Speaker #0Bonjour à tous, et bienvenue dans cet épisode de la chronique d'un jeu oublié, le podcast qui remet la lumière sur des titres vidéoludiques qui méritent une seconde chance. Et souhaitons que vous ayez envie de les découvrir par vous-même après cet épisode. Pour l'épisode d'aujourd'hui, nous allons parler d'un jeu venu de l'esprit d'un réalisateur de cinéma. On va s'attarder sur un jeu de puzzle où tout l'univers cartoon n'est que blocs géométriques grossiers et prétexte à des situations de jeu amusantes. Allons-y pour Boom Blox ! Des réalisateurs de cinéma qui s'essayent aux jeux vidéo, il y en a eu plusieurs. On a par exemple Peter Jackson, réalisateur de la trilogie du Seigneur des Anneaux avec son jeu King Kong en 2005. Il y a les Sir Wachowski pour des jeux Matrix pensés pour compléter les films de la trilogie. On peut penser aussi à Takeshi Kitano, un important acteur et réalisateur japonais avec son très détesté Takeshi's Challenge dans les années 80. Aais aucun de ses réalisateurs ne l'a autant marqué que Steven Spielberg. Véritable passionné de jeux vidéo et conscient de l'impact qu'ont ses films, l'homme commence dès 1995 à travailler sur des titres dont Trespasser tiré de Jurassic Park. Souhaitant éviter les échecs comme celui du jeu E.T., Spielberg travaille avec Electronic Arts sur une adaptation de son film Il faut sauver le soldat Ryan, une oeuvre qui marqua le cinéma. Il en naîtra la licence Medal of Honor, qui sera pendant longtemps le concurrent direct de Call of Duty. Le fruit de la collaboration entre Spielberg et Electronic Arts est prometteur. Si bien qu'en 2005, l'éditeur et développeur propose au réalisateur de travailler sur trois jeux. Ainsi, après avoir réalisé La Guerre des Mondes, et pendant qu'il tourne Indiana Jones et Le Royaume de Cristal, le réalisateur passe une grande partie de son temps libre dans le studio d'Electronic Arts à Los Angeles. Impressionné par les capacités de jeu de la Wii, l'homme souhaite créer un titre avec lequel il pourrait jouer avec ses enfants, sans que ce soit violent, mais au contraire créatif et stratégique. Il apporte alors le concept d'un chamboule-tout où il faut faire tomber des blocs pour engranger du score. De cette idée presque bateau se met alors à découler une foule de variantes et d'alternatives. Ainsi, après trois ans de développement avec cette idée en tête, le jeu sort en mai 2008 en Europe et en Amérique, puis en juillet 2008 au Japon sur la Wii bien installée depuis deux ans. On y incarne, eh bien, nous-mêmes, car effectivement nous sommes représentés par le pointeur de la Wiimote, chaleureusement accueillis par une musique entraînante et des animaux rectangulaires qui volent à l'écran. La particularité de Boom Blox qu'on remarque très vite et qui va expliquer que le jeu tourne de façon fluide sur la Wii est le fait que toute la direction artistique est composée de blocs. Même les divers animaux accompagnant nos aventures sont des blocs avec des petits bras. Ainsi, des poules, des pingouins ou encore des gorilles dansent pendant nos parties donnant l'impression d'une fête permanente au milieu des puzzles. Le jeu transpire dès les premières secondes la légèreté, même un peu d'enfance. Il se dégage une sensation de sérénité... On se sent bien dans cet univers loufoque. Pensé comme un jeu grand public, le titre prend le temps de nous introduire plusieurs éléments de base du jeu. On apprend à déplacer la caméra dans les puzzles en 3D, à lancer en usant du motion gaming de la Wiimote, puis on découvre les blocs les plus récurrents comme les bombes, les gemmes ou encore les blocs en bois. Enfin, on apprend à utiliser deux des méthodes de jeu principales, le lancer de balle et la main pour attraper des blocs. Le lancer de balle dépend du motion gaming, on choisit l'endroit où on souhaite tirer, puis on secoue la manette pour envoyer la balle avec plus ou moins de force. La main, elle, vous demande de pointer un bloc à attraper, et en maintenant la prise, on déplace le bloc dans la direction voulue. Une fois fini avec les courtes explications, le jeu nous donne accès aux modes de jeu, la création de niveau, le mode exploration et le mode aventure. Chacun offre une expérience différente. Le créateur de niveau permet de laisser libre cours à son imagination, là où le mode exploration propose des défis basés sur ce qu'on a appris durant le tutoriel pour approfondir et pousser la difficulté. Enfin, le mode aventure propose des petites histoires centrées sur un mélange de mécaniques et d'idées exotiques, offrant ainsi une expérience variée. On peut ainsi