- Speaker #0
Bonjour à tous et bienvenue dans cette nouvelle saison de Biomédicalement Votre, la juste prescription des examens biologiques. Notre objectif ? Vous accompagner, vous, prescripteurs et biologistes médicaux, dans votre quotidien et vous aider à identifier les bonnes pratiques dans la prescription des actes de biologie médicale. Et surtout, répondre à vos interrogations, en vous partageant des témoignages, des retours d'expérience et surtout, nos conseils. Je m'appelle Abla, je suis biologiste médicale et à chaque épisode, j'inviterai un confrère à répondre à une problématique ou un cas rencontré dans votre quotidien. Alors sans plus attendre, je vous propose de découvrir avec moi un premier sujet soulevé par Christine, généraliste à Angers.
- Speaker #1
Bonjour, j'ai un patient de 45 ans qui se plaint d'une fatigue extrême depuis plusieurs semaines, accompagnée d'équimose et d'infection rétidivante. Je m'inquiète des résultats. Comment poser un diagnostic rapidement ?
- Speaker #0
Alors aujourd'hui j'ai le plaisir d'accueillir deux biologistes. Ali Youssef Mamoud, vous êtes biologiste médical au sein d'un plateau technique Cerballiance Île-de-France.
- Speaker #2
Bonjour Abla, oui tout à fait.
- Speaker #0
Marine Billet-Delcourt, vous êtes biologiste médical au sein du pôle hématologie au laboratoire Cerbain. C'est ça,
- Speaker #3
bonjour Abla.
- Speaker #0
Alors face à ce tableau clinique, comment intervient le laboratoire de ville ?
- Speaker #2
On a un rôle clé aujourd'hui dans la prise en charge de ces patients. puisque non seulement on est capable de traiter ces urgences, mais en plus on est capable de revenir vers le médecin en lui communiquant les résultats pathologiques. Et cela, on peut le faire dans un délai très court.
- Speaker #0
Face aux symptômes que décrit Christine, j'imagine qu'une NFS va être prescrite. Cette NFS va être traitée par un automate. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus ?
- Speaker #2
Oui, il y a des prélèvements urgents en traité selon une filière spécifique. Dès que le prélèvement va arriver sur le plateau technique, il va être rapidement mis à bord de nos automates. L'automate va nous indiquer s'il y a besoin d'une lecture médicalisée ou pas.
- Speaker #0
Très bien. Et dans le cas où on objective la présence de blast au frottis sanguin, quelle est l'étape d'après ?
- Speaker #2
Alors, en effet, c'est une des situations dans laquelle le biologiste doit jouer tout son rôle, pleinement son rôle. Il va effectuer un décompte et si la présence de blast est confirmée, il va transmettre ses résultats rapidement au médecin pour une prise en charge urgente.
- Speaker #0
Donc, il y a vraiment une notion d'urgence vitale. Quelle est la suite de la prise en charge pour ces patients-là ?
- Speaker #2
Alors... Tout d'abord, lorsqu'on diagnostique une leucémie aiguë, ce que le biologiste doit absolument faire, c'est rajouter des examens complémentaires.
- Speaker #0
Lesquels ?
- Speaker #2
Les examens complémentaires que tout laboratoire peut rajouter, ce sont les examens qui permettent de détecter un syndrome de lisse tumorale. Ces examens complémentaires sont le bilan phosphocalcique, l'ionogramme, l'acide virique. Et il faut penser à rajouter l'ALDH, qui donne une idée de la masse tumorale. Et bien sûr, il faut aussi rajouter l'acclairance de la créatinine, puisque ce syndrome de lisse tumorale... peut donner une incidence rénale aiguë.
- Speaker #0
Très bien, ça nous permet aussi de gagner du temps dans la prise en charge, j'imagine.
- Speaker #2
Tout à fait, puisque ces analyses-là, on peut les réaliser assez rapidement. Le temps que le patient soit transféré à l'hôpital dans un service d'hématologie, le laboratoire aura déjà les résultats. Ça permettra, soit au médecin urgentiste, en lien avec l'hématologue, ou soit à l'hématologue directement, d'avoir déjà ses résultats en main et déjà de mettre en place une prise en charge rapide.
- Speaker #0
Exactement. Alors, on est face à une leucémie aiguë. L'étape d'après, c'est le myélogramme. Là, je vais me tourner vers vous, Marine. Est-ce que vous pouvez un petit peu nous décrire votre rôle une fois que vous avez la lame face à vous ?
