- Ann-Catherine
J'ai été dans une course au volume, à la surconsommation, plus c'était toujours mieux... Je me suis sentie en devoir, pour moi, ça a été la bascule à titre personnel... Il y a une sorte du collectif qui est absolument incroyable, avec des vrais liens qui se créent... Le fait d'avoir un futur désirable donne plutôt envie de se mettre en route... La CEC, c'est un partage de savoir absolument incroyable, qui donne une vraie force... On est un peu tétanisé là face au vide, et on s'aperçoit que dès qu'on a enjambé le premier obstacle, ça va beaucoup plus vite...
- Eric
Bienvenue dans Cap Regen. Je suis Éric Duverger, le fondateur de la CEC, une association qui existe pour rendre irrésistible la bascule vers l'économie régénérative. Tout le monde en parle de cette nouvelle économie, qui régénère au lieu d'extraire, mais le défi est immense. Avec Cap Regen, nous donnons la parole à des dirigeants engagés au cœur de l'action. Bonjour Anne-Catherine.
- Ann-Catherine
Bonjour.
- Eric
Alors Anne-Catherine, je te propose de faire un pacte. Ce pacte, il tient en trois mots. Premier mot, courage, parce qu'il en faut du courage quand on s'embarque dans l'aventure de la régénération. Le deuxième mot, c'est authenticité, l'authenticité de notre échange. Et le troisième mot, c'est pragmatisme, parce qu'on veut rendre très concrète cette nouvelle économie et on veut essayer de proposer des exemples les plus concrets possibles. Alors, les trois initiales, courage, authenticité, pragmatisme, ça fait CAP. Alors, Anne-Catherine, CAP ou pas CAP ?
- Ann-Catherine
CAP, Eric.
- Eric
Alors, on se lance. Anne-Catherine, tu es la CEO de Easy Cash. Tu es diplômé de Neoma Business School et tu as un MBA de l'Indiana University Bloomington. Tu as une vingtaine d'années d'expérience de direction générale à forte dimension de business development avec des sociétés telles que Colisée, Rent-A-Car ou Gilles de France. Dans toutes ces expériences, tu as eu un leadership porté sur l'attention au client et la symétrie des attentions envers les collaborateurs. Il se trouve que tu as participé au parcours CEC Nouvelle Aquitaine en 2023-2024. Alors... Pour commencer, est-ce qu'en quelques mots, quelques chiffres, tu peux nous présenter ton entreprise Easy Cash ?
- Ann-Catherine
Oui, bien sûr. Easy Cash existe depuis 25 ans. C'est un réseau d'enseignes de seconde main. Nous avons 162 magasins, nous faisons 285 millions d'euros de chiffre d'affaires et nous sommes des multispécialistes. Nous vendons principalement des téléphones reconditionnés, du gaming, des consoles et des jeux vidéo, du luxe également avec de la bijouterie, de la maroquinerie. de l'informatique et des produits culturels.
- Eric
Alors, est-ce que tu pourrais nous décrire une expérience de nature que tu as eue récemment et qui t'a marquée, quelle qu'elle soit, dans l'eau, la forêt, une expérience de nature ?
- Ann-Catherine
Alors, moi, mon chez-moi, l'endroit où je me ressource, c'est un chalet dans la vallée de Chamonix. Donc, je suis vraiment en pleine nature, je suis au bout d'une impasse et j'ai vraiment les chemins de randonnée à proximité. Il se trouve que la neige est tombée. il n'y a pas très longtemps. Et j'ai fait une sortie de ski de randonnée absolument incroyable, en pleine nature, où on voit combien est-ce que c'est fragile. Parce qu'on voit bien que les glaciers sont de moins en moins présents. On voit quand on est souvent en nature, mais qu'est-ce que ça fait du bien d'être tout seul dans la neige et de sentir son ski de randonnée qui fait un bruit quand on monte, qui brusque, c'est vraiment très, très ressourçant.
- Eric
Et une question pour toi, est-ce que tu dirais que tu as toujours eu la fibre écolo ? D'ailleurs, est-ce qu'aujourd'hui, tu dirais que tu as cette fibre écolo ?
- Ann-Catherine
Pas forcément, parce que je pense que je fais partie de générations qui ont été nourries au volume. Moi, je dis souvent que quand j'étais plus jeune, je regardais Tapie à la télé et que j'étais dans une logique très volumique. Donc, ce n'était pas des choses qui me perturbaient. Je pense que comme beaucoup de générations, j'ai été dans une course à volume, à la surconsommation, que plus c'était toujours mieux. Et cette conscience, elle s'est éveillée quand j'ai commencé à avoir des enfants. quand je suis devenue moi-même maman et que je me suis dit que notre système commençait à tourner très rond. Et ça s'est éveillé au fur et à mesure. Ça n'a pas été une révélation d'un seul coup, ça a été une conscience écolo qui montait petit à petit. Et est-ce que je suis écolo actuellement ? Non. Je pense qu'en revanche, j'ai découvert le vivant que j'avais complètement mis de côté pendant très longtemps. J'étais plutôt omnibulée par les chiffres, plus que par le vivant. Et j'ai redécouvert la connexion au vivant avec la naissance de mes enfants.
- Eric
On va parler donc de 2023, ton arrivée dans l'aventure, le parcours CEC Nouvelle Aquitaine. Est-ce que tu peux nous dire comment tu t'es retrouvée embarquée dans cette aventure ?
