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#7 Le réemploi de charpente métallique

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55min |27/11/2025
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Description

Le réemploi peut-il devenir un réflexe industriel aussi banal que le recyclage de l’acier ?

Invitée : Nathalie Pasquet, Développement Réemploi Matériaux FAYAT METAL


Nathalie nous explique comment la filière a sécurisé le sujet pour que le réemploi porte les mêmes garanties que le neuf, reste à trouver comment dépasser les blocages psychologiques quand tout le monde pense encore que c’est trop complexe ou trop cher...


Car la vraie difficulté n’est plus technique, mais culturelle.


Derrière, une filière complète se construit : repérer les gisements, démonter plutôt que démolir, qualifier les aciers, stocker, réemployer. Les projets miroirs montrent d’ailleurs que l’on peut reconstruire au même prix que du neuf tout en divisant le carbone par dix.


L’économie du réemploi devient lisible : mieux payer les démolisseurs que la ferraille, absorber le surcoût du démontage, sécuriser l’assurance décennale grâce au protocole validé par l’AQC.
Et plus les grands comptes s’approprient ces réflexes, plus le réemploi s’impose comme une évidence industrielle, vertueuse et rentable.



✉️ N.PASQUET@fayatmetal.fayat.com

📞 06 82 85 43 22

https://metal.fayat.com/nos-expertises/decarbonation

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✉️ extralife@inex.fr

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #1

    Bonjour et bienvenue sur le podcast d'Extra Life. Je suis Louise Thiard, architecte-ingénieure, passionnée par le réemploi de matériaux de construction. Et dans ce podcast, je rencontre des acteurs de l'économie circulaire... autrement dit des personnes engagées comme moi, pour donner une seconde vie, un second cycle de vie à la matière. Aujourd'hui je suis hyper heureuse car je suis en compagnie de Nathalie Pasquet, que j'ai connue grâce à Emile Seta. Nathalie est responsable développement, réemploi et énergie nouvelle chez Fayat Metal, et Emile est chef de projet réemploi plutôt avec un profil d'ingénieur au sein du groupe. Tu es aussi dans une division qui s'appelle Conduite du Changement, d'après ce que je comprends. Est-ce que tu pourrais te présenter peut-être un peu d'où tu viens ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, bonjour à toi aussi et merci beaucoup de m'accueillir. En effet, alors ce n'est pas la division qui s'appelle Conduite du Changement, la division c'est Fayat métal, mais au sein de cette division on porte de nombreux projets transverses. Et donc comme c'est un groupe qui a une culture avec un fort ADN de l'autonomie, l'audace et l'engagement de ses filiales, la transversalité est plus récente et c'est dans ce cadre là que l'on promeut avec Émile pour toute la division et toutes nos filiales le réemploi des structures métalliques. En ce qui me concerne, je viens plutôt moi du milieu, j'ai toujours travaillé dans la métallurgie donc que ce soit la métallurgie, mais plutôt de précision dans le domaine du médical à travers la fabrication d'aiguilles chirurgicales ou à la Monnaie Paris avec la fabrication de pièces de monnaie, mais où nous ne faisions pas de réemploi, mais c'était du métal et beaucoup de développement et de conduite du changement.

  • Speaker #1

    D'accord. Donc, tu es arrivée chez Fayat il y a à peu près un an ?

  • Speaker #0

    Oui, maintenant bientôt 18 mois que je suis là.

  • Speaker #1

    Et donc quand tu es arrivée, tu étais chargée de mettre en place le volet réemploi mais aussi énergie renouvelable. Est-ce que c'était au point mort vraiment ces notions de réemploi quand tu es arrivée ?

  • Speaker #0

    Alors ce n'était pas au point mort, mais déjà d'une part parce que la direction de Fayat Metal avait identifié ces deux sujets comme deux sujets clés. et souhaitait développer ce marché du réemploi et en avait fait un axe différenciant de décarbonation pour notre division qui comporte des entreprises de charpente métallique, qui fabrique de la charpente métallique. Donc en fait c'était acté en termes de stratégie, mais il fallait opérationnellement porter le sujet et le déployer en fait. Donc, c'est développer et contribuer au développement de ce marché.

  • Speaker #1

    Ok. Et donc, pour faire ça, c'est des investissements ? En quoi tu conseilles le groupe ? Où est-ce que tu orientes les efforts humains, les finances ? Vous avez investi chez Metamo. Est-ce que tu peux en parler ?

  • Speaker #0

    Eh bien, en effet, le groupe était déjà, enfin le groupe et notamment cette division, et particulièrement à travers une de nos filiales, Viry, qui s'appelle Viry, et qui est notre filiale qui a fabriqué les anneaux des Jeux Olympiques sur la Tour Eiffel par exemple, dont le directeur et le président du CTICM, qui est le Centre Technique et Industriel de la Construction Métallique. Donc nos ingénieurs... était déjà très impliqué dans de nombreux sujets, dont le réemploi des matériaux en coopération avec le CTICM. Donc ce n'était pas complètement nouveau. En revanche, mon arrivée permettait de peut-être valider ou invalider le fait qu'il y avait un réel marché du réemploi. Alors on en est plutôt en effet aux prémices, mais déjà en un an, on a passé des étapes considérables.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Vraiment.

  • Speaker #1

    Et donc, oui, tu trouves qu'on a bien avancé, il y a de plus en plus de projets. Quand vous répondez à des appels d'offres aussi, vous arrivez à vous engager, parce que vous avez remarqué, vous avez déjà identifié des gisements. Vous avez peut-être toute la logistique derrière et donc est-ce que tu sens qu'il y a une demande aussi parce qu'il n'y a pas que l'offre, il faut aussi avoir une demande en face de projet, qui sont les plus gros clients qui passent à l'action ?

  • Speaker #0

    En fait, il y a deux pans. Déjà, Fayat Metal a décidé de créer une cellule qui est dédiée, que je pilote, et Emile et moi portons le projet pour la division. Mais au sein de Fayat Metal, on a un groupe de travail derrière nous, au quotidien, avec un représentant pour chacune de nos filiales, qui est notre relais, notre référent réemploi au sein de sa filiale. Et donc, d'une part, on doit chercher des gisements. D'autre part, on doit chercher des affaires pour fabriquer avec du réemploi. Donc ça veut dire de faire la promotion du réemploi des structures métalliques, entre guillemets porter la bonne parole, faire connaître ce que c'est. Et du coup, on est très impliqué dans la filière entière avec ceux qui sont sur le marché nos concurrents. mais qui pour le développement du réemploi sont nos partenaires en fait. Parce qu'on se dit qu'il faut massifier ce marché pour que économiquement, il devienne de plus en plus attractif. Parce que pour l'instant, il y a sur le marché en fait des blocages psychologiques, par méconnaissance, on pense que c'est compliqué et on se dit que c'est systématiquement plus cher. Donc il faut expliquer, donner du sens et montrer que non, ce n'est pas systématiquement plus cher dans toutes les affaires, mais on se rend compte qu'il y a une méconnaissance du sujet, même par les AMO réemploi, même par les architectes, même par les entreprises générales qui elles ont des contraintes réglementaires. Donc fort à nous d'aller faire des conférences, de participer, d'expliquer de quoi il s'agit et de montrer quel est le processus et détailler un peu cette construction du prix du réemploi.

  • Speaker #1

    Parce que oui, il y a la question aussi de quel serait le prix de vente, comment on estime aussi la matière. Mais on pourra peut-être y revenir parce que si on reste concentré aussi sur l'organisation qu'il y a au sein des entreprises majeures qui font de l'acier ou qui commercialisent de l'acier, il y a le CETICM aussi qui a édité des réglementations professionnelles pour faciliter le réemploi. et à... Un syndicat aussi, le syndicat de la construction métallique. Et est-ce que...

  • Speaker #0

    La maison de la construction métallique aussi, tous travaillent sur le sujet. Mais c'est vrai que c'est le réemploi. Il y a réellement aujourd'hui, parce qu'on parlait du marché, il y a réellement aujourd'hui des projets de construction qui demandent pour obtenir... des niveaux élevés de décarbonation qui demandent d'aller chercher des solutions complémentaires à l'acier bas carbone, qui existent. Et donc c'est le réemploi des matériaux.

  • Speaker #1

    Et comment on crée un marché ? Ce sera un peu le thème. Est-ce qu'on peut... On peut dire que c'est le lobbying aussi qui peut aider à faire un marché. À l'origine, il faut réussir à planter des petites graines un peu dans les esprits des gens.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est un état d'esprit. Là aussi, c'est une conduite du changement. Et c'est psychologique parce que certains clients peuvent préférer de façon spontanée. Comme par exemple si tu construis un bâtiment agricole, l'agriculteur spontanément va préférer un bâtiment neuf, alors que pourtant lui-même dans son quotidien réutilise énormément de choses et recycle, mais pour un bâtiment va vouloir du neuf. Donc voilà, là c'est typiquement une acculturation totale à cette approche qu'il faut faire, ensuite auprès des industriels, auprès des grands comptes, mais ceux qui... porte réellement aujourd'hui le marché, ce sont quand même les grands comptes publics qui sont eux déjà très avancés. On le voit à travers par exemple SNCF qui demande déjà des variantes décarbonées, qui demande à ce qu'on propose des variantes décarbonées dans ces CCTP. Ensuite les grands comptes privés aussi qui ont un axe décarbonation conséquent et qui mettent beaucoup de moyens. sur cet objectif en interne, donc qui se posent beaucoup de questions de comment intégrer le réemploi, là aussi dans leur CCTP, pour amener leurs fournisseurs à faire des propositions telles que celles-ci. Et économiquement, en effet, c'est un challenge, parce que certaines fois, l'acier de réemploi, en fait il vient d'une friche industrielle que tu vas non pas démolir, déconstruire, mais que tu vas démonter. Donc démonter, ça veut dire qu'il faut faire ça soigneusement, donc forcément c'est plus long, tu vas devoir étiqueter, donc c'est beaucoup plus long, trier et c'est pas le même modèle économique que toutes les entreprises de démolition actuelles. Donc là aussi, c'est arriver à créer un nouveau marché. Mais les démolisseurs que l'on a aussi approchés s'y intéressent, ne sont pas encore dans tout à fait le processus adéquat, mais s'y intéressent. Donc on voit qu'il y a un mouvement quand même très net. On le constate concrètement dans des projets que l'on vit au quotidien avec Émile.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu pourrais nous raconter un de vos projets qui s'est bien passé ?

  • Speaker #0

    On a déjà fait chez Fayat Métal plusieurs projets. Notamment, on a démonté une verrière, par exemple, dans un collège. Parce que la verrière était trop haute et pas assez grande, pas assez large pour vraiment protéger les élèves. Donc, on s'est dit qu'on allait réutiliser, réemployer 100%. Maintenant, comme elle devait être plus grande, on a rajouté du neuf. Donc, on a réemployé l'acier, on a aussi réemployé le verre. Et donc, pour ces tout premiers chantiers, qui étaient presque expérimentaux pour nous, parce que celui-ci était le tout premier même d'ailleurs, qu'a porté Emile, eh bien, en fait, il y a eu un énorme retour d'expérience de comment faire, parce que pour nos monteurs, On a utilisé nos monteurs pour démonter. Pour eux aussi, c'était nouveau. Donc, il a vraiment fallu les accompagner et la présence d'Emile comme conducteur de travaux sur le chantier pour montrer quelle était la bonne méthode et pourquoi il fallait faire autant attention et les répercussions que ça pouvait avoir par la suite. En fait, c'est ça, c'est de bien comprendre le travail qu'il faisait. et les conséquences qu'il pouvait y avoir après. Mais en effet, le prix de ce démontage est plus élevé. Mais au final, dans un projet tel que celui-ci, où on les a baptisés, nous, en interne, les projets miroirs, c'est-à-dire qu'on démonte pour refaire la même chose, en fait. Le même bâtiment, où là, la même verrière, c'est... économiquement vertueux. C'est-à-dire qu'au final, tu n'as pas de dépenses supplémentaires par rapport à du neuf. Tu as simplement dépensé le même budget. Donc, pour le même budget, tous ces projets miroirs valent vraiment la peine d'être menés à bien. Parce que pourquoi aller démolir et racheter du neuf si on peut, pour le même prix, faire quelque chose qui, au final... en termes d'émissions carbone n'aura plus rien à voir.

  • Speaker #1

    Est-ce que ça t'a déjà constaté que c'était vraiment l'argument déclic qui pouvait intéresser une personne autre que l'argent, leur parler du bilan carbone et de l'intérêt ? Est-ce que les gens sont sensibles, même s'ils n'ont pas d'obligation ?

  • Speaker #0

    Oui, parce que je pense qu'il y a quand même... Derrière une entreprise ou derrière une collectivité, ce sont quand même des individus qui ont une conscience quand même de l'état de santé de notre planète et qui justement veulent contribuer à tout niveau s'ils le peuvent. Et donc là, on leur en donne l'occasion. Donc quand ils ont un projet, eux-mêmes, si justement on vient leur proposer une telle solution, sont à l'écoute de ce qu'on peut leur proposer. et si économiquement ils considèrent que c'est réalisable, sont plutôt même extrêmement satisfaits de l'avoir fait dans ces conditions-là. Vraiment.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai qu'il y a quelque chose qui ne se quantifie pas, mais c'est l'après et l'histoire que ça peut raconter ensuite. L'avoir fait et de montrer que c'est possible parce que on se pose tous la question de qui acceptera de payer la décarbonation. En quelque sorte, on a tous envie de le faire, mais on est tous capables aussi. On pense que techniquement, on a les capacités, on a des ingénieurs, on a vu la possibilité. Mais ce qui manque, c'est... C'est la volonté de le faire réellement et peut-être les moyens.

  • Speaker #0

    Et dans un cadre sécurisé, je me permettrais de rajouter, ça c'est vraiment un élément très important et seul l'acier permet en effet aux maîtres d'ouvrage, aux AMO, aux archis d'être rassurés sur ce qu'ils vont construire parce que, étant donné que grâce au travail des ingénieurs, de... de charpente, notamment Fayat métal, en coopération avec le CTICM justement, ils ont élaboré ce protocole de qualification, ce qui fait que ce sont pour les aciers après 1970. Avant 1970, on ne va pas réemployer, mais tout ce qui a été construit à partir de 1970, selon si on a de la traçabilité ou non, les structures vont devoir passer un... une liste de tests prédéfinis et ce protocole de tests en fonction de ce que l'on a à réemployer a été validé par la commission de prévention produit qui fait partie de l'agence qualité construction, l'AQC. Alors pourquoi je mentionne ça ? Parce que grâce à ce protocole et à la qualification de ces aciers, l'acier qui va être réemployé va bénéficier d'une assurance décennale au même titre que le neuf. Et quand même, on est dans la construction, on n'est pas dans le second œuvre. Donc, il y a un réel enjeu de la qualité de l'acier, les qualités intrinsèques de l'acier qui, bon, se maintiennent dans le temps. Mais il est indispensable que tout soit vérifié le cas échéant et que le fait que les assureurs, les bureaux de contrôle aient participés à la rédaction de ce protocole fait que cette assurance existe et ça c'est très peu su or c'est quelque chose qui va énormément rassuré par exemple l'acheteur le concepteur lui il est dans ses dessins l'archi mais le jour où on construit tout est question aussi d'assurance et ça c'est un atout énorme et nous sommes les seuls à l'avoir nous sommes les seuls à l'avant et ça c'est très peu sûr aussi donc ça aussi on doit on doit en faire la promotion de cet aspect-là.

  • Speaker #1

    Vous avez aussi un labo mobile.

  • Speaker #0

    Oui, alors le CTICM a un labo mobile, mais en fait, nous, chez Fayat Métal, on a deux de nos filiales. Maintenant, on est cinq entreprises dans la filière, dont Métamo, chez qui nous avons pris des actions, qui ont été auditées par le CTICM. Ce qui veut dire que maintenant, nous-mêmes, on peut délivrer cette fameuse... attestation de performance de l'acier de réemploi qui vaut pour pouvoir être assuré. Et ça, nous ne sommes que cinq en France, et nous avons été les premiers à obtenir justement cette qualification pour les aciers.

  • Speaker #1

    Donc, tous les feux sont au vert, il manque juste le déclic, le passage à l'acte, parce que... Est-ce que, d'ailleurs, tu te retrouves parfois face à des arguments qui... qui pourraient paraître indiscutables, où tu te retrouves à des murs, ou des gens qui te disent « non, moi je ne veux pas faire de réemploi, c'est trop compliqué » . C'est quoi un peu les clichés que tu entends ?

  • Speaker #0

    Eh bien, ça peut être en effet dans les entreprises de bâtiment, dans la partie travaux, certaines fois où les... Les employés ne savent pas en quoi ça consiste forcément et du coup pensent tout de suite que c'est très compliqué. Or, un acier de réemploi qui arrive sur le chantier de construction, il va devoir être tracé, tout simplement, mais il arrive dans le même état qu'un acier neuf qui sort de l'usine de charpente métallique. Donc il n'y a rien de différent. entre un acier classique et un acier de réemploi. Mais dans les esprits, dans l'esprit collectif, tout de suite, on va associer ça à quelque chose de compliqué. Mais ça, je crois que c'est naturel, c'est aussi parce que c'est un changement. Donc d'où toujours le mot de conduite du changement, parce que quand ça fait tellement de temps qu'on est habitué, il y a eu des grandes périodes où on démolit, on construit avec du neuf, que c'est toute une acculturation à porter. Et il faut juste prendre le temps d'en expliquer le bien fondé et démystifier la complexité de l'opération. Et ça c'est un gros travail à faire, mais ça c'est pas palpable en fait. Mais ça, c'est une vraie réticence. C'est une vraie réticence. Mais en revanche, je citais tout à l'heure, par exemple, un agriculteur qui spontanément n'a pas envie de quelque chose de seconde main. En revanche, il va pouvoir être intéressé par les projets miroirs que j'ai mentionnés où là, si on dit, vous avez besoin d'un hangar agricole, vous avez un réel besoin. Nous, on a identifié... un hangar agricole à déconstruire, à démonter. Peut-être qu'à 1 mètre, 2 mètres près, ce n'est pas exactement le bâtiment qu'il aurait souhaité. Mais si tu expliques qu'au final, esthétiquement, ça sera la même chose parce qu'il aura été grenaillé et repeint et il n'y aura quasiment pas subi de transformation parce que c'est le même usage et c'est le même bâtiment que l'on va remonter, mais qu'il va coûter 90% du prix du neuf, là l'argument va porter en effet. Donc il faut prendre le temps d'expliquer aussi qu'il peut y avoir ce type de projet. Et là ça intéresse réellement, pour l'avoir réalisé. Par exemple à Toulouse, on a eu un exemple avec l'une de nos filiales, Castel et Fromager, qui a fait un tel programme par exemple.

  • Speaker #1

    Pour un hangar agricole ?

  • Speaker #0

    Oui, alors ce n'était pas un hangar agricole, c'était un hangar. dans une entreprise de maçonnerie, mais c'est le même principe, c'est-à-dire qu'on a démonté et remonté le même bâtiment et pour un prix moindre que cela aurait coûté si ça avait dû être entièrement conçu et fabriqué en neuf. Donc ça c'est des bons exemples. Mais ce sont des exemples vrai en plus, c'est concret et opérationnel.

  • Speaker #1

    Et après peut-être que tu auras réussi à toucher un peu le cœur de la personne qui sera peut-être aussi fière d'avoir fait l'effort de vous faire confiance et d'aller jusqu'au bout de la démarche. Parce que c'est ça le frein psychologique qui peut très facilement être levé quand on pense à l'avenir, on peut tous chacun trouver nos raisons d'agir.

  • Speaker #0

    C'est une volonté en fait, c'est une volonté. Une voiture électrique aujourd'hui est plus chère qu'une voiture thermique. Et pourtant, on va tous s'équiper en voiture électrique. Et là, le réemploi, c'est encore plus vertueux même, puisque c'est vraiment quelque chose qui existe déjà, et que sinon on va gaspiller. donc d'ailleurs Le réemploi découle aussi de la loi AGEC, qui est une loi anti-gaspillage. Et c'est ça l'idée aussi quand même qui sous-tend tous ces projets, c'est d'arrêter d'autant gaspiller dans cette société de consommation. Donc c'est pour ça qu'il faut que non seulement les individus, mais les entreprises intègrent cette notion-là. Mais avec l'apparition de la RSE, le déploiement de la RSE, Petit à petit, qui part des grands comptes, des grandes entreprises privées, qui descend dans l'industrie et qui met du temps. Il y a 30 ans, il n'y avait pas de certification qualité. Aujourd'hui, qui aurait l'idée de ne pas avoir de certification ISO 9001 ? Mon âge me permet de dire que, quand j'ai démarré très très jeune, j'ai travaillé dans des entreprises où personne ne voulait la qualité. On a mis en place... La qualité, les certifications, et c'était une révolution qui a été très compliquée dans les mentalités même de nos ouvriers, de nos managers. Or aujourd'hui, je crois que ça fait longtemps qu'on ne se pose plus de questions. Donc je pense que la décarbonation, la RSE et donc le réemploi découlent de la même chose. Donc on en est juste au début. C'est pour ça que ce n'est pas encore un marché massifié. et qu'en effet, quand on fait du... barre à barre, qu'on va utiliser simplement certaines parties de structure dans un projet neuf, les parties réemployées restent plus chères encore que l'acier neuf, ça c'est une réalité pour l'instant. Ok, c'est beaucoup d'infos et c'est vrai que la RSE ou même l'obligation de calculer son bilan carbone, ça n'existait pas. D'ailleurs, le groupe FAYAT a scope 1, scope 2, scope 3.

  • Speaker #1

    Scope 3 est soumis à la CSRD, même si la CSRD évolue elle aussi légèrement pour les grandes entreprises, enfin pour les groupes. Mais on a une directrice RSE dans le groupe. Nous avons tous des objectifs décarbonation. Je pense que c'est vraiment en train de devenir quelque chose de naturel pour nous tous. Mais ce sont les grands comptes qui donnent le la. Et ça va ensuite russeler vers les plus petites entreprises.

  • Speaker #0

    Oui. D'ailleurs, est-ce que tu as le droit de me dire qui est le plus gros investisseur du groupe ? Les grands comptes, pour savoir un peu qui est-ce qui est...

  • Speaker #1

    Tu veux dire au sein du groupe FAYAT ?

  • Speaker #0

    Oui, ou extérieure.

  • Speaker #1

    Je pense que de toute façon, si tu parles avec toutes les grandes entreprises françaises, elles ont toutes, même nos concurrents, sont tous focalisés sur les thématiques RSE et la décarbonation. Enfin, je crois qu'il n'y a pas d'exception, il n'y a vraiment aucune exception là-dessus. C'est intégré dans leur stratégie. dans la stratégie des groupes. C'est plutôt quand tu descends dans les petites entreprises, parce que de la même façon qu'a été la qualité il y a longtemps, tu ne sais pas même faire un bilan carbone. Ce n'est pas naturel. Enfin, si on ne t'a jamais formé à ça, tu ne sais pas. Donc, il y a tout ce temps de formation de tes propres fournisseurs.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Donc, et pour entraîner tout ce monde-là… Nous, en un an déjà, on a eu ce protocole qui a été validé. On a fait cinq gros chantiers cette année. Ça prend du temps. Il n'y a rien qui peut aller plus vite. Déjà, un an, ce n'est rien à l'échelle d'un nouveau marché. Ce n'est vraiment rien.

  • Speaker #0

    Je voyais ça dans le Scope 3. Il y a une énorme part du bilan carbone qui est allouée à l'achat de biens et services. En fait, c'est tout l'acier que vous achetez.

  • Speaker #1

    Chez nous, c'est l'acier.

  • Speaker #0

    Très carboné.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Et donc ça prend du temps et tu trouves qu'il y a quand même des belles avancées. Est-ce qu'on peut s'inspirer d'autres modèles, par exemple le marché des biosourcées, qui ont énormément bénéficié de l'annonce peut-être aussi politique de faire une transition énergétique, une transition environnementale ? Il y a aussi les panneaux photovoltaïques, il y a toute la question de l'énergie. Est-ce que le réemploi, il est... Il est moins high-tech peut-être aussi, il est un peu ancestral.

