undefined cover
undefined cover
Episode 88 : Mathilde - Un accouchement physio après une naissance prématurée cover
Episode 88 : Mathilde - Un accouchement physio après une naissance prématurée cover
Balance ton accouchement

Episode 88 : Mathilde - Un accouchement physio après une naissance prématurée

Episode 88 : Mathilde - Un accouchement physio après une naissance prématurée

1h05 |02/10/2024
Play
undefined cover
undefined cover
Episode 88 : Mathilde - Un accouchement physio après une naissance prématurée cover
Episode 88 : Mathilde - Un accouchement physio après une naissance prématurée cover
Balance ton accouchement

Episode 88 : Mathilde - Un accouchement physio après une naissance prématurée

Episode 88 : Mathilde - Un accouchement physio après une naissance prématurée

1h05 |02/10/2024
Play

Description

Je vous retrouve aujourd'hui pour un nouvel épisode riche en émotions. Mathilde nous raconte son parcours, et surtout celui de son petit garçon arrivé plus vite que prévu alors que maman était en pleine fête de famille. Un parcours atypique, d'autant plus que Mathilde était elle aussi passée par le service de réa-néonatologie de ce même hôpital quelques années plus tôt. Elle nous partage son expérience, ses ressentis et surtout cette culpabilité qui s'installe immédiatement et comment remonter la pente.


Mathilde nous partage ensuite son deuxième accouchement, physio cette fois-ci avec une préparation poussée, comme elle le désirait.


Envie de discuter, d'en savoir plus ou de participer à ton tour ? Rendez-vous sur Instagram : @balance_ton_accouchement.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Rébecca

    Hello maman et bienvenue sur Balance ton accouchement, le podcast qui recense les histoires d'accouchement, qu'elles se soient bien ou mal passées, car toute histoire mérite d'être entendue. Vous écouterez ici des parcours faciles ou difficiles, des expériences uniques et surtout de la bienveillance et de la sincérité. Alors que tu sois maman, papa, future maman, futur papa ou simplement intéressé par l'accouchement et par ce qu'il fait traverser aux femmes et aux hommes, tu es le bienvenu par ici. Moi je suis Rebecca. maman de deux enfants, et complètement bouleversée par les accouchements et la maternité. Alors, sans plus attendre, voici le nouvel épisode du jour ! Alors bonjour, merci d'être venu sur ce nouvel épisode du podcast. Alors pour commencer, est-ce que tu pourrais te présenter s'il te plaît, en me donnant ton prénom, en me disant combien d'enfants tu as et quelle maison tu as, et puis en ajoutant tout ce que tu aurais envie.

  • Mathilde

    D'accord, c'est parti ! Alors moi c'est Mathilde, j'ai deux enfants, j'ai un petit garçon prénommé Charlie qui vient d'avoir trois ans et qui vient de faire sa rentrée il y a quelques jours et une petite fille qui a quatre mois et demi qui se prénomme Madeleine. Et sinon je suis bénévole dans une association qui s'appelle SOS Préma à Rennes.

  • Rébecca

    D'accord, une association qu'on connaît.

  • Mathilde

    C'est ça.

  • Rébecca

    Alors, première question que je pose à chaque fois, est-ce que tu avais pensé accouchement dès le début de ta première grossesse ? Est-ce que c'est quelque chose qui te faisait peur, qui te donnait envie ou à laquelle tu ne pensais pas spécialement ?

  • Mathilde

    Oui, j'avais déjà lu de nombreux ouvrages sur la maternité et je me renseignais déjà beaucoup là-dessus et notamment sur l'accouchement. J'avais entendu beaucoup d'histoires sur les accouchements de... plein de femmes et j'avais déjà une petite idée sur la question de comment je voulais que ça se passe.

  • Rébecca

    D'accord. Alors du coup, on va y revenir un petit peu après, mais sur les enlignes, tu voulais que ça se passe comment du coup ?

  • Mathilde

    Du coup, on était inscrits pour raconter en gros avec mon mari dans une filière physiologique.

  • Rébecca

    D'accord. Ok. Alors, est-ce que tu te souviens du moment où vous avez lancé Projet Bébé 1 ou est-ce que c'était une surprise ?

  • Mathilde

    Non, ce n'était pas une surprise, c'était un grand classique. On s'était dit avec mon mari qu'on voulait d'abord faire notre mariage. Et en gros, après le mariage, on arrêtait les contraceptifs et on se lançait dans le projet bébé. C'était vraiment dans la continuité de notre couple.

  • Rébecca

    D'accord. Et du coup, il est arrivé vite ?

  • Mathilde

    Oui, il est arrivé. Oui, il est arrivé au bout de quelques mois.

  • Rébecca

    Ok, donc pas de soucis particuliers.

  • Mathilde

    Non, non, non.

  • Rébecca

    Et alors, comment s'est passée ta première grossesse ? Est-ce que tout se passait bien ?

  • Mathilde

    Le premier trimestre, j'ai été un peu malade avec pas mal de nausées, j'ai perdu un peu de poids, mais sinon pas de gros maux particuliers, enfin des gros maux à ma UX bien sûr. Oui. Mais non, la grossesse s'est bien déroulée tout à fait normalement. Je sentais mon ventre qui contractait. Au début, je ne me rendais pas trop compte de ce que c'était, mais mon ventre était souvent dur. Donc, j'étais amenée quand même à me reposer, d'être au calme, sans stress, mais pas alitée non plus.

  • Rébecca

    Ok, d'accord. Il n'y avait pas d'alerte particulière ?

  • Mathilde

    Non, pas du tout. Non, non, non, non, je pouvais quand même faire de la voiture, me déplacer. On avait pu partir en vacances l'été à l'île d'Oléron. Donc, non, non, aucune alerte.

  • Rébecca

    Ok. Et toi, est-ce que ça te stressait ou pas vraiment ? Tu disais juste que c'était normal, c'est la grossesse.

  • Mathilde

    Non, je pensais que c'était normal, que c'était la grossesse, que ça devait se passer comme ça. Non, non, je me laissais vraiment porter. Moi, j'étais bien, j'étais heureuse avec mon ventre comme ça, qui grossissait de jour en jour. Non, non, c'était plutôt un plaisir.

  • Rébecca

    Ok. Et est-ce qu'il y a un moment où ça a commencé à dériver un petit peu, où on a commencé à être un peu plus inquiétant ?

  • Mathilde

    Non, pas du tout. Non, non, non, non, vraiment. Juste avant de l'accoucher, la veille en fait. Il n'y a qu'à ce moment-là où c'est devenu inquiétant. Sinon, jusqu'à la veille d'accoucher, on était à faire nos photos de grossesse avec mon mari à la plage.

  • Rébecca

    Ok.

  • Mathilde

    Non, non, rien.

  • Rébecca

    C'est une procède plus classique jusqu'à ce moment-là.

  • Mathilde

    Oui, c'est ça, exactement. Oui, oui, rien n'a signalé, on va dire.

  • Rébecca

    Ok. Et donc, tu voulais un accouchement physio. Tu nous as dit, est-ce que tu avais suivi des cours en ce sens ? Est-ce que tu avais fait des choses particulières ?

  • Mathilde

    Alors du coup, on était suivis à l'hôpital dans la filière physiologique. Je voulais quand même qu'il y ait l'hôpital. Je me suis dit, au cas où il arrive quelque chose, il y a quand même la réanimation qui est à côté. Ça avait un côté un peu rassurant que plutôt d'accoucher en clinique ou en maison de naissance. Donc, la préparation à l'accouchement avait presque commencé, si on peut dire ça, puisque le premier cours, ça a été la visite de la maternité avec le papa et le second. Les cours c'était quand même, on devait expliquer si on avait des mots pendant la grossesse. Donc voilà, j'ai fait ces deux cours-là, mais sinon j'avais mon suivi classique avec la sage-femme, mais je n'ai pas fait pour cette première grossesse d'hypnose, d'autonomie ou des choses comme ça, vraiment le suivi classique.

  • Rébecca

    Ok, et est-ce que c'est parce que tu ne connaissais pas ou tu n'avais pas forcément envie ?

  • Mathilde

    Les deux. J'ai envie de dire, les deux, je ne connaissais pas l'autonomie, l'hypnose, je connaissais un petit peu, mais je m'étais dit, ça, ce n'est pas pour moi, moi, je suis trop proactive, je n'arrive pas à me poser, à rester calme, ça, ce n'est pas du tout pour moi. Et puis, de toute façon, je n'ai pas vraiment eu le temps non plus de faire tout ça.

  • Rébecca

    Alors, justement, si tu nous racontes un petit peu, puisque là, tu nous te quises un petit peu, je vais laisser te reposer, mais... Alors, dis-nous tout, qu'est-ce qui s'est passé, du coup ? Donc, tu fais tes photos de grossesse à la plage.

  • Mathilde

    Et alors, qu'est-ce qui se passe ? Donc, en fait, le vendredi après-midi, on fait nos photos de grossesse à la plage. Donc, on a bien profité. C'était un bel après-midi. Le lendemain, il faut savoir qu'on était en week-end chez ma maman. Il y avait une consuette de famille qui avait lieu. Donc, il fallait faire les préparatifs.

  • Rébecca

    Oui. Si je te pose une question, tu te souviens à quel stade ? Tu t'es pensée, c'était à combien de semaines qu'on était ?

  • Mathilde

    Oui, j'étais tout juste à 33 semaines.

  • Rébecca

    Ok, au moins, ça nous met un petit peu dans l'ambiance.

  • Mathilde

    Donc voilà, je suis à 33 semaines. On a fait la troisième école il y a quelques jours. Donc, on a eu l'estimation du bébé. Donc, on connaît le sexe du bébé. On sait que ça va être un petit garçon qui pèse environ 1,9 kg. Que ça va être un gros bébé. terme qu'on me dit oh là là moi je me dis j'ai peur pour la césarienne parce que si on me dit 3,8 kg oh là là ça je me dis ça va jamais passer c'est pas possible. Donc ce week-end là on profite d'une grosse fête en famille qui se prépare, on fait beaucoup de cuisine. Mon mari part se promener à la plage avec sa maman et puis donc moi je suis en cuisine avec ma mère et mon frère qui traînent un petit peu plus loin et donc ils partent donc sachant qu'à la plage il n'y a pas vraiment... pas vraiment de réseau donc je sais pas trop quand est-ce qu'il va revenir. Moi j'ai du liquide qui coule entre les jambes donc je sais pas trop ce qui se passe, je sais pas trop ce que c'est. J'ai pas envie tout de suite d'en parler à ma mère qui va s'inquiéter, j'ai pas trop envie de lui dire. Je regarde un peu sur internet, est-ce que c'est ça le bouchon muqueux ? Et puis du coup j'en parle à mon frère qui me dit pourquoi tu me poses ça à moi, qu'est-ce que j'en sais moi ? Donc euh... Du coup, il me dit, on se met d'accord, je me dis, je vais appeler les sages-femmes, les urgences à l'hôpital qu'il y a à côté de chez ma maman. Et ils me disent qu'il faut venir tout de suite, que pour eux, ça serait une rupture de la poche des os.

  • Rébecca

    Ok, d'accord. Et comment tu prends ça, toi ? Est-ce que tu as confiance de ce que ça veut dire ?

  • Mathilde

    Non, je ne me rends pas vraiment compte de ce qui se passe. Je me dis, est-ce que ça veut dire que le bébé va arriver maintenant ? Et puis, je panique parce que, bien sûr, j'ai oublié mon dossier médical à la maison.

  • Rébecca

    Le conseil qu'on nous donne un peu trop, prenez votre dossier médical tout le temps, tout le temps, tout le temps.

  • Mathilde

    Mais en plus, je l'amenais vraiment tout le temps. Je l'avais vraiment tout le temps sur moi. Oui,

  • Rébecca

    c'est tout le temps.

  • Mathilde

    De toute façon, c'est tout le temps quand il ne faut pas. Donc, du coup, par la panique, j'appelle un copain qui habite à côté de notre appartement, qui a les clés. Je lui dis Est-ce que tu peux passer chez moi ? Prendre en photo mon dossier médical, je dois aller aux urgences. Je n'arrive pas à joindre mon mari. Bien sûr, il est à la plage et profite. Il n'y a pas de réseau. Donc, du coup, je regarde en affaire. Qu'est-ce que j'ai ? J'ai absolument rien. Je n'ai que des robes à fleurs. Oui, je vais faire la fête pour passer le week-end. C'est une cata au niveau de mon sac. De toute façon, je ne prends quasiment rien. C'est ma mère qui me dépose du coup et qui… attendre la salle d'attente avec moi, c'est que des femmes en plus qui sont sur le point d'accoucher qui sont énormes par rapport à moi.

  • Rébecca

    Et puis qui sont peut-être un peu plus prêtes aussi à ce qui va se passer.

  • Mathilde

    Oui et puis qui font des mouvements, qui se lèvent, qui s'assoient, qui savent pas trop comment se mettre et tout. Avec ma mère on se regarde un petit peu dans le blanc des yeux, qu'est ce qu'on fait là, on attend, on attend.

  • Rébecca

    Oui, tu n'as pas de douleur, toi, à ce moment-là, tu as juste un peu de victime.

  • Mathilde

    Non, et puis moi, ça coule, quoi. Je suis en train de me dire, il va me faudre des protections, là, parce que ça coule. C'est juste ça qui me gêne, en fait. Et entre-temps, du coup, on a réussi à joindre mon mari, qui est venu un petit peu en catastrophe dans la salle d'attente, et qui a relayé ma mère parce que, du coup, il n'y avait pas trop le droit à ce qu'il y ait beaucoup de monde autour de moi. On est encore un peu en période de Covid.

  • Rébecca

    Oui, j'allais dire trois ans, oui, c'était en 2021.

  • Mathilde

    Septembre 2021, on a encore tous le masque. Donc, mon mari peut m'accompagner quand même dans la salle d'attente.

  • Rébecca

    Ok. Et donc, du coup, tu n'as toujours vu personne, toi, à ce moment-là ?

  • Mathilde

    Non, quand il est arrivé, je n'ai encore vu personne. Ça a mis un bon temps avant qu'on soit pris en charge et que, du coup, une sage-femme vient me prendre les constantes et qu'elle m'ausculte. Et donc, elle confirme que j'ai bien rompu la poche des os et elle me dit, Ouh là là, ça coule vraiment beaucoup, beaucoup. Donc, elle m'a dit, On va au moins vous garder là pour le week-end, pour voir comment ça évolue.

  • Rébecca

    D'accord. Et toi, tu te dis quoi à ce moment-là ? Tu te dis, ça va aller ? Ou est-ce que tu as une petite flûte interne qui s'allume et qui te dit, Je vais peut-être accoucher dans pas longtemps.

  • Mathilde

    Non, déjà je me dis mince, je vais louper la fête de famille, je vais commencer à faire des gâteaux, je ne peux pas les finir. Donc je donne les consignes, je dis il faut faire ça, il faut faire ça, ça, ça. Je ne peux pas aller voir ma grand-mère qui est dans une maison de convalescence, donc je la préviens aussi. En fait, il y a tout le monde qui s'inquiète autour de moi, toute ma famille. Et moi, je suis dans l'attente en fait. On me dit qu'il ne faut pas paniquer, que des fois… l'accouchement ne se déclenche pas tout de suite, qu'on va voir comment ça évolue. Donc, je patiente. On est plus dans cet état d'esprit avec mon mari. On attend. Et puis, de toute façon, là, les heures passent et c'est un peu long. Moi, il n'y a rien qui se passe non plus. On surveille le bébé. Il n'y a pas de contraction. Il n'y a rien.

  • Rébecca

    Oui, tu as vu que tes équipes continuent à couler.

  • Mathilde

    Oui, c'est ça. OK. Après, on… En fin d'après-midi, j'ai une envie de me lever et d'aller aux toilettes. Et par contre, là, j'ai vraiment perdu la poche des os auprès de la queue des sages-femmes. Donc là, ça a fait vraiment comme dans les films. Un gros plaf. Ouais. OK.

  • Rébecca

    D'accord. Et là, est-ce que quelqu'un ou toi paniquait ?

  • Mathilde

    Non, en fait, je n'ai pas du tout paniqué. Je crois que... On n'a pas du tout paniqué, que ce soit mon mari ou moi, parce qu'à chaque fois, on a été bien accompagnés, bien suivis, on nous a tout expliqué. C'est juste que quand j'ai perdu les os, je me suis dit, là, par contre, le bébé peut venir à tout moment maintenant. Et puis, c'est devenu tout de suite très médicalisé, parce que du coup, on m'a allongée, on m'a donné tout de suite des piqûres, des antibiotiques, pour ne pas qu'il y ait d'infection. On m'a expliqué qu'il fallait me faire des injections pour le développement des poumons du bébé.

  • Rébecca

    Donc,

  • Mathilde

    tout de suite, ça devenait quand même très concret.

  • Rébecca

    Oui, on prend quand même un peu une tournure qui se rapproche de le désarriver.

  • Mathilde

    Voilà, ça commence à tourner un peu au vinaigre à ce moment-là. Mais on n'a pas envie d'y croire. On se dit, mais non, non. je vais ressortir lundi. Non, non, non. Et puis, on n'est toujours pas remonté dans notre chambre. Et puis moi, j'ai faim, j'en ai marre. La soirée commence à avancer. Mon mari part récupérer mon sac avec mes affaires. Il va se chercher à manger. Et puis, vers 20h, je commence à avoir un peu des contractions. On me donne des médicaments pour les ralentir et ça fonctionne. Vers 22h, je suis autorisée à retourner en chambre. Là, j'ai le droit de manger, donc déjà soulagement. Mon mari est un peu fatigué, il s'endort un peu sur le fauteuil. Pendant ce temps-là, moi, je joue aux jeux sur diverses applications, sur mon portable. Je patiente. Je suis un peu dégoûtée parce que les membres de ma famille font la fête, donc ils m'envoient des vidéos, ils m'envoient des messages. Chacun à leur tour, ils prennent de mes nouvelles. Donc, en fait, toute la soirée et le début de nuit se passe un peu comme ça. Et puis, j'ai de plus en plus mal au ventre quand même. J'ai mon ventre qui est tout dur, mais ça ne fait pas comme ce que j'avais écouté dans des podcasts ou vu à la télé à la maison des maternelles, par exemple, toutes les 10 minutes, toutes les 5 minutes, toutes les 3 minutes. J'ai l'impression que mon ventre est vraiment dur tout le temps.

  • Rébecca

    Et la douleur est supportable encore à ce moment-là ?

  • Mathilde

    Ça devient de moins en moins supportable. Et j'ai l'impression de faire que de me plaindre auprès de la sage-femme. Je fais que de la pli. Et je crois qu'au bout d'un moment, elle en a marre de moi. Elle dit mais elle n'est pas possible celle-là Au bout d'un moment, elle me donne un médicament assez fort, elle me donne du tramadol. Elle me dit bon là vraiment, si ça fait… pas effet va vous ressonner normalement dans l'heure ça doit aller mieux donc et puis je regarde je regarde tout le temps l'heure je vois pas que les minutes pas je prends des douches chaudes il ya mon mari qui qui s'endort plus ou moins dans le fauteuil je retourne aux toilettes je reprends une douche ça passe pas quoi et juste du coup au bout d'une heure lorsque la sage-femme a dit je pouvais la raclée j'ai dit j'ai encore bip et j'ai dit la madame là vraiment ça ça ne va pas du tout et elle me dit mais de toute façon tout allait bien à 20h. Je lui dis oui mais bon là j'ai l'impression que ça pousse, c'est bizarre et du coup là elle m'a ausculté, elle m'a dit ah bah oui là vous êtes ouverte à 4, il va falloir appeler la gynécologue de garde parce que vous allez accoucher maintenant.

  • Rébecca

    Et là tu vois comment tu le prends là ?

  • Mathilde

    Là par contre c'est la panique. Là, on se regarde avec mon mari et on ne comprend rien de ce qui se passe. On se dit maintenant, maintenant, mais on vient d'être installés dans la chambre. Et puis lui, il dit, mais qu'est-ce que je fais de nos sacs ? Mais on va où ? On va où ? Du coup, on n'a pas trop le temps. Elle commence à mettre sur un fauteuil roulant. Elle dit, allez, suivez-moi, monsieur. Elle commence à courir avec moi dans la chaise roulante. Et puis, on se dépêche, on se dépêche, on se dépêche pour vite descendre. Elle me demande tout de suite si je veux la péridurale et puis du coup là, je dis oui, finalement.

  • Rébecca

    Et qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis, du coup, toi qui voulais un accouchement physio ?

  • Mathilde

    En fait, depuis 22 heures, j'avais mal au ventre et ça ne se calmait pas. Et je n'arrivais pas du tout à gérer cette douleur, à respirer, etc. Je n'arrivais pas du tout à gérer comme il aurait fallu.

  • Rébecca

    Et est-ce que tu penses que c'est parce que tu ne t'étais pas mis dans l'idée que c'était le moment ?

  • Mathilde

    Ah oui, c'est sûr. Ah oui, je ne pensais pas que c'était des contractions.

  • Rébecca

    Oui, et pour ça, tu avais juste mal au ventre comme ça.

  • Mathilde

    Oui, comme j'avais pu avoir pendant la grossesse. Pour moi, j'avais des maux de ventre, mais je ne pensais pas que c'était des vraies contractions. Ok.

  • Rébecca

    Et alors, comment ça se passe à partir de ce moment-là ? Du coup, tu arrives assez rapidement en salle d'accouchement.

  • Mathilde

    Oui, du coup, on retourne au point de départ. On retourne là où on était auparavant. Et puis du coup, il y a l'anesthésiste qui vient poser l'apéridural. Il était venu pendant qu'on attendait plutôt dans l'après-midi pour poser tout son tas de questions.

  • Rébecca

    Oui.

  • Mathilde

    Parce que je n'avais pas eu de rendez-vous anesthésiste avant. Donc, il vient poser l'apéridural et mon mari n'a pas le droit d'être avec moi. Et ça, ça m'a paniqué. J'étais apeurée complètement. Je n'étais pas prête à devoir passer un moment seule en fait.

  • Rébecca

    Oui.

  • Mathilde

    Donc il est sorti de la pièce et j'ai l'impression que ce moment a duré une éternité. J'étais accrochée à une aide-soignante, je pense, qui était en face de moi. Et la pause de la période durale, je faisais que trembler, pleurer, comme quoi je voulais qu'il revienne, je voulais qu'il revienne. Et l'anesthésiste n'a pas du tout voulu. Et mon mari m'a dit mais ça n'a duré que 15-20 minutes J'ai l'impression que ça a duré, je ne sais pas, une heure. Finalement c'était un moment compliqué pour moi.

  • Rébecca

    Et la pause a été en elle-même quand même ou pas vraiment ?

  • Mathilde

    J'ai l'impression que je tremblais peut-être trop parce que au final je l'ai senti tout ce qui se passait. Il n'y avait que ma jambe droite qui était immobile. Et pourtant après sur la fin, par contre lorsque le placenta est passé, là je ne sentais plus.

  • Rébecca

    On a été transporté à la sortie du placenta.

  • Mathilde

    Pardon,

  • Rébecca

    c'est juste pour dire au niveau de la douleur. Du coup, pendant l'accouchement, tu as senti d'un côté pendant que ton bébé sortait ?

  • Mathilde

    Oui, j'ai tout senti.

  • Rébecca

    Ok, on va revenir là-dessus. Du coup, on te pose la péridurale, donc ton mari revient enfin auprès de toi, il doit quand même te rassurer beaucoup. Et qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ? Est-ce que ça s'agit ? Est-ce que tu te dis maintenant... On attend, on laisse le temps au bébé de descendre, qu'est-ce qui se passe ?

  • Mathilde

    Oui, en fait, l'objectif était qu'il reste le plus longtemps dans mon ventre. Donc, en fait, il y avait aussi beaucoup d'activités dans les salles à côté. On entendait les femmes qui criaient autour de nous. Donc, ça s'agitait pas mal. Et donc, je crois que j'étais prête depuis un petit moment déjà, mais on retardait un peu. Et puis finalement, autour de 6 heures du matin, tout le monde s'est un petit peu activé. Et du coup, il y a du monde dans la salle. Je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait autant de monde. Parce que du coup, il y avait mon mari, il y avait le gynécologue, la pédiatre qui attendait sur le toit de la porte. Il y avait aussi deux sages-femmes, une aide-soignante à ma gauche. Donc, ça faisait quand même beaucoup de monde. Et puis moi, j'étais étalée là, les jambes en l'air. Ça faisait très série TV un peu. Si j'étais dans le doctorat ou dans le Grès Anatomie, je ne sais pas dans laquelle des deux, mais je ne m'attendais pas à ça.

  • Rébecca

    Ok, oui. C'est quelque chose de beaucoup plus intime.

  • Mathilde

    Oui, et puis là, la lumière est énorme. Il y a la dame qui est plongée dedans. En plus, le bébé était en siège, donc tout le monde était très stressé de ça.

  • Rébecca

    Ok, d'accord. Et malgré tout, ça se passait bien, entre guillemets, dans le sens où il est bien descendu ?

  • Mathilde

    Oui, il est bien descendu. Donc, du coup, vers 6h30, c'est là où tout le monde s'est agité, où il a fallu commencer à pousser. Je sentais les contractions et la sage-femme et la gynécologue m'aidaient pour respirer, pour comment pousser. Et il y avait mon mari qui était à côté, on était marrantes. Il m'a aidé. En fait, je ne faisais que l'écouter lui surtout. J'écoutais que sa voix. J'essayais d'être guidée. Il était vraiment mon coach. Il me disait vas-y souffle maintenant, respire, repose-toi Je ne faisais que d'écouter ce qu'il me disait. Parce que moi, c'était une voix que je connaissais.

  • Rébecca

    Ok. Oui, ça te rassurait aussi. Toi qui avais été assez déconfit quand il est sorti, au moins là, il était là avec toi. Oui. Ça allait beaucoup mieux.

  • Mathilde

    C'est ça, exactement. Donc, ouais, en 15 minutes à peu près, il est arrivé du coup, Charlie, d'abord par les fesses. Du coup, j'ai pu toucher ses fesses. On m'a proposé, est-ce que vous voulez toucher ses fesses ? Donc, j'ai dit oui. Et après, est-ce que vous voulez l'attraper ? J'ai dit non. Je ne me sentais pas à l'aise pour l'attraper. Donc, elle me l'a vite posé sur mon ventre très rapidement. pas voulu couper le cordon. En fait, on était un peu choqués de tout ce qui s'est passé de la scène. On me l'a posé vite sur moi, on a coupé le cordon et après la pédiatre est vite venue le récupérer et il est parti, donc Charlie, avec mon mari faire les premiers soins. Il n'avait pas pleuré encore. Et donc après, mon mari et Charlie sont partis, donc je suis restée sur la table. de faire du coup les derniers soins, attendre que le placenta sort et non j'ai pas eu de point, j'allais dire me recoudre mais non.

  • Rébecca

    C'est bien ça en siège avec un peu d'avance, belle performance quand même.

  • Mathilde

    Oui j'avais très peur de finir en césarienne mais non, ça a été.

  • Rébecca

    Donc l'équipe était quand même assez à faire. assez à l'écoute et à bien respecter le fait de te laisser faire. Parce que c'est vrai que le combo arriver en avance, en siège, maintenant pas prêt, ça va produire, si ce n'est une césarienne, au moins les instruments ou quelque chose.

  • Mathilde

    C'est ça, c'est ce qu'on m'a expliqué. D'autres sages-femmes m'ont expliqué ça aux infirmières que j'ai pu croiser, mais autour de moi, elles m'ont dit qu'elles avaient eu beaucoup de chance que tout le monde ait accepté que l'accouchement se fasse naturellement.

  • Rébecca

    Oui. Ok. Et toi, comment tu te sens à ce moment-là ? Est-ce que tu te souviens quand même ? Tu es sûrement inquiète pour ton fils.

  • Mathilde

    En fait, je ne suis pas inquiète, je suis vraiment perdue.

  • Rébecca

    Ok. Tu n'es vraiment pas là en fait.

  • Mathilde

    Non, j'ai l'impression que je ne suis pas là. Je suis contente que tout le monde aille bien parce que je crois que tout le monde va bien. J'ai l'impression en tout cas. Et quand on entend un bébé pleurer, la gynécologue me dit C'est votre bébé, c'est votre bébé, tout va bien. Et là, je suis soulagée.

  • Rébecca

    Ok,

  • Mathilde

    je suis soulagée et je crois que je suis surtout perdue, choquée et soulagée. On dirait que ça va être les trois combos.

  • Rébecca

    C'est une bonne description. Ok, et alors, que se passe-t-il ensuite ?

  • Mathilde

    Ensuite, on me ramène Charlie avec mon mari. Du coup, il me le ramène. On fait un petit peu de peau à peau quand même. Donc, ça, je trouve que ce moment-là, c'est un petit moment suspendu. On essaye de faire connexion tous les trois, un petit peu. Et du coup, on reste comme ça quelques minutes, pas très longtemps. Et après, les puéricultrices viennent vite le chercher. On voit qu'il a un peu de mal à respirer pour l'emmener. On explique qu'ils l'emmènent en service réanimation néonatalogie. Dans cet hôpital-là, c'est un seul service, réanéonate du coup. D'accord. Qui va être là-bas, que moi je dois me reposer, reprendre des forces et qu'après je pourrais aller le voir et que le papa peut descendre le voir quand il veut, quand il peut.

  • Rébecca

    Ok. Et toi, est-ce que tu sais ce que c'est à ce moment-là, le service de réunionnaise ?

  • Mathilde

    Oui, parce que moi, j'ai été au même endroit 30 ans auparavant. Je suis née là-bas.

  • Rébecca

    OK. Et est-ce que ça te fait quelque chose de positif, de négatif ? Ou juste tu te dis, OK, c'est comme ça ?

  • Mathilde

    Non, il y a tout de suite la culpabilité qui se met en place. Et je me dis tout de suite, mais qu'est-ce que j'ai fait ? Comme si j'avais fait une grosse bêtise.

  • Rébecca

    Ouais, directement, tu prends tout sur toi. C'est moi qui n'ai pas assuré.

  • Mathilde

    Ah oui, je me dis, mais qu'est-ce que j'ai fait ? Mais comment j'en suis arrivée là ?

  • Rébecca

    Ok. Donc toi, tu restes un petit peu. Est-ce que ton mari part tout de suite avec bébé ? Ou est-ce qu'il reste avec toi ?

  • Mathilde

    Non, il reste avec moi tout au long des deux heures jusqu'à temps que je remonte en chambre pour manger. Ok. Lui, il est remonté avec moi pour manger avec moi. En plus, il était allé faire quelques courses. Il m'a ramené des sushis. C'est ce moment fameux. On est tous contents de pouvoir remanger des sushis.

  • Rébecca

    C'est sushis ou saucissons. C'est un peu les deux.

  • Mathilde

    C'est souvent des choses comme ça. En plus, c'est trop mignon. Il m'avait dit de me ramener des bêtises à manger, des kinder, du coca, toutes les choses que j'adore. Trop bien. Moi je mange et puis lui il mange plus rapidement et il descend avant voir Charlie. Le temps que je fasse une petite sieste et que je me lave un peu avant, que je me débarbouille avant de descendre. Je suis descendue moi que dans l'après-midi.

  • Rébecca

    D'accord, ok. Et donc quand tu descends, qu'est-ce qui se passe ? Comment tu vis ce moment ?

  • Mathilde

    C'est compliqué. C'est compliqué. Finalement, c'est la vraie découverte du bébé.

  • Rébecca

    Oui, surtout que toi, tu étais complètement sous le choc. Du coup, tu n'avais pas tellement réalisé ce qui t'était passé.

  • Mathilde

    Je crois que je n'avais pas vraiment regardé mon bébé non plus au final.

  • Rébecca

    Oui.

  • Mathilde

    Et puis, du coup, déjà, on vient me chercher en chaise roulante. Ce n'est pas au même étage. Il faut descendre. Il faut prendre l'ascenseur. Il faut passer par plusieurs portes bien se désinfecter. les mains bien mettre le masque et puis tout de suite c'est une autre ambiance quand on arrive dans le service là un service ovale avec le bureau des puéricultrices au milieu toutes les chambres tout autour avec plein de bips dans tous les sens on n'entend que des bips et il y a des lumières à chaque porte de chambre ça clignote vert ça clignote rouge et déjà c'est un autre monde ouais c'est un petit peu le choc à ce moment là de dire oula là oui j'ai atterri déjà ouais Et puis sur la porte, je vois que c'est écrit Charlie. Il y a aussi le nom d'un autre bébé. Donc je rentre dans la pièce avec une puéricultrice qui est là pour nous présenter le bébé en fait. Donc il y a quatre couveuses. Il y a un autre bébé, il y a mon bébé qui est un peu plus loin. Et donc du coup, elle nous le présente, elle nous montre tranquillement, elle chuchote, elle nous montre à quoi il est relié. Et ça, c'est le second. ça c'est les électrodes, ça c'est le masque pour bien respirer. Là, la couveuse elle est à tant de degrés pour qu'il ait chaud. Il est bien enmitouflé dans un linge, tout emmailloté, tout serré, on dirait un petit burrito en fait. Et un petit bonnet sur sa tête. Il fait tout minuscule en fait, mais pas tant que ça, il fait quand même 2,4 kg.

  • Rébecca

    Ok, oui quand même, il fait pas tout petit tout petit.

  • Mathilde

    Non, non, non, ça...

