- Speaker #0
Radio Vostok.ch Complètement débule.
- Speaker #1
Débule ou bien On dirait qu'il te manque une case. Débule. Il te manque une case. Complètement débule. L'émission qui parle bande dessin. Loïc Malnati, un artiste comme on les aime. Un artiste qui se pose des questions sur lui, sur nous, sur l'humain. Ah bah si je me pose beaucoup de questions en ce moment. Un artiste qui s'exprime au travers de différents moyens. Par le dessin, par la peinture, par l'écriture. ou encore par le tatouage. Tatouage Le tout avec esthétisme et une certaine poésie. Loïc Malnati vient de sortir un album qui nous a beaucoup plu. Une histoire de pantins mécaniques. Des pantins qui sont devenus des automates, vides et en quête de sens. Un battement d'ailes de papillon, c'est le titre de cet album qui emmène dans le monde tout à fait singulier d'un artiste que nous voulions rencontrer.
- Speaker #2
Salut Loïc
- Speaker #0
Salut
- Speaker #2
Alors Oli, Loïc, artiste français, né en 1973 dans le Doubs, on n'est pas loin de la Suisse. Tu te définis comme un créateur d'univers esthétique. Dès tout petit, tu voulais faire de la BD et je crois d'ailleurs que tu remportes un concours BD à 12 ans, c'est vrai
- Speaker #0
Oui, c'était l'ancêtre du Festival de l'Incours, c'était BD Belfort à l'époque. Il y avait un concours de bande dessinée que j'avais gagné et c'est petit Luc, j'avais 11 ans je crois même. C'est Ptit Luc qui m'avait remis le grand prix de ce concours. Et c'est rigolo parce que des années plus tard, quand j'ai sorti mon premier bouquin, j'avais 22 ans, j'ai dédicacé avec lui au Festival d'Odincourt. On était à côté à table le soir et je lui ai dit Tu te souviens que tu m'avais remis ce prix Et il m'a dit Oh non, c'était toi le petit garçon
- Speaker #2
Il a dit Ah le coup de vieux quoi Eh ben l'hommage du destin Alors voilà, toi ton truc c'est la BD, mais aussi la peinture et puis un peu sur le tard. les tatouages alors on en parlera un petit peu plus tard mais en fait tu fais plein de trucs je crois que derrière moi tu t'es d'ailleurs mis à la psychanalyse c'est correct
- Speaker #0
Oui il y a plusieurs questions dans ton truc tu as parlé de...
- Speaker #2
BD, peinture, tatouage,
- Speaker #0
j'essaie juste de dire qu'en fait tu fais plein de trucs Ouais je fais plein de trucs mais c'est à dire que moi je suis intéressé par la philo à la base le dessin et la philo et la psychanalyse ça fait partie du... pour moi tout artiste devrait faire une psychanalyse pour essayer d'aller chercher, faire le tri entre les névroses et l'intuition. Notre intuition est parasitée par nos névroses, par nos psychoses des fois. Et du coup, essayer d'être au clair par rapport à tout ça, ça ne veut pas dire s'affranchir de ces problèmes, ça veut dire en faire un outil, un outil conscient. Quand on est conscient de ces problèmes, on arrive à les utiliser comme matériaux. pour le travail.
- Speaker #2
Il y a beaucoup de ça dans toute ton approche artistique. Il y a beaucoup de profondeur dans tout ce que tu fais. Toi aujourd'hui, tu es installé à Nice où tu as une galerie et un salon de tatouage. Tu adores te faire une petite salade niçoise sur la promenade des Anglais, je crois.
- Speaker #0
Oui, pas trop.
