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Brest dans l'oreillette

L'arbre, une longue histoire à Brest

L'arbre, une longue histoire à Brest

07min |19/06/2025
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L'arbre, une longue histoire à Brest

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07min |19/06/2025
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Description

Brest, ville minérale ? Et pourtant le patrimoine végétal fait partie de son ADN. Qui sait que le replantage d'arbres fut le premier geste symbolique de sa renaissance, en 1946 ? Que l'orme a joué un rôle de sentinelle ? Qu’un chêne d’Armagnac, survivant de la tempête Ciaran, est devenu une œuvre d’art ? Claire Tracou et Mickaël Jézégou nous parlent des racines de Brest et d’une exposition sur le sujet, au micro de Marion Watras.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Marion Watras

    Brest dans l'oreillette, le podcast qui révèle les dessous de l'art et des patrimoines de Brest.

  • Claire Tracou

    On voit souvent Brest minéral, on l'appelle Brest la Blanche. En fait, la ville comporte beaucoup d'espaces verts, beaucoup d'arbres remarquables. On passe à côté d'un volet si on ne regarde pas le volet végétal.

  • Mickaël Jezégou

    L'arbre porte une symbolique forte à Brest et Brest possède une singularité autour de son patrimoine arboré.

  • Marion Watras

    Et si l'arbre avait tenu un rôle particulier dans l'histoire de Brest ? C'est cette intuition qui a conduit Claire Tracou et Mickaël Jézégou à lancer un projet commun. Elle travaille au sein du service musée patrimoine de la ville, lui à la direction des espaces verts de Brest Métropole. Ensemble, ils sont à l'origine d'une exposition « Brest, ville d'arbres et d'histoire » . Parmi les enseignements qu'ils ont tirés de leur long travail de recherche, la place de l'arbre à Brest à la reconstruction.

  • Mickaël Jezégou

    Ça c'est une singularité. Plusieurs choses sont à souligner. La première c'est par exemple dès 1946, Brest a été complètement rasé. Et une des premières actions qu'il y a eu après guerre, c'était de replanter des places ou des lieux symboliques de Brest. Par exemple le cours dajot a été replanté dès 1946, ou le square de la Tour d'Auvergne également a été replanté dès 1946. alors qu'on voit la ville complètement détruite, c'est le chaos, on voit cette place toute replantée d'arbres. C'est assez vertigineux, même cette vision. Et puis, ce qui est assez étonnant aussi, c'est qu'il y a eu un inventaire des arbres. On a pris le soin de compter les arbres détruits après-guerre. Et sous une mandature, la mandature de M. Lombard, maire de Brest, entre 1959 et 1972, c'est près de 20 000 arbres qui ont été replantés à Brest. Donc, il y avait vraiment une ambition de replanter des arbres et d'apporter du vert à Brest ou de l'arbre à Brest.

  • Claire Tracou

    L'arbre, sans aucun doute, c'est un symbole de vie. Et là, au moment de cette reconstruction, où on sort d'années très difficiles pour les Brestois, c'est le symbole d'une renaissance. Et puis l'arbre, dans la ville, ça participe au bien-être de la population. Et là, c'était indispensable de pouvoir réintroduire des arbres à Brest.

  • Marion Watras

    Avant la guerre, l'arbre était bien sûr déjà présent à Brest. Il n'y a qu'à regarder les photos d'archives des anciennes fortifications. De nombreux arbres habillaient les remparts et les places d'armes. Une essence en particulier était largement majoritaire.

  • Mickaël Jezégou

    Ce qui est assez étonnant, c'est qu'avant-guerre, il y avait essentiellement de l'orme à Brest. Mais après-guerre, on a complètement changé le patrimoine arboré de Brest. Sans doute que l'orme portait une symbolique militaire très forte. Et du coup, la reconstruction a amené à penser la ville autrement. Et on a planté une toute autre palette d'arbres, du platane, de l'érable, du cerisier fleur et du tilleul également au quatrième essai.

