- Speaker #0
Hello maman et bienvenue sur Balance ton accouchement, le podcast qui ressent ces histoires d'accouchement, qu'elles se soient bien ou mal passées, car toute histoire mérite d'être entendue. Vous écouterez ici des parcours faciles ou difficiles, des expériences uniques et surtout de la bienveillance et de la sincérité. Alors que tu sois maman, papa, future maman, futur papa ou simplement intéressé par l'accouchement et par ce qu'il fait traverser aux femmes et aux hommes, tu es le bienvenu par ici. Moi je suis Rebecca. Maman de deux enfants et complètement bouleversée par les accouchements et la maternité. Alors, sans plus attendre, voici le nouvel épisode du jour.
- Speaker #1
Alors bonjour, merci à toi Ndangang pour ce nouvel épisode du podcast. Alors pour commencer, est-ce que tu pourrais te présenter s'il te plaît en me donnant ton prénom, en me disant combien d'enfants tu as et quel âge ils ont ou il a, en ajoutant tout ce que tu aurais envie.
- Speaker #2
Alors moi je m'appelle Mélanie. J'ai un enfant à moi qui a 10 mois, une petite fille. Pas 10 mois, n'importe quoi, 20 mois. 20 mois et j'ai un beau-fils de 10 ans.
- Speaker #1
Ok, d'accord. Donc une expérience très différente.
- Speaker #2
Oui, c'est différent, effectivement.
- Speaker #1
Ok. Alors, première question que je pose à chaque fois. Est-ce que tu avais pensé accouchement ? Dès le début de ta grossesse, c'était quelque chose qui te faisait peur, qui te donnait envie, ou alors à laquelle tu ne pensais pas spécialement ?
- Speaker #2
Étrangement, je ne me suis pas trop projetée sur l'accouchement, alors que je suis quelqu'un d'excessivement anxieux, et j'ai eu tendance à tout anticiper, mais là, pas vraiment. Je pense que j'ai eu tout le truc à penser avant, et ça a pris le pas sur l'accouchement. Donc non, jamais été trop nerveuse au niveau de l'accouchement.
- Speaker #1
Ok, d'accord. Alors du coup, est-ce que depuis un moment vous avez lancé Projet Bébé ?
- Speaker #2
Je pense qu'on voulait tous les deux, dès le départ où on s'est mis ensemble, on savait tous les deux qu'on voulait avoir des enfants. Mon conjoint voulait un autre enfant, et puis moi je savais depuis longtemps que je voulais avoir des enfants. Mais je pense qu'on a commencé à essayer au bout d'un peu moins d'un an et demi où on était ensemble. Donc c'était... C'était à peu près ça, vers 2019 je pense, on a commencé à essayer.
- Speaker #1
Ok, et du coup, est-ce que BMI a mis longtemps à arriver ?
- Speaker #2
Oui, ça a été compliqué.
- Speaker #1
J'ai entendu la date, du coup je suppose que oui.
- Speaker #2
Oui, pendant deux ans il ne s'est rien passé, il n'y a eu aucun signe, aucun retard, ni rien. C'était un peu frustrant, il ne se passait vraiment rien. Au bout de deux ans, je me suis dit on va prendre rendez-vous chez une sage-femme. J'ai pris rendez-vous chez une sage-femme qui, elle, n'a rien trouvé d'anormal. Elle nous a renvoyé en biologie de la reproduction. Donc là, c'était six mois de délai parce que mon rendez-vous avec la sage-femme, c'était en août 2021. J'ai eu mon rendez-vous en biologie de la reproduction en février 2022. Donc les délais sont longs. Elle avait aussi programmé une échographie pelvienne pour vérifier que tout allait bien avant le rendez-vous. Donc moi, ce que j'avais fait, c'est que j'avais pris les deux rendez-vous le même jour, l'échographie le matin et puis le rendez-vous en biologie de la reproduction l'après-midi. Donc, on est arrivé en février 2024. Alors ça, c'est quand même important. J'avais rendez-vous le 28 février en biologie de la reproduction, sauf que le 24 février, j'ai une semaine de retard dans mes règles. Du coup, je fais un test de grossesse. Alors, je n'y croyais pas trop parce que j'avais entendu que le vaccin contre le Covid, ça pouvait dérégler un tout petit peu. Alors, je me suis dit peut-être que c'était ça. Mais bon, test de grossesse positif. Un premier, un deuxième. J'ai traîné mon mec jusqu'à la pharmacie pour en acheter un troisième où il y avait marqué enceinte, pas enceinte. Donc, voilà. Donc là, c'était positif. J'ai fait une prise de sang avec un taux qui était positif, mais pas élevé. Je me suis un peu inquiétée, mais on a annulé le rendez-vous en biologie de la reproduction, tout en gardant l'échographie. Finalement, l'échographie ne voit pas grand-chose, mais elle nous dit que c'est normal à ce stade. Par contre, elle nous fait refaire une prise de sang. À la prise de sang, on a vu direct que le taux avait chuté. Je savais que j'allais faire une fausse couche. Je n'avais aucun autre symptôme, mais je le savais. Le jour suivant... J'ai fait ma fausse couche au travail, c'était très sympa, très agréable. Mais voilà, ça, ça a été un peu dur à encaisser.
- Speaker #1
On aurait précoce la grossesse, mais quand même, ça ne se passe pas simple pour autant.
- Speaker #2
C'est ça, premier test de grossesse positive et après autant de temps de décès, c'est un peu dur. Surtout que, alors ça je tiens à le dire, mais tout le monde autour de moi me disait que c'était une bonne nouvelle puisque j'étais tombée enceinte. Sauf que moi, à ce moment-là, c'était pas du tout une bonne nouvelle. C'était juste...
- Speaker #1
C'est parce que t'as envie d'entendre, en plus, à ce moment-là, que c'est une bonne nouvelle.
- Speaker #2
Bah non, à ce moment-là, après coup, oui, bien sûr, tu te dis, au moins, je suis tombée enceinte, ça veut dire que c'est possible. Maintenant, à ce moment-là, dans les jours, les deux semaines, deux, trois semaines qui suivent, ce n'est vraiment pas l'état d'esprit dans lequel on est. Mais tout le monde me disait ça, mon médecin, mon mec, mes parents, tout le monde me disait ça. Après, je leur ai dit non, stop,
- Speaker #1
il faut arrêter avec ça.
- Speaker #2
Mais bon, on s'est dit qu'il y avait possibilité. Donc, on a recommencé à essayer. Et puis, il ne s'est rien passé pendant plusieurs mois. Donc, en juillet, on s'est dit, on reprend rendez-vous en biologie de la reproduction. Et là, on a rendez-vous en octobre 2022, du coup. Et voilà, on va au rendez-vous au CHU. Alors, il faut savoir que je suis sur Nantes. Et c'est particulier, le service de biologie de la reproduction, il est tout au bout d'un couloir. Et quand on passe dans ce couloir, on passe devant le centre pour l'avortement.
- Speaker #1
Ah, super !
- Speaker #2
C'est très mal fichu. Là, ils vont construire un nouveau CHU. Donc, j'espère qu'ils vont faire en sorte que ce ne soit pas... que ce soit pas pareil mais c'est quand même très particulier de passer devant et même pour les personnes qui viennent qui viennent avorter finalement parce que c'est spécial en fait ces deux mondes qui se croise finalement Voilà le rendez vous se passe bien le médecin un peu sec mais bon elle me pose beaucoup de questions très peu à mon conjoint après lui il avait déjà eu un enfant donc dit que et puis elle nous dit comme ça bon bah a priori on part sur une file Ok. Si vous n'y attendez pas forcément, vous pensez qu'il y aurait peut-être autre chose avant. Vous ne savez pas. Avec plein d'examens à faire, plusieurs examens à faire. On fait des examens. Et puis finalement, quand on vous retourne la voir début d'année 2023, tout est bon. Elle nous dit, comme vous n'y arrivez pas, on fait quand même une file. Ok. Donc j'ai entamé ma FIV en début mars 2023. Donc voilà, le classique, stimulation, prise de sang tous les deux de trois jours, écho tous les deux trois jours. Moi qui étais quelqu'un de très pudique, on oublie très très vite la pudeur.
- Speaker #1
On sait que c'est l'accouchement, ça te fait quand même perdre un certain nombre de pudeurs.
- Speaker #2
Ah bah oui. Et puis moi j'étais très anxieuse au niveau des médecins, et là c'est pareil, ça m'a complètement décomplexée. D'un moment, on ne réfléchit plus. On y va et puis c'est tout. Et puis moi, j'étais contente de faire ça parce que je me disais qu'au moins, j'avançais à quelque chose. Pour une fois, il ne s'était rien passé pendant plusieurs années du tout et on n'avait rien fait. On n'avait pas poussé la chose. On ne faisait que essayer. Et là, au moins, je savais qu'il y avait un coup de pouce. Donc, ça m'allait très bien. Je l'ai très bien vécu. Même les injections et tout, je m'en fichais. Ce n'était pas un problème. Je me disais qu'au moins, on faisait quelque chose pour que ça marche. Donc voilà il se passe 10 jours, 15 jours et puis vous dites 15 jours, on dit bon ben voilà, fonction ovocitaire, donc je vais faire ma fonction ovocitaire et ça se passe très bien. J'ai même réussi à plaisanter avec le médecin parce que j'étais dans les vagues complets donc c'était amusant. Et puis ça se passe bien, il y avait, on n'a pas eu grand chose au niveau de... enfin... Ils n'ont pas réussi à avoir grand chose, mais en même temps suffisamment pour pouvoir mettre en culture. Et au final, à J5, on avait trois blastocytes transférables. C'était une bonne nouvelle. Oui,
- Speaker #1
c'est déjà une belle collecte.
