Speaker #0Bonjour à tous, et bienvenue dans le dernier épisode de cette première saison de la Chronique d'un Jeu Oublié. Votre podcast dédié à ces jeux vidéo qui vous ont peut-être échappé, et sur lesquels on va remettre un peu de lumière aujourd'hui. Dernier épisode oblige, j'ai souhaité vous parler d'un jeu qui m'a motivé à faire ce podcast. Alors aujourd'hui, pendant que je plonge dans une certaine nostalgie, je vous invite à plonger avec moi sous la mer, en direction de la cité engloutie de Sitheil. Au milieu d'un royaume en ruine... Quatre protagonistes se retrouvent à devoir régler un conflit divin. Allons-y pour Valdis Story. Le début des années 2010 est une période charnière dans le jeu vidéo. Le modèle économique du free-to-play s'installe dans le paysage, boosté par les jeux mobiles qui se démocratisent de plus en plus, les consoles de salon de la génération PlayStation 3 sont en place depuis plus de 5 ans sans successeur à l'horizon, et surtout, il commence à émerger une vague de jeux indépendants. Braid, Super Meat Boy ou encore Limbo sont parmi les pionniers de cette mouvance qui se popularise avec l'arrivée des magasins en ligne de jeux que ce soit Steam sur PC ou le Xbox Live Arcade sur console. Ces jeux, que l'on avait tendance à trouver sur des sites web, commencent à se frayer un chemin vers un public plus large avec des productions plus ambitieuses à leur échelle. Un nouveau marché émerge donc et de nombreux développeurs se lancent à l'aventure. Leur mise en avant est d'autant plus importante que certaines plateformes soutiennent ces nouveaux jeux. Steam, avec son Steam Greenlight par exemple, permettaient aux développeurs de sortir leurs jeux si le titre récoltait assez de soutien du public. Ainsi, des titres comme Rogue Legacy ou Five Nights at Freddy's purent voir le jour. Le public découvre alors d'autres approches des jeux vidéo dont ils ont l'habitude. Des idées plus audacieuses, des nouvelles façons de penser certaines mécaniques, certains genres de jeux se développent complètement. Et le genre qui nous intéresse aujourd'hui fait partie de cela, le genre du Metroidvania. Un genre jusque-là porté et dominé par les deux licences qui font son nom, Metroid et Castlevania. Il y a bien la licence Shantae qui se faisait remarquer, mais pas assez pour secouer les codes et y proposer des alternatives. Nous sommes en 2013, au milieu de cette vague de jeux indépendants déferlant sur le marché du jeu vidéo, et les choses commencent à changer. Dust, An Elysian Tale ainsi que Guacamelee font partie de cette vague qui secoue le Metroidvania avec de nouvelles approches fluides et dynamiques. La même année, un autre Metroïdvania fait son entrée, Valdis Story: Abyssal City. Il est le fruit de Carolina Moya et Kyron Ramsey, un jeune couple new-yorkais se connaissant depuis le lycée. En 2004, ils démarrent leur expérience professionnelle chez GameLab, un studio de jeux PC et web, jusqu'en 2009 à la fermeture de la société. En 2010, ils fondent ensemble Endless Fluff Games, leur studio dans lequel ils développeront leurs jeux à deux. Il commence avec deux titres. Nimbus Sky Princess qui est aujourd'hui introuvable en ligne ainsi que Legend of Fae sur PC via Steam. Puis, en mars 2012, le couple fait appel à l'autre méthode en vogue pour soutenir les développeurs de jeux indépendants, Kickstarter. Cette plateforme de financement participatif en est encore à ses débuts pour soutenir les créations de jeux vidéo mais a déjà eu l'occasion de financer de nombreux projets à succès. Récoltant 50 000 dollars sur 8 000 demandés, le couple de développeurs se retrouve avec tous les moyens financiers pour accomplir un titre qui lui prendra encore un an et demi et sortira le 8 septembre 2013 sur PC via la plateforme Steam. Valdis Story: Abyssal City est donc né, porté par une communauté de près de 2500 contributeurs et deux passionnés qui développaient le jeu le plus important de leur carrière. Notre histoire en racine lorsque la déesse Valdis met au monde deux filles, une fille de lumière, Alagath, et une fille des ténèbres, Myrgato. A la suite d'un conflit entre Myrgato et Valdis, leur ville natale, Sitheil, coula sous les flots devant l'impuissance d'Alagath arrivée trop tard. Pour éviter la destruction totale de la ville sacrée et avant d'elle-même disparaître, Valdis protégeait la ville dans une barrière permettant aux habitants et créatures de survivre. Mais la guerre entre les forces d'Alagath et de Myrgato fait rage. 40 ans plus tard, les 4 héros de