- Speaker #2
Tu portes des lunettes quand tu veux faire sérieux. Tu commences la BD très sérieusement justement en 96. Tu as travaillé sur une vingtaine d'albums et en 2018 émerge un trait, une ambiance, un style avec Conte Mécanique où tu mets en scène des pantins. Oui. des pantins mécaniques qui ont le sentiment de ne pas maîtriser leur vie. Un monde steampunk et mélancolique, et tout part, je crois, des attentats de Nice. Tu veux nous en dire un mot
- Speaker #0
En fait, le premier bouquin que j'ai sorti dans ce style, c'est les contes mécaniques qui racontent l'histoire de l'attentat de Nice. C'est une métaphore, en fait, une métaphore poétique sur un événement tragique. Mais j'ai essayé d'en faire un conte un peu hors du temps. qui parle de comment l'humain en arrive à des actes aussi terribles et comment il est vécu de l'autre côté, mais sans idéologie, sans entrer dans la dénonciation du coupable. Ce n'est pas ça. C'est plutôt de mettre en scène un drame qui concerne tout le monde. Et en fait, mes pantins m'ont servi à raconter ça parce que cet univers, c'est déjà une allégorie de l'humanité. que j'ai inventé pour le tatouage, c'est un univers steampunk que j'ai créé pour le tatouage et que ensuite j'ai utilisé dans la bande dessinée pour raconter des histoires qui sont des métaphores de l'histoire humaine en fait.
- Speaker #2
Alors voilà, c'est Pantin, c'est nous, puis en fait on voit aussi que ces Pantins ils ont encore un cœur.
- Speaker #0
Voilà c'est ça, c'est-à-dire qu'il y a en nous, on devient avec le temps, avec la vie en société, on devient un petit peu notre fonction, on devient... notaire, comptable, postier, peu importe. On finit par s'identifier à notre costume et à construire toute notre vie en fonction de notre niveau social, etc. On ne se rend même plus compte à quel point on se met à penser de façon conformiste, comme la société nous a collé l'étiquette. Et pour moi, on s'éloigne de notre cœur, de ce qui est irrationnel. de ce qui est animal et qui échappe à cette espèce de logique mécanique froide qu'est la société, en plus qui pour moi n'a aucun sens. Donc il faut tout le temps renouer avec ce côté incompréhensible de la nature et accepter de laisser être. Pour moi, c'est ça, les pantins, ça sert à nous rappeler à ça. Dans notre cœur, il y a quelque chose qu'on ne comprend pas et c'est cette Ausha qu'il faut écouter.
- Speaker #2
Cette partie organique qui doit prendre le dessus sur la mécanique. Exactement. Et pourquoi cet univers steampunk Tiens, c'est quoi d'ailleurs le steampunk
- Speaker #0
Le steampunk, à la base, c'est Jules Verne. C'est le futur du passé. L'idée de départ, c'était le futur d'un monde où il n'y aurait pas eu de révolution industrielle. Enfin, c'est la révolution industrielle, mais sans l'électricité.
- Speaker #2
Voilà, sans l'électricité.
- Speaker #0
Donc, c'est la vapeur sale, en fait, steampunk. Et donc, en fait, c'est le gaz, le charbon, l'hydrogène, etc. Mais il n'y a pas d'essence et surtout pas d'électricité.
- Speaker #2
Un côté écologique, environnemental et aussi esthétique Pas vraiment.
- Speaker #0
Moi, je ne suis pas un écolo. C'est vrai, souvent, sur mon dernier livre, un battement d'aile de papillon, on me dit que c'est un compte écolo. Je ne suis pas tout à fait d'accord. Je ne suis pas écolo au sens où je n'ai pas d'idéologie à ce niveau-là. Je suis plutôt, on va dire, naturaliste, entre guillemets. C'est-à-dire que je... Je pense qu'il faut accepter la nature. La nature est impitoyable, elle n'est pas forcément belle, elle est dure. On ne sait pas en fait. Il faut qu'on apprenne de ce qui est et qu'on arrête de se mettre des règles. Donc pour moi, l'écologie, c'est encore une règle. C'est penser qu'on peut être dangereux pour la nature, je n'en suis pas certain.
- Speaker #2
On en fait partie en fait.
- Speaker #0
Pour moi, la solution en tout cas, ce n'est pas de s'accuser d'être responsable de tout. C'est au contraire lâcher et laisser être. Voilà, c'est ce en quoi je crois personnellement.
