- Thomas
Bienvenue dans Confidence d'entrepreneur. Ici, on vous dévoile de l'intérieur ce qu'un entrepreneur traverse lors d'une opération marquante de son parcours. Je suis Thomas Fertin, entrepreneur et surtout dirigeant du cabinet de fusion et acquisition Conseil, Finance et Transmission. Chaque premier mardi du mois, nous revenons avec un invité entrepreneur sur son parcours tout en faisant un zoom sur une problématique ou une opération qu'il ou elle a dû traverser. Cela peut être une reprise familiale, une transmission, un dépôt de bilan ou bien même le retournement d'une entreprise. Aujourd'hui, nous allons parler du changement de vie suite à la vente de son entreprise avec Alexandre Ducœur, fondateur de la startup Studapart qu'il a vendue en 2024 pour une valorisation supérieure à 55 millions d'euros. On va parler d'entrepreneuriat, mais aussi surtout parler d'exit, c'est-à-dire la sortie de sa boîte suite à la vente de ses titres. Et nous allons faire un zoom sur la vie d'après. Parce que tout l'enjeu de notre discussion sera sur le comment on fait à 31 ans, quand on est multimillionnaire, mais qu'on n'a plus de boulot, comment on fait pour trouver sa voie ? résister à la pression sociale de ne pas partir comme un V2 sur le premier projet qui vient, ne pas non plus faire des projets que par égo, et surtout ne pas s'encrouter à aller au tennis club de Bordeaux, tous les jours entouré d'autres rentiers. Alexandre va nous expliquer comment il essaye de garder la tête froide, mais productive, alors que techniquement, il n'a plus besoin de travailler sur plusieurs générations. Bonjour Alexandre.
- Alexandre
Bonjour Thomas.
- Thomas
Merci beaucoup d'être venu dans nos nouveaux bureaux de conseils financiers transmission à Bordeaux. Bienvenue sur notre terrasse. On est fiers de la voir. Pour commencer, est-ce que tu peux te présenter très rapidement ? Juste savoir un peu qui tu es.
- Alexandre
Moi, je suis Alexandre Ducœur. J'ai 31 ans. Je vis à Bordeaux depuis 2021. J'ai grandi dans le Val d'Oise et j'ai un parcours d'entrepreneur puisque à 18 ans, j'ai monté ma première société, Stud Apart. J'ai cédé en plusieurs tranches entre 2022 et 2024. Et depuis, je suis toujours entrepreneur. Je monte un nouveau projet.
- Thomas
Comment est-ce que tu résumerais ton parcours ? Si tu devais le faire en une phrase ou deux phrases ?
- Alexandre
Parcours d'entrepreneur, sortie d'école. J'ai quitté l'école pour me concentrer à 100% sur ma boîte après trois ans. C'est un parcours du coup atypique d'entrepreneur bootstrap, puis avec un petit peu de levée de fonds.
- Thomas
D'ailleurs, c'était l'une des dernières questions que j'avais, mais j'en profite, je saisis la balle au bon. Est-ce que ça a été un frein pour toi de t'arrêter au niveau licence ?
- Alexandre
Oui, je pense que ça a été un frein au début parce que l'écosystème était très tourné sur un profil type d'entrepreneur qui devait avoir déjà de l'expérience quand on a monté la boîte en 2013. Je pense qu'aujourd'hui, c'est beaucoup moins le cas. On regarde les profils atypiques comme pouvant aussi faire des success stories. Le frein qui était un frein au début, je pense que c'est moins un frein aujourd'hui.
- Thomas
Alors ton enfant est tout petit, mais quand il sera en âge de comprendre, d'ici un an ou deux ? 3 ans peut-être comment est-ce que tu définirais ton métier actuel ?
- Alexandre
mon métier actuel c'est un métier déjà passionnant c'est un métier de rencontre et de détection d'opportunités moi mon métier c'est de trouver des failles dans des marchés m'engouffrer dans ces failles là pour essayer de trouver des solutions super on
- Thomas
va changer un peu le modus operandi par rapport à d'habitude on va spoiler d'entrée de jeu le sujet qui va nous amener au cours de la discussion mais pour que les gens comprennent le fil rouge de cet entretien Merci. On est là pour parler d'entrepreneuriat, bien sûr, mais on est aussi là pour parler d'exit. Donc c'est quand tu as ventu les parts de ta société et que donc tu n'es plus opérationnel dans la dite société. On va faire un zoom sur l'après. Une fois que tu as vendu, alors on peut le dire, tu as vendu plusieurs millions, voire dizaines de millions de ta société à 30, 31 ans. On n'est pas là pour parler du montant, on est là plus pour parler de ce que ça engendre, toi en tant que personne physique qui est implantée. Et surtout l'après, comment est-ce qu'on gère l'après ? Mais avant ça, on va revenir un peu sur ton parcours. Présenter un petit peu ce que tu as fait, tu l'as dit, tu as entrepris dès 18 ans. Est-ce que tu peux nous parler de comment c'est venu déjà cet Studapart ? J'imagine que c'est venu d'un besoin personnel ou d'une identification de faille, comme tu le dis.
- Alexandre
Avec mon associé, on s'est rencontrés en première année d'école de commerce. On a tous les deux des parents qui étaient de près ou de loin entrepreneurs. Donc je pense qu'on avait déjà cette fibre de par nos repas de famille qui... Comme lui, comme moi, on parlait beaucoup d'entrepreneuriat et d'entreprise. Et puis, c'est venu d'un problème qu'on a tous les deux vécu, la recherche d'un appartement à Paris. Quand on est étudiants qui étions plutôt classe moyenne, on a quand même galéré très fortement pour trouver un appart. Et on s'est dit, en fait, c'est dingue qu'il y ait en 2013, alors que le digital est déjà hyper implanté, toujours pas de solution pour nous mettre en relation avec les... étudiants des années précédentes qui ont tous libéré un appartement dans les mêmes quartiers qu'on recherchait. Et donc à partir de ce constat, on s'est dit ok, il y a un truc à faire. On cherche un appartement comme nos parents recherchaient. Avec les technologies actuelles, on peut peut-être changer la donne.
- Thomas
Ok. Est-ce que tu peux présenter StudApart pour ceux qui ne connaissent pas ?
- Alexandre
Oui, StudApart, c'est une marketplace de réservation de logement, du coup, spécialisée sur le moyen long séjour, donc toutes les réservations de plus de un mois. Et c'est un parcours de réservation en ligne, où on peut réserver soit après une visite, soit directement en ligne son appartement.
- Thomas
Je schématise, mais c'est le Airbnb, la location longue, quoi.
- Alexandre
Exactement.
- Thomas
Ok, super. Pourquoi avoir décidé de t'associer dès le départ ? Parce que vous avez eu l'idée en même temps, ou c'est qu'il y avait une vertu ?
- Alexandre
Je pense que ce n'était pas conscientisé au moment où on s'est associés, mais a posteriori, je pourrais dire que c'était une bonne intuition puisque lancer une entreprise seule, c'est très compliqué et c'est plus sympa.
- Thomas
Je vais faire le cliché, mais vous êtes deux étudiants, vous n'avez pas un rond, vous avez vos études à gérer et en plus de ça, vous créez une boîte. Comment vous avez démarré le jour 1 ? C'est quoi le jour 1 selon toi ?
- Alexandre
Le jour 1, c'est l'étude de marché. Donc chacun de notre côté, on creuse l'idée qu'on a échangée ensemble. Puis j'ai envie de dire que ça, ça nous a poursuivi les premières semaines. Et après, on a la chance d'être pris dans l'incubateur de notre école. Donc on commence à rentrer un petit peu dans un parcours entrepreneurial en même temps que nos études, qui fort heureusement n'étaient pas extrêmement ambitieuses puisqu'on est en école de commerce post-bac, qui laisse quand même beaucoup de temps. de temps et qui n'est pas non plus l'endroit où, comme en prépa, tu vas travailler 50-60 heures par semaine.
- Thomas
Ça a été quoi pour toi les grandes étapes, si tu dois faire une frise chronologique ? Tu es resté 9 ans ? 11 ans. Et tu as commencé à vendre au bout de la 9ème année. Quelles sont les grandes étapes selon toi ? Est-ce que c'est le premier recrutement ? La première année rentable ? C'est quoi ?