  • Speaker #1

    C'est ça, parce que je pense que le réemploi, c'est juste… Alors, je ne voudrais pas dire que c'est du bon sens, mais en fait, c'est des bonnes pratiques, tout simplement. C'est simple, on n'a rien à inventer. C'est juste, dans son quotidien, avoir des pratiques vertueuses. Puisque c'est si « facile » , je veux dire, pourquoi n'y allons-nous pas plus ? Mais en effet, transformer quelque chose à un coût. Et on doit être à l'écoute de nos clients, en effet, quand on sait que pour un même projet, on ne leur demande pas d'ailleurs, et ça serait même impossible parce que nous n'aurions pas les matériaux, enfin les structures nécessaires, de faire l'entièreté du projet en réemploi. En fait, dans un projet, il peut y avoir de l'acier neuf, parce que l'acier bas carbone n'existe que pour certaines parties de structure aussi, quelques-unes, et avec des délais très longs en approvisionnement. Et le réemploi vient en complément, parce que le réemploi, tout le monde ne le sait pas, mais la RE2020, aujourd'hui en tous les cas encore, affiche que le réemploi, c'est égal à zéro émission carbone. Donc, c'est moins 1,157 tonnes équivalent CO2 d'émissions à chaque fois. Donc, c'est quand même un énorme gain. Et donc, ça, c'est s'appuyer simplement sur la réglementation, parce qu'il faut bien une base de calcul, la même pour tout le monde. Donc, pour l'instant, il serait important que même ce type d'informations soient bien intégrées dans les bureaux d'études. et dans tous les avant-projets de chaque affaire. Ça aussi, en fait, il faut acculturer, même au sein de nos entreprises. Parce que là on a parlé de notre cellule versus l'extérieur, mais au sein même de nos entreprises, là on a prévu, en accord avec toutes les directions de chaque filiale, de faire une présentation à toutes nos forces commerciales. On aurait pu la faire dès l'année dernière, mais on a maintenant des retours d'expérience, et on va pouvoir leur parler, comme on le fait aujourd'hui, de pourquoi aller vers le réemploi, parce que c'est eux qui sont sur le marché au quotidien, les commerciaux. Et donc, c'est à eux aussi de nous aider à trouver des gisements d'une part et à porter la parole, à promouvoir le réemploi envers leurs clients. Donc, ça aussi, une fois qu'on aura fait ça, ça aussi, ça va aider. Et on est de nombreuses entreprises à conduire le même, à mettre en place les mêmes étapes au sein de nos entreprises.

  • Speaker #0

    Oui, c'est à toutes les étapes aussi. Oui, c'est ça. Un nouveau produit, il suffit juste de le produire, de le commercialiser. Alors là, il faut transformer toute la chaîne.

  • Speaker #1

    Donc, il faut impliquer les ingénieurs comme toi. Il faut impliquer les ingénieurs. Et peut-être après, ça sera aussi une question de génération. Parce qu'il faut aussi que ce soit quelque chose qui soit abordé dans les écoles. C'est comme tout. C'est la formation aussi des jeunes architectes, des jeunes ingénieurs. qui fera que demain tous auront aussi le réflexe. C'est à tous les niveaux en fait qu'il faut conduire le changement.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr. Et est-ce que toi dans ta pratique personnelle, tu réemploies, tu répares, tu t'achètes en seconde main ?

  • Speaker #1

    Alors moi j'ai une fille qui est très forte là-dessus, qui nous a tous amenés vers ça, vers j'achète peu de neufs. j'achète quelque chose qui a déjà été porté, c'est en termes de vêtements par exemple. En effet, on adore aussi retaper, je veux dire retaper, même si c'est en effet réemployer tout ce qui est immobilier aussi, et mobilier notamment à l'intérieur d'une maison, si on peut refaire des commodes qu'on va trouver, que l'on a déjà, non pas aller en acheter une autre, on va prendre celle qu'on a qui était... au fin fond du grenier ou au fin fond du garage, et la transformer. Oui, déjà, c'est ce qu'on fait, en fait. C'est ce qu'on fait. Et c'est quand même aussi basiquement, c'est ne pas tous les jours acheter beaucoup d'aliments et jeter ce qui reste. C'est, voilà, réassaisonner, réaccommoder. Enfin, je veux dire, voilà, c'est plein de petites choses qui font qu'on essaie de ne pas toujours acheter du neuf. je crois qu'on est allé quand même trop loin surtout le neuf je crois que même si on arrêtait de produire aujourd'hui on aurait déjà assez de choses on aurait déjà assez de choses à faire je crois qu'on est pas mal équipé depuis que la société de consommation a pris le lead c'est vrai que je crois qu'on a on possède beaucoup de choses et Maintenant, c'est toute une économie, en effet, de mobilier ou de décoration pas très cher. Mais réutiliser ce qui existe déjà, c'est pas mal aussi. C'est quand même vertueux.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses que le matériau acier, j'y pense comme ça, parce qu'il y a le recyclage qui facilite le fait qu'on jette moins. On sait que ça se revalorise à la ferraille et qu'on peut récupérer une petite somme. Est-ce que c'est ça qui aussi facilite le réemploi de ce matériau-là ?

  • Speaker #1

    C'est-à-dire que quand même l'acier il est vertueux dans ce sens-là, c'est-à-dire qu'en termes de recyclage tout est recyclé en acier. En effet, comme tu l'as dit, dans un chantier la partie métal elle part à la ferraille, donc le démolisseur va récupérer une somme d'argent à la tonne pour le métal qu'il va donner, donc il va être réemployé, revendu, enfin il y a vraiment. toute une deuxième vie, troisième vie, enfin ça c'est l'acier de façon générale. Donc déjà ça c'est quand même très vertueux, mais après c'est vrai que l'acier malheureusement, et on l'entend souvent face au bois, très décrié parce que en termes d'émissions carbone, or justement le réemploi vient pallier ce côté là.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu entres en concurrence donc avec les... les personnes qui ont besoin de cette acier pour en reproduire du nouveau, avec finalement vos producteurs ArcelorMittal ? Parce que si vous n'en voyez pas à la benne...

  • Speaker #1

    Je pense que ArcelorMittal est quand même une entreprise... géante, on peut dire, à un niveau mondial. Donc nous, pour l'instant, on va dire qu'on est très petit. Et mais je trouve que ce qui est bien, c'est que justement, même le discours d'ArcelorMittal est que nous soyons complémentaires. C'est à dire qu'on n'est pas l'un contre l'autre. On est on doit utiliser les deux dans un projet. Parce que comme je le disais, jamais on ne pourra trouver en réemploi l'entièreté d'une structure pour une construction neuve. Donc, il faudra de l'acier bas carbone et du réemploi. Ce n'est pas quelque chose qui va pouvoir remplacer complètement. Ce n'est pas possible. À part dans les projets miroirs. Sinon, dans une construction entièrement imaginée, qui serait complètement différente de quelque chose qui a déjà existé, ce n'est pas possible de tout faire en réemploi. Donc, en effet, c'est complémentaire. Il n'y a pas de guerre entre les deux. C'est vraiment un complément. dans la conception.

  • Speaker #0

    Parce qu'il y aura toujours des aciers qui datent d'avant 1970, c'est-à-dire qu'il y a des choses qui sont pas réemployables. Et en plus, on construit dix fois plus qu'on démolit, donc à un moment, on ne peut pas aligner.

  • Speaker #1

    Mais aujourd'hui, on réhabilite beaucoup. Il y a une vraie tendance du marché à la réhabilitation quand même, par rapport au neuf. On voit que le marché évolue aussi. On voit que le marché évolue.

  • Speaker #0

    Oui, en effet. Donc là, je suis revenu un peu en arrière, mais... Je voulais aussi te demander si, question un peu plus personnelle, si tu collectionnais des choses, si tu avais déjà fait des collections dans ta vie.

  • Speaker #1

    Alors moi, j'ai fait une collection de magnets, mais qui a démarré il y a 35 ans, de tous les pays où j'allais, de toutes les villes où j'allais. Donc j'ai une bonne collection, on va dire, et des petits carnets aussi. en papier recyclé ou que je trouvais dans des petits magasins artisanaux pareil dans le monde entier donc j'ai une assez grande collection de petits carnets que je garde précieusement le jeune utilisement que je garde précieusement que j'admire régulièrement et des manettes de partout partout partout dans le monde je me posais la question pour le oui pour le côté accumuler des choses qui ont pas beaucoup de valeur marchande mais qui ont une énorme valeur sentimentale. Ah non, non, ça c'est sûr, je ne jeterai pas. Je suis très conservatrice en plus, donc je ne jette pas.

  • Speaker #0

    Parfois sur les brocantes on voit des collections de petits chats en verre d'une grand-mère qui sont...

  • Speaker #1

    Ah non, moi je... Je suis aux antipodes. presque trop, mais je suis vraiment aux antipodes de ça.

  • Speaker #0

    Mais je pense qu'il faut être un peu matérialiste dans le bon sens du terme, c'est-à-dire porter un peu trop d'attention aux choses, de soins, pour un peu plus, pour ne pas juste s'en défaire facilement et les jeter à la poubelle.

  • Speaker #1

    Puis c'est toute une mémoire, c'est toute une histoire quand même. Oui, c'est ça, c'est pas rien. Ça dit une histoire quand même, certaines choses, clairement.

  • Speaker #0

    Et dans tes voyages, Peut-être que tu les as faits dans tes métiers avant d'arriver ici, mais est-ce que même aujourd'hui, tu vois un peu où ça en est aussi, le réemploi de l'acier dans les autres pays ? Je me demande où est-ce qu'on en est.

  • Speaker #1

    Je pense qu'au niveau européen, déjà par exemple, quand on a discuté avec le syndicat de la construction métallique, enfin l'équivalent, mais au niveau européen, Ils ont toute une cellule de réemploi qui aussi porte les mêmes projets, les mêmes convictions que nous et qu'ils déploient dans les autres pays européens. Donc, on n'est vraiment pas les seuls à le faire. On n'est vraiment pas les seuls.

  • Speaker #0

    Oui. Est-ce qu'on pourrait imaginer qu'il y ait des échanges de matériaux avec nos voisins ?

  • Speaker #1

    Après, tout dépend où c'est, comment tu transportes. Parce que le réemploi, il est quand même vertueux, mais aussi si tu restes dans l'économie circulaire. C'est-à-dire que c'est pour ça aussi que nous, chez Fayat Métal, ayant des filiales un petit peu partout en France, on peut avoir des zones de stockage à des endroits différents, ce qui permet d'avoir le gisement au plus près de la nouvelle construction. Parce que si tu dois transporter à l'autre bout de l'Europe en camion, Bon, tu anéantis un petit peu, c'est comme si demain on fait venir des aciers bas carbone de Chine, par exemple. Est-ce qu'on n'oublie pas un peu le concept de départ qui est que le transport aussi, il est polluant. Donc, on doit quand même faire attention à la globalité du projet. C'est la globalité du projet qui doit être vertueux. Sinon, il n'y a plus trop d'intérêt non plus. C'est pour ça, c'est vraiment lié à l'économie circulaire, c'est sûr. Après, nous, on la pratique au niveau France, parce qu'on est une division qui n'achète quasiment qu'en France et ne fabrique qu'en France. Donc, ça, c'est une spécificité. Donc, pour ça, on se prête particulièrement à cette activité.

  • Speaker #0

    Et donc, il y a d'autres d'ailleurs, il y a d'autres entreprises, je ne saurais pas en citer d'autres, mais qui font de la construction métallique, la charpente, peut-être chez Eiffage ou qui s'y mettent aussi ?

  • Speaker #1

    Ah oui, oui, oui, on est dans la filière de plusieurs charpentiers métalliques comme nous, qui font de la charpente métallique, s'intéressent, oui, au réemploi, bien entendu. avec qui on travaille, on a des groupes de travail qui réunissent plusieurs entreprises, comme je disais, concurrentes sur le marché, mais partenaires sur ce sujet, avec qui on travaille, oui. Et après, les FAYAT bâtiments, Eiffage bâtiments, oui, tous, tous, ont des attentes en termes de réemploi pour qu'on les accompagne. D'où la naissance de Métamo d'ailleurs, parce que Métamo, sa raison d'être, c'est vraiment uniquement le réemploi, la fourniture de barres issues du réemploi. Donc lui, c'est vraiment son activité première. Et c'est ça qui a fait naître cette entreprise. Alors pour moi, c'est aussi un peu start-up. Même si en fait, on va tout de suite penser high-tech pour la startup. Mais non, ce n'est pas que ça. C'est une entreprise très agile, qui change très vite et bouge très vite, et qui pivote comme une startup high tech, mais dans une activité qui est le réemploi, dans laquelle elle croit, c'est une vraie conviction. Le PDG a créé ça parce que c'est une vraie conviction personnelle.

  • Speaker #0

    Oui, j'ai vu qu'ils vendaient des produits aussi. Ils n'utilisent pas que l'acier pour leur projet, mais ils font aussi de la vente. D'ailleurs, il y a une plateforme, il y a aussi de revente de morceaux.

  • Speaker #1

    Il y a une plateforme qui s'appelle le Metal Réemploi, qui est portée par le CTI-CM. justement, sur laquelle on vient de déposer toutes les structures de réemploi qu'on aurait en stock qui peuvent être rachetées par les uns et les autres. Et Métamo, avec qui on travaille énormément, qui est pour nous aussi un pourvoyeur de réemploi. Pour nos affaires, si besoin. En complément du propre stock que l'on fait.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    On a besoin d'entraide.

  • Speaker #0

    Oui. Mais à la fois aussi, c'est un peu secret, ton stock, il faut que tu ailles le constituer pour pouvoir répondre à des marchés. Est-ce que ça pourrait dévier sur des pratiques un peu contre-productives, où on va peut-être démonter un bâtiment juste pour répondre à un marché et le réemployer ? Ou alors est-ce que vous ne spottez que des choses qui vont être... démoli ?

  • Speaker #1

    En général, c'est c'est systématiquement quelque chose qui de toute façon sera démoli. De toute façon sera démoli. Donc la première négociation c'est de convaincre soit le démolisseur, soit le maître d'ouvrage, ou les deux, de ne pas démolir mais d'accepter de démonter et que l'on rachète la matière.

  • Speaker #0

    Et vous le rachetez un peu plus cher que l'acier.

  • Speaker #1

    Ah ben, que la ferraille. Que la ferraille, oui, parce que, en fait, le démolisseur, lui, il revend systématiquement la ferraille. Donc, il faut bien qu'on compense la perte qu'il subirait si on ne démolit pas. Et ensuite, on compense aussi le surplus lié à un démontage versus une démolition, pour que le maître d'ouvrage n'ait pas à payer plus.

  • Speaker #0

    Ah, vous payez le surplus ? Oui, souvent.

  • Speaker #1

    C'est pour ça qu'on ne récupère pas l'acier de réemploi systématiquement, uniquement au niveau du prix de la ferraille, mais un petit peu plus cher pour compenser vis-à-vis du maître d'ouvrage. Qui lui dit, moi je voulais qu'on démolisse pour tant de prix, vous pouvez démonter, mais je ne veux pas payer plus cher. Donc, il peut payer éventuellement un peu plus cher, mais c'est vraiment une négociation.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Et lui, ce qu'il a à y gagner aussi, ça rentre dans son bilan carbone ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Lui aussi. Il peut être… Il y a certains projets dans lesquels on a fourni du réemploi, où le maître d'ouvrage, et particulièrement, c'est lui qui donne le ton et impose en effet des critères sur son chantier environnementaux. Donc ça aussi, ça peut être lui qui drive les sujets derrière et qui demande. Pas forcément le réemploi tant qu'on n'en a pas parlé, mais c'est à lui qu'on doit suggérer d'aller vers ça et qu'il va en effet accepter. Et si c'est quand même un chantier qui est déjà, dès le départ, conçu pour être vraiment très respectueux de l'environnement, généralement, le réemploi fait partie des mots-clés de l'affaire.

  • Speaker #0

    De plus en plus,

  • Speaker #1

    je le vois de plus en plus.

  • Speaker #0

    Oui, ça rigole.

  • Speaker #1

    C'est ça qui nous porte d'ailleurs.

  • Speaker #0

    Et donc comment tu vois l'avenir ?

  • Speaker #1

    Eh bien écoute, j'espère que ça va continuer et augmenter. On a même fait un petit flyer justement chez Fayat Metal pour... que nos équipes commerciales puissent avoir un document récapitulatif de tous les arguments. Donc c'est pour dire qu'on y croit vraiment sous l'angle en effet décarbonation, bien entendu ce qu'on disait complémentarité de l'éco-conception de l'acier bas carbone, de l'acier de réemploi. Et ça fait partie intégrante de notre plan stratégique. Donc oui c'est vraiment... Quelque chose sur lequel on s'investit et que l'on va continuer à promouvoir.

  • Speaker #0

    Oui, je regardais votre rapport annuel 2024, vos objectifs, pourcentage de 10% d'acier bas carbone à certains horizons 2030, un peu moins pour l'acier de réemploi, et en plus la conception sobre,

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Utiliser moins de... Ça, comment on fait ?

  • Speaker #1

    On demande aux ingénieurs d'optimiser ? Ah ben oui, on demande aux ingénieurs d'optimiser. Et puis après, c'est aussi d'intégrer que ce que l'on conçoit, demain, l'idée, ce sera de le démonter. Ce n'est pas quelque chose qui sera démoli. Donc, c'est se dire, si demain, c'est démonté, comment on conçoit aussi ? Donc, c'est vraiment aussi, là aussi, c'est une culture. C'est vraiment une culture des bureaux d'études. Enfin, une culture des ingénieurs qui conçoivent aussi.

  • Speaker #0

    Par exemple, plutôt faire dimensionner des structures qui seront déboulonnés plutôt que soudés.

  • Speaker #1

    Voilà, des choses comme ça, exactement.

  • Speaker #0

    Et d'accord, donc la démontabilité et même l'économie de matière.

  • Speaker #1

    Exactement. Ça aussi, c'est vraiment des sujets que l'on porte en interne, transverses, totalement.

  • Speaker #0

    Donc oui, c'est aussi la R&D interne.

  • Speaker #1

    Aussi.

  • Speaker #0

    Et ça compte dans la décarbonation d'entreprise. Est-ce qu'il y a des bureaux d'études structures spécialisés en réemploi ?

  • Speaker #1

    Non, on n'a pas de bureau d'études spécialisés en réemploi. On a vraiment, comme je le disais, cette cellule qui est en effet, entre Émile et moi, avec ce groupe de travail. Mais l'idée c'est que non seulement on parle à nos forces commerciales, mais que l'on parle à tous nos ingénieurs en avant-projet et les BE exécution. Parce que c'est eux qui doivent avoir en tête aussi tous ces sujets. Donc en fait c'est non seulement les commerciaux, mais aussi les ingénieurs que l'on doit toucher. Donc ça aussi c'est prévu de... de leur faire des présentations et de leur expliquer pour qu'ils y pensent, simplement pour qu'ils y pensent, que ça devienne un réflexe dans leur façon de concevoir.

  • Speaker #0

    Et les commerçants dans leur façon d'acheter plutôt ?

  • Speaker #1

    Non, de vendre, c'est-à-dire quand un bâtiment, quand un maître d'ouvrage ou un client a un projet de bâtiment, c'est que le commerce pense à proposer en disant vous avez un projet, avez-vous vous-même pensé ? à faire du réemploi. Non. Voilà, et qu'ils prennent deux minutes pour expliquer ce que c'est et le proposent, que ça devienne une proposition commerciale à part entière.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    C'est ça. Avec l'acier bas carbone, en disant on peut vous sourcer de l'acier bas carbone, on peut vous trouver de l'acier de réemploi, voilà ce que ça fait. Donc qu'ils pensent à le proposer et que nos ingénieurs pensent à l'intégrer ou à le suggérer aussi. Donc c'est vraiment sur toute la chaîne de valeur qu'il faut interagir.

  • Speaker #0

    Et le mieux, c'est d'avoir des arguments, d'avoir des bons arguments. Peut-être que tu vas présenter un bilan carbone avec. Exactement.

  • Speaker #1

    Et montrer des exemples concrets. Ça peut être, regardez, on a fait ce chantier, voilà la réduction d'émissions carbone que cela a généré. Voilà, je pense que les exemples concrets, c'est toujours ce qui est le plus parlant. Et maintenant, avec notre retour d'expérience, on a la matière pour... pour leur montrer ces exemples. Donc voilà, je pense que c'est un atout fort pour convaincre.

  • Speaker #0

    Oui, c'est génial. C'est vraiment super. Ok, j'espère que ça va continuer du coup de s'envoler. Ça demande beaucoup d'énergie, mais c'est en bonne passe.

  • Speaker #1

    C'est passionnant et puis je pense que c'est... Et c'est agréable à porter comme sujet pour soi aussi. On se dit qu'on contribue à quelque chose pour le collectif. Donc, je pense qu'aussi, c'est très porteur moralement aussi, comme sujet.

  • Speaker #0

    Oui, oui, complètement.

  • Speaker #1

    C'est bienveillant pour toute l'humanité, en fait, derrière tout ça.

  • Speaker #0

    Et pour vos investisseurs.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Qui eux-mêmes ont des...

  • Speaker #1

    Oui, qui ont une conscience, même si en effet l'entreprise, elle est là pour vendre, pour faire des profits. C'est son but, c'est pour ça qu'elle existe. Mais on est là pour justement faire de ce sujet quelque chose de rentable, et pour nous, et pour nos clients.

  • Speaker #0

    Oui, très bien résumé. Et je voulais te demander aussi, qu'est-ce que tu aimerais bien entendre sur ce podcast ? Si jamais il y a un sujet qui t'intéresse dans un autre secteur ou autre, j'aimerais bien que j'interview en se posant un peu les mêmes questions.

  • Speaker #1

    Sur le réemploi, tu veux dire,

  • Speaker #0

    ou sur l'économie circulaire de manière plus large ?

  • Speaker #1

    Si c'est l'économie circulaire, mais plutôt moi c'est sur les gaspillages, sur les grands gaspillages. Moi, je suis des fois un peu atterrée sur le gaspillage des médicaments.

  • Speaker #0

    Des médicaments ?

  • Speaker #1

    Oui. J'ai eu un exemple récent d'un déménagement d'hôpital où tout a été jeté. Oui. Et certainement pour des raisons économiques, j'imagine, mais de l'extérieur, ça peut paraître choquant de toujours jeter. Et je me dis comment cette industrie énorme qui, elle, représente des sommes folles en euros, Comment elle est organisée et comment on gère justement ces stocks ? Qu'est-ce qu'on en fait ? Et est-ce qu'il n'y a pas des choses à mettre en place pour quand même éviter de jeter autant ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Quand d'autres manquent autant ailleurs sur la planète.

  • Speaker #0

    Oui, là il y en a.

  • Speaker #1

    Voilà, ça m'interpelle, mais ça c'est à titre vraiment personnel. Donc ça m'interpelle.

  • Speaker #0

    Oui, on jette pour des raisons peut-être sanitaires ou de mauvaises raisons.

  • Speaker #1

    Peut-être pour des mauvaises raisons ou économiquement parce que prendre quelqu'un pour trier ou pour ranger c'est plus cher que de jeter dans un déménagement je ne sais pas mais au final quand même est-ce qu'on peut pas en faire autre chose ? Est-ce qu'on peut recycler des médicaments ? Comment on pourrait faire ça quand même ? Il y a tant de gens qui en manquent.

  • Speaker #0

    Mais ça revient au même avec ce qu'on disait tout à l'heure. À l'origine de tout ça, c'est aussi l'État qui fait une loi sur le gaspillage. Donc, ils ont raison parce que ça va trop loin quand même. Il faut peut-être réguler tout ça quand même.

  • Speaker #1

    Et cette loi, elle date de 2020 ?

  • Speaker #0

    C'est récent.

  • Speaker #1

    C'est récent.

  • Speaker #0

    C'est récent.

  • Speaker #1

    Une marge de progression. Super, merci beaucoup Nathalie.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup de m'avoir donné l'opportunité de parler du réemploi et de tout ce qu'on fait chez Fayat Metal avec beaucoup d'énergie et de conviction avec Emile.

  • Speaker #1

    Oui, c'est très convaincant. Je pense que c'est bien aussi de voir les gens qui le font réellement, plutôt que juste en parler. Mais c'est super. En tout cas, merci beaucoup. Et j'espère qu'on a parlé un peu de tout ceci.

  • Speaker #0

    Je crois qu'on a fait le bon tour de la question. Grâce à tes questions, je pense que c'était assez vaste. Donc, je crois qu'on a tout abordé.