- Speaker #2
Alors voilà, et cet univers de Pontin, ça devient un peu ta marque de fabrique. En 2019, tu sors un autre album aux éditions Paquet, La mécanique du tatouage. Donc voilà, on y reviendra, ton autre passion, le tatouage. Et tout récemment, tu en parlais, tu sors un batemondel de papillon également aux éditions Paquet. Tu le présentes comment, toi, cet album
- Speaker #0
Cet album, c'est justement ce que je disais. C'est à la fois... On pourrait dire que pour le grand public, au premier abord, c'est un conte qui raconte une histoire qui pourrait être située entre Tim Burton et Moimaud Chez Méchant. Je dis Moimaud Chez Méchant parce que c'est une narration très animation que j'ai faite et aussi parce que j'ai une petite histoire avec Moimaud Chez Méchant et je pense que ça m'a un peu influencé dans cette bande dessinée. J'avais à l'époque été pressenti par le producteur de Moimaud Chez Méchant et j'avais été auditionné par Universal. pour créer l'univers. Et on était, je crois, 5 dessinateurs pressentis. Et mon travail n'a pas été retenu. Donc j'ai gardé une petite frustration d'être montré à Paris pour me faire envoyer bouler par Universal. Et quand j'ai vu ce que... Parce que j'étais sous clause de confidentialité, mais je ne savais absolument rien du projet. Et quand j'ai vu ce que c'était, bon, c'est bien que je n'ai pas été... De toute façon, c'est bien, c'est comme ça. Mais je n'étais pas prêt à l'époque à faire quelque chose d'aussi beau. C'est fantastique ce qui a été fait. Aujourd'hui, oui. j'ai le recul pour faire quelque chose d'abouti comme ça et de grand public, j'étais un peu plus torturé à l'époque donc ce livre là je pense que j'avais un peu en tête d'ailleurs il y a des personnages qui ressemblent maintenant que tu me le dis,
- Speaker #2
je le vois merci de partager l'anecdote,
- Speaker #0
c'est clair c'est inconscient de ma part c'est pas volontaire de ma part ça m'a imprégné et j'ai beaucoup admiré ce qui a été fait sur Moi, Moche et Méchant, j'ai vraiment trouvé ça super voilà merci Et après, le côté Tim Burton, oui, c'est le côté steampunk. Ça, c'est quelque chose qui m'a beaucoup marqué dans l'animation. Et comme j'ai pas mal travaillé dans l'audiovisuel comme storyboarder et designer pour le cinéma, la télévision et pour l'animation, du coup, j'ai cette patte-là dans cet album qui, à mon avis, est très présente.
- Speaker #2
Des esthétiques, c'est magnifique, des planches qu'on prend plaisir à regarder. Et puis une histoire, une vraie histoire, encore une fois liée à ces pantins. Dans ce monde de pantins, on voit que, ben voilà, c'est... Ces êtres mécaniques sont tristes, vides, déprimés, jusqu'au jour où l'un d'eux pète les plombs. Il est tué, autopsié, et lors de son autopsie, on découvre qu'il a une larve cachée au fond de lui. C'est le début d'une histoire et puis de deux écoles qui se partagent pour expliquer le pourquoi de cette larve. C'est un peu comme ça qu'on peut faire le pitch de l'album Oui,
- Speaker #0
enfin, ils pètent tous les plombs au départ. Ce n'est pas qu'ils sont tristes, c'est qu'ils sont aigris. On est dans un monde de pantins aigris, qui sont agressifs, menteurs, roublards. Ils ont tous les défauts. Et effectivement, à la découverte de cette larve organique dans le cœur des pantins, se pose une question, est-ce que cette larve est la source du mal, la source de tous leurs problèmes et il faut absolument la combattre Ou est-ce qu'il faut au contraire la nourrir, cette larve est la valorisée, parce qu'elle serait la source de l'amour Donc c'est les deux questions, c'est les deux visions du monde qui s'opposent. C'est une position philosophique, d'un côté le déterminisme et de l'autre côté plutôt l'existentialisme. Mais ceci dit, ces questions philosophiques sont sous-jacentes, on n'est jamais dans le cours de philo, ce n'est pas du tout le propos, on est dans quelque chose de léger.
- Speaker #2
Une vraie histoire et une vraie fin, surprenante, on n'y dira pas plus, on invite nos lecteurs à lire l'album. Cependant, est-ce que si je te dis que la petite larve qui se cache en nous peut donner naissance au plus beau des papillons, c'est un peu ça la référence du titre
- Speaker #0
En tout cas, c'est le pari d'un des deux pantins scientifiques qui se penche sur la question.
