- Speaker #0
Bonjour à tous, je suis ravie de vous retrouver dans ce nouvel épisode. Biomédicalement Votre, la juste prescription des examens biologiques, c'est LE podcast qui aide les professionnels de santé à anticiper les risques et à cultiver les bonnes pratiques liées à la prescription des examens de biologie.
- Speaker #1
Je suis Abla, biologiste médicale, et cette semaine, nous retrouvons Julien,
- Speaker #0
médecin généraliste à Clichy, qui a une question qui vous parlera peut-être.
- Speaker #2
Bonjour, je reçois une patiente à 25 semaines d'aménorée, son premier enfant à la varicelle. Que me conseillez-vous pour sa prise en charge ?
- Speaker #1
Alors bonjour Camille, un grand merci d'être là. Vous êtes biologiste médicale au sein du pôle infectiologie du laboratoire CERBA. Julien se pose la question de la varicelle chez une femme enceinte. Alors la varicelle est une infection assez banale, on l'a quasiment tous fait. Pourquoi il s'inquiète de ça ?
- Speaker #3
Je pense que Julien a été sensibilisé à cette question à un moment dans sa carrière et se dit « varicelle, femme enceinte, c'est pas rien. Il y a des actions à prendre, des choses à vérifier. » Et donc je suis vraiment contente qu'il se rappelle de ça et qu'il redemande la prise en charge plus détaillée pour après bien faire les choses. Et là où c'est vraiment bien aussi, c'est que la patiente, elle a signifié ce point à son médecin. Elle a eu une varicelle dans son entourage, que ce soit son fils aîné ou quelqu'un d'autre. Elle est enceinte, là elle se dit « Oh, est-ce qu'il y a quelque chose à faire ? » La réponse est oui, et du coup c'est vraiment bien qu'elle en ait parlé à son médecin pour après être prise en charge.
- Speaker #1
Oui, donc il faut rappeler à ces femmes enceintes, quand elles ont un contact avec la varicelle, ce n'est pas si anodin que ça.
- Speaker #3
Voilà, et d'en parler au médecin, de le communiquer.
- Speaker #1
Très bien. Et j'imagine que par la suite va découler un interrogatoire. La notion de comptage de séropositivité doit avoir une importance. Si la patiente se rappelle avoir fait une varicelle, quelle est la suite ?
- Speaker #3
Alors, c'est vrai que c'est assez rare en médecine parce que là, vraiment, l'interrogatoire est plus fort. que l'examen biologique. C'est-à-dire que c'est vraiment la mémoire de la patiente ou de la maman de la patiente, parce que de temps en temps, on est quand même un peu petit pour s'en rappeler ou alors on n'a pas passé de traces là. Donc si l'interrogatoire met en valeur la varicelle chez la patiente dans son enfance, la prise en charge s'arrête là. C'est-à-dire qu'on a confiance dans l'interrogatoire. Souvent, les varicelles ne se passent pas inaperçues, on s'arrête là. Parce que l'examen de biologie, en fait, il est un peu moins bon parce qu'il peut y avoir des faux négatifs, si je puis dire. Donc en fait, la patiente peut avoir eu la varicelle. Un examen de sérologie négative et auquel cas, il vaut mieux s'arrêter à l'interrogatoire pour ne pas après faire une prise en charge comme si elle ne l'avait jamais eue. Et il faut s'accrocher à l'interrogatoire pour essayer d'avoir des réponses. Si vraiment il n'y en a pas, on passe à l'examen de biologie médicale.
- Speaker #1
Très bien. Et dans ce cas-là, si l'interrogatoire n'est pas contributif, on fait une sérologie, si je comprends bien, si la sérologie s'avère négative ?
- Speaker #3
Alors on fait une sérologie, je précise à ce moment-là que la sérologie qui est vraiment recommandée, c'est les IgG uniquement, parce qu'on veut regarder une immunité passée de cette patiente. Les IgM. dans ces cas-là, n'ont pas d'intérêt. On ne veut pas regarder quelque chose d'aigu ou qui est en train de se passer. On veut regarder quel est son état, quelle est son immunité passée. Donc, on prescrit uniquement les IgG anti-varicelle, appelé aussi anti-VZV, varicelle zona.
- Speaker #1
Et si cette sérologie est négative ?
- Speaker #3
Alors, si cette sérologie est négative, on va se préoccuper de la prise en charge de cette patiente. Donc, à ce moment-là, quand on parle des femmes enceintes, il y a toujours deux volets. Il y a le volet maman et le volet bébé. Donc il y a quand même une action directe à prescrire par le médecin pour que la patiente se protège au maximum de cette forme grave de varicelle. Et si l'éruption cutanée arrive quand même chez la maman, malgré cette prévention, à ce moment-là, elle va être traitée par un valacyclovir, vraiment dans le but de diminuer les formes graves pour la maman.
- Speaker #1
Très bien. Et est-ce qu'il existe un moyen de prévention ? Justement un vaccin, par exemple ?
