Speaker #0Bonjour à tous et bienvenue dans cet épisode de la chronique d'un jeu oublié, votre podcast dédié à ces jeux vidéo qui vous ont peut-être échappé et sur lesquels on va remettre un peu de lumière aujourd'hui. Pour l'épisode du jour, nous partons sauver l'humanité d'une espèce alien malveillante. Sautant à travers un portail temporel, deux valeureux soldats vont empêcher cet ennemi mortel de modifier le cours de l'histoire. C'est parti pour TimeSplitters 2. Avant de prendre notre portail temporel à travers les époques dépeintes dans TimeSplitters 2, restons un peu dans notre univers et revenons à la genèse de la licence. Et pour parler de TimeSplitter, il faut se tourner vers le studio Rare. En 1997, l'entreprise britannique en plein âge d'or de sa collaboration avec Nintendo sort le jeu GoldenEye 007 tiré du film sorti deux ans plus tôt. Un titre majeur du jeu sur console qui bouleversa la manière de faire des jeux à la première personne, appelée aujourd'hui FPS, lui donnant les lettres de noblesse que ce genre espérait tant face aux titres sur PC. Recevant moult prix de la part de l'industrie, il inspira beaucoup d'autres titres, à commencer par sa suite non officielle Perfect Dark développée par Rare, mais aussi la série Halo ou encore les titres du studio qui nous intéressent, Free Radical Design. Fondée à Nottingham en Angleterre, l'entreprise est montée par quatre anciens membres de Rare ayant travaillé sur GoldenEye accompagnés d'une partie de l'équipe de développement de Perfect Dark. Ainsi, David Doak pour l'aspect créatif, Steve Ellis pour la programmation, Carl Hilton pour la direction artistique et Graham Norgate pour la musique s'associent et montent une équipe pour développer leurs propres jeux. A partir d'avril 1999, ils commencent le développement de leur premier jeu, TimeSplitters. Le jeu de tir à la première personne sort à la fin de l'année 2000 sur PlayStation 2, se retrouvant occulté par Perfect Dark et son aura de suite de GoldenEye sorti quelques mois plus tôt. En effet, le premier TimeSplitters reprend ce que l'équipe connaissait déjà de GoldenEye et Perfect Dark pour produire un jeu de tir correct avec la technologie que leur offre la PlayStation 2, bien que vide de scénario et concentré sur ses niveaux à objectifs à travers diverses époques. On peut tout de même déjà y voir ce qui fera l'essence de sa suite. Une direction artistique avec sa 3D aux formes légèrement exagérées, un humour et un ton un peu irrévérencieux, et des mécaniques de tir avec diverses armes de plusieurs époques, ainsi qu'une panoplie de personnages jouables et des défis. Une base plutôt solide et permettant tout de même de réaliser quelques 430 000 ventes qui convaincra l'éditeur Eidos Interactive de continuer la collaboration avec Free Radical Design pour un deuxième épisode. Sorti un an et demi après, simultanément sur PlayStation 2, Xbox et Gamecube, TimeSplitters 2 démarre son histoire avec le sergent Cortez et le caporal Hart qui interrompent des aliens en train de sauter dans un portail temporel. Pour empêcher l'humanité de disparaître, ils sautent à leur tour pour les rattraper. En démarrant avec le mode histoire, on prend le temps de découvrir le jeu en solo ou en coopération. Évolution de son prédécesseur, chaque niveau dans une époque donnée nous offre une petite introduction, souvent comique. Nos héros prennent l'apparence de personnages de l'époque, et si on a lu le briefing, on a une idée de ce qu'il faut faire. Sinon, on avance à tâtons et on découvre par soi-même. Mais on va se le dire franchement, le genre du tir à la première personne se veut rarement complexe sur cet aspect et privilégie les phases d'action ou d'infiltration. Et si besoin, on a accès en permanence à nos objectifs de mission dans les menus. Démarrant en Sibérie, le mode Histoire nous fait explorer une succession de niveaux sans réel lien entre eux que le MacGuffin du scénario. Un MacGuffin, c'est un prétexte de l'histoire pour justifier l'aventure que nos héros vivent. Dans Mario, cela a longtemps été de sauver la princesse Peach. Dans Zelda, c'est de sauver le royaume de la menace qui pèse sur lui. Et dans TimeSplitters 2, ce sont les cristaux temporels qui ont emporté les aliens avec eux. Dans chaque niveau, que ce soit dans le Far West de 1850 en passant par un Tokyo du futur en 2019, les cristaux ne sont que des prétextes pour terminer chaque scénario donné. Ils ne sont qu'un mince fil conducteur pour justifier de passer d'époque en époque pour y vivre des péripéties qui y sont propres. Ainsi, dans le Chicago de 1932, on part affronter le gros Tommy, parrain de la mafia locale ainsi que ses sbires. Alors que dans le Notre-Dame de 1895, nous devenons le sauveur de vierges menacé par le chef d'un culte de mort vivant. Une partie de ce qui fait le charme de ce mode scénarisé est que chaque voyage nous donne accès à des