- Speaker #2
Voilà. En plus, trois qui tiennent à J5, elle m'a dit que c'était plutôt bon signe. Ça voulait dire qu'ils étaient solides. Donc voilà. Il faut savoir qu'à Nantes, ils refusent à moins d'un an. Dans certains cas particuliers où vraiment c'est compliqué, ils refusent d'en implanter plus qu'un pour éviter les grossesses à haut risque. Donc ils ne nous ont même pas posé la question. Moi, je n'aurais rien eu contre des jumeaux,
- Speaker #1
mais mon conjoint, moi,
- Speaker #2
donc ça allait. Donc ils m'ont implanté un et puis dix jours plus tard, le labo m'appelle et me dit c'est positif. Donc on a eu de la chance dans notre malheur, c'est-à-dire qu'on est passé par la file, mais en attendant... ça fonctionnait du premier coup. Donc, trop bien.
- Speaker #1
Du coup, c'est une grossesse qui s'accroche vraiment.
- Speaker #2
Oui, elle s'est accrochée. Après, elle nous avait dit qu'il y a 35% de chance. Moi, à mon âge, j'avais déjà... Passé les 30 ans, il y avait 35% de chance pour que ça s'accroche. On était dans les 35% de chance où ça s'est accroché et c'était super. Après, l'anxiété est arrivée à ce moment-là. J'ai commencé à avoir peur de la fausse couche, de la grossesse extra-utérine. Jusqu'à la toute première écho, c'était au bout de 7 semaines parce que quand on passe par une FIV, c'est plus tôt. J'ai été persuadée que j'étais soit en train de faire une fausse couche, soit en train de faire une grossesse extra-utérine, soit qu'il allait se passer un truc. Donc je vivais, puis moi c'était un enfer. Surtout que j'avais zéro symptôme de grossesse, mais zéro. Je sais qu'il y en a qui ont le bave, les gnosés, tout ça, moi j'ai rien eu. Donc je me sentais pas du tout enceinte, c'était compliqué. Et puis on est arrivée à la septième semaine, où on va au CHU pour faire la première écho. Donc c'est une toute petite salle avec un tout petit moniteur. C'est vraiment pas une écho, on sent que c'est pas la grosse écho officielle du premier trimestre. Mais n'empêche que tout de suite, elle me montre, elle dit « il y a un cœur qui bat » . Et je lui demande « mais il est au bon endroit ? » . Elle me fait « oui, oui, il est au bon endroit, il n'y a pas de souci, il est là où il doit être » . Je n'ai jamais été aussi soulagée de ma vie, je crois, j'ai pleuré de soulagement. Donc c'était génial. Et à partir de là, on commençait à se détendre un peu quand même. On se dit que cette semaine, il s'est accroché, il va bien. Bon, ça, c'est super. Et puis après, à l'écho du premier trimestre, là, c'est la vraie écho avec le grand écran. Et là, c'est pareil, tout allait bien. Donc, on était super contents. On a pu aller annoncer à tout le monde. Alors, nos parents savaient parce qu'on avait fait le parcours, on leur avait dit quand même. Mais sinon, on l'a annoncé à tout le monde. On était fous de joie. On l'a annoncé à mon beau-fils. Il était super content aussi. Donc c'était vraiment un moment sympa.
- Speaker #1
Ok, tout s'annonce bien. Oui.
- Speaker #2
Après, ça s'est compliqué.
- Speaker #1
Très vite,
- Speaker #2
en fait. En fait, déjà, on m'a diagnostiquée peu de temps après, diabète gestationnelle précoce. Mais vraiment, la première prise de sang, voilà. Donc je n'étais pas très haute, mais n'empêche que j'étais au-dessus de la moyenne. Donc moi, je l'ai très mal vécue à ce moment-là, parce que je me suis dit, oh là là, la cata et tout. Et puis finalement, comme je devais faire attention à ce que je mange, moi je suis grosse, enfin je suis plutôt grosse, donc voilà. Je perdais 200 grammes toutes les semaines, donc c'était... Mais elles m'ont dit que c'était normal, enfin ma sage-femme m'a dit que c'était normal, parce que dans mon cas, c'était normal que je perde du poids et que ça ne les inquiétait pas. Donc au moins, je n'ai pas pris de kilos de grossesse.
- Speaker #1
C'est l'avantage.
- Speaker #2
C'est l'avantage. Donc ça, bon, passe encore. Et on arrive à l'écho du deuxième trimestre. Alors on est super, super content. On y va parce qu'on se dit, on va voir notre bébé, c'est génial et tout. Elle nous fait l'écho, elle nous montre les jambes, les bras. On ne voulait pas connaître le sexe, donc on ne sait pas ça, mais voilà. Et donc nous, on est super content. Pendant trois quarts d'heure, ça se passe super bien. Sauf qu'au bout de trois quarts d'heure, elle nous dit, bon, par contre, il y a un souci, votre bébé est très, très petit. Il y avait un retard de croissance. sévère.
- Speaker #1
Normalement, en cas de diabète, on est plutôt sur des bébés qui sont un peu déjus.
- Speaker #2
C'est ça. Moi, on m'avait prévenu, on m'avait dit que le risque, c'est d'avoir un gros bébé. Oui. Là, non, il était estimé au septième percentile, donc que 7% des bébés plus petits que le nôtre. Donc, ça faisait vraiment petit et ça passait pas trop au niveau des flux. Donc, ça les inquiétait. Et elle commence à nous parler de préeclampsie possible.
- Speaker #1
Déjà dès maintenant. Merci.
- Speaker #2
Ah bah oui, là on était à la 22ème semaine je crois, donc elle nous dit que, je suis pas en train d'en faire une, mais elle nous dit qu'il faut surveiller. Et elle nous donne un rendez-vous avec un gynéco la semaine suivante pour qu'il refasse l'écho et qu'il voit avec nous. Donc lui pareil, il refait l'écho, 5ème percentile il nous dit, donc c'est vraiment du tout petit bébé. Et là lui commence carrément à nous dire, on préférerait éviter qu'il naisse entre la 24ème et la 26ème semaine parce que... On a du mal à les sauver à ce moment-là.
- Speaker #1
Ok. Alors,
- Speaker #2
on se prend un bon coup sur la tête. Et moi, à partir de ce moment-là, je vais compter les jours, les semaines. Tous les jours, je vais attendre de sentir le bébé bouger. Et je vais dire « Bienvenue à tant de semaines plus tant de jours. » Parce qu'à minuit, j'attends. Et quitte à le réveiller pour le sentir bouger. Parce que j'ai besoin de ça, parce que je suis hyper angoissée.
- Speaker #1
T'as déjà une obsession à aller savoir si ça va.
- Speaker #2
Ah, horrible. Mais déjà, je suis hyper anxieuse moi de base, alors là, ça a augmenté mon anxiété. Après, ma sage-femme libérale m'a mis direct en arrêt de travail, parce qu'elle a dit, après éclampsie, on rigole pas avec ça. Je voyais une endocrino pour le diabète gestationnel. Elle, elle m'a prescrit un monitoring fétal par semaine. Ma sage-femme nous dit la préparation à l'accouchement, on ne la fera pas en collectif, on la fait juste avec vous et on la fait en accéléré parce qu'il y a des risques d'accouchement prématurés.
- Speaker #1
Donc voilà, finalement... Dans tout le climat, c'est ça le tour de toi qui est gastré, c'est donc par ses mains...
- Speaker #2
Oui, mais en même temps, je me disais que finalement, je me suis retrouvée à aller deux fois par semaine chez ma sage-femme pour faire des contrôles. Donc elle me faisait prise de tension, plus les urines pour vérifier s'il y avait des protéines. rapport à l'après-éclampsie, plus le monitoring fétal, puis ensuite deux monitoring fétaux par semaine. Mais finalement, ça me rassurait parce que je me sentais surveillée et puis je me dis, s'il y a un problème, tout de suite, ça va être pris à temps. Pour moi, c'était très rassurant, finalement, tout ce côté médical. Et puis, j'entendais le cœur de mon bébé battre deux fois par semaine. Par contre, les cours de préparation à l'accouchement, je les ai faits, mais... Je ne sais pas, je sentais que ça n'allait pas me servir à grand-chose. Il y avait un truc où je me disais, « Ouais, d'accord, je n'ai fait aucun exercice. » Très mauvais élève, vraiment très mauvais élève.
