- Noam Yaron
J'aime bien dire que quand j'arrive dans l'eau, à Calvi pour le départ, et qu'on a cette fenêtre météo qui est plus ou moins dessinée sur 5 jours, 5 nuits, pour moi j'ai déjà fait le plus dur. Pour moi j'ai déjà réussi en fait. Alors que le monde voit que ça.
- Bryan Umana
Et on se rend compte de l'ampleur d'un projet comme celui-ci.
- Noam Yaron
Dimanche soir, le soir avant de partir, on a un des pilotes qui pète un câble, aujourd'hui j'arrive toujours pas à comprendre pourquoi, qui dit moi ce soir je rentre chez moi
- Bryan Umana
J'ai envie de suivre et voir quelle sera cette nouvelle aventure.
- Noam Yaron
Après 48 heures de nage dans l'eau salée, en fait, les cristaux de sel et les frottements avec ma combi ont commencé à créer des brûlures, voire même des grosses coupures sous ma peau.
- Bryan Umana
Comment est-ce qu'on s'entraîne à gérer justement ce qu'on ne contrôle pas ? Salut les amis et bienvenue sur mon podcast. Dans mes épisodes, j'échange librement avec des entrepreneurs ou des experts passionnés sur des thèmes variés comme le sport, l'éducation et la santé. Je suis Bryan Umana. associé gérant de l'entreprise Wilight telecom, spécialiste en infrastructures informatiques et téléphonie, COO et associé de la startup SolarSplit, une plateforme qui veut démocratiser l'investissement dans l'énergie solaire, enthousiaste de sport et de développement personnel. Pourquoi ce podcast ? Pour apprendre, être inspiré et partager tout ça avec toi. Dans cet épisode, j'échange pour la deuxième fois avec Noam Yaron, éco-aventurier engagé, athlète d'ultra-endurance et créateur de contenu. Noam s'est notamment illustré en 2021 en traversant le lac Léman à la nage, ... 75 km en 1953, puis en 2022 en enchaînant la traversée des 5 plus grands lacs de Suisse en 11 jours, soit environ 70 km. En 2023, il réalise un triathlon XXL à travers la Suisse, d'est en ouest pour un total de 750 km. Mais c'est en 2024 qu'il tente la traversée la plus folle de sa vie, relier Calvi à Monaco à la nage. Une première tentative s'arrête après 48 heures à la demande de son équipe. Un an plus tard, En 2025, il repart et réussit un exploit hors norme, 191 km en 103 heures sans sortir de l'eau. Ensemble, on parle de son alter ego rencontré dans des moments de fatigue extrême, des coulisses d'un projet aussi ambitieux, entre logistique, sponsors et équipe, de la décision d'arrêter à 2 km de l'arrivée, de sa résilience après son hospitalisation, de gestion mentale, d'inconnus et de bien d'autres sujets encore. Je ne te retiens pas plus longtemps mais avant, Pour m'aider à grandir et à continuer, je te demande une seule chose, c'est de t'abonner à la plateforme de podcast sur laquelle tu l'écoutes, de laisser ta meilleure note possible, c'est-à-dire 5 étoiles, et de commenter. C'est ce qui fait grandir le podcast et qui me permet d'inviter plus de personnes. Je suis aussi sur Instagram, et notre nouveau site internet est en ligne. Tu y trouveras toutes les références citées durant l'épisode. Bienvenue dans mon podcast et bonne écoute ! Noam, tu as dit dans un podcast, je souligne le fait que si vous êtes dans un moment difficile, vous avez l'impression que rien ne vous sourit, que toutes les portes se ferment, c'est peut-être que vous êtes bel et bien sur le bon chemin, et c'est celui de tracer un chemin qui n'existe pas, et qui est semé d'embûches et qui crée peut-être d'autres choses beaucoup plus belles au bout du tunnel. Il m'a fallu cette interruption, cet échec, pour me rendre compte que lorsque ça devient difficile, c'est qu'on fait quelque chose de bien. Et les choses bien, c'est les choses qui prennent du temps et ils font un peu de patience. Aujourd'hui, avec du recul, est-ce que tu peux me raconter quand est-ce que tu as ressenti ça ?
- Noam Yaron
Alors, pour moi, cette phrase, je ne me rappelle même plus quand je l'ai dite.
- Bryan Umana
Tu le disais en amont que tu as fait plus de 300 interviews en deux mois, donc...
- Noam Yaron
Exact, oui, c'est vrai. Non, alors, cette phrase... Elle fait tout autant écho aujourd'hui que quand j'ai pu la dire. Je pense que c'était après ma première tentative. C'est ça. C'est mon accord en 2024. Et c'est presque une phrase, je dirais, qui résume un peu ma vie. C'est que je me suis toujours senti à contre-courant, en fait, de la façon de penser, de faire les choses, d'oser faire les choses, de se prendre refus après refus. On a l'impression, surtout de l'extérieur, et c'est parce qu'on ne le communique pas. et ce sera aussi l'occasion de... de le partager dans d'autres formats comme un documentaire ou un livre et pas 15 secondes sur les réseaux sociaux. Mais on a envoyé plus de 1500 demandes, je crois, de sponsoring. Et si on compte le nombre de vrais sponsors qu'on a sur notre site, c'est moins de 10. Donc c'est pour dire à quel point on s'est battu pour avoir finalement ce qu'on a eu. Et c'est vrai que ça a été très, très difficile de monter ce projet, de traverser de Calvi à Monaco à la nage, de battre ce record du monde. Par défaut, quand on fait quelque chose que personne n'a jamais fait avant, il y a plein d'inconnus, que ce soit logistique, mais aussi du budget, de quoi prévoir, comment anticiper tout ça. Et c'est vrai que ça a été vachement difficile, surtout en tant que chef de projet, athlète, et puis d'avoir toutes ces casquettes aussi à porter en parallèle de tout ce qu'il fallait gérer. Mais non, en tout cas, c'est une phrase que je redirais facilement aujourd'hui, je pense.
- Bryan Umana
Et pour réussir cette deuxième tentative, pour les gens qui ne te connaîtraient pas, évidemment tu vas te présenter et puis on va faire le tour de tout ce que tu as fait. Mais cette deuxième tentative, quel a été l'élément, si on y a eu un seul ou plusieurs, le plus inconfortable que tu as dû faire pour la réussir ? La réussir ? De la façon que tu l'as réussi.
- Noam Yaron
Pendant ou avant ?
- Bryan Umana
Avant.
- Noam Yaron
Avant ?
- Bryan Umana
Oui.
- Noam Yaron
Très bonne question. Avant, je dirais la partie la plus difficile, ça a été quand on a perdu un énorme sponsor au début de l'année, qui nous a mis dans des grosses difficultés. Un sponsor qui est parti un peu sans vraie raison valable, et puis dans des délais, et puis sans forcément honorer toutes les parties de son contrat, en tout cas quand ils l'ont arrêté. Donc on a dû leur courir après, et puis encore aujourd'hui, on n'a pas forcément eu ce qu'on aurait dû avoir, mais bon, ça fait partie de la vie. Et puis, ce qui est difficile, c'est que moi j'ai toujours été hyper positif, sinon on ne se lance pas dans ces projets comme ça, mais aussi très réaliste. Et c'est vrai que là, je suis arrivé aussi à ma limite de cette espèce d'entre-deux entre on est optimiste, on sait que ça va le faire, et il faut croire que ça va le faire, sinon on n'y va pas. Surtout dans un projet comme ça qui fait déjà bien assez peur physiquement, mais de l'organiser c'est encore pire. Et puis il y a vraiment cette partie de financement qui était vraiment très très difficile cette année. Et ce qui est vraiment très risqué et que je fais depuis toujours et qu'aujourd'hui je pense je ne le referai pas forcément comme ça avec 5 ans maintenant d'expérience et un défi chaque été, c'est qu'on annonce nos défis avant même de les avoir financés. d'un côté on provoque la chance donc on... On montre ce qu'on a envie de faire, tout le monde est au courant, on attire l'attention des médias, sur les réseaux sociaux et ça nous donne aussi une crédibilité. Chaque année, j'ai l'impression qu'on réussit plus ou moins bien nos défis, que ce soit en termes sportifs ou en termes de communication, d'impact et du coup de retour sur investissement des sponsors. Et chaque année, je me dis que ça va être plus facile, les gens vont venir nous voir et ce n'est jamais le cas, jamais. C'est un peu, pour le coup, assez pessimiste comme constat, mais c'est pour dire que même à mon niveau, où on a beaucoup à offrir, où on est vraiment une référence aussi en termes d'impact, en utilisant le sport pour la nature, on a touché à peu près, on a fait les comptes, on est à peu près à 230 millions de vues cette année. C'est énorme. Il y a très très peu même de créateurs, on va dire, qui font ça, et nous on l'a mis en faveur de l'environnement, en faveur des enjeux de la Méditerranée. De communiquer sur tout ça en deux langues, on se donne une peine monstrueuse à construire des contenus qui font sens, et puis d'aller voir aussi des experts, des scientifiques pour construire nos messages, et pas juste aller taper sur ChatGPT, c'est quoi les cinq enjeux de la Méditerranée, pour rendre notre projet plus sympa à communiquer, c'est pas du tout ça. Moi j'ai autant passé d'heures dans l'eau qu'à me former sur la cause. Et ça, on ne le voit pas parce qu'on ne le montre pas, ce n'est pas sexy d'être là à faire des heures au téléphone avec des experts requins, de savoir si je vais en croiser un ou pas, si j'en croise un, qu'est-ce qui se passe, pourquoi c'est important de parler des requins, pourquoi il faut que les gens dédramatisent ce côté « oh mon Dieu, un requin » , etc. Et du coup, on ne se rend pas du tout compte du niveau de détail. C'est pour ça que j'aime bien dire que quand j'arrive dans l'eau, à Calvi pour le départ, et qu'on a cette fenêtre météo qui est plus ou moins dessinée sur cinq jours, cinq nuits, pour moi, j'ai déjà fait le plus dur. Pour moi, j'ai déjà réussi, en fait. Alors que le monde voit que ça.
- Bryan Umana
C'est clair.
- Noam Yaron
Et c'est ça qui est hyper difficile à partager. Et c'est pour ça qu'on est en train de réaliser un gros documentaire. J'aimerais beaucoup aussi écrire un livre. J'étais à Paris, justement, hier, un peu avant de venir, pour enchaîner, ouais. On a fait presque 300 apparitions médiatiques en deux mois. Enfin, c'est énorme. C'est vraiment énorme. Et du coup, on a vraiment ce... Même là, en racontant cette histoire des dizaines et dizaines de fois, avec plein d'angles différents, avec des questions toujours intéressantes à creuser, je ne me rends toujours pas compte aujourd'hui que j'ai réalisé ça. C'est ça qui est aussi un peu bizarre, c'est d'avoir tous ces gens qui te félicitent et puis toi tu te dis, en fait quelque part j'ai l'impression que ce n'est pas moi qui l'a fait.
- Bryan Umana
Tu parles aussi de ton alter ego.
- Noam Yaron
Oui, beaucoup. On peut parler un peu de ça, c'est ce que j'ai rencontré finalement pendant la traversée. C'était hyper spécial, c'était je sais plus quelle nuit. où tout d'un coup, j'ai commencé à entendre des voix. Donc là, je me suis dit, waouh, on arrive dans un niveau de fatigue fou.
- Bryan Umana
Tu te dis ça ?
- Noam Yaron
Ouais, ouais.
- Bryan Umana
Tu te dis, là, je suis fatigué.
- Noam Yaron
C'est très bizarre comme sentiment et je n'arrive pas trop à l'expliquer à l'oral. C'est qu'en fait, avec la fatigue, tu as des hallucinations et puis tu es tellement fatigué qu'en fait, tu commences à voir des choses différemment, puis à entendre des voix. Mais il y a une partie de toi qui est quand même consciente, vraiment. qui reste un peu concentré et qui se dit genre, ah ouais, on est en train d'halluciner, donc on comprend que ce n'est pas normal. Et d'un autre côté, on laisse cette sensation un peu nous envahir un peu. Et du coup, c'était pendant une nuit où j'ai commencé à entendre une voix qui se présente, qui me dit, voilà, je suis ton alter ego. Et puis, on a vraiment une discussion entre moi et cette voix dans ma tête. Et qui m'explique, voilà, je suis de ta partie sportive. Et puis, cette voix me raconte plein d'anecdotes de mes anciens défis, de la traversée du Léman, des cinq plus grands lacs de Suisse en 11 jours, du triathlon que j'ai fait avec vraiment zéro expérience en vélo pratiquement, où j'ai fait les plus gros cols de Suisse, sous 40 degrés, en pleine canicule, enfin, la folie. Et plein de moments hyper précis que même moi, je ne me rappelais pas. C'est-à-dire, si tu me demandais aujourd'hui de citer des moments difficiles dans mes projets, je ne citerais pas ceux-là. Et vraiment, des moments hyper précis, et c'est là où je vois que c'est mon subconscient qui parle, et qu'en fait, avec la fatigue, tu te connectes vraiment à ton toit intérieur un peu, ton instinct de survie finalement, qui te dit des choses. Moi, ça s'est traduit avec cette voix. Et qui me disait, à ce moment-là, c'est moi qui t'ai poussé à aller plus loin, c'est moi qui ai pris les commandes. Et puis c'est vrai que c'est des moments où je me suis posé aussi la question. Après coup, en entendant cette voix, c'est vrai que comment je l'ai fait pour surmonter ça, le froid, la chaleur, la douleur, la difficulté, le manque de sommeil. Et en fait, c'est vraiment fou. Et du coup, je l'ai appelé Léon, comme Léon Marchand, évidemment. Et je lui ai dit à un moment donné, si tu existes vraiment, prouve-le-moi en deux mots. Et en gros, il m'a dit OK, tu peux dormir, va dormir et tout. Et puis, je prends les commandes pendant une heure. Et je dis OK. Et donc, voilà, je me laisse partir et je nage. Et je m'arrête après mon heure de nage, parce que je nage à peu près des sections de 60 minutes avec 5 à 10 minutes de pause pour manger, se reposer, etc. sur le dos, genre en restant dans l'eau. Et là, je dis à l'équipe, qui ça a été filmé, vous devinerez jamais quoi et tout. J'ai rencontré mon alter ego, il s'appelle Léon. Et je lui ai demandé de nager pour moi pendant cette heure-ci. Puis l'équipe me dit... T'as jamais nagé aussi vite.
- Bryan Umana
Ah ouais ?