notre histoire, Wyatt, Gilda, Vladyn et leur leader Reyna, sont à la poursuite des armées de Myrgato à la surface, mais leur navire coule et ils atterrissent dans le territoire de la ville sainte, sous l'océan. Cherchant désormais à remonter à la surface, ils vont devoir se lier d'amitié avec les humains sur place pour trouver un chemin vers la sortie. Au fil de l'aventure, ils trouveront des raisons d'eux-mêmes intervenir dans le conflit pour tenter d'y mettre fin. La première chose qu'on peut remarquer, c'est l'influence du jeu web sur le parcours de Carolina et Kyron. Le jeu, entièrement en 2D, bénéficie d'une direction artistique cartoon avec des couleurs contrastées permettant une lecture rapide et claire du jeu, avec en parallèle une interface un peu austère mais efficace. Visuellement, on savoure la variété des décors, et si certains peuvent paraître un peu vides, D'autres nous donnent juste envie de poser la manette et de contempler le travail artistique du couple de développeurs. Valdi Story commence au moment où on choisit notre héros pour l'aventure. Même si la structure est la même pour tout le monde, on ne pourra pas changer de personnage en cours d'aventure, et outre le prétexte de refaire 4 fois le jeu différemment, on peut apprécier que chacun d'eux ait ses spécificités de gameplay. Entre la sorcière Gilda dotée d'une grande mobilité aérienne, le guerrier Wyatt frappant peu mais fort, Vladyn accompagné de ses armes à feu et ses âmes déchues, ou encore Reyna, la moine au combo rapide, le joueur peut réellement vivre 4 expériences de jeu très différentes. Commençant donc l'aventure, on apprend les contrôles du jeu en tâtonnant contre nos premiers ennemis, appréhendant le découpage en tableau des niveaux de jeu et trouvant nos premiers coffres. On découvre rapidement une technique clé du jeu, le dash servant à activer les interrupteurs mais surtout à esquiver les attaques se couplant avec la parade. Cette découverte illustre aussi cette inspiration à Metroid où il est coutume de débloquer de nouvelles options de jeu servant à la fois pour combattre mais aussi pour explorer et ouvrir de nouveaux passages. Mais ce qui fait le sel du genre Metroidvania, c'est les boss. Et justement, le premier est là après quelques minutes de jeu. Si ce premier affrontement peut paraître corsé tant on apprend encore les contrôles du jeu, il nous illustre sa mécanique phare, le score de fin de combat. Lorsque vous affrontez un boss, votre performance est prise en compte pour vous donner une récompense. Basé sur le temps que dure le combat, le nombre de potions de vie que vous utilisez, mais aussi votre style de combat en prenant le moins de coups possible tout en enchaînant les attaques variées, cette performance vous octroie un rang. Le moins bon, F, vous donne quelques points d'expérience. Le meilleur, S, peut vous donner des points de statistiques ou de compétences en plus. En effet, si le jeu emprunte à Metroid pour son exploration, il assume emprunter à Castlevania, notamment ses épisodes plus récents, ses composantes de RPG. Ainsi, on peut gagner des niveaux qui permettent de dépenser des points de statistiques. Chaque personnage en possède 4, force, agilité, intelligence et chance, et elles apportent un avantage particulier qui varie en fonction de votre personnage. On possède également 3 arbres de compétences qui nous permettent de débloquer des bonus passifs en jeu, que ce soit dans l'exploration ou pour le combat. Les arbres sont uniques à chaque héros, même si on peut noter 3 styles, attaque, défense et un style plus touche-à-tout. En continuant sur l'aspect RPG, on peut aussi noter que chaque personnage peut avoir 5 armes différentes qui modifient sa façon de combattre, ainsi que 8 attaques spéciales, dont une unique au personnage. Par la suite, on trouve des armures, des accessoires, des magies, ainsi que des équipiers qui permettent de modifier l'approche qu'on a des situations de jeu, mais surtout de créer le personnage qui colle au style de jeu qu'on veut. Une fois donc le premier boss vaincu, le jeu nous introduit à d'autres mécaniques et à sa structure. En effet, on remarque assez rapidement des passages qu'on ne peut pas emprunter, des plateformes trop hautes, des portes fermées. On découvre aussi les villages où on peut troquer nos ressources collectées contre des objets et équipements. et ces villages permettent un temps calme dans l'exploration pour souffler un peu et avancer dans l'histoire globale. Si, au début, le jeu nous prend