- Christian
La transition énergétique elle-même, elle est pleine de défis. On doit décarboner notre économie, on doit cesser l'utilisation des énergies fossiles. On en est très loin et les défis sont colossaux. Si nous, les pays riches, on ne fait pas un effort de réduction, on empêche en fait les pays pauvres de se développer un petit peu et d'émettre eux-mêmes un peu plus de CO2. Il y a un très très fort besoin de cohérence.
- Bryan01
Donc en fait, c'est être en corrélation entre ce qu'on fait, ce qu'on pense et ce qu'on dit.
- Christian
Avec l'explosion des quantités, on ne va pas pouvoir continuer ce petit jeu-là trop longtemps. Ça te laisse sans voix.
- Bryan01
Ouais, je... En fait, finalement, pourquoi est-ce que vous protégez les clients ?
- Christian
Au moment où un autre, la réalité nous rattrape. Ces électrons, ils ont un prix sur le marché. Et il se trouve qu'on trouve de plus en plus de prix négatifs.
- Bryan01
L'architecture climatique, que j'ai trouvé très intéressant. Est-ce que tu peux en parler un petit peu ?
- Bryan02
Salut les amis et bienvenue sur mon podcast. Je suis Bryan Umana, associé gérant de l'entreprise wiLight telecoms, spécialiste en infrastructures informatiques, COO et associé de la startup SolarSplit. Une plateforme qui veut démocratiser l'investissement dans l'énergie solaire, enthousiaste de sport et de développement personnel. Pourquoi ce podcast ? Pour apprendre, être inspiré et partager tout ça avec toi. Dans cet épisode, j'échange avec Christian Petit, le directeur général de la Romande Énergie, le premier fournisseur d'électricité en Suisse romande. Christian aime l'humain et ça se ressent. Dans cet échange, il nous donne sa définition d'un bon dirigeant, d'une bonne dirigeante. On parle de ses défis d'aujourd'hui. de la tarification des GRD, de Bilan Carbone et même de LinkedIn, parce que Christian apprécie ce réseau social dans lequel il a une forte communauté. Je sortais d'un rhume, et oui,
- Bryan01
c'est possible en été,
- Bryan02
donc désolé d'avance s'il y a quelques reniflements de ma part. Pour m'aider à grandir et à continuer, je te demande une seule chose, c'est de t'abonner à la plateforme de podcast sur laquelle tu l'écoutes, de laisser ta meilleure note possible et de commenter. C'est ce qui fait grandir le podcast et qui me permet d'inviter plus de personnes. Je suis aussi sur Instagram. à bryanumana.swiss. Bienvenue dans mon podcast et bonne écoute !
- Bryan01
Christian, qu'est-ce que dit la vie ?
- Christian
La vie, elle dit beaucoup de choses pour un homme qui rentre dans sa sixième décennie ou septième, plus de 60 ans. C'était un cas l'année dernière. Donc voilà, c'est un peu l'image du temps qu'on a en ce moment, c'est-à-dire grand beau, chaleureux et puis des fois, il y a un orage. Mais ça, c'est la vie.
- Bryan01
Et je t'ai posé cette question parce que, justement, en arrivant, tu as posé cette question-là que je trouve beau. Comme, disons, au lieu de dire comment vas-tu ? ou j'espère que tu vas bien tu vois, qu'est-ce que dit la vie ? On peut partir très loin, je trouve. Ça peut même être philosophique ou ça peut être très professionnel, ça dépend comment on le prend. Et Christian, toi qui es très actif sur LinkedIn, et on en parlera, récemment tu as, je crois que c'était récemment, je ne sais plus maintenant, je suis un peu perdu avec les différentes recherches que j'ai menées pour notre épisode. Tu as écrit un article ou un post et ensuite tu as posé une question à laquelle tu n'as pas répondu et donc moi j'aimerais bien que tu répondes, je trouve que c'est une thématique intéressante. Et donc j'ai pris la partie du post justement où tu poses... la question, c'était alors entre un nouveau technosolutionnisme qui ne résoudra rien ou une sobriété assumée se détournant de ses solutions, existerait-il une troisième voie qui réserverait l'utilisation de ces outils pour les usages scientifiques pertinents et ferait payer aux utilisations futiles le vrai prix écologique de l'usage ? Et donc toi tu vas demander, qu'en pensez-vous ? Qu'en penses-tu, Christian ?
- Christian
Alors, je crois que c'était un poste qui faisait allusion à l'usage de l'intelligence artificielle, qui pose plein de questions au niveau de la consommation d'énergie. Et puis, moi, je suis un utilisateur, je pense, comme beaucoup de ces bots d'intelligence artificielle. Et je dois dire que mes questions ne sont pas toujours des questions fondamentales pour l'avenir de ma vie et de celle de l'humanité. Si je fais un parallèle, peut-être pour transplanter un peu la question, je voudrais prendre l'exemple du secteur de l'aviation. Parce qu'il y a un gros débat dans les protecteurs du climat sur le fait qu'est-ce qu'on devrait continuer à voler ou pas. Et puis j'entends un petit peu toujours cette alternative, c'est soit ça, soit ça. Donc il y a les partisans de continuer à voler, et puis il y a ceux qui ne veulent plus qu'on vole. Moi j'imagine que l'avion, en tant qu'innovation, qui est une innovation extraordinaire, ne va jamais disparaître du ciel de la Terre. Et il y aura toujours des... des avions La question c'est pour quels usages et pour quel type de déplacement ? Si on doit être amené à faire des choix, parce que je ne crois pas à la prétention ou à l'espoir technosolutionniste de l'industrie de l'aviation qui nous fait croire qu'avec les biocarburants ou avec les carburants synthétiques, ils vont arriver à faire voler une flotte d'avions qui d'après l'IATA devrait doubler d'ici 2045, je n'y crois pas. Il n'y aura pas assez d'énergie ou il y aura un conflit avec l'agriculture, donc ce n'est pas possible. Donc on va devoir se rationner à un moment donné. Et je crois que, si je prends l'exemple où nous sommes ici à l'EPFL, je crois qu'il serait stupide de conseiller à des professeurs de ne plus voler. Parce que je crois que l'humanité progresse par la rencontre des scientifiques et des savants. Et je pense que cette catégorie de vol... pour faire avancer la science et le progrès, restera, et ce n'est pas des volumes importants. Tous les congrès scientifiques, les congrès de ce type-là, devraient bien sûr continuer à se tenir. Je pense qu'il faut aussi encourager l'entente entre les peuples. Et donc les vols de diplomatie, de rencontres de chefs d'État à haut niveau, bien sûr que ça va perdurer. De manière un peu plus volumétrique, je pense aussi que... préserver le fonctionnement de notre économie, on aura toujours des voyages d'affaires. Même si on peut, bien sûr, avec les moyens technologiques, éviter beaucoup de voyages par les conférences en ligne, je pense néanmoins qu'à un moment donné, les gens doivent se rencontrer pour formaliser des accords commerciaux, des accords de partenariat. Là où je suis le plus critique, c'est sur la masse des vols qui sont le tourisme de masse. Il m'arrive de prendre l'avion pour le tourisme, j'essaie de le limiter, mais ce n'est pas. Voilà, il y a des occasions. J'ai fait un très beau voyage en Afrique pour mes 60 ans justement avec une partie de ma famille. Où ça ? En Namibie.
- Bryan01
J'y étais l'année passée.
- Christian
Ouais, extraordinaire.
- Bryan01
Pour le voyage de meubles.
- Christian
Mais ça c'est un voyage qu'on fait tous les 10 ans et je pense que c'est ce genre de choses qu'on doit pouvoir avec parcimonie se permettre. Mais ce tourisme de masse qui consiste à aller, alors qu'il y a des alternatives, faire une heure de vol pour aller en Europe à droite à gauche. Alors que c'est plus difficile pour la Namibie. Si je vais aller en Namibie, je n'ai pas tellement d'autres choix que de prendre l'avion et d'y rester plusieurs jours. Et donc, je crois que c'est dans ce tourisme de masse où on doit pouvoir se restreindre et éviter tous ces multidéplacements. Par contre, pour des gens qui ont des origines lointaines, qui doivent retrouver la famille, je pense que ça va continuer. On ne peut pas casser des liens familiaux parce qu'on ne peut plus voler. Pour moi, ce n'est pas noir ou blanc, c'est gris. Il y aura toujours de l'aviation qui va être très utile pour l'avenir de l'humanité, pour les liens humains qu'on crée autour de la planète. Mais on ne pourra pas continuer à voler autant. Et donc, il faut réduire les volumes. Et je pense que c'est surtout dans les déplacements touristiques de masse qu'il faudra tailler ces volumes.
- Bryan01
Finalement, ta réponse, c'est gris. Il faut trouver un lieu.
- Christian
J'ai du mal avec le ou c'est le et Oui, un peu.
- Bryan01
pour ça moi je suis complètement aligné malheureusement je dis malheureusement c'est pour moi parce qu'il y a un petit côté où je suis un petit peu frustré typiquement il y a un événement qui va se faire bientôt pour une personne qui est dans un pays... pas si loin, donc en Europe, et tout le monde va aller en avion pour un long week-end, c'est un événement plus ou moins important, et moi je me suis dit que je n'allais plus prendre l'avion en Europe, parce que je trouve que, comme tu l'as dit, si un jour je veux retourner à Lisbonne, je ferais en sorte que je voyage un peu plus longtemps, et je vais en voiture, ou en train, peu importe, donc c'est vrai que là, j'ai un peu les fesses entre deux chaises, Mais j'ai décidé que je n'allais pas le faire. Et ma foi, je n'irai pas. Et ma foi, j'ai des valeurs et je vais les respecter. Mais ce n'est pas forcément évident. On vit dans un moment où, justement, il y a certaines décisions qui doivent être prises. Par contre, on va dire qu'il y a une contrepartie à cela.
- Christian
Oui, je crois qu'il ne faut pas être moralisateur. Moi, je ne suis pas un exemple. Il m'arrive aussi de faire ce type de déplacement. C'est une question de mesure. Qu'est-ce qu'on s'autorise ? Qu'est-ce qui est raisonnable ? Moi, je vois des gens, effectivement, qui n'ont rien changé et qui sont presque loin tous les week-ends. Ça, je pense que c'est too much, il faut le dire. Après, voilà, il y a des événements où on se retrouve et chacun doit... chacun doit être conscient du problème et faire en sorte que il ait des usages raisonnés, modérés. Et puis à un moment donné, il y a des décisions étatiques ou autres qui peuvent se prendre. Il y a des compagnies aussi qui peuvent s'autodiscipliner, même si c'est dur. Je crois qu'il y a des décisions qui ont été prises en France, notamment pour qu'il n'y ait plus de liaison aérienne dans un périmètre de 400 km autour de Paris. Ça, c'est tout à fait sensé. À ce moment-là, s'il n'y a plus de cette possibilité, les gens ne prendront plus l'avion.
- Bryan01
C'est Raphaël Donjan, notre éco-explorateur, que j'ai eu sur ce podcast il y a quelques petites années maintenant, qui disait, lui pareil, c'est ni blanc ou noir, mais justement... Il faut arrêter de prendre l'avion pour aller à Londres pour un week-end, pour faire du shopping à Madrid, Barcelone ou autre. Prenons l'avion quand il le faut, entre guillemets, et pour un certain nombre de temps.