- Speaker #3
Oui, il existe un vaccin contre la varicelle. Il est d'ailleurs recommandé aux enfants de plus de 12 ans. enfants, adolescents de plus de 12 ans qui n'ont pas eu la varicelle dans l'enfance, de se vacciner. Et c'est vrai que c'est une femme, si elle a un projet de bébé, il peut être intéressant et judicieux de se poser la question de « est-ce que j'ai eu la varicelle ? » si elle ne l'a pas eu ou si elle n'a pas cette mémoire, de faire cette vaccination en prévention avant sa grossesse. Parce qu'il est important de rappeler que le vaccin est contre-indiqué pendant la grossesse. C'est un vaccin vivant atténué, donc contre-indiqué pendant la grossesse.
- Speaker #1
Oui, c'est très important de le rappeler.
- Speaker #3
Et je pense que c'est quand même important de parler aussi du côté bébé, des risques pour le bébé, après avoir abordé ceux pour la maman. Alors les risques pour le bébé, ça dépend un peu du terme de la grossesse. C'est-à-dire avant 20 semaines d'aménorée, il y a un risque très faible de malformation fétale. C'est important d'avoir ça en tête, mais les chiffres sont vraiment très faibles. Entre 20 et 37 semaines d'aménorée, il n'y a aucun risque pour le bébé. On est vraiment sur un cas où les risques sont finalement peut-être plus pour la maman de varicelle grave. Et c'est là où ça devient important, c'est après 37 semaines d'aménorée. En gros, quand le bébé est à terme et que la femme peut accoucher. Là, ça peut devenir très grave. Pourquoi ? Parce que si la femme accouche au moment de son éruption cutanée, à peu près J-7, J-7, c'est le moment où la femme a une viremie, une circulation de virus dans le sang très élevée. Et donc quand elle va accoucher, elle a un risque de transmettre ce virus à son bébé. vraiment élevé. Si ça se passe malheureusement il y a 30 % de mortalité pour le bébé. C'est la raison pour laquelle quand une femme enceinte qui n'est pas immunisée a un comptage varicelleux et est au delà de 37 semaines d'aménorrhée, on peut faire une prévention par immunoglobuline et tout mais on se pose vraiment la question de déclencher l'accouchement pour ne pas se retrouver dans cette fenêtre de risque. Donc il y a une action très concrète qui peut avoir lieu et à mettre en place assez rapidement.
- Speaker #1
Très bien. Et puis, si vous voulez avoir plus de détails, on vous met toutes les recommandations en description de l'épisode. Donc, si je dois résumer en une seule phrase, il ne faut absolument pas minimiser le comptage varicelleux chez la femme enceinte.
- Speaker #3
C'est exactement ça. Merci, Abla.
- Speaker #1
Eh bien, c'est le moment de la question rituelle. Camille, avez-vous un point d'attention ou un cas particulier qui vous a marqué ?
- Speaker #3
Alors oui, parce que là, c'est la vie quotidienne. J'ai une amie enceinte qui avait déjà un enfant. et qui me parle au téléphone, qui me dit qu'en ce moment, elle est vraiment hyper fatiguée parce que son fils est né à la varicelle et qu'il ne dort pas bien et qu'il se gratte. Donc en ce moment, c'est difficile pour elle. Et donc là, moi, je lui dis très bien, je prends de ses nouvelles et tout, et je lui dis, est-ce que tu as prévu d'en parler à ton médecin ? Elle me dit, mais à quoi ça sert ? La varicelle, tout le monde l'a, mon fils a la varicelle. Voilà, c'est anecdotique et elle n'avait pas prévu d'en parler à son médecin ou à sa sage-femme parce qu'elle ne voit pas l'intérêt de cette information. J'ai alors pu la sensibiliser sur ce point en lui disant « si, c'est important d'en parler » . Elle en a parlé, on a regardé son immunisation, elle n'était pas immunisée. Donc elle était au deuxième trimestre, donc finalement, il n'y a pas eu d'action, à part la prévention pour elle, il n'y a pas eu d'action type déclenchement, mais elle n'avait absolument pas en tête de prévenir son médecin de ce fait pour elle insignifiant. de l'avaricelle de son enfant.
- Speaker #1
J'imagine que le nombre de femmes qui sont non immunisées est faible. Est-ce que vous avez des chiffres justement à ce sujet ?
- Speaker #3
Oui, il y a à peu près 95% de la population des femmes enceintes qui est immunisée. En revanche, ça c'est pour la population qui a grandi en France. Attention aux femmes qui ont grandi à l'étranger ou dans des pays plus chauds, parce que le virus circule moins, donc le taux d'immunisation va être plus faible, peut-être autour de 60-70%. Donc voilà, ça dépend un peu de notre enfance. et dans quel pays nous avons grandi.
- Speaker #1
Oui, donc c'est important de le rappeler, effectivement. Et bien Camille, un grand merci d'avoir été là et d'avoir répondu à mes questions.
- Speaker #3
Je vous en prie, Abla, ce fut un plaisir.
- Speaker #0
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