  • Rébecca

    son poil a sauvé je pense.

  • Mathilde

    Oui. Ok, et toi, du coup, de découvrir ton bébé comme ça ?

  • Rébecca

    Ben là, ça a été dur. Ça a été très très dur de le découvrir comme ça, relié de partout, un tube dans le nez, les bip-bip, ça sonnait tout le temps, et ça, ouais, ça a été... Très très dur de le découvrir comme ça. Moi, je m'attendais à un gros bébé potelé. On m'avait dit que j'allais avoir un gros bébé potelé. Et puis, il est très mignon. Pour moi, c'est quand même le plus bébé du monde. Mais c'est là que je me rends compte en fait. C'est là que je me rends compte que ça y est, je suis une maman en fait.

  • Mathilde

    Est-ce que la culpabilité est toujours là ?

  • Rébecca

    Ah oui. Et depuis, elle ne m'a pas quitté.

  • Mathilde

    Oui, elle est toujours là. Et du coup, comment se passe la suite pour petit Charlie ? Comment il va déjà ? Est-ce qu'il récupère bien de toutes ses émotions ?

  • Rébecca

    Alors, l'atterrissage a été un peu dur. Il a eu un masque à oxygène pendant la première journée. Et après, il a eu des petites lunettes. Donc finalement, en fait, on ne peut pas vraiment le voir. Son visage, il y a tellement de choses sur son visage qu'on ne peut même pas vraiment le découvrir. Il a des gros nuages collés sur les joues, le masque, une sonde dans le nez pour s'alimenter. On me dit qu'il ne s'est pas têté. Donc, du coup, c'est bizarre un petit peu. Par contre, ce qui est bien, c'est que tout de suite, on nous propose de faire du pot à pot.

  • Mathilde

    D'accord.

  • Rébecca

    Et du lien. Et le premier pot à pot, il l'a fait avec son papa parce que moi, je n'étais pas capable d'être fatiguée. Donc, tout de suite, on nous aide à le prendre, à le manipuler, à le mettre contre nous pour faire deux, trois heures de pot à pot. Mais ça va, il s'en remet bien quand même. Petit à petit, il arrive à prendre quelques millilitres de lait par-ci, par-là, mais ça le fatigue beaucoup. Il dort beaucoup, mais il respire seul, juste avec des petites lunettes et sans le masque à oxygène, seulement au bout de quelques jours.

  • Mathilde

    Ok. Donc, il se remet quand même bien, mais il faut un petit peu de temps quand même pour retrouver un rythme normal.

  • Rébecca

    C'est ça, tout à fait.

  • Mathilde

    Ok. Et combien de temps ça va prendre du coup pour qu'il sorte de ce service ?

  • Rébecca

    Alors, en fait, on était toujours à une heure et quart de notre domicile.

  • Mathilde

    Et oui, forcément.

  • Rébecca

    Donc, on va en loger.

  • Mathilde

    On va pas se coucher où tu le voulais.

  • Rébecca

    Voilà, donc on logeait chez ma maman. Moi, au bout de trois jours, je suis sortie. Donc, j'ai dû faire les allers-retours avec mon mari pour pouvoir venir le voir. Donc, heureusement, ma mère n'habitait pas loin. Mais on avait demandé si on pouvait faire un transfert. Donc, au bout d'une dizaine de jours, on a été transféré dans une clinique qui accepte du coup les bébés primats, mais au-delà d'un certain nombre de semaines et qui n'ont pas besoin d'aide respiratoire, mais qui sont quand même trop justes pour rentrer à la maison. Donc, on a été transféré dans cette clinique qui est à 10 minutes de notre domicile, à côté de Rennes. Et au total, entre les deux. deux établissements, on est restés hospitalisés un mois.

  • Mathilde

    Donc quand même un certain temps de stress et de panormalité.

  • Rébecca

    Oui c'est ça, oui. Mais après, avec le recul, on a été quand même très coucounés je trouve. On nous a bien appris tous les soins, comment faire le bain. Comment laver le cordon, les oreilles. On a appris à connaître notre bébé finalement et lui aussi à nous connaître.

  • Mathilde

    Ok. Donc toi, c'est quelque chose que tu vis pas mal. C'est pas le mot, mais au moins, tu as pu prendre le temps et ça, tu le soulignes. Oui.

  • Rébecca

    Ce qui a été dur dans la deuxième clinique, c'était que les visites n'étaient pas autorisées. D'accord. Lorsque l'on a accouché à l'hôpital, les visites étaient autorisées et nous ça nous a fait du bien d'avoir nos familles et nos proches qui pouvaient venir nous voir à tour de rôle. Je sais que certaines mamans ne veulent pas de visite, veulent être tranquilles. Et là le contexte était tellement particulier qu'on avait besoin de soutien.

  • Mathilde

    Oui et puis cette décision est quand même propre à chacun. Il y en a qui préfèrent avoir du monde et d'autres pas du tout.

  • Rébecca

    Du coup, dans cette clinique, pour voir du monde, les gens m'attendaient sur le parking. J'allais les voir sur le parking pendant que mon mari gardait Charlie pour que je puisse prendre l'air un petit peu. Parce que j'avais la chance quand même d'être hospitalisée avec Charlie. On était tous les deux tout le temps. Donc ça, c'était une chance parce qu'à l'hôpital, j'étais sortie, je devais faire les allers-retours et je trouvais ça horrible de l'abandonner.

  • Mathilde

    J'avoue que je pense que c'est la chose la plus dure pour une maman qui vient de donner une naissance à un enfant, c'est d'être séparée de lui tout de suite.

  • Rébecca

    Je trouve ça horrible et je ne comprends pas que ça puisse encore être le cas, parce que là, les chambres sont tellement petites qu'il y a à peine la place pour mettre une couveuse et un fauteuil. On vient d'accoucher, certaines ont des grosses cicatrices, des points et tout, on ne peut pas rester assise sur un fauteuil. toute la journée les chambres sont aussi grandes que des placards à valais presque donc c'est lamentable mais il n'y a pas le choix quoi oui toute façon tu fais ton enfant et là tu restes et tu y reviens c'est ça mais comme le disent les puéricultrices il faut que maman et papa soient en forme pour que bébé soit en forme et elles ont raison c'est vrai

  • Mathilde

    Et ça, on ne l'entend pas, je pense, quand on est dans cette situation. C'est bébé qui passe avant tout. D'ailleurs, je pense que les premières fois où on devient parent, c'est qu'un bébé passe avant nous et avant tout. Et ce n'est pas forcément le meilleur des choix à long terme.

  • Rébecca

    C'est ça. On s'oublie.

  • Mathilde

    Ok. Donc du coup, cette hospitalisation... Tu n'as pas eu de mauvaise surprise, de petites surprises de haut et de bas ? Ça allait plutôt linéairement ?

  • Rébecca

    Non, la prématurité c'est toujours un pas en avant, deux en arrière, un jour ça va, le lendemain ça ne va pas. C'est vraiment les montagnes russes. On a cru perdre Charlie plusieurs fois. Il faisait des brades écardies, comme la plupart des prématurés. Il s'oublie un petit peu quand il dort, donc il y a le rythme cardiaque qui ralentit, qui ralentit. Et ça fait peur parce qu'à tout moment du jour et de la nuit, ça arrive. Il y a toute l'équipe médicale qui arrive dans la chambre, ça sonne dans tous les sens. Donc ça, ça fait peur. Ça fait peur parce qu'on se dit, aujourd'hui ça va, mais comment ça va être demain ? On se dit, allez, encore un jour de gagné, est-ce qu'on voit le bout du tunnel ?

  • Mathilde

    Donc tu as vraiment vécu ces hauts et ces bas tout le temps ?

  • Rébecca

    Oui, et puis on posait toujours des questions. Est-ce qu'on va sortir ? Dans combien de temps ? Et la réponse était toujours, aujourd'hui la journée s'est bien passée, on verra demain. En fait, chaque jour après l'autre, petit pas par petit pas.

  • Mathilde

    Ok, d'accord. Et à partir de quel moment du coup ça a commencé à sentir bon ?

  • Rébecca

    Déjà quand il a réussi à bien téter, à bien prendre ses biberons, quand il commençait à reprendre du poil de la bête et reprendre du poids, déjà il fallait qu'il retrouve son poids de naissance et au-delà. Je savais qu'on devait rester à l'hôpital au moins jusqu'aux 37 semaines. Sachant qu'il est né à 33 semaines, je m'étais dit qu'on va rester un mois à peu près. jusqu'à ce que le stade de la prématurité soit passé. Et en fonction de l'état aussi, on a fait des examens au niveau du cœur, au niveau des poumons, au niveau du cerveau, pour voir s'il n'y avait pas de lésions, si tout était normal, avant d'être autorisé à sortir.

  • Mathilde

    Et du coup, tu as fait un test,

  • Rébecca

    Nicolas, il n'a pas gardé de séquelles ? Non, non, non. On nous a dit que plus tard, peut-être qu'il y aurait des fragilités, fragilité au niveau des poumons, souvent malades, des bronchiolites, des choses comme ça. On nous avait prévenu de tout ça. Mais en tout cas, quand on est sorti, c'est que tout allait bien.

  • Mathilde

    Et du coup, le jour où on t'a annoncé, ça y est, vous pouvez sortir, route libération ?

  • Rébecca

    C'était bizarre comme sensation parce que... On avait l'impression d'être comme dans une petite famille où on connaissait maintenant tous les visages des soignants qui venaient, on connaissait tous leurs prénoms et on s'était bien installé en fait. On avait ramené beaucoup de choses de la maison. On avait hâte de commencer vraiment notre vie à trois, mais ça allait encore être un changement, une nouvelle aventure.

  • Mathilde

    Et puis il y a ce petit côté quand même rassurant, entre guillemets, c'est-à-dire que s'il y a un problème, d'être sur place.

  • Rébecca

    C'est ça. Là, j'avais juste à sonner, à demander est-ce que ça, ça, c'est normal. Que là, maintenant, il va falloir se débrouiller. Et là, ça allait être l'inconnu. Oui, c'était un mélange de plusieurs sentiments. C'était bizarre.

  • Mathilde

    Ok. Et ce retour à la maison a quand même été libérateur. C'est-à-dire qu'au moins cette étape de sa vie était finie.

  • Rébecca

    Ça a été stressant quand même le retour à la maison parce que ça ne s'est pas passé tranquillement comme on l'aurait souhaité. Le lait ne lui allait pas, on a dû trouver de l'épaississant, il ne buvait pas bien son lait. On ne faisait que d'appeler la maternité tout le temps. J'avais dit vous pouvez nous appeler à n'importe quel moment. Ah bah oui, on n'a pas hésité. J'ai failli même redire est-ce qu'on peut revenir s'il vous plaît en fait.

  • Mathilde

    Ok, d'accord. Et à partir de quel moment tu dirais que vous avez trouvé un rythme normal entre vous ?

  • Rébecca

    Je pense qu'au bout d'un mois à la maison, on avait pris notre pli. D'accord. On avait pris notre pli, mais une fois qu'on avait trouvé notre rythme, c'est à ce moment-là que le papa doit reprendre le travail et qu'il faut tous réorganiser encore.

  • Mathilde

    Allez, sujet des congés des parents, c'est un gros sujet.

  • Rébecca

    Déjà, la chance qu'on a eue, c'est que le papa a pu bénéficier d'un mois de congé en plus, parce que depuis 2019, il y a un congé qui est mis en place pour bébé hospitalisé dès la naissance. Et donc du coup, au final, il a pu rester quand même deux mois avec nous deux. Et ça, heureusement, heureusement.

  • Mathilde

    Souvent, c'est indispensable quand même d'être deux et de se soutenir mutuellement.

  • Rébecca

    Voilà, c'est ça. C'est exactement, même de créer du lien, de faire famille, d'apprendre à se connaître, à vivre ensemble.

  • Mathilde

    Et toi, comment tu ressors de cette aventure, physiquement, émotionnellement ?

  • Rébecca

    J'ai l'impression d'être, je ne sais pas, comme si un train m'était passé dessus. Après avoir rejoint l'association, j'ai compris une chose que dit la psychologue Myriam. Et dire en fait que la prématurité c'est un accident de la vie. C'est comme si vous avez eu un accident de la route. C'est un traumatisme en fait. Et c'est vrai qu'on le vit comme ça.

  • Mathilde

    Ok, c'est une bonne image. Pour moi ça parle.

  • Rébecca

    C'est ça. C'est ça, oui. C'est exactement comme ça qu'on le pensait. Ce n'est pas forcément évident de mettre des mots dessus. Mais oui, c'est la représentation que j'ai en tout cas.

  • Mathilde

    Ok. Et du coup, est-ce qu'il te faut un certain temps pour t'en remettre ? Est-ce que tu t'en es remise de là à ce jour ?

  • Rébecca

    Oui, aujourd'hui ça va beaucoup mieux. Déjà j'ai fait un travail sur moi-même avec une thérapie. J'en ai eu besoin je pense pour faire le point parce que déjà la reprise du travail a été très dure, devoir laisser mon bébé à quelqu'un d'autre que moi, le faire garder même que ce soit même par le papa, c'était même pas moi. Je voulais vraiment tout contrôler et donc il a fallu apprendre à lâcher prise. Donc le fait de faire une thérapie, de faire une formation pour pouvoir rejoindre l'association SOS Préma aussi en tant que bénévole, faire tout ce cheminement-là petit à petit m'a permis, on va dire, de baisser mon niveau de culpabilité et de comprendre certaines choses.

  • Mathilde

    Et du coup, tu nous as dit au tout début de l'épisode que tu avais un deuxième enfant. À partir de quel moment tu t'es dit je suis prête à recommencer

  • Rébecca

    On s'était toujours dit qu'on voulait plusieurs enfants. Ça, c'était toujours notre souhait. Mon mari est enfant unique et il a toujours dit qu'il souhaitait plusieurs enfants, moi aussi. Mais voilà, il a fallu laisser du temps au temps et on s'était dit qu'on aimerait un écart d'âge. Idéalement, bien sûr, selon la nature, 3-4 ans d'écart.

  • Mathilde

    D'accord.

  • Rébecca

    Et voyant l'école arriver, on s'était dit, peut-être qu'on pourrait commencer à envisager d'avoir un deuxième enfant. Mais moi, j'étais stressée sur comment ça va se passer. Je sais qu'une fissure de la poche des os, ce n'est pas comme si c'était une maladie. Ce n'est pas de la génétique. C'est arrivé. Ça ne va pas forcément arriver une seconde fois.

  • Mathilde

    Oui, et ça n'a pas de cause en soi. C'est juste arrivé comme ça.

  • Rébecca

    Mais c'est dur à comprendre. C'est dur à comprendre qu'il n'y a pas de cause. Il y a des filles que je côtoie qui ont eu une préeclampsie. Donc, il y a une raison. Je ne sais pas si c'est pire qu'il n'y ait pas de raison, en fait. En fait, c'est ça qui a été dur pour moi d'accepter, qu'il n'y ait pas de raison. Parce que du coup, je m'étais dit, est-ce que c'est à cause des photos qu'on a faites l'après-midi ? Est-ce que j'ai trop marché ? Est-ce qu'on a fait trop de voitures ? Est-ce que ceci ? Est-ce que cela ? Et au final,

  • Mathilde

    le fait qu'il n'y ait pas de raison, ça t'a poussé à chercher absolument une raison qui était vraiment ta faute. Oui,

  • Rébecca

    voilà, c'est ça. Je me cherchais vraiment des poux dans la tête.

  • Mathilde

    Oui. Ok, d'accord. Oui, donc du coup, la culpabilité et le fait de te... Ça ne te rassurait pas pour te faire un projet bébé de quoi que tu dirais, potentiellement, je vais refaire la même erreur. Si, ce n'était pas ta faute.

  • Rébecca

    En tout cas, je me suis dit que pour un deuxième enfant, c'était... C'était sûr qu'on allait avoir un autre suivi et je voulais vraiment faire tout ce dont j'avais envie pour cette deuxième grossesse.

  • Mathilde

    Donc là, tu t'es dit que ça serait forcément un accouchement physio pour le coup et peut-être plus préparé.

  • Rébecca

    C'est ça, exactement. On retourne voir à l'hôpital pour refaire s'ils nous acceptent la filière physio. Donc au début, ils n'ont pas dit oui. ils ont réfléchi et puis ils ont dit oui c'est d'accord on veut bien vous suivre mais il faut dépasser les 37 et ça. Donc on a dit oui oui promis on va faire tout ce qu'on peut et on s'est préparé plus tôt. Donc j'ai fait des séances d'autonomie, au début mon mari il n'était pas trop choqué qu'est-ce que c'est que ce truc ? Et puis c'est bien parce que l'autonomie on peut commencer tôt. Donc on a commencé dès 4 mois et demi de grossesse à faire des petits mouvements, à sentir le bébé bouger. Donc tout de suite on a pu se projeter et à bien apprendre à créer une bulle tous les trois.

  • Mathilde

    Oui, ok. Et donc là tu te sentais bien avec cette grossesse, avec la grossesse déjà se passer bien, est-ce que tu te sentais bien ?

  • Rébecca

    Alors le premier trimestre... Pareil, plus malade même que la première grossesse. J'ai perdu beaucoup de poids. Dès que je mangeais, je revomissais. C'était une catastrophe. Je n'avais même pas le temps de payer mon repas au restaurant qu'il était déjà parti. Donc, c'était compliqué. Mais sinon, le reste de la grossesse se passait bien. J'ai été arrêtée très tôt. Et pour cette grossesse-là, j'étais suivie par une gynécologue. par contre et non par une sage-femme.

  • Mathilde

    Ok. Et ça, tu le visais plutôt bien, ça te rassurait peut-être ? Oui.

  • Rébecca

    C'est ça, exactement. On était rassurés et tous les mois, on avait une échographie pour bientôt vérifier qu'il n'y ait pas de malformations, que tout se passait bien.

  • Mathilde

    Ok. Donc, tu avais quand même un suivi plus poussé, ce qui devait te rassurer.

  • Rébecca

    Oui, exactement. Et aussi des prises de sang plus poussées tous les mois. Ok,

  • Mathilde

    d'accord. Et du coup, tu trouves Tu te prépares physio, tu fais de l'atomie, tu fais autre chose ?

  • Rébecca

    J'ai fait un petit peu d'hypnose, un tout petit peu, pour apprendre à gérer mes respirations. J'ai aussi fait des ateliers de danse prénatale. C'était super sympa. Et puis, sinon, je faisais pas mal de promenades, de marches et tout ça. Donc, beaucoup de lectures et d'écoutes de podcasts.

  • Mathilde

    D'accord. Et du coup, tu finis par passer cette étape des 33 semaines ?

  • Rébecca

    Alors oui, chaque cap était très important pour nous. Il y avait le cap de la viabilité du fœtus, 24-25 semaines, on sait que là il sera viable et il pourrait être sauvé si il m'arrive quelque chose. Le fameux cap des 33 semaines, il y avait beaucoup d'angoisse autour de ce troisième cap. Déjà, est-ce que je peux aller faire ma troisième écho ? Oui, tout va bien. Donc déjà, ça c'est fait. Après 33 semaines, là c'est bon, on est bon. De toute façon, tout était prêt à la maison. Ce n'est pas comme le premier. Finalement, quand c'est un deuxième, il n'y a pas grand-chose à racheter. Donc, je l'ai fait très tôt, ma valise de la maternité, la valise de bébé était aussi prête. Tout était très très prêt. Des plats étaient aussi mis au congèle. Là, il y avait beaucoup de préparation et... Non, j'ai perdu le fil. Je ne sais plus ce que je voulais dire.

  • Mathilde

    Donc, il est que tu es très prête à avoir le coeur des 33 semaines parce qu'au cas où ça se passe, ça peut aller mal.

  • Rébecca

    C'est ça. Dès que les 33 semaines sont passées, il y a eu vraiment à lâcher prise.

  • Mathilde

    Ok.

  • Rébecca

    Là, je me suis dit, c'est bon. Du coup, je peux faire ce que j'ai envie. Je me limitais quand même en termes de voiture et tout ça sous conseil de la gynéco. Et puis, elle m'avait dit, autour des 37 semaines, Après, c'est bon, je peux reprendre une vie quasi normale en fait.

  • Mathilde

    Ok.

  • Rébecca

    Donc,

  • Mathilde

    c'est ce que tu fais ?

  • Rébecca

    Oui. À la 37e semaine, on avait les derniers rendez-vous d'autonomie. On avait la visite de la filière physiologique. Donc, on a pu tout faire. J'ai trouvé ça génial. On a fini la préparation à l'accouchement. On a visité la filière, la bulle. Donc c'était chouette de pouvoir tout clôturer. On était trop contents.

  • Mathilde

    Ok. Et alors du coup, comment ce bébé arrive ? Comment ça se passe ?

  • Rébecca

    Alors ce bébé est arrivé le 18 avril. J'ai perdu les os dans le lit la nuit d'avant. Et c'est rigolo parce que je fais partie d'un groupe. sur WhatsApp, ça s'appelle le Blizz Gang, mai 2024, et on est 120 mamans à accoucher petit à petit, et il y avait des mamans qui disaient Moi j'ai mis des allèges dans le lit, moi j'ai mis des serviettes de plage dans le lit au cas où il faut perdre les os. Donc du coup, la veille au soir, je dis à mon mari Il faudrait peut-être mettre des serviettes en plus dans le lit au cas où je perde les os, parce que comme ça, on ne va pas ruiner le matelas. Donc à 2h du matin, je sens un gros liquide chaud qui coule entre mes jambes. Je regarde mon fils qui est à côté de moi en train de dormir dans le lit. Je regarde mon mari qui dort aussi à côté. Je me dis bon, ça va être pour aujourd'hui. J'attends un petit peu avant de comprendre est-ce que c'est vraiment une perte des os ou juste la poche qui s'est rompue. Je me dis non, là c'est vraiment la grosse perte des os quand même.

  • Mathilde

    Oui, tu recrochais un petit peu.

  • Rébecca

    Oui, mais ce n'est pas comme l'autre fois. Du coup, je réveille tout doucement mon mari. Je lui dis, ça va être pour aujourd'hui. J'ai perdu les os. Il regarde, il voit deux heures du matin. Il fait, aïe, aïe. Et du coup, je me lève, finir de fermer les valises, chercher des protections. On attend le dernier moment avant de réveiller mon fils. Du coup, pour... pouvoir du coup l'emmener chez la nounou qui avait accepté de le garder pour finir sa nuit et la journée. Donc on a fait un travail.

  • Mathilde

    Elle avait accepté l'état d'urgence au cas où ça arrive en pleine nuit.

  • Rébecca

    Quand on l'a réveillée, on lui a dit oui, oui, emmenez-le, bien sûr, il n'y a pas de soucis. Nos deux mamans sont à une heure et quart de route et très près, donc elles ne pouvaient pas forcément tout de suite venir.

  • Mathilde

    Et oui, toujours le stress quand il y a déjà un aîné, de se dire comment je vais faire pour mon revenu.

  • Rébecca

    Voilà, autrement on avait dit sinon il y aura nos voisins, autrement qu'ils pourront accepter. Mais c'est sûr que la nuit, ce n'est pas forcément évident. Mais ça nous a aussi rassurés parce qu'on s'est dit au moins il n'y aura pas de bouchons sur la route pour aller à l'hôpital. Donc du coup, on a déposé le petit, il était 4h, non, 3h30 qu'il était. chez la nounou et on est arrivés à 4 heures à la maternité.

  • Mathilde

    Ok. Et donc, toi, il va à la maternité. Comment ça se passe sur place ?

  • Rébecca

    Je suis un peu déçue parce que la salle physio est déjà prise par une maman. Ah, je vous remercie. Je n'ai pas le droit à ma salle physio. Donc, elle me monte quand même une chambre où il y a une grande baignoire. Elle me dit bon, ça va Elle me ramène aussi des... Tout ce dont j'ai besoin, un ballon si je veux. Elle m'accroche aussi une grande tige auquel je peux me suspendre sur le lit. Donc, elle fait tout pour m'aider, même si elle me dit qu'il y a beaucoup de femmes qui vont accrocher. Là, il y a énormément de monde. Je dis, super. Elle me dit, mais vous êtes tous les deux. Je viens vous voir de temps en temps. et on voit comment ça avance. Le travail s'est lancé petit à petit, la lumière était tamisée. On avait des playlists qu'on avait prévues. Au début, j'écoute la playlist du petit, donc avec toutes ces comptines, ces chansons, les pubs, ça m'a tuée. Ça me déconcentrait. J'avais emmené un peigne, j'avais emmené des sucettes. J'avais essayé de trouver des outils un petit peu par-ci, par-là qui allaient m'aider. Et j'ai pris un long bain pendant plus d'une heure. Comme ça, mon mari a fait un petit repos.

  • Mathilde

    Pour prendre des forces aussi.

  • Rébecca

    C'est ça, oui. Et puis par contre, à la sortie du bain, vers 7h30, 8h, moins le quart, ça s'est vraiment intensifié les contractions. Là, je commençais à faire des vocalises, à râler vraiment, faire des gros bruits et j'avais du mal à reprendre mes respirations. C'était juste au moment du changement d'équipe, autour de 8h du matin en plus. Il y avait la sage-femme, elle était déçue parce qu'elle ne pouvait pas voir la fin du travail. Et la nouvelle sage-femme, la pauvre à peine elle est arrivée, direct il a fallu m'accoucher. Du coup, c'était une sage-femme que j'avais déjà vue pendant mon suivi. Donc, j'étais contente de voir un visage familier.

  • Mathilde

    Et le courant était bien passé avec elle, il n'y avait pas de soucis ?

  • Rébecca

    Voilà, exactement. Ça s'était très bien passé. On a accepté qu'il y ait une sage-femme à l'école. Donc, du coup, elles étaient deux. Et puis, du coup, l'accouchement s'est passé assez vite, même si j'avais l'impression, je ne faisais que dire à mon mari, mais ça déchire. là-dedans j'en peux plus, ça déchire tout. Et donc du coup elles ont vu à ma tête que c'était le moment qu'il fallait intervenir maintenant.

  • Mathilde

    Et t'as pas craqué cette fois sur une péridurale ? T'as tenu bon ?

  • Rébecca

    J'y ai même pas pensé, j'y ai pas pensé du tout.

  • Mathilde

    C'est bien ça !

  • Rébecca

    J'ai eu cette phase un petit peu de désespérance, j'étais un peu en pleurs, mais je l'ai pas demandé, j'y ai vraiment pas du tout réfléchi à ça. J'étais tout le temps très dur.

  • Mathilde

    C'est très dur, mais tu n'as pas pour autant de chercher la solution miracle pour te soulager.

  • Rébecca

    C'est ça, exactement.

  • Mathilde

    Et donc, là, pour le coup, tout va assez vite quand même.

  • Rébecca

    Oui, du coup, Madeleine, elle est née il était 9h du matin, en fait.

  • Mathilde

    Ah oui, donc c'était quand même très rapide.

  • Rébecca

    Et puis, j'ai... J'ai accouché accroupie à côté du lit et je me tenais aux bras de mon mari. Les sages-femmes étaient derrière moi pour récupérer Madeleine et elles m'ont aidée à la prendre devant moi, que je puisse la mettre directement sur mon ventre pour m'allonger.

  • Mathilde

    Est-ce que vous voulez la prendre ?

  • Rébecca

    Oui, ça a été complètement différent.

  • Mathilde

    Beaucoup plus serein, beaucoup plus sain. Rien à voir.

  • Rébecca

    C'est ça, rien à voir. Et puis c'est rigolo, je n'ai même pas pensé à mettre la bouse de l'hôpital, j'ai accouché avec ma robe. Mais n'importe quoi !

  • Mathilde

    Tant mieux parce qu'on aurait pu t'obliger à la porter et te casser dans ta bulle là au moins, tu étais complètement comme à la maison.

  • Rébecca

    Mais oui, c'est après, quand j'ai vu la blouse, je me suis dit, Oh, mais je n'ai même pas mis la blouse de l'hôpital ! Et là, c'est beau parce que du coup, elle était directement sur moi en peau à peau. Le placenta est descendu comme il fallait. Une petite déchirure, mais rien, pas de poing, rien non plus. Parce que j'avais vraiment l'impression que ça allait être catastrophe en bas. Puis finalement, non.

  • Mathilde

    Oui, au final, tu n'as pas déchiré du tout pour les deux fois.

  • Rébecca

    Non, pas une petite déchirure, mais naturelle. Ok. C'était vraiment la toute en sérénité et en douceur.

  • Mathilde

    Et ça t'a fait quoi cette fois de découvrir ta fille directement, de pouvoir profiter directement et pas d'avoir tout le médical qui s'interpose ?

  • Rébecca

    C'était beaucoup d'émotion et c'est comme si je remerciais mon corps en fait. Comme si j'étais réconciliée avec lui un peu.

  • Mathilde

    Ok. Ça t'a un petit peu guérie du premier accouchement, quoi.

  • Rébecca

    Oui, on va dire ça.

  • Mathilde

    Si, c'est pas tout à fait le cas, on est d'accord. C'est vrai que c'est une expérience.

  • Rébecca

    C'est un peu ça, oui. Ça m'a réconciliée et je me suis dit, oui, j'en étais capable. J'étais un peu fière quand même.

  • Mathilde

    Oui, tu peux. Et puis, tu as été capable d'aller à terre, mais je pense que ça, même pour toi et ta confiance en toi, ça a été libérateur.

  • Rébecca

    Oui, du coup, Madeleine, elle est née à 38 semaines et 3 jours. Donc, du coup, je suis contente.

  • Mathilde

    On a passé le cap des 33 et des 37 semaines.

  • Rébecca

    C'est ça, exactement.

  • Mathilde

    Et en pleine forme directement.

  • Rébecca

    Oui, oui, oui.

  • Mathilde

    Ok. Et du coup, aujourd'hui, comment tu te sens après ces deux accouchements et ces deux enfants ?

  • Rébecca

    Comment je me sens ? Il y a toujours une petite hanche de culpabilité qui traîne. J'ai toujours ça en moi, mais même dans mon rôle de maman aujourd'hui, je dirais, il y a une forte envie de protéger ces deux enfants de tout. J'ai l'impression de vouloir vraiment tout faire pour eux, peut-être dans l'excès, c'est sûr. Mais du coup, il y a cet instant de protection, peut-être aussi d'hypervigilance. Il y a l'envie aussi de devoir communiquer auprès de ça, parler de la prématurité et l'envie d'aider aussi tous les parents que je côtoie autour de moi qui vivent de près ou de loin la même chose avec des enfants nés trop tôt.

  • Mathilde

    Du coup, c'est peut-être le moment de dire que tu es en préparation d'un livre. Est-ce que tu veux en parler un petit peu ?

  • Rébecca

    Oui, oui, oui. Alors, voilà, j'ai écrit un livre qui retrace notre histoire, notre quotidien pendant un mois, pendant un an, pardon, de la naissance de notre fils jusqu'à ses un an à peu près. Mais c'est aussi un recueil de quelques témoignages de parents. J'avais fait un sondage, ils ont été nombreux à répondre à mes questions. que ce soit sur la découverte de leur enfant, sur à quoi ils s'attendaient, sur comment se préparer à la prématurité. Et une partie des bénéfices va être reversée à l'association SOS Préma qui se bat pour justement le bon développement des enfants et le bien-être aussi des parents. Donc c'est pour ça, je trouve que ça manque ce genre de témoignages aujourd'hui. J'en ai lu beaucoup autour de moi. mais les témoignages s'arrêtent aux portes de l'hôpital. Et on ne sait pas comment ça se passe après. Donc, je trouvais que ça manquait. Et c'est ce que me demandent toujours les parents lorsque je leur en visite à l'hôpital. Comment ça va à la maison ? Comment vous vous en sortez ? Est-ce que vous trouvez des médecins ? Plein de questions comme ça. Et heureusement qu'il y a des relais pour les informer parce qu'ils sont perdus. Tout comme nous, on peut l'être déjà lorsqu'on a un enfant qui n'est pas né prématurément. Oui, on a tous des questions qu'on se pose et on est content de trouver les informations, quelles qu'elles soient.

  • Mathilde

    Oui, et puis ça rejoint un petit peu cette idée de cocon à l'hôpital, où en cas de besoin, quelqu'un est toujours là, alors que dès qu'on est à la maison, il n'y a plus personne, on est tout seul et on fait comment ?

  • Rébecca

    C'est ça, exactement. Surtout aujourd'hui, nos familles sont vraiment toutes éparpillées. On dit qu'il faut un village pour nous aider lorsqu'on accouche, mais ce village n'est pas forcément à côté de chez nous. Il n'y a pas forcément nos mères, nos grands-mères, nos tantes qui peuvent nous renseigner tout de suite, qui habitent la porte à côté pour venir nous aider. Donc, ce qu'on va rechercher, c'est qu'on va regarder sur les réseaux s'ils perdent et voilà.

  • Mathilde

    En tout cas, c'est un très beau projet. C'est vrai que ce que tu dis a plein de sens. Merci à toi de l'avoir mis sur place et il sera très bientôt disponible. Oui,

  • Rébecca

    bientôt. Il est en phase de relecture pour voir si tout est OK. De toute façon, il sera sorti pour la journée mondiale de la prématurité qui a lieu au mois de novembre.

  • Mathilde

    OK.

  • Rebecca

    Merci beaucoup à toi d'avoir parlé de tout ça et d'avoir partagé ton expérience qui était très intéressante et qui, je pense, j'en suis sûre, aidera d'autres parents dans cette situation ou qui veulent en tout cas se préparer au cas où ça arrive.