- Noam Yaron
Et là, tu te dis, c'est fou, en fait. Il y a un espèce de... Enfin, il y a un univers, en fait, une dimension. C'est vraiment ça qu'on ne maîtrise pas parce qu'on est tellement absorbé par tous ces stimuli extérieurs, nos téléphones, enfin, tout et n'importe quoi, qu'en fait, on n'est pas du tout connecté à nous-mêmes, en fait. Et pendant cette traversée, j'ai vraiment rencontré une partie de moi-même qui ne m'a pas du tout fait peur, qui ne m'a pas du tout... Enfin, surprise, mais de me dire, en fait, il y a tellement de dimensions. Et pour quelqu'un d'assez cartésien comme moi, c'est vrai que c'était un peu bizarre. Mais il y a des choses, en fait, qu'on ne peut pas expliquer avec vraiment des preuves et des calculs ou des trucs comme ça. On a aussi beaucoup travaillé, en parallèle assez intéressant, avec des coupeurs de feu. C'est quelque chose qui est très connu dans le Jura, notamment. D'ailleurs, la personne qu'on avait contactée était dans le Jura, puisqu'après 48 heures de nage... Dans l'eau salée, en fait, les cristaux de sel et les frottements avec ma combi ont commencé à créer des brûlures, voire même des grosses coupures sous ma peau. Et donc, c'est extrêmement douloureux. Imagine, chaque coup de bras que tu fais, t'as ton aisselle qui s'ouvre, qui se referme avec cette coupure entre les deux. Et en fait, il y a quelqu'un de mon équipe, c'était pas du tout prévu, qui a commencé à dire « Ah ben, je vais appeler quelqu'un qui a le secret et lui demander en gros d'arrêter ces douleurs, quoi. » Et moi, j'étais là, mais... Enfin, au secours, quoi. Et en fait, on appelle cette personne, je me présente, on lui explique un peu ce qu'il faut faire. Donc, on tient le téléphone, moi, je suis dans l'eau, je lui parle. Et elle me dit, OK, c'est tout bon, dans deux minutes, tu ne sentiras plus rien. Je suis là, bon, ben, on verra, quoi. Deux minutes après, je ne sentais plus rien. Et on a appelé cette dame pendant trois jours et trois nuits, les trois jours d'après. Et à chaque fois, deux minutes après, il n'y avait plus rien. Pendant une, deux, trois heures. Et après, il fallait la rappeler. puis c'était fou Ça aussi, c'est des trucs où on y croit, on n'y croit pas. Mais en fait, je n'aurais jamais réussi cette traversée sans tous ces petits... Ces petits pourcentages qui m'ont permis de faire un coup de bras de plus, un kilomètre de plus, dix kilomètres de plus, puis finalement, arriver à ces 191 kilomètres, ces 102 heures 24 minutes passées dans l'eau. Puis en fait, on se rend compte que c'est... Enfin, je ne me suis pas rendu compte ni en le préparant, ni en nageant, à quel point c'était extraordinaire, en fait. C'est après coup, quand on regarde les plus longues nages en Méditerranée, c'est 142 kilomètres, on a fait 191, donc pratiquement 50 kilomètres de plus. C'est énorme. Il y a d'autres parties du monde où il y a des nages qui ont été faites avec des courants plus ou moins favorables, donc qui sont un peu plus longs que 140, environ 169, je crois. Mais avec le Gulf Stream, par exemple, donc c'est incomparable. D'autres qui ont été faites en longeant la côte, donc ce n'est pas de la haute mer, donc pas du tout soumis aux courants comme nous, on a eu. Et puis, en fait, on se rend compte qu'on explose. En fait, toutes les références, c'est tout ce qu'on pensait réalisable. finalement pas grand chose moi qui ai un corps, si tu me croises dans la rue t'as pas du tout l'impression que j'ai un record du monde puis c'est ça aussi qui est le message que j'aimerais faire passer, c'est qu'avec de la tenacité avec beaucoup de rigueur et puis aussi de croire en soi de croire en son équipe, de croire en ses rêves finalement on arrive à faire des choses que les gens pensent impossibles même des meilleures, et je suis clairement pas le meilleur et j'ai réussi à faire ça, donc je sais que l'être humain est capable de le faire Évidemment, ça demande de l'entraînement, ça demande certaines capacités, mais c'est à la portée vraiment, je pense, de la plupart d'entre nous, mais on s'en dissuade et on ne voit pas forcément son potentiel. Donc c'est ça et du coup, cette coupeuse de feu m'a bien sauvé la vie pour le coup.
- Bryan Umana
Juste pour revenir aux sponsors.
- Noam Yaron
Ouais.
- Bryan Umana
Donc un de vos gros sponsors vous a lâché en début de cette année, en début 2025. Le contrat était signé, tout était bouclé ?
- Noam Yaron
Pas du tout. Alors c'est assez spécial, c'est un sponsor qui a cru en moi depuis le début, qui m'a suivi depuis ma traversée du lac Léman en 2021, au travers de tous mes défis. C'était une femme qui était à la tête du marketing à l'époque, une femme incroyable, qui a vu le potentiel, a cru en nous, et puis pour ça je l'en remercie grandement. Et en fait, ils ont changé de directeur marketing parce que cette femme qui est incroyable, évidemment, a été promue. Et ça, c'est aussi un truc qu'on ne parle pas assez. Les gens qui sont trop bons et qui finalement partent ailleurs, dans un autre département. Et du coup, ils ont engagé quelqu'un avec qui on avait la héritée du contrat sur la première tentative Calvi Monaco. Donc, milieu 2024, on avait la confirmation. que ça allait être signé, mais le gars arrivait en poste, ils ont eu aussi quelqu'un d'autre avant qui n'a pas fait sa période d'essai, enfin bref, c'était très compliqué. Mais à nouveau, nous on a beaucoup beaucoup souffert de ça, parce qu'on avait annoncé du coup leur participation, donc on leur faisait confiance, ça faisait déjà deux ans qu'on travaillait ensemble, enfin trois ans, donc on s'est dit, c'est sûr, ils ne vont pas nous poser un lapin, ça n'a pas de sens. Elle nous annonce du coup valider le contrat, mais elle ne le signe pas puisqu'elle part dans un autre département. Le nouveau directeur marketing arrive. et je pense à nouveau, je ne parle pas pour lui mais qui n'a pas forcément eu d'affinité avec la natation avec mon défi, avec moi aussi peut-être et donc il n'a pas vraiment montré de grands intérêts et puis évidemment quand tu es sponsor tu finances une partie mais il y a des contreparties aussi de visibilité auprès du sponsor et de ses canaux à lui et qui n'ont pas du tout été activés comme il faut des contreparties qui n'ont pas été mises en place mais on a fait un carton on a porté entre autres leurs combinaisons sur une distance qu'aucun être humain n'avait jamais réalisé avec une combinaison. Donc là déjà aussi, c'est incroyable. Et puis, on fait les démarches septembre pour leur dire, parce qu'on avait mis une clause dans le contrat que d'ici, je crois, le fin octobre ou quelque chose comme ça, ils devaient en fait se prononcer s'ils renouvelaient ou pas pour l'année prochaine. Pour qu'on puisse... potentiellement trouver quelqu'un d'autre. Et même encore, ce délai-là, il est chaud. Les gens ont déjà fini leur budget, fin octobre, novembre.
- Bryan Umana
Là, tu parles 2024.
- Noam Yaron
2024 pour la deuxième tentative, exactement. Donc, la première, ils ont payé, signé, je crois, un mois avant, un mois et demi avant le défi. Là aussi, des conditions de stress pas possibles. Il y a le directeur qui a dû intervenir. Enfin, c'était cauchemardesque. Il s'est excusé aussi des problématiques en interne, de ce changement de poste qui ne s'est pas bien passé, puis la passation, enfin, ce n'était pas optimal, mais à nouveau, pas de problème, tout se passe bien. Et nous, du coup, on a des contreparties qui n'ont pas été vraiment finalisées. Donc, on leur demande, un, est-ce que vous allez renouveler pour 2025 ? Et deux, où sont nos contreparties ? Et là, donc, il y a un temps de mise en place, machin, bref, je te passe les détails. Et en fait, en janvier, ils nous annoncent qu'ils ne veulent pas renouveler. Donc là, on se retrouve en janvier, donc trop tard pour trouver qui que ce soit d'autre. C'est un équipementier sportif, donc tu vois, difficile quand même. Puis c'était un de nos sponsors principaux. On a évidemment mon image qui est grandement rattachée à cette marque. Donc là, on se dit OK. Et certaines contreparties, certaines financières qui nous devaient, qui ont été payées maintenant aujourd'hui, mais qui n'étaient pas à l'époque. Et en gros, ils nous ont dit on ne se doit rien, au revoir.
- Bryan Umana
Sympa.
- Noam Yaron
Donc pas cool. Donc là, tu te dis, moi, j'ai donné énormément de mon énergie, de mon temps pour cette marque qui, à nouveau, au départ, était vraiment géniale avec une personne super au marketing. Et c'est là où on voit l'importance de bien choisir ses équipes. Et puis, lui a été, moi aussi, accusé de trucs pour un peu justifier sa décision de la diffamation. Enfin, clairement, pur et simple. Et du coup, j'ai écrit au directeur en me disant, voilà, c'est lui qui... qui a pété un câble, qui n'a pas conscience aussi des contreparties du contrat peut-être. Allons voir le directeur. Et le directeur qui nous avait assuré encore une fois que toutes les contreparties qu'on avait, si on parle de 2024, devaient être tenues, là en gros nous dit, enfin, on s'en fout, ciao quoi. Là tu dis, waouh, sympa. Donc toi tu bosses pour cette marque pendant 4 ans, tu la représentes quand même au plus haut niveau, tu fais des millions de vues, donc clairement aucune autre... personnalité, en tout cas en Suisse, apporte ça à cette marque, tu te dis sympa, quoi. Et puis ça aussi, c'est des choses, tu vois, qu'on n'arrive pas à raconter dans une vidéo Insta et tout. Et en fait, c'est pas normal que ces gens, ils s'en sortent comme ça,
- Bryan Umana
tu vois.
- Noam Yaron
À nouveau, le contrat, il est terminé, tu le renouvelles pas, aucun problème. Enfin, c'est dans ton droit, est-ce que c'est sympa ou pas, ça peut être challengé. Mais là, ils se cassent, il y a des Merci. contreparties qui ne sont pas rendues. Il y avait une partie financière qui n'avait pas encore été payée où on te dit limite non, solde tout compte, au revoir. Tu dis maintenant, en fait. Alors après coup, ils nous ont payé parce qu'ils ont bien compris et tout, mais en fait, c'est lunaire. Puis du coup, toi, tu te retrouves en plus de ça à te battre, sans sponsor, et on t'accuse en plus de trucs, enfin, lunaires. Lunaires. Sans aucune preuve ou quoi que ce soit. Enfin, c'est aberrant. Donc toi, tu montes ça au directeur puis le directeur, encore plus grave, te dit Ah ben nous, perso...
- Bryan Umana
On s'en fout.
- Noam Yaron
Pas on s'en fout, mais en deux mots, enfin voilà, terminé, on veut pas renouveler et ciao. Enfin de quoi tu me parles ? Enfin il rentre même pas en matière. Donc lunaire. Puis on a décidé pour le moment, ça veut pas dire que ce sera définitif, de pas se battre pour cette rupture de contrat. Mais on se garde de le faire si l'énergie m'en vient. Et puis voilà, c'est ça, c'est que c'est chiant, tu dois te battre tout le temps. Là aussi, on est en combat avec les assurances. concernant ma sortie d'eau parce qu'après 102 heures 24 minutes et 191 km, je m'arrête en fait à deux kilomètres de la fin, chose qui maintenant on se rend compte était une super bonne chose parce que du coup ça a pu inscrire en fait ce projet dans une nage et pas une traversée et en fait dans la nage on avait beaucoup plus de records à battre que dans une traversée. Il y avait tout tout aussi une dimension de... du courant neutre ça c'était aussi quelque chose que la fédération donc la World Open Water Swimming Federation qui a ratifié le défi, c'est à dire qui officialise et dit ils ont bien fait cette nage, on a vérifié les points GPS, on a vérifié qu'ils ont respecté les règles donc pas monter sur le bateau respecter le matériel qu'ils avaient listé au départ etc. Et donc quand je sors de l'eau déjà j'ai une expérience de mort imminente, donc pas hyper fun Je suis sur le dos, ça fait 5 heures que je suis au large de Monaco, je vois la côte, je vois la plage d'arriver, plein de bateaux qui arrivent pour me soutenir, m'encourager pour ces derniers kilomètres. Mon papa qui n'était pas sur l'un des deux bateaux qui est venu depuis la côte. Moi à ce moment-là j'ai tellement d'hallucinations que je ne vois plus rien, c'est-à-dire que je vois les formes et tout mais je ne vois pas les gens. Donc il y a des bateaux qui arrivent de partout et en fait ça m'a fait paniquer complètement. Et puis, j'ai dû me mettre sur le dos pour essayer de me calmer, pour essayer de reprendre mes esprits. Puis, il y a un moment, justement, où je pars. Et là, j'entends des voix qui me disent, voilà, ça va aller, c'est fini, t'as fait ce que t'as pu. Maintenant, tu peux rester en paix. Je ne te l'aime pas du tout, en fait. Vraiment, je suis revenu à moi-même. Et quand tu pars ? Vraiment, je suis revenu à moi-même et je me suis dit, mais c'est mort. Et là, j'ai vraiment fait une espèce de descente, comme si t'étais un peu sous l'effet de l'alcool. Et tout d'un coup, il y a un truc grave qui se passe. puis tout d'un coup tu reprends tes moyens enfin Et là j'ai dit à l'équipe, non là il faut sortir. Et puis ils étaient en train de faire venir les bateaux pour me sortir, parce que ça faisait vraiment plusieurs heures, je crois 5 heures à peu près, que j'étais vraiment au soleil sur le dos. Et en fait c'est ça qui a généré vraiment un gros gros empirement, je ne sais pas si ça se dit en français, mais de mes brûlures. Et je pense que j'étais tellement fatigué qu'à ce moment-là, en arrivant en fait proche de la côte, Je ne savais même plus qui j'étais, je ne savais même plus que je nageais, et je pense que j'ai dû boire justement une énorme gorgée d'eau, et c'est ce qui a aussi généré des problèmes respiratoires, etc. Donc les règles, c'était de ne plus pouvoir nager ou d'avoir de la peine à respirer, qui étaient vraiment deux trucs vitaux pour le projet. C'était les points clés qui me donnaient à l'équipe le pouvoir de décider de me sortir de l'eau. Sinon, ils avaient l'interdiction du coup de me faire sortir de l'eau, même si je les suppliais. Chose qui n'a pas eu lieu, je crois. Tu crois ? Je crois. Je me réjouis de voir les images du documentaire. Ils ont tout filmé. Le documentaire va être incroyable.
- Bryan Umana
Quand est-ce qu'il sort ?
- Noam Yaron
On ne sait pas encore. On est en discussion avec les plateformes. Il y en a plusieurs qui sont intéressées, dont des très très grosses. On peut pas citer. Mais on se réjouit de voir. Et je pense qu'il sera, j'espère, traduit en plusieurs langues, vu dans le monde entier. Et puis qu'il donnera aussi une autre image qu'on n'a pas pu montrer, même si on a énormément communiqué. On a une équipe de com super. que là il y a des données qu'on n'a pas du tout partagé et des choses folles où tu me vois en fait parler à l'équipe et puis tu vois que je suis plus là en fait et je leur dis des trucs qui font sens dans ma vision à moi mais qui font pas du tout sens dans la vraie vie et il y a des moments où on voit c'est vraiment marquant où je suis tout gonflé et je leur dis mais en fait vous voyez pas du tout ce que je vois Enfin, en fait, tout ce que je vois, vous le voyez pas. Enfin, puis tu vois la détresse dans mes yeux, puis eux, ils doivent dire, ouais, ouais, continue de nager, quoi. Puis on voit, ben, en fait, les réactions, parce que moi, je les voyais plus. À un moment donné, je les entendais, mais je les voyais plus du tout. Donc vraiment, on est aussi proches que toi et moi, tu me parles et je te vois pas. Donc je regarde là, je regarde là, comme un aveugle, en fait. Et c'est assez impressionnant. J'ai les yeux aussi comme ça. Enfin, c'est dingue.
- Bryan Umana
Est-ce qu'on va voir un petit peu dans le documentaire ? Quelle facette ? Tout, cette facette logistique, cette facette justement sponsor qui annule, cette facette peut-être des énervements, peut-être des disputes, pas disputes, séances un peu plus animées, en émotion avec tes équipes, tu vois un peu tous les coulisses, le backstage de ce qui se passe.
- Noam Yaron
C'est clair, mais il y a toute une gestion, on ne s'en rend pas compte. Quand tu emploies des gens ou même que bénévoles ou pas, tes équipes qui sont payées toute l'année, qui sont sur les bateaux et tout, il y a un sujet, c'est les heures supplémentaires. Comment ? T'as réussi à l'ouvrir ?
- Bryan Umana
J'ai réussi à l'ouvrir.