- Ann-Catherine
Un peu par hasard, Eric. Finalement, je m'aperçois que les hasards n'arrivent jamais vraiment par hasard. Je venais de prendre la direction générale d'Easy Cash, ou en tout cas de façon assez récente, puisque je suis arrivée chez Easy Cash début 2023. Et quand je suis arrivée chez Easy Cash, qui est un acteur de l'économie circulaire, Je me suis aperçue qu'il y avait plein de choses qui n'avaient pas été faites, et notamment qu'il n'y avait pas eu tout le travail sur la raison d'être, les valeurs, etc. Donc on s'est engagé dans un gros travail sur la raison d'être, les valeurs, et sur l'écriture d'une feuille de route RSE. Et puis on m'a proposé à ce moment-là la CEC. Je ne sais pas pourquoi, je me suis dit j'y vais, en pensant finalement que ça n'allait pas m'apporter grand-chose. Mais en me disant ça va finaliser, je vais voir si c'est cohérent puisqu'on vient d'écrire la feuille de route. RSE, on va voir si c'est intéressant ou pas. J'y suis allée un peu sur une impulsion, moi je suis quelqu'un qui suis assez intuitive. Et je n'ai pas été déçue parce que finalement je n'entendais pas grand-chose. Et ça m'a profondément bouleversée, moi personnellement.
- Eric
Alors justement, ce bouleversement personnel, est-ce que tu peux nous en parler ? Parce qu'il y a eu des moments forts particuliers de ce bouleversement, des prises de conscience particulières.
- Ann-Catherine
Alors pour moi, mon bouleversement, c'est à un moment donné, on nous fait écrire une lettre. Je pense que c'est dans la première séance d'ailleurs. Une lettre aux générations futures, alors qu'on vient d'avoir un certain nombre de conférences qui secouent quand même un petit peu. Et c'est l'écriture de cette lettre. J'étais partie, on était en nature, donc j'étais sortie de la salle pour être assise par terre. au milieu de l'herbe. J'ai eu l'impression que ça a duré 20 secondes. En réalité, j'ai dû passer plus d'une heure à écrire cette lettre. Et vraiment, ça m'a mis en action. Alors qu'auparavant, j'étais dans une logique quand même un peu de triangle de l'inaction, en disant qu'on ne peut pas faire grand-chose, c'est quand même compliqué, etc. Je me suis sentie en devoir. Pour moi, ça a été la bascule à titre personnel. Et après, j'ai embrassé chacune des séances avec beaucoup d'enthousiasme parce que j'étais très déterminée. Ça m'a mis tout de suite dans une énergie très positive. Donc là où d'autres ont vraiment eu assez long, parce qu'un parcours CEC, c'est du haut du bas, du haut du bas. Mais moi, finalement, comme j'étais en mode guerrier, je crois qu'on avait eu d'ailleurs une conférence où on nous parlait des Spartiates. Je me suis dit, voilà, je fais partie des Spartiates. J'y vais, je suis déterminée, engagée, on va se mettre en route.
- Eric
Alors, ça me donne envie quand même de te demander, elle est où cette lettre au futur, là, maintenant ? Est-ce que tu l'as récupérée ?
- Ann-Catherine
Je l'ai récupérée. Alors, je l'ai relue en me disant vraiment que j'avais écrit des trucs pas terribles dedans. Mais elle est chez moi, sur la console qui est dans l'entrée et je la relis de temps en temps.
- Eric
Maintenant, ce que je te propose, c'est qu'on parle justement de cette feuille de route. Puisque tu nous as dit que tu avais commencé avec ton entreprise à écrire une feuille de route RSE. Et dans la CEC, on écrit aussi une feuille de route qui est livrée en fin de parcours, une feuille de route de redirection. Est-ce que finalement, En quelques mots, en quelques axes, tu dirais, il y a quoi dans cette feuille de route ?
- Ann-Catherine
Alors, il y a des objectifs chiffrés assez ambitieux, mais il y a surtout des changements de paradigme et de business model. La première chose dont je me suis rendue compte lors de la CEC, c'est qu'il y avait un certain nombre de choses qu'on faisait chez Easy Cash qui n'étaient pas forcément très cohérents. La première chose, c'est qu'on vendait encore des articles neufs, alors que quand on est un acteur de la seconde main, il n'y a aucune raison de vendre des articles neufs, sauf s'ils permettent d'allonger la vue. durée de vie d'autres produits. Donc, je me suis dit, il faut renoncer à ça, c'est pas cohérent. La seconde chose, c'est que je me suis aperçue qu'on n'allait pas suffisamment loin. Donc, on a décidé de lancer des ateliers de réparation en magasin, de façon à pouvoir allonger la durée de vie de nos produits et pouvoir acheter des produits qu'on n'achetait pas auparavant. La troisième chose, c'est que ça m'a personnellement beaucoup questionnée sur la course au volume. Et que je me suis rendue compte que même si j'avais regardé Tapie quand j'étais jeune et que j'avais fait une école de commerce, grossir, ce n'était pas forcément grandir. Et qu'il fallait renoncer au volume. Un renoncement qui est compliqué. Je dis souvent que je suis en convalescence sur ce sujet-là.
- Eric
On l'est tous.
- Ann-Catherine
Et le dernier point de la feuille de route, c'est que je me suis rendue compte que la feuille de route d'Easy Cash, elle ne pouvait pas s'arrêter à nos magasins et qu'il fallait qu'on aille beaucoup plus loin. Notamment pour aider les acteurs du neuf à faire transition. En ouvrant notre école de l'occasion à d'autres acteurs. en commercialisant nos outils pour pouvoir faire de la seconde main, en lançant également des partenariats sur le territoire bordelais, puisque Easy Cash est une entreprise bordelaise. Et on a mis en place, durant ce parcours CEC, un certain nombre de choses. On a vraiment été très action-réaction. Donc, une partie de la feuille de route est déjà commencée.