- Speaker #2
Bon, c'est un point final au monde des pantins ou c'est le début d'autre chose Tu vas continuer avec les pantins Ah ben oui,
- Speaker #0
maintenant c'est mon style. En fait, je fais ça en tatouage puisque je suis tatoueur également. Donc, c'est l'univers que je développe. Je fais ça en peinture. Maintenant, je pense que c'est mon univers en fait.
- Speaker #2
Alors tatouage, on va en parler justement. Avant, j'ai envie qu'on parle un peu de Genève. On se rencontre ici au Salon du Livre, un peu à l'improviste. Nous, on a lu ton album. On savait que tu étais au salon, on t'a attrapé en dernière minute. Et merci de nous consacrer un peu de temps puisque tu viens ici en dédicace pendant deux jours. Justement, on dédicace les gens et les lecteurs. Ils pensent quoi de ton album Ils te disent quoi
- Speaker #0
L'accueil est excellent. Je suis très content. L'accueil est excellent. Je n'ai que des retours positifs. Je n'ai pas... J'attendais, en sortant ce livre, comme c'est quelque chose de nouveau pour le monde de la bande dessinée. Je ne suis pas... Ce n'est pas référencier, ce n'est pas une histoire de nains, de trolls ou de... ou du polar, ou là on est dans mon univers à moi. Donc je m'attendais à des retours mitigés par moments, ou des gens qui... Bon, j'ai jamais ça, c'est vraiment très positif.
- Speaker #2
Bon, Salon du Livre à Genève, il y a beaucoup d'auteurs de BD, il y a aussi une expo sur Hugo Pratt et son personnage Corto Maltese. Tu l'as vu, tu as fait un tour
- Speaker #0
Oui, je suis passé devant, je ne suis pas fan du Hugo Pratt. Ah voilà,
- Speaker #2
c'était une question que j'avais pour toi. À un moment j'ai vu qu'il disait, comme la poésie, la BD est un monde d'images, ça te parle C'est de la poésie pour toi la BD
- Speaker #0
Non. Pas pour moi, non.
- Speaker #2
C'est un moyen d'expression, non Si,
- Speaker #0
la poésie, alors au sens grec, c'est-à-dire qu'il faut se méfier des mots, mais moi je suis très branché philo, je fais très attention à l'étymologie au sens des mots. Alors si on utilise le sens du mot poésie au sens grec, oui, le poète grec, c'est l'artiste, donc c'est le créateur. Donc dans ce sens-là, oui.
- Speaker #2
Ok. Bon, Genève, c'est aussi la ville de la BD. On dit que la BD a été inventée ici par Topfer, tu es d'accord ou
- Speaker #0
Je ne sais pas. Tu sais avec moi C'est le pays du chocolat.
- Speaker #2
Bon, bah écoute, on revendique en tout cas à Genève l'invention de la BD également.
- Speaker #0
Ah d'accord.
- Speaker #2
Je te laisserai vérifier. On aime bien la rappeler nous à Genève. D'accord,
- Speaker #0
vous avez raison.
- Speaker #2
Bon, il faut quand même qu'on parle du tatouage alors. Pour toi, le tatouage, c'est le complice de la réappropriation de notre corps, c'est ça
- Speaker #0
Oui, le tatouage, c'est une façon de s'approprier son corps et peut-être aussi de désacraliser l'apparence. Parce que bizarrement, on pourrait penser que c'est une coquetterie le tatouage. Mais en fait, les gens qui n'osent pas se faire tatouer, qui en auraient envie et qui ne passent pas le pas, me disent souvent Mais moi, je n'ai pas trouvé la bonne idée définitive que je porterai toute ma vie. Mais en fait, personne ne la trouve jamais cette idée. Donc c'est une idée spontanée du moment. On sait très bien que ça va passer et que dans dix ans, peut-être, on ne sera plus en accord avec ce qu'on a fait là. Donc quelque part, c'est accepter de se dire que tant pis, on est content sur le coup et puis on verra plus tard. Donc c'est pour moi une désacralisation du corps comme quelque chose d'éternel. quelque chose d'intouchable. Non, c'est pas grave, c'est un brouillon le corps.