- Noam Yaron
Très bon d'ailleurs, très bon. Les heures supplémentaires, on peut parler de ça parce qu'en tant que chef d'entreprise, machin, tu fais venir des gens pendant potentiellement trois semaines. Justement en attendant la fenêtre météo, nous on a eu de la chance, ça a commencé... Après 48 heures, on était arrivé, on est parti. Donc, c'était très rapide. Mais là aussi, tu dois calculer. Comment tu calcules les heures des gens ? À nouveau, pour une question de gestion des coûts, pas une question d'heures, on veut tordre les gens ou quoi que ce soit. Puis en fait, toutes ces parties-là, tu n'y penses pas. Tu vois, tu vois les gens en train de bosser depuis l'extérieur, tu vois des jolies vidéos, puis tu te dis, mais en fait, derrière, il y a des contrats, il y a des séances d'organisation, il y a des gens qui ne sont pas contents avec les conditions, qui te disent, moi si c'est comme ça je viens pas il y a des gens qui évidemment reprennent leur bon sens Qu'on prenne l'aspect de l'employé-employeur, des budgets qui sont limités, de notre sponsor qui nous a lâchés, d'il y a trois semaines en arrière potentiellement on n'aurait pas pu financer ce projet, puis on a dit on y va quand même, puis tout d'un coup on a quelqu'un qui nous finance, puis c'est génial. Puis en fait tout ça les gens ils le vivent pas. Puis toi tu le vis en parallèle de t'entraîner, de gérer ton sommeil, de bien manger, d'être prêt le jour J, avec tous ces trucs à gérer. Et une des erreurs que j'ai pu faire, c'est que j'ai pas vraiment... eu sur tous mes défis, mais spécialement celui-ci, un peu un manager si tu veux, qui a les compétences et l'expérience surtout, c'est même pas les compétences l'expérience de manager tu vois tous ces gens, c'est quand même 20 personnes réparties sur deux bateaux 50 personnes si on compte aussi le personnel à terre et puis les prestataires externes, les météorologues, etc c'est un taf de malade Et puis, il y a une personne chez nous qui est en charge d'organiser l'événement, qui s'appelle Caroline, qui a fait un travail formidable, et puis qui a fait aussi, elle est un peu plus jeune que moi, avec son expérience de gérer aussi ces gens. Mais à nouveau, tu vois très vite qu'on est dépassé, autant elle que moi, de gérer tous ces gens. Il y a des jeunes, il y a des moins jeunes, il y a des gens qui ont de l'expérience, d'autres qui pensent en avoir mais qui n'en ont pas. Enfin, c'est hyper difficile. L'aspect humain, on n'en parle pas du tout. Tu vois, tu vois le projet, tu te dis « Waouh, génial, l'équipe, la photo de truc » , puis tu te dis « Non, on s'embrouille, il y a des trucs qui ne vont pas bien, il faut créer des fois un peu, élever la voix pour que ça fonctionne, il faut comprendre les enjeux de chacun. » Le sommeil aussi, cette année, contrairement à l'année dernière, on avait deux voire trois personnes suivant les postes qui se relayaient. L'année dernière, on était un peu parti du principe que certains postes n'étaient pas utiles la nuit, par exemple, et du coup, quand la personne a fini sa journée, elle va dormir puis elle se réveille le lendemain matin. Et en fait, on s'est dit, non, on double tout le monde. C'est pour ça qu'on a eu presque deux fois plus de monde cette année que l'an dernier, sur deux bateaux. Et puis, il faut le confort à bord, la nourriture, la gestion de la communication. Il y a Internet qui, tout d'un coup, marche, ne marche plus. L'énergie à bord, que quand tu as la nuit, il n'y a plus les panneaux solaires, donc tu ne peux plus forcément brancher autant de choses. Le tournus des lits, parce qu'il n'y a pas autant de lits que de personnes. Donc, tu vois, il faut que pendant que les gens qui dorment, qui ne dorment pas, on fait attention à... qui est avec qui dans la chambre, il ronfle, il ronfle pas mais on se rend pas compte du niveau de détail un guide de je sais pas combien de pages, de règles de trucs à suivre à bord, que toi on veut avoir ton avis, toi on veut pas entendre ton avis parce que tout d'un coup tout le monde dans le stress donne son avis, perturbe puis en fait ça paraît un peu drastique comme façon de faire mais en fait c'est l'armée dans la même manière où moi je suis conditionné à nager et de réaliser cette traversée, eux ils doivent aussi avoir d'un côté et bien... cette préparation, puis ça on se rend compte qu'on l'a aussi minimisé, même si on l'a beaucoup beaucoup mis à l'honneur cette année, on se rend compte qu'il faudrait presque avoir une préparation mentale, physique, du manque de sommeil pour l'équipe.
- Bryan Umana
Ça vous l'avez pas fait pour cette deuxième tentative ?
- Noam Yaron
Non, pas aussi spécifiquement, où on aurait dû faire par exemple un camp de plusieurs jours, où tu forces l'équipage à ne pas dormir, tu leur montres ce que ça veut dire, tu leur expliques bien que si tu dors pas, voilà ce qui va se passer. alors que là en fait ça part d'une bonne intention tu vois les gens ils sont là, je vais pas aller dormir maintenant il se passe un truc tu vois, puis en fait tout d'un coup tu rates ton coche, donc tu rates ton quart et puis du coup t'as pas dormi t'as pas dormi, puis en fait au bout d'une journée ben si t'es pas entraîné comme moi j'ai pu m'entraîner au manque de sommeil et puis tous ces kilomètres, ben pour un être humain ne pas dormir pendant 24h en étant à nouveau en plein soleil, déshydraté suivant commande, donc là aussi tu vois de leur rappeler de mettre de la crème solaire de leur rappeler de mettre attention avec leur casquette, leur truc Merci. Tu te rends pas compte, il y a un gars qui fait une insolation, mais on est mort. Donc t'as Caroline qui est, après son seul travail, au-delà de plein d'autres choses qu'elle a dû gérer finalement, de gérer que tout le monde respecte ses quarts, aille dormir quand il faut dormir et tout, puis même là, t'as toute la bonne intention du monde, ça fonctionne pas toujours. Et tu finis justement le défi, tout en sachant que quand on sort de l'eau, c'est quand tout commence. Les médias qui s'intéressent au truc, la suite, machin, quel est le prochain projet... Et en fait, c'est pour ça que l'année dernière aussi, quand on m'a fait sortir de l'eau, et c'était que 48 heures entre grands guillemets, l'équipe était complètement HS. Et du coup, avec raison, mais que tu te rends compte, en fait, quand on arrive à bord, il y a un nouveau défi qui commence. Moi, en l'occurrence, j'étais à l'hôpital, donc je n'ai pas rempli ma partie non plus, mais... Il y a plein de trucs à gérer. Les médias qui te demandent qu'est-ce qui se passe, il est où, il est mort, il n'est pas mort, il respire, il ne respire pas, qu'est-ce qui s'est passé, il a nagé combien de kilomètres, combien d'heures, c'est homologué, c'est pas homologué, une traversée, une nage, le Guinness, pas le Guinness. Puis en fait, tu te rends compte que toi, tu dois être capable, donc l'équipe, de répondre à ces questions. Et là aussi, on l'a anticipé du mieux qu'on pouvait et puis clairement, on a des points d'amélioration à faire pour être vraiment capable et presque avoir une équipe à terre, donc une troisième personne, voire une quatrième. suivant les postes, qui doit être de piquer à terre et de reprendre le dossier pendant que les autres s'écrasent et dorment pendant une journée. Même là, ça fait deux mois, il y a un certain nombre de l'équipe qui me dit « je me suis toujours pas remis » . Et c'est normal. Émotionnellement, le sommeil, la difficulté, le stress aussi. Parce que tout le stress que moi je n'ai pas eu, finalement, en étant aussi protégé, en ne voulant rien savoir, en restant dans l'eau, en me disant « je ne veux pas savoir où on en est » , et tout ça. Et puis, en fait, eux, ils ont eu plein de trucs. Il y a quelqu'un qui a tenté de battre notre corps pendant qu'on était dans l'eau.
- Bryan Umana
Ah ouais ?
- Noam Yaron
Ouais.
- Bryan Umana
Où ça ?
- Noam Yaron
Je crois que c'est une Polonaise qui a essayé de battre, du coup, de faire 172. au lieu de 171, parce que nous, en fait, la traversée vol d'oiseau, celle qui aurait été homologuée si on avait traversé, c'était le vol d'oiseau, donc 171, et elle, elle a tenté 172.
- Bryan Umana
Donc là,
- Noam Yaron
tu as l'équipe dans la mer Baltique,
- Bryan Umana
je crois.
- Noam Yaron
Donc là aussi, il y avait des questions de courant, donc même si elle avait réussi, elle n'a pas réussi. Il y aurait eu aussi une question de catégorie différente, mais elle avait la même combinaison que moi, la même lumière, elle a recopié un peu notre logistique, ce qui est très bien. Là aussi, tu as l'équipe qui découvre ça et qui se dit qu'en fait, on va dévier. On va aller à Nice au lieu de Monaco pour gagner un kilomètre. Donc, tu vois, toutes ces choses, on ne les voit pas.
- Bryan Umana
Oui, c'est clair.
- Noam Yaron
Et là, je te partage, je pense, 1% de ce qu'on a vécu. Et donc, ça, ça va être hyper intéressant de le partager, je pense, plutôt dans un livre. Avec vraiment aussi de comment moi, j'ai réagi à tout ça, quelles solutions on a trouvées pour faire face à ces obstacles. Et puis le documentaire, il sera plus axé, à mon avis, sur le défi en lui-même, donc c'est cinq jours, quatre nuits, et de faire des parallèles avec mon enfance aussi, de comment on en est arrivé à organiser ça, les hauts et les bas évidemment. Et puis je pense que le livre retracera vraiment bien en détail l'enfer, vraiment, que moi j'ai pu vivre, et je pense certains membres de l'équipe aussi, au travers de cette préparation pour organiser, en fait, ce truc, avec ces mauvaises surprises, de sponsors qui se retirent. cette incertitude, cette insécurité de ne pas savoir à quel moment tu te dis on y va même si on n'a pas les fonds et que moi j'avance la totalité des fonds ce qui était déjà le cas mais de se dire on y va et on ne sait pas donc c'est aussi un peu une folie et puis là évidemment on ne regrette pas du tout et à mon avis on rentrera dans nos frais à la fin de l'année en payant tout le monde avec aussi des bénévoles qui nous ont généreusement donné aussi leur temps mais c'est vraiment ... En fait, tu joues ta vie sur chaque défi. C'est un peu ça aussi. Le risque qui fait que ça fonctionne aussi. C'est un peu les deux. Sinon, tu mets trois ans à monter le projet. Puis d'ici là, il y a déjà 300 autres qui ont fait autre chose. Donc, c'est ça aussi un peu la difficulté. Mais oui, j'ai toujours pris des risques, je crois. Plus ou moins mesurés, entre guillemets.
- Bryan Umana
Par contre, ce que je trouve fou, c'est que tu dises que pour toi, lorsque tu vas... débuter cette nage, en l'occurrence, cette traversée, c'est déjà gagné, dans le sens que ça veut dire que le projet a été ficelé, ça veut dire que tout le monde est là. Finalement, je comprends la partie gestion de projet, logistique, etc., qui est colossale. Par contre, c'est quand même... Ce qu'on attend, finalement, c'est quand même que Noam... traversent cette distance et qu'ils réussissent. Quand je dis qu'ils réussissent, encore une fois, pour moi, mais c'est toi qui le dis, c'est égal à ce que moi je pense, mais pour moi, t'as clairement réussi ce que tu voulais faire. On pourrait jouer sur le mot traverser. Exactement.
- Noam Yaron
Traverser et nage.
- Bryan Umana
Traverser et nage. Mais on attend quand même ça de toi. Tu vois, comme n'importe quel... stars, sportifs on attend un résultat on attend un résultat moi je comprends,
- Noam Yaron
ça va peut-être mal être interprété ce que je vais dire mais en fait, moi je sais ce que je suis capable de faire ma nage, elle dépend de moi-même alors il peut y avoir des détours il y a la météo qui est pas bonne le pilote qui se trompe de je sais pas, d'orientation On fait un détour pour une raison x, y, j'en sais rien, on perd quelqu'un, on doit aller le chercher. Toutes ces choses-là, finalement, elles ne sont pas de mon ressort. Mais moi, je sais que je suis capable de faire ces kilomètres, de rester dans l'eau. Je me suis préparé, je sais que je peux tenir la distance, le froid, le chaud, les frottements, la douleur. Puis en fait, quand tu sais, quand tu maîtrises ce que tu dois maîtriser, en fait, tu pars serein. Moi, je ne me posais pas la question, en fait. Je pense que c'est ça aussi qui m'a fait aller aussi loin, même beaucoup plus loin que ce que je pensais en termes de kilomètres, qui est plus long que la distance qu'on avait prévu de faire, même avec une marge de 10 km supplémentaire, on a fait 20 de plus. parce qu'à la base à nouveau c'est 171 la distance vol d'oiseau évidemment qui n'aurait jamais été la distance exacte que j'allais nager mais bref Et c'est quand même 10%, ça fait beaucoup quand tu as fait autant de kilomètres. Mais il y a vraiment ça, et puis il y a aussi le fait de vraiment avoir monté le projet, et beaucoup de gens diront, c'est pas bien que l'athlète s'occupe de tout ça mentalement. J'y ai pensé. Moi, ça m'aide en fait à me projeter. C'est-à-dire que moi, je sais exactement qui est réveillé, à quelle heure, qui fait quoi, comment il le fait, etc. C'est ma personnalité, il y a sûrement des athlètes qui arrivent, on leur dit... Voilà, tu dois venir à Calvis, c'est là, c'est 8h10, pas 8h21, et puis tu fais ce que tu sais faire, c'est-à-dire nager. Moi, c'est pas du tout ça. Moi, j'ai aussi beaucoup de plaisir à organiser, même si j'ai aussi eu beaucoup de difficultés, mais en fait, ça forge aussi le caractère et puis tu te visualises, tu vois les problèmes arriver, tu te dis qu'est-ce qui se passe si quelqu'un de l'équipage tombe à l'eau ? Est-ce que c'est un bateau de sécurité, un kayak, le bateau où il y a le GPS dessus pour le record qui va devoir faire demi-tour et dans ce cas-là, on va être éliminé. Enfin, on doit devoir expliquer ce demi-tour. Tout ça, tu dois le réfléchir. C'est pour ça qu'on avait deux bateaux, un devant et un derrière. Si quelqu'un tombe dans l'eau, c'est le deuxième bateau qui le récupère. Bref, il y a plein de détails. On ne se rend pas du tout compte. Et puis, la majorité, avec deux ou trois personnes de mon équipe, on se réunit, on réfléchit, on brainstorm sur tous les trucs négatifs qui pourraient arriver. Et quelles sont les solutions ? Quel est le protocole ? Et on a quelqu'un sur le bateau qui était responsable sécurité, qui devait gérer ça et en fait dérouler. Ces fameux protocoles, s'ils arrivaient, et heureusement il n'est pas arrivé grand chose, à part ma sortie d'eau, mais à 2 km de la côte, donc relativement simple à gérer. Mais qu'est-ce qu'on disait d'autre ?