  • Speaker #0

    Mais pourquoi l'orme avait-il été choisie avant-guerre ? Quelle qualité les autorités militaires lui trouvaient-elles ? Claire Tracoux nous explique.

  • Claire Tracou

    Brest, c'était un grand port militaire avec un réseau de fortifications qui le défendait. Et l'orme, tout simplement déjà, était plantée en série sur les remparts pour participer au maintien des fortifications grâce au réseau racinaire. C'était aussi du coup des maillages d'arbres qui jouaient un rôle de camouflage de la place forte. Et aussi le feuillage contribuait à la dispersion des fumées d'artillerie. Il avait beaucoup de qualité aussi au niveau de son bois, l'orme. Et il était utilisé pour la confection des manches de fusil, des affûts de canon. Donc tous ces atouts-là et le fait que l'orme se soit très bien adaptée aussi au climat océanique de Brest ont fait que c'était l'essence majoritairement gérée et cultivée par le génie militaire, dans d'ailleurs des pépinières royales qui venaient alimenter les replantations régulières des remparts.

  • Marion Watras

    Si l'orme, lui, a aujourd'hui disparu du paysage brestois, de nombreux arbres toujours debouts racontent une part de l'histoire de la ville. C'est le cas par exemple de plusieurs chaînes vétérans, multi-centenaires, dont Michael Jezégou aime admirer les étranges silhouettes.

  • Mickaël Jezégou

    Ce sont des anciennes trognes bocagères. Le bocage, c'est une formation arborée qui entoure les champs, qui date du XVIe siècle. Et dans certaines vues de Brest du XVIIIe siècle, on voit la présence de mailles de haies bocagères à l'intérieur de Brest, dans le Brest intramuros. Et ces arbres anciens, qui datent de plus de trois siècles, existent, certains sujets au moins, existent toujours à Brest. Et les plus vieux arbres de Brest sont probablement des trognes bocagères, dont certains poussent au Moulin Blanc ou dans des vallées, la Vallée du Spernot par exemple. D'ailleurs, on peut également citer que de nombreux lieux portent le nom d'arbres, des phytotoponymes, donc des toponymes associés aux plantes.

  • Marion Watras

    Des arbres emblématiques, Brest en compte de nombreux, difficile de faire un choix.

  • Claire Tracou

    On a des magnifiques arbres à Brest. Moi, des arbres qui me viennent spontanément, c'est les pins du jardin de l'Académie de Marine, qui sont du coup juste entre le château de Brest et la descente vers le port de commerce. Ici, on a une série de pins de Monterey qui sont vraiment emblématiques du paysage brestois, de son caractère océanique aussi comme port, et qui rappellent la place des résineux aussi dans les camouflages des batteries. Donc là, bien sûr, ces arbres-là n'ont pas été plantés dans cette optique-là à la reconstruction. Mais ils viennent aussi illustrer que finalement, toutes les promenades, les arbres qu'on a aujourd'hui à Brest, s'ancrent dans un certain passé, un héritage.

  • Marion Watras

    L'histoire des arbres à Brest a évolué au fil des siècles et ce n'est pas fini. Un événement récent a encore rappelé que rien n'était figé.

  • Mickaël Jezégou

    Brest a été marqué par un phénomène climatique extraordinaire, c'est la tempête Ciaran, la nuit du 30 au 1er novembre 2023. près de 180 à 190 km heure. Donc on a eu plusieurs milliers d'arbres arrachés ou fracturés par la tempête. Et un des arbres emblématiques, c'était le chêne d'Armagnac, un chêne chevelu qui se situe près du pont de la Villeneuve. Et l'arbre a réémis de nombreux bourgeons et est reparti. Et finalement, au lieu de l'abattre, on l'a laissé basculer. Et il y a eu un projet avec l'école des Beaux-Arts de travailler, parce qu'il a impacté un mur et donc donc le mur a été reconstruit et une palissade a été remplacée, pour laquelle on a laissé des espaces dans lesquels les branches du chêne poussent et continuent à croître. Donc symbole de résilience. C'était Brest dans l'oreillette, le podcast de la ville de Brest. Pour en savoir plus, l'exposition Brest, ville d'arbres et d'histoire est à découvrir Place Wilson jusqu'au 3 novembre 2025. Cet épisode vous a plu ? Abonnez-vous !

