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Cartels & Cie

Le cartel des linos - Episode 1 - Des perquisitions fructueuses

Le cartel des linos - Episode 1 - Des perquisitions fructueuses

09min |03/07/2024
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09min |03/07/2024
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Description

Cartels & co est une série de podcasts, proposée par l’Autorité de la concurrence, qui revient sur des grandes affaires de lutte contre les pratiques anticoncurrentielles en France.


RÉSUMÉ DE L’AFFAIRE

L’enquête démarre en 2011, sur la base d’indices transmis par la DGCCRF. L’Autorité décide alors de procéder à des opérations de visite et saisie dans les locaux des 3 principaux fabricants (Gerflor, Forbo et Tarkett) ainsi que du syndicat du secteur. Ces perquisitions ont permis de rassembler de nombreuses preuves de comportements anticoncurrentiels et deux des entreprises ont ensuite présenté une demande de clémence. Les entreprises se rencontraient secrètement, 3 à 4 fois par an dans des hôtels. Elles s’entendaient notamment sur les prix, la gestion de la relation client, l’organisation commerciale ou encore les échantillons de nouveaux produits. Les directeurs généraux et commerciaux échangeaient par téléphone grâce à 9 lignes dédiées. Les fabricants avaient enfin conclu un pacte de non-concurrence en vertu duquel ils s’interdisaient de communiquer sur les performances environnementales de leurs produits. Dans sa sanction, l’Autorité a aussi pris en considération la durée très longue des pratiques (allant de 10 ans à 25 ans selon les entreprises) et leur caractère massif et institutionnalisé mettant en cause sur une longue période un grand nombre de responsables des entités concernées.


TÉMOIGNAGES PAR ORDRE D’APPARITION

  • Bruno Gallet, directeur des finances et du patrimoine de l’hôpital Paul Guiraud à Villejuif

  • Erwan Kerguelen, rapporteur général adjoint à l’Autorité de la concurrence et rapporteur sur l’affaire aux moments de faits

  • Anne Krenzer, responsable du pôle clémence à l’Autorité de la concurrence

  • Elise Provost, responsable du réseau développement durable à l‘Autorité de la concurrence

  • Laure Gauthier, rapporteure générale adjointe à l’Autorité de la concurrence et rapporteure sur l’affaire aux moments de faits

  • Sarah Subrémon, avocate spécialisée en droit de la concurrence et notamment en matière d’action en réparation du dommage concurrentiel


DÉCISION INTÉGRALE 

https://www.autoritedelaconcurrence.fr/sites/default/files/commitments//17d20.pdf

 

COMMUNIQUE DE PRESSE 

https://www.autoritedelaconcurrence.fr/fr/communiques-de-presse/lautorite-sanctionne-hauteur-de-302-millions-deuros-les-trois-principaux

 

RECOURS ET POURVOIS

Cette décision est définitive, elle n’a fait l’objet d’aucun recours dans les délais légaux.
A la suite de la décision de l’Autorité de la concurrence, des actions en dommages et intérêts ont été introduites par des entreprises ou des établissements publics qui s’estiment victimes de ces pratiques. Ces actions, dont certaines sont mentionnées dans le présent podcast, sont pendantes devant les juridictions compétentes en vue de déterminer tant la nature que le montant du préjudice éventuel.

 

POUR ALLER PLUS LOIN

Voir notre rubrique dédiée au développement durable : https://www.autoritedelaconcurrence.fr/fr/page-riche/developpement-durable-et-concurrence

La coopération entre la DGCCRF et l’Autorité de la concurrence : https://www.autoritedelaconcurrence.fr/fr/video/charte-de-cooperation-adlc-dgccrf

Consultez le Communiqué de procédure du 15 décembre 2023 relatif au programme de clémence français : https://www.autoritedelaconcurrence.fr/sites/default/files/2023-12/communique-clemence-15-dec-2023.pdf

 

Cette série constitue un support pédagogique qui a vocation à informer le grand public. La présentation des cartels concernés ne prétend pas à l’exhaustivité et les témoignages recueillis peuvent par ailleurs manquer de précision ou emprunter certains raccourcis de langage. L’Autorité invite les auditeurs à consulter les décisions dans leur version intégrale ainsi que les arrêts des juridictions de contrôle, le cas échéant, pour apprécier de façon exacte le contexte et la portée des informations présentées.

Transcription

  • Speaker #0

    Ce podcast vous est proposé par l'autorité de la concurrence. L'autorité de la concurrence est une autorité administrative indépendante chargée notamment de sanctionner les pratiques anticoncurrentielles. On l'appelle aussi le gendarme de la concurrence.

  • Speaker #1

    Vous écoutez Cartel et compagnie, un podcast sur de grandes affaires de fraude économique française. Je m'appelle Isabelle Souquet, je suis journaliste, et dans cette série en huit épisodes, je vous emmène dans les coulisses des enquêtes de l'autorité de la concurrence, au cœur de scandales qui impliquent des entreprises mondiales. J'ai décidé de vous raconter les mécanismes des cartels, ces accords secrets de grande envergure qui ont des conséquences préjudiciables directes sur nous, les consommateurs, sur le prix final de certains produits que l'on achète régulièrement, et même sur les impôts que nous payons. Vous entendrez également le témoignage de ceux qui luttent au quotidien contre ces tricheries et ces manipulations de marché. Deuxième enquête, le cartel des lino. Je vais vous raconter comment les principaux fabricants de revêtements de sol ont floué les contribuables à hauteur de plusieurs millions d'euros. Épisode 1, des perquisitions fructueuses. La direction financière, c'est au troisième étage. Bonjour monsieur, bonjour madame. Je suis Galet. Ah ben voilà. Bonjour, merci de me recevoir chez vous. Bruno Galet est directeur des finances et du patrimoine de l'hôpital Paul Guiraud à Villejuif. Je l'ai rencontré à l'hôpital.

  • Speaker #2

    Les hôpitaux, depuis plusieurs dizaines d'années, pour des raisons qui ont trait à l'hygiène, se sont mis à poser des sols collés. Parce que c'est des surfaces qui se nettoient facilement, avec peu d'aspérité. Un hôpital, c'est grand, il faut considérer qu'en termes de mètres carrés utilisés, un hôpital général sera autour de 80 000 mètres carrés. Donc ça représente potentiellement beaucoup de mètres carrés de sols collés et un enjeu financier. important.