- Bryan Umana
Je te disais que ce que je trouvais quand même assez fou, c'est que tu dises que quand tu vas te lancer dans l'eau, finalement, pour toi c'est déjà réussi. Et juste, en fait je te trouve encore plus fou. Et là, c'est le côté stoïque que tu as. C'est de dire, finalement, moi, je sais ce que je peux faire, ce que je sais faire, ce que je vaux. J'ai suffisamment confiance en moi et mes capacités. Donc, je suis OK et je sais que je peux tenir. Par contre, ce genre de projet, justement, c'est un tout. La dérivation du bateau, l'équipe qui est sur le bateau qui d'un coup pète un plomb, j'en sais rien, et puis le projet doit être annulé à cause de ça, etc. Ça fait quand même partie du tout. Et là, je trouve très beau que toi, tu aies cette capacité de te dire finalement moi je n'y peux rien par rapport à ça donc moi là maintenant je dois rester focus sur ce que je sais faire, ce que je peux faire ce qui n'est pas du tout de manière générale une personne et elle anticipe tout le temps je dis une, je m'inclus, on est tout le temps en anticipation mais qu'est-ce qui se passe si je fais ci, si je fais pas ça tu sais on est beaucoup dans le réfléchi alors il y a un exemple très concret
- Noam Yaron
Le soir avant de partir, donc déjà les bateaux sont arrivés, donc moi j'arrive le samedi. Les bateaux, les deux bateaux qui doivent faire le convoyage depuis Toulon, arrivent le dimanche après-midi, installent tout le matériel, etc. On n'a même pas le temps de se dire bonjour, on arrive le soir avant de partir, puisque le lundi matin, 8h départ, on est partis même à 7h50. On se réunit, on fait un briefing, on sent que tout le monde est... Voilà, c'est ce qu'il y a à faire, c'est ce qui se passe, il y en a certains qu'on a pris. qui n'ont jamais mis les pieds sur un bateau, qui n'ont jamais fait notre truc, parce qu'on a des gens qui nous ont lâchés, parfois avec ou sans raison, avec leurs raisons, mais qui pour moi ne sont pas valables, et qui, tout d'un coup, il faut remplacer. Donc on doit trouver quelqu'un au pied levé, on prend la première personne qui est disponible, on la forme, et on espère que ça va bien se passer, puis ça fait partie du chemin. Mais clairement, on n'est pas arrivé sur ce bateau à Calvi en mode peace. On a déjà tout réglé, on a fait nos répétitions, chacun sait exactement où il doit être, machin, pas du tout. Et on pensait aussi avoir le temps d'optimiser aussi, parce que évidemment, pendant que tu es en stand-by, donc tu attends la météo, tu as tes bateaux qui sont loués de toute façon, tu as ton hôtel qui est loué de toute façon, que tu annules de semaine en semaine, avec des conditions, ça aussi, enfin bref, c'est très logistique, mais ça parlera à certains. Et que donc, on pensait avoir peut-être une journée, tu vois, de test. où on peut aller en mer, on me fait nager, on fait un test d'une pause, voir comment on met la bouée dans l'eau, comment le bateau réagit à ma vitesse quand je suis sur le dos, en train de battre des pieds et en train de manger. Et puis d'avoir toute l'équipe réelle qui est là, parce que malheureusement dans les répétitions, il y a certains qui étaient là mais qui sont partis, donc du coup on a dû les remplacer. Et du coup ces gens-là n'étaient plus dans le projet. Dimanche soir, le soir avant de partir, on a un des pilotes, entre autres du deuxième bateau. qui pète un câble, aujourd'hui j'arrive toujours pas à comprendre pourquoi, qui dit moi ce soir je rentre chez moi. Donc moi j'allais aller me coucher, je voyais qu'il était pas bien donc je vais lui dire bonjour et tout parce qu'on s'était pas croisé de la journée, c'est quelqu'un que j'aimais beaucoup, je l'aime toujours bien mais il m'a bien fait chier quand même. Et il me dit ah bah moi ça va mais ce soir enfin voilà je vais dormir sur le bateau puis demain je rentre chez moi. Tu dis comment ça ? Et là, il commence à te déblatérer comme quoi, enfin voilà, les conditions, donc les gens qui sont là, apparemment, il ne s'entend pas avec les gens, enfin bref, des excuses, je ne sais pas d'où elles sortent, je ne sais pas s'il a eu peur, tu vois, de tout d'un coup se confronter, tu vois, à la réalité du truc et de se dire, mais en fait, est-ce que je suis à la hauteur, tu vois, de faire ça ? Et au lieu d'en parler ou pas, et à nouveau, je ne veux pas mettre des mots sur ce qu'il a ressenti, je n'en sais rien. Mais moi, premier réflexe que j'ai, c'est que j'appelle mon équipe, donc je lui dis « Bon, bah écoute, merci, au revoir » . Donc moi, j'allais me coucher, donc super l'ambiance. Sachant qu'un des défauts de l'année dernière, c'est que j'ai pas dormi la nuit, la nuit d'avant. Donc là, le but, c'était de bien dormir la nuit d'avant, pour éviter les hallucinations dès le premier jour. Et donc, j'explique à l'équipe et je leur dis « Écoutez, normalement, c'est moi qui gère ce genre de trucs, je suis quelqu'un d'action, moi j'arrive pas à me dire... » je suis quelqu'un qui agit sur les choses et du coup je dis à l'équipe écoutez là pour le bien de tout le monde je vais aller dormir ce bateau c'est le deuxième bateau c'est le bateau scientifique de sécurité au cas où quelqu'un tombe à l'eau vous essayez de trouver une solution si on ne trouve pas une solution dans la nuit tant pis, on part on part sans le deuxième bateau et pendant qu'on fait les premières heures on essaye de trouver une solution pour que ce bateau nous rejoigne après très bien, très clair et tout, moi je vais me coucher Et puis, le lendemain matin, je n'ose pas trop poser la question et tout. Puis on me dit, on n'a pas trouvé de solution pour l'instant, mais on a quelques plans, on verra et tout. Je dis, pas de problème. Moi, l'important, c'est que mon bateau derrière lequel je nage, avec ma nourriture, mes boissons, mes trucs, l'équipe qui est nécessaire, minimale à la traversée, on y va. Mais tu vois, ça, ce n'est pas du tout des conditions idéales pour partir, tu vois. La charge mentale.
- Bryan Umana
C'est clair.
- Noam Yaron
Et puis, en fait, moi, dans ma tête, le lendemain, quand je suis arrivé à bord, parce qu'il a dormi, évidemment, quelque part, ce monsieur, Et j'ai dit, moi, je ne veux pas le croiser. Je ne veux pas le croiser, même s'il veut venir me dire bonjour, me souhaiter bonne chance. Je ne veux pas le croiser parce que je ne veux pas avoir cette négativité avant de partir. Et j'ai été envahi, évidemment, de gens qui sont venus le matin même, assez tôt, tu vois, pour voir le départ. Et c'était hyper émouvant. Enfin, moi, j'ai eu beaucoup, beaucoup d'émotions. Et puis, ouais, c'était magique. Et puis, en fait, tu fais un coup de bras, puis tu as oublié, en fait. Enfin, tu vois, tu as tellement d'autres choses à faire. Puis, en fait, c'est vraiment ça. c'est une espèce de mentalité de se dire En fait, on s'en fout. Si ça nous sert pas, on s'en fout. Au mieux, on a une solution. Mais ça nous aura appris quelque chose. Mais en fait, on s'en fout. Puis on n'allait pas prendre 50 pilotes de réserve. Déjà, il faut en trouver un. Puis il faut, suivant comment, les rémunérer, payer leur voyage, etc. Puis bref, on a trouvé quelqu'un au pied levé qui nous a rejoint, qui a traversé en bateau pendant la journée, qui est parti le soir, le lundi soir, et qui nous a rejoint la nuit du lundi à mardi en pleine mer avec le bateau et tout. Puis tu te dis, ben voilà, ça devait se faire comme ça, puis c'est comme ça. Mais il y a plein plein de trucs, ben voilà, des frais cachés, des trucs qui tombent du ciel. Moi, je fais hyper attention d'avoir vraiment beaucoup beaucoup de marge pour justement répondre à ces problématiques et puis être sûr qu'on est à la hauteur du défi, mais aussi de toute l'organisation qu'il y a derrière.
- Bryan Umana
Et tu dis qu'on ne peut préparer que 10% de ce genre de traversée. Et que le reste, c'est de la chance, la vie, l'univers.
- Noam Yaron
Ouais.
- Bryan Umana
Comment est-ce qu'on s'entraîne à gérer justement ce qu'on ne contrôle pas ? Ça va un petit peu dans le sens de ce que tu dis, parce que tu vois, ça a l'air assez facile, comme tu le dis, de dire, ben voilà, un coup de bras et puis c'est oublié. Ouais. Parce que moi, je suis complètement d'accord. Déjà, ça ne sert à rien de ruminer, ça ne sert à rien, encore une fois, d'anticiper certaines situations qui... peut-être viendront, peut-être ne viendront pas. Enfin, tu vois, c'est juste se contaminer l'esprit et se créer des charges inutiles. Mais l'humain, elle fait qu'on pense beaucoup. Et donc, toi, là, pour ce genre de défi, parce que, comme tu l'as dit, c'est le cinquième défi en 5 étés,
- Noam Yaron
ouais.
- Bryan Umana
Voilà, exactement, merci. Donc, Tu as une vraie expérience maintenant. Comment on s'entraîne pour gérer ce qu'on ne contrôle pas ?
- Noam Yaron
Je pense que ça se pratique plus que ça s'entraîne. C'est-à-dire que là, tu t'assieds et tu te dis, là, je vais pratiquer le fait de ne pas faire attention à ça. Pour moi, aujourd'hui, c'est hyper naturel. En fait, j'ai tellement peu de temps. Dans ma journée, et avec tout ce que j'ai à gérer, surtout dans les périodes de défis, avant les défis, où t'as tout, t'as l'entraînement, t'as dormir, manger, faire attention, machin, bien. Et puis gérer les va-et-vient de l'équipe, les doutes, les machins, motiver tout le monde. Et en fait, t'as pas le temps. Moi, je suis assez cartésien, puis à la fois hypersensible, c'est ça qui est aussi assez drôle, c'est que, en fait, c'est possible. Tu vois, il y a beaucoup d'athlètes qui sont hyper forts dans leur... dans leur domaine, qui font des records du monde et puis qui sont ultra sensibles puis en fait, je sais pas comment expliquer pour moi c'est vraiment une force dès que je commence à ressentir un sentiment négatif pour une situation je me pose la question est-ce que c'est utile ? est-ce que ça m'apporte quelque chose là de dépenser cette énergie pour ce problème ? 99% du temps c'est non donc en fait tu dis ok, on élimine ou c'est quoi la solution ? Et tu délègues à quelqu'un qui va la trouver pour toi, tu guides l'équipe et puis ensuite on y va. Mais mon équipe, à nouveau, certains plus que d'autres, n'ont pas forcément ces clés. Donc eux peuvent aussi beaucoup en souffrir, puis ça il faut en être conscient. Et c'est pour ça que je disais, à mon avis, la chose qu'on devrait faire et qu'on pourrait faire mieux sur d'autres défis, c'est vraiment d'entraîner l'équipe à ses imprévus. à ces sentiments, et il y en a qui le gèrent très bien, et d'autres un peu moins, et c'est aussi les personnalités de chacun. Et tu l'as dit, ma manière de réfléchir, c'est quelque chose qui est assez contre-intuitif, contre-instinctif même, je dirais. L'être humain, il est fait pour faire ça. C'est un système de défense. Quand quelque chose ne va pas, on s'inquiète et on essaye de nous dissuader d'y aller. Rien que déjà de traverser la mer. Rien que même, on coupe le défi. on dit rien que de nager de nuit sans voir la côte. C'est inhumain. L'être humain, il n'est pas fait pour ça. Donc pour arriver à ce... Et d'ailleurs, encore aujourd'hui, j'ai peur de nager de nuit. Et ça ne m'a pas empêché de nager. Et donc ça, tu dois le surmonter. Tu dois trouver des méthodes, essayer de te désensibiliser, de visualiser toi tout seul, sans bateau, la nuit, au milieu de nulle part, de voir des requins t'attaquer ou pas. Et en fait, après, tu l'as vécu quelque part. Donc tu te dis, ça ne peut pas être pire. que ce que j'ai imaginé. Et d'un autre côté, justement, moi, je réfléchis à beaucoup, beaucoup de choses. Je vois beaucoup le négatif. Il y a des gens qui pourraient peut-être me côtoyer un peu plus, pourraient me dire, ouais, enfin, tu soulignes beaucoup le négatif. Je dis non, j'anticipe ce qui pourrait arriver. Et ce qui est positif, je ne vais pas l'anticiper. Enfin, tant mieux si ça m'arrive. Je n'ai pas besoin de réfléchir. Il y a Mike Horn qui disait que quand il a fait une expédition, je crois dans l'Amazonie, il a reçu une encyclopédie, en gros, d'espèces animales et tout qu'il voulait maîtriser pour sa traversée de l'Amazonie. Et il a dit, j'ai arraché toutes les pages des animaux qui étaient inoffensifs. Parce qu'aucun intérêt de les apprendre. Je dois savoir ceux que je ne dois pas toucher. Je ne dois pas savoir que le lapin tout doux, il fait 50 cm. Tu vois ce que je veux dire ? C'est ça, en fait, la mentalité. C'est de se dire, aujourd'hui, dans une journée, on n'a pas forcément le temps de faire tout ça. Et puis, il faut surtout trier les informations. Puis, malheureusement... Pour moi, dans mon quotidien, je dois avoir beaucoup le négatif. Je dois anticiper justement les choses qui pourraient mal se passer. Mais du coup, j'ai développé un œil et un sens critique qui est très élevé où même dans ma vie personnelle, je vois très facilement les défauts d'un service dans un restaurant ou d'un truc qui est mal placé. J'ai un œil qui est vraiment formé pour ça et c'est très utile dans mon travail, mais peut-être un peu pénible pour ceux qui doivent me subir. Dans la vie personnelle, mais du coup, je suis une bonne personne à faire relire des textes, à faire relire des visuels, à voir un projet, qu'on me présente un projet. Je dis attention, là, tu vas faire, enfin là, c'est pas possible, là, ça va être difficile, là, il faut que tu prévoies quelque chose. Et puis du coup, les gens sont là, waouh, c'est trop cool. Enfin, je me reprends plein la gueule, mais j'ai toutes les réponses aux questions que j'aurais dû me poser, en fait. Et puis ça, c'est vrai que c'est une question de personnalité, puis aussi un petit peu d'expérience en ayant reconduit un défi chaque année. Donc tu en fais un en août, tu sors de l'eau, tu fais la promo, tu montes le dossier du prochain, tout en sachant pas ce que ça va vraiment être. Le pitcher pendant la fin de l'année, et puis ensuite l'annoncer, le t'entraîner, et puis le refaire. Et puis en fait, c'est un rythme qui est vraiment très, très difficile. Et je me suis dit qu'en 2026, je n'allais pas faire de défi, puis en fait, si.
- Bryan Umana
Et tu sais à lequel ?
- Noam Yaron
Je sais lequel, je ne peux pas encore l'annoncer. Il sera annoncé en janvier. Ce ne sera pas dans l'eau.
- Bryan Umana
Ce ne sera pas dans l'eau ?
- Noam Yaron
Ce ne sera pas dans l'eau.
- Bryan Umana
Parce que c'est vrai que je t'ai entendu parler de potentiellement, alors ce sera peut-être un défi, donc pas pour 2026, mais peut-être pour une prochaine année, traverser un lac en Amérique du Nord, par exemple.
- Noam Yaron
Exactement.
- Bryan Umana
Ce qui éviterait toute cette complication que tu as eue avec le sel.
- Noam Yaron
Lié au sel. Bien qu'à nouveau même l'eau douce... une combi reste une combi un tissu reste un tissu, il y aura des frottements mais en théorie ils seront moindres par rapport à l'eau salée et surtout la raison pour laquelle je ne vais pas pouvoir faire je pense de grandes traversées en 2026 c'est qu'en fait mes brûlures, je pense qu'on voit un petit peu là encore tu vois, à moi pas mal, c'est encore assez violent, ça fait deux mois que je suis sorti de l'eau, et donc ces brûlures, elles vont m'accompagner potentiellement pendant toute ma vie, si ça se trouve, des marques, ce que j'espère pas, mais il y a à peu près une année sans soleil, et je pense que ça va mettre aussi une année à vraiment bien se refermer, là ça me fait mal, donc là aussi tu vois, même tourner la tête avec la torsion de la peau, ça me fait mal, donc tu vois, d'aller nager, me mettre dans de l'eau avec des bactéries et tout. Je ne pense pas que c'est la meilleure chose à faire, bien que les médecins m'ont dit qu'il n'y a aucun risque, tu peux y aller. Mais ce qui est difficile, c'est que moi, j'ai toujours vraiment pris soin de ma peau, de mon corps. Et là, de se voir avec toutes ces balafres, ces coupures, ces brûlures, de se dire que ça va rester, c'est un peu chiant. C'est un peu tout le boulot d'une vie qui part en lambeaux. Mais en même temps, c'est ma faute. Si il y en a un qui est responsable, c'est moi. donc ce sera effectivement un bon souvenir quelque part de ce que j'ai pu réaliser et puis Je pense que je ne retournerais pas forcément dans une distance aussi longue en combinaison, encore une fois, sans savoir et sans avoir une solution pour potentiellement atténuer l'effet de ces brûlures. Donc, je trouverais une crème anti-frottement qui reste sur la peau, mais à nouveau, si elle reste sur la peau, elle étouffe l'épiderme. Et si tu étouffes l'épiderme, tu ne respires pas. Donc, si tu ne respires pas, tu meurs. Donc, il y a aussi un problème. Donc, il y a plein de questions assez techniques autour de ça. Aussi de pouvoir faire caca dans l'eau. Cette année je devais enlever ma combinaison parce qu'on n'a pas réussi à designer cette petite poche à l'arrière des fesses. Et donc là aussi cette année, si on refait un défi, il faut absolument que tout ça se soit optimisé. Parce que d'enlever ta combinaison, c'est peut-être trop d'informations, mais j'allais aux toilettes plus de dix fois par jour. Donc dix fois, tu enlèves ta combi, tu baisses ton pantalon, tu fais gaga, tu remontes, tu retruques, tu re-zipes. Tu dois rattraper ta corde qui flotte à moitié. Tu dois faire un peu comme ça, tu fais un faux mouvement, tu te bloques la nuque, c'est chaud. Donc il y a certains petits points qu'on peut améliorer, mais on s'en est vraiment bien sortis.