armes différentes propres à leur époque. Ainsi, si le jeu use des classiques du titre à la première personne pour ce qui est des déplacements, interactions ou gestion de la caméra, la variété se fait ressentir avec les armes différentes et les contextes dans lesquels elles s'inscrivent. Mais le mode Histoire n'est que la couche supérieure de ce qui fait TimeSplitters 2. Si on commence souvent avec ce dernier, qui sert finalement de tutoriel aux différentes mécaniques de jeu et aux armes possibles, le titre prend une toute autre dimension dans ses modes alternatifs, démontrant sa générosité. Un des modes habituels du genre, c'est le mode multijoueur, dit arcade, dans lequel vous avez le choix entre une dizaine de types de parties différentes. On a le droit à du classique match à mort, mais on peut aussi choisir des modes comme vampire ou miniaturisation, qui vous permettent de varier l'expérience de jeu sans parler des personnages qui ont chacun des caractéristiques propres et feront que chaque joueur trouvera son préféré parmi la centaine disponible. Surtout que visuellement, l'équipe de développement s'est faite plaisir et apporte toute une variété allant de simples militaires à animal de cirque, cow-boy ou encore bonhomme de neige maléfique. Reprenant des cartes et musique du premier épisode, le titre apporte son lot de nouveautés pour offrir une quinzaine d'environnements aux ambiances variées. Avec ce que le jeu nous offre, on peut se créer des parties de tous les styles, dans lesquelles on s'affronte jusqu'à 16 joueurs, ou avec des bots, dans une sorte de joyeux bordel. Autre particularité, l'existence d'un éditeur de cartes, un fait plutôt rare pour l'époque. En effet, au tout début des années 2000, il était fréquent de voir des éditeurs de cartes pour des jeux de stratégie, que ce soit Age of Empires ou encore Warcraft 3 sur PC, mais à vrai dire, le premier Time Splitter est le premier FPS sur console a proposé cette fonctionnalité, reprise plus tard par ses successeurs. On ne parle pas seulement de la licence TimeSplitters, mais aussi de licences comme Far Cry ou Halo. Cet éditeur offre donc la possibilité de construire ses propres cartes avec un système de salles préconstruites et donne tout un panel d'options. On peut placer tous les types d'objets possibles, créer des étages, scripter une aventure avec des objectifs et un contexte narratif. En bref, on a la sensation de pouvoir créer tout un panel de situations de jeu pour soi ou ses amis. On notera tout de même que l'intelligence artificielle peut avoir quelques difficultés à s'y retrouver, mais difficile de faire la fine bouche au vu de la générosité de l'éditeur qui vous assiste dans vos créations pour rendre la carte jouable, un luxe bien peu présent en 2002. Outre son éditeur de cartes qui aura intéressé une niche de passionnés, on retient TimeSplitters 2 pour autre chose. En effet, il est difficile de parler de ce jeu sans évoquer son mode Ligue Arcade et son mode Défi. Ces deux modes de jeu proposent des challenges permettant de renouveler l'expérience de jeu avec des objectifs de médailles, bronze, argent, or et même une médaille cachée de platine. Obtenir les meilleures récompenses vous octroie l'accès à des codes de triche, des modes de jeu et de nouveaux personnages à utiliser en multijoueur. Le mode Défi fait partie de l'héritage de son aîné. C'est un mode centré sur des challenges exotiques où on se retrouve seul pour remplir des objectifs donnés. Récolter le plus de bananes avant de mourir de brûlure, casser des carreaux le plus vite, survivre à une invasion de zombies dans un espace restreint. Voilà un panel de situations qui jouent avec les règles du solo et permettent de revisiter son approche du jeu. Et de l'autre côté, pour faire la paire, le mode Ligue Arcade. Cette fois, on joue avec les règles du multijoueur. pour offrir de nouvelles situations de jeu et un challenge permettant d'utiliser la large variété d'armements tout en poussant le joueur à connaître chaque niveau disponible. Héritier de GoldenEye, TimeSplitters 2 fait partie de ces jeux de tir à la première personne avec des barres de vie et d'armure fixes qui ne remontent pas avec le temps. L'héritage est même tellement fort qu'on joue avec la même présentation de ces barres mais aussi du menu pause qui ressemble à une copie de sa référence. Les contrôles sont tout aussi similaires avec la possibilité de se déplacer dans les 4 directions pour un mouvement fluide de son personnage. On retrouve une introduction de niveau avec des plans de caméra sur divers points clés de la carte pour se donner une idée de la mission qui nous attend. Et les niveaux ont plus ou moins d'objectifs en fonction du niveau de difficulté choisi et peuvent même prendre des dimensions nouvelles à haute difficulté. Ces éléments de jeu tendront à disparaître du genre avec Call of Duty Modern Warfare en 