  • Speaker #1

    Pendant plus de 20 ans, l'hôpital de Villejuif a acheté des maîtres et des maîtres de lino, ses revêtements de sol en PVC et linoleum. Or, pendant des années, les trois entreprises leaders du secteur se sont entendues sur les prix, au détriment des structures privées et publiques. En payant plus cher ses fournisseurs, L'hôpital de Villejuif a subi des surcoûts très importants qui pourraient se chiffrer en millions d'euros.

  • Speaker #3

    Ce sol d'inspiration romantique est de création récente. Il offre toutes les garanties d'entretien facile, de solidité, d'étanchéité, enfin tout ce que l'on peut demander à un sol à notre époque.

  • Speaker #1

    Dans les années 50, la France connaît un âge d'or du plastique. Le linoleum, le PVC et autres sols vinyles deviennent des revêtements incontournables dans les foyers français.

  • Speaker #3

    Les enfants peuvent jouer dessus sans risquer de le rayer et l'entretien en est des plus simples, je vous l'ai déjà dit. Le charme d'un tel sol, une des qualités que nous venons d'énumérer mises à part, est dû au dessin.

  • Speaker #1

    Les bâtiments publics construits après la guerre, comme les hôpitaux et les écoles, vont également s'équiper de sols souples pour des raisons de simplicité des travaux, d'hygiène et surtout de coût. Les appels d'offres des pouvoirs publics se multiplient et le marché devient de plus en plus juteux pour les fabricants de revêtements. Commence en septembre 2010. Comme chaque année, Une société spécialisée dans la pose de sol reçoit le catalogue des trois entreprises majeures du Lino en France, Gerflor, Tarket et Forbo. Les trois fournisseurs ont légèrement augmenté leur prix, mais ce qui est surprenant, c'est que les pourcentages d'augmentation de prix pour chaque produit sont étonnamment similaires. Même les courriers adressés aux clients semblent avoir été copiés-collés. Bonjour, bonjour. Monsieur Kerguelen ? Oui, et bien c'est moi. Et moi je ne peux pas rentrer ici sans vous. Erwann Kerguelen est à l'époque des faits rapporteur à l'autorité de la concurrence. C'est le titre donné aux enquêteurs.

  • Speaker #4

    En fait, à la base, les trois fabricants ont envoyé une lettre à leurs clients pour leur indiquer une hausse de prix à venir. Et la particularité de cette hausse, c'est qu'elle était du même pourcentage et la lettre est datée du même jour. Et donc, c'était un professionnel qui était déjà alerté par une certaine similitude des prix et je dirais la réception de ces trois courriers concomitants. a vraiment alerté son attention et c'est suite à ça qu'il a fait un dépôt de plainte anonyme auprès de la DGCCRF pour dénoncer un comportement qui lui paraissait suspect.

  • Speaker #1

    Début 2011, un signalement est donc fait à la répression des fraudes, la DGCCRF, qui alerte à son tour l'autorité de la concurrence. Le premier réflexe d'Erwan Karguelen est de vérifier si le contexte économique peut expliquer une hausse simultanée de tous les fournisseurs. L'augmentation du prix des matières premières, comme le passage à l'euro quelques années auparavant, a pu jouer sur les hausses de prix.

  • Speaker #4

    À ce moment-là, nous regardons les différentes pièces, on les analyse pour voir si elles ne peuvent pas s'expliquer par, par exemple, des éléments comme des hausses de coût, etc. Et là, finalement, en fait, l'ensemble des conditions nous faisaient plutôt penser qu'il n'y avait rien qui justifiait l'envoi concomitant d'une hausse aussi similaire. Et ce, d'autant qu'on était dans des conditions de marché qui étaient assez propices au cartel, dans la mesure où on était avec trois opérateurs au niveau français qui détenaient une part de marché importante. Et donc, c'était une situation qui est aussi propice à la coordination entre opérateurs. Et donc, dans ce cadre-là, on regarde si on peut motiver une perquisition auprès du juge des libertés de la détention.

  • Speaker #1

    Après avoir étudié toutes les pièces rassemblées par l'autorité de la concurrence, le juge des libertés et de la détention autorise les perquisitions dans les locaux de Gerflor, Forbeau et Tarquette.

  • Speaker #4

    On arrive le matin accompagné d'un officier de police judiciaire et après on demande de voir un responsable à qui on notifie l'ordonnance du juge et à partir de là commence le début des opérations, à la fois des fouilles papier des bureaux et des fouilles informatiques. que ce soit ordinateur, serveur, téléphone. En fait, la collecte se fait généralement dans la journée et une fois qu'on a vérifié que les éléments entrent bien dans ce champ, du coup on peut les prendre et on fait une mise sous-cellée et commence la phase d'exploitation qui est beaucoup plus longue parce que notamment il y a une mise en relation des différents éléments et quelque part une histoire à recréer.

  • Speaker #1

    En parallèle de ces perquisitions, d'autres recherches sont lancées pour trouver de nouveaux éléments et corroborer les différents indices.

  • Speaker #4

    Et là notamment, on a fait des demandes d'informations par rapport aux notes de frais, dans la mesure où les principaux opérateurs se rencontraient régulièrement dans différents hôtels pour discuter de ces éléments-là. Et donc on a essayé de croiser les notes de frais pour prouver que les opérateurs étaient au même endroit au même moment.

  • Speaker #1

    Les enquêteurs réalisent non seulement que le cartel existe, mais qu'il fonctionne depuis au moins dix ans. Nous sommes en 2011 et les premières pièces incriminantes datent en effet de 2001.

  • Speaker #4

    En termes de pièces décisives, je dirais déjà des éléments manuscrits ou informatiques saisis chez les uns et les autres, montrant le résultat des échanges. Par exemple, ils appelaient leurs réunions des réunions 1, 2, 3, qui faisaient référence aux trois fabricants, et donc avec des notes avec 1, 2, 3, avec des montants de hausse ou des prix minimums ou des éléments relatifs au volume. Et ensuite, pour les notes de frais, c'était des notes de frais qui prouvaient que les responsables des trois entreprises se retrouvaient dans le même lieu à la même date. Généralement, ils passaient la nuit dans l'hôtel et avaient une journée de travail pour discuter des différents sujets. et se retrouvaient à cette occasion dans des hôtels plutôt sympas, comme par exemple à Annecy ou à Saint-Malo. Ça pouvait être aussi dans des restaurants comme le Blue Elephant à Paris.

  • Speaker #1

    C'est la fin de ce premier épisode consacré au cartel des lino. Dans le prochain épisode, les trois entreprises mettent en place une stratégie secrète pour communiquer entre elles.

