- Speaker #0
Bonjour à tous et bienvenue dans cette nouvelle saison de Biomédicalement Votre, la juste prescription des examens biologiques. Notre objectif ? Vous accompagner, vous, prescripteurs et biologistes médicaux, dans votre quotidien et vous aider à identifier les bonnes pratiques dans la prescription des actes de biologie médicale. Et surtout, répondre à vos interrogations, en vous partageant des témoignages, des retours d'expérience et surtout, nos conseils. Je m'appelle Abla, je suis biologiste médicale et à chaque épisode, j'inviterai un confrère à répondre à une problématique ou un cas rencontré dans votre quotidien. Alors je vous propose de découvrir un nouveau sujet et pour ce faire, j'ai le plaisir de recevoir Mathilde Roussel, biologiste spécialisée en infectiologie au laboratoire CERBA. Bonjour Mathilde.
- Speaker #1
Bonjour Abla.
- Speaker #0
Sans plus attendre, voici une question posée par Claudia, médecin généraliste à Montreuil.
- Speaker #2
Bonjour, j'ai une patiente avec de la fièvre, une conjonctivite et une éruption qui a débuté au visage. J'ai tout de suite pensé à une rougeole. Mais est-ce que je dois vraiment confirmer biologiquement ?
- Speaker #1
Oui, tout à fait, il faut le confirmer par une PCR.
- Speaker #0
On a pourtant l'impression que la rougeole a quasiment disparu.
- Speaker #1
Alors on peut avoir cette impression-là, c'est surtout grâce à la vaccination qui a permis de réduire énormément le nombre de cas, et grâce à la période Covid qui fait que... que grâce aux mesures barrières, on a eu nettement moins de cas sur les dernières années pendant la période Covid. Mais ce n'est pas du tout une maladie qui a disparu. Il y a régulièrement des épidémies. En France, il y a eu une très grosse épidémie durant les années 2010-2011, où on a quand même eu plus de 15 000 cas en France, ce qui n'est quand même pas négligeable.
- Speaker #0
Vous parliez de la PCR. Quelle est la place de la sérologie par rapport à cet examen ?
- Speaker #1
L'examen le plus intéressant en rougeole, c'est la PCR, parce que la plupart du temps, les patients vont se présenter au moment où ils vont avoir leur éruption cutanée. Et à ce moment-là, la PCR va être quasiment systématiquement positive, alors que si la sérologie est faite trop tôt, dans les premiers jours où le patient présente son éruption, elle peut être négative et faire croire faussement à tort qu'il n'y a pas de rougeole.
- Speaker #0
D'accord, et pour éviter ce cas, il vaut mieux prescrire, quand le patient est symptomatique, directement une PCR.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Et Mathilde, sur quelle nature la PCR ?
- Speaker #1
L'idéal, c'est de le faire sur un prélèvement de salive. ou sur un prélèvement oropharyngé. C'est là où on a la concentration la plus importante de virus.
- Speaker #0
Très bien. Et si le résultat est positif, quelle est la suite pour ces patients ?
- Speaker #1
Avant que le résultat soit positif, à partir du moment où on a un patient qui présente cliniquement une rougeole, il faut faire une déclaration obligatoire auprès de l'ARS, parce que c'est une maladie qui est surveillée d'un point de vue santé publique. On peut le faire avant même d'avoir la confirmation biologique. La confirmation biologique, elle sert pour pouvoir faire le génotypage de la souche OCNR, qui permet de suivre... les souches qui sont en circulation en France.
- Speaker #0
D'accord. Donc, même si je ne suis pas encore sûr de mon diagnostic, je déclare mon patient et je confirme quand même biologiquement.
- Speaker #1
On peut toujours faire la déclaration obligatoire et rajouter des informations supplémentaires ultérieurement, soit pour dire qu'en fait, ce n'était pas ça, ou pour dire effectivement, ma PCR, elle est vraiment positive, donc je confirme absolument mon cas. Mais l'important, c'est de faire surtout la déclaration obligatoire le plus tôt, parce que la rougeole, c'est une maladie qui est extrêmement... contagieuses. Donc plus la déclaration est faite tôt, plus on peut mettre en place des mesures de prévention pour les cas contacts et pour les gens qui risqueraient d'être potentiellement contaminés.
- Speaker #0
Justement, vous me parlez de cas contacts. Je suppose qu'il y a une procédure à suivre en cas de contact avec une personne et en la rougeole, par exemple dans une salle d'attente, dans une classe, une petite collectivité. Est-ce que vous pouvez un petit peu nous résumer la conduite à tenir en cas de contact ?