- Eric
Alors, ce qu'on va faire, c'est qu'on va descendre, on va zoomer un peu sur ces quatre grands leviers de ta feuille de route pour aller au plus concret possible. Donc tu nous as d'abord parlé d'un renoncement sur les ventes de produits neufs. Un renoncement, ça ne se fait pas tout seul. Il faut qu'il y ait un accompagnement de ton organisation et aussi que ce soit une décision qui soit acceptée par tes parties prenantes. Donc est-ce que tu peux nous dire un petit peu plus justement comment ça se passe ?
- Ann-Catherine
Alors la première fois qu'on était toutes... contente avec ma planète championne. On a un organe, puisque j'ai des magasins franchisés principalement, donc sur les 162 magasins que nous avons, 27 sont des magasins intégrés, tous les autres sont des magasins franchisés. Et nous avons un organe qu'on appelle le comité stratégique, où on va discuter d'un certain nombre de décisions stratégiques avec des représentants du réseau. Donc, toute contente, on présente la feuille de route qu'on venait d'écrire, on devait être en session 4 à peu près. autant dire qu'à ce moment-là, on se fait un peu ramasser par les franchisés qui nous disent « Vous êtes folles, vous faites de l'écologie et plus de... » de l'économie, enfin en gros ils avaient l'impression qu'on avait fumé la moquette. Et puis, réaction assez dure, et on voit qu'on va avoir du mal à convaincre nos franchisés. Et dix jours après, un franchisé m'appelle et il me dit finalement je réfléchis, c'est pas très cohérent, tu as raison, j'ai décidé d'arrêter de vendre du plaqué or neuf, parce que c'est souvent de ça dont il s'agit dans nos magasins. Et je me suis rendue compte que finalement c'était possible. Donc forte de cette conviction. On a décidé d'utiliser, pour pouvoir embarquer nos parties prenantes, des techniques qui nous avaient été apprises lors de la CEC. C'est le récit positif imaginaire. Donc on s'est dit, on se place en 2030, et on fait un film où on raconte qu'on est en 2030 et qu'on a fait les choses et que ça s'est bien passé. Et on a demandé à des ambassadeurs franchisés de témoigner avec nous, et on a diffusé ce film à nos franchisés, sans fixer de choses, sans obliger, et petit à petit, on s'aperçoit que beaucoup d'entre eux commencent finalement avoir un arrêt programmé du neuf, c'est-à-dire petit à petit, on est déjà à moins 15%. Certains magasins complètement arrêtés, d'autres un peu moins. Et nous, sur nos magasins intégrés, pour montrer l'exemple, nous avons décidé qu'en 2025, nous ne passerons plus commande de produits neufs sur le plaqué or.
- Eric
Merci d'avoir creusé, parce que c'est vrai que c'est très rare les entreprises qui font des renoncements, en général. C'est rare d'ailleurs les individus qui font des renoncements. On sait dans la CEC, on a des statistiques, que quand même 40% des entreprises qui ont fait la CEC ont posé des renoncements. Mais ce n'est pas suffisant. Et sur la gestion du changement, c'est vraiment intéressant ce que tu mets là. Ça n'a pas été coercitif, mais plutôt aspirationnel. Et c'est sans doute ce qu'il y a de plus puissant pour embarquer durablement. Oui,
- Ann-Catherine
je pense que c'est ce qui marche. De toute façon, la punition, ça ne fait jamais avancer le grand monde. Et le fait d'avoir un futur désirable donne plutôt envie de se mettre en route, de s'apercevoir que c'est possible. On a un réseau où les gens se comparent beaucoup les uns aux autres avec des statistiques. Donc, ils voient que ceux qui ont renoncé, finalement, arrivent quand même à s'en sortir, que profitabilité et renoncement ne sont pas toujours contradictoires. Et puis, parallèlement, on a également travaillé sur d'autres activités génératrices de marge, de façon à pouvoir compenser les marges qui sont... perdu par les renoncements et notamment la mise en place d'ateliers de réparation qui font quand même beaucoup plus sens que...
- Eric
Très bien, tu m'emmènes toi-même, tu me donnes la transition pour justement cette question. Donc des ateliers de réparation, qui est une activité supplémentaire. Quand tu l'as présenté tout à l'heure, tu as parlé de l'intention d'allonger la durée de vie des produits et peut-être aussi de diversifier. Là aussi, tu peux nous dire un peu comment ça se passe concrètement ?
- Ann-Catherine
Alors concrètement, on a des ateliers à l'intérieur des magasins, en front office, où on répare les produits. Soit qu'on achète en magasin et qu'il nécessite une petite réparation, un changement de batterie par exemple pour un téléphone ou un changement d'écran. Le gros avantage d'avoir un réparateur en interne, c'est que ça permet de pouvoir prendre des risques et donc de décider d'acheter des produits qu'on n'aurait pas achetés sinon parce qu'on ne sait pas. Donc ça, c'est un avantage indéniable et quelque part, ça rend service au client puisqu'on lui propose quelque chose. de l'argent pour quelque chose qu'on refusait auparavant. Et ça permet aux franchisés d'avoir une marge sur ce produit-là. La seconde chose, c'est de faire le SAV de magasin, parce que dans les magasins, de temps en temps, il y a des produits qui reviennent parce qu'ils ont des soucis. Donc, comme on garantit tous nos produits deux ans, ça permet de diminuer la note des SAV. Et puis surtout d'avoir de la satisfaction client, parce que les délais sont quand même beaucoup plus courts. Et le troisième intérêt, c'est que ça permet de réparer des produits de clients qui n'ont pas forcément acheté le téléphone. quelque chose en magasin. Alors pour l'instant, on a décidé de se concentrer sur la téléphonie uniquement parce qu'on ne s'invente pas réparateur de tous les produits du jour au lendemain. Donc on fait de la téléphonie principalement puisque ça représente, c'est notre premier produit vendu. Mais notre souhait, c'est de pouvoir petit à petit étendre ça à d'autres typologies de produits. On travaille actuellement sur les manettes parce que le rayon de gaming est un rayon important pour nous et souvent les gamers abîment un petit peu les manettes quand ils jouent aux jeux vidéo.