  • Speaker #0

    Cartel & Compagnie est un podcast proposé par l'autorité de la concurrence et produit par Insider Podcast.

Description

Cartels & co est une série de podcasts, proposée par l’Autorité de la concurrence, qui revient sur des grandes affaires de lutte contre les pratiques anticoncurrentielles en France.


RÉSUMÉ DE L’AFFAIRE

L’enquête démarre en 2011, sur la base d’indices transmis par la DGCCRF. L’Autorité décide alors de procéder à des opérations de visite et saisie dans les locaux des 3 principaux fabricants (Gerflor, Forbo et Tarkett) ainsi que du syndicat du secteur. Ces perquisitions ont permis de rassembler de nombreuses preuves de comportements anticoncurrentiels et deux des entreprises ont ensuite présenté une demande de clémence. Les entreprises se rencontraient secrètement, 3 à 4 fois par an dans des hôtels. Elles s’entendaient notamment sur les prix, la gestion de la relation client, l’organisation commerciale ou encore les échantillons de nouveaux produits. Les directeurs généraux et commerciaux échangeaient par téléphone grâce à 9 lignes dédiées. Les fabricants avaient enfin conclu un pacte de non-concurrence en vertu duquel ils s’interdisaient de communiquer sur les performances environnementales de leurs produits. Dans sa sanction, l’Autorité a aussi pris en considération la durée très longue des pratiques (allant de 10 ans à 25 ans selon les entreprises) et leur caractère massif et institutionnalisé mettant en cause sur une longue période un grand nombre de responsables des entités concernées.


TÉMOIGNAGES PAR ORDRE D’APPARITION

  • Bruno Gallet, directeur des finances et du patrimoine de l’hôpital Paul Guiraud à Villejuif

  • Erwan Kerguelen, rapporteur général adjoint à l’Autorité de la concurrence et rapporteur sur l’affaire aux moments de faits

  • Anne Krenzer, responsable du pôle clémence à l’Autorité de la concurrence

  • Elise Provost, responsable du réseau développement durable à l‘Autorité de la concurrence

  • Laure Gauthier, rapporteure générale adjointe à l’Autorité de la concurrence et rapporteure sur l’affaire aux moments de faits

  • Sarah Subrémon, avocate spécialisée en droit de la concurrence et notamment en matière d’action en réparation du dommage concurrentiel


DÉCISION INTÉGRALE 

https://www.autoritedelaconcurrence.fr/sites/default/files/commitments//17d20.pdf

 

COMMUNIQUE DE PRESSE 

https://www.autoritedelaconcurrence.fr/fr/communiques-de-presse/lautorite-sanctionne-hauteur-de-302-millions-deuros-les-trois-principaux

 

RECOURS ET POURVOIS

Cette décision est définitive, elle n’a fait l’objet d’aucun recours dans les délais légaux.
A la suite de la décision de l’Autorité de la concurrence, des actions en dommages et intérêts ont été introduites par des entreprises ou des établissements publics qui s’estiment victimes de ces pratiques. Ces actions, dont certaines sont mentionnées dans le présent podcast, sont pendantes devant les juridictions compétentes en vue de déterminer tant la nature que le montant du préjudice éventuel.

 

POUR ALLER PLUS LOIN

Voir notre rubrique dédiée au développement durable : https://www.autoritedelaconcurrence.fr/fr/page-riche/developpement-durable-et-concurrence

La coopération entre la DGCCRF et l’Autorité de la concurrence : https://www.autoritedelaconcurrence.fr/fr/video/charte-de-cooperation-adlc-dgccrf

Consultez le Communiqué de procédure du 15 décembre 2023 relatif au programme de clémence français : https://www.autoritedelaconcurrence.fr/sites/default/files/2023-12/communique-clemence-15-dec-2023.pdf

 

Cette série constitue un support pédagogique qui a vocation à informer le grand public. La présentation des cartels concernés ne prétend pas à l’exhaustivité et les témoignages recueillis peuvent par ailleurs manquer de précision ou emprunter certains raccourcis de langage. L’Autorité invite les auditeurs à consulter les décisions dans leur version intégrale ainsi que les arrêts des juridictions de contrôle, le cas échéant, pour apprécier de façon exacte le contexte et la portée des informations présentées.

Transcription

  • Speaker #0

    Ce podcast vous est proposé par l'autorité de la concurrence. L'autorité de la concurrence est une autorité administrative indépendante chargée notamment de sanctionner les pratiques anticoncurrentielles. On l'appelle aussi le gendarme de la concurrence.

  • Speaker #1

    Vous écoutez Cartel et compagnie, un podcast sur de grandes affaires de fraude économique française. Je m'appelle Isabelle Souquet, je suis journaliste, et dans cette série en huit épisodes, je vous emmène dans les coulisses des enquêtes de l'autorité de la concurrence, au cœur de scandales qui impliquent des entreprises mondiales. J'ai décidé de vous raconter les mécanismes des cartels, ces accords secrets de grande envergure qui ont des conséquences préjudiciables directes sur nous, les consommateurs, sur le prix final de certains produits que l'on achète régulièrement, et même sur les impôts que nous payons. Vous entendrez également le témoignage de ceux qui luttent au quotidien contre ces tricheries et ces manipulations de marché. Deuxième enquête, le cartel des lino. Je vais vous raconter comment les principaux fabricants de revêtements de sol ont floué les contribuables à hauteur de plusieurs millions d'euros. Épisode 1, des perquisitions fructueuses. La direction financière, c'est au troisième étage. Bonjour monsieur, bonjour madame. Je suis Galet. Ah ben voilà. Bonjour, merci de me recevoir chez vous. Bruno Galet est directeur des finances et du patrimoine de l'hôpital Paul Guiraud à Villejuif. Je l'ai rencontré à l'hôpital.

  • Speaker #2

    Les hôpitaux, depuis plusieurs dizaines d'années, pour des raisons qui ont trait à l'hygiène, se sont mis à poser des sols collés. Parce que c'est des surfaces qui se nettoient facilement, avec peu d'aspérité. Un hôpital, c'est grand, il faut considérer qu'en termes de mètres carrés utilisés, un hôpital général sera autour de 80 000 mètres carrés. Donc ça représente potentiellement beaucoup de mètres carrés de sols collés et un enjeu financier. important.