- Speaker #1
Tu sentais que ça t'échappait un peu ?
- Speaker #2
Oui, ça m'échappait parce que je pensais vraiment à autre chose. Tout ce que je pensais, c'est qu'il faut qu'il s'accroche, il faut qu'il grossisse. Et j'allais toutes les deux semaines à l'hôpital pour faire soit un Doppler, soit une échographie de croissance pour vérifier que tout allait bien. et il me faisait monitoring aussi à chaque fois. Enfin, c'était... C'était quand même assez lourd, médicaments, parce que... Moi, je refusais qu'ils viennent à la maison. Je préférais me déplacer parce que je trouvais ça plus simple, en tout cas chez ma sage-femme. Donc voilà, c'était compliqué. À un moment donné, chez ma sage-femme, elle me prend ma tension quatre fois de suite. Elle me dit, bon, j'appelle le CHU, vous avez une tension élevée. Je ne sais pas à combien de semaines j'étais, peut-être à 28, je ne sais pas. Elle nous envoie au CHU, donc là... On y a passé 5 heures, ils ont été obligés de me piquer 6 fois pour réussir à avoir plus. Heureusement que je ne fais pas de malaise pendant qu'on me fait des prises de sang, mais je pense qu'eux, ils n'étaient pas fiers parce qu'ils n'aiment pas piquer autant de fois. À la fin, ils étaient en train de regarder sur mes chevilles pour voir s'ils ne trouvaient pas de veine.
- Speaker #1
Vous étiez à un stade...
- Speaker #2
Je suis un enfer à piquer, en plus il faisait froid, donc forcément ça n'aide pas pour les piqûres. Donc voilà, c'était deux fois que j'ai été aux urgences gynéco pour vérifier, parce que deux fois, ma sage-femme était inquiète. Mais bon, à chaque fois, ils m'ont renvoyée chez moi en me disant « tout va bien, ok, très bien » . J'ai eu quelques fausses contractions, parce que le stress, la fatigue, tout ça. Mais bon, finalement, tout allait bien, puis finalement, les semaines, elles ont commencé à passer, et ça allait. Moi, je comptais, alors j'en étais à un point, ça peut paraître horrible, mais je me disais « il ne faut pas que j'accouche avant la 24e semaine, parce que même si j'accouche d'un bébé qui ne vit pas, je ne pourrais pas le mettre sur mon livret de famille. J'en étais à ce point-là, j'étais tellement dans le négatif. Donc voilà, c'était vraiment horrible. On a passé les 24 semaines, on a passé les 26 semaines, on a passé les 28 semaines. Je me suis dit, ah bon, ça va. Ça allait, c'était pas fou, les examens n'étaient pas fous, mais ce n'était pas catastrophique non plus. Et on arrive finalement aux 32 semaines, donc le troisième écho. Donc là c'est pareil, on va à l'hôpital, on est super content, on se dit ça va, les derniers examens étaient bons, donc on y va. Elle a fait l'écho et à la fin elle nous dit je suis désolée mais je dois vous hospitaliser parce que ça ne passait plus entre le cordon et le bébé.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #2
Ce qu'il faut savoir c'est qu'on était dans une situation un peu particulière puisque j'avais attrapé le Covid trois jours avant.
- Speaker #1
Ok, donc la situation vraiment...
- Speaker #2
C'était pas cool. Pourtant, moi, je sortais quasiment pas, mais je pense que c'est mon conjoint qui avait dû l'avoir au boulot. Lui, il était asymptomatique, mais il me l'avait refilé. Donc, elle m'hospitalise en processeur au risque. Elle me fait les corticoïdes pour maturer les poumons du bébé. Ça fait très mal, ça, je trouve. J'ai eu très mal.
- Speaker #1
Ok, c'est bien de le dire parce que personne n'a jamais dit que ça faisait mal.
- Speaker #2
Je trouve que la piqûre, pour le coup, le liquide quand il passe, il fait mal.
- Speaker #1
Ok, c'est bien de le dire.
- Speaker #2
Mais après, c'est que deux piqûres. C'est une piqûre une fois, puis douze heures après, je crois qu'il y en a une deuxième. Mais voilà, je me retrouve en chambre de grossesse à haut risque avec que mon conjoint qui a le droit de venir me voir, les soignants qui viennent tous masquer, donc je ne reconnais personne, jamais. Et voilà, je suis toute seule. Franchement, sur le coup, je prends vraiment un coup sur la tête parce qu'en plus, on était en train d'acheter une maison. On devait déménager le week-end suivant. Mon petit-fils venait d'arriver en vacances. c'était les vacances de la Toussaint à la période On avait prévu que je pourrais être hospitalisée, donc pour la signature de la maison j'avais fait une procuration. Mais voilà, donc je me retrouve là-bas à devoir avoir trois cycles de tension par jour. Ils mettent le brassard de tension et puis pendant une demi-heure ils prennent la tension toutes les cinq minutes. Voilà, ça se trouve par jour. Trois monitorings fétaux par jour, un vers 10h30, un vers 16h et un vers 22h30. Et là j'apprends moi, enfin je leur demande ce qui est normal, ce qui est pas normal sur le monitoring parce que je veux savoir en fait, je veux savoir à quel moment je dois m'inquiéter si jamais je vois que le coeur du bébé commence à chuter ou quoi. Donc il m'explique que jusqu'à 100 ça va, si ça descend tout de temps et surtout que ça remonte pas, là il s'inquiète, vraiment.
- Speaker #1
Ok.
- Speaker #2
Ok, donc c'est important pour la suite.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #2
Voilà, ça se passe. Il se passe 5 jours comme ça. Et puis, le cinquième jour, j'ai le médecin qui vient me voir dans ma chambre et qui me dit « Bon, pour moi, les examens sont bien. On va pouvoir, moi, je pense, le faire sortir demain. »
- Speaker #1
Ok. Et du coup, le flux était revenu entre le cordon et le dos, du coup ?
- Speaker #2
Ils n'avaient pas refait de Doppler, donc je devais en faire un le lendemain. Mais tous les monitorings étaient bons. Je n'avais pas une tension trop élevée. les urines c'était bien aussi, les protéines il n'y avait pas de souci donc pour elle, elle trouvait que tous les voyants étaient ouverts et qu'il n'y avait pas de raison de me garder à l'hôpital elle me dit mais par contre faut que j'en parle en conseil enfin avec d'autres médecins pour valider la sortie et elle s'en va et moi je le vis super mal je veux pas sortir ok,
- Speaker #1
tu as été rationné d'être ennuyée oui je me disais si je sors
- Speaker #2
on ne peut pas surveiller, on surveillera moins. Et s'il y a un problème, on était à 25 minutes de l'hôpital. Alors, c'est pas... Je sais qu'il y en a qui sont beaucoup, beaucoup plus loin, mais 25 minutes, n'empêche qu'il faut y aller. Et vraiment, moi, je suis catastrophée. Je m'effondre, pas devant elle, mais dès qu'elle est partie, je m'effondre en pleurs parce que je n'ai pas du tout envie de sortir.
- Speaker #1
Ça te fait peur.
- Speaker #2
Je suis terrorisée, terrorisée. J'appelle mon conjoint, je lui dis mais je veux pas sortir. Il me dit mais il faut leur dire. Oui mais ils vont pas me garder parce que j'ai peur en fait. Donc ils ont pas que ça à faire, ils ont peut-être d'autres patients, peut-être d'autres chambres à avoir. Vraiment, je passe un très mauvais moment parce que je veux pas sortir. Bon, dans la soirée je finis par me calmer, d'autant qu'ils m'annoncent dans la soirée que ça y est je suis déconfinée.
- Speaker #1
Ok.
- Speaker #2
Donc ça, c'est trop bien. Ils me disent ça vers 20h, 21h. Et là, je sors de ma chambre en pyjama. Je me retrouve en pyjama et je découvre le service. Je descends jusqu'à la cafétéria en pyjama. Je me prends en photo. Je suis trop contente. Je suis trop heureuse, mais vraiment, là, c'est... La grande aventure. En plus, l'hôpital vide, c'est quand même quelque chose de très particulier. Donc c'est amusant. Et mon conjoint, il passe un super moment avec son fils aussi. Il l'emmène au resto, tout se passe bien. Je vais me coucher, ça va. Et le lendemain matin, je me lève, je fais ma petite vie tranquille. Et vers 9h, 9h30, je vais aux toilettes. Et en allant aux toilettes, je m'essuie, je regarde, parce que le réflexe de regarder s'il n'y a pas de sang ou quoi. Et là, il y a du sang. Et je panique.
- Speaker #1
Oui, forcément.