  • Rébecca

    Merci à toi en tout cas de m'avoir proposé de discuter de tout ça, de ce projet aussi qui me tient beaucoup à cœur.

  • Rebecca

    Merci beaucoup d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. S'il t'a plu ou si le podcast de manière générale te plaît, n'hésite pas à me laisser une petite note sur ton application d'écoute préférée. 5 étoiles, ce serait l'idéal. Et pour découvrir d'autres histoires aussi passionnantes qu'intéressantes, rendez-vous mercredi prochain. A très vite !

Description

Je vous retrouve aujourd'hui pour un nouvel épisode riche en émotions. Mathilde nous raconte son parcours, et surtout celui de son petit garçon arrivé plus vite que prévu alors que maman était en pleine fête de famille. Un parcours atypique, d'autant plus que Mathilde était elle aussi passée par le service de réa-néonatologie de ce même hôpital quelques années plus tôt. Elle nous partage son expérience, ses ressentis et surtout cette culpabilité qui s'installe immédiatement et comment remonter la pente.


Mathilde nous partage ensuite son deuxième accouchement, physio cette fois-ci avec une préparation poussée, comme elle le désirait.


Envie de discuter, d'en savoir plus ou de participer à ton tour ? Rendez-vous sur Instagram : @balance_ton_accouchement.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Rébecca

    Hello maman et bienvenue sur Balance ton accouchement, le podcast qui recense les histoires d'accouchement, qu'elles se soient bien ou mal passées, car toute histoire mérite d'être entendue. Vous écouterez ici des parcours faciles ou difficiles, des expériences uniques et surtout de la bienveillance et de la sincérité. Alors que tu sois maman, papa, future maman, futur papa ou simplement intéressé par l'accouchement et par ce qu'il fait traverser aux femmes et aux hommes, tu es le bienvenu par ici. Moi je suis Rebecca. maman de deux enfants, et complètement bouleversée par les accouchements et la maternité. Alors, sans plus attendre, voici le nouvel épisode du jour ! Alors bonjour, merci d'être venu sur ce nouvel épisode du podcast. Alors pour commencer, est-ce que tu pourrais te présenter s'il te plaît, en me donnant ton prénom, en me disant combien d'enfants tu as et quelle maison tu as, et puis en ajoutant tout ce que tu aurais envie.

  • Mathilde

    D'accord, c'est parti ! Alors moi c'est Mathilde, j'ai deux enfants, j'ai un petit garçon prénommé Charlie qui vient d'avoir trois ans et qui vient de faire sa rentrée il y a quelques jours et une petite fille qui a quatre mois et demi qui se prénomme Madeleine. Et sinon je suis bénévole dans une association qui s'appelle SOS Préma à Rennes.

  • Rébecca

    D'accord, une association qu'on connaît.

  • Mathilde

    C'est ça.

  • Rébecca

    Alors, première question que je pose à chaque fois, est-ce que tu avais pensé accouchement dès le début de ta première grossesse ? Est-ce que c'est quelque chose qui te faisait peur, qui te donnait envie ou à laquelle tu ne pensais pas spécialement ?

  • Mathilde

    Oui, j'avais déjà lu de nombreux ouvrages sur la maternité et je me renseignais déjà beaucoup là-dessus et notamment sur l'accouchement. J'avais entendu beaucoup d'histoires sur les accouchements de... plein de femmes et j'avais déjà une petite idée sur la question de comment je voulais que ça se passe.

  • Rébecca

    D'accord. Alors du coup, on va y revenir un petit peu après, mais sur les enlignes, tu voulais que ça se passe comment du coup ?

  • Mathilde

    Du coup, on était inscrits pour raconter en gros avec mon mari dans une filière physiologique.

  • Rébecca

    D'accord. Ok. Alors, est-ce que tu te souviens du moment où vous avez lancé Projet Bébé 1 ou est-ce que c'était une surprise ?

  • Mathilde

    Non, ce n'était pas une surprise, c'était un grand classique. On s'était dit avec mon mari qu'on voulait d'abord faire notre mariage. Et en gros, après le mariage, on arrêtait les contraceptifs et on se lançait dans le projet bébé. C'était vraiment dans la continuité de notre couple.

  • Rébecca

    D'accord. Et du coup, il est arrivé vite ?

  • Mathilde

    Oui, il est arrivé. Oui, il est arrivé au bout de quelques mois.

  • Rébecca

    Ok, donc pas de soucis particuliers.

  • Mathilde

    Non, non, non.

  • Rébecca

    Et alors, comment s'est passée ta première grossesse ? Est-ce que tout se passait bien ?

  • Mathilde

    Le premier trimestre, j'ai été un peu malade avec pas mal de nausées, j'ai perdu un peu de poids, mais sinon pas de gros maux particuliers, enfin des gros maux à ma UX bien sûr. Oui. Mais non, la grossesse s'est bien déroulée tout à fait normalement. Je sentais mon ventre qui contractait. Au début, je ne me rendais pas trop compte de ce que c'était, mais mon ventre était souvent dur. Donc, j'étais amenée quand même à me reposer, d'être au calme, sans stress, mais pas alitée non plus.

  • Rébecca

    Ok, d'accord. Il n'y avait pas d'alerte particulière ?

  • Mathilde

    Non, pas du tout. Non, non, non, non, je pouvais quand même faire de la voiture, me déplacer. On avait pu partir en vacances l'été à l'île d'Oléron. Donc, non, non, aucune alerte.

  • Rébecca

    Ok. Et toi, est-ce que ça te stressait ou pas vraiment ? Tu disais juste que c'était normal, c'est la grossesse.

  • Mathilde

    Non, je pensais que c'était normal, que c'était la grossesse, que ça devait se passer comme ça. Non, non, je me laissais vraiment porter. Moi, j'étais bien, j'étais heureuse avec mon ventre comme ça, qui grossissait de jour en jour. Non, non, c'était plutôt un plaisir.

  • Rébecca

    Ok. Et est-ce qu'il y a un moment où ça a commencé à dériver un petit peu, où on a commencé à être un peu plus inquiétant ?

  • Mathilde

    Non, pas du tout. Non, non, non, non, vraiment. Juste avant de l'accoucher, la veille en fait. Il n'y a qu'à ce moment-là où c'est devenu inquiétant. Sinon, jusqu'à la veille d'accoucher, on était à faire nos photos de grossesse avec mon mari à la plage.

  • Rébecca

    Ok.

  • Mathilde

    Non, non, rien.

  • Rébecca

    C'est une procède plus classique jusqu'à ce moment-là.

  • Mathilde

    Oui, c'est ça, exactement. Oui, oui, rien n'a signalé, on va dire.

  • Rébecca

    Ok. Et donc, tu voulais un accouchement physio. Tu nous as dit, est-ce que tu avais suivi des cours en ce sens ? Est-ce que tu avais fait des choses particulières ?

  • Mathilde

    Alors du coup, on était suivis à l'hôpital dans la filière physiologique. Je voulais quand même qu'il y ait l'hôpital. Je me suis dit, au cas où il arrive quelque chose, il y a quand même la réanimation qui est à côté. Ça avait un côté un peu rassurant que plutôt d'accoucher en clinique ou en maison de naissance. Donc, la préparation à l'accouchement avait presque commencé, si on peut dire ça, puisque le premier cours, ça a été la visite de la maternité avec le papa et le second. Les cours c'était quand même, on devait expliquer si on avait des mots pendant la grossesse. Donc voilà, j'ai fait ces deux cours-là, mais sinon j'avais mon suivi classique avec la sage-femme, mais je n'ai pas fait pour cette première grossesse d'hypnose, d'autonomie ou des choses comme ça, vraiment le suivi classique.

  • Rébecca

    Ok, et est-ce que c'est parce que tu ne connaissais pas ou tu n'avais pas forcément envie ?

  • Mathilde

    Les deux. J'ai envie de dire, les deux, je ne connaissais pas l'autonomie, l'hypnose, je connaissais un petit peu, mais je m'étais dit, ça, ce n'est pas pour moi, moi, je suis trop proactive, je n'arrive pas à me poser, à rester calme, ça, ce n'est pas du tout pour moi. Et puis, de toute façon, je n'ai pas vraiment eu le temps non plus de faire tout ça.

  • Rébecca

    Alors, justement, si tu nous racontes un petit peu, puisque là, tu nous te quises un petit peu, je vais laisser te reposer, mais... Alors, dis-nous tout, qu'est-ce qui s'est passé, du coup ? Donc, tu fais tes photos de grossesse à la plage.

  • Mathilde

    Et alors, qu'est-ce qui se passe ? Donc, en fait, le vendredi après-midi, on fait nos photos de grossesse à la plage. Donc, on a bien profité. C'était un bel après-midi. Le lendemain, il faut savoir qu'on était en week-end chez ma maman. Il y avait une consuette de famille qui avait lieu. Donc, il fallait faire les préparatifs.

  • Rébecca

    Oui. Si je te pose une question, tu te souviens à quel stade ? Tu t'es pensée, c'était à combien de semaines qu'on était ?

  • Mathilde

    Oui, j'étais tout juste à 33 semaines.

  • Rébecca

    Ok, au moins, ça nous met un petit peu dans l'ambiance.

  • Mathilde

    Donc voilà, je suis à 33 semaines. On a fait la troisième école il y a quelques jours. Donc, on a eu l'estimation du bébé. Donc, on connaît le sexe du bébé. On sait que ça va être un petit garçon qui pèse environ 1,9 kg. Que ça va être un gros bébé. terme qu'on me dit oh là là moi je me dis j'ai peur pour la césarienne parce que si on me dit 3,8 kg oh là là ça je me dis ça va jamais passer c'est pas possible. Donc ce week-end là on profite d'une grosse fête en famille qui se prépare, on fait beaucoup de cuisine. Mon mari part se promener à la plage avec sa maman et puis donc moi je suis en cuisine avec ma mère et mon frère qui traînent un petit peu plus loin et donc ils partent donc sachant qu'à la plage il n'y a pas vraiment... pas vraiment de réseau donc je sais pas trop quand est-ce qu'il va revenir. Moi j'ai du liquide qui coule entre les jambes donc je sais pas trop ce qui se passe, je sais pas trop ce que c'est. J'ai pas envie tout de suite d'en parler à ma mère qui va s'inquiéter, j'ai pas trop envie de lui dire. Je regarde un peu sur internet, est-ce que c'est ça le bouchon muqueux ? Et puis du coup j'en parle à mon frère qui me dit pourquoi tu me poses ça à moi, qu'est-ce que j'en sais moi ? Donc euh... Du coup, il me dit, on se met d'accord, je me dis, je vais appeler les sages-femmes, les urgences à l'hôpital qu'il y a à côté de chez ma maman. Et ils me disent qu'il faut venir tout de suite, que pour eux, ça serait une rupture de la poche des os.

  • Rébecca

    Ok, d'accord. Et comment tu prends ça, toi ? Est-ce que tu as confiance de ce que ça veut dire ?

  • Mathilde

    Non, je ne me rends pas vraiment compte de ce qui se passe. Je me dis, est-ce que ça veut dire que le bébé va arriver maintenant ? Et puis, je panique parce que, bien sûr, j'ai oublié mon dossier médical à la maison.

  • Rébecca

    Le conseil qu'on nous donne un peu trop, prenez votre dossier médical tout le temps, tout le temps, tout le temps.

  • Mathilde

    Mais en plus, je l'amenais vraiment tout le temps. Je l'avais vraiment tout le temps sur moi. Oui,

  • Rébecca

    c'est tout le temps.

  • Mathilde

    De toute façon, c'est tout le temps quand il ne faut pas. Donc, du coup, par la panique, j'appelle un copain qui habite à côté de notre appartement, qui a les clés. Je lui dis Est-ce que tu peux passer chez moi ? Prendre en photo mon dossier médical, je dois aller aux urgences. Je n'arrive pas à joindre mon mari. Bien sûr, il est à la plage et profite. Il n'y a pas de réseau. Donc, du coup, je regarde en affaire. Qu'est-ce que j'ai ? J'ai absolument rien. Je n'ai que des robes à fleurs. Oui, je vais faire la fête pour passer le week-end. C'est une cata au niveau de mon sac. De toute façon, je ne prends quasiment rien. C'est ma mère qui me dépose du coup et qui… attendre la salle d'attente avec moi, c'est que des femmes en plus qui sont sur le point d'accoucher qui sont énormes par rapport à moi.

  • Rébecca

    Et puis qui sont peut-être un peu plus prêtes aussi à ce qui va se passer.

  • Mathilde

    Oui et puis qui font des mouvements, qui se lèvent, qui s'assoient, qui savent pas trop comment se mettre et tout. Avec ma mère on se regarde un petit peu dans le blanc des yeux, qu'est ce qu'on fait là, on attend, on attend.

  • Rébecca

    Oui, tu n'as pas de douleur, toi, à ce moment-là, tu as juste un peu de victime.

  • Mathilde

    Non, et puis moi, ça coule, quoi. Je suis en train de me dire, il va me faudre des protections, là, parce que ça coule. C'est juste ça qui me gêne, en fait. Et entre-temps, du coup, on a réussi à joindre mon mari, qui est venu un petit peu en catastrophe dans la salle d'attente, et qui a relayé ma mère parce que, du coup, il n'y avait pas trop le droit à ce qu'il y ait beaucoup de monde autour de moi. On est encore un peu en période de Covid.

  • Rébecca

    Oui, j'allais dire trois ans, oui, c'était en 2021.

  • Mathilde

    Septembre 2021, on a encore tous le masque. Donc, mon mari peut m'accompagner quand même dans la salle d'attente.

  • Rébecca

    Ok. Et donc, du coup, tu n'as toujours vu personne, toi, à ce moment-là ?

  • Mathilde

    Non, quand il est arrivé, je n'ai encore vu personne. Ça a mis un bon temps avant qu'on soit pris en charge et que, du coup, une sage-femme vient me prendre les constantes et qu'elle m'ausculte. Et donc, elle confirme que j'ai bien rompu la poche des os et elle me dit, Ouh là là, ça coule vraiment beaucoup, beaucoup. Donc, elle m'a dit, On va au moins vous garder là pour le week-end, pour voir comment ça évolue.

  • Rébecca

    D'accord. Et toi, tu te dis quoi à ce moment-là ? Tu te dis, ça va aller ? Ou est-ce que tu as une petite flûte interne qui s'allume et qui te dit, Je vais peut-être accoucher dans pas longtemps.

  • Mathilde

    Non, déjà je me dis mince, je vais louper la fête de famille, je vais commencer à faire des gâteaux, je ne peux pas les finir. Donc je donne les consignes, je dis il faut faire ça, il faut faire ça, ça, ça. Je ne peux pas aller voir ma grand-mère qui est dans une maison de convalescence, donc je la préviens aussi. En fait, il y a tout le monde qui s'inquiète autour de moi, toute ma famille. Et moi, je suis dans l'attente en fait. On me dit qu'il ne faut pas paniquer, que des fois… l'accouchement ne se déclenche pas tout de suite, qu'on va voir comment ça évolue. Donc, je patiente. On est plus dans cet état d'esprit avec mon mari. On attend. Et puis, de toute façon, là, les heures passent et c'est un peu long. Moi, il n'y a rien qui se passe non plus. On surveille le bébé. Il n'y a pas de contraction. Il n'y a rien.

  • Rébecca

    Oui, tu as vu que tes équipes continuent à couler.

  • Mathilde

    Oui, c'est ça. OK. Après, on… En fin d'après-midi, j'ai une envie de me lever et d'aller aux toilettes. Et par contre, là, j'ai vraiment perdu la poche des os auprès de la queue des sages-femmes. Donc là, ça a fait vraiment comme dans les films. Un gros plaf. Ouais. OK.

  • Rébecca

    D'accord. Et là, est-ce que quelqu'un ou toi paniquait ?

  • Mathilde

    Non, en fait, je n'ai pas du tout paniqué. Je crois que... On n'a pas du tout paniqué, que ce soit mon mari ou moi, parce qu'à chaque fois, on a été bien accompagnés, bien suivis, on nous a tout expliqué. C'est juste que quand j'ai perdu les os, je me suis dit, là, par contre, le bébé peut venir à tout moment maintenant. Et puis, c'est devenu tout de suite très médicalisé, parce que du coup, on m'a allongée, on m'a donné tout de suite des piqûres, des antibiotiques, pour ne pas qu'il y ait d'infection. On m'a expliqué qu'il fallait me faire des injections pour le développement des poumons du bébé.

  • Rébecca

    Donc,

  • Mathilde

    tout de suite, ça devenait quand même très concret.

  • Rébecca

    Oui, on prend quand même un peu une tournure qui se rapproche de le désarriver.

  • Mathilde

    Voilà, ça commence à tourner un peu au vinaigre à ce moment-là. Mais on n'a pas envie d'y croire. On se dit, mais non, non. je vais ressortir lundi. Non, non, non. Et puis, on n'est toujours pas remonté dans notre chambre. Et puis moi, j'ai faim, j'en ai marre. La soirée commence à avancer. Mon mari part récupérer mon sac avec mes affaires. Il va se chercher à manger. Et puis, vers 20h, je commence à avoir un peu des contractions. On me donne des médicaments pour les ralentir et ça fonctionne. Vers 22h, je suis autorisée à retourner en chambre. Là, j'ai le droit de manger, donc déjà soulagement. Mon mari est un peu fatigué, il s'endort un peu sur le fauteuil. Pendant ce temps-là, moi, je joue aux jeux sur diverses applications, sur mon portable. Je patiente. Je suis un peu dégoûtée parce que les membres de ma famille font la fête, donc ils m'envoient des vidéos, ils m'envoient des messages. Chacun à leur tour, ils prennent de mes nouvelles. Donc, en fait, toute la soirée et le début de nuit se passe un peu comme ça. Et puis, j'ai de plus en plus mal au ventre quand même. J'ai mon ventre qui est tout dur, mais ça ne fait pas comme ce que j'avais écouté dans des podcasts ou vu à la télé à la maison des maternelles, par exemple, toutes les 10 minutes, toutes les 5 minutes, toutes les 3 minutes. J'ai l'impression que mon ventre est vraiment dur tout le temps.

  • Rébecca

    Et la douleur est supportable encore à ce moment-là ?

  • Mathilde

    Ça devient de moins en moins supportable. Et j'ai l'impression de faire que de me plaindre auprès de la sage-femme. Je fais que de la pli. Et je crois qu'au bout d'un moment, elle en a marre de moi. Elle dit mais elle n'est pas possible celle-là Au bout d'un moment, elle me donne un médicament assez fort, elle me donne du tramadol. Elle me dit bon là vraiment, si ça fait… pas effet va vous ressonner normalement dans l'heure ça doit aller mieux donc et puis je regarde je regarde tout le temps l'heure je vois pas que les minutes pas je prends des douches chaudes il ya mon mari qui qui s'endort plus ou moins dans le fauteuil je retourne aux toilettes je reprends une douche ça passe pas quoi et juste du coup au bout d'une heure lorsque la sage-femme a dit je pouvais la raclée j'ai dit j'ai encore bip et j'ai dit la madame là vraiment ça ça ne va pas du tout et elle me dit mais de toute façon tout allait bien à 20h. Je lui dis oui mais bon là j'ai l'impression que ça pousse, c'est bizarre et du coup là elle m'a ausculté, elle m'a dit ah bah oui là vous êtes ouverte à 4, il va falloir appeler la gynécologue de garde parce que vous allez accoucher maintenant.

  • Rébecca

    Et là tu vois comment tu le prends là ?

  • Mathilde

    Là par contre c'est la panique. Là, on se regarde avec mon mari et on ne comprend rien de ce qui se passe. On se dit maintenant, maintenant, mais on vient d'être installés dans la chambre. Et puis lui, il dit, mais qu'est-ce que je fais de nos sacs ? Mais on va où ? On va où ? Du coup, on n'a pas trop le temps. Elle commence à mettre sur un fauteuil roulant. Elle dit, allez, suivez-moi, monsieur. Elle commence à courir avec moi dans la chaise roulante. Et puis, on se dépêche, on se dépêche, on se dépêche pour vite descendre. Elle me demande tout de suite si je veux la péridurale et puis du coup là, je dis oui, finalement.

  • Rébecca

    Et qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis, du coup, toi qui voulais un accouchement physio ?

  • Mathilde

    En fait, depuis 22 heures, j'avais mal au ventre et ça ne se calmait pas. Et je n'arrivais pas du tout à gérer cette douleur, à respirer, etc. Je n'arrivais pas du tout à gérer comme il aurait fallu.

  • Rébecca

    Et est-ce que tu penses que c'est parce que tu ne t'étais pas mis dans l'idée que c'était le moment ?

  • Mathilde

    Ah oui, c'est sûr. Ah oui, je ne pensais pas que c'était des contractions.

  • Rébecca

    Oui, et pour ça, tu avais juste mal au ventre comme ça.

  • Mathilde

    Oui, comme j'avais pu avoir pendant la grossesse. Pour moi, j'avais des maux de ventre, mais je ne pensais pas que c'était des vraies contractions. Ok.

  • Rébecca

    Et alors, comment ça se passe à partir de ce moment-là ? Du coup, tu arrives assez rapidement en salle d'accouchement.

  • Mathilde

    Oui, du coup, on retourne au point de départ. On retourne là où on était auparavant. Et puis du coup, il y a l'anesthésiste qui vient poser l'apéridural. Il était venu pendant qu'on attendait plutôt dans l'après-midi pour poser tout son tas de questions.

  • Rébecca

    Oui.

  • Mathilde

    Parce que je n'avais pas eu de rendez-vous anesthésiste avant. Donc, il vient poser l'apéridural et mon mari n'a pas le droit d'être avec moi. Et ça, ça m'a paniqué. J'étais apeurée complètement. Je n'étais pas prête à devoir passer un moment seule en fait.

  • Rébecca

    Oui.

  • Mathilde

    Donc il est sorti de la pièce et j'ai l'impression que ce moment a duré une éternité. J'étais accrochée à une aide-soignante, je pense, qui était en face de moi. Et la pause de la période durale, je faisais que trembler, pleurer, comme quoi je voulais qu'il revienne, je voulais qu'il revienne. Et l'anesthésiste n'a pas du tout voulu. Et mon mari m'a dit mais ça n'a duré que 15-20 minutes J'ai l'impression que ça a duré, je ne sais pas, une heure. Finalement c'était un moment compliqué pour moi.

  • Rébecca

    Et la pause a été en elle-même quand même ou pas vraiment ?

  • Mathilde

    J'ai l'impression que je tremblais peut-être trop parce que au final je l'ai senti tout ce qui se passait. Il n'y avait que ma jambe droite qui était immobile. Et pourtant après sur la fin, par contre lorsque le placenta est passé, là je ne sentais plus.

  • Rébecca

    On a été transporté à la sortie du placenta.

  • Mathilde

    Pardon,

  • Rébecca

    c'est juste pour dire au niveau de la douleur. Du coup, pendant l'accouchement, tu as senti d'un côté pendant que ton bébé sortait ?

  • Mathilde

    Oui, j'ai tout senti.

  • Rébecca

    Ok, on va revenir là-dessus. Du coup, on te pose la péridurale, donc ton mari revient enfin auprès de toi, il doit quand même te rassurer beaucoup. Et qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ? Est-ce que ça s'agit ? Est-ce que tu te dis maintenant... On attend, on laisse le temps au bébé de descendre, qu'est-ce qui se passe ?

  • Mathilde

    Oui, en fait, l'objectif était qu'il reste le plus longtemps dans mon ventre. Donc, en fait, il y avait aussi beaucoup d'activités dans les salles à côté. On entendait les femmes qui criaient autour de nous. Donc, ça s'agitait pas mal. Et donc, je crois que j'étais prête depuis un petit moment déjà, mais on retardait un peu. Et puis finalement, autour de 6 heures du matin, tout le monde s'est un petit peu activé. Et du coup, il y a du monde dans la salle. Je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait autant de monde. Parce que du coup, il y avait mon mari, il y avait le gynécologue, la pédiatre qui attendait sur le toit de la porte. Il y avait aussi deux sages-femmes, une aide-soignante à ma gauche. Donc, ça faisait quand même beaucoup de monde. Et puis moi, j'étais étalée là, les jambes en l'air. Ça faisait très série TV un peu. Si j'étais dans le doctorat ou dans le Grès Anatomie, je ne sais pas dans laquelle des deux, mais je ne m'attendais pas à ça.

  • Rébecca

    Ok, oui. C'est quelque chose de beaucoup plus intime.

  • Mathilde

    Oui, et puis là, la lumière est énorme. Il y a la dame qui est plongée dedans. En plus, le bébé était en siège, donc tout le monde était très stressé de ça.

  • Rébecca

    Ok, d'accord. Et malgré tout, ça se passait bien, entre guillemets, dans le sens où il est bien descendu ?

  • Mathilde

    Oui, il est bien descendu. Donc, du coup, vers 6h30, c'est là où tout le monde s'est agité, où il a fallu commencer à pousser. Je sentais les contractions et la sage-femme et la gynécologue m'aidaient pour respirer, pour comment pousser. Et il y avait mon mari qui était à côté, on était marrantes. Il m'a aidé. En fait, je ne faisais que l'écouter lui surtout. J'écoutais que sa voix. J'essayais d'être guidée. Il était vraiment mon coach. Il me disait vas-y souffle maintenant, respire, repose-toi Je ne faisais que d'écouter ce qu'il me disait. Parce que moi, c'était une voix que je connaissais.

  • Rébecca

    Ok. Oui, ça te rassurait aussi. Toi qui avais été assez déconfit quand il est sorti, au moins là, il était là avec toi. Oui. Ça allait beaucoup mieux.

  • Mathilde

    C'est ça, exactement. Donc, ouais, en 15 minutes à peu près, il est arrivé du coup, Charlie, d'abord par les fesses. Du coup, j'ai pu toucher ses fesses. On m'a proposé, est-ce que vous voulez toucher ses fesses ? Donc, j'ai dit oui. Et après, est-ce que vous voulez l'attraper ? J'ai dit non. Je ne me sentais pas à l'aise pour l'attraper. Donc, elle me l'a vite posé sur mon ventre très rapidement. pas voulu couper le cordon. En fait, on était un peu choqués de tout ce qui s'est passé de la scène. On me l'a posé vite sur moi, on a coupé le cordon et après la pédiatre est vite venue le récupérer et il est parti, donc Charlie, avec mon mari faire les premiers soins. Il n'avait pas pleuré encore. Et donc après, mon mari et Charlie sont partis, donc je suis restée sur la table. de faire du coup les derniers soins, attendre que le placenta sort et non j'ai pas eu de point, j'allais dire me recoudre mais non.

  • Rébecca

    C'est bien ça en siège avec un peu d'avance, belle performance quand même.

  • Mathilde

    Oui j'avais très peur de finir en césarienne mais non, ça a été.

  • Rébecca

    Donc l'équipe était quand même assez à faire. assez à l'écoute et à bien respecter le fait de te laisser faire. Parce que c'est vrai que le combo arriver en avance, en siège, maintenant pas prêt, ça va produire, si ce n'est une césarienne, au moins les instruments ou quelque chose.

  • Mathilde

    C'est ça, c'est ce qu'on m'a expliqué. D'autres sages-femmes m'ont expliqué ça aux infirmières que j'ai pu croiser, mais autour de moi, elles m'ont dit qu'elles avaient eu beaucoup de chance que tout le monde ait accepté que l'accouchement se fasse naturellement.

  • Rébecca

    Oui. Ok. Et toi, comment tu te sens à ce moment-là ? Est-ce que tu te souviens quand même ? Tu es sûrement inquiète pour ton fils.

  • Mathilde

    En fait, je ne suis pas inquiète, je suis vraiment perdue.

  • Rébecca

    Ok. Tu n'es vraiment pas là en fait.

  • Mathilde

    Non, j'ai l'impression que je ne suis pas là. Je suis contente que tout le monde aille bien parce que je crois que tout le monde va bien. J'ai l'impression en tout cas. Et quand on entend un bébé pleurer, la gynécologue me dit C'est votre bébé, c'est votre bébé, tout va bien. Et là, je suis soulagée.

  • Rébecca

    Ok,

  • Mathilde

    je suis soulagée et je crois que je suis surtout perdue, choquée et soulagée. On dirait que ça va être les trois combos.

  • Rébecca

    C'est une bonne description. Ok, et alors, que se passe-t-il ensuite ?

  • Mathilde

    Ensuite, on me ramène Charlie avec mon mari. Du coup, il me le ramène. On fait un petit peu de peau à peau quand même. Donc, ça, je trouve que ce moment-là, c'est un petit moment suspendu. On essaye de faire connexion tous les trois, un petit peu. Et du coup, on reste comme ça quelques minutes, pas très longtemps. Et après, les puéricultrices viennent vite le chercher. On voit qu'il a un peu de mal à respirer pour l'emmener. On explique qu'ils l'emmènent en service réanimation néonatalogie. Dans cet hôpital-là, c'est un seul service, réanéonate du coup. D'accord. Qui va être là-bas, que moi je dois me reposer, reprendre des forces et qu'après je pourrais aller le voir et que le papa peut descendre le voir quand il veut, quand il peut.

  • Rébecca

    Ok. Et toi, est-ce que tu sais ce que c'est à ce moment-là, le service de réunionnaise ?

  • Mathilde

    Oui, parce que moi, j'ai été au même endroit 30 ans auparavant. Je suis née là-bas.

  • Rébecca

    OK. Et est-ce que ça te fait quelque chose de positif, de négatif ? Ou juste tu te dis, OK, c'est comme ça ?

  • Mathilde

    Non, il y a tout de suite la culpabilité qui se met en place. Et je me dis tout de suite, mais qu'est-ce que j'ai fait ? Comme si j'avais fait une grosse bêtise.

  • Rébecca

    Ouais, directement, tu prends tout sur toi. C'est moi qui n'ai pas assuré.

  • Mathilde

    Ah oui, je me dis, mais qu'est-ce que j'ai fait ? Mais comment j'en suis arrivée là ?

  • Rébecca

    Ok. Donc toi, tu restes un petit peu. Est-ce que ton mari part tout de suite avec bébé ? Ou est-ce qu'il reste avec toi ?

  • Mathilde

    Non, il reste avec moi tout au long des deux heures jusqu'à temps que je remonte en chambre pour manger. Ok. Lui, il est remonté avec moi pour manger avec moi. En plus, il était allé faire quelques courses. Il m'a ramené des sushis. C'est ce moment fameux. On est tous contents de pouvoir remanger des sushis.

  • Rébecca

    C'est sushis ou saucissons. C'est un peu les deux.

  • Mathilde

    C'est souvent des choses comme ça. En plus, c'est trop mignon. Il m'avait dit de me ramener des bêtises à manger, des kinder, du coca, toutes les choses que j'adore. Trop bien. Moi je mange et puis lui il mange plus rapidement et il descend avant voir Charlie. Le temps que je fasse une petite sieste et que je me lave un peu avant, que je me débarbouille avant de descendre. Je suis descendue moi que dans l'après-midi.

  • Rébecca

    D'accord, ok. Et donc quand tu descends, qu'est-ce qui se passe ? Comment tu vis ce moment ?

  • Mathilde

    C'est compliqué. C'est compliqué. Finalement, c'est la vraie découverte du bébé.

  • Rébecca

    Oui, surtout que toi, tu étais complètement sous le choc. Du coup, tu n'avais pas tellement réalisé ce qui t'était passé.

  • Mathilde

    Je crois que je n'avais pas vraiment regardé mon bébé non plus au final.

  • Rébecca

    Oui.

  • Mathilde

    Et puis, du coup, déjà, on vient me chercher en chaise roulante. Ce n'est pas au même étage. Il faut descendre. Il faut prendre l'ascenseur. Il faut passer par plusieurs portes bien se désinfecter. les mains bien mettre le masque et puis tout de suite c'est une autre ambiance quand on arrive dans le service là un service ovale avec le bureau des puéricultrices au milieu toutes les chambres tout autour avec plein de bips dans tous les sens on n'entend que des bips et il y a des lumières à chaque porte de chambre ça clignote vert ça clignote rouge et déjà c'est un autre monde ouais c'est un petit peu le choc à ce moment là de dire oula là oui j'ai atterri déjà ouais Et puis sur la porte, je vois que c'est écrit Charlie. Il y a aussi le nom d'un autre bébé. Donc je rentre dans la pièce avec une puéricultrice qui est là pour nous présenter le bébé en fait. Donc il y a quatre couveuses. Il y a un autre bébé, il y a mon bébé qui est un peu plus loin. Et donc du coup, elle nous le présente, elle nous montre tranquillement, elle chuchote, elle nous montre à quoi il est relié. Et ça, c'est le second. ça c'est les électrodes, ça c'est le masque pour bien respirer. Là, la couveuse elle est à tant de degrés pour qu'il ait chaud. Il est bien enmitouflé dans un linge, tout emmailloté, tout serré, on dirait un petit burrito en fait. Et un petit bonnet sur sa tête. Il fait tout minuscule en fait, mais pas tant que ça, il fait quand même 2,4 kg.

  • Rébecca

    Ok, oui quand même, il fait pas tout petit tout petit.

  • Mathilde

    Non, non, non, ça...

  • Rébecca

    son poil a sauvé je pense.

  • Mathilde

    Oui. Ok, et toi, du coup, de découvrir ton bébé comme ça ?