- Bryan Umana
C'est vrai que je ne t'ai pas trop lancé sur la préparation physique, sur ce que tu as pu voir, les hallucinations que tu as vues, sur la traversée, la nage en tant que telle. Parce que je... Ça, c'est peut-être mon défaut. Tu vois, j'ai écouté tellement d'épisodes récemment pour me préparer à notre échange aujourd'hui qu'en fait, je sais qu'il y a certaines questions que si je te pose certaines questions, je connais la réponse. Moi, ça me fait chier. Les questions que je pose, c'est des questions pour lesquelles j'ai...
- Noam Yaron
Pas encore de réponse.
- Bryan Umana
Exactement. Mais par contre, il faut quand même... Je suis aussi très au clair que l'audience qui nous écoute ne va pas forcément, alors peut-être que certains vont le faire, d'aller écouter d'autres épisodes, parce que justement, ici, on n'a pas parlé à proprement dit de, encore une fois, peut-être ce qui attire le plus les gens, c'est-à-dire la nage en question. Tu vois, tu as parlé d'enlever ta combinaison, de faire caca dans l'eau. tu manges dans l'eau, tu fais caca dans l'eau, tu fais pipi dans l'eau. Comme tu l'as dit, tu le précises à chaque fois, tu ne pouvais pas sortir de l'eau. Exact.
- Noam Yaron
C'est ça la grande difficulté du défi finalement. Et les gens n'y croient pas. Ah c'est vrai, il y a des gens qui... Ah waouh, 191 kilomètres et tout, et la nuit tu dormais. Non, non, comment ça ? Non, non, dans l'eau. Mais c'est pas possible. C'est ce que tout le monde pensait jusqu'à ce qu'on l'a fait. Enfin, c'est vrai qu'il y a vraiment un sujet autour des limitations, en fait, tu vois, qu'on se mène dans notre tête. Et même moi, aujourd'hui, en l'ayant réussi, je me rends compte à quel point c'était fou. Mais que après, quand je l'ai préparé, à aucun moment, je me suis dit « Oh putain, ça va être chaud » . Je savais qu'il allait y avoir des difficultés, je m'étais entraîné, j'ai fait mes kilomètres, machin. Mais à aucun moment, je me suis dit « Je vais vraiment souffrir » . Puis en même temps, c'était pas du tout insurmontable.
- Bryan Umana
Et en même temps, et surtout, tu l'as dit au début, toi, tu ne peux pas douter. Si tu doutes, c'est foutu.
- Noam Yaron
Alors, on en a toujours des doutes, c'est-à-dire, tu as un peu ce truc et tu dis, est-ce que... Mais c'était plutôt des doutes concernant les facteurs extérieurs, à nouveau, comme on disait, 10% que moi, en tout cas, je savais que je pouvais maîtriser, le reste, c'était... Plus ou moins hors de mon contrôle, l'humeur de l'équipe, la météo, les courants, les vagues, le bateau. Le bateau qui tout d'un coup, pour une raison x, y, on va tout doucement, se casse, il n'avance plus, qu'est-ce qu'on fait ? Donc là à nouveau, c'est pour ça qu'on en avait un deuxième. Plein, plein, plein de paramètres comme ça. Et pour moi, j'aime bien dire que maîtriser à 100%, c'est à peu près 10%. Et c'est ses protocoles, ses processus, engager les gens, faire des bons contrats, avoir des bons bateaux, tester les bateaux, faire des répétitions. Toi, faire tes kilomètres, être bien mentalement, avoir bien mangé, bien dormi, tester ta nutrition, blablabla, enfin on connaît. Mais au-delà d'une course où le seul truc que tu ne maîtrises pas, c'est comment ton corps va réagir avec le stress ou peut-être un truc qui a mal passé, là, c'est tout l'inverse. En fait, tu ne maîtrises vraiment pas grand-chose. Donc, il faut être d'accord avec ça, en fait. Et je pense que quand tu es entrepreneur, c'est aussi ça. Quand tu te lances dans une aventure, tu n'as aucune idée, tu as une vision en tête, tu as peut-être une idée finale. mais je pense que... 99 chances sur 100, l'arrivée, ce n'est pas du tout celle que tu avais prévue. Souvent, c'est même beaucoup mieux que ce que tu avais imaginé, dans d'autres conditions, etc. Et pour moi, c'était vraiment le cas. Et quand je suis sorti de l'eau, ce n'est pas pour rien. Le mot « nage » , d'ailleurs, le projet s'appelait « la plus longue nage au monde pour la nature » et pas « la plus longue traversée » . Donc moi, j'avais déjà anticipé la possibilité que cette promesse qu'on avait fait aux gens et qu'on a vendu, qui était à nouveau une tentative. Donc, on ne doit rien à personne. En termes de sponsoring aussi, on a bien noté sur nos contrats que si on n'arrivait pas au bout, que ce n'était pas éliminatoire. Bref, voilà. Pour se protéger, évidemment. Mais tu vois, ça, il faut aussi y penser. Et tu as ce truc où tu te dis... En fait, moi, je ne savais pas du tout combien on avait fait de kilomètres, etc. Donc, tu vois, tu sors de l'eau, tu vas à l'hôpital, puis après, on t'explique. et tu te dis que c'est incroyable ce qu'on a fait. personne n'a jamais fait 191 km dans ces conditions et personne n'a encore moins passé 102 heures et 24 minutes dans l'eau et c'est là où tu te rends compte que pour moi le record c'était la distance et en fait c'est le temps les nages généralement les plus longues qu'on a pu observer elles sont de 50 et 60 heures j'ai fait 102 pratiquement le double et là tu te dis mais c'est insane c'est comme si une 7 bolt là tout d'un coup il court il fait 5 secondes au 100 mètres mais on en est là l'ultra-endurance, ça laisse la place à plus de marge évidemment d'amélioration et je pense que ce record de distance, il peut être battu de tenir autant de temps dans l'eau ça c'est vraiment difficile pour le corps humain de manière générale et il y a énormément de facteurs mentaux et c'est vrai que moi ma plus grande force c'est vraiment le mental, c'est même pas le physique parce que finalement moi j'ai eu aucune courbature sur cette traversée j'aurais pu continuer vraiment encore je pense des heures c'est la fatigue le manque de sommeil, l'épuisement, mais pas dans le sens musculaire, mais physique de manière générale, de rester réveillé. Et puis, c'est ces effets secondaires. Donc finalement, les causes et effets de ces frottements, l'eau qui est arrivée dans la bouche. Et à nouveau, tu peux t'entraîner aussi. Je ne l'ai pas fait forcément, mais à respirer avec une bouche très, très peu ouverte et du coup, avaler moins d'eau. Il y a plein, plein de choses que tu peux entraîner. Mais ça, ça demande vraiment une maîtrise parfaite de ton sport, de ta discipline. de te connaître, mais surtout un mental à toute épreuve. Et c'est vrai que quand je discute avec les gens, même qui ont battu des records avant moi, ils me disent souvent, je ne sais pas comment t'as fait.
- Bryan Umana
Mais alors Noam, est-ce que tu peux nous aider à développer un mental ? Est-ce que tu as développé certaines techniques ? Typiquement, je me souviens, on n'en a pas parlé, Mais il y a exactement environ trois ans, on avait enregistré, en tout cas je me souviens plus exactement quand il était sorti, mais quand même assez... Il y a environ trois ans, je dirais fin 2022, on a enregistré le premier épisode ensemble. Et puis là, tu avais mentionné des angoisses en lien à la claustrophobie, typiquement.
- Noam Yaron
Oui.
- Bryan Umana
Et ça, tu l'avais combattu. ou tu le combats encore, je ne sais pas. Est-ce que tu peux nous aider à développer notre mental, peut-être pour monsieur et madame Tout-le-Monde, plus ou moins sportif, si tu devais créer un manuel de survie du mental pour affronter que ce soit une non-réussite ou bien un changement de chemin, qu'est-ce que tu y mettrais ?
- Noam Yaron
Très bonne question. Pour parler rapidement du coup de ces effets secondaires que j'ai eu, du coup cette claustrophobie, peur de conduire, peur d'être dans un train, peur de prendre l'avion, donc tous ces endroits un peu... Ouais, confiné, confiné, confiné. Tout va bien. Parle bien français ici. Voilà, tout va bien. D'être dans une salle de spectacle, une salle de cinéma, enfin il y a vraiment, ça c'était en fait à l'issue de ma traversée du Léman, où en fait j'ai dû en fait dépasser cette barrière de nager la nuit et du coup d'avoir toute cette étendue de noir, de vide et tout. Et en fait, mon cerveau, à mon avis, c'est une hypothèse, a dû s'approprier en fait cette nouvelle réalité qui est immense. Et donc, pour pouvoir vivre dans l'immense, tu ne dois pas être à l'aise dans le petit. Et c'est assez fou, mais c'est ça qui m'est arrivé en tout cas. J'ai été voir plusieurs spécialistes, dont un physio qui est spécialiste dans les fascias, donc tous ces tissus intermusculaires, etc. Et qui m'a dit, en fait, c'est comme une couverture. Si tu veux avoir chaud en haut du corps, tu tires la couverture, tu as froid aux pieds. Si tu veux réussir à faire ce que 99,9% des gens n'arrivent pas, tu dois être d'accord de ne pas réussir ce que 0,001% n'arrive pas à faire enfin arrive à faire l'inverse c'est exactement ça et donc là je me suis retrouvé tout d'un coup à ne plus réussir à conduire ridicule parce que je ne me sentais pas en sécurité dans les voitures quand je passais dans un tunnel quand je n'avais pas de voie d'arrêt d'urgence alors qu'il n'y avait rien j'étais stressé en fait je pensais à qu'est-ce qui se passe si je fais un malaise Puis en fait, il n'y a pas de malaise de quoi on parle. Tu y penseras quand ça va arriver, tu vois. Puis justement, ça, ça m'a pris beaucoup, beaucoup de temps à travailler. Puis en fait, finalement, j'ai eu beaucoup de chance parce que je n'avais pas forcément besoin de conduire dans mon quotidien. Je n'ai pas de voiture. Je prends les transports en commun. Je ne prenais pas forcément beaucoup l'avion. Donc, ce n'était pas un problème non plus. Au théâtre, tu peux te retenir de ne pas y aller. Et puis, au fur et à mesure, tu te confrontes à ta peur. Et puis, ça devient normal, quoi. Après ma traversée de Calvi-Monaco, je me suis aussi dit est-ce que je vais avoir peur de conduire ? Et puis j'étais en vacances là et j'ai commencé à conduire. J'étais là, yes, c'est bon. Et puis en fait, c'est ça, tu vois, c'est un peu une exposition progressive. C'est comme ça qu'on appelle ça dans le langage de la préparation mentale pour essayer de minimiser ta peur face à un objet, une cause, un effet. Et puis ça m'a pris du temps, ça m'a vraiment pris du temps. Mais j'ai travaillé que sur ce qui était utile vraiment pour moi. Tu vois, tout le reste de me dire, bon, je ne pourrais jamais aller dans un sous-marin, ce n'est pas grave, tu vois, j'en ai pas besoin. C'est pour ça que là, on parle de mental, de dire ouais, être à l'épreuve des balles, de tout encaisser. Non, il n'y a pas besoin. Qu'est-ce qui, aujourd'hui, toi, te sert vraiment à rendre ta vie plus facile, plus agréable, meilleure pour toi, ton entourage, tes proches ? C'est ça qu'il faut se poser comme question. c'est comme le livre où tu arraches les pages qui te servent à rien En fait, on n'a pas besoin, les gens n'ont pas besoin d'être capables de nager pendant 5 jours et 5 nuits. Moi, je l'ai fait parce que la cause que je voulais défendre à travers de cette nage, qui a traversé la plus longue guerre marine protégée, ça me demandait ça. Donc, j'ai dû apprendre à le faire. Tu n'as pas besoin de, même si tu rêves d'aller dans l'espace, si ce n'est pas ta mission, ça ne sert à rien de faire des cours pour être astronaute. Tu vois ce que je veux dire ? et donc d'avoir Tu peux avoir des curiosités, tester plein de choses, et ça c'est génial, mais tu vois, il n'y a pas besoin de se mettre la pression de dire « Waouh, lui il court en 3 minutes 50 au kilomètre, moi je fais du 6,5 » . Ouais, mais tu ne vas pas au championnat du monde, on s'en fout. Est-ce que tu as du plaisir à courir ? Est-ce que tu ne te blesses pas ? Est-ce que ça te fait du bien ? Est-ce que ça te permet peut-être de manger plus, de te faire plaisir le week-end ? C'est ça, en fait, qu'il faut se poser comme question. Puis en fait, quand tu fais les choses pour les bonnes raisons, ça s'aligne très facilement, mais il faut savoir pourquoi tu le fais. Et je pense que c'est ça en fait. que les gens manquent beaucoup. On manque de vision, de clarté. À nouveau, avec toutes ces interruptions qu'on a dans la journée, on se laisse couper son attention par des téléphones, des appels, des trucs. Puis en fait, tu dérives complètement de ce qui est important. Et le matin, quand tu te lèves, tu devrais te dire « Aujourd'hui, c'est ça les choses que j'ai envie de faire. Aujourd'hui, c'est vers ça que j'ai envie d'avancer. » aujourd'hui, c'est ce pas-là que j'ai envie de faire vers mon objectif qui est pour dans 10 ans, pour dans 3 semaines, pour dans 3 mois. Puis en fait, quand tu verbalises ça, ou même inconsciemment, tu vas te rappeler que quand tu as le choix entre regarder la télé et faire ça, si ton projet tient vraiment à cœur, tu ne vas pas aller voir la télé. Tu vois ce que je veux dire ? Et ce n'est pas une question de motivation. La motivation, elle fluctue, elle peut varier, mais c'est vraiment une question de priorité. C'est vraiment ça. Et même... moi même avec tout le travail que je fais il y a sûrement des gens qui travaillent beaucoup plus que moi j'arrive à aller voir des amis, si quelqu'un m'écrit aujourd'hui j'aimerais bien te voir ce soir et que j'ai un truc de prévu, je l'annule, c'est pas grave et c'est ça que j'aime bien dire, c'est que je pense que je suis dans mon entourage pas du tout dans le monde évidemment mais dans mon entourage je pense que je suis une des personnes les plus occupées est celle qui est la plus disponible.
- Bryan Umana
C'est une question de priorité et de choix.
- Noam Yaron
Oui. Et à nouveau, c'est une réponse qui ne plaît pas aux gens. Parce qu'il n'y a pas une méthode ABC, étape 1, 2, 3. Non, en fait, vous l'avez en vous. Il n'y a pas besoin d'aller chercher plus loin.