- Christian
Et puis je crois que le tourisme de masse, il a des effets collatéraux, des externalités négatives bien plus importantes que le seul voyage d'avion. On voit qu'il y a des villes européennes et dans le monde qui sont en train de mourir du surtourisme. On voit très bien ce qui se passe à Venise avec l'introduction d'un péage à l'entrée. On voit très bien la situation à Barcelone. Moi j'étais l'autre fois en Bretagne et je parlais avec une Malouine à Saint-Malo. Je suis allé me faire coiffer, voilà, pour tout dire. Et puis je suis tombé sur une Malouine, ça existe, qui vit là depuis deux générations. Et elle me dit que les Malouins ne peuvent plus se loger à Saint-Malo et que maintenant ils doivent partir loin dans les terres parce que la ville est devenue une sorte d'Airbnb géante dans lequel tous les appartements ont été... changé d'affectation et il n'y a plus rien en location sur place. Et c'est pareil à Vannes, c'est pareil dans d'autres villes du littoral breton et c'est pareil partout. Et ces effets collatéraux, ils sont extrêmement pernicieux puisqu'en fait les locaux ne peuvent plus vivre normalement. Et ça il faut être conscient quand on loue chez Airbnb, on détourne en fait des appartements qui ont un autre usage. Et donc les effets collatéraux aussi en termes de pollution sont considérables. Il y a des villes où les déchets s'accumulent. Donc le surtourisme, où qu'il soit, et c'est le cas à Bali aussi, c'est le cas au Seychelles, au Maldives, où il y a des plages entières qui sont pleines de détritus, le monde ne peut pas, certaines places précieuses ne peuvent pas absorber ce volume de population qui, avec le low cost, arrive à se déplacer partout. On ne va pas pouvoir continuer comme ça. Il va falloir réglementer. ce surtourisme et quelque part le réduire.
- Bryan01
Christian, peut-être pour les personnes qui ne te connaîtraient pas, qui es-tu ?
- Christian
Une question difficile, qui es-tu ? Tout à fait. On ne se connaît jamais soi-même, on est inconnaissable.
- Bryan01
C'est pour ça que j'aime cette question.
- Christian
Je ne sais pas te dire qui je suis, ce que je peux te dire c'est d'où je viens. Je suis né à Paris, c'est ma ville de cœur et d'origine. C'est pour ça que j'ai été très heureux de voir comment les choses olympiques se sont passées là-bas. J'ai pleuré quand j'ai vu la... Il y a été ? Non, j'y suis pas allé. J'ai suivi les mauvais conseils de tout le monde, c'était de fuir Paris. Ouais, c'est vrai. J'y suis pas allé malheureusement et je l'ai regretté. C'est bien fait pour moi. Et puis j'ai pleuré quand j'ai vu Notre-Dame de Paris brûler. et ça je pense qu'il faut être vraiment un parisien pour sentir que c'est sa ville qui part en fumée, c'était très très douloureux et je suis très heureux du programme de réhabilitation qui va se finir par l'inauguration début décembre j'ai vécu 35 ans à Paris et puis métro boulot dodo en fait et voilà je suis arrivé en Suisse en 2000 j'ai passé les 60 ans l'année dernière voilà je suis divorcé j'ai deux enfants et mais j'ai une compagne depuis quelques années qui en a elle-même 4 et donc j'ai 6 enfants en fait de 16 à 34 ans donc j'ai tout le panel de la génération Z ou je ne sais pas comment on les appelle ça me maintient jeune même si ce n'est pas tous les jours facile de suivre l'évolution des musiques des modes et tout ça et tu es franco-suisse Alors je suis à Port-de-Luis désormais, j'ai naturalisé suisse il y a plusieurs années. C'est aussi intéressant parce que finalement j'ai longtemps cru qu'on s'identifiait par son genre, par sa nationalité. son milieu d'origine. Et puis on voit tout ça, que ce sont des pots d'oignons qu'on a, des pelures. Et quand elles s'enlèvent, quand on fait une transition de genre, par exemple, quand on, comme moi, on change sa nationalité ou on en prend une deuxième, quand on quitte sa vie, ville d'origine, on se rend compte que tout ça, ou quand on divorce et qu'on change de partenaire de vie, tout ça c'est ce qu'on croyait être notre identité. Et puis en fait on se rend compte qu'il y a quelque chose au fond de nous-mêmes qui est plus stable que tout ça. qui est vraiment le fond de notre personne notre âme et que ça c'est insaisissable et à la fois c'est c'est mystérieux mais c'est très très stable et donc je crois que on peut changer beaucoup de vives changé beaucoup de choses il y a une part de nous-mêmes qui est très profonde et qui est notre véritable identité.
- Bryan01
Mais est-ce que tu ne trouves pas qu'on perd un peu cette identité, justement quand on part, c'est un pays quand même voisin, mais ça reste tout de même une culture différente, surtout Paris, que ce soit la mentalité, que ce soit le dynamisme de la ville, et tout ce qui est... Donc tu es parti de Paris pour aller à Berne, c'est juste ? Oui. Donc en Suisse allemande, tu as bossé chez Swisscom, où tu es arrivé à la direction générale jusqu'en, si je ne dis plus pas de bêtises, 2017 ?
- Christian
Oui, j'ai tout par cœur.
- Bryan01
Tu vois, je t'ai dit, j'ai faimé de voir. Et ensuite, là, tu as eu deux ans où tu as ouvert une boîte dans le consulting, où en tout cas, tu as accompagné des startups, des dirigeants, des dirigeantes. Jusqu'à que la Romande Energie vienne te recruter. Et donc, toi, tu as eu ces deux années où tu as eu un peu plus de temps, pour toi, on va dire, élément que tu n'avais pas eu depuis un petit moment. Tu as voyagé aussi, je crois ? C'est juste en Asie ?
- Christian
J'ai fait des beaux voyages avec mon fils pendant une période. Je voulais lui montrer un peu le monde.
- Bryan01
D'accord.
- Christian
Et puis, dans ces voyages qui étaient pour moi... J'ai réalisé un rêve qui était de découvrir la terre de feu et les montagnes de la terre de feu. En Patagonie ? Oui, en Patagonie. Mais j'ai fait des voyages, des retraites spirituelles, marché avec des groupes de chrétiens. Parce que je trouve que c'est une chance de visiter un paysage. J'étais en Terre Sainte avec un guide, c'était passionnant. J'ai pris du temps pour moi, pour prendre un peu de recul entre deux périodes professionnelles très denses. Et je crois que c'était très très riche, c'est un cadeau que je me suis fait. Et ça m'a permis aussi de me revisiter un peu, visiter mes valeurs, faire un peu un point sur ce que j'avais envie de faire, de ne pas faire. Et c'est sûr que c'est extrêmement enrichissant. Alors tu posais la question du départ de Paris, partir c'est mourir un peu comme on dit, donc il y a toujours quelque chose qu'on laisse derrière soi. Mais en même temps on a le cadeau de ce vers quoi on va et je vois que ma personnalité, elle a été... Petit à petit, elle s'est suicisée et je suis devenu, par bien des égards, plus suisse que français. Et je pense que je ne pourrais plus aujourd'hui retravailler en France pour tout un tas de raisons. Je me suis vraiment acculturé à ce mode de faire ici. Mais je garde quand même, bien sûr, certains traits très français. Et je pense que quand je suis à Paris, on me prend pour un Suisse. Et quand je suis à Lausanne, on me prend pour un Français. Ce qui est, je pense, finalement un bon signe.
- Bryan01
Moi je me pose toujours la question, qu'est-ce qu'un parisien ?
- Christian
Aime de la Suisse, de Berne, tu habites Morges, Lausanne ?
- Bryan01
Je habite Sougar, Lausanne, oui.
- Christian
Bon, c'est une grande, je mets les guillemets, ville suisse, mais bon, quand même Paris, Lausanne, qu'est-ce qu'il t'a...
- Bryan01
Écoute, quand tu dis qu'est-ce qu'un Parisien aime... Il y a plus de 2 millions de parisiens. Je pense qu'il y a des milliers de parisiens qui ont une aspiration à vivre à la campagne. On l'a vu pendant le Covid. Il y a beaucoup de parisiens qui prennent le TGV tous les jours depuis Reims ou Rouen pour aller travailler en ville. Moi, j'ai toujours été un homme qui s'est bien senti dans la nature, proche de la montagne. Et à Paris, je souffrais de cet éloignement de la nature. Mon père nous emmenait marcher dans les belles forêts autour de Paris. Et puis tout le bénéfice de la sortie, on le perdait dans les embouteillages de retour vers la capitale le dimanche soir. Donc moi j'aspirais à vivre ailleurs et c'est un choix de vie que j'ai fait avec mon épouse et ma famille à l'époque pour quitter Paris et un environnement que je trouvais pas très épanouissant. Cela dit j'adore revenir à Paris en touriste, j'y vais toujours y voir mes vieux parents et chaque fois que j'y vais c'est un véritable plaisir de retrouver mes racines, de retrouver ces rues que je connais bien, d'avoir un bain de culture parce que c'est sûr que l'offre culturelle est beaucoup plus riche. Merci. Et ça, c'est toujours merveilleux. Mais je suis très heureux ici et je repartirai pour rien au monde.
- Christian
Et donc, je disais, tu as accompagné et tu continues, je crois, en tout cas, sauf indication contraire. Tu continues à accompagner quelques entreprises ou quelques dirigeants, dirigeantes ?
- Bryan01
Non, je continue avec un dirigeant. Un dirigeant. Je suis actuellement avec l'accord de mon conseil. Mais sinon, je me consacre pleinement à Romande Energie.
- Christian
Et pourquoi ce dirigeant en question ?
- Bryan01
Parce qu'il le mérite, il est formidable. Son entreprise se développe bien. Et puis en 4-5 ans, on a tissé des liens de confiance qui fait que je reste proche de lui et de ce qu'il fait. C'est passionnant. Je pense que quand je serai bientôt retraité, j'essaierai de le faire plus qu'une fois. Parce que pour quelqu'un de mon âge, être avec des jeunes chefs d'entreprise, c'est extrêmement stimulant. Ça donne beaucoup d'énergie et je crois que ce dialogue entre générations est profitable des deux côtés. C'est un cadeau qu'on se fait des deux côtés. L'expérience est difficilement remplaçable, donc on ne peut pas demander à un jeune dirigeant d'avoir toute l'expérience de la vie et des affaires. Et en même temps, nous, les vieux dirigeants, on n'est plus capables, je crois, de comprendre un certain nombre de développements. beaucoup plus récents, technologiques, digitaux et autres. Et de ce dialogue naît une grande richesse.
- Christian
Donc toi qui accompagnes ces personnes, qui continues à accompagner un dirigeant, qui a eu toute cette expérience chez Swisscom dans la direction générale, qui est aujourd'hui à la tête, le directeur général de la Romande Energie, qu'est-ce que pour toi un bon leader, un bon dirigeant, une bonne dirigeante ?