Description

Brest, ville minérale ? Et pourtant le patrimoine végétal fait partie de son ADN. Qui sait que le replantage d'arbres fut le premier geste symbolique de sa renaissance, en 1946 ? Que l'orme a joué un rôle de sentinelle ? Qu’un chêne d’Armagnac, survivant de la tempête Ciaran, est devenu une œuvre d’art ? Claire Tracou et Mickaël Jézégou nous parlent des racines de Brest et d’une exposition sur le sujet, au micro de Marion Watras.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Marion Watras

    Brest dans l'oreillette, le podcast qui révèle les dessous de l'art et des patrimoines de Brest.

  • Claire Tracou

    On voit souvent Brest minéral, on l'appelle Brest la Blanche. En fait, la ville comporte beaucoup d'espaces verts, beaucoup d'arbres remarquables. On passe à côté d'un volet si on ne regarde pas le volet végétal.

  • Mickaël Jezégou

    L'arbre porte une symbolique forte à Brest et Brest possède une singularité autour de son patrimoine arboré.

  • Marion Watras

    Et si l'arbre avait tenu un rôle particulier dans l'histoire de Brest ? C'est cette intuition qui a conduit Claire Tracou et Mickaël Jézégou à lancer un projet commun. Elle travaille au sein du service musée patrimoine de la ville, lui à la direction des espaces verts de Brest Métropole. Ensemble, ils sont à l'origine d'une exposition « Brest, ville d'arbres et d'histoire » . Parmi les enseignements qu'ils ont tirés de leur long travail de recherche, la place de l'arbre à Brest à la reconstruction.

  • Mickaël Jezégou

    Ça c'est une singularité. Plusieurs choses sont à souligner. La première c'est par exemple dès 1946, Brest a été complètement rasé. Et une des premières actions qu'il y a eu après guerre, c'était de replanter des places ou des lieux symboliques de Brest. Par exemple le cours dajot a été replanté dès 1946, ou le square de la Tour d'Auvergne également a été replanté dès 1946. alors qu'on voit la ville complètement détruite, c'est le chaos, on voit cette place toute replantée d'arbres. C'est assez vertigineux, même cette vision. Et puis, ce qui est assez étonnant aussi, c'est qu'il y a eu un inventaire des arbres. On a pris le soin de compter les arbres détruits après-guerre. Et sous une mandature, la mandature de M. Lombard, maire de Brest, entre 1959 et 1972, c'est près de 20 000 arbres qui ont été replantés à Brest. Donc, il y avait vraiment une ambition de replanter des arbres et d'apporter du vert à Brest ou de l'arbre à Brest.

  • Claire Tracou

    L'arbre, sans aucun doute, c'est un symbole de vie. Et là, au moment de cette reconstruction, où on sort d'années très difficiles pour les Brestois, c'est le symbole d'une renaissance. Et puis l'arbre, dans la ville, ça participe au bien-être de la population. Et là, c'était indispensable de pouvoir réintroduire des arbres à Brest.

  • Marion Watras

    Avant la guerre, l'arbre était bien sûr déjà présent à Brest. Il n'y a qu'à regarder les photos d'archives des anciennes fortifications. De nombreux arbres habillaient les remparts et les places d'armes. Une essence en particulier était largement majoritaire.

  • Mickaël Jezégou

    Ce qui est assez étonnant, c'est qu'avant-guerre, il y avait essentiellement de l'orme à Brest. Mais après-guerre, on a complètement changé le patrimoine arboré de Brest. Sans doute que l'orme portait une symbolique militaire très forte. Et du coup, la reconstruction a amené à penser la ville autrement. Et on a planté une toute autre palette d'arbres, du platane, de l'érable, du cerisier fleur et du tilleul également au quatrième essai.

  • Speaker #0

    Mais pourquoi l'orme avait-il été choisie avant-guerre ? Quelle qualité les autorités militaires lui trouvaient-elles ? Claire Tracoux nous explique.