- Speaker #3
Alors, je pense qu'au même titre que le biologiste de ville a ses filières urgentes, nous aussi, on a des process qui nous permettent de sortir ces prélèvements du lot pour les traiter rapidement. Le myélogramme, c'est ce qui va permettre de poser le diagnostic. On peut aussi préciser qu'un patient qui a des blasts circulants n'est pas forcément atteint d'une leucémie. C'est aussi pour ça que le myélogramme a toute sa place. C'est qu'il va permettre, en fonction de seuil diagnostique, de poser le diagnostic de leucémie, ou alors de le réfuter en faveur d'une autre hémopathie, parce que la présence de blasses circulantes est dans la majorité des cas synonyme d'hémopathie.
- Speaker #0
Donc je comprends bien que le myélogramme est un examen clé du diagnostic. On voit bien que ce diagnostic repose sur une collaboration entre les laboratoires de ville et spécialisés. Marine, comment s'organise cette communication ?
- Speaker #3
Le biologiste... en me transmettant des informations sur l'annumération formule sanguine, me donne des informations. Mais il arrive que de temps en temps, par le médecin, il ait des informations supplémentaires. Donc c'est important qu'il me les donne. Et quand j'ai des cas, des discordances, que j'ai envie de discuter avec le biologiste qui a vu le frottis sanguin, on n'hésite pas à prendre notre téléphone. Donc j'ai envie de dire que les informations cliniques sont nécessaires et primordiales pour la meilleure prise en charge pour le patient.
- Speaker #0
Alors si je comprends bien, pour cette pathologie particulièrement urgente, Le dialogue entre les différents acteurs, biologistes de ville, spécialisés et le clinicien, est clé et fait gagner du temps.
- Speaker #3
Exactement, alors à vos téléphones !
- Speaker #0
Alors c'est le moment de la question rituelle. Avez-vous, Marine et Ali Houssen, des cas qui vous auraient marqué ?
- Speaker #2
Oui, à Blas, tout à fait, j'ai un cas qui m'a profondément marqué. Il y a quelques mois, on a eu un patient un samedi après-midi pour lequel on a fait un diagnostic d'une leucémie premier-leucitaire et ce patient n'arrivait pas à le joindre pendant plusieurs heures. Alors qu'on sait qu'une L.A. a une leucémie premier-leucitaire et un risque vital à très court terme. Après plusieurs heures, on a réussi à joindre ce patient et en effet, on l'a rapidement adressé directement au service d'hématologie. On a eu l'hématologue et comme je l'ai dit tout à l'heure, On a rajouté tout de suite, on n'avait pas attendu l'appel au médecin pour rajouter le bilan de lise cellulaire. Donc, quand on a eu le médecin au téléphone, il était très content d'avoir déjà ses résultats. Il a tout de suite appelé le patient. Le patient a été pris en charge très rapidement. Et du coup, il a pu passer quelques jours en soins intensifs, justement parce qu'il avait une lise importante qui s'était déclenchée. Et depuis, le patient va mieux. Donc, c'est une expérience qui nous a profondément marqués, qui confirme ce que je viens de dire, c'est qu'il faut, dans le cas d'une leucémie aiguë, notamment dans les leucémies hyperleucocitaires, il faut, la première chose, rajouter ce bilan discellulaire, les examens complémentaires. La deuxième chose, adresser absolument et rapidement le patient dans un service hospitalier qui a un service d'hématologie et de préférence, encore mieux, si on arrive à joindre directement l'hématologue.
- Speaker #0
Très bien, ce qui traduit exactement ce qu'on s'est dit pendant tout l'épisode, c'est le rôle fondamental et précieux du biologiste de ville dans ce genre de situation. Et vous Marine ?
- Speaker #3
Oui, alors j'ai un cas à vous raconter. C'est un enfant qui consulte aux urgences pour une fatigue qui traîne, un enfant grognon, qui boite, qui a des douleurs un peu diffuses que la mère a du mal à décrire. Donc une numération formule sanguine est faite, elle est strictement normale, mais face à cette clinique suspecte, le médecin prescrit un myélogramme pour éliminer une leucémie, notamment par la présence des douleurs osseuses et de la boiterie. Et donc on reçoit ce myélogramme au laboratoire spécialisé, et le myélogramme était massivement infiltré de cellules blastiques, Donc on a posé le diagnostic de l'euthémie. Et ce qui m'a marqué, c'est l'importance des renseignements cliniques, parce qu'on peut avoir une numération formule sanguine normale, mais des signes cliniques évocateurs, malgré une NFS normale, peuvent amener à réaliser un myélogramme.
- Speaker #0
Alors un grand merci Marine et Ali Houssin d'avoir été avec nous.
- Speaker #2
C'est un plaisir pour moi, Abla.
- Speaker #3
Merci Abla.
- Speaker #0
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