  • Speaker #1

    Oui, c'est nickel. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci.

Description

Le réemploi peut-il devenir un réflexe industriel aussi banal que le recyclage de l’acier ?

Invitée : Nathalie Pasquet, Développement Réemploi Matériaux FAYAT METAL


Nathalie nous explique comment la filière a sécurisé le sujet pour que le réemploi porte les mêmes garanties que le neuf, reste à trouver comment dépasser les blocages psychologiques quand tout le monde pense encore que c’est trop complexe ou trop cher...


Car la vraie difficulté n’est plus technique, mais culturelle.


Derrière, une filière complète se construit : repérer les gisements, démonter plutôt que démolir, qualifier les aciers, stocker, réemployer. Les projets miroirs montrent d’ailleurs que l’on peut reconstruire au même prix que du neuf tout en divisant le carbone par dix.


L’économie du réemploi devient lisible : mieux payer les démolisseurs que la ferraille, absorber le surcoût du démontage, sécuriser l’assurance décennale grâce au protocole validé par l’AQC.
Et plus les grands comptes s’approprient ces réflexes, plus le réemploi s’impose comme une évidence industrielle, vertueuse et rentable.



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📞 06 82 85 43 22

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✉️ extralife@inex.fr

📞 06 20 08 33 86

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #1

    Bonjour et bienvenue sur le podcast d'Extra Life. Je suis Louise Thiard, architecte-ingénieure, passionnée par le réemploi de matériaux de construction. Et dans ce podcast, je rencontre des acteurs de l'économie circulaire... autrement dit des personnes engagées comme moi, pour donner une seconde vie, un second cycle de vie à la matière. Aujourd'hui je suis hyper heureuse car je suis en compagnie de Nathalie Pasquet, que j'ai connue grâce à Emile Seta. Nathalie est responsable développement, réemploi et énergie nouvelle chez Fayat Metal, et Emile est chef de projet réemploi plutôt avec un profil d'ingénieur au sein du groupe. Tu es aussi dans une division qui s'appelle Conduite du Changement, d'après ce que je comprends. Est-ce que tu pourrais te présenter peut-être un peu d'où tu viens ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, bonjour à toi aussi et merci beaucoup de m'accueillir. En effet, alors ce n'est pas la division qui s'appelle Conduite du Changement, la division c'est Fayat métal, mais au sein de cette division on porte de nombreux projets transverses. Et donc comme c'est un groupe qui a une culture avec un fort ADN de l'autonomie, l'audace et l'engagement de ses filiales, la transversalité est plus récente et c'est dans ce cadre là que l'on promeut avec Émile pour toute la division et toutes nos filiales le réemploi des structures métalliques. En ce qui me concerne, je viens plutôt moi du milieu, j'ai toujours travaillé dans la métallurgie donc que ce soit la métallurgie, mais plutôt de précision dans le domaine du médical à travers la fabrication d'aiguilles chirurgicales ou à la Monnaie Paris avec la fabrication de pièces de monnaie, mais où nous ne faisions pas de réemploi, mais c'était du métal et beaucoup de développement et de conduite du changement.

  • Speaker #1

    D'accord. Donc, tu es arrivée chez Fayat il y a à peu près un an ?

  • Speaker #0

    Oui, maintenant bientôt 18 mois que je suis là.

  • Speaker #1

    Et donc quand tu es arrivée, tu étais chargée de mettre en place le volet réemploi mais aussi énergie renouvelable. Est-ce que c'était au point mort vraiment ces notions de réemploi quand tu es arrivée ?

  • Speaker #0

    Alors ce n'était pas au point mort, mais déjà d'une part parce que la direction de Fayat Metal avait identifié ces deux sujets comme deux sujets clés. et souhaitait développer ce marché du réemploi et en avait fait un axe différenciant de décarbonation pour notre division qui comporte des entreprises de charpente métallique, qui fabrique de la charpente métallique. Donc en fait c'était acté en termes de stratégie, mais il fallait opérationnellement porter le sujet et le déployer en fait. Donc, c'est développer et contribuer au développement de ce marché.

  • Speaker #1

    Ok. Et donc, pour faire ça, c'est des investissements ? En quoi tu conseilles le groupe ? Où est-ce que tu orientes les efforts humains, les finances ? Vous avez investi chez Metamo. Est-ce que tu peux en parler ?

  • Speaker #0

    Eh bien, en effet, le groupe était déjà, enfin le groupe et notamment cette division, et particulièrement à travers une de nos filiales, Viry, qui s'appelle Viry, et qui est notre filiale qui a fabriqué les anneaux des Jeux Olympiques sur la Tour Eiffel par exemple, dont le directeur et le président du CTICM, qui est le Centre Technique et Industriel de la Construction Métallique. Donc nos ingénieurs... était déjà très impliqué dans de nombreux sujets, dont le réemploi des matériaux en coopération avec le CTICM. Donc ce n'était pas complètement nouveau. En revanche, mon arrivée permettait de peut-être valider ou invalider le fait qu'il y avait un réel marché du réemploi. Alors on en est plutôt en effet aux prémices, mais déjà en un an, on a passé des étapes considérables.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Vraiment.

  • Speaker #1

    Et donc, oui, tu trouves qu'on a bien avancé, il y a de plus en plus de projets. Quand vous répondez à des appels d'offres aussi, vous arrivez à vous engager, parce que vous avez remarqué, vous avez déjà identifié des gisements. Vous avez peut-être toute la logistique derrière et donc est-ce que tu sens qu'il y a une demande aussi parce qu'il n'y a pas que l'offre, il faut aussi avoir une demande en face de projet, qui sont les plus gros clients qui passent à l'action ?

  • Speaker #0

    En fait, il y a deux pans. Déjà, Fayat Metal a décidé de créer une cellule qui est dédiée, que je pilote, et Emile et moi portons le projet pour la division. Mais au sein de Fayat Metal, on a un groupe de travail derrière nous, au quotidien, avec un représentant pour chacune de nos filiales, qui est notre relais, notre référent réemploi au sein de sa filiale. Et donc, d'une part, on doit chercher des gisements. D'autre part, on doit chercher des affaires pour fabriquer avec du réemploi. Donc ça veut dire de faire la promotion du réemploi des structures métalliques, entre guillemets porter la bonne parole, faire connaître ce que c'est. Et du coup, on est très impliqué dans la filière entière avec ceux qui sont sur le marché nos concurrents. mais qui pour le développement du réemploi sont nos partenaires en fait. Parce qu'on se dit qu'il faut massifier ce marché pour que économiquement, il devienne de plus en plus attractif. Parce que pour l'instant, il y a sur le marché en fait des blocages psychologiques, par méconnaissance, on pense que c'est compliqué et on se dit que c'est systématiquement plus cher. Donc il faut expliquer, donner du sens et montrer que non, ce n'est pas systématiquement plus cher dans toutes les affaires, mais on se rend compte qu'il y a une méconnaissance du sujet, même par les AMO réemploi, même par les architectes, même par les entreprises générales qui elles ont des contraintes réglementaires. Donc fort à nous d'aller faire des conférences, de participer, d'expliquer de quoi il s'agit et de montrer quel est le processus et détailler un peu cette construction du prix du réemploi.

  • Speaker #1

    Parce que oui, il y a la question aussi de quel serait le prix de vente, comment on estime aussi la matière. Mais on pourra peut-être y revenir parce que si on reste concentré aussi sur l'organisation qu'il y a au sein des entreprises majeures qui font de l'acier ou qui commercialisent de l'acier, il y a le CETICM aussi qui a édité des réglementations professionnelles pour faciliter le réemploi. et à... Un syndicat aussi, le syndicat de la construction métallique. Et est-ce que...

  • Speaker #0

    La maison de la construction métallique aussi, tous travaillent sur le sujet. Mais c'est vrai que c'est le réemploi. Il y a réellement aujourd'hui, parce qu'on parlait du marché, il y a réellement aujourd'hui des projets de construction qui demandent pour obtenir... des niveaux élevés de décarbonation qui demandent d'aller chercher des solutions complémentaires à l'acier bas carbone, qui existent. Et donc c'est le réemploi des matériaux.

  • Speaker #1

    Et comment on crée un marché ? Ce sera un peu le thème. Est-ce qu'on peut... On peut dire que c'est le lobbying aussi qui peut aider à faire un marché. À l'origine, il faut réussir à planter des petites graines un peu dans les esprits des gens.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est un état d'esprit. Là aussi, c'est une conduite du changement. Et c'est psychologique parce que certains clients peuvent préférer de façon spontanée. Comme par exemple si tu construis un bâtiment agricole, l'agriculteur spontanément va préférer un bâtiment neuf, alors que pourtant lui-même dans son quotidien réutilise énormément de choses et recycle, mais pour un bâtiment va vouloir du neuf. Donc voilà, là c'est typiquement une acculturation totale à cette approche qu'il faut faire, ensuite auprès des industriels, auprès des grands comptes, mais ceux qui... porte réellement aujourd'hui le marché, ce sont quand même les grands comptes publics qui sont eux déjà très avancés. On le voit à travers par exemple SNCF qui demande déjà des variantes décarbonées, qui demande à ce qu'on propose des variantes décarbonées dans ces CCTP. Ensuite les grands comptes privés aussi qui ont un axe décarbonation conséquent et qui mettent beaucoup de moyens. sur cet objectif en interne, donc qui se posent beaucoup de questions de comment intégrer le réemploi, là aussi dans leur CCTP, pour amener leurs fournisseurs à faire des propositions telles que celles-ci. Et économiquement, en effet, c'est un challenge, parce que certaines fois, l'acier de réemploi, en fait il vient d'une friche industrielle que tu vas non pas démolir, déconstruire, mais que tu vas démonter. Donc démonter, ça veut dire qu'il faut faire ça soigneusement, donc forcément c'est plus long, tu vas devoir étiqueter, donc c'est beaucoup plus long, trier et c'est pas le même modèle économique que toutes les entreprises de démolition actuelles. Donc là aussi, c'est arriver à créer un nouveau marché. Mais les démolisseurs que l'on a aussi approchés s'y intéressent, ne sont pas encore dans tout à fait le processus adéquat, mais s'y intéressent. Donc on voit qu'il y a un mouvement quand même très net. On le constate concrètement dans des projets que l'on vit au quotidien avec Émile.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu pourrais nous raconter un de vos projets qui s'est bien passé ?

  • Speaker #0

    On a déjà fait chez Fayat Métal plusieurs projets. Notamment, on a démonté une verrière, par exemple, dans un collège. Parce que la verrière était trop haute et pas assez grande, pas assez large pour vraiment protéger les élèves. Donc, on s'est dit qu'on allait réutiliser, réemployer 100%. Maintenant, comme elle devait être plus grande, on a rajouté du neuf. Donc, on a réemployé l'acier, on a aussi réemployé le verre. Et donc, pour ces tout premiers chantiers, qui étaient presque expérimentaux pour nous, parce que celui-ci était le tout premier même d'ailleurs, qu'a porté Emile, eh bien, en fait, il y a eu un énorme retour d'expérience de comment faire, parce que pour nos monteurs, On a utilisé nos monteurs pour démonter. Pour eux aussi, c'était nouveau. Donc, il a vraiment fallu les accompagner et la présence d'Emile comme conducteur de travaux sur le chantier pour montrer quelle était la bonne méthode et pourquoi il fallait faire autant attention et les répercussions que ça pouvait avoir par la suite. En fait, c'est ça, c'est de bien comprendre le travail qu'il faisait. et les conséquences qu'il pouvait y avoir après. Mais en effet, le prix de ce démontage est plus élevé. Mais au final, dans un projet tel que celui-ci, où on les a baptisés, nous, en interne, les projets miroirs, c'est-à-dire qu'on démonte pour refaire la même chose, en fait. Le même bâtiment, où là, la même verrière, c'est... économiquement vertueux. C'est-à-dire qu'au final, tu n'as pas de dépenses supplémentaires par rapport à du neuf. Tu as simplement dépensé le même budget. Donc, pour le même budget, tous ces projets miroirs valent vraiment la peine d'être menés à bien. Parce que pourquoi aller démolir et racheter du neuf si on peut, pour le même prix, faire quelque chose qui, au final... en termes d'émissions carbone n'aura plus rien à voir.

  • Speaker #1

    Est-ce que ça t'a déjà constaté que c'était vraiment l'argument déclic qui pouvait intéresser une personne autre que l'argent, leur parler du bilan carbone et de l'intérêt ? Est-ce que les gens sont sensibles, même s'ils n'ont pas d'obligation ?

  • Speaker #0

    Oui, parce que je pense qu'il y a quand même... Derrière une entreprise ou derrière une collectivité, ce sont quand même des individus qui ont une conscience quand même de l'état de santé de notre planète et qui justement veulent contribuer à tout niveau s'ils le peuvent. Et donc là, on leur en donne l'occasion. Donc quand ils ont un projet, eux-mêmes, si justement on vient leur proposer une telle solution, sont à l'écoute de ce qu'on peut leur proposer. et si économiquement ils considèrent que c'est réalisable, sont plutôt même extrêmement satisfaits de l'avoir fait dans ces conditions-là. Vraiment.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai qu'il y a quelque chose qui ne se quantifie pas, mais c'est l'après et l'histoire que ça peut raconter ensuite. L'avoir fait et de montrer que c'est possible parce que on se pose tous la question de qui acceptera de payer la décarbonation. En quelque sorte, on a tous envie de le faire, mais on est tous capables aussi. On pense que techniquement, on a les capacités, on a des ingénieurs, on a vu la possibilité. Mais ce qui manque, c'est... C'est la volonté de le faire réellement et peut-être les moyens.

  • Speaker #0

    Et dans un cadre sécurisé, je me permettrais de rajouter, ça c'est vraiment un élément très important et seul l'acier permet en effet aux maîtres d'ouvrage, aux AMO, aux archis d'être rassurés sur ce qu'ils vont construire parce que, étant donné que grâce au travail des ingénieurs, de... de charpente, notamment Fayat métal, en coopération avec le CTICM justement, ils ont élaboré ce protocole de qualification, ce qui fait que ce sont pour les aciers après 1970. Avant 1970, on ne va pas réemployer, mais tout ce qui a été construit à partir de 1970, selon si on a de la traçabilité ou non, les structures vont devoir passer un... une liste de tests prédéfinis et ce protocole de tests en fonction de ce que l'on a à réemployer a été validé par la commission de prévention produit qui fait partie de l'agence qualité construction, l'AQC. Alors pourquoi je mentionne ça ? Parce que grâce à ce protocole et à la qualification de ces aciers, l'acier qui va être réemployé va bénéficier d'une assurance décennale au même titre que le neuf. Et quand même, on est dans la construction, on n'est pas dans le second œuvre. Donc, il y a un réel enjeu de la qualité de l'acier, les qualités intrinsèques de l'acier qui, bon, se maintiennent dans le temps. Mais il est indispensable que tout soit vérifié le cas échéant et que le fait que les assureurs, les bureaux de contrôle aient participés à la rédaction de ce protocole fait que cette assurance existe et ça c'est très peu su or c'est quelque chose qui va énormément rassuré par exemple l'acheteur le concepteur lui il est dans ses dessins l'archi mais le jour où on construit tout est question aussi d'assurance et ça c'est un atout énorme et nous sommes les seuls à l'avoir nous sommes les seuls à l'avant et ça c'est très peu sûr aussi donc ça aussi on doit on doit en faire la promotion de cet aspect-là.

  • Speaker #1

    Vous avez aussi un labo mobile.

  • Speaker #0

    Oui, alors le CTICM a un labo mobile, mais en fait, nous, chez Fayat Métal, on a deux de nos filiales. Maintenant, on est cinq entreprises dans la filière, dont Métamo, chez qui nous avons pris des actions, qui ont été auditées par le CTICM. Ce qui veut dire que maintenant, nous-mêmes, on peut délivrer cette fameuse... attestation de performance de l'acier de réemploi qui vaut pour pouvoir être assuré. Et ça, nous ne sommes que cinq en France, et nous avons été les premiers à obtenir justement cette qualification pour les aciers.

  • Speaker #1

    Donc, tous les feux sont au vert, il manque juste le déclic, le passage à l'acte, parce que... Est-ce que, d'ailleurs, tu te retrouves parfois face à des arguments qui... qui pourraient paraître indiscutables, où tu te retrouves à des murs, ou des gens qui te disent « non, moi je ne veux pas faire de réemploi, c'est trop compliqué » . C'est quoi un peu les clichés que tu entends ?

  • Speaker #0

    Eh bien, ça peut être en effet dans les entreprises de bâtiment, dans la partie travaux, certaines fois où les... Les employés ne savent pas en quoi ça consiste forcément et du coup pensent tout de suite que c'est très compliqué. Or, un acier de réemploi qui arrive sur le chantier de construction, il va devoir être tracé, tout simplement, mais il arrive dans le même état qu'un acier neuf qui sort de l'usine de charpente métallique. Donc il n'y a rien de différent. entre un acier classique et un acier de réemploi. Mais dans les esprits, dans l'esprit collectif, tout de suite, on va associer ça à quelque chose de compliqué. Mais ça, je crois que c'est naturel, c'est aussi parce que c'est un changement. Donc d'où toujours le mot de conduite du changement, parce que quand ça fait tellement de temps qu'on est habitué, il y a eu des grandes périodes où on démolit, on construit avec du neuf, que c'est toute une acculturation à porter. Et il faut juste prendre le temps d'en expliquer le bien fondé et démystifier la complexité de l'opération. Et ça c'est un gros travail à faire, mais ça c'est pas palpable en fait. Mais ça, c'est une vraie réticence. C'est une vraie réticence. Mais en revanche, je citais tout à l'heure, par exemple, un agriculteur qui spontanément n'a pas envie de quelque chose de seconde main. En revanche, il va pouvoir être intéressé par les projets miroirs que j'ai mentionnés où là, si on dit, vous avez besoin d'un hangar agricole, vous avez un réel besoin. Nous, on a identifié... un hangar agricole à déconstruire, à démonter. Peut-être qu'à 1 mètre, 2 mètres près, ce n'est pas exactement le bâtiment qu'il aurait souhaité. Mais si tu expliques qu'au final, esthétiquement, ça sera la même chose parce qu'il aura été grenaillé et repeint et il n'y aura quasiment pas subi de transformation parce que c'est le même usage et c'est le même bâtiment que l'on va remonter, mais qu'il va coûter 90% du prix du neuf, là l'argument va porter en effet. Donc il faut prendre le temps d'expliquer aussi qu'il peut y avoir ce type de projet. Et là ça intéresse réellement, pour l'avoir réalisé. Par exemple à Toulouse, on a eu un exemple avec l'une de nos filiales, Castel et Fromager, qui a fait un tel programme par exemple.

  • Speaker #1

    Pour un hangar agricole ?

  • Speaker #0

    Oui, alors ce n'était pas un hangar agricole, c'était un hangar. dans une entreprise de maçonnerie, mais c'est le même principe, c'est-à-dire qu'on a démonté et remonté le même bâtiment et pour un prix moindre que cela aurait coûté si ça avait dû être entièrement conçu et fabriqué en neuf. Donc ça c'est des bons exemples. Mais ce sont des exemples vrai en plus, c'est concret et opérationnel.

  • Speaker #1

    Et après peut-être que tu auras réussi à toucher un peu le cœur de la personne qui sera peut-être aussi fière d'avoir fait l'effort de vous faire confiance et d'aller jusqu'au bout de la démarche. Parce que c'est ça le frein psychologique qui peut très facilement être levé quand on pense à l'avenir, on peut tous chacun trouver nos raisons d'agir.

  • Speaker #0

    C'est une volonté en fait, c'est une volonté. Une voiture électrique aujourd'hui est plus chère qu'une voiture thermique. Et pourtant, on va tous s'équiper en voiture électrique. Et là, le réemploi, c'est encore plus vertueux même, puisque c'est vraiment quelque chose qui existe déjà, et que sinon on va gaspiller. donc d'ailleurs Le réemploi découle aussi de la loi AGEC, qui est une loi anti-gaspillage. Et c'est ça l'idée aussi quand même qui sous-tend tous ces projets, c'est d'arrêter d'autant gaspiller dans cette société de consommation. Donc c'est pour ça qu'il faut que non seulement les individus, mais les entreprises intègrent cette notion-là. Mais avec l'apparition de la RSE, le déploiement de la RSE, Petit à petit, qui part des grands comptes, des grandes entreprises privées, qui descend dans l'industrie et qui met du temps. Il y a 30 ans, il n'y avait pas de certification qualité. Aujourd'hui, qui aurait l'idée de ne pas avoir de certification ISO 9001 ? Mon âge me permet de dire que, quand j'ai démarré très très jeune, j'ai travaillé dans des entreprises où personne ne voulait la qualité. On a mis en place... La qualité, les certifications, et c'était une révolution qui a été très compliquée dans les mentalités même de nos ouvriers, de nos managers. Or aujourd'hui, je crois que ça fait longtemps qu'on ne se pose plus de questions. Donc je pense que la décarbonation, la RSE et donc le réemploi découlent de la même chose. Donc on en est juste au début. C'est pour ça que ce n'est pas encore un marché massifié. et qu'en effet, quand on fait du... barre à barre, qu'on va utiliser simplement certaines parties de structure dans un projet neuf, les parties réemployées restent plus chères encore que l'acier neuf, ça c'est une réalité pour l'instant. Ok, c'est beaucoup d'infos et c'est vrai que la RSE ou même l'obligation de calculer son bilan carbone, ça n'existait pas. D'ailleurs, le groupe FAYAT a scope 1, scope 2, scope 3.

  • Speaker #1

    Scope 3 est soumis à la CSRD, même si la CSRD évolue elle aussi légèrement pour les grandes entreprises, enfin pour les groupes. Mais on a une directrice RSE dans le groupe. Nous avons tous des objectifs décarbonation. Je pense que c'est vraiment en train de devenir quelque chose de naturel pour nous tous. Mais ce sont les grands comptes qui donnent le la. Et ça va ensuite russeler vers les plus petites entreprises.

  • Speaker #0

    Oui. D'ailleurs, est-ce que tu as le droit de me dire qui est le plus gros investisseur du groupe ? Les grands comptes, pour savoir un peu qui est-ce qui est...

  • Speaker #1

    Tu veux dire au sein du groupe FAYAT ?

  • Speaker #0

    Oui, ou extérieure.

  • Speaker #1

    Je pense que de toute façon, si tu parles avec toutes les grandes entreprises françaises, elles ont toutes, même nos concurrents, sont tous focalisés sur les thématiques RSE et la décarbonation. Enfin, je crois qu'il n'y a pas d'exception, il n'y a vraiment aucune exception là-dessus. C'est intégré dans leur stratégie. dans la stratégie des groupes. C'est plutôt quand tu descends dans les petites entreprises, parce que de la même façon qu'a été la qualité il y a longtemps, tu ne sais pas même faire un bilan carbone. Ce n'est pas naturel. Enfin, si on ne t'a jamais formé à ça, tu ne sais pas. Donc, il y a tout ce temps de formation de tes propres fournisseurs.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Donc, et pour entraîner tout ce monde-là… Nous, en un an déjà, on a eu ce protocole qui a été validé. On a fait cinq gros chantiers cette année. Ça prend du temps. Il n'y a rien qui peut aller plus vite. Déjà, un an, ce n'est rien à l'échelle d'un nouveau marché. Ce n'est vraiment rien.

  • Speaker #0

    Je voyais ça dans le Scope 3. Il y a une énorme part du bilan carbone qui est allouée à l'achat de biens et services. En fait, c'est tout l'acier que vous achetez.

  • Speaker #1

    Chez nous, c'est l'acier.

  • Speaker #0

    Très carboné.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Et donc ça prend du temps et tu trouves qu'il y a quand même des belles avancées. Est-ce qu'on peut s'inspirer d'autres modèles, par exemple le marché des biosourcées, qui ont énormément bénéficié de l'annonce peut-être aussi politique de faire une transition énergétique, une transition environnementale ? Il y a aussi les panneaux photovoltaïques, il y a toute la question de l'énergie. Est-ce que le réemploi, il est... Il est moins high-tech peut-être aussi, il est un peu ancestral.