  • Speaker #1

    Pendant plus de 20 ans, l'hôpital de Villejuif a acheté des maîtres et des maîtres de lino, ses revêtements de sol en PVC et linoleum. Or, pendant des années, les trois entreprises leaders du secteur se sont entendues sur les prix, au détriment des structures privées et publiques. En payant plus cher ses fournisseurs, L'hôpital de Villejuif a subi des surcoûts très importants qui pourraient se chiffrer en millions d'euros.

  • Speaker #3

    Ce sol d'inspiration romantique est de création récente. Il offre toutes les garanties d'entretien facile, de solidité, d'étanchéité, enfin tout ce que l'on peut demander à un sol à notre époque.

  • Speaker #1

    Dans les années 50, la France connaît un âge d'or du plastique. Le linoleum, le PVC et autres sols vinyles deviennent des revêtements incontournables dans les foyers français.

  • Speaker #3

    Les enfants peuvent jouer dessus sans risquer de le rayer et l'entretien en est des plus simples, je vous l'ai déjà dit. Le charme d'un tel sol, une des qualités que nous venons d'énumérer mises à part, est dû au dessin.

  • Speaker #1

    Les bâtiments publics construits après la guerre, comme les hôpitaux et les écoles, vont également s'équiper de sols souples pour des raisons de simplicité des travaux, d'hygiène et surtout de coût. Les appels d'offres des pouvoirs publics se multiplient et le marché devient de plus en plus juteux pour les fabricants de revêtements. Commence en septembre 2010. Comme chaque année, Une société spécialisée dans la pose de sol reçoit le catalogue des trois entreprises majeures du Lino en France, Gerflor, Tarket et Forbo. Les trois fournisseurs ont légèrement augmenté leur prix, mais ce qui est surprenant, c'est que les pourcentages d'augmentation de prix pour chaque produit sont étonnamment similaires. Même les courriers adressés aux clients semblent avoir été copiés-collés. Bonjour, bonjour. Monsieur Kerguelen ? Oui, et bien c'est moi. Et moi je ne peux pas rentrer ici sans vous. Erwann Kerguelen est à l'époque des faits rapporteur à l'autorité de la concurrence. C'est le titre donné aux enquêteurs.

  • Speaker #4

    En fait, à la base, les trois fabricants ont envoyé une lettre à leurs clients pour leur indiquer une hausse de prix à venir. Et la particularité de cette hausse, c'est qu'elle était du même pourcentage et la lettre est datée du même jour. Et donc, c'était un professionnel qui était déjà alerté par une certaine similitude des prix et je dirais la réception de ces trois courriers concomitants. a vraiment alerté son attention et c'est suite à ça qu'il a fait un dépôt de plainte anonyme auprès de la DGCCRF pour dénoncer un comportement qui lui paraissait suspect.

  • Speaker #1

    Début 2011, un signalement est donc fait à la répression des fraudes, la DGCCRF, qui alerte à son tour l'autorité de la concurrence. Le premier réflexe d'Erwan Karguelen est de vérifier si le contexte économique peut expliquer une hausse simultanée de tous les fournisseurs. L'augmentation du prix des matières premières, comme le passage à l'euro quelques années auparavant, a pu jouer sur les hausses de prix.

  • Speaker #4

    À ce moment-là, nous regardons les différentes pièces, on les analyse pour voir si elles ne peuvent pas s'expliquer par, par exemple, des éléments comme des hausses de coût, etc. Et là, finalement, en fait, l'ensemble des conditions nous faisaient plutôt penser qu'il n'y avait rien qui justifiait l'envoi concomitant d'une hausse aussi similaire. Et ce, d'autant qu'on était dans des conditions de marché qui étaient assez propices au cartel, dans la mesure où on était avec trois opérateurs au niveau français qui détenaient une part de marché importante. Et donc, c'était une situation qui est aussi propice à la coordination entre opérateurs. Et donc, dans ce cadre-là, on regarde si on peut motiver une perquisition auprès du juge des libertés de la détention.

  • Speaker #1

    Après avoir étudié toutes les pièces rassemblées par l'autorité de la concurrence, le juge des libertés et de la détention autorise les perquisitions dans les locaux de Gerflor, Forbeau et Tarquette.

  • Speaker #4

    On arrive le matin accompagné d'un officier de police judiciaire et après on demande de voir un responsable à qui on notifie l'ordonnance du juge et à partir de là commence le début des opérations, à la fois des fouilles papier des bureaux et des fouilles informatiques. que ce soit ordinateur, serveur, téléphone. En fait, la collecte se fait généralement dans la journée et une fois qu'on a vérifié que les éléments entrent bien dans ce champ, du coup on peut les prendre et on fait une mise sous-cellée et commence la phase d'exploitation qui est beaucoup plus longue parce que notamment il y a une mise en relation des différents éléments et quelque part une histoire à recréer.

  • Speaker #1

    En parallèle de ces perquisitions, d'autres recherches sont lancées pour trouver de nouveaux éléments et corroborer les différents indices.

  • Speaker #4

    Et là notamment, on a fait des demandes d'informations par rapport aux notes de frais, dans la mesure où les principaux opérateurs se rencontraient régulièrement dans différents hôtels pour discuter de ces éléments-là. Et donc on a essayé de croiser les notes de frais pour prouver que les opérateurs étaient au même endroit au même moment.

  • Speaker #1

    Les enquêteurs réalisent non seulement que le cartel existe, mais qu'il fonctionne depuis au moins dix ans. Nous sommes en 2011 et les premières pièces incriminantes datent en effet de 2001.

  • Speaker #4

    En termes de pièces décisives, je dirais déjà des éléments manuscrits ou informatiques saisis chez les uns et les autres, montrant le résultat des échanges. Par exemple, ils appelaient leurs réunions des réunions 1, 2, 3, qui faisaient référence aux trois fabricants, et donc avec des notes avec 1, 2, 3, avec des montants de hausse ou des prix minimums ou des éléments relatifs au volume. Et ensuite, pour les notes de frais, c'était des notes de frais qui prouvaient que les responsables des trois entreprises se retrouvaient dans le même lieu à la même date. Généralement, ils passaient la nuit dans l'hôtel et avaient une journée de travail pour discuter des différents sujets. et se retrouvaient à cette occasion dans des hôtels plutôt sympas, comme par exemple à Annecy ou à Saint-Malo. Ça pouvait être aussi dans des restaurants comme le Blue Elephant à Paris.

  • Speaker #1

    C'est la fin de ce premier épisode consacré au cartel des lino. Dans le prochain épisode, les trois entreprises mettent en place une stratégie secrète pour communiquer entre elles.