- Speaker #2
Ce n'est pas anormal, je me dis qu'il y a un souci. J'appelle, j'appuie sur le bouton pour appeler. Et là, l'aide-soignante met une éternité à arriver. C'est super long. Et moi, je suis en crise d'angoisse totale. Je me dis, il y a un problème, ça ne va pas du tout. En crise d'angoisse totale. J'appelle mon conjoint, je lui dis, ça ne va pas, je pleure et tout. En plus, ça ne l'arrive pas, je commence à paniquer. Et puis, je n'ose pas sortir pour l'activer. Je me dis, ça se trouve, il y a d'autres personnes qui ont plus besoin que moi. Donc, je ne veux pas. Et finalement, elle finit par arriver au bout de 20-25 minutes. Je trouve ça très très très long. Je me fais gronder parce que j'ai osé tirer la chasse d'eau dans les toilettes par réflexe.
- Speaker #1
C'est vrai qu'on y pense pas forcément.
- Speaker #2
Bah non, c'est un réflexe de tirer la chasse d'eau quand on va aux toilettes. Elle me dit, bon bah tant pis, je vous mets sur le monitoring maintenant. Ok.
- Speaker #1
Elle me pose le monitoring,
- Speaker #2
elle s'en va, elle me fait, si il y a un problème, vous nous appelez. Et là, je fixe le monitoring et très vite. Très très vite, je me rends compte qu'il y a un souci. Parce que le cœur du bébé qui était dans les 140-150, il commence à descendre, descendre, descendre, descendre, descendre. Il passe à 100, je me dis bon je vais attendre, on sait jamais, ça se trouve il va remonter. Et ça ne remonte pas, et ça descend sous les 100. Et là je me dis il faut que j'appelle. Donc j'appelle, et là elle arrive directe. dans la chambre. Je lui dis, il y a un problème, ça va pas. En espérant être prise au sérieux. Elle regarde, elle fait, ok. Il y a les médecins qui sont dans le couloir, ils sont en train de faire la tournée des chambres. Je les appelle. Elle y va, et puis, je sais pas, 20 secondes plus tard, le médecin arrive en courant dans la chambre. Et c'est là que tout s'emballe. Parce qu'elle se précipite sur moi. Elle prenne l'échographe. et commencent à faire une échographie et là je les entends, c'est la panique c'est un peu comme si j'étais pas là finalement parce qu'elles sont concentrées sur ce qu'elles regardent et elles disent oui il n'y a plus de liquide j'avais pas perdu les os du tout il n'y avait plus de liquide pourtant je n'avais rien perdu donc c'était j'étais là oh c'est bizarre quoi le placenta est tout petit et le coeur du bébé ralenti ok,
- Speaker #1
rien de bas
- Speaker #2
Non, mais c'était... Non, rien n'allait. Il y en a une qui me donne mon téléphone, qui me dit, appelez votre conjoint, vous allez peut-être accoucher aujourd'hui.
- Speaker #1
Surtout qu'en théorie, du coup, quelques heures plus tôt, t'aurais pu rentrer chez toi, c'est ce qu'ils t'avaient dit, du moins.
- Speaker #2
C'est ça, c'est ça. Je me dis, ça se trouve, juste après la tournée des chambres, ils faisaient leur petite réunion, et puis ils validaient ma sortie. C'était tout à fait possible. Après, peut-être, ils m'auraient fait faire un autre examen, je ne sais pas, mais oui. J'étais pas loin de sortir de chez moi, vraiment, j'étais à quelques heures de sortir de chez moi. Donc j'appelle Clément qui décroche et qui était en voiture avec son fils. Il s'apprêtait à l'emmener chez mes parents pour continuer le déménagement. Et il me dit, il me prend pas du tout au sérieux. Enfin, pas à la rigolade, mais il se dit, elle est encore en train de paniquer pour rien. Et à la limite, il est agacé. Il se dit, c'est bon, elle est en train de... de se stresser alors qu'il n'y a rien de spécial. Et je lui dis, mais Clément, il y a deux médecins et une infirmière autour de moi, il faut que tu viennes, en fait. Il faut que tu viennes.
- Speaker #1
Je ne suis pas toute seule, ce n'est pas ma tête.
- Speaker #2
Non, je ne suis pas en train de paniquer pour rien cette fois. Après, c'est un peu comme l'histoire de Pierre et Leloup, finalement, on crie. À force de paniquer pour rien, au bout d'un moment,
- Speaker #1
les gens nous prennent un peu en sérieux. Peut-être que c'est pris dans le déménagement, son fils, et tout ça, peut-être qu'il s'est dit, ils ont bien joué le truffe-fance.
- Speaker #2
c'est autre chose je ne lui en veux pas parce que Yves forcément me connaissant et avec le contexte qui va autour évidemment il a dû se dire en plus la veille je lui avais dit que j'allais pouvoir sortir donc c'était pas évident que ça allait mal tourner donc il me dit ok j'arrive et j'ai regardé quand même après j'ai mis 1 minute 20 à le convaincre qu'il fallait qu'il vienne à l'hôpital donc voilà Et c'était vraiment important. Je vois, donc je raccroche, je vois les médecins. Il y en a une qui arrache, je ne sais pas pourquoi ça m'a marqué cette image, elle arrache mon chargeur de téléphone, le balance sur le lit. Et je me dis, oula, je ne vais peut-être pas revenir dans la chambre tout de suite. Et ils m'embarquent dans le lit, dans les couloirs. Et elles parlent entre elles et quasiment pas avec moi finalement parce qu'elles sont trop occupées. Elles sont toujours en train de faire l'échographie tout le temps marchant. C'est vraiment, je ne sais pas, c'est vraiment le chaos. À un moment donné, j'étais dans le... dans le chaos là et puis je me... enfin je me laissais porter mais d'un seul coup je me dis mais mince il se passe quoi et je demande à une dame, enfin je lui demande au médecin, je lui dis mais est-ce que mon bébé va mourir et là elle me regarde et elle me dit vous savez madame si on veut dans dix minutes il peut être là je fais ok donc il me montre aux urgences gynéco et là il y a encore plus de monde qui arrive autour de moi À un moment donné, apparemment, ça s'est calmé, mais ça, je ne m'en souviens pas trop. Ils m'ont mis dans une salle, mais pendant peut-être deux minutes, parce que je n'ai aucun souvenir de ça, parce que le cœur était remonté un peu. Et puis, ils m'ont sorti de la salle. Et là, j'ai vu le médecin sortir son téléphone de service et dire au téléphone, il faut venir, on a une césarienne en code rouge. Là, j'entends code rouge. Moi, j'ai énormément regardé Urgence. Je sais ce que ça veut dire,
- Speaker #1
ce genre de choses. D'accord. Elle est avec conscience. Pas les cancers, est-ce qu'il se passait ?
- Speaker #2
Oui, mais je ne savais pas trop comment ça allait se passer finalement, parce que code rouge, je ne savais pas. Moi, j'avais eu zéro contraction, mais vraiment rien, aucune, à part les fausses contractions quelques mois avant, mais zéro contraction. Donc, c'était très, très particulier. On me dit que j'avais accouché alors qu'il ne s'est rien passé. Il y a un médecin qui arrive, assez jeune, je me rappelle, et elle a pris le temps de se pencher sur moi et de me dire Madame, le cœur de votre bébé ralentit vraiment trop.
- Speaker #0
Là, il faut le faire sortir maintenant. Par contre, on ne peut pas vous faire ni de péridurale, ni de rachianesthésie. Il faut le faire sortir maintenant. Donc ça va être une anesthésie générale, tout de suite.
- Speaker #1
Ok. Ah ouais, c'était vraiment l'urgence absolue.
- Speaker #0
Là, je pense que le cœur ralentissait vraiment trop et ne remontait surtout pas. Donc c'était un peu la cata. On était le 31 octobre. Et j'ai trouvé une infirmière à côté de moi qui me dit, qui dit, « Ah là là, c'est Igor, c'est bien le jour. »
- Speaker #1
Oh, l'horreur de cette phrase.
- Speaker #0
Non, mais tout le monde me dit que ça les choque quand je dis ça, mais moi, sur le coup, je ne sais pas pourquoi, ça a dédramatisé un peu la situation, et ça m'a fait sourire. Ok, j'ai dit, tant mieux. Tant mieux. Je me suis dit, c'est tellement absurde de dire un truc pareil, en fait, que...
- Speaker #1
Oui, quitte à être dans l'absurde, autant y'a du scobo en fait.
- Speaker #0
C'est ça, c'était tellement la folie autour de moi que, enfin je sais pas combien il y avait de personnes, il y avait peut-être une dizaine de personnes autour de moi, c'était vraiment terrible. Par contre je remercierais jamais assez le médecin qui a pris le temps de m'expliquer ce qui se passait, parce que jusque-là il l'avait pas fait. Les autres avaient pas pris le temps, elles étaient trop dans l'urgence. Et elle, elle s'est quand même penchée sur moi, elle m'a regardée dans les yeux et elle m'a expliqué. Et ça j'ai trouvé ça, enfin c'était super, Donc ils m'ont transférée sur un autre brancard, j'étais au bloc, je me suis endormie. Et puis voilà, j'ai pas du tout vécu la naissance de mon bébé, absolument pas, parce que je me suis réveillée en salle de réveil. Et puis je pense qu'ils avaient dû mettre une bonne anesthésie, parce que j'ai demandé à mon conjoint après, mais je me suis réveillée, lui il arrivait 20 minutes plus tard, ça c'est pareil, c'est une histoire, il arrivait aux urgences gynéco, puis lui il s'attendait à me retrouver en salle de travail. Il arrive, il attend, puis au bout d'un moment, quelqu'un lui dit « Vous êtes là pour quoi, monsieur ? » Il fait « Ma conjointe a appelé, apparemment, c'est quoi son nom ? » Alors il dit « Mon nom » . Et là, il y a une sage-femme qui arrive « Mais monsieur, il ne faut pas attendre là, il fallait venir directement. » Et elle lui dit « Vous ne refaites pas, votre femme et votre fille vont bien. »
- Speaker #1
Ok. Et là,
- Speaker #0
Clément la regarde, il fait « Ah, c'est une fille. » Ah,
- Speaker #1
vous ne saviez pas en plus.
