- Marion Watras
Brest dans l'oreillette, le podcast qui révèle les dessous de l'art et des patrimoines de Brest.
- Loïc Moyou
Le Pont de Recouvrance, il a du potentiel. Je ne connais pas un photographe brestois qui n'aime pas traîner dessus.
- Christine Berthou-Ballot
Ça devient presque iconique. Les artistes jouent beaucoup avec ce graphisme. On reconnaît Brest aussi à ce Pont de Recouvrance.
- Loïc Moyou
Il n'y en a pas beaucoup au monde. Il fait partie de ces ponts-levants qui sont impressionnants.
- Christine Berthou-Ballot
Il y a toujours beaucoup de monde à venir voir la levée du pont. Ça reste un événement.
- Marion Watras
Les ponts, symbole de Liens s'il en est, sont depuis longtemps déjà des éléments incontournables du paysage brestois. S'ils sont si nombreux, c'est bien sûr en raison des reliefs de la ville. Mais pas seulement. Pour ce nouvel épisode de Brest dans l'oreillette, nous rejoignons Christine Berthoud-Ballot, cheffe de projet Ville d'art et d'histoire, tout près de l'emblématique Pont de Recouvrance.
- Christine Berthou-Ballot
Les nécessités géographiques font qu'on a besoin de ponts. C'est une histoire qui commence au XIXe siècle, parce qu'avant effectivement on a peu ce genre de préoccupations dans les radars. Et donc ça commence avec le pont Tournant, qui a précédé le Pont de Recouvrance. Et puis ensuite il y a aussi le pont de l'Harteloire, mais là ça vient beaucoup plus tard, puisque c'est un pont qui date de la reconstruction. Il y avait le pont Transborder, il ne faut pas l'oublier, qui lui permettait de transférer à la fois les hommes et le matériel en fond de Penfeld. Il avait la place du pont de l'Harteloire. Il ne faut pas oublier le pont Gueydon, qui lui permettait de traverser la Penfeld dans l'arsenal. Certains ponts cumulent je dirais les deux nécessités, c'est-à-dire une nécessité géographique et une nécessité économique. Donc là, on peut parler du pont Schuman que les Brestois souvent appellent le pont bleu d'ailleurs, pour aller et atteindre donc Brest-Bellevue, qui a aussi vu naître l'université. Et puis ensuite il y a le pont du Forestou qui permet aussi de rejoindre le port, la zone industrielle, et puis le pont de la Villeneuve aussi pour le CHU de la Cavale Blanche.
- Marion Watras
A cette liste viennent s'ajouter depuis peu deux nouveaux ponts. Construits durant les travaux de la deuxième ligne de tramway, l'un à Kergoat, l'autre en parallèle du pont Schumann. Mais revenons aux origines. Ancêtre du Pont de Recouvrance, le pont Tournant, connu sous le nom de pont national, avait été construit au milieu du XIXe siècle.
- Christine Berthou-Ballot
Il était manœuvré de chaque côté de la Penfeld par des matelots et en fait il s'ouvrait en son milieu. Il permettait de laisser passer les navires de la Marine nationale. Mais il s'est appelé le pont Impérial aussi parce que c'est sous Napoléon III que la décision est prise de faire ce pont. C'est important parce qu'il n'y avait pas de pont jusque-là entre les deux rives, c'était un bac. avec tous les aléas que ça peut comporter, les accidents, les difficultés de manier un bac. Donc c'était vraiment une avancée importante au 19e siècle. Alors il y a eu plusieurs projets, on a même eu des projets de tunnels, enfin voilà c'était assez foisonnant à l'époque, mais finalement c'est le pont tournant métallique qui est donc décidé, et à partir de là, qui permet des communications de part et d'autre de la Penfeld.
- Marion Watras
Le pont Tournant est détruit en 1944. Durant 10 ans, seul le pont Gueydon, aujourd'hui uniquement accessible dans la base navale, permet de relier les deux rives de la Penfeld. Et c'est finalement en 1954 qu'est inauguré le Pont de Recouvrance avec ses pylônes en béton de 70 mètres de haut. Véritable prouesse technologique, il sera même présenté quatre ans plus tard à l'Exposition universelle de Bruxelles. Et il restera longtemps le plus haut pont levant d'Europe avant d'être détrôné par Rouen. Mais d'ailleurs, pourquoi était-il primordial que ce pont puisse se lever?