  • Speaker #1

    C'est ça, parce que je pense que le réemploi, c'est juste… Alors, je ne voudrais pas dire que c'est du bon sens, mais en fait, c'est des bonnes pratiques, tout simplement. C'est simple, on n'a rien à inventer. C'est juste, dans son quotidien, avoir des pratiques vertueuses. Puisque c'est si « facile » , je veux dire, pourquoi n'y allons-nous pas plus ? Mais en effet, transformer quelque chose à un coût. Et on doit être à l'écoute de nos clients, en effet, quand on sait que pour un même projet, on ne leur demande pas d'ailleurs, et ça serait même impossible parce que nous n'aurions pas les matériaux, enfin les structures nécessaires, de faire l'entièreté du projet en réemploi. En fait, dans un projet, il peut y avoir de l'acier neuf, parce que l'acier bas carbone n'existe que pour certaines parties de structure aussi, quelques-unes, et avec des délais très longs en approvisionnement. Et le réemploi vient en complément, parce que le réemploi, tout le monde ne le sait pas, mais la RE2020, aujourd'hui en tous les cas encore, affiche que le réemploi, c'est égal à zéro émission carbone. Donc, c'est moins 1,157 tonnes équivalent CO2 d'émissions à chaque fois. Donc, c'est quand même un énorme gain. Et donc, ça, c'est s'appuyer simplement sur la réglementation, parce qu'il faut bien une base de calcul, la même pour tout le monde. Donc, pour l'instant, il serait important que même ce type d'informations soient bien intégrées dans les bureaux d'études. et dans tous les avant-projets de chaque affaire. Ça aussi, en fait, il faut acculturer, même au sein de nos entreprises. Parce que là on a parlé de notre cellule versus l'extérieur, mais au sein même de nos entreprises, là on a prévu, en accord avec toutes les directions de chaque filiale, de faire une présentation à toutes nos forces commerciales. On aurait pu la faire dès l'année dernière, mais on a maintenant des retours d'expérience, et on va pouvoir leur parler, comme on le fait aujourd'hui, de pourquoi aller vers le réemploi, parce que c'est eux qui sont sur le marché au quotidien, les commerciaux. Et donc, c'est à eux aussi de nous aider à trouver des gisements d'une part et à porter la parole, à promouvoir le réemploi envers leurs clients. Donc, ça aussi, une fois qu'on aura fait ça, ça aussi, ça va aider. Et on est de nombreuses entreprises à conduire le même, à mettre en place les mêmes étapes au sein de nos entreprises.

  • Speaker #0

    Oui, c'est à toutes les étapes aussi. Oui, c'est ça. Un nouveau produit, il suffit juste de le produire, de le commercialiser. Alors là, il faut transformer toute la chaîne.

  • Speaker #1

    Donc, il faut impliquer les ingénieurs comme toi. Il faut impliquer les ingénieurs. Et peut-être après, ça sera aussi une question de génération. Parce qu'il faut aussi que ce soit quelque chose qui soit abordé dans les écoles. C'est comme tout. C'est la formation aussi des jeunes architectes, des jeunes ingénieurs. qui fera que demain tous auront aussi le réflexe. C'est à tous les niveaux en fait qu'il faut conduire le changement.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr. Et est-ce que toi dans ta pratique personnelle, tu réemploies, tu répares, tu t'achètes en seconde main ?

  • Speaker #1

    Alors moi j'ai une fille qui est très forte là-dessus, qui nous a tous amenés vers ça, vers j'achète peu de neufs. j'achète quelque chose qui a déjà été porté, c'est en termes de vêtements par exemple. En effet, on adore aussi retaper, je veux dire retaper, même si c'est en effet réemployer tout ce qui est immobilier aussi, et mobilier notamment à l'intérieur d'une maison, si on peut refaire des commodes qu'on va trouver, que l'on a déjà, non pas aller en acheter une autre, on va prendre celle qu'on a qui était... au fin fond du grenier ou au fin fond du garage, et la transformer. Oui, déjà, c'est ce qu'on fait, en fait. C'est ce qu'on fait. Et c'est quand même aussi basiquement, c'est ne pas tous les jours acheter beaucoup d'aliments et jeter ce qui reste. C'est, voilà, réassaisonner, réaccommoder. Enfin, je veux dire, voilà, c'est plein de petites choses qui font qu'on essaie de ne pas toujours acheter du neuf. je crois qu'on est allé quand même trop loin surtout le neuf je crois que même si on arrêtait de produire aujourd'hui on aurait déjà assez de choses on aurait déjà assez de choses à faire je crois qu'on est pas mal équipé depuis que la société de consommation a pris le lead c'est vrai que je crois qu'on a on possède beaucoup de choses et Maintenant, c'est toute une économie, en effet, de mobilier ou de décoration pas très cher. Mais réutiliser ce qui existe déjà, c'est pas mal aussi. C'est quand même vertueux.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses que le matériau acier, j'y pense comme ça, parce qu'il y a le recyclage qui facilite le fait qu'on jette moins. On sait que ça se revalorise à la ferraille et qu'on peut récupérer une petite somme. Est-ce que c'est ça qui aussi facilite le réemploi de ce matériau-là ?

  • Speaker #1

    C'est-à-dire que quand même l'acier il est vertueux dans ce sens-là, c'est-à-dire qu'en termes de recyclage tout est recyclé en acier. En effet, comme tu l'as dit, dans un chantier la partie métal elle part à la ferraille, donc le démolisseur va récupérer une somme d'argent à la tonne pour le métal qu'il va donner, donc il va être réemployé, revendu, enfin il y a vraiment. toute une deuxième vie, troisième vie, enfin ça c'est l'acier de façon générale. Donc déjà ça c'est quand même très vertueux, mais après c'est vrai que l'acier malheureusement, et on l'entend souvent face au bois, très décrié parce que en termes d'émissions carbone, or justement le réemploi vient pallier ce côté là.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu entres en concurrence donc avec les... les personnes qui ont besoin de cette acier pour en reproduire du nouveau, avec finalement vos producteurs ArcelorMittal ? Parce que si vous n'en voyez pas à la benne...

  • Speaker #1

    Je pense que ArcelorMittal est quand même une entreprise... géante, on peut dire, à un niveau mondial. Donc nous, pour l'instant, on va dire qu'on est très petit. Et mais je trouve que ce qui est bien, c'est que justement, même le discours d'ArcelorMittal est que nous soyons complémentaires. C'est à dire qu'on n'est pas l'un contre l'autre. On est on doit utiliser les deux dans un projet. Parce que comme je le disais, jamais on ne pourra trouver en réemploi l'entièreté d'une structure pour une construction neuve. Donc, il faudra de l'acier bas carbone et du réemploi. Ce n'est pas quelque chose qui va pouvoir remplacer complètement. Ce n'est pas possible. À part dans les projets miroirs. Sinon, dans une construction entièrement imaginée, qui serait complètement différente de quelque chose qui a déjà existé, ce n'est pas possible de tout faire en réemploi. Donc, en effet, c'est complémentaire. Il n'y a pas de guerre entre les deux. C'est vraiment un complément. dans la conception.

  • Speaker #0

    Parce qu'il y aura toujours des aciers qui datent d'avant 1970, c'est-à-dire qu'il y a des choses qui sont pas réemployables. Et en plus, on construit dix fois plus qu'on démolit, donc à un moment, on ne peut pas aligner.

  • Speaker #1

    Mais aujourd'hui, on réhabilite beaucoup. Il y a une vraie tendance du marché à la réhabilitation quand même, par rapport au neuf. On voit que le marché évolue aussi. On voit que le marché évolue.

  • Speaker #0

    Oui, en effet. Donc là, je suis revenu un peu en arrière, mais... Je voulais aussi te demander si, question un peu plus personnelle, si tu collectionnais des choses, si tu avais déjà fait des collections dans ta vie.

  • Speaker #1

    Alors moi, j'ai fait une collection de magnets, mais qui a démarré il y a 35 ans, de tous les pays où j'allais, de toutes les villes où j'allais. Donc j'ai une bonne collection, on va dire, et des petits carnets aussi. en papier recyclé ou que je trouvais dans des petits magasins artisanaux pareil dans le monde entier donc j'ai une assez grande collection de petits carnets que je garde précieusement le jeune utilisement que je garde précieusement que j'admire régulièrement et des manettes de partout partout partout dans le monde je me posais la question pour le oui pour le côté accumuler des choses qui ont pas beaucoup de valeur marchande mais qui ont une énorme valeur sentimentale. Ah non, non, ça c'est sûr, je ne jeterai pas. Je suis très conservatrice en plus, donc je ne jette pas.

  • Speaker #0

    Parfois sur les brocantes on voit des collections de petits chats en verre d'une grand-mère qui sont...

  • Speaker #1

    Ah non, moi je... Je suis aux antipodes. presque trop, mais je suis vraiment aux antipodes de ça.

  • Speaker #0

    Mais je pense qu'il faut être un peu matérialiste dans le bon sens du terme, c'est-à-dire porter un peu trop d'attention aux choses, de soins, pour un peu plus, pour ne pas juste s'en défaire facilement et les jeter à la poubelle.

  • Speaker #1

    Puis c'est toute une mémoire, c'est toute une histoire quand même. Oui, c'est ça, c'est pas rien. Ça dit une histoire quand même, certaines choses, clairement.

  • Speaker #0

    Et dans tes voyages, Peut-être que tu les as faits dans tes métiers avant d'arriver ici, mais est-ce que même aujourd'hui, tu vois un peu où ça en est aussi, le réemploi de l'acier dans les autres pays ? Je me demande où est-ce qu'on en est.

  • Speaker #1

    Je pense qu'au niveau européen, déjà par exemple, quand on a discuté avec le syndicat de la construction métallique, enfin l'équivalent, mais au niveau européen, Ils ont toute une cellule de réemploi qui aussi porte les mêmes projets, les mêmes convictions que nous et qu'ils déploient dans les autres pays européens. Donc, on n'est vraiment pas les seuls à le faire. On n'est vraiment pas les seuls.

  • Speaker #0

    Oui. Est-ce qu'on pourrait imaginer qu'il y ait des échanges de matériaux avec nos voisins ?

  • Speaker #1

    Après, tout dépend où c'est, comment tu transportes. Parce que le réemploi, il est quand même vertueux, mais aussi si tu restes dans l'économie circulaire. C'est-à-dire que c'est pour ça aussi que nous, chez Fayat Métal, ayant des filiales un petit peu partout en France, on peut avoir des zones de stockage à des endroits différents, ce qui permet d'avoir le gisement au plus près de la nouvelle construction. Parce que si tu dois transporter à l'autre bout de l'Europe en camion, Bon, tu anéantis un petit peu, c'est comme si demain on fait venir des aciers bas carbone de Chine, par exemple. Est-ce qu'on n'oublie pas un peu le concept de départ qui est que le transport aussi, il est polluant. Donc, on doit quand même faire attention à la globalité du projet. C'est la globalité du projet qui doit être vertueux. Sinon, il n'y a plus trop d'intérêt non plus. C'est pour ça, c'est vraiment lié à l'économie circulaire, c'est sûr. Après, nous, on la pratique au niveau France, parce qu'on est une division qui n'achète quasiment qu'en France et ne fabrique qu'en France. Donc, ça, c'est une spécificité. Donc, pour ça, on se prête particulièrement à cette activité.

  • Speaker #0

    Et donc, il y a d'autres d'ailleurs, il y a d'autres entreprises, je ne saurais pas en citer d'autres, mais qui font de la construction métallique, la charpente, peut-être chez Eiffage ou qui s'y mettent aussi ?

  • Speaker #1

    Ah oui, oui, oui, on est dans la filière de plusieurs charpentiers métalliques comme nous, qui font de la charpente métallique, s'intéressent, oui, au réemploi, bien entendu. avec qui on travaille, on a des groupes de travail qui réunissent plusieurs entreprises, comme je disais, concurrentes sur le marché, mais partenaires sur ce sujet, avec qui on travaille, oui. Et après, les FAYAT bâtiments, Eiffage bâtiments, oui, tous, tous, ont des attentes en termes de réemploi pour qu'on les accompagne. D'où la naissance de Métamo d'ailleurs, parce que Métamo, sa raison d'être, c'est vraiment uniquement le réemploi, la fourniture de barres issues du réemploi. Donc lui, c'est vraiment son activité première. Et c'est ça qui a fait naître cette entreprise. Alors pour moi, c'est aussi un peu start-up. Même si en fait, on va tout de suite penser high-tech pour la startup. Mais non, ce n'est pas que ça. C'est une entreprise très agile, qui change très vite et bouge très vite, et qui pivote comme une startup high tech, mais dans une activité qui est le réemploi, dans laquelle elle croit, c'est une vraie conviction. Le PDG a créé ça parce que c'est une vraie conviction personnelle.

  • Speaker #0

    Oui, j'ai vu qu'ils vendaient des produits aussi. Ils n'utilisent pas que l'acier pour leur projet, mais ils font aussi de la vente. D'ailleurs, il y a une plateforme, il y a aussi de revente de morceaux.

  • Speaker #1

    Il y a une plateforme qui s'appelle le Metal Réemploi, qui est portée par le CTI-CM. justement, sur laquelle on vient de déposer toutes les structures de réemploi qu'on aurait en stock qui peuvent être rachetées par les uns et les autres. Et Métamo, avec qui on travaille énormément, qui est pour nous aussi un pourvoyeur de réemploi. Pour nos affaires, si besoin. En complément du propre stock que l'on fait.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    On a besoin d'entraide.

  • Speaker #0

    Oui. Mais à la fois aussi, c'est un peu secret, ton stock, il faut que tu ailles le constituer pour pouvoir répondre à des marchés. Est-ce que ça pourrait dévier sur des pratiques un peu contre-productives, où on va peut-être démonter un bâtiment juste pour répondre à un marché et le réemployer ? Ou alors est-ce que vous ne spottez que des choses qui vont être... démoli ?

  • Speaker #1

    En général, c'est c'est systématiquement quelque chose qui de toute façon sera démoli. De toute façon sera démoli. Donc la première négociation c'est de convaincre soit le démolisseur, soit le maître d'ouvrage, ou les deux, de ne pas démolir mais d'accepter de démonter et que l'on rachète la matière.

  • Speaker #0

    Et vous le rachetez un peu plus cher que l'acier.

  • Speaker #1

    Ah ben, que la ferraille. Que la ferraille, oui, parce que, en fait, le démolisseur, lui, il revend systématiquement la ferraille. Donc, il faut bien qu'on compense la perte qu'il subirait si on ne démolit pas. Et ensuite, on compense aussi le surplus lié à un démontage versus une démolition, pour que le maître d'ouvrage n'ait pas à payer plus.

  • Speaker #0

    Ah, vous payez le surplus ? Oui, souvent.

  • Speaker #1

    C'est pour ça qu'on ne récupère pas l'acier de réemploi systématiquement, uniquement au niveau du prix de la ferraille, mais un petit peu plus cher pour compenser vis-à-vis du maître d'ouvrage. Qui lui dit, moi je voulais qu'on démolisse pour tant de prix, vous pouvez démonter, mais je ne veux pas payer plus cher. Donc, il peut payer éventuellement un peu plus cher, mais c'est vraiment une négociation.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Et lui, ce qu'il a à y gagner aussi, ça rentre dans son bilan carbone ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Lui aussi. Il peut être… Il y a certains projets dans lesquels on a fourni du réemploi, où le maître d'ouvrage, et particulièrement, c'est lui qui donne le ton et impose en effet des critères sur son chantier environnementaux. Donc ça aussi, ça peut être lui qui drive les sujets derrière et qui demande. Pas forcément le réemploi tant qu'on n'en a pas parlé, mais c'est à lui qu'on doit suggérer d'aller vers ça et qu'il va en effet accepter. Et si c'est quand même un chantier qui est déjà, dès le départ, conçu pour être vraiment très respectueux de l'environnement, généralement, le réemploi fait partie des mots-clés de l'affaire.

  • Speaker #0

    De plus en plus,

  • Speaker #1

    je le vois de plus en plus.

  • Speaker #0

    Oui, ça rigole.

  • Speaker #1

    C'est ça qui nous porte d'ailleurs.

  • Speaker #0

    Et donc comment tu vois l'avenir ?

  • Speaker #1

    Eh bien écoute, j'espère que ça va continuer et augmenter. On a même fait un petit flyer justement chez Fayat Metal pour... que nos équipes commerciales puissent avoir un document récapitulatif de tous les arguments. Donc c'est pour dire qu'on y croit vraiment sous l'angle en effet décarbonation, bien entendu ce qu'on disait complémentarité de l'éco-conception de l'acier bas carbone, de l'acier de réemploi. Et ça fait partie intégrante de notre plan stratégique. Donc oui c'est vraiment... Quelque chose sur lequel on s'investit et que l'on va continuer à promouvoir.

  • Speaker #0

    Oui, je regardais votre rapport annuel 2024, vos objectifs, pourcentage de 10% d'acier bas carbone à certains horizons 2030, un peu moins pour l'acier de réemploi, et en plus la conception sobre,

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Utiliser moins de... Ça, comment on fait ?

  • Speaker #1

    On demande aux ingénieurs d'optimiser ? Ah ben oui, on demande aux ingénieurs d'optimiser. Et puis après, c'est aussi d'intégrer que ce que l'on conçoit, demain, l'idée, ce sera de le démonter. Ce n'est pas quelque chose qui sera démoli. Donc, c'est se dire, si demain, c'est démonté, comment on conçoit aussi ? Donc, c'est vraiment aussi, là aussi, c'est une culture. C'est vraiment une culture des bureaux d'études. Enfin, une culture des ingénieurs qui conçoivent aussi.

  • Speaker #0

    Par exemple, plutôt faire dimensionner des structures qui seront déboulonnés plutôt que soudés.

  • Speaker #1

    Voilà, des choses comme ça, exactement.

  • Speaker #0

    Et d'accord, donc la démontabilité et même l'économie de matière.

  • Speaker #1

    Exactement. Ça aussi, c'est vraiment des sujets que l'on porte en interne, transverses, totalement.

  • Speaker #0

    Donc oui, c'est aussi la R&D interne.

  • Speaker #1

    Aussi.

  • Speaker #0

    Et ça compte dans la décarbonation d'entreprise. Est-ce qu'il y a des bureaux d'études structures spécialisés en réemploi ?

  • Speaker #1

    Non, on n'a pas de bureau d'études spécialisés en réemploi. On a vraiment, comme je le disais, cette cellule qui est en effet, entre Émile et moi, avec ce groupe de travail. Mais l'idée c'est que non seulement on parle à nos forces commerciales, mais que l'on parle à tous nos ingénieurs en avant-projet et les BE exécution. Parce que c'est eux qui doivent avoir en tête aussi tous ces sujets. Donc en fait c'est non seulement les commerciaux, mais aussi les ingénieurs que l'on doit toucher. Donc ça aussi c'est prévu de... de leur faire des présentations et de leur expliquer pour qu'ils y pensent, simplement pour qu'ils y pensent, que ça devienne un réflexe dans leur façon de concevoir.

  • Speaker #0

    Et les commerçants dans leur façon d'acheter plutôt ?

  • Speaker #1

    Non, de vendre, c'est-à-dire quand un bâtiment, quand un maître d'ouvrage ou un client a un projet de bâtiment, c'est que le commerce pense à proposer en disant vous avez un projet, avez-vous vous-même pensé ? à faire du réemploi. Non. Voilà, et qu'ils prennent deux minutes pour expliquer ce que c'est et le proposent, que ça devienne une proposition commerciale à part entière.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    C'est ça. Avec l'acier bas carbone, en disant on peut vous sourcer de l'acier bas carbone, on peut vous trouver de l'acier de réemploi, voilà ce que ça fait. Donc qu'ils pensent à le proposer et que nos ingénieurs pensent à l'intégrer ou à le suggérer aussi. Donc c'est vraiment sur toute la chaîne de valeur qu'il faut interagir.

  • Speaker #0

    Et le mieux, c'est d'avoir des arguments, d'avoir des bons arguments. Peut-être que tu vas présenter un bilan carbone avec. Exactement.

  • Speaker #1

    Et montrer des exemples concrets. Ça peut être, regardez, on a fait ce chantier, voilà la réduction d'émissions carbone que cela a généré. Voilà, je pense que les exemples concrets, c'est toujours ce qui est le plus parlant. Et maintenant, avec notre retour d'expérience, on a la matière pour... pour leur montrer ces exemples. Donc voilà, je pense que c'est un atout fort pour convaincre.

  • Speaker #0

    Oui, c'est génial. C'est vraiment super. Ok, j'espère que ça va continuer du coup de s'envoler. Ça demande beaucoup d'énergie, mais c'est en bonne passe.

  • Speaker #1

    C'est passionnant et puis je pense que c'est... Et c'est agréable à porter comme sujet pour soi aussi. On se dit qu'on contribue à quelque chose pour le collectif. Donc, je pense qu'aussi, c'est très porteur moralement aussi, comme sujet.

  • Speaker #0

    Oui, oui, complètement.

  • Speaker #1

    C'est bienveillant pour toute l'humanité, en fait, derrière tout ça.

  • Speaker #0

    Et pour vos investisseurs.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Qui eux-mêmes ont des...

  • Speaker #1

    Oui, qui ont une conscience, même si en effet l'entreprise, elle est là pour vendre, pour faire des profits. C'est son but, c'est pour ça qu'elle existe. Mais on est là pour justement faire de ce sujet quelque chose de rentable, et pour nous, et pour nos clients.

  • Speaker #0

    Oui, très bien résumé. Et je voulais te demander aussi, qu'est-ce que tu aimerais bien entendre sur ce podcast ? Si jamais il y a un sujet qui t'intéresse dans un autre secteur ou autre, j'aimerais bien que j'interview en se posant un peu les mêmes questions.

  • Speaker #1

    Sur le réemploi, tu veux dire,

  • Speaker #0

    ou sur l'économie circulaire de manière plus large ?

  • Speaker #1

    Si c'est l'économie circulaire, mais plutôt moi c'est sur les gaspillages, sur les grands gaspillages. Moi, je suis des fois un peu atterrée sur le gaspillage des médicaments.

  • Speaker #0

    Des médicaments ?

  • Speaker #1

    Oui. J'ai eu un exemple récent d'un déménagement d'hôpital où tout a été jeté. Oui. Et certainement pour des raisons économiques, j'imagine, mais de l'extérieur, ça peut paraître choquant de toujours jeter. Et je me dis comment cette industrie énorme qui, elle, représente des sommes folles en euros, Comment elle est organisée et comment on gère justement ces stocks ? Qu'est-ce qu'on en fait ? Et est-ce qu'il n'y a pas des choses à mettre en place pour quand même éviter de jeter autant ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Quand d'autres manquent autant ailleurs sur la planète.

  • Speaker #0

    Oui, là il y en a.

  • Speaker #1

    Voilà, ça m'interpelle, mais ça c'est à titre vraiment personnel. Donc ça m'interpelle.

  • Speaker #0

    Oui, on jette pour des raisons peut-être sanitaires ou de mauvaises raisons.

  • Speaker #1

    Peut-être pour des mauvaises raisons ou économiquement parce que prendre quelqu'un pour trier ou pour ranger c'est plus cher que de jeter dans un déménagement je ne sais pas mais au final quand même est-ce qu'on peut pas en faire autre chose ? Est-ce qu'on peut recycler des médicaments ? Comment on pourrait faire ça quand même ? Il y a tant de gens qui en manquent.

  • Speaker #0

    Mais ça revient au même avec ce qu'on disait tout à l'heure. À l'origine de tout ça, c'est aussi l'État qui fait une loi sur le gaspillage. Donc, ils ont raison parce que ça va trop loin quand même. Il faut peut-être réguler tout ça quand même.

  • Speaker #1

    Et cette loi, elle date de 2020 ?

  • Speaker #0

    C'est récent.

  • Speaker #1

    C'est récent.

  • Speaker #0

    C'est récent.

  • Speaker #1

    Une marge de progression. Super, merci beaucoup Nathalie.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup de m'avoir donné l'opportunité de parler du réemploi et de tout ce qu'on fait chez Fayat Metal avec beaucoup d'énergie et de conviction avec Emile.

  • Speaker #1

    Oui, c'est très convaincant. Je pense que c'est bien aussi de voir les gens qui le font réellement, plutôt que juste en parler. Mais c'est super. En tout cas, merci beaucoup. Et j'espère qu'on a parlé un peu de tout ceci.

  • Speaker #0

    Je crois qu'on a fait le bon tour de la question. Grâce à tes questions, je pense que c'était assez vaste. Donc, je crois qu'on a tout abordé.

  • Speaker #1

    Oui, c'est nickel. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci.