par la main pour nous indiquer la voie à suivre, passé la première heure de jeu, nous voilà livrés à nous-mêmes à chercher notre chemin. On se déplace rapidement d'un tableau à l'autre, mais Valdis Story est fidèle à son genre de jeu. La carte est réduite à un strict minimum qui pousse à mémoriser les environnements que l'on traverse pour se faire mentalement sa propre carte et avoir conscience des chemins possibles, le tout sans système de téléportation. On peut ainsi prendre 5 bonnes minutes et traverser la carte pour aller vérifier si on peut passer à un endroit et juste buter à nouveau dessus. Mais c'est à l'inverse satisfaisant d'avoir fait le bon lien entre nos informations et la direction qu'on a prise pour débloquer une nouvelle zone de jeu. Le jeu est découpé en une vingtaine d'environnements, en grande majorité hostile à votre existence, qu'il va donc falloir traverser pour parvenir à remonter à la surface. Cette contrainte d'être sous l'océan limite les espaces ouverts, mais pour autant, le studio ne s'est pas privé de produire une grande variété de zones allant de prison souterraine à une voie céleste couverte de végétation, en passant par divers temples ou égouts. Au milieu de ces environnements, on va croiser différentes armées d'anges et de démons, mais aussi de monstres qui offrent un bestiaire varié. Si les anges ont tendance à offrir des groupes d'ennemis qui se protègent entre eux, les démons sont agressifs et ne vous lâchent pas tant que vous ne les avez pas vaincus. De plus, le titre utilise au maximum l'environnement et l'ajout progressif d'ennemis pour rendre chaque combat comme une nouvelle approche. On a à disposition deux types d'attaques et quatre magies qu'on peut changer à volonté. Les options sont donc réduites mais suffisantes pour vous permettre d'avoir votre propre approche. Et surtout, dans ces enchaînements, on sent une volonté de rendre le combat fluide, donnant une progression rapide à son aventure. Attention tout de même, dans les niveaux de difficulté élevés, chaque combat devient un vrai défi où l'approche doit être maîtrisée. Avec en plus sa vingtaine de boss, le jeu peut paraître long à finir, mais en réalité, il se termine en à peu près 5 heures pour un personnage. D'autant qu'une partie de tout ce que le jeu propose peut être évitée si on ne fouille pas dans les zones du jeu. Mais cette richesse de contenu, que ce soit dans la manière de penser son personnage comme on le souhaite ou la quantité d'environnement et d'ennemis, illustre à merveille le travail colossal réalisé par le studio. Un travail maîtrisé où on peut constater l'équilibrage millimétré du jeu avec chaque ennemi qui semble parfaitement à sa place apportant le bon défi au bon moment. La partie complète étant assez courte, on sent la montée en puissance de notre personnage tout en ayant de nouveaux challenges qui viennent maintenir l'intérêt. En tout, les deux développeurs passeront plus de 3 ans à travailler sur Valdis Story. Car si le jeu est sorti en septembre 2013, il sera complété avec une mise à jour majeure en mai 2015. Cette mise à jour apporte de nouveaux personnages jouables, des nouvelles zones de jeu et de nouveaux boss. Mais cet ajout signera aussi la fin du développement pour permettre au studio de se lancer dans un nouveau projet. Pour composer la bande originale du jeu, le studio a fait appel à Zack Parrish, un jeune compositeur indépendant. Connu pour sa versatilité musicale et prenant plaisir à mélanger les genres, Zack se retrouve sollicité pour réaliser la musique de Val's History. Son travail sur le jeu est tellement remarqué que Zack sera récompensé lors des Game Music Awards de 2013 avec le prix du meilleur compositeur indépendant. La suite de sa carrière est plus discrète, notamment car il compose pour des jeux érotiques. La suite pour Endless Fluff est aussi un peu plus discrète. Après Valdis Story, le couple de développeurs commence dès 2016 à communiquer sur leur prochain titre, Fae Tactics. Mais comme ils souhaitent rester à deux pour faire le jeu, le fait de devenir parents en 2017 va forcément avoir des impacts sur leur rythme. S'adaptant à leur nouveau mode de vie, ils parviendront à sortir leur jeu en juillet 2020, toujours sur la plateforme Steam. Depuis, leur prochaine production est en cours, avec à la musique, le retour de Zack Parrish. Sur Instagram, Kyron partage des évolutions du développement de ce nouveau titre, qui s'appelle pour le moment Wendigo Blue. Pour ce qui est de Valdis Story Abyssal City, il