- Alexandre
Je pense que la première étape classique, c'est trouver ce qu'on appelle le product market fit. C'est d'arriver à faire en sorte que ta société trouve sa proposition de valeur pour laquelle on est prêt à la payer. Donc ça, c'est une étape qui nous a pris, nous, un peu plus de 24 mois. Donc 24 premiers mois, vraiment, où on fait énormément de publicité et de communication autour de notre projet parce que la problématique du logement étudiant, c'est un marronnier. mais notre positionnement sur le marché ne permettait pas de considérer qu'on avait un product market fit puisqu'on n'avait pas de revenus. Et puis 24 mois plus tard, on twiste notre modèle pour arriver sur un modèle où on passe par les écoles et universités pour proposer nos services. Et là, les écoles commencent à nous rémunérer, à nous apporter des clients. Ça, c'est la première étape. La deuxième étape, c'est une phase d'accélération où on lève des fonds avec... Isaïe et ses souscripteurs qui est un fonds d'investissement en France qui investit beaucoup dans la tech et cette phase d'accélération c'est les recrutements clés la capacité de développer une plateforme digne de ce nom capable de venir concurrencer des plateformes comme tu as parlé type Airbnb où les gens ont vraiment en tête la fluidité d'un parcours pour réserver un appartement en ligne donc c'est réussir à développer ça sur notre marketplace Après, la troisième étape, c'est l'acquisition de notre concurrent français en 2020. Du coup, ça nous permet de passer une étape de trafic importante qui nous positionne vraiment le leader sur notre marché, puisqu'à ce moment-là, on fait un peu plus de 30 000 transactions chaque année, ce qui est plus que les plus grosses agences traditionnelles type Foncia, CitiA, Nexity. Et puis enfin, la session, l'adossement. à une autre marketplace internationale.
- Thomas
Quand on a préparé cette émission, tu m'as dit que tu avais embauché une directrice générale. Comment ça t'est venu ça déjà ? C'est quoi ton raisonnement qu'il y a eu derrière ça ?
- Alexandre
Alors on a recruté d'abord une directrice produit qui est ensuite devenue directrice marketing et opération pour enfin devenir directrice générale. Donc l'idée c'était clairement dans cette phase de structuration de comprendre avec mon associé qu'on était... bon pour avoir des idées business intéressantes et qu'il nous fallait des bras armés opérationnels pour savoir structurer les opérations, les process et engager les équipes au quotidien.
- Thomas
Tu vois, pour moi, tu as fait preuve d'une immense maturité. On rencontre énormément de dirigeants d'entreprise tous les ans et la plupart d'entre eux, quand on leur dit, quand ils sont un peu fatigués, mais qu'ils ne sont pas prêts à vendre, prenez un directeur général. « Non, putain, il sera moins bon que moi. » Bref, ils ne sont pas prêts à lâcher les règles. Vous, vous avez quel âge quand vous dites « On va donner les règles opérationnelles à un tiers, finalement ? »
- Alexandre
Je pense que l'étape de lever des fonds, d'avoir des actionnaires au capital, c'est déjà une étape qui nous fait comprendre que l'intérêt économique de l'entreprise est parfois différent de notre personne physique opérationnelle. l'entreprise est Parfois, on peut être un booster pour elle ou un frein. Et je pense que cette première étape déjà, dans notre apprentissage, elle est importante. C'est qu'on comprend que la boîte, elle a une valeur et que cette valeur, notre objectif en tant qu'actionnaire, c'est de la préserver et de la développer. Donc, nos intérêts finalement sont alignés à faire en sorte de recruter les meilleures personnes possibles pour faire grandir l'intérêt social et économique de la boîte pour laquelle on détient des actions. Et donc, vraiment, notre démarche, elle est en 2017-2018, donc cinq ans après la création. où la boîte commence à passer certaines étapes et surtout on est sur des croissances à trois chiffres. On multiplie par deux, voire deux et demi de notre chiffre d'affaires chaque année à ce moment-là. Donc on recrute beaucoup, il faut structurer et ce n'est pas forcément la partie sur laquelle nous, on se sentait les plus heureux avec nos associés. Donc on sait qu'on a besoin de personnes qui ont, à contrario de nous, accumulé de l'expérience, passé dans d'autres boîtes plus matures, plus grosses.
- Thomas
t'as différencié le rôle de présidence qui est de donner la ligne d'horizon et la direction opérationnelle générale encore une fois moi je suis ça m'a tu as dit tout à l'heure quand le fonds d'investissement est arrivé ça nous a changé un peu notre paradigme t'as eu la sensation de vendre ton bébé t'as jamais eu ce bébé là finalement ou c'était juste un projet, une entreprise et t'es venu et t'as ouvert les portes de l'entreprise pour pouvoir avoir accès à autre chose. Quelle est ton aversion par rapport au fait de faire rentrer un fonds ?
- Alexandre
Je pense que je n'ai pas d'aversion particulière au fait de faire rentrer un fonds. Il faut savoir le jeu auquel tu joues. Nous, le fonds, il nous a moins servi pour l'argent que pour le réseau. Encore une fois, c'était notre première boîte. On a eu la chance de faire rentrer des personnes qui avaient une expérience. très significative dans la tech puisque c'est un fonds d'entrepreneurs donc ils étaient aussi très entrepreneurs dans leur approche la preuve c'est qu'ils ont misé sur des gens qui avaient 20 ans, très peu de revenus à l'époque donc on avait vraiment une bonne relation avec ces fonds là donc pour moi chacun des fonds ne se ressemble pas forcément l'idée c'est plutôt est-ce que on pense que notre entreprise peut aller plus loin avec des partenaires qui soient financiers Merci. ou effectivement salarié. Pour moi, la logique, c'est la même. Encore une fois, moi, je n'ai jamais considéré que Studapart, c'était mon bébé. Tu faisais parallèle en disant que j'avais un enfant en bas âge. Pour moi, une entreprise, ça n'a rien à voir avec un enfant. Au contraire, encore une fois, il faut vraiment distinguer l'intérêt social de l'entreprise qui peut être totalement différente de l'intérêt du dirigeant, personne physique qui peut avoir un... moins à apporter à une certaine période à l'entreprise et il faut savoir l'accepter ou au contraire, énormément encore à apporter. Et du coup, il faut savoir aussi se faire confiance dans ces moments-là.
- Thomas
Tu m'as dit également quand on a préparé l'interview lors de ta première levée de fonds, juste après, vous êtes allé boire un café et on t'a posé la question de combien tu vends. Je ne sais plus si c'était 2 millions chacun ou 2 millions de valo global.
- Alexandre
Non, c'était quel est ton fucking money ? Donc c'est vraiment la somme qui pour toi, donc qui était Merci. lié évidemment à la valorisation de la boîte, mais c'est quoi le montant qui pour toi te permettrait de te sentir à l'abri et du coup, qui est le montant qui te ferait céder l'entreprise ? Mais ce n'est pas le montant de la valorisation de l'entreprise, c'était vraiment l'argent que tu récupères pour toi.
- Thomas
Tu vois, c'est marrant parce que nous, on nous dit souvent 2 millions. Alors que toi, tu m'avais expliqué qu'avec ton associé, vous avez tous les deux répondu unanimement 2 millions. Et ça m'a fait marrer parce que c'est souvent un montant qu'on entend. Pourquoi, selon toi, 2 millions, on est tranquille ?
- Alexandre
Déjà, ce n'était pas du tout mature de notre part de penser qu'avec 2 millions, on était tranquille. Je ne sais pas. En fait, le montant dépend énormément de son contexte personnel et de ses envies. Je pense qu'on n'avait pas du tout la maturité à 22 ans ou 20 ans, peut-être, quand on a le VDF en 2015. Donc oui, on avait 21 ans. On a donné ce chiffre, je ne sais pas si vraiment on savait ce que ça représentait. Après, ce qui est sûr, c'est que 2 millions d'euros, c'est une somme énorme qui te permet d'être quand même sécurisé pour beaucoup d'années, encore faut-il bien le placer et l'investir.