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Description

Le réemploi peut-il devenir un réflexe industriel aussi banal que le recyclage de l’acier ?

Invitée : Nathalie Pasquet, Développement Réemploi Matériaux FAYAT METAL


Nathalie nous explique comment la filière a sécurisé le sujet pour que le réemploi porte les mêmes garanties que le neuf, reste à trouver comment dépasser les blocages psychologiques quand tout le monde pense encore que c’est trop complexe ou trop cher...


Car la vraie difficulté n’est plus technique, mais culturelle.


Derrière, une filière complète se construit : repérer les gisements, démonter plutôt que démolir, qualifier les aciers, stocker, réemployer. Les projets miroirs montrent d’ailleurs que l’on peut reconstruire au même prix que du neuf tout en divisant le carbone par dix.


L’économie du réemploi devient lisible : mieux payer les démolisseurs que la ferraille, absorber le surcoût du démontage, sécuriser l’assurance décennale grâce au protocole validé par l’AQC.
Et plus les grands comptes s’approprient ces réflexes, plus le réemploi s’impose comme une évidence industrielle, vertueuse et rentable.



✉️ N.PASQUET@fayatmetal.fayat.com

📞 06 82 85 43 22

https://metal.fayat.com/nos-expertises/decarbonation

https://www.linkedin.com/in/nathaliepasquet/

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✉️ extralife@inex.fr

📞 06 20 08 33 86

https://extralife.inex.fr/

www.linkedin.com/in/extralife

https://www.instagram.com/extralife_inex/



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #1

    Bonjour et bienvenue sur le podcast d'Extra Life. Je suis Louise Thiard, architecte-ingénieure, passionnée par le réemploi de matériaux de construction. Et dans ce podcast, je rencontre des acteurs de l'économie circulaire... autrement dit des personnes engagées comme moi, pour donner une seconde vie, un second cycle de vie à la matière. Aujourd'hui je suis hyper heureuse car je suis en compagnie de Nathalie Pasquet, que j'ai connue grâce à Emile Seta. Nathalie est responsable développement, réemploi et énergie nouvelle chez Fayat Metal, et Emile est chef de projet réemploi plutôt avec un profil d'ingénieur au sein du groupe. Tu es aussi dans une division qui s'appelle Conduite du Changement, d'après ce que je comprends. Est-ce que tu pourrais te présenter peut-être un peu d'où tu viens ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, bonjour à toi aussi et merci beaucoup de m'accueillir. En effet, alors ce n'est pas la division qui s'appelle Conduite du Changement, la division c'est Fayat métal, mais au sein de cette division on porte de nombreux projets transverses. Et donc comme c'est un groupe qui a une culture avec un fort ADN de l'autonomie, l'audace et l'engagement de ses filiales, la transversalité est plus récente et c'est dans ce cadre là que l'on promeut avec Émile pour toute la division et toutes nos filiales le réemploi des structures métalliques. En ce qui me concerne, je viens plutôt moi du milieu, j'ai toujours travaillé dans la métallurgie donc que ce soit la métallurgie, mais plutôt de précision dans le domaine du médical à travers la fabrication d'aiguilles chirurgicales ou à la Monnaie Paris avec la fabrication de pièces de monnaie, mais où nous ne faisions pas de réemploi, mais c'était du métal et beaucoup de développement et de conduite du changement.

  • Speaker #1

    D'accord. Donc, tu es arrivée chez Fayat il y a à peu près un an ?

  • Speaker #0

    Oui, maintenant bientôt 18 mois que je suis là.

  • Speaker #1

    Et donc quand tu es arrivée, tu étais chargée de mettre en place le volet réemploi mais aussi énergie renouvelable. Est-ce que c'était au point mort vraiment ces notions de réemploi quand tu es arrivée ?

  • Speaker #0

    Alors ce n'était pas au point mort, mais déjà d'une part parce que la direction de Fayat Metal avait identifié ces deux sujets comme deux sujets clés. et souhaitait développer ce marché du réemploi et en avait fait un axe différenciant de décarbonation pour notre division qui comporte des entreprises de charpente métallique, qui fabrique de la charpente métallique. Donc en fait c'était acté en termes de stratégie, mais il fallait opérationnellement porter le sujet et le déployer en fait. Donc, c'est développer et contribuer au développement de ce marché.

  • Speaker #1

    Ok. Et donc, pour faire ça, c'est des investissements ? En quoi tu conseilles le groupe ? Où est-ce que tu orientes les efforts humains, les finances ? Vous avez investi chez Metamo. Est-ce que tu peux en parler ?

  • Speaker #0

    Eh bien, en effet, le groupe était déjà, enfin le groupe et notamment cette division, et particulièrement à travers une de nos filiales, Viry, qui s'appelle Viry, et qui est notre filiale qui a fabriqué les anneaux des Jeux Olympiques sur la Tour Eiffel par exemple, dont le directeur et le président du CTICM, qui est le Centre Technique et Industriel de la Construction Métallique. Donc nos ingénieurs... était déjà très impliqué dans de nombreux sujets, dont le réemploi des matériaux en coopération avec le CTICM. Donc ce n'était pas complètement nouveau. En revanche, mon arrivée permettait de peut-être valider ou invalider le fait qu'il y avait un réel marché du réemploi. Alors on en est plutôt en effet aux prémices, mais déjà en un an, on a passé des étapes considérables.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Vraiment.

  • Speaker #1

    Et donc, oui, tu trouves qu'on a bien avancé, il y a de plus en plus de projets. Quand vous répondez à des appels d'offres aussi, vous arrivez à vous engager, parce que vous avez remarqué, vous avez déjà identifié des gisements. Vous avez peut-être toute la logistique derrière et donc est-ce que tu sens qu'il y a une demande aussi parce qu'il n'y a pas que l'offre, il faut aussi avoir une demande en face de projet, qui sont les plus gros clients qui passent à l'action ?

  • Speaker #0

    En fait, il y a deux pans. Déjà, Fayat Metal a décidé de créer une cellule qui est dédiée, que je pilote, et Emile et moi portons le projet pour la division. Mais au sein de Fayat Metal, on a un groupe de travail derrière nous, au quotidien, avec un représentant pour chacune de nos filiales, qui est notre relais, notre référent réemploi au sein de sa filiale. Et donc, d'une part, on doit chercher des gisements. D'autre part, on doit chercher des affaires pour fabriquer avec du réemploi. Donc ça veut dire de faire la promotion du réemploi des structures métalliques, entre guillemets porter la bonne parole, faire connaître ce que c'est. Et du coup, on est très impliqué dans la filière entière avec ceux qui sont sur le marché nos concurrents. mais qui pour le développement du réemploi sont nos partenaires en fait. Parce qu'on se dit qu'il faut massifier ce marché pour que économiquement, il devienne de plus en plus attractif. Parce que pour l'instant, il y a sur le marché en fait des blocages psychologiques, par méconnaissance, on pense que c'est compliqué et on se dit que c'est systématiquement plus cher. Donc il faut expliquer, donner du sens et montrer que non, ce n'est pas systématiquement plus cher dans toutes les affaires, mais on se rend compte qu'il y a une méconnaissance du sujet, même par les AMO réemploi, même par les architectes, même par les entreprises générales qui elles ont des contraintes réglementaires. Donc fort à nous d'aller faire des conférences, de participer, d'expliquer de quoi il s'agit et de montrer quel est le processus et détailler un peu cette construction du prix du réemploi.

  • Speaker #1

    Parce que oui, il y a la question aussi de quel serait le prix de vente, comment on estime aussi la matière. Mais on pourra peut-être y revenir parce que si on reste concentré aussi sur l'organisation qu'il y a au sein des entreprises majeures qui font de l'acier ou qui commercialisent de l'acier, il y a le CETICM aussi qui a édité des réglementations professionnelles pour faciliter le réemploi. et à... Un syndicat aussi, le syndicat de la construction métallique. Et est-ce que...

  • Speaker #0

    La maison de la construction métallique aussi, tous travaillent sur le sujet. Mais c'est vrai que c'est le réemploi. Il y a réellement aujourd'hui, parce qu'on parlait du marché, il y a réellement aujourd'hui des projets de construction qui demandent pour obtenir... des niveaux élevés de décarbonation qui demandent d'aller chercher des solutions complémentaires à l'acier bas carbone, qui existent. Et donc c'est le réemploi des matériaux.

  • Speaker #1

    Et comment on crée un marché ? Ce sera un peu le thème. Est-ce qu'on peut... On peut dire que c'est le lobbying aussi qui peut aider à faire un marché. À l'origine, il faut réussir à planter des petites graines un peu dans les esprits des gens.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est un état d'esprit. Là aussi, c'est une conduite du changement. Et c'est psychologique parce que certains clients peuvent préférer de façon spontanée. Comme par exemple si tu construis un bâtiment agricole, l'agriculteur spontanément va préférer un bâtiment neuf, alors que pourtant lui-même dans son quotidien réutilise énormément de choses et recycle, mais pour un bâtiment va vouloir du neuf. Donc voilà, là c'est typiquement une acculturation totale à cette approche qu'il faut faire, ensuite auprès des industriels, auprès des grands comptes, mais ceux qui... porte réellement aujourd'hui le marché, ce sont quand même les grands comptes publics qui sont eux déjà très avancés. On le voit à travers par exemple SNCF qui demande déjà des variantes décarbonées, qui demande à ce qu'on propose des variantes décarbonées dans ces CCTP. Ensuite les grands comptes privés aussi qui ont un axe décarbonation conséquent et qui mettent beaucoup de moyens. sur cet objectif en interne, donc qui se posent beaucoup de questions de comment intégrer le réemploi, là aussi dans leur CCTP, pour amener leurs fournisseurs à faire des propositions telles que celles-ci. Et économiquement, en effet, c'est un challenge, parce que certaines fois, l'acier de réemploi, en fait il vient d'une friche industrielle que tu vas non pas démolir, déconstruire, mais que tu vas démonter. Donc démonter, ça veut dire qu'il faut faire ça soigneusement, donc forcément c'est plus long, tu vas devoir étiqueter, donc c'est beaucoup plus long, trier et c'est pas le même modèle économique que toutes les entreprises de démolition actuelles. Donc là aussi, c'est arriver à créer un nouveau marché. Mais les démolisseurs que l'on a aussi approchés s'y intéressent, ne sont pas encore dans tout à fait le processus adéquat, mais s'y intéressent. Donc on voit qu'il y a un mouvement quand même très net. On le constate concrètement dans des projets que l'on vit au quotidien avec Émile.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu pourrais nous raconter un de vos projets qui s'est bien passé ?

  • Speaker #0

    On a déjà fait chez Fayat Métal plusieurs projets. Notamment, on a démonté une verrière, par exemple, dans un collège. Parce que la verrière était trop haute et pas assez grande, pas assez large pour vraiment protéger les élèves. Donc, on s'est dit qu'on allait réutiliser, réemployer 100%. Maintenant, comme elle devait être plus grande, on a rajouté du neuf. Donc, on a réemployé l'acier, on a aussi réemployé le verre. Et donc, pour ces tout premiers chantiers, qui étaient presque expérimentaux pour nous, parce que celui-ci était le tout premier même d'ailleurs, qu'a porté Emile, eh bien, en fait, il y a eu un énorme retour d'expérience de comment faire, parce que pour nos monteurs, On a utilisé nos monteurs pour démonter. Pour eux aussi, c'était nouveau. Donc, il a vraiment fallu les accompagner et la présence d'Emile comme conducteur de travaux sur le chantier pour montrer quelle était la bonne méthode et pourquoi il fallait faire autant attention et les répercussions que ça pouvait avoir par la suite. En fait, c'est ça, c'est de bien comprendre le travail qu'il faisait. et les conséquences qu'il pouvait y avoir après. Mais en effet, le prix de ce démontage est plus élevé. Mais au final, dans un projet tel que celui-ci, où on les a baptisés, nous, en interne, les projets miroirs, c'est-à-dire qu'on démonte pour refaire la même chose, en fait. Le même bâtiment, où là, la même verrière, c'est... économiquement vertueux. C'est-à-dire qu'au final, tu n'as pas de dépenses supplémentaires par rapport à du neuf. Tu as simplement dépensé le même budget. Donc, pour le même budget, tous ces projets miroirs valent vraiment la peine d'être menés à bien. Parce que pourquoi aller démolir et racheter du neuf si on peut, pour le même prix, faire quelque chose qui, au final... en termes d'émissions carbone n'aura plus rien à voir.

  • Speaker #1

    Est-ce que ça t'a déjà constaté que c'était vraiment l'argument déclic qui pouvait intéresser une personne autre que l'argent, leur parler du bilan carbone et de l'intérêt ? Est-ce que les gens sont sensibles, même s'ils n'ont pas d'obligation ?

  • Speaker #0

    Oui, parce que je pense qu'il y a quand même... Derrière une entreprise ou derrière une collectivité, ce sont quand même des individus qui ont une conscience quand même de l'état de santé de notre planète et qui justement veulent contribuer à tout niveau s'ils le peuvent. Et donc là, on leur en donne l'occasion. Donc quand ils ont un projet, eux-mêmes, si justement on vient leur proposer une telle solution, sont à l'écoute de ce qu'on peut leur proposer. et si économiquement ils considèrent que c'est réalisable, sont plutôt même extrêmement satisfaits de l'avoir fait dans ces conditions-là. Vraiment.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai qu'il y a quelque chose qui ne se quantifie pas, mais c'est l'après et l'histoire que ça peut raconter ensuite. L'avoir fait et de montrer que c'est possible parce que on se pose tous la question de qui acceptera de payer la décarbonation. En quelque sorte, on a tous envie de le faire, mais on est tous capables aussi. On pense que techniquement, on a les capacités, on a des ingénieurs, on a vu la possibilité. Mais ce qui manque, c'est... C'est la volonté de le faire réellement et peut-être les moyens.

  • Speaker #0

    Et dans un cadre sécurisé, je me permettrais de rajouter, ça c'est vraiment un élément très important et seul l'acier permet en effet aux maîtres d'ouvrage, aux AMO, aux archis d'être rassurés sur ce qu'ils vont construire parce que, étant donné que grâce au travail des ingénieurs, de... de charpente, notamment Fayat métal, en coopération avec le CTICM justement, ils ont élaboré ce protocole de qualification, ce qui fait que ce sont pour les aciers après 1970. Avant 1970, on ne va pas réemployer, mais tout ce qui a été construit à partir de 1970, selon si on a de la traçabilité ou non, les structures vont devoir passer un... une liste de tests prédéfinis et ce protocole de tests en fonction de ce que l'on a à réemployer a été validé par la commission de prévention produit qui fait partie de l'agence qualité construction, l'AQC. Alors pourquoi je mentionne ça ? Parce que grâce à ce protocole et à la qualification de ces aciers, l'acier qui va être réemployé va bénéficier d'une assurance décennale au même titre que le neuf. Et quand même, on est dans la construction, on n'est pas dans le second œuvre. Donc, il y a un réel enjeu de la qualité de l'acier, les qualités intrinsèques de l'acier qui, bon, se maintiennent dans le temps. Mais il est indispensable que tout soit vérifié le cas échéant et que le fait que les assureurs, les bureaux de contrôle aient participés à la rédaction de ce protocole fait que cette assurance existe et ça c'est très peu su or c'est quelque chose qui va énormément rassuré par exemple l'acheteur le concepteur lui il est dans ses dessins l'archi mais le jour où on construit tout est question aussi d'assurance et ça c'est un atout énorme et nous sommes les seuls à l'avoir nous sommes les seuls à l'avant et ça c'est très peu sûr aussi donc ça aussi on doit on doit en faire la promotion de cet aspect-là.

  • Speaker #1

    Vous avez aussi un labo mobile.

  • Speaker #0

    Oui, alors le CTICM a un labo mobile, mais en fait, nous, chez Fayat Métal, on a deux de nos filiales. Maintenant, on est cinq entreprises dans la filière, dont Métamo, chez qui nous avons pris des actions, qui ont été auditées par le CTICM. Ce qui veut dire que maintenant, nous-mêmes, on peut délivrer cette fameuse... attestation de performance de l'acier de réemploi qui vaut pour pouvoir être assuré. Et ça, nous ne sommes que cinq en France, et nous avons été les premiers à obtenir justement cette qualification pour les aciers.

  • Speaker #1

    Donc, tous les feux sont au vert, il manque juste le déclic, le passage à l'acte, parce que... Est-ce que, d'ailleurs, tu te retrouves parfois face à des arguments qui... qui pourraient paraître indiscutables, où tu te retrouves à des murs, ou des gens qui te disent « non, moi je ne veux pas faire de réemploi, c'est trop compliqué » . C'est quoi un peu les clichés que tu entends ?

  • Speaker #0

    Eh bien, ça peut être en effet dans les entreprises de bâtiment, dans la partie travaux, certaines fois où les... Les employés ne savent pas en quoi ça consiste forcément et du coup pensent tout de suite que c'est très compliqué. Or, un acier de réemploi qui arrive sur le chantier de construction, il va devoir être tracé, tout simplement, mais il arrive dans le même état qu'un acier neuf qui sort de l'usine de charpente métallique. Donc il n'y a rien de différent. entre un acier classique et un acier de réemploi. Mais dans les esprits, dans l'esprit collectif, tout de suite, on va associer ça à quelque chose de compliqué. Mais ça, je crois que c'est naturel, c'est aussi parce que c'est un changement. Donc d'où toujours le mot de conduite du changement, parce que quand ça fait tellement de temps qu'on est habitué, il y a eu des grandes périodes où on démolit, on construit avec du neuf, que c'est toute une acculturation à porter. Et il faut juste prendre le temps d'en expliquer le bien fondé et démystifier la complexité de l'opération. Et ça c'est un gros travail à faire, mais ça c'est pas palpable en fait. Mais ça, c'est une vraie réticence. C'est une vraie réticence. Mais en revanche, je citais tout à l'heure, par exemple, un agriculteur qui spontanément n'a pas envie de quelque chose de seconde main. En revanche, il va pouvoir être intéressé par les projets miroirs que j'ai mentionnés où là, si on dit, vous avez besoin d'un hangar agricole, vous avez un réel besoin. Nous, on a identifié... un hangar agricole à déconstruire, à démonter. Peut-être qu'à 1 mètre, 2 mètres près, ce n'est pas exactement le bâtiment qu'il aurait souhaité. Mais si tu expliques qu'au final, esthétiquement, ça sera la même chose parce qu'il aura été grenaillé et repeint et il n'y aura quasiment pas subi de transformation parce que c'est le même usage et c'est le même bâtiment que l'on va remonter, mais qu'il va coûter 90% du prix du neuf, là l'argument va porter en effet. Donc il faut prendre le temps d'expliquer aussi qu'il peut y avoir ce type de projet. Et là ça intéresse réellement, pour l'avoir réalisé. Par exemple à Toulouse, on a eu un exemple avec l'une de nos filiales, Castel et Fromager, qui a fait un tel programme par exemple.

  • Speaker #1

    Pour un hangar agricole ?

  • Speaker #0

    Oui, alors ce n'était pas un hangar agricole, c'était un hangar. dans une entreprise de maçonnerie, mais c'est le même principe, c'est-à-dire qu'on a démonté et remonté le même bâtiment et pour un prix moindre que cela aurait coûté si ça avait dû être entièrement conçu et fabriqué en neuf. Donc ça c'est des bons exemples. Mais ce sont des exemples vrai en plus, c'est concret et opérationnel.

  • Speaker #1

    Et après peut-être que tu auras réussi à toucher un peu le cœur de la personne qui sera peut-être aussi fière d'avoir fait l'effort de vous faire confiance et d'aller jusqu'au bout de la démarche. Parce que c'est ça le frein psychologique qui peut très facilement être levé quand on pense à l'avenir, on peut tous chacun trouver nos raisons d'agir.

  • Speaker #0

    C'est une volonté en fait, c'est une volonté. Une voiture électrique aujourd'hui est plus chère qu'une voiture thermique. Et pourtant, on va tous s'équiper en voiture électrique. Et là, le réemploi, c'est encore plus vertueux même, puisque c'est vraiment quelque chose qui existe déjà, et que sinon on va gaspiller. donc d'ailleurs Le réemploi découle aussi de la loi AGEC, qui est une loi anti-gaspillage. Et c'est ça l'idée aussi quand même qui sous-tend tous ces projets, c'est d'arrêter d'autant gaspiller dans cette société de consommation. Donc c'est pour ça qu'il faut que non seulement les individus, mais les entreprises intègrent cette notion-là. Mais avec l'apparition de la RSE, le déploiement de la RSE, Petit à petit, qui part des grands comptes, des grandes entreprises privées, qui descend dans l'industrie et qui met du temps. Il y a 30 ans, il n'y avait pas de certification qualité. Aujourd'hui, qui aurait l'idée de ne pas avoir de certification ISO 9001 ? Mon âge me permet de dire que, quand j'ai démarré très très jeune, j'ai travaillé dans des entreprises où personne ne voulait la qualité. On a mis en place... La qualité, les certifications, et c'était une révolution qui a été très compliquée dans les mentalités même de nos ouvriers, de nos managers. Or aujourd'hui, je crois que ça fait longtemps qu'on ne se pose plus de questions. Donc je pense que la décarbonation, la RSE et donc le réemploi découlent de la même chose. Donc on en est juste au début. C'est pour ça que ce n'est pas encore un marché massifié. et qu'en effet, quand on fait du... barre à barre, qu'on va utiliser simplement certaines parties de structure dans un projet neuf, les parties réemployées restent plus chères encore que l'acier neuf, ça c'est une réalité pour l'instant. Ok, c'est beaucoup d'infos et c'est vrai que la RSE ou même l'obligation de calculer son bilan carbone, ça n'existait pas. D'ailleurs, le groupe FAYAT a scope 1, scope 2, scope 3.

  • Speaker #1

    Scope 3 est soumis à la CSRD, même si la CSRD évolue elle aussi légèrement pour les grandes entreprises, enfin pour les groupes. Mais on a une directrice RSE dans le groupe. Nous avons tous des objectifs décarbonation. Je pense que c'est vraiment en train de devenir quelque chose de naturel pour nous tous. Mais ce sont les grands comptes qui donnent le la. Et ça va ensuite russeler vers les plus petites entreprises.

  • Speaker #0

    Oui. D'ailleurs, est-ce que tu as le droit de me dire qui est le plus gros investisseur du groupe ? Les grands comptes, pour savoir un peu qui est-ce qui est...

  • Speaker #1

    Tu veux dire au sein du groupe FAYAT ?

  • Speaker #0

    Oui, ou extérieure.

  • Speaker #1

    Je pense que de toute façon, si tu parles avec toutes les grandes entreprises françaises, elles ont toutes, même nos concurrents, sont tous focalisés sur les thématiques RSE et la décarbonation. Enfin, je crois qu'il n'y a pas d'exception, il n'y a vraiment aucune exception là-dessus. C'est intégré dans leur stratégie. dans la stratégie des groupes. C'est plutôt quand tu descends dans les petites entreprises, parce que de la même façon qu'a été la qualité il y a longtemps, tu ne sais pas même faire un bilan carbone. Ce n'est pas naturel. Enfin, si on ne t'a jamais formé à ça, tu ne sais pas. Donc, il y a tout ce temps de formation de tes propres fournisseurs.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Donc, et pour entraîner tout ce monde-là… Nous, en un an déjà, on a eu ce protocole qui a été validé. On a fait cinq gros chantiers cette année. Ça prend du temps. Il n'y a rien qui peut aller plus vite. Déjà, un an, ce n'est rien à l'échelle d'un nouveau marché. Ce n'est vraiment rien.

  • Speaker #0

    Je voyais ça dans le Scope 3. Il y a une énorme part du bilan carbone qui est allouée à l'achat de biens et services. En fait, c'est tout l'acier que vous achetez.

  • Speaker #1

    Chez nous, c'est l'acier.

  • Speaker #0

    Très carboné.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Et donc ça prend du temps et tu trouves qu'il y a quand même des belles avancées. Est-ce qu'on peut s'inspirer d'autres modèles, par exemple le marché des biosourcées, qui ont énormément bénéficié de l'annonce peut-être aussi politique de faire une transition énergétique, une transition environnementale ? Il y a aussi les panneaux photovoltaïques, il y a toute la question de l'énergie. Est-ce que le réemploi, il est... Il est moins high-tech peut-être aussi, il est un peu ancestral.