- Eric
Est-ce que ça crée potentiellement des emplois ?
- Ann-Catherine
Alors, ça crée des emplois où ça permet à des collaborateurs de pouvoir changer de carrière. Nous, chez Zcash, on donne des secondes vies aux produits, mais on essaye aussi de donner des secondes vies aux collaborateurs. Donc oui, ça crée des emplois. Ou des collaborateurs qui ont déjà passé beaucoup de temps au magasin, qui souhaitent s'orienter vers des métiers plus techniques, enfin, prennent ces emplois, puis du coup, on recrute un vendeur.
- Eric
Et ça donne envie de rebondir sur ce troisième grand levier, ou je ne sais pas si c'est un levier, mais en tout cas, cette prise de conscience. Tu parlais de sortir, de se désintoxiquer de la course au volume. Finalement, comment ça se traduit ? Puisque là, on voit que moins de volume produit neuf, peut-être aussi de la substitution avec de la réparation. Mais quand on sort de cette logique de volume et qu'on est dans la vente, qu'est-ce qui se passe en fait et qu'est-ce que ça peut générer comme nouvelle réflexion ?
- Ann-Catherine
Alors nous, c'est une prise de conscience qu'à un moment donné, dans un monde fini, on ne peut pas vendre les choses de manière infinie et que notre mission, en tout cas, ce n'est pas de vendre des choses à des gens qui n'en ont pas besoin, en leur faisant payer en dix fois sans frais pour leur racheter après. En tout cas, ce n'est pas tout à fait la mission d'Easy Cash et ça ne me paraît pas être un commerce vertueux. Et la première chose qu'on a décidé de faire, c'est de mesurer notre effet rebond sur la seconde main. Donc, on vient de le mesurer. toutes les analyses exactes de l'effet rebond, mais on voit bien que probablement il y aura des réflexions qu'il va falloir qu'on mène en fonction également de la durée de détention. On s'aperçoit que certains produits, les gens les gardent assez peu, donc peut-être qu'il y aurait des valeurs d'usage plutôt que des valeurs d'achat. Par exemple, sur les livres, nous vendons des livres d'occasion, on s'aperçoit que nos clients sont des grands lecteurs, donc ils achètent, ils revendent, donc peut-être qu'on pourrait avoir des systèmes d'abonnement, de location. On a des produits sur lesquels on a des effets rebonds. importants, typiquement le luxe. C'est parce qu'on voit un produit qui est chouette qu'on décide de l'acheter. Mais à contrario, ce sont des produits sur lesquels les durées de détention sont extrêmement importantes. Quand on achète un bijou souvent, on le garde et puis on le donne à ses enfants. Donc du coup, l'impact est peut-être moins important pour la planète parce que mieux vaut acheter le transport de génération en génération. Et puis, on s'aperçoit qu'il y a d'autres sujets sur lesquels il faut qu'on aille creuser un petit peu. Donc le fait de mesurer nous permet déjà de pouvoir, derrière, poser des plans d'action et des diagnostics sur ces sujets-là.
- Eric
Et c'est vrai que ça me donne envie de te poser la question, est-ce que toutes ces connaissances, cette expertise que vous commencez à avoir, justement, sur la durée des tensions, les effets rebonds et autres, est-ce que c'est seulement à vocation pour Easy Cash d'optimiser son business ou est-ce que vous pouvez ouvrir vers l'extérieur ?
- Ann-Catherine
Sur les effets rebonds, on a décidé d'écrire un livre blanc. J'espère qu'il sera sorti au premier trimestre. Et on est en train de travailler sur ces sujets-là de façon à pouvoir avoir une base de connaissances qui puissent être partagées.
- Eric
Ça nous emmène vers ce quatrième axe de la feuille de route que tu avais qualifié tout à l'heure de « aller beaucoup plus loin » . J'ai envie de dire, c'est générer des impacts positifs au-delà de votre pure entreprise, donc dans l'écosystème. Quels sont le type d'actions, des exemples d'actions que vous avez sur cette partie de « aller beaucoup plus loin » ?