- Thomas
Tu vas pouvoir t'évoigner, mais tu m'as dit, plus cet objectif se rapproche, plus tu le pousses plus loin. Comment tu peux l'expliquer ? parce que vous avez atteint cet objectif relativement rapidement si ça se trouve et finalement t'as poussé plus loin et t'as poussé plus loin, c'est quoi la mécanique derrière ?
- Alexandre
La mécanique pour moi c'est un escalier quand t'es tout en bas de l'escalier tu te dis que déjà la troisième marche ça sera génial et puis en fait quand tu t'es vu capable de monter les trois premières marches C'est assez clair le chemin vers les six suivantes. Tu te dis, c'est dommage de s'arrêter à la troisième marche. C'est qu'en fait, du coup, l'appétit vient en montant les marches. Et donc, je pense que du coup, on s'est rendu compte rapidement que ce n'était pas forcément une question de montant, même si cette question-là, je trouvais qu'elle était assez smart parce que justement, elle ancre le fait que tu joues quand même à un jeu où ta société a une valeur et il faut dissocier. Toi, en tant que fondateur, justement, le fait que ce n'est pas ton bébé, justement, que ça a une valeur et que l'objectif, c'est qu'elle puisse te faire vivre aussi une partie de tes rêves perso, si jamais tu en as, et que ton rêve, ce n'est pas forcément de l'avoir toute ta vie. Alors qu'un bébé, tu resteras le parent de cet enfant toute ta vie. Et donc, je trouve que ça, ça avait cet avantage-là, cette question, mais fondamentalement, ce n'était pas ça qui nous driveait au quotidien. Ce qui nous driveait au quotidien, c'est notre capacité à monter les marches. et qu'évidemment si tu les montes bien la valeur de ta société augmente et donc ça se traduit par un montant que tu peux en espérer à titre personnel qui est supérieur.
- Thomas
Et tu vois quand j'ai préparé cette interview ça m'a fait penser un peu à deux séries notamment Narcos et Breaking Bad où en fait se fixe un objectif tous les deux au début de la série et puis en fait bon ils dealent de la drogue pour pouvoir gagner de l'argent, un pour payer son cancer, l'autre pour mettre sa famille à l'abri et devenir politicien et en fait les deux dépassent très largement cet objectif relativement rapidement et ils poussent, ils poussent, ils poussent et en fait, ils ne s'arrêtent jamais. Ça s'arrête assez brutalement pour les deux histoires. Toi, qu'est-ce qui fait qu'à un moment, tu as dit bon allez, c'est bon, on a le bon chiffre, on arrête. Ou alors, est-ce que c'est l'opportunité qui a fait de la ronde d'ailleurs ?
- Alexandre
Je pense que le premier élément, c'est qu'on était sur un marché compliqué. On faisait de la marketplace, on était en B2C, on faisait du logement étudiant. Et on avait trouvé une martingale qui fonctionnait bien avec des énormes marges. Et donc, on aurait pu se dire que c'était la boîte qui allait nous générer 2-3 millions de revenus nets par an et qu'on allait la garder. Ça a été une réflexion à un moment donné. Et après, on s'est dit, pour nous, ce qui est important, c'est la fougue du début, c'est vraiment l'apprentissage du quotidien. Et je pense qu'au moment où on a compris que cette société n'allait plus nous faire apprendre autant qu'on en avait appris, on s'est dit, OK, en fait, on a un petit peu un lassement de notre côté d'être opérationnel dans cette boîte. Et donc, c'était le bon moment pour nous de vendre, sachant qu'en plus, l'opportunité est aussi venue en 2021 où les valeurs technologiques, elles sont au plus haut. Enfin, je dis au plus haut. En tous les cas, elles sont très hautes. Je ne sais pas si un jour... si ça ira plus bas plus tard, mais en tous les cas, elles étaient quand même sur des valeurs très élevées où on valorisait énormément le potentiel. Et donc, on est arrivé très vite sur un prix psychologique pour nous parce que c'était quelque chose qu'on avait plutôt projeté fin 2023 et on était prêts à nous le payer en 2021. Donc, sur la base des résultats que nous, on projetait en 2023, on était prêts à nous les payer. alors même qu'on n'avait pas fait ni les résultats 2022 ni les résultats 2023. Donc on s'est dit, c'est la bonne opportunité. À titre personnel, ça nous sécurise pour notre vie et vraisemblablement pour plusieurs générations. Ça nous redonne aussi, alors qu'on est très jeunes, toute notre liberté pour réentreprendre, faire les projets qu'on a envie. Donc c'était le bon moment pour nous.
- Thomas
Tu as eu cette sensation du jackpot, d'avoir un peu cassé la banque ? Ou c'est normal et c'est juste que vous avez beaucoup travaillé ? Et c'était une valeur normale.
- Alexandre
Je n'ai pas eu cette sensation du jackpot parce que ça restait quand même une jolie boîte qui avait des jolis revenus. Studapart, quand on est sorti, ça faisait plus de 10 millions d'euros de revenus, plus de 20% d'EBITDA. Donc, on n'était pas sur un hold-up qui était juste basé sur du potentiel. Il y avait quand même un actif qui, de base, avait une valeur. Ce qui est sûr, c'est que cette valeur-là... on l'a transformé sur des valorisations qui étaient des valorisations tech et du coup avec des multiples qui sont pas ceux des multiples industriels avec ces mêmes montants d'EBITDA ou de revenus Tu mets la fourchette basse de la valorisation sur ton profil LinkedIn,
- Thomas
on peut peut-être en parler plus à toi d'en parler que moi on a quand même un très très gros montant, un très très gros multiple alors ils anticipent la valorisation enfin les gains futurs
- Alexandre
Oui, clairement, c'est la raison pour laquelle tu ne joues pas au même jeu en fonction du stade. Nous, on a zéro euro en poche à titre personnel au moment où on vend la société. Donc pour nous, c'est énorme. Après, pour ceux qui font le pari, qui ont déjà beaucoup d'argent, qui ont plusieurs lignes dans leur portefeuille de plusieurs actifs, acheter un actif comme Studapart, c'est un actif stratégique, parce qu'on est sur un segment en croissance, parce qu'on n'avait pas encore fait l'international. parce qu'il y a encore énormément de potentiel à aller chercher. Et c'est un actif avec une base quand même de revenus très récurrente qui fait que c'est difficile de se dire qu'on va perdre 50% de sa mise. Malgré que les montants d'acquisition soient chers, si on accepte qu'on les tienne 5-10 ans, en fait dans 5-10 ans, vraisemblablement la valeur de Studapart sera bien plus forte que celle qu'ils ont acquise au moment de la session.
- Thomas
Qu'est-ce qui a fait ? C'est vraiment la réflexion sur le, je vais pas dire l'ennui, mais le fait de moins apprendre qu'a nourri ce projet de session, où c'est une banque d'affaires qui est venue et qui a bien fait son job et qui vous a dit, les gars, ça peut valoir beaucoup d'argent, ou carrément un de tes concurrents qui est venu te voir en direct ? Comment ça s'est matérialisé ?
- Alexandre
En fait, déjà, ça s'est fait en deux temps. Nous, on a été approchés très tôt dans l'aventure, puisqu'en 2019, on a été approchés par un grand groupe français. avec qui on avait dealé, on avait signé une LOI et on était en phase de due diligence et on devait faire le closing en avril 2020 sauf qu'il y a eu le Covid et le shutdown en mars 2020 et du coup ça a mis un coup d'arrêt à la transaction donc on s'était déjà projeté en fait une fois céder la société, 100% de nos titres avec une période d'orn-out qui était plutôt mesurée et donc ça avait déjà ancré qu'on était prêt à passer le pas
- Thomas
A pro ! Pour préciser, excuse-moi, je te coupe, mais Eloïs, c'est une offre d'achat. Comme quand tu achètes un appartement, j'aimerais vous acheter l'appartement pour X. Les due diligence, c'est les audits. On vérifie ce qu'on achète. Et le closing, c'est la signature définitive Champagne. Simplement pour préciser ceux qui n'ont pas forcément la terminologie. Et le earn out, c'est un complément de prix. C'est un bonus sur le prix. Mais on va y revenir tout à l'heure. Mais je précise simplement. Qu'est-ce que tu retiens de cette expérience justement qu'elle a loupé ?
