speaker #0
Et donc elle est toujours associée ?
- Speaker #1
Elle n'est pas associée, mais elle est dans la partie. Mais ça fait un petit moment, on a réparti les tâches en lui disant « Fais ce que tu as envie, on fera le reste. » Et donc, on a fait la transition comme ça.
- Speaker #0
D'accord, ok. Et alors, comment est-ce que vous vous êtes rencontrés ? J'imagine, qui est le grand frère ? Vous n'avez pas dit votre âge,
- Speaker #1
Charles.
- Speaker #2
40 ans. Non, c'est Julien, le grand frère.
- Speaker #0
D'accord. Et Louis, c'est le petit frère. Petit frère. Petit frère. D'accord. Alors, qu'est-ce qui vous a donné envie de travailler ensemble ? Parce que vous avez eu des premières expériences avant. Qu'est-ce qui a fait que vous aviez envie de travailler réellement, d'être associé au sein de la maison familiale ?
- Speaker #1
Déjà, il y a eu l'amour du champagne, la maison et puis l'histoire familiale et cette tradition qui est portée depuis six générations. Et on en rigolait pendant un moment en se disant, c'est notre dernier métier. Donc, c'est pour ça qu'on a eu envie d'explorer d'autres choses avant. Mais oui, l'idée, c'était de revenir dans la maison et de travailler ensemble.
- Speaker #2
C'est une chance d'ingénieur. On a un des plus beaux produits du monde. On a une très belle maison. On verra plus tard, mais on est à peu près d'accord sur tout et sur la façon de le faire. Donc, c'est facile de travailler ensemble. Et deux,
- Speaker #1
c'est aussi agréable.
- Speaker #0
Merci. Et donc, cette arrivée, elle s'est faite progressivement, de ce que j'ai compris. Les trois enfants sont arrivés les uns après les autres auprès de votre maman. Comment ça s'est passé ?
- Speaker #1
Ça a été assez progressif. Louis nous a rejoints après l'école. Donc, lui, ça a été le plus rapide. Il n'a pas eu d'expérience à l'extérieur. Il a... tout de suite voulu nous rejoindre et Charles, comme je l'indiquais au début, avait monté une société de marketing où on lui sous-traitait de plus en plus et tout notre marketing. Donc au bout d'un moment, on lui a dit, rejoins-nous, ça n'a pas de sens.
- Speaker #2
C'était 1% du temps, 2%, 5%, 10%, 15%, 20%, 30%, il arrive à 80% du temps, il faut sauter. D'accord.
- Speaker #0
Et vous avez des fonctions, de ce que je comprends, un peu spécifiques chacun les uns les autres. Est-ce que c'est très clairement réparti ou non ?
- Speaker #2
Non, c'est clairement réparti. C'est pour ça que ça s'entend et que ça fonctionne. C'est qu'on fait des choses aussi qu'on aime et dans lesquelles on pense être compétent. Touche du bois, pour l'instant tout va bien. Donc c'est qu'on doit l'être au moins un petit peu. Je suis vraiment en charge du commerce et du marketing. de la communication de la maison. Louis, qui n'est pas là aujourd'hui, il va être en ambassadeur de marque. Il va aller donner la bonne parole un peu partout, surtout dans les écoles en France, après à l'export ou compétition de golf, tout type d'événements possibles et imaginables où on peut faire rayonner la maison. Et Julien, on va le dire lui-même.
- Speaker #1
Moi, je suis président, donc je m'occupe en direct du personnel, de l'appro-raisin, qui est une partie importante chez nous, puisque sans raisin, c'est difficile de faire du champagne. Et puis, des parties administratives avec notre DAF pour la partie finance également.
- Speaker #0
D'accord. Et vous avez des salariés, j'imagine ? Vous en avez combien ?
- Speaker #1
Une cinquantaine de salariés pour la partie production et vente et une trentaine de personnes dans les vignes.
- Speaker #0
D'accord. Et est-ce que vous avez parfois des moments de désaccord, de tension entre frères associés ?
- Speaker #1
C'est pratiquement pas arrivé, je ne crois pas. Enfin, je n'ai pas souvenir de... D'accord. tension, comme l'a dit Charles, on est d'accord sur la vision, on sait où on veut aller. Donc peut-être que sur du court terme on a pu avoir un désaccord, mais sur la vision de long terme, il n'y en a absolument pas.