- Bryan01
C'est une vaste question. Je pense qu'un bon dirigeant, c'est quelqu'un qui a un niveau de conscience supérieur à la moyenne. On parle de pleine conscience, on parle d'éveil, on parle de lucidité, on peut employer différents mots. Mais je crois qu'un dirigeant, c'est quelqu'un qui doit essayer de sentir. le mieux possible son environnement, son entreprise, son propre impact. Et s'il est un petit peu aveugle sur lui-même, qu'il n'a pas d'autocritique, c'est dangereux pour ce qu'il fait. Et je crois que la lucidité, la conscience de soi-même, d'avoir le moins d'écart possible entre ce que les Allemands appellent la frame build et la Hegen build, Donc, l'image qu'ont les autres de soi et puis l'image qu'on a de soi-même, je pense que c'est un signe de bonne santé mentale. Et ce n'est pas toujours facile, mais je pense qu'un bon leader, c'est avant tout quelqu'un d'éclairé, de conscient de ses propres limites, donc il sait mieux s'entourer de ses défauts, et il en a toujours, et qui ne se laisse pas emporter par son ego et par des ambitions démesurées qui ne seraient pas raisonnables pour son entreprise.
- Christian
Donc en fait, c'est être en corrélation entre ce qu'on fait, ce qu'on pense et ce qu'on dit.
- Bryan01
Oui, tout à fait. Alors moi, je suis frappé de voir comme aujourd'hui encore plus qu'avant, parce que tout est devenu extrêmement transparent. avec les réseaux sociaux, avec des entreprises qui sont plus horizontales, plus démocratiques, il n'y a plus de bureaux, on est toujours visible de tout le monde. Il y a un très très fort besoin de cohérence. Moi ce que mes collègues me disent dans le comité de direction, on en parlait encore hier, on s'est rencontrés, ils sont extrêmement attentifs à ma cohérence, entre ce que je pense, ce que je dis et ce que je fais. Et à un moment donné, cette exigence de cohérence, elle est presque inhumaine. Parce que moi je suis un être humain, j'ai des faiblesses, j'ai des défauts, je peux penser des choses que je ne fais pas, je peux dire des choses que je ne pense pas complètement et je ne peux pas offrir cette cohérence totale. Donc c'est bien d'être challengé là-dessus et puis Dieu sait qu'il m'observe et il me le dit et je les en remercie, mais je ne peux pas leur promettre une cohérence de tous les instants, ce n'est pas possible. Mais je crois que c'est une vraie attente parce que c'est ça qui donne de la crédibilité. C'est ça qui rend crédible ce qu'on dit et les objectifs qu'on fixe. Et c'est, je crois, une exigence de notre monde actuel. Et on qualifie beaucoup, on disqualifie beaucoup les dirigeants politiques, économiques et autres par leur manque de cohérence entre faites ce que je dis, faites pas ce que je fais
- Christian
Quand tu es arrivé, donc quand on n'enregistrait pas encore, tu as parlé des défis qu'il te restait encore à vivre, aussi que toi tu... que tu proposes et que tu menais, qu'elle sent-il aujourd'hui ? J'imagine que tu parlais de la Romande Energie.
- Bryan01
Oui, Romande Energie est une société en pleine transformation dans un système énergétique qui se transforme pleinement également. Et cette double transformation est pleine de défis et là on se rapproche un peu de la conduite du changement qui est assez classique. Il y a eu la transformation digitale, il y a tout un tas de transformations qui ont eu lieu. Donc nous on est un peu au milieu du guet dans cette transformation, c'est-à-dire qu'on n'est plus la remande énergie d'avant, on a déjà beaucoup évolué, on a créé des nouveaux métiers, on développe de nouvelles pratiques, de nouvelles façons de faire, mais ce n'est pas encore adopté par tous, on est encore plein d'apprentissages, et dans cette transition, on a des défis qui sont des défis de transformation, d'emmener un maximum de collaborateurs avec nous. Et là, il y a des endroits où on est plus ou moins avancé que d'autres. Et puis la transition énergétique elle-même, elle est pleine de défis. On doit décarboner notre économie, on doit cesser l'utilisation des énergies fossiles. On en est très loin et les défis sont colossaux en termes de rénovation des bâtiments, en termes de transformation de la mobilité, en termes de sobriété et d'efficience énergétique. Et puis on peut être découragé par l'ampleur de la tâche. Et ça, c'est aussi des défis à la fois magnifiques et parfois un petit peu sidérants.
- Christian
Et là maintenant, par rapport à des potentielles pénuries, typiquement pour cette année, il me semble, mais peut-être que je suis complètement à côté de la plaque ou je suis biaisé, mais il me semble qu'on en parle un peu moins, il y a... un parc, on va dire, nucléaire français qui est un peu plus fort aussi que quand on parlait vraiment de blackout. Mais aujourd'hui, typiquement, par rapport à l'année prochaine, est-ce que là, il y a déjà des prévisions ?
- Bryan01
Alors, déjà, il faut séparer ce qui est blackout de ce qui est risque de pénurie. Le blackout, c'est une panne réseau de grande ampleur qui survient soudainement, qui n'est pas prévisible, qui n'a rien à voir avec un manque d'énergie. Ça peut être une attaque, une cyberattaque. Donc les eaux électriques, c'est le blackout. La pénurie, c'est une insuffisance prévisible d'énergie qu'on voit venir parce que les quantités d'énergie disponibles se tendent et sont insuffisantes par rapport à la demande qui augmente. Donc les fondamentaux des risques de pénurie qu'on évoquait il y a deux ans n'ont pas changé. Les fondamentaux sont toujours là. La Suisse est toujours à risque de pénurie structurellement parce qu'elle a un besoin hivernal qui n'est pas comblé par sa production indigène. Elle a donc en fin d'hiver toujours des mois qui vont rester délicats. Ce sont des mois où nos barrages n'ont plus d'eau à turbiner, où l'hiver peut continuer, il peut y avoir des vagues de froid tardives qui vont faire des besoins énergétiques importants. On n'a pas une capacité d'importation illimitée parce que nos voisins font aussi leur transition. Certains sortent de l'énergie nucléaire sans la remplacer. Et on a donc ce risque structurel qui continue à exister. Après, les paramètres qu'on avait il y a deux ans, c'est qu'il y avait effectivement un parc français nucléaire qui était en forte maintenance avec beaucoup d'indisponibilité. Et ça a ajouté au risque. Et puis on a eu la guerre en Ukraine avec le fait qu'en Europe, il y avait à l'époque à peu près encore 15% de l'électricité qui était produite par des usines fonctionnant au gaz. Et s'il n'y a plus de gaz, on manquerait aussi d'électricité. Donc ces fondamentaux sont toujours là. Et même si on n'en parle plus aussi fortement, il faut considérer qu'on a toujours cette situation. Et donc c'est très important qu'on continue à développer au maximum les énergies renouvelables en Suisse, donc indigènes, pour pouvoir le plus vite possible avoir des quantités d'électricité disponibles tout au long de l'année et notamment en fin d'hiver. Et c'est pour ça qu'en complément de l'hydraulique, la force éolienne est très importante, puisque la force éolienne marche assez bien en hiver, et que le solaire aussi, bien sûr, va nous aider.
- Christian
Qu'est-ce qui change depuis qu'on a heureusement voté pour la loi fédérale relative à l'approvisionnement d'électricité du 9 juin ? pour la remontée d'énergie ou pour les GRD de manière générale.
- Bryan01
Eh bien on était jusqu'à présent sous des lois qui étaient très anciennes, puisque la loi électricité qui a été votée par le peuple le 9 juin dernier, remplace deux lois qui préexistaient, une qui datait de 2008, donc c'est Mathusalem, c'était avant l'émergence des panneaux solaires, et l'autre en 2016, donc avant le vote de la stratégie énergétique qui a été votée en 2018, et du coup, en 2017... Du coup, ces lois n'étaient plus adaptées à notre situation actuelle. Il fallait prendre en compte l'arrivée massive de la production solaire décentralisée qui introduit des règles de fonctionnement tout à fait nouvelles pour le réseau en termes de répartition des coûts, de prix de reprise de cette énergie. Il fallait clarifier tout ça. C'est ce que permet cette loi. Cette loi offre aussi des objectifs très clairs en termes de déploiement des énergies renouvelables. Elle priorise une quinzaine de projets hydrauliques qui sont indispensables pour augmenter notre production hivernale. Elle fixe des priorités, elle donne aux cantons la possibilité de déclarer les zones dans lesquelles on pourra déployer des éoliennes et des champs solaires. Et donc elle donne, dans cette pesée d'intérêt entre l'énergie et l'environnement, elle fixe une balance qui nous paraît saine. Et tout ça, c'était très important pour qu'on puisse maintenant avoir les conditions cadre. Et puis après, il y a d'autres mesures plus techniques dont on avait besoin, qui sont aussi très utiles pour nous en tant que GRD. Par exemple, l'émergence de communautés électriques locales qui vont permettre à des producteurs qui ont des panneaux solaires de se connecter avec des immeubles voisins. Ça, c'est une avancée importante qui va certainement permettre, favoriser encore plus le déploiement du solaire.
- Christian
Aujourd'hui, je... J'ai pas assez creusé la question, la thématique, mais pourquoi est-ce que... Je parle sur le canton de Neuchâtel, mais j'ai pas assez creusé la thématique, donc je sais pas exactement si sur le canton de Vaud, par exemple, ça change, ou même Berne ou autre, ou Fribourg, peu importe. J'ai des panneaux solaires sur mon toit. Enfin, moi je suis locataire, mais un exemple. J'ai des panneaux solaires sur mon toit, j'ai un onduleur, j'ai une batterie. Aujourd'hui, le standard... Si, typiquement, il y avait une coupure du réseau, bien que j'ai des batteries, je suis aussi coupé, je n'ai plus d'électricité.
- Bryan01
Tout à fait.
- Christian
Pourquoi ou qu'est-ce qu'il faudrait pour que, finalement, on pallie cette... cette problématique ?
- Bryan01
Les onduleurs sont connectés et sont reliés au réseau. Il y a des échanges d'informations qui se font entre les deux. L'onduleur a besoin d'électricité sur le réseau pour démarrer et fonctionner, pour voir aussi refouler. des électrons excédentaires sur le réseau. Et donc ça, c'est comme ça que c'est conçu et ça rend aussi ces onduleurs plus simples et moins onéreux. Il est possible de se créer un système autarcique pour sa maison, mais dans ce cas-là, il faut monter un réseau électrique quasiment autonome. C'est d'autres types d'onduleurs beaucoup plus chers.
- Christian
C'est des hybrides,
- Bryan01
je crois. Il faut des compétences électriques que tout le monde n'a pas. Bien sûr. Et ce n'est pas économiquement raisonnable de faire ça pour une potentielle coupure qui arrive quand même dans notre pays de manière extrêmement rare. Donc voilà, il y a certains abonnés qui voudraient faire ça, mais en fait, très peu le font et je crois qu'ils ont raison de ne pas le faire.
- Christian
Vous avez question de retour sur investissement, de rentabilité. D'accord. Parce qu'une thématique aussi qui, je pense, tu me dis si ça t'embête. Non,
- Bryan01
non,
- Christian
je laisse. Typiquement le prix, tu vois, ça c'est une thématique qui vient souvent, je pense que tu dois souvent débattre aussi avec certains de tes amis ou autres, mais il y a quand même un point que je ne comprends pas encore suffisamment, et là j'ai essayé d'écouter justement des interviews où tu en as parlé, aussi de lire deux trois articles, alors effectivement vous vous allez répercuter votre prix. Je dis vous, mais on va dire les GRD de manière générale, j'imagine que c'est le même système pour plus ou moins tout le monde. Vous faites des achats sur un horizon d'environ 4 ans, c'est ça ? Ou plus 4 ans. Donc typiquement, raison pour laquelle vous avez eu une augmentation de prix en 2023 alors que les prix baissaient. Mais vous, vous aviez eu des achats qui étaient... Voilà exactement, un tarif kilowattheure qui était plus onéreux. Donc ça c'est un élément. Mais ensuite, si on prend une facture assez standard, on a effectivement le coût de l'acheminement, on a le coût du kWh qui est une répercussion de l'approvisionnement du fournisseur en question. Mais il y a une énorme différence entre toute cette partie-là et le prix de rachat du fournisseur, donc typiquement du propriétaire qui va produire son électricité par le biais de panneaux solaires. Et ce delta-là, pourquoi est-ce qu'il est si différent entre un BKV, entre un roman d'énergie, entre un groupé ? ou des acteurs plus locaux comme Viteos, Anochatel, LDI, etc.