- Bryan Umana
Mais parfois, il y a quand même besoin de ce coup de pouce. Tu sais, il y a certaines personnes...
- Noam Yaron
Mais aussi, il y a des gens qui n'ont pas besoin de ça. C'est ça qu'il faut dire.
- Bryan Umana
C'est vrai.
- Noam Yaron
On n'a pas besoin. de faire un marathon. On n'a pas besoin de prouver qu'on est capable de faire 10 kilomètres, de courir en tel temps, de faire nanana. On n'a pas besoin de faire comme les autres, d'avoir une vie traditionnelle, d'avoir une famille, des enfants. Et de... Enfin, ça suffit. C'est bien plus que suffisant.
- Bryan Umana
Mais c'est pas instagrammable.
- Noam Yaron
Mais on s'en fout. On s'en fout. D'ailleurs, la natation, si tu y penses bien, à la base, c'est un mec qui tourne un bras après l'autre. C'est pas sexy, hein ? on l'a rendu sexy en mettant une cause, en trouvant le bon angle de comment filmer ça, en racontant une histoire, en racontant aussi la mission qu'on s'est donnée en traversant, en réalisant ses projets c'est ça qui rend le truc cool et en fait c'est ça, c'est qu'on n'arrête pas de se comparer aux autres parce que toute la journée à nouveau on est distrait par des trucs mais qui nous empêchent d'avancer vers ce qu'on a vraiment envie de faire, c'est inutile Les gens sont là, waouh, c'est incroyable, moi j'aimerais trop faire un défi comme le tien, mais il n'y a pas besoin. Si t'en sens le besoin, le plaisir de le faire et tout, fonce. Mais c'est pas parce que moi je l'ai fait que tu dois le faire.
- Bryan Umana
C'est clair.
- Noam Yaron
Peu importe la distance. En fait, c'est pas un concours. C'est ça aussi qui est difficile. Puis ça aussi, à nouveau, on peut en vouloir à personne, c'est humain. À l'époque, on devait être le plus musclé, le plus fort pour impressionner je ne sais pas qui, je ne sais pas quoi, pour se reproduire, faire des enfants. Puis en fait, c'est dans notre ADN. Mais aujourd'hui, ce n'est plus d'actualité. Pour justement contrer ça, il faut le faire de manière consciente. Donc, il faut comprendre que ça arrive. Identifier quand c'est un sentiment que tu ressens, aide justement à agir en conséquence. Ce qui aide de se dire, je m'en fous, tant mieux pour lui. Et moi, j'adore, j'adore voir les gens réussir. Moi, c'est vraiment... Pour moi, mon coup de pouce, c'est ça. C'est de voir un gars, même de 8 ans, qui court un marathon, et tu te dis, mais waouh, c'est incroyable. Peu importe le chrono, on s'en fout. De voir quelqu'un qui a eu un accident, et puis qui revient, et qui même se qualifie, ou même pas, ou revient sur le truc, moi, ça me touche. Moi, c'est des histoires comme ça. Et moi, j'ai arrêté la compétition, parce que j'avais pas les capacités d'aller plus loin, forcément, que mon niveau suisse. Mais à nouveau, ça ne m'a pas empêché de battre les records du monde. Donc, tu vois aussi, c'est ça, qu'il fallait trouver sa catégorie. Et ce n'était pas celle que tout le monde attendait de moi. Ce n'était pas en piscine. Ce n'était pas en 50 mètres, en 25 mètres, en peu importe quelle distance, tu vois. En fait, c'était ailleurs. Puis, j'ai trouvé ma voie. En essayant plein de choses, en me trompant, en tombant, en prenant des claques, des gifs, des sponsors qui t'abandonnent, des gens qui te mettent des couteaux dans le dos, tes assurances qui ne veulent pas te payer et puis en fait c'est un accessoire c'est anecdotique quand tu sais où tu vas C'est pas « Ah purée, encore, ça tombe sur moi » . Non, c'est comme ça. C'est la voie que tu as décidé de prendre et tu dois être d'accord avec ça. Tu sais où tu vas. Et si ça, c'est un passage obligé, on fera en sorte qu'on le passe le mieux possible. Mais à nouveau, je pense que c'est vraiment important de souligner qu'aujourd'hui, il faut faire les choses pour soi. Pour le coup, il faut être un peu égoïste et de se dire en fait, moi, ce qui me parle, c'est ça. C'est d'ouvrir une ferme sans personne. perdu dans le Valais, j'en sais rien enfin c'est génial moi c'est des histoires comme ça que j'ai envie d'entendre et pas une énième personne qui fait un Irox une Spartan Race un marathon j'ai rien contre les gens qui font ça mais tu vois ce que je veux dire on n'a pas besoin que tu nous montres que t'es capable de faire ce que les autres y font, justement trouve ton chemin et le nôtre il est c'est aussi incroyable depuis que j'ai commencé à faire ça bah évidemment nos vidéos elles sont devenues virales plein de gens qui ont commencé à nager au travers de mes vidéos, des gens qui me demandent des conseils, etc., quand je peux, je réponds. Et c'est fou, tu vois, de changer la vie des gens comme ça et de leur faire découvrir un nouveau sport, leur faire aimer ce sport qui est quand même un peu barbare, il faut le dire. Pour ceux qui font des Ironman et des triathlons, ils doivent savoir de quoi je parle. Mais, ça, c'est cool. Mais tu vois, c'était pas un but en soi et puis j'ai pas besoin que les gens m'applaudissent, me disent « Waouh, c'est incroyable » . On n'a pas fait ça pour ça. On a fait ça pour faire rayonner une cause et souvent on me dit oui mais bon... Encore un gars qui utilise l'environnement pour flatter son ego et être vu dans les médias. Je peux te dire que mon gars, il y a des choses beaucoup plus simples à faire pour être vu dans les médias. J'en connais pas beaucoup qui mettent leur vie en danger littéralement pour défendre une cause. Tu vois ce que je veux dire ? Puis quand tu leur dis ça, ils disent « Ah ouais, ben oui » . Mais tu vois, avant de dire des choses, des bêtises comme ça, réfléchis en fait. Toi, tu fais quoi pour l'environnement ? Ah ben voilà. C'est ça aussi le problème. On souligne en fait que les choses que les gens font faux, au lieu de se remettre nous en question et de se dire « Qu'est-ce que moi je fais juste même ? » Avant de parler du 1% qu'il n'a pas réussi, 1% qu'il a pris l'avion, il dit qu'il est pour l'environnement, il a pris l'avion. ça n'a rien à voir cette personne elle a peut-être pas de voiture elle prend le train tous les jours et elle pollue beaucoup moins que toi qui prends ta bagnole pour aller travailler de morges à Genève tous les jours en prenant l'avion deux fois par année donc là aussi tu vois il y a un manque de connaissances, on parle on se positionne parce qu'à nouveau je sais pas si c'est de la jalousie si c'est de la comparaison malsaine mais c'est inutile concentrez-vous sur vous arrêtez de donner du temps à ça au mieux posez des questions Informez-vous, tu vas essayer de comprendre avant d'attaquer comme ça, oui mais bon, tu vois, c'est débile. Puis en fait, il n'y a jamais quelqu'un de plus haut que toi qui vient t'attaquer, parce qu'en fait on n'a pas le temps.
- Bryan Umana
C'est clair.
- Noam Yaron
Donc en fait, toutes ces critiques, elles ne sont même pas... Il y en a certaines qui peuvent cacher du bon, c'est-à-dire des choses sur lesquelles on aurait pu réfléchir, s'améliorer complètement. Il y a des choses qui peuvent être constructives. La forme, des fois, n'est pas toujours la bonne, mais bon, ça fait partie du jeu. nous on a de la chance de ne pas avoir ça et je suis assez étonné on a très peu de gens qui vraiment critiquent ce qu'on fait par contre quand mes vidéos sont postées par exemple dans les médias où on parle de dormir en nageant tu vas lire les vidéos, enfin les commentaires à nouveau c'est des gens qui m'ont peut-être jamais vu mais c'est lunaire putain le gros mytho puis je suis là, on est pas en train de dire qu'on a inventé enfin on a travaillé une méthode avec des professionnels que tu y crois ou que tu y crois pas que t'appelles ça du sommeil monophasiques, du cerveau, du machin, en fait, le résultat, il est là. Je ne sais pas comment t'expliquer. Et puis, en fait, tu n'as même pas envie de leur donner l'heure, à un moment donné. Tu vois, tu te dis, c'est triste pour eux.
- Bryan Umana
Et puis,
- Noam Yaron
en fait, tu te dis, ils ont le droit de penser ce qu'ils veulent. Mais au lieu de s'intéresser, de se dire, c'est incroyable, est-ce que tu pourrais nous détailler ça et tout, avec plaisir, faisons un podcast avec le gars qui m'a appris cette méthode, comment on est arrivé là, comment on a découvert ça, quels sont les effets, quelles sont les expériences. Quels sont les learnings ? Comment est-ce qu'on pourrait transposer ça à la course à pied, au ski, au vélo, j'en sais rien. Passionnant. Non, de toute façon, c'est n'importe quoi. Puis je lui ai dit, tu peux croire ce que tu veux. C'est pas toi qui as nagé, c'est pas toi qui as fait ça. Puis tu sais quoi ? Fais-le. Avec ta méthode miracle que tu n'as pas puisque tu critiques la mienne sans avoir de proposition. Bref, c'est comme ça. Mais heureusement, on a très peu de gens en tout cas dans ma communauté. Après, évidemment, je t'ai dit, on a fait 230 millions de vues à peu près. Sur ces 230 millions, c'est évident qu'à un moment donné, il y a des gens qui ne sont pas d'accord avec toi, qui n'aiment pas ce que tu fais, qui ne comprennent pas parce qu'ils n'ont vu qu'une partie et pas le contexte. Puis ça, c'est la vie. Et aussi, tu vois, dans les interviews, souvent, on me dit « ouais, je ne vois pas où est l'environnement dans tout ça » . Puis tu te dis « en fait, c'est facile à dire » . Quand toi, tu tournes une heure avec un média, le média, il te fait dire tout ce qu'il veut et ensuite, il coupe et il prend ce qu'il a envie. et la plupart du temps C'est pas toujours le cas, mais la plupart du temps, certains médias, ils coupent la partie environnement, parce qu'ils trouvent pas ça forcément intéressant, évidemment. À nouveau, l'environnement, c'est triste à dire, mais c'est la réalité, c'est pas sexy. Nous, on essaye de le rendre sexy avec ce défi, on l'a bien réussi, mais un média se dit, voilà, environnement, ça marche pas, exploit sportif, ça marche, dormir en nageant, ça marche, en faveur de la nature, ça marche pas, la Méditerranée, tout le monde s'en fout, 191 kilomètres, tout le monde est intéressé, tu vois puis du coup tu fais tes choix éditoriaux et nous on n'a aucune maîtrise sur ça Donc quand t'as des gens qui nous découvrent dans les médias qui disent ouais en faveur de la nature, elle est où la nature ? Puis tu dis d'un côté je suis d'accord avec vous, elle est où la nature ? Mais c'est pas à moi qu'il faut poser la question. Tu vois ce que je veux dire ? Va voir sur nos vidéos, sur nos trucs, il n'y a pas une vidéo qui parle pas de ça. Tu vois donc c'est aussi ça qui est aussi fatigant. Tu vois au bout d'un moment tu dois, pas te justifier, mais tu dois donner les clés de lecture aux gens qui arrivent avec à nouveau un a priori négatif au lieu de se dire ah sympa. J'ai pas entendu la nature dans ce truc, je vais découvrir ce qu'il fait, je vais voir, ah trop cool, non... Tu vois, que ton avis est construit et constructif. Là, il a regardé 10 secondes de ta vidéo, il a regardé les 30 premières secondes, il a quitté, il a dit, je vois pas où est la nature. Regarde bien jusqu'à la fin de la vidéo. Oui, la caption.
- Bryan Umana
C'est clair.
- Noam Yaron
Au secours.
- Bryan Umana
Je suis complètement d'accord avec toi qu'on ne doit pas... Faire des défis, alors quand je dis défis, je parle pas des défis comme ceux que tu fais, je parle des défis humains, c'est-à-dire un marathon, un high-rock, un truc à la portée de tout le monde. Je suis d'accord avec toi.
- Noam Yaron
Mais...
- Bryan Umana
N'empêche qu'il y a quand même pas mal de personnes qui aimeraient... Alors maintenant, et ça c'est à ces personnes-là de se poser la question, est-ce qu'elles veulent le faire parce que vraiment elles ont une envie profonde ou c'est parce qu'on a vu sur les réseaux sociaux et puis on se compare, etc. Voilà, ça c'est un peu plus philosophique, une réflexion intrapersonnelle à se faire. Mais quand on a justement ces personnes qui aimeraient... Parce que ça fait dix ans qu'on n'avait pas d'enfants, elles faisaient du sport, il y a eu des enfants, etc. Elles ont arrêté le sport et elles ont eu l'impression qu'elles n'avaient plus le temps. J'ai bien l'impression parce que comme tu l'as dit, et moi je suis 100%, 200% d'accord avec ça, on a tous le temps. C'est une question de priorité et de choix encore une fois. On décide de ne pas s'entraîner, on décide de... de voir un film un soir, etc. Et donc pour la personne qui est inspirée par des personnes comme toi, par d'autres personnes qui font des défis hors normes, qui justement a ce petit boost de motivation, et comme tu l'as dit là aussi, je suis d'accord avec toi, la motivation ce n'est qu'une émotion, c'est une émotion passagère qui vient, qui part, parfois c'est cool quand on l'a, ça nous aide, mais parfois elle n'est pas là. Si on a un objectif, qu'elle soit là ou pas, il faut quand même aller dans l'eau, sortir de chez soi, etc. Si tu avais trois étapes, je dis trois, ça peut être deux, ça peut être quatre, assez simples pour quelqu'un qui aimerait se lancer dans un projet ambitieux, que ce soit un projet d'entreprise, que ce soit un projet sportif, qu'est-ce que tu lui dirais ?
- Noam Yaron
Alors je pense, la première question c'est à se poser si le projet tu le fais pour toi ou si tu le fais pour les autres. Prouver aux autres que tu es capable, prouver que tu peux faire mieux, plus vite que X ou Y. Les deux réponses sont bonnes, si c'est oui à l'un ou à l'autre c'est bon, mais tu dois savoir pourquoi tu le fais. Parce que, comme tu le dis, quand la motivation elle est plus là, bah en fait il faut savoir quelle est la finalité en fait de ton truc. deuxième point c'est de savoir vraiment donc là on a dit pour qui et là pourquoi vraiment et est-ce que c'est pour une cause est-ce que c'est pour te remettre en forme est-ce que c'est pour te prouver à toi-même que t'es capable de le faire toutes ces raisons à nouveau elles sont valables chacun fait ce qu'il veut et ça c'est ce qui justement tu dois te rappeler quand t'as pas la motivation honnêtement sur cette année 2025 de préparation qui était la deuxième puisque la première tentative s'est interrompue et on a dû remettre le projet Je pense que j'ai raté 4 entraînements sur 10.
- Bryan Umana
4 entraînements sur 10 ?
- Noam Yaron
Ouais, en moyenne. C'est-à-dire, il y a 40% de mes entraînements que j'ai pas fait. Ça m'a pas empêché de réussir, tu vois. Parce qu'il y a des moments où j'étais fatigué, pas parce que j'avais pas envie d'y aller, mais j'étais fatigué. Et je savais que mon corps, là, c'était pas une bonne idée, ni pour mon mental ni pour mon corps d'aller m'infliger allez, on y va, encore un entraînement, encore 8 kilomètres, alors que j'étais fatigué. Je n'ai pas bien dormi, j'ai eu un mauvais événement ce jour-là, j'ai dû rattraper des trucs, je n'arrive pas à aller m'entraîner, ce n'est pas grave.
- Bryan Umana
Ça, c'est quand même, je trouve hyper important que tu le mentionnes.