  • Speaker #0

    Cartel & Compagnie est un podcast proposé par l'autorité de la concurrence et produit par Insider Podcast.

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Cartels & co est une série de podcasts, proposée par l’Autorité de la concurrence, qui revient sur des grandes affaires de lutte contre les pratiques anticoncurrentielles en France.


RÉSUMÉ DE L’AFFAIRE

L’enquête démarre en 2011, sur la base d’indices transmis par la DGCCRF. L’Autorité décide alors de procéder à des opérations de visite et saisie dans les locaux des 3 principaux fabricants (Gerflor, Forbo et Tarkett) ainsi que du syndicat du secteur. Ces perquisitions ont permis de rassembler de nombreuses preuves de comportements anticoncurrentiels et deux des entreprises ont ensuite présenté une demande de clémence. Les entreprises se rencontraient secrètement, 3 à 4 fois par an dans des hôtels. Elles s’entendaient notamment sur les prix, la gestion de la relation client, l’organisation commerciale ou encore les échantillons de nouveaux produits. Les directeurs généraux et commerciaux échangeaient par téléphone grâce à 9 lignes dédiées. Les fabricants avaient enfin conclu un pacte de non-concurrence en vertu duquel ils s’interdisaient de communiquer sur les performances environnementales de leurs produits. Dans sa sanction, l’Autorité a aussi pris en considération la durée très longue des pratiques (allant de 10 ans à 25 ans selon les entreprises) et leur caractère massif et institutionnalisé mettant en cause sur une longue période un grand nombre de responsables des entités concernées.


TÉMOIGNAGES PAR ORDRE D’APPARITION

  • Bruno Gallet, directeur des finances et du patrimoine de l’hôpital Paul Guiraud à Villejuif

  • Erwan Kerguelen, rapporteur général adjoint à l’Autorité de la concurrence et rapporteur sur l’affaire aux moments de faits

  • Anne Krenzer, responsable du pôle clémence à l’Autorité de la concurrence

  • Elise Provost, responsable du réseau développement durable à l‘Autorité de la concurrence

  • Laure Gauthier, rapporteure générale adjointe à l’Autorité de la concurrence et rapporteure sur l’affaire aux moments de faits

  • Sarah Subrémon, avocate spécialisée en droit de la concurrence et notamment en matière d’action en réparation du dommage concurrentiel


DÉCISION INTÉGRALE 

https://www.autoritedelaconcurrence.fr/sites/default/files/commitments//17d20.pdf

 

COMMUNIQUE DE PRESSE 

https://www.autoritedelaconcurrence.fr/fr/communiques-de-presse/lautorite-sanctionne-hauteur-de-302-millions-deuros-les-trois-principaux

 

RECOURS ET POURVOIS

Cette décision est définitive, elle n’a fait l’objet d’aucun recours dans les délais légaux.
A la suite de la décision de l’Autorité de la concurrence, des actions en dommages et intérêts ont été introduites par des entreprises ou des établissements publics qui s’estiment victimes de ces pratiques. Ces actions, dont certaines sont mentionnées dans le présent podcast, sont pendantes devant les juridictions compétentes en vue de déterminer tant la nature que le montant du préjudice éventuel.

 

POUR ALLER PLUS LOIN

Voir notre rubrique dédiée au développement durable : https://www.autoritedelaconcurrence.fr/fr/page-riche/developpement-durable-et-concurrence

La coopération entre la DGCCRF et l’Autorité de la concurrence : https://www.autoritedelaconcurrence.fr/fr/video/charte-de-cooperation-adlc-dgccrf

Consultez le Communiqué de procédure du 15 décembre 2023 relatif au programme de clémence français : https://www.autoritedelaconcurrence.fr/sites/default/files/2023-12/communique-clemence-15-dec-2023.pdf

 

Cette série constitue un support pédagogique qui a vocation à informer le grand public. La présentation des cartels concernés ne prétend pas à l’exhaustivité et les témoignages recueillis peuvent par ailleurs manquer de précision ou emprunter certains raccourcis de langage. L’Autorité invite les auditeurs à consulter les décisions dans leur version intégrale ainsi que les arrêts des juridictions de contrôle, le cas échéant, pour apprécier de façon exacte le contexte et la portée des informations présentées.

Transcription

  • Speaker #0

    Ce podcast vous est proposé par l'autorité de la concurrence. L'autorité de la concurrence est une autorité administrative indépendante chargée notamment de sanctionner les pratiques anticoncurrentielles. On l'appelle aussi le gendarme de la concurrence.

  • Speaker #1

    Vous écoutez Cartel et compagnie, un podcast sur de grandes affaires de fraude économique française. Je m'appelle Isabelle Souquet, je suis journaliste, et dans cette série en huit épisodes, je vous emmène dans les coulisses des enquêtes de l'autorité de la concurrence, au cœur de scandales qui impliquent des entreprises mondiales. J'ai décidé de vous raconter les mécanismes des cartels, ces accords secrets de grande envergure qui ont des conséquences préjudiciables directes sur nous, les consommateurs, sur le prix final de certains produits que l'on achète régulièrement, et même sur les impôts que nous payons. Vous entendrez également le témoignage de ceux qui luttent au quotidien contre ces tricheries et ces manipulations de marché. Deuxième enquête, le cartel des lino. Je vais vous raconter comment les principaux fabricants de revêtements de sol ont floué les contribuables à hauteur de plusieurs millions d'euros. Épisode 1, des perquisitions fructueuses. La direction financière, c'est au troisième étage. Bonjour monsieur, bonjour madame. Je suis Galet. Ah ben voilà. Bonjour, merci de me recevoir chez vous. Bruno Galet est directeur des finances et du patrimoine de l'hôpital Paul Guiraud à Villejuif. Je l'ai rencontré à l'hôpital.

  • Speaker #2

    Les hôpitaux, depuis plusieurs dizaines d'années, pour des raisons qui ont trait à l'hygiène, se sont mis à poser des sols collés. Parce que c'est des surfaces qui se nettoient facilement, avec peu d'aspérité. Un hôpital, c'est grand, il faut considérer qu'en termes de mètres carrés utilisés, un hôpital général sera autour de 80 000 mètres carrés. Donc ça représente potentiellement beaucoup de mètres carrés de sols collés et un enjeu financier. important.