- Speaker #0
Non, on ne savait pas, on ne voulait pas savoir. Enfin, on ne voulait pas savoir avant. Et il a fait, oui, oui, ne vous en faites pas, elles vont bien.
- Speaker #1
Super.
- Speaker #0
Donc lui, il a appris ça comme ça, mais je trouve que c'est dingue d'apprendre la distance de son enfant. Oui, oui,
- Speaker #1
c'est quand même bien aussi. C'est parce qu'on pense du moins.
- Speaker #0
Oui, c'est... Du coup, ils l'ont emmené en salle de réveil où j'étais, j'étais encore endormie. Donc je pense que j'ai mis peut-être trois quarts d'heure à me réveiller quand même, parce que ça a été un peu long. Et moi je me suis réveillée, j'étais à côté d'une grande vitre, il faisait très beau ce jour-là, et je me réveillais, j'ai l'impression de me réveiller d'une sieste en fait. Je suis là, je suis bien en fait, j'avais le soleil sur moi, et je ne me rends pas compte du tout de ce qui s'est passé.
- Speaker #1
Et tu as conscience que tu as accouché du coup à ce moment-là ?
- Speaker #0
À ce moment-là, non. Et puis, je retourne la tête et je vois mon conjoint qui est un peu avaché sur le lit, enfin, un moté couché avec... la tête dans les mains et puis il me regarde, il me sourit et il me dit, ça c'est la plus belle phrase de ma vie, il me dit on a une fille et elle va bien. Je suis émue à chaque fois que je le dis. Et là je le regarde, je fais c'est trop bien ! C'est trop bien. Alors moi j'avais pas vraiment de préférence pour une fille ou un garçon mais là d'un seul coup je me dis mais en fait c'est ce que je voulais, je voulais une fille quoi. Je sais pas pourquoi. Et il me dit on l'appelle comment ? parce qu'on est situés entre deux prénoms et il ne l'avait pas dit. En fait, il voulait que ce soit moi qui dise le prénom qu'on avait choisi. Il avait appelé nos parents pour leur dire que le bébé était né, mais il a dit le bébé est né. Il n'a pas dit si c'était une fille ou un garçon. Il voulait que je sois la première à le savoir. Et vraiment, c'est trop beau. Oui,
- Speaker #1
l'attention qu'il a eue quand même à l'heure de l'urgence absolue, c'est vrai que c'est bien.
- Speaker #0
Oui, il a été super. donc je le regarde et puis d'un seul coup enfin On hésitait vraiment entre deux prénoms, je le regarde, je lui dis « on l'appelle Sybille » . Il me fait « ok, d'accord, très bien, on l'appelle comme ça » . D'un seul coup, après réflexion, l'autre prénom qu'on avait choisi était très bien aussi, mais à ce moment-là, c'était clair que c'était celui-là que je voulais. Très bien, et on lui propose d'aller la voir, elle était en soins intensifs, parce qu'elle faisait 1,90 kg. A 32 semaines plus 6 jours. Donc je crois que le poids moyen à ce stade, c'est 1,6 kg ou 1,7 kg. Donc elle était vraiment très, très, très petite. Donc ils l'ont emmenée en soins intensifs. Ils m'ont demandé si je voulais bien rester toute seule. Moi, j'étais échoutée, donc il n'y avait pas de soucis. Je l'ai laissée et je voulais qu'il la voit.
- Speaker #1
En général, les mamans sont plutôt, ne dire pas vers le bébé, vers le bébé, tant pis.
- Speaker #0
C'est ça. En plus, j'étais bien entourée, il y avait des infirmiers. Donc il a été la voir, il a pu faire du pot à pot avec elle. Alors ils n'ont pas été obligés de l'intuber, donc ça c'était bien. Par contre, elle avait un gros masque sur le visage. Elle était nourrie par sonde. Des perfs aussi pour la remonter parce que voilà, c'était pas évident non plus. Donc voilà, moi j'étais en salle de réveil. Et là, ce qui était un peu dur, c'est que c'était une grande salle de réveil avec plusieurs mamans qui étaient là. Je pense que c'est les mamans qui accouchent par césarienne qui se retrouvent là dans cette salle. Et sauf qu'elles, enfin il y avait des paravents, mais elles avaient quasiment toutes leurs bébés avec elles. Parce que toutes les césariennes ne sont pas aussi intenses que la mienne. Du coup, elles avaient toutes leurs bébés avec elles. Et j'entendais « Oh, félicitations madame, 3,7 kg ! » J'étais là « La mienne n'a fait pas 3,7 kg quoi ! » C'était un peu dur à vivre.
- Speaker #1
Je pense que psychologiquement, quand tu es accouchée et que tu n'as pas eu ton enfant, ça reste une épreuve.
- Speaker #0
C'est un peu dur, oui. Je pense que la première erreur, ça a été parce que j'étais trop dans les vapes. Finalement, je crois que j'étais juste heureuse que ma fille soit née, qu'elle soit en vie déjà pour commencer, et puis en bonne santé. Donc, le mois est revenu avec, je lui ai dit, montre-moi des photos. Donc voilà, elle était toute petite. Il lui avait mis un petit bonnet. Je suis là, ok, super, trop contente, j'appelle mes parents, apparemment j'avais une voix de déterré au téléphone. Oui, c'est une fille, elle s'appelle Sybille, j'étais trop contente. Et je raccroche, et il se passe un peu de temps, et là d'un seul coup je sens que ça va pas, que je saigne. Alors j'appelle la sage-femme, elle arrive, elle regarde, elle fait, oh, vous avez pas beaucoup de perte de sang, c'est pas très grave. Ok, elle repart, je sais pas, dix minutes, un quart d'heure plus tard, je fais, si, si, je saigne vraiment. Elle revient. Et là, elle appuie sur mon ventre.
- Speaker #1
Tu avais déjà des contrôles réguliers quand même ? Elle ne venait pas spécialement ?
- Speaker #0
Je ne sais pas. Peut-être qu'ils venaient voir de temps en temps la serviette, juste pour voir si j'avais perdu du sang. Mais en fait, je pense que ce qui s'est passé, c'est que je ne perdais pas du sang en continu. Mais par contre, il y a eu beaucoup de cailloux qui se sont formés dans mon ventre. Et quand elle a appuyé sur mon ventre, j'ai senti comme des minuscules billes molles sortir. C'était horrible, comme si ça brouillait. Et là, elle a regardé et a fait « Ok, je vais chercher le médecin. » Elle va chercher le médecin.
- Speaker #1
L'histoire se répète.
- Speaker #0
Clément était à côté de moi, il ne comprenait pas ce qui se passait. Le médecin arrive, la même, qui avait fait les césariennes. Elle fait une écho, elle fait « Ok, vous êtes en train de faire une grosse hémorragie de la délivrance, il faut que je vous ramène au bloc. » « Ok, ça sera une anesthésie générale. » « D'accord. »
- Speaker #1
La deuxième.
- Speaker #0
La deuxième en, je ne sais pas, deux heures, je pense. Parce que c'était à retardement, en fait. Je pense que c'est assez rare de faire une hémorragie d'adélivrance autant de temps après avoir accouché.
- Speaker #1
Oui, normalement, c'est quand même assez « rapide » , si on peut dire ça.