- Bryan01
Alors je vais simplifier à l'extrême pour bien essayer de me faire comprendre. Prenons l'exemple d'un GRD qui aurait un prix du kWh intégré, c'est-à-dire ce qu'on appelle intégré, c'est les taxes, le timbre d'acheminement, donc le coût du réseau et puis le... coule l'électron, l'énergie, à 30 centimes de kilowattheure. Et puis, mettons que ce même GRD reprenne l'électricité excédentaire des producteurs de panneaux photovoltaïques à 15 centimes. Et tu dis, il y a un écart colossal. Mais en fait, si tu prends ces 30 centimes qui est le prix intégré, si tu enlèves les taxes et le réseau, qui ne rentrent pas en ligne de compte dans la comparaison, tu prends uniquement le prix de vente de l'électron, tu vas retomber à peu près sur ces 15 centimes. Nous, on a une politique jusqu'à présent. qui consistait à dire qu'on reprenait l'électron au même prix que nous le vendons à nos clients. Parce que ça, tout le monde peut le comprendre. Le problème, c'est que ce n'est pas la même qualité d'électron. Puisque nous, quand on s'engage auprès de nos clients à leur livrer de l'électricité, on s'engage à leur livrer en tout temps, du jour et de la nuit, de l'été ou de l'hiver. Il peut compter sur cette électricité en tout temps en appuyant sur l'interrupteur de sa télévision. alors que le producteur qui a des panneaux photovoltaïques il s'engage à rien il attend juste qu'on lui reprenne ses électrons quand il en a trop pour lui-même donc c'est de la production qui n'est pas planifiable sur laquelle il n'a aucun engagement et donc c'est pas la même qualité d'électrons parce que les électrons que tu obtiens le soir en hiver ils sont beaucoup plus rares que les électrons que tu as en pleine journée en été quand tout le monde produit de ces panneaux et donc je crois que même si on disait que c'était le même prix de vente et de reprise On pourrait justifier des prix de reprise de l'électricité beaucoup plus bas que les prix de vente, parce que ce prix de reprise, c'est une électricité qui n'est pas planifiable, qu'on doit reprendre quand elle vient, et avec laquelle on ne peut pas forcément faire grand-chose, parce qu'on n'a pas de demande en face. Et je crois que la nouvelle loi va permettre, avec un nouveau système de prix de reprise, de rapprocher finalement le producteur, parce que finalement celui qui a des panneaux photovoltaïques, il devient un producteur d'électricité, comme quelqu'un... qu'à des barrages ou une éolienne, il est sain que le producteur se rapproche des prix du marché, comprenne le marché qui accueille ces électrons, qui l'a en trop. Et ce rapprochement va faire que les prix de reprise vont probablement évoluer, ils vont passer dans un mode trimestriel et non plus annuel. Donc probablement que le propriétaire de panneau aura un prix de reprise meilleur pour ces électrons qu'il va produire en hiver par rapport à ceux de l'été. Et quand tu me demandes pourquoi il y a des différences, Eh bien, les différents GRD peuvent avoir des pratiques de prix de reprise plus ou moins élevées en fonction de l'accompagnement qu'ils veulent faire auprès des propriétaires. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que comme en énergie, on reprend ces électrons aujourd'hui à 17,5 centimes, c'est un prix qui est nettement supérieur à ce que nous, on peut en faire quand on les revend nous-mêmes sur le marché. Et on fait des pertes assez importantes cette année. Sur ces prix de reprise, on subventionne en quelque sorte le déploiement du solaire. Et avec l'explosion des quantités, on ne va pas pouvoir continuer ce petit jeu-là trop longtemps. Et donc globalement, c'est ce qu'on dit aux installateurs, c'est ce qu'on dit aux futurs propriétaires, on leur dit attention, les prix de reprise vont baisser parce qu'il y a un effet de cannibalisation de l'énergie solaire, tout le monde la produit en même temps, dans une même région, les prix spot du marché s'effondrent, les prix passent en négatif. C'est-à-dire qu'on doit bientôt payer, ça nous arrive souvent, on doit payer le marché pour nous débarrasser de ces électrons que nous on reprend à 17 centimes à nos clients. Et ça c'est pas tenable économiquement. Donc les prix vont baisser et les clients qui s'équipent de panneaux solaires ne doivent compter économiquement que sur une chose, c'est l'autoconsommation. Parce que ça c'est une économie certaine, c'est de l'énergie qu'ils vont plus soutirer du réseau, ils vont échapper aux taxes, ils vont échapper aux timbres, aux coûts du réseau. et ils vont diminuer leur consommation d'électrons qui vient du réseau. Donc il faut bâtir son business plan quand on achète des panneaux solaires, uniquement sur cette autoconsommation. Si je peux avoir une petite cerise sur le gâteau avec mes électrons que je refoule, tant mieux, mais il ne faut pas bâtir son business plan dessus. Et c'est pour ça que probablement, avec maintenant la baisse des prix de reprise, il va y avoir une augmentation de l'équipement des batteries, parce que les clients vont vouloir installer des batteries chez eux pour augmenter leur autoconsommation. et ne pas renvoyer vers le réseau des électrons qui ne seront plus valorisés au même prix.
- Christian
Alors ça c'est une évidence et j'en parlais encore ce matin avec une personne qui m'a demandé, tu sais je suis dans la startup SolarSplit.
- Bryan01
Oui je sais, on a rien pensé avec le prix sud.
- Christian
Tout à fait exactement, l'équipe te salue. et donc on en parlait il m'a dit ouais mais je comprends pas c'est ces prix et finalement le le prix de rachat il n'est pas intéressant et moi je lui ai dit ça je lui dis exactement ce que tu as dit qu'il faut compter sur son auto consommation et c'est là où réellement il aura un gain et comme tu l'as dit si c'est marrant j'ai vraiment utilisé le terme cerise sur le gâteau si tu vois là si ton atl énergie excédentaires et que tu en vends un peu dans le réseau, à ton mieux.
- Bryan01
À un moment ou à un autre, la réalité nous rattrape. Ces électrons, ils ont un prix sur le marché. Et il se trouve qu'on trouve de plus en plus de prix négatifs. Dès qu'il fait beau, chaude journée d'été, le marché tombe en prix négatif et très négatif. Et les producteurs ne pourront pas échapper à cette réalité. Il n'y aura pas toujours un intermédiaire qui pourra faire tampon par rapport à ça. Néanmoins, la loi, qui est quand même protectrice... citoyen et du propriétaire la loi introduit un prix de reprise minimum qu'on sera tenu de respecter et pour les petites installations on connaît pas encore ce prix parce que les ordonnances n'ont pas été publiées ça sera un prix probablement d'après les premières moutures d'ordonnances autour de 5 centimes ce qui peut paraître très peu mais ce qui montre que les petits propriétaires seront toujours protégés des prix négatifs et c'est déjà je pense une sacrée protection Parce que des fois, on doit payer des prix à moins 15, moins 20, moins 50 centimes pour se débarrasser d'un électron. Et ça coûte très très cher. Ça te laisse sans voix.
- Christian
Ouais, je... En fait, finalement, pourquoi est-ce que vous protégez les clients par rapport à ces coûts de la galerie ?
- Bryan01
C'est la loi qui les protège. C'est la loi. Nous, on applique la loi. Après, il y a certains GRD, notamment des services industriels, qui ont une politique communale de développement des énergies renouvelables, qui peuvent décider d'aller au-delà de la loi et de donner des prix plus intéressants. Et ça, c'est à leurs frais. Et pourquoi on le fait ? C'est une tension entre encourager le développement des énergies renouvelables, la Suisse a besoin d'électricité solaire, et en même temps comprendre qu'il y a des réalités du marché et qui font qu'aux heures chaudes de la journée, comme je le disais, aux heures pleines de la journée, entre 10h et 16h, il y aura une masse trop importante d'électricité qui va être produite. Donc pour éviter ça, au départ il y aura des batteries, les clients vont s'équiper de batteries. Et puis peut-être dans un deuxième temps, cette électricité fatale dont on n'a pas besoin, plutôt que de la gaspiller et de l'envoyer sur les marchés, on pourrait monter des électrolyseurs par exemple délocalisés qui permettraient de produire avec cette électricité qui ne sert à rien sinon, produire par exemple de l'hydrogène, du gaz synthétique qui aurait d'autres usages.
- Christian
Quand je t'ai posé la question par rapport au défi actuel de demain, tu as également soulevé la partie, évidemment toute cette partie, tu as mentionné l'hydraulique, l'éolien, le solaire, mais également, et ça, ça va être vraiment aussi une partie cruciale de nos transitions énergétiques, c'est la partie bâtiment, rénovation, isolement. À ce sujet, tu as écrit un article, encore une fois sur LinkedIn, où tu disais, c'était après avoir lu un livre, je crois, sur l'architecture, mais l'architecture climatique, que j'ai trouvé très intéressant. Est-ce que tu peux en parler un petit peu ? Parce que c'est vrai que quand j'ai lu ton article, ça me paraissait assez logique finalement. Si on regarde un petit peu comment on a évolué ou pourquoi est-ce qu'on a... créer une maison, un bâtiment ou autre. Et je te pose cette question de développement par rapport à cet article-là. Tu sais de quel article je parle ? Oui, oui. Parce que toi tu dis aussi qu'idéalement, il faudrait qu'on ait une réduction de la consommation. Les bâtiments aujourd'hui, deux tiers de leur consommation, des émissions carbone qu'ils dégagent, c'est dans la durée de vie du bâtiment par les énergies fossiles qu'ils utilisent. Et puis un tiers, c'est ce qu'on appelle l'énergie grise, donc c'est l'énergie qui a été utilisée pour construire le bâtiment et qui est aussi émettrice de... de carbone, le béton qu'on doit couler pour faire le bâtiment, etc. Comme maintenant, on a forcément des solutions pour défossiliser les systèmes de chauffage, de plus en plus, l'enjeu va venir dans la construction. du bâtiment ce tiers va devenir bientôt la moitié et puis un jour les deux tiers des émissions carbone du bâtiment et c'est là qu'on doit changer nos habitudes et dans cet article je faisais allusion à des ouvrages écrits par deux ouvrages écrits par philippe qui est un architecte suisse qui a son cabinet à Paris et qui travaille beaucoup sur cette thématique d'architecture climatique. Et il nous rappelle quoi dans ses ouvrages ? Il nous rappelle qu'en fait, on sort d'une période de plusieurs dizaines d'années où, grâce aux énergies fossiles, les architectes ont un petit peu oublié les contraintes climatiques qui pèsent sur un bâtiment. C'est pour ça qu'on a pu construire des villes en plein désert, comme à Los Angeles ou à San Diego, parce qu'en fait, on a pu s'affranchir du climat avec des climatisants. qui ont fait du froid ou du chaud selon les besoins. Et cette période-là, elle est terminée. Parce qu'aujourd'hui, on sait que ces systèmes-là sont extrêmement énergivores et émettent aussi, utilisent des gaz extrêmement émissifs en émission de CO2. Et donc, il faut qu'en fait, ces professions réapprennent à construire des bâtiments qui ont des ventilations naturelles, qui évitent des îlots de chaleur entre les bâtiments. et ça, ça demande une redécouverte en fait de ces métiers, de se repencher aussi sur les savoirs ancestraux puisqu'on a eu des civilisations comme à Rome, à la Rome antique qui a su en fait prospérer malgré des températures très chaudes en été et Philippe Rame nous montre que il y a eu des bâtiments qui ont été construits et qui savaient évacuer cette chaleur et donc là on doit repartir vers ce type de technologie c'est du low-tech mais c'est pas pas consommateurs en capteurs, en métaux, qui vont après être faits par des mines. Et tout ça, c'est très nocif aussi. La révolution énergétique, on va quitter les effets négatifs de brûler des énergies fossiles, mais on va démultiplier les mines pour sortir des métaux. Et on sait que ces mines ont des effets dramatiques sur les populations, sur les écosystèmes. écosystèmes. Et on ne peut pas envisager qu'on va remplacer toutes les voitures thermiques par des voitures électriques, tous les systèmes fossiles par des pompes à chaleur aussi puissantes, parce que tous ces équipements consomment trop de métaux. Et donc il faut que l'architecture s'adapte et propose des ventilations naturelles. Et donc on remaitrise de nouveau toutes ces technologies ancestrales et qu'on les utilise en des contextes modernes, dans la circulation du vent, dans l'utilisation de l'eau, de la brumisation de l'eau, dans les surfaces vitrées ou pas vitrées, l'utilisation de draperies ou de tissus pour aérer aussi. Et là, il y a beaucoup de choses à faire pour avoir des bâtiments qui soient construits avec un minimum d'émissions carbone et de consommation d'énergie.