- Ann-Catherine
Alors, il y a des actions qui sont assez simples, mais qui demandent du temps. C'est d'aller convaincre les acteurs du neuf qu'on peut faire de la seconde main en étant rentable. Beaucoup d'acteurs du neuf veulent se lancer dans la seconde main, mais ont beaucoup de freins parce que c'est des business models qui sont différents. Donc là, ça passe par des témoignages. On témoigne beaucoup. Dès qu'on a des prises de parole qui sont possibles, on le fait avec beaucoup d'enthousiasme sur ces sujets. Mais on peut également aller intervenir dans des codires pour aller convaincre. des comités de direction, de faire des tests ou de se lancer sur ces activités-là. Donc ça, c'est des choses qui sont déjà en place. J'ai un collaborateur, je ne vais pas dire qu'il ne fait quasiment que ça, mais enfin qu'il passe quand même un petit peu de temps. Ensuite, on a décidé deux actions concrètes. On a une école de l'occasion qui sert à Easy Cash depuis des années, parce que ça fait 25 ans qu'on fait ce métier-là et que quand on a commencé, ce métier n'existait pas. Donc nous avons décidé d'ouvrir cette école de l'occasion. aux gens qui veulent se lancer tout simplement dans ces métiers. Donc ça peut être des formations sur mesure qu'on va créer pour des codires qui veulent avoir des premières connaissances sur la seconde main, mais ça peut être aussi de la formation au métier d'acheteur en magasin. Donc ça, c'est des choses qu'on a décidé de faire. On a également décidé de valoriser les métiers de la seconde main. On pense qu'il n'y aura pas de filière s'il n'y a pas de métier avec des compétences qui sont reconnues. Donc nous avons déposé auprès de France Compétences des titres professionnels autour des métiers de la seconde main, notamment le métier d'acheteur de seconde main, parce qu'autant il existe des titres sur... acheteurs industriels, acheteurs frigorifiques, mais acheteurs de seconde main, ça n'existe pas. Alors, j'aimerais te dire qu'à l'heure actuelle, ce titre, nous l'avons obtenu auprès de France Compétences, mais nous n'avons pas tout à fait les mêmes délais. Donc, j'espère que ça va bientôt arriver. Et si ça marche, on en déposera d'autres de façon à pouvoir avoir des vraies valorisations des métiers de la seconde main. Et puis, la troisième chose, c'est que nous, on a plein d'outils, on a un ERP métier, on a pricing, on a plein, plein de data. Et on a décidé d'ouvrir ça et de pouvoir commercialiser nos outils pour pouvoir faire en sorte que d'autres acteurs puissent en profiter.
- Eric
Alors, merci pour tout ça. Tu as évoqué tout à l'heure aussi tes projets avec l'écosystème de territoire. Et on en profite pour passer le bonjour à toutes nos équipes en Nouvelle-Aquitaine et à ce territoire incroyable de la Nouvelle-Aquitaine. Est-ce que là, concrètement, vous avez déjà matérialisé des coopérations ?
- Ann-Catherine
Oui, on a fait deux choses. La première chose, c'est qu'on a créé une ESS avec des réparateurs bordelais, de façon à pouvoir acheter des lots de téléphones et de pouvoir les revendre après dans nos magasins, puisqu'on s'aperçoit l'année dernière, Easy Cash a vendu le réseau à un peu plus de 300 000 téléphones. Et sur ces 300 000 téléphones, on en achète, on va dire 70% en comptoir, mais il y en a 30% qu'on achète à des brokers, qui pour certains d'entre eux se sourcent. En dehors du territoire français, avec des téléphones qui ont quand même une empreinte carbone qui n'est pas idéale, notre souhait était de raccourcir les chaînes de distribution. Et donc, on a décidé de faire ça également sous forme d'OSS, de façon à pouvoir permettre à des gens qui sont un peu éloignés du marché du travail de revenir sur le marché du travail. Donc ça, ça a été une première initiative qui a été lancée durant l'été et on a déjà réparé. je crois, 8 000 téléphones grâce à cette ESS. Et notre souhait, c'est d'en faire 20 000 l'année prochaine, peut-être 25 000 si ça se passe bien. Ensuite, l'autre partenariat qu'on a lancé surterritorialement, c'est avec une école qui s'appelle NoSchool, qui est une école bordelaise. Et nous avons créé ensemble les premières promotions de vendeurs de seconde main, avec deux classes d'alternants qui sont dans les magasins Easy Cash. Donc, le partenariat est en route. Et nous espérons l'année prochaine avoir plus de classes pour avoir au moins une centaine d'alternants.
- Eric
Génial. Alors, une question peut-être difficile. On sait qu'on a beaucoup d'entreprises de la CEC qui veulent arriver à reconnecter leurs feuilles de route avec le vivant. Et c'est plus ou moins facile. Quand on produit du café, par exemple, on a une interaction directe avec le vivant. Quand on est dans le mobilier, avec le bois et autres. Pour vous, sur ce que vous faites ? Est-ce que tu vois ou collectivement voyais des pistes sur cette reconnexion de Easy Cash au vivant d'une manière ou d'une autre ?
- Ann-Catherine
On s'est beaucoup cassé les dents sur ce sujet-là pendant la session de la CLC. Je me rappelle, on s'arrachait les cheveux avec la planète championne. D'abord, on s'est dit que le vivant, c'était également les êtres humains et qu'en revanche, Easy Cash était quand même extrêmement connecté au vivant. Nous, notre souhait, c'est de faire de nos magasins les lieux d'échange et de partage, d'être vraiment... Faire autre chose que de vendre des objets et je pense qu'on y réussit plutôt bien dans les magasins. Donc ça, c'est vraiment quelque chose qu'on a ancré dans notre feuille de route et qu'on essaye de dupliquer en ayant plein d'initiatives importantes sur ce sujet. Après, on est plutôt sur des initiatives, on va dire magasin par magasin. Donc certains magasins vont dépolluer les plages, d'autres vont faire d'autres actions, mais on est encore un peu en train de se chercher autour de ça. Alors je te dirais que les magasins qui sont magasins responsables, on a acheté des bouts de forêt en France pour pouvoir se reconnecter aux vivants. Mais c'est un sujet qui est compliqué quand on n'a rien à voir avec le vivant dans son business model. C'est toujours compliqué et on se casse quand même un peu les dents sur le sujet. Mais en revanche, le fait de parler du vivant, de le prendre en compte, de se dire qu'on a une... connexion au vivant et de parler du vivant dans nos réunions manager, dans nos réunions avec le réseau, ça permet déjà de semer des petites graines qui font que peut-être à titre personnel, chacun va avoir une reconnexion au vivant plus importante.