- Alexandre
Je retiens que tant qu'on n'a pas été à l'étape du champagne, rien, tout peut s'arrêter et que du coup, la session d'une entreprise, ça reste quelque chose où il faut que beaucoup de planètes s'alignent et qu'il ne faut pas perdre à l'esprit qu'en tant que dirigeant, c'est parfois difficile et c'est pour ça qu'il faut être bien entouré dans cette phase-là. Notre métier, c'est de faire grandir l'entreprise et pas de la valoriser. Et donc, tout le temps passé à la vendre, pour une vente qui n'aboutit pas, c'est aussi beaucoup de temps perdu à développer l'entreprise. Donc, il faut trouver le bon équilibre. Donc, l'apprentissage, c'est tant que ce n'est pas allé au bout, c'est un peu comme avec un prospect, tant que ce n'est pas signé, on ne peut pas considérer que la vente est faite, même si c'est bien engagé. Et deuxièmement, ne pas perdre à l'esprit que vu que cette première étape n'est pas certaine, il faut continuer à bien piloter sa boîte.
- Thomas
tu m'as dit que t'avais fait t'avais discuté au moins avec des banques d'affaires et tu as fait le deal en direct alors déjà qu'est-ce que tu retiens des échanges que t'as eu avec des banques d'affaires ?
- Alexandre
toujours des échanges intéressants parce que ça a fait grandir sur ce qui est la session d'une entreprise moi j'ai jamais fermé la porte aux banques d'affaires dans toute l'aventure Studapart parce que j'avais en tête qu'un jour qu'on vendrait et qu'on aurait besoin d'eux. Pourquoi ça ne s'est pas fait avec une bande d'affaires et une finesse ? C'est parce qu'on n'était pas vendeur au moment où notre concurrente est venue nous voir en 2021. Et que du coup, vu qu'on avait une posture de non-vendeur, on était très à l'aise avec le fait de ne pas commercialiser le dossier Studapart. Et donc, soit ça allait au bout avec cette personne dans les termes et conditions que nous, on voulait. Soit ça n'allait pas au bout. Et si ça n'allait pas au bout, on continuait notre aventure, mais on n'allait absolument pas solliciter le marché sur notre dossier. Et donc, on ne voyait pas l'intérêt à ce moment-là, du coup, de bosser avec une banque d'affaires parce que soit on avait le coût d'opportunité avec ce prospect acquéreur et ça allait au bout. Et du coup, ça devait être très entrepreneurial, c'est-à-dire vraiment moi qui discute avec le CEO, le chef d'entreprise en face. et on ne voulait pas... d'intermédiaires et d'interférences à cet endroit-là. Je m'en sentais les capacités parce que j'avais vu déjà une bonne partie du coup de l'opération qui avait finalement pas été au bout. Ça a été un énorme apprentissage aussi. Vu que j'avais vu cette phase d'audit, pour moi, c'était pas la première fois. Effectivement, on n'avait pas été jusqu'au closing, mais en fait, on avait fait 95% du travail.
- Thomas
Je comprends cette idée de ne pas interférer, mais mine de rien, une banque d'affaires aurait pu amener un peu de structure, de process, etc. tu as choisi de ne pas le faire et c'est allé au bout donc tant mieux c'est que tu as réussi à obtenir ce que tu cherchais ?
- Alexandre
j'ai réussi à obtenir ce que je cherchais encore une fois on n'était pas vendeur et à la fin ça s'est bien passé après ce qui est sûr c'est que si j'avais à le refaire je ne l'aurais pas fait de cette manière là j'aurais quand même mis un intermédiaire parce que si le deal avait capoté au milieu pour plein de raisons une fois qu'on y a dédié énormément d'énergie et encore une fois qu'on a moins été opérationnel dans l'entreprise du coup j'aurais mis peut-être moins d'affect alors que quand on est aussi sur la ligne de front des négociations en fait Malgré tout, l'affect rentre en ligne de compte et donc c'est très compliqué d'être à 100% opérationnel dans sa société.
- Thomas
C'est le premier à impacter. Quand tu négocies, on dirait que c'est ce qui est très dur. C'est que quand on va négocier, j'ai une bêtise, un million de moins, c'est un million de moins pour toi. Alors, notamment, tu as ton pourcentage de détention, mais là où nous, c'est un impact plus ou moins fort, voire même il y a des banques d'affaires où on fonctionne avec un tarif fixe. Donc, on est moins impacté, on y met moins d'affect pour le coup.
- Alexandre
Sur les montants, il peut plus y avoir ce conflit positif et ce qu'on appelle good cop, bad cop. Ce jeu-là, quand tu es en frontale sur toutes les négociations, tu peux difficilement le faire. Je le faisais avec mon associé, mais ça avait un impact plus limité que de réussir à aller au front avec un intermédiaire.
- Thomas
Et du coup, on va rétro-pédaler un petit peu, mais quand ton concurrent néerlandais t'appelle, c'est un appel ou un mail, je sais pas, t'as quoi comme sensation ? C'est quoi ? C'est des papillons dans le ventre ? C'est... Bon, on verra, t'y crois pas trop ? Enfin, c'est quoi ce que tu ressens ?
- Alexandre
Ouais, il y a ce côté, on verra, j'y crois pas trop.
- Thomas
Ouais.
- Alexandre
C'est vraiment ça, en mode... Ça fait un an et demi qu'on a été échaudé par la première aventure qui n'est pas allée au bout. On est en forte croissance, on a une énorme conviction que notre année 2021, et c'était le cas, on était en train de tout déchirer. Donc en fait, on est là, on en veut à un tel prix psychologique.
- Thomas
et en cash, on ne veut pas d'échange d'actions, zéro action, vraiment 100% un deal cash. Donc en fait, est-ce qu'ils vont avoir les moyens de payer ? Très vite, on est rentré dans le dur et je pense que c'est ce qui nous a aussi permis d'aller au bout. C'est de rapidement expliquer que nous, il n'y aura aucune concession sur le fait qu'on veut un deal 100% cash, pari passu avec nos actionnaires et qui nous emmène à 100%. Il n'y a pas une montée. Il peut y avoir une montée progressive au capital, mais dès le day one, il y a 100% des titres qui sont en jeu. On ne veut pas d'actionnaire majoritaire avec une illiquidité ou une non-perspective de liquidité factuelle du reste des actions.
- Alexandre
Pour faire comprendre, souvent tu as des propositions pour 80% de la boîte et les 20% d'après, on verra. En fait, tu ne te les fais jamais payer ou pas d'ailleurs, mais ils ne sont pas aussi liquides que si tu vends tout et ensuite tu as... notamment ce phénomène de complément de prix sur lesquels on va revenir. Mais toi, c'était 100% rien.
- Thomas
En tous les cas, nous, c'était vraiment une posture de on n'a pas besoin de fonds, on est autonome, on est rentable. Donc, il n'y a aucun intérêt pour nous à avoir un actionnaire majoritaire alors que là, aujourd'hui, on a la majorité du capital et donc toute notre liberté. Le seul intérêt, c'est de pouvoir partir et d'avoir cette liberté de partir. Si on garde un pourcentage significatif du capital, pour nous, on peut difficilement partir. C'est notre patrimoine qu'on laisse dans la boîte.
- Alexandre
Et quand tu reçois la LEI avec le montant de valo que tu voulais, pareil, papillon, de toute façon, on verra si ça va ou pas. Tu étais peut-être mieux préparé aussi, mais qu'est-ce que tu as ressenti ?
- Thomas
Déjà, ça a mis quand même du temps, parce qu'entre la valo de départ et la valo d'arrivée, ils sont revenus beaucoup de fois.
- Alexandre
Ça fait combien de temps la négo ?
- Thomas
La négo, elle a duré de juillet à novembre.
- Alexandre
Ouais, six mois.
- Thomas
Ouais.
- Alexandre
Ok.