  • Claire Tracou

    Brest, c'était un grand port militaire avec un réseau de fortifications qui le défendait. Et l'orme, tout simplement déjà, était plantée en série sur les remparts pour participer au maintien des fortifications grâce au réseau racinaire. C'était aussi du coup des maillages d'arbres qui jouaient un rôle de camouflage de la place forte. Et aussi le feuillage contribuait à la dispersion des fumées d'artillerie. Il avait beaucoup de qualité aussi au niveau de son bois, l'orme. Et il était utilisé pour la confection des manches de fusil, des affûts de canon. Donc tous ces atouts-là et le fait que l'orme se soit très bien adaptée aussi au climat océanique de Brest ont fait que c'était l'essence majoritairement gérée et cultivée par le génie militaire, dans d'ailleurs des pépinières royales qui venaient alimenter les replantations régulières des remparts.

  • Marion Watras

    Si l'orme, lui, a aujourd'hui disparu du paysage brestois, de nombreux arbres toujours debouts racontent une part de l'histoire de la ville. C'est le cas par exemple de plusieurs chaînes vétérans, multi-centenaires, dont Michael Jezégou aime admirer les étranges silhouettes.

  • Mickaël Jezégou

    Ce sont des anciennes trognes bocagères. Le bocage, c'est une formation arborée qui entoure les champs, qui date du XVIe siècle. Et dans certaines vues de Brest du XVIIIe siècle, on voit la présence de mailles de haies bocagères à l'intérieur de Brest, dans le Brest intramuros. Et ces arbres anciens, qui datent de plus de trois siècles, existent, certains sujets au moins, existent toujours à Brest. Et les plus vieux arbres de Brest sont probablement des trognes bocagères, dont certains poussent au Moulin Blanc ou dans des vallées, la Vallée du Spernot par exemple. D'ailleurs, on peut également citer que de nombreux lieux portent le nom d'arbres, des phytotoponymes, donc des toponymes associés aux plantes.

  • Marion Watras

    Des arbres emblématiques, Brest en compte de nombreux, difficile de faire un choix.

  • Claire Tracou

    On a des magnifiques arbres à Brest. Moi, des arbres qui me viennent spontanément, c'est les pins du jardin de l'Académie de Marine, qui sont du coup juste entre le château de Brest et la descente vers le port de commerce. Ici, on a une série de pins de Monterey qui sont vraiment emblématiques du paysage brestois, de son caractère océanique aussi comme port, et qui rappellent la place des résineux aussi dans les camouflages des batteries. Donc là, bien sûr, ces arbres-là n'ont pas été plantés dans cette optique-là à la reconstruction. Mais ils viennent aussi illustrer que finalement, toutes les promenades, les arbres qu'on a aujourd'hui à Brest, s'ancrent dans un certain passé, un héritage.

  • Marion Watras

    L'histoire des arbres à Brest a évolué au fil des siècles et ce n'est pas fini. Un événement récent a encore rappelé que rien n'était figé.

  • Mickaël Jezégou

    Brest a été marqué par un phénomène climatique extraordinaire, c'est la tempête Ciaran, la nuit du 30 au 1er novembre 2023. près de 180 à 190 km heure. Donc on a eu plusieurs milliers d'arbres arrachés ou fracturés par la tempête. Et un des arbres emblématiques, c'était le chêne d'Armagnac, un chêne chevelu qui se situe près du pont de la Villeneuve. Et l'arbre a réémis de nombreux bourgeons et est reparti. Et finalement, au lieu de l'abattre, on l'a laissé basculer. Et il y a eu un projet avec l'école des Beaux-Arts de travailler, parce qu'il a impacté un mur et donc donc le mur a été reconstruit et une palissade a été remplacée, pour laquelle on a laissé des espaces dans lesquels les branches du chêne poussent et continuent à croître. Donc symbole de résilience. C'était Brest dans l'oreillette, le podcast de la ville de Brest. Pour en savoir plus, l'exposition Brest, ville d'arbres et d'histoire est à découvrir Place Wilson jusqu'au 3 novembre 2025. Cet épisode vous a plu ? Abonnez-vous !