  • Speaker #1

    Pendant plus de 20 ans, l'hôpital de Villejuif a acheté des maîtres et des maîtres de lino, ses revêtements de sol en PVC et linoleum. Or, pendant des années, les trois entreprises leaders du secteur se sont entendues sur les prix, au détriment des structures privées et publiques. En payant plus cher ses fournisseurs, L'hôpital de Villejuif a subi des surcoûts très importants qui pourraient se chiffrer en millions d'euros.

  • Speaker #3

    Ce sol d'inspiration romantique est de création récente. Il offre toutes les garanties d'entretien facile, de solidité, d'étanchéité, enfin tout ce que l'on peut demander à un sol à notre époque.

  • Speaker #1

    Dans les années 50, la France connaît un âge d'or du plastique. Le linoleum, le PVC et autres sols vinyles deviennent des revêtements incontournables dans les foyers français.

  • Speaker #3

    Les enfants peuvent jouer dessus sans risquer de le rayer et l'entretien en est des plus simples, je vous l'ai déjà dit. Le charme d'un tel sol, une des qualités que nous venons d'énumérer mises à part, est dû au dessin.

  • Speaker #1

    Les bâtiments publics construits après la guerre, comme les hôpitaux et les écoles, vont également s'équiper de sols souples pour des raisons de simplicité des travaux, d'hygiène et surtout de coût. Les appels d'offres des pouvoirs publics se multiplient et le marché devient de plus en plus juteux pour les fabricants de revêtements. Commence en septembre 2010. Comme chaque année, Une société spécialisée dans la pose de sol reçoit le catalogue des trois entreprises majeures du Lino en France, Gerflor, Tarket et Forbo. Les trois fournisseurs ont légèrement augmenté leur prix, mais ce qui est surprenant, c'est que les pourcentages d'augmentation de prix pour chaque produit sont étonnamment similaires. Même les courriers adressés aux clients semblent avoir été copiés-collés. Bonjour, bonjour. Monsieur Kerguelen ? Oui, et bien c'est moi. Et moi je ne peux pas rentrer ici sans vous. Erwann Kerguelen est à l'époque des faits rapporteur à l'autorité de la concurrence. C'est le titre donné aux enquêteurs.

  • Speaker #4

    En fait, à la base, les trois fabricants ont envoyé une lettre à leurs clients pour leur indiquer une hausse de prix à venir. Et la particularité de cette hausse, c'est qu'elle était du même pourcentage et la lettre est datée du même jour. Et donc, c'était un professionnel qui était déjà alerté par une certaine similitude des prix et je dirais la réception de ces trois courriers concomitants. a vraiment alerté son attention et c'est suite à ça qu'il a fait un dépôt de plainte anonyme auprès de la DGCCRF pour dénoncer un comportement qui lui paraissait suspect.

  • Speaker #1

    Début 2011, un signalement est donc fait à la répression des fraudes, la DGCCRF, qui alerte à son tour l'autorité de la concurrence. Le premier réflexe d'Erwan Karguelen est de vérifier si le contexte économique peut expliquer une hausse simultanée de tous les fournisseurs. L'augmentation du prix des matières premières, comme le passage à l'euro quelques années auparavant, a pu jouer sur les hausses de prix.

  • Speaker #4

    À ce moment-là, nous regardons les différentes pièces, on les analyse pour voir si elles ne peuvent pas s'expliquer par, par exemple, des éléments comme des hausses de coût, etc. Et là, finalement, en fait, l'ensemble des conditions nous faisaient plutôt penser qu'il n'y avait rien qui justifiait l'envoi concomitant d'une hausse aussi similaire. Et ce, d'autant qu'on était dans des conditions de marché qui étaient assez propices au cartel, dans la mesure où on était avec trois opérateurs au niveau français qui détenaient une part de marché importante. Et donc, c'était une situation qui est aussi propice à la coordination entre opérateurs. Et donc, dans ce cadre-là, on regarde si on peut motiver une perquisition auprès du juge des libertés de la détention.

  • Speaker #1

    Après avoir étudié toutes les pièces rassemblées par l'autorité de la concurrence, le juge des libertés et de la détention autorise les perquisitions dans les locaux de Gerflor, Forbeau et Tarquette.

  • Speaker #4

    On arrive le matin accompagné d'un officier de police judiciaire et après on demande de voir un responsable à qui on notifie l'ordonnance du juge et à partir de là commence le début des opérations, à la fois des fouilles papier des bureaux et des fouilles informatiques. que ce soit ordinateur, serveur, téléphone. En fait, la collecte se fait généralement dans la journée et une fois qu'on a vérifié que les éléments entrent bien dans ce champ, du coup on peut les prendre et on fait une mise sous-cellée et commence la phase d'exploitation qui est beaucoup plus longue parce que notamment il y a une mise en relation des différents éléments et quelque part une histoire à recréer.

  • Speaker #1

    En parallèle de ces perquisitions, d'autres recherches sont lancées pour trouver de nouveaux éléments et corroborer les différents indices.

  • Speaker #4

    Et là notamment, on a fait des demandes d'informations par rapport aux notes de frais, dans la mesure où les principaux opérateurs se rencontraient régulièrement dans différents hôtels pour discuter de ces éléments-là. Et donc on a essayé de croiser les notes de frais pour prouver que les opérateurs étaient au même endroit au même moment.

  • Speaker #1

    Les enquêteurs réalisent non seulement que le cartel existe, mais qu'il fonctionne depuis au moins dix ans. Nous sommes en 2011 et les premières pièces incriminantes datent en effet de 2001.

  • Speaker #4

    En termes de pièces décisives, je dirais déjà des éléments manuscrits ou informatiques saisis chez les uns et les autres, montrant le résultat des échanges. Par exemple, ils appelaient leurs réunions des réunions 1, 2, 3, qui faisaient référence aux trois fabricants, et donc avec des notes avec 1, 2, 3, avec des montants de hausse ou des prix minimums ou des éléments relatifs au volume. Et ensuite, pour les notes de frais, c'était des notes de frais qui prouvaient que les responsables des trois entreprises se retrouvaient dans le même lieu à la même date. Généralement, ils passaient la nuit dans l'hôtel et avaient une journée de travail pour discuter des différents sujets. et se retrouvaient à cette occasion dans des hôtels plutôt sympas, comme par exemple à Annecy ou à Saint-Malo. Ça pouvait être aussi dans des restaurants comme le Blue Elephant à Paris.

  • Speaker #1

    C'est la fin de ce premier épisode consacré au cartel des lino. Dans le prochain épisode, les trois entreprises mettent en place une stratégie secrète pour communiquer entre elles.

  • Speaker #0

    Cartel & Compagnie est un podcast proposé par l'autorité de la concurrence et produit par Insider Podcast.