- Thomas
Avec du coup, énormément d'aller-retour à ce moment-là, mais principalement sur les sujets de structuration de l'opération et de négo sur le prix. Et non, à ce moment-là, je vois bien l'intérêt quand même. Et surtout, je sais que les actionnaires de notre acquéreur ont largement les moyens de financer l'opération. Je me dis, en fait, on va leur apporter... Je comprends rapidement l'intérêt qu'ils ont à faire l'opération. J'y crois, même si je reste peut-être beaucoup plus froid. On ne s'emballe pas avec Amaury à ce moment-là. On ne s'emballe pas et d'ailleurs, on s'est emballé sur... A aucun moment dans l'opération s'est emballé, à part vraiment une fois qu'on avait fait le signing et qu'on avait juste quelques clauses à lever avant d'aller au closing.
- Alexandre
Ce qu'on appelle le signing, ce qu'on appelle le compromis, en fait, c'est l'acte définitif sous réserve de quelques conditions spéciales. Nous, tu vois, la première Eloïe, c'est un moment charnière dans notre métier parce que le mec nous appelle pour vendre sa boîte, on fait un mémo, on trouve des écarts, on fait des visites, on fait des rencontres et on reçoit la première Eloïe, ça fait déjà... 2-3 mois qu'on bosse. Généralement, il se pose dans le fond de sa chaise, il devient tout blanc, de manière générale, parce que c'est déjà la visualisation et la concrétisation de « Putain, je vais vendre ma boîte. » Et souvent, c'est à peur du saut dans le vide. Et quand il devient tout blanc, qu'il se pose dans le fond de sa chaise et qu'il ne nous dit pas dans la 30 secondes ce qu'il en pense, c'est qu'on sait qu'on va sortir les avirons pour aller le rechercher. « Ah ouais, mais putain, si vite ! » Souvent, on nous le dit, mais « Ah, mais si vite ! » en même temps tu nous as demandé que ce soit vendu dans les 9 mois donc on vend c'est pour ça que tu nous as payé à la base et tu vois souvent ça concrétise et ils sont pas prêts, ils se sont pas préparés en fait tant qu'ils ont pas la LOI ils y croient pas et quand ils reçoivent la LOI généralement il y a un peu le saut dans le vide et chez nous c'est vraiment charnière faut vraiment, t'envoies pas une LOI par mail à l'arrache, nous à chaque fois on va voir le dirigeant, on passe une heure avec lui pour discuter étonnant et aboutissant etc parce que parfois tu le perds Mmh. Plus trop maintenant, on a un peu l'habitude, mais fut un temps, moi j'ai failli perdre des clients comme ça. Ou, non finalement je vends pas.
- Thomas
Ouais, bah oui, je comprends.
- Alexandre
T'as vendu en deux temps, et t'avais un earn out, donc un complément de prix. Ça c'est un sujet qui est très important, je vais donner mon avis à moi, mais un complément de prix c'est un bonus sur un prix qu'on a obtenu. Et ça n'est pas un bonus pour atteindre un objectif de prix qu'on a à la base. J'ai une connerie, ta boîte vaut 100 millions, tu fais pas 80 plus 20 de earn out. c'est 100 plus quelque chose set off d'un achat en deux temps avec un en out comment est-ce que t'as réagi vis-à-vis de ça est-ce que c'était pour matcher un objectif que tu t'étais donné ou est-ce que c'était une cerise sur le gâteau alors déjà nous c'est
- Thomas
pas vraiment un complément de prix qu'on a eu c'est une acquisition qui s'est faite en trois tranches Donc on a eu une première tranche où ils se montaient à 55% du capital et on avait signé les papiers de montée progressive du capital sur la base des résultats 2022 et sur la base des résultats 2023. Donc en fait on avait calé les multiples qui allaient s'appliquer pour calculer le prix par action de la société sur les 25% de la société en 2023 sur la base des comptes 2022 et les 20% restants sur la base des comptes 2023 en 2024. Tout ça, c'était documenté. Et j'ai envie de dire, nous, on avait vraiment un mantra. C'était une formule de calcul la plus simple possible. Et donc, notre formule de calcul, c'était une base de revenus. C'était un multiple sur le chiffre d'affaires. Et du coup, ce multiple, il pouvait être dégressif ou progressif. Donc, en gros, on avait une échelle. Si on atteint notre BP, on est à X. Si on va au-dessus de notre BP, on est à Y. Et si on est en dessous de notre BP, on est à Z. Donc c'était assez simple à calculer parce qu'on avait eu l'expérience de pères entrepreneurs qui avaient cédé leur entreprise avec des formules alambiquées qui se sont retrouvées difficiles à calculer et donc génération de conflits au moment où l'acquéreur doit sortir le carnet de chèque. Donc nous c'était assez bien rodé, c'est-à-dire que très facilement on pouvait faire exécuter la transaction et ça c'était un élément important. Et en contrepartie, s'ils ne respectaient pas leurs engagements, on récupérait les 55% pour 1€. Donc en fait, il n'y avait aucune possibilité pour eux, puisqu'on avait le nantissement des titres en échange de ce rachat progressif.
- Alexandre
C'est pas mal ça, c'est sportif.
- Thomas
Ouais.
- Alexandre
Belle garantie. Quand t'as dormi la veille du closing ?
- Thomas
Bah à l'hôtel à Paris. assez euphorique pour le coup. Pour moi, c'était le début d'une nouvelle vie. À la fois, l'acquéreur, je savais qu'il était arrivé à Paris. Il y avait très peu de chances que ça ne se fasse pas. Et donc, hyper excité pour le coup. Et content aussi parce que c'est un sport de vendre sa boîte. donc là on a il y a ce côté un peu fatigue psychologique, physique, qui arrive à ce moment-là et qu'on commence à ressentir.
- Alexandre
Tu sais, moi, les jours de closing, c'est jour chômé pour les salariés qui sont concernés par le dossier. On va au closing et après, on rentre chez nous, on fait une activité l'après-midi, mais c'est chômé. Oui,
- Thomas
tu vas pas retourner au travail.
- Alexandre
Dans les cabinets où j'étais avant, il fallait retourner au boulot parce que tu t'imagines bien, il faut travailler. Mais non, chez moi, c'est chômé. Faut pas déconner. C'est la moindre des récompenses et de toute façon, tu es tellement explosé par l'adrénaline que ça ne sert à rien. Et le lendemain ? Enfin, le soir même, du coup, après, post-closing ?
- Thomas
Le soir même, on est sortis avec LikeHorror et une partie de notre équipe, du coup, avec lesquelles on a célébré. Et voilà, c'était vraiment cool. On avait réservé un bon resto à Paris. On a vraiment célébré avec les personnes clés de la boîte. Et puis, le lendemain matin, c'était l'annonce aux salariés. classiques qu'on avait déjà préparées et anticipées. Et puis après, rapidement, il y a comment on va annoncer ça aux clients, aux fournisseurs, tout ça.
- Alexandre
Et tu as eu un pincement de cœur ou pas pour l'annonce aux salariés ? Ou pas du tout ? Non,
- Thomas
je n'ai pas eu de pincement de cœur parce qu'à ce moment-là, je pensais que c'était vraiment le bon moment pour Studapart de rejoindre un groupe qui allait avoir les moyens financiers des ambitions qu'on avait, que nous, on ne pouvait pas supporter parce qu'on restait, encore une fois, des personnes physiques dont c'était la première entreprise. Et donc, une aversion au risque qui commence à arriver au fur et à mesure que la boîte prenait beaucoup de valeur et qu'il y avait un différentiel entre la valeur que la boîte avait et nous, personnes physiques ayant la majorité du capital. En fait, on se retirait de l'équation. Si tout d'abord, on pouvait grandir, continuer à prendre des risques, là où nous, on était de plus en plus frileux à prendre vraiment des risques parce qu'on savait que l'essentiel de notre patrimoine était dans cette société. Donc j'avais vraiment la forte conviction que c'était le bon choix de nous sortir du capital pour faire entrer des nouveaux qui avaient à avoir une vision long terme et plus long terme que nous.