- Speaker #2
C'est vrai qu'on a une chance. Carole de Valero, notre mère, a mis l'objectif de la maison en termes de taille, en termes de positionnement, en termes de beauté de la maison, et on est d'accord sur ce positionnement. C'est vrai qu'il y aurait un problème si aujourd'hui on fait un million cinq de bouteilles. 300 tables étoilées un peu partout dans le monde. On est ravis de ce positionnement. Si on a un qui disait non mais il faudrait faire 10 millions de bouteilles et l'autre qui dirait il faut réduire à 500 000, là peut y avoir des accords. On est tous d'accord qu'entre 1,5 million et 2 millions de bouteilles, on a une bonne taille, qu'on arrive à vendre correctement nos bouteilles intelligemment un peu partout. Après ça fonctionne. Sur des gros marchés, si on a des appels d'offres, on se met autour de la table en disant est-ce qu'on le fait, est-ce qu'on le fait pas ? Dès qu'on commence à passer à un 5 ou un 10% de chiffre d'affaires sur un client, on se dit On le fait, on ne le fait pas, oui, non, c'est pas assez cher. Et après, on en discute en disant, tiens, si on se met à ce prix-là, on a 100% de chance de le gagner, 90% de chance. Comment on la joue ? Et après, on est d'accord, on perd, on perd, on gagne, on gagne. Mais c'est vrai que le fait de travailler ensemble, on se dit qu'on doit tous aller dans le sens de la maison et qu'il n'y en a pas un qui va jouer contre son camp. Donc normalement, s'il y a un moment où on va perdre des marchés, pour ma partie commerciale, oui, on va perdre des marchés, oui, on va en gagner, mais on ne fait pas exprès de les perdre, on essaye de faire tout au mieux. Donc normalement...
- Speaker #0
Et pour justement établir cette bonne communication, vous avez des rituels, des moments vraiment qui sont fixes, par exemple de réunion, d'échange, des séminaires juste entre vous ?
- Speaker #1
Il n'y a pas de réunion fixe ni de rituel, on se voit, on s'appelle souvent lorsqu'on ne se voit pas et c'est plutôt l'inverse en fait. On essaye aussi de préserver des moments où on ne va pas parler boulot parce qu'on n'a pas envie de s'oublier en tant que famille également. Donc, voilà, c'est plus dans ce sens-là où on va créer plus un rituel de prendre un mot pour se dire, voilà, cette fois, c'est un anniversaire où il y a les enfants, où c'est quelque chose. Et donc, cette fois-là, on ne va pas parler boulot, justement.
- Speaker #0
Et vous y arrivez ?
- Speaker #1
Et on y arrive assez bien, oui.
- Speaker #0
Est-ce que ça vient avec ma question suivante ? Comment est-ce que vous parvenez à avoir un équilibre vie professionnelle et personnelle et donc familiale ? Parce que comme vous êtes vraiment tous les trois ensemble, plus votre maman,
- Speaker #1
Déjà, d'être trois le permet. Ça permet de se répartir les tâches. Certes, on a des rôles bien définis, comme ça a été évoqué. Mais néanmoins, il y a toujours des sollicitations, des moments où il va y avoir une dégustation, parfois plusieurs en même temps. Et le fait d'être trois permet aussi, une fois c'est l'un qui le fait, une fois c'est l'autre. Et pareil pour tel déplacement. On regarde les engendres. On a tous un rôle défini, mais ensuite, en tant qu'ambassadeur de la maison, on va se déplacer. Mais le fait d'être trois, on fera un peu moins de... d'événements, on sera moins sollicité, et donc on préserve week-end ou soirée pour famille et amis également.
- Speaker #0
D'accord. Est-ce que vous pourriez nous parler d'un moment difficile que vous avez surmonté ensemble ?
- Speaker #1
Le Covid ? Non ?
- Speaker #2
Le
- Speaker #1
Covid, c'était quand même assez complexe.
- Speaker #2
C'était cinq ans, mais on essaie de l'oublier vite, le Covid.
- Speaker #1
On a eu ce moment difficile où on avait fait tout ce recentrage de sortir de la grande distribution. On s'était aligné sur une clientèle de restauration, d'événements. Et en fait, avec le Covid, tout notre recentrage, c'est tout ce qui a été fermé. Donc, administrativement fermé, les restaurants fermés. Et nous, notre maison a été fermée également. On a fermé en mars 2020, je crois que c'était. Et ça fait très bizarre, on a fait un mois d'avril avec zéro bouteille vendue. Donc voilà, vous avez les salaires à payer, vous avez les fournisseurs à payer, vous avez les intérêts bancaires à payer, et derrière, vous n'avez pas de rentrée. Donc oui, un moment compliqué, et on a surtout fait un Covid long, puisque nos clients étaient fermés. Donc oui, pour ça, c'était une période quand même...