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Description

Brest, ville minérale ? Et pourtant le patrimoine végétal fait partie de son ADN. Qui sait que le replantage d'arbres fut le premier geste symbolique de sa renaissance, en 1946 ? Que l'orme a joué un rôle de sentinelle ? Qu’un chêne d’Armagnac, survivant de la tempête Ciaran, est devenu une œuvre d’art ? Claire Tracou et Mickaël Jézégou nous parlent des racines de Brest et d’une exposition sur le sujet, au micro de Marion Watras.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Marion Watras

    Brest dans l'oreillette, le podcast qui révèle les dessous de l'art et des patrimoines de Brest.

  • Claire Tracou

    On voit souvent Brest minéral, on l'appelle Brest la Blanche. En fait, la ville comporte beaucoup d'espaces verts, beaucoup d'arbres remarquables. On passe à côté d'un volet si on ne regarde pas le volet végétal.

  • Mickaël Jezégou

    L'arbre porte une symbolique forte à Brest et Brest possède une singularité autour de son patrimoine arboré.

  • Marion Watras

    Et si l'arbre avait tenu un rôle particulier dans l'histoire de Brest ? C'est cette intuition qui a conduit Claire Tracou et Mickaël Jézégou à lancer un projet commun. Elle travaille au sein du service musée patrimoine de la ville, lui à la direction des espaces verts de Brest Métropole. Ensemble, ils sont à l'origine d'une exposition « Brest, ville d'arbres et d'histoire » . Parmi les enseignements qu'ils ont tirés de leur long travail de recherche, la place de l'arbre à Brest à la reconstruction.

  • Mickaël Jezégou

    Ça c'est une singularité. Plusieurs choses sont à souligner. La première c'est par exemple dès 1946, Brest a été complètement rasé. Et une des premières actions qu'il y a eu après guerre, c'était de replanter des places ou des lieux symboliques de Brest. Par exemple le cours dajot a été replanté dès 1946, ou le square de la Tour d'Auvergne également a été replanté dès 1946. alors qu'on voit la ville complètement détruite, c'est le chaos, on voit cette place toute replantée d'arbres. C'est assez vertigineux, même cette vision. Et puis, ce qui est assez étonnant aussi, c'est qu'il y a eu un inventaire des arbres. On a pris le soin de compter les arbres détruits après-guerre. Et sous une mandature, la mandature de M. Lombard, maire de Brest, entre 1959 et 1972, c'est près de 20 000 arbres qui ont été replantés à Brest. Donc, il y avait vraiment une ambition de replanter des arbres et d'apporter du vert à Brest ou de l'arbre à Brest.

  • Claire Tracou

    L'arbre, sans aucun doute, c'est un symbole de vie. Et là, au moment de cette reconstruction, où on sort d'années très difficiles pour les Brestois, c'est le symbole d'une renaissance. Et puis l'arbre, dans la ville, ça participe au bien-être de la population. Et là, c'était indispensable de pouvoir réintroduire des arbres à Brest.

  • Marion Watras

    Avant la guerre, l'arbre était bien sûr déjà présent à Brest. Il n'y a qu'à regarder les photos d'archives des anciennes fortifications. De nombreux arbres habillaient les remparts et les places d'armes. Une essence en particulier était largement majoritaire.

  • Mickaël Jezégou

    Ce qui est assez étonnant, c'est qu'avant-guerre, il y avait essentiellement de l'orme à Brest. Mais après-guerre, on a complètement changé le patrimoine arboré de Brest. Sans doute que l'orme portait une symbolique militaire très forte. Et du coup, la reconstruction a amené à penser la ville autrement. Et on a planté une toute autre palette d'arbres, du platane, de l'érable, du cerisier fleur et du tilleul également au quatrième essai.

  • Speaker #0

    Mais pourquoi l'orme avait-il été choisie avant-guerre ? Quelle qualité les autorités militaires lui trouvaient-elles ? Claire Tracoux nous explique.