  • Rébecca

    Ben là, ça a été dur. Ça a été très très dur de le découvrir comme ça, relié de partout, un tube dans le nez, les bip-bip, ça sonnait tout le temps, et ça, ouais, ça a été... Très très dur de le découvrir comme ça. Moi, je m'attendais à un gros bébé potelé. On m'avait dit que j'allais avoir un gros bébé potelé. Et puis, il est très mignon. Pour moi, c'est quand même le plus bébé du monde. Mais c'est là que je me rends compte en fait. C'est là que je me rends compte que ça y est, je suis une maman en fait.

  • Mathilde

    Est-ce que la culpabilité est toujours là ?

  • Rébecca

    Ah oui. Et depuis, elle ne m'a pas quitté.

  • Mathilde

    Oui, elle est toujours là. Et du coup, comment se passe la suite pour petit Charlie ? Comment il va déjà ? Est-ce qu'il récupère bien de toutes ses émotions ?

  • Rébecca

    Alors, l'atterrissage a été un peu dur. Il a eu un masque à oxygène pendant la première journée. Et après, il a eu des petites lunettes. Donc finalement, en fait, on ne peut pas vraiment le voir. Son visage, il y a tellement de choses sur son visage qu'on ne peut même pas vraiment le découvrir. Il a des gros nuages collés sur les joues, le masque, une sonde dans le nez pour s'alimenter. On me dit qu'il ne s'est pas têté. Donc, du coup, c'est bizarre un petit peu. Par contre, ce qui est bien, c'est que tout de suite, on nous propose de faire du pot à pot.

  • Mathilde

    D'accord.

  • Rébecca

    Et du lien. Et le premier pot à pot, il l'a fait avec son papa parce que moi, je n'étais pas capable d'être fatiguée. Donc, tout de suite, on nous aide à le prendre, à le manipuler, à le mettre contre nous pour faire deux, trois heures de pot à pot. Mais ça va, il s'en remet bien quand même. Petit à petit, il arrive à prendre quelques millilitres de lait par-ci, par-là, mais ça le fatigue beaucoup. Il dort beaucoup, mais il respire seul, juste avec des petites lunettes et sans le masque à oxygène, seulement au bout de quelques jours.

  • Mathilde

    Ok. Donc, il se remet quand même bien, mais il faut un petit peu de temps quand même pour retrouver un rythme normal.

  • Rébecca

    C'est ça, tout à fait.

  • Mathilde

    Ok. Et combien de temps ça va prendre du coup pour qu'il sorte de ce service ?

  • Rébecca

    Alors, en fait, on était toujours à une heure et quart de notre domicile.

  • Mathilde

    Et oui, forcément.

  • Rébecca

    Donc, on va en loger.

  • Mathilde

    On va pas se coucher où tu le voulais.

  • Rébecca

    Voilà, donc on logeait chez ma maman. Moi, au bout de trois jours, je suis sortie. Donc, j'ai dû faire les allers-retours avec mon mari pour pouvoir venir le voir. Donc, heureusement, ma mère n'habitait pas loin. Mais on avait demandé si on pouvait faire un transfert. Donc, au bout d'une dizaine de jours, on a été transféré dans une clinique qui accepte du coup les bébés primats, mais au-delà d'un certain nombre de semaines et qui n'ont pas besoin d'aide respiratoire, mais qui sont quand même trop justes pour rentrer à la maison. Donc, on a été transféré dans cette clinique qui est à 10 minutes de notre domicile, à côté de Rennes. Et au total, entre les deux. deux établissements, on est restés hospitalisés un mois.

  • Mathilde

    Donc quand même un certain temps de stress et de panormalité.

  • Rébecca

    Oui c'est ça, oui. Mais après, avec le recul, on a été quand même très coucounés je trouve. On nous a bien appris tous les soins, comment faire le bain. Comment laver le cordon, les oreilles. On a appris à connaître notre bébé finalement et lui aussi à nous connaître.

  • Mathilde

    Ok. Donc toi, c'est quelque chose que tu vis pas mal. C'est pas le mot, mais au moins, tu as pu prendre le temps et ça, tu le soulignes. Oui.

  • Rébecca

    Ce qui a été dur dans la deuxième clinique, c'était que les visites n'étaient pas autorisées. D'accord. Lorsque l'on a accouché à l'hôpital, les visites étaient autorisées et nous ça nous a fait du bien d'avoir nos familles et nos proches qui pouvaient venir nous voir à tour de rôle. Je sais que certaines mamans ne veulent pas de visite, veulent être tranquilles. Et là le contexte était tellement particulier qu'on avait besoin de soutien.

  • Mathilde

    Oui et puis cette décision est quand même propre à chacun. Il y en a qui préfèrent avoir du monde et d'autres pas du tout.

  • Rébecca

    Du coup, dans cette clinique, pour voir du monde, les gens m'attendaient sur le parking. J'allais les voir sur le parking pendant que mon mari gardait Charlie pour que je puisse prendre l'air un petit peu. Parce que j'avais la chance quand même d'être hospitalisée avec Charlie. On était tous les deux tout le temps. Donc ça, c'était une chance parce qu'à l'hôpital, j'étais sortie, je devais faire les allers-retours et je trouvais ça horrible de l'abandonner.

  • Mathilde

    J'avoue que je pense que c'est la chose la plus dure pour une maman qui vient de donner une naissance à un enfant, c'est d'être séparée de lui tout de suite.

  • Rébecca

    Je trouve ça horrible et je ne comprends pas que ça puisse encore être le cas, parce que là, les chambres sont tellement petites qu'il y a à peine la place pour mettre une couveuse et un fauteuil. On vient d'accoucher, certaines ont des grosses cicatrices, des points et tout, on ne peut pas rester assise sur un fauteuil. toute la journée les chambres sont aussi grandes que des placards à valais presque donc c'est lamentable mais il n'y a pas le choix quoi oui toute façon tu fais ton enfant et là tu restes et tu y reviens c'est ça mais comme le disent les puéricultrices il faut que maman et papa soient en forme pour que bébé soit en forme et elles ont raison c'est vrai

  • Mathilde

    Et ça, on ne l'entend pas, je pense, quand on est dans cette situation. C'est bébé qui passe avant tout. D'ailleurs, je pense que les premières fois où on devient parent, c'est qu'un bébé passe avant nous et avant tout. Et ce n'est pas forcément le meilleur des choix à long terme.

  • Rébecca

    C'est ça. On s'oublie.

  • Mathilde

    Ok. Donc du coup, cette hospitalisation... Tu n'as pas eu de mauvaise surprise, de petites surprises de haut et de bas ? Ça allait plutôt linéairement ?

  • Rébecca

    Non, la prématurité c'est toujours un pas en avant, deux en arrière, un jour ça va, le lendemain ça ne va pas. C'est vraiment les montagnes russes. On a cru perdre Charlie plusieurs fois. Il faisait des brades écardies, comme la plupart des prématurés. Il s'oublie un petit peu quand il dort, donc il y a le rythme cardiaque qui ralentit, qui ralentit. Et ça fait peur parce qu'à tout moment du jour et de la nuit, ça arrive. Il y a toute l'équipe médicale qui arrive dans la chambre, ça sonne dans tous les sens. Donc ça, ça fait peur. Ça fait peur parce qu'on se dit, aujourd'hui ça va, mais comment ça va être demain ? On se dit, allez, encore un jour de gagné, est-ce qu'on voit le bout du tunnel ?

  • Mathilde

    Donc tu as vraiment vécu ces hauts et ces bas tout le temps ?

  • Rébecca

    Oui, et puis on posait toujours des questions. Est-ce qu'on va sortir ? Dans combien de temps ? Et la réponse était toujours, aujourd'hui la journée s'est bien passée, on verra demain. En fait, chaque jour après l'autre, petit pas par petit pas.

  • Mathilde

    Ok, d'accord. Et à partir de quel moment du coup ça a commencé à sentir bon ?

  • Rébecca

    Déjà quand il a réussi à bien téter, à bien prendre ses biberons, quand il commençait à reprendre du poil de la bête et reprendre du poids, déjà il fallait qu'il retrouve son poids de naissance et au-delà. Je savais qu'on devait rester à l'hôpital au moins jusqu'aux 37 semaines. Sachant qu'il est né à 33 semaines, je m'étais dit qu'on va rester un mois à peu près. jusqu'à ce que le stade de la prématurité soit passé. Et en fonction de l'état aussi, on a fait des examens au niveau du cœur, au niveau des poumons, au niveau du cerveau, pour voir s'il n'y avait pas de lésions, si tout était normal, avant d'être autorisé à sortir.

  • Mathilde

    Et du coup, tu as fait un test,

  • Rébecca

    Nicolas, il n'a pas gardé de séquelles ? Non, non, non. On nous a dit que plus tard, peut-être qu'il y aurait des fragilités, fragilité au niveau des poumons, souvent malades, des bronchiolites, des choses comme ça. On nous avait prévenu de tout ça. Mais en tout cas, quand on est sorti, c'est que tout allait bien.

  • Mathilde

    Et du coup, le jour où on t'a annoncé, ça y est, vous pouvez sortir, route libération ?

  • Rébecca

    C'était bizarre comme sensation parce que... On avait l'impression d'être comme dans une petite famille où on connaissait maintenant tous les visages des soignants qui venaient, on connaissait tous leurs prénoms et on s'était bien installé en fait. On avait ramené beaucoup de choses de la maison. On avait hâte de commencer vraiment notre vie à trois, mais ça allait encore être un changement, une nouvelle aventure.

  • Mathilde

    Et puis il y a ce petit côté quand même rassurant, entre guillemets, c'est-à-dire que s'il y a un problème, d'être sur place.

  • Rébecca

    C'est ça. Là, j'avais juste à sonner, à demander est-ce que ça, ça, c'est normal. Que là, maintenant, il va falloir se débrouiller. Et là, ça allait être l'inconnu. Oui, c'était un mélange de plusieurs sentiments. C'était bizarre.

  • Mathilde

    Ok. Et ce retour à la maison a quand même été libérateur. C'est-à-dire qu'au moins cette étape de sa vie était finie.

  • Rébecca

    Ça a été stressant quand même le retour à la maison parce que ça ne s'est pas passé tranquillement comme on l'aurait souhaité. Le lait ne lui allait pas, on a dû trouver de l'épaississant, il ne buvait pas bien son lait. On ne faisait que d'appeler la maternité tout le temps. J'avais dit vous pouvez nous appeler à n'importe quel moment. Ah bah oui, on n'a pas hésité. J'ai failli même redire est-ce qu'on peut revenir s'il vous plaît en fait.

  • Mathilde

    Ok, d'accord. Et à partir de quel moment tu dirais que vous avez trouvé un rythme normal entre vous ?

  • Rébecca

    Je pense qu'au bout d'un mois à la maison, on avait pris notre pli. D'accord. On avait pris notre pli, mais une fois qu'on avait trouvé notre rythme, c'est à ce moment-là que le papa doit reprendre le travail et qu'il faut tous réorganiser encore.

  • Mathilde

    Allez, sujet des congés des parents, c'est un gros sujet.

  • Rébecca

    Déjà, la chance qu'on a eue, c'est que le papa a pu bénéficier d'un mois de congé en plus, parce que depuis 2019, il y a un congé qui est mis en place pour bébé hospitalisé dès la naissance. Et donc du coup, au final, il a pu rester quand même deux mois avec nous deux. Et ça, heureusement, heureusement.

  • Mathilde

    Souvent, c'est indispensable quand même d'être deux et de se soutenir mutuellement.

  • Rébecca

    Voilà, c'est ça. C'est exactement, même de créer du lien, de faire famille, d'apprendre à se connaître, à vivre ensemble.

  • Mathilde

    Et toi, comment tu ressors de cette aventure, physiquement, émotionnellement ?

  • Rébecca

    J'ai l'impression d'être, je ne sais pas, comme si un train m'était passé dessus. Après avoir rejoint l'association, j'ai compris une chose que dit la psychologue Myriam. Et dire en fait que la prématurité c'est un accident de la vie. C'est comme si vous avez eu un accident de la route. C'est un traumatisme en fait. Et c'est vrai qu'on le vit comme ça.

  • Mathilde

    Ok, c'est une bonne image. Pour moi ça parle.

  • Rébecca

    C'est ça. C'est ça, oui. C'est exactement comme ça qu'on le pensait. Ce n'est pas forcément évident de mettre des mots dessus. Mais oui, c'est la représentation que j'ai en tout cas.

  • Mathilde

    Ok. Et du coup, est-ce qu'il te faut un certain temps pour t'en remettre ? Est-ce que tu t'en es remise de là à ce jour ?

  • Rébecca

    Oui, aujourd'hui ça va beaucoup mieux. Déjà j'ai fait un travail sur moi-même avec une thérapie. J'en ai eu besoin je pense pour faire le point parce que déjà la reprise du travail a été très dure, devoir laisser mon bébé à quelqu'un d'autre que moi, le faire garder même que ce soit même par le papa, c'était même pas moi. Je voulais vraiment tout contrôler et donc il a fallu apprendre à lâcher prise. Donc le fait de faire une thérapie, de faire une formation pour pouvoir rejoindre l'association SOS Préma aussi en tant que bénévole, faire tout ce cheminement-là petit à petit m'a permis, on va dire, de baisser mon niveau de culpabilité et de comprendre certaines choses.

  • Mathilde

    Et du coup, tu nous as dit au tout début de l'épisode que tu avais un deuxième enfant. À partir de quel moment tu t'es dit je suis prête à recommencer

  • Rébecca

    On s'était toujours dit qu'on voulait plusieurs enfants. Ça, c'était toujours notre souhait. Mon mari est enfant unique et il a toujours dit qu'il souhaitait plusieurs enfants, moi aussi. Mais voilà, il a fallu laisser du temps au temps et on s'était dit qu'on aimerait un écart d'âge. Idéalement, bien sûr, selon la nature, 3-4 ans d'écart.

  • Mathilde

    D'accord.

  • Rébecca

    Et voyant l'école arriver, on s'était dit, peut-être qu'on pourrait commencer à envisager d'avoir un deuxième enfant. Mais moi, j'étais stressée sur comment ça va se passer. Je sais qu'une fissure de la poche des os, ce n'est pas comme si c'était une maladie. Ce n'est pas de la génétique. C'est arrivé. Ça ne va pas forcément arriver une seconde fois.

  • Mathilde

    Oui, et ça n'a pas de cause en soi. C'est juste arrivé comme ça.

  • Rébecca

    Mais c'est dur à comprendre. C'est dur à comprendre qu'il n'y a pas de cause. Il y a des filles que je côtoie qui ont eu une préeclampsie. Donc, il y a une raison. Je ne sais pas si c'est pire qu'il n'y ait pas de raison, en fait. En fait, c'est ça qui a été dur pour moi d'accepter, qu'il n'y ait pas de raison. Parce que du coup, je m'étais dit, est-ce que c'est à cause des photos qu'on a faites l'après-midi ? Est-ce que j'ai trop marché ? Est-ce qu'on a fait trop de voitures ? Est-ce que ceci ? Est-ce que cela ? Et au final,

  • Mathilde

    le fait qu'il n'y ait pas de raison, ça t'a poussé à chercher absolument une raison qui était vraiment ta faute. Oui,

  • Rébecca

    voilà, c'est ça. Je me cherchais vraiment des poux dans la tête.

  • Mathilde

    Oui. Ok, d'accord. Oui, donc du coup, la culpabilité et le fait de te... Ça ne te rassurait pas pour te faire un projet bébé de quoi que tu dirais, potentiellement, je vais refaire la même erreur. Si, ce n'était pas ta faute.

  • Rébecca

    En tout cas, je me suis dit que pour un deuxième enfant, c'était... C'était sûr qu'on allait avoir un autre suivi et je voulais vraiment faire tout ce dont j'avais envie pour cette deuxième grossesse.

  • Mathilde

    Donc là, tu t'es dit que ça serait forcément un accouchement physio pour le coup et peut-être plus préparé.

  • Rébecca

    C'est ça, exactement. On retourne voir à l'hôpital pour refaire s'ils nous acceptent la filière physio. Donc au début, ils n'ont pas dit oui. ils ont réfléchi et puis ils ont dit oui c'est d'accord on veut bien vous suivre mais il faut dépasser les 37 et ça. Donc on a dit oui oui promis on va faire tout ce qu'on peut et on s'est préparé plus tôt. Donc j'ai fait des séances d'autonomie, au début mon mari il n'était pas trop choqué qu'est-ce que c'est que ce truc ? Et puis c'est bien parce que l'autonomie on peut commencer tôt. Donc on a commencé dès 4 mois et demi de grossesse à faire des petits mouvements, à sentir le bébé bouger. Donc tout de suite on a pu se projeter et à bien apprendre à créer une bulle tous les trois.

  • Mathilde

    Oui, ok. Et donc là tu te sentais bien avec cette grossesse, avec la grossesse déjà se passer bien, est-ce que tu te sentais bien ?

  • Rébecca

    Alors le premier trimestre... Pareil, plus malade même que la première grossesse. J'ai perdu beaucoup de poids. Dès que je mangeais, je revomissais. C'était une catastrophe. Je n'avais même pas le temps de payer mon repas au restaurant qu'il était déjà parti. Donc, c'était compliqué. Mais sinon, le reste de la grossesse se passait bien. J'ai été arrêtée très tôt. Et pour cette grossesse-là, j'étais suivie par une gynécologue. par contre et non par une sage-femme.

  • Mathilde

    Ok. Et ça, tu le visais plutôt bien, ça te rassurait peut-être ? Oui.

  • Rébecca

    C'est ça, exactement. On était rassurés et tous les mois, on avait une échographie pour bientôt vérifier qu'il n'y ait pas de malformations, que tout se passait bien.

  • Mathilde

    Ok. Donc, tu avais quand même un suivi plus poussé, ce qui devait te rassurer.

  • Rébecca

    Oui, exactement. Et aussi des prises de sang plus poussées tous les mois. Ok,

  • Mathilde

    d'accord. Et du coup, tu trouves Tu te prépares physio, tu fais de l'atomie, tu fais autre chose ?

  • Rébecca

    J'ai fait un petit peu d'hypnose, un tout petit peu, pour apprendre à gérer mes respirations. J'ai aussi fait des ateliers de danse prénatale. C'était super sympa. Et puis, sinon, je faisais pas mal de promenades, de marches et tout ça. Donc, beaucoup de lectures et d'écoutes de podcasts.

  • Mathilde

    D'accord. Et du coup, tu finis par passer cette étape des 33 semaines ?

  • Rébecca

    Alors oui, chaque cap était très important pour nous. Il y avait le cap de la viabilité du fœtus, 24-25 semaines, on sait que là il sera viable et il pourrait être sauvé si il m'arrive quelque chose. Le fameux cap des 33 semaines, il y avait beaucoup d'angoisse autour de ce troisième cap. Déjà, est-ce que je peux aller faire ma troisième écho ? Oui, tout va bien. Donc déjà, ça c'est fait. Après 33 semaines, là c'est bon, on est bon. De toute façon, tout était prêt à la maison. Ce n'est pas comme le premier. Finalement, quand c'est un deuxième, il n'y a pas grand-chose à racheter. Donc, je l'ai fait très tôt, ma valise de la maternité, la valise de bébé était aussi prête. Tout était très très prêt. Des plats étaient aussi mis au congèle. Là, il y avait beaucoup de préparation et... Non, j'ai perdu le fil. Je ne sais plus ce que je voulais dire.

  • Mathilde

    Donc, il est que tu es très prête à avoir le coeur des 33 semaines parce qu'au cas où ça se passe, ça peut aller mal.

  • Rébecca

    C'est ça. Dès que les 33 semaines sont passées, il y a eu vraiment à lâcher prise.

  • Mathilde

    Ok.

  • Rébecca

    Là, je me suis dit, c'est bon. Du coup, je peux faire ce que j'ai envie. Je me limitais quand même en termes de voiture et tout ça sous conseil de la gynéco. Et puis, elle m'avait dit, autour des 37 semaines, Après, c'est bon, je peux reprendre une vie quasi normale en fait.

  • Mathilde

    Ok.

  • Rébecca

    Donc,

  • Mathilde

    c'est ce que tu fais ?

  • Rébecca

    Oui. À la 37e semaine, on avait les derniers rendez-vous d'autonomie. On avait la visite de la filière physiologique. Donc, on a pu tout faire. J'ai trouvé ça génial. On a fini la préparation à l'accouchement. On a visité la filière, la bulle. Donc c'était chouette de pouvoir tout clôturer. On était trop contents.

  • Mathilde

    Ok. Et alors du coup, comment ce bébé arrive ? Comment ça se passe ?

  • Rébecca

    Alors ce bébé est arrivé le 18 avril. J'ai perdu les os dans le lit la nuit d'avant. Et c'est rigolo parce que je fais partie d'un groupe. sur WhatsApp, ça s'appelle le Blizz Gang, mai 2024, et on est 120 mamans à accoucher petit à petit, et il y avait des mamans qui disaient Moi j'ai mis des allèges dans le lit, moi j'ai mis des serviettes de plage dans le lit au cas où il faut perdre les os. Donc du coup, la veille au soir, je dis à mon mari Il faudrait peut-être mettre des serviettes en plus dans le lit au cas où je perde les os, parce que comme ça, on ne va pas ruiner le matelas. Donc à 2h du matin, je sens un gros liquide chaud qui coule entre mes jambes. Je regarde mon fils qui est à côté de moi en train de dormir dans le lit. Je regarde mon mari qui dort aussi à côté. Je me dis bon, ça va être pour aujourd'hui. J'attends un petit peu avant de comprendre est-ce que c'est vraiment une perte des os ou juste la poche qui s'est rompue. Je me dis non, là c'est vraiment la grosse perte des os quand même.

  • Mathilde

    Oui, tu recrochais un petit peu.

  • Rébecca

    Oui, mais ce n'est pas comme l'autre fois. Du coup, je réveille tout doucement mon mari. Je lui dis, ça va être pour aujourd'hui. J'ai perdu les os. Il regarde, il voit deux heures du matin. Il fait, aïe, aïe. Et du coup, je me lève, finir de fermer les valises, chercher des protections. On attend le dernier moment avant de réveiller mon fils. Du coup, pour... pouvoir du coup l'emmener chez la nounou qui avait accepté de le garder pour finir sa nuit et la journée. Donc on a fait un travail.

  • Mathilde

    Elle avait accepté l'état d'urgence au cas où ça arrive en pleine nuit.

  • Rébecca

    Quand on l'a réveillée, on lui a dit oui, oui, emmenez-le, bien sûr, il n'y a pas de soucis. Nos deux mamans sont à une heure et quart de route et très près, donc elles ne pouvaient pas forcément tout de suite venir.

  • Mathilde

    Et oui, toujours le stress quand il y a déjà un aîné, de se dire comment je vais faire pour mon revenu.

  • Rébecca

    Voilà, autrement on avait dit sinon il y aura nos voisins, autrement qu'ils pourront accepter. Mais c'est sûr que la nuit, ce n'est pas forcément évident. Mais ça nous a aussi rassurés parce qu'on s'est dit au moins il n'y aura pas de bouchons sur la route pour aller à l'hôpital. Donc du coup, on a déposé le petit, il était 4h, non, 3h30 qu'il était. chez la nounou et on est arrivés à 4 heures à la maternité.

  • Mathilde

    Ok. Et donc, toi, il va à la maternité. Comment ça se passe sur place ?

  • Rébecca

    Je suis un peu déçue parce que la salle physio est déjà prise par une maman. Ah, je vous remercie. Je n'ai pas le droit à ma salle physio. Donc, elle me monte quand même une chambre où il y a une grande baignoire. Elle me dit bon, ça va Elle me ramène aussi des... Tout ce dont j'ai besoin, un ballon si je veux. Elle m'accroche aussi une grande tige auquel je peux me suspendre sur le lit. Donc, elle fait tout pour m'aider, même si elle me dit qu'il y a beaucoup de femmes qui vont accrocher. Là, il y a énormément de monde. Je dis, super. Elle me dit, mais vous êtes tous les deux. Je viens vous voir de temps en temps. et on voit comment ça avance. Le travail s'est lancé petit à petit, la lumière était tamisée. On avait des playlists qu'on avait prévues. Au début, j'écoute la playlist du petit, donc avec toutes ces comptines, ces chansons, les pubs, ça m'a tuée. Ça me déconcentrait. J'avais emmené un peigne, j'avais emmené des sucettes. J'avais essayé de trouver des outils un petit peu par-ci, par-là qui allaient m'aider. Et j'ai pris un long bain pendant plus d'une heure. Comme ça, mon mari a fait un petit repos.

  • Mathilde

    Pour prendre des forces aussi.

  • Rébecca

    C'est ça, oui. Et puis par contre, à la sortie du bain, vers 7h30, 8h, moins le quart, ça s'est vraiment intensifié les contractions. Là, je commençais à faire des vocalises, à râler vraiment, faire des gros bruits et j'avais du mal à reprendre mes respirations. C'était juste au moment du changement d'équipe, autour de 8h du matin en plus. Il y avait la sage-femme, elle était déçue parce qu'elle ne pouvait pas voir la fin du travail. Et la nouvelle sage-femme, la pauvre à peine elle est arrivée, direct il a fallu m'accoucher. Du coup, c'était une sage-femme que j'avais déjà vue pendant mon suivi. Donc, j'étais contente de voir un visage familier.

  • Mathilde

    Et le courant était bien passé avec elle, il n'y avait pas de soucis ?

  • Rébecca

    Voilà, exactement. Ça s'était très bien passé. On a accepté qu'il y ait une sage-femme à l'école. Donc, du coup, elles étaient deux. Et puis, du coup, l'accouchement s'est passé assez vite, même si j'avais l'impression, je ne faisais que dire à mon mari, mais ça déchire. là-dedans j'en peux plus, ça déchire tout. Et donc du coup elles ont vu à ma tête que c'était le moment qu'il fallait intervenir maintenant.

  • Mathilde

    Et t'as pas craqué cette fois sur une péridurale ? T'as tenu bon ?

  • Rébecca

    J'y ai même pas pensé, j'y ai pas pensé du tout.

  • Mathilde

    C'est bien ça !

  • Rébecca

    J'ai eu cette phase un petit peu de désespérance, j'étais un peu en pleurs, mais je l'ai pas demandé, j'y ai vraiment pas du tout réfléchi à ça. J'étais tout le temps très dur.

  • Mathilde

    C'est très dur, mais tu n'as pas pour autant de chercher la solution miracle pour te soulager.

  • Rébecca

    C'est ça, exactement.

  • Mathilde

    Et donc, là, pour le coup, tout va assez vite quand même.

  • Rébecca

    Oui, du coup, Madeleine, elle est née il était 9h du matin, en fait.

  • Mathilde

    Ah oui, donc c'était quand même très rapide.

  • Rébecca

    Et puis, j'ai... J'ai accouché accroupie à côté du lit et je me tenais aux bras de mon mari. Les sages-femmes étaient derrière moi pour récupérer Madeleine et elles m'ont aidée à la prendre devant moi, que je puisse la mettre directement sur mon ventre pour m'allonger.

  • Mathilde

    Est-ce que vous voulez la prendre ?

  • Rébecca

    Oui, ça a été complètement différent.

  • Mathilde

    Beaucoup plus serein, beaucoup plus sain. Rien à voir.

  • Rébecca

    C'est ça, rien à voir. Et puis c'est rigolo, je n'ai même pas pensé à mettre la bouse de l'hôpital, j'ai accouché avec ma robe. Mais n'importe quoi !

  • Mathilde

    Tant mieux parce qu'on aurait pu t'obliger à la porter et te casser dans ta bulle là au moins, tu étais complètement comme à la maison.

  • Rébecca

    Mais oui, c'est après, quand j'ai vu la blouse, je me suis dit, Oh, mais je n'ai même pas mis la blouse de l'hôpital ! Et là, c'est beau parce que du coup, elle était directement sur moi en peau à peau. Le placenta est descendu comme il fallait. Une petite déchirure, mais rien, pas de poing, rien non plus. Parce que j'avais vraiment l'impression que ça allait être catastrophe en bas. Puis finalement, non.

  • Mathilde

    Oui, au final, tu n'as pas déchiré du tout pour les deux fois.

  • Rébecca

    Non, pas une petite déchirure, mais naturelle. Ok. C'était vraiment la toute en sérénité et en douceur.

  • Mathilde

    Et ça t'a fait quoi cette fois de découvrir ta fille directement, de pouvoir profiter directement et pas d'avoir tout le médical qui s'interpose ?

  • Rébecca

    C'était beaucoup d'émotion et c'est comme si je remerciais mon corps en fait. Comme si j'étais réconciliée avec lui un peu.

  • Mathilde

    Ok. Ça t'a un petit peu guérie du premier accouchement, quoi.

  • Rébecca

    Oui, on va dire ça.

  • Mathilde

    Si, c'est pas tout à fait le cas, on est d'accord. C'est vrai que c'est une expérience.

  • Rébecca

    C'est un peu ça, oui. Ça m'a réconciliée et je me suis dit, oui, j'en étais capable. J'étais un peu fière quand même.

  • Mathilde

    Oui, tu peux. Et puis, tu as été capable d'aller à terre, mais je pense que ça, même pour toi et ta confiance en toi, ça a été libérateur.

  • Rébecca

    Oui, du coup, Madeleine, elle est née à 38 semaines et 3 jours. Donc, du coup, je suis contente.

  • Mathilde

    On a passé le cap des 33 et des 37 semaines.

  • Rébecca

    C'est ça, exactement.

  • Mathilde

    Et en pleine forme directement.

  • Rébecca

    Oui, oui, oui.

  • Mathilde

    Ok. Et du coup, aujourd'hui, comment tu te sens après ces deux accouchements et ces deux enfants ?

  • Rébecca

    Comment je me sens ? Il y a toujours une petite hanche de culpabilité qui traîne. J'ai toujours ça en moi, mais même dans mon rôle de maman aujourd'hui, je dirais, il y a une forte envie de protéger ces deux enfants de tout. J'ai l'impression de vouloir vraiment tout faire pour eux, peut-être dans l'excès, c'est sûr. Mais du coup, il y a cet instant de protection, peut-être aussi d'hypervigilance. Il y a l'envie aussi de devoir communiquer auprès de ça, parler de la prématurité et l'envie d'aider aussi tous les parents que je côtoie autour de moi qui vivent de près ou de loin la même chose avec des enfants nés trop tôt.

  • Mathilde

    Du coup, c'est peut-être le moment de dire que tu es en préparation d'un livre. Est-ce que tu veux en parler un petit peu ?

  • Rébecca

    Oui, oui, oui. Alors, voilà, j'ai écrit un livre qui retrace notre histoire, notre quotidien pendant un mois, pendant un an, pardon, de la naissance de notre fils jusqu'à ses un an à peu près. Mais c'est aussi un recueil de quelques témoignages de parents. J'avais fait un sondage, ils ont été nombreux à répondre à mes questions. que ce soit sur la découverte de leur enfant, sur à quoi ils s'attendaient, sur comment se préparer à la prématurité. Et une partie des bénéfices va être reversée à l'association SOS Préma qui se bat pour justement le bon développement des enfants et le bien-être aussi des parents. Donc c'est pour ça, je trouve que ça manque ce genre de témoignages aujourd'hui. J'en ai lu beaucoup autour de moi. mais les témoignages s'arrêtent aux portes de l'hôpital. Et on ne sait pas comment ça se passe après. Donc, je trouvais que ça manquait. Et c'est ce que me demandent toujours les parents lorsque je leur en visite à l'hôpital. Comment ça va à la maison ? Comment vous vous en sortez ? Est-ce que vous trouvez des médecins ? Plein de questions comme ça. Et heureusement qu'il y a des relais pour les informer parce qu'ils sont perdus. Tout comme nous, on peut l'être déjà lorsqu'on a un enfant qui n'est pas né prématurément. Oui, on a tous des questions qu'on se pose et on est content de trouver les informations, quelles qu'elles soient.

  • Mathilde

    Oui, et puis ça rejoint un petit peu cette idée de cocon à l'hôpital, où en cas de besoin, quelqu'un est toujours là, alors que dès qu'on est à la maison, il n'y a plus personne, on est tout seul et on fait comment ?

  • Rébecca

    C'est ça, exactement. Surtout aujourd'hui, nos familles sont vraiment toutes éparpillées. On dit qu'il faut un village pour nous aider lorsqu'on accouche, mais ce village n'est pas forcément à côté de chez nous. Il n'y a pas forcément nos mères, nos grands-mères, nos tantes qui peuvent nous renseigner tout de suite, qui habitent la porte à côté pour venir nous aider. Donc, ce qu'on va rechercher, c'est qu'on va regarder sur les réseaux s'ils perdent et voilà.

  • Mathilde

    En tout cas, c'est un très beau projet. C'est vrai que ce que tu dis a plein de sens. Merci à toi de l'avoir mis sur place et il sera très bientôt disponible. Oui,

  • Rébecca

    bientôt. Il est en phase de relecture pour voir si tout est OK. De toute façon, il sera sorti pour la journée mondiale de la prématurité qui a lieu au mois de novembre.

  • Mathilde

    OK.

  • Rebecca

    Merci beaucoup à toi d'avoir parlé de tout ça et d'avoir partagé ton expérience qui était très intéressante et qui, je pense, j'en suis sûre, aidera d'autres parents dans cette situation ou qui veulent en tout cas se préparer au cas où ça arrive.

  • Rébecca

    Merci à toi en tout cas de m'avoir proposé de discuter de tout ça, de ce projet aussi qui me tient beaucoup à cœur.