- Speaker #2
Si j'ai bien compris, c'est ta femme qui t'a un peu emmené vers le monde du tatouage et quand tu as commencé, tu t'es entraîné sur ta cuisse. Oui. C'était un massacre ou
- Speaker #0
Oui. Enfin, c'est pas très beau. C'est ma femme qui était coiffeuse, qui a vu que les gens étaient très tatoués de plus en plus et elle me disait, c'est fou toi avec le dessin que tu as, tu cartonnerais. Moi, je voyais pas l'intérêt du tatouage. A l'époque j'étais copain avec Coyote, le dessinateur de bande dessinée de Little Kevin, qui lui était très branché tatouage, et il me montrait des tatouages qu'il trouvait super beaux, de grands tatoueurs, et moi je trouvais ça super moche, je ne voyais pas l'intérêt du truc. Je disais, mais on fait beaucoup mieux sur papier, pourquoi Il disait, oui mais c'est pas pareil, le tatouage c'est sûr. Bon alors, je ne voyais pas l'intérêt. Et puis quand, à force que ma femme me rabâche de me mettre au tatouage, j'ai essayé sur ma cuisse. Et en fait, c'était facile. Donc, je me suis bon. C'est les mecs qui sont pas bons, en fait.
- Speaker #2
Loïc Malnati, on parlait avec toi de bande dessinée et de tatouage. Alors justement, je crois que toi, quand tu fais des tatouages, il y a trois types de tatous. Les tatous steampunk, donc c'est ton univers, celui des pantins. Des tatous plus graphiques. Et puis des tatous à main levée. C'est des sortes d'œuvres uniques que tu fais quoi de manière un peu instinctive
- Speaker #0
En fait maintenant tous mes tatouages sont à main levée, c'est à dire que je ne fais pas de modèle que je décalque et qu'après je pose avec un transfert, qui est la méthode classique du tatouage. Moi je dessine directement sur les gens avec un feutre et ensuite je tatoue directement dessus. Donc c'est ça qu'on appelle le tatouage à main levée. Donc tous mes tatouages maintenant quasiment... Sauf quand j'ai vraiment une forme géométrique à faire ou à main levée, c'est compliqué. Mais sinon, tous mes tatouages sont faits à main levée. Parce que quand on prépare un modèle dans le vide, qu'on l'imprime et qu'on le plaque sur le corps, il n'est jamais raccord avec l'anatomie et les mouvements du corps. Moi, je dessine directement sur le corps justement pour m'appuyer sur les axes des muscles, etc. Et avoir un tatouage qui épouse bien la forme de cette personne-là.
- Speaker #2
Aujourd'hui, tatouage BD, c'est des tatouages BD. Tes deux principales occupations, c'est 50% de ton temps pour l'une et l'autre des activités Oui,
- Speaker #0
ça dépend des moments, mais globalement, 50% sur le tatouage, 50% sur le dessin.
- Speaker #2
Alors, on peut voir ton travail à Nice, bien sûr, mais aussi sur les réseaux sociaux. Tu es très actif sur les réseaux sociaux. J'ai vu que tu avais presque 60 000 abonnés sur Facebook, ton compte Loïc Malnati, et 53 000 sur un compte plus dédié au tattoo qui s'appelle DD Tattoo. D'ailleurs, tu as fait une BD, une série qui associe les deux mondes, Dédé Tatou. C'est des albums, il y en a eu deux, je crois, il y en aura d'autres. Tu prévois de continuer là-dedans
- Speaker #0
Dédé Tatou, c'est un peu mon exutoire. C'est un personnage un peu, on va dire, dans le style des vieux flux glaciales des années 90. 80-90, on est vraiment dans la provocation pure et dure.
- Speaker #2
Il te lâche sur ce compte-là.