- Eric
Alors ça nous emmène vers une deuxième partie, ça fait partie de la feuille de route, embarquer l'écosystème et puis tout le travail sur l'organisation. On sait que l'économie régénérative c'est la réinvention des monnaies d'affaires, mais c'est aussi l'organisation et dans... Cet organisme vivant qu'est une entreprise. Donc, on va aborder trois sujets. Le leadership, la gouvernance et l'organisation. Donc, voilà, des sujets pour embarquer ton organisation. Alors déjà, on sait que tu es une dirigeante de longue date avec un leadership assez engagé. Est-ce que tu veux peut-être nous dire, est-ce que c'était évolutif sur ton leadership ? Est-ce que tu pourrais le qualifier aujourd'hui de régénératif ? Voilà, quel... Prise de hauteur, tu restes sur ton leadership aujourd'hui ?
- Ann-Catherine
Je pense que le leader ou la manager que je suis aujourd'hui n'a rien à voir avec celle que j'étais à mes débuts. Je ne souhaite à personne un manager comme moi quand j'ai commencé à être directrice générale. Je ne sais pas si c'est l'expérience ou la connexion au vivant qui fait ça. D'abord, j'accepte que les choses puissent aller comme dans la nature, différemment, tant que ça pousse et que les choses vont bien. Mon objectif est plutôt de... d'essayer de faire grandir mes collaborateurs. Je donne beaucoup plus d'autonomie aux uns aux autres que je ne le faisais auparavant. Après, j'ai eu la chance de diriger des réseaux et dans les réseaux, c'est des hommes et des femmes qui ont des envies, des feuilles de route, des objectifs qui sont différents. Donc, j'ai aussi appris que c'était OK que tout le monde ne soit pas OK avec moi. Donc, ça, ça va aussi bien mieux une fois qu'on se le dit. Et ensuite, je pense que c'est un peu Le parcours CEC m'a fait prendre conscience qu'il fallait du temps sur un certain nombre de choses. Alors moi, je suis très impatiente par nature. J'ai une idée, je veux qu'elle soit mise en place immédiatement. Et souvent, j'essaie de prendre un peu de recul. Le parcours CEC, nous, il a duré neuf mois. C'est la gestation d'un enfant, globalement. Et voilà, c'est OK que ça prenne un petit peu de temps. Il vaut mieux que le sillon soit profond pour que derrière, ça aille plus vite. Donc, c'est aussi des choses que j'ai apprises en termes de leadership. petit à petit, au fur et à mesure, que la CEC a fait sans doute mûrir de façon plus importante.
- Eric
En termes organisationnels, comme vous fonctionnez avec beaucoup de franchisés, c'est toujours un gros challenge pour une direction générale d'emmener dans toute cette diversité autant de franchisés. Là, est-ce qu'il y a aussi des inflexions par rapport à ton organisation, ton approche de cette organisation pour qu'elle soit la plus positive ou embarquée sur cette nouvelle feuille de route ?
- Ann-Catherine
Alors, Easy Cash est un réseau un peu particulier parce que c'est un réseau qui est, on va dire, presque dans sa gouvernance un peu coopérative, puisque 80% du capital d'Easy Cash est détenu par des actionnaires historiques qui ont eux-mêmes des magasins. Donc, on a forcément une gouvernance qui est... Alors, on n'est pas dans une gouvernance coopérative, mais on est dans une gouvernance très consultative. C'est-à-dire qu'on passe énormément de temps à interagir avec nos parties prenantes. pour leur expliquer la feuille de route, les embarquer, discuter. J'ai des rubriques « On se dit tout » où on répond aux questions. Donc ça a un avantage, c'est qu'une fois que c'est lancé, c'est vraiment lancé. Nous avons décidé de façon à pouvoir embarquer l'écosystème sur ces sujets-là, de systématiquement en parler. Alors on commence maintenant toutes nos réunions par le bilan carbone de la Réunion. Ça fait partie des rituels et on fait toujours un rituel sur la feuille de route de façon à expliquer, mais également de manière positive, en mettant en valeur ce qui se passe bien. Et puis en essayant également de donner du savoir sans être trop rébarbatif. Donc c'est toujours un équilibre un peu fragile. Parfois il est réussi, parfois il ne l'est pas, parfois on secoue. On a notamment fait intervenir Arthur Keller lors d'une convention. Je pense qu'on a un peu secoué les uns et les autres. Voilà. On essaye de trouver un juste équilibre qui est du flux et du reflux, mais tant que ça va dans le bon sens, c'est l'essentiel. Et puis nous avons dans nos franchisés, certains franchisés qui sont extrêmement engagés, qui se sont lancés dans la triple comptabilité par exemple, ce qui est absolument incroyable quand on pense à des commerçants. J'ai un franchisé, notamment celui qui s'est lancé dans la triple comptabilité, qui a fermé son magasin une matinée. Fermer un magasin pour un commerçant, c'est juste inconcevable. pour permettre à ses collaborateurs, ses parties prenantes et ses clients de regarder des vidéos d'Arthur Keller pour qu'ils se rendent compte de l'état du monde et de les mettre en action.
- Eric
On passe le bonjour à Arthur, qui est le spécialiste de l'électrochoc. En deux heures, c'est vrai qu'il arrive à faire bouger les consciences. Une question peut-être, puisqu'on observe dans beaucoup d'entreprises engagées dans la CEC, que lorsque la feuille de route a un fort niveau d'appropriation par les collaborateurs, il y a une augmentation du niveau d'engagement. des collaborateurs ? Est-ce que c'est quelque chose que vous mesurez, que vous pouvez ressentir ? Ou est-ce que vous ne l'avez pas forcément ressenti ? Mais est-ce que ce projet d'entreprise, il est aspirationnel ?