  • Rebecca

    Merci beaucoup d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. S'il t'a plu ou si le podcast de manière générale te plaît, n'hésite pas à me laisser une petite note sur ton application d'écoute préférée. 5 étoiles, ce serait l'idéal. Et pour découvrir d'autres histoires aussi passionnantes qu'intéressantes, rendez-vous mercredi prochain. A très vite !

Share

Embed

You may also like

Description

Je vous retrouve aujourd'hui pour un nouvel épisode riche en émotions. Mathilde nous raconte son parcours, et surtout celui de son petit garçon arrivé plus vite que prévu alors que maman était en pleine fête de famille. Un parcours atypique, d'autant plus que Mathilde était elle aussi passée par le service de réa-néonatologie de ce même hôpital quelques années plus tôt. Elle nous partage son expérience, ses ressentis et surtout cette culpabilité qui s'installe immédiatement et comment remonter la pente.


Mathilde nous partage ensuite son deuxième accouchement, physio cette fois-ci avec une préparation poussée, comme elle le désirait.


Envie de discuter, d'en savoir plus ou de participer à ton tour ? Rendez-vous sur Instagram : @balance_ton_accouchement.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Rébecca

    Hello maman et bienvenue sur Balance ton accouchement, le podcast qui recense les histoires d'accouchement, qu'elles se soient bien ou mal passées, car toute histoire mérite d'être entendue. Vous écouterez ici des parcours faciles ou difficiles, des expériences uniques et surtout de la bienveillance et de la sincérité. Alors que tu sois maman, papa, future maman, futur papa ou simplement intéressé par l'accouchement et par ce qu'il fait traverser aux femmes et aux hommes, tu es le bienvenu par ici. Moi je suis Rebecca. maman de deux enfants, et complètement bouleversée par les accouchements et la maternité. Alors, sans plus attendre, voici le nouvel épisode du jour ! Alors bonjour, merci d'être venu sur ce nouvel épisode du podcast. Alors pour commencer, est-ce que tu pourrais te présenter s'il te plaît, en me donnant ton prénom, en me disant combien d'enfants tu as et quelle maison tu as, et puis en ajoutant tout ce que tu aurais envie.

  • Mathilde

    D'accord, c'est parti ! Alors moi c'est Mathilde, j'ai deux enfants, j'ai un petit garçon prénommé Charlie qui vient d'avoir trois ans et qui vient de faire sa rentrée il y a quelques jours et une petite fille qui a quatre mois et demi qui se prénomme Madeleine. Et sinon je suis bénévole dans une association qui s'appelle SOS Préma à Rennes.

  • Rébecca

    D'accord, une association qu'on connaît.

  • Mathilde

    C'est ça.

  • Rébecca

    Alors, première question que je pose à chaque fois, est-ce que tu avais pensé accouchement dès le début de ta première grossesse ? Est-ce que c'est quelque chose qui te faisait peur, qui te donnait envie ou à laquelle tu ne pensais pas spécialement ?

  • Mathilde

    Oui, j'avais déjà lu de nombreux ouvrages sur la maternité et je me renseignais déjà beaucoup là-dessus et notamment sur l'accouchement. J'avais entendu beaucoup d'histoires sur les accouchements de... plein de femmes et j'avais déjà une petite idée sur la question de comment je voulais que ça se passe.

  • Rébecca

    D'accord. Alors du coup, on va y revenir un petit peu après, mais sur les enlignes, tu voulais que ça se passe comment du coup ?

  • Mathilde

    Du coup, on était inscrits pour raconter en gros avec mon mari dans une filière physiologique.

  • Rébecca

    D'accord. Ok. Alors, est-ce que tu te souviens du moment où vous avez lancé Projet Bébé 1 ou est-ce que c'était une surprise ?

  • Mathilde

    Non, ce n'était pas une surprise, c'était un grand classique. On s'était dit avec mon mari qu'on voulait d'abord faire notre mariage. Et en gros, après le mariage, on arrêtait les contraceptifs et on se lançait dans le projet bébé. C'était vraiment dans la continuité de notre couple.

  • Rébecca

    D'accord. Et du coup, il est arrivé vite ?

  • Mathilde

    Oui, il est arrivé. Oui, il est arrivé au bout de quelques mois.

  • Rébecca

    Ok, donc pas de soucis particuliers.

  • Mathilde

    Non, non, non.

  • Rébecca

    Et alors, comment s'est passée ta première grossesse ? Est-ce que tout se passait bien ?

  • Mathilde

    Le premier trimestre, j'ai été un peu malade avec pas mal de nausées, j'ai perdu un peu de poids, mais sinon pas de gros maux particuliers, enfin des gros maux à ma UX bien sûr. Oui. Mais non, la grossesse s'est bien déroulée tout à fait normalement. Je sentais mon ventre qui contractait. Au début, je ne me rendais pas trop compte de ce que c'était, mais mon ventre était souvent dur. Donc, j'étais amenée quand même à me reposer, d'être au calme, sans stress, mais pas alitée non plus.

  • Rébecca

    Ok, d'accord. Il n'y avait pas d'alerte particulière ?

  • Mathilde

    Non, pas du tout. Non, non, non, non, je pouvais quand même faire de la voiture, me déplacer. On avait pu partir en vacances l'été à l'île d'Oléron. Donc, non, non, aucune alerte.

  • Rébecca

    Ok. Et toi, est-ce que ça te stressait ou pas vraiment ? Tu disais juste que c'était normal, c'est la grossesse.

  • Mathilde

    Non, je pensais que c'était normal, que c'était la grossesse, que ça devait se passer comme ça. Non, non, je me laissais vraiment porter. Moi, j'étais bien, j'étais heureuse avec mon ventre comme ça, qui grossissait de jour en jour. Non, non, c'était plutôt un plaisir.

  • Rébecca

    Ok. Et est-ce qu'il y a un moment où ça a commencé à dériver un petit peu, où on a commencé à être un peu plus inquiétant ?

  • Mathilde

    Non, pas du tout. Non, non, non, non, vraiment. Juste avant de l'accoucher, la veille en fait. Il n'y a qu'à ce moment-là où c'est devenu inquiétant. Sinon, jusqu'à la veille d'accoucher, on était à faire nos photos de grossesse avec mon mari à la plage.

  • Rébecca

    Ok.

  • Mathilde

    Non, non, rien.

  • Rébecca

    C'est une procède plus classique jusqu'à ce moment-là.

  • Mathilde

    Oui, c'est ça, exactement. Oui, oui, rien n'a signalé, on va dire.

  • Rébecca

    Ok. Et donc, tu voulais un accouchement physio. Tu nous as dit, est-ce que tu avais suivi des cours en ce sens ? Est-ce que tu avais fait des choses particulières ?

  • Mathilde

    Alors du coup, on était suivis à l'hôpital dans la filière physiologique. Je voulais quand même qu'il y ait l'hôpital. Je me suis dit, au cas où il arrive quelque chose, il y a quand même la réanimation qui est à côté. Ça avait un côté un peu rassurant que plutôt d'accoucher en clinique ou en maison de naissance. Donc, la préparation à l'accouchement avait presque commencé, si on peut dire ça, puisque le premier cours, ça a été la visite de la maternité avec le papa et le second. Les cours c'était quand même, on devait expliquer si on avait des mots pendant la grossesse. Donc voilà, j'ai fait ces deux cours-là, mais sinon j'avais mon suivi classique avec la sage-femme, mais je n'ai pas fait pour cette première grossesse d'hypnose, d'autonomie ou des choses comme ça, vraiment le suivi classique.

  • Rébecca

    Ok, et est-ce que c'est parce que tu ne connaissais pas ou tu n'avais pas forcément envie ?

  • Mathilde

    Les deux. J'ai envie de dire, les deux, je ne connaissais pas l'autonomie, l'hypnose, je connaissais un petit peu, mais je m'étais dit, ça, ce n'est pas pour moi, moi, je suis trop proactive, je n'arrive pas à me poser, à rester calme, ça, ce n'est pas du tout pour moi. Et puis, de toute façon, je n'ai pas vraiment eu le temps non plus de faire tout ça.

  • Rébecca

    Alors, justement, si tu nous racontes un petit peu, puisque là, tu nous te quises un petit peu, je vais laisser te reposer, mais... Alors, dis-nous tout, qu'est-ce qui s'est passé, du coup ? Donc, tu fais tes photos de grossesse à la plage.

  • Mathilde

    Et alors, qu'est-ce qui se passe ? Donc, en fait, le vendredi après-midi, on fait nos photos de grossesse à la plage. Donc, on a bien profité. C'était un bel après-midi. Le lendemain, il faut savoir qu'on était en week-end chez ma maman. Il y avait une consuette de famille qui avait lieu. Donc, il fallait faire les préparatifs.

  • Rébecca

    Oui. Si je te pose une question, tu te souviens à quel stade ? Tu t'es pensée, c'était à combien de semaines qu'on était ?

  • Mathilde

    Oui, j'étais tout juste à 33 semaines.

  • Rébecca

    Ok, au moins, ça nous met un petit peu dans l'ambiance.

  • Mathilde

    Donc voilà, je suis à 33 semaines. On a fait la troisième école il y a quelques jours. Donc, on a eu l'estimation du bébé. Donc, on connaît le sexe du bébé. On sait que ça va être un petit garçon qui pèse environ 1,9 kg. Que ça va être un gros bébé. terme qu'on me dit oh là là moi je me dis j'ai peur pour la césarienne parce que si on me dit 3,8 kg oh là là ça je me dis ça va jamais passer c'est pas possible. Donc ce week-end là on profite d'une grosse fête en famille qui se prépare, on fait beaucoup de cuisine. Mon mari part se promener à la plage avec sa maman et puis donc moi je suis en cuisine avec ma mère et mon frère qui traînent un petit peu plus loin et donc ils partent donc sachant qu'à la plage il n'y a pas vraiment... pas vraiment de réseau donc je sais pas trop quand est-ce qu'il va revenir. Moi j'ai du liquide qui coule entre les jambes donc je sais pas trop ce qui se passe, je sais pas trop ce que c'est. J'ai pas envie tout de suite d'en parler à ma mère qui va s'inquiéter, j'ai pas trop envie de lui dire. Je regarde un peu sur internet, est-ce que c'est ça le bouchon muqueux ? Et puis du coup j'en parle à mon frère qui me dit pourquoi tu me poses ça à moi, qu'est-ce que j'en sais moi ? Donc euh... Du coup, il me dit, on se met d'accord, je me dis, je vais appeler les sages-femmes, les urgences à l'hôpital qu'il y a à côté de chez ma maman. Et ils me disent qu'il faut venir tout de suite, que pour eux, ça serait une rupture de la poche des os.

  • Rébecca

    Ok, d'accord. Et comment tu prends ça, toi ? Est-ce que tu as confiance de ce que ça veut dire ?

  • Mathilde

    Non, je ne me rends pas vraiment compte de ce qui se passe. Je me dis, est-ce que ça veut dire que le bébé va arriver maintenant ? Et puis, je panique parce que, bien sûr, j'ai oublié mon dossier médical à la maison.

  • Rébecca

    Le conseil qu'on nous donne un peu trop, prenez votre dossier médical tout le temps, tout le temps, tout le temps.

  • Mathilde

    Mais en plus, je l'amenais vraiment tout le temps. Je l'avais vraiment tout le temps sur moi. Oui,

  • Rébecca

    c'est tout le temps.

  • Mathilde

    De toute façon, c'est tout le temps quand il ne faut pas. Donc, du coup, par la panique, j'appelle un copain qui habite à côté de notre appartement, qui a les clés. Je lui dis Est-ce que tu peux passer chez moi ? Prendre en photo mon dossier médical, je dois aller aux urgences. Je n'arrive pas à joindre mon mari. Bien sûr, il est à la plage et profite. Il n'y a pas de réseau. Donc, du coup, je regarde en affaire. Qu'est-ce que j'ai ? J'ai absolument rien. Je n'ai que des robes à fleurs. Oui, je vais faire la fête pour passer le week-end. C'est une cata au niveau de mon sac. De toute façon, je ne prends quasiment rien. C'est ma mère qui me dépose du coup et qui… attendre la salle d'attente avec moi, c'est que des femmes en plus qui sont sur le point d'accoucher qui sont énormes par rapport à moi.

  • Rébecca

    Et puis qui sont peut-être un peu plus prêtes aussi à ce qui va se passer.

  • Mathilde

    Oui et puis qui font des mouvements, qui se lèvent, qui s'assoient, qui savent pas trop comment se mettre et tout. Avec ma mère on se regarde un petit peu dans le blanc des yeux, qu'est ce qu'on fait là, on attend, on attend.

  • Rébecca

    Oui, tu n'as pas de douleur, toi, à ce moment-là, tu as juste un peu de victime.

  • Mathilde

    Non, et puis moi, ça coule, quoi. Je suis en train de me dire, il va me faudre des protections, là, parce que ça coule. C'est juste ça qui me gêne, en fait. Et entre-temps, du coup, on a réussi à joindre mon mari, qui est venu un petit peu en catastrophe dans la salle d'attente, et qui a relayé ma mère parce que, du coup, il n'y avait pas trop le droit à ce qu'il y ait beaucoup de monde autour de moi. On est encore un peu en période de Covid.

  • Rébecca

    Oui, j'allais dire trois ans, oui, c'était en 2021.

  • Mathilde

    Septembre 2021, on a encore tous le masque. Donc, mon mari peut m'accompagner quand même dans la salle d'attente.

  • Rébecca

    Ok. Et donc, du coup, tu n'as toujours vu personne, toi, à ce moment-là ?

  • Mathilde

    Non, quand il est arrivé, je n'ai encore vu personne. Ça a mis un bon temps avant qu'on soit pris en charge et que, du coup, une sage-femme vient me prendre les constantes et qu'elle m'ausculte. Et donc, elle confirme que j'ai bien rompu la poche des os et elle me dit, Ouh là là, ça coule vraiment beaucoup, beaucoup. Donc, elle m'a dit, On va au moins vous garder là pour le week-end, pour voir comment ça évolue.

  • Rébecca

    D'accord. Et toi, tu te dis quoi à ce moment-là ? Tu te dis, ça va aller ? Ou est-ce que tu as une petite flûte interne qui s'allume et qui te dit, Je vais peut-être accoucher dans pas longtemps.

  • Mathilde

    Non, déjà je me dis mince, je vais louper la fête de famille, je vais commencer à faire des gâteaux, je ne peux pas les finir. Donc je donne les consignes, je dis il faut faire ça, il faut faire ça, ça, ça. Je ne peux pas aller voir ma grand-mère qui est dans une maison de convalescence, donc je la préviens aussi. En fait, il y a tout le monde qui s'inquiète autour de moi, toute ma famille. Et moi, je suis dans l'attente en fait. On me dit qu'il ne faut pas paniquer, que des fois… l'accouchement ne se déclenche pas tout de suite, qu'on va voir comment ça évolue. Donc, je patiente. On est plus dans cet état d'esprit avec mon mari. On attend. Et puis, de toute façon, là, les heures passent et c'est un peu long. Moi, il n'y a rien qui se passe non plus. On surveille le bébé. Il n'y a pas de contraction. Il n'y a rien.

  • Rébecca

    Oui, tu as vu que tes équipes continuent à couler.

  • Mathilde

    Oui, c'est ça. OK. Après, on… En fin d'après-midi, j'ai une envie de me lever et d'aller aux toilettes. Et par contre, là, j'ai vraiment perdu la poche des os auprès de la queue des sages-femmes. Donc là, ça a fait vraiment comme dans les films. Un gros plaf. Ouais. OK.

  • Rébecca

    D'accord. Et là, est-ce que quelqu'un ou toi paniquait ?

  • Mathilde

    Non, en fait, je n'ai pas du tout paniqué. Je crois que... On n'a pas du tout paniqué, que ce soit mon mari ou moi, parce qu'à chaque fois, on a été bien accompagnés, bien suivis, on nous a tout expliqué. C'est juste que quand j'ai perdu les os, je me suis dit, là, par contre, le bébé peut venir à tout moment maintenant. Et puis, c'est devenu tout de suite très médicalisé, parce que du coup, on m'a allongée, on m'a donné tout de suite des piqûres, des antibiotiques, pour ne pas qu'il y ait d'infection. On m'a expliqué qu'il fallait me faire des injections pour le développement des poumons du bébé.

  • Rébecca

    Donc,

  • Mathilde

    tout de suite, ça devenait quand même très concret.

  • Rébecca

    Oui, on prend quand même un peu une tournure qui se rapproche de le désarriver.

  • Mathilde

    Voilà, ça commence à tourner un peu au vinaigre à ce moment-là. Mais on n'a pas envie d'y croire. On se dit, mais non, non. je vais ressortir lundi. Non, non, non. Et puis, on n'est toujours pas remonté dans notre chambre. Et puis moi, j'ai faim, j'en ai marre. La soirée commence à avancer. Mon mari part récupérer mon sac avec mes affaires. Il va se chercher à manger. Et puis, vers 20h, je commence à avoir un peu des contractions. On me donne des médicaments pour les ralentir et ça fonctionne. Vers 22h, je suis autorisée à retourner en chambre. Là, j'ai le droit de manger, donc déjà soulagement. Mon mari est un peu fatigué, il s'endort un peu sur le fauteuil. Pendant ce temps-là, moi, je joue aux jeux sur diverses applications, sur mon portable. Je patiente. Je suis un peu dégoûtée parce que les membres de ma famille font la fête, donc ils m'envoient des vidéos, ils m'envoient des messages. Chacun à leur tour, ils prennent de mes nouvelles. Donc, en fait, toute la soirée et le début de nuit se passe un peu comme ça. Et puis, j'ai de plus en plus mal au ventre quand même. J'ai mon ventre qui est tout dur, mais ça ne fait pas comme ce que j'avais écouté dans des podcasts ou vu à la télé à la maison des maternelles, par exemple, toutes les 10 minutes, toutes les 5 minutes, toutes les 3 minutes. J'ai l'impression que mon ventre est vraiment dur tout le temps.

  • Rébecca

    Et la douleur est supportable encore à ce moment-là ?

  • Mathilde

    Ça devient de moins en moins supportable. Et j'ai l'impression de faire que de me plaindre auprès de la sage-femme. Je fais que de la pli. Et je crois qu'au bout d'un moment, elle en a marre de moi. Elle dit mais elle n'est pas possible celle-là Au bout d'un moment, elle me donne un médicament assez fort, elle me donne du tramadol. Elle me dit bon là vraiment, si ça fait… pas effet va vous ressonner normalement dans l'heure ça doit aller mieux donc et puis je regarde je regarde tout le temps l'heure je vois pas que les minutes pas je prends des douches chaudes il ya mon mari qui qui s'endort plus ou moins dans le fauteuil je retourne aux toilettes je reprends une douche ça passe pas quoi et juste du coup au bout d'une heure lorsque la sage-femme a dit je pouvais la raclée j'ai dit j'ai encore bip et j'ai dit la madame là vraiment ça ça ne va pas du tout et elle me dit mais de toute façon tout allait bien à 20h. Je lui dis oui mais bon là j'ai l'impression que ça pousse, c'est bizarre et du coup là elle m'a ausculté, elle m'a dit ah bah oui là vous êtes ouverte à 4, il va falloir appeler la gynécologue de garde parce que vous allez accoucher maintenant.

  • Rébecca

    Et là tu vois comment tu le prends là ?

  • Mathilde

    Là par contre c'est la panique. Là, on se regarde avec mon mari et on ne comprend rien de ce qui se passe. On se dit maintenant, maintenant, mais on vient d'être installés dans la chambre. Et puis lui, il dit, mais qu'est-ce que je fais de nos sacs ? Mais on va où ? On va où ? Du coup, on n'a pas trop le temps. Elle commence à mettre sur un fauteuil roulant. Elle dit, allez, suivez-moi, monsieur. Elle commence à courir avec moi dans la chaise roulante. Et puis, on se dépêche, on se dépêche, on se dépêche pour vite descendre. Elle me demande tout de suite si je veux la péridurale et puis du coup là, je dis oui, finalement.

  • Rébecca

    Et qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis, du coup, toi qui voulais un accouchement physio ?

  • Mathilde

    En fait, depuis 22 heures, j'avais mal au ventre et ça ne se calmait pas. Et je n'arrivais pas du tout à gérer cette douleur, à respirer, etc. Je n'arrivais pas du tout à gérer comme il aurait fallu.

  • Rébecca

    Et est-ce que tu penses que c'est parce que tu ne t'étais pas mis dans l'idée que c'était le moment ?

  • Mathilde

    Ah oui, c'est sûr. Ah oui, je ne pensais pas que c'était des contractions.

  • Rébecca

    Oui, et pour ça, tu avais juste mal au ventre comme ça.

  • Mathilde

    Oui, comme j'avais pu avoir pendant la grossesse. Pour moi, j'avais des maux de ventre, mais je ne pensais pas que c'était des vraies contractions. Ok.

  • Rébecca

    Et alors, comment ça se passe à partir de ce moment-là ? Du coup, tu arrives assez rapidement en salle d'accouchement.

  • Mathilde

    Oui, du coup, on retourne au point de départ. On retourne là où on était auparavant. Et puis du coup, il y a l'anesthésiste qui vient poser l'apéridural. Il était venu pendant qu'on attendait plutôt dans l'après-midi pour poser tout son tas de questions.

  • Rébecca

    Oui.

  • Mathilde

    Parce que je n'avais pas eu de rendez-vous anesthésiste avant. Donc, il vient poser l'apéridural et mon mari n'a pas le droit d'être avec moi. Et ça, ça m'a paniqué. J'étais apeurée complètement. Je n'étais pas prête à devoir passer un moment seule en fait.

  • Rébecca

    Oui.

  • Mathilde

    Donc il est sorti de la pièce et j'ai l'impression que ce moment a duré une éternité. J'étais accrochée à une aide-soignante, je pense, qui était en face de moi. Et la pause de la période durale, je faisais que trembler, pleurer, comme quoi je voulais qu'il revienne, je voulais qu'il revienne. Et l'anesthésiste n'a pas du tout voulu. Et mon mari m'a dit mais ça n'a duré que 15-20 minutes J'ai l'impression que ça a duré, je ne sais pas, une heure. Finalement c'était un moment compliqué pour moi.

  • Rébecca

    Et la pause a été en elle-même quand même ou pas vraiment ?

  • Mathilde

    J'ai l'impression que je tremblais peut-être trop parce que au final je l'ai senti tout ce qui se passait. Il n'y avait que ma jambe droite qui était immobile. Et pourtant après sur la fin, par contre lorsque le placenta est passé, là je ne sentais plus.

  • Rébecca

    On a été transporté à la sortie du placenta.

  • Mathilde

    Pardon,

  • Rébecca

    c'est juste pour dire au niveau de la douleur. Du coup, pendant l'accouchement, tu as senti d'un côté pendant que ton bébé sortait ?

  • Mathilde

    Oui, j'ai tout senti.

  • Rébecca

    Ok, on va revenir là-dessus. Du coup, on te pose la péridurale, donc ton mari revient enfin auprès de toi, il doit quand même te rassurer beaucoup. Et qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ? Est-ce que ça s'agit ? Est-ce que tu te dis maintenant... On attend, on laisse le temps au bébé de descendre, qu'est-ce qui se passe ?

  • Mathilde

    Oui, en fait, l'objectif était qu'il reste le plus longtemps dans mon ventre. Donc, en fait, il y avait aussi beaucoup d'activités dans les salles à côté. On entendait les femmes qui criaient autour de nous. Donc, ça s'agitait pas mal. Et donc, je crois que j'étais prête depuis un petit moment déjà, mais on retardait un peu. Et puis finalement, autour de 6 heures du matin, tout le monde s'est un petit peu activé. Et du coup, il y a du monde dans la salle. Je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait autant de monde. Parce que du coup, il y avait mon mari, il y avait le gynécologue, la pédiatre qui attendait sur le toit de la porte. Il y avait aussi deux sages-femmes, une aide-soignante à ma gauche. Donc, ça faisait quand même beaucoup de monde. Et puis moi, j'étais étalée là, les jambes en l'air. Ça faisait très série TV un peu. Si j'étais dans le doctorat ou dans le Grès Anatomie, je ne sais pas dans laquelle des deux, mais je ne m'attendais pas à ça.

  • Rébecca

    Ok, oui. C'est quelque chose de beaucoup plus intime.

  • Mathilde

    Oui, et puis là, la lumière est énorme. Il y a la dame qui est plongée dedans. En plus, le bébé était en siège, donc tout le monde était très stressé de ça.

  • Rébecca

    Ok, d'accord. Et malgré tout, ça se passait bien, entre guillemets, dans le sens où il est bien descendu ?

  • Mathilde

    Oui, il est bien descendu. Donc, du coup, vers 6h30, c'est là où tout le monde s'est agité, où il a fallu commencer à pousser. Je sentais les contractions et la sage-femme et la gynécologue m'aidaient pour respirer, pour comment pousser. Et il y avait mon mari qui était à côté, on était marrantes. Il m'a aidé. En fait, je ne faisais que l'écouter lui surtout. J'écoutais que sa voix. J'essayais d'être guidée. Il était vraiment mon coach. Il me disait vas-y souffle maintenant, respire, repose-toi Je ne faisais que d'écouter ce qu'il me disait. Parce que moi, c'était une voix que je connaissais.

  • Rébecca

    Ok. Oui, ça te rassurait aussi. Toi qui avais été assez déconfit quand il est sorti, au moins là, il était là avec toi. Oui. Ça allait beaucoup mieux.

  • Mathilde

    C'est ça, exactement. Donc, ouais, en 15 minutes à peu près, il est arrivé du coup, Charlie, d'abord par les fesses. Du coup, j'ai pu toucher ses fesses. On m'a proposé, est-ce que vous voulez toucher ses fesses ? Donc, j'ai dit oui. Et après, est-ce que vous voulez l'attraper ? J'ai dit non. Je ne me sentais pas à l'aise pour l'attraper. Donc, elle me l'a vite posé sur mon ventre très rapidement. pas voulu couper le cordon. En fait, on était un peu choqués de tout ce qui s'est passé de la scène. On me l'a posé vite sur moi, on a coupé le cordon et après la pédiatre est vite venue le récupérer et il est parti, donc Charlie, avec mon mari faire les premiers soins. Il n'avait pas pleuré encore. Et donc après, mon mari et Charlie sont partis, donc je suis restée sur la table. de faire du coup les derniers soins, attendre que le placenta sort et non j'ai pas eu de point, j'allais dire me recoudre mais non.

  • Rébecca

    C'est bien ça en siège avec un peu d'avance, belle performance quand même.

  • Mathilde

    Oui j'avais très peur de finir en césarienne mais non, ça a été.

  • Rébecca

    Donc l'équipe était quand même assez à faire. assez à l'écoute et à bien respecter le fait de te laisser faire. Parce que c'est vrai que le combo arriver en avance, en siège, maintenant pas prêt, ça va produire, si ce n'est une césarienne, au moins les instruments ou quelque chose.

  • Mathilde

    C'est ça, c'est ce qu'on m'a expliqué. D'autres sages-femmes m'ont expliqué ça aux infirmières que j'ai pu croiser, mais autour de moi, elles m'ont dit qu'elles avaient eu beaucoup de chance que tout le monde ait accepté que l'accouchement se fasse naturellement.

  • Rébecca

    Oui. Ok. Et toi, comment tu te sens à ce moment-là ? Est-ce que tu te souviens quand même ? Tu es sûrement inquiète pour ton fils.

  • Mathilde

    En fait, je ne suis pas inquiète, je suis vraiment perdue.

  • Rébecca

    Ok. Tu n'es vraiment pas là en fait.

  • Mathilde

    Non, j'ai l'impression que je ne suis pas là. Je suis contente que tout le monde aille bien parce que je crois que tout le monde va bien. J'ai l'impression en tout cas. Et quand on entend un bébé pleurer, la gynécologue me dit C'est votre bébé, c'est votre bébé, tout va bien. Et là, je suis soulagée.

  • Rébecca

    Ok,

  • Mathilde

    je suis soulagée et je crois que je suis surtout perdue, choquée et soulagée. On dirait que ça va être les trois combos.

  • Rébecca

    C'est une bonne description. Ok, et alors, que se passe-t-il ensuite ?

  • Mathilde

    Ensuite, on me ramène Charlie avec mon mari. Du coup, il me le ramène. On fait un petit peu de peau à peau quand même. Donc, ça, je trouve que ce moment-là, c'est un petit moment suspendu. On essaye de faire connexion tous les trois, un petit peu. Et du coup, on reste comme ça quelques minutes, pas très longtemps. Et après, les puéricultrices viennent vite le chercher. On voit qu'il a un peu de mal à respirer pour l'emmener. On explique qu'ils l'emmènent en service réanimation néonatalogie. Dans cet hôpital-là, c'est un seul service, réanéonate du coup. D'accord. Qui va être là-bas, que moi je dois me reposer, reprendre des forces et qu'après je pourrais aller le voir et que le papa peut descendre le voir quand il veut, quand il peut.

  • Rébecca

    Ok. Et toi, est-ce que tu sais ce que c'est à ce moment-là, le service de réunionnaise ?

  • Mathilde

    Oui, parce que moi, j'ai été au même endroit 30 ans auparavant. Je suis née là-bas.

  • Rébecca

    OK. Et est-ce que ça te fait quelque chose de positif, de négatif ? Ou juste tu te dis, OK, c'est comme ça ?

  • Mathilde

    Non, il y a tout de suite la culpabilité qui se met en place. Et je me dis tout de suite, mais qu'est-ce que j'ai fait ? Comme si j'avais fait une grosse bêtise.

  • Rébecca

    Ouais, directement, tu prends tout sur toi. C'est moi qui n'ai pas assuré.

  • Mathilde

    Ah oui, je me dis, mais qu'est-ce que j'ai fait ? Mais comment j'en suis arrivée là ?

  • Rébecca

    Ok. Donc toi, tu restes un petit peu. Est-ce que ton mari part tout de suite avec bébé ? Ou est-ce qu'il reste avec toi ?

  • Mathilde

    Non, il reste avec moi tout au long des deux heures jusqu'à temps que je remonte en chambre pour manger. Ok. Lui, il est remonté avec moi pour manger avec moi. En plus, il était allé faire quelques courses. Il m'a ramené des sushis. C'est ce moment fameux. On est tous contents de pouvoir remanger des sushis.

  • Rébecca

    C'est sushis ou saucissons. C'est un peu les deux.

  • Mathilde

    C'est souvent des choses comme ça. En plus, c'est trop mignon. Il m'avait dit de me ramener des bêtises à manger, des kinder, du coca, toutes les choses que j'adore. Trop bien. Moi je mange et puis lui il mange plus rapidement et il descend avant voir Charlie. Le temps que je fasse une petite sieste et que je me lave un peu avant, que je me débarbouille avant de descendre. Je suis descendue moi que dans l'après-midi.

  • Rébecca

    D'accord, ok. Et donc quand tu descends, qu'est-ce qui se passe ? Comment tu vis ce moment ?

  • Mathilde

    C'est compliqué. C'est compliqué. Finalement, c'est la vraie découverte du bébé.

  • Rébecca

    Oui, surtout que toi, tu étais complètement sous le choc. Du coup, tu n'avais pas tellement réalisé ce qui t'était passé.

  • Mathilde

    Je crois que je n'avais pas vraiment regardé mon bébé non plus au final.

  • Rébecca

    Oui.

  • Mathilde

    Et puis, du coup, déjà, on vient me chercher en chaise roulante. Ce n'est pas au même étage. Il faut descendre. Il faut prendre l'ascenseur. Il faut passer par plusieurs portes bien se désinfecter. les mains bien mettre le masque et puis tout de suite c'est une autre ambiance quand on arrive dans le service là un service ovale avec le bureau des puéricultrices au milieu toutes les chambres tout autour avec plein de bips dans tous les sens on n'entend que des bips et il y a des lumières à chaque porte de chambre ça clignote vert ça clignote rouge et déjà c'est un autre monde ouais c'est un petit peu le choc à ce moment là de dire oula là oui j'ai atterri déjà ouais Et puis sur la porte, je vois que c'est écrit Charlie. Il y a aussi le nom d'un autre bébé. Donc je rentre dans la pièce avec une puéricultrice qui est là pour nous présenter le bébé en fait. Donc il y a quatre couveuses. Il y a un autre bébé, il y a mon bébé qui est un peu plus loin. Et donc du coup, elle nous le présente, elle nous montre tranquillement, elle chuchote, elle nous montre à quoi il est relié. Et ça, c'est le second. ça c'est les électrodes, ça c'est le masque pour bien respirer. Là, la couveuse elle est à tant de degrés pour qu'il ait chaud. Il est bien enmitouflé dans un linge, tout emmailloté, tout serré, on dirait un petit burrito en fait. Et un petit bonnet sur sa tête. Il fait tout minuscule en fait, mais pas tant que ça, il fait quand même 2,4 kg.

  • Rébecca

    Ok, oui quand même, il fait pas tout petit tout petit.

  • Mathilde

    Non, non, non, ça...

  • Rébecca

    son poil a sauvé je pense.

  • Mathilde

    Oui. Ok, et toi, du coup, de découvrir ton bébé comme ça ?