- Speaker #2
Le premier client en France, c'est Air France, et le deuxième, c'est le Moulin Rouge. Vous ne savez pas quand on allait reprendre les avions, et mon arbre, j'avais fermé 18 mois. On avait le Lido aussi. On avait aussi le Lido, qui était le troisième client en France qui s'en est parmi.
- Speaker #1
Mais oui, c'était vraiment une période particulière pour la famille, pour les salariés. C'est vrai qu'on a mis beaucoup de temps avant de pouvoir reprendre une activité « normale » .
- Speaker #0
Et comment ça s'est passé ? Vous avez beaucoup échangé ?
- Speaker #1
On a échangé, voilà. PGE à faire ? Est-ce qu'on le fait ? Quel montant ? Comment ça va se passer ? Donc oui, on a mis tout ça en place et ça s'est fait avec des échanges et puis une vision sur l'avenir en se disant que la stratégie était la bonne, il ne faut pas la changer et que le Covid, c'est un passage et qu'on va revenir à meilleure fortune. On pensait un peu plus vite, mais finalement, ça a repris quand même.
- Speaker #0
Et aujourd'hui, qui prend les décisions ? Est-ce que vous proposez ? Et puis, il y a quand même des décisions qui sont vraiment prises en compte. en commun avec le conseil de surveillance, avec votre maman, où chacun est vraiment autonome dans sa prise de décision, dans son domaine d'activité ?
- Speaker #1
On est très autonome, mais on échange beaucoup. Donc, en fait, s'il a un marché ou un appel d'offres, il va nous en parler. Et moi aussi, je dois renouveler un contrat de raisin ou préparer le tirage en se disant, on va faire quel cuivre ? Évidemment qu'on se tourne vers le commerce en disant, est-ce que tu penses ça judicieux ? Et c'est ce qu'on a encore fait récemment pour préparer le tirage. Donc, c'est les vins. savoir dans quel cuvet on va les mettre et vers quoi on va s'orienter. Donc oui, on discute et on regarde ça ensemble.
- Speaker #0
Vous vous parlez tous les jours ? Vous vous échangez tous les trois tous les jours ?
- Speaker #1
Trois fois par semaine. Après, peut-être pas tous les jours, mais on n'y est pas loin, oui.
- Speaker #0
Parce que vous n'êtes pas basé sur le lieu de production ?
- Speaker #1
Et puis on bouge également. Louis est souvent en déplacement, toi tu y es quand même pas mal aussi. C'est moi qui suis le moins en déplacement et le plus avertu sur le lieu de production, oui.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #2
comme on veut toujours avoir une figure de la maison sur le site de production, on n'y va pas en même temps.
- Speaker #0
Ah, d'accord.
- Speaker #2
Généralement. Moi, j'y suis plutôt en début de semaine, je viens en milieu et fin de semaine.
- Speaker #0
Et donc, vous avez quand même quelqu'un sur place qui est un responsable de production ?
- Speaker #1
Oui, un responsable de production.
- Speaker #0
Je vais remettre de chef, je ne sais pas comment on appelle ça.
- Speaker #1
On a un chef de cave, oui, oui. L'essentiel est là, on a un petit bureau à Paris sinon. Et puis, voilà, l'essentiel est quand même à vertu, oui.
- Speaker #0
D'accord. Et vous diriez que votre relation, comment elle a évolué au fil du temps ? Parce que j'imagine que... Alors, j'ai l'impression que vous n'avez pas beaucoup d'écarts, les trois. Votre petit frère, il a quel âge ? Il a deux ans, deux. Ah oui, c'est ça. Donc déjà, est-ce que vous étiez proches quand vous étiez petits ? Est-ce que votre relation, quand vous étiez enfants, est-ce qu'elle se rejoue dans l'entreprise ? Ou le rôle de l'aîné, c'est quand même vous qui êtes effectivement président du directoire. Donc, est-ce que c'est lié ? Que...