- Noam Yaron
Mais pour ça, il faut être hyper proche de ses émotions, être proche de son corps, de ses capacités, d'être confiant, de se dire là, j'ai raté 4 entraînements en un mois, en une semaine, je n'en sais rien. Ça m'est arrivé. Des fois, j'ai eu un déplacement. Pendant quatre jours, je ne me suis pas entraîné. Tes entraîneurs, ils te regardent, ils te font « Comment tu vas faire ? » Je dis « Ça va très bien se passer, en fait. » Enfin, je n'ai aucun doute. Puis en fait, le fait d'avoir la confiance de se dire ça, ce n'est pas être complètement en désillusion et de se dire « Trop facile, Cali-Monaco, pas du tout. » D'ailleurs, à aucun moment, je n'ai fait cette distance avant. Donc, si tu ne l'as pas fait, tu ne peux pas le savoir. Mais tu peux préparer ce que tu peux. Et comme je te le disais, c'était 10%. Dans mon cas, peut-être le 2% de ces 100% qui sont dans les 10% qui représentent la partie sportive, l'endurance, la nage, pour réussir, je savais qu'il fallait que je sois à l'aise avec le fait de passer du temps dans l'eau et pas faire des kilomètres. Les kilomètres, je les ai faits dans ma carrière. À nouveau, c'est impossible de le savoir, mais on va le découvrir. Puis on l'a découvert. Au lieu des 171, 180, j'ai fait 191. Donc la preuve que ça a très bien fonctionné. J'aurais pu encore nager des heures, physiquement, enfin, on va dire avec mes capacités physiques, mais c'est le sommeil, c'est les coupures, tout ça, qui ont évidemment eu raison de moi, et puis l'être humain n'est pas fait pour passer autant de temps dans l'eau, c'est point final. À nouveau, il faut être à l'aise avec ça. Et je dirais, donc voilà, premier point d'être, de savoir pour qui tu le fais, pour savoir pourquoi tu le fais, et ensuite de te dire, ben, est-ce que je suis capable de surmonter l'échec ? Et ça, c'est une question que les gens n'aiment pas se poser. Beaucoup de gens disent, ah, ben, il ne faut pas se dire qu'on ne va pas réussir parce que ça va nous porter la poisse. Non, ce n'est pas ça. c'est de se dire si tu rates, qu'est-ce qui se passe ? il ne va rien se passer en fait Puis en fait, avec ça, tu pars avec une sérénité totale. Moi, je savais que quand j'allais partir de Calvi, comme je t'ai dit, pour moi, c'est réussi. Parce que j'ai réussi à monter le projet, à faire parler de la cause. Enfin, pour moi, c'est réussi. Et je savais qu'une fois que j'allais rentrer dans l'eau, j'allais faire mon maximum. Et clairement, j'ai été jusqu'à mon dernier souffle, sans mauvais jeu de mots. Donc, je savais exactement ce que moi, j'étais capable de faire. Et donc, toi, quand t'arrives, tu sais pour qui tu le fais, tu sais pourquoi tu le fais. et tu sais qu'est-ce qui se passe s'il y a un échec, rien. Qu'est-ce qu'on va dire ? Moi, la chose qui m'a le plus touché dans ce projet, c'est qu'il n'y a personne, vraiment personne qui m'a dit « Ce que tu fais, c'est impossible. » Les gens, ils venaient vers moi et ils me disaient « En fait, pour moi, rien que le fait d'imaginer que tu es capable de faire ça, tu as déjà réussi. » Enfin, pour moi, tu as déjà mon respect, en fait. D'oser dire « Je vais traverser la mer » , il m'a dit « Même si tu fais 10 kilomètres, c'est quoi ? » Et en fait, là aussi, je me suis rendu compte à quel point, en fait, J'étais tellement sûr de moi au travers de tout ce que j'ai proposé. Et on a toujours des doutes, encore une fois, mais plutôt logistique, sur la météo, tout ça. Mais en fait, les gens, ils ont dit, mais en fait, c'est incroyable. En fait, à aucun moment, on se dit que tu ne vas pas réussir. C'est pour ça qu'il y a beaucoup de gens qui ont été déçus pour moi en me voyant sortir de loi de kilomètre. Je dis, mais ne le soyez pas, en fait. ne le soyez pas, c'est incroyable et puis j'ai dit, surtout on a fait ça ensemble Et c'est vraiment fou. Et puis du coup, les gens ont commencé à comprendre ma manière de faire aussi avec cette sortie d'eau à 191 kilomètres, ou tout d'un coup. En fait, les médias qui ont dit interruption, abandon, échec, à deux pauvres petits kilomètres de la côte. Enfin, la RTS qui a fait des titres à nouveau, mais lunaires.
- Bryan Umana
C'est vrai ?
- Noam Yaron
Ouais, ils ont changé leurs titres. Il y a eu tellement... de débats sur les réseaux sociaux. Donc, il n'y avait pas de débat, en fait. C'est eux qui ont imposé cette partie de l'histoire, comme plusieurs autres médias, d'ailleurs. Il n'y a pas qu'eux. Et les gens sur Internet sont venus, mais par centaines, si ce n'est pas par milliers, dire, mais comment osez-vous ? Vous ne savez même pas traverser un pédiluve. Vous êtes en train de critiquer un mec qui a fait 191 km à la nage. Ah oui, ben oui. Puis c'est drôle, tu vois. et tu te dis moi je suis à l'hôpital donc je vois rien de tout ça et je le découvre après coup tu vois Et pour moi, c'est ça qui était important en sortant de l'hôpital après, je crois, 8-9 jours d'hospitalisation. 48 heures plus tard, j'étais à Paris pour faire ces interviews. Je n'étais pas bien. Je ne m'étais pas levé pendant 15 jours. Je ne savais pas trop non plus comment aller m'accueillir les médias en France. Tu vois, après ce début annoncé comme un échec et tout, et ils ont été géniaux. Il n'y a pas eu une question en fait sur ça. Comment vous vous sentez à la sortie de l'eau ? Je dis mais génial en fait. Puis là tu vois dans leurs yeux, mais clair en fait, c'est génial tu vois. Mais en fait c'est ça, moi je savais que je devais aller là-bas pour en fait raconter ma version de l'histoire tu vois. Qui est à nouveau ma mentalité de souligner le 99% positif et pas le 1% qui n'est pas finalisé tu vois. Et à nouveau, la plus belle leçon de cette histoire, c'est qu'au lieu d'un record, potentiellement, on en aura plusieurs.
- Bryan Umana
D'ailleurs, ça en est où, cette homologation ?
- Noam Yaron
Alors ça, c'est un cauchemar. Le protocole qui est très simple. Tu as justement cette World Open Water Swimming Federation qui, elle, doit valider que tu as suivi les règles. Donc que tu as pris le bon matériel, que tu n'es pas sorti de l'eau, que tes tracés GPS correspondent à ce que tu as mis sur le fichier GPS. Donc eux, ils suivent en fait en live ton truc. Donc avec un fichier Excel où on note tout, ce que je mange, ce que je bois, quand je change de combi, est-ce que je suis en train de nager pendant la pause sur le dos, est-ce que je suis en train de me changer. Donc il y a vraiment un fichier où il y a tout dedans. Ce fichier, il est uniquement du coup pour cette fédération qui le garde pour elle, qui du coup vérifie chaque ligne, regarde si ça correspond, machin et tout. Ça, on l'a validé. Donc la nage, elle a été confirmée. Ensuite, tu dois partager cette validation avec le Guinness. On n'est pas obligé de le faire, parce qu'à nouveau, c'est un record, c'est déjà le cas. Mais on s'est dit, ce serait cool quand même, sachant un peu cette espèce de débat qui est uniquement avec certains médias, qui n'est pas du tout avec le grand public, pour le coup, c'est là aussi où c'est marrant. Ce billet de négativité, comme on appelle ça. Et d'avoir, en fait, ce record. Donc à nouveau, on en a, en tout cas à ma connaissance, d'après ce que j'ai pu regarder, je peux me tromper, on en a une dizaine, dans plusieurs catégories différentes. Mère, haute-mère... océan, il y a quoi d'autre ? Il y a 100 courants, donc courant neutre. Il y a le temps et les kilomètres. Donc tout ça, ça se mélange. Il y en a deux à chaque fois. Puis du coup, il y a une dizaine à peu près. Ça prend des semaines pour que justement le Guinness reçoive ce fameux document qui stipule le point de départ, le point d'arrivée, les GPS et tout. Il recontrôle cette fiche, donc dire oui, effectivement, on valide que la World Open Water Streaming Federation a bien fait son boulot. Et ensuite, ils regardent dans leur truc s'il y a déjà un record concurrent. Est-ce que tu le bats ? Est-ce que tu l'égalises ? Ou est-ce que tu en crées un nouveau ? Et si tu en crées un nouveau, ils doivent faire des recherches sur est-ce que c'est vraiment la plus longue nage au monde ? Sachant qu'eux, à nouveau, le Guinness, normalement, ils sont censés faire un ranking uniquement des gens qui ont été homologués. Donc, Il y a peut-être des nages qui ont été, dans notre cas, c'est pas le cas à notre connaissance non plus, mais il pourrait y avoir quelqu'un qui a fait Calvi Monaco en 1918, je dis n'importe quoi, et qui a été couvert par aucun média, il a fait valider ça par personne, et du coup il n'est pas homologué parce qu'il n'y avait pas de protocole officiel pour confirmer sa traversée. Donc tout ça, ça prend un temps fou. Ils ont évidemment autant de demandes qu'il y a de fous sur la planète qui font des records de tout et n'importe quoi, donc évidemment on n'est pas la priorité. à nouveau Nous, on s'en fout, enfin moi je m'en fous complètement d'avoir ça ou pas. On s'est dit que c'était fun de l'avoir et puis on a un contact avec le Guinness privilégié qui nous permet d'accélérer ce processus qui est déjà long. Mais pour moi, c'est anecdotique. D'avoir mon nom dans un bouquin que personne ne lit, enfin vraiment, là aussi à nouveau, il faut se poser la question pourquoi tu le fais. Moi, je le fais pour le geste, c'est la cerise sur le gâteau, mais ce n'est vraiment pas nécessaire.
- Bryan Umana
Mais il n'y avait pas le côté... Peut-être avec les US où eux sont quand même plutôt à cheval sur ce genre de trucs. Exact, voilà, peut-être, voilà,
- Noam Yaron
ça c'est une très bonne question. Effectivement, l'Amérique qui nous a découvert en fait au travers de notre compte anglais, un peu plus tard que quand j'ai fini de traverser, donc la news était un peu retombée entre guillemets, bien qu'on fait encore des interviews, donc la preuve que ça intéresse encore des gens et qu'il y a un documentaire, un livre, donc on a plein d'autres occasions de parler de ça. nous ont dit ouais ce serait quand même cool que vous arriviez un peu à l'américaine avec ton Guinness, ton truc, ton machin puis on a dit bah écoutez on est en train justement de faire les démarches on vous rappelle quand ce sera le cas mais on devait faire une tournée potentiellement aux USA parce qu'on avait entre autres plusieurs intérêts de podcasteurs américains qui ont des millions d'abonnés et tout
- Bryan Umana
Rich Roll, tu connais ?
- Noam Yaron
Ouais, je sais pas si c'est lui c'est mon équipe qui a géré ça, moi j'ai vraiment lu ça en coup de vent on passera à ça plus tard parce qu'on a pas le temps Et puis...
- Bryan Umana
Ça rend vraiment... Tu vois, lui, c'est un ancien, peut-être qu'il fait encore un ultra-athlète. En l'occurrence, beaucoup de nage aussi. Et puis, il a un énorme podcast où il a des sportifs, et pas que des sportifs. Mais lui, il est très orienté quand même, athlète ultra comme ça. Ok, trop bien. Il faut que je vérifie. Il se serait clairement...
- Noam Yaron
Dans son ADN. alors je ne sais plus le nom, c'est quelqu'un que je ne connais pas vraiment personnellement, que je ne suivais pas avant mais qui est vraiment immense et puis on a eu la chaîne Fox News aussi qui nous a contacté la chaîne de Trump qui est tout l'inverse de l'environnement, là aussi on a eu un peu l'équivalent c'est un peu difficile de dire ça mais CNews un peu en France, qui est très orientée de droite, qui n'est pas hyper pro-environnement et les gens nous ont beaucoup reproché le fait qu'on a fait plusieurs apparitions sur CNews et j'ai dit mais en fait vous n'avez rien compris Merci. C'est le plus gros win de la planète d'arriver sur une chaîne qui est convaincue que le réchauffement climatique, je ne parle pas de ces news là, mais de manière générale. que ça n'existe pas, que ce n'est pas intéressant, qu'ils n'en parlent pas sur le truc parce que ce n'est pas dans leur ligne éditoriale. Et toi, tu arrives et pendant cinq minutes, tu parles de ça sur cette chaîne. C'est génial.
- Bryan Umana
C'est clair.
- Noam Yaron
Ce n'est pas en parlant, en te convaincu qu'on va avancer là. C'est sûr. Et là, du coup, Fox News, j'aurais même posé la question. Je leur ai dit, mais vous êtes sûr que vous avez bien conscience du projet, du pourquoi on l'a fait ? Oui, oui, ça nous intéresse et tout. Puis tu dis, génial. donc pour l'instant on a failli le faire une fois mais j'avais une mauvaise connexion, j'étais à Paris j'étais en direct, ça allait passer On a été annoncé et tout, puis finalement on n'a pas pu avoir le direct à cause de la connexion dans un vieil hôtel à Paris. Mais on ira, je pense, en personne quand on sortira le livre ou le documentaire, espérons, et d'aller parler d'environnement sur la chaîne de Trump.
- Bryan Umana
Et sinon Noam, le temps file, malheureusement. On en avait déjà parlé lors de notre premier épisode, mais maintenant, après trois ans, je voulais quand même savoir... pour un petit peu démystifier peut-être l'homme que tu es.
- Noam Yaron
Démystifier quoi exactement ?
- Bryan Umana
Tu le dis souvent, tu le dis, tu es un petit Suisse, si on te croise dans la rue, on ne se dirait pas le gars à nager plus de 190 km, plus de 100 heures dans l'eau, sans en sortir, etc. je trouve aussi intéressant ou beau d'entendre des personnes comme toi qui sont inspirantes qui font bouger les causes et qui font des projets incroyables de se rendre compte aussi un petit peu tu l'as dit 40% de tes entraînements finalement tu ne les as pas fait c'est vrai que j'aurais pas du le dire mon entraîneur va me tuer qu'est-ce qu'il y a d'autre typiquement Est-ce que ça t'arrive le matin de snoozer, de reporter ton réveil ? Est-ce qu'il y a des jours où... Bon, justement, je réponds un petit peu à la question que je te pose, étonné que tu l'as déjà dit. Est-ce que parfois tu te dis, « Ouais, non, là, vraiment, j'ai pas envie... » Tu vois un peu les trucs que tout le monde se dit.
- Noam Yaron
Mais tout le temps.
- Bryan Umana
Tout le temps.
- Noam Yaron
Mais ouais.
- Bryan Umana
En termes de pourcentage, t'arriverais à dire, le pourcentage de... J'allais dire bonheur, c'est pas trop le terme que je recherche, mais...
- Noam Yaron
Satisfaction.
- Bryan Umana
Ouais, satisfaction versus insatisfaction par rapport à justement le fait de devoir se pousser pour devoir aller au bassin, dans l'arc ou autre.