- Christine Berthou-Ballot
Il faut que les navires accèdent au fond de Penfeld, déjà pour stationner, premièrement, et puis aussi pour se faire réparer ou radouber dans la forme de radoube qui est tout au fond de Penfeld, ou en contrebas des Capucins. Donc c'est un pont qui se lève, ça bloque évidemment la circulation des véhicules et du tramway sur le pont. Mais ça reste une attraction pour les Brestois et les Brestoises. Il y a toujours beaucoup de monde à venir voir cette levée du pont.
- Marion Watras
La partie centrale du pont s'élève à 64 mètres au-dessus des quais une vingtaine de fois par an. Une manœuvre aujourd'hui automatisée mais toujours aussi impressionnante. En 2011, une nouvelle travée remplace celle d'origine pour permettre le passage du tramway. Un changement qui a largement contribué à faire de la traversée du pont une promenade à part entière, avec vue sur le château d'un côté et sur les capucins de l'autre.
- Christine Berthou-Ballot
Passer les rives, c'est toute une question à Brest. Et quand on est de la rive droite, on n'a pas forcément l'habitude d'aller rive gauche. Et puis, rive gauche, on ne passait pas forcément non plus la rive droite. Alors je pense qu'aujourd'hui, c'est un peu effacé tout ça. Mais quand même, moi j'ai souvenir de personnes plus âgées qui disaient « moi je vais à Brest » , qui habitaient à rive droite mais qui passaient le pont et qui allaient à Brest. Mais je pense que ça a tendance à s'effacer aujourd'hui.
- Miossec
Mais sur le pont de recouvrance, elle est si belle à voir, que je pourrais encore, je pense, m'arrêter un jour de boire pour l'embrasser.
- Marion Watras
Aujourd'hui, le pont de recouvrance avec sa silhouette et sa technologie si singulières fait figure d'emblème à Brest. Pas une affiche de la ville sans qu'il ne soit représenté. Le photographe Loïc Moyou fait partie de ces habitants sensibles à son design très graphique. Sur sa page Facebook « Brest derrière mon objectif » , il publie régulièrement des clichés capturés au gré de ses déplacements quotidiens.
- Loïc Moyou
Le Pont de Recouvrance, j'y passe quotidiennement alors c'est vrai que je l'ai shooté un peu sous tous les angles de prise de vue. Il a une histoire et puis graphiquement, pour les photographes, il y a plein de choses à faire. Il y a beaucoup de lignes. Avec ces arches en métal ou ces ponts bétonnés, on a de quoi se faire plaisir. Sur mon studio, je trie, je trie par quartier, par région. Et j'ai un dossier, Pont de Recouvrance. Mon dossier commence en 2009. Ça doit être le dossier qui se remplit le plus, le Pont de Recouvrance. Non, non, je l'aime beaucoup.
- Marion Watras
Il y a quelques années, Loïc Moyou a même dédié une exposition entière au Pont de Recouvrance.
- Loïc Moyou
Sur une vingtaine, quinze/vingt clichés qui ont été présentés, il n'y en avait pas deux pareils. C'est l'idée de montrer des angles différents, des lumières. Nous on a cette chance d'être au bout du monde et d'avoir des lumières magnifiques. Tous les matins ou tous les soirs on peut le prendre avec des lumières magnifiques. On a des photos différentes à chaque fois. La nuit avec les lumières, en photographie souvent on fait des pauses longues pour avoir des petits traits de lumière avec les véhicules, les bus, le tram, en plus il est éclairé la nuit, donc du coup ça rajoute encore plus.
- Marion Watras
Le reflet du pont dans une flaque d'eau, la silhouette d'un passant dans le matin brumeux, difficile pour Loïc Moyou de choisir sa photo favorite du pont de recouvrance parmi les milliers qu'il a en stock. Son conseil pour un cliché réussi ? Pour terminer cet épisode, il nous livre son secret.
- Loïc Moyou
A Brest, je trouve que les lumières sont magnifiques, rive droite le matin et rive gauche l'après-midi, le soir. Et au niveau du pont, c'est plutôt le soir, je me positionne rive gauche et je le prends avec le coucher de soleil qui se couche sur la rive droite. Et c'est vrai que j'aime beaucoup parce qu'il y a des contre-jours.
- Marion Watras
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