- Speaker #0
C'est très grossier, très vulgaire, politiquement totalement incorrect. Et du coup, comme je suis quelqu'un qui réfléchit beaucoup, je pourrais tomber dans la gravité par moments un peu chiants. Je fatigue tout le monde. Et je pense que c'est important de se marrer, de ne pas se prendre au sérieux. Donc Dédé Tatou, c'est un peu le contrepoids. Justement, à l'époque où je faisais ma psychanalyse, où je terminais ma psychanalyse, mon psychanalyste était passionné par Dédé Tatou parce qu'il trouvait vraiment que c'était le yin et le yang, la parfaite dialectique. Voilà, donc c'est vrai que je tiens à ce côté, me mettre en difficulté, me foutre de ma gueule et être surtout mal vu. C'est important parce que je ne voudrais pas être le gendre idéal, j'ai un côté, je suis un artiste, je suis un provocateur. C'est important de se mettre en danger, de dire des choses que personne n'ose dire, de taper dans le tas. Je me souviens quand j'ai commencé à faire ça, il y a des vieux tatoueurs qui m'ont appelé en me disant Mais Loïc, t'es fou, ce que tu fais c'est très drôle mais tu vas te fâcher avec tous tes clients. Parce que je me moquais tellement des clients en tatouage. Je m'en fous, mes clients, je me moque d'eux. Je me moque des tatoueurs, je me moque de moi-même. C'est important de ne pas trop se prendre au sérieux.
- Speaker #2
D'ailleurs, sur ton compte Loïc Malnati, tu dis que tu es de retour sur Facebook. C'est parce que pendant un moment, tu n'étais plus sur Facebook.
- Speaker #0
Tu avais quoi Des problèmes de censure J'ai été censuré beaucoup sur Facebook à cause de mes prises de position qui n'étaient pas belliqueuses. Je n'ai jamais été, mais qui ne plaisaient pas à l'algorithme. Et puis, je pense au modérateur. Je pense qu'il y a... Peut-être, c'est un peu parano, j'ai l'impression qu'il y a quelques modérateurs qui m'ont dans le collimateur. J'ai dû dire des trucs qui ne plaisaient pas. C'est vrai que je me suis moqué beaucoup de choses où on n'a pas le droit de se moquer. Je me suis moqué du wokisme, le mouvement wok. Aujourd'hui, il est très défendu. Justement, j'ai mis à taper dessus. Et on verra si ça continue, si le monde continue comme il est. Je me moquerai des conservateurs parce qu'il faut taper sur celui qui se sent en position de force. C'est ça qui est intéressant.
- Speaker #2
En tout cas, moi, j'ai beaucoup ri en voyant pas mal de tes posts. Et voilà, aujourd'hui, on parle de ta BD qu'on a beaucoup aimée, un battement d'ailes de papillon aux éditions Paquet. What's next, Loïc, pour la prochaine BD Tu vas faire quoi
- Speaker #0
Là, j'aimerais bien... On va voir. En fait, apparemment, le battement d'ailes de papillon a un très bon accueil. Donc, si ça continue comme ça, je vais faire un autre album dans cet univers. Un autre one shot, un récit complet. Je pense un peu plus long que celui-là, qui fait déjà... presque 90 pages, c'est déjà beaucoup. Je ferais bien un truc encore plus gros, avec une histoire encore plus complexe, quoi, sur une suite possible de cette histoire-là, qui serait pas vraiment une suite, quelques années après, quoi.
- Speaker #2
Combien de temps pour faire un album comme ça
- Speaker #0
Là, ça m'a pris un peu moins d'un an.
- Speaker #2
Loïc, dans notre émission, pour finir, on a ce qu'on appelle des questions débules. Con-con-complètement débules. Et oh, il te manque une case. Est-ce que tu t'auto-tatoues encore
- Speaker #0
Ah oui.
- Speaker #2
C'est quoi ton dernier auto-tattoo
- Speaker #0
Je me suis auto-tattooé une fleur sur la main et sur les bras pendant le premier confinement parce que je me faisais chier, je me suis occupé comme ça.
- Speaker #2
Moi j'avais en plus vachement envie de dire le mot auto-tattoo.
- Speaker #0
Oui c'est sympa.
- Speaker #2
Je trouve que c'est sympa. C'est vrai. Combien de tatouages justement tu as toi
- Speaker #0
Je ne compte pas parce que ce n'est pas des nombres, à chaque fois je rajoute des bouts. Et mes tatouages c'est des bouts d'essais de tatoueurs que j'ai formés sur moi. Donc en fait ils se sont entraînés, moi aussi j'ai appris en me tatouant moi. Ça devient un tout finalement Ça devient un gros bordel qui n'a aucun sens et qui n'est pas très beau, mais je suis un cahier de brouillon.
- Speaker #2
Loïc, quel est l'état de ton surmoi
- Speaker #0
Mon surmoi est mort.