  • Rébecca

    Ben là, ça a été dur. Ça a été très très dur de le découvrir comme ça, relié de partout, un tube dans le nez, les bip-bip, ça sonnait tout le temps, et ça, ouais, ça a été... Très très dur de le découvrir comme ça. Moi, je m'attendais à un gros bébé potelé. On m'avait dit que j'allais avoir un gros bébé potelé. Et puis, il est très mignon. Pour moi, c'est quand même le plus bébé du monde. Mais c'est là que je me rends compte en fait. C'est là que je me rends compte que ça y est, je suis une maman en fait.

  • Mathilde

    Est-ce que la culpabilité est toujours là ?

  • Rébecca

    Ah oui. Et depuis, elle ne m'a pas quitté.

  • Mathilde

    Oui, elle est toujours là. Et du coup, comment se passe la suite pour petit Charlie ? Comment il va déjà ? Est-ce qu'il récupère bien de toutes ses émotions ?

  • Rébecca

    Alors, l'atterrissage a été un peu dur. Il a eu un masque à oxygène pendant la première journée. Et après, il a eu des petites lunettes. Donc finalement, en fait, on ne peut pas vraiment le voir. Son visage, il y a tellement de choses sur son visage qu'on ne peut même pas vraiment le découvrir. Il a des gros nuages collés sur les joues, le masque, une sonde dans le nez pour s'alimenter. On me dit qu'il ne s'est pas têté. Donc, du coup, c'est bizarre un petit peu. Par contre, ce qui est bien, c'est que tout de suite, on nous propose de faire du pot à pot.

  • Mathilde

    D'accord.

  • Rébecca

    Et du lien. Et le premier pot à pot, il l'a fait avec son papa parce que moi, je n'étais pas capable d'être fatiguée. Donc, tout de suite, on nous aide à le prendre, à le manipuler, à le mettre contre nous pour faire deux, trois heures de pot à pot. Mais ça va, il s'en remet bien quand même. Petit à petit, il arrive à prendre quelques millilitres de lait par-ci, par-là, mais ça le fatigue beaucoup. Il dort beaucoup, mais il respire seul, juste avec des petites lunettes et sans le masque à oxygène, seulement au bout de quelques jours.

  • Mathilde

    Ok. Donc, il se remet quand même bien, mais il faut un petit peu de temps quand même pour retrouver un rythme normal.

  • Rébecca

    C'est ça, tout à fait.

  • Mathilde

    Ok. Et combien de temps ça va prendre du coup pour qu'il sorte de ce service ?

  • Rébecca

    Alors, en fait, on était toujours à une heure et quart de notre domicile.

  • Mathilde

    Et oui, forcément.

  • Rébecca

    Donc, on va en loger.

  • Mathilde

    On va pas se coucher où tu le voulais.

  • Rébecca

    Voilà, donc on logeait chez ma maman. Moi, au bout de trois jours, je suis sortie. Donc, j'ai dû faire les allers-retours avec mon mari pour pouvoir venir le voir. Donc, heureusement, ma mère n'habitait pas loin. Mais on avait demandé si on pouvait faire un transfert. Donc, au bout d'une dizaine de jours, on a été transféré dans une clinique qui accepte du coup les bébés primats, mais au-delà d'un certain nombre de semaines et qui n'ont pas besoin d'aide respiratoire, mais qui sont quand même trop justes pour rentrer à la maison. Donc, on a été transféré dans cette clinique qui est à 10 minutes de notre domicile, à côté de Rennes. Et au total, entre les deux. deux établissements, on est restés hospitalisés un mois.

  • Mathilde

    Donc quand même un certain temps de stress et de panormalité.

  • Rébecca

    Oui c'est ça, oui. Mais après, avec le recul, on a été quand même très coucounés je trouve. On nous a bien appris tous les soins, comment faire le bain. Comment laver le cordon, les oreilles. On a appris à connaître notre bébé finalement et lui aussi à nous connaître.

  • Mathilde

    Ok. Donc toi, c'est quelque chose que tu vis pas mal. C'est pas le mot, mais au moins, tu as pu prendre le temps et ça, tu le soulignes. Oui.

  • Rébecca

    Ce qui a été dur dans la deuxième clinique, c'était que les visites n'étaient pas autorisées. D'accord. Lorsque l'on a accouché à l'hôpital, les visites étaient autorisées et nous ça nous a fait du bien d'avoir nos familles et nos proches qui pouvaient venir nous voir à tour de rôle. Je sais que certaines mamans ne veulent pas de visite, veulent être tranquilles. Et là le contexte était tellement particulier qu'on avait besoin de soutien.

  • Mathilde

    Oui et puis cette décision est quand même propre à chacun. Il y en a qui préfèrent avoir du monde et d'autres pas du tout.

  • Rébecca

    Du coup, dans cette clinique, pour voir du monde, les gens m'attendaient sur le parking. J'allais les voir sur le parking pendant que mon mari gardait Charlie pour que je puisse prendre l'air un petit peu. Parce que j'avais la chance quand même d'être hospitalisée avec Charlie. On était tous les deux tout le temps. Donc ça, c'était une chance parce qu'à l'hôpital, j'étais sortie, je devais faire les allers-retours et je trouvais ça horrible de l'abandonner.

  • Mathilde

    J'avoue que je pense que c'est la chose la plus dure pour une maman qui vient de donner une naissance à un enfant, c'est d'être séparée de lui tout de suite.

  • Rébecca

    Je trouve ça horrible et je ne comprends pas que ça puisse encore être le cas, parce que là, les chambres sont tellement petites qu'il y a à peine la place pour mettre une couveuse et un fauteuil. On vient d'accoucher, certaines ont des grosses cicatrices, des points et tout, on ne peut pas rester assise sur un fauteuil. toute la journée les chambres sont aussi grandes que des placards à valais presque donc c'est lamentable mais il n'y a pas le choix quoi oui toute façon tu fais ton enfant et là tu restes et tu y reviens c'est ça mais comme le disent les puéricultrices il faut que maman et papa soient en forme pour que bébé soit en forme et elles ont raison c'est vrai

  • Mathilde

    Et ça, on ne l'entend pas, je pense, quand on est dans cette situation. C'est bébé qui passe avant tout. D'ailleurs, je pense que les premières fois où on devient parent, c'est qu'un bébé passe avant nous et avant tout. Et ce n'est pas forcément le meilleur des choix à long terme.

  • Rébecca

    C'est ça. On s'oublie.

  • Mathilde

    Ok. Donc du coup, cette hospitalisation... Tu n'as pas eu de mauvaise surprise, de petites surprises de haut et de bas ? Ça allait plutôt linéairement ?

  • Rébecca

    Non, la prématurité c'est toujours un pas en avant, deux en arrière, un jour ça va, le lendemain ça ne va pas. C'est vraiment les montagnes russes. On a cru perdre Charlie plusieurs fois. Il faisait des brades écardies, comme la plupart des prématurés. Il s'oublie un petit peu quand il dort, donc il y a le rythme cardiaque qui ralentit, qui ralentit. Et ça fait peur parce qu'à tout moment du jour et de la nuit, ça arrive. Il y a toute l'équipe médicale qui arrive dans la chambre, ça sonne dans tous les sens. Donc ça, ça fait peur. Ça fait peur parce qu'on se dit, aujourd'hui ça va, mais comment ça va être demain ? On se dit, allez, encore un jour de gagné, est-ce qu'on voit le bout du tunnel ?

  • Mathilde

    Donc tu as vraiment vécu ces hauts et ces bas tout le temps ?

  • Rébecca

    Oui, et puis on posait toujours des questions. Est-ce qu'on va sortir ? Dans combien de temps ? Et la réponse était toujours, aujourd'hui la journée s'est bien passée, on verra demain. En fait, chaque jour après l'autre, petit pas par petit pas.

  • Mathilde

    Ok, d'accord. Et à partir de quel moment du coup ça a commencé à sentir bon ?

  • Rébecca

    Déjà quand il a réussi à bien téter, à bien prendre ses biberons, quand il commençait à reprendre du poil de la bête et reprendre du poids, déjà il fallait qu'il retrouve son poids de naissance et au-delà. Je savais qu'on devait rester à l'hôpital au moins jusqu'aux 37 semaines. Sachant qu'il est né à 33 semaines, je m'étais dit qu'on va rester un mois à peu près. jusqu'à ce que le stade de la prématurité soit passé. Et en fonction de l'état aussi, on a fait des examens au niveau du cœur, au niveau des poumons, au niveau du cerveau, pour voir s'il n'y avait pas de lésions, si tout était normal, avant d'être autorisé à sortir.

  • Mathilde

    Et du coup, tu as fait un test,

  • Rébecca

    Nicolas, il n'a pas gardé de séquelles ? Non, non, non. On nous a dit que plus tard, peut-être qu'il y aurait des fragilités, fragilité au niveau des poumons, souvent malades, des bronchiolites, des choses comme ça. On nous avait prévenu de tout ça. Mais en tout cas, quand on est sorti, c'est que tout allait bien.

  • Mathilde

    Et du coup, le jour où on t'a annoncé, ça y est, vous pouvez sortir, route libération ?

  • Rébecca

    C'était bizarre comme sensation parce que... On avait l'impression d'être comme dans une petite famille où on connaissait maintenant tous les visages des soignants qui venaient, on connaissait tous leurs prénoms et on s'était bien installé en fait. On avait ramené beaucoup de choses de la maison. On avait hâte de commencer vraiment notre vie à trois, mais ça allait encore être un changement, une nouvelle aventure.

  • Mathilde

    Et puis il y a ce petit côté quand même rassurant, entre guillemets, c'est-à-dire que s'il y a un problème, d'être sur place.

  • Rébecca

    C'est ça. Là, j'avais juste à sonner, à demander est-ce que ça, ça, c'est normal. Que là, maintenant, il va falloir se débrouiller. Et là, ça allait être l'inconnu. Oui, c'était un mélange de plusieurs sentiments. C'était bizarre.

  • Mathilde

    Ok. Et ce retour à la maison a quand même été libérateur. C'est-à-dire qu'au moins cette étape de sa vie était finie.

  • Rébecca

    Ça a été stressant quand même le retour à la maison parce que ça ne s'est pas passé tranquillement comme on l'aurait souhaité. Le lait ne lui allait pas, on a dû trouver de l'épaississant, il ne buvait pas bien son lait. On ne faisait que d'appeler la maternité tout le temps. J'avais dit vous pouvez nous appeler à n'importe quel moment. Ah bah oui, on n'a pas hésité. J'ai failli même redire est-ce qu'on peut revenir s'il vous plaît en fait.

  • Mathilde

    Ok, d'accord. Et à partir de quel moment tu dirais que vous avez trouvé un rythme normal entre vous ?

  • Rébecca

    Je pense qu'au bout d'un mois à la maison, on avait pris notre pli. D'accord. On avait pris notre pli, mais une fois qu'on avait trouvé notre rythme, c'est à ce moment-là que le papa doit reprendre le travail et qu'il faut tous réorganiser encore.

  • Mathilde

    Allez, sujet des congés des parents, c'est un gros sujet.

  • Rébecca

    Déjà, la chance qu'on a eue, c'est que le papa a pu bénéficier d'un mois de congé en plus, parce que depuis 2019, il y a un congé qui est mis en place pour bébé hospitalisé dès la naissance. Et donc du coup, au final, il a pu rester quand même deux mois avec nous deux. Et ça, heureusement, heureusement.

  • Mathilde

    Souvent, c'est indispensable quand même d'être deux et de se soutenir mutuellement.

  • Rébecca

    Voilà, c'est ça. C'est exactement, même de créer du lien, de faire famille, d'apprendre à se connaître, à vivre ensemble.

  • Mathilde

    Et toi, comment tu ressors de cette aventure, physiquement, émotionnellement ?

  • Rébecca

    J'ai l'impression d'être, je ne sais pas, comme si un train m'était passé dessus. Après avoir rejoint l'association, j'ai compris une chose que dit la psychologue Myriam. Et dire en fait que la prématurité c'est un accident de la vie. C'est comme si vous avez eu un accident de la route. C'est un traumatisme en fait. Et c'est vrai qu'on le vit comme ça.

  • Mathilde

    Ok, c'est une bonne image. Pour moi ça parle.

  • Rébecca

    C'est ça. C'est ça, oui. C'est exactement comme ça qu'on le pensait. Ce n'est pas forcément évident de mettre des mots dessus. Mais oui, c'est la représentation que j'ai en tout cas.

  • Mathilde

    Ok. Et du coup, est-ce qu'il te faut un certain temps pour t'en remettre ? Est-ce que tu t'en es remise de là à ce jour ?

  • Rébecca

    Oui, aujourd'hui ça va beaucoup mieux. Déjà j'ai fait un travail sur moi-même avec une thérapie. J'en ai eu besoin je pense pour faire le point parce que déjà la reprise du travail a été très dure, devoir laisser mon bébé à quelqu'un d'autre que moi, le faire garder même que ce soit même par le papa, c'était même pas moi. Je voulais vraiment tout contrôler et donc il a fallu apprendre à lâcher prise. Donc le fait de faire une thérapie, de faire une formation pour pouvoir rejoindre l'association SOS Préma aussi en tant que bénévole, faire tout ce cheminement-là petit à petit m'a permis, on va dire, de baisser mon niveau de culpabilité et de comprendre certaines choses.

  • Mathilde

    Et du coup, tu nous as dit au tout début de l'épisode que tu avais un deuxième enfant. À partir de quel moment tu t'es dit je suis prête à recommencer

  • Rébecca

    On s'était toujours dit qu'on voulait plusieurs enfants. Ça, c'était toujours notre souhait. Mon mari est enfant unique et il a toujours dit qu'il souhaitait plusieurs enfants, moi aussi. Mais voilà, il a fallu laisser du temps au temps et on s'était dit qu'on aimerait un écart d'âge. Idéalement, bien sûr, selon la nature, 3-4 ans d'écart.

  • Mathilde

    D'accord.

  • Rébecca

    Et voyant l'école arriver, on s'était dit, peut-être qu'on pourrait commencer à envisager d'avoir un deuxième enfant. Mais moi, j'étais stressée sur comment ça va se passer. Je sais qu'une fissure de la poche des os, ce n'est pas comme si c'était une maladie. Ce n'est pas de la génétique. C'est arrivé. Ça ne va pas forcément arriver une seconde fois.

  • Mathilde

    Oui, et ça n'a pas de cause en soi. C'est juste arrivé comme ça.

  • Rébecca

    Mais c'est dur à comprendre. C'est dur à comprendre qu'il n'y a pas de cause. Il y a des filles que je côtoie qui ont eu une préeclampsie. Donc, il y a une raison. Je ne sais pas si c'est pire qu'il n'y ait pas de raison, en fait. En fait, c'est ça qui a été dur pour moi d'accepter, qu'il n'y ait pas de raison. Parce que du coup, je m'étais dit, est-ce que c'est à cause des photos qu'on a faites l'après-midi ? Est-ce que j'ai trop marché ? Est-ce qu'on a fait trop de voitures ? Est-ce que ceci ? Est-ce que cela ? Et au final,

  • Mathilde

    le fait qu'il n'y ait pas de raison, ça t'a poussé à chercher absolument une raison qui était vraiment ta faute. Oui,

  • Rébecca

    voilà, c'est ça. Je me cherchais vraiment des poux dans la tête.

  • Mathilde

    Oui. Ok, d'accord. Oui, donc du coup, la culpabilité et le fait de te... Ça ne te rassurait pas pour te faire un projet bébé de quoi que tu dirais, potentiellement, je vais refaire la même erreur. Si, ce n'était pas ta faute.

  • Rébecca

    En tout cas, je me suis dit que pour un deuxième enfant, c'était... C'était sûr qu'on allait avoir un autre suivi et je voulais vraiment faire tout ce dont j'avais envie pour cette deuxième grossesse.

  • Mathilde

    Donc là, tu t'es dit que ça serait forcément un accouchement physio pour le coup et peut-être plus préparé.

  • Rébecca

    C'est ça, exactement. On retourne voir à l'hôpital pour refaire s'ils nous acceptent la filière physio. Donc au début, ils n'ont pas dit oui. ils ont réfléchi et puis ils ont dit oui c'est d'accord on veut bien vous suivre mais il faut dépasser les 37 et ça. Donc on a dit oui oui promis on va faire tout ce qu'on peut et on s'est préparé plus tôt. Donc j'ai fait des séances d'autonomie, au début mon mari il n'était pas trop choqué qu'est-ce que c'est que ce truc ? Et puis c'est bien parce que l'autonomie on peut commencer tôt. Donc on a commencé dès 4 mois et demi de grossesse à faire des petits mouvements, à sentir le bébé bouger. Donc tout de suite on a pu se projeter et à bien apprendre à créer une bulle tous les trois.

  • Mathilde

    Oui, ok. Et donc là tu te sentais bien avec cette grossesse, avec la grossesse déjà se passer bien, est-ce que tu te sentais bien ?

  • Rébecca

    Alors le premier trimestre... Pareil, plus malade même que la première grossesse. J'ai perdu beaucoup de poids. Dès que je mangeais, je revomissais. C'était une catastrophe. Je n'avais même pas le temps de payer mon repas au restaurant qu'il était déjà parti. Donc, c'était compliqué. Mais sinon, le reste de la grossesse se passait bien. J'ai été arrêtée très tôt. Et pour cette grossesse-là, j'étais suivie par une gynécologue. par contre et non par une sage-femme.

  • Mathilde

    Ok. Et ça, tu le visais plutôt bien, ça te rassurait peut-être ? Oui.

  • Rébecca

    C'est ça, exactement. On était rassurés et tous les mois, on avait une échographie pour bientôt vérifier qu'il n'y ait pas de malformations, que tout se passait bien.

  • Mathilde

    Ok. Donc, tu avais quand même un suivi plus poussé, ce qui devait te rassurer.

  • Rébecca

    Oui, exactement. Et aussi des prises de sang plus poussées tous les mois. Ok,

  • Mathilde

    d'accord. Et du coup, tu trouves Tu te prépares physio, tu fais de l'atomie, tu fais autre chose ?

  • Rébecca

    J'ai fait un petit peu d'hypnose, un tout petit peu, pour apprendre à gérer mes respirations. J'ai aussi fait des ateliers de danse prénatale. C'était super sympa. Et puis, sinon, je faisais pas mal de promenades, de marches et tout ça. Donc, beaucoup de lectures et d'écoutes de podcasts.

  • Mathilde

    D'accord. Et du coup, tu finis par passer cette étape des 33 semaines ?

  • Rébecca

    Alors oui, chaque cap était très important pour nous. Il y avait le cap de la viabilité du fœtus, 24-25 semaines, on sait que là il sera viable et il pourrait être sauvé si il m'arrive quelque chose. Le fameux cap des 33 semaines, il y avait beaucoup d'angoisse autour de ce troisième cap. Déjà, est-ce que je peux aller faire ma troisième écho ? Oui, tout va bien. Donc déjà, ça c'est fait. Après 33 semaines, là c'est bon, on est bon. De toute façon, tout était prêt à la maison. Ce n'est pas comme le premier. Finalement, quand c'est un deuxième, il n'y a pas grand-chose à racheter. Donc, je l'ai fait très tôt, ma valise de la maternité, la valise de bébé était aussi prête. Tout était très très prêt. Des plats étaient aussi mis au congèle. Là, il y avait beaucoup de préparation et... Non, j'ai perdu le fil. Je ne sais plus ce que je voulais dire.

  • Mathilde

    Donc, il est que tu es très prête à avoir le coeur des 33 semaines parce qu'au cas où ça se passe, ça peut aller mal.

  • Rébecca

    C'est ça. Dès que les 33 semaines sont passées, il y a eu vraiment à lâcher prise.

  • Mathilde

    Ok.

  • Rébecca

    Là, je me suis dit, c'est bon. Du coup, je peux faire ce que j'ai envie. Je me limitais quand même en termes de voiture et tout ça sous conseil de la gynéco. Et puis, elle m'avait dit, autour des 37 semaines, Après, c'est bon, je peux reprendre une vie quasi normale en fait.

  • Mathilde

    Ok.

  • Rébecca

    Donc,

  • Mathilde

    c'est ce que tu fais ?

  • Rébecca

    Oui. À la 37e semaine, on avait les derniers rendez-vous d'autonomie. On avait la visite de la filière physiologique. Donc, on a pu tout faire. J'ai trouvé ça génial. On a fini la préparation à l'accouchement. On a visité la filière, la bulle. Donc c'était chouette de pouvoir tout clôturer. On était trop contents.

  • Mathilde

    Ok. Et alors du coup, comment ce bébé arrive ? Comment ça se passe ?

  • Rébecca

    Alors ce bébé est arrivé le 18 avril. J'ai perdu les os dans le lit la nuit d'avant. Et c'est rigolo parce que je fais partie d'un groupe. sur WhatsApp, ça s'appelle le Blizz Gang, mai 2024, et on est 120 mamans à accoucher petit à petit, et il y avait des mamans qui disaient Moi j'ai mis des allèges dans le lit, moi j'ai mis des serviettes de plage dans le lit au cas où il faut perdre les os. Donc du coup, la veille au soir, je dis à mon mari Il faudrait peut-être mettre des serviettes en plus dans le lit au cas où je perde les os, parce que comme ça, on ne va pas ruiner le matelas. Donc à 2h du matin, je sens un gros liquide chaud qui coule entre mes jambes. Je regarde mon fils qui est à côté de moi en train de dormir dans le lit. Je regarde mon mari qui dort aussi à côté. Je me dis bon, ça va être pour aujourd'hui. J'attends un petit peu avant de comprendre est-ce que c'est vraiment une perte des os ou juste la poche qui s'est rompue. Je me dis non, là c'est vraiment la grosse perte des os quand même.

  • Mathilde

    Oui, tu recrochais un petit peu.

  • Rébecca

    Oui, mais ce n'est pas comme l'autre fois. Du coup, je réveille tout doucement mon mari. Je lui dis, ça va être pour aujourd'hui. J'ai perdu les os. Il regarde, il voit deux heures du matin. Il fait, aïe, aïe. Et du coup, je me lève, finir de fermer les valises, chercher des protections. On attend le dernier moment avant de réveiller mon fils. Du coup, pour... pouvoir du coup l'emmener chez la nounou qui avait accepté de le garder pour finir sa nuit et la journée. Donc on a fait un travail.

  • Mathilde

    Elle avait accepté l'état d'urgence au cas où ça arrive en pleine nuit.

  • Rébecca

    Quand on l'a réveillée, on lui a dit oui, oui, emmenez-le, bien sûr, il n'y a pas de soucis. Nos deux mamans sont à une heure et quart de route et très près, donc elles ne pouvaient pas forcément tout de suite venir.

  • Mathilde

    Et oui, toujours le stress quand il y a déjà un aîné, de se dire comment je vais faire pour mon revenu.

  • Rébecca

    Voilà, autrement on avait dit sinon il y aura nos voisins, autrement qu'ils pourront accepter. Mais c'est sûr que la nuit, ce n'est pas forcément évident. Mais ça nous a aussi rassurés parce qu'on s'est dit au moins il n'y aura pas de bouchons sur la route pour aller à l'hôpital. Donc du coup, on a déposé le petit, il était 4h, non, 3h30 qu'il était. chez la nounou et on est arrivés à 4 heures à la maternité.

  • Mathilde

    Ok. Et donc, toi, il va à la maternité. Comment ça se passe sur place ?

  • Rébecca

    Je suis un peu déçue parce que la salle physio est déjà prise par une maman. Ah, je vous remercie. Je n'ai pas le droit à ma salle physio. Donc, elle me monte quand même une chambre où il y a une grande baignoire. Elle me dit bon, ça va Elle me ramène aussi des... Tout ce dont j'ai besoin, un ballon si je veux. Elle m'accroche aussi une grande tige auquel je peux me suspendre sur le lit. Donc, elle fait tout pour m'aider, même si elle me dit qu'il y a beaucoup de femmes qui vont accrocher. Là, il y a énormément de monde. Je dis, super. Elle me dit, mais vous êtes tous les deux. Je viens vous voir de temps en temps. et on voit comment ça avance. Le travail s'est lancé petit à petit, la lumière était tamisée. On avait des playlists qu'on avait prévues. Au début, j'écoute la playlist du petit, donc avec toutes ces comptines, ces chansons, les pubs, ça m'a tuée. Ça me déconcentrait. J'avais emmené un peigne, j'avais emmené des sucettes. J'avais essayé de trouver des outils un petit peu par-ci, par-là qui allaient m'aider. Et j'ai pris un long bain pendant plus d'une heure. Comme ça, mon mari a fait un petit repos.

  • Mathilde

    Pour prendre des forces aussi.

  • Rébecca

    C'est ça, oui. Et puis par contre, à la sortie du bain, vers 7h30, 8h, moins le quart, ça s'est vraiment intensifié les contractions. Là, je commençais à faire des vocalises, à râler vraiment, faire des gros bruits et j'avais du mal à reprendre mes respirations. C'était juste au moment du changement d'équipe, autour de 8h du matin en plus. Il y avait la sage-femme, elle était déçue parce qu'elle ne pouvait pas voir la fin du travail. Et la nouvelle sage-femme, la pauvre à peine elle est arrivée, direct il a fallu m'accoucher. Du coup, c'était une sage-femme que j'avais déjà vue pendant mon suivi. Donc, j'étais contente de voir un visage familier.

  • Mathilde

    Et le courant était bien passé avec elle, il n'y avait pas de soucis ?

  • Rébecca

    Voilà, exactement. Ça s'était très bien passé. On a accepté qu'il y ait une sage-femme à l'école. Donc, du coup, elles étaient deux. Et puis, du coup, l'accouchement s'est passé assez vite, même si j'avais l'impression, je ne faisais que dire à mon mari, mais ça déchire. là-dedans j'en peux plus, ça déchire tout. Et donc du coup elles ont vu à ma tête que c'était le moment qu'il fallait intervenir maintenant.

  • Mathilde

    Et t'as pas craqué cette fois sur une péridurale ? T'as tenu bon ?

  • Rébecca

    J'y ai même pas pensé, j'y ai pas pensé du tout.

  • Mathilde

    C'est bien ça !

  • Rébecca

    J'ai eu cette phase un petit peu de désespérance, j'étais un peu en pleurs, mais je l'ai pas demandé, j'y ai vraiment pas du tout réfléchi à ça. J'étais tout le temps très dur.

  • Mathilde

    C'est très dur, mais tu n'as pas pour autant de chercher la solution miracle pour te soulager.

  • Rébecca

    C'est ça, exactement.

  • Mathilde

    Et donc, là, pour le coup, tout va assez vite quand même.

  • Rébecca

    Oui, du coup, Madeleine, elle est née il était 9h du matin, en fait.

  • Mathilde

    Ah oui, donc c'était quand même très rapide.

  • Rébecca

    Et puis, j'ai... J'ai accouché accroupie à côté du lit et je me tenais aux bras de mon mari. Les sages-femmes étaient derrière moi pour récupérer Madeleine et elles m'ont aidée à la prendre devant moi, que je puisse la mettre directement sur mon ventre pour m'allonger.

  • Mathilde

    Est-ce que vous voulez la prendre ?

  • Rébecca

    Oui, ça a été complètement différent.

  • Mathilde

    Beaucoup plus serein, beaucoup plus sain. Rien à voir.

  • Rébecca

    C'est ça, rien à voir. Et puis c'est rigolo, je n'ai même pas pensé à mettre la bouse de l'hôpital, j'ai accouché avec ma robe. Mais n'importe quoi !

  • Mathilde

    Tant mieux parce qu'on aurait pu t'obliger à la porter et te casser dans ta bulle là au moins, tu étais complètement comme à la maison.

  • Rébecca

    Mais oui, c'est après, quand j'ai vu la blouse, je me suis dit, Oh, mais je n'ai même pas mis la blouse de l'hôpital ! Et là, c'est beau parce que du coup, elle était directement sur moi en peau à peau. Le placenta est descendu comme il fallait. Une petite déchirure, mais rien, pas de poing, rien non plus. Parce que j'avais vraiment l'impression que ça allait être catastrophe en bas. Puis finalement, non.

  • Mathilde

    Oui, au final, tu n'as pas déchiré du tout pour les deux fois.

  • Rébecca

    Non, pas une petite déchirure, mais naturelle. Ok. C'était vraiment la toute en sérénité et en douceur.

  • Mathilde

    Et ça t'a fait quoi cette fois de découvrir ta fille directement, de pouvoir profiter directement et pas d'avoir tout le médical qui s'interpose ?

  • Rébecca

    C'était beaucoup d'émotion et c'est comme si je remerciais mon corps en fait. Comme si j'étais réconciliée avec lui un peu.

  • Mathilde

    Ok. Ça t'a un petit peu guérie du premier accouchement, quoi.

  • Rébecca

    Oui, on va dire ça.

  • Mathilde

    Si, c'est pas tout à fait le cas, on est d'accord. C'est vrai que c'est une expérience.

  • Rébecca

    C'est un peu ça, oui. Ça m'a réconciliée et je me suis dit, oui, j'en étais capable. J'étais un peu fière quand même.

  • Mathilde

    Oui, tu peux. Et puis, tu as été capable d'aller à terre, mais je pense que ça, même pour toi et ta confiance en toi, ça a été libérateur.

  • Rébecca

    Oui, du coup, Madeleine, elle est née à 38 semaines et 3 jours. Donc, du coup, je suis contente.

  • Mathilde

    On a passé le cap des 33 et des 37 semaines.

  • Rébecca

    C'est ça, exactement.

  • Mathilde

    Et en pleine forme directement.

  • Rébecca

    Oui, oui, oui.

  • Mathilde

    Ok. Et du coup, aujourd'hui, comment tu te sens après ces deux accouchements et ces deux enfants ?

  • Rébecca

    Comment je me sens ? Il y a toujours une petite hanche de culpabilité qui traîne. J'ai toujours ça en moi, mais même dans mon rôle de maman aujourd'hui, je dirais, il y a une forte envie de protéger ces deux enfants de tout. J'ai l'impression de vouloir vraiment tout faire pour eux, peut-être dans l'excès, c'est sûr. Mais du coup, il y a cet instant de protection, peut-être aussi d'hypervigilance. Il y a l'envie aussi de devoir communiquer auprès de ça, parler de la prématurité et l'envie d'aider aussi tous les parents que je côtoie autour de moi qui vivent de près ou de loin la même chose avec des enfants nés trop tôt.

  • Mathilde

    Du coup, c'est peut-être le moment de dire que tu es en préparation d'un livre. Est-ce que tu veux en parler un petit peu ?

  • Rébecca

    Oui, oui, oui. Alors, voilà, j'ai écrit un livre qui retrace notre histoire, notre quotidien pendant un mois, pendant un an, pardon, de la naissance de notre fils jusqu'à ses un an à peu près. Mais c'est aussi un recueil de quelques témoignages de parents. J'avais fait un sondage, ils ont été nombreux à répondre à mes questions. que ce soit sur la découverte de leur enfant, sur à quoi ils s'attendaient, sur comment se préparer à la prématurité. Et une partie des bénéfices va être reversée à l'association SOS Préma qui se bat pour justement le bon développement des enfants et le bien-être aussi des parents. Donc c'est pour ça, je trouve que ça manque ce genre de témoignages aujourd'hui. J'en ai lu beaucoup autour de moi. mais les témoignages s'arrêtent aux portes de l'hôpital. Et on ne sait pas comment ça se passe après. Donc, je trouvais que ça manquait. Et c'est ce que me demandent toujours les parents lorsque je leur en visite à l'hôpital. Comment ça va à la maison ? Comment vous vous en sortez ? Est-ce que vous trouvez des médecins ? Plein de questions comme ça. Et heureusement qu'il y a des relais pour les informer parce qu'ils sont perdus. Tout comme nous, on peut l'être déjà lorsqu'on a un enfant qui n'est pas né prématurément. Oui, on a tous des questions qu'on se pose et on est content de trouver les informations, quelles qu'elles soient.

  • Mathilde

    Oui, et puis ça rejoint un petit peu cette idée de cocon à l'hôpital, où en cas de besoin, quelqu'un est toujours là, alors que dès qu'on est à la maison, il n'y a plus personne, on est tout seul et on fait comment ?

  • Rébecca

    C'est ça, exactement. Surtout aujourd'hui, nos familles sont vraiment toutes éparpillées. On dit qu'il faut un village pour nous aider lorsqu'on accouche, mais ce village n'est pas forcément à côté de chez nous. Il n'y a pas forcément nos mères, nos grands-mères, nos tantes qui peuvent nous renseigner tout de suite, qui habitent la porte à côté pour venir nous aider. Donc, ce qu'on va rechercher, c'est qu'on va regarder sur les réseaux s'ils perdent et voilà.

  • Mathilde

    En tout cas, c'est un très beau projet. C'est vrai que ce que tu dis a plein de sens. Merci à toi de l'avoir mis sur place et il sera très bientôt disponible. Oui,

  • Rébecca

    bientôt. Il est en phase de relecture pour voir si tout est OK. De toute façon, il sera sorti pour la journée mondiale de la prématurité qui a lieu au mois de novembre.

  • Mathilde

    OK.

  • Rebecca

    Merci beaucoup à toi d'avoir parlé de tout ça et d'avoir partagé ton expérience qui était très intéressante et qui, je pense, j'en suis sûre, aidera d'autres parents dans cette situation ou qui veulent en tout cas se préparer au cas où ça arrive.

  • Rébecca

    Merci à toi en tout cas de m'avoir proposé de discuter de tout ça, de ce projet aussi qui me tient beaucoup à cœur.