- Speaker #1
Je dirais qu'on a appris à se redécouvrir aussi, parce qu'on a fait nos études, on était séparés à ces moments-là, après, par la suite. Et quatre ans d'écart, ça paraît peu, mais quand on est petit, en fait, on n'a pas du tout les mêmes centres d'intérêt. Donc c'est plus avec Louis que j'avais moins d'attaches au départ et qu'on a appris à se revoir et à avoir par la suite des points d'intérêt communs. Alors que quatre ans d'écart, quand on est petit, on n'a pas du tout les mêmes centres d'intérêt, on ne joue pas ensemble. Et j'étais plus proche de Charles pour tout ce qui était jeu que lui, qui avait 4 ans d'écart.
- Speaker #2
On était dans la même chambre, il perdait au tennis, il perdait au foot, il perdait au Super Nintendo. Voilà.
- Speaker #1
Classique.
- Speaker #0
Donc, en fait, vous vous entendiez déjà bien petit. Parce que j'ai l'impression, en fait, dans l'épisode précédent, c'était aussi un frère et une sœur, alors dans le domaine de la restauration. Et ils s'entendaient déjà très bien quand ils disaient 11 ans d'écart. Donc, vraiment très différent. C'était la grande sœur, en plus. assez maternante. Et ils avaient une très belle relation déjà dans l'enfance. Et j'ai l'impression que la réussite d'une association en famille se fait quand vraiment la fratrie, ça se passait bien, ou en tout cas que chacun avait un rôle déjà, chacun bien sa place dans la famille. Je ne sais pas si c'est quelque chose qui...
- Speaker #1
Ça nous parle. Et puis nous, on a eu un... C'est un drame qui nous arrivait petit aussi et qui nous a ressoudés encore davantage. On a perdu notre père très jeune. Et donc, en fait... On avait notre maman et les frères, c'est toute la famille qu'on pouvait avoir. Donc oui, ça nous a soudés et on était ensemble, on a grandi ensemble. Et même après, si on a fait nos études séparément, on a gardé un lien très fort.
- Speaker #2
Oui, par rapport même à d'autres, du salariat classique ou des associés classiques, on se connaît très très très bien. Donc on sait, dans un sens ou dans l'autre, où est-ce qu'il faut tirer, soit pour énerver ou pour ne pas être énervé, et pour que ça se passe bien, il y a des choses à dire, des choses à ne pas dire, et à un moment, c'est assez simple à faire.
- Speaker #0
Oui, et c'est ce qu'il disait aussi dans le précédent épisode, c'est que parfois il pouvait se dire des choses pas forcément très agréables, mais il restait toujours frère et sœur. Donc, le lien, en fait, il resterait toujours, quoi qu'il arrive, dans la relation d'associés. Malgré ce qu'on pouvait se dire, il y avait l'amour fraternel et familial qui était là. Et eux aussi avaient repris les restaurants des parents. Donc, c'était aussi une reprise. Est-ce que vous avez un pacte d'associés ?
- Speaker #1
Non.
- Speaker #0
Et vous n'avez pas besoin. En fait, les règles, elles sont bien établies entre vous, j'ai l'impression. Vous vous êtes jamais dit que c'était nécessaire ?
- Speaker #1
Non, on ne s'est jamais dit que c'était nécessaire. On n'y a jamais réfléchi. Et l'organisation s'est faite après, par la suite, suite au décès. En fait, on est devenus, nous, les actionnaires. Et notre maman était en fait gérante, régente. Mais en fait, on était déjà actionnaires petits et on ne comprenait pas du tout ce qui se passait à nos âges. Donc, on a grandi en se disant, voilà, on est ensemble dans cette aventure, mais on n'a pas rédigé quoi que ce soit, ni à l'époque, ni après.
- Speaker #0
D'accord. Et ce n'est pas un besoin que vous avez aujourd'hui ?
- Speaker #2
Non, je pense en plus qu'on a la même vision, qu'on n'est qu'une partie de l'aventure et que l'aventure doit continuer. Donc, il n'y a pas d'idée de se dire, tiens, demain je pars. Je vous t'enverre, mais on n'a pas du tout cette vision-là. On sait qu'on n'est pas très âgés,
- Speaker #1
qu'on se met derrière.
- Speaker #0
Et donc ça, c'est un point que vous avez déjà abordé ? Vous en parlez déjà avec vos enfants ?