- Ann-Catherine
Alors, il est très aspirationnel, notamment sur les collaborateurs du siège, peut-être de réseau, mais peut-être parce qu'ils sont plus infusés que les autres. Après, la question, c'est la question de l'infusion au sein de chacun des magasins, qui est un travail qu'on est en train de mener et on a décidé de le mener plus tôt. en trouvant des ambassadeurs et sur la base du volontariat, en se disant qu'il faut qu'il y ait une dynamique positive, il ne faut pas que les gens voient ça comme une contrainte. Il faut que ça soit in, il faut que ça soit cool de faire du régénératif. Il faut que les autres se disent, zut, je suis en train peut-être de louper quelque chose. Et c'est tout le travail qu'on est en train de faire sur la théorie de la bascule. On pense qu'on est plutôt là, sur les magasins, à entre 15 et 20 %, et que l'année 2025 et l'année 2026 vont nous permettre... d'atteindre notre point de bascule.
- Eric
Est-ce que ce groupe ou cette équipe de collaborateurs engagés, il a un nom chez Easy Cash ?
- Ann-Catherine
Pas encore. Si tu as une idée, je peux te la donner.
- Eric
Voilà, peut-être on a chez Belko, par exemple, qui fait du café Belko pour le vivant. Donc voilà, il y a un collectif qui s'appelle Belko pour le vivant. Donc on peut être Easy Cash pour le vivant.
- Ann-Catherine
Alors on a déjà un nom pour notre feuille de route, elle s'appelle All Ready.
- Eric
Ah, ok. Donc... Alors ça, c'est la première fois qu'on a un nom pour une feuille de route. Parce qu'on est déjà prêts. On est déjà prêts, mais tout reste à faire. Et peut-être une dernière question sur un enjeu dont on sait qu'il est compliqué dans l'entreprise régénérative, qui est l'enjeu du partage de valeurs. C'est une entreprise qui a une surface financière quand même très significative. Est-ce que sur ce sujet-là, dans le mode de partage de valeurs, je ne sais pas, vous avez des actions qui étaient engagées ou qui sont en cours d'accélération ?
- Ann-Catherine
Non. Par nature même, on a une relation, puisqu'on est franchiseur, et on est quand même sur une notion de partage de la valeur, puisque nous, nos redevances sont assises sur la marge du franchisé. Donc, si le franchisé gagne de l'argent, on en gagne. S'il n'en gagne pas, on n'en gagne pas. On n'est pas sur le chiffre d'affaires. Donc, il y avait quand même, dès le démarrage et dans l'historique d'Easy Cash, une volonté d'être sur du gagnant-gagnant. Il y a du gagnant-gagnant également avec nos parties prédentes clients, puisque l'économie circulaire, moi je dis souvent que c'est une économie de la générosité. Si je ne suis pas généreuse avec les gens qui viennent me vendre des objets, ils ne vont pas revenir. Et puis si je ne fais pas faire des bonnes affaires aux gens qui viennent acheter, ils ne reviennent pas non plus. Après, il y a toute la question du partage de la valeur avec les collaborateurs et notamment les collaborateurs en magasin, qui est un sujet sur lequel il faut qu'on travaille. Ça fait partie des sujets qui sont sur la feuille de route là sur 2025. et sur lesquels on aimerait également embarquer en termes de parties prenantes tous les magasins franchisés. On voit bien que c'est un vrai sujet, une vraie tente des collaborateurs qui contribuent quand même beaucoup à la réussite d'Easy Cash. La réussite d'Easy Cash, c'est les équipes en magasin avant tout.
- Eric
Merci beaucoup. On a vraiment brossé un portrait 360 de cette feuille de route. Donc, bonne chance à Easy Cash sur cette feuille de route already. Et maintenant, on va juste... Prendre un peu de recul sur les enseignements, puisque tu peux partager aussi à nos auditeurs, notamment sur le chemin parcouru à travers les neuf mois de la CEC et depuis. Qu'est-ce que tu conseillerais à un dirigeant de dirigeante d'entreprise qui n'a pas fait la CEC ou pas ce genre de parcours ? Quels seraient les arguments que tu donnerais sur pourquoi s'embarquer ?
- Ann-Catherine
Je trouve que c'est un cadeau qu'on se fait en tant que dirigeant. Ma vie de dirigeante, je pense que c'est un des plus beaux cadeaux que je me suis fait, de prendre ces neuf mois pour me transformer et transformer l'entreprise. Il y a une force du collectif qui est absolument incroyable, avec des vrais liens qui se créent entre les dirigeants. On se voit assez régulièrement entre camps de base, mais même avec des dirigeants qui ne sont pas dans le même camp de base que nous. On fait des échanges, qui peuvent être des échanges sur des sujets de feuilles de route CEC, mais pas que. On s'appelle quand on a des opportunités, on pense les uns aux autres. Donc ça permet de créer un vrai écosystème de gens qui sont embarqués dans la même dynamique que soi. Et puis une CEC, c'est un partage de savoir absolument incroyable qui donne une vraie force. Le seul conseil que je peux donner, c'est de ne pas hésiter et d'y aller. Souvent, c'est le premier pas qui est le plus compliqué. Moi, je fais beaucoup de montagne et j'ai le vertige. Et souvent, quand je dois... enjamber quelque chose. On est un peu tétanisé face au vide et on s'aperçoit que dès qu'on a enjambé le premier obstacle, ça va beaucoup plus vite. Donc, il faut se mettre en mouvement. Je pense que la CEC est une bonne façon de se mettre en mouvement parce que c'est une façon qui est positive, encadrée avec une vraie dynamique de groupe où on ne se retrouve pas tout seul et isolé en se disant, voilà, qu'est-ce que je vais faire ? Mon Dieu, mais ce n'est pas possible. Donc, oui, c'est un vrai cadeau qu'on peut se faire en tant que dirigeant. On ne fait pas tant que ça, finalement.