avoir un château à détruire en lançant des boules de bowling avant de devoir se défendre d'une invasion d'ours en armure à grands lancers de bombes. Tous les niveaux ont des objectifs de réussite avec des médailles de bronze, argent et or, Et si, dans les premiers niveaux, obtenir l'or est très facile, cela devient de plus en plus retors au fil de la progression. Mais le jeu en vaut la chandelle avec des récompenses comme des personnages ou des outils de plus en plus loufoques comme une lance à incendie crachant des boules de bowling ou une bombe nucléaire juste pour vous permettre de faire des niveaux remplis d'objets et tout faire voltiger ensuite. Mais avoir des médailles vous permet aussi d'accéder aux puzzles plus difficiles et de réaliser la vaste quantité de contenu que propose le jeu. En tout, plus de 300 puzzles sont disponibles en mode solo, allant de niveaux vous demandant de lancer des balles rebondissantes pour récolter de l'or, à des phases de tir au laser pour détruire des blocs à points. Et ce n'est qu'une partie du contenu, car le jeu est pensé originellement pour être joué à plusieurs. Alors, on peut passer la manette d'un puzzle à l'autre pour voir qui s'en sort le mieux ou arrive à trouver la solution. Mais le plaisir se trouve aussi sur le mode coopération, où environ une centaine de puzzles sont pensés pour être faits à deux. En les regardant de près, on peut tout de même noter que l'on pourrait réaliser ces puzzles seul, mais la saveur de ce moment partagé entre amis ou en famille serait perdue. Si en solo, on peut s'amuser de voir certains personnages voltiger quand on leur tire dessus, en coopération, cela devient un nouveau jeu de voir les différentes réactions possibles des personnages, ou d'être celui qui les envoie valdinguer le plus loin. Et si on n'en a pas assez, on peut toujours passer en mode création pour se créer ses propres expériences avec les divers outils débloqués au cours de sa partie. Le mode est très accessible et permet d'imaginer des situations diverses allant de puzzles complexes à des structures où on pose des explosifs partout et on regarde la réaction en chaîne. On a même accès à des outils presque jamais utilisés dans le jeu principal. Ce mode est cependant limité par les capacités de la Wii et on ressent une certaine frustration de ne pas pouvoir créer des niveaux énormes avec des centaines de blocs. Dans un esprit de partage, vous pouviez ensuite envoyer votre niveau à vos amis. Aujourd'hui, le système est désactivé. A bien regarder, Boom Blox est composé d'une grande variété de mécaniques simples utilisant au maximum les capacités de la manette de la Wii, allant du lancer de balles au tir classique à de la manipulation d'objets 3D. S'ajoute à cela toute une panoplie de blocs aux comportements différents et on a là le parfait terrain d'expérimentation de situations de jeu. Déjà, on peut profiter d'un total de 400 niveaux proposés par les développeurs, mais en plus, on a l'opportunité d'aller plus loin dans le mode création nous permettant de laisser libre cours à son imagination. Un titre en somme accessible qui fait penser à un grand jeu Lego où on aurait poussé toutes les fantaisies à fond. Boom Blox nous propose une large quantité de contenu sans jamais être étouffant. Chacune des situations de jeu ressemble à une idée que l'on a pu avoir en étant enfant. Qui n'a jamais imaginé un château à détruire pour récupérer son trésor ? Et ensuite, c'était à nous de défendre notre trésor contre de vils voleurs. Qui n'a jamais vu de jeu où il faut retirer des blocs d'une grande structure sans la faire tomber ? Qui n'a jamais rêvé d'être un cow-boy dans le Far West à la recherche de l'or ? Qui n'a jamais pensé à l'aventure d'un parent devant rejoindre ses enfants en traversant moult dangers ? Eh bien, Bloom Blox, c'est ça. C'est tout ça. Toutes ces idées qui s'offrent à nous, et quand on les regarde, on se dit mais je jouais à ça quand j'étais gosse. On retrouve quatre noms à la bande originale du titre, mais en réalité, un seul est considéré comme compositeur officiel, à savoir Mark Mothersbaugh. Co-fondateur du groupe Devo vers la fin des années 70, l'homme est un véritable touche-à-tout, sachant chanter et jouer de plusieurs instruments. En 1989, il fonde Mutato Muzika, une société de production de musique qui emploie les membres de son groupe. Par le biais de cette compagnie, Mothersbaugh travaillera sur des films, de la télévision et des jeux vidéo. Au cinéma, on retrouvera son nom dans le film Lego, Rushmore ou encore Thor Ragnarok. A la télévision, les plus âgés ont pu connaître son