  • Claire Tracou

    Brest, c'était un grand port militaire avec un réseau de fortifications qui le défendait. Et l'orme, tout simplement déjà, était plantée en série sur les remparts pour participer au maintien des fortifications grâce au réseau racinaire. C'était aussi du coup des maillages d'arbres qui jouaient un rôle de camouflage de la place forte. Et aussi le feuillage contribuait à la dispersion des fumées d'artillerie. Il avait beaucoup de qualité aussi au niveau de son bois, l'orme. Et il était utilisé pour la confection des manches de fusil, des affûts de canon. Donc tous ces atouts-là et le fait que l'orme se soit très bien adaptée aussi au climat océanique de Brest ont fait que c'était l'essence majoritairement gérée et cultivée par le génie militaire, dans d'ailleurs des pépinières royales qui venaient alimenter les replantations régulières des remparts.

  • Marion Watras

    Si l'orme, lui, a aujourd'hui disparu du paysage brestois, de nombreux arbres toujours debouts racontent une part de l'histoire de la ville. C'est le cas par exemple de plusieurs chaînes vétérans, multi-centenaires, dont Michael Jezégou aime admirer les étranges silhouettes.

  • Mickaël Jezégou

    Ce sont des anciennes trognes bocagères. Le bocage, c'est une formation arborée qui entoure les champs, qui date du XVIe siècle. Et dans certaines vues de Brest du XVIIIe siècle, on voit la présence de mailles de haies bocagères à l'intérieur de Brest, dans le Brest intramuros. Et ces arbres anciens, qui datent de plus de trois siècles, existent, certains sujets au moins, existent toujours à Brest. Et les plus vieux arbres de Brest sont probablement des trognes bocagères, dont certains poussent au Moulin Blanc ou dans des vallées, la Vallée du Spernot par exemple. D'ailleurs, on peut également citer que de nombreux lieux portent le nom d'arbres, des phytotoponymes, donc des toponymes associés aux plantes.

  • Marion Watras

    Des arbres emblématiques, Brest en compte de nombreux, difficile de faire un choix.

  • Claire Tracou

    On a des magnifiques arbres à Brest. Moi, des arbres qui me viennent spontanément, c'est les pins du jardin de l'Académie de Marine, qui sont du coup juste entre le château de Brest et la descente vers le port de commerce. Ici, on a une série de pins de Monterey qui sont vraiment emblématiques du paysage brestois, de son caractère océanique aussi comme port, et qui rappellent la place des résineux aussi dans les camouflages des batteries. Donc là, bien sûr, ces arbres-là n'ont pas été plantés dans cette optique-là à la reconstruction. Mais ils viennent aussi illustrer que finalement, toutes les promenades, les arbres qu'on a aujourd'hui à Brest, s'ancrent dans un certain passé, un héritage.

  • Marion Watras

    L'histoire des arbres à Brest a évolué au fil des siècles et ce n'est pas fini. Un événement récent a encore rappelé que rien n'était figé.

  • Mickaël Jezégou

    Brest a été marqué par un phénomène climatique extraordinaire, c'est la tempête Ciaran, la nuit du 30 au 1er novembre 2023. près de 180 à 190 km heure. Donc on a eu plusieurs milliers d'arbres arrachés ou fracturés par la tempête. Et un des arbres emblématiques, c'était le chêne d'Armagnac, un chêne chevelu qui se situe près du pont de la Villeneuve. Et l'arbre a réémis de nombreux bourgeons et est reparti. Et finalement, au lieu de l'abattre, on l'a laissé basculer. Et il y a eu un projet avec l'école des Beaux-Arts de travailler, parce qu'il a impacté un mur et donc donc le mur a été reconstruit et une palissade a été remplacée, pour laquelle on a laissé des espaces dans lesquels les branches du chêne poussent et continuent à croître. Donc symbole de résilience. C'était Brest dans l'oreillette, le podcast de la ville de Brest. Pour en savoir plus, l'exposition Brest, ville d'arbres et d'histoire est à découvrir Place Wilson jusqu'au 3 novembre 2025. Cet épisode vous a plu ? Abonnez-vous !