- Speaker #1
Alors ça dépend de pas mal de choses. Déjà, est-ce que vous avez été contacté ? par l'ARS. Si vous êtes cas contact, vous pouvez être contacté par l'ARS qui va vous donner une conduite à tenir. Et après, ça dépend de votre statut vaccinal, est-ce que vous avez été vacciné ou pas. Ça dépend de l'âge et ça dépend éventuellement de facteurs personnels, des facteurs d'immunodépression ou d'état de santé ou de femme enceinte, par exemple.
- Speaker #0
Et pour nos auditeurs, si vous voulez aller plus loin, vous aurez toutes les références bibliographiques en description. Mathilde, est-ce qu'il y a une particularité concernant les professionnels de santé ? Par exemple, les laboratoires de biologie médicale ou bien les médecins pour les salles d'attente, etc.
- Speaker #1
La rougeole, c'est extrêmement contagieux. C'est une des maladies virales les plus contagieuses avec un R0 à 17, ce qui veut dire que dans une population non immunisée, si vous avez une personne qui y est atteinte, elle peut contaminer à elle seule environ 17 personnes. Donc, il y a plusieurs consignes. Étant donné que c'est extrêmement contagieux, il est recommandé de bien aérer la pièce pendant au moins 15 minutes après avoir vu un patient qui est suspecté de rougeole. Il faut essayer le plus possible, si vous êtes au courant de la suspicion, ... de ne pas le mettre en contact avec les autres personnes et de lui demander de porter un masque chirurgical. Idéalement, il faut prévenir le labo ou l'hôpital dans lequel le patient va être adressé afin qu'il puisse indiquer aux professionnels de porter un masque FFP2 pour se protéger et qu'ils puissent proposer un circuit à part pour le patient et que le patient porte également un masque chirurgical pour limiter la contamination.
- Speaker #0
Très bien, donc c'est très contraignant.
- Speaker #1
Et pourquoi est-ce qu'on s'acharne autant sur la rougeole ? Parce que la plupart du temps, les symptômes cliniques sont assez bénins, mais il y a quand même un risque d'évolution vers des formes graves. On peut faire des pneumopathies qui sont très graves, on peut faire des encéphalites qui sont très graves, et ça, ça peut toucher particulièrement les jeunes enfants et les jeunes adultes. Et on a quand même une mortalité qui est potentiellement entre 1 à 10 cas sur 1000 patients contaminés dans les pays développés. Donc c'est quand même une maladie qui a des risques de complications qui peuvent être assez importants, vu le risque de contamination.
- Speaker #0
Donc si je résume, la rougeole est une maladie virale avec parfois des conséquences graves. On a à notre disposition un très bon test qui est la PCR, parce que la sérologie peut être faussement négative chez un patient symptomatique. La PCR nous permet aussi de génotyper les souches et participer à la santé publique. Il faut rappeler aussi que la rougeole est une maladie à déclaration obligatoire et que des procédures dédiées existent en cas de comptage.
- Speaker #1
Oui, tout à fait. La PCR, c'est particulièrement intéressant parce que ça permet de faire un diagnostic. très précoce, à partir du moment où on a l'éruption et même quelques jours avant. Donc ça peut être très intéressant pour les cas contacts. La sérologie, elle reste intéressante pour les cas où on est sur un diagnostic plus tardif, c'est-à-dire on n'a pas fait la PCR pendant l'éruption, on arrive après l'éruption. C'est plutôt pour faire du diagnostic, ça peut être utile pour faire du diagnostic rétrospectif.
- Speaker #0
C'est le moment de la question rituelle. Avez-vous, Mathilde, un chiffre ou un point de vigilance ?
- Speaker #1
Alors... on parlait de la recrudescence de la rougeole, c'est particulièrement vrai sur la dernière année. En 2025, pour le premier trimestre, on a eu à peu près autant de cas que sur toute l'année 2024. À l'heure actuelle, on est à 427 cas déclarés sur le premier trimestre 2025, donc c'est vraiment tout à fait en recrudescence en ce moment et c'est pour ça que c'est un sujet particulièrement d'actualité.
- Speaker #0
Eh bien, un grand merci Mathilde d'avoir participé à cet épisode.
- Speaker #1
Merci Abla et à bientôt.
- Speaker #0
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