- Alexandre
C'est bien comme vision. comprendre, d'avoir le recul une fois de plus, de se dire je suis une limite et un propre frein parce qu'il y a un moment où il ne faut pas être kamikaze non plus c'est tout ton patrimoine, c'est bien T'as accompagné pendant deux ans ? Trois ans ? Deux ans. Oui, deux plus un.
- Thomas
Je fais du rap. Une année de rap qui s'est bien passée. Mais l'année 2024 en rap.
- Alexandre
Est-ce que tu t'es replongé dans des nouveaux projets pendant cette période-là ou t'as attendu vraiment d'être complètement sorti ? Pour dire que c'était le day one du poste Studapart.
- Thomas
Clairement, j'ai attendu d'être complètement sorti. Donc ça, c'est le résultat, mais ça s'est fait en plusieurs étapes. Il y a une attraction naturelle quand tu es entrepreneur à avoir peur du vide. Donc tu sens que le vide, il est matérialisé dans le temps, puisque tu l'as écrit dans la documentation. Tu sais à quel moment, en fait, à 100%, tu ne seras plus le dirigeant de ce qu'il apparte. Et donc, tu as aussi beaucoup de sollicitations. Tu vas devenir... disponible sur le marché, donc à lancer des nouveaux projets, investir dedans. Il y a plein de choses, ça bouillonne. Et là, pour le coup, j'avais eu des bons conseils de gens qui étaient passés par la case exit, donc session de leur part, de surtout pas se relancer et se battre contre justement cette attraction naturelle à se relancer tout de suite sans avoir cette phase de pause.
- Alexandre
Tu m'as parlé notamment de la pression de l'entourage. Faut que tu t'occupes, donc faut que tu trouves un nouveau projet et tout le monde te jette en pâture finalement, un peu.
- Thomas
En fait, les gens sont bienveillants avec toi. Ils te disent, Alexandre, on t'a toujours vu à 150 à l'heure. Là, t'as vendu, tu vas plus avoir d'emploi. Qu'est-ce que tu vas faire ? Il y a la peur pour les gens. Les gens se projettent avec la peur d'être chez eux sans sens. qui du coup projettent cette peur-là sur toi en te demandant systématiquement qu'est-ce que tu vas faire maintenant ? C'est un peu la même question que quand tu lances une boîte et qu'on te pose la question est-ce que ça marche alors que ça fait une semaine que tu as lancé ?
- Alexandre
Oui, c'est clair. Je connais ça. Et tu as eu l'envie de mettre la main dans le pot de confiture très vite. Tu m'as parlé d'un projet très ambitieux à Bordeaux. Tu as réussi à te retenir ? Ou c'est que ce n'était pas le bon projet ? Tu m'en as parlé toi-même, tu m'as dit très vite, on m'a proposé des trucs, tu es très sollicité. Comment tu as fait pour avoir cette prise de recul, justement, à dire bon allez, je vais me calmer un peu quand même ?
- Thomas
Je me suis écouté et reprojeté. J'acceptais les rendez-vous, il y avait des choses qui m'emballaient. Naturellement, j'avais cerveau droit, cerveau gauche, donc j'avais le côté créatif qui disait ok, j'y vais. Et puis après, le côté rationnel qui revenait en considérant que je n'étais pas dans l'état mental ni physique de me relancer tout de suite, qu'il fallait que je fasse le point sur ce qui m'avait vraiment plu dans l'aventure, moins plu. Concrètement, qu'est-ce que ça voulait dire maintenant, écrire une nouvelle page entrepreneuriale pour moi ? Et tout ça, ça prend du temps. Le rationnel a fait que j'ai refusé, malgré un emballement au début, plusieurs projets.
- Alexandre
Et tu as eu envie de prendre des vacances, de faire une vraie pause ?
- Thomas
Oui.
- Alexandre
Est-ce que tu as réussi à le faire ?
- Thomas
Oui, l'année 2023, je me suis marié. On est parti avec ma femme plusieurs semaines en vacances après. Et l'année 2024, pour le coup, a vraiment été une année très, très sur le thème du repos, des vacances, de se concentrer sur la reconstruction d'un entourage, du sport, de plein de choses qui n'étaient pas liées au travail.
- Alexandre
Parce que ta femme travaille ?
- Thomas
Oui.
- Alexandre
Tes potes aussi, accessoirement ? Une fois que tu as eu cette période de vacances, de mariage, etc., tu te dis quoi le jour 1 chez toi où tu n'as pas d'endez-vous, personne qui t'attend finalement, pas de job ? Tu te dis quoi ? Tu te dis que tu te sens trop bien ou il faut absolument que je te vois un truc là parce que je commence déjà à m'emmerder parce que ça fait 10 minutes ?
- Thomas
Non, il y a vraiment cette phase de c'est trop bien au début. Et en fait, comme toute chose... hyper cool au début et effectivement ça peut se transformer en quelque chose de... c'est plus ce qui m'attire donc au début j'étais hyper content d'aller faire des tennis à 10h du mat 15h et puis je trouvais des gens pour y aller parce qu'avec le télétravail j'ai un réseau à Bordeaux effectivement de personnes qui peuvent être entrepreneurs et assez flexibles dans leur agenda malgré tout à la fin le résultat c'est que j'avais envie quand même de retrouver une équipe et une simulation intellectuelle Je ne trouve pas forcément avec ce rythme de jardin-jardin 100% libre et du coup ma vie c'est les loisirs. Donc ça a été une phase hyper importante parce que du coup c'était une phase sans pression du tout, dans laquelle j'ai vraiment pu poser ce qui me faisait plaisir de faire, moins faire et m'écouter. Malgré tout, je reste entrepreneur et je ne me projetais pas après quelques mois. continuer sur ce rythme de liberté de façade mais qui n'est pas vraiment une liberté parce que en fait ça ne nous rend pas forcément plus heureux de ne plus avoir aucune contrainte professionnelle ouais et moi il y a une question que je me suis posée après qu'on se soit vu la dernière fois quand
- Alexandre
t'as vendu ta boîte avec un chèque à 8 chiffres est-ce que t'as le droit de faire des erreurs derrière ? est-ce que t'as le droit d'avoir des projets un peu pourris ? ou ou... où justement tu t'en fous parce que tu as les moyens et c'est pas grave si c'est un peu pourri est-ce que tu as cette pression derrière la tête de dire il faut absolument que je réussisse comme le coup d'avant bien sûr en fait je pense que le syndrome de l'imposteur c'est quelque chose qui est ancré et
- Thomas
du coup tu as fait un succès il y a une grosse part de chance et tu ne te le retires pas de la tête de savoir réussir c'est comme gagner une course tu vas gagner une course et tu te dis est-ce que je suis capable d'en gagner deux et en fait je serais un vrai champion quand j'aurais gagné 10 et donc je pense que justement ça c'est à la fois un moteur mais ça peut aussi être quelque chose qui est un frein parce que le contexte est différent parce qu'émotionnellement si tu rates ta deuxième boîte et il y a énormément de repeaters qui ratent leur seconde voire troisième entreprise parce que les planètes sont... Ils ne se sont pas alignés pour cette nouvelle idée. Et pour moi, je pense que c'est aussi dur que de rater sa première. La peur de l'échec, elle est sans cesse. Après, c'est sûr que patrimonialement, ça a moins d'impact. Ça, c'est sûr.
- Alexandre
Mais l'argent...
- Thomas
Oui, l'argent, effectivement, tu seras moins impacté par l'argent. Mais tu vois, c'est ce que je disais aussi à ma femme récemment. Il faut réussir, quand tu remontes une boîte, à te remettre dans les chaussons. du mec à rien. Le modèle fait zéro. Donc en fait, je ne peux pas le faire. Je suis obligé de me mettre aussi un peu en difficulté. Si je reste dans ma tour d'ivoire que j'ai actuellement à 100%, j'ai plus de chances de mon point de vue de me tromper parce que la réalité du terrain, c'est de se mettre en difficulté.
- Alexandre
Tu m'as parlé d'un groupe Life After Exit créé par Astérian pour justement prévenir la dépression post-session. Oui. Justement. On parlait un peu, parce que c'est vrai que quand tu raisonnes comme ça, tu te dis, les gars, ils sont millionnaires, ils ne peuvent plus travailler sur trois générations, qu'est-ce de quoi ils se plaignent ? Mais justement, je trouve que c'est important, c'est quelque chose qu'on ne met pas assez en avant, je pense.