Description

Cartels & co est une série de podcasts, proposée par l’Autorité de la concurrence, qui revient sur des grandes affaires de lutte contre les pratiques anticoncurrentielles en France.


RÉSUMÉ DE L’AFFAIRE

L’enquête démarre en 2011, sur la base d’indices transmis par la DGCCRF. L’Autorité décide alors de procéder à des opérations de visite et saisie dans les locaux des 3 principaux fabricants (Gerflor, Forbo et Tarkett) ainsi que du syndicat du secteur. Ces perquisitions ont permis de rassembler de nombreuses preuves de comportements anticoncurrentiels et deux des entreprises ont ensuite présenté une demande de clémence. Les entreprises se rencontraient secrètement, 3 à 4 fois par an dans des hôtels. Elles s’entendaient notamment sur les prix, la gestion de la relation client, l’organisation commerciale ou encore les échantillons de nouveaux produits. Les directeurs généraux et commerciaux échangeaient par téléphone grâce à 9 lignes dédiées. Les fabricants avaient enfin conclu un pacte de non-concurrence en vertu duquel ils s’interdisaient de communiquer sur les performances environnementales de leurs produits. Dans sa sanction, l’Autorité a aussi pris en considération la durée très longue des pratiques (allant de 10 ans à 25 ans selon les entreprises) et leur caractère massif et institutionnalisé mettant en cause sur une longue période un grand nombre de responsables des entités concernées.


TÉMOIGNAGES PAR ORDRE D’APPARITION

  • Bruno Gallet, directeur des finances et du patrimoine de l’hôpital Paul Guiraud à Villejuif

  • Erwan Kerguelen, rapporteur général adjoint à l’Autorité de la concurrence et rapporteur sur l’affaire aux moments de faits

  • Anne Krenzer, responsable du pôle clémence à l’Autorité de la concurrence

  • Elise Provost, responsable du réseau développement durable à l‘Autorité de la concurrence

  • Laure Gauthier, rapporteure générale adjointe à l’Autorité de la concurrence et rapporteure sur l’affaire aux moments de faits

  • Sarah Subrémon, avocate spécialisée en droit de la concurrence et notamment en matière d’action en réparation du dommage concurrentiel


DÉCISION INTÉGRALE 

https://www.autoritedelaconcurrence.fr/sites/default/files/commitments//17d20.pdf

 

COMMUNIQUE DE PRESSE 

https://www.autoritedelaconcurrence.fr/fr/communiques-de-presse/lautorite-sanctionne-hauteur-de-302-millions-deuros-les-trois-principaux

 

RECOURS ET POURVOIS

Cette décision est définitive, elle n’a fait l’objet d’aucun recours dans les délais légaux.
A la suite de la décision de l’Autorité de la concurrence, des actions en dommages et intérêts ont été introduites par des entreprises ou des établissements publics qui s’estiment victimes de ces pratiques. Ces actions, dont certaines sont mentionnées dans le présent podcast, sont pendantes devant les juridictions compétentes en vue de déterminer tant la nature que le montant du préjudice éventuel.

 

POUR ALLER PLUS LOIN

Voir notre rubrique dédiée au développement durable : https://www.autoritedelaconcurrence.fr/fr/page-riche/developpement-durable-et-concurrence

La coopération entre la DGCCRF et l’Autorité de la concurrence : https://www.autoritedelaconcurrence.fr/fr/video/charte-de-cooperation-adlc-dgccrf

Consultez le Communiqué de procédure du 15 décembre 2023 relatif au programme de clémence français : https://www.autoritedelaconcurrence.fr/sites/default/files/2023-12/communique-clemence-15-dec-2023.pdf

 

Cette série constitue un support pédagogique qui a vocation à informer le grand public. La présentation des cartels concernés ne prétend pas à l’exhaustivité et les témoignages recueillis peuvent par ailleurs manquer de précision ou emprunter certains raccourcis de langage. L’Autorité invite les auditeurs à consulter les décisions dans leur version intégrale ainsi que les arrêts des juridictions de contrôle, le cas échéant, pour apprécier de façon exacte le contexte et la portée des informations présentées.

Transcription

  • Speaker #0

    Ce podcast vous est proposé par l'autorité de la concurrence. L'autorité de la concurrence est une autorité administrative indépendante chargée notamment de sanctionner les pratiques anticoncurrentielles. On l'appelle aussi le gendarme de la concurrence.

  • Speaker #1

    Vous écoutez Cartel et compagnie, un podcast sur de grandes affaires de fraude économique française. Je m'appelle Isabelle Souquet, je suis journaliste, et dans cette série en huit épisodes, je vous emmène dans les coulisses des enquêtes de l'autorité de la concurrence, au cœur de scandales qui impliquent des entreprises mondiales. J'ai décidé de vous raconter les mécanismes des cartels, ces accords secrets de grande envergure qui ont des conséquences préjudiciables directes sur nous, les consommateurs, sur le prix final de certains produits que l'on achète régulièrement, et même sur les impôts que nous payons. Vous entendrez également le témoignage de ceux qui luttent au quotidien contre ces tricheries et ces manipulations de marché. Deuxième enquête, le cartel des lino. Je vais vous raconter comment les principaux fabricants de revêtements de sol ont floué les contribuables à hauteur de plusieurs millions d'euros. Épisode 1, des perquisitions fructueuses. La direction financière, c'est au troisième étage. Bonjour monsieur, bonjour madame. Je suis Galet. Ah ben voilà. Bonjour, merci de me recevoir chez vous. Bruno Galet est directeur des finances et du patrimoine de l'hôpital Paul Guiraud à Villejuif. Je l'ai rencontré à l'hôpital.

  • Speaker #2

    Les hôpitaux, depuis plusieurs dizaines d'années, pour des raisons qui ont trait à l'hygiène, se sont mis à poser des sols collés. Parce que c'est des surfaces qui se nettoient facilement, avec peu d'aspérité. Un hôpital, c'est grand, il faut considérer qu'en termes de mètres carrés utilisés, un hôpital général sera autour de 80 000 mètres carrés. Donc ça représente potentiellement beaucoup de mètres carrés de sols collés et un enjeu financier. important.

  • Speaker #1

    Pendant plus de 20 ans, l'hôpital de Villejuif a acheté des maîtres et des maîtres de lino, ses revêtements de sol en PVC et linoleum. Or, pendant des années, les trois entreprises leaders du secteur se sont entendues sur les prix, au détriment des structures privées et publiques. En payant plus cher ses fournisseurs, L'hôpital de Villejuif a subi des surcoûts très importants qui pourraient se chiffrer en millions d'euros.