- Bryan01
Je reprends l'exemple de Raphaël Nongent qui a construit sa maison il y a, je dirais... deux ans environ, à Neuchâtel, dans le canton de Neuchâtel, où... Cette maison, on va dire que c'est une maison, un bâtiment, mais il a fait en sorte qu'il n'y ait pas seulement lui. Je crois qu'il y a également d'autres personnes, propriétaires, relocataires, je ne sais pas. Il y a déjà le défi d'habitants par mètre carré, potentiellement de ne pas avoir n'importe quoi, un mille mètre carré que pour une seule famille, mais plutôt optimiser l'espace. Ça, c'est une première des choses. La deuxième, ou un des deuxièmes points, c'était qu'il ne voulait pas être... émetteurs en gaz à effet de serre. Donc ils ont fait un jeu, je ne sais pas si c'était un projet pilote avec, je ne sais plus l'entreprise, dans la construction où ils ont pris du béton, si je ne dis pas n'importe quoi, mais un béton positif, alors comment je ne sais pas exactement.
- Christian
Enrichi en CO2,
- Bryan01
de stocker du CO2,
- Christian
des choses comme ça.
- Bryan01
Voilà, exactement.
- Christian
À Berne par exemple, une start-up suisse.
- Bryan01
Comment tu as dit ?
- Christian
Neustark, à Berne, qui fait ce type de béton. Donc oui, ces gens comme Raphaël, qui sont un peu des pionniers, dont on a besoin parce qu'ils montrent l'exemple, ils montrent de nouvelles pratiques dans le domaine de la construction, c'est très inspirant et puis ça permet de redécouvrir ou de découvrir des façons différentes de faire les choses. Mais le gros enjeu, c'est l'enjeu du volume. Et donc, il faut que ça soit toute la profession. les grandes régies immobilières, les fonds de pension qui investissent dans l'immobilier, les architectes, les bureaux d'études, ce sont eux qui doivent faire aussi leur mue vers ce type de construction. Et la question, ce n'est pas simplement de le faire pour un petit bâtiment, c'est de le faire à grande échelle. Et là, bien entendu, ça pose d'autres défis, toujours pareil, celui du volume, de l'industrialisation des choses. Et il y a des choses qui vont se faire dans les matériaux biosourcés. dans la manière de gérer les chantiers, la logistique des chantiers, dans le traitement des déchets sur chantier. Tous ces aspects-là peuvent être visités et doivent être visités pour qu'on ait des chantiers bas carbone qui évitent que les émissions soient trop nombreuses au moment de la construction du bâtiment et pendant la durée de vie du bâtiment.
- Bryan01
C'est vrai que... Tu sais, j'ai une entreprise avec mon père, wilight telecoms, où on est spécialiste en infrastructures informatiques. Et donc, on s'occupe de certains data centers. On a eu créé des extensions de data centers, etc. Et là, on voit aussi qu'il y a de plus en plus une... J'allais dire souhait, mais ça dépend des différentes entreprises ou des différents acteurs. Pour également, comme tu l'as mentionné, pour cette partie architecture, essayer de trouver des façons moins énergivores possibles pour toute cette consommation qui est énorme dans ces centres de données. C'est vrai que ça pose beaucoup de questions. On parlait de l'IA au début où justement il y a quand même beaucoup de puissance mathématique qui est utilisée pour... ces outils qu'on utilise de plus en plus. Est-ce que la remande par rapport à ça, c'est des questions que vous vous posez en interne, dans vos bâtiments typiquement ? Vous êtes locataire, donc finalement vous n'avez pas trop de marge de manœuvre là-dessus ?
- Christian
Non, dans les bâtiments où on est propriétaire, on s'efforce bien entendu d'être le plus exemplaire possible. On a un projet de bâtiment dans le nord du canton. où on va essayer d'être le plus exemplaire possible. Mais dans la question des data centers que tu poses, si j'écoute les spécialistes du bilan carbone de l'industrie du numérique, ils nous disent quand même qu'aujourd'hui toujours, la plus grosse part, et de loin de l'empreinte carbone de l'industrie du numérique, c'est la construction. des smartphones et des ordinateurs et des laptops, qui est très énergivore et aussi très émettrice en CO2. Après, la consommation, bien sûr, joue un rôle, et là, les data centers rentrent en ligne de compte. Alors, il y a une certaine efficience à utiliser des data centers, à mutualiser ce type de dispositifs. On peut faire beaucoup avec la chaleur émise par les machines, les sales machines, pour récupérer cette chaleur. Néanmoins, il y a des usages qui posent question. C'est le cas, il y a quelques années on en parlait beaucoup, pour le minage des bitcoins, qui peut être extrêmement énergivore, mais c'est le cas maintenant pour l'intelligence artificielle, où les sociétés technologiques elles-mêmes qui développent ces intelligences ne savent elles-mêmes pas comment elles vont faire face à leurs besoins en énergie, et pour certaines ont repoussé en fait leur plan de net zéro. d'émissions carbone zéro, parce qu'elle voit arriver ces algorithmes qui dépensent énormément d'énergie. Et là, on revient à mon exemple sur l'aviation au début d'entretien. C'est que probablement, tous les usages de l'IA ne sont pas intelligents, ne sont pas vitaux. Et on devra probablement modérer, parce que non seulement on pose des questions à Tchad GPT qui nous répond... par écrit, mais quand on commence à demander à ces algorithmes de dessiner ou pire encore de faire des vidéos, là on arrive à des consommations d'énergie qui sont colossales. Et si c'est pour nous montrer Donald Trump en train d'embrasser Kamala Harris, je suis désolé, je pense que c'est pas des vidéos qui sauvent la planète. C'est clair.
- Bryan01
C'est vrai que c'est comme un audio sur WhatsApp est beaucoup plus énergivore qu'un message.
- Christian
Bien sûr.
- Bryan01
Mais il y a peu de personnes qui ont conscience de ça.
- Christian
Oui, le texte est moins énergivore que le son et le son est moins énergivore que la vidéo.
- Bryan01
Complètement. Christian, tu as parlé du bilan carbone, d'un compte carbone individuel. Je voulais savoir où tu en étais par rapport à cette pensée.
- Christian
Je pense que c'est une pensée qui peut se lire dans les récits futuristes. Effectivement, et puis Giancovici en France a parlé aussi, je crois, d'un compte aviation. Est-ce qu'il va falloir se rationner un jour ? Est-ce qu'on aura un jour une carte bancaire financière et une carte bancaire carbone ? sera capable un jour d'avoir une comptabilité carbone suffisamment fine pour nous indiquer à chaque achat qu'on fera, combien d'émissions on fait et de quelle manière notre compte carbone s'incrémente. On sait depuis les accords de Paris qu'on doit tous tenir à peu près avec une consommation de CO2 d'environ 1,5 tonne par an par habitant. On en est à peu près à 14 tonnes en Suisse. Donc voilà, l'effort est colossal. On sait qu'une personne seule, un citoyen seul ne peut pas à lui seul faire tout ce trajet. Il peut faire à peu près un tiers du chemin en se limitant. Mais deux tiers, c'est des décisions politiques, c'est des décisions systèmes. systémique. S'il n'existe pas d'alternative pour un déplacement en voiture, on ne peut pas me demander d'abandonner ma voiture. Et donc, ce n'est pas un défi qu'on peut réaliser tout seul. Mais ce n'est pas insensé de se dire qu'un jour, on devra avoir effectivement une comptabilité carbone qui descendra jusqu'au niveau de l'individu. Parce qu'il y a aujourd'hui une centaine de pays dans le monde, qui sont les plus pauvres, qui sont à moins d'une tonne et demie par habitant. Et c'est pas moralement acceptable que nous on maintienne notre niveau de vie à leur détriment, puisque c'est souvent ces pays-là aussi qui sont les plus vulnérables en termes d'événements climatiques. On dit et on sait aujourd'hui que tous les pays qui sont autour de l'équateur vont être difficilement habitables. Et en fait, si leur pays est difficilement habitable, c'est parce que nos émissions à nous, celles des pays développés qui sont l'Europe occidentale, les États-Unis, la Chine, l'Inde maintenant, sont en train de réchauffer la planète. Donc si nous, les pays riches, on ne fait pas un effort de réduction, on empêche en fait les pays pauvres de se développer un petit peu et d'émettre eux-mêmes un peu plus de CO2. Et en fait, c'est pas un problème de population pléthorique, comme je l'entends souvent, c'est un problème de niveau de vie. C'est-à-dire qu'en fait, l'effort doit être fait par les pays et les populations qui sont riches, parce que c'est elles, il y a une corrélation quasiment un pour un. entre mon pouvoir d'achat et mes émissions de CO2. Et donc même en Suisse, on a des gens qui sont proches du seuil de pauvreté, et bien eux n'ont pas beaucoup d'efforts à faire. On ne va pas leur demander de consommer moins, ils consomment déjà très très peu. Donc c'est ceux qui ont des pouvoirs d'achat plus importants qui vont devoir faire un effort. Et ce n'est pas impensable de se dire qu'un jour il y aura peut-être un compte carbone pour ces populations-là.
- Bryan01
Ce qui est sûr, c'est que... Ce sont justement ces populations, donc nous, qui avons le luxe de penser à ça aussi. Dans le sens, justement, nous on doit le faire parce qu'on peut. Tu vois les pays émergents, ils ont d'autres...
- Christian
Pas tous, ils ont d'autres chats à fouetter.
- Bryan01
Voilà, exactement.