- Speaker #1
Ils sont petits, mais parfois on a des remarques, c'est rigolo. On essaye de les associer aussi, de leur faire découvrir. Évidemment, ils viennent aux vendanges sur des temps festifs où ils vont aller couper des raisins, où ils vont aller faire différentes choses. Mais sur les vacances scolaires, ils viennent. On a fait des dégustations avec eux, on a préparé. Je vais te laisser présenter le coffret, c'était marrant,
- Speaker #2
c'était ton idée, mais on a un coffret qui s'appelle le coffret héritage et qu'on voulait des vins des parents et des grands-parents, qu'on met aujourd'hui en vente, mais on a fait la sélection avec les enfants. Alors oui, ça reste des petits-enfants, ils ont bien recraché, ils n'ont pas bu d'alcool, tout va très bien, mais ils ont quand même fait une quarantaine de millésimes des années 80 aujourd'hui en disant ça j'aime bien, ça j'aime pas.
- Speaker #1
Et après,
- Speaker #2
on a regardé aussi par rapport au stock, mais on a sorti un très très beau coffret avec deux bouteilles de 88, deux bouteilles de 97 et deux bouteilles de 2002. Avec aussi cette idée, vous pouvez en boire une et en garder une pour la suite. Parce que généralement, si vous avez six différentes, vous n'avez jamais la quête à boire. Au moins, avec deux de deux, on en boit une, on en garde une. Et non, non, ils ont joué avec ça.
- Speaker #1
Ils se sont pris à l'exercice, ils avaient leur petit cahier, les notes. Voilà, c'était vraiment très régulier.
- Speaker #0
Les cousins étaient présents.
- Speaker #1
Oui, les quatre étaient là.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #2
C'est amusant.
- Speaker #0
C'est une belle expérience.
- Speaker #2
De temps en temps,
- Speaker #1
l'autre,
- Speaker #2
quand je reçois un CV, elle me fait « mais montre-moi c'est quoi ? » Donc j'explique ce qu'est un CV. Elle me dit « mais montre-moi cette aide, si je dois travailler un jour pour du Val-Lora. » Oui,
- Speaker #0
donc il y a quand même déjà une projection.
- Speaker #2
Il y en a une, chez moi il y en a une sur les deux. L'autre, moins, mais allez.
- Speaker #0
Et vous souhaitez les encourager dans cette voie ?
- Speaker #1
Ils feront ce qu'ils ont envie, mais après...
- Speaker #2
Il ne faut déjà pas les décourager.
- Speaker #1
Il ne faut pas les décourager, leur montrer ce que c'est. Et puis, si ça leur plaît, c'est un univers qui est... Enfin, nous, on a trouvé ça génial, mais peut-être qu'ils auront d'autres appétences. Et si c'est leur choix de faire autre chose, ils feront autre chose.
- Speaker #2
C'est la première génération qui n'est pas vertusienne, qui n'est pas née à vertu, qui n'a pas grandi. Donc, il faut les intéresser si on ne les intéresse pas. à faire les vendanges. En plus, ils ont de la chance maintenant, il fait beau pendant les vendanges. On est ici, on est là. Là, le changement climatique a quand même du bon pour les enfants, pour les vendanges. Ils peuvent venir, il fait beau. S'ils ne font pas de vélo dans les vignes, s'ils ne viennent pas goûter des vins, s'ils ne viennent pas regarder l'unité de production, ils n'auront jamais l'appétence pour le produit non plus. Donc, il faut quand même aussi les habituer et après, ils feront ce qu'ils voudront.
- Speaker #0
Et ça, c'est une vision que vous avez tous les deux. Oui, oui. C'est vraiment une vision partagée.
- Speaker #1
Oui, tout à fait.
- Speaker #0
Est-ce que vous auriez des conseils à donner pour s'associer, notamment en famille, ou en tout cas, justement, cette association fonctionne bien ? Quelles seraient les qualités indispensables d'un bon associé ?
- Speaker #2
Je pense que dans notre cas, c'est vraiment de garder du temps et de ne pas tout mélanger tout le Je ne sais pas ceux qui sont associés mari-femme, avec leurs enfants ou entre frères. Mais nous, on a quand même cette chance de vivre à Paris. On ne vit pas au même endroit tout le temps, l'un à côté de l'autre. On se voit, mais sans se voir. On n'est pas tout le temps les uns sur l'autre. Je pense que ça permet aussi de garder cette... C'est pour une bouffée d'oxygène, mais de ne pas être tout le temps sur le dos de l'autre, je pense que ce serait plus usant. Nous, on a un bon mécanisme, à mon sens, qui est de laisser la place à chacun et d'avoir nos temps à nous.