- Speaker #2
J'ai été enterré.
- Speaker #0
Oui, fini. Je n'ai plus de flic à l'intérieur. Je suis un artiste amoral, le surmoi n'a plus de place chez moi.
- Speaker #2
Quel est l'état de ta prostate
- Speaker #0
Ça va bien, ça va. Je me lève une fois la nuit pour pisser, c'est tout.
- Speaker #2
Je fais allusion à des petits messages drôles, sympas et sensibilisateurs aussi parfois que tu poses sur les réseaux sociaux. Justement, les réseaux sociaux sur lesquels tu te lâches. J'ai envie de te demander, c'est quoi cette histoire de cagnotte pour le front de la zigounette
- Speaker #0
Je ne l'ai jamais fait ça. J'ai voulu faire une cagnotte pour le front de la zigounette et je ne sais plus de quoi il s'agit. Mais je me souviens que j'ai fait ça, j'ai fait cette vidéo assis sur mes toilettes et je ne sais plus pourquoi je voulais faire une cagnotte, mais je voulais faire une cagnotte.
- Speaker #2
On la trouve toujours sur les réseaux sociaux. Tout à fait,
- Speaker #0
mais pour payer quoi, je ne sais plus.
- Speaker #2
Nos éditeurs ne te voient pas, mais moi du coup je les aide un peu. Tu as des gros biscottos, des gros tatous, mais tu es un mec super doux. Est-ce que c'est parce que tu es né dans le doux
- Speaker #0
C'est possible, c'est possible. Mais alors on peut dire que je suis super doubs.
- Speaker #2
Doubs Tu es très doubs. Bon, nous, dans l'émission, des fois, on s'essaye à mettre des mots sur le dessin. Tu sais, comme quand on goûte un vin et qu'on trouve qu'il a le goût de banane, par exemple. Moi, si je devais mettre trois mots sur ton dessin, j'ai mis fluide, sensible, poétique Toi, ça tirait ou t'en rajouterais Oui,
- Speaker #0
ça me va très bien. De toute façon, si c'est toi qui le ressens, c'est la vérité.
- Speaker #2
Ok. Un battement d'ailes de papillon aux éditions Paquet. Pourquoi pas de S à L dans le titre
- Speaker #0
Parce que c'est encore plus minimaliste, c'est un battement d'une aile de papillon, donc c'est vraiment le minimum du minimum qui devrait suffire à créer un bel ouragan.
- Speaker #2
Loïc, tu crois que c'est mieux d'être un pantin ou un mouton
- Speaker #0
C'est pareil.
- Speaker #2
Tu es un pantin ou un mouton toi
- Speaker #0
Ni l'un ni l'autre, j'essaye en tout cas, je me bats contre mon pantin, j'essaye de garder la voix du cœur ouverte tout le temps, que ce soit mon cœur qui parle à mon pantin toujours. Ce n'est pas toujours facile, on se rend compte des fois qu'on s'éloigne de soi-même. Il faut y revenir.
- Speaker #2
Loïc Malnati, un artiste complet, ton dernier album, un battement d'ailes de papillon aux éditions Paquet. On a beaucoup aimé, on le conseille à nos lecteurs. Trop merci pour ton temps, c'était un plaisir de t'avoir dans l'émission. A très bientôt.
- Speaker #0
Merci, à bientôt. Ciao.