Description

Brest, ville minérale ? Et pourtant le patrimoine végétal fait partie de son ADN. Qui sait que le replantage d'arbres fut le premier geste symbolique de sa renaissance, en 1946 ? Que l'orme a joué un rôle de sentinelle ? Qu’un chêne d’Armagnac, survivant de la tempête Ciaran, est devenu une œuvre d’art ? Claire Tracou et Mickaël Jézégou nous parlent des racines de Brest et d’une exposition sur le sujet, au micro de Marion Watras.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Marion Watras

    Brest dans l'oreillette, le podcast qui révèle les dessous de l'art et des patrimoines de Brest.

  • Claire Tracou

    On voit souvent Brest minéral, on l'appelle Brest la Blanche. En fait, la ville comporte beaucoup d'espaces verts, beaucoup d'arbres remarquables. On passe à côté d'un volet si on ne regarde pas le volet végétal.

  • Mickaël Jezégou

    L'arbre porte une symbolique forte à Brest et Brest possède une singularité autour de son patrimoine arboré.

  • Marion Watras

    Et si l'arbre avait tenu un rôle particulier dans l'histoire de Brest ? C'est cette intuition qui a conduit Claire Tracou et Mickaël Jézégou à lancer un projet commun. Elle travaille au sein du service musée patrimoine de la ville, lui à la direction des espaces verts de Brest Métropole. Ensemble, ils sont à l'origine d'une exposition « Brest, ville d'arbres et d'histoire » . Parmi les enseignements qu'ils ont tirés de leur long travail de recherche, la place de l'arbre à Brest à la reconstruction.

  • Mickaël Jezégou

    Ça c'est une singularité. Plusieurs choses sont à souligner. La première c'est par exemple dès 1946, Brest a été complètement rasé. Et une des premières actions qu'il y a eu après guerre, c'était de replanter des places ou des lieux symboliques de Brest. Par exemple le cours dajot a été replanté dès 1946, ou le square de la Tour d'Auvergne également a été replanté dès 1946. alors qu'on voit la ville complètement détruite, c'est le chaos, on voit cette place toute replantée d'arbres. C'est assez vertigineux, même cette vision. Et puis, ce qui est assez étonnant aussi, c'est qu'il y a eu un inventaire des arbres. On a pris le soin de compter les arbres détruits après-guerre. Et sous une mandature, la mandature de M. Lombard, maire de Brest, entre 1959 et 1972, c'est près de 20 000 arbres qui ont été replantés à Brest. Donc, il y avait vraiment une ambition de replanter des arbres et d'apporter du vert à Brest ou de l'arbre à Brest.

  • Claire Tracou

    L'arbre, sans aucun doute, c'est un symbole de vie. Et là, au moment de cette reconstruction, où on sort d'années très difficiles pour les Brestois, c'est le symbole d'une renaissance. Et puis l'arbre, dans la ville, ça participe au bien-être de la population. Et là, c'était indispensable de pouvoir réintroduire des arbres à Brest.

  • Marion Watras

    Avant la guerre, l'arbre était bien sûr déjà présent à Brest. Il n'y a qu'à regarder les photos d'archives des anciennes fortifications. De nombreux arbres habillaient les remparts et les places d'armes. Une essence en particulier était largement majoritaire.

  • Mickaël Jezégou

    Ce qui est assez étonnant, c'est qu'avant-guerre, il y avait essentiellement de l'orme à Brest. Mais après-guerre, on a complètement changé le patrimoine arboré de Brest. Sans doute que l'orme portait une symbolique militaire très forte. Et du coup, la reconstruction a amené à penser la ville autrement. Et on a planté une toute autre palette d'arbres, du platane, de l'érable, du cerisier fleur et du tilleul également au quatrième essai.

  • Speaker #0

    Mais pourquoi l'orme avait-il été choisie avant-guerre ? Quelle qualité les autorités militaires lui trouvaient-elles ? Claire Tracoux nous explique.