- Speaker #0
Oui, je ne sais pas trop, mais moi, j'ai trouvé ça étrange que ce soit à ce moment-là. Donc là, mon conjoint m'a dit que quand je t'ai vu partir, j'ai eu une panique pas possible. J'ai cru que j'allais vous perdre toutes les deux. Parce que lui, c'était la panique totale. Ils m'ont ramenée. Et puis, ils ont tout aspiré et tout. Je n'ai pas eu besoin de transfusion alors que j'ai quand même perdu un litre de sang. Mais bon, je me suis réveillée à nouveau, l'impression d'avoir dormi, une sieste. Et là, j'étais sous perfusion. J'étais branchée de partout. Je pense que j'avais les lunettes à oxygène. J'avais pour la tension le cœur. J'avais des électrodes. C'était vraiment terrible. Et puis, une énorme perte dans le bras. Bref, du coup, je me réveille, j'émerge, le médecin vient me voir, m'explique que l'hémorrhage est dans la délurance, tout ça, et que je suis sous anticoagulant. Et elle repart. Et au bout d'un moment, je trouve le temps long, et je demande à un infirmier, je lui dis quand est-ce que je pourrais voir mon bébé ? Il regarde la perfusion, il me fait à la fin de la perfusion, et puis après on vous garde une heure. Je regarde la perfusion, il restait 4h30 de perfusion.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Ok, donc je compte 5h30. Je ne sais plus quelle heure. J'ai accouché à 10h47 le matin. C'était très, très, très loin. Moi, au début, j'étais dans les vapes, donc ça allait encore. Mais j'avais très mal à la gorge à cause des deux intubations à la suite. Mais mon conjoint, lui, il n'en pouvait plus. Il trouvait ça hyper long. Il est retourné voir notre fille pendant une demi-heure, je pense, trois quarts d'heure, pour passer un peu de temps avec elle. Puis il est revenu me voir. Mais moi, j'étais épuisée, mais en même temps, j'en avais marre. C'était horrible. les gens, ils... J'entendais les couples qui passaient dans la salle. Il y avait un turnover, mais moi je restais là et eux ils partaient et moi je restais là. Les bébés qui pleuraient, j'entendais les urgences à côté, les gens qui criaient parce qu'il y avait une urgence. Et ce jour-là, il y a eu énormément d'accouchements, mais vraiment énormément d'accouchements. Si bien que finalement, à minuit et demi, ils me disent « Bon, on va pouvoir vous emmener » . Il était minuit et demi, ça faisait plus de 13 heures que ma fille était née. C'était tellement long. Et ils m'ont emmenée en soins intensifs, donc toujours sur mon lit, juste avec ma blouse. Et on est arrivées dans le service des soins intensifs. C'est très particulier parce que ma fille était dans une chambre sans fenêtre, dans une énorme couveuse. Quand on pense couveuse, on ne s'attend pas à voir un truc pareil, je pense. C'était vraiment la grosse couveuse, toute fermée.
- Speaker #1
Surtout un criot, elle devait être toute petite à l'intérieur, ça fait encore plus d'immensité.
- Speaker #0
Et puis on voyait pas grand chose parce qu'elle avait un gros masque sur le visage, un bonnet, elle était emmaillotée. Par contre la puéricultrice, super gentille, vous voulez la voir, donc je la vois, vous voulez la prendre sur vous, je peux, c'est possible ça de la prendre sur moi. Elle me dit « Oui, oui, vous pouvez. » Elle la sort hyper délicatement et me la pose sur moi. Mais c'était une crevette. Elle était minuscule. Un bébé souris. On ne s'attend pas à avoir des enfants aussi petits. Pourtant, elle respirait. Elle était là avec ses mains, ses grands doigts. C'est toujours un peu impressionnant. Sur moi, en train de respirer, elle était bien. La puricultrice nous propose tout de suite « Vous voulez que je vous prenne en photo tous les trois ? » Ah ouais super ok Mais là où ça m'a fait mal c'est que je me suis dit que moi j'ai pas vu ma fille le jour de sa naissance Elle est née le 31 octobre Je l'ai vue le 1er novembre
- Speaker #1
C'était le 1er mai d'un coup forcément
- Speaker #0
Ouais c'était Je crois que la photo elle était prise à 1h du matin Donc ça a été Ça ça a été un peu dur De se dire que bah oui j'ai pas rencontré ma fille Le jour où elle est née quoi Au bout d'un moment ils m'ont ramenée en chambre Clément n'a pas pu rester avec moi parce qu'il fallait qu'il retourne voir la famille pour les rassurer et tout. Son fils aussi. Donc il m'a laissée, sauf que moi j'ai passé la pire nuit de ma vie parce que le médecin avait dû me dire qu'il n'y avait pas de risque que je refasse une hémorragie puisque j'étais sous un petit coagulant. Mais moi j'avais oublié et j'ai eu peur pendant toute la nuit de mourir. Mais vraiment, toute la nuit je me suis dit que j'étais en hémorragie.
- Speaker #1
Déjà un métro baptisé d'expérience quand même, donc ça se comprend. Bah ouais,
- Speaker #0
je pensais pas, puis en fait, si. Et surtout que là, je me disais, je ne veux pas mourir maintenant. J'ai ma fille, elle est là. Et enfin ma fille, je veux qu'elle grandisse avec moi à ses côtés et tout. J'étais terrorisée. Je me dis, si je meurs maintenant, personne ne va s'en rendre compte avant plusieurs heures. Ça se trouve, c'était une catastrophe. J'ai dû dormir deux heures, je pense. C'était l'enfer. Et puis finalement, je ne suis pas morte. Mais quand le matin est arrivé, c'était un peu dur. Après, il y a toujours une histoire, le matin, quand on a une césarienne, où il faut se lever. Il y a un maire qui me dit maintenant, vous allez vous lever ? Je l'ai regardé, je lui ai dit non. Non, non, je ne me lève pas. Il m'a fait si, si, vous allez vous lever.
- Speaker #1
Comment ça ? J'ai été coupée en deux, il faut que je me lève ? Oui, oui.
- Speaker #0
J'avais mal, je pouvais à peine bouger. Je lui ai Pourquoi vous voulez que je me lève ? Je ne peux pas me lever. Et si, après, j'ai pu m'asseoir et je ne peux plus me lever. Elle me dit, vous pouvez aller prendre votre douche, vous pouvez vous asseoir. Je dis, non, ça va, pleine de confiance, je vais le faire debout. Une fois arrivée à la douche, je me suis dit, je veux bien. C'est bien une chaise, sinon. Après, je n'ai plus voulu bouger de mon fauteuil pendant quatre jours. Mais bon, après, j'ai pu voir ma fille et c'était bien. Par contre, la première fois que je suis rentrée dans la chambre, j'ai eu un mouvement de recul parce que C'est hyper impressionnant, en fait. Ça bip de partout. Je sais que tu as eu plein d'histoires d'enfants prématurés comme ça, mais c'est toujours très, très impressionnant, en fait, parce que le monitoring, il bip, mais... Pas le monitoring, mais le moniteur, il bip, mais pas que pour la nôtre. Il bip aussi pour les autres enfants qui sont en charge de la puéricultrice, qui s'en occupent. Donc, des fois, c'est pas pour nous que ça bip. Donc, on sait pas, ça, au départ. Enfin, c'est très impressionnant. Moi, j'ai mis deux jours avant d'accepter de... d'essayer de changer une couche. Alors, en plus, c'est des toutes petites couches. Il faut voir. Elles, ils ne l'ont pas habillée avant ces trois jours, je crois. Elle était trop petite. Même le prémas, c'était mille fois trop grand. Donc, voilà. Ça, c'est très impressionnant. Par contre, ce que j'ai beaucoup apprécié, je ne sais pas s'ils font pareil dans tous les hôpitaux ou quoi, c'est que dès le lendemain, je crois, il y a la psy du service de soins intensifs qui est venue et qui nous a proposé d'avoir un rendez-vous avec elle. Clément ne voulait pas, mais moi j'ai dit oui, Je prends.
- Speaker #1
C'est bien d'y aller.
- Speaker #0
Ah non, mais il faut. Après, si on n'en ressent pas le besoin, pourquoi pas ? Je veux dire, mon conjoint, il ne sentait pas le besoin d'y aller, mais moi...
- Speaker #1
Je pense que si tu ne ressens pas le besoin sur le moment, c'est quand même bien d'aller faire... Je vous conseille d'aller faire un petit tour, même si c'est pour rien. d'aller au moins en parler ça peut débloquer quelque chose peut-être t'as caché je pense que c'est trop bien de dire oui même si tu penses que ça va je suis d'accord oui oui moi le premier rendez-vous j'étais tellement fatiguée en plus elle était un peu spéciale elle était un peu dans son monde j'ai
- Speaker #0
eu du mal à accrocher à tout ce qu'elle me racontait parce que je décrochais mais les rendez-vous suivants j'en ai fait deux autres avec elle après une révélation quoi que j'avais vu d'autres... psy avant elle, mais là, elle était merveilleuse. C'était exactement ce qu'il me fallait. Je ne lui dirai jamais assez merci à cette femme. Elle était vraiment géniale. Par contre, moi, j'ai eu un peu un traumatisme derrière. Je ne pensais pas l'avoir si mal vécue, la naissance, parce que tout s'est passé tellement vite. Sauf quand j'ai vu le médecin qui est arrivé le lendemain dans ma chambre. Ils ont envoyé la petite interne qui venait d'arriver. C'était son premier jour d'internat. Elle ne connaissait pas mon dossier. Et là, je lui ai rien dit parce que je suis pas du tout comme ça, mais je me suis dit, suffis-je de moi ? J'ai quand même eu un accouchement ultra traumatisant. Il m'envoie quelqu'un qui est obligé de lire le dossier pour savoir ce qui s'est passé, et qui ne savait pas quoi me dire, en fait. Je lui ai dit, par contre, est-ce que ça serait possible de voir quelqu'un qui était là le jour où j'ai accouché, parce que j'ai besoin d'avoir des explications.