  • Rebecca

    Merci beaucoup d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. S'il t'a plu ou si le podcast de manière générale te plaît, n'hésite pas à me laisser une petite note sur ton application d'écoute préférée. 5 étoiles, ce serait l'idéal. Et pour découvrir d'autres histoires aussi passionnantes qu'intéressantes, rendez-vous mercredi prochain. A très vite !

Description

Je vous retrouve aujourd'hui pour un nouvel épisode riche en émotions. Mathilde nous raconte son parcours, et surtout celui de son petit garçon arrivé plus vite que prévu alors que maman était en pleine fête de famille. Un parcours atypique, d'autant plus que Mathilde était elle aussi passée par le service de réa-néonatologie de ce même hôpital quelques années plus tôt. Elle nous partage son expérience, ses ressentis et surtout cette culpabilité qui s'installe immédiatement et comment remonter la pente.


Mathilde nous partage ensuite son deuxième accouchement, physio cette fois-ci avec une préparation poussée, comme elle le désirait.


Envie de discuter, d'en savoir plus ou de participer à ton tour ? Rendez-vous sur Instagram : @balance_ton_accouchement.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Rébecca

    Hello maman et bienvenue sur Balance ton accouchement, le podcast qui recense les histoires d'accouchement, qu'elles se soient bien ou mal passées, car toute histoire mérite d'être entendue. Vous écouterez ici des parcours faciles ou difficiles, des expériences uniques et surtout de la bienveillance et de la sincérité. Alors que tu sois maman, papa, future maman, futur papa ou simplement intéressé par l'accouchement et par ce qu'il fait traverser aux femmes et aux hommes, tu es le bienvenu par ici. Moi je suis Rebecca. maman de deux enfants, et complètement bouleversée par les accouchements et la maternité. Alors, sans plus attendre, voici le nouvel épisode du jour ! Alors bonjour, merci d'être venu sur ce nouvel épisode du podcast. Alors pour commencer, est-ce que tu pourrais te présenter s'il te plaît, en me donnant ton prénom, en me disant combien d'enfants tu as et quelle maison tu as, et puis en ajoutant tout ce que tu aurais envie.

  • Mathilde

    D'accord, c'est parti ! Alors moi c'est Mathilde, j'ai deux enfants, j'ai un petit garçon prénommé Charlie qui vient d'avoir trois ans et qui vient de faire sa rentrée il y a quelques jours et une petite fille qui a quatre mois et demi qui se prénomme Madeleine. Et sinon je suis bénévole dans une association qui s'appelle SOS Préma à Rennes.

  • Rébecca

    D'accord, une association qu'on connaît.

  • Mathilde

    C'est ça.

  • Rébecca

    Alors, première question que je pose à chaque fois, est-ce que tu avais pensé accouchement dès le début de ta première grossesse ? Est-ce que c'est quelque chose qui te faisait peur, qui te donnait envie ou à laquelle tu ne pensais pas spécialement ?

  • Mathilde

    Oui, j'avais déjà lu de nombreux ouvrages sur la maternité et je me renseignais déjà beaucoup là-dessus et notamment sur l'accouchement. J'avais entendu beaucoup d'histoires sur les accouchements de... plein de femmes et j'avais déjà une petite idée sur la question de comment je voulais que ça se passe.

  • Rébecca

    D'accord. Alors du coup, on va y revenir un petit peu après, mais sur les enlignes, tu voulais que ça se passe comment du coup ?

  • Mathilde

    Du coup, on était inscrits pour raconter en gros avec mon mari dans une filière physiologique.

  • Rébecca

    D'accord. Ok. Alors, est-ce que tu te souviens du moment où vous avez lancé Projet Bébé 1 ou est-ce que c'était une surprise ?

  • Mathilde

    Non, ce n'était pas une surprise, c'était un grand classique. On s'était dit avec mon mari qu'on voulait d'abord faire notre mariage. Et en gros, après le mariage, on arrêtait les contraceptifs et on se lançait dans le projet bébé. C'était vraiment dans la continuité de notre couple.

  • Rébecca

    D'accord. Et du coup, il est arrivé vite ?

  • Mathilde

    Oui, il est arrivé. Oui, il est arrivé au bout de quelques mois.

  • Rébecca

    Ok, donc pas de soucis particuliers.

  • Mathilde

    Non, non, non.

  • Rébecca

    Et alors, comment s'est passée ta première grossesse ? Est-ce que tout se passait bien ?

  • Mathilde

    Le premier trimestre, j'ai été un peu malade avec pas mal de nausées, j'ai perdu un peu de poids, mais sinon pas de gros maux particuliers, enfin des gros maux à ma UX bien sûr. Oui. Mais non, la grossesse s'est bien déroulée tout à fait normalement. Je sentais mon ventre qui contractait. Au début, je ne me rendais pas trop compte de ce que c'était, mais mon ventre était souvent dur. Donc, j'étais amenée quand même à me reposer, d'être au calme, sans stress, mais pas alitée non plus.

  • Rébecca

    Ok, d'accord. Il n'y avait pas d'alerte particulière ?

  • Mathilde

    Non, pas du tout. Non, non, non, non, je pouvais quand même faire de la voiture, me déplacer. On avait pu partir en vacances l'été à l'île d'Oléron. Donc, non, non, aucune alerte.

  • Rébecca

    Ok. Et toi, est-ce que ça te stressait ou pas vraiment ? Tu disais juste que c'était normal, c'est la grossesse.

  • Mathilde

    Non, je pensais que c'était normal, que c'était la grossesse, que ça devait se passer comme ça. Non, non, je me laissais vraiment porter. Moi, j'étais bien, j'étais heureuse avec mon ventre comme ça, qui grossissait de jour en jour. Non, non, c'était plutôt un plaisir.

  • Rébecca

    Ok. Et est-ce qu'il y a un moment où ça a commencé à dériver un petit peu, où on a commencé à être un peu plus inquiétant ?

  • Mathilde

    Non, pas du tout. Non, non, non, non, vraiment. Juste avant de l'accoucher, la veille en fait. Il n'y a qu'à ce moment-là où c'est devenu inquiétant. Sinon, jusqu'à la veille d'accoucher, on était à faire nos photos de grossesse avec mon mari à la plage.

  • Rébecca

    Ok.

  • Mathilde

    Non, non, rien.

  • Rébecca

    C'est une procède plus classique jusqu'à ce moment-là.

  • Mathilde

    Oui, c'est ça, exactement. Oui, oui, rien n'a signalé, on va dire.

  • Rébecca

    Ok. Et donc, tu voulais un accouchement physio. Tu nous as dit, est-ce que tu avais suivi des cours en ce sens ? Est-ce que tu avais fait des choses particulières ?

  • Mathilde

    Alors du coup, on était suivis à l'hôpital dans la filière physiologique. Je voulais quand même qu'il y ait l'hôpital. Je me suis dit, au cas où il arrive quelque chose, il y a quand même la réanimation qui est à côté. Ça avait un côté un peu rassurant que plutôt d'accoucher en clinique ou en maison de naissance. Donc, la préparation à l'accouchement avait presque commencé, si on peut dire ça, puisque le premier cours, ça a été la visite de la maternité avec le papa et le second. Les cours c'était quand même, on devait expliquer si on avait des mots pendant la grossesse. Donc voilà, j'ai fait ces deux cours-là, mais sinon j'avais mon suivi classique avec la sage-femme, mais je n'ai pas fait pour cette première grossesse d'hypnose, d'autonomie ou des choses comme ça, vraiment le suivi classique.

  • Rébecca

    Ok, et est-ce que c'est parce que tu ne connaissais pas ou tu n'avais pas forcément envie ?

  • Mathilde

    Les deux. J'ai envie de dire, les deux, je ne connaissais pas l'autonomie, l'hypnose, je connaissais un petit peu, mais je m'étais dit, ça, ce n'est pas pour moi, moi, je suis trop proactive, je n'arrive pas à me poser, à rester calme, ça, ce n'est pas du tout pour moi. Et puis, de toute façon, je n'ai pas vraiment eu le temps non plus de faire tout ça.

  • Rébecca

    Alors, justement, si tu nous racontes un petit peu, puisque là, tu nous te quises un petit peu, je vais laisser te reposer, mais... Alors, dis-nous tout, qu'est-ce qui s'est passé, du coup ? Donc, tu fais tes photos de grossesse à la plage.

  • Mathilde

    Et alors, qu'est-ce qui se passe ? Donc, en fait, le vendredi après-midi, on fait nos photos de grossesse à la plage. Donc, on a bien profité. C'était un bel après-midi. Le lendemain, il faut savoir qu'on était en week-end chez ma maman. Il y avait une consuette de famille qui avait lieu. Donc, il fallait faire les préparatifs.

  • Rébecca

    Oui. Si je te pose une question, tu te souviens à quel stade ? Tu t'es pensée, c'était à combien de semaines qu'on était ?

  • Mathilde

    Oui, j'étais tout juste à 33 semaines.

  • Rébecca

    Ok, au moins, ça nous met un petit peu dans l'ambiance.

  • Mathilde

    Donc voilà, je suis à 33 semaines. On a fait la troisième école il y a quelques jours. Donc, on a eu l'estimation du bébé. Donc, on connaît le sexe du bébé. On sait que ça va être un petit garçon qui pèse environ 1,9 kg. Que ça va être un gros bébé. terme qu'on me dit oh là là moi je me dis j'ai peur pour la césarienne parce que si on me dit 3,8 kg oh là là ça je me dis ça va jamais passer c'est pas possible. Donc ce week-end là on profite d'une grosse fête en famille qui se prépare, on fait beaucoup de cuisine. Mon mari part se promener à la plage avec sa maman et puis donc moi je suis en cuisine avec ma mère et mon frère qui traînent un petit peu plus loin et donc ils partent donc sachant qu'à la plage il n'y a pas vraiment... pas vraiment de réseau donc je sais pas trop quand est-ce qu'il va revenir. Moi j'ai du liquide qui coule entre les jambes donc je sais pas trop ce qui se passe, je sais pas trop ce que c'est. J'ai pas envie tout de suite d'en parler à ma mère qui va s'inquiéter, j'ai pas trop envie de lui dire. Je regarde un peu sur internet, est-ce que c'est ça le bouchon muqueux ? Et puis du coup j'en parle à mon frère qui me dit pourquoi tu me poses ça à moi, qu'est-ce que j'en sais moi ? Donc euh... Du coup, il me dit, on se met d'accord, je me dis, je vais appeler les sages-femmes, les urgences à l'hôpital qu'il y a à côté de chez ma maman. Et ils me disent qu'il faut venir tout de suite, que pour eux, ça serait une rupture de la poche des os.

  • Rébecca

    Ok, d'accord. Et comment tu prends ça, toi ? Est-ce que tu as confiance de ce que ça veut dire ?

  • Mathilde

    Non, je ne me rends pas vraiment compte de ce qui se passe. Je me dis, est-ce que ça veut dire que le bébé va arriver maintenant ? Et puis, je panique parce que, bien sûr, j'ai oublié mon dossier médical à la maison.

  • Rébecca

    Le conseil qu'on nous donne un peu trop, prenez votre dossier médical tout le temps, tout le temps, tout le temps.

  • Mathilde

    Mais en plus, je l'amenais vraiment tout le temps. Je l'avais vraiment tout le temps sur moi. Oui,

  • Rébecca

    c'est tout le temps.

  • Mathilde

    De toute façon, c'est tout le temps quand il ne faut pas. Donc, du coup, par la panique, j'appelle un copain qui habite à côté de notre appartement, qui a les clés. Je lui dis Est-ce que tu peux passer chez moi ? Prendre en photo mon dossier médical, je dois aller aux urgences. Je n'arrive pas à joindre mon mari. Bien sûr, il est à la plage et profite. Il n'y a pas de réseau. Donc, du coup, je regarde en affaire. Qu'est-ce que j'ai ? J'ai absolument rien. Je n'ai que des robes à fleurs. Oui, je vais faire la fête pour passer le week-end. C'est une cata au niveau de mon sac. De toute façon, je ne prends quasiment rien. C'est ma mère qui me dépose du coup et qui… attendre la salle d'attente avec moi, c'est que des femmes en plus qui sont sur le point d'accoucher qui sont énormes par rapport à moi.

  • Rébecca

    Et puis qui sont peut-être un peu plus prêtes aussi à ce qui va se passer.

  • Mathilde

    Oui et puis qui font des mouvements, qui se lèvent, qui s'assoient, qui savent pas trop comment se mettre et tout. Avec ma mère on se regarde un petit peu dans le blanc des yeux, qu'est ce qu'on fait là, on attend, on attend.

  • Rébecca

    Oui, tu n'as pas de douleur, toi, à ce moment-là, tu as juste un peu de victime.

  • Mathilde

    Non, et puis moi, ça coule, quoi. Je suis en train de me dire, il va me faudre des protections, là, parce que ça coule. C'est juste ça qui me gêne, en fait. Et entre-temps, du coup, on a réussi à joindre mon mari, qui est venu un petit peu en catastrophe dans la salle d'attente, et qui a relayé ma mère parce que, du coup, il n'y avait pas trop le droit à ce qu'il y ait beaucoup de monde autour de moi. On est encore un peu en période de Covid.

  • Rébecca

    Oui, j'allais dire trois ans, oui, c'était en 2021.

  • Mathilde

    Septembre 2021, on a encore tous le masque. Donc, mon mari peut m'accompagner quand même dans la salle d'attente.

  • Rébecca

    Ok. Et donc, du coup, tu n'as toujours vu personne, toi, à ce moment-là ?

  • Mathilde

    Non, quand il est arrivé, je n'ai encore vu personne. Ça a mis un bon temps avant qu'on soit pris en charge et que, du coup, une sage-femme vient me prendre les constantes et qu'elle m'ausculte. Et donc, elle confirme que j'ai bien rompu la poche des os et elle me dit, Ouh là là, ça coule vraiment beaucoup, beaucoup. Donc, elle m'a dit, On va au moins vous garder là pour le week-end, pour voir comment ça évolue.

  • Rébecca

    D'accord. Et toi, tu te dis quoi à ce moment-là ? Tu te dis, ça va aller ? Ou est-ce que tu as une petite flûte interne qui s'allume et qui te dit, Je vais peut-être accoucher dans pas longtemps.

  • Mathilde

    Non, déjà je me dis mince, je vais louper la fête de famille, je vais commencer à faire des gâteaux, je ne peux pas les finir. Donc je donne les consignes, je dis il faut faire ça, il faut faire ça, ça, ça. Je ne peux pas aller voir ma grand-mère qui est dans une maison de convalescence, donc je la préviens aussi. En fait, il y a tout le monde qui s'inquiète autour de moi, toute ma famille. Et moi, je suis dans l'attente en fait. On me dit qu'il ne faut pas paniquer, que des fois… l'accouchement ne se déclenche pas tout de suite, qu'on va voir comment ça évolue. Donc, je patiente. On est plus dans cet état d'esprit avec mon mari. On attend. Et puis, de toute façon, là, les heures passent et c'est un peu long. Moi, il n'y a rien qui se passe non plus. On surveille le bébé. Il n'y a pas de contraction. Il n'y a rien.

  • Rébecca

    Oui, tu as vu que tes équipes continuent à couler.

  • Mathilde

    Oui, c'est ça. OK. Après, on… En fin d'après-midi, j'ai une envie de me lever et d'aller aux toilettes. Et par contre, là, j'ai vraiment perdu la poche des os auprès de la queue des sages-femmes. Donc là, ça a fait vraiment comme dans les films. Un gros plaf. Ouais. OK.

  • Rébecca

    D'accord. Et là, est-ce que quelqu'un ou toi paniquait ?

  • Mathilde

    Non, en fait, je n'ai pas du tout paniqué. Je crois que... On n'a pas du tout paniqué, que ce soit mon mari ou moi, parce qu'à chaque fois, on a été bien accompagnés, bien suivis, on nous a tout expliqué. C'est juste que quand j'ai perdu les os, je me suis dit, là, par contre, le bébé peut venir à tout moment maintenant. Et puis, c'est devenu tout de suite très médicalisé, parce que du coup, on m'a allongée, on m'a donné tout de suite des piqûres, des antibiotiques, pour ne pas qu'il y ait d'infection. On m'a expliqué qu'il fallait me faire des injections pour le développement des poumons du bébé.

  • Rébecca

    Donc,

  • Mathilde

    tout de suite, ça devenait quand même très concret.

  • Rébecca

    Oui, on prend quand même un peu une tournure qui se rapproche de le désarriver.

  • Mathilde

    Voilà, ça commence à tourner un peu au vinaigre à ce moment-là. Mais on n'a pas envie d'y croire. On se dit, mais non, non. je vais ressortir lundi. Non, non, non. Et puis, on n'est toujours pas remonté dans notre chambre. Et puis moi, j'ai faim, j'en ai marre. La soirée commence à avancer. Mon mari part récupérer mon sac avec mes affaires. Il va se chercher à manger. Et puis, vers 20h, je commence à avoir un peu des contractions. On me donne des médicaments pour les ralentir et ça fonctionne. Vers 22h, je suis autorisée à retourner en chambre. Là, j'ai le droit de manger, donc déjà soulagement. Mon mari est un peu fatigué, il s'endort un peu sur le fauteuil. Pendant ce temps-là, moi, je joue aux jeux sur diverses applications, sur mon portable. Je patiente. Je suis un peu dégoûtée parce que les membres de ma famille font la fête, donc ils m'envoient des vidéos, ils m'envoient des messages. Chacun à leur tour, ils prennent de mes nouvelles. Donc, en fait, toute la soirée et le début de nuit se passe un peu comme ça. Et puis, j'ai de plus en plus mal au ventre quand même. J'ai mon ventre qui est tout dur, mais ça ne fait pas comme ce que j'avais écouté dans des podcasts ou vu à la télé à la maison des maternelles, par exemple, toutes les 10 minutes, toutes les 5 minutes, toutes les 3 minutes. J'ai l'impression que mon ventre est vraiment dur tout le temps.

  • Rébecca

    Et la douleur est supportable encore à ce moment-là ?

  • Mathilde

    Ça devient de moins en moins supportable. Et j'ai l'impression de faire que de me plaindre auprès de la sage-femme. Je fais que de la pli. Et je crois qu'au bout d'un moment, elle en a marre de moi. Elle dit mais elle n'est pas possible celle-là Au bout d'un moment, elle me donne un médicament assez fort, elle me donne du tramadol. Elle me dit bon là vraiment, si ça fait… pas effet va vous ressonner normalement dans l'heure ça doit aller mieux donc et puis je regarde je regarde tout le temps l'heure je vois pas que les minutes pas je prends des douches chaudes il ya mon mari qui qui s'endort plus ou moins dans le fauteuil je retourne aux toilettes je reprends une douche ça passe pas quoi et juste du coup au bout d'une heure lorsque la sage-femme a dit je pouvais la raclée j'ai dit j'ai encore bip et j'ai dit la madame là vraiment ça ça ne va pas du tout et elle me dit mais de toute façon tout allait bien à 20h. Je lui dis oui mais bon là j'ai l'impression que ça pousse, c'est bizarre et du coup là elle m'a ausculté, elle m'a dit ah bah oui là vous êtes ouverte à 4, il va falloir appeler la gynécologue de garde parce que vous allez accoucher maintenant.

  • Rébecca

    Et là tu vois comment tu le prends là ?

  • Mathilde

    Là par contre c'est la panique. Là, on se regarde avec mon mari et on ne comprend rien de ce qui se passe. On se dit maintenant, maintenant, mais on vient d'être installés dans la chambre. Et puis lui, il dit, mais qu'est-ce que je fais de nos sacs ? Mais on va où ? On va où ? Du coup, on n'a pas trop le temps. Elle commence à mettre sur un fauteuil roulant. Elle dit, allez, suivez-moi, monsieur. Elle commence à courir avec moi dans la chaise roulante. Et puis, on se dépêche, on se dépêche, on se dépêche pour vite descendre. Elle me demande tout de suite si je veux la péridurale et puis du coup là, je dis oui, finalement.

  • Rébecca

    Et qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis, du coup, toi qui voulais un accouchement physio ?

  • Mathilde

    En fait, depuis 22 heures, j'avais mal au ventre et ça ne se calmait pas. Et je n'arrivais pas du tout à gérer cette douleur, à respirer, etc. Je n'arrivais pas du tout à gérer comme il aurait fallu.

  • Rébecca

    Et est-ce que tu penses que c'est parce que tu ne t'étais pas mis dans l'idée que c'était le moment ?

  • Mathilde

    Ah oui, c'est sûr. Ah oui, je ne pensais pas que c'était des contractions.

  • Rébecca

    Oui, et pour ça, tu avais juste mal au ventre comme ça.

  • Mathilde

    Oui, comme j'avais pu avoir pendant la grossesse. Pour moi, j'avais des maux de ventre, mais je ne pensais pas que c'était des vraies contractions. Ok.

  • Rébecca

    Et alors, comment ça se passe à partir de ce moment-là ? Du coup, tu arrives assez rapidement en salle d'accouchement.

  • Mathilde

    Oui, du coup, on retourne au point de départ. On retourne là où on était auparavant. Et puis du coup, il y a l'anesthésiste qui vient poser l'apéridural. Il était venu pendant qu'on attendait plutôt dans l'après-midi pour poser tout son tas de questions.

  • Rébecca

    Oui.

  • Mathilde

    Parce que je n'avais pas eu de rendez-vous anesthésiste avant. Donc, il vient poser l'apéridural et mon mari n'a pas le droit d'être avec moi. Et ça, ça m'a paniqué. J'étais apeurée complètement. Je n'étais pas prête à devoir passer un moment seule en fait.

  • Rébecca

    Oui.

  • Mathilde

    Donc il est sorti de la pièce et j'ai l'impression que ce moment a duré une éternité. J'étais accrochée à une aide-soignante, je pense, qui était en face de moi. Et la pause de la période durale, je faisais que trembler, pleurer, comme quoi je voulais qu'il revienne, je voulais qu'il revienne. Et l'anesthésiste n'a pas du tout voulu. Et mon mari m'a dit mais ça n'a duré que 15-20 minutes J'ai l'impression que ça a duré, je ne sais pas, une heure. Finalement c'était un moment compliqué pour moi.

  • Rébecca

    Et la pause a été en elle-même quand même ou pas vraiment ?

  • Mathilde

    J'ai l'impression que je tremblais peut-être trop parce que au final je l'ai senti tout ce qui se passait. Il n'y avait que ma jambe droite qui était immobile. Et pourtant après sur la fin, par contre lorsque le placenta est passé, là je ne sentais plus.

  • Rébecca

    On a été transporté à la sortie du placenta.

  • Mathilde

    Pardon,

  • Rébecca

    c'est juste pour dire au niveau de la douleur. Du coup, pendant l'accouchement, tu as senti d'un côté pendant que ton bébé sortait ?

  • Mathilde

    Oui, j'ai tout senti.

  • Rébecca

    Ok, on va revenir là-dessus. Du coup, on te pose la péridurale, donc ton mari revient enfin auprès de toi, il doit quand même te rassurer beaucoup. Et qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ? Est-ce que ça s'agit ? Est-ce que tu te dis maintenant... On attend, on laisse le temps au bébé de descendre, qu'est-ce qui se passe ?

  • Mathilde

    Oui, en fait, l'objectif était qu'il reste le plus longtemps dans mon ventre. Donc, en fait, il y avait aussi beaucoup d'activités dans les salles à côté. On entendait les femmes qui criaient autour de nous. Donc, ça s'agitait pas mal. Et donc, je crois que j'étais prête depuis un petit moment déjà, mais on retardait un peu. Et puis finalement, autour de 6 heures du matin, tout le monde s'est un petit peu activé. Et du coup, il y a du monde dans la salle. Je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait autant de monde. Parce que du coup, il y avait mon mari, il y avait le gynécologue, la pédiatre qui attendait sur le toit de la porte. Il y avait aussi deux sages-femmes, une aide-soignante à ma gauche. Donc, ça faisait quand même beaucoup de monde. Et puis moi, j'étais étalée là, les jambes en l'air. Ça faisait très série TV un peu. Si j'étais dans le doctorat ou dans le Grès Anatomie, je ne sais pas dans laquelle des deux, mais je ne m'attendais pas à ça.

  • Rébecca

    Ok, oui. C'est quelque chose de beaucoup plus intime.

  • Mathilde

    Oui, et puis là, la lumière est énorme. Il y a la dame qui est plongée dedans. En plus, le bébé était en siège, donc tout le monde était très stressé de ça.

  • Rébecca

    Ok, d'accord. Et malgré tout, ça se passait bien, entre guillemets, dans le sens où il est bien descendu ?

  • Mathilde

    Oui, il est bien descendu. Donc, du coup, vers 6h30, c'est là où tout le monde s'est agité, où il a fallu commencer à pousser. Je sentais les contractions et la sage-femme et la gynécologue m'aidaient pour respirer, pour comment pousser. Et il y avait mon mari qui était à côté, on était marrantes. Il m'a aidé. En fait, je ne faisais que l'écouter lui surtout. J'écoutais que sa voix. J'essayais d'être guidée. Il était vraiment mon coach. Il me disait vas-y souffle maintenant, respire, repose-toi Je ne faisais que d'écouter ce qu'il me disait. Parce que moi, c'était une voix que je connaissais.

  • Rébecca

    Ok. Oui, ça te rassurait aussi. Toi qui avais été assez déconfit quand il est sorti, au moins là, il était là avec toi. Oui. Ça allait beaucoup mieux.

  • Mathilde

    C'est ça, exactement. Donc, ouais, en 15 minutes à peu près, il est arrivé du coup, Charlie, d'abord par les fesses. Du coup, j'ai pu toucher ses fesses. On m'a proposé, est-ce que vous voulez toucher ses fesses ? Donc, j'ai dit oui. Et après, est-ce que vous voulez l'attraper ? J'ai dit non. Je ne me sentais pas à l'aise pour l'attraper. Donc, elle me l'a vite posé sur mon ventre très rapidement. pas voulu couper le cordon. En fait, on était un peu choqués de tout ce qui s'est passé de la scène. On me l'a posé vite sur moi, on a coupé le cordon et après la pédiatre est vite venue le récupérer et il est parti, donc Charlie, avec mon mari faire les premiers soins. Il n'avait pas pleuré encore. Et donc après, mon mari et Charlie sont partis, donc je suis restée sur la table. de faire du coup les derniers soins, attendre que le placenta sort et non j'ai pas eu de point, j'allais dire me recoudre mais non.

  • Rébecca

    C'est bien ça en siège avec un peu d'avance, belle performance quand même.

  • Mathilde

    Oui j'avais très peur de finir en césarienne mais non, ça a été.

  • Rébecca

    Donc l'équipe était quand même assez à faire. assez à l'écoute et à bien respecter le fait de te laisser faire. Parce que c'est vrai que le combo arriver en avance, en siège, maintenant pas prêt, ça va produire, si ce n'est une césarienne, au moins les instruments ou quelque chose.

  • Mathilde

    C'est ça, c'est ce qu'on m'a expliqué. D'autres sages-femmes m'ont expliqué ça aux infirmières que j'ai pu croiser, mais autour de moi, elles m'ont dit qu'elles avaient eu beaucoup de chance que tout le monde ait accepté que l'accouchement se fasse naturellement.

  • Rébecca

    Oui. Ok. Et toi, comment tu te sens à ce moment-là ? Est-ce que tu te souviens quand même ? Tu es sûrement inquiète pour ton fils.

  • Mathilde

    En fait, je ne suis pas inquiète, je suis vraiment perdue.

  • Rébecca

    Ok. Tu n'es vraiment pas là en fait.

  • Mathilde

    Non, j'ai l'impression que je ne suis pas là. Je suis contente que tout le monde aille bien parce que je crois que tout le monde va bien. J'ai l'impression en tout cas. Et quand on entend un bébé pleurer, la gynécologue me dit C'est votre bébé, c'est votre bébé, tout va bien. Et là, je suis soulagée.

  • Rébecca

    Ok,

  • Mathilde

    je suis soulagée et je crois que je suis surtout perdue, choquée et soulagée. On dirait que ça va être les trois combos.

  • Rébecca

    C'est une bonne description. Ok, et alors, que se passe-t-il ensuite ?

  • Mathilde

    Ensuite, on me ramène Charlie avec mon mari. Du coup, il me le ramène. On fait un petit peu de peau à peau quand même. Donc, ça, je trouve que ce moment-là, c'est un petit moment suspendu. On essaye de faire connexion tous les trois, un petit peu. Et du coup, on reste comme ça quelques minutes, pas très longtemps. Et après, les puéricultrices viennent vite le chercher. On voit qu'il a un peu de mal à respirer pour l'emmener. On explique qu'ils l'emmènent en service réanimation néonatalogie. Dans cet hôpital-là, c'est un seul service, réanéonate du coup. D'accord. Qui va être là-bas, que moi je dois me reposer, reprendre des forces et qu'après je pourrais aller le voir et que le papa peut descendre le voir quand il veut, quand il peut.

  • Rébecca

    Ok. Et toi, est-ce que tu sais ce que c'est à ce moment-là, le service de réunionnaise ?

  • Mathilde

    Oui, parce que moi, j'ai été au même endroit 30 ans auparavant. Je suis née là-bas.

  • Rébecca

    OK. Et est-ce que ça te fait quelque chose de positif, de négatif ? Ou juste tu te dis, OK, c'est comme ça ?

  • Mathilde

    Non, il y a tout de suite la culpabilité qui se met en place. Et je me dis tout de suite, mais qu'est-ce que j'ai fait ? Comme si j'avais fait une grosse bêtise.

  • Rébecca

    Ouais, directement, tu prends tout sur toi. C'est moi qui n'ai pas assuré.

  • Mathilde

    Ah oui, je me dis, mais qu'est-ce que j'ai fait ? Mais comment j'en suis arrivée là ?

  • Rébecca

    Ok. Donc toi, tu restes un petit peu. Est-ce que ton mari part tout de suite avec bébé ? Ou est-ce qu'il reste avec toi ?

  • Mathilde

    Non, il reste avec moi tout au long des deux heures jusqu'à temps que je remonte en chambre pour manger. Ok. Lui, il est remonté avec moi pour manger avec moi. En plus, il était allé faire quelques courses. Il m'a ramené des sushis. C'est ce moment fameux. On est tous contents de pouvoir remanger des sushis.

  • Rébecca

    C'est sushis ou saucissons. C'est un peu les deux.

  • Mathilde

    C'est souvent des choses comme ça. En plus, c'est trop mignon. Il m'avait dit de me ramener des bêtises à manger, des kinder, du coca, toutes les choses que j'adore. Trop bien. Moi je mange et puis lui il mange plus rapidement et il descend avant voir Charlie. Le temps que je fasse une petite sieste et que je me lave un peu avant, que je me débarbouille avant de descendre. Je suis descendue moi que dans l'après-midi.

  • Rébecca

    D'accord, ok. Et donc quand tu descends, qu'est-ce qui se passe ? Comment tu vis ce moment ?

  • Mathilde

    C'est compliqué. C'est compliqué. Finalement, c'est la vraie découverte du bébé.

  • Rébecca

    Oui, surtout que toi, tu étais complètement sous le choc. Du coup, tu n'avais pas tellement réalisé ce qui t'était passé.

  • Mathilde

    Je crois que je n'avais pas vraiment regardé mon bébé non plus au final.

  • Rébecca

    Oui.

  • Mathilde

    Et puis, du coup, déjà, on vient me chercher en chaise roulante. Ce n'est pas au même étage. Il faut descendre. Il faut prendre l'ascenseur. Il faut passer par plusieurs portes bien se désinfecter. les mains bien mettre le masque et puis tout de suite c'est une autre ambiance quand on arrive dans le service là un service ovale avec le bureau des puéricultrices au milieu toutes les chambres tout autour avec plein de bips dans tous les sens on n'entend que des bips et il y a des lumières à chaque porte de chambre ça clignote vert ça clignote rouge et déjà c'est un autre monde ouais c'est un petit peu le choc à ce moment là de dire oula là oui j'ai atterri déjà ouais Et puis sur la porte, je vois que c'est écrit Charlie. Il y a aussi le nom d'un autre bébé. Donc je rentre dans la pièce avec une puéricultrice qui est là pour nous présenter le bébé en fait. Donc il y a quatre couveuses. Il y a un autre bébé, il y a mon bébé qui est un peu plus loin. Et donc du coup, elle nous le présente, elle nous montre tranquillement, elle chuchote, elle nous montre à quoi il est relié. Et ça, c'est le second. ça c'est les électrodes, ça c'est le masque pour bien respirer. Là, la couveuse elle est à tant de degrés pour qu'il ait chaud. Il est bien enmitouflé dans un linge, tout emmailloté, tout serré, on dirait un petit burrito en fait. Et un petit bonnet sur sa tête. Il fait tout minuscule en fait, mais pas tant que ça, il fait quand même 2,4 kg.

  • Rébecca

    Ok, oui quand même, il fait pas tout petit tout petit.

  • Mathilde

    Non, non, non, ça...

  • Rébecca

    son poil a sauvé je pense.

  • Mathilde

    Oui. Ok, et toi, du coup, de découvrir ton bébé comme ça ?

  • Rébecca

    Ben là, ça a été dur. Ça a été très très dur de le découvrir comme ça, relié de partout, un tube dans le nez, les bip-bip, ça sonnait tout le temps, et ça, ouais, ça a été... Très très dur de le découvrir comme ça. Moi, je m'attendais à un gros bébé potelé. On m'avait dit que j'allais avoir un gros bébé potelé. Et puis, il est très mignon. Pour moi, c'est quand même le plus bébé du monde. Mais c'est là que je me rends compte en fait. C'est là que je me rends compte que ça y est, je suis une maman en fait.