- Christian
On ne va pas leur demander en plus de se préoccuper de leurs émissions. C'est ça. Ils ont le droit légitime comme nous on l'a eu. de se développer. Bien sûr, moi je suis choqué comme les autres quand je vois le Brésil qui déforeste l'Amazonie. Mais qu'est-ce qu'on a fait en Europe ? On a déforesté l'Europe. Nos ancêtres ont déforesté l'Europe. Les Américains ont coupé aussi toutes leurs forêts. Donc on ne peut pas dire à des gens, avec un jugement moral, vous n'avez pas le droit de faire ce qu'on a fait nous. Et par contre, si on estime que le poumon de la planète, c'est l'Amazonie, pourquoi ne pas... rémunérer les pays riverains de l'Amazonie s'ils s'engagent à ne pas déforester leur pays. Ça, ça serait un deal, je crois, acceptable. Mais simplement leur dire qu'ils ne doivent pas déforester, ils ne doivent pas se développer, je pense qu'ils ont du mal à l'entendre et ils ont raison. C'est sûr.
- Bryan01
On a parlé un peu d'IA, d'intelligence artificielle. Tu disais en introduction que tu l'utilisais un petit peu comme tout le monde. Mais concrètement, comment est-ce que tu l'utilises ? Ou à la remande, comment est-ce que vous intégrez l'intelligence artificielle, si elle est intégrée ?
- Christian
Alors, on est en cours d'analyse et de réflexion sur ces technologies. Je crois qu'il y a des usages assez horizontaux qui vont être présents dans toutes les entreprises. Globalement, pour moi, ce qui me fascine, c'est cet accès à la mémoire immédiate. Une des grandes inefficiences des entreprises, c'est que, notamment dans les grandes entreprises, le savoir est extrêmement répandu, dans plein plein de têtes, j'ai des experts, et c'est très difficile pour une personne à... instant t de mobiliser ce savoir or si c'est bien fait je pense qu'on peut arriver à sauvegarder tout ce savoir en finalement en numérisant l'ensemble des documentations commerciales techniques juridiques entreprise et de les mettre dans un cloud privé et demander ensuite à un algorithme intelligent d'aller de pouvoir répondre à toutes les questions intuitives que vont poser les collaborateurs pour avoir accès tout de suite à la réponse ça je pensais un gain de productivité très important pour les entreprises quelle que soit l'industrie après dans l'industrie de l'énergie plus spécifiquement eh bien on aura besoin d'intelligence artificielle je prends l'exemple très simple des prévisions météorologique à très court terme. Il suffit qu'il y ait un front nuageux qui arrive sur la Suisse romande pour qu'on constate une baisse immédiate de la production des panneaux solaires, ce qui peut amener à des demandes de soutirage sur le réseau qui peuvent être très importantes. A l'inverse, il peut y avoir aussi une éclaircie qui va tout à coup rejeter des électrons sur le réseau. Et ça demande donc des quantités d'électricité d'ajustement Cette électricité qu'on utilise à la dernière minute, qui vaut aujourd'hui extrêmement cher. Et si on n'améliore pas notre qualité de prévision à très court terme, on va avoir des factures d'énergie d'ajustement qui seront impayables pour nous. Et donc l'intelligence artificielle pourrait nous aider à faire des meilleures prévisions.
- Bryan01
et ça c'est un exemple concret de ce qui pourrait se passer dans le monde de l'énergie c'est intéressant que tu mentionnes cet aspect là parce que justement avec SolarSplit on a une collaboration entre autres avec le CSEM à Neuchâtel et là on va intégrer un modèle euh... un modèle de prévision de l'irradiation. Grâce à cela, on pourra ajuster dans le futur, mais à très court terme, par rapport à la météo, au climat.
- Christian
C'est indispensable. Aujourd'hui, on a à peu près 10% de notre électricité en Suisse qui est produite par les panneaux solaires. Ça veut dire à peu près sur 60 TWh, à peu près 6 TWh de solaire. La loi prévoit environ 35 TWh d'ici 2035 et 45 d'ici 2050. Donc on va faire x8 par rapport à ce qu'on produit aujourd'hui. Donc les thématiques... d'énergie excédentaire vont se démultiplier. Et quand il y aura des phénomènes météo mal prévus, et on en a eu, je crois que début avril, il y a eu une coulée de froid qui fait qu'il y a eu de la neige plus bas que prévue. Cette neige a recouvert les panneaux. On a été privé tout à coup d'électricité qu'on pensait avoir. Et Swissgrid a dû compenser ce manque à gagner avec de l'électricité qu'elle a dû acheter très cher et qu'on a dû nous aussi facturer à nos clients. finalement dans nos tarifs. Et donc c'est très très important que face à des quantités colossales de solaire, on comprenne bien qu'il va y avoir des enjeux de prévision très importants, des enjeux aussi pour le réseau électrique, qui va devoir subir des à-coups très importants. Et ça, ça va coûter, bien sûr, ça coûte de l'argent, de prévoir en fait ces appels de puissance. positives ou négatives, que nos réseaux vont devoir encaisser. Et ça, c'est tout à fait nouveau. Et on est au début de comprendre ça. Et on peut se pencher vers des pays comme la Californie ou des États qui sont plus avancés que nous, qui produisent encore plus de solaire que nous. Et on voit qu'à partir d'à peu près de 15-20% d'électricité solaire, on a des phénomènes en boucle qui rendent la gestion des réseaux de plus en plus difficile.
- Bryan01
Et c'est là, tu vois, où en introduction, on parlait de ce post que tu as publié par rapport au techno-solutionnisme. Typiquement, quand on parle d'un modèle de prédiction d'irradiation, où très concrètement, il y a un LLM, un langage d'IA qui est également entraîné pour cette partie-là, malheureusement, sans la technologie, on ne pourrait pas le faire. Et là, le delta par rapport à... Alors effectivement, derrière, encore une fois, je pense qu'il n'y a malheureusement pas tout le monde qui... qui comprend que derrière toute technologie, dans le soft, là en l'occurrence, tout ce qui est software, il y a un data center, il y a alors le cloud, et le cloud qu'est-ce que c'est ? C'est du physique quelque part. Mais ce delta-là, le gain qu'on va obtenir par le biais d'un côté effectivement des émissions en SUS supplémentaires, mais on va faire plus de biens, donc finalement le delta est positif par rapport à ça.
- Christian
C'est tout ça la difficulté du technosolutionnisme. Le technosolutionnisme consiste à dire que la technologie va nous sauver et qu'elle réglera tous nos problèmes. Or on sait que ce n'est pas vrai. Et les solutions d'aujourd'hui sont souvent les problèmes de demain. On a vu avec le nucléaire, la thématique des déchets, on le voit avec d'autres aspects comme les mines dont je parlais tout à l'heure. Donc la technologie va nous aider mais elle ne nous... ne dispensera pas de faire nous-mêmes des efforts, des efforts de changement de mode de vie, de sobriété, et on ne pourra pas se passer de ça. Et Giancovici, dans sa fameuse bande dessinée Le monde sans fin a très bien montré que, en fait, même dans un monde, dans une économie tertiaire où il y a principalement des services, où il n'y a pas d'industrie ni d'agriculture, même dans une industrie comme ça, derrière, il y a des machines, derrière, il y a des data centers, comme tu le dis, derrière, il y a des... Ils appellent ça des esclaves énergétiques qui nous suivent toute la journée et qui nous permettent de nous déplacer de A vers B, d'ouvrir nos ordinateurs, etc. Et donc même une économie ultra numérisée est une économie qui est très énergivore, qui émet beaucoup de CO2, et on ne le voit pas toujours parce qu'on n'utilise que la pointe de l'iceberg, mais derrière ça il y a toute cette infrastructure numérique qui est extrêmement consommatrice. Et donc... toute technologie est énergivore et il y a encore plus que les autres. Donc, on doit réfléchir à ça.
- Bryan01
Tu es très actif sur LinkedIn. Tu as presque 27 000 abonnés. Tu as écrit tes posts toi-même, tes articles. Et il y a un an, tu disais que tu essayais de prendre un café par semaine avec une personne qui t'avait contacté sur ce média-là. Est-ce que tu le fais toujours aujourd'hui ?
- Christian
Alors je ne peux pas dire que ce soit un par semaine, mais c'est assez régulier. Je dois reconnaître qu'il y a une chose sur laquelle je ne peux plus faire face, ce sont les sollicitations de fournisseurs, de coachs en tout genre, qui me promettent de sauver Romande Energie. Je ne réponds plus, parce que le temps physique de le faire, c'est plusieurs sollicitations par jour, et j'en suis désolé, et je m'en excuse à travers ton podcast. Par contre, quand c'est des étudiants ou des jeunes entrepreneurs, j'essaye, comme mon agenda le permet, d'aller effectivement à leurs rencontres. Il m'est arrivé aussi de faire quelques recrutements, ça peut m'arriver aussi. Et c'est toujours extrêmement enrichissant, mais je le fais un peu aussi au feeling. Ce n'est pas systématique, mais c'est tout à fait possible. Parce que pour moi, l'aboutissement d'un réseau social, c'est bien de mettre en relation des personnes. Et que ces personnes puissent se rencontrer.
- Bryan01
physiquement regarde qu'est ce qu'il ya là j'écris pas très bien ouais c'est le question de ma écrite le 4 du 11 2021 la première fois qu'on s'est rencontré à lausanne et aujourd'hui on est ensemble aujourd'hui un ensemble exactement donc tu vois tu es un exemple vivant que ça
- Christian
se passe
- Bryan01
complètement donc tu vois pour les gens qui nous écoutent on est fin août aujourd'hui 2024 là c'était fin donc j'ai dit 2021 donc ça fait 3 ans je t'avais sollicité pour un pour un podcast et tu m'avais dit écoute Bryan, c'est une période où j'en ai fait quelques-uns et donc là j'aimerais plus trop en faire en ce moment. Trois ans plus tard, on s'est croisés, je t'ai demandé est-ce que maintenant tu serais dispo et on est là.
- Christian
Avec grand plaisir. Merci beaucoup.
- Bryan01
Effectivement, moi je suis... Alors moi en fait je t'ai connu par le biais de Michel Perrin qui m'avait parlé de toi. En fait il n'avait pas mentionné ton nom mais j'ai compris que c'était toi parce que...
- Christian
Encore un Neuchâtelois.
- Bryan01
Encore un Neuchâtelois, c'est que des Neuchâtelois derrière moi. Il avait mentionné le fait, je crois que vous avez dû échanger par rapport au modèle holacratique ou par rapport au modèle horizontal. Donc il m'avait dit un CEO d'une grande entreprise dans le canton de Vaud et quelques jours ou quelques semaines plus tard, j'ai participé à un webinar dans lequel tu étais. dans le cadre du dit ici je sais plus exactement de ce que vous parlez mais donc j'ai fait lien et c'est là où en fait je t'ai vu la remande l'énergie a toujours été un secteur qui m'intéressait donc cette façon là que je t'avais contacté et donc pour revenir à toute cette partie là ce donc linkedin Quand et pourquoi est-ce que tu as commencé ?