- Speaker #1
Et pour finir, la sélection de quelques albums que nous vous conseillons si vous souhaitiez vous caler une petite bande dessinée tout prochainement. On commence avec... Bienvenue à Pandémonia Ça parle de quoi Monsieur Ismaël Posta est un super coach Une sorte de Tim Robbins qui donne des conférences Pour booster les gens Pour lui, l'optimisme a des projets Alors que le pessimisme a des excuses J'aime bien cette phrase Aucun doute, c'est un bienfaiteur Alors lorsqu'il meurt d'une crise cardiaque juste après une conférence Et qu'il se réveille dans un convoi en partance pour l'enfer Forcément, il se dit qu'il y a erreur Et pourtant non Il faut aussi dire que le diable qui met régulièrement à jour la liste des péchés capitaux, en a encore ajouté 304. Il y en a un peu plus de 7 maintenant alors. Antivax, misogyne, motivateur de conférences TED ou encore gourou du développement personnel sont maintenant sur la liste des péchés qui mènent directement en enfer. C'est pas de bol. Mais Ismaël n'est pas d'accord et souhaite faire appel de son envoi vers l'enfer. Mais rien n'y fait, il va devoir partir pour le dernier sous-niveau de l'enfer. Là-bas, il devra se repentir. Ses souffrances seront terribles et Ismaël va résister. C'est un dur. Il résiste tant et si bien que c'est finalement lui qui va peut-être le rendre fou en enfer. Corbeau, Gargouille et Lucifer, dessins enflammés et ambiance infernale, dans cette BD décalée et drôle, de Diego Agrimbo et Gabriel Hippoliti aux éditions d'Argo. On continue avec La nuit des lanternes. C'est quoi cette BD Éloigne est de retour sur son île natale. Cool Elle vient pour la nuit des lanternes. Comment ça Une fête locale, pleine de cérémoniales. Mais c'est une épreuve pour elle de revenir, car elle a perdu son père dans un terrible incendie, justement lors de la nuit des lanternes. Oh la pauvre, c'est dur Et depuis, elle n'a pas reparlé à sa mère. Et son petit frère, lui, est devenu mutique.
- Speaker #0
C'est pas de bol
- Speaker #1
Très vite, cette nuit des lanternes, toujours si spéciale, va prendre une tournure dramatique. Mais c'est quoi en fait la nuit des lanternes La coutume veut que chacun vienne déposer sa lanterne au pied d'une statue bien spéciale. Il faut alors laisser brûler sa lanterne, la laisser se consumer jusqu'à ce qu'elle s'éteigne, pour être ainsi apaisée et que son année se déroule pour le mieux. Oh c'est cool comme couture Sauf que Elouane va être emportée par les flammes, comme consumée par le passé, et un démon va vouloir lui arracher sa vie et son cœur. Oulala, mais c'est du délire L'histoire rentre alors dans une autre dimension, avec ces démons qui nous entourent, la culpabilité, la colère, le regret, des démons qu'il faut exorciser pour... pour pouvoir vivre en paix. Hilar et horreur pour cette BD de Jean-Etienne. Dessin nocturne et incandescent, on ne lâche pas l'album qui nous emmène aux portes de l'enfer. Pas mal cette BD La nuit des lanternes, c'est aux éditions Delcourt. On termine avec... Parker, la proie.
- Speaker #2
Ah non mais c'est quoi cette BD Parker,
- Speaker #1
c'est un gangster. Avec trois autres bonhommes du même calibre, il prépare un coup dans une banque. Il s'agit d'un coup plutôt facile et qui d'ailleurs se déroule sans trop de complications. C'est des bandits. Même si au final, le butin est un peu moins gros qu'espéré. Combien Qu'à cela ne tienne, les quatre truands se retirent dans une maison isolée pour se partager leur gain. Mais combien Mais c'est combien Seulement l'un d'entre eux en a décidé autrement. Il veut la totalité des gains. Et le plus facile pour ça, c'est de tuer ses petits copains. Il en exécute deux. Mais le troisième, Parker, évite les balles. De justesse à s'échapper de la maison. Le traître met le feu à la baraque et se taille avec le magot. Mais l'enfoiré, celui-là Parker se retrouve comme un con, sans bagnole, sans arme, sans butin, pendant que la maison brûle avec deux macchabées à l'intérieur. Oups Les flics ne vont pas traîner. Parker doit se barrer. Et vite Et il n'a qu'une idée en tête, retrouver le traître. Voici un thriller ambiance gangster, dans l'Amérique des années 60. Un noir et blanc de circonstances pour donner vie en BD à Parker, le personnage de roman noir créé par Richard Steik. C'est aussi le premier album d'une nouvelle collection aux éditions Dupuis, appelée Air Noir. Parker, la proie, c'est de Doug Headline et Kieran aux éditions Dupuis. voilà voilà alors bonne lecture et comme on dit dans l'émission les bulles il n'y en a pas que dans le champagne mais aussi plein les bd et le neuvième art lui se consomme sans modération alors soyez des bulles complètement des bulles des bulles on dirait qu'il te manque une case des bulles des bulles il te manque une case complètement des bulles