  • Speaker #1

    C'est ça, parce que je pense que le réemploi, c'est juste… Alors, je ne voudrais pas dire que c'est du bon sens, mais en fait, c'est des bonnes pratiques, tout simplement. C'est simple, on n'a rien à inventer. C'est juste, dans son quotidien, avoir des pratiques vertueuses. Puisque c'est si « facile » , je veux dire, pourquoi n'y allons-nous pas plus ? Mais en effet, transformer quelque chose à un coût. Et on doit être à l'écoute de nos clients, en effet, quand on sait que pour un même projet, on ne leur demande pas d'ailleurs, et ça serait même impossible parce que nous n'aurions pas les matériaux, enfin les structures nécessaires, de faire l'entièreté du projet en réemploi. En fait, dans un projet, il peut y avoir de l'acier neuf, parce que l'acier bas carbone n'existe que pour certaines parties de structure aussi, quelques-unes, et avec des délais très longs en approvisionnement. Et le réemploi vient en complément, parce que le réemploi, tout le monde ne le sait pas, mais la RE2020, aujourd'hui en tous les cas encore, affiche que le réemploi, c'est égal à zéro émission carbone. Donc, c'est moins 1,157 tonnes équivalent CO2 d'émissions à chaque fois. Donc, c'est quand même un énorme gain. Et donc, ça, c'est s'appuyer simplement sur la réglementation, parce qu'il faut bien une base de calcul, la même pour tout le monde. Donc, pour l'instant, il serait important que même ce type d'informations soient bien intégrées dans les bureaux d'études. et dans tous les avant-projets de chaque affaire. Ça aussi, en fait, il faut acculturer, même au sein de nos entreprises. Parce que là on a parlé de notre cellule versus l'extérieur, mais au sein même de nos entreprises, là on a prévu, en accord avec toutes les directions de chaque filiale, de faire une présentation à toutes nos forces commerciales. On aurait pu la faire dès l'année dernière, mais on a maintenant des retours d'expérience, et on va pouvoir leur parler, comme on le fait aujourd'hui, de pourquoi aller vers le réemploi, parce que c'est eux qui sont sur le marché au quotidien, les commerciaux. Et donc, c'est à eux aussi de nous aider à trouver des gisements d'une part et à porter la parole, à promouvoir le réemploi envers leurs clients. Donc, ça aussi, une fois qu'on aura fait ça, ça aussi, ça va aider. Et on est de nombreuses entreprises à conduire le même, à mettre en place les mêmes étapes au sein de nos entreprises.

  • Speaker #0

    Oui, c'est à toutes les étapes aussi. Oui, c'est ça. Un nouveau produit, il suffit juste de le produire, de le commercialiser. Alors là, il faut transformer toute la chaîne.

  • Speaker #1

    Donc, il faut impliquer les ingénieurs comme toi. Il faut impliquer les ingénieurs. Et peut-être après, ça sera aussi une question de génération. Parce qu'il faut aussi que ce soit quelque chose qui soit abordé dans les écoles. C'est comme tout. C'est la formation aussi des jeunes architectes, des jeunes ingénieurs. qui fera que demain tous auront aussi le réflexe. C'est à tous les niveaux en fait qu'il faut conduire le changement.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr. Et est-ce que toi dans ta pratique personnelle, tu réemploies, tu répares, tu t'achètes en seconde main ?

  • Speaker #1

    Alors moi j'ai une fille qui est très forte là-dessus, qui nous a tous amenés vers ça, vers j'achète peu de neufs. j'achète quelque chose qui a déjà été porté, c'est en termes de vêtements par exemple. En effet, on adore aussi retaper, je veux dire retaper, même si c'est en effet réemployer tout ce qui est immobilier aussi, et mobilier notamment à l'intérieur d'une maison, si on peut refaire des commodes qu'on va trouver, que l'on a déjà, non pas aller en acheter une autre, on va prendre celle qu'on a qui était... au fin fond du grenier ou au fin fond du garage, et la transformer. Oui, déjà, c'est ce qu'on fait, en fait. C'est ce qu'on fait. Et c'est quand même aussi basiquement, c'est ne pas tous les jours acheter beaucoup d'aliments et jeter ce qui reste. C'est, voilà, réassaisonner, réaccommoder. Enfin, je veux dire, voilà, c'est plein de petites choses qui font qu'on essaie de ne pas toujours acheter du neuf. je crois qu'on est allé quand même trop loin surtout le neuf je crois que même si on arrêtait de produire aujourd'hui on aurait déjà assez de choses on aurait déjà assez de choses à faire je crois qu'on est pas mal équipé depuis que la société de consommation a pris le lead c'est vrai que je crois qu'on a on possède beaucoup de choses et Maintenant, c'est toute une économie, en effet, de mobilier ou de décoration pas très cher. Mais réutiliser ce qui existe déjà, c'est pas mal aussi. C'est quand même vertueux.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses que le matériau acier, j'y pense comme ça, parce qu'il y a le recyclage qui facilite le fait qu'on jette moins. On sait que ça se revalorise à la ferraille et qu'on peut récupérer une petite somme. Est-ce que c'est ça qui aussi facilite le réemploi de ce matériau-là ?

  • Speaker #1

    C'est-à-dire que quand même l'acier il est vertueux dans ce sens-là, c'est-à-dire qu'en termes de recyclage tout est recyclé en acier. En effet, comme tu l'as dit, dans un chantier la partie métal elle part à la ferraille, donc le démolisseur va récupérer une somme d'argent à la tonne pour le métal qu'il va donner, donc il va être réemployé, revendu, enfin il y a vraiment. toute une deuxième vie, troisième vie, enfin ça c'est l'acier de façon générale. Donc déjà ça c'est quand même très vertueux, mais après c'est vrai que l'acier malheureusement, et on l'entend souvent face au bois, très décrié parce que en termes d'émissions carbone, or justement le réemploi vient pallier ce côté là.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu entres en concurrence donc avec les... les personnes qui ont besoin de cette acier pour en reproduire du nouveau, avec finalement vos producteurs ArcelorMittal ? Parce que si vous n'en voyez pas à la benne...

  • Speaker #1

    Je pense que ArcelorMittal est quand même une entreprise... géante, on peut dire, à un niveau mondial. Donc nous, pour l'instant, on va dire qu'on est très petit. Et mais je trouve que ce qui est bien, c'est que justement, même le discours d'ArcelorMittal est que nous soyons complémentaires. C'est à dire qu'on n'est pas l'un contre l'autre. On est on doit utiliser les deux dans un projet. Parce que comme je le disais, jamais on ne pourra trouver en réemploi l'entièreté d'une structure pour une construction neuve. Donc, il faudra de l'acier bas carbone et du réemploi. Ce n'est pas quelque chose qui va pouvoir remplacer complètement. Ce n'est pas possible. À part dans les projets miroirs. Sinon, dans une construction entièrement imaginée, qui serait complètement différente de quelque chose qui a déjà existé, ce n'est pas possible de tout faire en réemploi. Donc, en effet, c'est complémentaire. Il n'y a pas de guerre entre les deux. C'est vraiment un complément. dans la conception.

  • Speaker #0

    Parce qu'il y aura toujours des aciers qui datent d'avant 1970, c'est-à-dire qu'il y a des choses qui sont pas réemployables. Et en plus, on construit dix fois plus qu'on démolit, donc à un moment, on ne peut pas aligner.

  • Speaker #1

    Mais aujourd'hui, on réhabilite beaucoup. Il y a une vraie tendance du marché à la réhabilitation quand même, par rapport au neuf. On voit que le marché évolue aussi. On voit que le marché évolue.

  • Speaker #0

    Oui, en effet. Donc là, je suis revenu un peu en arrière, mais... Je voulais aussi te demander si, question un peu plus personnelle, si tu collectionnais des choses, si tu avais déjà fait des collections dans ta vie.

  • Speaker #1

    Alors moi, j'ai fait une collection de magnets, mais qui a démarré il y a 35 ans, de tous les pays où j'allais, de toutes les villes où j'allais. Donc j'ai une bonne collection, on va dire, et des petits carnets aussi. en papier recyclé ou que je trouvais dans des petits magasins artisanaux pareil dans le monde entier donc j'ai une assez grande collection de petits carnets que je garde précieusement le jeune utilisement que je garde précieusement que j'admire régulièrement et des manettes de partout partout partout dans le monde je me posais la question pour le oui pour le côté accumuler des choses qui ont pas beaucoup de valeur marchande mais qui ont une énorme valeur sentimentale. Ah non, non, ça c'est sûr, je ne jeterai pas. Je suis très conservatrice en plus, donc je ne jette pas.

  • Speaker #0

    Parfois sur les brocantes on voit des collections de petits chats en verre d'une grand-mère qui sont...

  • Speaker #1

    Ah non, moi je... Je suis aux antipodes. presque trop, mais je suis vraiment aux antipodes de ça.

  • Speaker #0

    Mais je pense qu'il faut être un peu matérialiste dans le bon sens du terme, c'est-à-dire porter un peu trop d'attention aux choses, de soins, pour un peu plus, pour ne pas juste s'en défaire facilement et les jeter à la poubelle.

  • Speaker #1

    Puis c'est toute une mémoire, c'est toute une histoire quand même. Oui, c'est ça, c'est pas rien. Ça dit une histoire quand même, certaines choses, clairement.

  • Speaker #0

    Et dans tes voyages, Peut-être que tu les as faits dans tes métiers avant d'arriver ici, mais est-ce que même aujourd'hui, tu vois un peu où ça en est aussi, le réemploi de l'acier dans les autres pays ? Je me demande où est-ce qu'on en est.

  • Speaker #1

    Je pense qu'au niveau européen, déjà par exemple, quand on a discuté avec le syndicat de la construction métallique, enfin l'équivalent, mais au niveau européen, Ils ont toute une cellule de réemploi qui aussi porte les mêmes projets, les mêmes convictions que nous et qu'ils déploient dans les autres pays européens. Donc, on n'est vraiment pas les seuls à le faire. On n'est vraiment pas les seuls.

  • Speaker #0

    Oui. Est-ce qu'on pourrait imaginer qu'il y ait des échanges de matériaux avec nos voisins ?

  • Speaker #1

    Après, tout dépend où c'est, comment tu transportes. Parce que le réemploi, il est quand même vertueux, mais aussi si tu restes dans l'économie circulaire. C'est-à-dire que c'est pour ça aussi que nous, chez Fayat Métal, ayant des filiales un petit peu partout en France, on peut avoir des zones de stockage à des endroits différents, ce qui permet d'avoir le gisement au plus près de la nouvelle construction. Parce que si tu dois transporter à l'autre bout de l'Europe en camion, Bon, tu anéantis un petit peu, c'est comme si demain on fait venir des aciers bas carbone de Chine, par exemple. Est-ce qu'on n'oublie pas un peu le concept de départ qui est que le transport aussi, il est polluant. Donc, on doit quand même faire attention à la globalité du projet. C'est la globalité du projet qui doit être vertueux. Sinon, il n'y a plus trop d'intérêt non plus. C'est pour ça, c'est vraiment lié à l'économie circulaire, c'est sûr. Après, nous, on la pratique au niveau France, parce qu'on est une division qui n'achète quasiment qu'en France et ne fabrique qu'en France. Donc, ça, c'est une spécificité. Donc, pour ça, on se prête particulièrement à cette activité.

  • Speaker #0

    Et donc, il y a d'autres d'ailleurs, il y a d'autres entreprises, je ne saurais pas en citer d'autres, mais qui font de la construction métallique, la charpente, peut-être chez Eiffage ou qui s'y mettent aussi ?

  • Speaker #1

    Ah oui, oui, oui, on est dans la filière de plusieurs charpentiers métalliques comme nous, qui font de la charpente métallique, s'intéressent, oui, au réemploi, bien entendu. avec qui on travaille, on a des groupes de travail qui réunissent plusieurs entreprises, comme je disais, concurrentes sur le marché, mais partenaires sur ce sujet, avec qui on travaille, oui. Et après, les FAYAT bâtiments, Eiffage bâtiments, oui, tous, tous, ont des attentes en termes de réemploi pour qu'on les accompagne. D'où la naissance de Métamo d'ailleurs, parce que Métamo, sa raison d'être, c'est vraiment uniquement le réemploi, la fourniture de barres issues du réemploi. Donc lui, c'est vraiment son activité première. Et c'est ça qui a fait naître cette entreprise. Alors pour moi, c'est aussi un peu start-up. Même si en fait, on va tout de suite penser high-tech pour la startup. Mais non, ce n'est pas que ça. C'est une entreprise très agile, qui change très vite et bouge très vite, et qui pivote comme une startup high tech, mais dans une activité qui est le réemploi, dans laquelle elle croit, c'est une vraie conviction. Le PDG a créé ça parce que c'est une vraie conviction personnelle.

  • Speaker #0

    Oui, j'ai vu qu'ils vendaient des produits aussi. Ils n'utilisent pas que l'acier pour leur projet, mais ils font aussi de la vente. D'ailleurs, il y a une plateforme, il y a aussi de revente de morceaux.

  • Speaker #1

    Il y a une plateforme qui s'appelle le Metal Réemploi, qui est portée par le CTI-CM. justement, sur laquelle on vient de déposer toutes les structures de réemploi qu'on aurait en stock qui peuvent être rachetées par les uns et les autres. Et Métamo, avec qui on travaille énormément, qui est pour nous aussi un pourvoyeur de réemploi. Pour nos affaires, si besoin. En complément du propre stock que l'on fait.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    On a besoin d'entraide.

  • Speaker #0

    Oui. Mais à la fois aussi, c'est un peu secret, ton stock, il faut que tu ailles le constituer pour pouvoir répondre à des marchés. Est-ce que ça pourrait dévier sur des pratiques un peu contre-productives, où on va peut-être démonter un bâtiment juste pour répondre à un marché et le réemployer ? Ou alors est-ce que vous ne spottez que des choses qui vont être... démoli ?

  • Speaker #1

    En général, c'est c'est systématiquement quelque chose qui de toute façon sera démoli. De toute façon sera démoli. Donc la première négociation c'est de convaincre soit le démolisseur, soit le maître d'ouvrage, ou les deux, de ne pas démolir mais d'accepter de démonter et que l'on rachète la matière.

  • Speaker #0

    Et vous le rachetez un peu plus cher que l'acier.

  • Speaker #1

    Ah ben, que la ferraille. Que la ferraille, oui, parce que, en fait, le démolisseur, lui, il revend systématiquement la ferraille. Donc, il faut bien qu'on compense la perte qu'il subirait si on ne démolit pas. Et ensuite, on compense aussi le surplus lié à un démontage versus une démolition, pour que le maître d'ouvrage n'ait pas à payer plus.

  • Speaker #0

    Ah, vous payez le surplus ? Oui, souvent.

  • Speaker #1

    C'est pour ça qu'on ne récupère pas l'acier de réemploi systématiquement, uniquement au niveau du prix de la ferraille, mais un petit peu plus cher pour compenser vis-à-vis du maître d'ouvrage. Qui lui dit, moi je voulais qu'on démolisse pour tant de prix, vous pouvez démonter, mais je ne veux pas payer plus cher. Donc, il peut payer éventuellement un peu plus cher, mais c'est vraiment une négociation.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Et lui, ce qu'il a à y gagner aussi, ça rentre dans son bilan carbone ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Lui aussi. Il peut être… Il y a certains projets dans lesquels on a fourni du réemploi, où le maître d'ouvrage, et particulièrement, c'est lui qui donne le ton et impose en effet des critères sur son chantier environnementaux. Donc ça aussi, ça peut être lui qui drive les sujets derrière et qui demande. Pas forcément le réemploi tant qu'on n'en a pas parlé, mais c'est à lui qu'on doit suggérer d'aller vers ça et qu'il va en effet accepter. Et si c'est quand même un chantier qui est déjà, dès le départ, conçu pour être vraiment très respectueux de l'environnement, généralement, le réemploi fait partie des mots-clés de l'affaire.

  • Speaker #0

    De plus en plus,

  • Speaker #1

    je le vois de plus en plus.

  • Speaker #0

    Oui, ça rigole.

  • Speaker #1

    C'est ça qui nous porte d'ailleurs.

  • Speaker #0

    Et donc comment tu vois l'avenir ?

  • Speaker #1

    Eh bien écoute, j'espère que ça va continuer et augmenter. On a même fait un petit flyer justement chez Fayat Metal pour... que nos équipes commerciales puissent avoir un document récapitulatif de tous les arguments. Donc c'est pour dire qu'on y croit vraiment sous l'angle en effet décarbonation, bien entendu ce qu'on disait complémentarité de l'éco-conception de l'acier bas carbone, de l'acier de réemploi. Et ça fait partie intégrante de notre plan stratégique. Donc oui c'est vraiment... Quelque chose sur lequel on s'investit et que l'on va continuer à promouvoir.

  • Speaker #0

    Oui, je regardais votre rapport annuel 2024, vos objectifs, pourcentage de 10% d'acier bas carbone à certains horizons 2030, un peu moins pour l'acier de réemploi, et en plus la conception sobre,

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Utiliser moins de... Ça, comment on fait ?

  • Speaker #1

    On demande aux ingénieurs d'optimiser ? Ah ben oui, on demande aux ingénieurs d'optimiser. Et puis après, c'est aussi d'intégrer que ce que l'on conçoit, demain, l'idée, ce sera de le démonter. Ce n'est pas quelque chose qui sera démoli. Donc, c'est se dire, si demain, c'est démonté, comment on conçoit aussi ? Donc, c'est vraiment aussi, là aussi, c'est une culture. C'est vraiment une culture des bureaux d'études. Enfin, une culture des ingénieurs qui conçoivent aussi.

  • Speaker #0

    Par exemple, plutôt faire dimensionner des structures qui seront déboulonnés plutôt que soudés.

  • Speaker #1

    Voilà, des choses comme ça, exactement.

  • Speaker #0

    Et d'accord, donc la démontabilité et même l'économie de matière.

  • Speaker #1

    Exactement. Ça aussi, c'est vraiment des sujets que l'on porte en interne, transverses, totalement.

  • Speaker #0

    Donc oui, c'est aussi la R&D interne.

  • Speaker #1

    Aussi.

  • Speaker #0

    Et ça compte dans la décarbonation d'entreprise. Est-ce qu'il y a des bureaux d'études structures spécialisés en réemploi ?

  • Speaker #1

    Non, on n'a pas de bureau d'études spécialisés en réemploi. On a vraiment, comme je le disais, cette cellule qui est en effet, entre Émile et moi, avec ce groupe de travail. Mais l'idée c'est que non seulement on parle à nos forces commerciales, mais que l'on parle à tous nos ingénieurs en avant-projet et les BE exécution. Parce que c'est eux qui doivent avoir en tête aussi tous ces sujets. Donc en fait c'est non seulement les commerciaux, mais aussi les ingénieurs que l'on doit toucher. Donc ça aussi c'est prévu de... de leur faire des présentations et de leur expliquer pour qu'ils y pensent, simplement pour qu'ils y pensent, que ça devienne un réflexe dans leur façon de concevoir.

  • Speaker #0

    Et les commerçants dans leur façon d'acheter plutôt ?

  • Speaker #1

    Non, de vendre, c'est-à-dire quand un bâtiment, quand un maître d'ouvrage ou un client a un projet de bâtiment, c'est que le commerce pense à proposer en disant vous avez un projet, avez-vous vous-même pensé ? à faire du réemploi. Non. Voilà, et qu'ils prennent deux minutes pour expliquer ce que c'est et le proposent, que ça devienne une proposition commerciale à part entière.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    C'est ça. Avec l'acier bas carbone, en disant on peut vous sourcer de l'acier bas carbone, on peut vous trouver de l'acier de réemploi, voilà ce que ça fait. Donc qu'ils pensent à le proposer et que nos ingénieurs pensent à l'intégrer ou à le suggérer aussi. Donc c'est vraiment sur toute la chaîne de valeur qu'il faut interagir.

  • Speaker #0

    Et le mieux, c'est d'avoir des arguments, d'avoir des bons arguments. Peut-être que tu vas présenter un bilan carbone avec. Exactement.

  • Speaker #1

    Et montrer des exemples concrets. Ça peut être, regardez, on a fait ce chantier, voilà la réduction d'émissions carbone que cela a généré. Voilà, je pense que les exemples concrets, c'est toujours ce qui est le plus parlant. Et maintenant, avec notre retour d'expérience, on a la matière pour... pour leur montrer ces exemples. Donc voilà, je pense que c'est un atout fort pour convaincre.

  • Speaker #0

    Oui, c'est génial. C'est vraiment super. Ok, j'espère que ça va continuer du coup de s'envoler. Ça demande beaucoup d'énergie, mais c'est en bonne passe.

  • Speaker #1

    C'est passionnant et puis je pense que c'est... Et c'est agréable à porter comme sujet pour soi aussi. On se dit qu'on contribue à quelque chose pour le collectif. Donc, je pense qu'aussi, c'est très porteur moralement aussi, comme sujet.

  • Speaker #0

    Oui, oui, complètement.

  • Speaker #1

    C'est bienveillant pour toute l'humanité, en fait, derrière tout ça.

  • Speaker #0

    Et pour vos investisseurs.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Qui eux-mêmes ont des...

  • Speaker #1

    Oui, qui ont une conscience, même si en effet l'entreprise, elle est là pour vendre, pour faire des profits. C'est son but, c'est pour ça qu'elle existe. Mais on est là pour justement faire de ce sujet quelque chose de rentable, et pour nous, et pour nos clients.

  • Speaker #0

    Oui, très bien résumé. Et je voulais te demander aussi, qu'est-ce que tu aimerais bien entendre sur ce podcast ? Si jamais il y a un sujet qui t'intéresse dans un autre secteur ou autre, j'aimerais bien que j'interview en se posant un peu les mêmes questions.

  • Speaker #1

    Sur le réemploi, tu veux dire,

  • Speaker #0

    ou sur l'économie circulaire de manière plus large ?

  • Speaker #1

    Si c'est l'économie circulaire, mais plutôt moi c'est sur les gaspillages, sur les grands gaspillages. Moi, je suis des fois un peu atterrée sur le gaspillage des médicaments.

  • Speaker #0

    Des médicaments ?

  • Speaker #1

    Oui. J'ai eu un exemple récent d'un déménagement d'hôpital où tout a été jeté. Oui. Et certainement pour des raisons économiques, j'imagine, mais de l'extérieur, ça peut paraître choquant de toujours jeter. Et je me dis comment cette industrie énorme qui, elle, représente des sommes folles en euros, Comment elle est organisée et comment on gère justement ces stocks ? Qu'est-ce qu'on en fait ? Et est-ce qu'il n'y a pas des choses à mettre en place pour quand même éviter de jeter autant ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Quand d'autres manquent autant ailleurs sur la planète.

  • Speaker #0

    Oui, là il y en a.

  • Speaker #1

    Voilà, ça m'interpelle, mais ça c'est à titre vraiment personnel. Donc ça m'interpelle.

  • Speaker #0

    Oui, on jette pour des raisons peut-être sanitaires ou de mauvaises raisons.

  • Speaker #1

    Peut-être pour des mauvaises raisons ou économiquement parce que prendre quelqu'un pour trier ou pour ranger c'est plus cher que de jeter dans un déménagement je ne sais pas mais au final quand même est-ce qu'on peut pas en faire autre chose ? Est-ce qu'on peut recycler des médicaments ? Comment on pourrait faire ça quand même ? Il y a tant de gens qui en manquent.

  • Speaker #0

    Mais ça revient au même avec ce qu'on disait tout à l'heure. À l'origine de tout ça, c'est aussi l'État qui fait une loi sur le gaspillage. Donc, ils ont raison parce que ça va trop loin quand même. Il faut peut-être réguler tout ça quand même.

  • Speaker #1

    Et cette loi, elle date de 2020 ?

  • Speaker #0

    C'est récent.

  • Speaker #1

    C'est récent.

  • Speaker #0

    C'est récent.

  • Speaker #1

    Une marge de progression. Super, merci beaucoup Nathalie.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup de m'avoir donné l'opportunité de parler du réemploi et de tout ce qu'on fait chez Fayat Metal avec beaucoup d'énergie et de conviction avec Emile.

  • Speaker #1

    Oui, c'est très convaincant. Je pense que c'est bien aussi de voir les gens qui le font réellement, plutôt que juste en parler. Mais c'est super. En tout cas, merci beaucoup. Et j'espère qu'on a parlé un peu de tout ceci.