- Christian
Je crois que c'est le plaisir de témoigner, de partager et d'instaurer un dialogue. Je crois qu'il y a quelques années, un dirigeant d'entreprise, il n'avait pas la place. facilement d'échanger, de dialoguer avec beaucoup de gens. On pouvait bien sûr aller voir des clients et je continue à le faire, rencontrer des collaborateurs, mais c'était difficile d'être en contact. avec beaucoup de gens. Aujourd'hui, les réseaux sociaux de qualité, et je trouve que moi, c'est le seul réseau sur lequel je suis, parce que c'est un réseau où il n'y a pas d'anonymat. Donc je pense que ça change complètement la dynamique de dialogue. Les gens ne se permettent pas les mêmes choses quand ils ne sont pas anonymes. Et donc, voilà, ça me paraît juste que chacun ait une opinion et qu'il puisse dire qui il est. Et pour moi, c'est une occasion d'échanger, de dialoguer, de réduire mon isolement, parce qu'un dirigeant est toujours quelqu'un d'isolé, de comprendre les critiques qu'on peut faire à notre entreprise, les questions que les gens peuvent se poser, et de prendre aussi beaucoup d'input et de contributions. Donc moi j'ai appris des choses. Quand je fais un poste, j'essaie de me documenter un petit peu sur le sujet que j'aborde, quand je ne le connais pas assez bien. Il y a des gens qui m'apprennent des choses, et de ce dialogue j'en retire beaucoup d'enrichissement. Et ça a contribué aussi à mon apprentissage du monde de l'énergie.
- Bryan01
C'est intéressant cette notion de l'anonymat. tu connais Cyrus Fazel ? de Swissborg ah oui bien sûr oui je connais Cyrus bon en fait c'est égal mais ce sera le prochain on a fait un podcast ce matin ensemble on a enregistré par contre il sortira après toi toi tu sors très rapidement dans une semaine Tout de suite, et ensuite ce sera Cyrus, exactement.
- Christian
Il faut l'écouter Cyrus.
- Bryan01
Oui, il est vraiment bien. D'ailleurs, normalement, je n'annonce pas le prochain invité. Les gens se rendent que le prochain est Cyrus. Petit teasing. C'est intéressant, lui, il est partout. Il est sur tous les réseaux sociaux. Et il disait que par contre, justement, ce qu'il aimait de LinkedIn, c'est que tu n'as pas l'anonymat. les gens tu vois où ils travaillent tu sais qui ils sont, ils ont on va dire une responsabilité donc ils ne vont pas dire n'importe quoi non plus par contre un X, anciennement Twitter un je ne sais pas Instagram ou autre là par contre tu peux te cacher tu peux juste un n'importe quoi une image d'un poussin et tu commentes et voilà donc c'est vrai que pour cet aspect-là, LinkedIn, est très intéressant. Et...
- Christian
Donc maintenant, j'aimerais changer de sujet. Tu as parlé de montagne, de forêt, où tu étais à Paris, où tu aimes la nature, où toi tu aimes la randonnée en montagne. Est-ce que tu as d'autres passions ou activités extra-pro ?
- Bryan01
C'est un petit peu difficile. J'ai un travail qui occupe une bonne partie de ma vie. Je me suis mis à la nage il y a deux ans sur l'impulsion de ma compagne qui a eu raison.
- Christian
Au lit, physiquement,
- Bryan01
en piscine, mais un petit peu le lac aussi. Je suis un piètre nageur et je continue à être un piètre nageur, mais ça me fait du bien. et puis l'avantage c'est qu'on peut y consacrer une demi-heure et puis après la journée on la passe mieux je trouve. Donc voilà, c'est une manière pour moi de... c'est à la fois une méditation, parce que quand on est dans l'eau comme ça c'est très méditatif, et puis ça fait travailler tout le corps et à mon âge maintenant qui commence à avancer, c'est un sport doux, donc voilà c'est pas comme la course ou sur du bitume, trop de choc. Donc voilà, j'apprécie aussi ça. Après, la culture est toujours un délassement pour moi, donc je lis pas mal, et puis de temps en temps, aller au... musée. Voilà, c'est des choses... Je vais moins souvent au cinéma, parce que c'est assez consommateur en temps. Je suis quand même allé voir Monte Cristo récemment. Beaucoup de plaisir à voir ce film.
- Christian
Et tu lis beaucoup, ça veut dire quoi ? Tu lis tous les jours ? T'essayes de lire tous les jours ?
- Bryan01
J'ai toujours 2-3 livres sur ma table de chevet, donc en parallèle.
- Christian
Donc c'est plutôt avant d'aller dormir ?
- Bryan01
Mais c'est plutôt utilitaire quand même. Donc c'est souvent la transition énergétique, d'accord. Voilà, c'est le sujet qui m'intéresse. Voilà, mais je lis pas mal, oui. Je suis abonné aussi à Philosophie Magazine. D'accord. Je trouve une lecture très salvatrice, parce que ça me fait réfléchir. On parlait de conscience et de lucidité, donc voilà, ça m'invite à me questionner. Et je trouve que c'est une revue de grande qualité. Donc voilà, je la lis toujours avec beaucoup d'intérêt.
- Christian
Tu es en train de me dire que la question du début que je t'ai posée, tu l'as évitée. Le qui es-tu, tu sais qui tu es.
- Bryan01
Le connais-toi toi-même ? Non, je pense qu'on n'a jamais fini de savoir qui on est.
- Christian
C'est clair. Donc, des lectures plus utilitaires en vacances, plutôt romans ou pas ?
- Bryan01
J'aime bien les biographies. Je viens de finir la biographie de Charlie Chaplin que j'ai acheté en revisitant à Vevey, à Corso, le manoir du banc. C'est toujours un personnage qui m'a fasciné. Donc, j'aime bien les biographies aussi.
- Christian
Et est-ce que tu aurais des livres à recommander ?
- Bryan01
Ouf !
- Christian
Peu importe que ce soit en leadership ou en transition énergétique.
- Bryan01
Oui, il y a beaucoup de livres qu'on peut recommander, bien sûr, mais un qui m'a marqué dans ma vie, dans cette notion de conscience, je disais, d'éveil, c'est un livre de Eckhart Tolle, qui est un grand spiritualiste, qui avait écrit Le pouvoir du moment présent Mais un de ses livres qui m'a le plus inspiré, ça s'appelle Une nouvelle terre que j'ai lu d'abord en allemand, qui est une langue fascinante, c'est la langue de la philosophie, et puis après en français, et qui m'a permis d'identifier l'ego qui cheminait avec moi. Je crois que je n'ai jamais été pareil après. Ça n'a pas eu d'ailleurs que des bons côtés, parce que quand on commence à ouvrir cette boîte-là, on n'a jamais fini de découvrir les recoins profonds de sa personne, les crombes du château, comme disait je crois. comment elle s'appelle, cette grande spiritualiste chrétienne dont j'ai oublié le nom à l'instant c'est pas bien tu peux pas t'aider malheureusement mais voilà, c'est un livre formateur sur...
- Christian
Edouard comment ?
- Bryan01
Eckhart Tolle c'est un allemand je crois qui vit au Canada
- Christian
Et d'autres ressources que tu recommanderais ?
- Bryan01
Je crois que pour avoir ce niveau de conscience, il faut essayer de se donner du temps calme. La méditation sous toutes ses formes est certainement un espace salvateur.
- Christian
Toi tu médites ?
- Bryan01
Je médite pas tous les jours, mais de temps en temps. J'ai la chance, moi j'habite Sougar à Lausanne, qu'on ait une petite chapelle urbaine, comme on les appelle maintenant, qui s'est ouverte au pied de la gare. boulevard de grancy et qui est multi confessionnel donc voilà il ya tous les matins à 7h15 je fais un peu de pub une méditation guidée où on passe une demi-heure en silence et il m'arrive de m'y rendre pour bien commencer la journée. Donc entre la piscine à Malais ou la méditation à Boulevard de Grancy, c'est des manières différentes mais des bonnes manières de démarrer la journée.
- Christian
Et tu as un chien ?
- Bryan01
Ma compagne a un chien qui est devenu un peu aussi mon chien, puisqu'on ne vit pas ensemble, mais je le vois tous les jours. Et il me fait la fête quand j'arrive. Et il m'accompagne dans les balades en montagne. Il vieillit malheureusement, mais oui, on a un chien. Un bigelarié.
- Christian
Un bigelarié.
- Bryan01
C'est magnifique comme chien. Pas facile à éduquer. C'est un chien de grâce. Ah oui, oui. C'est toujours du mal à le... C'est ça, oui. On a toujours peur quand on lui enlève le malheur. Il le sauve. Il s'est sauvé déjà plusieurs fois. Ah oui, j'imagine. Mais c'est un chien merveilleux.
- Christian
Dans l'instinct, l'odorat. C'est clair. D'accord. Tu disais, avec tes fonctions, tu es très pris par rapport au travail et autres, mais une semaine pour toi, c'est quoi ? Tu bosses tout le temps les week-ends ou pas ? Comment ça se passe ?
- Bryan01
J'essaie de garder le dimanche après-midi pour préparer la semaine. Selon l'importance de la préparation, ça peut commencer le dimanche après-midi. après-midi à 14h, à 16h ou à 18h. Ce n'est pas toutes les semaines qui ont la même densité. Après, la semaine s'enchaîne avec pas mal de rencontres. J'essaie quand même de préserver des moments pour moi où je ne prends pas de rendez-vous pour être disponible en cas de besoin pour tel ou tel ou pour réfléchir aussi à tel ou tel aspect de l'entreprise. C'est comme ça que les réflexions stratégiques peuvent émerger. Il y a toujours des moments où j'essaie d'avoir une fois dans la semaine un moment de méditation ou de nage et aussi le week-end et puis voilà la semaine passe vite et puis après sinon dans le samedi ou le dimanche matin c'est en général du ski de la randonnée ou de la promenade avec le chien ou nager dans le lac des choses très simples voilà et puis de faire des courses on a toujours besoin aussi de régler ses affaires toi aussi tu fais des courses ? je fais des courses
- Christian
je t'embête mais le qui pousse dans tout le monde est coupé ok d'accord donc c'est très intense de de lundi à vendredi et le dimanche après midi c'est pour préparer ta ta ta ta ta semaine qui
- Bryan01
arrive oui mais il doit y avoir de la flexibilité et 1 c'est ça qui permet la technologie moi j'avais un patron chez suisse comme qui me disait christian si tu vois un jour une journée magnifique et que c'est le moment de partir en montagne même si c'est un jour de semaine vas-y Et je crois qu'on a cette flexibilité-là. Donc il peut m'arriver de piquer une tête dans le lac un après-midi si je peux le faire. Et puis il n'y a aucun problème pour moi de préparer ma semaine ou de travailler le samedi si je n'ai pas fini. La vie, j'aime pas cette répartition vie professionnelle-vie privée. Pour moi c'est la vie. Et le travail c'est la vie. Ce que je fais me passionne. J'ai cette chance. Et donc pour moi c'est toujours la vie qui coule. Et donc, je peux avoir des moments de vie privée dans la semaine et des moments de vie professionnelle dans le week-end. L'essentiel, c'est que j'accomplisse ma fonction, ma tâche. Je ne suis pas payé pour faire des heures, je suis payé pour développer l'entreprise et l'amener à un certain point. Et ça, ça passe bien sûr par une charge de travail qui est importante. Mais comme je dis souvent à mes collègues et mes collaborateurs, ma journée fait 24 heures, la leur aussi. Et donc, je ne peux pas travailler beaucoup plus qu'eux non plus. On a tous... on a tous une charge de travail à accomplir et peu importe en fait quand est-ce qu'on l'a fait on est assez généreux sur le télétravail et moi je suis partisan de cette flexibilité donc si quelqu'un a un rendez vous de médecin dans la semaine ça m'arrive aussi qu'il le fasse et puis s'il a besoin de travailler une heure dans son week-end personne lui interdit de le faire ce qu'il faut pas c'est que le travail prenne toute la place et qui est pas de moment de ressourcement Là ça devient dangereux. Et la thématique de la surcharge c'est une vraie thématique qu'on connaît aussi chez Romande Energie, qui nous affecte aussi, et sur laquelle on n'a pas forcément toujours des moyens de se protéger parce que le monde est devenu plus connecté et c'est plus difficile de débrancher, ça crée une fatigue mentale plus importante. Et il faut en être conscient, il faut avoir un peu de discipline. Par exemple, je pense qu'on a le droit d'écrire des emails le week-end. On n'a pas forcément le droit de les envoyer. Parce que si on les envoie, surtout moi, ça va créer une injonction de réponse immédiate qui n'est pas bonne. Et donc il vaut mieux les stocker et les envoyer le lundi matin.