- Speaker #1
C'est quand même la base. On trouve que le fait qu'elle soit interne, c'est avoir le médecin qui s'achargeait de...
- Speaker #0
Je pense que celle qui était venue me voir dans la chambre, c'était une interne aussi, mais interne de troisième année peut-être. Ce n'était pas le bébé interne qui venait d'arriver. Mais elle, c'était vraiment le bébé interne. Elle était contente d'être là, ça se voyait. Mais en même temps, elle ne connaissait pas trop encore, elle n'avait pas l'expérience. Puis elle n'était pas là le jour où j'ai accouché. Mais elle a été super, elle a demandé. Et puis finalement, le médecin qui m'a fait accoucher est venu nous voir. Clément était avec moi dans la chambre, donc c'était bien le soir. Elle a passé 20 minutes à tout nous expliquer ce qui s'était passé du début à la fin pour nous expliquer. Donc moi j'avais besoin parce que j'ai eu l'impression de ne pas du tout vivre le moment. C'était tellement rapide, tellement précipité, on n'a rien demandé. Moi je n'ai rien fait, donc clairement je n'ai pas eu l'impression d'accoucher.
- Speaker #1
Oui, puis à une saison générale tu étais non pas consciente, c'est encore pire que tout. Tu ne lis pas le moment où elle est sortie.
- Speaker #0
Non, puis entre le moment où on m'a dit que j'allais accoucher et le moment où elle est née, il s'est passé 20 minutes. Donc, je n'ai même pas eu l'impression que j'allais accoucher, à part le fait qu'on m'ait dit que ça allait se passer, c'est tout. Donc, elle a été super, elle nous a tout expliqué. Donc, ça, c'était très bien. C'est pareil, en soirée intensive, ils ont été super, ils nous ont expliqué tout ce qu'il y avait dans la chambre. C'était vraiment très, très bien. Elles sont merveilleuses. il dit elle parce qu'il n'y a que des femmes mais enfin sauf le médecin je crois que c'était un homme mais comme toujours Mais voilà. Et puis je suis sortie au bout de six jours, donc ça allait mieux. On allait voir notre fille tous les jours. Et quand je dis tous les jours... Deuxième rebondissement, je suis sortie le lundi soir. Le mardi on va la voir, trop bien, super. Le mercredi je vais à la pharmacie parce que je voulais un tire-lait, mais j'arrivais pas du tout à tirer mon lait parce que c'était très très difficile. Sans le bébé dans la chambre c'est hyper compliqué en plus. Avec un accouchement prématuré, c'était compliqué. Je n'avais pas vocation à l'été pendant très longtemps, mais je voulais le faire au moins trois mois. Mais bon, je n'y arrivais pas. À la pharmacie, j'y vais, mais je ne suis pas bien. Limite du malaise. Je vais quand même voir ma fille l'après-midi. Et ça se passe bien au début. Je vais boire un café avec une copine qui est venue me rendre visite l'après-midi. Là, c'est pareil, ça se passe bien. Je remonte dans la chambre. de Sibyl. Je commence à tirer mon lait et puis mon conjoint commence à me poser des questions. C'était bien, ça s'est bien passé. Et là je lui réponds pas. Je lui réponds pas ou je lui fais juste et c'est tout. Et là il se dit, il y a un souci. Il me fait, je vais appeler le lait. Je le regarde, je fais non, non, non. Enfin, pas non, mais je secoue la tête, je veux pas en fait. Il fait pourquoi tu veux pas que j'appelle ? Et là... Je réponds rien. Ok, il fait. Il sort de la chambre, il va chercher les puricultrices et c'est un des derniers souvenirs que j'ai, accroupi devant moi avec l'air inquiet. Et après, je ne me souviens pas de ce qui s'est passé. En fait, ils ont demandé à un médecin des urgences gynéco de venir. Ils m'ont monté aux urgences gynéco et ils m'ont fait des tests auxquels je ne répondais pas très bien. Ils m'ont envoyé à l'IRM. Et en sortant de l'IRM, ça je me rappelle par contre, enfin je me rappelle, une demi-seconde quoi, je me rappelle avoir commencé à convulser. Mais vraiment une demi-seconde, parce qu'après t'as pu te souvenir. Et en fait, ce qu'ils ont vu à l'IRM, c'est que j'avais fait... Il y a un caillou qui est venu se loger dans une veine de mon cerveau. Alors, ils ne savent pas trop à quoi c'est dû, ça peut arriver. Mais peut-être que l'hémorragie de la délivrance n'a pas aidé. Et c'est ce qui s'appelle une thrombophlébite cérébrale. C'est une sorte de mini-AVC, en fait. Ça peut arriver après une grossesse, mais ce n'est pas si fréquent. Enfin, ça arrive très rarement si ça peut rassurer les gens. C'est très peu courant. Et là, il s'est posé la question de savoir où il m'emmenait. Parce qu'il faut savoir qu'à Nantes, il y a trois hôpitaux à la suite, collés les uns aux autres dans le centre où j'étais, dont la maternité. Et après, tout ce qui est neurologie, cardiologie, c'est à l'autre bout de la ville. Au départ, ils devaient m'envoyer en neurologie. Sauf qu'ils n'avaient pas tellement envie de me séparer de mon bébé. Donc après les discussions, ils se sont dit on l'envoie en réanimation. Donc j'ai été envoyée en réanimation, dans l'hôpital, enfin collée à la maternité. Cinq jours en réanimation, sous morphine parce que j'avais des maux de tête atroces. Au début, je refusais les médicaments, ce qui ne me ressemble pas du tout. Normalement, moi j'ai une tendance à anticiper la douleur. Et là je refusais, j'étais extrêmement vulgaire apparemment. J'avais très très mal, pas contre les gens, mais parce que j'avais très mal, ma mère était à moitié choc. Mais ils ont été obligés de supplier à l'infirmier de me convaincre de prendre les médicaments, parce que je refusais de les prendre. Et là où ça a été génial, c'est que les puéricultrices du service de soins intensifs ont pris le temps, quasiment tous les jours, de mettre Sibyl dans une couveuse un peu moins grosse, toujours monitorer tout ça, mais pour me l'emmener et pour que je passe une heure avec elle. Donc elles me la mettaient en pot à pot, et puis elles allaient prendre leur café et on passait du temps ensemble. Avec mon conjoint et tout, comme ça, il n'y avait pas trop de séparation. Donc elles ont été super. J'ai fait cinq jours en réanimation. Au bout de cinq jours, ça allait mieux, mais ils ne voulaient quand même pas me laisser sortir. Ils m'ont envoyée en médecine interne, dans l'hôpital, encore à côté, mais c'est pareil, c'était collé, donc ça allait. Là, la médecine interne, c'est principalement des personnes âgées. Ils m'ont vu arriver, et en plus, avec un cas comme ça, qu'ils ne voyaient jamais, j'étais... C'était un peu le cas de tous les étudiants. Donc, il venait à trois, quatre étudiants pour me poser des questions, pour me faire des tests. Donc ça, c'est pareil, c'est particulier. Mais c'est pareil, ils étaient contents. Ils voyaient un bébé arriver quand...
- Speaker #1
Oui, oui.
- Speaker #0
Ils demandaient à ma mère, mais est-ce qu'elle vient aujourd'hui, Sibyl ? Oui, oui, elle va venir. Vous ne vous en faites pas. Ils étaient trop contents de voir un bébé. Et je suis restée encore cinq jours là-bas. Et pour... de dire l'état de fatigue. Quand je suis sortie de l'hôpital, je suis rentrée chez moi, j'étais épuisée, j'avais plein de trous de mémoire, je me souvenais de très peu de choses. Et j'étais épuisée physiquement, c'était une horreur. Du coup, on n'a pas été voir autant le bébé qu'on voulait parce que j'étais trop fatiguée. Il fallait que je me repose. Et ça faisait beaucoup de route, ça faisait une heure de route aller-retour à chaque fois. Donc c'était vraiment fatigant. Un jour, on était dans sa chambre et on s'est dit Bon, on va quand même aller prendre l'air un peu. On va aller dans le centre-ville de Nantes. Clément me dit « on y va à pied, on rentre à mèche » . « Bah à pied, c'est pas loin, c'était quoi, 500 mètres ? » Le temps d'arriver là où on voulait aller, j'étais épuisée. J'ai dû faire une pause de 25 minutes avant de pouvoir reprendre. Et j'arrivais à me concentrer sur rien. J'ai eu l'impression d'avoir perdu la moitié de mon cerveau à ce moment-là. Heureusement, j'ai pu revoir la psy qui m'a expliqué que c'était normal, qu'il ne fallait pas que je panique. que c'était une situation normale. Mais ça, c'est très traumatisant parce qu'on n'est pas là complètement pour son bébé et qu'on ne sait pas trop ce qui s'est passé. Il n'y a pas trop d'explications à ça. J'ai vu le neuro après, il m'a expliqué que ça pouvait arriver, que j'ai refait une IRM, il n'y avait pas de séquelles. Ça a touché une zone du cerveau qui n'était pas importante. J'ai eu de la chance. Donc voilà. Donc voilà toute l'histoire. Et finalement, Sibyl est rentrée à la maison. Elle devait naître le 27 décembre. Il nous avait dit qu'elle devait rentrer le 27 décembre. Finalement, elle allait tellement bien. Elle a été transférée entre temps de soins intensifs en néonates. Donc ça allait mieux. Elle était dans la chambre avec un petit garçon qui faisait deux fois son poids, je pense. Qui avait des soucis respiratoires, lui. Et elle est rentrée à la maison. Elle ne faisait pas 2 kilos. Elle faisait 1,970 kg, je crois. Donc c'était vraiment encore du petit bébé. Mais elle est entrée le 4 décembre, donc elle est entrée beaucoup plus tôt que prévu. Et ça, c'était super. Après, elle est quand même retournée à l'hôpital un mois après, parce qu'on a fêté Noël infamie, ce qu'on n'aurait pas dû faire. Elle a chopé une bronchiolite à six jours d'âge corrigé. On s'est retrouvés en pédiatrie pendant six jours avec elle. Ça, c'était traumatisant aussi. Mais bon, c'est encore une autre histoire. Mais c'est un peu le problème avec les enfants prématurés. C'est qu'ils sont plus fragiles que les autres. Et puis, il faut vraiment surveiller. Mais la pédiatre de la PMI, en fait, on est allé pour son premier vaccin et elle nous a dit non, non, je ne fais pas le vaccin, je vous envoie en pédiatrie, aux urgences pédiatriques parce que ça ne va pas. On n'était pas rendu compte. Mais un bébé qui tousse de deux mois, ce n'est pas normal, il faut l'emmener aux urgences pédiatriques.