- Noam Yaron
Oula, je dirais... Bon déjà, snoozer le matin... Ça m'arrive très souvent. J'ai mon téléphone qui est très loin dans la pièce, donc quand il sonne, en fait maintenant je fais avec la commande vocale. Je suis là dans le lit, et du coup, pas que ça l'active d'ailleurs. Mais dans tous les cas, en fait pendant à peu près deux mois avant le défi, je prends aucun rendez-vous, aucun téléphone le matin, donc je me laisse dormir. Le but c'est d'accumuler des heures de sommeil, donc là c'est positif de snoozer quelque part. Et plus tu t'approches, plus tu devrais dormir, moins tu arrives à dormir parce que tu es stressé. Mais non, ça m'arrive des matins. D'ailleurs, je ne prends vraiment généralement pas d'appel jusqu'à... On a des weekly avec l'équipe, des fois à 10 heures, mais généralement, je prends mes appels l'après-midi ou en fin de matinée. Et du coup, mes rendez-vous aussi, plus ou moins l'après-midi à part aujourd'hui. Mais sinon, je me laisse dormir. Le sommeil, c'est vraiment un élément hyper important. Et ça ne m'empêche pas d'avancer très bien le reste de ma journée, de travailler plus tard le soir. J'ai des horaires, même en faisant ça, je travaille beaucoup plus que la moyenne. Je travaille les week-ends aussi. Enfin, c'est une autre vie. Mais moi, en tout cas, j'ai bien trouvé mon équilibre. Je ne me force à rien dans le sens que je sais où je vais. À nouveau, je sais pourquoi je fais ça. Je sais pour qui je le fais. Et puis, c'est assez instinctif pour moi. Et je dirais au niveau de la satisfaction. Ouais, je dirais que je suis à 8 ans de 5. Après, c'est mon côté un peu... C'est même pas perfectionniste, parce que je suis pas du tout perfectionniste. Sinon, je ferais pas grand-chose, honnêtement. Mais c'est vraiment un peu ce truc de se dire, ah là, on aurait pu... Mais je le dis après coup. Je travaille beaucoup sur les détails pendant, et il y a des fois où je dis, là, ça sert à rien. C'est des détails qui sont pas utiles au bon déroulement de ce qu'on est en train de faire, tant pis. Mais si c'était moi qui avais pris le temps de le faire, je ne l'aurais pas fait comme ça. Puis du coup, c'est aussi d'éduquer les gens qui travaillent avec toi à avoir ce regard et d'avoir ces réflexes. Et puis du coup, que tu n'aies plus besoin de l'avoir. Parce que si le niveau d'expertise de l'équipe monte et arrive au niveau de toi, tes exigences, évidemment, il y a moins de corrections à faire. Et ça, c'est clair, ce n'est pas facile de travailler avec moi. J'ai vraiment un... une vision qui est tellement claire et puis à la fois qui est tellement flexible où tout d'un coup on voit une opportunité, on se dit go, on y va, dans un sens vraiment très positif, on est vraiment ouvert aux opportunités, c'est pas être opportuniste, mais c'est vraiment de se dire, on n'aurait jamais pensé faire ça, il y a deux jours j'aurais dit non, et là, allons-y quoi, go. Et puis c'est hyper cool de travailler comme ça, puis du coup il faut être à l'aise, l'équipe elle doit être à l'aise, parce que tout d'un coup on avait prévu toute notre semaine, et puis là il y a tout qui se chamboule parce que ben... Noam a décidé d'aller partir à Paris, faire ses interviews, faire quotidien, faire machin, puis tout d'un coup ça s'annule, et puis qu'est-ce qu'on fait ? Et puis tu vois, c'est comme ça. Et du coup, moi je le vis très bien. Et puis le but c'est aussi de les entraîner, eux, à vivre bien ces aléas qui ne sont pas toujours faciles à gérer. C'est une entreprise, mais à la fois c'est un peu un family office, tu vois, les gens travaillent pour moi, mon image. Tu vois, c'est assez spécial quand même comme système. On dépend beaucoup des sponsors, on fait beaucoup de conférences. c'est un format que tu retrouves pas vraiment il y a pas vraiment ce boulot ailleurs en Suisse vraiment, en tout cas à ma connaissance donc tu vois c'est assez spécial comme expérience puis ça c'est sûr je suis extrêmement exigeant puis d'ailleurs c'est assez logique quand tu veux faire des choses qui dépassent la norme tu peux pas être comme la norme c'est assez logique donc ça vient avec, c'est plus, c'est moins et c'est clair que je suis très carré et je demande vraiment un niveau de performance qui est à la hauteur de celui que moi je fournis et je me rends compte que ce n'est pas toujours sain et possible de demander aux gens de faire ça, dépendant de leur expérience, etc. Mais à nouveau, on prend des profils qui sont assez compétitifs et qui ont envie d'apprendre et qui ne sont pas sensibles à la critique. Moi, il n'y a personne qui ne se prend pas un retour une fois par jour, en tout cas.
- Bryan Umana
Est-ce que tu as des recommandations de livres ? ou du podcast, ou d'autres ressources ?
- Noam Yaron
Alors moi j'écoute beaucoup, tu dois connaître Diary of a CEO, que j'aime beaucoup, j'aimerais beaucoup faire leur podcast j'avais écrit à la bouqueuse du podcast qu'elle m'a dit ouais, je suis pas sûr que ça rentre dans notre... je te l'ai trop salaud quoi mais bref, c'est un rêve qui peut-être se réalisera un jour de Stephen Bartlett et puis sinon, livres en ce moment je lis le livre d'Olivier Bourquin on en sortit un nouveau cortisol il faut que j'apprenne par coeur ce titre c'est un mélange en fait des hormones si je dis pas de bêtises et puis avec une méthode en fait qui permet au travers de la nourriture notamment et puis de plein d'autres choses il a une approche très holistique donc Olivier Bourquin c'est mon nutritionniste qui est un personnage c'est assez incroyable qui me suit depuis des années et on a une vision assez similaire qui est vraiment Global, de prendre tout en compte, l'eau que tu bois, que je filtre avec des filtres à charbon, enfin bref.
- Bryan Umana
Pas comme celle-ci, je pense.
- Noam Yaron
Alors elle est filtrée avec une... Ah t'as vu ? Ah oui,
- Bryan Umana
j'ai l'œil.
- Noam Yaron
Donc c'est pas aussi bien que le charbon, mais quand même. Et puis voilà, on est très curieux tous les deux, on a un profil qui est très similaire, très idéaliste, et puis à la fois assez... Ouais, moi en tout cas très structuré, lui je sais pas, il est peut-être un peu plus... c'est ce qui fait son charme. C'est quelqu'un que j'aime beaucoup et avec qui on a refait le monde des milliers de fois. On trouve des méthodes sur des problématiques que personne ne se pose. Moi, c'est des gens comme ça avec qui j'aime beaucoup échanger, apprendre et évoluer. Il a fait un livre que j'ai commencé à lire et qui est vraiment bien, que je recommande. Cortisol et trois petits points. On va appeler ça comme ça.
- Bryan Umana
Il a écrit pas mal de livres. Olivier Bourquin qui est passé sur ce podcast aussi. J'ai quelques-uns de ses livres chez moi aussi. C'était un de mes premiers invités, en tout cas dans la première dizaine qui habite Neuchâtel, pour mes Neuchâtelois qui nous écoutent. D'autres livres qui te viennent comme ça, que tu recommandes fréquemment ?
- Noam Yaron
J'ai lu les livres de Mike Horn aussi, enfin quelques-uns. J'ai eu la chance d'échanger aussi un peu avec ses filles, d'animer une partie de la cérémonie. de remise des prix de son programme qui s'appelle Pangaea X, qui était à Paris. Lui aussi, assez sympa en termes de livres. Et sinon, ça c'est un peu mon défaut, j'aimerais avoir plus de temps pour lire et aussi de prendre le temps de lire plus, pour parler français. Et aussi d'en écrire un, ça sera aussi ma mission, donc de rentrer aussi dans le milieu de l'édition.
- Bryan Umana
En termes de temporalité ?
- Noam Yaron
Ce sera 2026 pour sûr, mais je ne savais pas, mais ça prend des siècles à écrire un livre. J'étais hier avec une maison d'édition qui m'expliquait, d'autres me partageaient des délais un peu moins grands, mais me disaient, chez nous, c'est à peu près, il faut qu'on arrive à présenter. La couverture est le titre du livre aux librairies 5 mois avant. Et là t'es là, mais what ? Donc pendant 5 mois, ils décident, en gros, s'ils le prennent, ils le prennent pas. C'est tendance, c'est pas tendance, ça va marcher, ça va pas marcher. Et du coup, là déjà, t'as une base de précommande. Donc en gros, tu dois donner ton livre 5 mois avant la sortie. Donc là, je t'explique, si tu veux le sortir en mai, par exemple, qui est la date la plus tardive avant l'été, tu dois rendre le manuscrit en janvier. Impossible. Donc, écrire, relecture, mise en page, shooting, couverture, marketing, enfin, impossible. Si c'était moi, je l'aurais fait, mais là, on collabore avec une maison d'édition. Donc, si je m'étais auto-édité, ce n'est pas du tout les mêmes timings. C'est toi qui t'occupes de tout, là. C'est eux qui s'occupent vraiment de toute la démarche. Mais hyper intéressant, puis je me réjouis de faire ce livre. On a eu plusieurs offres aussi de maisons d'édition. des très très connus, donc on se réjouit de pouvoir mettre un pied aussi là-dedans, découvrir comment ça se passe et aussi c'est la première fois que j'aurai vraiment un objet physique en fait, que j'ai créé moi-même ça c'est un truc que je me réjouis aussi de faire un truc dont je pourrais être fier pendant plusieurs dizaines d'années j'espère et qui j'espère sera un succès aussi commercial qui nous permettra aussi de réaliser d'autres défis, de financer nos aventures et de plus forcément dépendre de sponsors à 100% ce qui n'est pas tout à fait notre cas mais en tout cas une bonne majorité Et j'aimerais me détacher un peu de ça, de pouvoir créer aussi un business qui nous permet de nous autofinancer. Ça, ce serait vraiment la mission de ces prochaines semaines.
- Bryan Umana
Ces prochaines semaines ?
- Noam Yaron
Ouais, qu'on arrive à monter un projet qui nous permet de vivre finalement de notre visibilité sans l'offrir forcément à quelqu'un d'autre, mais à nos produits, à quelque chose qu'on pourrait, qui ferait sens aussi au niveau environnemental. Enfin voilà, il y a beaucoup de réflexions à avoir. On peut aller et proposer quelque chose qui, à nouveau, est bien fait, est bien acheminé, fait sens. Et puis ça, ce n'est pas simple. Donc, on réfléchit.
- Bryan Umana
Noam, j'ai un concept qui vient d'ailleurs du Dairy of a CEO.
- Noam Yaron
Trop bien. Donne une question à un invité sans savoir qui ça va être.
- Bryan Umana
Exactement. Merci.
- Noam Yaron
La preuve que j'écoute.
- Bryan Umana
C'est ça. Donc, la question. Quelle est la demande la plus improbable que tu as faite à Lya ? J'ai pété, Claude, Jiménaï, peu importe.
- Noam Yaron
Je crois que c'était... Bon, j'en ai plein d'improbables. La première, c'est que je l'ai demandé qu'est-ce qu'on disait sur moi potentiellement. Donc, en gros, qu'est-ce qu'on dit sur moi sur Internet ? Et là, c'était vraiment à mourir de rire, parce que c'était pendant que j'étais à la sortie de l'hôpital et que je n'ai pas eu le temps de tout regarder et tout. Et qu'il a essayé de me dire très gentiment, en gros, que les médias avaient dit que c'était un échec, mais qu'il ne fallait pas s'en faire. Et ça, c'était assez marrant. Très, très gentil. Très sympa, très gentil, très assurant. et puis l'autre, c'était... c'était que je crois que c'était le budget de mon prochain projet donc celui de 2026 il sera sur une année et demie celui-là une année et demie ? pas une année et demie de défi mais c'est plusieurs étapes c'est un indice là déjà sur une année et demie, pas de la natation encore une fois et je suis arrivé À des chiffres, j'étais là, mais dans quel monde on va réussir à financer un truc comme ça ? Et justement, on l'a pitché déjà à deux ou trois marques et elles ont toutes dit, putain c'est incroyable, trop bien. Et j'étais là, yes, trop cool que les gens arrivent à croire en moi dans un sport que je n'ai jamais pratiqué, vraiment jamais. Et de se dire qu'on va faire aussi un truc assez extraordinaire en se préparant en une année et demie, en filmant tout le processus, en documentant tout, en faisant une chaîne YouTube. avec des épisodes hebdomadaires de comment justement on monte le projet, les hauts, les bas, les sponsors, les approches, tout ça. Et ça, je me réjouis vraiment de le mettre en place. Et j'ai demandé le budget et j'étais là, ok, au secours.
- Bryan Umana
Tu peux le chiffrer ?
- Noam Yaron
Bon, sur une année et demie, ouais, c'est plus d'un million, ouais. C'est plus grand que celui...
- Bryan Umana
Plus proche de deux millions ou ?
- Noam Yaron
Ouais, je dirais un million et demi.
- Bryan Umana
Ok.
- Noam Yaron
À nouveau. C'est des choses où il y a beaucoup de choses qu'on pourrait éliminer, il y a des étapes qui ne sont pas obligatoires, mais on va dire la vision idéale, moyenne, ce serait un million et demi à peu près, sur une année et demie. Donc à nouveau, tu payes tout le monde, des salaires, machin, on ne se rend pas compte, mais en Suisse, un salaire moyen, tu es vite à... à 10% du budget,
- Bryan Umana
en fait,
- Noam Yaron
avec deux personnes. Donc, des gens payés normalement, c'est clair, on est en Suisse. Donc, j'étais là, ok, ça, ça va être aussi un défi dans le défi de financer ça. Mais de s'y prendre sur une année et demie, c'est aussi plus intéressant parce que le point culminant sera du coup en 2027. Et du coup, ça nous laisse toute l'année 2026 pour l'annoncer, faire les premières étapes et nous permettre d'approcher les sponsors toute l'année pour pouvoir avoir le budget. Pour 2027, ce qu'on ne fait jamais. Comme je te disais, là, on finit notre défi en août. On a deux mois de pitching pour l'année qui va venir, où le budget est déjà décidé. Ce n'est pas idéal, donc là, on espère avoir plus de succès, sachant qu'on a à nouveau prouvé ce qu'on était capable de faire en termes d'organisation, de succès médiatique, sur les réseaux sociaux, et qu'on a maintenant une ampleur internationale et plus du tout suisse uniquement. Je me réjouis de monter ce truc et d'expérimenter ce nouveau sport. Ça va être fun.
- Bryan Umana
Je me réjouis de suivre et voir qu'elle saura cette nouvelle aventure. Et Noam, ma dernière question, qu'est-ce que le succès pour toi ?
- Noam Yaron
Alors pour moi, le succès, c'est de réussir ce qu'on pensait impossible à la base. Et impossible, ça ne veut pas dire qu'aucun être humain ne l'a jamais fait, c'est de se dire que pour soi, en tant que personne, on se dit jamais j'arriverai à faire ça et qu'en fait, on se trouve tout d'un coup un jour à se rendre compte qu'on l'a fait. sans même s'en rendre compte. Et c'est là la différence entre la perception et la réalité. C'est vraiment ça. Et pour moi, jamais, jamais de la vie, j'aurais pu rêver de réussir ce défi. Avant, il y a quelques années, même le jour où je l'ai décidé de le faire, c'est-à-dire il y a deux ans, jamais j'aurais deviné être capable de faire ça. Donc la preuve que le succès, finalement, c'est aussi une série de marches. d'un escalier infini sur lequel on fait des détours, on redescend, on remonte. Et chaque marche supplémentaire fait partie finalement du succès.
- Bryan Umana
Je prends cette définition, merci Noam. Est-ce qu'il y a un ou des éléments dont on n'aurait pas parlé ?
- Noam Yaron
C'était très complet, je crois qu'on a tout dit. Beaucoup de choses que je n'ai jamais dit ailleurs d'ailleurs.
- Bryan Umana
Je peux en témoigner. je suis très content effectivement c'est toujours un peu mon objectif trop bien merci beaucoup Noam merci d'avoir mis un réveil aujourd'hui d'avoir mis des habits d'être habillé pour le plaisir de tout le monde merci à tout bientôt ciao merci d'avoir écouté l'épisode entier pour m'aider à continuer je te demande une seule chose abonne-toi au podcast sur ta plateforme préférée Spotify ou Apple Podcasts par exemple et sur Youtube. N'oublie pas de donner ton avis en le notant avec la meilleure note possible et de le partager autour de toi, c'est ce qui m'aide à continuer. Rendez-vous mi-novembre pour un nouvel épisode. Ciao ciao !