- Christian
Complètement. Je suis partisan de cette même philosophie, même les soirs. Parfois il m'arrive, peut-être un peu trop souvent, de faire les mails les soirs, mais je ne les envoie jamais le soir. Pour plusieurs raisons, il y a la question, et ça je le dis tout le temps à nos collègues, à nos équipes. Il y en a certains qui s'enjeulent, donc je leur dis mais attention, il faut vous protéger. Si vous répondez constamment à un client, lui, il va vous manger. Lui, il va s'attendre à que vous lui répondiez tout le temps. Il va s'attendre. J'ai vu qu'il m'a envoyé un mail à 19h50. Je lui réponds et il va vouloir qu'on lui réponde.
- Bryan01
Je me fixe un ligne de conduite de répondre à des gens qui m'écrivent, de répondre en 48 heures. Il y a plein de sollicitations où je ne réponds plus, j'avoue. Donc quand je reçois des emails de fournisseurs que je ne connais pas, en anglais, qui viennent de je ne sais pas où, je ne peux plus répondre, je m'y trouve. Mais sinon, des gens que je connais, j'essaye de répondre en 48 heures, des clients bien sûr, ou de demander à mes équipes de répondre en 48 heures. Après, il peut y avoir des moments de crise, il peut y avoir des clients qui sont dans une détresse, ou des collaborateurs. Là, il faut effectivement répondre tout de suite. Mais je crois qu'il faut savoir doser et tout n'est pas urgent.
- Christian
Non, c'est ça. Je suis complètement d'accord avec toi. S'il y a une urgence, mais une urgence réelle, il faut aussi voir la priorisation. Là, c'est autre chose. Les cas auxquels je pensais, ce n'était pas d'urgence. C'est de la mauvaise gestion des priorités.
- Bryan01
Moi, je n'aime pas, ce n'est pas le mot qu'il faut que j'emploie, mais j'ai du mal à adhérer, par exemple, à ce qu'on voit au Japon, où semble-t-il l'injonction d'être en permanence disponible pour son patron existe jour et nuit. Ça, je pense que ça va trop loin. Après, c'est un modèle de fonctionnement qui est différent du nôtre. Il faut faire attention à ces injonctions-là. Elles ne sont pas humainement tenables.
- Christian
Complètement. Christian, j'ai instauré un concept il y a maintenant un long moment c'est un ancien invité qui pose une question à un futur invité, mais il et elle ne sait pas à qui il va poser cette question et la question est la suivante quel est le métier que tu aurais rêvé de faire ?
- Bryan01
il y en a deux météorologiste, ce qui est assez drôle avec le changement climatique aujourd'hui ingénieur météo, mais j'étais pas assez bon en maths d'accord donc j'ai pas fait la filière en France Mathsup, Maths.p, je fais la filière HEC et puis guide de montagne qui pour un parisien est pas non plus évident mais j'ai été inspiré par René Demaison je crois qui était parisien et qui a fini par être guide de montagne, qui était un grand alpiniste. Donc j'étais au club alpin français et j'ai été au Barabcadet et j'allais tous les dimanches prendre le train pour aller à Fontainebleau et dans les différents sites de Fontainebleau, où il y a des escalades en blocs, avec des couleurs de pistes, qui ne sont pas des pistes de ski, mais des couleurs de difficultés. J'ai usé mes fonds de culotte à faire des blocs. Mais je n'ai pas persévéré, je ne suis pas allé jusqu'à devenir guide de montagne. Je ne sais pas si j'aurais été un bon guide, je ne crois pas. Je ne suis pas aussi casse-cou que ça parfois. Mais j'ai toujours été fasciné par la montagne. Donc c'est vrai que je ne suis pas un alpiniste, je suis un marcheur.
- Christian
Fasciné par la montagne et la nature ?
- Bryan01
Fasciné où je me sens dans mon élément, puis ça me repose énormément. Je suis quand même quelqu'un d'assez hyperactif, donc ça m'apaise beaucoup. Je suis un contemplatif quand même. Je peux passer des heures à contempler un paysage. J'étais en Namibie, on a fait quelques sundowns, comme ils appellent ça. Oui. On est là, on regarde le soleil se coucher, et c'est extrêmement apaisant.
- Christian
Et sur ces paysages qui sont extraordinaires.
- Bryan01
Extraordinaire, enfin le désert c'est fascinant. Sous toutes ces formes, j'ai passé des heures merveilleuses dans différents déserts, et je trouve que le désert nous met face à nous-mêmes, face à l'immensité du monde. On peut voir des ciels, j'ai revu des ciels en Amélie que je ne voyais plus en Europe depuis que j'étais scout. où je vivais face à la Waalactée quand j'étais tout jeune, ça n'existe plus en Europe aujourd'hui. Il y a trop de pollution lumineuse et de pollution tout court. Donc voilà, le désert, c'est aussi la vue sur le ciel.
- Christian
Complètement, oui.
- Bryan01
Et quand on regarde le ciel, on a des pensées métaphysiques. On se pose des grandes questions sur l'origine de l'univers, l'origine de l'homme. On voyage dans le passé puisqu'on voit des mondes qui ont disparu. Donc c'est fascinant.
- Christian
On arrive malheureusement gentiment à terme et j'ai une dernière question pour toi. Qu'est-ce que le succès ?
- Bryan01
Le succès c'est de réussir sa vie et pas de réussir dans sa vie. C'est de faire ce qu'on aime et ça c'est une chance énorme d'être bien avec soi-même. Je pense que la seule responsabilité qu'on a dans ce bas monde, c'est d'être bien avec soi-même. Si tout le monde était bien avec lui-même, il n'y aurait pas de conflits, il n'y aurait pas de disputes, il y aurait beaucoup moins d'énervements à tous les niveaux.
- Christian
Cette nuance que tu apportes, sa vie, dans sa vie, tu entends... Non, la vie, tu as dit la vie.
- Bryan01
Réussir sa vie, c'est ça. Oui, et pas forcément de réussir dans la vie. Donc, ce n'est pas le niveau social que j'atteins, ce n'est pas la richesse que j'atteins. C'est d'être bien avec soi-même, d'être épanoui, de faire ce qu'on aime, d'avoir des amis. Je pense que c'est ça les marqueurs de la réussite. Et ce n'est pas donné à tout le monde.
- Christian
Non, ça clé. Merci beaucoup Christian. Est-ce qu'il y a un élément que tu aimerais, ou je ne sais pas, dont on n'aurait pas parlé, que tu voulais absolument partager ou autre ?
- Bryan01
Non, je ne crois pas. Je crois que, voilà, moi j'arrive un peu à la fin de ma carrière professionnelle. Il y en a beaucoup, beaucoup de jeunes qui la débutent. Et vraiment, je crois de leur dire que c'est important qu'ils... qu'ils aillent vers ce vers quoi ils aiment moi j'ai un fils qui a toujours rêvé d'être qu'a toujours été fasciné par le théâtre de marionnettes et puis je lui ai toujours dit comme un vieux père qu'on qu'il fallait qu'il fasse qui pense à gagner sa vie à faire un job qui le permettent de voilà de vivre correctement et lui aujourd'hui il est en train de réussir son son rêve qui est de nourrir un théâtre de marionnettes Et je ne sais pas s'il en vivra, lui-même ne le sait pas, mais de voir l'énergie que ça lui donne et le bonheur que ça lui donne de faire ce qu'il a toujours rêvé de faire, c'est un merveilleux accomplissement qu'il fait à 30 ans. Et donc je crois que voilà, s'il y a un conseil à donner à des jeunes, c'est d'aller vers ce qu'ils ont, de réaliser leurs rêves, de réaliser ce qui les attire. On verra bien où ça les mène. Parfois il faudra concilier le rêve avec l'utilitaire, mais ne pas faire de la vie professionnelle un long ennui, où la vie ne se passe qu'après le travail. Je pense que c'est très très triste. Et je pense que le travail c'est un lieu d'épanouissement. Le travail c'est non seulement un gagne-pain, Ça c'est le bas de la pyramide de Maslow, ça me permet de gagner ma vie, mais aussi de faire des projets du coup, avec ma famille, de pouvoir me projeter. C'est un lieu de socialisation, donc c'est un lieu où on rencontre des collègues, on l'a bien vu au moment du Covid, que quand c'est plus là, ça nous manque. Donc c'est un lieu de lien social, et on sait que le lien social c'est un attribut très important du bonheur, c'est prouvé par les études. Mais aussi, ça c'est le haut de la pyramide de Maslow, c'est un lieu où on peut s'épanouir. Si on se réalise, c'est-à-dire qu'on fait des tâches qui me permettent de me réaliser, ça peut être des tâches manuelles, ça peut être des travaux intellectuels, peu importe, et malheureusement toutes les entreprises et toutes les fonctions ne donnent pas l'occasion de faire quelque chose où on se réalise. Et je pense qu'il faut qu'on réapprenne à honorer le fruit du travail. Et sur ces trois dimensions... La sécurité d'avoir un gain de pain, de pouvoir nourrir ma famille, faire des projets, avoir un toit. Deuxième dimension, le lien social. Troisième dimension, se développer comme personne. Le travail, c'est magnifique. Je ne peux pas comprendre ces cultures où on dit que la vie se passe après le travail. Il faut que le travail dure le moins longtemps possible et qu'on prenne sa retraite le plus tôt possible. Non, je trouve que c'est dommage. on passe à côté de quelque chose de riche.
- Christian
Ne pas attendre le vendredi pour profiter.
- Bryan01
Alors voilà, c'est facile à dire. Je sais qu'il y a des jobs qui sont des jobs inintéressants, qu'il y a un travail qui peut être abrutissant ou très très fatigant. Et là, bien sûr, la question se pose en d'autres termes. Donc j'ai bien sûr conscience de ça. Mais en même temps, je pense que ça peut être un lieu d'épanouissement si la personne le recherche et si l'entreprise le permet.
- Christian
Merci beaucoup.
- Bryan01
Merci à toi, merci de l'invitation.
- Christian
Grand plaisir, merci d'avoir accepté.
- Bryan01
Plaisir,
- Christian
à bientôt. Ciao ciao Christian. Merci d'avoir écouté l'épisode en entier et pour m'aider à continuer, abonne-toi au podcast sur ta plateforme préférée et sur Youtube. N'oublie pas de donner ton avis en le notant avec la meilleure note possible et de le partager autour de toi, c'est ce qui m'aide à continuer. Rendez-vous le 26 septembre pour ma quatrième collab avec IFJ. Ciao ciao !