  • Speaker #0

    Je crois qu'on a fait le bon tour de la question. Grâce à tes questions, je pense que c'était assez vaste. Donc, je crois qu'on a tout abordé.

  • Speaker #1

    Oui, c'est nickel. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci.

Description

Le réemploi peut-il devenir un réflexe industriel aussi banal que le recyclage de l’acier ?

Invitée : Nathalie Pasquet, Développement Réemploi Matériaux FAYAT METAL


Nathalie nous explique comment la filière a sécurisé le sujet pour que le réemploi porte les mêmes garanties que le neuf, reste à trouver comment dépasser les blocages psychologiques quand tout le monde pense encore que c’est trop complexe ou trop cher...


Car la vraie difficulté n’est plus technique, mais culturelle.


Derrière, une filière complète se construit : repérer les gisements, démonter plutôt que démolir, qualifier les aciers, stocker, réemployer. Les projets miroirs montrent d’ailleurs que l’on peut reconstruire au même prix que du neuf tout en divisant le carbone par dix.


L’économie du réemploi devient lisible : mieux payer les démolisseurs que la ferraille, absorber le surcoût du démontage, sécuriser l’assurance décennale grâce au protocole validé par l’AQC.
Et plus les grands comptes s’approprient ces réflexes, plus le réemploi s’impose comme une évidence industrielle, vertueuse et rentable.



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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #1

    Bonjour et bienvenue sur le podcast d'Extra Life. Je suis Louise Thiard, architecte-ingénieure, passionnée par le réemploi de matériaux de construction. Et dans ce podcast, je rencontre des acteurs de l'économie circulaire... autrement dit des personnes engagées comme moi, pour donner une seconde vie, un second cycle de vie à la matière. Aujourd'hui je suis hyper heureuse car je suis en compagnie de Nathalie Pasquet, que j'ai connue grâce à Emile Seta. Nathalie est responsable développement, réemploi et énergie nouvelle chez Fayat Metal, et Emile est chef de projet réemploi plutôt avec un profil d'ingénieur au sein du groupe. Tu es aussi dans une division qui s'appelle Conduite du Changement, d'après ce que je comprends. Est-ce que tu pourrais te présenter peut-être un peu d'où tu viens ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, bonjour à toi aussi et merci beaucoup de m'accueillir. En effet, alors ce n'est pas la division qui s'appelle Conduite du Changement, la division c'est Fayat métal, mais au sein de cette division on porte de nombreux projets transverses. Et donc comme c'est un groupe qui a une culture avec un fort ADN de l'autonomie, l'audace et l'engagement de ses filiales, la transversalité est plus récente et c'est dans ce cadre là que l'on promeut avec Émile pour toute la division et toutes nos filiales le réemploi des structures métalliques. En ce qui me concerne, je viens plutôt moi du milieu, j'ai toujours travaillé dans la métallurgie donc que ce soit la métallurgie, mais plutôt de précision dans le domaine du médical à travers la fabrication d'aiguilles chirurgicales ou à la Monnaie Paris avec la fabrication de pièces de monnaie, mais où nous ne faisions pas de réemploi, mais c'était du métal et beaucoup de développement et de conduite du changement.

  • Speaker #1

    D'accord. Donc, tu es arrivée chez Fayat il y a à peu près un an ?

  • Speaker #0

    Oui, maintenant bientôt 18 mois que je suis là.

  • Speaker #1

    Et donc quand tu es arrivée, tu étais chargée de mettre en place le volet réemploi mais aussi énergie renouvelable. Est-ce que c'était au point mort vraiment ces notions de réemploi quand tu es arrivée ?

  • Speaker #0

    Alors ce n'était pas au point mort, mais déjà d'une part parce que la direction de Fayat Metal avait identifié ces deux sujets comme deux sujets clés. et souhaitait développer ce marché du réemploi et en avait fait un axe différenciant de décarbonation pour notre division qui comporte des entreprises de charpente métallique, qui fabrique de la charpente métallique. Donc en fait c'était acté en termes de stratégie, mais il fallait opérationnellement porter le sujet et le déployer en fait. Donc, c'est développer et contribuer au développement de ce marché.

  • Speaker #1

    Ok. Et donc, pour faire ça, c'est des investissements ? En quoi tu conseilles le groupe ? Où est-ce que tu orientes les efforts humains, les finances ? Vous avez investi chez Metamo. Est-ce que tu peux en parler ?

  • Speaker #0

    Eh bien, en effet, le groupe était déjà, enfin le groupe et notamment cette division, et particulièrement à travers une de nos filiales, Viry, qui s'appelle Viry, et qui est notre filiale qui a fabriqué les anneaux des Jeux Olympiques sur la Tour Eiffel par exemple, dont le directeur et le président du CTICM, qui est le Centre Technique et Industriel de la Construction Métallique. Donc nos ingénieurs... était déjà très impliqué dans de nombreux sujets, dont le réemploi des matériaux en coopération avec le CTICM. Donc ce n'était pas complètement nouveau. En revanche, mon arrivée permettait de peut-être valider ou invalider le fait qu'il y avait un réel marché du réemploi. Alors on en est plutôt en effet aux prémices, mais déjà en un an, on a passé des étapes considérables.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Vraiment.

  • Speaker #1

    Et donc, oui, tu trouves qu'on a bien avancé, il y a de plus en plus de projets. Quand vous répondez à des appels d'offres aussi, vous arrivez à vous engager, parce que vous avez remarqué, vous avez déjà identifié des gisements. Vous avez peut-être toute la logistique derrière et donc est-ce que tu sens qu'il y a une demande aussi parce qu'il n'y a pas que l'offre, il faut aussi avoir une demande en face de projet, qui sont les plus gros clients qui passent à l'action ?

  • Speaker #0

    En fait, il y a deux pans. Déjà, Fayat Metal a décidé de créer une cellule qui est dédiée, que je pilote, et Emile et moi portons le projet pour la division. Mais au sein de Fayat Metal, on a un groupe de travail derrière nous, au quotidien, avec un représentant pour chacune de nos filiales, qui est notre relais, notre référent réemploi au sein de sa filiale. Et donc, d'une part, on doit chercher des gisements. D'autre part, on doit chercher des affaires pour fabriquer avec du réemploi. Donc ça veut dire de faire la promotion du réemploi des structures métalliques, entre guillemets porter la bonne parole, faire connaître ce que c'est. Et du coup, on est très impliqué dans la filière entière avec ceux qui sont sur le marché nos concurrents. mais qui pour le développement du réemploi sont nos partenaires en fait. Parce qu'on se dit qu'il faut massifier ce marché pour que économiquement, il devienne de plus en plus attractif. Parce que pour l'instant, il y a sur le marché en fait des blocages psychologiques, par méconnaissance, on pense que c'est compliqué et on se dit que c'est systématiquement plus cher. Donc il faut expliquer, donner du sens et montrer que non, ce n'est pas systématiquement plus cher dans toutes les affaires, mais on se rend compte qu'il y a une méconnaissance du sujet, même par les AMO réemploi, même par les architectes, même par les entreprises générales qui elles ont des contraintes réglementaires. Donc fort à nous d'aller faire des conférences, de participer, d'expliquer de quoi il s'agit et de montrer quel est le processus et détailler un peu cette construction du prix du réemploi.

  • Speaker #1

    Parce que oui, il y a la question aussi de quel serait le prix de vente, comment on estime aussi la matière. Mais on pourra peut-être y revenir parce que si on reste concentré aussi sur l'organisation qu'il y a au sein des entreprises majeures qui font de l'acier ou qui commercialisent de l'acier, il y a le CETICM aussi qui a édité des réglementations professionnelles pour faciliter le réemploi. et à... Un syndicat aussi, le syndicat de la construction métallique. Et est-ce que...

  • Speaker #0

    La maison de la construction métallique aussi, tous travaillent sur le sujet. Mais c'est vrai que c'est le réemploi. Il y a réellement aujourd'hui, parce qu'on parlait du marché, il y a réellement aujourd'hui des projets de construction qui demandent pour obtenir... des niveaux élevés de décarbonation qui demandent d'aller chercher des solutions complémentaires à l'acier bas carbone, qui existent. Et donc c'est le réemploi des matériaux.

  • Speaker #1

    Et comment on crée un marché ? Ce sera un peu le thème. Est-ce qu'on peut... On peut dire que c'est le lobbying aussi qui peut aider à faire un marché. À l'origine, il faut réussir à planter des petites graines un peu dans les esprits des gens.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est un état d'esprit. Là aussi, c'est une conduite du changement. Et c'est psychologique parce que certains clients peuvent préférer de façon spontanée. Comme par exemple si tu construis un bâtiment agricole, l'agriculteur spontanément va préférer un bâtiment neuf, alors que pourtant lui-même dans son quotidien réutilise énormément de choses et recycle, mais pour un bâtiment va vouloir du neuf. Donc voilà, là c'est typiquement une acculturation totale à cette approche qu'il faut faire, ensuite auprès des industriels, auprès des grands comptes, mais ceux qui... porte réellement aujourd'hui le marché, ce sont quand même les grands comptes publics qui sont eux déjà très avancés. On le voit à travers par exemple SNCF qui demande déjà des variantes décarbonées, qui demande à ce qu'on propose des variantes décarbonées dans ces CCTP. Ensuite les grands comptes privés aussi qui ont un axe décarbonation conséquent et qui mettent beaucoup de moyens. sur cet objectif en interne, donc qui se posent beaucoup de questions de comment intégrer le réemploi, là aussi dans leur CCTP, pour amener leurs fournisseurs à faire des propositions telles que celles-ci. Et économiquement, en effet, c'est un challenge, parce que certaines fois, l'acier de réemploi, en fait il vient d'une friche industrielle que tu vas non pas démolir, déconstruire, mais que tu vas démonter. Donc démonter, ça veut dire qu'il faut faire ça soigneusement, donc forcément c'est plus long, tu vas devoir étiqueter, donc c'est beaucoup plus long, trier et c'est pas le même modèle économique que toutes les entreprises de démolition actuelles. Donc là aussi, c'est arriver à créer un nouveau marché. Mais les démolisseurs que l'on a aussi approchés s'y intéressent, ne sont pas encore dans tout à fait le processus adéquat, mais s'y intéressent. Donc on voit qu'il y a un mouvement quand même très net. On le constate concrètement dans des projets que l'on vit au quotidien avec Émile.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu pourrais nous raconter un de vos projets qui s'est bien passé ?

  • Speaker #0

    On a déjà fait chez Fayat Métal plusieurs projets. Notamment, on a démonté une verrière, par exemple, dans un collège. Parce que la verrière était trop haute et pas assez grande, pas assez large pour vraiment protéger les élèves. Donc, on s'est dit qu'on allait réutiliser, réemployer 100%. Maintenant, comme elle devait être plus grande, on a rajouté du neuf. Donc, on a réemployé l'acier, on a aussi réemployé le verre. Et donc, pour ces tout premiers chantiers, qui étaient presque expérimentaux pour nous, parce que celui-ci était le tout premier même d'ailleurs, qu'a porté Emile, eh bien, en fait, il y a eu un énorme retour d'expérience de comment faire, parce que pour nos monteurs, On a utilisé nos monteurs pour démonter. Pour eux aussi, c'était nouveau. Donc, il a vraiment fallu les accompagner et la présence d'Emile comme conducteur de travaux sur le chantier pour montrer quelle était la bonne méthode et pourquoi il fallait faire autant attention et les répercussions que ça pouvait avoir par la suite. En fait, c'est ça, c'est de bien comprendre le travail qu'il faisait. et les conséquences qu'il pouvait y avoir après. Mais en effet, le prix de ce démontage est plus élevé. Mais au final, dans un projet tel que celui-ci, où on les a baptisés, nous, en interne, les projets miroirs, c'est-à-dire qu'on démonte pour refaire la même chose, en fait. Le même bâtiment, où là, la même verrière, c'est... économiquement vertueux. C'est-à-dire qu'au final, tu n'as pas de dépenses supplémentaires par rapport à du neuf. Tu as simplement dépensé le même budget. Donc, pour le même budget, tous ces projets miroirs valent vraiment la peine d'être menés à bien. Parce que pourquoi aller démolir et racheter du neuf si on peut, pour le même prix, faire quelque chose qui, au final... en termes d'émissions carbone n'aura plus rien à voir.

  • Speaker #1

    Est-ce que ça t'a déjà constaté que c'était vraiment l'argument déclic qui pouvait intéresser une personne autre que l'argent, leur parler du bilan carbone et de l'intérêt ? Est-ce que les gens sont sensibles, même s'ils n'ont pas d'obligation ?

  • Speaker #0

    Oui, parce que je pense qu'il y a quand même... Derrière une entreprise ou derrière une collectivité, ce sont quand même des individus qui ont une conscience quand même de l'état de santé de notre planète et qui justement veulent contribuer à tout niveau s'ils le peuvent. Et donc là, on leur en donne l'occasion. Donc quand ils ont un projet, eux-mêmes, si justement on vient leur proposer une telle solution, sont à l'écoute de ce qu'on peut leur proposer. et si économiquement ils considèrent que c'est réalisable, sont plutôt même extrêmement satisfaits de l'avoir fait dans ces conditions-là. Vraiment.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai qu'il y a quelque chose qui ne se quantifie pas, mais c'est l'après et l'histoire que ça peut raconter ensuite. L'avoir fait et de montrer que c'est possible parce que on se pose tous la question de qui acceptera de payer la décarbonation. En quelque sorte, on a tous envie de le faire, mais on est tous capables aussi. On pense que techniquement, on a les capacités, on a des ingénieurs, on a vu la possibilité. Mais ce qui manque, c'est... C'est la volonté de le faire réellement et peut-être les moyens.

  • Speaker #0

    Et dans un cadre sécurisé, je me permettrais de rajouter, ça c'est vraiment un élément très important et seul l'acier permet en effet aux maîtres d'ouvrage, aux AMO, aux archis d'être rassurés sur ce qu'ils vont construire parce que, étant donné que grâce au travail des ingénieurs, de... de charpente, notamment Fayat métal, en coopération avec le CTICM justement, ils ont élaboré ce protocole de qualification, ce qui fait que ce sont pour les aciers après 1970. Avant 1970, on ne va pas réemployer, mais tout ce qui a été construit à partir de 1970, selon si on a de la traçabilité ou non, les structures vont devoir passer un... une liste de tests prédéfinis et ce protocole de tests en fonction de ce que l'on a à réemployer a été validé par la commission de prévention produit qui fait partie de l'agence qualité construction, l'AQC. Alors pourquoi je mentionne ça ? Parce que grâce à ce protocole et à la qualification de ces aciers, l'acier qui va être réemployé va bénéficier d'une assurance décennale au même titre que le neuf. Et quand même, on est dans la construction, on n'est pas dans le second œuvre. Donc, il y a un réel enjeu de la qualité de l'acier, les qualités intrinsèques de l'acier qui, bon, se maintiennent dans le temps. Mais il est indispensable que tout soit vérifié le cas échéant et que le fait que les assureurs, les bureaux de contrôle aient participés à la rédaction de ce protocole fait que cette assurance existe et ça c'est très peu su or c'est quelque chose qui va énormément rassuré par exemple l'acheteur le concepteur lui il est dans ses dessins l'archi mais le jour où on construit tout est question aussi d'assurance et ça c'est un atout énorme et nous sommes les seuls à l'avoir nous sommes les seuls à l'avant et ça c'est très peu sûr aussi donc ça aussi on doit on doit en faire la promotion de cet aspect-là.

  • Speaker #1

    Vous avez aussi un labo mobile.

  • Speaker #0

    Oui, alors le CTICM a un labo mobile, mais en fait, nous, chez Fayat Métal, on a deux de nos filiales. Maintenant, on est cinq entreprises dans la filière, dont Métamo, chez qui nous avons pris des actions, qui ont été auditées par le CTICM. Ce qui veut dire que maintenant, nous-mêmes, on peut délivrer cette fameuse... attestation de performance de l'acier de réemploi qui vaut pour pouvoir être assuré. Et ça, nous ne sommes que cinq en France, et nous avons été les premiers à obtenir justement cette qualification pour les aciers.

  • Speaker #1

    Donc, tous les feux sont au vert, il manque juste le déclic, le passage à l'acte, parce que... Est-ce que, d'ailleurs, tu te retrouves parfois face à des arguments qui... qui pourraient paraître indiscutables, où tu te retrouves à des murs, ou des gens qui te disent « non, moi je ne veux pas faire de réemploi, c'est trop compliqué » . C'est quoi un peu les clichés que tu entends ?

  • Speaker #0

    Eh bien, ça peut être en effet dans les entreprises de bâtiment, dans la partie travaux, certaines fois où les... Les employés ne savent pas en quoi ça consiste forcément et du coup pensent tout de suite que c'est très compliqué. Or, un acier de réemploi qui arrive sur le chantier de construction, il va devoir être tracé, tout simplement, mais il arrive dans le même état qu'un acier neuf qui sort de l'usine de charpente métallique. Donc il n'y a rien de différent. entre un acier classique et un acier de réemploi. Mais dans les esprits, dans l'esprit collectif, tout de suite, on va associer ça à quelque chose de compliqué. Mais ça, je crois que c'est naturel, c'est aussi parce que c'est un changement. Donc d'où toujours le mot de conduite du changement, parce que quand ça fait tellement de temps qu'on est habitué, il y a eu des grandes périodes où on démolit, on construit avec du neuf, que c'est toute une acculturation à porter. Et il faut juste prendre le temps d'en expliquer le bien fondé et démystifier la complexité de l'opération. Et ça c'est un gros travail à faire, mais ça c'est pas palpable en fait. Mais ça, c'est une vraie réticence. C'est une vraie réticence. Mais en revanche, je citais tout à l'heure, par exemple, un agriculteur qui spontanément n'a pas envie de quelque chose de seconde main. En revanche, il va pouvoir être intéressé par les projets miroirs que j'ai mentionnés où là, si on dit, vous avez besoin d'un hangar agricole, vous avez un réel besoin. Nous, on a identifié... un hangar agricole à déconstruire, à démonter. Peut-être qu'à 1 mètre, 2 mètres près, ce n'est pas exactement le bâtiment qu'il aurait souhaité. Mais si tu expliques qu'au final, esthétiquement, ça sera la même chose parce qu'il aura été grenaillé et repeint et il n'y aura quasiment pas subi de transformation parce que c'est le même usage et c'est le même bâtiment que l'on va remonter, mais qu'il va coûter 90% du prix du neuf, là l'argument va porter en effet. Donc il faut prendre le temps d'expliquer aussi qu'il peut y avoir ce type de projet. Et là ça intéresse réellement, pour l'avoir réalisé. Par exemple à Toulouse, on a eu un exemple avec l'une de nos filiales, Castel et Fromager, qui a fait un tel programme par exemple.

  • Speaker #1

    Pour un hangar agricole ?

  • Speaker #0

    Oui, alors ce n'était pas un hangar agricole, c'était un hangar. dans une entreprise de maçonnerie, mais c'est le même principe, c'est-à-dire qu'on a démonté et remonté le même bâtiment et pour un prix moindre que cela aurait coûté si ça avait dû être entièrement conçu et fabriqué en neuf. Donc ça c'est des bons exemples. Mais ce sont des exemples vrai en plus, c'est concret et opérationnel.

  • Speaker #1

    Et après peut-être que tu auras réussi à toucher un peu le cœur de la personne qui sera peut-être aussi fière d'avoir fait l'effort de vous faire confiance et d'aller jusqu'au bout de la démarche. Parce que c'est ça le frein psychologique qui peut très facilement être levé quand on pense à l'avenir, on peut tous chacun trouver nos raisons d'agir.

  • Speaker #0

    C'est une volonté en fait, c'est une volonté. Une voiture électrique aujourd'hui est plus chère qu'une voiture thermique. Et pourtant, on va tous s'équiper en voiture électrique. Et là, le réemploi, c'est encore plus vertueux même, puisque c'est vraiment quelque chose qui existe déjà, et que sinon on va gaspiller. donc d'ailleurs Le réemploi découle aussi de la loi AGEC, qui est une loi anti-gaspillage. Et c'est ça l'idée aussi quand même qui sous-tend tous ces projets, c'est d'arrêter d'autant gaspiller dans cette société de consommation. Donc c'est pour ça qu'il faut que non seulement les individus, mais les entreprises intègrent cette notion-là. Mais avec l'apparition de la RSE, le déploiement de la RSE, Petit à petit, qui part des grands comptes, des grandes entreprises privées, qui descend dans l'industrie et qui met du temps. Il y a 30 ans, il n'y avait pas de certification qualité. Aujourd'hui, qui aurait l'idée de ne pas avoir de certification ISO 9001 ? Mon âge me permet de dire que, quand j'ai démarré très très jeune, j'ai travaillé dans des entreprises où personne ne voulait la qualité. On a mis en place... La qualité, les certifications, et c'était une révolution qui a été très compliquée dans les mentalités même de nos ouvriers, de nos managers. Or aujourd'hui, je crois que ça fait longtemps qu'on ne se pose plus de questions. Donc je pense que la décarbonation, la RSE et donc le réemploi découlent de la même chose. Donc on en est juste au début. C'est pour ça que ce n'est pas encore un marché massifié. et qu'en effet, quand on fait du... barre à barre, qu'on va utiliser simplement certaines parties de structure dans un projet neuf, les parties réemployées restent plus chères encore que l'acier neuf, ça c'est une réalité pour l'instant. Ok, c'est beaucoup d'infos et c'est vrai que la RSE ou même l'obligation de calculer son bilan carbone, ça n'existait pas. D'ailleurs, le groupe FAYAT a scope 1, scope 2, scope 3.

  • Speaker #1

    Scope 3 est soumis à la CSRD, même si la CSRD évolue elle aussi légèrement pour les grandes entreprises, enfin pour les groupes. Mais on a une directrice RSE dans le groupe. Nous avons tous des objectifs décarbonation. Je pense que c'est vraiment en train de devenir quelque chose de naturel pour nous tous. Mais ce sont les grands comptes qui donnent le la. Et ça va ensuite russeler vers les plus petites entreprises.

  • Speaker #0

    Oui. D'ailleurs, est-ce que tu as le droit de me dire qui est le plus gros investisseur du groupe ? Les grands comptes, pour savoir un peu qui est-ce qui est...

  • Speaker #1

    Tu veux dire au sein du groupe FAYAT ?

  • Speaker #0

    Oui, ou extérieure.

  • Speaker #1

    Je pense que de toute façon, si tu parles avec toutes les grandes entreprises françaises, elles ont toutes, même nos concurrents, sont tous focalisés sur les thématiques RSE et la décarbonation. Enfin, je crois qu'il n'y a pas d'exception, il n'y a vraiment aucune exception là-dessus. C'est intégré dans leur stratégie. dans la stratégie des groupes. C'est plutôt quand tu descends dans les petites entreprises, parce que de la même façon qu'a été la qualité il y a longtemps, tu ne sais pas même faire un bilan carbone. Ce n'est pas naturel. Enfin, si on ne t'a jamais formé à ça, tu ne sais pas. Donc, il y a tout ce temps de formation de tes propres fournisseurs.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Donc, et pour entraîner tout ce monde-là… Nous, en un an déjà, on a eu ce protocole qui a été validé. On a fait cinq gros chantiers cette année. Ça prend du temps. Il n'y a rien qui peut aller plus vite. Déjà, un an, ce n'est rien à l'échelle d'un nouveau marché. Ce n'est vraiment rien.

  • Speaker #0

    Je voyais ça dans le Scope 3. Il y a une énorme part du bilan carbone qui est allouée à l'achat de biens et services. En fait, c'est tout l'acier que vous achetez.

  • Speaker #1

    Chez nous, c'est l'acier.

  • Speaker #0

    Très carboné.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Et donc ça prend du temps et tu trouves qu'il y a quand même des belles avancées. Est-ce qu'on peut s'inspirer d'autres modèles, par exemple le marché des biosourcées, qui ont énormément bénéficié de l'annonce peut-être aussi politique de faire une transition énergétique, une transition environnementale ? Il y a aussi les panneaux photovoltaïques, il y a toute la question de l'énergie. Est-ce que le réemploi, il est... Il est moins high-tech peut-être aussi, il est un peu ancestral.