  • Speaker #3

    Ce sol d'inspiration romantique est de création récente. Il offre toutes les garanties d'entretien facile, de solidité, d'étanchéité, enfin tout ce que l'on peut demander à un sol à notre époque.

  • Speaker #1

    Dans les années 50, la France connaît un âge d'or du plastique. Le linoleum, le PVC et autres sols vinyles deviennent des revêtements incontournables dans les foyers français.

  • Speaker #3

    Les enfants peuvent jouer dessus sans risquer de le rayer et l'entretien en est des plus simples, je vous l'ai déjà dit. Le charme d'un tel sol, une des qualités que nous venons d'énumérer mises à part, est dû au dessin.

  • Speaker #1

    Les bâtiments publics construits après la guerre, comme les hôpitaux et les écoles, vont également s'équiper de sols souples pour des raisons de simplicité des travaux, d'hygiène et surtout de coût. Les appels d'offres des pouvoirs publics se multiplient et le marché devient de plus en plus juteux pour les fabricants de revêtements. Commence en septembre 2010. Comme chaque année, Une société spécialisée dans la pose de sol reçoit le catalogue des trois entreprises majeures du Lino en France, Gerflor, Tarket et Forbo. Les trois fournisseurs ont légèrement augmenté leur prix, mais ce qui est surprenant, c'est que les pourcentages d'augmentation de prix pour chaque produit sont étonnamment similaires. Même les courriers adressés aux clients semblent avoir été copiés-collés. Bonjour, bonjour. Monsieur Kerguelen ? Oui, et bien c'est moi. Et moi je ne peux pas rentrer ici sans vous. Erwann Kerguelen est à l'époque des faits rapporteur à l'autorité de la concurrence. C'est le titre donné aux enquêteurs.

  • Speaker #4

    En fait, à la base, les trois fabricants ont envoyé une lettre à leurs clients pour leur indiquer une hausse de prix à venir. Et la particularité de cette hausse, c'est qu'elle était du même pourcentage et la lettre est datée du même jour. Et donc, c'était un professionnel qui était déjà alerté par une certaine similitude des prix et je dirais la réception de ces trois courriers concomitants. a vraiment alerté son attention et c'est suite à ça qu'il a fait un dépôt de plainte anonyme auprès de la DGCCRF pour dénoncer un comportement qui lui paraissait suspect.

  • Speaker #1

    Début 2011, un signalement est donc fait à la répression des fraudes, la DGCCRF, qui alerte à son tour l'autorité de la concurrence. Le premier réflexe d'Erwan Karguelen est de vérifier si le contexte économique peut expliquer une hausse simultanée de tous les fournisseurs. L'augmentation du prix des matières premières, comme le passage à l'euro quelques années auparavant, a pu jouer sur les hausses de prix.

  • Speaker #4

    À ce moment-là, nous regardons les différentes pièces, on les analyse pour voir si elles ne peuvent pas s'expliquer par, par exemple, des éléments comme des hausses de coût, etc. Et là, finalement, en fait, l'ensemble des conditions nous faisaient plutôt penser qu'il n'y avait rien qui justifiait l'envoi concomitant d'une hausse aussi similaire. Et ce, d'autant qu'on était dans des conditions de marché qui étaient assez propices au cartel, dans la mesure où on était avec trois opérateurs au niveau français qui détenaient une part de marché importante. Et donc, c'était une situation qui est aussi propice à la coordination entre opérateurs. Et donc, dans ce cadre-là, on regarde si on peut motiver une perquisition auprès du juge des libertés de la détention.

  • Speaker #1

    Après avoir étudié toutes les pièces rassemblées par l'autorité de la concurrence, le juge des libertés et de la détention autorise les perquisitions dans les locaux de Gerflor, Forbeau et Tarquette.

  • Speaker #4

    On arrive le matin accompagné d'un officier de police judiciaire et après on demande de voir un responsable à qui on notifie l'ordonnance du juge et à partir de là commence le début des opérations, à la fois des fouilles papier des bureaux et des fouilles informatiques. que ce soit ordinateur, serveur, téléphone. En fait, la collecte se fait généralement dans la journée et une fois qu'on a vérifié que les éléments entrent bien dans ce champ, du coup on peut les prendre et on fait une mise sous-cellée et commence la phase d'exploitation qui est beaucoup plus longue parce que notamment il y a une mise en relation des différents éléments et quelque part une histoire à recréer.

  • Speaker #1

    En parallèle de ces perquisitions, d'autres recherches sont lancées pour trouver de nouveaux éléments et corroborer les différents indices.

  • Speaker #4

    Et là notamment, on a fait des demandes d'informations par rapport aux notes de frais, dans la mesure où les principaux opérateurs se rencontraient régulièrement dans différents hôtels pour discuter de ces éléments-là. Et donc on a essayé de croiser les notes de frais pour prouver que les opérateurs étaient au même endroit au même moment.

  • Speaker #1

    Les enquêteurs réalisent non seulement que le cartel existe, mais qu'il fonctionne depuis au moins dix ans. Nous sommes en 2011 et les premières pièces incriminantes datent en effet de 2001.

  • Speaker #4

    En termes de pièces décisives, je dirais déjà des éléments manuscrits ou informatiques saisis chez les uns et les autres, montrant le résultat des échanges. Par exemple, ils appelaient leurs réunions des réunions 1, 2, 3, qui faisaient référence aux trois fabricants, et donc avec des notes avec 1, 2, 3, avec des montants de hausse ou des prix minimums ou des éléments relatifs au volume. Et ensuite, pour les notes de frais, c'était des notes de frais qui prouvaient que les responsables des trois entreprises se retrouvaient dans le même lieu à la même date. Généralement, ils passaient la nuit dans l'hôtel et avaient une journée de travail pour discuter des différents sujets. et se retrouvaient à cette occasion dans des hôtels plutôt sympas, comme par exemple à Annecy ou à Saint-Malo. Ça pouvait être aussi dans des restaurants comme le Blue Elephant à Paris.

  • Speaker #1

    C'est la fin de ce premier épisode consacré au cartel des lino. Dans le prochain épisode, les trois entreprises mettent en place une stratégie secrète pour communiquer entre elles.

  • Speaker #0

    Cartel & Compagnie est un podcast proposé par l'autorité de la concurrence et produit par Insider Podcast.

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