- Speaker #1
Et d'avoir une grande confiance. En fait, on peut se dire, voilà, il va aller faire le rendez-vous. Il n'y a pas besoin de le surveiller, de voir quoi que ce soit. Et puis, il va faire dans l'intérêt de la maison. Et donc, voilà, c'est vraiment la confiance, à mon sens, qui serait primordiale.
- Speaker #0
Et qu'est-ce que vous diriez qui change entre être associé en famille et être associé avec des amis ou des gens qu'on a rencontrés dans notre parcours professionnel ? Est-ce qu'il y a une vraie différence pour vous ?
- Speaker #2
Nous, déjà, on a hérité petit et il y a un gros patrimoine. C'est vrai que pour ceux qui n'ont pas de pacte, ce ne serait pas simple non plus du jour au lendemain de se dire au revoir. Si vous montez une boîte... que vous êtes avec des associés, que vous entendez bien ou pas. À un moment, c'est normal de se quitter, c'est normal d'aller plus loin. Nous, on a quand même une forme qui est assez spécifique à nous et à la maison, qui fait que ce n'est pas évident. On voit de très belles associations ailleurs, et les gens sont très heureux, ils ont monté leur boîte ensemble, ça marche très bien, à un moment, ils ne sont plus d'accord, ils revendent et tout se passe bien, ils restent même amis derrière, ce n'est pas un problème, pour l'instant, ils ne s'entendent plus du tout.
- Speaker #0
Oui, ça peut arriver. En général, ils viennent nous voir aussi à ce moment-là. D'où l'importance du pacte dans ces cas-là.
- Speaker #1
Mais en fait, nous, il n'y a peut-être pas besoin de pacte, comme disait Charles, parce qu'en fait, les choses sont quand même assez ficelées. Les vignes sont exploitées, il y a des baux dessus. Donc, même si demain, je voulais partir, je n'en tirerais pas du tout le prix. Ce qui, sur le papier, serait celui de l'hectare de vignes. ou de la valeur d'une marque, sachant que tout est ficelé pour qu'il ne puisse pas y avoir de séparation sur le patrimoine de l'entreprise.
- Speaker #0
D'accord. Donc en fait, il n'y a pas de pacte, mais en tant que tel, les choses sont...
- Speaker #1
Mais elles sont rendues compliquées pour celui qui voudrait partir, oui.
- Speaker #0
D'accord. Après, je précise juste que les pactes, ce n'est pas seulement pour les sorties, c'est aussi pour les relations au quotidien. Alors vous, c'est complètement différent parce que vous êtes en famille, mais c'est vrai que moi, les gens que j'accompagne... C'est justement, on va travailler vraiment beaucoup sur la place de chacun. Alors, chez vous, elle est bien établie. Et puis moi, c'est plutôt à la création de la société. Mais c'est aussi de se dire qui on est, comment on fonctionne, pourquoi ça fonctionnerait bien et pourquoi ça ne fonctionnerait pas bien. Et de figer tout ça dans le pacte, en fait. Donc, c'est vrai que les gens ont une vision du pacte quand ça va mal et qu'on sort au tribunal parce qu'on n'est pas d'accord. Mais c'est vraiment, il faut voir ça aussi comme un outil pédagogique. Pour les associés.
- Speaker #1
Tout à fait, ou pour la génération suivante. Nous, on en a de plus en plus et on voit d'autres marques en Champagne où ils sont plusieurs dizaines, voire quelques centaines. Et là, oui, un pacte est obligatoire et nécessaire, j'imagine.
- Speaker #0
C'est effectivement ce que je préconise, en tout cas. Est-ce que vous voulez ajouter quelque chose en conclusion ? rien de spécial vous pouvez me contacter en message privé si vous avez besoin de champagne évidemment et sinon j'imagine que vous avez le site internet exactement web boutique très bien merci beaucoup merci Charles merci Julien de nous avoir emmené dans les coulisses de la maison du Val-le-Roi vos partages d'expérience et vos conseils inspireront j'en suis sûre de nombreux auditeurs merci à tous d'avoir écouté cet épisode d'Aventuré Associé si vous avez aimé ce podcast n'hésitez pas à le partager et à laisser un commentaire On se retrouve très bientôt pour un nouveau portrait d'entrepreneur passionné. A bientôt !