- Eric
Donc, on approche tout doucement de la fin de cette conversation. Il reste quelques questions, notamment sur les règles du jeu du monde économique, puisqu'on peut se rendre compte que Easy Cash est sans doute plus avancé que ses concurrents dans le secteur sur les enjeux de la transition. Si tu pouvais changer les règles du jeu, certaines règles du jeu dans ton secteur ou en dehors du monde économique, notamment sur le gouvernement ou le législateur, est-ce qu'il y a des accélérateurs que tu pourrais envisager ?
- Ann-Catherine
Alors moi, j'avais pensé que la CSRD serait un vrai accélérateur. Là, on vient de se prendre un coup de bambou.
- Eric
C'est pas perdu,
- Ann-Catherine
c'est pas perdu. Mais bon, du coup, nous, on avait décidé d'anticiper. On était sur nos 800 indicateurs. Donc voilà, il y a deux sujets, je trouve. Il y a un sujet de valorisation des entreprises sur des sujets extra financiers. Pour l'instant, malgré tout ce qu'on se raconte, la valorisation des entreprises, elle est quand même plutôt sur des multiples débits de DA que sur tout le reste. Là, c'est un peu le pari. de Pascal, mais moi je suis convaincue qu'à terme les entreprises seront valorisées sur autre chose que leur multiple débit de d'art. Et j'en suis vraiment profondément convaincue. La seconde chose, là je parle plutôt sur l'économie circulaire, c'est toutes les incitations que pourrait faire le gouvernement pour inciter les Français à consommer davantage de seconde main. Donc on voit bien sur beaucoup de choses, sur les taux de TVA. Je sais que le gouvernement ne veut jamais toucher à la TVA.
- Eric
C'est un totem.
- Ann-Catherine
Mais il pourrait y avoir des choses. Il pourrait y avoir des choses également en termes de simplification de législation, parce que toute la législation du neuf s'applique à la seconde main, ce qui rend les choses extrêmement compliquées. Typiquement, je te donne un exemple, mais qui est une petite anecdote. Nous vendons des sacs en cuir en maoquinerie. La législation impose normalement, quand on vend des sacs, de pouvoir dire quelle est la provenance du cuir. Est-ce que c'est de la vache, du taureau ou de la chèvre ? Si le produit existe en neuf, je suis capable de pouvoir le dire. Mais si je vends un sac qui a 20 ou 25 ans, je suis incapable de pouvoir le dire. Et ce faisant, je suis en conformité avec la législation. Et donc, quand il y a des inspecteurs qui viennent dans les magasins, ils nous donnent des amendes parce qu'on n'est pas capable de pouvoir faire ça. Donc, il y a quand même des complexités qui rendent les choses difficiles pour se lancer, se mettre en action.
- Eric
C'est des très bonnes pistes, en fait, dont on aura besoin sans doute dans le futur pour accélérer ton secteur et aussi d'autres secteurs. Alors attention, une question très difficile maintenant. Peut-être la plus difficile, c'est, on se dit que pour diffuser l'envie d'économie régénérative, il faut aussi de rendre ce nouveau modèle économique le plus simple possible. Maintenant, tu imagines que tu as un enfant ou une enfant de 10 ans à qui il faudrait que tu te dises en une phrase ou quelques mots finalement, c'est quoi l'économie régénérative ?
- Ann-Catherine
Une phrase à un mot, un enfant de 10 ans, effectivement, c'est la question la plus compliquée. C'est une économie qui redonne à la nature et qui ne fait pas que prendre. Dans l'économie classique, l'important, c'est de faire de l'argent, peu importe si on détruit. Là, c'est une économie qui permet, un, de ne pas prendre, et si possible, de faire en sorte que la nature, que le vivant aille mieux.
- Eric
C'est très convaincant. Et donc, justement, peut-être dernière question pour toi. Surtout là, on est dans une séquence politique et géopolitique qui peut être déprimante. On sait qu'il y a beaucoup d'éco-anxiété, notamment chez les jeunes générations. Et comme tu nous avais parlé de ta lettre au futur, ça nous permettra de reboucler. Finalement, est-ce que tu aurais des messages à faire passer aux jeunes générations, celles qui arrivent sur le marché de l'emploi, notamment en ce moment ?
- Ann-Catherine
Alors, je comprends l'éco-anxiété, mais en même temps... temps, c'est le moment ou jamais de s'engager. Je sais que ce sont des générations qui sont extrêmement engagées de choisir les bons métiers ou d'aller dans des entreprises pour les faire bouger, puisque ce sont les forces vives de demain. Je pense que c'est au contraire incroyable. Tout est à faire et à bouger. On a besoin d'eux dans les entreprises pour faire bouger les prises de conscience des uns et des autres. Moi, j'aurais 40 ans de moins, je serais en train de faire la révolution pour faire bouger les choses. Donc, je comprends que ça soit... qu'on a l'impression d'être face à un mur, mais finalement, c'est dans le mouvement que les choses vont avancer. Donc, on compte fort sur eux.
- Eric
Merci beaucoup, Anne-Catherine. Alors, merci pour le courage, le courage d'une dirigeante qui prend des décisions difficiles. Merci pour l'authenticité et cet échange qu'on a eu à cœur ouvert. Et alors, merci beaucoup pour ton pragmatisme, parce que sur chacun des leviers, tu nous as donné beaucoup d'exemples, beaucoup de chiffres. Voilà, courage, authenticité, pragmatisme, en route pour le Cap-Régen.
- Ann-Catherine
Merci à toi.