  • Claire Tracou

    Brest, c'était un grand port militaire avec un réseau de fortifications qui le défendait. Et l'orme, tout simplement déjà, était plantée en série sur les remparts pour participer au maintien des fortifications grâce au réseau racinaire. C'était aussi du coup des maillages d'arbres qui jouaient un rôle de camouflage de la place forte. Et aussi le feuillage contribuait à la dispersion des fumées d'artillerie. Il avait beaucoup de qualité aussi au niveau de son bois, l'orme. Et il était utilisé pour la confection des manches de fusil, des affûts de canon. Donc tous ces atouts-là et le fait que l'orme se soit très bien adaptée aussi au climat océanique de Brest ont fait que c'était l'essence majoritairement gérée et cultivée par le génie militaire, dans d'ailleurs des pépinières royales qui venaient alimenter les replantations régulières des remparts.

  • Marion Watras

    Si l'orme, lui, a aujourd'hui disparu du paysage brestois, de nombreux arbres toujours debouts racontent une part de l'histoire de la ville. C'est le cas par exemple de plusieurs chaînes vétérans, multi-centenaires, dont Michael Jezégou aime admirer les étranges silhouettes.

  • Mickaël Jezégou

    Ce sont des anciennes trognes bocagères. Le bocage, c'est une formation arborée qui entoure les champs, qui date du XVIe siècle. Et dans certaines vues de Brest du XVIIIe siècle, on voit la présence de mailles de haies bocagères à l'intérieur de Brest, dans le Brest intramuros. Et ces arbres anciens, qui datent de plus de trois siècles, existent, certains sujets au moins, existent toujours à Brest. Et les plus vieux arbres de Brest sont probablement des trognes bocagères, dont certains poussent au Moulin Blanc ou dans des vallées, la Vallée du Spernot par exemple. D'ailleurs, on peut également citer que de nombreux lieux portent le nom d'arbres, des phytotoponymes, donc des toponymes associés aux plantes.

  • Marion Watras

    Des arbres emblématiques, Brest en compte de nombreux, difficile de faire un choix.

  • Claire Tracou

    On a des magnifiques arbres à Brest. Moi, des arbres qui me viennent spontanément, c'est les pins du jardin de l'Académie de Marine, qui sont du coup juste entre le château de Brest et la descente vers le port de commerce. Ici, on a une série de pins de Monterey qui sont vraiment emblématiques du paysage brestois, de son caractère océanique aussi comme port, et qui rappellent la place des résineux aussi dans les camouflages des batteries. Donc là, bien sûr, ces arbres-là n'ont pas été plantés dans cette optique-là à la reconstruction. Mais ils viennent aussi illustrer que finalement, toutes les promenades, les arbres qu'on a aujourd'hui à Brest, s'ancrent dans un certain passé, un héritage.

  • Marion Watras

    L'histoire des arbres à Brest a évolué au fil des siècles et ce n'est pas fini. Un événement récent a encore rappelé que rien n'était figé.

  • Mickaël Jezégou

    Brest a été marqué par un phénomène climatique extraordinaire, c'est la tempête Ciaran, la nuit du 30 au 1er novembre 2023. près de 180 à 190 km heure. Donc on a eu plusieurs milliers d'arbres arrachés ou fracturés par la tempête. Et un des arbres emblématiques, c'était le chêne d'Armagnac, un chêne chevelu qui se situe près du pont de la Villeneuve. Et l'arbre a réémis de nombreux bourgeons et est reparti. Et finalement, au lieu de l'abattre, on l'a laissé basculer. Et il y a eu un projet avec l'école des Beaux-Arts de travailler, parce qu'il a impacté un mur et donc donc le mur a été reconstruit et une palissade a été remplacée, pour laquelle on a laissé des espaces dans lesquels les branches du chêne poussent et continuent à croître. Donc symbole de résilience. C'était Brest dans l'oreillette, le podcast de la ville de Brest. Pour en savoir plus, l'exposition Brest, ville d'arbres et d'histoire est à découvrir Place Wilson jusqu'au 3 novembre 2025. Cet épisode vous a plu ? Abonnez-vous !

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