  • Mathilde

    Est-ce que la culpabilité est toujours là ?

  • Rébecca

    Ah oui. Et depuis, elle ne m'a pas quitté.

  • Mathilde

    Oui, elle est toujours là. Et du coup, comment se passe la suite pour petit Charlie ? Comment il va déjà ? Est-ce qu'il récupère bien de toutes ses émotions ?

  • Rébecca

    Alors, l'atterrissage a été un peu dur. Il a eu un masque à oxygène pendant la première journée. Et après, il a eu des petites lunettes. Donc finalement, en fait, on ne peut pas vraiment le voir. Son visage, il y a tellement de choses sur son visage qu'on ne peut même pas vraiment le découvrir. Il a des gros nuages collés sur les joues, le masque, une sonde dans le nez pour s'alimenter. On me dit qu'il ne s'est pas têté. Donc, du coup, c'est bizarre un petit peu. Par contre, ce qui est bien, c'est que tout de suite, on nous propose de faire du pot à pot.

  • Mathilde

    D'accord.

  • Rébecca

    Et du lien. Et le premier pot à pot, il l'a fait avec son papa parce que moi, je n'étais pas capable d'être fatiguée. Donc, tout de suite, on nous aide à le prendre, à le manipuler, à le mettre contre nous pour faire deux, trois heures de pot à pot. Mais ça va, il s'en remet bien quand même. Petit à petit, il arrive à prendre quelques millilitres de lait par-ci, par-là, mais ça le fatigue beaucoup. Il dort beaucoup, mais il respire seul, juste avec des petites lunettes et sans le masque à oxygène, seulement au bout de quelques jours.

  • Mathilde

    Ok. Donc, il se remet quand même bien, mais il faut un petit peu de temps quand même pour retrouver un rythme normal.

  • Rébecca

    C'est ça, tout à fait.

  • Mathilde

    Ok. Et combien de temps ça va prendre du coup pour qu'il sorte de ce service ?

  • Rébecca

    Alors, en fait, on était toujours à une heure et quart de notre domicile.

  • Mathilde

    Et oui, forcément.

  • Rébecca

    Donc, on va en loger.

  • Mathilde

    On va pas se coucher où tu le voulais.

  • Rébecca

    Voilà, donc on logeait chez ma maman. Moi, au bout de trois jours, je suis sortie. Donc, j'ai dû faire les allers-retours avec mon mari pour pouvoir venir le voir. Donc, heureusement, ma mère n'habitait pas loin. Mais on avait demandé si on pouvait faire un transfert. Donc, au bout d'une dizaine de jours, on a été transféré dans une clinique qui accepte du coup les bébés primats, mais au-delà d'un certain nombre de semaines et qui n'ont pas besoin d'aide respiratoire, mais qui sont quand même trop justes pour rentrer à la maison. Donc, on a été transféré dans cette clinique qui est à 10 minutes de notre domicile, à côté de Rennes. Et au total, entre les deux. deux établissements, on est restés hospitalisés un mois.

  • Mathilde

    Donc quand même un certain temps de stress et de panormalité.

  • Rébecca

    Oui c'est ça, oui. Mais après, avec le recul, on a été quand même très coucounés je trouve. On nous a bien appris tous les soins, comment faire le bain. Comment laver le cordon, les oreilles. On a appris à connaître notre bébé finalement et lui aussi à nous connaître.

  • Mathilde

    Ok. Donc toi, c'est quelque chose que tu vis pas mal. C'est pas le mot, mais au moins, tu as pu prendre le temps et ça, tu le soulignes. Oui.

  • Rébecca

    Ce qui a été dur dans la deuxième clinique, c'était que les visites n'étaient pas autorisées. D'accord. Lorsque l'on a accouché à l'hôpital, les visites étaient autorisées et nous ça nous a fait du bien d'avoir nos familles et nos proches qui pouvaient venir nous voir à tour de rôle. Je sais que certaines mamans ne veulent pas de visite, veulent être tranquilles. Et là le contexte était tellement particulier qu'on avait besoin de soutien.

  • Mathilde

    Oui et puis cette décision est quand même propre à chacun. Il y en a qui préfèrent avoir du monde et d'autres pas du tout.

  • Rébecca

    Du coup, dans cette clinique, pour voir du monde, les gens m'attendaient sur le parking. J'allais les voir sur le parking pendant que mon mari gardait Charlie pour que je puisse prendre l'air un petit peu. Parce que j'avais la chance quand même d'être hospitalisée avec Charlie. On était tous les deux tout le temps. Donc ça, c'était une chance parce qu'à l'hôpital, j'étais sortie, je devais faire les allers-retours et je trouvais ça horrible de l'abandonner.

  • Mathilde

    J'avoue que je pense que c'est la chose la plus dure pour une maman qui vient de donner une naissance à un enfant, c'est d'être séparée de lui tout de suite.

  • Rébecca

    Je trouve ça horrible et je ne comprends pas que ça puisse encore être le cas, parce que là, les chambres sont tellement petites qu'il y a à peine la place pour mettre une couveuse et un fauteuil. On vient d'accoucher, certaines ont des grosses cicatrices, des points et tout, on ne peut pas rester assise sur un fauteuil. toute la journée les chambres sont aussi grandes que des placards à valais presque donc c'est lamentable mais il n'y a pas le choix quoi oui toute façon tu fais ton enfant et là tu restes et tu y reviens c'est ça mais comme le disent les puéricultrices il faut que maman et papa soient en forme pour que bébé soit en forme et elles ont raison c'est vrai

  • Mathilde

    Et ça, on ne l'entend pas, je pense, quand on est dans cette situation. C'est bébé qui passe avant tout. D'ailleurs, je pense que les premières fois où on devient parent, c'est qu'un bébé passe avant nous et avant tout. Et ce n'est pas forcément le meilleur des choix à long terme.

  • Rébecca

    C'est ça. On s'oublie.

  • Mathilde

    Ok. Donc du coup, cette hospitalisation... Tu n'as pas eu de mauvaise surprise, de petites surprises de haut et de bas ? Ça allait plutôt linéairement ?

  • Rébecca

    Non, la prématurité c'est toujours un pas en avant, deux en arrière, un jour ça va, le lendemain ça ne va pas. C'est vraiment les montagnes russes. On a cru perdre Charlie plusieurs fois. Il faisait des brades écardies, comme la plupart des prématurés. Il s'oublie un petit peu quand il dort, donc il y a le rythme cardiaque qui ralentit, qui ralentit. Et ça fait peur parce qu'à tout moment du jour et de la nuit, ça arrive. Il y a toute l'équipe médicale qui arrive dans la chambre, ça sonne dans tous les sens. Donc ça, ça fait peur. Ça fait peur parce qu'on se dit, aujourd'hui ça va, mais comment ça va être demain ? On se dit, allez, encore un jour de gagné, est-ce qu'on voit le bout du tunnel ?

  • Mathilde

    Donc tu as vraiment vécu ces hauts et ces bas tout le temps ?

  • Rébecca

    Oui, et puis on posait toujours des questions. Est-ce qu'on va sortir ? Dans combien de temps ? Et la réponse était toujours, aujourd'hui la journée s'est bien passée, on verra demain. En fait, chaque jour après l'autre, petit pas par petit pas.

  • Mathilde

    Ok, d'accord. Et à partir de quel moment du coup ça a commencé à sentir bon ?

  • Rébecca

    Déjà quand il a réussi à bien téter, à bien prendre ses biberons, quand il commençait à reprendre du poil de la bête et reprendre du poids, déjà il fallait qu'il retrouve son poids de naissance et au-delà. Je savais qu'on devait rester à l'hôpital au moins jusqu'aux 37 semaines. Sachant qu'il est né à 33 semaines, je m'étais dit qu'on va rester un mois à peu près. jusqu'à ce que le stade de la prématurité soit passé. Et en fonction de l'état aussi, on a fait des examens au niveau du cœur, au niveau des poumons, au niveau du cerveau, pour voir s'il n'y avait pas de lésions, si tout était normal, avant d'être autorisé à sortir.

  • Mathilde

    Et du coup, tu as fait un test,

  • Rébecca

    Nicolas, il n'a pas gardé de séquelles ? Non, non, non. On nous a dit que plus tard, peut-être qu'il y aurait des fragilités, fragilité au niveau des poumons, souvent malades, des bronchiolites, des choses comme ça. On nous avait prévenu de tout ça. Mais en tout cas, quand on est sorti, c'est que tout allait bien.

  • Mathilde

    Et du coup, le jour où on t'a annoncé, ça y est, vous pouvez sortir, route libération ?

  • Rébecca

    C'était bizarre comme sensation parce que... On avait l'impression d'être comme dans une petite famille où on connaissait maintenant tous les visages des soignants qui venaient, on connaissait tous leurs prénoms et on s'était bien installé en fait. On avait ramené beaucoup de choses de la maison. On avait hâte de commencer vraiment notre vie à trois, mais ça allait encore être un changement, une nouvelle aventure.

  • Mathilde

    Et puis il y a ce petit côté quand même rassurant, entre guillemets, c'est-à-dire que s'il y a un problème, d'être sur place.

  • Rébecca

    C'est ça. Là, j'avais juste à sonner, à demander est-ce que ça, ça, c'est normal. Que là, maintenant, il va falloir se débrouiller. Et là, ça allait être l'inconnu. Oui, c'était un mélange de plusieurs sentiments. C'était bizarre.

  • Mathilde

    Ok. Et ce retour à la maison a quand même été libérateur. C'est-à-dire qu'au moins cette étape de sa vie était finie.

  • Rébecca

    Ça a été stressant quand même le retour à la maison parce que ça ne s'est pas passé tranquillement comme on l'aurait souhaité. Le lait ne lui allait pas, on a dû trouver de l'épaississant, il ne buvait pas bien son lait. On ne faisait que d'appeler la maternité tout le temps. J'avais dit vous pouvez nous appeler à n'importe quel moment. Ah bah oui, on n'a pas hésité. J'ai failli même redire est-ce qu'on peut revenir s'il vous plaît en fait.

  • Mathilde

    Ok, d'accord. Et à partir de quel moment tu dirais que vous avez trouvé un rythme normal entre vous ?

  • Rébecca

    Je pense qu'au bout d'un mois à la maison, on avait pris notre pli. D'accord. On avait pris notre pli, mais une fois qu'on avait trouvé notre rythme, c'est à ce moment-là que le papa doit reprendre le travail et qu'il faut tous réorganiser encore.

  • Mathilde

    Allez, sujet des congés des parents, c'est un gros sujet.

  • Rébecca

    Déjà, la chance qu'on a eue, c'est que le papa a pu bénéficier d'un mois de congé en plus, parce que depuis 2019, il y a un congé qui est mis en place pour bébé hospitalisé dès la naissance. Et donc du coup, au final, il a pu rester quand même deux mois avec nous deux. Et ça, heureusement, heureusement.

  • Mathilde

    Souvent, c'est indispensable quand même d'être deux et de se soutenir mutuellement.

  • Rébecca

    Voilà, c'est ça. C'est exactement, même de créer du lien, de faire famille, d'apprendre à se connaître, à vivre ensemble.

  • Mathilde

    Et toi, comment tu ressors de cette aventure, physiquement, émotionnellement ?

  • Rébecca

    J'ai l'impression d'être, je ne sais pas, comme si un train m'était passé dessus. Après avoir rejoint l'association, j'ai compris une chose que dit la psychologue Myriam. Et dire en fait que la prématurité c'est un accident de la vie. C'est comme si vous avez eu un accident de la route. C'est un traumatisme en fait. Et c'est vrai qu'on le vit comme ça.

  • Mathilde

    Ok, c'est une bonne image. Pour moi ça parle.

  • Rébecca

    C'est ça. C'est ça, oui. C'est exactement comme ça qu'on le pensait. Ce n'est pas forcément évident de mettre des mots dessus. Mais oui, c'est la représentation que j'ai en tout cas.

  • Mathilde

    Ok. Et du coup, est-ce qu'il te faut un certain temps pour t'en remettre ? Est-ce que tu t'en es remise de là à ce jour ?

  • Rébecca

    Oui, aujourd'hui ça va beaucoup mieux. Déjà j'ai fait un travail sur moi-même avec une thérapie. J'en ai eu besoin je pense pour faire le point parce que déjà la reprise du travail a été très dure, devoir laisser mon bébé à quelqu'un d'autre que moi, le faire garder même que ce soit même par le papa, c'était même pas moi. Je voulais vraiment tout contrôler et donc il a fallu apprendre à lâcher prise. Donc le fait de faire une thérapie, de faire une formation pour pouvoir rejoindre l'association SOS Préma aussi en tant que bénévole, faire tout ce cheminement-là petit à petit m'a permis, on va dire, de baisser mon niveau de culpabilité et de comprendre certaines choses.

  • Mathilde

    Et du coup, tu nous as dit au tout début de l'épisode que tu avais un deuxième enfant. À partir de quel moment tu t'es dit je suis prête à recommencer

  • Rébecca

    On s'était toujours dit qu'on voulait plusieurs enfants. Ça, c'était toujours notre souhait. Mon mari est enfant unique et il a toujours dit qu'il souhaitait plusieurs enfants, moi aussi. Mais voilà, il a fallu laisser du temps au temps et on s'était dit qu'on aimerait un écart d'âge. Idéalement, bien sûr, selon la nature, 3-4 ans d'écart.

  • Mathilde

    D'accord.

  • Rébecca

    Et voyant l'école arriver, on s'était dit, peut-être qu'on pourrait commencer à envisager d'avoir un deuxième enfant. Mais moi, j'étais stressée sur comment ça va se passer. Je sais qu'une fissure de la poche des os, ce n'est pas comme si c'était une maladie. Ce n'est pas de la génétique. C'est arrivé. Ça ne va pas forcément arriver une seconde fois.

  • Mathilde

    Oui, et ça n'a pas de cause en soi. C'est juste arrivé comme ça.

  • Rébecca

    Mais c'est dur à comprendre. C'est dur à comprendre qu'il n'y a pas de cause. Il y a des filles que je côtoie qui ont eu une préeclampsie. Donc, il y a une raison. Je ne sais pas si c'est pire qu'il n'y ait pas de raison, en fait. En fait, c'est ça qui a été dur pour moi d'accepter, qu'il n'y ait pas de raison. Parce que du coup, je m'étais dit, est-ce que c'est à cause des photos qu'on a faites l'après-midi ? Est-ce que j'ai trop marché ? Est-ce qu'on a fait trop de voitures ? Est-ce que ceci ? Est-ce que cela ? Et au final,

  • Mathilde

    le fait qu'il n'y ait pas de raison, ça t'a poussé à chercher absolument une raison qui était vraiment ta faute. Oui,

  • Rébecca

    voilà, c'est ça. Je me cherchais vraiment des poux dans la tête.

  • Mathilde

    Oui. Ok, d'accord. Oui, donc du coup, la culpabilité et le fait de te... Ça ne te rassurait pas pour te faire un projet bébé de quoi que tu dirais, potentiellement, je vais refaire la même erreur. Si, ce n'était pas ta faute.

  • Rébecca

    En tout cas, je me suis dit que pour un deuxième enfant, c'était... C'était sûr qu'on allait avoir un autre suivi et je voulais vraiment faire tout ce dont j'avais envie pour cette deuxième grossesse.

  • Mathilde

    Donc là, tu t'es dit que ça serait forcément un accouchement physio pour le coup et peut-être plus préparé.

  • Rébecca

    C'est ça, exactement. On retourne voir à l'hôpital pour refaire s'ils nous acceptent la filière physio. Donc au début, ils n'ont pas dit oui. ils ont réfléchi et puis ils ont dit oui c'est d'accord on veut bien vous suivre mais il faut dépasser les 37 et ça. Donc on a dit oui oui promis on va faire tout ce qu'on peut et on s'est préparé plus tôt. Donc j'ai fait des séances d'autonomie, au début mon mari il n'était pas trop choqué qu'est-ce que c'est que ce truc ? Et puis c'est bien parce que l'autonomie on peut commencer tôt. Donc on a commencé dès 4 mois et demi de grossesse à faire des petits mouvements, à sentir le bébé bouger. Donc tout de suite on a pu se projeter et à bien apprendre à créer une bulle tous les trois.

  • Mathilde

    Oui, ok. Et donc là tu te sentais bien avec cette grossesse, avec la grossesse déjà se passer bien, est-ce que tu te sentais bien ?

  • Rébecca

    Alors le premier trimestre... Pareil, plus malade même que la première grossesse. J'ai perdu beaucoup de poids. Dès que je mangeais, je revomissais. C'était une catastrophe. Je n'avais même pas le temps de payer mon repas au restaurant qu'il était déjà parti. Donc, c'était compliqué. Mais sinon, le reste de la grossesse se passait bien. J'ai été arrêtée très tôt. Et pour cette grossesse-là, j'étais suivie par une gynécologue. par contre et non par une sage-femme.

  • Mathilde

    Ok. Et ça, tu le visais plutôt bien, ça te rassurait peut-être ? Oui.

  • Rébecca

    C'est ça, exactement. On était rassurés et tous les mois, on avait une échographie pour bientôt vérifier qu'il n'y ait pas de malformations, que tout se passait bien.

  • Mathilde

    Ok. Donc, tu avais quand même un suivi plus poussé, ce qui devait te rassurer.

  • Rébecca

    Oui, exactement. Et aussi des prises de sang plus poussées tous les mois. Ok,

  • Mathilde

    d'accord. Et du coup, tu trouves Tu te prépares physio, tu fais de l'atomie, tu fais autre chose ?

  • Rébecca

    J'ai fait un petit peu d'hypnose, un tout petit peu, pour apprendre à gérer mes respirations. J'ai aussi fait des ateliers de danse prénatale. C'était super sympa. Et puis, sinon, je faisais pas mal de promenades, de marches et tout ça. Donc, beaucoup de lectures et d'écoutes de podcasts.

  • Mathilde

    D'accord. Et du coup, tu finis par passer cette étape des 33 semaines ?

  • Rébecca

    Alors oui, chaque cap était très important pour nous. Il y avait le cap de la viabilité du fœtus, 24-25 semaines, on sait que là il sera viable et il pourrait être sauvé si il m'arrive quelque chose. Le fameux cap des 33 semaines, il y avait beaucoup d'angoisse autour de ce troisième cap. Déjà, est-ce que je peux aller faire ma troisième écho ? Oui, tout va bien. Donc déjà, ça c'est fait. Après 33 semaines, là c'est bon, on est bon. De toute façon, tout était prêt à la maison. Ce n'est pas comme le premier. Finalement, quand c'est un deuxième, il n'y a pas grand-chose à racheter. Donc, je l'ai fait très tôt, ma valise de la maternité, la valise de bébé était aussi prête. Tout était très très prêt. Des plats étaient aussi mis au congèle. Là, il y avait beaucoup de préparation et... Non, j'ai perdu le fil. Je ne sais plus ce que je voulais dire.

  • Mathilde

    Donc, il est que tu es très prête à avoir le coeur des 33 semaines parce qu'au cas où ça se passe, ça peut aller mal.

  • Rébecca

    C'est ça. Dès que les 33 semaines sont passées, il y a eu vraiment à lâcher prise.

  • Mathilde

    Ok.

  • Rébecca

    Là, je me suis dit, c'est bon. Du coup, je peux faire ce que j'ai envie. Je me limitais quand même en termes de voiture et tout ça sous conseil de la gynéco. Et puis, elle m'avait dit, autour des 37 semaines, Après, c'est bon, je peux reprendre une vie quasi normale en fait.

  • Mathilde

    Ok.

  • Rébecca

    Donc,

  • Mathilde

    c'est ce que tu fais ?

  • Rébecca

    Oui. À la 37e semaine, on avait les derniers rendez-vous d'autonomie. On avait la visite de la filière physiologique. Donc, on a pu tout faire. J'ai trouvé ça génial. On a fini la préparation à l'accouchement. On a visité la filière, la bulle. Donc c'était chouette de pouvoir tout clôturer. On était trop contents.

  • Mathilde

    Ok. Et alors du coup, comment ce bébé arrive ? Comment ça se passe ?

  • Rébecca

    Alors ce bébé est arrivé le 18 avril. J'ai perdu les os dans le lit la nuit d'avant. Et c'est rigolo parce que je fais partie d'un groupe. sur WhatsApp, ça s'appelle le Blizz Gang, mai 2024, et on est 120 mamans à accoucher petit à petit, et il y avait des mamans qui disaient Moi j'ai mis des allèges dans le lit, moi j'ai mis des serviettes de plage dans le lit au cas où il faut perdre les os. Donc du coup, la veille au soir, je dis à mon mari Il faudrait peut-être mettre des serviettes en plus dans le lit au cas où je perde les os, parce que comme ça, on ne va pas ruiner le matelas. Donc à 2h du matin, je sens un gros liquide chaud qui coule entre mes jambes. Je regarde mon fils qui est à côté de moi en train de dormir dans le lit. Je regarde mon mari qui dort aussi à côté. Je me dis bon, ça va être pour aujourd'hui. J'attends un petit peu avant de comprendre est-ce que c'est vraiment une perte des os ou juste la poche qui s'est rompue. Je me dis non, là c'est vraiment la grosse perte des os quand même.

  • Mathilde

    Oui, tu recrochais un petit peu.

  • Rébecca

    Oui, mais ce n'est pas comme l'autre fois. Du coup, je réveille tout doucement mon mari. Je lui dis, ça va être pour aujourd'hui. J'ai perdu les os. Il regarde, il voit deux heures du matin. Il fait, aïe, aïe. Et du coup, je me lève, finir de fermer les valises, chercher des protections. On attend le dernier moment avant de réveiller mon fils. Du coup, pour... pouvoir du coup l'emmener chez la nounou qui avait accepté de le garder pour finir sa nuit et la journée. Donc on a fait un travail.

  • Mathilde

    Elle avait accepté l'état d'urgence au cas où ça arrive en pleine nuit.

  • Rébecca

    Quand on l'a réveillée, on lui a dit oui, oui, emmenez-le, bien sûr, il n'y a pas de soucis. Nos deux mamans sont à une heure et quart de route et très près, donc elles ne pouvaient pas forcément tout de suite venir.

  • Mathilde

    Et oui, toujours le stress quand il y a déjà un aîné, de se dire comment je vais faire pour mon revenu.

  • Rébecca

    Voilà, autrement on avait dit sinon il y aura nos voisins, autrement qu'ils pourront accepter. Mais c'est sûr que la nuit, ce n'est pas forcément évident. Mais ça nous a aussi rassurés parce qu'on s'est dit au moins il n'y aura pas de bouchons sur la route pour aller à l'hôpital. Donc du coup, on a déposé le petit, il était 4h, non, 3h30 qu'il était. chez la nounou et on est arrivés à 4 heures à la maternité.

  • Mathilde

    Ok. Et donc, toi, il va à la maternité. Comment ça se passe sur place ?

  • Rébecca

    Je suis un peu déçue parce que la salle physio est déjà prise par une maman. Ah, je vous remercie. Je n'ai pas le droit à ma salle physio. Donc, elle me monte quand même une chambre où il y a une grande baignoire. Elle me dit bon, ça va Elle me ramène aussi des... Tout ce dont j'ai besoin, un ballon si je veux. Elle m'accroche aussi une grande tige auquel je peux me suspendre sur le lit. Donc, elle fait tout pour m'aider, même si elle me dit qu'il y a beaucoup de femmes qui vont accrocher. Là, il y a énormément de monde. Je dis, super. Elle me dit, mais vous êtes tous les deux. Je viens vous voir de temps en temps. et on voit comment ça avance. Le travail s'est lancé petit à petit, la lumière était tamisée. On avait des playlists qu'on avait prévues. Au début, j'écoute la playlist du petit, donc avec toutes ces comptines, ces chansons, les pubs, ça m'a tuée. Ça me déconcentrait. J'avais emmené un peigne, j'avais emmené des sucettes. J'avais essayé de trouver des outils un petit peu par-ci, par-là qui allaient m'aider. Et j'ai pris un long bain pendant plus d'une heure. Comme ça, mon mari a fait un petit repos.

  • Mathilde

    Pour prendre des forces aussi.

  • Rébecca

    C'est ça, oui. Et puis par contre, à la sortie du bain, vers 7h30, 8h, moins le quart, ça s'est vraiment intensifié les contractions. Là, je commençais à faire des vocalises, à râler vraiment, faire des gros bruits et j'avais du mal à reprendre mes respirations. C'était juste au moment du changement d'équipe, autour de 8h du matin en plus. Il y avait la sage-femme, elle était déçue parce qu'elle ne pouvait pas voir la fin du travail. Et la nouvelle sage-femme, la pauvre à peine elle est arrivée, direct il a fallu m'accoucher. Du coup, c'était une sage-femme que j'avais déjà vue pendant mon suivi. Donc, j'étais contente de voir un visage familier.

  • Mathilde

    Et le courant était bien passé avec elle, il n'y avait pas de soucis ?

  • Rébecca

    Voilà, exactement. Ça s'était très bien passé. On a accepté qu'il y ait une sage-femme à l'école. Donc, du coup, elles étaient deux. Et puis, du coup, l'accouchement s'est passé assez vite, même si j'avais l'impression, je ne faisais que dire à mon mari, mais ça déchire. là-dedans j'en peux plus, ça déchire tout. Et donc du coup elles ont vu à ma tête que c'était le moment qu'il fallait intervenir maintenant.

  • Mathilde

    Et t'as pas craqué cette fois sur une péridurale ? T'as tenu bon ?

  • Rébecca

    J'y ai même pas pensé, j'y ai pas pensé du tout.

  • Mathilde

    C'est bien ça !

  • Rébecca

    J'ai eu cette phase un petit peu de désespérance, j'étais un peu en pleurs, mais je l'ai pas demandé, j'y ai vraiment pas du tout réfléchi à ça. J'étais tout le temps très dur.

  • Mathilde

    C'est très dur, mais tu n'as pas pour autant de chercher la solution miracle pour te soulager.

  • Rébecca

    C'est ça, exactement.

  • Mathilde

    Et donc, là, pour le coup, tout va assez vite quand même.

  • Rébecca

    Oui, du coup, Madeleine, elle est née il était 9h du matin, en fait.

  • Mathilde

    Ah oui, donc c'était quand même très rapide.

  • Rébecca

    Et puis, j'ai... J'ai accouché accroupie à côté du lit et je me tenais aux bras de mon mari. Les sages-femmes étaient derrière moi pour récupérer Madeleine et elles m'ont aidée à la prendre devant moi, que je puisse la mettre directement sur mon ventre pour m'allonger.

  • Mathilde

    Est-ce que vous voulez la prendre ?

  • Rébecca

    Oui, ça a été complètement différent.

  • Mathilde

    Beaucoup plus serein, beaucoup plus sain. Rien à voir.

  • Rébecca

    C'est ça, rien à voir. Et puis c'est rigolo, je n'ai même pas pensé à mettre la bouse de l'hôpital, j'ai accouché avec ma robe. Mais n'importe quoi !

  • Mathilde

    Tant mieux parce qu'on aurait pu t'obliger à la porter et te casser dans ta bulle là au moins, tu étais complètement comme à la maison.

  • Rébecca

    Mais oui, c'est après, quand j'ai vu la blouse, je me suis dit, Oh, mais je n'ai même pas mis la blouse de l'hôpital ! Et là, c'est beau parce que du coup, elle était directement sur moi en peau à peau. Le placenta est descendu comme il fallait. Une petite déchirure, mais rien, pas de poing, rien non plus. Parce que j'avais vraiment l'impression que ça allait être catastrophe en bas. Puis finalement, non.

  • Mathilde

    Oui, au final, tu n'as pas déchiré du tout pour les deux fois.

  • Rébecca

    Non, pas une petite déchirure, mais naturelle. Ok. C'était vraiment la toute en sérénité et en douceur.

  • Mathilde

    Et ça t'a fait quoi cette fois de découvrir ta fille directement, de pouvoir profiter directement et pas d'avoir tout le médical qui s'interpose ?

  • Rébecca

    C'était beaucoup d'émotion et c'est comme si je remerciais mon corps en fait. Comme si j'étais réconciliée avec lui un peu.

  • Mathilde

    Ok. Ça t'a un petit peu guérie du premier accouchement, quoi.

  • Rébecca

    Oui, on va dire ça.

  • Mathilde

    Si, c'est pas tout à fait le cas, on est d'accord. C'est vrai que c'est une expérience.

  • Rébecca

    C'est un peu ça, oui. Ça m'a réconciliée et je me suis dit, oui, j'en étais capable. J'étais un peu fière quand même.

  • Mathilde

    Oui, tu peux. Et puis, tu as été capable d'aller à terre, mais je pense que ça, même pour toi et ta confiance en toi, ça a été libérateur.

  • Rébecca

    Oui, du coup, Madeleine, elle est née à 38 semaines et 3 jours. Donc, du coup, je suis contente.

  • Mathilde

    On a passé le cap des 33 et des 37 semaines.

  • Rébecca

    C'est ça, exactement.

  • Mathilde

    Et en pleine forme directement.

  • Rébecca

    Oui, oui, oui.

  • Mathilde

    Ok. Et du coup, aujourd'hui, comment tu te sens après ces deux accouchements et ces deux enfants ?

  • Rébecca

    Comment je me sens ? Il y a toujours une petite hanche de culpabilité qui traîne. J'ai toujours ça en moi, mais même dans mon rôle de maman aujourd'hui, je dirais, il y a une forte envie de protéger ces deux enfants de tout. J'ai l'impression de vouloir vraiment tout faire pour eux, peut-être dans l'excès, c'est sûr. Mais du coup, il y a cet instant de protection, peut-être aussi d'hypervigilance. Il y a l'envie aussi de devoir communiquer auprès de ça, parler de la prématurité et l'envie d'aider aussi tous les parents que je côtoie autour de moi qui vivent de près ou de loin la même chose avec des enfants nés trop tôt.

  • Mathilde

    Du coup, c'est peut-être le moment de dire que tu es en préparation d'un livre. Est-ce que tu veux en parler un petit peu ?

  • Rébecca

    Oui, oui, oui. Alors, voilà, j'ai écrit un livre qui retrace notre histoire, notre quotidien pendant un mois, pendant un an, pardon, de la naissance de notre fils jusqu'à ses un an à peu près. Mais c'est aussi un recueil de quelques témoignages de parents. J'avais fait un sondage, ils ont été nombreux à répondre à mes questions. que ce soit sur la découverte de leur enfant, sur à quoi ils s'attendaient, sur comment se préparer à la prématurité. Et une partie des bénéfices va être reversée à l'association SOS Préma qui se bat pour justement le bon développement des enfants et le bien-être aussi des parents. Donc c'est pour ça, je trouve que ça manque ce genre de témoignages aujourd'hui. J'en ai lu beaucoup autour de moi. mais les témoignages s'arrêtent aux portes de l'hôpital. Et on ne sait pas comment ça se passe après. Donc, je trouvais que ça manquait. Et c'est ce que me demandent toujours les parents lorsque je leur en visite à l'hôpital. Comment ça va à la maison ? Comment vous vous en sortez ? Est-ce que vous trouvez des médecins ? Plein de questions comme ça. Et heureusement qu'il y a des relais pour les informer parce qu'ils sont perdus. Tout comme nous, on peut l'être déjà lorsqu'on a un enfant qui n'est pas né prématurément. Oui, on a tous des questions qu'on se pose et on est content de trouver les informations, quelles qu'elles soient.

  • Mathilde

    Oui, et puis ça rejoint un petit peu cette idée de cocon à l'hôpital, où en cas de besoin, quelqu'un est toujours là, alors que dès qu'on est à la maison, il n'y a plus personne, on est tout seul et on fait comment ?

  • Rébecca

    C'est ça, exactement. Surtout aujourd'hui, nos familles sont vraiment toutes éparpillées. On dit qu'il faut un village pour nous aider lorsqu'on accouche, mais ce village n'est pas forcément à côté de chez nous. Il n'y a pas forcément nos mères, nos grands-mères, nos tantes qui peuvent nous renseigner tout de suite, qui habitent la porte à côté pour venir nous aider. Donc, ce qu'on va rechercher, c'est qu'on va regarder sur les réseaux s'ils perdent et voilà.

  • Mathilde

    En tout cas, c'est un très beau projet. C'est vrai que ce que tu dis a plein de sens. Merci à toi de l'avoir mis sur place et il sera très bientôt disponible. Oui,

  • Rébecca

    bientôt. Il est en phase de relecture pour voir si tout est OK. De toute façon, il sera sorti pour la journée mondiale de la prématurité qui a lieu au mois de novembre.

  • Mathilde

    OK.

  • Rebecca

    Merci beaucoup à toi d'avoir parlé de tout ça et d'avoir partagé ton expérience qui était très intéressante et qui, je pense, j'en suis sûre, aidera d'autres parents dans cette situation ou qui veulent en tout cas se préparer au cas où ça arrive.

  • Rébecca

    Merci à toi en tout cas de m'avoir proposé de discuter de tout ça, de ce projet aussi qui me tient beaucoup à cœur.

  • Rebecca

    Merci beaucoup d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. S'il t'a plu ou si le podcast de manière générale te plaît, n'hésite pas à me laisser une petite note sur ton application d'écoute préférée. 5 étoiles, ce serait l'idéal. Et pour découvrir d'autres histoires aussi passionnantes qu'intéressantes, rendez-vous mercredi prochain. A très vite !

Share

Embed

You may also like