- Thomas
Life after exit, le principe, c'est de réunir dans une même pièce, dans des mêmes sessions, des entrepreneurs d'horizons différents qui n'ont pas forcément tous réussi. à valoriser monétairement de la même manière leur entreprise, mais qui se retrouvent tous dans cette phase post-création et donc cession d'entreprise. Et du coup, c'est génial parce qu'on se comprend tous. Là où effectivement notre entourage, à partir du moment où tu coches les cases financières, on se dit que tu n'as pas, et qu'en plus ce succès, Il est bien vu dans la société parce que tu as un nouveau statut, d'avoir monté une boîte, ça te donne confiance en toi parce que tu l'as bien vendu, etc. Malgré tout, ça reste une phase où tu dois justement retrouver une identité nouvelle qui n'est plus l'identité de dirigeant, mais une identité de qui tu es, qu'est-ce que tu aimes faire, quel va être ton rapport à l'argent pour toi, quel va être ton rapport au temps. et donc en fait j'ai trouvé l'approche géniale parce qu'on a réussi dans ce cercle de confiance avec des animatrices en plus qui étaient vraiment très bonnes pour créer ce climat de confiance à lâcher des choses qui nous pesaient, qui sont difficiles à discuter avec du coup son entourage qui va te percevoir comme n'ayant aucun problème Bye
- Alexandre
Tu sais, on est attaché au statut en France. Tu as le statut du dirigeant d'entreprise. Et dans l'épisode 2 avec Philippe Poupot, qui a perdu sa société, lui, malheureusement, il parlait de la mort socio-économique du dirigeant. C'est qu'il me disait, moi, j'étais dirigeant d'entreprise, il y avait 120 ou 130 personnes dans un petit coin de Charente. Donc, c'était un gros employeur local. Et il me disait, le jour où j'ai perdu ma boîte, c'est que j'ai perdu mes potes. Parce que plus personne ne t'appelle, tu n'es plus dirigeant d'entreprise, tu n'es plus au Medef, tu n'es plus à tous ces événements-là, etc. Et socialement, t'es personne. T'es pas vraiment chômeur, t'es pas vraiment chef d'entreprise, t'es pas vraiment travailleur. Et t'as une sensation de vide qui est assez énorme autour de toi. Alors lui, il est passé par la casse-dépression. Et du coup, il s'est isolé encore plus. Donc c'est d'autant plus difficile. Mais c'est important, il faut le garder en tête quand même. Le statut du dirigeant, un statut de plus dirigeant. Et du coup, ta vie, c'est quoi maintenant ?
- Thomas
Ma vie, du coup, déjà, c'est une vie plus équilibrée. que celle de dirigeant de Studapart, surtout à ses débuts. Ma vie, c'est l'envie de créer de nouvelles choses. Donc, j'ai retrouvé goût. Je suis passé par plusieurs phases. La phase de je ne remonterai pas de boîte. Je pense que c'est trop dur. Je n'ai plus l'énergie. Ah, en fait, non, évidemment que je vais relancer une entreprise. et évidemment que C'est un truc qui va m'animer pour encore beaucoup d'années. Et donc ma vie, mon quotidien, c'est bosser sur ce nouveau projet, repartir de zéro avec toute la phase de découvertes de marché, rencontrer un maximum de personnes pour essayer de trouver le product market fit encore une fois.
- Alexandre
Tu veux nous en parler ou pas ?
- Thomas
Oui, on peut en parler.
- Alexandre
de Somme.
- Thomas
Ok, on peut en parler, mais en gros, notre idée, c'est de travailler sur ce qu'on appelle le MBI. C'est investir sur des hommes avec un grand H, qui peuvent être évidemment des femmes, qui ont envie d'entreprendre, pas en partant de zéro, mais en reprenant des sociétés déjà existantes, plutôt dans le domaine du digital, dans un segment qu'on connaît bien, pour passer ces sociétés à l'échelle. Notre rôle, c'est de réussir à investir sur les bons entrepreneurs qui vont aller créer les succès de demain en développant des nouvelles pages pour ces entreprises qui se sont montées, qui ont atteint un certain niveau et qui nécessitent un renouveau capitalistique d'idées, de visions, de produits pour les passer de 5 à 10, de 10 à 50.
- Alexandre
L'idée, c'est de faire un search fund, c'est ça ?
- Thomas
C'est inspiré du search fund, mais le search fund est très précis dans ses critères. Et moi, tu sais, je suis issu d'une licence simplement. Je ne coche pas cette case de tous ces critères. Justement, il faut avoir coché toutes les cases. Souvent, les searchers ont fait un MBA, ont un profil un petit peu type et les entreprises qui vont cibler, c'est aussi des entreprises type. et spécifiques. En revanche, ce qui est bon dans le search fund, de mon point de vue, c'est qu'effectivement, on s'adresse à une cible plus jeune qui n'a pas forcément les moyens de reprendre des boîtes et du coup, qu'on va accompagner à le faire. Mais je ne voudrais pas m'enfermer dans les critères search fund.
- Alexandre
Tu es également investisseur en immobilier. Oui. Tu es également au board de certaines entreprises. Tu as investi et tu es au board d'autres entreprises. Finalement, tu as recréé une boîte.
- Thomas
J'ai recréé une boîte. Oui, à partir... Après, ça, ce sont des investissements patrimoniaux. Ce n'est pas des investissements qui occupent 80 % de mon temps. Donc là, mon objectif, c'est d'avoir quand même un projet cœur. Et effectivement, ces activités à côté sont géniales parce qu'elles permettent d'alimenter l'activité cœur. Elles alimentent l'éveil sur les marchés. Mon activité de business angel aujourd'hui, j'investis dans plus d'une dizaine de sociétés. Elle me permet de voir plein de secteurs, plein de marchés différents. Mon activité de helpis au sein des fonds, c'est pareil, ça me permet de rencontrer des personnes qui quand tu crées ta première entreprise, tu n'as pas la possibilité de rencontrer facilement. Donc c'est pareil, ça donne beaucoup d'oxygène et cet oxygène-là, tu le réinvestis aussi dans ton activité cœur.
- Alexandre
Souvent on dit j'ai besoin de 2 millions d'euros de valo parce que quand tu places l'argent net de fiscalité ça te fait plus ou moins de 4000 balles par mois de salaire. Je pense que c'est pour ça que ce chiffre là revient souvent, c'est qu'on fait tous ce petit calcul. Moi personnellement je l'ai fait quand j'ai eu ma première fiche de paye. Toi comment tu t'es géré ? Tu as placé une partie de tes fonds pour vivre sur tes intérêts ou tu te verses un salaire dans une société ? Comment ça marche quand on n'a pas de boulot finalement et beaucoup de patrimoine liquide ?
- Thomas
Déjà, mon premier conseil, c'est de prendre le temps et de ne pas se précipiter. Moi, c'est ce que je dis souvent aux personnes qui me demandent comment je me suis structuré. Je dis, j'ai mis 11 ans à accumuler ce capital. Je peux prendre quelques années avant de le déployer. Parce qu'effectivement, il y a souvent une course au placement. Et puis, on ne manque pas d'entrant quand on vend sa boîte et qu'on a effectivement des articles sur CF News, machin. Tout le monde a ses petits robots pour venir te contacter en tant que banquier privé et te proposer un million de placements différents.
- Alexandre
Garantie à 9%.