est toujours disponible sur Steam pour une quinzaine d'euros. Attention tout de même, le jeu est uniquement en anglais, ce qui peut en rebuter certains. Le nombre de ventes exact est difficile à connaître car Steam ne permet pas d'accéder librement à ces chiffres, notamment pour la sortie du jeu. Mais on a tout de même des estimations, et pour Valdis Story, on est aujourd'hui autour des 200 000 unités vendues. C'est un bon résultat pour un duo de développeurs passionnés, surtout que la critique de l'époque, notamment dans la presse indépendante, a donné un solide soutien au jeu en censant l'ensemble du titre de la bande-son à son gameplay. Les joueurs y ont également apporté leur avis sur Steam, et fin 2024, le titre possède plus de 2200 évaluations, dont 83% d'entre elles sont positives. Si on appréciera la palette de possibilités de jeu et de boss dans une ambiance musicale réussie, on lui reprochera tout de même une difficulté plutôt élevée, bien que la difficulté soit un élément important des Metroidvania. Mais le principal souci vient de l'architecture de certains niveaux qui se ressemblent et on peut s'y perdre en cherchant son chemin. Ce souci d'architecture est dû à deux choses. Sa carte minimaliste et le manque de variété dans les plateformes et autres éléments d'interaction. Ainsi, les mêmes mécanismes reviennent régulièrement, donnant des sensations de déjà-vu. On peut le dire, ce défaut dans la construction des niveaux est un boulet dans les pattes de Valdis Story, surtout dans le genre du Metroidvania qui demande à chaque aspect qui le compose d'être très bien exécuté. Depuis, le genre du Metroidvania s'est démocratisé avec des titres comme Ori and the Blind Forest, Axiom Verge, Iconoclast, Blasphemous ou encore Bloodstained: Ritual of the Night. Et deux titres se sont installés comme les nouvelles références du genre aux côtés des épisodes récents de Metroid. D'un côté, Dead Cells, sorti en 2018, apporte un vent de fraîcheur au Metroidvania en y intégrant des mécaniques de roguelite, faisant de chaque partie une nouvelle expérience. Et de l'autre, on a celui qui trône, incontestablement désormais sur le genre depuis 2017, lui aussi, issu d'une toute petite équipe d'à peine 4 personnes et d'un financement participatif sur Kickstarter au résultat similaire à Valdis Story, le jeu Hollow Knight dont les fans attendent avec impatience sa suite. Ce qui a manqué à Valdis Story Abyssal City ne lui permet pas aujourd'hui de rester dans les références du genre. La construction des niveaux, une histoire un peu cliché et une carte cryptique, des erreurs que ses successeurs ont su surmonter avec brio. Mais, pour avoir des jeux comme Hollow Knight, il faut bien que d'autres aient échoué pour qu'on apprenne de leurs erreurs. C'est pour ces jeux que j'ai lancé la chronique d'un jeu oublié. C'est pour vous faire découvrir des jeux qui auraient pu être des références, mais qui ont raté de peu cette marche. C'est pour vous inviter à y jouer, à les découvrir avec leurs qualités ainsi que leurs défauts. Et j'espère qu'en y jouant, vous aurez ce sentiment qui vous dit « je sais qu'il a des défauts, mais qu'est-ce que j'aime ce jeu » . Si Valdis Story en fait partie, c'est pour ses combats. Ses moments de tension contre chaque ennemi mais surtout contre les boss qui nous poussent à maîtriser chaque aspect du jeu. Les différents personnages jouables, l'ambiance musicale et la direction artistique accompagnent cette expérience riche en intensité. dans laquelle on plonge aisément et dont le retour à la surface est toujours un moment doux amer. Voilà pour le dernier épisode de cette première saison de la chronique d'un jeu oublié. Je suis très heureux d'avoir pu vous proposer ce format et j'espère qu'il vous a plu. Pour moi, ça a été une période riche en émotions, à me replonger pleinement dans tous ces jeux. Je commence à préparer la saison 2 et je vous ferai part de son arrivée sur les réseaux sociaux et par une annonce sur votre chaîne de podcast. Si vous aimez ce format, je vous invite à lui laisser une note, à me partager votre avis sur votre plateforme d'écoute. Profitez-en pour me faire part de vos retours sur cet épisode, mais aussi sur l'ensemble de la chronique. Vous pouvez aussi suivre l'émission sur les réseaux sociaux, les informations sont dans la description. Et comme toujours, si l'épisode vous a plu, partagez-le avec vos amis passionnés par les abysses, mais surtout, jouez à Valdis Story: Abyssal City. A bientôt pour la prochaine saison. Salut !