  • Speaker #1

    C'est ça, parce que je pense que le réemploi, c'est juste… Alors, je ne voudrais pas dire que c'est du bon sens, mais en fait, c'est des bonnes pratiques, tout simplement. C'est simple, on n'a rien à inventer. C'est juste, dans son quotidien, avoir des pratiques vertueuses. Puisque c'est si « facile » , je veux dire, pourquoi n'y allons-nous pas plus ? Mais en effet, transformer quelque chose à un coût. Et on doit être à l'écoute de nos clients, en effet, quand on sait que pour un même projet, on ne leur demande pas d'ailleurs, et ça serait même impossible parce que nous n'aurions pas les matériaux, enfin les structures nécessaires, de faire l'entièreté du projet en réemploi. En fait, dans un projet, il peut y avoir de l'acier neuf, parce que l'acier bas carbone n'existe que pour certaines parties de structure aussi, quelques-unes, et avec des délais très longs en approvisionnement. Et le réemploi vient en complément, parce que le réemploi, tout le monde ne le sait pas, mais la RE2020, aujourd'hui en tous les cas encore, affiche que le réemploi, c'est égal à zéro émission carbone. Donc, c'est moins 1,157 tonnes équivalent CO2 d'émissions à chaque fois. Donc, c'est quand même un énorme gain. Et donc, ça, c'est s'appuyer simplement sur la réglementation, parce qu'il faut bien une base de calcul, la même pour tout le monde. Donc, pour l'instant, il serait important que même ce type d'informations soient bien intégrées dans les bureaux d'études. et dans tous les avant-projets de chaque affaire. Ça aussi, en fait, il faut acculturer, même au sein de nos entreprises. Parce que là on a parlé de notre cellule versus l'extérieur, mais au sein même de nos entreprises, là on a prévu, en accord avec toutes les directions de chaque filiale, de faire une présentation à toutes nos forces commerciales. On aurait pu la faire dès l'année dernière, mais on a maintenant des retours d'expérience, et on va pouvoir leur parler, comme on le fait aujourd'hui, de pourquoi aller vers le réemploi, parce que c'est eux qui sont sur le marché au quotidien, les commerciaux. Et donc, c'est à eux aussi de nous aider à trouver des gisements d'une part et à porter la parole, à promouvoir le réemploi envers leurs clients. Donc, ça aussi, une fois qu'on aura fait ça, ça aussi, ça va aider. Et on est de nombreuses entreprises à conduire le même, à mettre en place les mêmes étapes au sein de nos entreprises.

  • Speaker #0

    Oui, c'est à toutes les étapes aussi. Oui, c'est ça. Un nouveau produit, il suffit juste de le produire, de le commercialiser. Alors là, il faut transformer toute la chaîne.

  • Speaker #1

    Donc, il faut impliquer les ingénieurs comme toi. Il faut impliquer les ingénieurs. Et peut-être après, ça sera aussi une question de génération. Parce qu'il faut aussi que ce soit quelque chose qui soit abordé dans les écoles. C'est comme tout. C'est la formation aussi des jeunes architectes, des jeunes ingénieurs. qui fera que demain tous auront aussi le réflexe. C'est à tous les niveaux en fait qu'il faut conduire le changement.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr. Et est-ce que toi dans ta pratique personnelle, tu réemploies, tu répares, tu t'achètes en seconde main ?

  • Speaker #1

    Alors moi j'ai une fille qui est très forte là-dessus, qui nous a tous amenés vers ça, vers j'achète peu de neufs. j'achète quelque chose qui a déjà été porté, c'est en termes de vêtements par exemple. En effet, on adore aussi retaper, je veux dire retaper, même si c'est en effet réemployer tout ce qui est immobilier aussi, et mobilier notamment à l'intérieur d'une maison, si on peut refaire des commodes qu'on va trouver, que l'on a déjà, non pas aller en acheter une autre, on va prendre celle qu'on a qui était... au fin fond du grenier ou au fin fond du garage, et la transformer. Oui, déjà, c'est ce qu'on fait, en fait. C'est ce qu'on fait. Et c'est quand même aussi basiquement, c'est ne pas tous les jours acheter beaucoup d'aliments et jeter ce qui reste. C'est, voilà, réassaisonner, réaccommoder. Enfin, je veux dire, voilà, c'est plein de petites choses qui font qu'on essaie de ne pas toujours acheter du neuf. je crois qu'on est allé quand même trop loin surtout le neuf je crois que même si on arrêtait de produire aujourd'hui on aurait déjà assez de choses on aurait déjà assez de choses à faire je crois qu'on est pas mal équipé depuis que la société de consommation a pris le lead c'est vrai que je crois qu'on a on possède beaucoup de choses et Maintenant, c'est toute une économie, en effet, de mobilier ou de décoration pas très cher. Mais réutiliser ce qui existe déjà, c'est pas mal aussi. C'est quand même vertueux.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses que le matériau acier, j'y pense comme ça, parce qu'il y a le recyclage qui facilite le fait qu'on jette moins. On sait que ça se revalorise à la ferraille et qu'on peut récupérer une petite somme. Est-ce que c'est ça qui aussi facilite le réemploi de ce matériau-là ?

  • Speaker #1

    C'est-à-dire que quand même l'acier il est vertueux dans ce sens-là, c'est-à-dire qu'en termes de recyclage tout est recyclé en acier. En effet, comme tu l'as dit, dans un chantier la partie métal elle part à la ferraille, donc le démolisseur va récupérer une somme d'argent à la tonne pour le métal qu'il va donner, donc il va être réemployé, revendu, enfin il y a vraiment. toute une deuxième vie, troisième vie, enfin ça c'est l'acier de façon générale. Donc déjà ça c'est quand même très vertueux, mais après c'est vrai que l'acier malheureusement, et on l'entend souvent face au bois, très décrié parce que en termes d'émissions carbone, or justement le réemploi vient pallier ce côté là.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu entres en concurrence donc avec les... les personnes qui ont besoin de cette acier pour en reproduire du nouveau, avec finalement vos producteurs ArcelorMittal ? Parce que si vous n'en voyez pas à la benne...

  • Speaker #1

    Je pense que ArcelorMittal est quand même une entreprise... géante, on peut dire, à un niveau mondial. Donc nous, pour l'instant, on va dire qu'on est très petit. Et mais je trouve que ce qui est bien, c'est que justement, même le discours d'ArcelorMittal est que nous soyons complémentaires. C'est à dire qu'on n'est pas l'un contre l'autre. On est on doit utiliser les deux dans un projet. Parce que comme je le disais, jamais on ne pourra trouver en réemploi l'entièreté d'une structure pour une construction neuve. Donc, il faudra de l'acier bas carbone et du réemploi. Ce n'est pas quelque chose qui va pouvoir remplacer complètement. Ce n'est pas possible. À part dans les projets miroirs. Sinon, dans une construction entièrement imaginée, qui serait complètement différente de quelque chose qui a déjà existé, ce n'est pas possible de tout faire en réemploi. Donc, en effet, c'est complémentaire. Il n'y a pas de guerre entre les deux. C'est vraiment un complément. dans la conception.

  • Speaker #0

    Parce qu'il y aura toujours des aciers qui datent d'avant 1970, c'est-à-dire qu'il y a des choses qui sont pas réemployables. Et en plus, on construit dix fois plus qu'on démolit, donc à un moment, on ne peut pas aligner.

  • Speaker #1

    Mais aujourd'hui, on réhabilite beaucoup. Il y a une vraie tendance du marché à la réhabilitation quand même, par rapport au neuf. On voit que le marché évolue aussi. On voit que le marché évolue.

  • Speaker #0

    Oui, en effet. Donc là, je suis revenu un peu en arrière, mais... Je voulais aussi te demander si, question un peu plus personnelle, si tu collectionnais des choses, si tu avais déjà fait des collections dans ta vie.

  • Speaker #1

    Alors moi, j'ai fait une collection de magnets, mais qui a démarré il y a 35 ans, de tous les pays où j'allais, de toutes les villes où j'allais. Donc j'ai une bonne collection, on va dire, et des petits carnets aussi. en papier recyclé ou que je trouvais dans des petits magasins artisanaux pareil dans le monde entier donc j'ai une assez grande collection de petits carnets que je garde précieusement le jeune utilisement que je garde précieusement que j'admire régulièrement et des manettes de partout partout partout dans le monde je me posais la question pour le oui pour le côté accumuler des choses qui ont pas beaucoup de valeur marchande mais qui ont une énorme valeur sentimentale. Ah non, non, ça c'est sûr, je ne jeterai pas. Je suis très conservatrice en plus, donc je ne jette pas.

  • Speaker #0

    Parfois sur les brocantes on voit des collections de petits chats en verre d'une grand-mère qui sont...

  • Speaker #1

    Ah non, moi je... Je suis aux antipodes. presque trop, mais je suis vraiment aux antipodes de ça.

  • Speaker #0

    Mais je pense qu'il faut être un peu matérialiste dans le bon sens du terme, c'est-à-dire porter un peu trop d'attention aux choses, de soins, pour un peu plus, pour ne pas juste s'en défaire facilement et les jeter à la poubelle.

  • Speaker #1

    Puis c'est toute une mémoire, c'est toute une histoire quand même. Oui, c'est ça, c'est pas rien. Ça dit une histoire quand même, certaines choses, clairement.

  • Speaker #0

    Et dans tes voyages, Peut-être que tu les as faits dans tes métiers avant d'arriver ici, mais est-ce que même aujourd'hui, tu vois un peu où ça en est aussi, le réemploi de l'acier dans les autres pays ? Je me demande où est-ce qu'on en est.

  • Speaker #1

    Je pense qu'au niveau européen, déjà par exemple, quand on a discuté avec le syndicat de la construction métallique, enfin l'équivalent, mais au niveau européen, Ils ont toute une cellule de réemploi qui aussi porte les mêmes projets, les mêmes convictions que nous et qu'ils déploient dans les autres pays européens. Donc, on n'est vraiment pas les seuls à le faire. On n'est vraiment pas les seuls.

  • Speaker #0

    Oui. Est-ce qu'on pourrait imaginer qu'il y ait des échanges de matériaux avec nos voisins ?

  • Speaker #1

    Après, tout dépend où c'est, comment tu transportes. Parce que le réemploi, il est quand même vertueux, mais aussi si tu restes dans l'économie circulaire. C'est-à-dire que c'est pour ça aussi que nous, chez Fayat Métal, ayant des filiales un petit peu partout en France, on peut avoir des zones de stockage à des endroits différents, ce qui permet d'avoir le gisement au plus près de la nouvelle construction. Parce que si tu dois transporter à l'autre bout de l'Europe en camion, Bon, tu anéantis un petit peu, c'est comme si demain on fait venir des aciers bas carbone de Chine, par exemple. Est-ce qu'on n'oublie pas un peu le concept de départ qui est que le transport aussi, il est polluant. Donc, on doit quand même faire attention à la globalité du projet. C'est la globalité du projet qui doit être vertueux. Sinon, il n'y a plus trop d'intérêt non plus. C'est pour ça, c'est vraiment lié à l'économie circulaire, c'est sûr. Après, nous, on la pratique au niveau France, parce qu'on est une division qui n'achète quasiment qu'en France et ne fabrique qu'en France. Donc, ça, c'est une spécificité. Donc, pour ça, on se prête particulièrement à cette activité.

  • Speaker #0

    Et donc, il y a d'autres d'ailleurs, il y a d'autres entreprises, je ne saurais pas en citer d'autres, mais qui font de la construction métallique, la charpente, peut-être chez Eiffage ou qui s'y mettent aussi ?

  • Speaker #1

    Ah oui, oui, oui, on est dans la filière de plusieurs charpentiers métalliques comme nous, qui font de la charpente métallique, s'intéressent, oui, au réemploi, bien entendu. avec qui on travaille, on a des groupes de travail qui réunissent plusieurs entreprises, comme je disais, concurrentes sur le marché, mais partenaires sur ce sujet, avec qui on travaille, oui. Et après, les FAYAT bâtiments, Eiffage bâtiments, oui, tous, tous, ont des attentes en termes de réemploi pour qu'on les accompagne. D'où la naissance de Métamo d'ailleurs, parce que Métamo, sa raison d'être, c'est vraiment uniquement le réemploi, la fourniture de barres issues du réemploi. Donc lui, c'est vraiment son activité première. Et c'est ça qui a fait naître cette entreprise. Alors pour moi, c'est aussi un peu start-up. Même si en fait, on va tout de suite penser high-tech pour la startup. Mais non, ce n'est pas que ça. C'est une entreprise très agile, qui change très vite et bouge très vite, et qui pivote comme une startup high tech, mais dans une activité qui est le réemploi, dans laquelle elle croit, c'est une vraie conviction. Le PDG a créé ça parce que c'est une vraie conviction personnelle.

  • Speaker #0

    Oui, j'ai vu qu'ils vendaient des produits aussi. Ils n'utilisent pas que l'acier pour leur projet, mais ils font aussi de la vente. D'ailleurs, il y a une plateforme, il y a aussi de revente de morceaux.

  • Speaker #1

    Il y a une plateforme qui s'appelle le Metal Réemploi, qui est portée par le CTI-CM. justement, sur laquelle on vient de déposer toutes les structures de réemploi qu'on aurait en stock qui peuvent être rachetées par les uns et les autres. Et Métamo, avec qui on travaille énormément, qui est pour nous aussi un pourvoyeur de réemploi. Pour nos affaires, si besoin. En complément du propre stock que l'on fait.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    On a besoin d'entraide.

  • Speaker #0

    Oui. Mais à la fois aussi, c'est un peu secret, ton stock, il faut que tu ailles le constituer pour pouvoir répondre à des marchés. Est-ce que ça pourrait dévier sur des pratiques un peu contre-productives, où on va peut-être démonter un bâtiment juste pour répondre à un marché et le réemployer ? Ou alors est-ce que vous ne spottez que des choses qui vont être... démoli ?

  • Speaker #1

    En général, c'est c'est systématiquement quelque chose qui de toute façon sera démoli. De toute façon sera démoli. Donc la première négociation c'est de convaincre soit le démolisseur, soit le maître d'ouvrage, ou les deux, de ne pas démolir mais d'accepter de démonter et que l'on rachète la matière.

  • Speaker #0

    Et vous le rachetez un peu plus cher que l'acier.

  • Speaker #1

    Ah ben, que la ferraille. Que la ferraille, oui, parce que, en fait, le démolisseur, lui, il revend systématiquement la ferraille. Donc, il faut bien qu'on compense la perte qu'il subirait si on ne démolit pas. Et ensuite, on compense aussi le surplus lié à un démontage versus une démolition, pour que le maître d'ouvrage n'ait pas à payer plus.

  • Speaker #0

    Ah, vous payez le surplus ? Oui, souvent.

  • Speaker #1

    C'est pour ça qu'on ne récupère pas l'acier de réemploi systématiquement, uniquement au niveau du prix de la ferraille, mais un petit peu plus cher pour compenser vis-à-vis du maître d'ouvrage. Qui lui dit, moi je voulais qu'on démolisse pour tant de prix, vous pouvez démonter, mais je ne veux pas payer plus cher. Donc, il peut payer éventuellement un peu plus cher, mais c'est vraiment une négociation.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Et lui, ce qu'il a à y gagner aussi, ça rentre dans son bilan carbone ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Lui aussi. Il peut être… Il y a certains projets dans lesquels on a fourni du réemploi, où le maître d'ouvrage, et particulièrement, c'est lui qui donne le ton et impose en effet des critères sur son chantier environnementaux. Donc ça aussi, ça peut être lui qui drive les sujets derrière et qui demande. Pas forcément le réemploi tant qu'on n'en a pas parlé, mais c'est à lui qu'on doit suggérer d'aller vers ça et qu'il va en effet accepter. Et si c'est quand même un chantier qui est déjà, dès le départ, conçu pour être vraiment très respectueux de l'environnement, généralement, le réemploi fait partie des mots-clés de l'affaire.

  • Speaker #0

    De plus en plus,

  • Speaker #1

    je le vois de plus en plus.

  • Speaker #0

    Oui, ça rigole.

  • Speaker #1

    C'est ça qui nous porte d'ailleurs.

  • Speaker #0

    Et donc comment tu vois l'avenir ?

  • Speaker #1

    Eh bien écoute, j'espère que ça va continuer et augmenter. On a même fait un petit flyer justement chez Fayat Metal pour... que nos équipes commerciales puissent avoir un document récapitulatif de tous les arguments. Donc c'est pour dire qu'on y croit vraiment sous l'angle en effet décarbonation, bien entendu ce qu'on disait complémentarité de l'éco-conception de l'acier bas carbone, de l'acier de réemploi. Et ça fait partie intégrante de notre plan stratégique. Donc oui c'est vraiment... Quelque chose sur lequel on s'investit et que l'on va continuer à promouvoir.

  • Speaker #0

    Oui, je regardais votre rapport annuel 2024, vos objectifs, pourcentage de 10% d'acier bas carbone à certains horizons 2030, un peu moins pour l'acier de réemploi, et en plus la conception sobre,

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Utiliser moins de... Ça, comment on fait ?

  • Speaker #1

    On demande aux ingénieurs d'optimiser ? Ah ben oui, on demande aux ingénieurs d'optimiser. Et puis après, c'est aussi d'intégrer que ce que l'on conçoit, demain, l'idée, ce sera de le démonter. Ce n'est pas quelque chose qui sera démoli. Donc, c'est se dire, si demain, c'est démonté, comment on conçoit aussi ? Donc, c'est vraiment aussi, là aussi, c'est une culture. C'est vraiment une culture des bureaux d'études. Enfin, une culture des ingénieurs qui conçoivent aussi.

  • Speaker #0

    Par exemple, plutôt faire dimensionner des structures qui seront déboulonnés plutôt que soudés.

  • Speaker #1

    Voilà, des choses comme ça, exactement.

  • Speaker #0

    Et d'accord, donc la démontabilité et même l'économie de matière.

  • Speaker #1

    Exactement. Ça aussi, c'est vraiment des sujets que l'on porte en interne, transverses, totalement.

  • Speaker #0

    Donc oui, c'est aussi la R&D interne.

  • Speaker #1

    Aussi.

  • Speaker #0

    Et ça compte dans la décarbonation d'entreprise. Est-ce qu'il y a des bureaux d'études structures spécialisés en réemploi ?

  • Speaker #1

    Non, on n'a pas de bureau d'études spécialisés en réemploi. On a vraiment, comme je le disais, cette cellule qui est en effet, entre Émile et moi, avec ce groupe de travail. Mais l'idée c'est que non seulement on parle à nos forces commerciales, mais que l'on parle à tous nos ingénieurs en avant-projet et les BE exécution. Parce que c'est eux qui doivent avoir en tête aussi tous ces sujets. Donc en fait c'est non seulement les commerciaux, mais aussi les ingénieurs que l'on doit toucher. Donc ça aussi c'est prévu de... de leur faire des présentations et de leur expliquer pour qu'ils y pensent, simplement pour qu'ils y pensent, que ça devienne un réflexe dans leur façon de concevoir.

  • Speaker #0

    Et les commerçants dans leur façon d'acheter plutôt ?

  • Speaker #1

    Non, de vendre, c'est-à-dire quand un bâtiment, quand un maître d'ouvrage ou un client a un projet de bâtiment, c'est que le commerce pense à proposer en disant vous avez un projet, avez-vous vous-même pensé ? à faire du réemploi. Non. Voilà, et qu'ils prennent deux minutes pour expliquer ce que c'est et le proposent, que ça devienne une proposition commerciale à part entière.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    C'est ça. Avec l'acier bas carbone, en disant on peut vous sourcer de l'acier bas carbone, on peut vous trouver de l'acier de réemploi, voilà ce que ça fait. Donc qu'ils pensent à le proposer et que nos ingénieurs pensent à l'intégrer ou à le suggérer aussi. Donc c'est vraiment sur toute la chaîne de valeur qu'il faut interagir.

  • Speaker #0

    Et le mieux, c'est d'avoir des arguments, d'avoir des bons arguments. Peut-être que tu vas présenter un bilan carbone avec. Exactement.

  • Speaker #1

    Et montrer des exemples concrets. Ça peut être, regardez, on a fait ce chantier, voilà la réduction d'émissions carbone que cela a généré. Voilà, je pense que les exemples concrets, c'est toujours ce qui est le plus parlant. Et maintenant, avec notre retour d'expérience, on a la matière pour... pour leur montrer ces exemples. Donc voilà, je pense que c'est un atout fort pour convaincre.

  • Speaker #0

    Oui, c'est génial. C'est vraiment super. Ok, j'espère que ça va continuer du coup de s'envoler. Ça demande beaucoup d'énergie, mais c'est en bonne passe.

  • Speaker #1

    C'est passionnant et puis je pense que c'est... Et c'est agréable à porter comme sujet pour soi aussi. On se dit qu'on contribue à quelque chose pour le collectif. Donc, je pense qu'aussi, c'est très porteur moralement aussi, comme sujet.

  • Speaker #0

    Oui, oui, complètement.

  • Speaker #1

    C'est bienveillant pour toute l'humanité, en fait, derrière tout ça.

  • Speaker #0

    Et pour vos investisseurs.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Qui eux-mêmes ont des...

  • Speaker #1

    Oui, qui ont une conscience, même si en effet l'entreprise, elle est là pour vendre, pour faire des profits. C'est son but, c'est pour ça qu'elle existe. Mais on est là pour justement faire de ce sujet quelque chose de rentable, et pour nous, et pour nos clients.

  • Speaker #0

    Oui, très bien résumé. Et je voulais te demander aussi, qu'est-ce que tu aimerais bien entendre sur ce podcast ? Si jamais il y a un sujet qui t'intéresse dans un autre secteur ou autre, j'aimerais bien que j'interview en se posant un peu les mêmes questions.

  • Speaker #1

    Sur le réemploi, tu veux dire,

  • Speaker #0

    ou sur l'économie circulaire de manière plus large ?

  • Speaker #1

    Si c'est l'économie circulaire, mais plutôt moi c'est sur les gaspillages, sur les grands gaspillages. Moi, je suis des fois un peu atterrée sur le gaspillage des médicaments.

  • Speaker #0

    Des médicaments ?

  • Speaker #1

    Oui. J'ai eu un exemple récent d'un déménagement d'hôpital où tout a été jeté. Oui. Et certainement pour des raisons économiques, j'imagine, mais de l'extérieur, ça peut paraître choquant de toujours jeter. Et je me dis comment cette industrie énorme qui, elle, représente des sommes folles en euros, Comment elle est organisée et comment on gère justement ces stocks ? Qu'est-ce qu'on en fait ? Et est-ce qu'il n'y a pas des choses à mettre en place pour quand même éviter de jeter autant ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Quand d'autres manquent autant ailleurs sur la planète.

  • Speaker #0

    Oui, là il y en a.

  • Speaker #1

    Voilà, ça m'interpelle, mais ça c'est à titre vraiment personnel. Donc ça m'interpelle.

  • Speaker #0

    Oui, on jette pour des raisons peut-être sanitaires ou de mauvaises raisons.

  • Speaker #1

    Peut-être pour des mauvaises raisons ou économiquement parce que prendre quelqu'un pour trier ou pour ranger c'est plus cher que de jeter dans un déménagement je ne sais pas mais au final quand même est-ce qu'on peut pas en faire autre chose ? Est-ce qu'on peut recycler des médicaments ? Comment on pourrait faire ça quand même ? Il y a tant de gens qui en manquent.

  • Speaker #0

    Mais ça revient au même avec ce qu'on disait tout à l'heure. À l'origine de tout ça, c'est aussi l'État qui fait une loi sur le gaspillage. Donc, ils ont raison parce que ça va trop loin quand même. Il faut peut-être réguler tout ça quand même.

  • Speaker #1

    Et cette loi, elle date de 2020 ?

  • Speaker #0

    C'est récent.

  • Speaker #1

    C'est récent.

  • Speaker #0

    C'est récent.

  • Speaker #1

    Une marge de progression. Super, merci beaucoup Nathalie.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup de m'avoir donné l'opportunité de parler du réemploi et de tout ce qu'on fait chez Fayat Metal avec beaucoup d'énergie et de conviction avec Emile.

  • Speaker #1

    Oui, c'est très convaincant. Je pense que c'est bien aussi de voir les gens qui le font réellement, plutôt que juste en parler. Mais c'est super. En tout cas, merci beaucoup. Et j'espère qu'on a parlé un peu de tout ceci.

  • Speaker #0

    Je crois qu'on a fait le bon tour de la question. Grâce à tes questions, je pense que c'était assez vaste. Donc, je crois qu'on a tout abordé.

  • Speaker #1

    Oui, c'est nickel. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci.

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