- Speaker #1
Elle a peut-être été prise à temps, elle a peut-être vu dès la période assez nouvelle de la maladie.
- Speaker #0
Oui, parce que finalement, c'est allé. Mais bon, six jours quand même. Et puis, ils nous ont remis les lunettes pour respirer. Ça, c'était dur. Ils nous ont remis une sonde aussi. Et ça, ce n'était pas facile. Puis en pédiatrie, on ne peut pas rester à deux dans la chambre. Donc, on alternait. Ce n'était pas du tout évident. Je m'en suis voulue à mort d'avoir fêté Noël en famille. Mais bon, c'est comme ça. Maintenant, elle va bien. Après, je ne suis pas sortie pendant quatre mois. je pense que la première fois que je l'ai sorti, après c'est en mois d'avril. On allait juste dehors pour se balader, mais on n'allait pas ailleurs. Enfin, chez mes parents, on allait dehors et puis c'est tout, quoi. Mais maintenant, elle a 20 mois et elle est en pleine forme. Bon, après, ça reste un tout, tout petit bébé. Elle ne fait pas encore 9 kilos, quoi. Alors qu'elle a 20 mois. C'est un tout, tout petit bébé. Mais elle pète le feu. Donc, tout va bien. Donc, voilà.
- Speaker #1
C'est bien remis, du coup, 20 mois plus tard de ces péripéties ?
- Speaker #0
Oui, ça a été... Après, oui, j'ai eu un retour de couche un peu compliqué, mais sinon, ça a été... Mais sinon, oui, c'est pas un truc que j'ai pas envie d'aborder là tout de suite, mais ça a été un peu long au début, jusqu'au mois de mars, avril, ça a été un peu difficile. Et puis après, ça... Je me suis reposée. Il faut savoir que j'ai eu droit à la JPP, la location journalière de présence parentale, parce que la pédiatre a estimé qu'elle était un peu fragile pour aller en crèche ou chez les nounous. Donc ça m'a permis de reprendre le travail qu'en septembre. Finalement, j'ai eu dix mois avec elle. Donc ça, c'était bien. Ça m'a permis de me reposer avant de reprendre le travail. Et puis de passer du temps avec elle.
- Speaker #1
C'est ça, j'allais dire. Profiter d'être toutes les deux en symbiose au moins.
- Speaker #0
Ça, c'était trop bien. Tous les jours, on sortait. Si on avait la maison, on sortait. Je lui montrais les fleurs quand elles poussaient. C'était super. On a appris à se découvrir aussi. Pour le coup, la JPP, ça a été bien pour toutes les deux. Et puis, elle, ça lui a permis d'éviter de choper tout ce qui passait aussi. Donc, ça m'a permis de me reposer. tranquillement et puis de pouvoir reprendre le travail en bonnes conditions aussi.
- Speaker #1
Et toi, 20 mois plus tard, comment tu vas ?
- Speaker #0
Moi ça va.
- Speaker #1
Aussi bien physiquement que mentalement ?
- Speaker #0
J'ai l'impression parfois d'avoir encore perdu, enfin pas des neurones mais j'ai plus de mal à me concentrer qu'avant, j'ai remarqué. Il m'a dit que c'était normal, j'en avais parlé au neurologue il y a quelques mois quand je l'ai revu pour un contrôle, il m'a dit que c'était normal que vu ce qui s'était passé, la thrombose Souvent les gens avaient un peu de mal à retrouver, enfin, avaient souvent des... pas des petits trous de mémoire mais des soucis de concentration. Donc ça dans le travail c'est pas toujours évident. Maintenant physiquement je suis bien, enfin, il n'y a pas de soucis, je me suis remise. Et oui, non, non, ça va, franchement. Je m'en suis bien tirée, je pense. Je pense qu'on a eu de la chance dans notre malheur toutes les deux finalement parce qu'à chaque fois... C'est ça,
- Speaker #1
notre malheur finalement.
- Speaker #0
On a toujours été au bon endroit au bon moment parce que la thrombose j'aurais pu la faire chez moi et je l'ai faite à l'hôpital. Et là ça aurait été plus problématique si je l'avais fait à la maison.
- Speaker #1
Et puis tu aurais pu la faire seule, sans personne pour voir le moment.
- Speaker #0
C'est ça. Là j'étais à l'hôpital, il y avait tout le monde sur place donc c'était bien. C'est pareil quand le score de Sybille a commencé à baisser, j'aurais pu être rentrée chez moi à ce moment-là mais non. Donc c'était bien.
- Speaker #1
Merci beaucoup d'avoir partagé ce témoignage riche en rebondissements. Même s'il y a de l'émotion, on sent que ça va quand même.
- Speaker #0
Oui, ça va.
- Speaker #1
Même si c'est chargé en émotions, ce qui est normal.
- Speaker #0
Après, tu vois, ça ne m'empêche pas d'avoir envie de faire un deuxième éventuellement. Mais avec tous les risques que ça comporte.
- Speaker #1
C'est quelque chose qui pourrait être héréditaire, le fait qu'elle n'ait pas pris assez de poids. On ne sait pas du tout.
- Speaker #0
Non, ils ne savent pas. Non, ils ne savent pas pourquoi. Pourtant, ils ont fait plein d'analyses. Ils ont analysé le placenta et tout. Apparemment, le placenta n'était pas de très bonne qualité. C'était juste ça. Par contre, il y a des risques de récidive. Si on en fait un deuxième, on a été consulté en rendez-vous préconceptionnel. Il nous a dit que si on voulait en faire un deuxième, il y avait des grosses surveillances avec prise d'asphégique très tôt. Et puis qu'il fallait qu'on se prépare à une naissance encore plus prématurée éventuellement, voire même à une IMG, dans le pire des cas. Après, je ne suis pas non plus ultra-fertile non plus, donc il faut... Je vais prendre 5 ans, donc il faut... On verra, on verra ce qui se passe. On tentera peut-être d'ici quelques mois, puis on verra ce qui va se passer. Mais moi, dans l'absolu, j'aimerais bien en avoir un autre. Et ça ne me fait pas plus peur que ça. Par contre, mon entourage, ils ne sont pas rassurés. Oui.
- Speaker #1
Voilà. Merci beaucoup à toi pour ce récit. Je pense qu'il peut accompagner les mamans. Merci à Ausha de partager ça.
- Speaker #0
J'espère que je ne fais peur à personne parce que je ne fais quand même pas une publicité ambulante pour l'accouchement.
- Speaker #1
Non, mais au contraire, c'est bien de partager si jamais les mamans sont dans ta situation. Mais étant une maman qui est... actuellement on fait un service de néonat ou de réanimation et de se dire bon bah ok celle là elle a 20 mois elle est en vie tout va bien donc malgré tout ça on peut s'en sortir même quand ils sont tout petits enfin ils sont super compétents moi à l'hôpital foncez
- Speaker #0
enfin ils sont super quoi donc d'ailleurs je les aime tellement au service au CHU de Nantes je les aime beaucoup ils sont formidables
- Speaker #1
Merci à toi. Merci à toi.
- Speaker #2
Merci beaucoup d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. S'il t'a plu ou si le podcast de manière générale te plaît, n'hésite pas à me laisser une petite note sur ton application d'écoute préférée. 5 étoiles, ce serait l'idéal. Et pour découvrir d'autres histoires aussi passionnantes qu'intéressantes, rendez-vous mercredi prochain. A très vite !