2007 pour privilégier un style de jeu plus rapide. directif et agressif. On a mentionné son nom en introduction, mais celui qui donne son identité sonore et musicale au jeu est Graham Norgate, un compositeur ayant démarré sa carrière chez Rare au début des années 1990. Il commence avec le jeu de combat Killer Instinct avant de se retrouver à l'oeuvre sur GoldenEye 007 ainsi que Jet Force Gemini, dont on parlera un jour. Se lançant dans l'aventure free radical design, il sera à la direction de toutes les créations musicales du studio, de la série TimeSplitters notamment, mais aussi des deux autres titres du studio, Second Sight et Haze. Et il gardera cette mission chez Crytek lorsqu'il travaillera sur la licence Crysis, mais aussi chez Dambuster Studios qu'il rejoindra en 2014, où il participera au jeu Dead Island 2. Depuis 2020, Graham travaille pour le studio de jeux mobiles Lockwood Publishing et son titre phare, Avakin Life. Free Radical Design sort un dernier jeu en 2008, Haze. Pendant qu'il développe le quatrième épisode de Timesplitters, le studio est racheté par Crytek en 2009, mettant fin au projet. Les développeurs travaillent alors sur la série Crysis jusqu'à la fermeture du studio en 2014. Dans les autres épisodes, je mentionne souvent le fait qu'on ne risque pas de revoir la licence de sitôt. Or ici, l'espoir a longtemps existé, ou plutôt il a été ravivé. Outre les rééditions en ligne, l'éditeur Deep Silver permet aussi la réouverture du studio avec David Doak et Steve Ellis à son bord en 2021. Cependant, l'espoir fut de courte durée, en décembre 2023, le studio est de nouveau fermé sans que personne n'ait vu la moindre image de ce quatrième opus. Si TimeSplitters premier du nom réalise un beau départ pour la licence avec ses 430 000 unité vendue. Le deuxième épisode est un véritable phénomène commercial avec son 1 800 000 unités vendues. Le jeu semble mettre tout le monde d'accord pour être bien plus réussi et de surpasser nombre de jeux du genre. Pour faire simple, en prenant les notes du site Metacritic qui réunit les avis de la presse, en 2002, seul le premier jeu de la licence Halo fait de l'ombre à TimeSplitters 2 au royaume des jeux de tir à la première personne. La licence était partie pour être inscrite parmi les grandes licences du jeu vidéo. Elle a donc eu le droit à son troisième épisode, nommé Future Perfect, qui poussa la qualité encore un peu plus loin. Sorti en 2005 sur toutes les consoles de l'époque, le jeu offre plus de contenu, une histoire plus poussée et du doublage en français. Il se paye même le luxe d'avoir un Gravity Gun six mois après que le public découvre celui d'un certain Half-Life 2, qui venait de révolutionner le FPS narratif sur PC. Le jeu semble être la copie finale de ce que le studio souhaitait faire à l'origine grâce au succès de son prédécesseur. Et pour autant, le titre ne réalise que 480 000 unités, à peine mieux que le premier jeu. De plus, leur jeu suivant, Haze, est aussi un échec commercial, et ainsi le studio se retrouve racheté par Crytek pour survivre financièrement. Difficile de connaître les raisons de l'échec du troisième épisode, dont le changement le plus notable a été celui de son éditeur, passant d'Eidos Interactive à Electronic Arts, mais on pourrait aussi noter un manque d'amélioration visuelle qui a pu freiner les joueurs dans leur achat. Aujourd'hui, les versions physiques des jeux TimeSplitters se trouvent entre 5 et 20€, même si certains montent les prix jusqu'à 80. Mais il faut savoir que depuis 2021, il est possible d'acheter les 3 jeux sur le marché en ligne de Xbox pour la Xbox One ou la Xbox Series, et c'est désormais possible pour les joueurs de PlayStation 4 et 5 depuis août 2024. Chacun de ces titres s'achète pour une dizaine d'euros sur les deux magasins en ligne. TimeSpitters 2 est un classique de son époque, avec son enrobage très généreux en humour, situations et possibilités. Il apparaît comme un jeu à qui il ne manque rien. Le contenu solo peut vous occuper une dizaine d'heures, et si vous commencez à jouer en ligne ou à inviter des amis à la maison, vous n'en sortez plus. Si on aurait tendance à recommander le troisième épisode pour son aspect plus complet et mieux écrit, c'est bien avec TimeSpitters 2 que l'ensemble de la proposition de jeu a été maîtrisé, le rendant plus impressionnant pour son époque. Et il semble alors tout naturel de lui rendre hommage. Voilà pour cet épisode de la chronique d'un jeu oublié. Merci d'être encore là. Si vous aimez ce podcast, je vous invite à lui laisser une note, à partager votre avis sur votre plateforme d'écoute. Vous pouvez aussi suivre l'émission sur les réseaux sociaux, les informations sont dans la description. Et si l'épisode vous a plu, partagez-le avec vos amis qui rêvent de voyager dans le temps, mais surtout, jouez à Timesplitters 2. A bientôt pour le prochain épisode. Salut !