travail avec les Razmokets, une licence dont il composera aussi pour les films et les jeux vidéo. Et on le retrouve plus récemment sur la série Désenchanté par les créateurs des Simpsons et Futurama. Côté jeux vidéo, Mark composa pour Naughty Dogs sur les 4 épisodes de Crash Bandicoot ainsi que les 3 épisodes de la série Jak and Daxter. Mais il travailla aussi sur les Sims 2, et sur Ratchet & Clank Rift Apart sorti en 2021. Aujourd'hui âgé de 74 ans, l'homme ne semble pas s'arrêter d'être actif et continue de participer à la création musicale, quel que soit le divertissement ayant besoin de son talent. Mark Mothersbaugh participe également à Boom blox Smash Party, le deuxième titre dans cette collaboration entre Steven Spielberg et Electronic Arts. Une suite sortie à peine un an après Boom blox qui apporte son lot de nouveautés. De nouveaux types de blocs, environnements et outils viennent compléter le contenu original ajoutant une pléthore de nouvelles situations. Pour le résumer simplement, on sent que l'équipe a pu développer toutes les idées qu'elle n'avait pas pu mettre dans le premier épisode. Aujourd'hui, la licence appartient à Electronic Arts et semble bloquée sur une Wii dont les particularités de gameplay l'empêchent de revenir sur le devant de la scène. Pour vous procurer un exemplaire, comptez entre 5 et 25 euros pour Boom Blox, pour sa suite, comptez entre 10 et 50 euros. Prix du meilleur jeu grand public lors des respectés BAFTA Game Awards, nominé dans de nombreuses compétitions reconnaissant aussi la qualité de son multijoueur, de ses puzzles ou les idées innovantes qu'il apporte. Boom Blox apparaît comme un titre d'exception, applaudi pour ses qualités. Sorti la même année que Mario Kart Wii, ainsi que des jeux Lego Batman et Indiana Jones ou encore Super Smash Bros Brawl, le titre parvient tout de même à se faire remarquer par le milieu. La presse encense le jeu et son petit frère pour leur gameplay très facile à appréhender, ingénieux, se renouvelant sans cesse. Cependant, malgré les 25 millions de possesseurs de Wii au moment de sa sortie, Boom Blox ne se vendra qu'à 500 000 exemplaires. Face à lui, un Mario Kart Wii sorti un mois avant, visant également un public large et jeune, avait déjà dépassé les 2 millions de ventes et s'envolera jusqu'à 37 millions de ventes au total. Le titre avait attiré toute la lumière du grand public qui achète 2 ou 3 jeux par an, ne risquant pas d'en prendre 2 en un mois. Et sa suite ne fera pas mieux malgré 50 millions de Wii vendus en 2009 et un contexte de sortie plus propice au succès. Il n'atteindra que 450 000 unités vendues. Electronic Arts, ainsi que la presse, s'attendaient à un bien meilleur succès commercial pour ce titre original. Difficile de savoir ce qui a empêché cette réussite. Est-ce un problème dans le marketing et dans la manière de s'adresser aux joueurs ? Est-ce dû au visuel du jeu trop simple et pas assez attirant pour un grand public ? Est-ce que le jeu a plutôt été noyé dans la masse de jeux grand public sortis rapidement après la Wii ? On n'aura certainement jamais l'explication à cela. Si vous vous demandez quel est le troisième titre développé par Spielberg, celui-ci ne verra jamais la lumière des magasins et sera annulé en restant à l'état de prototype. Les ventes des deux Boom Blox étant considérées comme insuffisantes, la collaboration s'arrête. En 2010, au milieu d'une vague de licenciements chez Electronic Arts, l'équipe de développement quitte le studio. Steven Spielberg, lui, continue de réaliser ses films, même s'il porte toujours le jeu vidéo dans son cœur. Il lui adressera une belle lettre d'amour ainsi qu'au cinéma avec l'adaptation du roman Player One donnant naissance à Ready Player One en 2018. Boom Blox est la dernière intervention de Spielberg dans le jeu vidéo. L'objectif qu'il s'était fixé était un succès, il voulait un titre pour jouer avec ses enfants et il avait réussi. Le réalisateur expliqua en interview des mois après la sortie de Boom Blox qu'il continuait à jouer au jeu avec ses enfants malgré les autres consoles et titres dont la famille disposait. Si vous cherchez un jeu pour retourner à des mécaniques simples et ingénieuses, si c'est pour jouer avec vos amis ou vos enfants pour vivre un moment de partage, jouez à Boom Blox. Le titre est ce parfait compagnon de soirée entre amis, où les parties s'enchaînent et en même temps, il vous permet d'avoir ces moments de complicité avec vos enfants. Voilà pour cet épisode de la chronique d'un jeu oublié. Merci d'être encore là. 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