- Thomas
Voilà, garantie 9%. Donc, moi, mon approche, elle a été... De le faire de manière progressive, d'avoir deux poches bien distinctes, une poche personnelle et une poche professionnelle. Dans ma poche personnelle, j'ai essayé de mesurer quel est mon train de vie en prenant des marges et du coup, comment je pouvais financer ce train de vie effectivement avec mes placements. Et mes placements, du coup, sont des placements à revenus récurrents pour une poche qui me permettent de financer ce train de vie. C'est assez pragmatique, c'est des comptes à terme, c'est des placements d'obligation. On prend de la dette d'entreprises qui sont plutôt des grandes entreprises avec un niveau de risque assez faible. C'est des produits structurés, pas très agressifs, qui permettent d'assurer des coupons, du paiement. de ce risque trimestriel et du fonds euro, du monétaire, qui permettent d'assurer un rendement minimum aux alentours effectivement de 4%, 4,5% moyenné net pour soi. Et du coup, avec ça, je finance mon train de vie. Après, pour le reste, je suis capable de prendre beaucoup plus de risques. Pour booster mon rendement, ça va être plus des actions, des parts de fonds d'investissement, du private equity. Et après, dans mon capital professionnel, c'est de l'investissement dans des startups, c'est de l'investissement immobilier que je continue de faire beaucoup. C'est de l'investissement sur mon propre projet entrepreneurial.
- Alexandre
Comment tu te vois dans les dix prochaines années ?
- Thomas
heureux j'espère et en tous les cas je cultive tous les jours mon terrain de bonheur pour que ça le reste je me vois à cette place c'est à dire détecter des opportunités essayer de trouver les bonnes personnes pour détecter les bonnes personnes pour aller concrétiser les idées que j'ai Bye. Donc, réussir à s'entourer continuellement et de faire en sorte que cette pelote grossisse. Donc, avec les personnes qui m'inspirent au quotidien et qui, du coup, c'est un petit peu en effet boule de neige. Si tu es inspiré par les personnes qui t'entourent, avec lesquelles tu travailles, ça contribue quand même pas mal au bonheur, à ton apprentissage. Et donc, voilà, moi, je suis drivé par l'impact. donc j'ai l'impression que en essayant de travailler bien ça je vais Multiplier mon impact, parce que j'ai réussi à avoir un impact significatif avec Studapart. Si je lance sur la route plusieurs projets en parallèle, ça va démultiplier l'impact. Et puis, le fait de ne pas être opérationnel à 100% dans ces équipes, ça me permet aussi de ne pas faire que de l'entrepreneuriat, mais aussi de faire de la philanthropie. d'aller faire d'autres choses qui nourrissent et qui créent des ponts aussi et du sens avec ce qu'on fait dans l'entrepreneuriat.
- Alexandre
Si c'était à refaire, tu changerais quelque chose ?
- Thomas
Non, rien.
- Alexandre
Quel est le conseil que tu donnerais à quelqu'un qui veut se lancer aujourd'hui dans l'entrepreneuriat ?
- Thomas
Le conseil, c'est d'y aller. Déjà, de s'écouter, mais de savoir aussi que quand je parle de s'écouter, c'est vraiment d'y aller pour les bonnes raisons. C'est un chemin qui est vraiment tortueux, l'entreprenariat avec des hauts et des bas. Et donc la résilience, elle est beaucoup plus facile si on a vraiment une conviction forte. que le problème qu'on est en train de résoudre est un problème à impact et qui nous parle. J'ai plus de mal avec les gens qui se lancent juste par opportunisme parce que parfois ça marche, mais du coup ils se découragent aussi sur le chemin beaucoup plus facilement. Donc voilà, s'écouter, savoir que le chemin va être long, mais avoir ce feu intérieur, si vous sentez ce feu intérieur sur un marché, sur une problématique, go quoi !
- Alexandre
Qu'est-ce qui te rend le plus fier sur les 15 dernières années que tu as parcouru ?
- Thomas
Ce qui me rend le plus fier, c'est d'avoir gardé mon réseau d'amis, ma femme. Ça fait 12 ans qu'on est ensemble. D'avoir contact régulier avec toute mon équipe, d'être fier finalement. Ce qu'on a créé avec Studapart, ça a été une aventure collective dont une bonne partie de nos salariés étaient actionnaires et donc ont aussi bénéficié de ce qu'on avait gagné. Et je pense que ça, c'est vraiment ce qui me rend le plus fier. On a fait grandir, on a grandi ensemble. En fait, nous, on est partis, on ne connaissait rien. On est l'épreuve existentielle qu'on peut partir avec le feu intérieur. Ne pas cocher les cases des grandes écoles, d'un réseau personnel hyper dense, et en fait quand même réussir à créer des choses. Et chez Studapart, on a plein de profils ultra diversifiés. Si vous allez sur le Welcome to the Jungle de Studapart, ça ne ressemble pas à trois quarts des images que vous avez des startups parisiennes. Il y a de la diversité en femmes, dans les équipes de direction, de couleurs, d'origine, de parcours. et donc ça c'est réussir à avoir créé une identité aussi forte multiculturelle au sein de notre boîte c'est une vraie fierté
- Alexandre
Est-ce que tu as un objectif final ? où tu te dis bon allez c'est bon on arrête tu dis à ta femme allez c'est bon on se casse au soleil on arrête de bosser ou en tout cas un objectif qui soit personnel ou professionnel plus exactement
- Thomas
En fait moi j'ai pas d'objectif de rupture parce que je pense que... Vraiment, mon objectif, c'est d'être aligné. Et donc, je pense que mon nouvel objectif, à la différence de Studapart, c'est que Studapart, c'était mon tremplin pour construire, être serein au niveau de mon patrimoine personnel, etc. Là, aujourd'hui, une fois que j'ai coché cette case-là, mon objectif, c'est de garder cet alignement et de ne pas être pressé, et donc de ne pas rentrer dans un sprint. ou avoir le sentiment de rentrer dans un sprint, et donc du coup, quand est-ce que je sors du tunnel ? Mon objectif, c'est d'être au soleil tout le temps. Ce n'est pas de me dire que je vais me sacrifier pour aller au soleil dans 20 ou 30 ans. C'est de se sentir bien tout le temps, parce que j'ai aussi des exemples autour de moi de gens qui se sacrifient beaucoup pour plus tard, et qui en fait, ce plus tard n'arrive pas parce que la maladie, parce que plein de choses. Donc en fait, tout peut s'arrêter l'année prochaine.
- Alexandre
donc en fait j'ai pas de destination finale ma destination elle est quotidienne d'être heureux c'est parfait comme message et dernière question si tu pouvais parler au Alexandre qui s'inscrit en école de commerce et qui commence à galérer à trouver son appart qu'est-ce
- Thomas
que tu pourrais lui dire ? il croit en toi parce que globalement j'avais dit à mes parents que j'aurais à la fin de mes études 100 000 euros sur mon compte en banque je sais pas pourquoi pourquoi je leur ai dit ça. Et puis, eux me disaient, je ne sais pas comment tu vas réussir à faire ça, sachant que tu vas plutôt nous coûter 100 000 euros pendant tes études. C'est clair. Mais du coup, je pense que j'avais ce truc de me dire, OK, au moment où je dis ça, je gagne mes premiers euros parce que j'étais serveur dans un resto en tant que saisonnier. Dans ma tête, je me dis, OK, qu'est-ce que je peux faire de la somme que j'ai gagnée pour qu'à la fin de mes études, ça devienne 100 000 euros ? Donc, je dirais, voilà, crois en toi. Je pense que je me suis aussi beaucoup construit en opposition, en opposition des grandes écoles, parce que je savais que j'avais fait le choix de ne pas en faire. Et du coup, il y avait toujours, à mon avis, dans ma tête, cette interrogation de est-ce que c'était le bon choix, pas le bon choix ? Et donc, je pense que ce petit côté un peu... joueurs avec mes parents de leur dire qu'il n'y avait pas qu'un seul modèle qui était possible de le garder et que finalement c'était pas c'était
- Alexandre
pas assez ambitieux 100 000 euros alors tu vois message très important j'ai fait une post-bac de Colarochel pour ma part je suis allé en master spécialisé je n'ai juste pas rendu ma thèse donc je ne suis pas diplômé de ça et tu vois finalement on peut réussir tant que t'as le feu sacré tout va bien Merci beaucoup Alexandre.
- Thomas
Merci à toi.
- Alexandre
Je remercie Thibaut Dupieris pour le montage et les équipes de Conseil Finance et Transmission pour leur soutien sur cette belle aventure. N'hésitez pas à nous contacter pour nous suggérer des invités ou des thèmes que vous souhaitez aborder. Ce projet n'est pas seulement le mien, je tiens à ce qu'il évolue avec ses auditeurs.